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www.lemonde.fr 58 ANNÉE – N” 17739 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE --- FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI MERCREDI 6 FÉVRIER 2002 Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 35 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 14 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $. AVEC George Clooney dans un rôle tenu en 1960 par Frank Sinatra, le nou- veau film de Steven Soder- bergh, Ocean’s Eleven reprend l’histoire d’un fric- frac d’anthologie et la mène à la réussite, avec une pléia- de hollywoodienne où figure Julia Roberts. Dans 8 Fem- mes, jeu de rôle sous forme de comédie policière, le réali- sateur François Ozon jongle avec l’histoire du cinéma et avec l’amour des stars. Lire pages 30 à 33 LA MANIÈRE dont la mort de Pierre Bourdieu a été annoncée et commentée dans les médias, le 24 janvier, à la mi-journée, était instructive. Quelques minutes en fin de journal, insistance – comme s’il s’agissait de l’alliance incongrue, désormais impensable, de ces deux mots – sur « l’intellectuel engagé ». Par-dessus tout, le ton des journalis- tes révélait beaucoup : celui du res- pect éloigné, de l’hommage distant et convenu. A l’évidence, par-delà le ressentiment qu’ils avaient pu concevoir vis-à-vis de celui qui avait dénoncé les règles du jeu médiati- que, Pierre Bourdieu n’était pas des leurs. Et le décalage apparaissait immense entre le discours entendu et la tristesse, qui, au même moment, envahissait des milliers de gens, des chercheurs et des étu- diants, des enseignants, mais aussi des hommes et des femmes de tous horizons, pour qui la découverte des travaux de Pierre Bourdieu a constitué un tournant dans leur per- ception du monde et dans leur vie. Lire dans les années 1970 Les Héri- tiers, La Reproduction, plus tard La Distinction, c’était – c’est toujours – ressentir un choc ontologique vio- lent. J’emploie à dessein ce terme d’ontologique : l’être qu’on croyait être n’est plus le même, la vision qu’on avait de soi et des autres dans la société se déchire, notre place, nos goûts, rien n’est plus naturel, allant de soi dans le fonctionne- ment des choses apparemment les plus ordinaires de la vie. Et, pour peu qu’on soit issu soi- même des couches sociales domi- nées, l’accord intellectuel qu’on donne aux analyses rigoureuses de Bourdieu se double du sentiment de l’évidence vécue, de la véracité de la théorie en quelque sorte garan- tie par l’expérience : on ne peut, par exemple, refuser la réalité de la violence symbolique lorsque, soi et ses proches, on l’a subie. Lire la suite page 16 George, Julia et les autres DIDIER SCHULLER, ex-con- seiller général RPR des Hauts-de- Seine, en fuite depuis 1995, devait arriver à Paris, mardi 5 février en début d’après-midi, à bord d’un vol régulier en provenance de Saint-Domingue. Dès son arrivée sur le sol français, il devait être pré- senté au juge d’instruction de Cré- teil, Philippe Vandigenen, chargé d’enquêter sur les HLM des Hauts- de-Seine, dont le fugitif avait été le directeur général de 1986 à 1994. Sa mise en examen pour « recel d’abus de biens sociaux » et pour « trafic d’influence » devait lui être notifiée. Objet d’un mandat d’arrêt inter- national et d’une demande d’extra- dition, Didier Schuller est rentré en France de son propre chef. Interrogé par Le Monde peu avant son départ de Saint-Domingue, il s’est étonné des réactions violen- tes de certains de ses amis politi- ques qui, tel Alain Juppé, voient dans son retour une manipulation organisée par les dirigeants socia- listes. « De quoi ont-ils si peur ?, nous a-t-il déclaré. Je ne cherche à jouer aucun jeu particulier dans l’élection présidentielle. Je ne rentre pas pour “balancer” untel ou untel, seulement pour me défendre et sor- tir du piège, passer à autre chose. Je ne reviens pas pour régler des comp- tes, mais pour rendre des comptes. » Dans un entretien au Monde, François Hollande, premier secré- taire du PS, affirme qu’il n’y a « que le RPR pour imaginer une manipulation » dans cette affaire. « Le retour de M. Schuller servira la justice, et personne d’autre », ajou- te-t-il. La présidente du RPR, Michèle Alliot-Marie, affirme au contraire que « le retour de Didier Schuller est le premier acte de cam- pagne des socialistes ». Lire page 6 International.............. 2 Union européenne.... 5 France ......................... 6 Société ...................... 10 Régions...................... 13 Carnet ....................... 14 Abonnements .......... 14 Horizons .................... 15 Entreprises ............... 19 Communication ...... 22 Marchés .................... 23 Aujourd’hui .............. 25 Météorologie........... 29 Jeux........................... 29 Culture ..................... 30 Radio-Télévision...... 35 GEORGE W. BUSH a présenté, lundi 4 février au Congrès, un projet de budget pour 2003 marqué par la guerre contre le terrorisme et dans lequel il demande la plus forte aug- mentation des dépenses militaires américaines depuis la présidence de Ronald Reagan, au début des années 1980. Ce budget offre au Pen- tagone une enveloppe de 379 mil- liards de dollars, soit une hausse de 15 % (48 milliards) par rapport à 2002. Aux dépenses militaires pro- prement dites, largement supérieu- res déjà à celles des Quinze, s’ajou- tent les crédits consacrés à la protec- tion du territoire, qui doublent, pour atteindre 38 milliards. Le nouvel effort de guerre porte notamment sur la construction d’avions sans pilote (appareils de surveillance ou de tir largement utili- sés en Afghanistan), la conversion de quatre sous-marins de type Tri- dent en unités d’intervention armées de missiles de croisière et pouvant transporter des forces spé- ciales, et la production d’engins de précision guidés au laser. Il est peu probable que ces nouveaux crédits militaires soient contestés par l’op- position démocrate. Face à cette surpuissance militai- re américaine, le secrétaire général de l’OTAN, Lord Robertson, enjoint aux alliés européens d’augmenter leurs budgets consacrés à la défense et à la sécurité afin d’éviter un désé- quilibre et une crise dans les rela- tions transatlantiques. Il avait déplo- ré récemment que l’Europe demeu- rât « un Pygmée militaire ». Dans un entretien au Monde, François Heis- bourg, président de la Fondation pour la recherche stratégique, cons- tate que les Etats-Unis dépensent quatre fois plus que les Quinze en recherche et développement. Si cet- te tendance se poursuit, estime-t-il, « les Européens auront de moins en moins les moyens de peser sur les déci- sions américaines ». Lire page 2 PÉKIN de notre correspondant Ce fut un samedi riche en épousailles. Dès le début de la matinée, les cortèges de limousines ornées de bouquets de fleurs et de ballons rouges (couleur du bonheur) ont sillonné les grands axes de Pékin. Ce fut un vrai ballet le long de l’avenue Chang’an, l’artère centrale bordée d’immeubles d’acier et de verre, puis autour de la place Tianan- men. « On va avoir beaucoup de travail aujour- d’hui, dit un policier au quotidien Pékin-Soir. On ne va quand même pas laisser les mariés bloqués dans les bouchons ! » Jamais la Chine ne s’était autant mariée que ce samedi-là. Une flambée de noces ! Les salles de banquet des hôtels avaient dû être réservées de longs mois à l’avance. Certains établissements ont abrité six cérémonies en même temps. Cette fièvre maritale a été une aubaine pour les agences spécialisées, comme La Maison pourpre ou L’Amour de la vie, dont les chiffres d’affaires ont explosé. Les marchands des hongbao (enveloppes rouges dans lesquelles on glisse des billets) ont aussi été à la fête : leurs ventes ont doublé. Sans compter les guirlandes de pétards ou les sacs de bonbons qui se sont arrachés. La Chine s’est donc mariée comme un seul cou- ple, car pointe le nez du cheval, dont l’année débu- te le 12 février. Or le cheval, septième rameau ter- restre dans l’horoscope chinois, n’offre point d’heureux auspices aux nouveaux mariés. C’est un très mauvais cru conjugal. A en croire la coutu- me, l’année du Cheval est l’« année de la veuve ». On la qualifie aussi d’« année sans printemps » car, selon le calendrier lunaire, le printemps est censé débuter cette année-là le 4 février, soit avant l’en- trée dans l’année du Cheval proprement dite. Or une « année sans printemps », c’est une année sans amour, bref une année maudite. Autant se presser pour s’unir dare-dare avant. Et quel meilleur jour que ce samedi 2 février ? La Chine raf- fole des symboles associés aux chiffres. Et cette jolie date – 2-2-2002 – compte beaucoup de 2, un joli présage pour le couple. Il faut remonter à l’année 2000 pour voir le zodiaque chinois influer à ce point sur le carnet rose. C’était l’année du Dragon. Aux vertus prê- tées à l’animal – énergie, puissance – s’était ajou- tée l’arrivée du nouveau millénaire (notion certes grégorienne). L’an 2000 fut donc faste en enfante- ments, car un bébé dragon – et estampillé mille- nium ! – est forcément né sous la bonne étoile. Les maternités enregistrèrent un bond de 30 % de naissances. Les couples hésitants avaient subite- ment décidé d’accélérer les préparatifs nuptiaux. D’autant que la rumeur – infondée – avait couru que les bébés dragons du nouveau millénaire rece- vraient un passeport – un privilège en Chine. Il fal- lait donc bien calculer pour tomber pile (après le 5 février 2000). Cela plaçait la conception autour de mai 1999. Avant cette date, il y eut une vague d’avortements pour réajuster l’erreur de program- mation. Et, après, il y eut des césariennes pour que le bébé tardif soit bien dragon et non serpent (24 janvier 2001), une étoile moins gratifiante. Le matérialisme dialectique se porte décidément fort mal en Chine. Frédéric Bobin a Bourdieu, le chagrin par Annie Ernaux . APRÈS AVOIR visité dix-sept sites dans douze régions et entendu quatre cents témoins, la commis- sion d’enquête parlementaire sur la sécurité des installations industriel- les a dénoncé, mardi 5 février, les pratiques dans les installations industrielles à risques. L’accident de l’usine AZF à Toulouse (photo)a montré les risques du recours à une sous-traitance en cascade. Lire page 19 PRIX DE LA PEUGEOT 206 en euros, hors taxe Source : Commission européenne 7 182 8 848 9 547 10 035 Danemark France All. R.-U. / . ./« » AUTOMOBILE Bruxelles stimule la concurrence p. 2 MONDIALISATION Réunions antagonistes à New York et Porto Alegre p. 4 et 22 et notre éditorial p. 18 PRÉSIDENTIELLE Le débat Mamère-Le Pen p. 8 SYNCHROTRON A Saclay, Soleil produira sa première lumière en 2006 p. 25 HOMOPARENTALITÉ Agnès, lesbienne, Thierry, homosexuel, et leur petite fille. Portrait de famille p. 15 UNION EUROPÉENNE La directive Vilvorde sur la vie des entreprises p. 5 CUISINE Gastronomie chinoise et vietnamienne p. 28 SUICIDES Les conséquences des licenciements et du harcèlement moral p. 10 FOOTBALL Les déboires de Calais p. 27 Le gigantisme militaire de Bush Le budget américain de la défense pour 2003 augmente de 48 milliards de dollars. Ces crédits atteignent 379 milliards et représentent plus du double des dépenses militaires européennes Flambée de noces en Chine avant l’« année sans printemps », donc sans amour Entreprises à hauts risques Didier Schuller : « De quoi ont-ils si peur ? »

e Le gigantisme militaire de Bush

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Page 1: e Le gigantisme militaire de Bush

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58 ANNÉE – Nº 17739 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE --- FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIMERCREDI 6 FÉVRIER 2002

Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 35 DA, Allemagne 1,50 ¤, Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤,Luxembourg 1,20 ¤,Maroc 10 DH, Norvège 14 KRN, Pays-Bas 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $.

AVEC George Clooneydans un rôle tenu en 1960par Frank Sinatra, le nou-veau film de Steven Soder-bergh, Ocean’s Elevenreprend l’histoire d’un fric-frac d’anthologie et la mèneà la réussite, avec une pléia-de hollywoodienne où figureJulia Roberts. Dans 8 Fem-mes, jeu de rôle sous formede comédie policière, le réali-sateur François Ozon jongleavec l’histoire du cinéma etavec l’amour des stars. Lire pages 30 à 33

LA MANIÈRE dont la mort dePierre Bourdieu a été annoncée etcommentée dans les médias, le24 janvier, à la mi-journée, étaitinstructive. Quelques minutes enfin de journal, insistance – commes’il s’agissait de l’alliance incongrue,désormais impensable, de ces deuxmots – sur « l’intellectuel engagé ».Par-dessus tout, le ton des journalis-tes révélait beaucoup : celui du res-pect éloigné, de l’hommage distantet convenu. A l’évidence, par-delàle ressentiment qu’ils avaient puconcevoir vis-à-vis de celui qui avaitdénoncé les règles du jeu médiati-que, Pierre Bourdieu n’était pas desleurs. Et le décalage apparaissaitimmense entre le discours entendu

et la tristesse, qui, au mêmemoment, envahissait des milliers degens, des chercheurs et des étu-diants, des enseignants, mais aussides hommes et des femmes de toushorizons, pour qui la découvertedes travaux de Pierre Bourdieu aconstitué un tournant dans leur per-ception du monde et dans leur vie.

Lire dans les années 1970 Les Héri-tiers, La Reproduction, plus tard LaDistinction, c’était – c’est toujours –ressentir un choc ontologique vio-lent. J’emploie à dessein ce termed’ontologique : l’être qu’on croyaitêtre n’est plus le même, la visionqu’on avait de soi et des autres dansla société se déchire, notre place,nos goûts, rien n’est plus naturel,

allant de soi dans le fonctionne-ment des choses apparemment lesplus ordinaires de la vie.

Et, pour peu qu’on soit issu soi-même des couches sociales domi-nées, l’accord intellectuel qu’ondonne aux analyses rigoureuses deBourdieu se double du sentimentde l’évidence vécue, de la véracitéde la théorie en quelque sorte garan-tie par l’expérience : on ne peut, parexemple, refuser la réalité de laviolence symbolique lorsque, soi etses proches, on l’a subie.

Lire la suite page 16

George,Juliaet les autres

DIDIER SCHULLER, ex-con-seiller général RPR des Hauts-de-Seine, en fuite depuis 1995, devaitarriver à Paris, mardi 5 février endébut d’après-midi, à bord d’unvol régulier en provenance deSaint-Domingue. Dès son arrivéesur le sol français, il devait être pré-senté au juge d’instruction de Cré-teil, Philippe Vandigenen, chargéd’enquêter sur les HLM des Hauts-de-Seine, dont le fugitif avait été ledirecteur général de 1986 à 1994.Sa mise en examen pour « receld’abus de biens sociaux » et pour« trafic d’influence » devait lui êtrenotifiée.

Objet d’un mandat d’arrêt inter-national et d’une demande d’extra-dition, Didier Schuller est rentréen France de son propre chef.Interrogé par Le Monde peu avantson départ de Saint-Domingue, ils’est étonné des réactions violen-tes de certains de ses amis politi-ques qui, tel Alain Juppé, voientdans son retour une manipulationorganisée par les dirigeants socia-listes. « De quoi ont-ils si peur ?,nous a-t-il déclaré. Je ne cherche àjouer aucun jeu particulier dansl’élection présidentielle. Je ne rentrepas pour “balancer” untel ou untel,seulement pour me défendre et sor-

tir du piège, passer à autre chose. Jene reviens pas pour régler des comp-tes, mais pour rendre des comptes. »

Dans un entretien au Monde,François Hollande, premier secré-taire du PS, affirme qu’il n’y a« que le RPR pour imaginer unemanipulation » dans cette affaire.« Le retour de M. Schuller servira lajustice, et personne d’autre », ajou-te-t-il. La présidente du RPR,Michèle Alliot-Marie, affirme aucontraire que « le retour de DidierSchuller est le premier acte de cam-pagne des socialistes ».

