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Du bon usage du rêve - Liana Levi · MILENA AGUS Les personnages de MILENA Acus semblent souvent débar-quer de la lune. Pourtant, dans ce nouveau roman, c'est bien une terre promise,

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Date : PRINTEMPS 18

Pays : FrancePériodicité : Bimestriel

Page de l'article : p.68Journaliste : Sarah Castel

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LIANALEVI 7029204500508Tous droits réservés à l'éditeur

MILENAAGUSLes personnages de MILENA Acus semblent souvent débar-quer de la lune. Pourtant, dans ce nouveau roman, c'estbien une terre promise, lieu de bonheur et de métamor-phose, entre Sardaigne et Amérique, qu'ils recherchent.

Par SARAH CASTEL

Librairie Terre des livres (Lyon)

DEPUIS Mal de pierres et son inoubliable héroïne, traduit dansvingt-six pays et adapte au cinema, Milena Agus construit un uni-vers unique, à rebrousse-poil de toute mode, porté par un regardmalicieux sur l'existence et ses épreuves Les vies minuscules etles esprits fêlés sont fêtés dans des farandoles d'histoires facé-tieuses L'ordinaire est réveillé par un brin de cocasserie, dévoilantl'ambivalence des êtres et des choses et transfigurant les person-nages innocents ou cabossés en forces vives, dans une ingénieuseinversion On retrouve ce même univers dans son nouveau romanTerres promises, avec l'histoire d'une famille sarde sur trois généra-tions, en quête d'un ailleurs et d'un idéal, pour vivre heureux Cetteterre promise, tout le monde la cherche et sait ce dont il s'agit lesentiment d'être arrivé là où l'on avait toujours désiré être PourRaffaele, elle est sur le Continent Maîs pour Ester, sajeune épousesarde, c'est son île Leur fille unique Félicita y découvrira unefamille nombreuse et joyeuse, goûtera avec la même gourmandiseau communisme et auxjoies du sexe De ses aventures naîtra unpetit garçon lunaire et décalé, Gregono, épris de musique Ce der-nier partira tenter sa chance à New York comme pianiste, sa terrepromise Dans ce manège de vies misérables et merveilleuses, touttournera autour de Félicita, car c'est une «béate optimiste » Per-suadée que les gentils, les doux, les rêveurs, les décalés ne sontpas des damnes voués a l'échec, et qu'au fond il suffit «d'un petiteffort pour franchir les bornes de son univers familier et accéder a unmonde extraordinaire, juste a côté», elle sera celle par qui sera déli-vrée, une belle leçon d'optimisme, généreuse et a contre-courantUnfehcita-good book en somme

Milena AgusTerres promisesTraduit de l'italienpar MarianneFa u rc be rtLiana Levi172 p, 15 €

T^& t> Lu & conseille parï L BailliePl Lib Aux lettres de

mon moulin (Nîmes)E GeorgeLib Gwalarn (Lannion)A. LesobreLib Entre les lignes(Chantilly)J. BacquesLib LAmandier(Puteaux)

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Date : 05 AVRIL 18

Pays : FrancePériodicité : Hebdomadaire

Page de l'article : p.1,4Journaliste : ASTRID DELARMINAT

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LIANALEVI 6711104500504Tous droits réservés à l'éditeur

MILENA AGUSUNE SAGA FAMILIALESAVOUREUSE ENTRECAGLIARI, GÊNESET NEW YORK

Du bon usage du rêveMILENA AGUS L'histoire d'une femme qui enlumine sa vie.

TERRES PROMISESDe Milena Agus,traduit de l'italien parMarianne Faurobert,Liana Levi,176 p,15 €

ASTRID DE LARMINATadelarminatOlef igaro.fr

LES PAYSAGES de MilenaAgus sont immuables- la Sardaigne, des villa-ges où les fleurs font destaches de couleur, des

maisons où le soleil n'entre pas,des femmes en noir qui travaillentauprès de jeunes filles rêveuses.Avec un génie naturel époustou-flant, elle tire de ce monde minéraldes romans libres comme desmorceaux de jazz, improvisant lavie de ses personnages autour d'unou deux thèmes: ici le rêve quechacun porte en soi d'une terrepromise et le préjugé selon lequella gentillesse serait un signe debêtise.

Milena Agus prend les chosespar le commencement, raconted'abord la vie des parents de sonhéroïne, Félicita. Pour échapper àson destin de paysan sarde, Rafael,son père, s'était embarqué dans lamarine puis engagé dans l'arméependant qu'Ester, sa fiancée, semorfondait dans l'attente de sesnoces - enfin elle quitterait sonvillage où elle ne concevait pasd'être heureuse. À son retour de laguerre, Rafael tomba amoureuxd'une noble jeune fille génoise. Ilvoulut rompre ses fiançailles avecEster. Sa mère l'en dissuada. «Lebonheur, lui dit-elle, est un talentnaturel. » Dans cette histoire, il y a

deux familles de personnages.Ceux qui s'accordent souplementaux événements pour en tirer lemeilleur, et ceux qui se rendentmalheureux à force de se raidir surune idée du bonheur. Aussitôt ins-tallée à Gênes, Ester, déçue, idéa-lise son village natal. Rafael l'y ra-mènera lorsque leur fille Félicitaaura dix ans. Il devient alors lepaysan qu'il ne voulait pas être,mais son âme de poète, prompte às'émerveiller, lui rend la vie belle.

Toujours contenteFélicita a hérité des heureuses dis-positions de son père. Les quoli-bets que lui attirent sa bonté et soncorps trop rond n'entament pas ladécision prise lorsqu'elle était pe-tite: ne jamais désirer une autrevie. Elle s'en était fait le sermentun jour que ses amies de bonne fa-mille étaient venues goûter chezelle. Submergée par la honte d'ha-biter dans une HLM, elle s'étaitenfuie jusqu'au soir, envahie par lanostalgie d'une terre de lumière oùse réfugier. Ensuite, consciented'avoir gâché la fête, elle s'étaitjuré d'être toujours contente deson sort.

En une vingtaine de chapitresbrefs, Milena Agus déroule la viede Félicita où des personnages en-trent et sortent comme dans uneronde, chacun éclairant d'unecouleur nouvelle les thèmes ini-tiaux. Elle s'installe dans un quar-

tier pauvre de Cagliari après avoirrompu ses fiançailles avec le fils duchâteau de son village, dont elleest follement amoureuse. Elle por-te son enfant, mais il ne l'aime pas.Alors elle s'éclipse mais l'attendratoujours. Elle loue une chambre àune femme qui devient sa meil-leure amie. Marianna est le genrede personne qui considère que lavie l'a lésée et a décidé d'être mal-heureuse pour se venger. Félicita,au contraire, enchante le peuqu'elle a. Elle a un don pour l'har-monie. Elle est communiste etchrétienne? Et alors? Quand elleinvite les mendiants chez elle pourleur offrir des raviolis, Mariannal'interpelle : «Le PC ne t'a-t-il pasenseigne qu'il f allait f aire la revolu-tion, pas la charité?» Félicita:«Moi je fais la charité en attendantla révolution. » Les esprits simplesont du génie. Elle cite les Évangi-les: «Les pauvres en esprit sontbienheureux parce que le royaumedes deux leur appartient. »

Si les rêves de bonheur peuventêtre vénéneux, faut-il pour autants'interdire de voir grand? Félicitaa compris que la terre promise estsous ses pieds. Par sa bonhomie etsa fantaisie enluminée de sainteté,elle bâtit un royaume invisibleautour d'elle. Mais cette histoiren'est pas un conte. Le final du ro-man, quèlques mots murmurés, lerappelle. Les bienheureux cachentde grandes douleurs. •

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Date : 05 AVRIL 18

Pays : FrancePériodicité : Hebdomadaire

Page de l'article : p.1,4Journaliste : ASTRID DELARMINAT

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LIANALEVI 6711104500504Tous droits réservés à l'éditeur

Milena Agus composeun roman musical

sur sa Sardaigne natale.CLAUDINE DOURY

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Date : 22 MARS 18

Pays : FrancePériodicité : HebdomadaireOJD : 340253

Page de l'article : p.130Journaliste : VALÉRIE MARINLA MESLÉE

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LIANALEVI 6025193500506Tous droits réservés à l'éditeur

CULTURELIVRES

Soleil sardeE lle est de retour en librairie en France, le pays qui a

acclamé son « Mal de pierres » et adoré tous ses ro-mans depuis, saluant son talent à raconter «des chosessi dramatiques de manière si comique», comme dit l'undes personnages de son nouveau livre à l'héroïne, labien-nommée Félicita. Milena Agus, celle qui dort avecles livres qu'elle aime et qui, même auréolée de succès,continue à enseigner l'italien à ses élèves de Cagliari,s'est inspirée de la joie étrange que manifestait une deses cousines atteinte d'un cancer pour interroger cettecapacité à chanter la vie quand tout le monde déploreà l'entour. Cet élan vital parcourt son roman rythmépar une question récurrente: « Comment peut-on vivredans un endroit pareil ?»

Evidemment, il s'agit de ce « trou maudit» de Sardaignequ'Ester, la mère de Félicita, veut quitter à tout prix. Sonmari, Raffaele, fou de mer et de musique, se décide àl'emmener à Milan, où les attend, dans les HLM, la viemisérable des gens pauvres venus du Sud. Quelle désil-lusion pour la jeune épouse, qui, dès lors, sombre dansla nostalgie propre aux exilés... Et les voilà repartis pourleur île, où Félicita doit composer avec une grand-mèrematernelle acariâtre, ce qui lui enjoint de demeurer dansle camp des gentils, des «béats-optimistes», quelles quesoient les vicissitudes du parcours. Celui de Felicitan'enmanquera pas ! Son idylle torride, comme Milena Agussait les écrire, avec le fils d'une famille noble du village,ne lui assure pas la réciprocité de ses sentiments. Maisfait d'elle une mère... Il lui faut désormais jouer son va-tout et quitter le village pour la capitale sarde. Où doncest la terre promise? Qui, quoi peut bien promettre lebonheur ? Sur la couverture du livre, le bateau brise endeux le titre d'un roman écrit comme un conte pourhier et aujourd'hui, qui charrie les illusions et les rêves,les intolérances de toutes sortes et les combats à mener,tout en confrontant des « types humains» que la roman-cière sarde dépiaute avec ce don joyeux qui ravit seslecteurs. Une fois encore • VALÉRIE MARIN LA MESLÉE

«Terres promises », de Milena Agus (Llana Levl, traduit de l'italienpar Marianne Faurobert, 176 p., 15 €). A lire surlepoint.fr: notrerencontre avec Milena Agus, de retour en France du u au 15 avrilpour le festival Italissimo : www.italissimofestival.com.

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Date : 09 MARS 18

Pays : FrancePériodicité : Hebdomadaire

Page de l'article : p.1,5Journaliste : FLORENCENOIVILLE

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LIANALEVI 4726183500507Tous droits réservés à l'éditeur

Critiques LittératureDans le subtil « Terres promises »,la Sarde Milena Agos lanceses personnages à la poursuitede chimères destructrices

Les ailleursillusoiresFLORENCE NOIVILLE

Le septième roman deMilena Agus ? Déjà ?On se rappelle ses dé-buts, il y a dix ans. Leséditions Liana Levilançaient une auteure

italienne inconnue. Une Sarde, ti-mide et effacée... A l'époque, sespremiers livres, Quand le requindort et Mal de pierres (2005 et2006 ; Liana Levi, 2010 et 2007),n'avaient connu qu'un succèsd'estime en Italie. En France, enrevanche, Mal de pierres allait de-venir un best-seller. Rafler desprix et inspirer à la réalisatriceNicole Garcia un magnifiquelong-métrage présente à Cannesen 2016.

Pas facile de survivre à pareil dé-but. Surtout quand on déteste lefeu des projecteurs. Agus choisitle travail, la discrétion. A Cagliari,chaque jour, elle s'assied à sonhumble écritoire, une petite tablede bois, à l'ombre de la Vierge. Endix ans, elle a bâti une oeuvre àpart, forte et fantasque, affran-chie des modes : sept romans oùses grands yeux étonnés se po-sent sur ce que nos existences ontde «misérable et de merveilleux».

Simultanément«Mon prochain s'appellera Ter-

res promises. Le pluriel est impor-tant», avait-elle insisté lorsquenous l'avions rencontrée chez elleen 2016. On comprend pourquoi.Chacun la sienne. Comme chezBaudelaire, chacun sa chimère.Cette bête griffue colle au corpsde ses personnages telle une se-conde peau. Tantôt elle les eupho-rise et les fait rêver. Tantôt ellepèse sur eux «comme le fourni-ment d'un fantassin romain ». Par-fois, elle fait les deux, elle les dopeet les accable en même temps.

