6
Tour Nord-Ouest, Vue de la basse-COur, Slege de la楠u/te Courf et Justice de HIergeS・ En f6vrier 1761, l,assassin du prev6t Ma「s用e y est enferm6 sous la garde de v-ngt Viliageojs・ Bien que ferr6 aux majns et aux pieds言I S’6chappe, en SePtembre, graCe a des com- Pijces. La bassefosse de cettetourestencore intacte aiors que les sa=es basses des autres SOnt effondr台es. 12 E e chβte de脇榊 n novembre 1793, au CCeur de la tourmente revolution_ naire, S’embrasent les tours qui, depuis plus de deux siecles, ecrasent le village de Hierges enroule au pied de l,6peron fortifi6, L’6glise reste le seul t6moin intact de l,ceuvre des Berlaimont, Sei- gneurs du lieu… Ces quelques PagreS S’efforcent de faire revivre les VeStiges d,un t6molgnage extraor- dinairement vivant.des “D61ices du Pays de Li台ge,】 en nos “Ardemes de France,,. Le s王te。 L’6peron barr6 de Hierges OCCuPe l’extremite ouest de la col- 1ine bois6e de l’Oujamontl qul S’amincit avant de pIon rocheuse dans un m6an Par le ruisseau de la Cette vallee 6troite e PerC6e i l’orlglne de d’6tangs' COuVre la fo trois c6t6s et r6duit l,h un mince ruban au pied L’acces par la plus fai Celle de la colline, eS un large et profond fo rOnne un puissant mur Unespace de 120 mde SOixantaine de large es COnSCrit・ Cadastr6 pour les textes anciens lu nom 6vocateur de Chas亡」e 1u皿). PIan d= Chateau. D'StrjbutiOn des pieces du rez-de-Chauss6e au XV川e sje propr店ta/Ie du ch台teau.

e chβteau de脇榊 - Vireux Rive Gauche · Des sGhisもe$ grOSSi台rement tail16s, des galets moraimqueS, quelques brlqueS Se nOient dans le mortier d6bordant d’une construc-tlOn

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: e chβteau de脇榊 - Vireux Rive Gauche · Des sGhisもe$ grOSSi台rement tail16s, des galets moraimqueS, quelques brlqueS Se nOient dans le mortier d6bordant d’une construc-tlOn

Tour Nord-Ouest, Vue de la basse-COur, Slege

de la楠u/te Courf et Justice de HIergeS・ En

f6vrier 1761, l,assassin du prev6t Ma「s用e y

est enferm6 sous la garde de v-ngt Viliageojs・

Bien que ferr6 aux majns et aux pieds言I

S’6chappe, en SePtembre, graCe a des com-

Pijces. La bassefosse de cettetourestencoreintacte aiors que les sa=es basses des autres

SOnt effondr台es.

12

E

e chβteau

de脇榊n novembre 1793, au CCeur

de la tourmente revolution_

naire, S’embrasent les tours

qui, depuis plus de deux siecles,ecrasent le village de Hierges

enroule au pied de l,6peron fortifi6,

L’6glise reste le seul t6moin intact

de l,ceuvre des Berlaimont, Sei-

gneurs du lieu… Ces quelques

PagreS S’efforcent de faire revivre les

VeStiges d,un t6molgnage extraor-

dinairement vivant.des “D61ices du

Pays de Li台ge,】 en nos “Ardemes

de France,,.

Le s王te。

L’6peron barr6 de Hierges

OCCuPe l’extremite ouest de la col-

1ine bois6e de l’Oujamontl qul

S’amincit avant de pIonger en arete

rocheuse dans un m6andre dessin6

Par le ruisseau de la Jonquiere.

Cette vallee 6troite et inondable,

PerC6e i l’orlglne de viviers et

d’6tangs' COuVre la forteresse sur

trois c6t6s et r6duit l,habitat rural a

un mince ruban au pied du chateau.

L’acces par la plus faible pente,

Celle de la colline, eSt d6fendu par

un large et profond fosse que cou-

rOnne un puissant mur de barrage.

Unespace de 120 mdelongsurune

SOixantaine de large est ainsi cir-

COnSCrit・ Cadastr6 pour 64 ares 50,

les textes anciens lui donnent le

nom 6vocateur de Chas亡」e亡(Caste」-

1u皿).

PIan d= Chateau. D'StrjbutiOn des pieces du rez-de-Chauss6e au XV川e sjec-e,紺6poque desArenberg- Pfan GOmmUn/queparM・ De Wffe,

propr店ta/Ie du ch台teau.