Lire page 6

International.............. 2Union européenne.... 5France......................... 6Société ...................... 10Régions...................... 13Carnet ....................... 14Abonnements .......... 14Horizons.................... 15

Entreprises ............... 19Communication ...... 22Marchés.................... 23Aujourd’hui.............. 25Météorologie........... 29Jeux........................... 29Culture ..................... 30Radio-Télévision...... 35

GEORGE W. BUSH a présenté,lundi 4 février au Congrès, un projetde budget pour 2003 marqué par laguerre contre le terrorisme et danslequel il demande la plus forte aug-mentation des dépenses militairesaméricaines depuis la présidence deRonald Reagan, au début desannées 1980. Ce budget offre au Pen-tagone une enveloppe de 379 mil-liards de dollars, soit une hausse de15 % (48 milliards) par rapport à2002. Aux dépenses militaires pro-prement dites, largement supérieu-res déjà à celles des Quinze, s’ajou-tent les crédits consacrés à la protec-tion du territoire, qui doublent,pour atteindre 38 milliards.

Le nouvel effort de guerre portenotamment sur la constructiond’avions sans pilote (appareils desurveillance ou de tir largement utili-sés en Afghanistan), la conversionde quatre sous-marins de type Tri-dent en unités d’interventionarmées de missiles de croisière etpouvant transporter des forces spé-

ciales, et la production d’engins deprécision guidés au laser. Il est peuprobable que ces nouveaux créditsmilitaires soient contestés par l’op-position démocrate.

Face à cette surpuissance militai-re américaine, le secrétaire généralde l’OTAN, Lord Robertson, enjointaux alliés européens d’augmenterleurs budgets consacrés à la défenseet à la sécurité afin d’éviter un désé-quilibre et une crise dans les rela-tions transatlantiques. Il avait déplo-ré récemment que l’Europe demeu-rât « un Pygmée militaire ». Dans unentretien au Monde, François Heis-bourg, président de la Fondationpour la recherche stratégique, cons-tate que les Etats-Unis dépensentquatre fois plus que les Quinze enrecherche et développement. Si cet-te tendance se poursuit, estime-t-il,« les Européens auront de moins enmoins les moyens de peser sur les déci-sions américaines ».

Lire page 2

PÉKINde notre correspondant

Ce fut un samedi riche en épousailles. Dès ledébut de la matinée, les cortèges de limousinesornées de bouquets de fleurs et de ballons rouges(couleur du bonheur) ont sillonné les grands axesde Pékin. Ce fut un vrai ballet le long de l’avenueChang’an, l’artère centrale bordée d’immeublesd’acier et de verre, puis autour de la place Tianan-men. « On va avoir beaucoup de travail aujour-d’hui, dit un policier au quotidien Pékin-Soir. On neva quand même pas laisser les mariés bloqués dansles bouchons ! »

Jamais la Chine ne s’était autant mariée que cesamedi-là. Une flambée de noces ! Les salles debanquet des hôtels avaient dû être réservées delongs mois à l’avance. Certains établissementsont abrité six cérémonies en même temps. Cettefièvre maritale a été une aubaine pour les agencesspécialisées, comme La Maison pourpre ouL’Amour de la vie, dont les chiffres d’affaires ontexplosé. Les marchands des hongbao (enveloppesrouges dans lesquelles on glisse des billets) ont

aussi été à la fête : leurs ventes ont doublé. Sanscompter les guirlandes de pétards ou les sacs debonbons qui se sont arrachés.

La Chine s’est donc mariée comme un seul cou-ple, car pointe le nez du cheval, dont l’année débu-te le 12 février. Or le cheval, septième rameau ter-restre dans l’horoscope chinois, n’offre pointd’heureux auspices aux nouveaux mariés. C’estun très mauvais cru conjugal. A en croire la coutu-me, l’année du Cheval est l’« année de la veuve ».On la qualifie aussi d’« année sans printemps » car,selon le calendrier lunaire, le printemps est censédébuter cette année-là le 4 février, soit avant l’en-trée dans l’année du Cheval proprement dite. Orune « année sans printemps », c’est une annéesans amour, bref une année maudite. Autant sepresser pour s’unir dare-dare avant. Et quelmeilleur jour que ce samedi 2 février ? La Chine raf-fole des symboles associés aux chiffres. Et cettejolie date – 2-2-2002 – compte beaucoup de 2, unjoli présage pour le couple.

Il faut remonter à l’année 2000 pour voir lezodiaque chinois influer à ce point sur le carnet

rose. C’était l’année du Dragon. Aux vertus prê-tées à l’animal – énergie, puissance – s’était ajou-tée l’arrivée du nouveau millénaire (notion certesgrégorienne). L’an 2000 fut donc faste en enfante-ments, car un bébé dragon – et estampillé mille-nium ! – est forcément né sous la bonne étoile.Les maternités enregistrèrent un bond de 30 % denaissances. Les couples hésitants avaient subite-ment décidé d’accélérer les préparatifs nuptiaux.D’autant que la rumeur – infondée – avait couruque les bébés dragons du nouveau millénaire rece-vraient un passeport – un privilège en Chine. Il fal-lait donc bien calculer pour tomber pile (après le5 février 2000). Cela plaçait la conception autourde mai 1999. Avant cette date, il y eut une vagued’avortements pour réajuster l’erreur de program-mation. Et, après, il y eut des césariennes pour quele bébé tardif soit bien dragon et non serpent(24 janvier 2001), une étoile moins gratifiante. Lematérialisme dialectique se porte décidément fortmal en Chine.

Frédéric Bobin

a

Bourdieu, le chagrinpar Annie Ernaux

.

APRÈS AVOIR visité dix-septsites dans douze régions et entenduquatre cents témoins, la commis-sion d’enquête parlementaire sur lasécurité des installations industriel-les a dénoncé, mardi 5 février, lespratiques dans les installationsindustrielles à risques. L’accident del’usine AZF à Toulouse (photo) amontré les risques du recours à unesous-traitance en cascade.

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PRIX DE LA PEUGEOT 206

en euros, hors taxe

Source : Commission européenne

718

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5Danemark

FranceAll. R.-U

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AUTOMOBILEBruxelles stimulela concurrence p. 2

MONDIALISATIONRéunions antagonistesà New Yorket Porto Alegre p. 4 et 22 et notre éditorial p. 18

PRÉSIDENTIELLELe débatMamère-Le Pen p. 8

SYNCHROTRONA Saclay, Soleilproduira sa premièrelumière en 2006 p. 25

HOMOPARENTALITÉAgnès, lesbienne,Thierry, homosexuel,et leur petite fille.Portrait de famille p. 15

UNION EUROPÉENNELa directive Vilvordesur la viedes entreprises p. 5

CUISINEGastronomie chinoiseet vietnamienne p. 28

SUICIDESLes conséquencesdes licenciements et duharcèlement moral p. 10

FOOTBALLLes déboiresde Calais p. 27

Le gigantisme militaire de BushLe budget américain de la défense pour 2003 augmente de 48 milliards de dollars. Ces créditsatteignent 379 milliards et représentent plus du double des dépenses militaires européennes

Flambée de noces en Chine avant l’« année sans printemps », donc sans amour

Entreprises àhauts risques

Didier Schuller : « De quoi ont-ils si peur ? »

Page 2: e Le gigantisme militaire de Bush

Les Pays-Bas préfèrent le futur avion JSF américain

George Bush propose la plus forte augmentation des crédits militaires depuis vingt ans

BRUXELLESde notre bureau européen

Les Pays-Bas se préparent-ils àasséner un mauvais coup à ladéfense européenne en choisissantun avion de chasse américain, suc-cesseur du F-16 ? Même si elle étéreportée deux fois, leur décision des’engager derrière la firme Loc-kheed plutôt qu’avec leurs parte-naires des Quinze ne fait plus guè-re de doute. Seules des questionsfinancières et certaines opposi-tions au sein du gouvernement deWim Kok ralentissent le processus.

Le 1er février, le premier ministre aestimé que le Joint Strike Fighter(JSF), qui sera produit à partir de2010, présentait un bon rapportqualité-prix et s’avérait être lemeilleur appareil du moment. LeRafale français et l’EurofighterTyphoon, lancé par un consortiumréunissant l’Allemagne, l’Espagne,

l’Italie et la Grande-Bretagneseraient donc hors jeu dans la cour-se pour le renouvellement de85 chasseurs de la force aérienneroyale. Lundi, à La Haye, le ministredes affaires étrangères français,Hubert Védrine, a toutefois dit qu’ilespérait encore que les Néerlandaischoisiraient le Rafale, faisant ainsi« un geste européen très important ».

« Si la position néerlandaise n’estpas revue, la tentative américained’endiguer la volonté européenned’autonomie aura réussi », commen-te le Belge Armand De Decker,ancien président de la commissionde la défense de l’Union de l’Euro-pe occidentale (UEO). Les représen-tants d’autres pays jugent tout aus-si durement les Pays-Bas. Dès 1998,les militaires néerlandais parais-saient avoir opté pour un appareilprésenté comme le plus adapté àleurs futures missions et doté d’une

qualité majeure : il serait quasimentinvisible pour les radars. Autreatout de la firme Lockheed : sonfutur avion devrait être le moinscher du marché. Quelque 39,5 mil-lions d’euros l’unité (52,9 pour unEurofighter, 59,4 pour un Rafale).Ces prix sont provisoires : les Euro-péens pourraient les revoir à la bais-se tandis que Lockheed risque dedevoir les augmenter.

D’importantes retombées pourl’industrie nationale en cas de par-ticipation au programme d’étudeet de développement de l’avionsont attendues. Des sources néer-landaises indiquent que Lockheedaurait promis jusqu’à 9 milliardsd’euros de retombées économi-ques aux Pays-Bas, à conditionque 4 500 exemplaires de l’appa-reil soient vendus dans le monde.

Jean-Pierre Stroobants

WASHINGTONde notre correspondant

George W. Bush veut augmenterle budget militaire des Etats-Unis,qui est déjà supérieur, à lui seul, auxdépenses des quinze autres pays lesplus armés de la planète. Dans sonprojet de budget pour 2003, rendupublic lundi 4 février, le présidentpropose de porter les crédits de ladéfense à 379 milliards de dollars(près de 420 milliards d’euros), soitune augmentation de 48 milliardsde dollars par rapport à 2002.

Il faut remonter au début de laprésidence de Ronald Reagan, en1981, pour trouver une augmenta-tion comparable. Aux dépenses mili-taires s’ajoutent les sommes consa-crées à la protection du territoire,qui doublent pour atteindre 38 mil-liards. Le budget proposé est, autotal, de 2 130 milliards de dollars.

Selon le Pentagone, la part deces crédits supplémentaires desti-née à la guerre contre le terrorismes’élève à 9,4 milliards de dollars,mais cette somme recouvre en faitles moyens consacrés à prévenir denouveaux attentats. Au-delà, laguerre au sens large, telle queM. Bush l’a présentée dans son dis-

cours sur l’état de l’Union, le 29 jan-vier, absorbera davantage de res-sources. Un milliard de dollars, parexemple, sera consacré aux avionssans pilote, appareils de surveillan-ce, de reconnaissance ou de tir misen vedette par les opérations enAfghanistan. Un autre milliard sup-plémentaire sera employé à conver-tir quatre sous-marins de type Tri-dent, équipés jusqu’à maintenantde missiles nucléaires, en unitésd’intervention armées de missiles

de croisière et pouvant transporterdes forces spéciales. La productiond’engins de précision, guidés parlaser ou autrement, va être aug-mentée pour un coût, là aussi, de1 milliard de dollars.

Au total, estime Michael O’Han-lon, spécialiste des questions stra-tégiques à la Brookings Institu-tion, ce sont environ 20 milliardsde dollars de crédits militaires nou-veaux qui peuvent être considéréscomme liés à la menace terroriste.

Donald Rumsfeld, le secrétaire à ladéfense, a affirmé, lundi, que cettedotation a toute chance de se révé-ler rapidement insuffisante. Pource qui est de la sécurité du territoi-re américain, les moyens qui luisont attribués comportent unedizaine de milliards affectés à lasurveillance des frontières et prèsde 6 milliards consacrés à la protec-tion contre le bioterrorisme.

Les projections du gouverne-ment prévoient une augmentation

des dépenses militaires de 423 mil-liards de dollars entre 2002 et 2007.Dans le projet de M. Bush pour2003, le programme de défense anti-missiles est compté pour 7,8 mil-liards de dollars, comme en 2002.En revanche, d’autres programmessont en expansion, prévoyantnotamment le remplacement denombreux avions de combat, debombardement et de transport, ain-si que la construction de sous-marins et de navires de surface.

Ivan Eland, directeur des études

de défense au très libéral Cato Ins-titute, estime que le gouverne-ment fait la part trop belle aux inté-rêts de l’industrie de l’armementet que les besoins de la lutte con-tre le terrorisme pourraient êtrecouverts, sans augmentation dubudget, « par exemple en fermantplus vite des bases et en ne renouve-lant pas des armements conçuspour la guerre froide ».

Il est peu probable, toutefois, queles crédits de la défense et de la pro-tection du territoire soient contes-tés au Congrès. Les accents mar-tiaux du président Bush, venu pré-

senter son budget militaire devantles aviateurs de la base d’Elgin, enFloride, n’étaient pas nécessaires s’ils’agissait de rallier les démocrates àl’effort de guerre. L’enjeu, en réali-té, pour le président et pour sonéquipe, est d’affronter l’oppositionsur l’ensemble d’un projet de bud-get destiné à l’année fiscale 2003 etdont personne n’imagine qu’il puis-se être voté par les deux Chambresavant les élections de novembre.

Présenté comme un « budget detemps de guerre » par le directeur dubudget, Mitchell Daniels, quidépend de la Maison Blanche, ceprojet table sur un déficit de 106 mil-liards de dollars en 2002 et de 80 mil-liards en 2003. Non seulement il neremet pas en question les baissesd’impôts votées en 2001, mais iltient pour acquises celles quedemande M. Bush dans le plan desoutien de l’activité refusé aujour-d’hui par la majorité démocrate duSénat. Il propose même d’en ajou-ter d’autres, en 2003, en utilisant lesrecettes du système de retraite parrépartition et de l’aide médicalepour couvrir les dépenses fédérales.

Patrick Jarreau

Le président Bush a présenté, lundi 4 février, son projetde budget. Une priorité est donnée à la défense, dontles crédits s’élèvent à 379 milliards de dollars (près de420 milliards d’euros). Cette de

15 % est la plus forte jamais enregistrée depuis vingtans. L’accent est mis sur la - et sur la sécurité intérieure, mais aussi sur larecherche et le développement de nouveaux arme-

ments. L’effort américain contraste avec la de défense européens et la difficultéde développer une politique commune. « L’Europe, unpygmée militaire », assure le secrétaire général de

l’OTAN. A terme, ce pourrait menacerl’organisation de défense transatlantique dans cesprincipales missions. Les Européens ne cachent plusleur malaise face à la surpuissance américaine.

BRUXELLESde notre bureau européen

Une Amérique surpuissante quirelance son effort de défense ; uneEurope aux capacités militaires limi-tées. Le lien transatlantique entreles Etats-Unis et l’Union européen-ne est menacé d’une double crise.La première est une crise demoyens. George W. Bush a présen-té, lundi 4 février, un projet de bud-get marqué par une forte progres-sion des dépenses militaires : 15 %d’augmentation, la plus forte haus-se enregistrée depuis vingt ans,avec 379 milliards de dollars (prèsde 420 milliards d’euros) consacrésà la défense. Cet effort creuse enco-re un peu plus l’écart entre les Etats-Unis et l’Europe et accroît un fossétechnologique dont on voit malcomment les Etats européens pour-raient le combler.

La deuxième crise est conceptuel-le et politique. Comme enivrés parses succès dans la lutte contreAl-Qaida en Afghanistan, les Etats-Unis ont fait savoir qu’ils estimentne pas avoir besoin d’un mandatinternational pour porter le fer con-tre d’autres pays accusés de soute-nir le terrorisme. La conférenceinternationale sur la sécurité, quis’est tenue ce week-end à Munich,a clairement montré l’étendue desdivergences entre Américains etEuropéens sur la stratégie assignéeà la coalition internationale contrele terrorisme.

