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LE MAGAZINE DE L’INSTITUT RÉGIONAL DE MÉDECINE DU SPORT DE HAUTE-NORMANDIE Portrait - p.6&7 Fabrice Lhenry Hydratation et sport Dossier - p.10&11 Brigitte Duboc Portrait - p.12 Tir à l’arc Dossier - p.8&9 L’ultra endurance Hockeyeur N°1 SEPT 2013 © Jean Pierre Sageot

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L E M A G A Z I N E D E L’ I N S T I T U T R É G I O N A L D E M É D E C I N E D U S P O RT D E H A U T E - N O R M A N D I E

Portrait - p.6&7

Fabrice Lhenry

Hydratation et sport

Dossier - p.10&11

Brigitte Duboc Portrait - p.12

Tir à l’arc

Dossier - p.8&9

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POUR UN NOUVEAU DEPARTJ’ai le grand plaisir de vous inviter, au nom du Conseil d’Administration à découvrir le premier numéro du «MAG de l’INSTITUT»Avec cette nouvelle publication, l’Institut Régional de Médecine du Sport de Haute Normandie, souhaite apporter sa contribution au développement de l’activité physique et sportive comme facteur de promotion et de prévention de santé publique.L’IRMSHN entend apporter un regard différent sur les problèmes liés à la santé des sportifs et créer une proximité entre les professionnels de la santé et les professionnels de l’activité physique et sportive rejoignant en cela, les orientations novatrices de la politique de santé nationale.Cette nouvelle approche entre le sport et la santé, est déclinée en Région, autour du dossier «sport-santé-bien-être» où se retrouvent de nombreux partenaires impliqués sur la thématique santé : ce dossier est animé et coordonné par des responsables de l’ARS, de la DRJSCS, et du mouvement sportif haut normand,Le « MAG de l’INSTITUT» grâce aux différents thèmes développés à chaque parution, a l’ambition d’être un facteur favorisant :- la promotion de l’exercice du sport au niveau régional sous toutes ses formes et pour tous les publics.- la sensibilisation de tous les pratiquants sportifs aux gestes de prévention,- l’information sur les risques et les pathologies,- la promotion des missions et des activités de l’Institut.Avec ce premier numéro, au nom du Conseil d’Administration de l’IRMSHN, je tiens à remercier sincèrement les responsables de sa réalisation, assuré de l’ utilité et de la pertinence de ce nouvel outil de communication, destiné à un public assez large, mais conscient que le sport, peut être un facteur de santé et de bien être.

Alain Delamare, président de l’IRMSHN

EditoL E M A G A Z I N E D E L’ I N S T I T U T R É G I O N A L D E M É D E C I N E D U S P O RT D E H A U T E - N O R M A N D I E

Portrait - p.7&8

Fabrice Lhenry

Hydratation et sport

Dossier - p.9

Brigitte Duboc Portrait - p.11

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Dossier - p.5

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N/JUILLET 2013 N°1AOUT2013

Qui fait quoiLe conseil scientifique :Dr Hervé Pruvot (médecin du sport)Dr Philippe De Smet (médecin du sport) Dr Jean Luc Bourguoin (médecin du sport)Dr Juan Metel (médecin du sport)Dr Jerome Beaufils (médecin du sport)M. Thierry Allaire (kinésithérapeute)M. Didier Pierre (kinésithérapeute)M. Benoît Steenstrup (kinésithérapeute)M. Alain Delamare (président de l’IRMSHN)Mme Clare Doyle (kinésithérapeute)

Le comité de rédaction :Dr Mehdi Roudesli (médecin du sport)Dr Sophie Carpentier (médecin du sport)M. Thomas Hericher (kinésithérapeute) M. Dominique Lepessot (infirmier)M. Christophe Terzi (préparateur physique)Dr David Debeaumont (médecin du sport)M. Bertin Jérémie (médecin) Secrétariat : 02 32 88 92 05ouvert de 8h30 - 19hwww.institut-medecine-sport.fr

Conception et réalisation :

Rédactrice en chef : Christine TernatJournalistes : Christophe Trehet et Laurianne BandiaPhotographe : Jean Pierre SageotConception graphique : Laurent Lebiez

2 LE MAGAZINE DE L’INSTITUT RÉGIONAL DE MÉDECINE DU SPORT DE HAUTE-NORMANDIE - septembre 2013 -

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Sommaire

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InfosC'est quoi l'Institut ?L'institut Régional de médecine du sport est une association loi 1901 située au sein du CHU de Rouen qui vise à :

- Promouvoir la santé par l'activité physique

- Contribuer à la formation et à la recherche en médecine et kinésithérapie et podologie du sport

Sa situation au sein du CHU de Rouen lui permet de bénéficier d'un plateau technique performant et ainsi de diversifier ses actions .

Ses activités se déclinent sous plusieurs aspects :

L'activité de soin : l'Institut gère un centre de santé agrée CPAM ouvert à tout public

Les consultations sont assurées par des médecins diplômés de médecine du sport ou des spécialistes (Rhumatologue, Chirurgien,...).

L'activité de prévention : L'institut est reconnu comme centre de prévention. Ces actes réalisés concernent tout ce qui est lié à la surveillance de l'entraînement et au suivi des sportifs de haut niveau

Dr Mehdi Roudesli

Le sport médicamentAsthme et sport / pages 4-5

Fabrice LhenryHockeyeur / pages 6-7

Portrait

Sport et performances Point de vue du soignant / page 7L’ultra-endurance vue de l’infirmerie / pages 8-9

La fracture de fatigue ? / pages 9

Sport et jeunes Hydratation et sport / pages 10-11 Brigitte dubuc

Tir à l’arc / pages 12

Sport ensemble

Et aussi...Edito, infos, qui fait quoi / pages 2-3

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Cancer du sein et sport / pages 5

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ASTHME et SPORT

Définir l’asthme L’asthme est une affection inflammatoire chronique des voies aériennes. Elle se traduit par des quintes de toux, une respiration sifflante, une sensation d’oppression thoracique et des difficultés respiratoires. La prédisposition familiale de l’asthme est certaine. Les crises sont déclenchées par des allergènes type pollen, poussières de maison, poils d’animaux. L’asthme est une maladie fréquente qui ne doit pas freiner la pratique d’une activité physique.10% environ des enfants d’âge scolaire peuvent présenter soit un asthme, soit des signes précurseurs pouvant provoquer une crise d’asthme. Ce chiffre diminue chez l’adulte où seuls 5 % d’adultes continuent à posséder un terrain asthmatique.En cas d’asthme non traité ou mal contrôlé, l’évolution peut être grave.