Page 2: e chβteau de脇榊 - Vireux Rive Gauche · Des sGhisもe$ grOSSi台rement tail16s, des galets moraimqueS, quelques brlqueS Se nOient dans le mortier d6bordant d’une construc-tlOn

ま7

Fa9ade du chateau. Les toitures 6taient decorees de motIfs d’ardo主

SeS VerteS Sur fond bieu-Vioiet. Des barreaux de fer et des volets

PrOtegeaient les fenetres. Dessin A. M午/ews朽d’apres une gravure

du XV///e sI台C/e.

Les orlgmeS。

La premiere mention de son

existence remonte a l155, PreS d’un

demi-Siecle apres l’apparition du

d6terminatif c!e HIerges derri主re le

nom d’Heribrand, en =122. La

famille est une branche cadette de

celle de Godefroid de Bouillon. En

1乞60, le ch合teau passe aux Jauche.

IIs le gaI‘dentjusqu’en 1468. La dou-

ble vassallte, SOuS le Prince-Eveque

de Liege et la cour souveraine de

Bouillon, Cr6e alors, POur un SieCle,

une situation superbement

embrouillee au cceur des affalreS

europeennes. ‘●Faut-11 falre mOurlr

POur Hierges?’’, Charles Quint,

l’homme le plus puissant de son

epoque, S’est a plusieurs repnSeS

POS6 la question3.

Les vestlgeS que nOuS Ont lais-

ses les fureurs des hommes datent

pour l’essentiel du XVIe si全cle. A

defaut d’en connaitre avec certl-

tude l’archlteCte4, retenOnS que

Hierges a et6 congu pour Gilles de

Berlaimont, le MonsIeur de HIergesdes hlStOriens li6geois, qul y

accueille, en 1564, SOn ePOuSe Lam-

berte de Croy, aPI’色S les assauts de

」′em]emY丘anchoIsde 1554 a 15585.

Son 。ha七eau s’o工ganise en trois

espaces nettement cIoisonnes : le

jardin d’agrement, la basse-COur a

vocation rurale et enfm la haute-

COur Selgneuriale otl le don]On Se

dresse en flgure de proue・

La haute-COur.

Elle dessine, au Premler abord,

un triangle rectangle dont trois

grosses tours rondes occupent lesSOmmetS. A l’orlgme, le saillant

d’une quatri色me tour, Carr6e celle-

1a, dessinait un quadrilat台re irregu-

1ier. Il a 6tく; gomm6, tandis qu’une

aile complete 6tait effac〔;e du pay-

Sage ; il n-en reste que les appuis

ext6rieurs.

Un style mosan composite.

Les mat6riaux utilis6s semblent

homogenes et justifient le classe-

ment en Style mosan" Rlen n’est

Plus mosan que ce mariage con-

trast〔) entre la base de pierre bleue

et les釦egantes 616vations de bri-

ques rouges coiff6es d’ardoises. De

larges fen合tres a meneaux, SOuli-

gn6es d’un bossage au premier

nlVeau, rOmPerlt Ce qul POurrait etre

un monotone empilement.

L’archlteCture de cette haute-

COur eSt en r〔falit〔; COmPlexe et l’on

y distingue quatre periodes diff6-rentes.

La courtme qui surpIombe le

moulin, a l’ombre du donJOn, Pr6-

Sente un aPPareillage extr台mement

fruste. Des sGhisもe$ grOSSi台rement

tail16s, des galets moraimqueS,

quelques brlqueS Se nOient dans le

mortier d6bordant d’une construc-

tlOn hative, aCCOmPagn6e d’une

loglStlque SOmmaire・ L’archa書sme

et une arcade en plein cintre, Sur Ce

mur aveugle, d6noncent la forte-

resse des ongmeS et l’existence

d’un habitat sous le niveau actuel

de la haute-COur, rehauss6 au cours

des temps.

Le mur et labase de pierre bleue

du don]On COntigu sont contempo-

ralnS, Dans ces modestes moel10nS

irr6guliersi CeS ]Oints assez epais,

1’art de nos tailleurs de plerre n’est

Suggere que Par un mOule h6mis-

Ph6rique, r6empIoye sur le donjon.Ovale pour epouser l’ar台te

rocheuse sur laquelle il repose, il

S’amincit legerement a chacun de

SeS trOis niveaux de briques plque-

t6es de plerre bleue6. Quelques bri-

ques, nOires, amOrCent une frise,

comme sur la Tour Victoire a Givet.