L’Europe dépense insuffisam-ment pour sa défense, au risque dene pas être un partenaire crédible,au risque surtout de ne pas se don-ner les moyens militaires de ses pro-pres ambitions. Ce diagnostic n’est

guère contesté. George Roberson,le secrétaire général de l’OTAN, necesse d’enjoindre les pays de l’Al-liance atlantique, et singulièrementles Européens, à augmenter leursbudgets militaires. Le mois dernier,en Suède, il choisissait de hausserle ton : « L’Europe reste un Pygméemilitaire », assénait-il.

Il n’a donc éprouvé aucune diffi-culté, lors de la conférence sur lasécurité, à abonder dans le sens de

Paul Wolfowitz, le « numéro deux »du Pentagone, qui s’est égalementplaint de l’absence d’ambition desEuropéens. Or il est à craindre quecelle-ci soit un phénomène durable.Les chiffres parlent d’eux-mêmes.Le budget moyen des dépenses mili-taires des cinq plus grands payseuropéens (Allemagne, France,Grande-Bretagne, Italie, Espagne)représente 1,41 % de leur produitintérieur brut (PIB), soit 323 euros

par Européen, comparé à 2,8 % duPIB aux Etats-Unis, soit l’équivalentde 1 029 euros par Américain..

Or cette tendance ne semble pasprête de se renverser. En dépit desprojets pour développer une politi-que de défense européenne, il estdifficile de faire admettre auxcitoyens européens non seulementl’urgence d’une augmentation descrédits militaires, mais égalementde mettre en commun leurs

moyens disponibles. Du coup, lefossé ne cesse de se creuser, ennombre de forces et sur le plan tech-nologique, entre les deux côtés del’Atlantique.

Pour la première fois aussi nette-ment, le secrétaire général del’OTAN a, lors de la conférence deMunich, renvoyé la balle dans lecamp de Washington. « Les Etats-Unis doivent faire bien plus aussi (…),en facilitant le processus de moderni-sation de la défense européenne ; enallégeant les restrictions en matière

de transfert de technologies et de co-opération industrielle », a-t-il souli-gné. En clair, l’Amérique doit cesserde mettre des bâtons dans les rouesdes Européens lorsque ceux-ci veu-lent avoir accès à certaines techno-logies américaines, ou s’efforcentde lancer des projets susceptiblesde concurrencer les armementsaméricains.

Les Quinze éprouvent les plusgrandes difficultés à faire aboutir leprojet d’avion de transport militai-re Airbus A-400M, mais il faut rap-peler que les Américains ont toutfait pour le torpiller. De même, lesefforts du Pentagone pour convain-cre les Européens de renoncer à

toute « duplication » des moyensde l’OTAN seraient mieux reçus siles intéressés n’avaient pas laconviction que l’Amérique entend,par ce biais, protéger les intérêts deson industrie de défense.

Quatre mois après les attentatsdu 11 septembre, la revendicationpar les Américains d’un leadershipinconditionnel suscite un malaisecroissant des Européens. La majori-té des pays européens ne sontnotamment pas prêts à prendrepour argent comptant la croisadede Washington contre cet « axe dumal » dénoncé par le présidentBush : c’est-à-dire l’Irak, l’Iran et laCorée du Nord.

« Nous avons été attaqués, nousn’avons besoin d’aucune résolutiondes Nations unies pour cette affaired’autodéfense », a estimé M. Wol-fowitz, avant d’ajouter que les pays« doivent faire un choix »…c’est-à-dire se ranger aux côtés del’Amérique. Ce manichéisme a étépeu apprécié. Lord Robertson arejeté la volonté américaine debâtir « différentes coalitions pour dif-férentes missions », et a rappelé, fai-sant référence à l’OTAN, qu’une« coalition permanente est meilleurequ’une coalition provisoire ».

La crise d’identité de l’Allianceatlantique avait été accrue par ladécision de Washington de ne pasfaire appel à l’OTAN dans la guerred’Afghanistan. L’effort de défensedécidé par George Bush comme ladécision de l’administration améri-caine de privilégier des coalitions àgéométrie variable accentuentencore le malaise européen.

Laurent Zecchini

1 Président de la Fondation pour

la recherche stratégique, pensez-

vous que le fossé technologique

entre les Etats-Unis et l’Europe soit

inéluctable ?Il l’est dès lors que les Etats-

Unis dépensent quatre fois plusque les membres de l’Union euro-péenne en recherche et dévelop-pement : 10 milliards de dollarspar an pour les Européens, 40 mil-liards pour les Etats-Unis quiseront 50 milliards l’année pro-chaine. Si les Européens conti-nuent à ce rythme, l’avenir estécrit. Ce qui est en jeu, c’est lacapacité de l’Europe à travailleravec les Américains, alors que l’in-teropérabilité diminue, et la possi-bilité pour elle de peser sur lesdécisions américaines.

2 L’écart technologique risque-t-il

d’affaiblir le lien transatlantique ?C’est un facteur aggravant qui

s’ajoute aux autres pour réduirele rôle de l’OTAN et l’étroitesse ducouplage entre les deux rives del’Atlantique. Il accentue la tendan-ce à une division du travail entreles Etats-Unis, qui s’occupent desgrosses opérations, cependantque les Européens, selon l’expres-sion de l’ancien chef d’état-majoraméricain Shelton, « aident lesvieilles dames à traverser la rue àPristina ». Cette division du travailest très corrosive pour l’Allianceatlantique. A partir du momentoù l’interopérabilité devient deplus en plus difficile, la tendancedes Américains à ne pas utiliserl’OTAN s’en trouve accrue.

3 Les Européens sont-ils condam-

nés à être les « harkis » des

Etats-Unis ?Je ne pense pas que l’Union euro-

péenne, avec 375 millions d’habi-tants et 20 % du PIB mondial puisse

jouer un rôle aussi effacé que… laSuisse. Ce n’est pas une option. Encas de défi stratégique grave, auProche-Orient par exemple, les Euro-péens ne peuvent pas se contenterde s’en remettre aux Etats-Unis etpar ailleurs assumer les tâches dePetersberg en Bosnie. Ceux quis’imaginent que le repli stratégiqueest une option risquent d’être rapi-dement démentis par les faits.

Il faut donc augmenter l’efficaci-té des dépenses militaires des Etatseuropéens et augmenter ces dépen-ses elles-mêmes. Il ne s’agit pas desuivre les Etats-Unis au dollar prèsmais de ne pas en rester àl’avant-11 septembre. L’Europe faitdes efforts pour être en mesure defaire ce que l’OTAN faisait en1995. Elle prépare l’avant-dernièreguerre.

Propos recueillis parDaniel Vernet

Etats-Unis et Europe : le grand écart des budgets de défenseGeorge Bush a annoncé, lundi 4 février, un effort redoublé en matière militaire avec un budget en hausse de 15 % qui, à lui seul, dépasse largement

tous ceux des pays de l’Union européenne. Ce fossé grandissant met à mal l’OTAN et une politique de sécurité des Quinze encore embryonnaire

I N T E R N A T I O N A La l l i a n c e a t l a n t i q u e

Le budget 2003 marque certaines priorités qui sontconfirmées dans les « projections » du Pentagone surles cinq années prochaines.b Les rémunérations et la couverture sociale. Si leseffectifs du Pentagone restent fixés à 1,4 milliond’hommes et de femmes, les crédits alloués auxsoldes (94,3 milliards de dollars, soit 105 milliardsd’euros) progressent de 12,3 %, notamment au profitdes officiers, avec, en revanche, une baisse, de l’ordrede 1,6 %, du budget de la construction, par l’Etat, delogements attribués aux militaires ou ducofinancement de leurs loyers.b Le fonctionnement quotidien des unités. Les créditsattribués aux opérations, à l’entraînement des forceset à l’entretien des matériels (150,4 milliards dedollars) augmentent de 22,7 %. Les armées

américaines ont, en effet, besoin de renouveler ou decompléter tout ou partie des stocks de « drones » dereconnaissance ou de munitions utilisés enAfghanistan, à commencer par des bombes à guidagesatellitaire ou laser.b La recherche et le développement des équipements.Le Pentagone consacre à ce poste 53,9 milliards dedollars, soit une hausse de 10 %. Ce poste inclut lesinvestissements liés au programme de défenseantimissile (inchangés par rapport aux dépenses de2002). Il prévoit des crédits importants en faveur de la« furtivité » des avions, de la propulsion silencieusedes navires ou des systèmes de communications.Quatre groupes industriels majeurs, Lockheed Martin,Boeing, Northrop Grumman et General Dynamics, separtagent l’essentiel des crédits.

DEUX TENDANCES OPPOSÉES

32,5

31,9

25,4

19,9

6,9

5,5

5,6

4,9

3,1

2,3

2,2

1,5

1,4

0,8

0,1

1998 1999 2000 2001

1998 1999 2000 2001

(en milliards de dollars)

2001... en Europe

Budgets de la défense...

... des Etats-Unis* et des Quinze

... de trois puissances européennes

Royaume-Uni

France

Allemagne

Italie

Espagne

Pays-Bas

Grèce

Suède

Belgique

Danemark

Portugal

Autriche

Finlande

Irlande

Luxembourg

180,5

279,7

38,6

37,1

31,834,5

42

38,8

31,934 ,6

28,8

35

155,7168,5

292,2 300,5

* budget 2002: 331 milliards/2003 : 379 milliards $

310,5Etats-unis

144,4U.E. 15

32,5Roy.-Uni

31,9France

France

25,4Allemagne

France 1,77 % du PIB,

soit 418 ¤ /hab.

Grande-Bretagne2,3 % du PIB,

soit 529 ¤/hab.

Allemagne 1,14 % duPIB, soit 281 ¤/hab.

Italie 0,88 % du PIB,

soit 202 ¤/hab.

Espagne 0,96 % du PIB,soit 323 ¤/hab.

Moyenne des 5Européens 1,41 % du

PIB, soit 323 ¤

par Européen.

Etats-Unis 2,8 % duPIB, soit 1029

équivalent eurospar Américain

Effort de défenseen 2000

Les budgets par pays n'ont pas le même contenu. Ainsi, des Etats incluent leurs forces paramilitaires (comme la gendarmerie en Francequand d'autres les recensent au titre du ministère de l'intérieur. De même, les taxes nationales qui grèvent les budgets d'équipement variend'un pays à l'autre. Enfin le poste "étude/recherche/développement"des Etats est ou non complété par l'apport financier des entreprises

Les trois grandes priorités du budget selon le Pentagone

La revendication

américaine

d’un leadership

inconditionel

suscite un malaise

2/LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002

Page 3: e Le gigantisme militaire de Bush

LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002/3

WASHINGTON. La Turquie s’est vu accorder, lundi 4 février, par leFonds monétaire international (FMI) un prêt de 16 milliards de dollars(près de 17,8 milliards d’euros) sur trois ans, censé l’aider à faire face àla plus grave crise économique de son histoire. Ce prêt, qui s’ajouteaux 20 milliards de dollars reçus par Ankara depuis 1999, facilitera leremboursement de la dette (équivalent à 100 % du produit intérieurbrut) dans un contexte où la livre turque a perdu 50 % de sa valeur etoù l’inflation croît.Confrontée en 2002 à un remboursement de 5,6 milliards de dollarsau FMI, la Turquie recevra prochainement 9 milliards de dollars sur lanouvelle ligne de crédit. Cet accord entre la Turquie et l’institutionfinancière internationale est le dix-huitième du genre. – (Bloomberg.)

Israël accusé d’avoir tuécinq militants palestiniensRAMALLAH. Cinq militants palestiniens, dont quatre membres de labranche armée du Front démocratique de libération de la Palestine(FDLP), ont été tués, lundi 4 février, dans l’explosion de leur voituredans la bande de Gaza. Dans un communiqué, la direction palestinien-ne a accusé « le gouvernement Sharon d’avoir fait exploser la situation,qui était calme dans la bande de Gaza ces dernières semaines, en assassi-nant cinq Palestiniens par des tirs de missiles d’hélicoptères Apache ».« Cette action traduit la volonté de Sharon de poursuivre sa politiqued’assassinats dans le cadre d’une stratégie destinée à tuer le processus depaix », a déclaré le ministre palestinien de l’information, Yasser AbedRabbo. L’armée israélienne s’est abstenue de tout commentaire, maisle quotidien israélien Haaretz a affirmé qu’il s’agissait bien d’une« opération de liquidation israélienne ».Dénoncée par les organisations des droits de l’homme et dans le mon-de, la politique israélienne d’assassinats de militants présumés a coûtéla vie à quelque 80 Palestiniens depuis novembre 2000. Depuis ledébut de l’Intifada, fin septembre 2000, il y a eu 1 179 tués, dont906 Palestiniens et 251 Israéliens. – (AFP.)

a GÉORGIE : des experts de l’Agence internationale de l’énergie ato-mique (AIEA), basée à Vienne, ont récupéré deux cylindres haute-ment radioactifs découverts en décembre 2001 dans une forêtd’Abkhazie, République sécessionniste de Géorgie. Les cyclindresavaient été découverts début décembre par trois bûcherons du villagede Lia, près de la frontière abkhazo-géorgienne. Les trois hommesont depuis été contaminés, le plus sérieusement touché devant êtretransféré dans un hôpital à l’étranger. L’AIEA a confirmé avoir récupé-ré, dimanche 3 février, les deux cylindres et a dépêché des experts àTbilissi afin de réfléchir, avec les autorités locales, aux moyens de ren-forcer la sécurité nucléaire dans cette ex-République soviétique.– (Reuters.)

En Asie du Sud-Est, liens visibles entre terrorisme régional et Al-Qaida

/

Agé de 64 ans, AbuBakar Baasyir dirigeune école coraniquede 1 600pensionnaires àproximité de Solo,dans le centre deJava. « Je ne suis pasmembre d’Al-Qaida,mais je respecte lalutte d’Oussama BenLaden », a-t-ildéclaré le 24 janvieraprès avoir étéinterrogé, pour lapremière fois, par lapolice indonésienne.

MANILLEde notre envoyé spécial

Abu Bakar Baasyir ne paie pas demine. Cet ouléma indonésien à l’allu-re de sage est pourtant soupçonnépar les services de sécurité de Singa-pour d’être à la tête d’un réseau ter-roriste régional, le Jemaah Islamiyah(Groupe islamique, GI), dont desmilitants ont été arrêtés ces derniè-res semaines dans la petite île-Etat,en Malaisie et aux Philippines. Lesservices de renseignement de cestrois pays semblent même convain-cus que le GI appartient à la nébuleu-se d’Al-Qaida. Baasyir le dément,mais ne cache pas son admirationpour Oussama Ben Laden.

Intercepté le 15 janvier à Manillesur un tuyau de la police singapou-rienne, Fathur Rohman Al-Ghozi,expert en explosifs, a étudié six ans,de 1983 à 1989, dans le pensionnatcoranique dirigé par Baasyir à Java.Selon sa famille, il est réapparu en1995 en compagnie d’une épousemalaisienne, en affirmant qu’ilavait passé tout ce temps au Pakis-tan. D’autres anciens élèves de Baa-syir figurent parmi les treize mem-bres du GI arrêtés en décembre àSingapour alors qu’ils préparaient,selon la police, des attentats contrela chancellerie américaine et du per-sonnel militaire américain.

’Toujours selon Singapour, Al-Gho-

zi, dont le nom de guerre seraitMike, s’est rendu en octobre 2001dans la cité-Etat, en compagnie d’unKoweïtien appelé Sammy et aujour-d’hui en fuite, pour donner l’ordre depasser aux actes à la cellule du GIconcernée. Un autre membre de cegroupe serait Muhammad Yar AliKhan, Singapourien d’origine pakis-tanaise, qui a brusquement quittéSingapour le 4 octobre et a été arrêtépar l’Alliance de Nord, en Afghanis-tan, où une vidéo tournée sur les pré-paratifs des attentats a été retrouvée.

