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77 GÉO T le ES-L M e t t r e e n œ u v r e le chapitre en séances 4 Le continent américain : entre tensions et intégrations régionales Séance 1 COURS 1 : L’Amérique : diversité, disparités, tensions Problématique On oppose économiquement et culturellement l’Amérique anglo-saxonne et l’Amérique latine. « Américanisation » et résistances aux États-Unis dans le continent et différenciations plus marquées au Sud rendent plus complexes les relations intra-américaines actuelles. Questions clés • Quels contrastes et tensions marquent ce grand continent ? • Quelle est leur évolution actuelle ? Objectifs • Montrer une certaine permanence des oppositions (culturelles, économiques, politiques). • Identifier les dynamiques d’uniformisation et de différenciation en cours. Plan du cours A. Des différences culturelles qui s’atténuent 3 l’opposition historique Amérique du Nord/latine se réduit par acculturation B. De fortes inégalités socioéconomiques 3 réalité du contraste Nord/Sud, de la domination des États-Unis mais aussi diversification au Sud C. Des tensions géopolitiques persistantes 3 l’opposition aux États-Unis est largement répandue mais le continent n’est pas sans autres tensions et différends frontaliers Pièges à éviter • Ne pas limiter l’étude à une simple opposition Amérique du Nord/latine. • Ne pas viser l’exhaustivité. • Ne pas développer l’approche historique. Notions • Américanisation • Mexamerica • Amérindien Documents centraux Carte Enjeux p. 142 : Le continent américain : les contrastes de richesses et de développement Carte Enjeux p. 143 : Les Amériques : entre domination des États-Unis et intégrations régionales Documents complémentaires Doc. 1 p. 145 : Quelques indicateurs démographiques et sociaux (2011) Doc. 2 p. 145 : L’aide américaine à la lutte contre le trafic de drogue (Colombie) Doc. 3 p. 145 : Les tensions frontalières en Amérique centrale Doc. 4 p. 145 : D’importants progrès économiques et sociaux Doc. 5 p. 145 : Manifestation contre les États-Unis à Porto Alegre (Brésil) Chapitre 4

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Le continent américain : entre tensions et intégrations régionales

Séance 1 COURS 1 : L’Amérique : diversité, disparités, tensions

Problématique On oppose économiquement et culturellement l’Amérique anglo-saxonne et l’Amérique latine. « Américanisation » et résistances aux États-Unis dans le continent et différenciations plus marquées au Sud rendent plus complexes les relations intra-américaines actuelles.

Questions clés • Quels contrastes et tensions marquent ce grand continent ?• Quelle est leur évolution actuelle ?

Objectifs • Montrer une certaine permanence des oppositions (culturelles, économiques, politiques).• Identifier les dynamiques d’uniformisation et de différenciation en cours.

Plan du cours A. Des différences culturelles qui s’atténuent 3 l’opposition historique Amérique du Nord/latine se réduit par acculturation

B. De fortes inégalités socioéconomiques 3 réalité du contraste Nord/Sud, de la domination des États-Unis mais aussi diversification au Sud

C. Des tensions géopolitiques persistantes 3 l’opposition aux États-Unis est largement répandue mais le continent n’est pas sans autres tensions et différends frontaliers

Pièges à éviter • Ne pas limiter l’étude à une simple opposition Amérique du Nord/latine. • Ne pas viser l’exhaustivité.• Ne pas développer l’approche historique.

Notions • Américanisation • Mexamerica • Amérindien

Documents centraux • Carte Enjeux p. 142 : Le continent américain : les contrastes de richesses et de développement• Carte Enjeux p. 143 : Les Amériques : entre domination des États-Unis et intégrations régionales

Documents complémentaires

• Doc. 1 p. 145 : Quelques indicateurs démographiques et sociaux (2011) • Doc. 2 p. 145 : L’aide américaine à la lutte contre le trafic de drogue (Colombie) • Doc. 3 p. 145 : Les tensions frontalières en Amérique centrale • Doc. 4 p. 145 : D’importants progrès économiques et sociaux • Doc. 5 p. 145 : Manifestation contre les États-Unis à Porto Alegre (Brésil)

Chapitre 4

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Séance 2 COURS 2 : Les intégrations dans les Amériques

Problématique Les processus d’intégration dans le continent américain sont anciens et divers. Au Nord, l’intégration économique centrée sur les États-Unis est avancée, au Sud différents blocs se sont formés mais l’intégration régionale y progresse.

Questions clés • Quels sont les processus d’intégration régionale en Amérique ?• Ces dynamiques d’intégration sont-elles équilibrées ?• Quels rôles y jouent les États-Unis et le Brésil ?

Objectifs • Présenter la diversité des formes d’intégration au Nord et au Sud.• Montrer les inégalités en leur sein et les efforts de dialogue au Sud.

Plan du cours A. L’intégration régionale, une longue histoire 3 un héritage de dynamiques au Nord comme au Sud débouchant sur une diversité

B. En Amérique du Nord, une alliance déséquilibrée 3 un grand marché à l’avantage de la première puissance, avec un bilan mitigé pour le Canada et le Mexique

C. En Amérique latine, une diversité de regroupements 3 les différentes dynamiques d’intégration au Sud aboutissent à des formes multiples avec des fragilités et des inégalités

Pièges à éviter • Ne pas détailler l’analyse historique. • Ne pas se limiter à un catalogue de regroupements d’États.

Notions • Zone de libre-échange • Alena • Mercosur • Unasur

Documents centraux • Carte Enjeux p. 143 : Les Amériques : entre domination des États-Unis et intégrations régionales

Documents complémentaires

• Doc. 6 p. 147 : Les échanges commerciaux des trois partenaires de l’Alena (2010) • Doc. 7 p. 147 : Le Brésil, acteur majeur de l’Union des nations sud-américaines (Unasur)• Doc. 8 p. 147 : Au sein du Mercosur, des échanges asymétriques• Doc. 9 p. 147 : La diversité des associations régionales en Amérique latine

Séances 3 et 4 COURS 3 : Les dynamiques spatiales des intégrations

Problématique Les processus d’intégration en cours ont des effets spatiaux, à différentes échelles, au Nord comme au Sud. La domination des États-Unis imprime fortement ses marques jusque dans l’espace centraméricain.