Au départ, l'intrigue est simple.Raffaele, un fils de paysans sar-des, est amoureux d'Ester. Pouréchapper à un destin tout tracéde berger ou d'ouvrier agricole,l'homme part à Gênes et s'engagedans la marine. La mer est sonélément. Mais lorsque sa bien-aimée quitte leur village pour lerejoindre, à Gênes d'abord, puis à«Milan-la-grise», elle se met àhaïr les conditions de vie qui sontles leurs. Déracinée, elle n'a plusgoût à rien. S'étiole. Une enfantnaît pourtant de cette union, Féli-cita qui elle-même donnera nais-

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Date : 09 MARS 18

Pays : FrancePériodicité : Hebdomadaire

Page de l'article : p.1,5Journaliste : FLORENCENOIVILLE

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LIANALEVI 4726183500507Tous droits réservés à l'éditeur

sance à Gregorio - un garçon qui,tout petit déjà, sera obsédé parl'idée de fuir...

IncompatibilitésVoilà pour les protagonistes.

Les terres promises ? Celle de Raf-faele est sentimentale: toute savie, il aura la nostalgie de Gênes,«la venteuse et routière», ce para-dis perdu où il ne retournera ja-mais. Pour Ester, elle est géogra-phique : depuis qu'elle a quitté laSardaigne - à laquelle elle était sipressée d'échapper jadis -, ellel'idéalise et ne songe qu'à y re-tourner. Pour Félicita, la terrepromise est clairement politi-que : après avoir failli épouser unaristocrate, et en attendant la ré-volution, la jeune fille ne voit desalut que dans un petit rectanglede carton, sa carte du Parti com-muniste. Quant au jeune Grego-rio, réfugié dans la musique,l'avenir pour lui ne peut êtrequ'artistique. Forcément artisti-que. Et à New York de préférence.

Ce que décrit fort bien MilenaAgus, ce n'est pas seulement lecôté trompeur dè toutes ces cons-idéal portatif et se met à y croiredur comme fer. Or, pour beau-coup, ces utopies sont le fruit duhasard. Lorsque la petite Félicitarencontre le père de sa camaradede classe, cet homme à la pipe etaux cheveux longs l'impres-sionne. «Pour la première fois de-puis sa naissance, Félicita trouvaitun père plus attrayant que le sien,qui fumait de banales Nazionalisans filtre, portait un bleu de tra-vail en semaine et un costumeélimé le dimanche. (...) Félicitaaussi deviendrait communiste. Lescommunistes étaient les person-nes les plus séduisantes qu'elle aitjamais rencontrées. »

tractions mentales (quand Esterrevient en Sardaigne, elle com-prend d'emblée son erreur: l'îleréelle n'a jamais été comme ellese l'imaginait). C'est aussi leur as-pect potentiellement et formida-blement destructeur. Incompati-bles entre elles, les terres promi-ses de chacun s'accordent malavec la vie en commun. La vie defamille, en particulier, où l'addi-tion des rêves individuels finit parne plus produire que de la frustra-tion pour tous. Du cauchemarparfois. Il n'empêche : chacun s'yagrippe, comme si son identitéprofonde en dépendait.

Entre les lignes, Agus s'amuse.Elle montre comment chaquepersonnage se bricole un petit

La morale de l'histoire ? Il n'y ena pas, c'est un roman. Mais enexergue, Milena Agus a mis cetextrait dAmos Oz: l'histoire decroisés partis délivrer Jérusalemet qui, après avoir souffert millemorts, décident d'achever leurépuisant périple. Ils s'arrêtentdans un endroit agréable et lenomment... Jérusalem. La terre,ferme, là, maintenant, tout desuite, vaut parfois mieux que lapromise. •

TERRES PROMISES(Terre promesse),de Milena Agus,traduit de l'italienpar Marianne Faurobert,Liana Levi, 176 p., 15 €.

« Une terre promise, [la Sardaigne,] allons donc! On construisaitpartout des villages touristiques et on bitumait les routes me-nant aux plages (...). Ça déracinait, ça incendiait, réduisant encendres des hectares et des hectares de maquis méditerranéen pour pouvoir bâtir.Ses beaux-frères se moquaient de lui. Il voulait retournerdans la montagne avec les brebis ? Il préférait les besaces auxsacs, les habits d'orbace aux vêtements confortables, les ânesaux automobiles, l'odeur du pecorino aux parfums ?Ester aussi lui faisait des reproches. Trouver un travail, voilà quiaurait dû le préoccuper, mais il jouait les purs. Pas question detravailler dans la pétrochimie qui pollue, ni dans le bâtimentqui défigure les côtes. Mais son devoir était de nourrir sa famille.Là où ça fume, Hy a du pain, ne connaissait-il donc pas Ieproverbe?»

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Date : 09 MARS 18

Pays : FrancePériodicité : Hebdomadaire

Page de l'article : p.1,5Journaliste : FLORENCENOIVILLE

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LIANALEVI 4726183500507Tous droits réservés à l'éditeur

Milena Agus, en 2016. MARCELLO MENCARINI/LEEMAGE

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Date : 10/16 MARS 18

Pays : FRPériodicité : HebdomadaireOJD : 546430

Page de l'article : p.56Journaliste : Christine Ferniot

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LIANALEVI 7625973500505Tous droits réservés à l'éditeur

TERRES PROMISES

ROMAN

MILENAAGUS

EliFéminins ou masculins, les person-nages de Milena Agus sont de gracieuxrêveurs. Les uns quittent leur île pourle continent, persuadés qu'ailleursl'herbe est plus verte. D'autres, rêvantd'une princesse impossible, épousentdes filles qui ne leur conviennent pas.D'autres encore tombent en pâmoisondevant des inconnus aux yeux tristes.Un jour, ils comprendront tous que laterre promise est un leurre, qu'il fautsavoir faire son bonheur d'une poi-gnée de sable et que la bienveillanceest la meilleure résistance à la bêtise.C'est à une leçon de philosophie pra-tique que nous convoque une nou-velle fois Milena Agus, avec son écri-ture âpre et solaire - à l'image de sonpays, la Sardaigne. Une poignéed'heures de lecture pour signifier queles filles un peu potelées deviennentparticulièrement jolies quand elles se

mettent à rire et que les perdants chro-niques sont une vue de l'esprit. Celaà travers l'histoire de la bouleversanteFélicita, cachant son cancer sous desturbans de couleur et chantonnant enétalant son linge sur la terrasse - elleappelle ça de la «stratégiepacifique»...Depuis Mal de pierres (2007), succèsphénoménal et universel, la roman-cière s'attache à des personnagesfarouchement décalés, des filles can-dides qui dansent sur la plage ou pleu-rent sans raison apparente. MilenaAgus doit avoir de la poudre magiqueau bout des doigts pour parvenir ainsi,du malheur, à faire sourire, à enchan-ter. - Christine Ferniot

Terre Promesse, t raduit de l ' italienpar Marianne Faurobert, éd LianaLevi,T76p,15€.Milena Agus est l'une des invites

de la 32e Fête du livre de Bron (69), du 7

au 11 mars wwwfetedulivredebroncom

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Date : 23 FEV 18

Pays : FrancePériodicité : Hebdomadaire

Page de l'article : p.40-41Journaliste : Véronique Rossignol

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LIANALEVI 9880863500524Tous droits réservés à l'éditeur

La chance cles gentils1ermars > ROMAN Italie

A travers une héroïne baptiséeFélicita, Milena Agus célèbreune nouvelle fois sa terre sarde.H y a onze ans avec Mal de pierres. Liana Levinous faisait découvrir le premier roman traduiten français de Milena Agus, adapté l'annéedernière par la cinéaste Nicole Garcia Depuis,il y a eu Battement d'ailes, Quand le requindort, La comtesse de Ricotta, Sens dessus des-sous Tous célébrant de pres ou de lom laterre sarde où est née la romancière

L'île, point d'attraction qu'on aime, qu'onquitte, qu'on regrette, qu'on fantasme, versquoi on retourne aussi, n'est pas l'unique terrepromise dans ce nouveau roman, une sagafamiliale qui court sur la deuxième moitié duXXe siècle axée autour de la trajectoire deFélicita Son histoire commence avec sesparents, Raffaele et Ester, dans un village dansles terres Le couple, fiance très jeune, avantla Deuxième Guerre mondiale, s installe à lafin des années 1940 à Gênes « S! belle Venteuse,altière, fine, dessinee à la pointe sèche », puisà Milan où « la lumiere rc'esf pas de la vraielumière » et où la mère de Fehata, qui souhaitaitpourtant plus que tout quitter son « trou mauditpour le continent », est immédiatement malheureuse

Milena Agus

Trop bonne - « fa haine lm était étrangère » -,Félicita la bien nommée, qui ne ressemblepas à une fille de Sardes, reste fille unique,un cas à part parmi les fratries nombreuses

de sa famille Rentree au pays avec ses parents,elle tombe amoureuse du fils de riches aris-tocrates du village, pour la plus grande fiertéde sa mère qui entrevoit l'ascension socialeMaîs le mariage est annulé et un fils nonreconnu naît, que Félicita va élever seule àCagliari Plus tard, il deviendra pianiste dejazz à New York

Avec Milena Agus on saute allègrementd'un monde à l'autre, on enjambe les mers etles années, on navigue entre drame et légèretépour célébrer, au-delà du pays natal, la gloiredes gentils « Aucune méchanceté ne venait àl'esprit de Félicita qui prit la seule décision asa portée se contenter de ceux qui l'aimaientbien, de ce territoire minuscule maîs suffisantpour vivre » Bienheureux ceux qui savent sesatisfaire des bienfaits de la vie Car « tes gentilsont toujours beaucoup de chance »Véronique Rossignol

MILENA AGUSTerres promises

9 N 791034»900077 I

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L'OBSDate : 22/28 FEV 18Pays : France

Périodicité : HebdomadaireOJD : 359285

Page de l'article : p.102Journaliste : VÉRONIQUECASSARIN-GRAND

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LIANALEVI 1034563500508Tous droits réservés à l'éditeur

LES RAISONS D'UN SUCCES

Après Elena, Milena...L'auteure sarde dè "Mal de pierres", adapté au cinéma par Nicole Garcia,

revient avec l'histoire d'une famille sur trois générations

TERRES PROMISES, PAR MILENA AGUS, LIANA LEVI, 172 P., 15 EUROS.

On attend les romans de Milena Agus avec autant d'im-patience que ceux d'Elena Ferrante. Si leur style diverge,elles ont en commun l'amour de leurs racines (Naplespour Ferrante et la Sardaigne pour Agus) et un goût pro-noncé pour la discrétion. Milena Agus n'a pas choisi unanonymat radical à la Ferrante mais sa modestie, qui n'estpas feinte, lui a longtemps fait préférer être désignéecomme « quelqu'un qui écrit » plutôt que comme « écri-vain ». D'ailleurs, malgré son succès, elle redoute toujoursautant les entretiens et les séances photo. De la genèse de« Terres promises », Milena Agus confie : « Je voulais, auseuil de la vieillesse [elle a 59 ans], me poser des questionset leur trouver des réponses sages. Des questions sur com-ment on doit vivre et ce que l'on doit rechercher dans la vie. »

Le roman, inspiré de son histoire familiale, suit unefamille sarde sur trois générations dont chaque membrepoursuit un idéal qui se révèle souvent décevant une foisatteint, mais dont l'expérience lui donne l'énergie de

poursuivre un autre rêve, une autre « terre promise ».Ainsi le couple que forment Ester et Raffaele, qui pen-saient avoir une vie meilleure à Gênes, puis à Milan,reviennent, parce qu'ils en avaient magnifié (à tort) lesouvenir, dans la commune sarde où ils ont grandi. Leurfille Félicita tombera amoureuse du nobliau du village,annulera leur mariage parce qu'il « n'arrive pas » à l'ai-mer et partira s'installer à Cagliari pour mettre au mondeleur fils. Ce garçon lunaire couvé par sa mère et pas-sionné de musique émigrera à New York pour y faire,rêve-t-il, une brillante carrière de pianiste de jazz. Lacourse incessante vers de nouveaux horizons et la frus-tration qu'elle engendre permet à l'auteur de ciseler, avecune pointe d'ironie, ces personnages éminemment agu-siens que sont les inadaptés, les malchanceux, les fragiles,mais aussi de leur offrir, par la voix de Félicita la biennommée, une fabuleuse leçon d'optimisme.VÉRONIQUE CASSARIN-GRAND

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Date : FEV 18

Pays : FRPériodicité : MensuelOJD : 52113

Page de l'article : p.1,30,31,32Journaliste : Christine Ferniot

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LIANALEVI 4096563500503Tous droits réservés à l'éditeur

L'UNIVERS

Sarde à vueMilena Agm

Cagliari, en Sardaigne, inspire Milena Agus depuis l'enfance. L'auteure nous accueille dans sonappartement situé dans le centre historique, avant de nous entraîner à travers les rues ensoleillées.