Comment définir l’asthme d’effort ?L’asthme d’effort est défini comme un syndrome regroupant toux, sifflements et essoufflement pendant ou après une activité physique. L’asthme d’effort est plus fréquent chez les sportifs que dans la population générale . Il s’agit d’un asthme se manifestant par crise survenant pendant un effort physique. La cause est définie comme un effort traumatisant pour les bronches. Asthme et sport : quelques chiffres :- 10 à 15% des athlètes olympiques sont asthmatiques- L’asthme d’effort apparaît chez 70 à 90% des enfants asthmatiques- 40% des asthmes d’effort se voient chez des enfants n’ayant aucun signe d’asthme. Certains asthmes n’apparaissent qu’à l’effort.

Les principaux symptômes de l’asthme• l’essoufflement• une respiration sifflante• une sensation d’oppression• des difficultés respiratoires• la toux• la baisse immédiate de la performance sportive Les facteurs de risques de l’asthme pouvant déclencher une crise d’asthme à l’effort:• la fraîcheur de l’air inspiré• le faible degré d’hygrométrie (humidité de l’air inspiré)• l’intensité de la ventilation.• En hiver, l’»assèchement» des voies respiratoires causé par une forte ventilation d’exercice est à l’origine de la plupart des cas. En été, la pollution de l’air est un facteur de risque prépondérant. Le diagnosticLe diagnostic ne peut être posé que par un médecin, car d’autres pathologies pulmonaires ont des symptômes en commun et peuvent coexister .Il est indispensable que les sportifs s’engagent

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sport médicament

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dans un traitement leur permettant de continuer à s’entraîner tout en préservant leur fonction respiratoire.Différents tests permettent de faire le diagnostic:la spirométrie de repos (mesure des volumes et débits pulmonaires) qui est très souvent normaletest au bronchodilatateur (type Ventoline) qui permet parfois de retrouver une augmentation des volumes expirésépreuve d’effort sur tapis roulant avec mesure du souffle avant et après le test. Une diminution des volumes expirés après le test oriente vers un asthme d’efforttest au mannitol, le plus performant des tests pharmacologiques actuellement. Ce test est cependant contre indiqué chez les mineurs.

Activités physiques et asthme Quels sports pratiquer ?En dehors de la plongée sous-marine, la plupart des autres sports est autorisée. Il faudra peut-être prescrire des médicaments qui nécessitent en cas de pratique sportive la demande d’une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (A.U.T.).L’époque où tous les asthmatiques étaient systématiquement dispensés de sport à l’école est révolue. Aujourd’hui, les spécialistes savent que la pratique du sport est indispensable chez les asthmatiques comme chez les autres.Au début, mieux vaut choisir des sports modérément intenses qui ne demandent pas d’avoir beaucoup de souffle, comme les sports collectifs. Les sports en piscine peuvent parfois aggraver l’asthme, car le chlore est irritant. A noter que la pratique d’un sport en salle peut occasionner une crise d’asthme par l’auto-pollution de cette salle. Attention aussi aux allergènes de l’équitation (cheval et paille). Il faut encourager l’enfant à pratiquer un sport qui diminue la fréquence des crises et l’aide à mieux respirer. Enfin, certaines personnes sont plus asthmatiques lorsqu’il fait froid. Dans ce cas, les sports d’hiver ou pratiqués en patinoire ne sont peut-être pas les meilleurs choix. Seule une forme particulière d’asthme, induit par l’exercice appelé « bronchospasme de l’effort », contre-indique temporairement ou définitivement la pratique du sport, surtout en ambiance froide et sèche. Les sports d’endurance sont les plus concernés et en particulier ceux pratiqués en milieu froid et sec. On peut toutefois être sportif de haut

niveau et asthmatique. Les sportifs les plus sensibles à l’asthme sont ceux pratiquant l’athlétisme, la natation, le cyclisme et le ski de fond. En revanche l’asthme, induit par l’effort physique, est très fréquent et amène à tort l’abandon du sportif. Dans ce cas, l’asthme se traite par la prise de broncho-dilatateurs, par une rééducation appropriée, et bien souvent par la prise de corticoïdes inhalés associés à des anti-inflammatoires, à un traitement de fond de la maladie et à une désensibilisation. Il s’agit d’une maladie réelle dont la prise en charge est sérieuse. Quelques conseils simples peuvent éviter de déclencher un asthme à l’effort : • s’échauffer progressivement pour habituer les poumons• éviter les efforts violents• dans la mesure du possible, et en particulier à l’échauffement, respirer par le nez plutôt que par la bouche pour réchauffer l’air avant qu’il ne parvienne aux poumons. Une solution consiste à porter un foulard ou une écharpe devant le nez et la bouche. • si vous êtes allergique au pollen, évitez les sports d’extérieur au printemps ou l’été• évitez de faire trop de sport les jours de pics de pollution.• toujours posséder sur soi un bronchodilatateur• si nécessaire, utiliser les bronchodilatateurs 10 à 15 minutes avant l’effort• interrompre l’effort dès les premiers symptômes et éventuellement reprendre progressivement après une bouffée de spray bronchodilatateur .

En conclusionLa pratique de l’exercice physique n’est pas contre-indiquée chez le patient asthmatique, à l’exception de la plongée sous-marine en scaphandre autonome. Il faut cependant adapter ses activités quotidiennes et de loisirs en fonction de la pollution et des conditions atmosphériques.

La pratique de l’activité physique est fortement recommandée chez les personnes asthmatiques. L’activité physique est considérée comme un véritable «traitement» de l’asthme. Elle permet d’améliorer la capacité physique et de diminuer la sévérité des crises.

Dr David DebeaumontChef de clinique

Physiologie respiratoire et sportiveHôpital de Bois-GuillaumeCHU-Hôpitaux de Rouen

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Activité physique & cancer du sein Le cancer du sein se définit comme une prolifération anormale de cellules de l'organisme au dépend de la glande mammaire. Il s'agit du cancer le plus fréquent chez la femme : on estime qu'une femme sur dix présentera dans sa vie un cancer du sein. Chaque année en France, près de 50 000 personnes sont concernées par cette pathologie. En l'absence de traitements le cancer va tendre à proliférer et à se disséminer à l’ensemble de l’organisme sous la forme de métastases.

