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Publié par l’Association des Habitants du Quartier Gare - N° 25 - Printemps 2018 « La vie est un train qui ne s'arrête à aucune gare. Ou on le prend en marche ou on le regarde passer sur le quai, et il n'est pire tragédie qu'une gare fantôme. » Ce que le jour doit à la nuit - Yasmina Khadra, écrivain algérien (né en 1955) DU CÔTÉ DE LA GARE Journal de quartier - N° 25 - Gratuit - Printemps 2018 In memoriam... Exit, la plateforme du Faubourg National, aménagée il y a une quinzaine d'années sous la pression des habitants pour accueillir le marché du mercredi et vendredi. R.I.P le lieu privilégié des rencontres du quartier qu'elle était devenue, avec ses rendez-vous quotidiens ou festifs, ses palabres improvisées sur quelques bancs à l'ombre, ses vélos qui se croisent, ses repas vegan offerts à tous, ses pique-niques entre voisins, ses fêtes aux musiques et senteurs exotiques... La forte mobilisation pour un autre tracé n'a pas été écoutée... et la nouvelle ligne de tram va écraser tous ces moments joyeux... Mais les habitant.e.s se souviendront longtemps et avec émotion de leurs ramblas du faubourg ! Cette 25ème édition est tout particulièrement dédiée à vos assiettes et à la façon dont on se nourrit près de la gare : on vous propose une tournée dans les étals et popotes du quartier, avec quelques curiosités à découvrir. Vous retrouverez aussi dans ce numéro vos rubriques favorites, portraits, lieux à repérer, projets à suivre... N'hésitez pas à nous faire parvenir vos retours et, pourquoi pas, à participer au prochain numéro ? La rédaction Un livre... un train, page 8 Poussez la porte pour voir..., page 6 Au coin de la rue, page 7 Libérez l’affichage ! / Une rue peut en cacher une autre !, La chronique de M. Kartiégar, page 8 La maison de tous / Notre dossier, pages 3 à 5 Qu’est-ce qu’on mange ? La rue Moll deviendra verte / Monk Egg, bacon and tram page 2 Tram F : et maintenant ? L’art du collectif / On est F.A.N. ! Atelier d’auto-réparation vélos Le photographe Bertrand Gondouin a réalisé ces portraits d'habitants, commerçants et habitués du bel espace de vie qu'était la plateforme du Faubourg National. Ces portraits ont été exposés lors de « Mon voisin cet artiste » en 2017. Retrouvez-les sur la page Facebook « Nous sommes les habitants du Faubourg National ».

DU CÔTÉ DE LA GAREahqg.free.fr/ahqgv2/html/dcdg/cotegare25.pdf · « La vie est un train qui ne s'arrête à aucune gare. ... commune au Maroc, ... vite je dois parler le français,

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« La vie est un train qui ne s'arrête à aucune gare. Ou on le prend en marche ouon le regarde passer sur le quai, et il n'est pire tragédie qu'une gare fantôme. »

Ce que le jour doit à la nuit - Yasmina Khadra, écrivain algérien (né en 1955)

DU CÔTÉ DE LA GAREJournal de quartier - N° 25 - Gratuit - Printemps 2018

In memoriam... Exit, la plateforme du Faubourg National, aménagée il y a une quinzaine d'annéessous la pression des habitants pour accueillir le marché du mercredi et vendredi. R.I.P le lieu privilégiédes rencontres du quartier qu'elle était devenue, avec ses rendez-vous quotidiens ou festifs, ses palabresimprovisées sur quelques bancs à l'ombre, ses vélos qui se croisent, ses repas vegan offerts à tous, sespique-niques entre voisins, ses fêtes aux musiques et senteurs exotiques... La forte mobilisation pourun autre tracé n'a pas été écoutée... et la nouvelle ligne de tram va écraser tous ces moments joyeux...Mais les habitant.e.s se souviendront longtemps et avec émotion de leurs ramblas du faubourg !Cette 25ème édition est tout particulièrement dédiée à vos assiettes et à la façon dont on se nourritprès de la gare : on vous propose une tournée dans les étals et popotes du quartier, avec quelquescuriosités à découvrir. Vous retrouverez aussi dans ce numéro vos rubriques favorites, portraits, lieux àrepérer, projets à suivre... N'hésitez pas à nous faire parvenir vos retours et, pourquoi pas, à participerau prochain numéro ? La rédaction

Un livre... un train, page 8

Poussez la porte pour voir..., page 6

Au coin de la rue, page 7

Libérez l’affichage ! /

Une rue peut en cacher une autre !,

La chronique de M. Kartiégar, page 8

La maison de tous /

Notre dossier, pages 3 à 5Qu’est-ce qu’on mange ?La rue Moll deviendra verte /

Monk

Egg, bacon and tram

page 2

Tram F : et maintenant ?

L’art du collectif / On est F.A.N. !

Atelier d’auto-réparation vélos

Le photographe Bertrand Gondouin a réalisé ces portraits d'habitants, commerçants et habitués du bel espace de vie qu'était la plateforme du Faubourg National. Ces portraits ont été exposés lors de « Mon voisin cet artiste » en 2017. Retrouvez-les sur la page Facebook « Nous sommes les habitants du Faubourg National ».

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Une rue peut en cacher une autre !

La rue Moll deviendra verte !

L'énergie des habitants de la rue Moll vaporter ses fruits. Réunis en collectif ami-cal, ils ont déposé un projet de végétalisa-tion de leur rue au service de la Ville« Strasbourg ça pousse ». Et ça va... pous-ser dans la rue, le long des façades du 2, 3,4 et dans plusieurs grands pots de fleursqui seront déposés dans cette partie pié-tonne de la rue et entretenus par les habi-tants. De nouveaux arceaux à vélo ont

également été accordés et seront instal-lés, notamment devant l'école d'architec-ture. La rue Moll, devenue un parkinggratuit convoité par tant de voitures lessoirs et le week-end, au prix parfois de bel-les amendes et même de la fourrière, vaenfin devenir au printemps une rue pié-tonne, verte et un lieu de rencontres et devie dans le quartier.