Questions clés • Quels sont les impacts spatiaux des dynamiques d’intégration dans le continent américain et leurs limites ?• Comment s’imprime dans l’espace continental la domination de la première puissance ?

Objectifs • Montrer les différents effets spatiaux (flux divers, ouvertures ou contrôles des frontières, coopérations et aménagements) avec leurs limites.• Montrer l’impact de la domination états-unienne jusqu’à l’isthme américain.• Réaliser un schéma : Le continent américain : intégrations régionales.

Plan du cours A. Amérique du Nord, la puissance renforcée 3 l’Alena a créé un grand marché et renforcé les dépendances du Canada et du Mexique. Des régions transfrontalières asymétriques en sont la manifestation

B. Amérique du Sud, la construction d’un ensemble régional 3 l’intégration s’est renforcée notamment dans le cadre du Mercosur, avec des freins et des déséquilibres

C. Un « entre-deux » dominé par les États-Unis 3 l’espace caraïbe peu développé est parcouru de flux Nord-Sud impulsés principalement par la puissance des États-Unis

Piège à éviter • Ne pas omettre d’étudier les effets spatiaux à différentes échelles, au Nord et au Sud.

Notions • Interconnexion • Interface • Remises • Région transfrontalière • Maquiladoras

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Documents centraux • Carte Enjeux p. 283 : Les Amériques : entre domination des États-Unis et intégrations régionales• Atlas 2 p. 314 : L’Amérique. Les intégrations régionales

Documents complémentaires

• Doc. 10 p. 149 : Un pont à la frontière entre l’Argentine et le Brésil• Doc. 11 p. 149 : File d’attente sur le pont Ambassador entre Detroit (États-Unis) et Windsor (Canada)• Doc. 12 p. 149 : Les faiblesses de l’intégration nord-américaine• Doc. 13 p. 149 : La Banque du Sud• Doc. 14 p. 149 : Les FTN états-uniennes omniprésentes dans le Bassin caraïbe, à l’exemple de Chiquita• Doc. 3 p. 151 : Le Bassin caraïbe : « l’arrière-cour » des États-Unis• Doc. 3 p 153 : La région transfrontalière États-Unis – Mexique• Schéma 2 p. 155 : Le continent américain : intégrations régionales

Ressources pour aborder le cours

Les ressources du manuel numérique MAGNARD

✔ Vidéo : Ciudad Juarez et El Paso, deux mondes (2010)

✔ Construire/déconstruire les cartes majeures du programme : • Le continent américain : les contrastes de richesses et de développement, p. 142 • Les Amériques : entre domination des États-Unis et intégrations régionales, p. 143

✔ Des schémas pour réviser : • Le continent américain : entre tensions et intégrations régionales, p. 155

✔ S’entraîner au schéma pour illustrer la composition au Bac : • Le continent américain : entre tensions et intégrations régionales, p. 156

Bibliographie

✔ F. FAVIER, Les Amériques, Ellipses, 2012 DD Le chapitre 14 traite de façon synthétique des questions de

polarisation et de multipolarisation

✔ A. MUSSET et alii, Géopolitique des Amériques, Nathan, 2008DD Plusieurs chapitres concernent la question, notamment 3. Frontières

et espaces transfrontaliers, 10. Relations États-Unis/Amérique latine, 11. Frontière États-Unis/Mexique, 16. Les mouvements d’intégration régionale et continentale

✔ L. CARROUÉ, D. COLLET, Canada, États-Unis, Mexique : un ancien nouveau monde, Bréal, 2012DD Voir le chapitre 4 : Une géoéconomie continentale

✔ C. SELLIN, L’Amérique du Nord. Entre intégration et fragmentation, 50 fiches de géopolitique, Ellipses, 2014DD Des synthèses sur les questions d’intégration des espaces et leurs

limites. Voir les parties 1 à 5 (Le sous-continent, les États-Unis, le Canada, le Mexique, le monde caribéen)

✔ M.-F. PRÉVÔT-SCHAPIRA, S. VELUT, « L’Amérique latine, les défis de l’émergence », La Documentation photographique, n° 8089, 2012DD « Le point sur » est une synthèse utile, voir aussi la partie

« Géopolitique »

✔ G. FABRE, L’Amérique latine au défi de l’émergence, 50 fiches de géopolitique, Ellipses, 2014DD La partie « Géopolitique » aborde les tensions, la partie « Économie »

concerne les questions d’intégration, une fiche spécifique traite des relations États-Unis/Amérique latine depuis le xixe siècle

Sites Internet

✔ Cartes de la Documentation française, onglet Amérique : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/cartes/liste/amerique-autres-paysDD 185 cartes et documents disponibles sur l’Amérique

✔ Revue Cahiers des Amériques latines en ligne : http://cal.revues.org/1767DD « La frontière Mexique/États-Unis après 15 ans d’Alena »,

articles en français sur cet espace transfrontalier

✔ CERISCOPE, Puisssance, 2011, article en ligne : Laurent LACROIX, Laetita PERRIER-BRUSLÉ, « La frontière boliviano-paraguayenne : des contentieux historiques aux dynamiques d’intégration énergétiques » : http://ceriscope.sciences-po.fr/content/part3/la-frontiere-boliviano-paraguayenne

✔ IHEAL : http://www.iheal.univ-paris3.fr/fr/biblioth%C3%A8que/catalogue-et-e-biblioth%C3%A8queDD une sitologie complète sur l’Amérique latine

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Utiliser les Cartes enjeux

Amérique du Nord, Amérique latine : inégalités et interdépendances (p. 142-143)

Carte 1. Le continent américain : les contrastes de richesses et de développement

Le continent américain présente de forts contrastes révélés par l’anamorphose exprimant les contrastes en termes de richesse (PIB) et de développement (IDH).Le PIB des États-Unis écrase le continent car il dépasse celui de tous les autres pays américains réunis. Deux États se distinguent au Sud : le Brésil et le Mexique qui font figure de pays émergents même si le PIB des États-Unis est plus de 5 fois supérieur au premier, 13 fois au second.En termes de développement, la fracture Nord-Sud du continent est encore réelle, l’IDH étant très élevé au Nord (> à 0,9). La situation de l’Amérique latine montre bien l’hétérogénéité des situations : élevée pour les pays du cône Sud, à moins de 0,5 pour le seul PMA du continent, Haïti. L’Amérique centrale, la Bolivie, le Paraguay restent en retrait.