Le diagnostic du cancer du sein est le plus souvent réalisé suite au dépistage par mammographie ou à la palpation des seins. La mammographie s’apparente à une radiographie des seins. Elle est gratuite pour les femmes de 50 à 74 ans et réalisée tous les 2 ans.

Une fois le diagnostic posé différents types des traitements peuvent être proposés pour prendre en charge le cancer du sein : la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie, l'hormonothérapie et les thérapies ciblées. Une fois diagnostiqué et traité le cancer du sein fait partie des cancers ayant un bon pronostic.

Le traitement nécessaire à la rémission présente des effets secondaires, malheureusement fréquents, dont la fatigue et l'altération de la qualité de vie font partie intégrante.

Cette fatigue induite par la maladie et les traitements est fréquemment perçue comme une fatigue profonde physique et psychique, invalidante, et parfois vécue comme un réel handicap. Sur ce symptôme le repos et les médicaments n'ont pas démontré de bénéfice, seule l'activité physique a fait preuve de son efficacité durable.

Il est cependant souvent difficile de reprendre une activité physique après de longs mois de traitement. Pour accompagner les patients dans cette démarche, l'Institut Régional de Médecine du Sport, le Réseau de cancérologie Onco-Normand et le centre Henri Becquerel ont mis en place conjointement des consultations de reprise de l’activité physique, suivies par un court programme d'activité physique adaptée (APA), encadrée par un professionnel sensibilisé à la pathologie cancéreuse. A l'issue de celui-ci, les personnes ayant participé sont préparées à pouvoir poursuivre durablement une activité sportive en association sportive ou à titre individuel.

Cette initiative en place sur Rouen depuis un an a permis à près de 50 patientes de reprendre et de s'épanouir à travers une activité physique. Fort de ce succès, cette action devrait s'étendre à Dieppe et Evreux avant la fin de l'année.

Pour plus de renseignements : Institut Régional de médecin du sport de Haute Normandie : 02 32 88 92 05 Ligue contre le cancer de l'Eure : 02 32 39 39 45 Centre Henri Becquerel, secrétariat des soins de support : 02 32 08 29 18

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Fabrice Lhenry

Portrait

Racontez-nous votre histoire, comment êtes-vous devenu hockeyeur professionnel ?Fabrice Lhenry : Je suis originaire de Megève. Là-bas, quand tu es jeune, tu as le choix entre les deux sports locaux : le ski et le hockey. J’ai d’abord pratiqué les deux mais à 13 ans, il est conseillé de choisir et j’ai opté pour le hockey. Très vite, l’envie de devenir gardien a pris le dessus. Par la suite, j’ai souhaité arrêter mais les entraîneurs m’ont incité à poursuivre. J’ai tout de même fait une pause d’un an, pour ensuite intégré le cadre sport-études au lycée. Je jouais alors à Saint-Gervais et, première grande surprise, j’ai été sélectionné dans l’Équipe de France junior, c’est à dire les moins de 18 ans.

C’est alors le début de votre ascension ?!Fabrice Lhenry : Oui, je suis ensuite parti à Bordeaux à 19 ans pour accéder à un meilleur niveau. Après avoir remporté le Championnat du monde avec l’Équipe de France, j’ai été pris en sélection espoir. Puis, un jour, on m’appelle, pour m’annoncer ma sélection aux JO d’Albertville en tant que 3e gardien ! Ça a été un grand moment pour moi. J’ai ensuite changé plusieurs fois d’équipes : entre autres Chamonix pendant quatre ans, Brest, où j’ai été champion de France, Francfort, à partir de 1996, de 24 à 26 ans, Milan, quatre ans dans l’équipe de Mulhouse (championne de France aussi), et aussi au Danemark pendant quatre ans. Entre temps, j’ai participé aux JO de Nagano et de Lillehammer.Je joue désormais à Rouen depuis quatre ans (quatre fois championne de France et une fois championne d’Europe) et suis le gardien de l’Équipe de France avec mon binôme.

Quelle est la spécificité de votre sport et de votre poste d’un point de vue physique ?Fabrice Lhenry : En tant que gardien, on sollicite beaucoup les jambes, les abdominaux et le gainage. À ce poste, on s’assoit et se relève tout le temps, donc la puissance physique est essentielle. L’interception du palet nécessite de l’explosivité et de la rapidité dans le geste, donc du tonus.Il faut également de l’endurance car le match dure 60 minutes, au cours desquelles il faut rester très concentré, surtout quand on est dominé. Tout va très vite au poste de gardien. Pour bien se placer je dois absolument voir partir le palet au moment du tir pour anticiper sa trajectoire. Autrement dit, je reste toujours pleinement dans le match.

Comment s’organise votre préparation physique ?Fabrice Lhenry : L’Équipe de Rouen bénéficie de l’accompagnement d’un préparateur physique, ce qui n’est pas le cas de toutes les équipes de hockey en France. En ce moment, hors-saison, nous suivons deux séances par jour. D’une façon générale, le travail se fait sur la glace mais aussi hors glace. Les consignes sont individualisées, avec une grosse différence entre attaquants et défenseurs. Chaque sportif travaille ce qui est bon pour lui avec bien sûr plusieurs types d’exercices, vélo, course, musculation, etc. On pratique également de temps à autre d’autres sports, comme le tennis. De mon côté, pour «entretenir» ma vue, je fais en plus des exercices de jonglerie ou de lancer de balle contre un mur.Le préparateur est très à l’écoute de notre forme, on fait le point à chaque fin de séance

d’entraînement. Il faut tenir sur la longueur car la saison est longue, entre début août et mi-avril, à quoi s’ajoutent cinq semaines si tu évolues aussi en Équipe de France. Dans ce cas-là, tu bénéficies en plus d’un suivi « longitudinal », tous les trois mois, à l’Institut régional de médecine du sport, en tant qu’athlète de haut niveau. On y subit des tests physiques, des analyses de sang, un suivi de la masse graisseuse et même un entretien psychologique.Au delà de cet entretien physique, je suis accompagné par une nutritionniste.

Avez-vous subi de grosses blessures lors de votre carrière et, si oui, comment se remet-on en forme à votre niveau ?Fabrice Lhenry : Lorsque je jouais au Danemark, j’ai chuté de six mètres au cours d’une randonnée en montagne en allant chercher... du génépi! Fracture de l’humérus, luxation de l’épaule, doigts cassés... J’ai suivi une longue rééducation. Plus récemment, à Rouen, à peine arrivé dans l’équipe je me suis rompu le tendon d’Achille au 2e entraînement. Une semaine après, accompagné par le préparateur physique je reprenais l’entraînement, mais tout doux. Pendant cinq mois, j’ai fait du rameur avec une seule jambe et les exercices portaient principalement sur le haut du corps. Là aussi, je suis beaucoup allé au centre de rééducation.