Des dizaines d’arrestations ontaussi eu lieu en Malaisie, où ladirection du GI, fondé en 1995,était installée. Après avoir passéquatre ans dans les geôles de Suhar-to, pour avoir prêché un Etat islami-que en Indonésie, Baasyir, aliasAbdussamad, s’est réfugié en Malai-sie en 1985 où il a opéré pendantplusieurs années aux côtés d’autresprédicateurs islamistes. Revenu enIndonésie en 1999, un an après lachute de Suharto, il y a fondé l’an-née suivante le Conseil indonésiendes moudjahidins (MMI) et, à cetitre, a présidé, à la mi-janvier àYogyakarta, un séminaire public enfaveur d’un Etat islamiste.

Les services de sécurité régionauxsont loin d’avoir démêlé l’écheveaude ce terrorisme. Mais des liens avecAl-Qaida ne font guère de doute.Des centaines de militants d’Asie duSud-Est ont été entraînés en Afgha-nistan dans les camps de Ben Laden.L’un des dirigeants du GI, un ancienofficier de l’armée malaisienneaujourd’hui sous les verrous, a étél’hôte voilà deux ans de deux mem-bres du commando qui a détourné

un avion de ligne sur les bâtimentsdu Pentagone. Cet ancien capitainea aussi accueilli à deux reprises, en2000, Zacarias Moussaoui, le Fran-çais interné aux Etats-Unis enliaison avec les attaques du 11 sep-tembre. L’original de la vidéo retrou-vée en Afghanistan a été découvertà la mi-janvier à Singapour lorsd’une fouille chez l’un des treize indi-vidus arrêtés en décembre.

-La coopération entre terroristes

régionaux est devenue, pour sapart, l’évidence. Les aveux de l’In-donésien Al-Ghozi ont permis ladécouverte d’une cache d’explosifsdans le sud musulman des Philippi-nes et l’arrestation de quatre mem-bres présumés du Front moro isla-mique de libération (FMIL) – cedernier dément cette filiation.

Le FMIL, qui a signé un cessez-le-feu avec Manille en août, a hébergédes instructeurs venus du Proche-Orient et d’Asie centrale dans soncamp d’entraînement d’Abubakar, àMindanao, avant son occupation parl’armée philippine en 2000. Al-Gho-

zi, également un ancien instructeurdu FMIL, était chargé de transféreren Malaisie des explosifs et a recon-nu être impliqué dans une série d’ex-plosions attribuées au FMIL, qui ontfait, en décembre 2000, 19 morts etdes blessés dans des églises chrétien-nes aux Philippines.

Les polices de la région sont désor-mais convaincues que le MMI deBaasyir et les Laskar Jihad – un mou-vement armé qui attaque les chré-tiens aux Moluques et aux Célèbes –,sont liés à Al-Qaida. Mais, jusqu’ici,personne n’a été arrêté en Indonésieen liaison avec ce terrorisme régio-nal. L’une des raisons de la présencemilitaire américaine aux Philippinesserait d’adresser un message dedétermination aux autorités indoné-siennes. Pour sa part, Baasyir esti-me que Singapour, qui joue unrôle-clé dans la lutte antiterroriste,est « l’esclave » des Etats-Unis, etle vieux prédicateur ne semble pass’inquiéter outre mesure d’éven-tuelles suites à son interrogatoirepar la police indonésienne.

Jean-Claude Pomonti

PHNOM PENHde notre envoyé spécial

Le déroulement de premièresélections communales au Cambod-ge semble avoir fait un nombre suf-fisant de satisfaits pour éviter lacontestation des résultats et les vio-lences qui ont suivi le scrutin législa-tif de 1998. Les observateurs inter-nationaux devraient donc, moyen-nant quelques réserves, donnerleur aval à une opération électoralequi s’est déroulée, le 3 février, dansun calme relatif.

Premier heureux : le Parti du peu-ple cambodgien (PPC). Héritier durégime instauré sous protection mili-taire vietnamienne dans les années1980, le PPC domine, depuis l’inter-

vention de l’ONU (1991-1993). Char-gé de l’administration locale depuis lachute des Khmers rouges en 1979, leparti du premier ministre Hun Sendevrait conserver, selon des résultatspartiels, le contrôle d’environ 1 600communes sur 1 621. Sa base restedonc solide en vue des législatives de2003, même s’il devra s’accommoder,fait nouveau, de minorités parfoissubstantielles d’opposants au sein decertains conseils communaux.

Le chef de l’opposition, Sam Rain-sy, à la tête du Parti Sam Rainsy(PSR), s’est dit prêt à accepter lerésultat des urnes pour peu que lacommunauté internationale en fas-se autant, alors qu’il avait pris, voilàquatre ans, la tête de manifesta-

tions contre une « fraude électoralemassive ». Sauf si le tableau desabus se révèle « très sombre », SamRainsy se contentera des « petitsgains » réalisés dimanche.

Le mouvement royaliste

Funcinpec est victime d’un tasse-ment sensible, notamment à PhnomPenh et dans des provinces peuplées(Kompong Cham, Kandal). Devenuen 1998 partenaire minoritaire d’ungouvernement qu’il ne contrôleplus, mais dont il ne s’est pas démar-qué, le mouvement a mené une cam-pagne passive, laissant au PSR ladénonciation de la corruption dupouvoir. Le prince Norodom Rana-

riddh, qui préside le Funcinpec, arefusé de parler de « défaite » et rap-pelé que le « parti des princes »demeure la « deuxième force politi-que » du royaume.

Selon les premières indications, lePPC aurait en effet obtenu plus de60 % des suffrages exprimés (41 %en 1998), le Funcinpec plus de 20 %(au lieu de 31 %) et le PSR moins de20 % (contre 14 %). Autant dire quele PPC reste solidement ancré aupouvoir et que le vote pour le PSRtraduit une insatisfaction face à lalenteur des progrès réalisés par leCambodge depuis qu’il a renoué, en1998, avec la paix.

J.-C. P.

MOSCOUde notre correspondante

« La Russie a sa propre appro-che », titrait, mardi 5 février, le quoti-dien Kommersant, au lendemain dela visite à Kaboul du ministre russedes affaires étrangères, Igor Ivanov,première apparition en Afghanistand’un haut responsable russe depuisle retrait des troupes soviétiques en1989. Les commentateurs, à Mos-cou, le répètent à la moindre occa-sion : en dépit de l’alliance contre leterrorisme, Moscou a dans la régionune vision des choses sensiblementdifférente de celle des Américains.L’accent est mis sur les rapportsétroits tissés au fil des ans par lesRusses avec la composante tadjikeau sein du gouvernement intérimai-re afghan. Tandis que, à l’inverse, lechef du cabinet afghan, Hamid Kar-zaï, d’origine pachtoune, est perçupar les responsables russes commel’homme des Américains.

La visite de M. Ivanov a été l’occa-sion d’annoncer la prochaine venue àMoscou (le 10 février) du ministreafghan de la défense, le généralMohammed Fahim, ancien brasdroit d’Ahmed Chah Massoud, dontl’armée russe soutenait les opéra-tions contre les talibans à partir duTadjikistan. D’autres « figures-clés dugouvernement afghan » pourraient

elles aussi faire le voyage de Moscou,selon l’agence Interfax : le ministrede l’intérieur, Younès Kanouni, et leministre des affaires étrangères,Abdullah. Une visite de M. Karzaïinterviendrait en mars. Moscou vise-rait, selon les commentateurs, à facili-ter l’ascension d’un « groupe pro-rus-se » au sein de l’équipe dirigeanteafghane. Kaboul « comprend la néces-

sité que la Russie joue un rôle impor-tant », a déclaré M. Ivanov.

Moscou entend participer à l’ef-fort de reconstruction de l’Afgha-nistan, a-t-il affirmé. Selon un offi-ciel russe, cela prendrait la formed’une « réhabilitation des projetsentamés par l’Union soviétique enAfghanistan » de 1979 à 1989(réseaux et centrales électriques,

routes). Mais, sur le plan financier,la Russie reste en retrait. Lors de laconférence de Tokyo, où les Etatsoccidentaux ont promis une assis-tance de 4,5 milliards de dollars àl’Afghanistan, Moscou ne s’estengagé sur aucune somme.

Le ministre russe avait aupara-vant visité l’Inde, où ont été réaffir-més les liens importants entre Mos-

cou et Delhi. La Russie est le princi-pal fournisseur en armes de l’Inde(les contrats militaires en courss’élèvent à 11 milliards d’euros,selon Kommersant). Face aux criti-ques américaines contre l’Iran, Mos-cou cherche aussi à faire entendreune différence. « Il faut identifier lesmenaces réelles, et non les dangersimaginaires », a déclaré, lundi, le

premier ministre russe Mikhaïl Kas-sianov, qui rencontrait ce jour-làGeorge W. Bush à Washington.

La Russie a sa propre liste depays représentant une menace ter-roriste, a de son côté indiqué leministre russe de la défense, Ser-gueï Ivanov, en visite à Rome, évo-quant « les nombreux partisansd’un islam radical, agressif, ayantsuivi des formations dans des insti-tuts islamiques d’Arabie saoudite,d’Egypte et du Pakistan ».

’La présence depuis quatre mois

de soldats américains en Asie cen-trale n’est pas remise en cause par leKremlin, mais suscite régulièrementdes sautes d’humeur du côté desmilitaires russes. Moscou compteaussi suivre de près l’évolution desquestions énergétiques dans larégion, comme l’ont montré lesrécentes visites en Russie des prési-dents azerbaïdjanais et turkmène(où il a été question de former « unealliance euro-asiatique des produc-teurs de gaz »), ainsi que la relancedes efforts pour un partage des res-sources de la mer Caspienne, dansle but de perpétuer une exportationdu pétrole le long de tracés russes.

Natalie Nougayrède

Le FMI accorde 16 milliardsde dollars à la Turquie

« A la demande du président de la République et du premier ministre, Ber-nard-Henri Lévy effectuera prochainement une mission en Afghanistan, aannoncé le Quai d’Orsay, lundi 4 février. Cette mission permettra notam-ment de préciser les attentes et les besoins du peuple afghan et de contribuerainsi à adapter la coopération culturelle que la France peut lui apporter ».L’écrivain avait publié en 1998 dans nos colonnes un portrait du comman-dant Ahmed Chah Massoud, qu’il avait rencontré dans son fief du Panchir(Le Monde du 13 octobre 1998) et dans lequel le chef de guerre lui faisait partde son rêve de participer à la « reconstruction d’un Afghanistan libre » débar-rassé des talibans.

Bernard-Henri Lévy « en mission » afghane

Au Cambodge, les élections communales confortent Hun SenLe scrutin s’est déroulé sans les incidents survenus après les législatives de 1998

La Russie cherche à se constituer une clientèledans la future administration de l’Afghanistan

Moscou conserve ses propres conceptions de la menace islamiste en Asie centrale

I N T E R N A T I O N A L

Page 4: e Le gigantisme militaire de Bush

4/LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002

Le Forum de Porto Alegre s’est achevé sur la condamnation tous azimuts des Etats-Unis

PORTO ALEGREde nos envoyés spéciaux

L’onde de choc de l’effondrement destours du World Trade Center n’a d’évidenceguère ébranlé l’antiaméricanisme à fleur depeau de la grande majorité des quelque 5 000participants au 2e Forum social mondial, quis’est achevé lundi 4 février à Porto Alegre, siè-ge déjà désigné de l’édition 2003. « Le 11 sep-tembre a produit un changement radical.Après les attaques terroristes – que nouscondamnons comme nous condamnons toutesles attaques contre les civils partout ailleursdans le monde –, le gouvernement des Etats-Unis et ses alliés ont lancé une opération militai-re massive au nom de la guerre contre le terro-risme. (…) La guerre terroriste contre l’Afghanis-tan est en train de s’étendre sur d’autres fronts.C’est le début d’une guerre planétaire perma-nente pour consolider la domination du gouver-nement américain et de ses alliés. Cette guerrerévèle une autre face du néolibéralisme, bruta-le et inacceptable », déclarent les représen-tants de mouvements sociaux d’une centainede pays, dans un « appel » en 16 points auxallures de déclaration finale officieuse, diffu-sé à la fin du Forum.

« Dans ses efforts pour protéger les intérêtsdes grandes compagnies, poursuit le texte, legouvernement américain a tourné le dos avec

arrogance aux négociations sur l’effet de serre,au traité ABM [Anti-Ballistic Missile] de 1972,à la Convention sur la biodiversité, à laConvention de l’ONU sur le racisme, et a mon-tré, une fois de plus, qu’il résolvait unilatérale-ment les problèmes mondiaux. » Presque tousles thèmes abordés dans les conférences etateliers (dette des pays pauvres, commercemondial, zone de libre-échange desAmériques prévue pour 2005, organisationsmultilatérales, environnement, biodiversité,organismes génétiquement modifiés, etc.)ont débouché sur la condamnation de lapolitique de l’administration Bush et desmultinationales américaines.

Deux Prix Nobel de la Paix se sont fait les

porte-parole des critiques tous azimuts adres-sées aux Etats-Unis. « Aujourd’hui, les armesont gagné, les bombes ont gagné, l’absence dedialogue a gagné et, pour cette raison, les orga-nisations qui pourraient garantir une média-tion ont été affaiblies », a affirmé la Guatémal-tèque Rigoberta Menchu (lauréate en 1992)en se référant aux Nations unies. L’ArgentinAdolfo Perez Esquivel (1980) a renchéri :« [L’ONU] est un organisme soumis au pouvoirhégémonique des Etats-Unis, dont le but estd’être un tribunal militaire pour pourchasser

ceux qu’ils définissent comme étant des terro-ristes ». Il a par ailleurs dénoncé la volonté deWashington de « remilitariser le continent sud-américain » par le biais du Plan Colombie delutte contre le narcotrafic. Le linguiste et mili-

tant politique américain Noam Chomsky apourfendu l’escalade militaire intervenueaprès le 11 septembre, estimant qu’on avait« utilisé » les attentats pour augmenter lebudget de la défense, « ce qui n’a rien à voiravec le terrorisme ».

Les organisations multilatérales, considé-rées comme inféodées aux Etats-Unis, ontégalement constitué des cibles toutes dési-gnées. Tenu pour responsable de la failliteargentine, le Fonds monétaire international(FMI) a catalysé les attaques contre le fonc-tionnement du système financier mondial,qui favorise toutes les dérives spéculatives,notamment les retraits massifs de capitaux àl’origine des crises asiatique, russe et brési-

lienne entre 1997 et 1999. Pour le députéeuropéen Harlem Désir (PS), intervenant auForum parlementaire mondial (plus de 1000élus de 40 pays), le réseau international encours de formation doit permettre « d’exer-cer une pression simultanée tant sur les pays duNord que sur ceux du Sud pour (…) obliger lesgouvernements à s’engager sur une taxe inter-nationale » sur les transactions financières.

Charles Josselin, secrétaire d’Etat à la coo-pération, a d’ailleurs annoncé que la Franceproposerait l’adoption d’une telle mesurelors de la Conférence sur le financement dudéveloppement, qui aura lieu le 22 mars àMonterrey (Mexique). Quant à l’Organisa-tion mondiale du commerce (OMC), selon leMalaisien Martin Khor, de Third WorldNetwork, elle « ne soutient pas le libre-échan-ge, bien qu’elle ait obligé les pays pauvres àouvrir leurs économies au libéralisme, mais estun levier de protectionnisme des pays riches ».

Dans le même esprit, Eric Toussaint, duComité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM), a rappelé que cette créan-ce totalise 2 000 milliards de dollars, alorsque celle des Etats-Unis atteint, à elle seule,5 000 milliards de dollars.

Babette Sternet Jean-Jacques Sévilla

ANTANANARIVOde notre envoyé spécial

« Premier tour di vita ! (le premiertour suffit !) » Pendant sept heures,sous un soleil de plomb, puis sousle déluge, des centaines de milliersde Malgaches ont repris ce slogan,lundi 4 février, sur la place du13-Mai, au cœur d’Antananarivo.Pourquoi aller au second tour del’élection présidentielle puisque, ilsen sont sûrs, leur candidat, MarcRavalomanana, a obtenu dès le16 décembre 2001, la majorité abso-lue face au président sortant,Didier Ratsiraka ? Comme la semai-ne précédente, mais encore plusnombreux, les manifestants ontexprimé, dans une ambiance bonenfant, leur refus du « hold-up élec-toral » que constituent, selon eux,les résultats officiels proclamés parla Haute Cour constitutionnelle(HCC), le 25 janvier.