Le soleil se couche sur le portde Cagliari, à l'heure où lesbateaux dc croisiere s'éloignentvers la haute mer. En face, surla Via Roma, grande avenue

bordée de palmiers, des groupes d'amisse retrouvent pour boire un verre demoscato ou pour remonter, bras dessus,bras dessous, les petites rues pavéesde la vieille ville sarde. Ils pousserontpeut-être jusqu'au Palazzo Regie oùla vue cst si belle. La température estprintanière en ecs premiers jours defévrier et le vent s'est calmé pour lasoirée. Milena Agus habite un immeublediscret du centre historique, à deux pasde chez Cocco, un café littéraire tenu parAnselmo, où elle vient souvent prendre

un espre«o et rencontrer ses lecteurs.Après avoir grimpé les trois étagesqui raidissent les mollets, on parvientà l'appartement de la romancière quinous a invités pour partager un dînersarde. Milena n'est pas du genre à fairedes chichis et la visite du trois piècesqu'elle habite depuis trente-huit ansle confirme aussitôt. Elle a pieusementgardé les meubles de ses parents Dans lachambre à coucher trône une penderiemassive datant des annees 1950 avec,au-dessus, une vieille valise remplie defactures pavées. « Les impayées sont surla table de nuit », précise-t-elle en nant.Son bureau, plus spartiate encore, secompose d'une table et d'un ordinateur,

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Date : FEV 18

Pays : FRPériodicité : MensuelOJD : 52113

Page de l'article : p.1,30,31,32Journaliste : Christine Ferniot

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LIANALEVI 4096563500503Tous droits réservés à l'éditeur

Ci-dessus et a droite, le salon auxcanapes tres accueillants (pour la sieste)la salle a manger en enfilade et sa joliecommode vitrée Ci-contre, le bureaude I auteur, spartiate, maîs face a la mer

face a la fenêtre, avec pour seul luxeune vue imprenable sur la mer La salleà manger est sensiblement sur le mêmemodele, avec une jolie commode vitrée,une grande bibliothèque, sans oublier lefauteuil qui appartenait a son pere ouelle se pose pour bavarder avec ses hôtes« Ma vie n a guère change », confirme-t-elle Nee a Gênes, ecohere a Milan ellehabite Cagliari depuis l'âge de 10 anset s est installée dans cet appartementlors de son premier mariage Les photossur les murs racontent ses histoires dcfamille grand-père en bras de chemisesolide et moustachu, grands-mères ettantes plus ou moins revêches se tenantdroites sous leurs chignons, sans oublierMilena et son fils Alberto dont le pianodroit est chèrement conserve dans uncom de la piece Alberto Pibin n habiteplus chez sa mere Pianiste de jazz, ila vécu a Paris maîs vient d'emménagera New York, enchaînant concerts et tour-nées C est pourquoi, depuis quèlquesmois Milena apprend l'anglais tout enexpliquant qu'elle est « plus a I aiseavec la litterature qu'avec les languesétrangères » Le grand privilege de celogement e est le spectacle qu offrentles trois fenêtres sur les toits de la villeet le port En passant sur le petit balcon,on entend les musiciens se préparerpour le carnaval tapant en rythme surleurs tambours

L'ÉCRIT DU CŒURLes romans de Milena Agus - de Malde pierres a Sens dessus dessous ouLa Comtesse de Ricotta - puisent leurinspiration dans ces lieux, ces imagesces souvenirs « Assurément, au début,ce sont des evenements de ma vie qui

rn inspirent J'écoute beaucoup les gensautour de moi J'ai souvent l'air de pen-ser a autre chose, maîs pas du tout, jem imprègne de certains détails Puis, lesfaits réels m'échappent et la fiction estla » Pour son nouveau roman, Terrespromises, tout a commence avec l'imaged'une cousine atteinte d'un cancer, quiportait un turban pour cacher son crânechauve « Maîs des qu elle allait mieux,elle se mettait a chanter et a siffler, commesi elle oubliait la maladie > L'héroïnede Terres promises, Félicita, est doncnee ainsi, un peu cousine chanteuse,un peu Milena Autour de cette per-sonnalité magnifique, fillette souriante,mere indépendante, femme amoureuseet tolérante « dispensatrice de félicite >,l'auteure a construit une famille quiressemble a la sienne Raffaele et sonépouse Ester, eternelle insatisfaite, ontquelque chose de ses parents, décèdestous les deux « Maîs je leur ai demandepardon avant d'écrire ce livre » précisela romancière Quant au fils de Félicita,

Gregono, passionne de musique et deliberte, les indices sont transparentsMaîs ne voir dans Terres promisesqu'une autobiographie déguisée seraitprofondement restrictif II v a dansce roman un souffle des passions, deslarmes et de la fantaisie, bien plusqu'une simple narration familiale Onplonge dans une Sardaigne ou souffle unvent a décerner les bœufs un pays ou lesfemmes communistes travaillent dur auxchamps ou les fleurs de lilas sont d'unviolet intense, tranchant avec les pétalesjaune d'or des fleurs de tomates LesSardes de Milena ne sont jamais richescar dit elle, « I argent n est bien que s'ilrepond a une nécessite » Ainsi, ses droitsd'auteur obtenus avec le succes mondialde Mal de pierres et son adaptationcinématographique - ont servi a soignerdurant des annees la mere de Milena,exigeant des soins constants apres unehémorragie cérébrale Aujourd'hui, leseul luxe dont rêve la romancière, c'estun ascenseur dans son immeuble

La casserole d'eau f rémi t II esttemps d'y jeter les pâtes a I encre deseiche, de préparer, avec la charmantetraductrice Claudia la poutargue demulet et l'huile d'olive Le premier platsera suivi de panade, petits pâtes en

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Date : FEV 18

Pays : FRPériodicité : MensuelOJD : 52113

Page de l'article : p.1,30,31,32Journaliste : Christine Ferniot

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croute garnis de pommes de terre etd'artichauts Simple, maîs bigrementroboratif, surtout quand il s agit ensuitede faire honneur au pam de sapa, genrede pudding en plus costaud et de seadas,gâteaux frits recouverts de miel pourle dessert « Demain annonce Milenaje vous montrerai la terrasse, juste audessus, puis nous irons faire un tour enville, sur quèlques lieux de mes romans »

UNE VAGUE D'INSPIRATION« / ai toujours écrit Au début, je faisaisune poesie vraiment moche Puis, j'aicommence des contes J en ai donne unu Marco qui rn a conseillée de reunir let,personnages de ces petites histoires en unroman » Marco l'amoureux de la roman-cière depuis vingt ans, entre en scenele lendemain matin Installe un etageau dessous il est photographe, a publieplusieurs ouvrages, portraits d'écrivainsou photos de paysages C est lui qui nousemmené dans sa petite Fiat direction lafameuse plage du Poetto que les lecteursretrouvent dans chaque livre de Milena« La mer bleue, calme, transparente, ecumante métallique, menaçante puis bleuea nouveau La plage blanche, poudreuseargentée noire puis blanche a nouveau »,écrit elle dans Terres Promises attachée

a ce com presque secret, comme reserveau couple, a deux pas d'une baraqueoffrant quèlques oursins pour l'apéritif« La litterature rend plus intelligent, j'ensuis convaincue >, insiste I auteure quiest également professeure de litteratureitalienne < pour avoir un salaire payerles factures, être indépendante Ainsi,ma passion n'est jamais liee au facteureconomique » Ecrire est bien la grandeaffaire de sa vie, libérant ses angoisses,apaisant sa peur chronique de devenirfolle comme certaines de ses héroïnes,courant dans les ruelles des villagesitaliens écrases de soleil Elle a toujoursun carnet dans sa poche Elle le noircitcontinuellement de petites phrases quideviendront une histoire une anecdoteun trait de caractère Quand un livre estsur le point de se terminer Milena a déjàle suivant en tête rassurée a I idée decontinuer sans fin Elle a donc commenceun roman choral se déroulant dans unimmeuble pendant un déluge < Et la,aucun personnage ne ressemble a mesproches ou a ma vie ' * En revenant versle centre de Cagliari, Milena s arrêtedevant une bâtisse magnifique, tout presdu Castello qui domine la cite II s'agitdu palais qui lui inspira La Comtesse deRicotta < ] ai écrit lhistoire de la comtesse

Au centre, Milena Agus dansW Cagliari Sur les autres photos,' une madone qui veille sur elle

le piano de son fils surmonte deportraits de famille, et la cuisine,lieu de convivialité par excellenceou chante le vin petillant

sans jamais être entrée dansce bâtiment Quand j ai pu levisiter, le texte était fini », dit-elle en appuyant sur toutesles sonnettes, avec un aplombcertain pour nous montrerla cour in t e r i eu re Maîs

personne ne repond a ses appels vigoureux et on continuera d'imaginer, demereles grands murs sculptes, les trois sœursdéchues aux amours impossibles La poe-sie est partout dans ces rues baignées delumiere doree, comme dans les aventuresenchanteresses de cette femme rêveuseet flâneuse a l'image de ses personnagesmaladroits, pétris de désir, d amour etde liberte Une cloche d'église rappellequ'il est temps de rentrer car une amie,passionnée de langue française, doitnous rejoindre pour dejeuner

On en tend Mi lena Claudia etAntonella bavarder dans la cuisine, ouvrirune bouteille de vin blanc petillant et rireavec malice de la vie qui n'est pas toujoursun ht de roses. Un rayon de soleil glissesur I ordinateur comme une invitationa écrire maîs e est I heure de la sieste etMilena nous propose une couverture et lecanape du salon Difficile de résister a unetelle proposition

Christine FerniotPhotos Marco Alberto MIUMMIS

Desogus pour Lire

Terres promises(Terre promesse) par MilenaAgus, traduit de I ital en parMarianne Faurobert 172 pLiana Levi 15 €

Page 15: Du bon usage du rêve - Liana Levi · MILENA AGUS Les personnages de MILENA Acus semblent souvent débar-quer de la lune. Pourtant, dans ce nouveau roman, c'est bien une terre promise,

15.05.18 17:33:57 [Page partielle 'Livres_03' - EditPress | Editpress | Tageblatt | Tageblatt | Livres] de Alonzi (Color feuilles)

D’où est venue l’inspiration deTerres promises ?

Chaque livre que j’écris correspondà une question que je me pose. PourTerres promises, je me demandais sil’on pouvait être heureux face à uneréalité qui est très dure. Le rêve, s’ilest trop optimiste, peut-il ruiner laréalité ?

Le roman se déroule sur troisgénérations mais il est court,pourquoi cette forme brève ?

J’écris beaucoup mais, à la relec-ture, je coupe, je coupe et je coupeencore ! Tout ce que j’ai déjà ditd’une certaine manière, je l’enlève.Mais surtout, j’écris toujours la fin enpremier, de telle sorte que je sais où jeveux aller. Pour moi, le sens se situetoujours dans la façon dont se ter-mine le roman.

Ce qui caractérise votre hé-roïne principale, Felicita, c’est sa

grande bonté…Il y a un préjugé, que j’ai souvent

observé, qui voudrait que la bontésoit associée à la stupidité. Pourtant,je pense que seule la bonté nous pré-serve de la catastrophe. La bonté estdu côté de l’intelligence. La méchan-ceté ne débouche que sur la destruc-tion, la dissolution. Les gens bons nesont pas des idiots, bien au contraire !

Aimeriez-vous que votre der-nier roman soit adapté au ci-néma ?

Oui, parce que l’on se fait son pro-pre film quand on écrit.

Votre précédent livre, Mal depierres, a été adapté par NicoleGarcia, avec Marion Cotillarddans le rôle principal, aviez-vousaimé cette version ?

J’ai beaucoup aimé le film tiré deMal de pierres. Mais il était différentde ce que j’avais imaginé en écrivant.Par exemple, le personnage de Ma-rion Cotillard ne correspond pas dutout. Ma grand-mère, qui a inspiré lepersonnage, était drôle et gaie alorsque Marion Cotillard en a fait unefemme triste et malade.