Elphège Tignel

Tram F : et maintenant ?

Sauf coup de théâtre, le tram F traverserale Faubourg National jusqu'au boulevardde Nancy, qu'il empruntera jusqu'à laporte Blanche avant de tourner en direc-tion de Koenigshoffen.

Les travaux ont commencé et devraient sepoursuivre à vive allure. Seuls les habi-tants du Faubourg National ou tout pro-ches ont reçu une brochure montrant leprojet municipal achevé, avec une imaged'arbres touffus tout le long d'une voie detram engazonnée. Pour le moment, on asurtout vu tous les arbres du faubourg,tout comme ceux du boulevard de Nancy,se faire ratiboiser du jour au lendemain,avant même la fin du délai de recours dela Déclaration d'Utilité Publique. On nousassure qu'on en plantera davantagedemain... et même des plus beaux... Gar-dons cette promesse en mémoire. On nousprédit des ateliers participatifs pour discu-

ter des abords du tram, il faudra s'y faireentendre. Bien sûr, nombre d'habitants nepourront s'empêcher de se demander àquoi sert de s'exprimer, puisqu'ils n'ontpas été écoutés pour le choix du tracé dutram. Pourtant, si nous voulons que notrefaubourg et nos boulevards reprennentvie, il faudra veiller à ce que la végétalisa-tion de notre quartier si minéral ne serésume pas à une bande de gazon entreles rails du tram, réclamer des fleurs, desplantes grimpantes, des buissons, desbancs et des endroits plaisants où sereposer…

Un marché plus spacieuxLa Petite rue de la Course sera piétonne,quoique traversée par la rue Déserte et larue de la Course : là aussi, ce sont desaménagements qu'il convient d'imagineret de réclamer, qui pourraient contribuerà l'agrément de tous. Peut-être en faisantappel à « Strasbourg ça pousse » ? (http://www.strasbourgcapousse.eu/). Et le mar-ché ? Menacé d'être réduit de moitié sur lefaubourg et partiellement transféré Petiterue de la Course, le voici installé (provisoi-rement ?) place Arp devant le Musée d'artmoderne et contemporain, un endroit aéréet... même parfois très venteux. Commer-çants et clients semblent plutôt satisfaits.Mais pourquoi a-t-on reproduit le schémade placement précédent, avec un côtéessentiellement « terroir » et un côté majo-ritairement d’« ailleurs » ? N'était-ce pasjustement une bonne occasion d'introduireplus de mixité chez les commerçants ?

Anne-Marie Victor

Mémoire de boulevardsMaria-Catarina Niklaus, 86 ans, ne vou-drait pour rien au monde vivre ailleurs !« En 1948, le tramway passait au ras dutrottoir. Je le prenais souvent avec mamère, pour aller voir des amis à Koe-nigshoffen ». Mme Niklaus habite sur lesboulevards du quartier-gare depuis plusde 70 ans. Au départ, juste après laguerre, au 17 boulevard de Lyon, avecsa mère et ses six frères et sœurs. « Il yavait alors une boucherie ». Aujourd'hui,dans un petit deux pièces du boulevardde Nancy, dont les murs sont blindésde photos de famille, mariages, naissan-ces, vacances...

Depuis son opération de la hanche,Mme Niklaus se déplace avec un déam-bulateur, qu'elle appelle son « roller ».Les travaux de la ligne de tram F luicompliquent le quotidien : il n'y a plusde station de bus devant chez elle,l'arrêt le plus proche étant situé rued'Obernai. Difficile de sortir, commeavant, pour « schnuffle »1 en ville, commeelle aimait tant le faire... Mme Niklausse rend de temps en temps au PMU ducoin de la rue de Marlenheim. Ce dépla-cement de proximité lui coûte beaucoupd'énergie : « Heureusement, mon voisindu 3e étage me donne un coup de main.Il m'apporte aussi les journaux ». Unesolidarité de voisinage qui lui inspire unautre souvenir, celui de Jeanine, son ex-voisine du dessus, égérie de la bandedessinée homonyme2, et dont elle pro-menait régulièrement le chien en compa-gnie du sien. « Pour faire leurs besoins,ils avaient leur arbre favori... Il a été arra-ché avec les autres, pour la ligne detram... Maintenant, ça fait nu, ce boule-vard, mais le bon côté c'est que j'y voisplus clair chez moi... » Myriam Niss

1. Schnuffle : musarder, en alsacien.2. Jeanine, par Matthias Picard, éd. L'associa-

tion, 2011. On y raconte l’histoire haute encouleurs d’une habitante du boulevard deNancy, aujourd'hui disparue.

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Esquisses d’aménagement de la rue Moll(documents transmis par la Ville).

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Qu’est-ce qu’on mange ?

En cette sortie d'hiver, Du côté de la gare a les crocs. Pour nous aider à reprendre des forces, ledossier de ce numéro se veut résolument roboratif... et pointe quelques rendez-vous gastronomiquesnotoirement conviviaux dans le quartier. On y confirme aussi que la soupe a plus que jamais le venten poupe, que le poisson, c'est culturel, et que les champignons, pourquoi pas, se portent très biendans les souterrains...

Avec Khatuna à la découpe des patates pour

Les petites mains s’affairent dansles cuisines secrètes du quartier-gare sud...

Autour de la marmite...