Crédité officiellement de 46,25 %des suffrages contre 40,89 % à sonadversaire, le maire d’Antananari-vo s’estime élu à plus de 52 %. Sespartisans ont à nouveau réclaméune confrontation entre les procès-verbaux recueillis par le candidatdans la quasi-totalité des16 500 bureaux de vote du pays etceux sur lesquels s’est fondée laHCC : « On découvrirait qu’il y a eu,cette fois-ci, une tricherie à grandeéchelle », affirme l’ancien prési-dent Norbert Ratsirahonana, l’unde ses plus importants soutienspolitiques. Cependant, le Consor-tium des observateurs des élec-tions, une structure indépendantefinancée par plusieurs pays occi-dentaux, est moins formel quant àune victoire de M. Ravalomananadès le premier tour. « Selon nous, ila obtenu 50,49 % des voix, expliquesa présidente, Madeleine Ramaholi-mihaso. Mais j’ai toujours mis unbémol à ce résultat, car il ne porteque sur 12 212 procès-verbaux, fau-te d’avoir pu être présents partout. »Une projection statistique, nonpubliée, situerait Marc Ravaloma-nana à 48,15 %.

« »En attendant une hypothétique

comparaison des procès-verbaux,l’opposant fait chaque jour un peuplus la démonstration de sa force,en particulier dans la ville qu’il diri-ge depuis deux ans. Après la trêvedu week-end, la grève générale arepris de plus belle. Depuis lundi,l’aéroport est à nouveau paralysé,les banques fermées, les usines etles bureaux désertés, y compris cer-tains ministères et administrations.Ayant prouvé sa capacité à remplirles rues de « Tana », M. Ravaloma-nana veut désormais montrer qu’ilpeut aussi les vider. « Demain, res-tez chez vous, n’allez pas travailler,ne venez pas manifester, faisons deTana une ville morte ! », a-t-il lancéà l’immense foule. Un changementde stratégie destiné à « démontrerque le peuple malgache exécute lesordres que je lui donne ».

Au cours de sa harangue, il aexhorté les militaires à « prendreleurs responsabilités ». Il a aussi dra-matisé la situation : « Quelqu’un enveut à ma vie », a-t-il déclaré, stig-matisant « des gens dominés par lesténèbres et par Satan ». Rien nesemble pourtant justifier pareillecrainte, tant les manifestationssont bonhommes : lundi, la foules’est à nouveau dispersée sans inci-dent, alors que les forces de l’ordrerestaient étonnamment invisibles.

Politiquement, la position deM. Ravalomanana paraît plus pré-caire. En refusant l’hypothèse d’unsecond tour que la communautéinternationale appelle de ses vœux,il s’est engagé dans une impasse,dont il devra sortir avant le9 février. Ce jour-là marquera eneffet le début de la campagne offi-cielle pour le second tour, fixé au24 février. Peut-il laisser Didier Rat-siraka s’y présenter seul ? C’est aus-si le 9 février que s’achève le man-dat du président sortant. De part etd’autre, les états-majors échafau-dent de nombreux scénarios pourla période de transition qui vas’ouvrir. M. Ravalomanana, fort du« vote de la rue », en profitera-t-ilpour s’autoproclamer président ?« On verra », se contente-t-il dedire, tandis que son entourageparle d’une « semaine cruciale ».

Jean-Jacques Bozonnet

« LE SEUL domaine dans lequella part de l’Afrique dans le mondeaugmente est sa population », obser-ve l’OCDE dans une étude détailléesur les Perspectives économiques enAfrique, publiée mardi 5 février àParis. La démographie mise à part,note le rapport, le bilan du conti-nent noir apparaît décevant : sonpoids dans le PIB (Produit intérieurbrut) mondial a diminué d’un tiersenviron entre 1995 et 2000 ; sa partdans les exportations a été diviséepar trois ; les investisseurs interna-tionaux la boudent.

Seul avantage de cet isolement :l’Afrique est peu sensible aux aléasde la conjoncture internationale.Un tel éloignement fait que lesauteurs de l’étude prévoient pour2002 une croissance proche de3,2 % en 2002 pour l’Afrique dansson ensemble (y compris leMaghreb et l’Egypte) malgré la for-te chute d’activité attendue dansles pays industrialisés. Pour des rai-sons politiques, l’Afrique centralese situera en deçà de ce chiffre, pro-nostiquent-ils, tandis que la chutedes cours du pétrole pèsera sur lespays producteurs de brut (Nigeria,Angola, Gabon).

Analysant les performances éco-nomiques des pays africainsentre 1995 et 2000, l’OCDE en con-clut que le niveau de vie de près de

90 % de la population s’est légère-ment amélioré (de l’ordre de 1,8 %par an) malgré la croissance démo-graphique. Une analyse plus finemet cependant en évidence descontrastes très forts. Au Nigeria eten Afrique du Sud, les deux « poidslourds économiques » de l’Afrique,le nombre total de pauvres accuseune augmentation depuis 1999.C’est probablement vrai égale-ment en Afrique centrale, unerégion où les données fiables fontdéfaut. Il y a « des pays qui progres-sent et d’autres qui régressent danschaque région du continent [mais]les pays qui progressent ne sont mal-

heureusement pas toujours lesmêmes, de telle sorte que les succèsrencontrés ici ou là sont marquéspar une grande fragilité », résumele rapport.

L’étude de l’OCDE s’intéresse à

l’impact du sida sur le continentnoir. Il est surtout très importanten Afrique australe où l’espérancede vie a chuté de six années, et dra-matique dans certains pays de larégion. Au Bostwana et au Mozam-bique, « l’espérance de vie est main-tenant inférieure à 40 ans », alorsqu’elle dépasse 70 ans à Maurice.

En l’absence du sida, note lesauteurs, « l’espérance de vie seraitaujourd’hui en Afrique australe del’ordre de 59 ans, soit 16 ans de plusque la réalité ».

Les conséquences économiquesde la pandémie n’ont pas fait jus-qu’ici l’objet d’une étude globale.L’OCDE se contente de se référer àdes travaux antérieurs pour rappe-ler que le sida pèse sur la croissan-ce économique en même tempsqu’il aggrave la pauvreté. Menéesau Botswana et en Namibie – deuxpays fortement touchés – des étu-des concluaient récemment qu’uneréduction de moitié de la croissan-ce était prévisible entre 2000 et2015. Face à ce désastre en vue,seuls deux pays, rappellentl’OCDE, ont développé des politi-ques de prévention : l’Ouganda etle Sénégal.

La réduction de la pauvreté pas-se également par une meilleureéducation. Les auteurs du rapportmettent l’accent sur les différencesde résultats enregistrés d’un pays àl’autre. Elles s’expliquent moins,estiment-ils, par l’importance dessommes investies que par l’emploiqui en est fait. « D’une manièregénérale, les succès les plus marquéssont obtenus par les pays qui misentsur la scolarisation primaire et quiont une approche décentralisée de

l’organisation de l’enseignement »,écrivent-ils.

Les pays africains, conclutl’OCDE, ne doivent pas attendreleur salut des pays industrialisés ;l’aide au développement se réduitcomme peau de chagrin ; lesaccords commerciaux préférentielsont un impact limité et les mécanis-mes de réduction de dettes, outrela lenteur des procédures, ne sontpas la panacée. Observant le peude résultat des programmes d’inté-gration régionale menée ces derniè-res années en Afrique, l’OCDE estsceptique face à la dernière en datedes initiatives africaines : le Nou-veau partenariat pour le développe-ment de l’Afrique (Nepad) que sesparrains viendront présenter, ven-dredi 8 février, à l’Elysée. « Le suc-cès d’une telle entreprise n’est pasgaranti », note prudemment l’orga-nisation.

En fait de recette, l’OCDE se con-tente de renvoyer à quelques princi-pes aussi simples qu’éprouvés. Lessuccès économiques vont de pairavec « la stabilité politique et socia-le » ; un fonctionnement « plus effi-cace et plus juste » de l’Etat ; unepolitique de décentralisation « gra-duelle et diversifiée » et des effortspour combattre la corruption

Jean-Pierre Tuquoi

NEW YORKde notre envoyé spécial

En choisissant d’exporter à NewYork sa réunion annuelle 2002,délaissant ainsi, à titre exception-nel, son site historique de Davos,en Suisse, les organisateurs duForum économique mondials’étaient assigné deux objectifs : seranger aux côtés de l’Amérique enparticipant à l’élan de solidaritéinternationale qui a suivi les atten-tats du 11 septembre 2001 ; etentrevoir les changements – écono-miques, politiques, sociologiqueset culturels – qui allaient s’opérerdans un environnement perturbépar la contestation antiglobalisa-tion et fragilisé par les à-côtés de lalutte contre le terrorisme.

A l’issue de ces cinq journées deremue-méninges en vase clos, ilapparaît clairement que le consen-sus n’était pas au rendez-vous dece « Davos-sur-Hudson ». En seséparant, mardi 5 février, les quel-que 3 000 participants, parmi les-quels 1 100 chefs de grandes entre-prises, avaient le sentiment derepartir avec davantage de ques-tions que de réponses sur ces« temps fragiles » dont KlausSchwab, le président-fondateur duForum, avait fait le thème centralde cette grand-messe annuelle.

L’un de ses quatre adjoints, l’an-cien ambassadeur du Costa Rica,José Maria Figueres, avait pour-tant balisé la voie à emprunter.« Le Forum économique mondial

renouvelle son engagement à traiterdes questions de développement parle biais de solutions propres à l’éco-nomie de marché. Nous considéronsqu’il s’agit là du moyen de parvenirà un “cercle vertueux” de meilleureinteraction entre le monde des affai-res et les autres acteurs de la socié-té », avait-il expliqué en pré-ambule.

Le problème est que, même dansun domaine devenu bien peu pas-sionnel, celui de la conjoncture éco-nomique mondiale, deux camps sesont clairement affrontés, avec deslignes de partage apparues là oùon ne les attendait pas.

Venue en force au Forum, ladélégation économique américai-ne, conduite par le secrétaire auTrésor, Paul O’Neill, son adjoint,Kenneth Dam, et le président de laChambre de commerce américai-

ne, Thomas Donahue, était unani-me à considérer que le pays étaitsorti d’affaire et qu’il allait rebon-dir de plus belle. Plus prudents, lesEuropéens qui, au cours d’undébat, se sont exprimés par la voixde Laurent Fabius, ministre del’économie, et de son homologueallemand aux finances, HansEichel, se sont contentés d’espérer

« une reprise aussi synchronisée quele ralentissement économique mon-dial ».

De façon surprenante, c’est ducôté des chefs d’entreprise, toutesnationalités confondues, qu’estvenu un sentiment général demorosité sur les perspectives àcourt terme, aussitôt récusé parPaul O’Neill. « Si vous voulez parlerà des gens qui ont une vue négativesur les choses, adressez-vous à deschefs d’entreprise », a lancé le secré-

taire au Trésor. « Ils sont surtoutpréoccupés par tout ce qui pourraitpénaliser leurs propres affaires. »

De son côté, dans un tout autreregistre, celui de la politique exté-rieure, le secrétaire d’Etat, ColinPowell, a surpris son auditoire endéclarant que les Américainsétaient prêts à mettre en placeleurs propres solutions aux problè-mes du moment, quitte à mécon-tenter certains de leurs alliés. C’estainsi qu’ils « continueront à s’atta-quer au terrorisme, même si celadoit menacer la liberté d’hommes etde femmes ».

Ces propos prononcés en public

n’ont, de toute évidence, pasrecueilli l’assentiment des autrespersonnalités partie prenante à ladiscussion, notamment le ministrefrançais des affaires étrangères,Hubert Védrine, le secrétaire géné-ral de l’OTAN, Lord Robertson, etle « Monsieur politique étrangèreet sécurité commune (PESC) »européenne, Javier Solana…

La même absence de vision com-mune, voire une franche divergen-ce, est apparue à propos du problè-me de la dette des pays pauvres etdu commerce international, deuxdomaines où l’affrontement étaitbeaucoup plus protéiforme qu’unsimple contentieux transatlanti-que.

A l’ancien président mexicainErnesto Zedillo qui évoquait « la

fatigue que ressentent beaucoup degens quand on parle d’aide » auxpays pauvres, en raison de sa relati-ve inefficacité, d’autres interve-nants ont fait valoir que la revendi-cation dominante des nations endéveloppement était maintenant« l’exigence de l’accès aux mar-chés » des pays riches, bien plusqu’une simple politique d’assistan-ce dont ils admettent eux-mêmesles dérives.

Sur ce chapitre, le ThaïlandaisSupachai Panitchpakdi, qui doitprendre dans quelques mois la relè-ve de Mike Moore à la directiongénérale de l’Organisation mondia-le du commerce (OMC), a vive-ment critiqué la politique de sub-ventions pratiquée par les paysoccidentaux.

« Les subsides à l’agricultureconsentis par les pays-membres del’OCDE représentent l’équivalent de360 milliards de dollars par an, soit1 milliard par jour. Il suffirait quecessent ces subventions pendant dixjours pour que nous recueillions l’ar-gent dont a besoin Kofi Annan[secrétaire général de l’ONU] pourcréer le fonds destiné à financer lalutte contre le sida », a-t-il déclaré.Autre mal, autre défi, bien éloignécelui-là du « 11 septembre » et surlequel les congressistes du Foruméconomique Davos-New Yorkn’avaient pas davantage de remè-des à apporter.

Serge Marti

« Aujourd’hui, les armesont gagné,les bombes ont gagné,l’absence de dialoguea gagné… »

Le secrétaire américain au Trésor, Paul O’Neill, dont les « gaffes » sontdésormais célèbres, a fortement indisposé les représentants d’autres paysen évoquant l’effondrement financier de l’Argentine. Pour M. O’Neill, l’admi-nistration Bush et le Fonds monétaire international (FMI) ont eu raison defermer le robinet d’aide à l’Argentine, actuellement en défaut de paie-ments. Le pays a eu le tort de « ne pas s’être réformé » à temps, a-t-il décla-ré. « Il est ridicule que les plombiers et les menuisiers américains continuent àpayer pour quelqu’un qui prend de mauvaises décisions », a-t-il ajouté.

Le responsable américain a par ailleurs estimé que, d’une manière généra-le, les pays en développement devraient s’efforcer de maintenir leur dette« à des niveaux raisonnables », de façon à bénéficier de taux d’intérêt peuélevés et à pouvoir assurer le remboursement de cette dette.

L’Afrique devrait connaître une croissance de 3,2 % en 2002, selon l’OCDEL’organisation internationale souligne l’impact dramatique du sida sur les populations et les économies du continent

Source : OCDE *prévisions

TAUX DE CROISSANCE PAR RÉGION

3,5

4,0

2,2

3,0

3,7

2,9

3,0

2,7

5,3

1,4

3,4

3,5

1997 1998

4,2

4,2

4,1

2,1

3,1

3,0

1999

-2,4

3,6

4,3

2,8

3,0

3,4

2000 2001 2002*

0,1

4,0

3,7

2,9

3,0

3,4

3,4

4,4

2,8

3,2

3,8

3,2

En pourcentage

AnnéesRégion

Afrique centrale

Afrique de l'Est

Afrique du Nord

Afrique australe

Afrique de l'Ouest

Ensemble

Désaccords et morosité au Forum économique mondialLes cinq jours de débats de ce « Davos à New York » ont mis en évidence le pessimisme des chefs d’entreprise

et de fortes divergences sur l’analyse de l’économie mondiale. L’administration américaine a heurté bon nombre de pays

Paul O’Neill et les « plombiers américains »

M. Ravalomananamultiplie lesmanifestationsà Madagascar

I N T E R N A T I O N A L

Page 5: e Le gigantisme militaire de Bush

LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002/5

BRUXELLESde notre correspondant

Le paysage semble conçu expres-sément pour un film de Ken Loachou des frères Dardenne. Une route

à quatre voies le perfore sans par-venir à l’enlaidir : entre lignes àhaute tension, gares de triages,entrepôts ou meuneries crachantleur poussière sur les rares piétons,impossible de faire pire. Brel a dûemprunter ce chemin qui longe uncanal avant de décrire le plat payset son « ciel si gris », celui qui, unsoir de 1997, est tombé sur la têtede 3 100 travailleurs apprenantque Renault Vilvorde allait fermer.

