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Tour Nord-Ouest, Vue de la basse-COur, Slege
de la楠u/te Courf et Justice de HIergeS・ En
f6vrier 1761, l,assassin du prev6t Ma「s用e y
est enferm6 sous la garde de v-ngt Viliageojs・
Bien que ferr6 aux majns et aux pieds言I
S’6chappe, en SePtembre, graCe a des com-
Pijces. La bassefosse de cettetourestencoreintacte aiors que les sa=es basses des autres
SOnt effondr台es.
12
E
e chβteau
de脇榊n novembre 1793, au CCeur
de la tourmente revolution_
naire, S’embrasent les tours
qui, depuis plus de deux siecles,ecrasent le village de Hierges
enroule au pied de l,6peron fortifi6,
L’6glise reste le seul t6moin intact
de l,ceuvre des Berlaimont, Sei-
gneurs du lieu… Ces quelques
PagreS S’efforcent de faire revivre les
VeStiges d,un t6molgnage extraor-
dinairement vivant.des “D61ices du
Pays de Li台ge,】 en nos “Ardemes
de France,,.
Le s王te。
L’6peron barr6 de Hierges
OCCuPe l’extremite ouest de la col-
1ine bois6e de l’Oujamontl qul
S’amincit avant de pIonger en arete
rocheuse dans un m6andre dessin6
Par le ruisseau de la Jonquiere.
Cette vallee 6troite et inondable,
PerC6e i l’orlglne de viviers et
d’6tangs' COuVre la forteresse sur
trois c6t6s et r6duit l,habitat rural a
un mince ruban au pied du chateau.
L’acces par la plus faible pente,
Celle de la colline, eSt d6fendu par
un large et profond fosse que cou-
rOnne un puissant mur de barrage.
Unespace de 120 mdelongsurune
SOixantaine de large est ainsi cir-
COnSCrit・ Cadastr6 pour 64 ares 50,
les textes anciens lui donnent le
nom 6vocateur de Chas亡」e亡(Caste」-
1u皿).
PIan d= Chateau. D'StrjbutiOn des pieces du rez-de-Chauss6e au XV川e sjec-e,紺6poque desArenberg- Pfan GOmmUn/queparM・ De Wffe,
propr店ta/Ie du ch台teau.
ま7
Fa9ade du chateau. Les toitures 6taient decorees de motIfs d’ardo主
SeS VerteS Sur fond bieu-Vioiet. Des barreaux de fer et des volets
PrOtegeaient les fenetres. Dessin A. M午/ews朽d’apres une gravure
du XV///e sI台C/e.
Les orlgmeS。
La premiere mention de son
existence remonte a l155, PreS d’un
demi-Siecle apres l’apparition du
d6terminatif c!e HIerges derri主re le
nom d’Heribrand, en =122. La
famille est une branche cadette de
celle de Godefroid de Bouillon. En
1乞60, le ch合teau passe aux Jauche.
IIs le gaI‘dentjusqu’en 1468. La dou-
ble vassallte, SOuS le Prince-Eveque
de Liege et la cour souveraine de
Bouillon, Cr6e alors, POur un SieCle,
une situation superbement
embrouillee au cceur des affalreS
europeennes. ‘●Faut-11 falre mOurlr
POur Hierges?’’, Charles Quint,
l’homme le plus puissant de son
epoque, S’est a plusieurs repnSeS
POS6 la question3.
Les vestlgeS que nOuS Ont lais-
ses les fureurs des hommes datent
pour l’essentiel du XVIe si全cle. A
defaut d’en connaitre avec certl-
tude l’archlteCte4, retenOnS que
Hierges a et6 congu pour Gilles de
Berlaimont, le MonsIeur de HIergesdes hlStOriens li6geois, qul y
accueille, en 1564, SOn ePOuSe Lam-
berte de Croy, aPI’色S les assauts de
」′em]emY丘anchoIsde 1554 a 15585.