Samedi 16 décembre, c'était la 17e édi-tion des Soupes du monde, proposéeschaque année par les associations duquartier-gare. Ambiance…

17h30, Faubourg National. Avec un peu deretard, tout est presque prêt au stand desSoupes du Monde. Presque… Panique : lasoupe géorgienne manque à l'appel.Kathuna se montre presque un peuinquiète : « J'ai cuisiné cette soupe pourpouvoir la servir moi-même ! » Le mystères'éclaircit à l'arrivée de Pierre. « Je suis alléla réchauffer chez moi, sur le gaz… »Tout à côté de Kathuna, derrière unegrande casserole et sa louche, Nadia etFatima sont très fières de servir leur

harira, cuisinée le matin même, « sansviande » précisent-elles. Elles nous expli-quent que la harira est une soupe trèscommune au Maroc, servie plusieurs foispar mois et quotidiennement pendant leramadan. Chez elle, Nadia cuisine tous lesjours pour six. La soupe revient souvent aumenu. En hiver, ses enfants ont une prédi-lection pour la soupe de pois sautés.Fatima fait moins la cuisine - ils ne sontque trois à la maison - mais cuit son pain

trois fois par semaine pour en avoir tousles jours. Elles s'accordent sur ce constat :la soupe a une place bien plus grandedans la cuisine marocaine qu'en France.« Il n'y a pas de viande du tout dans votresoupe ? » « Non ! Rien que de bons légu-mes ! » Nadia et Fatima se disputent enriant l'honneur de manier la louche… C'estleur premier « client » ce soir !La soupe géorgienne de Kathuna est bienchaude maintenant et plusieurs amateurslui en ont déjà fait des compliments.Kathuna, assez réservée, pourtant est auxanges. « C'est une soupe traditionnelle enGéorgie. C'est une soupe populaire, pourles enfants, très bonne pour la santé. EnGéorgie, la soupe est souvent le plat prin-

cipal du menu, viennent après une saladeet un dessert. Quand j'étais petite, j'obser-vais ma maman cuisiner. C'était une finecuisinière. Grâce à elle, maintenant je saisfaire la cuisine. » Kathuna, en France depuisfévrier, est très active dans plusieursassociations : Abribus, Plurielles, Ares…Elle suit également - intensivement - descours de français. « Si je veux m'intégrervite je dois parler le français, non ? »

Bernard Imbs

De Géorgie...Je viens de Géorgie. Ce que l'on mangeen Géorgie est très spécial. Dans l'ouestdu pays, on préfère les mets avec de laviande et dans l'est, avec des légumes,des noix et des noisettes, parce quedans l'est, il y a beaucoup de noyers.C'est très bon, surtout lorsque l'onrajoute de la grenade. À l'est, unique-ment dans la région qui s'appelle Guriaet qui est ma région natale, nous célé-brons le Nouvel an selon le calendrierancien. C'est le 13 janvier, cela s'appelleKalanda. À cette occasion, on fait desplats spécifiques, des friands qui con-tiennent du fromage et un œuf dur.

Khatuna Kolatadze

La ciorba de Florica

Pour les Soupes du Monde 2017, Floricaa accepté sympathiquement de confec-tionner une soupe claire de taiedei. Lestaiedei, ce sont les pâtes aux œufs, décou-pées en fines lanières comme des vermi-celles, qui ajouteront de la consistance aubouillon de poulet et de légumes : carot-tes, oignons, pommes de terre. Souperouge - viande fumée, carottes et tomates -,potage aux tripes (la fameuse ciorba deburta) ou aux navets : chaque famille ases recettes favorites de ciorba (pronon-

cer « tchorba »), le principe de base étant demélanger légumes et viande. Pour lesfêtes de Noël, de Pâques ou encore pourles mariages, les familles de Roumanieréalisent des plats plus élaborés, commele sarmalé, le chou farci, un traditionnel dela gastronomie du côté des Carpates. Ilarrive aussi qu'elles se lancent dans la réa-lisation d'un bandarets : on remplit deviande un estomac de porc, qui est ensuitedécoupé en tranches pour être partagé.

M. N.

Une soupe, c’est un monde...Quand j'y mets des haricots blancs,c'est toute l'Île-de-France que j'y mets.Lorsque j'y coupe ma citrouille, c'esttoute la France maraîchère qui appa-raît. Quand j'y ajoute l'oignon piqué declous de girofle, c'est l'Orient qui s'intro-duit. Puis, toute la Provence avec lebouquet garni noué d'une ficelle : lau-rier, romarin, thym, serpolet et sauge.Quand elle a bien mijoté, j'y ajoute unfilet de crème fraîche de Normandie etma saucisse du Jura, un Jésus de Mor-teau que je déguste avec du raifortd'Alsace et de la moutarde de Dijon. Unmonde, vous disais-je…

Liliane Breuning

la soupe géorgienne, et Florica préparant sesfameuses « taiedei » pour la ciorba roumaine.

(photos Myriam Niss)

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Un brunch-rencontre

Qu'est ce qui fait donc courir les gensdans la rue du Hohwald, le matin du pre-mier dimanche du mois ?

Non, ce n'est pas un musée, gratuit ce jourlà ; non ce n'est pas un lieu de culte, y vien-nent pourtant des gens de diverses origi-nes et appartenances ; ce n'est pas unesalle de spectacle non plus, même si desartistes aux talents divers s'y rencontrent ;ni une tribune politique - mais on y croiseparfois des élus... C'est le brunch de l'ASTU(Actions citoyennes interculturelles), unmoment devenu, au fil des années, un lieude rencontre incontournable dans le pay-sage associatif strasbourgeois. L'invita-tion passe par facebook, par le bouche àoreille aussi.Vers 9h30, l'ambiance est un peu fébrileentre la cuisine, où l'équipe bénévole dujour prépare les plats et la salle, où l'on dis-pose les tables et les nappes. Vers 10h-10h30, tout est à peu près prêt, le thé et lecafé mijotent, les mets préparés sont surla desserte. Ce n'est pas de la pure gastro-