Comment expliquez-vous lesuccès que vous avez hors d’Ita-lie, alors que vos livres sont pro-fondément ancrés dans la réalitésarde ?

Je ne le comprenais pas moi-même,

je l’ai découvert cet été en voyant lefilm Les Souvenirs, lors d’une projec-tion en plein air, en France. À la sor-tie, de nombreux spectateurs sont ve-nus me voir persuadés que le filmétait tiré d’un de mes livres… Maisnon… Simplement il y avait une fa-çon de montrer des personnages quiaffrontent des problèmes gravissimesavec légèreté qui me correspond.Cette légèreté face au tragique plaît àbeaucoup de gens. De plus je traitedes problèmes humains commel’amour, le désir, la désillusion, quisont universels.

À propos de l’Italie, après lesélections législatives, vous avezsonné l’alerte sur le score élevédes nationalistes…

Oui, je ne prétends pas être une spé-cialiste de la politique mais lors deces dernières élections en Italie, j’aieu l’impression d’avoir assisté à unecampagne électorale malhonnête. Ona joué sur les préjugés, sur la peur desmigrants, on les a présentés commeune masse informe et hostile. Ce quine correspond pas à la réalité. Deplus, on a fait des promesses ridicu-les, complètement impossibles à te-nir. Le résultat obtenu ne veut riendire. Sans parler du retour de SilvioBerlusconi… Même si son score n’apas été brillant…

Propos recueillis parNicolas Blondeau

Révélée par Mal de Pierres en2006, véritable bestseller portésur grand écran avec MarionCotillard dans le rôle principal,Milena Agus s’attache à rendrehommage, à travers ses romans,à cette Sardaigne dont elle estissue et qu’elle n’a jamais quittée.Son dernier roman, Terrespromises, est bouleversant. Il sesitue évidemment en terre sarde.Entretien.

Entretien avec Milena Agus, autour de Terres promises

« La bonté est du côté de l’intelligence ! »

Un matin, l’Islande se réveille coupée du reste dumonde : les câbles sous-marins qui la relient auxcontinents sont inopérants, les radios se taisent, lesécrans restent figés sur l’instant où la coupure s’estproduite. Le temps passe, heures, jours puis semai-nes, et plus rien – internet, signaux radio, navires,avions – ne parvient jusqu’à l’île, qui doit s’organi-ser pour faire face aux pénuries naissantes, et main-tenir sa cohésion.

Premier roman de Sigríður Hagalín Björnsdóttir(qui dirige le service informations de la télévisionpublique islandaise), L’Île s’avère un récit addictif,sombre, parce que vraisemblable. Laissant de côtéla quête des origines de la situation (incidents tech-niques ou cataclysme mondial, peu importe, lespectaculaire est écarté) elle implique très rapide-ment, en chapitres courts, ses personnages dans lecrescendo qui mène cette nation, contrainte à uneautarcie peut-être passagère, vers un repli identi-taire qui confine à la barbarie : Hjalti, journalistepolitique, qui engage le roman depuis sa réclusiondans une ferme abandonnée ; Maria, son ex-compa-gne, musicienne, méditerranéenne, mère célibataired’enfants « mulâtres » ; Elin, ministre jetée au pre-

mier rang du pouvoir par vacance et ambition. Récitconcis, froid et documenté : avec Hjalti, mandatépar Elin pour informer la population des réformesnécessaires, nous assistons aux réunions de cabinetdes gouvernants. Il s’y dit, en jargon technocratique(bien documenté), que l’île peut, comme par lepassé, grâce à ses ressources énergétiques, recycleret s’adapter, mais ne pourra durablement nourrirtous ses habitants sans réformes drastiques. Et celadoit être communiqué sous l’étendard d’un opti-misme entraînant, puisque le chaos n’est pas envi-sageable... Mais la population islandaise (du moinscelle de cette dystopie) se gouverne aussi par assem-blées, et la communication policée cède bientôtsous les harangues, qui vont peu à peu désigner etchoisir quelles bouches nourrir, qui mettre au ban etde quelle manière. Lecture faisant, et c’est bien là lapuissance de cette fiction sur l’aurore du chaos, ilvous reviendra des relents de temps pas si éloignéset cataclysmiques, et peut-être aussi l’écho de dra-mes qui pourraient émerger autour de nous.

Jean-Jacques Valès(librairie Alinéa)

Un premier roman signé Sigríður Hagalín Björnsdóttir

L’aurore du chaos

ROMAN

LE CHOIX DU LIBRAIRE

L’Île

Traduit de l’islandaispar Eric Boury

Gaïa, 2018

272 pages, 21 €

Sigríður Hagalín Björnsdóttir

Si le titre du dernier roman de MilenaAgus est au pluriel, Terres promises, c’estévidemment volontaire. Pour la roman-cière, chacun rêve en secret d’une terrepromise, et chacun a la sienne. La terrepromise de Milena Agus, c’est peut-êtresa propre langue, gorgée du soleil de sarégion natale, la Sardaigne. Son dernierroman, comme Mal de Pierres qui lui avalu un immense succès, y est d’ailleursancré. On y retrouve trois générations,

évoquées avec une brièveté qui n’empê-che en rien la romancière de suivre sespersonnages sur plusieurs décennies. Il ya le père, Raffaele, de retour en Sardaignejuste après la guerre, qui ne rêve que derevenir sur le continent. Il le rejoint d’ail-leurs avec sa jeune épouse, Ester, qui semet à souffrir du mal du pays, alors qu’el-le était pressée d’en partir… Il y a leur filleunique, la bien nommée Felicita, qui s’ini-tie avec le même entrain au communisme

et au sexe. Et il y a le fruit de ses amours,un bel aristocrate indifférent, mais pastout le temps. C’est Gregorio, un drôle depetit bonhomme qui finira par trouver savoie, et l’amour, dans la musique, à New-York. Autant de héros attachants, boule-versants même, qui prennent vie avecl’écriture simple et sensuelle de MilenaAgus. Au point qu’on ne les quitte qu’à re-gret, une fois la dernière page tournée.

N. B.

Les promesses – tenues – de Milena Agus

Terres promises

Traduit de l'italienpar Marianne Faurobert

Liana Levi, 2018

176 p., 15 €

Milena Agus

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Date : 06 AVR 18

Pays : FrancePériodicité : HebdomadaireOJD : 333141

Page de l'article : p.74Journaliste : JEANNE DEMENIBUS

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IL EST COMMENT, LE NOUVEAU

MILENAAGUS?PAR JEANNE DE MENIBUS

MERVEILLEUX. Malgre le succès de ses livres depuis « Mal de pierres », MilenaAgus n'a jamais rien changé à sa vie Amoureuse de sa Sardaigne natale, elle

observe de là-bas les rodomontades du monde «Terres promises », son nouveau

roman, le plus autobiographique, illustre à merveille à quel point elle a raison

Tous ses personnages rêvent d'ailleurs, de l'endroit où ils se sentiraient, enfin, à

leur place Issus d'un village sarde, Ester et son man Raffaele prennent la mer, au

sortir de la guerre, pour tenter l'aventure sur le « continent » Le couple s'installe à

Milan, où naît Félicita et ou Ester s'étiole Bientôt, la famille reprendre le chemin

de son île Heureuse d'y trouver des racines, leur fille s'y établirait volontiersauprès de Pietro Maria, héritier d'une famille noble, dont elle est enceinte Las !

Malgré l'ardeur de son désir, son fiancé ne « réussit » pas à 'aimer Alors Félicita,son gros ventre et sa fierté en bandoulière, part s'installer sur la côte, à Cagliari

Son fils Gregono y grandira, avant d'aller voir de 'autre côté de l'Atlantique, si

on peut faire bon accueil à ses talents de musicien Utopique, la terre promise ?

Pour Milena Agus, elle est partout C'est une question de regard Le sien estempreint d'émerveillement, d'un humour tendre et de gentillesse

Lom d'un masochisme mortifère, cette vertu surannée pourrait êtreune stratégie d'avenir, soutient la romancière En refermant ce

petit roman pétri de poésie, qui réconcilie la rudesse et la pliesse

du monde, on est porté à la croire •« TERRES PROMISES », de Milena Agus, traduit de l'italien par MarianneFaurobert (Liana Levi, 175 p )

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Date : MAI 18

Pays : FrancePériodicité : MensuelOJD : 306170

Page de l'article : p.52Journaliste : D.A.

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Terres promisesApres la guerre, Raffaeletente de quitter son îlenatale, la Sardaigne II yreviendra et aura une fille,Félicita, qui, elle aussiessaiera de changer sa destinée et aura à son tour unfils, Gregono, qui Troisdestins qui parlent subtilement de transmission(celle qu'on ne voit pas),d'héritage, de caractère etde volonté de choisir savie Un petit delice D AMena Agus, Liana Levi, ISC

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Date : MAI 18

Pays : FrancePériodicité : MensuelOJD : 404990

Page de l'article : p.38Journaliste : F.F

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Guillaude famille

"•es française

is promisesPour Raffaele, la terre promise est forcément ailleurs, loin, bien loin

de ce petit village sarde où l'horizon est restreint. Au retour de la guerre,il s'embarque comme marin. Mais au village, il y a Ester, sa fiancée quil'attend, malgré les cris de sa mère, malgré les errances de cet hommequ'elle ne connaît ni ne comprend vraiment. Le couple finit par se marier etfiler vite vers la promesse d'une vie meilleure. Mais Raffaele est pauvre.Du travail, il en trouvera à Milan, où sa fille, Félicita, grandira et sa femmes'étiolera. Ils décident un retour à la terre, au village, aux rancœurs...pour finalement trouver en eux la terre promise. Une beauté que ce livre,l'humilité et l'intelligence des personnages font écho à celles de Milena Agus,l'une des plus grandes voix de la littérature contemporaine. F. F.Par Milena Agus, éd. Liana Levi, 176 p., 15 €

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Date : 12/18 MARS 18

Pays : FrancePériodicité : HebdomadaireOJD : 2798292

Page de l'article : p.14Journaliste : A. M.

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TERRES PROMISESde Milena Agus (Liana Levi)

epiais son magnifique roman Malde pierres, paru il y a onze ans et

adapté au cinéma par Nicole Garcia,avec Marion Cotillard, lecrivaine célèbretoujours sa terre natale sarde. Son nou-veau livre est une saga familiale qui courtsur la seconde moitié du xxe siècle.Félicita, enfant rieuse, puis femme indé-pendante au prénom si bien porté, enest l'héroïne. « Aucune méchanceténe venait à lesprit de Félicita qui prit laseule décision à sa portée : se contenterde ceux qui l'aimaient bien. » Fille uniquedu couple formé par RarTaele et Ester,eternelle insatisfaite, elle tombe amou-reuse du fils de l'aristocrate de son

village. Mais comme il ne l'aime pas, Félicita annulele mariage et donne naissance à un fils, Gregorio,quelle élève seule à Cagliari, loin des siens. Plus tard,ce passionné de jazz s'échappera pour devenir musicienà New York, sa terre promise. Milena Agus nous plongedans une Sardaigne pauvre en célébrant les gentils qui,à l'image de Félicita, ont l'intelligence de savoir se satis-faire de ce que la vie leur donne. Son livre a un charme etun souffle tels qu'il nous ensorcelle. A. M.