Cet épisode est resté commel’un des plus noirs de l’histoiresociale du pays et seule la récentefermeture de la Sabena, qui a lais-sé 6 000 personnes sur le carreau,l’a éclipsé. Aujourd’hui, l’histoiredoit toutefois être en partie réécri-te. Vilvorde était un site exigu,voué au montage et nécessitantl’acheminement de toutes les piè-ces. L’usine coûtait chaque année200 millions d’euros de plus quecelle de Douai, qui produisait plusde véhicules.

Même les Belges ne savent pasque le constructeur a préservé,dans un tiers du bâtiment, 400 pos-

tes de travail pour la constructionde pots d’échappement, châssis etconteneurs. Dans les deux autrestiers de ce temple de l’ancienneéconomie, deux industriels ont faitéclore une nouvelle activité quiengendre plusieurs centaines d’em-plois : la logistique.

Pierre Moorkens a investi leslieux à la fin de 1997, après avoiraccepté les conditions fixées parl’association « Renovil », un grou-pement réunissant la Région fla-mande, la commune de Vilvorde etRenault. Le contrat prévoyait queles bâtiments seraient légués augroupe qui créerait au moins40 emplois par hectare et repren-drait les anciens de l’usine automo-bile candidats à une embauche.Spécialiste du mobilier de bureau,la société Moorkens s’est associéeà Evadix, constituée au début2000 par d’anciens cadres du grou-pe d’éditions Casterman. Evadix etses filiales regroupent 200 person-nes.

A Vilvorde, plus de carrosserieset plus de moteurs, mais des ordi-nateurs, des valises, des cataloguesde vente par correspondance oudes pièces détachées, le tout soi-gneusement aligné. « C’est triste »,murmure Peter, un ancien« Renault », devant le bistrot quijouxte l’usine et a, lui aussi, ferméses portes. L’ancien ouvrier affir-me qu’il n’aurait « pas pu remettreles pieds » dans « son » usine. Iln’était pas le seul : il restait 200 tra-vailleurs sans emploi à la fin de1998. 45 seulement se sont dits« intéressés » par une embauchesur le site.

Jean-Pierre Stroobants

ÉCHOS

a ALLEMAGNE : la tension mon-te entre Berlin et Bruxelles surle déficit budgétaire de l’Allema-gne. Au cours de son dîner, lundi4 février à Berlin, avec le présidentChirac et Lionel Jospin, le chance-lier Schröder a fait part de son irri-tation à l’encontre de la procédured’avertissement initiée par la Com-mission européenne. Le chance-lier Schröder avait estimé, le week-end dernier, que les fondementsde cette procédure « ne sont passeulement économiques ». Dans lescouloirs de la Commission, on esti-me qu’avec son « ton désagréa-ble », le chancelier est allé troploin. Les ministres des finances del’Union doivent décider de l’envoi,ou non, d’un avertissement augouvernement de Berlin, lors deleur prochaine rencontre des 11 et12 février.a GIBRALTAR : 2000 ressortis-sants de Gibraltar se sont mas-sés à la frontière espagnole, lundi4 février, pour dénoncer la reprisedes négociations, ce même jour, àLondres, sur un éventuel partagede la souveraineté du rocher entrela Grande-Bretagne et l’Espagne.Ces négociations, initiées par lepremier ministre britannique,Tony Blair, et le président du gou-vernement espagnol, José MariaAznar, pour mettre fin à un diffé-rend vieux de trois siècles, sontmenées par les ministres des affai-res étrangères des deux pays, JackStraw et Josep Piqué.

BERLINde notre correspondant

Gerhard Schröder a été aimable,Jacques Chirac lui a fait écho et Lio-nel Jospin, perdu dans ses pensées,a sursauté en murmurant : « Je n’airien à ajouter ». Puis, la conférencede presse rapidement évacuée, cha-cun s’en est retourné chez soi, pres-sé de se lancer dans la seule activitéimportante du moment : la campa-gne électorale. Malgré leurs échéan-ces, le chancelier allemand, le prési-dent et le premier ministre françaisont tenu à ne pas interrompre lerythme des dîners informels qui lesréunissent toutes les six à huit semai-nes, avec leurs ministres des affairesétrangères, depuis que la nécessités’était fait sentir, il y a un an, àBlaesheim, en Alsace, de relancerune relation troublée par les affron-tements du sommet européen deNice. Ils se sont donc retrouvés, lun-di soir 4 février, dans le pavillon dechasse du parc de Glinieke, entreBerlin et Potsdam. Une grande par-tie de la rencontre a été consacrée àl’élargissement de l’Union européen-ne et à son financement pour réaffir-mer qu’il devait rester dans le cadrebudgétaire fixé en 1999, lors du som-met européen de Berlin, pour la

période 2000/2006. « Il nous paraîtévident que la Commission européen-ne respectera ses engagements », adéclaré le chancelier allemand, expri-mant par antiphrase ses préoccupa-tions quant à une explosion descoûts lors de l’entrée, prévue entre2004, de quelque dix nouveauxmembres. Une mise en garde identi-que a été lancée par le président Chi-rac qui a assuré que Français et Alle-mands étudieraient, « avec beau-coup d’intérêt », les propositionsfinancières de la Commission, dansle souci d’un élargissement fait « enbonne harmonie (…) sous le plafonddécidé à Berlin ».

Allemands et Français partagentaussi le même souci de voir aboutirles travaux de la Convention surl’avenir de l’Europe qui débuterontle 28 février, sous la présidence deValéry Giscard d’Estaing. Françaiset Allemands n’en ont pas nécessai-rement la même vision, mais sur cepoint les deux parties sont restéesdiscrètes. Enfin, MM. Schröder etChirac ont dit tout le bien qu’ils pen-saient du prochain sommet euro-péen de Barcelone, en mars, quisera consacré aux questions écono-miques et à la libéralisation deséchanges dans certains secteurs. Les

deux dirigeants ont surtout insistésur le « modèle social européen »qui, selon eux, doit être la référencedu sommet. L’Europe, a insisté lechancelier allemand, n’est pas qu’unmarché ; l’Europe, a renchérit le pré-sident français, a une tradition deservices publics auquel sont atta-chés tous les Européens.

L’épineux dossier de l’avion detransport militaire européenA-400M, où les Allemands manifes-tent quelques difficultés à boucler lebudget de leur participation, n’a offi-ciellement pas été abordé. « Nousfaisons toute confiance à l’Allema-gne », a seulement déclaré JacquesChirac. Restait l’actualité internatio-nale, et notamment le Proche-Orient. « Nous n’arrivons pas àaccepter la disparition des acquis deMadrid et d’Oslo », a constaté, pres-que las, M. Chirac en appelant lesprotagonistes à revenir à la tabledes négociations. Au cours du dîner,le ministre allemand des affairesétrangères, Joschka Fischer, quidevrait prochainement se rendredans la région, avait longuementinsisté sur la nécessité de ne pas bais-ser les bras.

Georges Marion

U N I O N E U R O P É E N N E

BRUXELLESde notre bureau européen

Il y a presque cinq ans, le27 février 1997, Renault annonçaitbrutalement la fermeture, en Belgi-que, de son usine flamande de Vil-vorde. Le conflit, qui avait déclen-ché la première eurogrève, avaitmis en évidence la faiblesse des loissociales face à la stratégie d’entre-prises opérant à l’échelle européen-ne.

Il aura fallu attendre cinq anspour que l’Union adopte définitive-ment, mardi 5 février, par un votedu Parlement européen, à Stras-bourg, une loi communautaireimposant aux entreprises de plusde 50 salariés de consulter leur per-sonnel sur les décisions qui concer-nent la vie de ces dernières : situa-tion économique, évolution desactivités, structure de l’emploi,organisation du travail. A terme,53 % des travailleurs de l’Unionseront concernés.

Surnommée « directive Vilvor-de », cette loi européenne change-ra peu la situation dans les deuxpays où le tollé avait été le plusgrand, la Belgique et la France. « Ladirective n’apportera pas grand-cho-se en Belgique », estime KarelGacoms, ancien leader à Renault-Vilvorde de la centrale syndicalebelge FGTB (proche des socialis-tes). Après l’affaire Vilvorde, leRoyaume a adopté une « loiRenault » qui impose déjà l’informa-tion et la consultation du person-nel, dans les entreprises de plus de100 salariés. « Hélas, la directive neva pas plus loin que la loi Renault,puisqu’elle ne donne pas de droit deveto aux syndicats. Or, l’expériencemontre que le patronat n’acceptejamais nos contre-propositions »,constate le syndicaliste belge, qui,toujours membre de la section loca-le de la FTGB, vient aussi d’interve-

nir dans le dossier de la faillite de lacompagnie aérienne Sabena. Ladirective impose certes d’écouter lepersonnel, mais pas de l’entendre.

Et pourtant, il a fallu trois ans denégociation pour aboutir à ce min-ce résultat. En 1997, la Commissionde Bruxelles avait invité les parte-naires sociaux à se mettre d’accordsur un texte commun, qui comble-rait les lacunes du dispositif exis-tant en matière d’information et deconsultation. Mais l’Union des con-fédérations de l’industrie et desemployeurs d’Europe (Unice) avaitrefusé de négocier. La Commissionavait alors entrepris de légiférer.

Sa proposition, soumise aux con-seils des ministres de l’emploi en1998, a été combattue pendanttrois ans par le Royaume-Uni et l’Ir-lande. Ces deux pays n’ont pas derégime légal d’information et deconsultation des travailleurs, etleur patronat n’en voulait pas.Leurs ministres n’ont levé leursréserves que moyennant de subs-tantielles dérogations. Le texte nes’appliquera au Royaume-Uni et àl’Irlande qu’à partir de 2005 pourles entreprises de plus de 150 sala-riés, 2007 pour celles de 150 à100 personnes, et 2008 pour cellesde 100 à 50 personnes. Dans lesautres pays de l’Union, qui dispo-sent déjà, le plus souvent, d’obliga-tions nationales en la matière, l’obli-gation concernera les entreprisesde plus de 50 personnes dès 2005.

Jean Lapeyre, secrétaire généraladjoint de la Confédération euro-péenne des syndicats, considèrepour cette raison que « l’adoptionde cette directive constitue une avan-cée sociale significative ». PourM. Lapeyre, le nouveau texte « a lemérite d’imposer une obligation derésultat » – les modalités d’informa-tion et de consultation devant avoirun « effet utile » –, ce que ne pré-voyait pas une directive de 1975relatives à l’information et à la con-sultation en cas de licenciement col-lectif. Le syndicaliste regrette toute-fois que les Quinze aient rejeté lapièce maîtresse du dispositif propo-sé par la Commission : cette derniè-re consistait à frapper de nullité leslicenciements effectués en viola-tion de la loi. Le texte finalementvoté prévoit seulement que les sanc-tions seront « effectives, proportion-nées et dissuasives ».

Rafaële Rivais

Ici, plus de moteurs,

mais des ordinateurs,

des valises, des pièces

détachées...

Paris et Berlin : l’élargissement doitrespecter le cadre budgétaire fixé

Sommet informel dans une ambiance électorale à Glinieke

Une directive pour améliorerl’information d’entreprise

Le conflit de Renault-Vilvorde débouche,cinq ans après, sur un texte controversé

Combattu par

le Royaume-Uni et

l’Irlande, le texte n’a

pu être finalisé qu’au

prix de substantielles

dérogations

L’ancienne usine automobilerenaît lentement de ses cendres

Page 6: e Le gigantisme militaire de Bush

6/LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002

Derniers mots avant le départ : « Je ne rentre pas pour balancer untel ou untel »

Au lendemain de votre polé-mique avec Alain Juppé, la campa-gne présidentielle va-t-elle sejouer sur l’exploitation des affai-res, avec le risque d’éloigner enco-re les électeurs de la politique ?

Le rendez-vous de 2002 doitporter sur l’essentiel : l’avenir de laFrance et sa place dans l’Europe etdans le monde pour les cinq prochai-nes années. Cet enjeu exige un vraidébat sur les projets et la crédibilitéde celles et ceux qui les portent.Nous préparons depuis plusieursmois cette échéance avec des argu-ments fondés sur le travail accomplidepuis 1997 et sur la réponse auxdéfis de la décennie (le plein emploi,la sûreté pour tous, la promotion del’intérêt général).

Nous n’avons donc pas besoind’exploiter ces affaires, comme vousdites. Mais ce serait quand même uncomble lorsque des révélations sontfaites au sein de la famille RPR ou àl’occasion de la publication d’unlivre d’un journaliste, voire d’unjuge, que nous en soyons tenus pourresponsables. Nous ne demandonsrien. Sinon la faveur d’être épargnésde l’amalgame, de la confusion et dela médiocrité. Pour le reste, le retourde M. Schuller servira la justice etpersonne d’autre, et même M. Juppédevrait s’en réjouir.

Vous recourez souvent à lamoquerie ou à la dérision à

l’égard de Jacques Chirac. N’êtes-vous pas en permanence à lalimite du seuil où l’on glisse de lacritique politique à l’attaque per-sonnelle ?

Par rapport à Jacques Chirac, jeme situe sur le seul terrain de sa cré-dibilité : il me suffit de rappeler lesmanquements répétés à ses engage-ments, sa propension incroyable àêtre toujours d’accord avec ses inter-locuteurs, surtout les derniers ren-contrés, son obsession dévorantedu pouvoir, au point d’agir toujoursen candidat, rarement en responsa-ble, pour tracer un portrait qui n’estni une moquerie ni une caricaturemais la réalité d’une carrière politi-que. Ce n’est pas la personne que jemets en cause mais une conceptionde la politique.

Vous vous êtes engagé à menerun débat d’idées. Mais avec leretour de Didier Schuller n’allez-vous pas être tenté d’exploiter cefilon ?

La politique n’est pas une bagar-re de rue et tous les coups n’y sontpas permis même s’il existe des spé-cialistes incontestés des coups tor-dus. Il n’y a que le RPR pour imagi-ner que derrière la réapparition deDidier Schuller en France il puisse yavoir une manipulation politique. Ilfaut être soi-même capable d’uneopération de cette nature pour laprêter à d’autres. Dois-je rappeler

qu’il y a sept ans c’était le juge Hal-phen, sur cette même affaire, quiétait lui-même l’objet d’une machi-nation odieuse visant à le discrédi-ter et que le Conseil supérieur de lamagistrature avait été conduit àdénoncer. La vérité est sans douteplus cruelle encore pour le RPR :une affaire de famille peut en pro-voquer une autre. Si le parti de Jac-ques Chirac n’a rien à craindre dece témoignage inopiné et de l’inter-vention de la justice, pourquoi tantd’affolement, tant de fracas, tant

de vulgarité salissante ? Alors pas-sons vite à autre chose.

Je souhaite que 2002 soit une élec-tion où on choisira plutôt qu’on éli-minera. C’est aux préoccupationsdes Français qu’il faut consacrer sonattention et son énergie et non auxpolémiques grossières qui finissentprécisément par alimenter le dégoûtet l’indifférence civique, laquelle est,dans cette campagne, notre vérita-ble adversaire.

La stratégie de M. Juppé résul-te-t-elle, à votre avis, d’une peur

de la défaite, comme le disentcertains de vos amis ? N’y a-t-ilpas, dans votre camp, commeavant les élections municipales,un excès d’optimisme ?

Alain Juppé intente un faux pro-cès à la gauche mais révèle, sans levouloir, le vrai problème de la droi-te. Il sait en effet parfaitement quele PS n’est pour rien dans la résur-gence des affaires du RPR quiminent, depuis le début, la présiden-ce de Jacques Chirac. Il connaît lefonctionnement de la justice com-me la liberté de la presse, qui n’apas besoin d’être engagée pourrechercher la vérité.