Une furieuse chirurgie a perc6 denombreuses fenetres pou工|ajeuni|

Ce qu’on appelle d6ja au XVIe sleCle

la v上e血Ieき九〇ur.

Vers Vauce11es, aVeC la tour car-

r6e, d’enormes blocs du meme cal-

caire bleu donnent enfin au chateau

un aspect de forteresse austere・ On

lmagme le travall cycIopeen n6ces-

saire pour les transporter la et les

cSlever, ils sentent encore la sueur

et la souffrance des maJ]geurS de

sejgJe了・ Ce mur soutient l’ensemble

du remblal de la haute-COur.

Par contre, la fagade toumee

vers HlergeS et les deux tOurS de

l-est presentent une cOnStruCtion

SOlgnee- d’une ngueur qul annOnC’e

le classicisme. La plerre bleue. dis-

pos6e en lits horizontaLuX Si bientail16s, ne laisse volr auCun JOint de

mortler. La brique, au niveau supe-

rleur, alteme petit c6te et grand

13

Page 3: e chβteau de脇榊 - Vireux Rive Gauche · Des sGhisもe$ grOSSi台rement tail16s, des galets moraimqueS, quelques brlqueS Se nOient dans le mortier d6bordant d’une construc-tlOn

c6t6 a chaque lit, les 〕Oints reguliers

dessinent ainsi des petits Iosanges.

Aucune fantaisie, auCun bricolage

pour regaler l,ceil" Ici, un arChitected6ja modeme a pens6 et dirige lestraVauX.

Batir un ensemble harmonieux

avec des 616ments aussi disparates

releve de l’exercICe d’ecole. Pour la

distribution int6rieure, la hierarchie

de l’Ancien Reglme Parle encore.

Le Grand Quartier,

Tournes vers le sud, bien offerts

a la lumi台re, Se dressent les trois

niveaux du Grand Quartier, la

demeure du selgneur. A l’entres0l,

une galerie enterree dessert les

COmmunS : Cuisine, laiterie, halle a

chal-bon, bouteillerie (cave a vin).

Au rez-de-Chaussee, des portesmonumentales s’ouvrent sur les

appartements de Monsieur, uneVaSte Chambre avec sa garde-rObe

et une salle spacieuse. Le mobilier

Se r6sume a une vaste chemin6e de

marbre rouge8, une immense table

OVale sous deux t台tes de bceuf et

une de cerftransformees en lustres.

A l’etage, l’appartement de

Madame JOuXte la chapelle castrale.

Les inventaires de la fin du XVIe

Siecle sont rev6lateurs d’une vie

aristocratique semi-nOmade9, Quel-

ques gros meubles rest,ent ademeure amSl qu’un bric-a-brac de

tables pliantes, de chaudronnerie,

de vaLISSelle, de bancs d’escrime et

de petit mat6riel de forge. Le linge,

les matelas, la vaisselle pr6cieuse,

les tapIS et, taPISSeries suivent, en

un lourd convoi de muletlerS, les

Peregrmations du selgneur.

Le d6cor se r6sume a une s6ne

de toiles repr6sentant les travaux

d’Hercule, quelques autres a sujet

rellgleuX, un POrtrait de Charles

Quint, le bienfaiteur de la famille, et

quelques statues. Dans le don]On,On a PerC6 une fenetre pour adjoin-

dre un balcon qui domine le chemin

d’acces venant du moulin. On en

VOit encore deux corbeaux de plerre

a l,ext6rieur. Gilles de Berlaimont

Peut ainsi saluer la ]OyeuSe arriv6e

de son pere, gOuVemeur de Namur,

et du Prince-Ev全que de Liege.

Des tours qui flanquent ce

Grand Quartler, d’etroites meurtrie-

res et des canonni台res permettent

de diriger les tirs des arquebuses et

des fauconneaux. Hierges dispose

diun arsenal redoutable d)une cen-

taine d’arquebuses et d’une tren-

taine de pleCeS d’artillerie qui sont

vislt6es tous les ans par un muni-

tionnaire de Charlemont.

14

Lase-gneuriedeHierges"

旧autattendre1385pourlavoirconstitu6edeseshui川iages‥輔e「ges,

Ham-Sur-Meuse,Aubrives;Foisches,Gimn色e,Vauce=es,DoischeetNiverlee.)