Son 。ha七eau s’o工ganise en trois
espaces nettement cIoisonnes : le
jardin d’agrement, la basse-COur a
vocation rurale et enfm la haute-
COur Selgneuriale otl le don]On Se
dresse en flgure de proue・
La haute-COur.
Elle dessine, au Premler abord,
un triangle rectangle dont trois
grosses tours rondes occupent lesSOmmetS. A l’orlgme, le saillant
d’une quatri色me tour, Carr6e celle-
1a, dessinait un quadrilat台re irregu-
1ier. Il a 6tく; gomm6, tandis qu’une
aile complete 6tait effac〔;e du pay-
Sage ; il n-en reste que les appuis
ext6rieurs.
Un style mosan composite.
Les mat6riaux utilis6s semblent
homogenes et justifient le classe-
ment en Style mosan" Rlen n’est
Plus mosan que ce mariage con-
trast〔) entre la base de pierre bleue
et les釦egantes 616vations de bri-
ques rouges coiff6es d’ardoises. De
larges fen合tres a meneaux, SOuli-
gn6es d’un bossage au premier
nlVeau, rOmPerlt Ce qul POurrait etre
un monotone empilement.
L’archlteCture de cette haute-
COur eSt en r〔falit〔; COmPlexe et l’on
y distingue quatre periodes diff6-rentes.
La courtme qui surpIombe le
moulin, a l’ombre du donJOn, Pr6-
Sente un aPPareillage extr台mement
fruste. Des sGhisもe$ grOSSi台rement
tail16s, des galets moraimqueS,
quelques brlqueS Se nOient dans le
mortier d6bordant d’une construc-
tlOn hative, aCCOmPagn6e d’une
loglStlque SOmmaire・ L’archa書sme
et une arcade en plein cintre, Sur Ce
mur aveugle, d6noncent la forte-
resse des ongmeS et l’existence
d’un habitat sous le niveau actuel
de la haute-COur, rehauss6 au cours
des temps.
Le mur et labase de pierre bleue
du don]On COntigu sont contempo-
ralnS, Dans ces modestes moel10nS
irr6guliersi CeS ]Oints assez epais,
1’art de nos tailleurs de plerre n’est
Suggere que Par un mOule h6mis-
Ph6rique, r6empIoye sur le donjon.Ovale pour epouser l’ar台te
rocheuse sur laquelle il repose, il
S’amincit legerement a chacun de
SeS trOis niveaux de briques plque-
t6es de plerre bleue6. Quelques bri-
ques, nOires, amOrCent une frise,
comme sur la Tour Victoire a Givet.
Une furieuse chirurgie a perc6 denombreuses fenetres pou工|ajeuni|
Ce qu’on appelle d6ja au XVIe sleCle
la v上e血Ieき九〇ur.
Vers Vauce11es, aVeC la tour car-
r6e, d’enormes blocs du meme cal-
caire bleu donnent enfin au chateau
un aspect de forteresse austere・ On
lmagme le travall cycIopeen n6ces-
saire pour les transporter la et les
cSlever, ils sentent encore la sueur
et la souffrance des maJ]geurS de
sejgJe了・ Ce mur soutient l’ensemble
du remblal de la haute-COur.
Par contre, la fagade toumee
vers HlergeS et les deux tOurS de
l-est presentent une cOnStruCtion
SOlgnee- d’une ngueur qul annOnC’e
le classicisme. La plerre bleue. dis-
pos6e en lits horizontaLuX Si bientail16s, ne laisse volr auCun JOint de
mortler. La brique, au niveau supe-
rleur, alteme petit c6te et grand
13
c6t6 a chaque lit, les 〕Oints reguliers
dessinent ainsi des petits Iosanges.
Aucune fantaisie, auCun bricolage
pour regaler l,ceil" Ici, un arChitected6ja modeme a pens6 et dirige lestraVauX.
Batir un ensemble harmonieux
avec des 616ments aussi disparates
releve de l’exercICe d’ecole. Pour la
distribution int6rieure, la hierarchie
de l’Ancien Reglme Parle encore.