Carte 2. Les Amériques : entre domination des États-Unis et intégrations régionales

Les États-Unis, première puissance mondiale, exercent une influence majeure à l’échelle continentale depuis le xixe siècle (doctrine Monroe, 1823). Elle se traduit de façons multiples : organisation d’un espace de libre-échange (Alena, plus des accords bilatéraux en Amérique centrale et sur le versant andin, devant l’échec de l’ALCA) ; IDE, en particulier dans les Caraïbes et les pays d’Amérique centrale, véritable « arrière-cour » des États-Unis. Dans l’autres sens, des flux migratoires et des flux financiers utilisant les paradis fiscaux traduisent l’attraction et la domination états-unienne, Miami apparaissant comme la métropole clé des relations avec l’Amérique latine. Si l’espace est ouvert avec le voisin canadien, la frontière mexicaine et les rivages du golfe du Mexique sont une zone sensible à cause des migrations clandestines (et aussi du trafic de drogues).La résistance à la domination américaine est constituée en premier lieu par l’organisation régionale économique du Mercosur, structurée autour du Brésil et à laquelle d’autres pays sont associés, dont le Venezuela depuis peu. Plus radicale est l’opposition idéologique symbolisée depuis longtemps par Cuba, plus récemment par le Venezuela et la Bolivie, principaux membres de l’Alba (Alliance bolivarienne des peuples d’Amérique).

Analyser les cartes

1. Quels grands ensembles régionaux peut-on délimiter sur le continent américain en fonction de la richesse et du niveau de développement ? (carte 1)En termes de richesses et de niveau de développement, le continent américain présente une opposition très nette entre le Nord (États-Unis, Canada) et le Sud (pays qui composent l’Amé-rique latine). Parfois matérialisée par un mur longeant la fron-tière entre les États-Unis et le Mexique, cette opposition se traduit en termes d’IDH. Elle oppose les États-Unis et le Canada, pays développés dont l’IDH est très élevé (> à 0,9) à un en-semble hétérogène de pays en développement dont l’IDH varie entre 0,5 et 0,8 à l’exception d’Haïti, seul PMA de la zone. La puissance des États, exprimée par le PIB, met en valeur la puis-sance écrasante des États-Unis et l’émergence régionale du Brésil en Amérique du Sud et, plus modestement, du Mexique en Amérique centrale.

2. Quelles relations les États-Unis entretiennent-ils avec les différents sous-ensembles du continent ? (carte 2)Les relations sont de natures multiples. L’espace de libre-échange nord-américain favorise les échanges de marchan-dises et de capitaux entre l’ensemble des pays membres (Cana-da, États-Unis, Mexique) ou associé (Chili). Des accords bilatéraux avec de nombreux pays d’Amérique centrale et du Sud (Panama, Colombie, Pérou…) viennent compléter cet es-pace de relations économiques.Des flux Sud-Nord en résultent. Il s’agit tout d’abord de ma-tières premières (hydrocarbures) qui proviennent du Venezuela et, secondairement, du Mexique et d’Équateur. Par ailleurs, les migrants constituent un afflux non négligeable puisque les États-Unis en accueillent un million chaque année : ils pro-viennent majoritairement du Mexique limitrophe et de l’espace Caraïbe. Les IDE correspondent à des flux Nord-Sud : les entre-

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prises états-uniennes investissent au Mexique, plus seulement à proximité de la frontière (maquiladoras) et dans les zones franches de l’espace caraïbe. S’ajoutent les flux illicites des mi-grations clandestines, des trafics de drogue, le recyclage des capitaux et les flux d’optimisation fiscale dans les paradis fis-caux.

3. Que peut-on en déduire sur les processus d’intégra-tions régionales en Amérique ? (carte 2)Les processus d’intégrations en Amérique sont inachevés et ne peuvent être comparés à la situation européenne. Deux organi-sations régionales de libre-échange principales cohabitent :

l’Alena, créée en 1994, représente un marché de 460 millions d’habitants ; le Mercosur, créé en 1991, constitue un marché commun rassemblant 5 États (Brésil, Paraguay, Uruguay, Ar-gentine, Venezuela) et de nombreux pays associés d’Amérique latine. Il peut apparaître comme une forme de résistance à la domination continentale des États-Unis. Le récent échec de la création d’une association de libre-échange continentale (ALCA : Alliance de libre commerce des Amériques) témoigne aussi de cette opposition aux États-Unis dont les adversaires les plus résolus sont le Venezuela, la Bolivie et, depuis 1959, Cuba.

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Comment la domination des États-Unis se traduit-elle dans le Bassin caraïbe ? (p. 150-151)

◗◗ Le contexte et la problématiqueLe Bassin caraïbe est un espace de transition entre Amérique du Nord et du Sud. Comprenant de multiples États et territoires répartis sur le pourtour du golfe du Mexique et dans les îles et archipels de la mer des Caraïbes, cet espace de fortes disparités socio-économiques, tout près des États-Unis, subit son influence multiforme. Comment cette domination s’exerce-t-elle concrètement dans la région ? Quelles en sont aussi les limites ?

◗◗ Présentation des documentsDocument 1. La photographie met en scène l’industrie touristique de la croisière dont le Bassin caraïbe et les Bahamas sont la première zone mondiale avec 42,7 millions de nuitées en 2011 (soit quasiment 40 % de l’activité mondiale). Cette forme de tourisme se structure autour de paquebots géants comme le Sovereign of the seas qui appartient à l’un des leaders mondiaux de la croisière basé à Miami, la Royal Caribbean International. La taille des bateaux permet d’abriter des milliers de touristes qui débarquent dans les escales successives d’où, au premier plan, les étals sur les quais.Les Bahamas sont un archipel situé au nord des Caraïbes, peuplé d’à peine plus de 300 000 habitants vivant du tourisme international et de l’activité bancaire offshore (paradis fiscal) ; c’est donc un lieu très intégré dans la mondialisation.

Document 2. L’extrait de l’Atlas de l’empire américain rappelle comment les États-Unis ont cherché à contrôler politiquement et militairement l’espace caraïbe depuis la fin du xixe siècle pour appuyer leur influence économique dans la région (initialement les grandes plantations des « grandes compagnies sucrières et bananières » comme l’United Fruit Company). L’intérêt américain pour cette zone s’explique par sa proximité avec le territoire états-unien et le canal de Panama, passage stratégique entre les océans Pacifique et Atlantique. L’interventionnisme américain suscite des oppositions dont Cuba est le symbole depuis 1959.