Autourd’unpetitdomaine,lesfam用esdeHiergesetJaucheontrassembI6des

terresecclesiastiques,COmmeentemOlgnelefonctionnementtardifd’unecour

desaintHubertaVauce=es.Lesconditionsdurattachementd’O=oy,Surle

Viroin,reStentObscures.Dourbes-le-Vale=ech含teaudeHaute-Rocheysont

reunis,ParaChat,en1540・LeseigneurdeHiergesestaussiavoue(P「OteCteur)

deChooz,POurI’abbayedeStavelot,etdeBomeree,POurCe=edeB「ogne.

Les ruines vers 1850. Lafa9ade du Grand Qua面er6tait encore intacte, eile s’est eboul全ea iafIn du

siecle. La hierarchie des ordres dominants de l’Anclen Regime est lC- SCandaIeusement inversee・

puiSque l,6g-1Se eSt C○nStruite entre chateau et habitat rural. Le dessin n,est pas fideie puiSqU’11

oublie les fenetres de l’entreso上Co//ection oomtesse de V///ermont・

Le Petit Quartier,

R6pondant a cette demeuI’e bril-

lan七e, Se taPit l’aust台re Petit Quar-

tier. Ici demeurent les prev6ts, les

besogneux repr6sentants du sei-

gneur, OPPreSSeurS de manants, SihaIs qu’a la R6v0lution on martele,

avec une rage vengeresse, leurs

PlerreS tOmbales dans l’6glise du

lieu10.

L’absenteisme selgneuria1 6tant

la regle, un C○rPS de loglS eSt neCeS-

Saire, dans la haute-COur, POur SOn

representant, mais ll y vit a l’ombre

de son maまtre, Au sens propre, Car

la b含tisse, ne d6passant pas la cor-

niche de plerre des tours, eSttOtale-

ment prlV6e de lumiere par le Grand

Quartier et le don】On. Nulle part on

n'a mat6rialis6 aussi crdment cette

COndition subalteme, le prev6t ne

Peut m合me PaS aCC6der directe-

ment a la tour nord-eSt VOisine dont

il est s6pare par une 6chauguette.

¥

-

、 ノ, “一

4ふ少∴∴丁年

 

¥

Page 4: e chβteau de脇榊 - Vireux Rive Gauche · Des sGhisもe$ grOSSi台rement tail16s, des galets moraimqueS, quelques brlqueS Se nOient dans le mortier d6bordant d’une construc-tlOn

I.e con重ort int6轟eur.

Le d6cor ne s’anime qu’avec la

Venue du selgneur et de sa suite,

mais il refl台te en permanence sa

grandeur et sa redoutable puissan-

Ce, Le sol est recouvert deparquets,

un badigeon de chaux est fr6quem-

ment renouve16 sur les murs. Les

fen台tres∴SOnt Vitrees ; fermees de

Puissants barreaux de fer et de

lourds volets de bois, elles d6fient

toute intrusion. Dans chaque pleCe,

une chemin6e dispense le bien〇

台tre. De genereuses latrines, adroi-

tement drainees par l’eau des gout-

tieres, Suivant des conduits m6na-

g6s dans l’6paisseur du mur, aSSu-

rent une hygiene remarquable=,

Dans la haute-COur, un Puits pro-

fond de 30 m garantit l’autonomie

en eau. Solution de secours, il est

doub16, en 1572, d’une alimentation

en eau courante par le captage

d’une source situ6e aplus d’unkilo-

metre. Une conduite de bois cerc16e

de fer dessert une fontaine otl huit

PerSOnnagreS de bronze gazouillentSOuS le filet d’eau.

La basse-COur。

Suivant la canalisation int6-

rieure -un Simple tuyau de fer-, On

Se heurte a la galerie qui c16t la

haute-COur entre les deux tours

modemes. Sept nichesi meublees

de statues, enCadr6es par des pilas-

tres dont il I.eSte un mOdele a l’en-

tr6e de la tour nord-eSt, et des arca-

des dessinent une 61egante pers-

PeCtive. Une main courante en ferforge, Sur le chemin de ronde,

re〕Oint les deux tours.