Après les matchs, comment se fait votre récupération ?Fabrice Lhenry : L’essentiel est de bien s’hydrater avant, pendant et après les matchs. D’ailleurs, j’ai toujours une bouteille d’eau avec moi dans

HockeyeurGardien de l’équipe de hockey sur glace de Rouen, Fabrice Lhenry, 41 ans, maintes fois titré en championnat de France, garde la forme. Entretien physique appliqué, nutrition soignée lui assurent une endurance hors du commun. Entretien avec un sportif de haut niveau

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Fabrice LhenryHockeyeur

la journée. Il faut aussi bien se recharger en sucres et en sels minéraux. Et la meilleure des préventions, c’est la sieste ! On l’a fait systématiquement pendant les stages d’Équipe de France. C’est d’ailleurs l’une des choses que j’essaie d’apprendre aux jeunes que je forme en stage.

Vous êtes vous-même formateur ?Fabrice Lhenry : Oui, depuis quatre ans, j’organise avec Stéphane Barin, lui aussi hockeyeur, des stages d’été dans notre école, Educ’ Hockey à Briançon Il y a deux sessions, chacune d’une semaine, une pour tous joueurs, la suivante uniquement pour les gardiens. Je suis avec les jeunes du matin au soir et ce, du début jusqu’à la fin du stage. Nous accueillons des jeunes joueurs de sept à quatorze ans. Au delà de l’apprentissage technique, j’y reproduis les méthodes de préparation physique que je suis en Équipe de France : travail physique hors glace et pratique sur la glace. On insiste bien auprès des jeunes que l’entraînement, ce n’est pas que sur la glace. La préparation physique hors glace est elle aussi essentielle.

A 41 ans, vous affichez toujours une très bonne forme !Fabrice Lhenry : La préparation physique dans notre sport s’est beaucoup améliorée avec le temps. Au début de mon parcours, j’organisais seul mes exercices physiques, sans coach ! C’est donc beaucoup grâce au suivi du préparateur que je tiens encore, même si les problèmes d’arthrose arrivent... Cela tient aussi à mon poste de gardien. On joue davantage sur l’endurance que sur la puissance physique, du coup on peut rester plus longtemps au niveau. Et notre vision du jeu s’affine avec le temps. Tandis que les attaquants mettent plus tôt un terme à leur carrière. Pour ma part, quand je n’aurai plus envie de mettre les patins, je le sentirai et j’arrêterai ! Aujourd’hui, je joue avec des jeunes joueurs de 21 ans à Rouen, à qui je donne des conseils de temps en temps. Au hockey, la vie de vestiaire compte beaucoup car elle est relativement longue, un équipement de hockey ça met un certain temps à mettre et à enlever. Les équipes où l’ambiance est bonne ont généralement de bons résultats.

Propos recueillis par Christophe Trehet et Laurianne Bandia

Médecin du « protégé » de l’EquipeMédecin des Dragons, l’équipe de hockey sur glace de Rouen, à l’Institut Régional de la Médecine du Sport de Haute Normandie et en tant que généraliste, Bernard Cauchois nous fait part de son point de vue médical sur le suivi de Fabrice Lhenry et de sa profession.

Vous êtes médecin à l’Institut Régional de la Médecine du Sport de Haute Normandie, qu’y faites-vous ? A l’Institut Régional de la Médecine du Sport de Haute Normandie, j’accueille tous les mercredis des sportifs de niveaux différents : du joueur du dimanche jusqu’à Fabrice Lhenry, de niveau international. J’ai la chance en tant que médecin du sport de côtoyer plusieurs disciplines : je reçois aussi bien les tennismen, que les joueurs de baseball ; j’ai même eu la chance d’être médecin de l’Equipe de France de patinage artistique, de celle de Baseball ainsi que du champion du monde 2007 de patinage artistique Brian Joubert pendant 3 ans. Et aujourd’hui médecin de l’équipe de hockey de Rouen.

Depuis combien de temps travaillez-vous avec Fabrice Lhenry ?Depuis pas mal de temps déjà ! J’ai connu Fabrice Lhenry lorsqu’il était gardien au sein de l’Equipe de France de hockey sur glace et moi médecin de l’équipe. Je l’ai vu évolué au fil des années au niveau national et international. Nous entretenons des rapports amicaux depuis quelques années maintenant. Et c’est comme cela avec d’autres joueurs que j’ai suivis où que je suis encore, en hockey et dans d’autres disciplines.

Selon vous quelles sont les particularités du poste de gardien au sein d’une équipe de hockey ?Au hockey, le gardien est le « protégé » de l’équipe : c’est un élément majeur car il participe à la victoire de son équipe, si vous avez un mauvais gardien cela peut jouer défaut lors d’un match. Ils sont très intelligents et ont des caractères assez spéciaux : il ne faut pas trop les déranger. Les gardiens, au hockey, ont des pathologies qui leurs sont propres. Ils doivent souvent faire des gestes amples qui provoquent des entorses ou encore des plaies liées aux chocs qu’ils peuvent subir lors de matchs ; comme par exemple les plongeons entre les lames de patins où ils courent un très gros risque ou encore les palets qui leur viennent dessus à toute vitesse. En tant que médecin du sport il faut prendre en compte plusieurs aspects afin de pouvoir au mieux les soignés.

Quels sont ces aspects ?Il faut être attentif, respectueux envers les gardiens. Il ne faut pas intervenir pour n’importe quelle raison : j’interviens auprès du gardien uniquement lorsqu’il y a un souci sinon je ne le fais pas. Toutefois, lorsque j’interviens, c’est qu’il y a quelque chose de très sérieux.

Comme la fois où il s’est rompu le tendon d’Achille ?Oui par exemple. Lors de son entraînement avec les Dragons, il s’est cassé le talon d’Achille. On m’a tout de suite informé de son état et nous avons fait le nécessaire pour que tout puisse se dérouler pour le mieux avant et après son opération, qui a par ailleurs été adaptée pour qu’il puisse reprendre à jouer en tant que gardien, cela après 6 mois de rééducation.