Le Grand Quartier,
Tournes vers le sud, bien offerts
a la lumi台re, Se dressent les trois
niveaux du Grand Quartier, la
demeure du selgneur. A l’entres0l,
une galerie enterree dessert les
COmmunS : Cuisine, laiterie, halle a
chal-bon, bouteillerie (cave a vin).
Au rez-de-Chaussee, des portesmonumentales s’ouvrent sur les
appartements de Monsieur, uneVaSte Chambre avec sa garde-rObe
et une salle spacieuse. Le mobilier
Se r6sume a une vaste chemin6e de
marbre rouge8, une immense table
OVale sous deux t台tes de bceuf et
une de cerftransformees en lustres.
A l’etage, l’appartement de
Madame JOuXte la chapelle castrale.
Les inventaires de la fin du XVIe
Siecle sont rev6lateurs d’une vie
aristocratique semi-nOmade9, Quel-
ques gros meubles rest,ent ademeure amSl qu’un bric-a-brac de
tables pliantes, de chaudronnerie,
de vaLISSelle, de bancs d’escrime et
de petit mat6riel de forge. Le linge,
les matelas, la vaisselle pr6cieuse,
les tapIS et, taPISSeries suivent, en
un lourd convoi de muletlerS, les
Peregrmations du selgneur.
Le d6cor se r6sume a une s6ne
de toiles repr6sentant les travaux
d’Hercule, quelques autres a sujet
rellgleuX, un POrtrait de Charles
Quint, le bienfaiteur de la famille, et
quelques statues. Dans le don]On,On a PerC6 une fenetre pour adjoin-
dre un balcon qui domine le chemin
d’acces venant du moulin. On en
VOit encore deux corbeaux de plerre
a l,ext6rieur. Gilles de Berlaimont
Peut ainsi saluer la ]OyeuSe arriv6e
de son pere, gOuVemeur de Namur,
et du Prince-Ev全que de Liege.
Des tours qui flanquent ce
Grand Quartler, d’etroites meurtrie-
res et des canonni台res permettent
de diriger les tirs des arquebuses et
des fauconneaux. Hierges dispose
diun arsenal redoutable d)une cen-
taine d’arquebuses et d’une tren-
taine de pleCeS d’artillerie qui sont
vislt6es tous les ans par un muni-
tionnaire de Charlemont.
14
Lase-gneuriedeHierges"
旧autattendre1385pourlavoirconstitu6edeseshui川iages‥輔e「ges,
Ham-Sur-Meuse,Aubrives;Foisches,Gimn色e,Vauce=es,DoischeetNiverlee.)
Autourd’unpetitdomaine,lesfam用esdeHiergesetJaucheontrassembI6des
terresecclesiastiques,COmmeentemOlgnelefonctionnementtardifd’unecour
desaintHubertaVauce=es.Lesconditionsdurattachementd’O=oy,Surle
Viroin,reStentObscures.Dourbes-le-Vale=ech含teaudeHaute-Rocheysont
reunis,ParaChat,en1540・LeseigneurdeHiergesestaussiavoue(P「OteCteur)
deChooz,POurI’abbayedeStavelot,etdeBomeree,POurCe=edeB「ogne.
Les ruines vers 1850. Lafa9ade du Grand Qua面er6tait encore intacte, eile s’est eboul全ea iafIn du
siecle. La hierarchie des ordres dominants de l’Anclen Regime est lC- SCandaIeusement inversee・
puiSque l,6g-1Se eSt C○nStruite entre chateau et habitat rural. Le dessin n,est pas fideie puiSqU’11
oublie les fenetres de l’entreso上Co//ection oomtesse de V///ermont・
Le Petit Quartier,
R6pondant a cette demeuI’e bril-
lan七e, Se taPit l’aust台re Petit Quar-
tier. Ici demeurent les prev6ts, les
besogneux repr6sentants du sei-
gneur, OPPreSSeurS de manants, SihaIs qu’a la R6v0lution on martele,
avec une rage vengeresse, leurs
PlerreS tOmbales dans l’6glise du
lieu10.