La basse-COur eSt l’aile agnCOle

du chateau. La canalisation y ali-

mente un abreuvoir. Ses anciennes

6curies abntent, au]Ourd’hui, les

appartements du proprietaire et du

gardien. A l’orlglne, elles sont tres

r6duites. Leur extension, a la fin du

XVIIe siecle, S’appuie sur un mur

d’enceinte o心se distinguent enc○re

des arquebusi全res tourn〔;es vers le

jardin. Elles h6bergent, a lloccasion,les carrosses et les chevaux du sei-

gneur, Ou du pr6v6t, malS elles ser-Vent auSSi de fourriere pour le b6tail

SurPrlS a divaguer dans les bois. Ce

type de d61it alimente pres de la

molti6 de liactlVite de la〕uStice locale.

Le pigeonnier.

Dans l’alignement, la seule tour

restauree domine tou]OurS le villa-

ge. En 1583, OnenParled∈量commed’un plgeOnnier, mais il est proba-

ble que le rez-de-Chauss〔治abntait

un corps de garde. Un escalier

SeCret PerC6 dans le mur m全ne a

une salle souterraine, Selon le

Fa9ade actuelle du Petit Qua面e「・ 0= distingue Ie sa冊a=t de la viei=e tour carr6e. Jusqu’en 1 570,

Seul chemin d’acces passait sous les quatre tours. Au fond言e sommet d,un r6frigerant de Choc

B・・・ Dommage"

●ヽ

t6molgnage du XVⅡIe siうcle ; elle

n’a tou〕OurS PaS 6t6 d6couverte.

Le portier.

A l’ongine, un Seul chemin

donne acces au ch含teau, Celul qui

na王t pres du moulin. Pour s’6lever, il

enveloppe tout le perim台tre de la

haute-COur et S,offre successive-

ment au feu de toutes les meurtrie-

res. Pr全s du ruisseau, une barba-

Cane COnStituait un premier obsta-

Cle, aVant une deuxieme porte au

Pied du don〕On. On entrait enfin

dans la basse置COur SOuS la voiite

d’une troisieme porte flanquee de

COIonnes bagu6es. Comme le petit

logis du portier, tOu]OurS Pr6sent,

Cette COnStruCtion disparue datait

de la fin du XVIIe siecle.

Les chemins qui debouchent

d’Aubrives et de Vaucelles sur le

jardin ont 6t6 ouverts quelques

ann6es apres la c○nstruction du

Ch含teau. En 1570, les communaut6s

de ces villages, inquietes de ne pou-

VOir se mettre a l’abri en cas de

guerre, Offrent les trente bonniers

des trieux de l’Ou〕amOnt a Gilles de

Berlaimont pour obtenir l’ouverture

de deux portes supp16mentaires.

L’ambition de doter le chateau

d’un immense parc arbor6 et c16tu-

re・ dans le prolongement du 〕ardin,

aVOrte aVeC Sa mOrt Pr6maturee, en

157g.

I.e jardin。

Am6nage pour l’agrement

autour de bassins, depuis le XVIe

Siecle, il s'organise sur deux plans.

En bas, le buis dessine des al16es a

la frangalSe, mais la butte rocheuse,

ParCOurue Par un labyrinthe d’al-

16es et d’escaliers bord6 de buis-

SOnS Odorants, lui donne une touche

de fantaisie m6diterran6enne12.

Il a dd subir bien des avanies

quand les paysans des environs

Venaient s’y r台fugler 10rS des passa-

ges de troupes et des slegeS deCharlemont. Florent de Berlaimont

et son epouse, Marguerite deLalaing, Ont SOuVent franchi la

Petite porte fortifi6e qui mene al’6glise, COnStruite en 1579, les offi-

CeS maJeurS du culte catholique

n’6tant pas autorises dans leur cha-

pelle privee.

Le ch会teau

aux tro王s visages。

Avec ses courtines perc6es de

larges fen合tres, SOn jardin, Sa gra-

Cieuse fontaine, le chateau de Hier-

ges ressemble plus a une demeure

PnnCiere qu’a une forteresse.

Ses promoteurs, Charles et Gil-

les de Berlaimont, SOnt des aristo-

CrateS. A Charlemont, forteresse

rasante, d全ja enterr6e pour 6chap-

Per a l’artillerie, ils partagent la pro-

misculte d“une multltude de sou-

dards et d’ouvrlerS mal payes, mal

nourris- Une courte chevauch6e.

Par Foisches et la Cense La Haye,leur permet de se r6fugier dans ce

havre d61icieusement ouvert a la

lumle)re et au PanOrama d’une for全t

Otl les attire leur passion de la

Chasse.