Document 3. La carte centrée sur le Bassin caraïbe illustre la thématique de « l’arrière-cour » évoquée dans le texte 2. Cet espace est largement sous contrôle américain dans les domaines économique, militaire (bases à Cuba et au Honduras), stratégique. De multiples flux l’attestent : légaux comme les flux de touristes, de capitaux, illégaux comme les flux de drogue à partir des pays andins et les migrations clandestines. L’influence des États-Unis est renforcée par l’essor des organisations commerciales régionales de libre-échange (Alena et CAFTA). Deux pays utilisent même le dollar américain comme monnaie nationale. On ne peut pas dire que les quelques « confettis » d’empires coloniaux européens s’opposent à cette mainmise américaine.

Document 4. Le graphique en barres verticales montre la dépendance commerciale des États du Bassin caraïbe vis-à-vis des États-Unis : une très grande part de leurs exportations (entre 35 % et 90 % pour la plupart) se dirigent vers ce pays, alors que le géant américain apparaît aussi comme leur fournisseur principal (entre 20 % et 60 % des flux). Le cas du Mexique témoigne de son intégration dans l’Alena.

Document 5. Les flux financiers provenant des États-Unis sont également considérables dans la région, qu’il s’agisse d’IDE (en très forte croissance, en particulier depuis la mise en place d’accords de libre-échange) ou bien encore de remises des émigrés de la zone caraïbe partis vivre aux États-Unis. À noter l’importance spécifique de l’arc insulaire qui abrite plusieurs paradis fiscaux, permettant aux sociétés américaines d’échapper à la fiscalité de leur pays.

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Réponses aux questions de la p. 151

1 Quels moyens les États-Unis utilisent-ils pour dominer le Bassin caraïbe [2, 3] ?Les États-Unis contrôlent une partie de leur « chasse gardée » de multiples façons : politiquement, en s’assurant de la mise en place de régimes « amis » (parfois par la force), par des accords militaires (d’où la présence de bases américaines et de la Navy), mais aussi par des accords commerciaux (Alena avec le Mexique et CAFTA) pour renforcer les liens. Mais la simple pré-sence de la première puissance mondiale côtoyant des es-paces de moindre développement, suffit à expliquer l’attraction états-unienne par l’effet d’interface avec un fort différentiel de développement, générant de multiples flux dans les deux sens, légaux ou illégaux.

2 Quelles raisons motivent cette domination des États-Unis [2, 3] ?Les États-Unis cherchent à assurer la domination économique de leurs entreprises dans la région et la sécurité de leur terri-toire. Cela implique un contrôle politique et militaire des États riverains du golfe du Mexique et des espaces maritimes, en particulier le canal de Panama reliant les façades atlantique et pacifique qu’ils ont contribué à creuser il y a un siècle sur l’isthme de l’Amérique centrale.

3 Comment la présence économique dominante des États-Unis s’affirme-t-elle [1, 3, 4, 5] ?Cette présence économique se manifeste de multiples façons : d’abord par l’importance de la dépendance commerciale des États de la région vis-à-vis des États-Unis, elle-même renforcée

par la mise en place de l’Alena et du CAFTA, et que symbolise le rôle crucial du dollar dans le Bassin caraïbe. Ensuite, par l’im-portance des flux financiers provenant des États-Unis dans la région (IDE, capitaux placés dans des paradis fiscaux, remises des émigrants). Enfin, par les flux de personnes, qu’il s’agisse des touristes dans la région ou de la polarisation des flux migra-toires. À leur manière, les flux de drogue à destination de la pre-mière puissance mondiale traduisent l’importance du marché états-unien.

4 Quels éléments limitent cette domination des États-Unis [3] ?La domination économique des États-Unis est d’abord limitée spatialement car elle est plus faible dans les pays andins (Co-lombie, Venezuela). Elle n’est contrecarrée que ponctuellement par la présence de territoires ultramarins européens (Antilles françaises, territoires anglais et néerlandais). Plusieurs États de la région manifestent une hostilité idéologique à l’égard des États-Unis : Cuba (sous embargo américain depuis 1962) ainsi que le Nicaragua et le Venezuela (non mentionné dans les do-cuments). Enfin, l’antiaméricanisme peut aussi être virulent dans les opinions publiques des pays de la région. Tous ces élé-ments ne constituent pas pour autant un réel contrepoids à la domination des États-Unis.

◗◗ Synthèse Interface Nord-Sud, le Bassin caraïbe constitue la première auréole de la « chasse gardée » des États-Unis qui, depuis plus d’un siècle, dominent cette région politiquement et militairement dans la continuité de la doctrine Monroe. Cette « Méditerranée » est parcourue par de multiples flux légaux ou illégaux, polarisés par les États-Unis, donnant un rôle clé à Miami, plaque tournante de la plupart de ces flux. Ils traduisent une domination économique, commerciale et financière à laquelle aucun espace n’échappe véritablement, même si cette mainmise génère des oppositions idéologiques vivaces et un antiaméricanisme de la part de certaines populations.

Outil : Comparer des documentsPour préparer les

réponses aux questions 1, 2 et 3 p. 151, afficher ensemble les documents 2 et 3.

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Utiliser le Dossier

Quelles sont les conséquences spatiales de l’intégration du Mexique dans l’Alena ? (p. 152-153)

◗◗ Le contexte et la problématiqueL’Alena réunit États-Unis, Canada et Mexique depuis vingt ans. Cet ensemble a donc eu l’originalité d’intégrer des espaces ayant un fort différentiel de développement ; la frontière américano-mexicaine constitue une interface Nord-Sud très marquée. Aujourd’hui, le Mexique apparaît comme un pays émergent. Quels impacts la libéralisation des échanges à l’intérieur de l’Alena a-t-elle eu le territoire du pays ?