En tant que médecin de l’équipe, j’imagine que vous devez être très présent sur le terrain ?Oui. J’accompagne l’équipe lors de ces déplacements, ici à Rouen. En mars dernier j’étais en déplacement avec l’équipe et Fabrice Lhenry a reçu un choc, j’ai dû me diriger vers lui, sans patin, avec autour de moi des assistants en patins, pour le soigner vite.

Du haut de ses 41 ans, Fabrice Lhenry est en pleine forme, quel est votre secret ?Je suis tenu au secret médical (rires) ! Fabrice Lhenry est quelqu’un de très exigeant envers lui-même au niveau de son hygiène de vie, de sa nutrition de son entrainement. C’est quelqu’un de très autonome qui travaille beaucoup et utilise des astuces pour travailler les différentes parties dont il a besoin pour son poste de gardien: le gainage, les jambes etc. Avec le préparateur physique tout est mis en ordre pour qu’il soit le plus efficace possible.

Propos recueilli par Christophe Trehet et Laurianne Bandia

Point de vue du soignant

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L'ULTRA-ENDURANCE L’ultra-endurance se définit comme une activité physique soutenue pendant plus de 4h, et cela indépendamment du type de pratique (course à pied, vélo, natation, triathlon…) L’ultra endurance touche un public de plus en plus important.

L’exemple de la course à piedBien que les propos ci-dessous puissent êtres applicables à tous les types de pratiques sportives, nous parlerons ici de l’ultra endurance dans la course à pied. Cette thématique a souvent été abordée de manière pertinente dans les magazines spécialisés, que cela concerne la préparation, la performance et/ou le matériel. Aussi, nous vous proposons de traiter ce sujet, sous un angle complètement différent, à travers le regard de soignants et préparateurs physiques que nous sommes.À l’issue des compétitions, il est courant de constater de nombreuses déceptions. Malgré une préparation soutenue, la construction d’un mental d’acier et un matériel adapté, certains athlètes échouent dans la quête de leur l’objectif. Lors des débriefings auxquels ils se livrent après la course, on s’aperçoit que les hypothèses de ces échecs sont nombreuses et parfois mal comprises. Nous évoquerons ici différents cas de figure d’abandon et les principales causes qui y sont associées. En laissant traîner ses oreilles à la fin d’un trail, on s’aperçoit qu’il existe plusieurs cas de figure d’abandon, nous simplifierons en distinguant les échecs, selon qu’ils interviennent en début ou en fin de parcours

Les causes d’abandons précoces La blessure Pour ce qui est des abandons précoces - lors de la première heure de l’épreuve – une cause fréquente, à laquelle nul coureur n’est à l’abri, est la blessure. Qui, lors d’une course, n’a jamais vu un coureur blessé à moins de 2 km de la ligne de départ, avant que le peloton ne s’étire ? Le plus souvent, il s’agit d’une entorse de cheville, consécutive à un piège au sol qui n’a pas pu être anticipé. En effet, juste après que le départ ne soit donné, il s’écoule un long moment avant que chacun ne puisse courir à son rythme.

Lors de cette cadence forcée, le coureur est rendu vulnérable par la suppression d’un de ses principaux sens : la vue. Le nombre de coureurs est parfois tel qu’il est difficile de regarder ses pieds lors des premiers kilomètres, on compte alors sur ce que l’on appelle la proprioception. Il s’agit de notre capacité à avoir conscience de la position et du mouvement de chacun des segments de notre corps et ce de manière inconsciente. Il parait donc intéressant lors de sa préparation et même avant de travailler ce point avant d’intégrer des exercices préventifs lors des séances d’entrainement. Autant une entorse est souvent le fait de la malchance, autant une lésion musculaire en début de parcours (déchirure musculaire ) est le plus souvent le fruit d’un mauvais échauffement ou d’une mauvaise préparation. L’échauffement a pour but d’améliorer les capacités visco élastiques du muscle et doit permettre une amélioration de la souplesse, du rendement et de résistance à l’étirement. Ce point est souvent négligé, à tort. Il faut insister sur un départ progressif de la course, quelle que soit la course et surtout lorsqu’il fait froid ou lorsque le terrain est gras (sollicitant d’autant plus force et souplesse des membres inférieurs) il est important de ne pas sauter l’étape de l’échauffement,

Un état de forme incompatibleUne autre cause d’abandon précoce vient du fait que le sportif s’aligne sur une course, alors que son état de santé n’est pas compatible avec les exigences de l’épreuve. Il peut s’agir d’une blessure négligée apparue lors de la préparation ou pour laquelle le temps de cicatrisation n’a pas été respecté. Cette sous estimation de la lésion est responsable d’un abandon prématuré, mais elle s’accompagne surtout d’un allongement du temps de convalescence et d’une augmentation du nombre de forfaits pour les épreuves à suivre. Il est important pour un athlète de savoir manquer une course, de tenir compte de son état et de sa forme pour s’éviter une saison sportive écourtée par des blessures traînantes ou trop fréquentes.

Les abandons en 2ème partie de courseIl est fréquent d’entendre des coureurs expliquer leur bon ressenti sur la première partie, suivi d’une méforme subite ou d’une douleur responsable

d’un arrêt de l’effort. Parmi ces échecs, un bon nombre est imputable à une préparation physique inadaptée au type d’épreuve ou à l’état de forme du moment. En effet, les programmes de préparation sont souvent composés d’un nombre conséquent de sorties hebdomadaires, organisées autour de temps de récupération. Ces surcharges de travail soigneusement structurées exploitent différents mécanismes nécessaires à la progression tels que la surcompensation et l’adaptation cardiaque à l’effort. Un juste équilibre entre sorties en endurance fondamentale, exploitation de la VMA et travail spécifique doit permettre de développer une fonction cardiaque optimale permettant une augmentation importante des fréquences cardiaques lors de passages d’obstacle et en parallèle développer une musculature à même de franchir aisément chaque obstacle, sans mettre à mal les capacités de l’organisme. Tous les programmes proposés ne se valent pas et ne conviendront pas forcément à chacun. Il faut savoir prendre en compte les contraintes d’emploi du temps ainsi que la rapidité de son organisme à se remettre d’un effort, lors du choix du programme de préparation. Il faut aussi rester à l’écoute de son corps et savoir faire l’impasse sur certaines sorties en cas de fatigue importante.