Mais il confirme, par cet aveu,que la faiblesse principale de la droi-te aujourd’hui, c’est son candidatlui-même et le parti qui le soutient.Or, s’il est possible de dissoudre leRPR, il est difficile de cacher l’échecdu septennat qui s’achève. Et, pour-tant, rien n’est joué. J’appelle doncmes amis à respecter l’enjeu,l’échéance et les Français. La gau-che ne gagnera que si elle est capa-ble de mobiliser le pays sur des pro-jets d’avenir, de préparer un nou-veau contrat social et de porter lemessage universel de la France enEurope et dans le monde. Bref, d’in-carner l’espoir.

Propos recueillis parMichel Noblecourt

« Le retourde M. Schuller servirala justice et mêmeM. Juppé devraits’en réjouir »

LE SEPTENNAT d’exil de DidierSchuller s’est achevé, lundi soir4 février à l’aéroport de Saint-Domingue. Peu avant une heure(6 heures du matin à Paris), l’an-cien conseiller général (RPR) desHauts-de-Seine s’est envolé endirection de Paris à bord du vol AirFrance 3 694, afin de se rendre à lajustice. Sous le coup d’un mandatd’arrêt international depuis 1995,M. Schuller a quitté en hommelibre le territoire dominicain, où ilavait trouvé refuge à la fin de 1997,après une première vie clandestineaux Bahamas.

Dès son arrivée sur le sol fran-çais, prévue pour le début del’après-midi de mardi, il devait êtreprésenté au juge d’instruction deCréteil (Val-de-Marne) PhilippeVandigenen, chargé de l’enquêtesur les HLM des Hauts-de-Seine –dont le fugitif avait été le directeurgénéral de 1986 à 1994. Là,M. Schuller devait se voir notifier,en présence de son avocat parisien,Me Jean-Marc Fedida, sa mise enexamen pour « recel d’abus debiens sociaux » et « trafic d’influen-ce », avant d’être conduit devant lejuge des libertés et de la détention,en vue d’une éventuelle incarcéra-tion.

« J’en ai assez de vivre comme unproscrit, de passer pour un politiciencorrompu sans pouvoir me défendre,déclarait-il au Monde, le 1er février,alors qu’il vivait reclus dans une vil-la des faubourgs de Saint-Domin-gue. Il y a trop longtemps que je por-te le chapeau pour tout le monde. Jeveux maintenant m’expliquer. »Après deux derniers jours derumeurs et de jeux de pistes, le fugi-tif a échappé une ultime fois auxregards pour tenir cet engagement.Au moment où journalistes fran-çais et locaux se pressaient dans lasalle d’embarquement de l’aéro-port, l’ancien élu des Hauts-de-Sei-ne, accompagné de son avocatdominicain, Me Froilan Tavarez, estmonté à bord du Boeing 747 sur letarmac, par une petite passerelle,après que l’avion se fut éloignéd’une cinquantaine de mètres dusatellite d’embarquement.

Escorté jusqu’au bout par le char-gé d’affaires de l’ambassade deFrance, Julien Perrier, et le respon-sable local d’Air France, M. Schul-ler a pris place au niveau supérieurde l’appareil, où le commandant debord a demandé qu’il puisse êtrepréservé des autres passagers – etd’éventuels journalistes. Le décolla-

ge a, de fait, été retardé par l’intru-sion sur la piste d’un groupe dereporters cherchant à bloquer l’avi-on après avoir appris, in extremis,que M. Schuller se trouvait à bord.

Un peu plus d’une heure aupara-vant, l’émissaire de l’ambassade deFrance avait retrouvé l’ex-con-seiller général et son avocat dans

un petit restaurant proche de l’aé-roport, le rendez-vous ayant étéfixé au préalable par téléphone. Abord d’un 4x4 blanc, ils ont emprun-té l’accès réservé aux diplomatespour pénétrer dans l’enceinte del’aéroport et ont attendu l’embar-quement dans un salon fermé. Lesmodalités du départ de M. Schuller

avaient donné lieu à de discrètesnégociations, au cours des derniersjours, entre son avocat, le chargéd’affaires français et les autoritésdominicaines. Les « détails » quel’ancien élu du RPR avait invoqué,dans son entretien accordé au Mon-de, pour différer son retour de quel-ques jours, portaient essentielle-

ment sur le sort de sa compagne,Christel Delaval, et de leurs deuxpetites filles, âgées de 11 et 8 ans. Adéfaut d’assurances précises surl’aspect judiciaire de cette ques-tion, l’exilé estimait, à l’heure des’embarquer pour la France, que safamille pourrait séjourner sansencombre sur le sol dominicain aucours des mois à venir.

Lundi, le ministre dominicain desrelations extérieures, Hugo Tolen-tino Dipp, a confirmé avoir reçu« deux demandes d’extradition »visant respectivement M. Schulleret sa compagne, acheminées same-di 2 février via l’ambassade de Fran-ce par le « courrier de cabinet »adressé par le Quai d’Orsay.« Compte tenu du départ volontairede M. Schuller, il s’agit maintenantd’une question purement formelle,manifestant la volonté du gouverne-ment français d’obtenir son extradi-tion, précisait-il. ConcernantMme Delaval, l’étude du dossier sefera en fonction de la législationdominicaine et cela prendra untemps raisonnable. Nous verrons sielle exprime également le désir departir volontairement. »

Ayant changé de refuge à plu-sieurs reprises au cours des deuxsemaines écoulées, M. Schuller apassé sa dernière journée en Répu-blique dominicaine dans la villa de

son avocat local, à Saint-Domin-gue, où nombre de ses amis domini-cains ont défilé pour le saluer.« Tous lui ont promis qu’ils pren-draient sa famille sous leur protec-tion », confiait l’un de ses proches,dans la nuit de lundi à mardi. Lesqualifications pénales retenues àl’encontre de M. Schuller et de sacompagne ne possédant pas d’équi-valent en droit dominicain, l’extra-dition de cette dernière pourrait,au demeurant, être longues et aléa-toires. Mais rien n’interdit de pen-

ser qu’une fois les déclarations del’ex-conseiller général recueilliespar le juge français, Mme Delavalpourrait, à son tour, se présenterspontanément au tribunal de Cré-teil.

Livrant au Monde les grandeslignes de ses « explications » àvenir, M. Schuller assurait que « lesystème sur lequel enquêtent lesjuges depuis 1995 n’est pas celui duconseiller général Didier Schuller »mais « celui d’un parti – le RPR – etd’un département – les Hauts-de-Sei-ne ». Il précisait que « pendant desannées, les entreprises qui obte-naient des marchés publics de l’offi-ce HLM ou qui voulaient en obtenir[avaient] versé des contributions –officielles ou non » – destinées àfinancer la conquête de Clichy parle RPR, pour laquelle il avait étérequis par Charles Pasqua etPatrick Balkany, député (RPR)dont il était le suppléant et prési-dent de l’office HLM.

Il ajoutait néanmoins qu’il ne« voudrait pas contribuer à [ladéfaite] de Jacques Chirac », préci-sant : « Je ne suis pas resté sept ansen exil pour nuire au président de laRépublique ». Ces deux phrasesn’avaient visiblement pas suffi àapaiser ceux que M. Schuller appel-le encore – pour combien detemps ? – ses « amis ».

Hervé Gattegnoet Jean-Michel Caroit

(à Saint-Domingue)

LA VOIX est assurée, presque enjouée. Il est4 h 51 à Paris, cinq heures plus tôt à Saint-Domingue. Alors qu’il s’apprête à s’embarquerpour la France, Didier Schuller assure, au télé-phone, qu’il part « serein » et « déterminé ».Ses derniers mots sur le sol dominicain vont àsa compagne, Christel Delaval, et à leurs deuxpetites filles, qu’il laisse derrière lui et qui, dit-il, « sont en de bonnes mains ». Emu, il reditune énième fois son « admiration » pour laRépublique dominicaine, et loue la « solidaritéincroyable » des nombreux « amis domini-cains » qui, au terme d’un exil de plus de qua-tre ans dans ce pays, lui ont manifesté, depuisdimanche, leur sympathie et lui ont promis, dit-il, de « veiller sur [sa] famille », ajoutant : « Jesuis rassuré de ce côté-là. »

« Les adieux ont été durs, a confié au Mondel’ancien conseiller général, à quelques minutesde son départ. Mais je sais que, cette fois, je suisdans la bonne direction et je sais pourquoij’agis. » Les réactions politiques provoquéespar l’annonce de son retour, et notamment lesviolentes attaques lancées par Alain Juppé, quiaccusait, dimanche, le gouvernement de Lio-nel Jospin de vouloir « remuer la merde » et de

manipuler les « affaires », semblent l’avoirsurpris. « Je suis consterné de voir ce petit jeupoliticien à la française, dit-il. Sept ans après,j’ai l’impression que rien n’a changé. C’est tou-jours les mêmes têtes, le même style, les mêmesdiversions. C’est assez minable, non ? Franche-ment, quand on voit ça, on se dit qu’il vautmieux rester le plus loin possible de ce monde-làet prendre un bon bol d’air. Au fond, c’est ce quipouvait m’arriver de mieux. Pendant des années,j’ai été comme les autres – comme beaucoupd’autres, en tout cas : je n’ai juré que par la poli-tique, la conquête du pouvoir, avec le cynismeque ça suppose parfois. Mon aventure m’a obligéà m’en éloigner. Sincèrement, je ne le regrettepas. Je me suis construit une vie au-delà de cessuperficialités. »

« - »Comment interprète-t-il la virulence que sus-

cite son retour chez ses anciens amis politi-ques ? Réponse amusée : « Pendant desannées, chaque fois qu’ils parlaient de moi publi-quement, ils disaient : “Pourquoi est-il parti ?Pourquoi ne rentre-t-il pas ?” Et maintenant queje rentre j’ai l’impression qu’ils n’ont pas très

envie de me voir rentrer. » Puis, sans plusd’ironie : « De quoi ont-ils si peur ? Ma carrièrepolitique est loin, bien loin derrière moi, je n’aiplus aucune envie de tout ça. Je ne cherche àjouer aucun jeu particulier dans l’électionprésidentielle. Je ne rentre pas pour “balancer”untel ou untel, seulement pour me défendre etsortir du piège, passer à autre chose. Je nereviens pas pour régler des comptes, mais pourrendre des comptes. » Aussi répète-t-il, ainsiqu’il l’expliquait dans l’entretien qu’il avaitaccordé au Monde (daté 1er février), que « lecontexte de l’élection présidentielle » constitue,à ses yeux, « le pire des moments » pour effec-tuer son retour.

« Si j’avais pu, précise-t-il, j’aurais attendu.Mais l’attitude de mon fils m’interdit d’attendreplus longtemps. Plus vite j’en aurai fini avec monaffaire, plus vite je pourrai m’occuper de lui.C’est un garçon à la dérive. Il faut que je le récu-père. Je sais que ce ne sera pas facile. Mais jedois l’aider à sortir des griffes de la secte qui l’aintoxiqué, pour qu’il accepte de se soigner. C’estun garçon qui va très mal, mais c’est mon fils. »

H. G.

François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste

« Il n’y a que le RPR pour imaginer une manipulation »LE RETOUR de Didier Schuller à

Paris n’en finit pas de jeter le trou-ble dans l’opposition. Déjà ce week-end, les dirigeants du RPR avaientvu leur conseil national, initiale-ment destiné à valider le program-me du parti gaulliste, totalement« pollué » par les déclarations del’ancien conseiller général RPR desHauts-de-Seine, qui s’apprêtait àquitter sa retraite de Saint-Domin-gue (Le Monde du 5 février). Pre-mier visé par les chiraquiens : le Par-ti socialiste, accusé « à tous les éche-lons », selon les mot d’Alain Juppé,de « remuer la merde ». MichèleAlliot-Marie, présidente du RPR, ainsisté à nouveau : « Le retour deDidier Schuller est le premier acte dela campagne des socialistes »,a-t-elle déclaré, mardi 5 février, lorsde l’émission « Les Quatre vérités »,sur France 2. Patrick Devedjian,député (RPR) des Hauts-de-Seine,avait choisi la veille le même angled’attaque. Interrogé sur i-Télevi-sion, le député (RPR) des Hauts-de-Seine avait dénoncé une « négocia-tion » entre le gouvernement etDidier Schuller. « Pourquoi, s’inter-roge-t-il, n’essaie-t-on pas de d’obte-nir le retour de la compagne deM. Schuller ? C’est suspect, puisquetous deux sont poursuivis et fortementimpliqués dans les faits qui sont repro-chés. »

Plus nuancé, Serge Lepeltier,

secrétaire général du RPR, affirmesur Europe 1 « que l’affaire judiciai-re doit suivre son cours quelles qu’ensoient les conséquences ». De soncôté, Philippe Séguin, député (RPR)des Vosges, a renvoyé gauche etdroite dos à dos, lors d’une réunionpublique à Paris : « Ce que l’on appel-le les affaires a concerné toutes lesfamilles politiques sans exception.Elles sont la contrepartie de l’hypo-crisie générale qui a régné en Francependant un siècle sur le financementdes partis et des campagnes. »

Au cours du même meeting, dansle 20e arrondissement, Michel Bulté,conseiller (RPR) de Paris, avait accu-sé Lionel Jospin de se comporter,« dans son costume foncé à rayures,comme le parrain des triades socialis-tes ». François Bayrou, candidat del’UDF à l’Elysée, a dénoncé à sontour « des pratiques des deuxbords ». Participant à l’émission« Mots croisés », le 4 janvier surFrance 2, il a lancé : « Schuller nerevient pas par hasard. Il y a, danschaque camp, des officines avec desgens qui montent des dossiers. »

Charles Pasqua, dont le nom estrégulièrement cité dans l’affaireSchuller, s’est indigné. Pour le prési-dent du conseil général des Hauts-de-Seine, « la justice ne peut pasfaire n’importe quoi et les médias nepeuvent pas se substituer à lajustice ».

Après sept ans d’exil, Didier Schuller se rend à la justice françaiseL’ancien conseiller général (RPR) a quitté Saint-Domingue pour Paris, dans la nuit de lundi à mardi. Il était attendu par le juge d’instruction

de Créteil, Philippe Vandingenen, qui devait lui notifier sa mise en examen dans l’enquête sur les HLM des Hauts-de-Seine

L’ancien conseiller général (RPR) des Hauts-de-Seine,Didier Schuller, a quitté -, mardi5 février, peu avant une heure du matin. Il devait arri-ver à Paris en début d’après-midi puis être conduit

devant le juge d’instruction du tribunal de Créteilpour être dans l’enquête sur lesmarchés de l’office HLM des Hauts-de-Seine. Peuavant son départ, Didier Schuller a déclaré : « Je ne

cherche à jouer aucun jeu particulier dans l’électionprésidentielle. Je ne reviens . » Il n’empêche : ce retour en France provo-que beaucoup de . Michèle

Alliot-Marie y voit le « premier acte de campagne dessocialistes ». Réplique de :« Nous demandons la faveur d’être épargné de l’amal-game, de la confusion et de la médiocrité. »

.

./

Jeudi 31 janvier,dans la résidencediscrète qu’il occupedepuis le débutde la semainedans les faubourgsde Saint-Domingue,Didier Schullerdécouvreles dernièresnouvellesde ceux qu’il appelleencore « Mes amis ».

F R A N C Ea f f a i r e s

Après deux jours

de rumeurs et de jeux

de pistes, le fugitif

a échappé une ultime

fois aux regards

Pour le RPR, c’est « le premieracte de campagne du PS »

Page 7: e Le gigantisme militaire de Bush

8/LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002

NOËL MAMÈRE, le candidat desVerts à l’élection présidentielle, etJean-Marie Le Pen, le président duFront national, ont défendu deuxconceptions du monde complète-ment opposées lors du « GrandDébat RTL - Le Monde », lundi4 février.

Des divergences qui d’emblée sesont révélées sur la publication auJournal officiel des noms des cinqcents élus qui accordent leur parrai-nage à chacun des candidats àl’élection présidentielle. Tandis

que le président du Front nationalréclame l’anonymat, le maire deBègles (Gironde) estime, lui, quecette publication est « un progrèsdans la transparence », « je ne voispas au nom de quoi on auraitpeur », ajoute-t-il.