◗◗ Présentation des documentsDocument 1. Cancun est située au Sud-Est du Mexique à la pointe de la presqu’île du Yucatan, au bord de la mer des Caraïbes. Cette ville de plus de 600 000 habitants s’est développée ex-nihilo, depuis les années 1970, autour de l’activité touristique par décision du gouvernement mexicain de faire de la bande littorale une « riviera maya », socle du développement de cet État du Quintana Roo. C’est aujourd’hui une des grandes destinations des flux internationaux de la région : 14 millions de touristes internationaux, bénéficiant d’un climat subtropical (240 jours de soleil par an, température moyenne annuelle de 27,7°C), des paysages de plage de sable blanc au bord d’une mer bleu turquoise. La photo représente Isla Cancun, la partie de la presqu’île de Cancun (400 m de large et 21 km de long, en forme de L) qui se résume à une zone hôtelière bordée de plages le long de la mer et de la lagune. L’importance de l’offre hôtelière de niveau international (près de 30 000 lits), l’existence d’un palais des congrès (Convention center) non visible sur la photographie et d’un aéroport devenu le second du Mexique (13 millions de passagers par an) expliquent que la station puisse accueillir des événements internationaux comme le sommet de l’OMC en 2003 et celui sur les changements climatiques en 2010.

Document 2. Le texte traite des conséquences de l’Alena sur l’agriculture mexicaine. Ses effets se sont faits de plus en plus sentir car la libéralisation des échanges dans les intégrations régionales est toujours progressive (ici, disparition totale des droits de douane pour le maïs, 14 ans après l’accord). La libre concurrence concernant le maïs a trois conséquences négatives pour les Mexicains : la forte productivité de l’agriculture des États-Unis rend le maïs de ce pays plus compétitif que le maïs mexicain, d’où une crise de l’agriculture paysanne (alimentant les flux d’émigrants) ; le pays est donc sensible à l’évolution des prix de cette matière première désormais importée (les variations de prix sont devenues importantes car le maïs n’est plus seulement utilisé pour l’alimentation mais aussi pour fabriquer des agrocarburants – bioéthanol). Enfin, le maïs est une des cultures où l’essor des OGM est le plus spectaculaire.

Document 3. La carte représente l’espace transfrontalier entre le Mexique et les États-Unis, caractérisé par l’essor des villes-jumelles de part et d’autre de la frontière, lié au système des maquiladoras qui, depuis les années 1970, a permis aux entreprises américaines (puis de tous pays) d’utiliser la main-d’œuvre mexicaine peu coûteuse. De ce fait, la taille des villes mexicaines est toujours beaucoup plus importante que celle de leur jumelle états-unienne. Inversement, l’examen du PIB par habitant des différents États frontaliers montre l’importance de l’écart de richesse de part et d’autre de la frontière. Outre les flux de capitaux Nord-Sud, les flux de marchandises Sud-Nord, la carte envisage aussi les flux des chicanos qui donnent aux États du Sud-Ouest des États-Unis cette identité hispanique qui fait parler de Mexamérique – la part des Hispaniques étant le plus souvent supérieure au quart de la population. À noter, l’absence de la représentation des flux de drogues et autres trafics responsables de la grande violence régnant dans les villes frontalières mexicaines.

Ressource : VidéoCiudad Juarez et El Paso, deux mondes (2010) : le

contraste entre deux villes jumelles de la frontière (carte 3 p. 153) et les problèmes d’insécurité liés aux trafics Nord/Sud.

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Document 4. Ce texte analyse l’impact spatial des nombreux IDE qui affectent le territoire mexicain avec la mise en place de l’Alena : avec la libéralisation totale des échanges, les maquiladoras des États frontaliers ont perdu leur statut privilégié pour recevoir les IDE. Qu’ils soient agricoles ou industriels, ces investissements créent des îlots de modernité dans le pays mais ont une très faible diffusion autour d’eux : l’économie mexicaine apparaît donc à deux vitesses et cette dualité accentue les écarts entre les régions privilégiées par les IDE (poids important des régions des deux principales métropoles, Mexico et Guadalajara dans l’État du Jalisco cité pour l’essor des IDE dans l’électronique) et les États qui en reçoivent peu ou pas, de plus en plus marginalisés.

Document 5. La dynamique spatiale mise en avant dans le document 4 se traduit par l’ampleur des disparités régionales au Mexique. L’IDH est le plus élevé dans les États ayant bénéficié de l’essor industriel des maquiladoras ou de l’essor touristique (presqu’île du Yucatan) ou dans les deux principales métropoles du pays, Mexico et Guadalajara (État du Jalisco). À l’inverse, il est le plus faible dans la moitié sud du pays restée plus rurale, agricole et à l’écart des flux internationaux (Guerrero, Oaxaca et Chiapas en particulier). L’IDH moyen du pays, proche de 0,8 (niveau à partir duquel le développement est dit « très élevé »), traduit néanmoins l’émergence du pays.

Document 6. L’émigration a été une réponse à la pauvreté des campagnes mexicaines : à l’échelle mondiale, le Mexique est le troisième pays du monde après la Chine et l’Inde pour l’ampleur des flux d’argent envoyés au pays par les émigrés (25 milliards de dollars en 2011). La répartition spatiale de cette manne peut se lire en négatif de la carte précédente, les remises étant les plus importantes dans les États les plus pauvres, au développement humain le plus modeste. On notera cependant que le phénomène concerne l’ensemble du pays.

Réponses aux questions de la p. 153

1. Quels espaces ont été favorisés par l’adhésion à l’Ale-na [1, 3, 5] ?Les espaces favorisés sont ceux qui ont bénéficié des flux d’in-vestissement à l’étranger dans le domaine de l’industrie et de l’agriculture. Cela concerne les États frontaliers dans un pre-mier temps puis, avec la libéralisation totale des échanges, les régions métropolitaines de Mexico et de Guadalajara dans l’État du Jalisco. La « riviera maya » du Yucatan autour de Can-cun a vu se développer le tourisme international.

2. Quels secteurs et territoires ont été fragilisés par l’in-tégration [2, 4] ?Le secteur agricole a été le plus fragilisé par l’Alena car il a soumis l’agriculture mexicaine au choc de la concurrence avec la première agriculture mondiale qu’est l’agriculture des États-Unis. Les territoires « perdants » sont ceux qui restent à l’écart

des flux, c’est-à-dire les États les plus pauvres, enclavés. Les disparités interrégionales sont donc de plus en plus fortes.