L’absenteisme selgneuria1 6tant
la regle, un C○rPS de loglS eSt neCeS-
Saire, dans la haute-COur, POur SOn
representant, mais ll y vit a l’ombre
de son maまtre, Au sens propre, Car
la b含tisse, ne d6passant pas la cor-
niche de plerre des tours, eSttOtale-
ment prlV6e de lumiere par le Grand
Quartier et le don】On. Nulle part on
n'a mat6rialis6 aussi crdment cette
COndition subalteme, le prev6t ne
Peut m合me PaS aCC6der directe-
ment a la tour nord-eSt VOisine dont
il est s6pare par une 6chauguette.
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4ふ少∴∴丁年
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I.e con重ort int6轟eur.
Le d6cor ne s’anime qu’avec la
Venue du selgneur et de sa suite,
mais il refl台te en permanence sa
grandeur et sa redoutable puissan-
Ce, Le sol est recouvert deparquets,
un badigeon de chaux est fr6quem-
ment renouve16 sur les murs. Les
fen台tres∴SOnt Vitrees ; fermees de
Puissants barreaux de fer et de
lourds volets de bois, elles d6fient
toute intrusion. Dans chaque pleCe,
une chemin6e dispense le bien〇
台tre. De genereuses latrines, adroi-
tement drainees par l’eau des gout-
tieres, Suivant des conduits m6na-
g6s dans l’6paisseur du mur, aSSu-
rent une hygiene remarquable=,
Dans la haute-COur, un Puits pro-
fond de 30 m garantit l’autonomie
en eau. Solution de secours, il est
doub16, en 1572, d’une alimentation
en eau courante par le captage
d’une source situ6e aplus d’unkilo-
metre. Une conduite de bois cerc16e
de fer dessert une fontaine otl huit
PerSOnnagreS de bronze gazouillentSOuS le filet d’eau.
La basse-COur。
Suivant la canalisation int6-
rieure -un Simple tuyau de fer-, On
Se heurte a la galerie qui c16t la
haute-COur entre les deux tours
modemes. Sept nichesi meublees
de statues, enCadr6es par des pilas-
tres dont il I.eSte un mOdele a l’en-
tr6e de la tour nord-eSt, et des arca-
des dessinent une 61egante pers-
PeCtive. Une main courante en ferforge, Sur le chemin de ronde,
re〕Oint les deux tours.
La basse-COur eSt l’aile agnCOle
du chateau. La canalisation y ali-
mente un abreuvoir. Ses anciennes
6curies abntent, au]Ourd’hui, les
appartements du proprietaire et du
gardien. A l’orlglne, elles sont tres
r6duites. Leur extension, a la fin du
XVIIe siecle, S’appuie sur un mur
d’enceinte o心se distinguent enc○re
des arquebusi全res tourn〔;es vers le
jardin. Elles h6bergent, a lloccasion,les carrosses et les chevaux du sei-
gneur, Ou du pr6v6t, malS elles ser-Vent auSSi de fourriere pour le b6tail
SurPrlS a divaguer dans les bois. Ce
type de d61it alimente pres de la
molti6 de liactlVite de la〕uStice locale.
Le pigeonnier.
Dans l’alignement, la seule tour
restauree domine tou]OurS le villa-
ge. En 1583, OnenParled∈量commed’un plgeOnnier, mais il est proba-
ble que le rez-de-Chauss〔治abntait
un corps de garde. Un escalier
SeCret PerC6 dans le mur m全ne a
une salle souterraine, Selon le
Fa9ade actuelle du Petit Qua面e「・ 0= distingue Ie sa冊a=t de la viei=e tour carr6e. Jusqu’en 1 570,
Seul chemin d’acces passait sous les quatre tours. Au fond言e sommet d,un r6frigerant de Choc
B・・・ Dommage"
●ヽ
t6molgnage du XVⅡIe siうcle ; elle
n’a tou〕OurS PaS 6t6 d6couverte.