nomie... mais c'est toujours bon et bien-venu, sucré et salé.Qui vient ? Qui veut. Qui a envie de trouverun lieu chaleureux, même s'il y a parfoisdes courants d'air près de la porte où pas-sent les fumeurs. Qui est prêt à se laisserinterpeller sur un sujet d'actualité ouapporter sa réflexion après avoir écouté laparole des autres : oui le brunch de l'Astuest un moment d'écoute et de parole avecdes rencontres inattendues. C'est aussi leplaisir de retrouver ceux et celles avec quil'on milite ou travaille depuis longtemps.Un lieu intergénérationnel où se croisentles déjà trois générations de membres del'Astu... et les petits enfants sont tous lesplus beaux… chacun en toute objectivité !On y parle plusieurs langues et l'on arrive às'entendre. Des moments d'émotion quandl'un.e des habitué.e.s s'en va pour un longvoyage, de retrouvailles joyeuses aussi. Lacitoyenneté interculturelle passe par laconvivialité et l'hospitalité… Longue vie aubrunch de l'Astu. Venez, vous y prendrezgoût ! Pierre Greib

Rue Thiergarten : boire et manger dans le monde entierAmis voyageurs, suivez nous : à pied,on sort de la gare, on va tout droit dansla rue du maire Kuss et on prend la pre-mière à gauche pour entrer dans la rueThiergarten. On commence par boireun coup à la « Perestroïka », de la vodkaou/et de la bière. Juste après ce touren Russie, on dépasse la maison voi-sine qui est un restaurant fraichementouvert, « Le Muns », qui, vous l'aurezcompris, propose une carte pleine dedifférents plats, mais avec un élémentcommun : le munster. Puis on changede trottoir pour tomber sur « Le Bota-niste ». Dans une ambiance cosy, il vouspropose un éventail de boissons inat-tendues accompagnées d'un houmousen version originale. En continuant labalade, on passe devant la « Palmed'or » et ses spécialités indiennes,notamment le fameux poulet tandoori.

À l'angle de la rue Kuhn, on trouve lebien nommé « Le Kuhn », qui proposeune cuisine française et alsacienneavec choucroute, tartes flambées ettout ça. Puis on entre dans la secondepartie de la rue... qui nous amène vers« Le petit Casa » et sa petite restaura-tion, burgers, pizzas mais aussi ducouscous marocain. On termine labalade dans cette rue exotique par unmagasin d'alimentation tchétchène, le« BEPKAT » (prononcer « berkat », ça veutdire « bienfait » en tchétchène) pour ytrouver les ingrédients de la cuisine cau-casienne. Bonne promenade et bonnedégustation !

Benjamin Magnier

D'la bouffe, pas des bombes

« Food, not bombs » est un collectifengagé, militant, qui tient à son statut decollectif pour garder sa liberté d'actionet de ton et ne pas être censuré dans sesactions.

Ici, pas de chefs, ni même de hiérarchie :une quinzaine de bénévoles s'activentdans ce collectif né aux États-Unis dans lesannées 1980. Il aura fallu attendre unedizaine d'années pour qu'une antennevoie le jour à Strasbourg en 2009, pourfinir par mettre la clé sous la porte quatreans plus tard. Problème de timing ou peut-être d'organisation. Mais le concept a prisle dessus : en 2015, l'antenne strasbour-geoise renaissait de ses cendres.

Une fois par mois, « Food, not bombs »organise une distribution de soupe popu-laire avec comme priorité d'offrir un cou-vert aux personnes les plus précaires,sans distinction, ni condition. Étudiants,chômeurs, salariés « pauvres », enfants,personnes âgées, habitants du quartier,tout le monde y a droit. Et la formule faitmouche : entre 80 et 100 personnesrépondent présent à chaque rendez-vous,parfois plus quand le soleil est de la partie.En décembre, près d'une soixantaine depersonnes étaient là, bravant froid et vent

pour un peu de chaleur, se nourrir, pallierune urgence alimentaire...

Vegan, pour le plus grand nombreL'idée est de lutter contre la pauvreté etl'exclusion sociale et de politiser chacunede ces actions. « Food, not bombs » ne jettepas la pierre aux politiques, mais le collec-tif estime que leurs obligations ne sont pasremplies. Si tous les bénévoles accomplis-sent leur mission avec sincérité, certainsreconnaissent volontiers que leur pré-sence sur le terrain ne doit rien au hasard :ils considèrent que les politiques, endehors des périodes-charnières comme latrêve hivernale, n'en font pas assez.Concrètement, qui fait quoi ? Si certainsbénévoles s'improvisent volontiers cuisi-niers, d'autres ne rechignent pas d'allerfaire le glanage de fruits et légumes esthé-tiquement « pas corrects » sur les marchésde Strasbourg. Et pour trancher avec toutecroyance religieuse et donc alimentaire,nos bénévoles ont trouvé un concept sûr :ils concoctent de délicieux plats veganpour rassembler le plus grand nombre, fai-sant ainsi fi des croyances religieuses ouidéologiques et même de possibles intolé-rances alimentaires. Un certain attache-ment à la culture vegan les réunit tous(mais ce n'est pas ce qui les rassemblaitau départ). Et pour rendre tout cela possi-ble, quoi de mieux que les locaux du Molo-doï, dans un quartier-gare réputé pour samixité sociale. Une action collective,humaine, nécessaire, mais surtout unmoment de convivialité, d'échange : ren-dez-vous au prochain épisode…

Noëlle Yaba

Food, not bombsRepas vegan tous les deuxièmes mercredis du mois à 19h, place Hans Arp.

de longue date, d’autres font un tour d’essai

La rue Thiergarten : cosmopolite en toutediscrétion... Certains restaurants sont installés

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avant de céder la place. La rue Thiergarten,elle, ne change pas !