3 Quelles sont les motivations et les conséquences des migrations vers les États-Unis [2, 5, 6] ?Les migrations vers les États-Unis sont motivées par la pauvreté régnant dans les campagnes mexicaines peu productives, ag-gravée par l’intégration à l’Alena et la richesse et les possibili-tés d’emploi existant chez le puissant voisin états-unien. Les conséquences se lisent à plusieurs échelles : la région trans-frontalière devient un espace avec une forte identité hispa-nique, formant avec les États du Sud-Ouest des États-Unis une Mexamérique. À l’échelle nationale, le pays bénéficie de la manne financière des remises, en particulier les régions les plus déshéritées du pays.

◗◗ Synthèse Les conséquences spatiales de l’intégration du Mexique dans l’Alena sont d’avoir accentué les disparités spatiales régionales qui étaient déjà élevées dans le pays. Le fossé se creuse entre les espaces connectés à l’activité et aux flux internationaux et ceux qui sont à l’écart et évités. L’ampleur des migrations de travail traduit cette réalité, l’émigration étant la seule solution pour survivre à la pauvreté persistante des espaces n’ayant pas bénéficié de l’intégration régionale. En cela, l’exemple mexicain est représentatif de l’évolution spatiale de nombreux pays du Sud dans le contexte de la mondialisation.

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● CompositionCorrigé du Sujet 15 p. 156-157

SUJET Le continent américain : entre tensions et intégrations régionales

• L’Amérique s’étire d’un cercle polaire à  l’autre, c’est  le plus vaste des continents  (31 % des  terres – près d’un milliard d’habitants). Peu à peu intégré à l’espace mondial depuis le xvie siècle, il est marqué par une grande diversité culturelle et socioéconomique. Les États-Unis y exercent une forte influence et sont souvent partie prenante dans les différentes formes de rivalités et de rapprochements. Quelles sont les dynamiques d’intégrations, malgré les fractures et les tensions, dans ce grand continent ? Après en avoir présenté la diversité, on montrera les intégrations en marche sur le continent, puis les limites et les tensions géopolitiques persistantes.

• Il  n’existe pas  « une Amérique » mais  « des Amériques »,  avec une diversité  culturelle  et des niveaux de développement disparates. L’Amérique du Nord est principalement anglo-saxonne et protestante, et  l’Amérique  latine est essentiellement catholique, l’espagnol et le portugais y sont les langues dominantes. Mais cette distinction cache une réalité plus complexe. De multiples communautés culturelles sont présentes sur l’ensemble du continent, par exemple les Amérindiens. En Amérique du Nord, le Québec et la Louisiane sont francophones. Aux États-Unis, un quart des habitants sont catholiques.Les niveaux de développement sont très divers et la limite Nord-Sud reste une fracture : au Nord, les États-Unis, puissance mondiale, et  le Canada ;  au Sud,  l’Amérique  latine qui  comprend des pays émergents,  comme  le Brésil,  l’Argentine et  le Mexique, et de nombreux pays de développement moyen, seul Haïti étant un PMA. (➜ insérer le schéma 1 p. 157)

• Les dynamiques d’intégrations régionales sont en marche au Nord comme au Sud du continent. (➜ insérer le schéma 2 p. 157) Au Nord, l’Alena (Accord de libre-échange nord-américain) est la première aire de puissance mondiale (460 millions d’habitants et plus du quart de la richesse produite dans le monde). Depuis 1994, elle a stimulé l’économie du Canada et du Mexique tout en renforçant leur dépendance à l’égard des États-Unis, leur premier partenaire commercial avec les trois quarts de leurs exportations. Des espaces transfrontaliers originaux se sont développés, fortement asymétriques à la frontière mexicaine (villes jumelles et maquiladoras).Au Sud, des marchés régionaux se sont organisés. Face à l’Alena, le Mercosur (Marché commun du cône Sud qui vient de s’élargir au Venezuela) s’affirme de plus en plus comme un pôle économique rééquilibrant  le continent. Le Brésil en tire profit en raison de sa montée en puissance. Des liens anciens existent avec la Communauté andine des nations et, depuis 2011,  l’Unasur  (Union des nations sud-américaines) est entrée en vigueur avec ses 12 États et 400 millions d’habitants. L’intégration progresse en Amérique du Sud avec de nombreux projets d’aménagement destinés à améliorer l’interconnexion des territoires pour les communications et les énergies : axes transcontinentaux ; gazoducs – entre Bolivie, Argentine et Brésil ; réseaux électriques à partir de la Colombie ; barrages – à la frontière du Paraguay et du Brésil. 

• Cette marche  à  l’intégration  rencontre  des  limites  nombreuses.  Le  projet  d’une  intégration  économique  continentale souhaitée par les États-Unis n’a pas abouti, rencontrant l’opposition de pays d’Amérique latine, notamment le Venezuela, la Bolivie et Cuba qui ont formé l’Alba (Alliance bolivarienne pour les Amériques). Mais la domination des États-Unis reste très importante. Elle s’exerce par le commerce, le tourisme, l’influence culturelle, la présence et les investissements des FTN, mais aussi par leur poids politique et militaire (nombreuses interventions récentes y compris dans le cadre de la lutte contre la drogue). Leur influence est très marquée en Amérique centrale et dans le Bassin caraïbe, « Méditerranée américaine », mais Cuba reste un point de résistance à cette emprise depuis plus d’un demi-siècle.De nombreuses tensions géopolitiques existent entre  les pays d’Amérique  latine. Des contentieux frontaliers  terrestres et maritimes ont donné lieu à des plaintes à la Cour internationale de justice de la Haye (Pérou-Équateur-Chili, Bolivie-Chili…) car le contrôle et la gestion des ressources et les questions environnementales sont des enjeux majeurs. Les flux illégaux renforcent  les  tensions mais suscitent aussi  les coopérations  transfrontalières  (narcotrafic, migrants clandestins). Au sein de l’Alena,  la frontière avec le Mexique est étroitement surveillée par les États-Unis. La construction du Mercosur piétine : suspension du Paraguay, intégration laborieuse du Venezuela, tandis que plusieurs pays signent des apports bilatéraux avec les États-Unis (Chili, Pérou).

• Le continent américain met en place des organisations d’intégration économique. Mais ce processus est  freiné par  les antagonismes  locaux,  les disparités de développement et par  l’influence des États-Unis,  puissance mondiale,  sur  tout  le continent. Le Brésil aspire à devenir une puissance qui ne limite pas ses ambitions au continent américain.