La tendinopathieUn autre paramètre intervenant dans l’échec lors d’une épreuve, c’est la blessure et plus particulièrement la tendinopathie. Ce type de lésions, hantise du sportif, trouve son origine dans la sur-sollicitation du tendon concerné. En effet, le travail musculaire intense induit des tensions importantes qui fragiliseront un tendon mal préparé. On retrouve en effet des modifications de la composition du tendon au microscope, suivie par une phase inflammatoire dont les douleurs peuvent rendre la pratique sportive insoutenable. Les symptômes peuvent être d’expression variable, il faut simplement savoir que ce genre de pathologie peut être prévenu par un renforcement excentrique de certains groupes musculaires qu’il faut inclure dans la préparation. Ce point est particulièrement vrai pour les tendons des ischio jambiers et le tendon d’Achille. De plus il ne faut pas oublier de veiller à supprimer certains facteurs favorisants tels que les problèmes de chaussage, hydratation, alimentation.

Sport et performances

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Et si c’était une fracture de fatigue ?

Également appelée fracture de stress, la fracture de fatigue est une fracture de l’os sain survenant chez le sportif par hyper-sollicitation.

Des facteurs favorisants - Les facteurs prédisposants sont multiples et sont liés au type d’activité physique, mais également à l’état de santé général de l’individu. Ainsi, les efforts sportifs inadaptés, excessifs en quantité et en intensité et qui sont souvent exercés sur sol rigide, avec parfois un matériel inadéquat vont entrainer une succession de micro-traumatismes au sein de la structure osseuse aboutissant à une fracture de surcharge. Ces micro-traumatismes sont d’autant plus amplifiés si l’organisme sur lequel ils surviennent est carencé, déshydraté, malnutri, surmené ou encore déconditionné à l’effort.

Les signes fonctionnels - Les douleurs amenant le patient à consulter sont très souvent atypiques, de survenue progressive, et ne cédant pas aux différents traitements déjà instaurés de manière autonome ou prescrits par une autorité médicale compétente.

Le diagnostic - devra être porté avec soin par un médecin après un interrogatoire exhaustif de l’individu associé à un examen physique complet et la prescription d’examens complémentaires d’imagerie (radiographies standards, scanners, IRM…). La localisation de ces fractures est variée, en relation à la fois avec la pratique sportive, le geste technique, l’équipement et les conditions de pratique. Toutefois, elles surviennent de manière beaucoup plus fréquentes au niveau des membres inférieurs (métatarsiens, calcanéum, tibias…) et lors de la pratique des sports de course à pied en endurance (footing, marathon, trail…).

Le traitement - Il est exceptionnel que la prise en charge des fractures de fatigue soit chirurgicale. Le traitement repose donc sur une décharge éventuelle si possible, glaçage, attelles ou orthèses et du repos. Ce dernier étant primordial à la consolidation osseuse. Ce délai de consolidation est long, en tout cas supérieur a celui d’une fracture traumatique et peut prendre plusieurs mois. Il est possible, en fonction de la localisation, de reprendre, de manière précoce, certaines activités physiques (natation, vélo…) permettant de conserver le moral ainsi qu’une certaine capacité physique. De ce fait, il est impératif que la prise en charge de ce type de fracture ainsi que la reprise sportive soit autorisée et encadrée par un médecin rompu à ce type de pathologies. L’évolution - après un traitement adapté - est, dans la majorité des cas, satisfaisante, avec toutefois un risque de voir apparaître des douleurs résiduelles, discrètes, anodines, supportables mais n’en restant pas moins gênantes au cours des activités physiques et sportives.

La prévention - Comme dans bien des pathologies, la prévention est primordiale pour diminuer le risque de survenue de ce type de fracture.Le bon sens physiologique est de rigueur : une alimentation équilibrée, une hydratation satisfaisante et un organisme reposé associés à une activité physique adaptée avec un matériel adéquat ont montré leur efficacité dans la survenue de ce type de pathologie.

Dr. Jérôme BEAUFILS, CH Dieppe

Les pathologies des piedsParmi les athlètes qui abandonnent pour cause de douleurs, bon nombre souffrent de pathologies au niveau des pieds. Ces pathologies très (trop) fréquentes sont souvent liées à des problèmes de matériel. À elles seules, elles peuvent transformer radicalement le vécu que l’athlète aura de son épreuve. Il est donc primordial d’attacher beaucoup d’importance au choix de son matériel, sans oublier la prise en charge de tous les petits «bobos» dont nos pieds peuvent souffrir, en prenant avis auprès d’un médecin ou d’un podologue.

S’alimenter & s’hydraterPoint capital, l’alimentation et l’hydratation : passé 2h d’épreuve, une consommation d’eau est indispensable. La manière de s’hydrater par petite quantité est souvent bien intégrée par les sportifs. Nous insisterons simplement ici sur le fait qu’une baisse des performances sportives peut être le simple fait d’une déshydratation modérée. En effet lors qu’apparaît la sensation de soif, le rendement musculaire et les performances mentales chutent d’environ 10%. En parallèle, l’apport de nutriments est indispensable pendant ce type d’épreuve. Différents mécanismes participent à rendre l’alimentation difficile durant l’effort, tels que la diminution du flux sanguin à destination du tube digestif, les vibrations et la diminution de l’apport d’oxygène. Ces facteurs rendent l’apport de carburant pour l’organisme difficile et sont de fait responsables de situations variées allant de la simple baisse des performances à l’hypoglycémie vraie avec impossibilité de poursuivre, voire la nécessité de recourir à des secours. Savoir profiter des sorties longues de préparation pour apprendre à s’alimenter pendant l’effort et trouver le régime qui vous convient reste le meilleur allié.

Le surentraînement Outre l’aspect psychologique, les problèmes de matériel et les conditions météorologiques auxquelles certains coureurs ne sont pas habitués, il existe un phénomène méconnu qui participe à certaines contre-performances, il s’agit du syndrome de sur entraînement. Le sur entraînement se définit par un état de fatigue physique et psychologique lié à une surcharge de travail physique dépassant les capacités de régénération de l’organisme. Les symptômes sont divers mais associent de manière constante une diminution des performances. C’est la conséquence de préparations trop contraignantes avec des temps de repos insuffisants. La meilleure prévention de ce problème reste une planification adaptée et rationnelle prenant en compte les contraintes familiales et professionnelles, associée à un calendrier des compétitions comprenant un temps de repos de plusieurs semaines entre 2 préparations.

En conclusion L’ultra endurance est une spécialité qui se démocratise, qui n’en reste pas moins très exigeante sur les plans physique et psychologique. Une bonne connaissance des pièges à éviter lors de la pratique ou de la préparation et de quelques règles simples à respecter, devrait permettre une pratique sereine de cette activité.