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À chacun son poisson

Le melting pot des populations du quar-tier-gare se reflète sur l'étal du poisson-nier de son marché. Et Jamel Tisghiti,poissonnier du marché depuis un an etdemi, adapte son étal à sa clientèle.Les Alsaciens achètent des filets, ils nepréparent pas leur poisson, ne savent plusou ne veulent plus le faire. Les Méditerra-néens, qu'ils soient portugais, espagnolsou maghrébins, raffolent de petits pois-sons qu'ils nettoient eux-mêmes. Les Séné-

galais recherchent plutôt les gros poissonsde l'Atlantique, par exemple le maigre, ouencore la perche du Nil. Ils les cuisinentavec du riz. Les populations dont les payspossèdent une façade atlantique, tel leMaroc, aiment les poissons de l'Atlanti-que, notamment les harengs. Les Bangla-

dais eux aussi les adorent, on en trouvedans l'Océan Indien... Mais ne proposezpas de harengs aux Algériens, plutôt dessardines ou des rougets. Les Gitans, quantà eux, se régalent de fruits de mer, poul-pes, crustacés, et ils ont du mal à trou-ver des marmites assez grandes pour leursbesoins.Au marché du boulevard de la Marne,Jamel Tisghiti propose beaucoup de filets,à Hautepierre des petits poissons... et surla place Hans Arp un peu de tout, afin quechaque communauté puisse y trouver sespréférences. Jamel aimait bien le marchédu Faubourg National, il en appréciait laclientèle qui prenait le temps d'être cour-toise, d'échanger avec lui et qui attendaitpaisiblement son tour, ce qui n'est pastoujours le cas dans d'autres marchés, oùles ventes sont plus importantes.Qu’a t-il pensé de l'installation du marchéplace Hans Arp ? Pas grand-chose, car lescommerçants ont reçu peu d'informations,deux d'entre eux seulement ont été con-sultés. En tout cas, il espère se voir attri-buer enfin une place fixe. Il la mériteraitbien dit-il, car même à -15° comme l'andernier, il tient son stand, c'est pourtanttrès dur.Au Faubourg National, le marché n'étaitpas coupé en deux parties, l'une riche,l'autre plus pauvre, comme c'est le casboulevard de la Marne. Il espère que lescommerces continueront à être mélangés,pour préserver la mixité caractéristiquede ce quartier et de son marché.

A.-M. V.

Comment se nourrit une coloc' ?Chaque colocation a son fonctionne-ment, selon les rythmes de vie, leshabitudes et les souhaits de chacunet chacune.

La nôtre regroupe cinq jeunes qui ne seconnaissaient pas d'avance, des jeu-nes actifs aux agendas souvent bienchargés ! Entre le sport de l'une, ladanse de l'autre, les déplacementsprofessionnels d'un troisième, les sor-ties fréquentes du doyen et les évène-ments ponctuels qui s'ajoutent à toutça, peu de soirées restent disponiblesen semaine pour nous retrouver autourde la table. Mais lorsque le cœur nousen dit, nous parvenons tout de même àpartager quelques moments autourd'un plat concocté ensemble ou parl'un d'entre nous. Nos habitudes ali-mentaires sont également diverses, etsi le partage de repas occasionnels estapprécié, je pense qu'il pourrait êtredifficile de s'entendre sur la composi-tion de tous nos repas. Bref, chez nous,c'est : chacun son étagère et son étagedans le frigo pour satisfaire la liberté etles besoins individuels, mais aussi unepartie « commune » pour partager desplats (on a une experte en cookies !) ousimplement nos restes. Et s'ajoute àcela la volonté pour certains d'entrenous de nous retrouver pour refaire lemonde (et partager les dernières nou-velles de l'immeuble) autour d'un repaspréparé dans la convivialité.

Sophie Joyau

Jardiniers underground

Derrière la gare, rue du Rempart, à l'abrides fortifications construites par les Alle-mands en 1878, une porte de bois s'ouvresur une caverne d'Ali Baba.

Champignons et petites pousses deroquette, de radis, de moutarde ou encorede brocoli sont les trésors enfouis de cebunker. On y jardine sur des étagères etdans des pots, à l'abri de la pollution et àtempérature constante, grâce à des lam-pes qui reproduisent la lumière du jour.Insolite, mais efficace : Anne-Laure etRaphaël livrent leurs micro-pousses, pleu-rotes et shiitakés dans une bonne dizainede restaurants locaux et quelques AMAP.Tout est bio et il y aura bientôt des endives.Le Bunker comestible propose aussi de lavente sur place et on peut même visiter leslieux, beaucoup plus vastes qu'il n'y paraitde l'extérieur. Une exploration gourmandeet colorée : il y a de la place pour les vélosjuste devant. M. N.

Bunker comestible8 rue du Rempart - Anne-Laure 06 82 51 09 93 Raphaël 07 82 85 71 55

fréquentant le marché, désormais transféré

Jamel Tisghiti propose un peu de tout afin de satisfaire la variété de communautés

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Pour vous tenir informé.e de ce qui sepasse près de chez vous, pensez à con-sulter régulièrement notre site et vousy abonner : http://ahqg.free.fr

sur la place Hans Arp.

pour les champignons et les endives.

L’équipe du Bunker comestible présente sa récolte : c’est la vie en rose

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L'art du collectif

Art'Course est une galerie d'art associa-tive, où se rencontrent, dans une atmos-phère lumineuse et chaleureuse, desartistes très diversifiés.