Page 5: e chβteau de脇榊 - Vireux Rive Gauche · Des sGhisもe$ grOSSi台rement tail16s, des galets moraimqueS, quelques brlqueS Se nOient dans le mortier d6bordant d’une construc-tlOn

Les Berlaimont.

En 1470, Louis de BoしJrbon,台Veque de Liege, Parent de Charles le Tem6raire, remet Hierges a Lancelot (○= Anceau) de

BerIaImOnt, iojntain he「itie「 des Jauche quj tienne=t la seigneurie depu-S 1260.

Les Be「laimont, grande fam紺e du Hainaut, SOnt ies champiOnS des面6r合ts bourgulgnOnS dans l’Entre-Sambre-eトMeuse

-iegeois qul aSSure le fianc sud de la Belglque aCtueife’COntre la France・

En 1482, Gi=ette de Beriaimont h6rite de Hierges・ En f6vrier 1491, e=e est mariee, Par ia veuve du Tem6raire, a Louis

Ro冊d'Aimeries, grand-ba冊du Hainaut, Petiト佃s du chancelier de Bourgogne, fondateur des hospICeS de Beaune.

E=e se heurte inne fam用e帖egeoise, Ies Corswarem, PrOPrietaires d’une hypoth色que Sur Hierges datant de 1391. En

novembre 1505, BouiIIon et Ies La Marck’favorables aux Fran9aiS, eXPuisent G用ette de Hierges pour non-Palement de ses

dettes・ L’empereur MaximiIie=, Puis Charles Quint et sa sceur Marie de Hongrie, font tout pour rendre ce chateau strat6gique

aleur a帖ee, Ce quI eSt Obtenu en 1520. Les h6ritiers des Corswarem ne desarmant pas, G冊ette legitime son titre en obtena申

du pape, l’erection de Hierges en paroisse et de l’6veque de Liege, la cr6atIOn d’une folre. Ses appuIS ne doIVent PaS

masquer i,extraordinaire pug=aCit全de cette femme・ Au miiieu des guerres’elie est une des gra=des pe「sonnaIites de HIergeS・

A sa mort en 1545, elie I台gue Hierges a un cousin, G用es de Beriaimont. Mineur, ll est sous la tuteile de Charies de

Berlaimont, Selgneur de Beauraing, gOuVemeur de Namur, ChevaiIer de la Toison d’Or言InanCier de Charies Quint et de

P冊PPe l上Fidele abso山des EspagnoIs, On lui doit l’apostrophe de Gueux Iancee aux partisans de l’autonomle, dans la

guerre civ=e qu- Va raVager les Pays-Bas・ Apres les attaques fran?aiSeS de’1554-1558, " fait reconstruire le ch台teau de

Hierges pour son f=s qul ePOuSe Lamberte de Croy en 1564.

G用es de Berlaimont selOume SOUVent a Hierges. Pragmatique言I d台veloppe une grosse cense a AubrlVeS POur

approvisionner les gamisons des pIaces fortes voisines en fourrage et en chevaux. lmovateur, il y faIt auSSi eiever desdjndons, r6cemment venus d’Am6rIque. Homme de guerre- Monsieur‾de Hierges est tue devant Maastricht, en 」u用et 1579.

CathoIique, COmme le camp q両I d台fend Iors de ces guerres de Be=glOn同inet en chantier l’eg=se actue=e du v用age.

= est ie p「emier Baron de Hierges et le seuはporter ce titre avant tout autre. Faute de posterite, SOn frere, FIorent, herite

de ses droits. Les turpitudes d’une tr台s 」eune ePOUSe, Marguerite de LaIaing, Ob"gen=e coupie, disgracIe Par i’austere

「egence espagnole, a des se」OurS PrOIonges-et f6conds-a Hierges. Un enfant est plac6 chez une nourrice aAubrives ; PO=r

l’occasion, ils lui foumissent un iit du chateau. Veuve et vie冊ssante, la douai「iere Marguerite de Lalalng Se COnfjt en d台votion.

En 1627, elle vampirise Hierges de 15 000 fIorins pou「 fonder un monastere a BruxeIies・ Au chateau, un forgeron ne reeoit pas

un fiorin de gage par」Our de trava出La baromie ne compte que 248 chefs de fam用es, dont 147 manouvrlerS et 33 veuves, au

PIus 1 200 habitants !

Hjerges passe ensuite, Par Sa紬e, dans la fam用e d’Egmont, mais n’est pIus qu’un attribut parmi d’autres, nOn SanS

enJeuX. La place nous manque poしr les d6veiopper ici.