Exemple de réponse rédigée

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● Étude critique de documents

SUJET Les États-Unis et le continent américainAnalysez les documents pour montrer les tensions provoquées par l’influence des États-Unis sur le continent américain.Portez un regard critique sur la photographie : permet-elle de comprendre la complexité des relations des États-Unis avec l’Amérique latine ?

Corrigé du Sujet 16 p. 158-159

Étape 1 ✔ Analyser le sujet

• Les États-Unis ont exercé une influence considérable et multi-forme sur le continent américain depuis plus d’un siècle.

• Mais cette domination rencontre de plus en plus de résis-

tances : oppositions idéologiques (depuis l’épisode cubain de 1959), construction d’un espace intégré autour du Brésil émergent.

Étape 2 ✔ Analyser les documents

• Cette fresque murale (Caracas) témoigne de la perception des États-Unis qu’a une partie du peuple vénézuélien, voire latino- américain, parfois relayée par des États. Les inscriptions (FMI, dollar, CIA) dénoncent l’impérialisme des États-Unis.

• Le texte aborde le rôle de puissance régionale qu’entend désormais jouer le Brésil, pays émergent, en Amérique latine, ce qui contrarie la volonté des États-Unis de construire l’union de l’ensemble du continent.

Étape 3 ✔ Exemple de réponse rédigée

• La domination des États-Unis s’exerce sur tout le continent depuis plus d’un siècle. Deux documents – la photographie d’une fresque murale dans la capitale du Venezuela et un texte issu d’une publication scientifique – abordent la question de l’influence des États-Unis alors que leur suprématie est contestée dans la région. L’émergence de nouvelles puissances peut-elle remettre en question la domination des États-Unis ?

• La fresque rappelle que la puissance des États-Unis a longtemps été hégémonique sur le continent américain (la doctrine Monroe en 1823 destinait l’Amérique à être leur « chasse gardée ») financièrement (poids du dollar dans les économies locales) et économiquement (les États-Unis partenaire commercial privilégié des États latino-américains). La fresque évoque aussi le rôle des organismes internationaux comme le FMI, contrôlé par les États-Unis, dont la politique économique libérale s’est imposée à nombre de pays sud-américains depuis les années 1980. L’impérialisme diplomatique et militaire américain, qui s’est intensifié pendant la guerre froide et s’est illustré par de multiples interventions armées (Nicaragua…), est dénoncé, de même que  l’ingérence de  la CIA  (du coup d’État au Chili en 1973 à  l’actuelle  lutte contre  les  trafiquants de drogue), déclenchant des sentiments anti-américains durables dans toute la région.Le texte montre un continent en mutation du fait de l’affirmation du Brésil comme puissance régionale. Ce pays émergent, 6e puissance mondiale classée parmi les BRICS, s’affirme au sein du continent sud-américain. Il y renforce l’intégration régionale incarnée par  le Mercosur – que  le Venezuela vient d’ailleurs de rejoindre –  tout en s’opposant à  la volonté états-unienne d’intégration régionale continentale (Alliance de libre-commerce des Amériques, ALCA). À l’échelle internationale, le Brésil agit dans le cadre d’une coopération Sud-Sud qui peut déplaire aux États-Unis (dialogue avec l’Iran, ennemi des États-Unis depuis 1979), tout comme son idée de réforme de l’ONU.

• La photographie ne rend pas compte d’un certain nombre de réalités concernant les relations entre les États-Unis et le continent américain. La fresque, peinte au Venezuela où le nationalisme se nourrit d’un sentiment anti-américain puissant développé par le président Hugo Chavez (créateur de l’ALBA, Alliance bolivarienne pour les Amériques), est très manichéenne. Elle ne mentionne ni l’importance de l’émigration latino-américaine vers les États-Unis, ni les influences culturelles réciproques qui en découlent. Elle ne rappelle pas non plus que le Venezuela (dont le pétrole est exporté prioritairement vers les États-Unis) dépend économiquement des États-Unis, comme la plupart des pays du continent.

• Les documents montrent donc des liens en pleine transformation. Pour autant, le leadership des États-Unis sur le continent américain, bien que contesté idéologiquement et de plus en plus concurrencé, est encore bien réel. L’émergence du Brésil n’est pas sans fragilités, comme en témoigne l’actuelle crise du Mercosur.

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● Étude critique de documentsCorrigé du Sujet 17 p. 160-161

SUJET Les intégrations régionales du continent américainAnalysez les documents afin de montrer les difficultés rencontrées par les projets d’intégration économique sur le continent américain.Portez un regard critique sur la représentation cartographique : montre-t-elle tous les obstacles à l’intégration du continent ?

Étape 1 ✔ Analyser le sujet

• Les « intégrations régionales » font référence aux différentes formes d’unions économiques (de la simple zone de libre-échange à l’union économique et monétaire).

• Le sujet inclut les projets régionaux à l’échelle de l’Amérique du Nord, centrale ou du Sud mais aussi tout projet d’intégra-tion globale du continent.

Étape 2 ✔ Analyser les documents

• Le titre de la carte 1 justifie que des organisations régionales plus modestes (Communauté andine des Nations, Caricom, MCCA, Celac) n’apparaissent pas.

• Le texte se situe du point de vue spécifique des États-Unis, qui

multiplient les initiatives vers l’Amérique latine mais il ne s’agit pas de véritable intégration régionale. Le document limite l’op-position aux États-Unis au seul Mercosur.

Étape 3 ✔ Exemple de réponse rédigée

• Dans un système continental où les États-Unis dominent et attirent, des intégrations régionales se sont développées. Deux documents récents, une carte reprenant  les informations de l’ONU et un texte tiré d’un ouvrage universitaire, permettent d’aborder les intégrations du continent. Quelles sont les principales intégrations du continent et les difficultés rencontrées ?

• Deux organisations régionales principales apparaissent :–  L’Alena (Accord de libre-échange nord-américain) regroupe depuis 1994 le Canada, le Mexique et les États-Unis, puissance dominante dans cette association qui se limite au libre-échange. Presque tous les États d’Amérique centrale (hors Caraïbes) ainsi que  le Chili y sont associés. L’attraction des États-Unis se manifeste également par des flux migratoires, en partie clandestins, partant d’Amérique centrale et andine.