Le portier.
A l’ongine, un Seul chemin
donne acces au ch含teau, Celul qui
na王t pres du moulin. Pour s’6lever, il
enveloppe tout le perim台tre de la
haute-COur et S,offre successive-
ment au feu de toutes les meurtrie-
res. Pr全s du ruisseau, une barba-
Cane COnStituait un premier obsta-
Cle, aVant une deuxieme porte au
Pied du don〕On. On entrait enfin
dans la basse置COur SOuS la voiite
d’une troisieme porte flanquee de
COIonnes bagu6es. Comme le petit
logis du portier, tOu]OurS Pr6sent,
Cette COnStruCtion disparue datait
de la fin du XVIIe siecle.
Les chemins qui debouchent
d’Aubrives et de Vaucelles sur le
jardin ont 6t6 ouverts quelques
ann6es apres la c○nstruction du
Ch含teau. En 1570, les communaut6s
de ces villages, inquietes de ne pou-
VOir se mettre a l’abri en cas de
guerre, Offrent les trente bonniers
des trieux de l’Ou〕amOnt a Gilles de
Berlaimont pour obtenir l’ouverture
de deux portes supp16mentaires.
L’ambition de doter le chateau
d’un immense parc arbor6 et c16tu-
re・ dans le prolongement du 〕ardin,
aVOrte aVeC Sa mOrt Pr6maturee, en
157g.
I.e jardin。
Am6nage pour l’agrement
autour de bassins, depuis le XVIe
Siecle, il s'organise sur deux plans.
En bas, le buis dessine des al16es a
la frangalSe, mais la butte rocheuse,
ParCOurue Par un labyrinthe d’al-
16es et d’escaliers bord6 de buis-
SOnS Odorants, lui donne une touche
de fantaisie m6diterran6enne12.
Il a dd subir bien des avanies
quand les paysans des environs
Venaient s’y r台fugler 10rS des passa-
ges de troupes et des slegeS deCharlemont. Florent de Berlaimont
et son epouse, Marguerite deLalaing, Ont SOuVent franchi la
Petite porte fortifi6e qui mene al’6glise, COnStruite en 1579, les offi-
CeS maJeurS du culte catholique
n’6tant pas autorises dans leur cha-
pelle privee.
Le ch会teau
aux tro王s visages。
Avec ses courtines perc6es de
larges fen合tres, SOn jardin, Sa gra-
Cieuse fontaine, le chateau de Hier-
ges ressemble plus a une demeure
PnnCiere qu’a une forteresse.
Ses promoteurs, Charles et Gil-
les de Berlaimont, SOnt des aristo-
CrateS. A Charlemont, forteresse
rasante, d全ja enterr6e pour 6chap-
Per a l’artillerie, ils partagent la pro-
misculte d“une multltude de sou-
dards et d’ouvrlerS mal payes, mal
nourris- Une courte chevauch6e.
Par Foisches et la Cense La Haye,leur permet de se r6fugier dans ce
havre d61icieusement ouvert a la
lumle)re et au PanOrama d’une for全t
Otl les attire leur passion de la
Chasse.
Les Berlaimont.
En 1470, Louis de BoしJrbon,台Veque de Liege, Parent de Charles le Tem6raire, remet Hierges a Lancelot (○= Anceau) de
BerIaImOnt, iojntain he「itie「 des Jauche quj tienne=t la seigneurie depu-S 1260.
Les Be「laimont, grande fam紺e du Hainaut, SOnt ies champiOnS des面6r合ts bourgulgnOnS dans l’Entre-Sambre-eトMeuse
-iegeois qul aSSure le fianc sud de la Belglque aCtueife’COntre la France・
En 1482, Gi=ette de Beriaimont h6rite de Hierges・ En f6vrier 1491, e=e est mariee, Par ia veuve du Tem6raire, a Louis
Ro冊d'Aimeries, grand-ba冊du Hainaut, Petiト佃s du chancelier de Bourgogne, fondateur des hospICeS de Beaune.