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Date : AVRIL/MAI 18

Pays : FrancePériodicité : BimestrielOJD : 258326

Page de l'article : p.94Journaliste : Isabelle POTEL

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C L i l i R l P O R T R A I T

Tdicila osl unfantasme1 bien sûr"

Le nouveau roman de l ' I t a l i e n n e Milena Agusrayonne plus que jamais de son amour pourla Sardaigne et les perdants magnif iques.Par Isabelle POTLL

CRACE A UN JAI EM SYNTHETIQUE et r\ thmique impressionnant, la

romancière italienne Milena Agus, connue depuis Maldepienes, succesmondial en 2007 (adapte au cinema en France par Nicole Garcia avecManon Cotillard), fait entrer, dans ce petit livre a glisser dans toutes les

poches, quatre générations, plusieurs villes, la mer, la musique NewYork un cancer, une amitie, de I amour et plein de peisonnages deca

les comme a son habitude, c'est-à-dire qui ne parviennent jamais a etreraccord avec ce que la réalité leur propose En particulier Ester, qui n'acesse de vouloir quittei son village saide poui se morfondie a Milan et

ne rever que d'y retourner.. C'est le genre humain qui est comme ca,toujours insatisfait et malheureux, les hommes comme les femmes", ditMilena Agus, que les différences entre les genres n'intéressent

pas beaucoup, a rebours de notre air du temps Celle qui vitdepuis tiente huit ans dans le même appai tement dominant le

port de Cagliari, en Sardaigne, repond aux questions en italien,traduite par son éditrice Liana Levi Entre les deux femmes, unecomplicité de longue date elles lient ensemble quand Milena

s'embrouille dans ses histoires de famille (un grand-père avantrompu avec sa famille de notables et devenu maçon un pereofficier de marine qui fut prisonnier des Allemands puis épousaau village après-guerre sa fiancée couturière ), et on pourrait

passer la nuit a les ecoutei sans tout i_ompiendie tant ellesdégagent., quoi en fait ' ' Cette 'félicite' dont parle le roman,a travers le peisonnage de Félicita fille d Ester et de Raffaele,jeune femme boulotte et bienveillante qui lefusedelaisseï sa joie de vivre

s'abolir sous les déceptions (nombreuses) et la dureté de la v ie ' Félicitaest une personne idéale, extraordinaire, e est un fantasme bien sûr I ' , ditla romancière Pas seulement, I interrompt Liana cro\ez-moi, Milenaa fait une bonne partie du chemin vers son modele

Les romans de Milena Agus puisent dans sa propre \ ie et sont illu-mines par son amour dc U Sardaigne ct dc la mel Sa tcnc pi omise clicla tiouvee. Apies une annee en medecine a Milan ( ]e voulais paitircomme medecin missionnaire en Afrique maîs je ne comprenais rien aujargon medical ' ) ,e l lese iepl iesui des etudes l i t t e ia i iesaCagl ia i i , ou elleenseigne depuis des annees la litterature et I histoire dans un lycee ( ] aibesoin de la securite d Lin salaire et que l'écriture ne son qu'une passion' )ou elle éleva un fils unique, aujourd hui musicien de jazz a New YorkJamais elle n eut env ie d'aller v oir ailleurs De son ile elle dit ' I l \ a u nénorme complexe d infériorité en Sardaigne er des regrets de ne pas avon

agi a temps pour empêcher l'industrie pétrochimique et le tourisme de

masse d'abîmer nos cotes La prise de conscience s accroît, la culpabilitéaussi Maîs les i omans de Milena Agus débordent d'espoir et d'énergie

pleins de losers magnifiques, d immatures existentiels qui auront leur

revanche, car les derniers seront les premiers, sont déjà les premiers maîsne le savent pas Milena Agus cent pour le leui faire savoir _

Jciirsptomtfes, Milena 'Vgus ed Liana Levi 17f.p 1S£

" F é l i c i t a i s a

f a n t a s y , o f c o u r s e "

AN ITALIAN NOVELIST A F F I R M S HER L O V E OF

HER NATIVE SARDIN IA AND FASCINATION

WITH LIFE S G L O R I O U S LOSERS

With a formidable sensé of synoptic natrative andpacmg the Italien writer Milena Agus manages topack into one slim volume four générations several cites the sea music cancet fnendship loveand a whole cast of characters destmed to terrainforevet out of step with what reality has to offerEspecially Ester who spends her life yearningto leave her Sardmian village for Milan and oncethere yearns to return Ils part of the humancondition,' says the author of ProtnisedLands(available in Italien and French) to be alwaysunhappyand unsatisfied Agus herselfseemstobe the exception havmg lived for 38 years in thesaine apartment overlooking the port of Caligan,

Sardmia She and Liana Leviher publisher (and interpréterfor our interview) beth emanatetheebullience the felicity thatthe novelistembodies in Estersdaughter Félicita An extraor-dinary idealized person—afanlasy, of course1' To which Leviadds Notentirety—Milena isvery nearly like her model

Urlike her characters Agushasfotnd her promised landOf her beloved Sardmia she

says There'sa huge interior^ complex hère andgulli for not taking action in time to stop the petro-chemical industry ar d mass tounsm from luiningeur coastline But her novel exudes vitality andhope—even for her cast of glonous losers Thelast shell be first Milena Agus wntes to tell themthatthey are already first but dor t know tyet •

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L'AMOUR DES LIVRESDate : N 0/2018Pays : France

Périodicité : Trimestriel Page de l'article : p.3

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« Quant tu aimes il faut partir »

Un matin, lom des cafes tapageurs, des rames et des routes saturées, nous éprouvons le désirpressant de saisir les ondulations de Tailleurs Lassés par l'entre-soi de notre quotidien, ilnous faut à tout prix côtoyer l'alténté, se laisser griser par des ciels inédits et respirer l'air

étranger de la liberté pour mieux revenir vers la familiarité que l'on chérit Le poète, le voyageur infa-tigable que fut Cendrars ne dit pas autre chose dans l'un de ses poèmes au début déroutant « Quandtu aimes il faut partir / Quitte ta femme quitte ton enfant / Quitte ton ami quitte ton amie / Quitte tonamant quitte ton aman te/Quand tu aimes il faut partir » Certes, convenons ensemble que le propossemble radical et que le voyage le plus intense et le plus libre reste interieur, maîs afin de nourrir cetteintériorité, quoi de plus vital que l'extérieur du monde, qu'il soit fait de paysages ou de pages '

Les livres nous racontent des histoires et les lieux portent en eux une histoire Dans les deux cas,nous vagabondons et renouons avec l'émerveillement suspendu de nos yeux d'enfant Une visite deschâteaux de la Loire et nous voilà conversant avec Rabelais (Châteaux dè la Loire, Gallimard) Unroman de Milena Agus (Terrespromises, Liana Levi) et nous ressentons l'âme sarde dans notre chairUn autre, magnifique de finesse, de Chimamanda Ngozi Adichie (Amencanah, Gallimard) et nousavons l'impression d'avoir mille fois vécu l'exil La Ville Lumière à elle seule concentre une myriadede récits et de personnages epicés que l'on ne saurait par où commencer pour mieux la palper, ainsilui consacrons-nous une page de sélections où les femmes qui ont fait et aimé (à) Paris trouvent uneplace de choix • Elles, ces Parisiennes (Pangramme) ou encore L'Amour fou a Paris (Omnibus) Si vousn'avez jamais pris le mythique train Pans-Venise, allez faire un tour dans le roman de Florent Oiseau(Allary Éditions), vous y trouverez du clandestin, du romanesque et des pillages de diligence façonxxie siècle Vous faites partie de ces voyageurs ne supportant pas de partager le spectacle de la beautecollective avec la horde de tous les autres touristes qui brandissent leur appareil photo devenu ungrillage entre le monde et eux ' Nos 120 coms secrets en Europe du guide du Routard a eté façonnépour vos goûts éhtistes Et si le poème de Cendrars n'a pas vos faveurs parce que pour vous levoyage se partage, nous avons sélectionné plusieurs guides vous accompagnant dans cette périlleuseexpédition que celle des vacances en famille, comme le « Partir en famille » à Paris du Lonely Planetou encore Lisbonne en famille chez Gallimard (« Cartoville ») Quoiqu'il en soit, que vous soyez unvoyageur de la solitude ou un arpenteur en groupe, «quand tu aimes il faut partir», parce que lemonde est là qui n'attend plus qu'à être déchiffré, en littérature ou en aventure

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Genre | RomanAuteur | Milena AgusTitre | Terres promisesTraduction | De l’italien par Marianne FaurobertEditeur | Liana LeviPages | 175

Genre | RécitAuteur | Roman SentchineTitre | Qu’est-ce que vous voulez?Traduction | Du russe par Maud MabillardEditeur | Noir sur BlancPages | 224

absent, absorbé par l’écriture de ses livres, le romancier se croque lui-même avec ironie. Faute du bureau, il a passé des années à travailler sur la table de la cuisine. «Papa, il est vrai, ne se plaignait pas, explique Dacha; au contraire, il disait que ça l’aidait à écrire des nouvelles et des récits que tout le monde compren-drait.» La mère maintient ses enfants sous une surveillance constante, les oblige à réviser leurs devoirs et à jouer de la musique tout en s’enthousiasmant pour les dissi-dents politiques (elle manifeste, tient un blog et écoute L’Echo de Moscou, seule radio libre du pays).

Il est plaisant de prendre part au quotidien des membres de cette famille et de leurs visiteurs, de partager avec eux un gâteau Medo-vitch (millefeuille au miel et à la crème), des saucisses géorgiennes, ou des débats houleux. Sentchine parvient à livrer beaucoup d’infor-mations tout en évitant le roman à thèses. Mais il bascule, hélas, dans des thèmes qui choqueront le lecteur occidental.

L’œuvre de Sentchine nous avait plu par son merveilleux pouvoir d’évocation, son désespoir à la limite de l’absurde, son empathie et son humanisme. Le lecteur le découvre

PAR MIREILLE DESCOMBES

L’auteure sarde imagine une très belle saga familiale autour d’une femme qui élève seule son fils musicien

◗ Les esprits chagrins vous diront peut-être que Milena Agus écrit toujours le même livre. Ils n’ont pas tort. Mais creuser le même sillon n’est pas forcément un défaut. Souvent proches, parfois frères, les récits de l’écrivaine sarde ont le caractère universel des chansons populaires. Ils disent beaucoup en peu de mots. Parlent d’amour, de mort, de différence, de l’essentiel. On s’y glisse comme dans un lit de mousse tiède pour se laisser bercer par la brise des désirs. Découverte en 2007 avec Mal de pierres, l’auteure nous emmène cette fois-ci en Terres promises. Oui, au pluriel, car c’est bien connu, chacun a la sienne.

DE LA SARDAIGNE AU CONTINENT ET RETOURSculptée en phrases simples et lumineuses,

cette saga familiale se déguste à petites bou-chées, comme un pâté aigre-doux, ou comme un sorbet. Au premier abord, l’histoire semble banale. Elle commence en Sardaigne où la blonde Esther, qui rêve d’ailleurs, attend son fiancé Raffaele. Engagé volontaire, il est parti rejoindre la marine, non parce qu’il est fasciste mais parce qu’il veut «voir la mer». A son retour de la guerre, et après quelques hésitations, il finit par se marier avec sa pro-mise et le couple s’en va vivre sur le continent. A Gênes, puis à Milan. Le début, pour Esther, d’un terrible désenchantement.

La naissance de sa fille – Felicita la bien nommée – lui rend provisoirement sa gaieté. C’est à cet enfant peu ordinaire et à son des-tin particulier que va rapidement s’attacher le récit. «Elle était toute dodue, pour ne pas dire boulotte, aussi friande de pâtes au pesto de Gênes que d’escalopes milanaises», écrit l’auteure. Et cette corpulence généreuse l’ac-compagnera toute sa vie. Cela ne l’empêche pas de séduire le pâle, triste, grand, maigre et mystérieux Pietro Maria, héritier de l’aris-tocratique famille des Sisternes. Revenue vivre en Sardaigne avec ses parents, Felicita, en effet, va au bout de ses désirs et de ses choix. Aussi, quand elle se retrouve enceinte,

elle décide de garder l’enfant et de l’élever seule et malgré la proposition de mariage de son amant. Elle sait bien que ce dernier ne l’aime pas, qu’il n’arrive pas, «même en se forçant», à l’aimer.

L’ENFANT MUSICIENLe fruit de cet amour non partagé se

nomme Gregorio. Et ceux qui connaissent Milena Agus le devinent. Ce fils, qui a hésité à naître, est l’enfant compliqué, rejeté par les autres et passionné de musique que l’on retrouve dans plusieurs de ses livres et qui – elle nous l’avait avoué – ressemble un peu à son propre fils devenu pianiste. On peut donc aussi imaginer que c’est à lui, indirec-tement, qu’elle rend hommage dans Terres promises quand elle écrit: «Qui n’a jamais vécu avec un musicien ignore que quand il joue, le plus misérable des logis se transforme et se soulève de terre comme un astronef pour voyager vers un monde parfait.»