Dr Mehdi Roudesli, IRMSHNChristophe Terzi, préparateur physique

L'ULTRA-ENDURANCE

Point de vue du soignant

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HYDRATATION et SPORT

Pourquoi s’hydrater ?L’activité physique entraîne une production d’énergie et une production de chaleur. Cependant la température du corps doit rester stable. En effet, une production de chaleur importante va entraîner une hyperthermie (élévation de température au niveau du corps) qui peut avoir des retentissements graves sur la santé. II existe différents mécanismes pour permettre à l’organisme de maintenir une température stable notamment la production de sueur. En s’évaporant, cette sueur permet donc l’élimination de la chaleur. Elle est constituée de 99% d’eau et représente donc la principale source de perte en eau de l’organisme pendant l’exercice physique (70 à 80% des pertes eau).

Cette perte en eau entraîne donc un risque de déshydratation. La production de sueur dépend de différents facteurs dont l’intensité de l’exercice physique, sa durée, les conditions climatiques, le niveau d’entraînement (le débit sudoral augmente avec le niveau d’entraînement).L’exercice physique entraînant une production de chaleur, une augmentation de la sudation et une perte en eau et sel minéraux et peut provoquer un risque de déshydratation.

La déshydratation est responsable de différentes adaptations du métabolisme corporel et entraîne une augmentation de la température corporelle avec risque de coup de chaleur (trouble grave) et à moindre degré une baisse des performances physiques.Cette baisse des performances physiques sera proportionnelle au degré de déshydratation.Pour lutter contre cette déshydratation, il faut

compenser les pertes en eau et sel minéraux induites par l’activité physique. Cependant, la sensation de soif n’apparaît que de façon tardive lors de l’exercice physique et la consommation d’eau en réponse à ce stimulus ne permet pas de compenser les pertes hydriques engendrées par l’exercice physique.La réhydratation est indispensable.

Les capacités de réhydratation vont dépendre de différents paramètres :• l’ingestion de boisson : la soif ne sera pas un bon indicateur et il faudra boire avant d’avoir soif• la vidange gastrique : elle va dépendre de la densité énergétique et de l’osmolarité (concentration ) de la boisson, du volume ingéré, du type et de l’intensité de l’exercice.• les solution iso ou hypotoniques assurent la vidange gastrique maximale et donc la

Sport et jeunes

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réhydratation pour des exercices avec forte pertes sudorales• l’absorption intestinale va dépendre de l’osmolarité de la boisson, de la durée et de l’intensité de l’exercice• attention aux boissons hypertoniques qui ralentissent la vidange gastrique et aggravent la déshydratation• L’eau seule est fondamentale. Son absorption permet de limiter les effets de la déshydratation sur les capacités physiques.

Comment bien s’hydrater ? Inciter le sportif à boire avant d’avoir soifBoire avant, pendant et après l’effort. Avant de commencer une activité physique il est donc indispensable d’être convenablement hydraté. Il est nécessaire de boire avant l’exercice physique surtout s’il est intense ou prolongé et avec des conditions climatiques difficiles (chaleur, temps chaud et humide).Il est donc conseillé de boire environ 500 ml dans les 2 heures qui précèdent l’activité physique. Pour une activité inférieure à une heure, l’eau seule suffit. Il faudra apporter la quantité d’eau au moins égale à la moitié de la perte de poids prévisible. Pour cela il faut apprendre à se connaître et au cours des entraînements quantifier la perte de poids engendrée par l’exercice (pesée avant et après l’entraînement en sous vêtement vessie vide. La différence de poids correspond à la quantité d’eau perdue) Pour une épreuve de 1 heure à 3 heures on conseillera une boisson énergétique adaptée qui apporte de l’eau, des glucides (source d’énergie) et du sel. La quantité va dépendre de différents facteurs et peut aller jusqu’à 1500 ml/heure Il faut boire par petites gorgées, environ 500 ml par heureAprès l’effort, boire pour restaurer les pertes hydriques dans les 6 heures.

Quelle boisson choisir ? Le choix de la boisson va dépendre de la durée et

de l’intensité de l’effort ainsi que des conditions climatiques.Comme nous l’avons vu, l’eau est suffisante pour un effort d’une durée de 1 heure et moins.Au delà, il est recommandé d’utiliser des boissons énergétiques ou boisson de l’effort qui apportent de l’eau, des glucides et du sel. Ces boissons sont adaptées à l’exercice physique, elles sont isotoniques ce qui permet une bonne vidange de l’estomac, une bonne absorption intestinale et donc une bonne hydratation. Par ailleurs, elles apportent des glucides, source d’énergie pour le muscle et des sels minéraux (sel) qui compensent les pertes sudorales lors d’exercices de longue durée.

Boisson énergisante ou Boisson énergétique ? Attention !!! il ne faut pas confondre les boissons énergétiques et les boissons énergisantes La boisson énergétique permet des apports en eau, sels minéraux et glucides dans des proportions favorisant la bonne absorption.Les boissons énergisantes, quant à elles sont radicalement différentes dans leurs contenus.Désormais de consommation courante elles seraient, d’après la publicité, adaptées car elles augmenteraient l’endurance physique, la vitesse de réaction et de concentration, l’attention mentale, la sensation de bien être, stimulent le métabolisme. En somme, elles stimuleraient le corps et l’esprit.Désormais, très répandues et souvent consommées à tort avant la pratique sportive, elles ne présentent pas les pré-requis pour s’intégrer dans un processus d’hydratation avant pendant ou après l’effort.La publicité accompagnant ces produits, a été responsable d’un mésusage de ce dernier. Les boissons énergisantes sont souvent utilisées avant l’effort en pensant y trouver un apport sur le « tonus » et la « réactivité »Il faut savoir que ces boissons contiennent de l’eau gazeuse, de la caféine, des acides aminés (ex : taurine...) , des glucides, une faible teneur en sodium (sel) et bien d’autres ingrédients. Ses boissons sont hypertoniques. C’est pourquoi leur consommation dans le cadre d’une

activité sportive est déconseillée car elles n’ont aucun intérêt nutritionnel :En effet le caractère hypertonique et le caractère gazeux rendent l’absorption difficile en ralentissant la vidange gastrique et entraînant dans les intestins un appel d’eau qui majore la déshydratation. Et bien souvent l’apport en glucides et en sels minéraux n’est pas adapté aux besoins de l’organisme.De plus la teneur en caféine, rend cette boisson peu propice à l’usage sportif. Cet excitant est responsable d’une augmentation de la fréquence cardiaque de repos et d’effort qui hormis pour quelques disciplines est pénalisante pour la performance sportive. De plus la caféine pourrait favoriser l’apparition de troubles du rythme cardiaque.Il existe donc une dangerosité potentielle en cas de consommation importante et dans un contexte d’activité pratiquée intensément, avec risque d’hyperexcitation, de troubles neuro comportementaux et trouble ioniques.Les études récentes sembleraient mettre en évidence une inadaptation de ces boissons lors d’efforts physiques (avis et recommandations de la Société Française de Nutrition du Sport).