Champions des Bourgogne et de l’Espagne, les Be「laimont ont compris les enjeux de leur temps : les m全taux, les

fou「rages言a foret et le commerce. =s r全activent les mines de pIomb et de fer川s imposent des cens en avoine, muitip‥en口es

Prairies, d全pou用ent les communaut6s ruraies de leurs bois : en 1560, 11 ha contre le four bana上en 1570, 30 ha cont「e le

refuge au ch合teau ; en 1622, 15 ha pour payer des dettes de guerre川s rapinent les bateiie「s de la Meuse avec leurs winages.

Menant pourtant grand train言Is se paient le luxe de racheter a P「潮ppe ll d’Espagne, SUr qui ruissellen廿or e=’argent des

mines d’Am6rlque, la seIgneurie de Vireux-WaIierand e=e ba冊age de Givet. PeuトOn S’6tonner, aIors, que leur chateau,

m合me en ruines, bruisse de tout un pan d’histoire?

La grandeur de Hierges c’est a撃s=a vie quotIdienneト,de cqux qui ont v6cu a l’ombre de ses tours, COmme Cathe而e

Wattemeau, d,Aubrives, aCCuSee de〈 chames et mecha証es ma/ices pour avoir s台duit un v冊ageois. Vous promenant aux

abords du ch台teau, 6coutez_bien VOuS CrOirez entendre le 、Vent

Sanglots 6touffes ii y a quatre siecIe?:)

ur les ruines : en rea=t6. e=es Pleurent encore des

ノーへ、.. 、一

、埠  、・  享

¥′ -i

16

Lamberte de Croy-Roeulx, ePOUSe de GI↑Ies de BerlalmOnt. Ses

armoiries, martei色es en avr= 1792, figurent sur l’eglISe de Hierges

avec celIes de son mari dont e=e n’eut pas d’enfant. EIie est propre-

ment evincee de Hierges par son beau-frere, FIorent de BeriaimOnt,

apres la mort de son mari, C/icheANRB, Bruxe//es・

ち壇子中′隼/一‾‾フ一一

と∃/′

・メタ//・/書(′

運音容

Signatし嶋a=tOgraPhe de Gilles de Berlaimont (1 568). Mons/eUr de H/eIgeS

reconstruit le chateau紺occasion de son marlage aVeC Lamberte de Croy.

en 1 564. Catholique partiSan言I s’oppose pourtant au centraiisme des Espa‾

gno-s dans ies Pays-Bas. 1I est tu6 au sIege de MaastrlCht・ en 1579.

ArchIVeS dArenberg-Enghien・

.

-

-

-

~

1

-

-

.

,

 

-

 

-

.

-

-

-

 

Page 6: e chβteau de脇榊 - Vireux Rive Gauche · Des sGhisもe$ grOSSi台rement tail16s, des galets moraimqueS, quelques brlqueS Se nOient dans le mortier d6bordant d’une construc-tlOn

Pourtant, l’int6rieur de la haute-

COur n’est qu’un puits obscur, SanS

SOleil, malgr6 la destruction des

batiments qui reliaient le Petit

Quartier au don]On. Les meurtnereS

rappellent que ce ch含teau est aussi

COn9u COmme Premier 6chelon de la

d6fense en profondeur de Charle-

mont, les fermes-Chateaux des

environs constituant le second

5chelon.

Toutes portes cIoses, aVeC un

minimum de d6fenseurs, il peut

tenir t台te a toutes ces bandes de

Pillards qui r6dent en marge desarm6es amies ou ennemies. En

1583, une riche veuve de Vireux y

fait conduire une cassette pleine

d’or′ CarOn annOnCe lavenue dA」」e輸

mands. Au XVIHe si台cle, la seule

force de ses murs et de ses portes

CIoses r6siste aux assauts d’une

Centaine de soldats li6geois, Puis

des gardes nationaux de Givet13.

L’61egance magnifique des

appartements, d’une fac:ade et d’un

jardin ne contentent que le confort

du selgneur. Du plat pays, les su]etS

levent un regard anxieux sur les

tours orgueilleuses, les murs puis-

SantS, les barreaux de fer. IIs n’en

franchissent les portes que pour y

POrter la part de leur recolte qui

revient au selgneur, Ou POur y mOn-

ter une garde obligatoire.