D’autres figures attachantes et riches tra-versent ce roman. Et plusieurs villes aussi, dont Cagliari, ainsi que la magnifique plage du Poetto, une étendue de dunes blanches longue de 12 kilomètres où la mer vous accueille «comme elle accueille toutes les créatures égarées». Et où, peut-être, Felicita trouvera finalement l’amour. Peut-être, car Milena Agus aime les fins ouvertes. Et on lui en sait gré. Ses personnages et ses paysages continuent ainsi à nous accompagner bien après qu’on a tourné la dernière page. n

MILENA AGUS OU L’ENCHANTEMENT DU DÉSIR

34 LIVRES

C M Y K

LE TEMPS WEEK-ENDSAMEDI 24 MARS 2018

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Date : 29 MARS/4AVRIL 18

Pays : FRPériodicité : HebdomadaireOJD : 88037

Page de l'article : p.62Journaliste : MARIE CHAUDEY

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LIANALEVI 5432693500508Tous droits réservés à l'éditeur

Toute la bontédu mondeLa Sarde Milena Agus revient avec un roman à la fois graveet plein de fantaisie, une ode aux « béats optimistes ».

romanComment peut-on vivre dans un endroit

pareil ? Chez Milena Agus, la question sepose à petite et à grande échelle, qu'elleconcerne un minuscule appartement dansle quartier du port à Cagliari ou une banlieuepopulaire de Milan, mais aussi toute notreplanète, livrée aux injustices, aux violenceset aux saccages écologiques. La romancièrese saisit avec jubilation du thème bibliquede la Terre promise, qu'elle accommode àsa manière : pleine de fantaisie, d'humouret de gravité mêlés. Elle lui fait traverser leXXe siècle, la Seconde Guerre mondiale, lapolitique de l'Italie, son économie et sa géo-graphie, les exils et les espoirs d'une familled'origine sarde, sur quatre générations. DuSud au Nord, et retour. Faut-il quitter l'île

i

ingrate, ses bergers, son pecorino et sa viede peu ? Vaut-il mieux végéter au soleil, outrimer dans le froid pour un deux-piècesavec lave-linge ? Vaut-il mieux vivre seuleque mal mariée et mal aimée ?

COCO ET CATHO À LA FOISLa Terre promise, c'est cet avenir

radieux qui toujours s'échappe, cette pro-messe de bonheur derrière laquellecourent tous les personnages de MilenaAgus. Lesquels se divisent en deux camps :les éternels grincheux, qui passent leurtemps à transformer leur quotidien enenfer. Et puis celles et ceux qui sont tou-jours prêts à cueillir un peu de plaisir etde douceur à l'endroit où ils se trouvent :les « béats optimistes ». L'héroïne, la biennommée Félicita, appartient évidemmentà la deuxième catégorie, petite sœurjumelle de l'auteure, dotée d'un délicieux« p'tit grain », capable de réconcilier convic-tions de coco et foi de catho, de parler desexe d'une manière merveilleusementcrue, ou de faire naître la poésie d'unaffreux turban post-chimiothérapie...

Fausse naïve et vraie maladroite un peubrindezmgue, mère d'un fils un rien décalé- Jean de la Lune et jazzman génial -,Felicita/Milena défend mordicus la thèseselon laquelle les gentils ne sauraient êtredes perdants, voués à l'échec. Dans unmonde au darwinisme impitoyable, quelrégal de la suivre dans ce récit qui n'a riende cucul la praline. Heureux ceux quicroient à la folie douce, ils auront la terreen partage...9 MARIE CHAUDEY

À LIRE

$& $& $& Terres promises,dè Milena Agos,Liana Levi, 15 6

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PELERINDate : 03 MAI 18Pays : FR

Périodicité : HebdomadaireOJD : 158215

Page de l'article : p.52Journaliste : M.-V. Chaudon/M. F.

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LIANALEVI 4662224500504Tous droits réservés à l'éditeur

ET AUSSI

Verres promises,dè Milena Agus,Dans l'Italie d'après-guerre, Ester etRaffaele, jeunesmariés, fuientla pauvreté de leurSardaigne natale pourtenter leur chanceà Cènes,puisa Milan.Les temps sont durs,ils rentrent bientôtau village avec leurenfant, la si bien-nommée Félicita.Milena Agus, l'auteureà succès de Mal dePierre, nous entraînesur les traces de cettehéroïne lumineuse,qui puise sa force dansla joie et la dispenseautour d'elle. Éprisede liberté, elle reven-dique le droit de croireque la gentillesse estla meilleure armepour survivre en cemonde. Dans ce courtroman, Milena Agusparvient avec finesseà conter une véritablesaga familiale, où cha-cun cherche sa placecomme une terre pro-mise Avec son écri-ture nourrie de fantai-sie, elle capte ce quiconstitue l'essencede chaque destinée

à nulle autre pareille.Une leçon de vie,sur le fil de l'émotion.>I.-V. ChandonÉd. Liana Levi,176 p.; 15 «•Notre avis: ©GO

Un canapésur le trottoir,de Laurence Cosse« ]'ai tant appris queje ne peux garderpour moi ma sciencefraîche, ni surtoutles résolutions qu'ellem'inspire i » Et d'em-brayer sur l'art de dis-cuter dans l'autobus,l'embellissement dela ville de Bordeaux,la mimolette, les anges,l'ombre au coeur del'été, les courriers élec-troniques LaurenceCosse a enchantéles pages de La Croixde 2004 à 2017, avecses chroniques légèresou graves, toujourspétillantes. Puisésdans le petit théâtrede la vie quotidienne,ces récits formentune compilationenchantée à dégusterau fil du temps M. V.Éd. Salvator,254 P-; is €. «Notre avis:

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La Croix -jeudi 29 mars 2018

Livres&idées14

Des cheveux épais tenus par un serre-tête, un chandail en laine, une jupe longue.

Pas de maquillage ou à peine. De petites boucles dorées aux oreilles pour toute sophistication. Et de grands yeux marron dans les-quels, lorsqu’elle sourit – et elle sourit beaucoup –, se reflète une malice enfantine. Milena Agus est une femme simple, discrète et chaleureuse. Quand on a lu ses livres, condensés de fantaisie et de touchante humanité, on ne peut l’imaginer autrement.

Depuis Mal de pierres, son pre-mier roman traduit en français en 2007 et récemment adapté au ci-néma par Nicole Garcia, ses livres, traduits dans vingt-six pays, sont plébiscités par les lecteurs. Cela ne l’empêche pas de continuer à ensei-gner la littérature et l’histoire dans un lycée technique de Cagliari, en Sardaigne, prenant sur ses jours de congé pour faire la promotion

de ses livres en Italie et à l’étran-ger. Tout sauf mondaine, son plus grand plaisir reste de contempler la mer depuis le balcon de son appar-tement – le spectacle n’est jamais tout à fait le même.

Si Milena Agus a trouvé dans son île natale une terre promise, ses personnages s’épuisent à chercher la leur. La terre pro-mise, peut-être un autre nom du bonheur. Certains ne le voient pas alors qu’ils l’ont sous le nez. D’autres, comme Felicita, son hé-roïne, ont la capacité de le déni-cher où qu’ils soient. « Nous pas-sons notre vie à nous rendre compte que le monde n’est pas comme nous l’espérions, estime la romancière. Face à cette désillusion, il y a deux catégories de personnes : ceux qui, comme Ester, la mère de Felicita, vivent dans les regrets et la frustra-tion, ce qui est le cas de beaucoup

d’entre nous ; et les gens comme Fe-licita, qui possèdent un don pour voir le côté positif des choses. »

On rangerait volontiers Milena Agus dans la deuxième catégo-rie. Elle s’en défend sincèrement. « Elle est exactement comme cela », sourit Liana Levi, son éditrice en France, qui sait son auteur mo-deste. Si Felicita lui ressemble, la romancière raconte s’être d’abord inspirée de sa cousine Sandra, at-teinte d’un cancer, pour imaginer ce personnage solaire. « Un jour, j’appelle ma tante, sa mère, pour prendre de ses nouvelles. Elle sor-tait d’une longue chimiothérapie, elle était épuisée. Ma tante a décollé

le téléphone de son oreille et m’a dit : “Écoute !” Figurez-vous que ma cousine chantait. Oui, elle chantait à tue-tête ! Comment était-ce pos-sible ? D’où cela venait-il ? »

Ses romans, explique-t-elle, naissent d’instants comme ceux-là. Et de questions auxquelles seule la fiction lui apporte des ré-ponses. « Comment garder espoir dans l’adversité ? » Ou encore : « Peut-on être heureux en étant aussi gentille que Felicita ? » Milena Agus veut penser que oui, elle qui a toujours vu la gentillesse comme une arme. « Ce n’est pas vrai que les méchants l’emportent toujours, af-firme-t-elle. Pendant un court mo-

ment peut-être, ils font la course en tête, mais ils finissent par succom-ber. Les gentils peuvent vivre des choses tragiques, ils sont capables de tout encaisser car ils ont la paix intérieure. Pas les personnes mé-chantes, affaiblies par leurs rumi-nations et leur désir de vengeance. Moi, quand j’ai de l’hostilité ou de la rancœur envers quelqu’un, je de-viens méchante, et cela me fait sen-tir extrêmement mal. C’est comme une guerre intérieure. Quel soula-gement lorsque cela s’arrête ! Je re-deviens gentille, et ma vie est bien plus agréable. »

Naïve, Milena Agus ? Idéaliste, sans doute. Comme son héroïne, elle n’ignore pas la cruauté du monde mais rêve d’une société plus juste, où chacun accéderait à ses désirs. Les laissés-pour-compte, les égarés, les trop gros, les pas assez beaux. Catholique pratiquante, elle fut pendant un temps membre du Parti commu-niste – ses camarades la surnom-maient affectueusement « Sœur Milena ». « Mais je me suis arrêtée

quand j’ai entendu crier “à mort les patrons !” pendant une manifesta-tion ! », s’amuse-t-elle. La fin ne justifie pas tous les moyens.

À défaut de faire la révolution, elle se console avec l’écriture. « Ma grande satisfaction est de trouver dans la réalité des solutions alter-natives. Mes romans ne sont pas fantastiques, ils racontent des si-tuations plausibles mais qui, en général, ne se produisent jamais. »

Là où d’autres ne voient que la pluie, Milena Agus ne peut s’em-pêcher de traquer l’arc-en-ciel. Si bien qu’un poète apparemment aussi pessimiste que Giacomo Leo-pardi, sorte de figure tutélaire de Terres promises, lui semble lumi-neux. « Sa réflexion métaphysique est sombre mais sa poésie dégage une joie extraordinaire. D’ailleurs, on dit souvent que Leopardi s’est suicidé mais c’est faux, assure-t-elle. Il est mort naturellement, du choléra. » À ce stade d’avance-ment, l’optimisme est incurable. Méfiez-vous, c’est contagieux.Jeanne Ferney

La romancière italienne Milena Agus. Daniela Zedda

Portrait. Depuis Mal de pierres, qui l’a révélée en France, jusqu’à Terres promises, son nouveau livre, la romancière sarde creuse le sillon d’une littérature optimiste, imaginant un monde dans lequel le bonheur est un rêve accessible à tous.

Milena Agus, confessions d’une idéaliste

« Ma grande satisfaction est de trouver dans la réalité des solutions alternatives. »

Un soleil intérieur

Terres promisesde Milena AgusTraduit de l’italien par Marianne FaurobertÉditions Liana Levi, 176 p., 15 €

Les personnages de Terres promises rêvent d’autres horizons. Ester déteste tellement son île, la Sardaigne, qu’elle en est malade. Elle a les yeux rivés sur le continent, persuadée que la vie y sera plus belle que dans ce « trou maudit ». Mais Gênes, où elle s’ins-tallera avec son mari Raffaele, ne tiendra pas ses promesses, pas plus que Milan « la grise »… Après la guerre, son frère, Felice, ne jurait que par l’Union soviétique, là où « il y a du travail pour tout le monde ». Quant à Raffaele, fils d’ouvrier que les Américains ont libéré des camps allemands, il gardera toujours au cœur la belle Gênes, « venteuse, altière, longue, fine, dessinée à la pointe sèche ».La terre promise est-elle forcément ailleurs, plus loin, inacces-sible ? Pour l’invincible optimiste qu’est Felicita, la fille de Raffaele et Ester, elle est d’abord en soi. Rien ne semble pouvoir affaiblir le puissant soleil intérieur de cette femme douée pour le bonheur ni son amour contrarié pour le père de son fils, ni la maladie qu’elle affrontera plus tard, avec la même dignité qu’elle aura traversé l’existence. En moins de deux cents pages, Milena Agus réussit le prodige d’écrire une saga familiale sur la quête du bonheur, à la fois profonde et enlevée, nostalgique et pourtant si joyeuse.

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La Libre Belgique • 4 juin 2018

lianalevi
Texte tapé à la machine
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Date : 01 AVRIL 18

Pays : FrancePériodicité : QuotidienOJD : 140564

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LIANALEVI 3685893500508Tous droits réservés à l'éditeur

TERRES PROMISESde Milena AgusQuel bonheur cfe repartir en Sardaigne avec MilenaAgus ! L'écrivaine, que l'on a découverte avec « Malcfe pierres », compose ici une saga familiale singulière,autour d'un personnage si solaire que l'évidences'impose : la terre promise n 'est jamais si loinqu'on l'imagine... Et pas cfe cfoute : la bonté et la beautérestent encore le chemin le plus court pour y arriver.Alors si ce petit livre se lit vite, c'est pour longtempsque l'on cheminera avec Félicita !