–  Le Mercosur (marché commun du Sud), entré en vigueur en 1995, constitue un marché commun (libre-échange et entente concernant les tarifs douaniers) et un espace de libre circulation des personnes. Il regroupe le Brésil, l’Uruguay, le Paraguay, l’Argentine et le Venezuela depuis 2012. Des pays y sont associés : la Colombie, l’Équateur, le Pérou, le Chili et la Bolivie (elle-même en cours d’adhésion comme pays membre). Le poids du Brésil, puissance émergente faisant partie des BRICS, est dominant même si l’Argentine cherche à s’affirmer à l’échelle régionale.

• Il existe des obstacles à l’intégration globale du continent, liés en particulier à la forte influence des États Unis, fruit de l’histoire. Le texte mentionne trois faits : le Venezuela exporte les trois quart de sa production énergétique vers les États-Unis ; les pays émergents représentent un débouché pour l’industrie et les services états-uniens ; enfin, une collaboration accrue est souhaitée par les États-Unis dans la lutte contre le trafic des stupéfiants provenant de pays andins. Cette domination provoque l’opposition idéologique ouverte de certains États (Cuba, Venezuela, Bolivie). De même, le Mercosur veut apparaître comme un contrepoids économique à l’influence américaine (il représente plus de 80 % du PIB de l’Amérique du Sud). De ce fait, le projet des États-Unis d’une zone de libre-échange à l’échelle de tout le continent (ZLEA) sauf Cuba, a échoué.

• La carte ne montre pas tous les obstacles à l’intégration du continent. Elle ne présente pas l’ALBA (Alliance bolivarienne pour les Amériques), qui regroupe les pays les plus hostiles aux États-Unis, ni les difficultés actuelles du Mercosur (suspension du Paraguay, mauvaises relations entre le Brésil et l’Argentine). Par ailleurs, l’Alliance du Pacifique rivale du Mercosur (Chili, Colombie, Pérou et Mexique) n’y figure pas, de même que ne sont pas représentées les rivalités territoriales entre les États d’Amérique du Sud (Pérou/Équateur, Chili/Argentine) qui gênent l’avancée de l’intégration.

• Les difficultés de l’intégration à l’échelle du continent américain sont donc bien réelles. Elles sont liées à la présence d’une puissance dominante, ainsi qu’aux différentes formes de concurrence ou de rivalités entre les États d’Amérique latine.

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● Étude critique de documentsCorrigé du Sujet 18 p. 162-163

SUJET L’intégration régionale de l’Amérique du NordAnalysez les documents pour montrer comment se manifeste l’intégration des États-Unis et du Canada dans l’Alena.Portez un regard critique sur la carte : quelles sont ses limites pour comprendre les relations transfrontalières entre les deux pays ?

Étape 1 ✔ Analyser le sujet

• L’Alena (Accord de libre-échange nord-américain) a été fondé en 1992 et mis en application en 1994 entre les États-Unis, le Canada et le Mexique. Depuis sa création, il a permis de dou-

bler le PIB combiné des trois pays membres, mais les accords profitent surtout aux relations bilatérales États-Unis/Canada et États-Unis/Mexique. Seules les premières sont étudiées ici.

Étape 2 ✔ Analyser les documents

• La carte montre les différents oléoducs, existants et en projet, entre le Canada et les États-Unis. Pour le Canada, il s’agit d’ex-porter le pétrole extrait des sables bitumeux de l’Alberta par voie maritime et/ou continentale.

• Le texte élargit la perspective de l’intégration régionale en en

montrant l’importance vitale pour le Canada. Il insiste sur la notion de frontière : elle s’efface (flux de marchandises, divi-sion du travail dans l’industrie automobile), sauf pour les flux migratoires (renforcement des contrôles effectués par les États-Unis).

Étape 3 ✔ Exemple de réponse rédigée

• L’Alena a renforcé les liens entre les économies des États-Unis, du Canada et du Mexique. Les deux documents, tous deux extraits d’une revue récente de la Documentation française, illustrent cet enjeu de l’intégration régionale entre le Canada et les États-Unis. Cette intégration n’induit-elle pas une dépendance croissante du Canada envers les États-Unis ? Est-elle sans obstacles ?

• L’Alena a permis la libre circulation des marchandises et des capitaux entre les deux pays. L’exemple de l’énergie montre que le Canada peut s’appuyer sur son partenaire américain pour exporter ses ressources pétrolières et gazières. Les projets d’oléoduc entre les sables bitumeux de l’Alberta et le Nebraska visent à connecter les gisements canadiens aux raffineries américaines, notamment celles du Texas ou du littoral du golfe du Mexique. Ceci est révélateur du poids des exportations vers  les États-Unis dans  l’économie canadienne  (41 % du PIB canadien). Les  interrelations se sont multipliées : échanges commerciaux (plus d’1 milliard de dollars d’échanges quotidien) ; installation au Canada de sous-traitants des firmes états-uniennes de l’industrie automobile ; flux de travailleurs frontaliers.Cependant cette  intégration n’est pas exempte de  limites. Tout d’abord,  les projets d’oléoducs sont contestés :  le projet d’extension Keystone XL est retardé en raison de manifestations d’associations écologistes états-uniennes. Celui traverse en effet des espaces naturels sensibles dont on craint la détérioration. Par ailleurs, depuis les attentats de 2001, les processus de contrôle à la frontière se sont considérablement alourdis : les États-Unis privilégient la sécurité nationale alors que, pour le Canada, c’est une artère commerciale qui se bloque. Or les échanges commerciaux sont très déséquilibrés : le rapport de forces est en faveur des États-Unis puisque 70 % des exportations du Canada vont vers le voisin américain.

• La carte donne une vision partielle des relations transfrontalières entre les deux pays. Elle ne mentionne ni l’essor généralisé des échanges commerciaux, ni les flux de population, ni les IDE qui contribuent fortement à l’intégration des deux économies dans l’Alena. Elle ne montre pas du tout l’intensité inégale de ces relations le long de la frontière, la Pugetopolis et la région des Grands Lacs en étant les lieux privilégiés.

• La mise en place de l’Alena a donc permis de renforcer l’intégration régionale entre les États-Unis et le Canada. Cependant, celle-ci est très dissymétrique : elle se fait surtout au profit des États-Unis et rencontre des limites dans sa mise en œuvre. Le projet Keystone XL montre la dépendance du Canada, riche surtout de matières premières, et l’inégalité des préoccupations environnementales des deux pays.