Plusieurs fois par an, la galerie lance desappels à projets thématiques, afin de pro-poser un espace de création expérimen-tale à des artistes reconnus ou débutants,dans le cadre d'expositions collectives dequatre semaines. Le baroque, l'art partout,le tatouage, la céramique, les chasseursd'images, les jeunes artistes... : autant desujets sur lesquels ont déjà été invités àplancher des artistes de tous horizons.C'est donc un certain éclectisme qui fait larichesse de ces expositions à plusieursmains, réunies autour d'une idée. Au moisde décembre, la galerie se transforme enun marché de créateurs : c'était en 2017sa troisième édition. Art'Course proposeaussi régulièrement des voyages culturels- toujours complets d'avance ! -, dans des

villes comme Lille, Berne ou Karlsruhe.Gérée par l 'association du Corbeau,Art'Course se distingue par son fonction-nement collégial et la participation debénévoles à son fonctionnement : c'est uncomité artistique qui définit les thémati-ques des appels à projets M. N.

Galerie Art'Course49a rue de la CourseOuvert mercredi-jeudi-vendredi de 15h à 19h, samedi de 14h à 19h.http://www.galerieartcourse.com/

Exposition Louis Danicher : « Fleurs de chants, champs de fleurs », du 7 au 31 mars 2018.Exposition « Copier/créer » de l’artiste Ann Loubert et ses élèves, du 2 au 26 mai 2018.Exposition Marie-Anne Pouhin et Rasvan Sacaleanu : « Matrice », du 30 mai au 23 juin 2018.

La maison de tous

Aux confins du quartier-gare se trouveLa Maison des Familles de l'associationNadi Chaabi (club populaire en arabe).

Cette maison est ouverte à tous sans dis-tinction, l'accueil y est très chaleureux, icile terme « relations humaines » n'est pasun vain mot. Les animateurs et les bénévo-les témoignent tous de valeurs très fortes,d'amitié, de générosité et d'humanité.Mohamed Tahiri, animateur et coordina-teur de ce lieu, en rappelle l'origine. « Il y a

dix-sept ans, des personnes ont fondél'association avec pour volonté d'aider à laréussite des enfants scolarisés, maisaussi les parents que l'association soute-nait dans leur rôle d'éducateurs et aidait sinécessaire dans leur relation avec une

société à l'abord complexe. » Depuis, NadiChaabi a grandi et s'adresse à tous lesâges, dans des champs de plus en plusdiversifiés (culture, citoyenneté, santé,nutrition, couture…). On y dispense aussides cours de français pour les primo-arrivants. Nadi Chaabi a établi de nombreuxpartenariats avec des écoles, des associa-tions, qui ont des projets similaires oucomplémentaires.

Noyaux d'olives et calligraphieL'année est rythmée par de nombreusesactions comme la Semaine Bleue, une uni-versité printanière des parents, des cafés-parents, des visites de musées... HamidLoubardi imagine et encadre les travauxmanuels proposés aux enfants et auxadultes qui le souhaitent. Cet atelier s'ins-crit dans l'air du temps puisqu'il recycle demanière ludique et colorée des produitsnon valorisés jusque-là : les noyaux d'oli-ves. Hamid déborde de projets, il aime lebois et va certainement trouver d'autresexpressions à sa créativité. Jamal est calli-graphe, il transmet à ses élèves l'art del'écriture, jusqu'à lui donner une esthéti-que digne d'un tableau. Certaines de sesœuvres ornent la salle d'accueil, elles sontpleines de couleurs et de grâce. La calli-graphie, qu'elle soit arabe ou latine, néces-site de la patience et de l'application. C'estune excellente discipline pour favoriser lescapacités de concentration, cela confineà la méditation tant encouragée actuel-lement. Nadi Chaabi est la maison desfamilles, la maison de tous, un merveilleuxlieu d'échange, de parole, de dialogue.

Claude Chadeyron

Poussez la porte pour voir...

On est F.A.N !Une usine du siècle dernier qui produitde beaux nuages : c'est le logo de laFabrique à nuages (F.A.N), un jeune col-lectif qui regroupe une costumière, unebijoutière, un peintre et graphiste etune peintre. C'est pendant les « Ateliersouverts » de 2015 que s'est constituée

la F.A.N. Installée d'abord Port-du-Rhin,puis dans la plaine des Bouchers, elle arejoint le quartier-gare depuis quelquessemaines, profitant de l'aubaine d'unjoli local de deux pièces prolongé parune enviable cour-jardin. « Nous voulonscasser les barrières entre art et artisa-nat, en invitant toutes les personnesqui ont quelque chose à partager autourde différentes techniques », expliqueJulie Ancel, qui réalise des costumespour le théâtre et du prêt-à-porter surmesure. Le collectif propose aussi desstages et de petites formations de cou-ture, bijoux, broderie ou encore impres-sion textile... M. N.

La Fabrique à nuages14 rue Thiergarten

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La Fabrique à nuages au complet : Yves Ouattara, Julie Ancel, Aline Thomas,

Camille Anceli.

Réveillon de Saint-Sylvestrechez Nadi Chaabi.

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Ci-dessous : le marché de Noël façon Art’Course est visible de la rue.

La galerie est un espace ouvert et lumineux.

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Au coin de la rue

Libérez l'affichage !

On trouve des publicités partout, maispeu de personnes savent que l'on peuts'exprimer gratuitement et légalementsur les panneaux d'expression libre.