E=e se heurte inne fam用e帖egeoise, Ies Corswarem, PrOPrietaires d’une hypoth色que Sur Hierges datant de 1391. En
novembre 1505, BouiIIon et Ies La Marck’favorables aux Fran9aiS, eXPuisent G用ette de Hierges pour non-Palement de ses
dettes・ L’empereur MaximiIie=, Puis Charles Quint et sa sceur Marie de Hongrie, font tout pour rendre ce chateau strat6gique
aleur a帖ee, Ce quI eSt Obtenu en 1520. Les h6ritiers des Corswarem ne desarmant pas, G冊ette legitime son titre en obtena申
du pape, l’erection de Hierges en paroisse et de l’6veque de Liege, la cr6atIOn d’une folre. Ses appuIS ne doIVent PaS
masquer i,extraordinaire pug=aCit全de cette femme・ Au miiieu des guerres’elie est une des gra=des pe「sonnaIites de HIergeS・
A sa mort en 1545, elie I台gue Hierges a un cousin, G用es de Beriaimont. Mineur, ll est sous la tuteile de Charies de
Berlaimont, Selgneur de Beauraing, gOuVemeur de Namur, ChevaiIer de la Toison d’Or言InanCier de Charies Quint et de
P冊PPe l上Fidele abso山des EspagnoIs, On lui doit l’apostrophe de Gueux Iancee aux partisans de l’autonomle, dans la
guerre civ=e qu- Va raVager les Pays-Bas・ Apres les attaques fran?aiSeS de’1554-1558, " fait reconstruire le ch台teau de
Hierges pour son f=s qul ePOuSe Lamberte de Croy en 1564.
G用es de Berlaimont selOume SOUVent a Hierges. Pragmatique言I d台veloppe une grosse cense a AubrlVeS POur
approvisionner les gamisons des pIaces fortes voisines en fourrage et en chevaux. lmovateur, il y faIt auSSi eiever desdjndons, r6cemment venus d’Am6rIque. Homme de guerre- Monsieur‾de Hierges est tue devant Maastricht, en 」u用et 1579.
CathoIique, COmme le camp q両I d台fend Iors de ces guerres de Be=glOn同inet en chantier l’eg=se actue=e du v用age.
= est ie p「emier Baron de Hierges et le seuはporter ce titre avant tout autre. Faute de posterite, SOn frere, FIorent, herite
de ses droits. Les turpitudes d’une tr台s 」eune ePOUSe, Marguerite de LaIaing, Ob"gen=e coupie, disgracIe Par i’austere
「egence espagnole, a des se」OurS PrOIonges-et f6conds-a Hierges. Un enfant est plac6 chez une nourrice aAubrives ; PO=r
l’occasion, ils lui foumissent un iit du chateau. Veuve et vie冊ssante, la douai「iere Marguerite de Lalalng Se COnfjt en d台votion.
En 1627, elle vampirise Hierges de 15 000 fIorins pou「 fonder un monastere a BruxeIies・ Au chateau, un forgeron ne reeoit pas
un fiorin de gage par」Our de trava出La baromie ne compte que 248 chefs de fam用es, dont 147 manouvrlerS et 33 veuves, au
PIus 1 200 habitants !
Hjerges passe ensuite, Par Sa紬e, dans la fam用e d’Egmont, mais n’est pIus qu’un attribut parmi d’autres, nOn SanS
enJeuX. La place nous manque poしr les d6veiopper ici.
Champions des Bourgogne et de l’Espagne, les Be「laimont ont compris les enjeux de leur temps : les m全taux, les
fou「rages言a foret et le commerce. =s r全activent les mines de pIomb et de fer川s imposent des cens en avoine, muitip‥en口es
Prairies, d全pou用ent les communaut6s ruraies de leurs bois : en 1560, 11 ha contre le four bana上en 1570, 30 ha cont「e le
refuge au ch合teau ; en 1622, 15 ha pour payer des dettes de guerre川s rapinent les bateiie「s de la Meuse avec leurs winages.