IIs cralgnent auSSi de s’y trouver

PnSOnniers dans une cave, enChai-

n6s devant la c○ur de justice qui

Slege dans la tour nord-eSt. Ces

PlerreS Ont 6touff6 les hurlementsde malheureux soumis a des tortu-

res barbares. Des sentences terri-

bles y sont prononc6es. On dresse

le bdcher pour un sacrilege, On tran-

Che une tete sur le billot, On dresse

la potence. on 6trangle au garot, On

brise les membres sur une croix de

saint Andre14.

La R6volution n’exorcise pas

facilement des siecles de teireur

SaCralis6e. Ce ne sont pas les villa-

geois qui incendient le ch含teau en

1793,

Le pr6v6t, qui cherche a faire

disparaitre les traces de ses malver-

Sations avant d’6mlgrer, aCCuSe les

SOldats republicains16. Peu importe,

le duc d’Arenberg, qui reprend pos-

SeSSion des ruines en 1806, n’est

Plus represent6 par son pr6v6t,

mais par un simple reglSSeur. La

Selgneurie de Hierges a v6cu, le

grand domaine attend 1926 pour

etre demantele 10rS de folles encne-

reS‥.

Andr6 MAJ田WSK重.

asservies aux ho「izontales du Grand Quartier construit vers 156O, majs des encadrements de pie

bIeue t6molgnent enCOre de I’ancieme architecture.

NO丁巨S1 On trouve aussi Ouziamont ou OiSeaumOnt.

2 Voir TONGLE丁(B.),しa seigneurie ind6pendante Xi-XIle

Siecies, Namur 1992.

3 Archives d’Arenberg, Enghien (BeIgique). Le fond de Hier-

ges compte au moins trois lettres sIgn6es de Charles Quint.Hierges, un POint minuscule sur son immense emplre, eSt

une cause de tracas ma」eurS.

4 Nous n’avons malheureusement pas pu retrouver de docu-

ments sur ce sujet a Enghien. D’autres archives des Aren-

berg, demiers selgneurS de Hjerges, SOnt en C○urS de

d6poui=ement aux Archives du Royaume a BruxeIies.

5 Hierges devient fran?ais de 1680 a 1697, SOuS Loujs XiV,

PuiS " est rendu a Liege・ En 1772, il redevient fran?ais dans

Ie cadre d’un 6change de viilages avec Liege et l’Autriche.

6 Cette curieuse technique se retrouve dans ie ch合teau de

Jehay, PreS d’Amay, au Sud de Liege○ ○n attribue cedonjon

aux Corswarem, VerS 1510, mais nos archivesslgnaient une

briqueterie instaiI6e par G用ette de Berlaimont, donc quinze

a vingt anS Pius tard.

7 Expression utiiisee, au mOment de la Bevoiution, Par le

dernier prev6t de Hierges, POur designer les paysans des

8 Les montants de cette chemin6e se trouvent aujOurd’huj au

Premier 6tage du corps de garde. L’entabiement a「morie

OriglnaI a disparu.

9 AlamortdeG用esdeBerlaimont,en 1579,Oniicencietoute

Une arm6e de muietiers et de valets.

10 Aucun selgneurde Hiergesn’estinhumeaHierges ! Lepius

PrOChe, Jean de Jauche, l’est a la collegiale de MoIhain, en

1 359. Sa plerre tOmbale, localis6esous le chceur, a disparu,

11 L’obiigeance de M. De Witte de HaeIen, PrOPri6taire du

Chateau, nOuS a Permis de visiter ces conduits avec des

6ieves du co嶋ge de Vireux pouren comprendre lefonction-

nement du c6t6du Petit Quartier. Nous y avons retrouv台un

double-denier de Namur datant de 1578.

12 Sur le sommet de cette butte devait s’6iever le donjon

PrImitifdefendant lefosse et le murde barrage.Au debut duXilIe siecIe, aVeC la c「eation du mouiin et du chemin d’a「会te,

ie donjon bascule al’autre extremite.

13 #擢惚罷能都鰯盤諾塙端縫de H/er‾

14 Disposant de la haute 」uStice言e seigneur de Hierges peut

PrOnOnCer des pemeS CaPitaies. La popuiation est m冊ai「e-

ment requISe POUr aSSiste「 a l’ex6cution. La haute-COur eSt

COmPOS6e de quatre “」UgeurS” nommes par le seigneu「 qui

la pr6side. En realjte, le prev6t detient le pouvoir effectif.

15 VoirDeIa Meuseal,Ardenne, nO14, OP,Cit.

17