D'après la loi (article L581-13 du code del'environnement), les panneaux d'expres-sion libre sont destinés à l'affichage d'opi-nion ainsi qu'à la publicité relative auxactivités des associations sans but lucra-tif...Aussi loin que je me souvienne, j'y ai tou-jours vu des affiches publicitaires n'ayantrien à y faire. Les différentes municipalitésn'ont jamais rien fait d'efficace pour fairecesser ce squattage, à part nettoyer de plusen plus souvent.Comment une personne, une associationpeuvent-elles communiquer si dès le len-demain (voire dans la journée) leur papier

Site de compostage : avis de naissance

Vous connaissez sans doute déjà le jardin-compost du square Saint-Jean, niché àcôté de la médiathèque Olympe de Gou-ges, en entrant par la rue Kageneck. Tousles samedis, entre 11h15 et 12h15, leshabitants du quartier viennent déposerdans les bacs leurs déchets organiques,déposer ou prendre des livres, jardiner,discuter...Mais voilà, le quartier-gare est grand et lenombre de personnes désirant composterne cesse d'augmenter. Alors, devant l'affluxtoujours plus important de composteurset composteuses, est née l'idée d'ouvrir unautre site. Histoire d'accroître les capaci-tés d'accueil pour nos chères épluchures,de proposer des créneaux de permanencealternatifs et d'offrir aux habitants du sec-teur Faubourg National-boulevard de Nancyun site plus proche de chez eux.Finalement, après les nombreux échangesnécessaires entre l'Association des habi-tants du quartier gare (AHQG), responsa-ble du site, et les pouvoirs municipaux,c'est le square Sainte-Aurélie qui a étéretenu pour accueillir le nouvel essaim.Une petite équipe de citoyens-compos-teurs s'est portée volontaire pour organiserla gestion de ce nouveau site et assurerles permanences, qui ont lieu les mardisoirs de 18h à 19h depuis la fin du mois dejanvier : Pauline, Luc, Alan, Aude, Manu...Vous les rencontrerez si vous compostezdans le quartier. N'hésitez pas à les rejoin-dre pour leur prêter main forte, toutes lesbonnes volontés seront nécessaires pourfaire vivre ce lieu. Et ainsi vous pourrez pro-chainement utiliser votre compost-maisonpour toutes vos plantations, c'est un en-grais du tonnerre ! A-M. V.Infos sur http://ahqgcompost.free.fr

Atelier d'auto-réparation de vélos : et pourquoi pas nous ?

Les ateliers d'auto-réparation de vélo semultiplient à Strasbourg. Entre Vélo-station au Neudorf, Bretz'Selle dans lecentre-ville, le Stick à Koenigshoffen etA'Cro du vélo à Cronenbourg, plusieursquartiers strasbourgeois offrent à leurshabitants des lieux associatifs de ren-contres où l'on peut venir apprendre àréparer sa bicyclette soi-même avec l'aidede bénévoles ou de salariés.

Depuis quelques mois déjà, l'équipe deBretz'Selle sillonne le quartier-gare entrela cour de Mutzig, le square Sainte-Aurélieet la cité Katholischer Bahnhof pour aller àla rencontre de potentiels passionnés ten-tés par le lancement d'un atelier-vélo dansle quartier. Les salariés et bénévoles deBretz'Selle sont facilement reconnaissa-bles quand elles et ils débarquent pouranimer un atelier mobile et éphémère dansle quartier. Enfourchés sur leur vélo cargo,ils déchargent leur matériel : pied de répa-ration, pompe et caisse à outils. Pendantquelques heures, ils échangent avec leshabitants et leur laissent le temps dedécouvrir les outils qui leur permettront deresserrer leurs freins ou de réparer uneroue qu'ils avaient eu tort de croire con-damnée à jamais.

On cherche un localDepuis quelques semaines, ces motivésde la pédale se retrouvent tous les mercre-dis au 10 rue du Hohwald, en face de laLaiterie, pour aider les gens à devenirautonomes (*). L'objectif de l'association,pour Coline Trautmann, salariée, est clair :« On reste quelques heures avec les habi-tants qui ont besoin de réparer leurs vélos,

on vient avec les outils, c'est surtout ce quimanque, parce qu'un vélo réparé, c'estdeux personnes qui se rencontrent et quiapprennent ensemble ! C'est comme çaqu'on a rencontré Jam et Max, qui sontbien motivés pour monter un atelier dansle quartier, avis aux intéressé.e.s ». Si latâche peut paraître compliquée, elle est enfait loin d'être insurmontable. C'est enorganisant le même genre d'ateliers mobi-les à Koenigshoffen et à Cronenbourg queBretz'Selle a aidé les ateliers de ces quar-tiers à voir le jour. L'association du centre-ville bénéficie de financements publics

pour soutenir la création d'autres ateliersà Strasbourg et dans ses environs. Enclair, si d'autres personnes férues de bicy-clette viennent à se manifester auprès deBretz'Selle, l'association prête le matériel,forme à la mécanique et aide à organiserun atelier. Il ne reste donc plus qu'à trou-ver un local ! Maxime Orhon

(*) Tous les mercredis de 16h30 à 18h30.Contact : [email protected] 52 76 56 33

est recouvert par des pubs pour de la téléphonie, pourun concert au Zénith ou que sais-je ? Pour ces infor-mations, il ne restera que l'affichage « sauvage », lesvitrines vides, les coffres de l'Electricité de Stras-bourg… mais c'est illégal. Pourtant, ce sont les seulsendroits qui ne seront pas recouverts. Il n'y a plus deplace pour l'expression libre.Mais des solutions existent. La municipalité pourraitmettre à disposition des panneaux vitrés réservés àl'affichage associatif comme à Paris et/ou faire un rap-pel à la loi avant d'entamer des poursuites contre lescontrevenants, car il est aisé de les connaître. Si lespanneaux d'expression libre étaient respectés, on pour-rait s'y arrêter pour s'informer de la vie du quartier et ily aurait certainement moins d'affichage sauvage. Lesindividus sont libres mais la loi doit être respectée :pour les panneaux d'expression libre, c'est pareil.

Éric Portrait

Panneaux d’affichage : où est la placepour l’expression libre ?