Menant pourtant grand train言Is se paient le luxe de racheter a P「潮ppe ll d’Espagne, SUr qui ruissellen廿or e=’argent des
mines d’Am6rlque, la seIgneurie de Vireux-WaIierand e=e ba冊age de Givet. PeuトOn S’6tonner, aIors, que leur chateau,
m合me en ruines, bruisse de tout un pan d’histoire?
La grandeur de Hierges c’est a撃s=a vie quotIdienneト,de cqux qui ont v6cu a l’ombre de ses tours, COmme Cathe而e
Wattemeau, d,Aubrives, aCCuSee de〈 chames et mecha証es ma/ices pour avoir s台duit un v冊ageois. Vous promenant aux
abords du ch台teau, 6coutez_bien VOuS CrOirez entendre le 、Vent
Sanglots 6touffes ii y a quatre siecIe?:)
ur les ruines : en rea=t6. e=es Pleurent encore des
ノーへ、.. 、一
、埠 、・ 享
¥′ -i
16
Lamberte de Croy-Roeulx, ePOUSe de GI↑Ies de BerlalmOnt. Ses
armoiries, martei色es en avr= 1792, figurent sur l’eglISe de Hierges
avec celIes de son mari dont e=e n’eut pas d’enfant. EIie est propre-
ment evincee de Hierges par son beau-frere, FIorent de BeriaimOnt,
apres la mort de son mari, C/icheANRB, Bruxe//es・
ち壇子中′隼/一‾‾フ一一
と∃/′
・メタ//・/書(′
運音容
Signatし嶋a=tOgraPhe de Gilles de Berlaimont (1 568). Mons/eUr de H/eIgeS
reconstruit le chateau紺occasion de son marlage aVeC Lamberte de Croy.
en 1 564. Catholique partiSan言I s’oppose pourtant au centraiisme des Espa‾
gno-s dans ies Pays-Bas. 1I est tu6 au sIege de MaastrlCht・ en 1579.
ArchIVeS dArenberg-Enghien・
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一
Pourtant, l’int6rieur de la haute-
COur n’est qu’un puits obscur, SanS
SOleil, malgr6 la destruction des
batiments qui reliaient le Petit
Quartier au don]On. Les meurtnereS
rappellent que ce ch含teau est aussi
COn9u COmme Premier 6chelon de la
d6fense en profondeur de Charle-
mont, les fermes-Chateaux des
environs constituant le second
5chelon.
Toutes portes cIoses, aVeC un
minimum de d6fenseurs, il peut
tenir t台te a toutes ces bandes de
Pillards qui r6dent en marge desarm6es amies ou ennemies. En
1583, une riche veuve de Vireux y
fait conduire une cassette pleine
d’or′ CarOn annOnCe lavenue dA」」e輸
mands. Au XVIHe si台cle, la seule
force de ses murs et de ses portes
CIoses r6siste aux assauts d’une
Centaine de soldats li6geois, Puis
des gardes nationaux de Givet13.
L’61egance magnifique des
appartements, d’une fac:ade et d’un
jardin ne contentent que le confort
du selgneur. Du plat pays, les su]etS
levent un regard anxieux sur les
tours orgueilleuses, les murs puis-
SantS, les barreaux de fer. IIs n’en
franchissent les portes que pour y
POrter la part de leur recolte qui
revient au selgneur, Ou POur y mOn-
ter une garde obligatoire.
IIs cralgnent auSSi de s’y trouver
PnSOnniers dans une cave, enChai-
n6s devant la c○ur de justice qui
Slege dans la tour nord-eSt. Ces
PlerreS Ont 6touff6 les hurlementsde malheureux soumis a des tortu-
res barbares. Des sentences terri-
bles y sont prononc6es. On dresse
le bdcher pour un sacrilege, On tran-
Che une tete sur le billot, On dresse
la potence. on 6trangle au garot, On
brise les membres sur une croix de
saint Andre14.