/ Ed Liana Levi 176pages 15e

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Date : 01 AVRIL 18

Pays : FrancePériodicité : QuotidienOJD : 119278

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LIANALEVI 3445893500508Tous droits réservés à l'éditeur

TERRES PROMISESde Milena AgusQuel bonheur cfe repartir en Sardaigne avec MilenaAgus ! Lécrivaine, que l'on a découverte avec « Malcfe pierres », compose ici une saga familiale singulière,autour d'un personnage si solaire que l'évidences'impose : la terre promise n 'est jamais si loinqu'on l'imagine... Et pas cfe cfoute ; la bonté et la beautérestent encore le chemin le plus court pour y arriver.Alors si ce petit livre se lit vite, c'est pour longtempsque l'on cheminera avec Félicita !

/EdUanaLevi 176 pages 15 €

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Date : 30 MARS 18

Pays : FrancePériodicité : QuotidienOJD : 40004Edition : Edition principale

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Les terres promises n'existent pas

« Terres promises » Milena Agus Traduit de l'italien par Marianne Faurobert Liana Levi 175 pages 15 euros

Toujours concise, toujours forte, l'oeuvre de Milena Agus fait de la Sardaigne une terre universelle

Trois générations d'une famille sarde se confrontent à leur idée de la terre promise Celle d'Ester prend les contours du continent,ou que ce fut, pourvu qu'elle quitte l'âpre île natale Pourtant, malgre Gênes puis Milan, la nostalgie finit par la ramener versCagliari avec Raffaele son man Leur fille Félicita, amoureuse d'un aristocrate furtif, place son idéal dans l'engagementcommuniste et au-delà, dans sa foi en son prochain Quant a Gregorio, le fils de Félicita, son paradis swmgue à New York Âmede ce roman, la lumineuse Félicita ne ressasse rien, ne regrette ni son mariage annulé ni les désirs qui lui échappent Elle s'adapteCe coeur simple, maîs pas candide, pressent que le monde parfait existe là où on le rend possible

Chez Milena Agus, la bienveillance jamais mièvre permet a des vérités de se détacher en douceur

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PRESSE OCEANDate : 30 MARS 18Pays : France

Périodicité : QuotidienOJD : 32810Edition : Nantes, Nantes Nord, Nantes SudVignoble, Saint-Nazaire Pornic

Journaliste : F. B.

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Détente / lire, voir, écouter

LES LIVRES

Les terres promises n'existent pas

Toujours concise, tou-jours forte, l'œuvre deMilena Agus fait de la

Sardaigne une terre univer-selleTrois générations d'une fa-mille sarde se confrontent àleur idée de la terre promiseCelle d'Ester prend lescontours du continent, ouque ce fut, pourvu qu'ellequitte l'âpre île natale.

Une bienveillancejamais mièvrePourtant, malgre Genes puisMilan, la nostalgie finit parla ramener vers Cagliari avecRaffaele son man Leur filleFélicita, amoureuse d'unaristocrate furtif, place sonidéal dans l'engagementcommuniste et au-delà, dans

sa toi en son prochain Quanta Gregono, le fils de Félicita,son paradis swingue à NewYorkAme de ce roman, la lumi-neuse Félicita ne ressasserien, ne regrette ni son ma-riage annule ni les désirs quilui échappent Elle s'adapteCe cœur simple, maîs pascandide, pressent que lemonde parfait existe là oùon le rend possibleChez Milena Agus, la bien-veillance jamais mièvre per-met à des vérités de se déta-cher en douceur.

F. B.

« Terres promises »Milena Agus Traduit de l'italien parMarianne Faurobert LianaLevi 175pages 15 euros

Milena AgUS. Photo Daniela Zedda

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Date : 18 MARS 18

Pays : FrancePériodicité : QuotidienOJD : 163692Edition : Toutes éditions

Journaliste : F. M.

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MILENA AGUS Roman

La vie rêvéedes Sardes

La saga familiale tient en174 pages : ne serait-ce quepour cela, il faudrait bénirMilena Agus.

L'ÉCRIVAINE SARDE (née, en1959, à Gênes mais résidentedu cœur de Cagliari), suit sonsillon depuis que Mal de pierresl'a révélée en 2007. Terres Pro-mises, son 7e roman, ne dérogepas à la ligne claire qu'elle s'estfixée, line histoire simple, desprotagonistes subtilement dé-calés, les heurs et malheurs duvivre ensemble (comme on dit),la Sardaigne - non un décormais un personnage, line dou-ce philosophie sourd entre leslignes. Dont il ressort ici quelesdites terres promises n'exis-tent pas - ou alors elles sont làoù l'on choisit, en route, de s'ar-rêter.Marin réchappé de la guerre, àl'étroit dans son île, Raffaele

EXTRAITg« De vais vous dire une chose, sije devais tomber amoureuxd'une femme plus très jeune, unpeu boulotte, chauve et d'unegrande bonté, ça ne pourrait êtreque vous.- Vous me flattez. »

part travailler sur le continent àGênes puis Milan avec sonépouse Ester et leur fille Félici-ta. Celles-ci donnent du fil àretordre aux clichés du migrantsarde. La fillette ne trimbalepas une meute de frères etsœurs, la mère « blonde, légèreet élégante, ne portait pas dejupes longues et n'avait pas demoustache ».

« La vie, misérableet merveilleuse »A Milan, « la lumière n'est pasla vraie lumière ». L'eldoradoperd de sa brillance ; désormaisles racines en font figure. Re-tour en Sardai-gne. Sauf quel'île d'intérieur -monts, chênes,brebis - est de-venue à la fa-veur du Piano diRinasceta (plande redresse -ment) et d'unetocade de l'AgaKhan un para-dis de la pétro-chimie et dut o u r i s m e demasse. « Sou-dain, sur cetteterre bénie, il n'était plus restéque la mer, et ses plages à ven-dre et à détruire.

HILEKJAGU5 Terres promises,Milena Agus,traduit parMarianneFaurobert,Liana Levi,174 pages,15 €

Milena Agus. D A N I E L A ZEDDA

Félicita embrasse un idéal, lecommunisme, et trouve sonprince, authentique noble lo-cal, ll ne l'épousera pas, Félicitasera mère célibataire. Ultimegénération, leur fils Gregorio,jazzman, partira pour New Yorket y vivra un déprimant chagrin

d'amour.Terres promises etchimères déçoiventdécidément. Mile-na Agus dit voirainsi la vie, « misé-rable et merveilleu-se ». Sautant lesannées pour mieuxétirer l'instant, sonrécit a le don de dé-samorcer le drameen une épiphanie -un bout de ciel, unbout de mer, undialogue. Et de lais-ser à ses personna-

ges leur bien le plus précieux :la liberté. •

F M

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Date : 11 MARS 18

Pays : FrancePériodicité : QuotidienOJD : 198324Edition : Edition Est Lyonnais

Journaliste : Nicolas Blondeau

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LIANALEVI 1052383500508Tous droits réservés à l'éditeur

LOISIRS LYON ET REGION

LYON FETE DU L IVRE DE B R O N

Milena Agus : « La bontéest du cote de l'intelligence ! »Milena Agus fait partie desnombreux écrivains invitésà la Fête du livre de Bron Sondernier roman, Terres promise,est dans la lignée de Mal cfePierres. Entretien

D'où est venue votre inspira-tion pour Terres promises '« Chaque livre que j écris correspond aune question que jeme pose PourTerrespromisesje me demandais si l'on pouvait être heuieux face a uneréalité qui cst tres dure »Le roman se déroule sur troisgénérations maîs il est court,pourquoi cette forme brève ?« J'ecnsbeaucoupmais alarelecture jecoupe 'Etj'ecristoujours la fin en premier, de tellesorte qucjcsaisoujc veux allerLe sens se situe toujours dansla façon dont se termine le roman »Ce qui caractérise votrehéroïne principale, n'est-cepas sa grande bonté ?« Si il y a un préjuge que j'aisouvent observe qui voudraitque la bonté soit associée a lastupidité Pourtant je pense

que seule la bonté nous préser-ve de la catastrophe La bontéest du côte de I intelligence Laméchanceté ne débouche quesurladestruction »Aimeriez-vous que ce romansoit adapté au cinémacoffisneMaldepienvs, qui aêtê adapté par (Nicole Garcia,et Manon Cotillarddans le rôle principal '« Oui parcequel'onsefaitsonpropre film quand on ecnt J'aibeaucoup aime le film tire deMal de pierres, alors qu'il étaittres différent dc cc que j'avaisimagine Le personnage deManon Cotillard ne correspondait pas du tout par exempie »Comment expliquez-vousle succès que vous avezen France ?« Jc I ai découvert cet ctc envoyant un film Les souvenirslors d'une séance en plein airA la fin, de nombreux spectaleurs sont venus me voir, per-suadés que le film était tae d'unde mes livres Maîs non Sim-plement il y a une façon dcmontier des personnages quiaffrontent des problèmes gra

• Milena Agus romancière italienne au Salon du livrede Bron. Photo Joël PHILIPPON

vissimcs avec légèreté qui mccorrespond Jc croîs que c'estcette légèreté face au tragiquequi plaît aux Français »À propos de l'Italie, vous avezrécemment alerté sur le scoreélevé des nationalistes« Oui, j'ai eu l'impressiond avoir assistcaunccampagncélectorale malhonnête On ajoue sur les préjuges sur la

pcui dcs migrants, on les a presentes comme une masse informe et hostile De plus on afait des promesses impossiblesa tenir II s'en est suivi un resultat qui ne veut rien dire »

Pro DOS recueillispar Nicolas Blondeau

PRATIQUE Terres promises,éditions Liana Levi, ISC

DERNIER JOUR

• Le dernier jour de la Fêteregorge de propositionsintéressantesSignalons la rencontreavec Gaêlle Nohant(a!6 h, salle dcs Balances)Cette jeune femme signeune passionnante biographie du poète RobertDesnos Neratezpaslegrand entretien (a 14 hsalle des Balances) avecTariq Ali, intellectuelmarxiste qui a inspire auxRolling Stones le fameuxStreet Fightmg man

Enfin ne passez pas a côtedu dialogue (a!2 h 30 auMagic Mirror) qui senouera entre le poètesyrien Omar YoussefSo u lcimunc et JustineAugier, ecnvame qui sepenche sur le destin del'avocate syrienne RazanZaïtounehPRATIQUE Fête du livreDimanche ll mars,hippodrome de Panllywwfetedulrvredebron com

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Date : 30/05/2018Heure : 17:16:20Journaliste : Nicolas Gary

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Le Petit Prince en six langues : toute la diversité de la Sardaigneest làLa Sardaigne compte possiblement parmi les destinations d’escapades estivales envisagées. Malgrésa taille, le territoire n’en demeure pas moins un lieu de grand dynamisme éditorial, au croisement dela tradition et de la culture populaire. Eh oui, Milena Agus fait partie de ces exceptions...Francesca Cappa, CC BY 2.0Popularisée en France, après sa publication chez Liana Levi en 2006, avec Mal de pierres , Milena Agusest certainement l’auteure sarde la plus connue. Enfin, « sa famille est originaire de Sardaigne : elle est deGênes », nous précisait un membre de l’Associazione Editori Sardi, malicieusement, sur son stand.

À l’occasion du Salon du livre de Turin, ils étaient une trentaine réunis, pour présenter leur production. « Lamajeure partie des œuvres naviguent entre l’histoire, l’archéologie et la linguistique. Les livres oscillent entretradition et culture populaire, avec une véritable littérature contemporaine . »

Selon les données communiquées par l’Associazione italiana editori (octobre 2017), on comptait 26 maisonsd’édition à part entière sur l’année 2016, avec une production de 224 titres. Cela représente une diminutioncontinue depuis 2007, où l’on comptait alors 42 maisons, contre 32 en 2013.

C’est principalement dans le segment adulte que s’exprime la vitalité éditoriale – 216 ouvrages, fiction, non-fiction, histoire, etc. – avec 7 livres de littérature jeunesse produits en 2016.

Si la médiane du nombre de lecteurs en Italie est de 40,5 % pour 2016, la Sardaigne affichait 45,7 % pourcette année-là. Et sur la population de lecteurs, 77 % se situent entre 1 et 11 livres par an – 44,3 % entre1 et 3 contre 43 % entre 4 et 11.