En bas : 10 novembre 2017, l’équipe de Bretz’Selleà la rencontre des habitants du Katholischer Bahnhof. ÉR

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Egg, bacon and tram

Ces beaux arbres qu'on assassine... Sou-venez-vous, il y a quinze ans précisémentsévissait par ici un couple de tueurs muni-cipaux à la gâchette facile, deux « serial

kellers » qui opéraient aux lisières de laLaiterie (*). Mais en ce funeste débutd'année, le port de l'angoisse a été réauto-risé dans le quartier Gare car un tueur enscierie rodait à nouveau : ses victimes,plus d'une centaine d'arbres qui ornaientle Faubourg national et le boulevard deLyon, pour beaucoup parés de la majestéque leur conféraient des décennies d'uneprésence indifférente aux élections muni-cipales qui passaient... jusqu'à ce jour oùse produisit une véritable boucherie dansce quartier de la peur, où tout fut réduiten copeaux en une seule froide journéed'hiver. Cependant, une rapide enquêtepermit de confondre les coupables, lamain encore tâchée de l'encre vile quiavait signé l'arrêt de mort des hôtes dece boulevard dé-cimé. Ils furent menésimmédiatement en justice et traduitsdevant le juge des référés. Mais bien que personne n'appelât le juge« Votre Honneur », la situation se renversapar un brusque retournement de situa-tion, à l'instar d'une série américaine.Terrassés par cette tautologie tout autantque par le verdict, les vaillants requérantssans peur, sans reproche mais aussi...sans avocat, en restèrent quoi ; drapésdans leur dignité, ils s'en allaient, lespoings dans leurs poches crevées, cher-chant vainement les quelques sous qu'onleur réclamait soudainement par milliers.« Coi, toussa pour sa ? », s'emportait-onpar SMS. Les idées de ripostes se mirentà fuser sans tarder : défendons Notre-Faubourg-des-Landes, jouons aux Zadis-tes contre vole-terre-plein, no pasaran,tous aux armes, compañeros, TOUS AUXARBRES !!! ....... Oups.

Au coin de la rue

Monk

Moi, Monk, je l'adore. Personne n'a intérêtà toucher à un poil de sa barbe en ma pré-sence. C'est déjà arrivé, y'a un mec dansma rue, un pianiste de surcroît, qui m'ademandé d'un air mi-goguenard, mi-chafouin, si d'aventure Thelonious ne jouaitpas… faux ??? Il s'en repent encore aujour-d'hui. Thelonious, he is my man… Depuisla première fois où je l'ai entendu poserses gros doigts boudinés pleins de bagou-zes sur un piano - c'était à Oléron en 1985 -je l'ai eu dans la peau. J'ai traîné unegamine de cinq ans qui ne demandait rien,à l'Odyssée en pleine journée, parce qu'ony passait « Straight, no chaser » où l'on voit,dès le début Thelonious valser sur lui-même dans un aéroport comme une toupie,parce que c'est comme ça qu'il s'appelle :Thelonious Sphere Monk. Solesne, elle,elle s'en foutait, elle avait une robe neuve ettournoyait dans le cinoche à moitié vide…Vous l'aurez compris : Thelonious, je l'aimed'amour… Alors, c'est lui que j'attrape au

vol pour prendre le train, c'est écrit par unautre pianiste, Laurent de Wilde, tout aussifoldingue de Thelonious que je le suis. « Àpriori ni beau ni laid, il ne se distinguedans une foule que par l'extrême intensitéde sa présence : il irradie, il commande.Quand il est sur scène, il ne parle mêmepas à ses musiciens, pas la peine, tout estdans la musique. Quand elle est bonne,

Un livre... un train

Du Côté de la Gare10 rue Déserte 67000 STRASBOURG http://ahqg.free.fr - [email protected] Directrice de publication : Anne-Marie VICTORCoordination : Myriam NISSMise en page : Pierre REIBELOnt participé à ce numéro :BRETZ’SELLE, L. BREUNING, BUNKER COMESTIBLE, C. CHADEYRON, J. CUPPARI, B. GONDOUIN, P. GREIB, B. IMBS, S. JOYAU, K. KOLATADZE, B. MAGNIER, M. MILOUD, O. MITSCHI, L. NAGEL, M. NISS, M. ORHON, F. POLLARD, J-L. POUSSIN, E. PORTRAIT, P. REIBEL, M. TAHRIRI, E. TIGNEL, A-M. VICTOR, N. YABA

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Avec vousComme vous avez pu le constater enparcourant ce numéro, de nouvellesplumes sont venues enrichir l'équipedu journal. Et c'est bien le souhait etl'ambition de Du côté de la gare que dediversifier les approches et les pointsde vue : bienvenue, donc, à toutes cel-les et à tous ceux qui ont envie de par-ticiper, par leurs écrits, leurs photos,leurs dessins, leurs idées et leurs sug-gestions à la réalisation de ce journalde quartier. Écrivez-nous à [email protected] pour faireconnaitre vos propositions !

Le soufflé de la rage immédiate alors brus-quement retombé, et passé le deuil demes idéaux ferroviaires, il est temps d'enfinir avec cette obsession qui me rendatrambilaire ; plus de tramsports publicsdans ces chroniques ; ne plus en faire untrame même si le sentiment d'avoir ététramhis persiste, et que le tram de cesinjures roule sur le rail de mon indiffé-rence.Tram tram tram... halte au spam ! La vraievie est ailleurs et j'y vais de ce pas. Si onme cherche, je n'y suis pour personne ;parlez à mon adjoint de quartier, ma têteest malade. M. Kartiégar

(*) On pourra relire à ce propos « Ces beaux-arts qu'on assassine », dans les archives de « Du côté de la gare » n°7, p. 8 (http://ahqg.free.fr/dcdg).

il se lève de son piano et danse, tel un ourssous les étoiles, tel un météorite de jazzpur. » Liliane Breuning

Laurent de Wilde - Monk, Folio, n° 3009.À réécouter sur France Culture : "Une vie, une oeuvre" sur T.S. Monk : https://goo.gl/m8cF3y