La R6volution n’exorcise pas
facilement des siecles de teireur
SaCralis6e. Ce ne sont pas les villa-
geois qui incendient le ch含teau en
1793,
Le pr6v6t, qui cherche a faire
disparaitre les traces de ses malver-
Sations avant d’6mlgrer, aCCuSe les
SOldats republicains16. Peu importe,
le duc d’Arenberg, qui reprend pos-
SeSSion des ruines en 1806, n’est
Plus represent6 par son pr6v6t,
mais par un simple reglSSeur. La
Selgneurie de Hierges a v6cu, le
grand domaine attend 1926 pour
etre demantele 10rS de folles encne-
reS‥.
Andr6 MAJ田WSK重.
asservies aux ho「izontales du Grand Quartier construit vers 156O, majs des encadrements de pie
bIeue t6molgnent enCOre de I’ancieme architecture.
NO丁巨S1 On trouve aussi Ouziamont ou OiSeaumOnt.
2 Voir TONGLE丁(B.),しa seigneurie ind6pendante Xi-XIle
Siecies, Namur 1992.
3 Archives d’Arenberg, Enghien (BeIgique). Le fond de Hier-
ges compte au moins trois lettres sIgn6es de Charles Quint.Hierges, un POint minuscule sur son immense emplre, eSt
une cause de tracas ma」eurS.
4 Nous n’avons malheureusement pas pu retrouver de docu-
ments sur ce sujet a Enghien. D’autres archives des Aren-
berg, demiers selgneurS de Hjerges, SOnt en C○urS de
d6poui=ement aux Archives du Royaume a BruxeIies.
5 Hierges devient fran?ais de 1680 a 1697, SOuS Loujs XiV,
PuiS " est rendu a Liege・ En 1772, il redevient fran?ais dans
Ie cadre d’un 6change de viilages avec Liege et l’Autriche.
6 Cette curieuse technique se retrouve dans ie ch合teau de
Jehay, PreS d’Amay, au Sud de Liege○ ○n attribue cedonjon
aux Corswarem, VerS 1510, mais nos archivesslgnaient une
briqueterie instaiI6e par G用ette de Berlaimont, donc quinze
a vingt anS Pius tard.
7 Expression utiiisee, au mOment de la Bevoiution, Par le
dernier prev6t de Hierges, POur designer les paysans des
8 Les montants de cette chemin6e se trouvent aujOurd’huj au
Premier 6tage du corps de garde. L’entabiement a「morie
OriglnaI a disparu.
9 AlamortdeG用esdeBerlaimont,en 1579,Oniicencietoute
Une arm6e de muietiers et de valets.
10 Aucun selgneurde Hiergesn’estinhumeaHierges ! Lepius
PrOChe, Jean de Jauche, l’est a la collegiale de MoIhain, en
1 359. Sa plerre tOmbale, localis6esous le chceur, a disparu,
11 L’obiigeance de M. De Witte de HaeIen, PrOPri6taire du
Chateau, nOuS a Permis de visiter ces conduits avec des
6ieves du co嶋ge de Vireux pouren comprendre lefonction-
nement du c6t6du Petit Quartier. Nous y avons retrouv台un
double-denier de Namur datant de 1578.
12 Sur le sommet de cette butte devait s’6iever le donjon
PrImitifdefendant lefosse et le murde barrage.Au debut duXilIe siecIe, aVeC la c「eation du mouiin et du chemin d’a「会te,
ie donjon bascule al’autre extremite.
13 #擢惚罷能都鰯盤諾塙端縫de H/er‾
14 Disposant de la haute 」uStice言e seigneur de Hierges peut
PrOnOnCer des pemeS CaPitaies. La popuiation est m冊ai「e-
ment requISe POUr aSSiste「 a l’ex6cution. La haute-COur eSt
COmPOS6e de quatre “」UgeurS” nommes par le seigneu「 qui
la pr6side. En realjte, le prev6t detient le pouvoir effectif.
15 VoirDeIa Meuseal,Ardenne, nO14, OP,Cit.
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