ActuaLitté, CC BY SA 2.0Soutenus par les autorités locales pour assurer la promotion de leurs catalogues, les éditeurs privilégienthabituellement des auteurs locaux. « Nous sommes évidemment moins visibles, sur l’ensemble de l’éditionitalienne, et principalement pour des problèmes de distribution au niveau national. »

Mais également parce qu’à l’instar de toute l’Italie, la langue est participative de l’identité – et représente alorsautant une richesse patrimoniale, qu’un frein commercial. « Pour comprendre l’édition sarde, il suffit de savoirque nous avons six éditions du Petit Prince , qui sont toutes dans des langues régionales. Toute la diversitéest là ! » Avec des variations de l’un à l’autre livre qui rendent le texte incompréhensible pour qui ne parlepas ladite langue.

“L'éditeur a un devoir vis-à-vis de l'auteur,le faire connaître” (Liana Levi)Pourtant, il existe trois langues sardes fondamentales : au nord, dans la Barbagia (région centrale etmontagneuse) et au sud. « Les jeunes générations perdent leur connexion avec ces idiomes, et, pourtant,nombre d’initiatives tentent de rapprocher les jeunes de leurs racines linguistiques. On essaye de faireréapprendre, parce que la langue reste un lien fort – de même que l’italien est le liant de tout le pays. »

ActuaLitté, CC BY SA 2.0L’île a toujours été un lieu de rencontre, un espace de mouvement pour les populations à la croisée des routesmarchandes de la Méditerranée. « Nous avons conservé une spécificité, par rapport à la Corse, et, pourtant,

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Date : 30/05/2018Heure : 17:16:20Journaliste : Nicolas Gary

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des liens forts également. Mais le problème est que nous ne sommes pas forcément de grands promoteursde la diversité de nos cultures. »

Facilement associée à des événements patrimoniaux, l’édition tente alors de se rapprocher de considérationslocales, de manifestations, en explorant l’opportunité de connexion avec les tendances touristiques. « C’est lecas par exemple avec le Carnaval de Mamoiada, qui est une procession dansée : nous avons de nombreusesparutions autour de ce phénomène. »

Il faut reconnaître que les déguisements des mamuthones et des issohadores sont particulièrementimpressionnants. Et donc propices à susciter l’intérêt des voyageurs et touristes de passages. Lier lesanciennes traditions aux besoins de la modernité...

Naples : quand un éditeur chasse les dealers avec ses livresPourtant, le marché évolue, et les temps changent : « En librairie, par exemple, des efforts ont été faitspour assurer une présence des livres locaux. Aujourd’hui, la moitié des ventes sont des livres sardes, surl’ensemble de ce que les libraires proposent . » Et même si cela ne fait pas plaisir, on regarde du côtéd’Amazon en se rendant compte que le marchand américain permet une distribution internationale.

« Le livre numérique n’est pas encore un enjeu pour nous, mais nous savons bien que l’on doit s’approprierles nouveaux outils. » Et dans le domaine de la littérature, ce sont également les auteurs qui le demandent.« S’adapter, c’est après tout ce que nous faisons depuis l’Antiquité », plaisante un représentant des éditeurssardes.

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Date : 22/04/2018Heure : 23:08:41Journaliste : frederique.brehaut

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Les terres promises n’existent pas

Toujours concise, toujours forte, l’œuvre de Milena Agus fait de la Sardaigne une terre universelle.

Trois générations d’une famille sarde se confrontent à leur idée de la terre promise. Celle d’Ester prend lescontours du continent, où que ce fut, pourvu qu’elle quitte l’âpre île natale. Pourtant, malgré Gênes puisMilan, la nostalgie finit par la ramener vers Cagliari avec Raffaele son mari. Leur fille Felicita, amoureused’un aristocrate furtif, place son idéal dans l’engagement communiste et au-delà, dans sa foi en son prochain.Quant à Gregorio, le fils de Felicita, son paradis swingue à New York.

Âme de ce roman, la lumineuse Felicita ne ressasse rien, ne regrette ni son mariage annulé ni les désirs quilui échappent. Elle s’adapte. Ce cœur simple, mais pas candide, pressent que le monde parfait existe là oùon le rend possible.

Chez Milena Agus, la bienveillance jamais mièvre permet à des vérités de se détacher en douceur.

« Terres promises » Milena Agus. Traduit de l’italien par Marianne Faurobert. Liana Levi. 175 pages.15 €. Photo Daniela Zedda

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Date : 07/04/2018Heure : 10:38:50Journaliste : Marco Lotti

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Littérature au féminin. Les écrivaines italiennes invitées dans lecadre du festival Italissimo

Milena Agus, Silvia Avallone, Cristina Comencini, Francesca Melandri, Ilaria Gaspari... les écrivaine invitéesau festival Italissimo 2018 sont nombreuses. Par ailleurs, une rencontre est consacré à trois d'entre elles le 14avril 2018 à 17h à la Maison de la Poésie. Trois femmes puissantes , rencontre avec et entre trois écrivainesliées par l’écriture, le travail de la langue et le cinéma.

La romancière Milena Agus , révélée il y a douze ans par Mal de pierres (Liana Levi), traduit en plusde 26 langues et porté à l’écran par la réalisatrice Nicole Garcia en 2016. Cristina Comencini , écrivaine,scénariste et réalisatrice, auteure notamment de La Bête dans le cœur (Denoël), dont l’adaptation au cinémalui vaudra une nomination aux Oscars en 2006. Francesca Melandri, également scénariste, auteur de deuxromans parus chez Gallimard et d’un film documentaire, Vera , sorti en 2010 et présenté dans plusieursfestivals internationaux.

Même jour, même lieu à 20h, Daniel Pennac invite Silvia Avallone . « L’énergie romanesque incarnée ».Daniel Pennac voue une profonde admiration à Silvia Avallone, romancière solaire et engagée, découverteen 2011 avec la parution de D’acier , couronnée par le prix Campiello du premier roman. Traduit en plus de20 langues et adapté au cinéma en 2012, ce roman puissant et lumineux la propulse alors sur le devant de lascène littéraire italienne et internationale. Quatre ans après le très remarqué Marina Bellezza , elle poursuit

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Date : 07/04/2018Heure : 10:38:50Journaliste : Marco Lotti

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son exploration d’une Italie au bord du gouffre avec La vie parfaite , portrait bouleversant d’une générationécartelée entre ses doutes et ses rêves.

Ilaria Gaspari sera l'invitée de l'Institut culturel italien le 13 avril 2018 à 17h avec Carlo Loforti. Dans L’éthiquede l’aquarium (édition de Grenelle), Ilaria Gaspari nous plonge dans l’univers étriqué du milieu universitairede Pise, avec ses angoisses et ses relations étouffantes. En s’appuyant sur leurs romans, les trois écrivainss’entretiendront de leur conception de la littérature et du monde.

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Date : 05/04/2018Heure : 13:16:15Journaliste : Simona Crippa

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« De ce vague avenir auquel tu rêvais » :

Milena Agus © Chiara PasqualiniD e la mer et de la terre, de l’ici et de l’ailleurs, de nos désirs de bonheur et de fuite, d’îles et de continents,d’amour, de solitude et de promesses, d’amitié, de rires et de souffrances, de vie et de mort, de couleurs,d’odeurs et de saveurs, voilà quelques-uns des sujets qui nourrissent le beau et nouveau roman de MilenaAgus : Terres promises .

Dès le titre, l’écrivain sollicite notre questionnement métaphysique et ontologique mais le pluriel choisi nouspousse aussitôt à aller au-delà du mythe fondateur de toute civilisation. On comprend bien sûr qu’il n’y a pasune seule terre mais plusieurs, et que tout lien à un espace défini est contingent. Il n’y a rien de naturel, nid’absolu, pas question de Terre Sainte ici, ni de nécessité chorale d’un peuple spécifique. C’est l’humain quis’exprime chez Minela Agus, l’humain dans son universalité, dans sa condition d’être au monde.

Les trois parties qui composent le roman « Le Continent », « La Sardaigne » et « Amérique, aller-retour »installent géographiquement la quête qui ne cesse de nous faire voyager : Porto Torres, Gênes, Milan, NewYork. Mais la question que se posent tour à tour les personnages, véritable leitmotiv — « Comment peut-onvivre dans un endroit pareil ? » — les propulsant vers d’autres rivages, se révèle précisément comme unesorte de bovarysme au deuxième degré. Entre manque et insatisfaction, ils se rêvent autres ou rêvent d’uneautre vie que celle qui leur est destinée. Jamais en revanche Agus ne les tournera en ridicule comme la plumeflaubertienne, ce n’est pas la médiocrité qui est visée, c’est leur caractère trop humain qui intéresse l’écrivain.Sa tendresse est manifeste et proche d’une volonté épique qui n’a aucune intention d’écraser mais d’élever

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Date : 05/04/2018Heure : 13:16:15Journaliste : Simona Crippa

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même le plus misérable au rang de héros. La Felicita italienne, au beau prénom antiphrastique, rappelle uneFélicité normande, sauf que la femme sarde est de vie et d’amour goulue. Son admiration ne peut se tournervers un perroquet empaillé, c’est la mer qui capte son attention, c’est la mer qui la vivifie et qu’elle se donnepour tout horizon. La terre promise est peut-être à retrouver chez soi.

Même si la mort guette, si le suicide est souvent présent dans l’œuvre agusienne comme il le sera dans cenouveau roman, si la maladie n’épargne pas les personnages, s’ils s’interrogent sans cesse sur cet « épuisantpériple » que tout un chacun doit affronter, la noirceur de l’existence chez Agus épouse systématiquementla clarté d’une journée de soleil, la transparence d’une vague caressant la plage du Poetto à Cagliari. C’estce qui purifie le cœur des personnages et le regard que le lecteur pose sur ce texte surprenant dans lequell’écriture du drame ontologique est si vraie comme est aussi sincère et salutaire cet élan vital qui fait corpsavec le monde et l’anime.

Cette étonnante vérité que l’on retrouve également dans le portrait historique et politique que l’auteur dressed’une famille sur trois générations, de la fin de la Seconde guerre mondiale à nos jours, situe sans doute lesromans de Milena Agus dans le champ d’une littérature néo-vériste. C’est comme pour continuer à donnerune voix féminine et sarde à la voie ouverte par Grazia Deledda, autodidacte, première femme italienne (etjusqu’à aujourd’hui la seule) à avoir reçu le Prix Nobel de littérature en 1926, révélant soudainement au mondeune terre que peu connaissent. Une voix féminine aux accents néo-réalistes aussi, davantage proche del’univers de Natalia Ginzburg avec qui Milena Agus dit se trouver en accord sur tout sujet, comme avec unegrande amie.

Mais Terres promises offre aussi le temps d’une discussion littéraire et métalittéraire en son sein, destinée àla fois à insister sur la centralité de son sujet, le bonheur que recherchent désespérément les êtres humains,et à brouiller les pistes du néo-vérisme ou du néo-réalisme qui s’ouvrent par là à l’ampleur de la pensée et dela poésie léopardienne à laquelle Agus nous convoque. Car Felicita dans ses déplacements, finit par habiterà Cagliari dans l’appartement que lui loue une enseignante de lettres classiques, Marianna. Cette dernièrevoue une grande admiration à Leopardi que Felicita partage entièrement. Les deux femmes que la vision dumonde sépare, vivent leurs vies un peu comme les lectures qu’elles font de Leopardi : Felicita, en accord avecla solidarité fraternelle, les inflexions romantiques et sentimentales léopardiennes, sera toujours ouverte aumonde ; Marianne, plus attachée au pessimisme radical du poète, est plutôt réticente à la gaité.

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Date : 05/04/2018Heure : 13:16:15Journaliste : Simona Crippa

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Rien pourtant chez Milena Agus ne veut toucher à la dissertation philosophique et littéraire, la chansonpoétique est mélangée à la chansonnette, What A Wonderful world de Sam Cook que Felicita chantonne vientsouligner la nécessité d’affronter les difficultés de la vie avec un sourire aux lèvres. Car la bienfaisante actiondu rire n’est jamais absente des textes agusiens qui placent par là la condition humaine sous le double signede la misère et de la grandeur et nous donnent ainsi cette sensation aérienne à la lecture. « Le mélange dugrotesque et du tragique est agréable à l’esprit » écrit Baudelaire, c’est bien de cette esthétique qui nous faiten même temps éprouver le sentiment de l’idéal que Milena Agus est maître. Riche de promesses est doncsa littérature, la véritable terre à laquelle nous sommes attachés.

Milena Agus, Terres promises ( Terre promesse ), trad. de l’italien par Marianne Faurobert, éd. Liana Levi,mars 2018, 176 p., 15 €

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