En conclusion L’activité physique entraîne une production de chaleur régulée par une production de sueur. Cette sudation entraîne une déshydratation responsable, si elle n’est pas compensée, de troubles pouvant être grave et souvent d’une baisse de performance proportionnelle à la déshydratation.La soif est un mauvais indicateur de déshydratation. Il faudra donc boire avant d’avoir soif et compenser ses pertes en eau et sel minéraux.Jusqu’à une heure d’effort, l’eau seul est suffisante, au delà une boisson énergétique ou boisson de l’effort pourra être utilisée.Mais attention, il ne faut pas confondre boisson énergétique adaptée à l’effort et boisson énergisante non adaptée et pouvant entraîner des effets indésirables.

Dr Sophie Carpentier, IRMSHNDominique Lepessot,infirmier IRMSHN

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Une énergie

intacte

Sport ensemble

De retour de la Coupe du Monde en Tchéquie en juillet, comment vous sentez-vous ?Brigitte Duboc : Bien, un peu fatiguée mais bien ! Vous savez après une semaine de tournoi comptant pour les qualifications aux Championnats du monde où il a fallu mobiliser une bonne concentration, un maintien physique dans des conditions parfois difficiles et ce, sur le terrain de 8h à 18h30 alors qu’il faisait très chaud, ça n’a pas été facile. Mais je me sens assez contente des résultats : je visais le top 5 et je termine 5ème dans le classement, c’est pas mal ! La Fédération nationale a confirmé ma sélection, je serai donc à Bangkok en novembre pour le Championnat du monde !

Racontez nous un peu votre parcours, comment êtes vous devenue une athlète de haut niveau de tir à l’arc en handisport ?Brigitte Duboc : J’ai toujours été très sportive. Depuis toute jeune je pratiquais du vélo mais à l’âge de 24 ans les médecins m’ont diagnostiqué une maladie neurologique des membres inférieurs dont l’une des conséquences est le manque d’équilibre. J’ai dû arrêter le vélo et me suis dirigée vers le tir à l’arc un peu par hasard. En 2006, j’ai participé au Championnat de France « valide » malgré le handicap ; j’étais dans les 30 meilleures. Surprise : le sélectionneur handisport est venu me proposer de faire partie de l’équipe pour les Jeux Paralympiques de Pékin... ! Depuis, j’évolue au niveau international dans le top 10 tous les ans, sauf en 2011 à cause d’une blessure au coude.

Votre ascension au plus haut niveau a-t-elle rencontré des difficultés ? Brigitte Duboc : Mon handicap, je n’y pense finalement qu’assez peu. Mais j’ai eu des blessures lourdes. En décembre 2010, peu de temps avant la fin des sélections pour les Jeux Paralympiques de Londres de 2012, j’ai fait une chute sur du verglas et là gros coup dur : mon coude était complètement hors d’état. Six mois plus tard, je ne pouvais toujours pas soulever un verre. Cette année là il ne restait qu’une compétition ouvrant un quota pour les Jeux. Malgré mon état, Je suis allée en septembre 2011 en Angleterre avec un coude qui n’avait pas vraiment récupéré de la chute et je suis arrivée 3ème devant la n°1 mondial. Mais je n’ai pas retrouvé toutes les facultés de mon bras, j’ai les doigts encore engourdis et mon coude reste en vrac.

Un coude cassé, vous remportez quand même les sélections, comment votre corps suit ce rythme ?Brigitte Duboc : Je repousse constamment mes limites : en compétition je fais une totale abstraction de ma douleur. Par contre après la compétition c’est autre chose : la douleur revient. J’ai notamment des problèmes d’hernie cervicale et de bursite à l’épaule. Hors compétition, j’essaye de prendre un réel temps de repos pour mon corps mais je ne reste jamais en place : il est très rare que je rate un entraînement. Mon médecin et mon kiné me rappellent régulièrement qu’il faut que je m’arrête avant d’avoir mal, y compris en compétition, mais tant que je suis dans l’effort, dans le mouvement de la compétition, j’ai du mal à me fixer des limites ! Et quand j’ai mal, il est souvent trop tard, les dégâts sont faits.

Vous devez être suivie très régulièrement par votre médecin ?Brigitte Duboc : Je vais très souvent chez le kinésithérapeute (Eric Simon) et à l’Institut régional de médecine du sport où le médecin me procurent les soins dont j’ai besoin pour faire face à d’éventuelles blessures au niveau des articulations du bras, en lien avec mon sport. Pour les sportifs de haut niveau le suivi à l’institut est de deux bilans obligatoires par an : un en mars et un en juin, le reste du temps pour la plupart des handisports il n’y a malheureusement qu’un médecin pour toute la fédération nationale en tir à l’arc.

Êtes-vous suivi pour les entraînements ?Brigitte Duboc : Je m’entraîne seule tous les jours pendant 3 heures dans les jardins communaux à Sotteville-lès-Rouen. Sinon je fais beaucoup de renforcement musculaire pour le dos et de la musculation avec mon kiné. Le tir à l’arc nécessite beaucoup d’équilibre, donc de tonicité, et de concentration, cela peut être très dur mentalement. Le programme m’est communiqué par mon directeur sportif par téléphone et je dois me débrouiller seule la plupart du temps, heureusement que l’institut est à l’écoute.

Quand comptez vous vous arrêtez ?Brigitte Duboc : Tant que je peux repousser mes limites, me tenir debout je ne suis pas prête de poser mon arc !

Propos recueillis par Laurianne Bandia et Christophe Trehet

Brigitte Duboc, athlète de haut niveau en tir à l’arc est une passionnée de son sport qu’elle pratique en handisport. À 48 ans, elle est encore très loin de prendre sa retraite. Rencontre avec une athlète hors du commun.

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