Alors que sur la mondialisationM. Mamère, de retour de Porto Ale-gre, où se tenait le deuxièmeForum social mondial, plaide pourun monde solidaire dans un « com-bat pour éviter la privatisation dumonde, la marchandisation du mon-de et de l’humain », M. Le Pen, quis’affirme également « anti-mondia-liste », croit « à l’avantage de lanation, de ses frontières » pour s’endéfendre.

Les divergences entre les deuxcandidats sont toutes aussi flagran-tes sur le thème de la délinquance.Une polémique s’engage autourdes chiffres : M. Le Pen accuse legouvernement, dont, rappelle-t-ilfréquemment, les Verts font partie,d’en minimiser l’importance ;

M. Mamère explique que l’augmen-tation de la délinquance toucheessentiellement des violences surles personnes et sur les biens. Lecandidat des Verts lie directementce phénomène au « chômage ». « Ilfaut regarder du côté de la précarité,du côté de la pauvreté, du côté desghettos », lance-t-il en dénonçant« une justice à deux vitesses quiserait tolérante pour les grands et quipermettrait une certaine impunité,mais qui serait terrible pour les pau-vres. » « Ce n’est pas en recrutantencore plus de policiers qu’on chan-gera le problème de la délinquance.En revanche, si l’on appuie notre poli-tique sur un trépied qui pourrait êtrela prévention, la protection et la répa-ration, à ce moment-là on peut sortirde cette espèce de discours obligé quiconsiste à ce que chacun à gauchecomme à droite en rajoute sur lasécurité », ajoute-t-il, en rappelantson attachement au droit de votedes immigrés dans les électionslocales.

En face de lui, le représentant del’extrême droite « lie directement àl’immigration de masse » la délin-quance. Il dénonce, lui aussi, « l’im-moralisation de la vie publique fran-çaise », mais, estimant que « la pré-vention (…) n’a pas été efficace »,réclame plus de répression : « Lasituation est suffisamment gravepour déclarer la guerre à l’insécuritéet faire la guerre avec les moyensnécessaires. » Il préconise lerétablissement de la peine de mort,la création de maisons decorrection pour les mineurs dontl’âge de la majorité pénale seraitabaissé à 10 ans.

En ce qui concerne la police etles gendarmes, M. Le Pen considè-re que leurs mobilisations ont été« une manifestation d’avertissementsolennelle à la nation : “Nous nesommes plus en mesure d’assurer la

sécurité des personnes et des biens,ni d’assurer la sécurité de l’Etat.”Voilà quelle est la situation dupays », dit-il.

Abordant le thème de l’environ-nement, les deux candidats évo-quent l’explosion, en septem-bre 2001, de l’usine AZT de Total-FinaElf à Toulouse. Alors que l’en-quête a conclu à un accident, M. LePen croit encore à un attentat : lajustice « a aussi établi depuis long-temps que M. Boulin s’était suicidédans 10 centimètres d’eau avec deux

fractures du crâne et une plaie ouver-te au bras », avance-t-il en faisantréférence au décès, le 30 octobre1979, de Robert Boulin, le ministredu travail de Raymond Barre.M. Mamère, lui, rappelle les bénéfi-ces importants de la société Total-FinaElf et souligne que les victimesattendent toujours leurs indemnisa-tions. De même pointe-t-il du doigtle fait que la société « avait tous lesmoyens de mettre en œuvre la sécuri-té », mais, ajoute-t-il, « le ministèrede l’industrie, c’est d’abord le minis-tère des industriels (…) et qu’au nomde la rentabilité, au nom de la con-currence sauvage, on a laissé faireun certain nombre de choses ».

M. Le Pen estime que « nous nepouvons pas surcharger sans cesseles coûts par des mesures de précau-tion qui auraient le même effet queces gilets pare-balles que l’on veutdistribuer par dizaines de milliers àla police en oubliant de mettre des-sus une pancarte “Attention, prièrede ne pas tirer dans la tête” ».

LA SANCTION n’a pas tardé : ledirecteur de la Caisse nationale d’as-surance-maladie des travailleurssalariés (Cnamts), qui s’opposait àla revalorisation du tarif des kinési-thérapeutes – votée par le conseild’administration de la caisse etapprouvée par le gouvernement (LeMonde du 26 janvier) –, a été relevéde ses fonctions. Gilles Johanet doitêtre remplacé mercredi 6 février, enconseil des ministres, par DanielLenoir, actuel directeur général dela Mutualité sociale agricole, le régi-me de « Sécu » des agriculteurs.

En choisissant M. Lenoir, 46 ans,un ingénieur agronome passé parl’ENA, le gouvernement joue profilbas. Ancien chef adjoint de l’Inspec-tion générale des affaires sociales(IGAS), il a fait une carrière dans lesecteur mutualiste, mais il n’a pasun « pedigree » aussi politique queson prédécesseur, qui avait été con-seiller de Pierre Mauroy à Mati-gnon avant de devenir l’un desmeilleurs spécialistes de la protec-tion sociale au PS et de diriger laCnamts à deux reprises (1989-1993et 1997-2002).

Les jours de M. Johanet à la têtede la plus importante caisse de« Sécu » (100 milliards d’euros deprestations, 46 millions d’assurés)étaient comptés depuis son refusd’appliquer la hausse de la valeurde la lettre-clé des kinésithérapeu-tes, votée le 23 octobre par le con-seil d’administration de la Cnamtset agréé le 11 janvier par la ministrede la solidarité, Elisabeth Guigou. Ilavait adressé une circulaire auxdirecteurs des 129 caisses localespour leur demander de surseoir àcette augmentation tarifaire, enattendant le résultat de l’étude juri-dique sur une décision dont il con-testait la légalité.

Mme Guigou n’avait pas d’autresolution que de limoger le directeur

de la Cnamts, un haut fonctionnai-re qui est tenu d’exécuter les délibé-rations de son conseil d’administra-tion et les décisions du gouverne-ment. M. Johanet se prévalait dusoutien du ministre de l’économieet des finances, Laurent Fabius, quicritique sévèrement l’absence devéritable maîtrise des dépenses desanté. De fait, cela fait trois ans quel’objectif national de dépenses d’as-surance-maladie (Ondam) voté parle Parlement est largement dépassé.

Le nouveau directeur de la caisse

nationale va devoir désamorcer leconflit avec les professionnels libé-raux, notamment les généralistes,dont certains font la grève des gar-des de nuit et de week-end depuis

le 15 novembre. Après celle du23 janvier, de nouvelles « journéessans toubibs » sont prévues, les 15,16 et 17 février, à l’appel de 35 coor-dinations départementales, del’Union nationale des omniprati-ciens français et du Syndicat desmédecins libéraux. Selon uneenquête réalisée par Taylor NelsonSofres pour Panorama du médecin,66 % des médecins se disent « pasdu tout satisfaits » et 26 % « peusatisfaits » de l’accord entre les cais-ses et MG-France (minoritaire), quia porté la consultation à18,50 euros au 1er février. SOS-Médecins juge cet accord « insuffi-sant », même s’il ouvre des « pistesintéressantes ».

Jean-Michel Bezat

« La situation estsuffisamment gravepour déclarer la guerreà l’insécurité avecles moyens nécessaires»

-

« Ce n’est pasen recrutant encoreplus de policiers qu’onchangera le problèmede la délinquance »

Le gouvernement limoge le directeurde la Caisse nationale d’assurance-maladieGilles Johanet refusait d’appliquer un accord avec les kinésithérapeutes.Il est remplacé par Daniel Lenoir, patron de la Mutualité sociale agricole

a Arlette Laguiller, candidate de Lutte ouvrière, a refusé de serrer lamain de Charles Pasqua, lundi 4 février, en arrivant sur le plateau de« Mots Croisés » (France 2). En revanche, le candidat Vert, Noël Mamè-re, a accepté de poser pour une photo en serrant la main de Jean-MarieLe Pen, son adversaire au « Grand Débat RTL-Le Monde ».

LU, VU, ENTENDUa Noël Mamère (candidat des Verts) : « Chevènement, c’est un peutrop la France d’avant. » (France 2)a Arlette Laguiller (candidate de Lutte ouvrière) : « Je ne suis abso-lument pas gênée que Chirac et Jospin refusent de se déclarer, de toutefaçon, ils diront la même chose. » (France 2)a Charles Pasqua (candidat du Rassemblement pour la France) :« La candidature de M. Chevènement a été montée comme une mayon-naise. » (France 2)a François Bayrou (candidat de l’UDF) : « Chevènement a fait sonmiel avec ce que Pasqua, Le Pen, Laguiller et tous les autres adversairesde l’euro lui ont apporté. » (France 2)a Vincent Peillon (porte-parole du PS) : « Jean Saint-Josse est uncandidat de droite de plus, et c’est surtout un danger pour les chasseursqu’il cherche à manipuler. » (Le Parisien)a Guy Bedos (humoriste) : « S’il perd, Chirac va nous manquer. (…)On a tous peur de perdre un bon client. Pas besoin des Guignols ou demoi, il s’est autoguignolisé depuis longtemps. » (Libération)

M. Le Pen et M. Mamère au « Grand Débat RTL - “Le Monde” »

L’insécurité, « c’est l’immigration »,non, « c’est le chômage »

F R A N C E

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LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002/9

L’ÉVENTUALITÉ d’un ralliement de Philippe de Villiers, président duMouvement pour la France, à Jean-Pierre Chevènement se précise.Les deux hommes, malgré leurs démentis, ont effectivement dînéensemble le 15 janvier pour étudier les conditions de ce rapproche-ment. Le président du conseil général de Vendée devrait faire connaî-tre sa décision le 17 février, date symbolique de la fin de la double cir-culation des francs et des euros. Interrogé sur France-Inter, mardi5 février, Max Gallo, responsable du Pôle républicain, a précisé : « Peuimporte d’où l’on vient, l’essentiel est de savoir où l’on va. Ce qui unit lesdeux hommes, c’est la préoccupation de la nation. Nous sommes desBleus, Villiers est un Blanc. Mais en 1940, autour du général de Gaulle, il yavait des monarchistes, des cagoulards et des gens du Front populaire.C’est ça un rassemblement. »

a SONDAGE : l’érosion des intentions de vote en faveur de JacquesChirac se confirme dans la dernière enquête Ipsos, réalisée les 1er et2 février auprès d’un échantillon de 925 personnes. Crédité de 23 % aupremier tour, le président de la République baisse de 3 points en unesemaine (à l’instar des sondages IFOP et CSA), tandis que Lionel Jos-pin le rejoint à 23 % (+ 1). Jean-Pierre Chevènement est stable, à 12 %,et Jean-Marie Le Pen est crédité de 8 %. Au second tour, l’écart se res-serre, M. Chirac ne recueillant plus que 51 % des intentions de vote.a DOM : Jean-Pierre Chevènement, qui achevait lundi 4 févrierune visite en Guadeloupe, s’en est pris à ses deux rivaux à l’électionprésidentielle : « Ce qu’on a fait pour la Corse, Chirac n’a rien trouvé demieux que de le reproduire outre-mer, en annonçant à tout-va des statutsà la carte, et il est bien triste de voir que Jospin lui a emboîté le pas en pro-posant des statuts différenciés. »a PARTI SOCIALISTE : un militant des Bouches-du-Rhône, PatrickNofri, a annoncé, mardi, sa candidature à l’investiture du Parti socialis-te à l’élection présidentielle. Agé de 46 ans, ancien militant d’extrêmegauche et candidat des Verts aux élections législatives de 1993,M. Nofri, instituteur à Marseille, est membre du PS depuis 1996. Lescandidatures à cette primaire doivent être déposées entre le 18 et le28 février.

LAURENT FABIUS, qui se veutl’homme de la « gauche moderne »– celui qui se bat notamment pourl’attractivité de la France et la stabi-lité de l’environnement fiscal desentreprises –, a parfois du mal àêtre cohérent. Ainsi, une instruc-tion fiscale datée du 28 décembreremet en cause, à compter du1er janvier 2001, le régime de l’avoirfiscal pour les distributions de divi-dendes exceptionnels.

Le Medef a vivement réagi dansune lettre du 16 janvier adresséeau directeur général des impôts,François Villeroy de Galhau, et audirecteur du cabinet de M. Fabius,Bruno Crémel. Pour l’organisationpatronale, « les impacts économi-ques et financiers de ce texte pour lesentreprises, les institutions financiè-res et les particuliers sont importantset soulèvent un émoi général (…). Ilest par ailleurs tout à fait inadmissi-ble que le nouveau dispositif soitrétroactif, ce qui montre, une fois deplus, le peu de cas que fait l’adminis-tration de la nécessaire sécurité juri-dique dans laquelle devraient pou-voir opérer les entreprises. »

Le Medef et M. Fabius ont cecien commun qu’ils regrettent lestrop fréquents changements de laloi en France, qui placent les entre-prises dans un univers juridique ins-table. Dans ce contexte, ils réfu-tent toute rétroactivité de la loi fis-cale, arguant que les entreprisesdoivent savoir quel est l’état de laloi et de la réglementation fiscalesquand elles prennent des déci-sions.

Le ministère des finances a beaudire que l’instruction fiscale du28 décembre n’est pas rétroactive« dans la mesure où le fait généra-teur de l’impôt, c’est les revenus au31 décembre », l’argument n’estpas extrêmement percutant. « Jecomprends bien que cela puisse êtreperçu ainsi, même si, juridiquement,il n’y a pas rétroactivité », admet unconseiller de M. Fabius, qui recon-naît également que la parutiond’une instruction fiscale, le28 décembre, « entre Noël et le jourde l’an », n’est pas ce que l’on faitde plus transparent dans l’adminis-tration.

Fallait-il donc se précipiter pour

faire paraître cette instructionavant la fin de l’année ? Il s’agissaitde se mettre en conformité avec unarrêt du Conseil d’Etat du26 février 2001, qui donne une nou-velle définition du dividende etdonc de l’avoir fiscal, qui permetd’éviter la double imposition dubénéfice entre l’entreprise et son

actionnaire. Pour la haute juridic-tion administrative, il y a dividendelorsque leur distribution a été déci-dée par l’assemblée générale quistatue sur les comptes de l’entrepri-se. Lorsque c’est une assembléegénérale extraordinaire qui décidede la distribution de revenus excep-tionnels, le Conseil d’Etat considè-re qu’il ne s’agit plus de dividen-des. Dans ces cas-là, ils ne bénéfi-cient plus de l’avoir fiscal (quireprésente 50 % de la somme distri-buée aux personnes physiques et15 % de celle touchée par une per-sonne morale).

L’entreprise qui distribue ces

revenus exceptionnels n’est alorsplus soumise au précompte,c’est-à-dire à l’impôt que paient lessociétés sur les sommes qu’ellesdistribuent avec avoir fiscal et quine sont pas soumises à l’impôt surles sociétés. « C’est pour cela qu’ilnous fallait prendre une instructionau plus vite », explique-t-on à Ber-cy : « Si nous ne l’avions pas fait, lesentreprises qui ont payé un précomp-te sur les sommes qu’elles ont pu dis-tribuer le 30 mai 2001 nous enauraient demandé le rembourse-ment, en se référant à l’arrêt du Con-seil d’Etat. Pour autant, les dividen-des concernés auraient quand

même été assortis de l’avoir fiscal.L’Etat aurait donc perdu sur lesdeux tableaux. Ce qui aurait pureprésenter des centaines de millionsd’euros. »

Certes. Mais l’instruction fiscalene se contente pas de mettre enplace des garde-fous. Elle restreintle champ de l’avoir fiscal et doit

donc être appliquée dans ce sens.Ce qui pose des difficultés techni-ques aux entreprises qui, comptetenu des délais impartis, ne serontpas en mesure de respecter ces con-traintes pour 2001. Qui plus est,ces mêmes personnes qui, à Bercy,disent que, sans cette instructionfiscale, « il y aurait eu des risques de

perte budgétaire très importantspour l’Etat », admettent pourtantque, « a priori, très peu d’entrepri-ses ont décidé des distributions quisont concernées par l’arrêt du Con-seil d’Etat. A ce stade, j’en ai identi-fié deux ».

Dans ce contexte, l’administra-tion fiscale, malgré l’existence decette instruction, va se montrersouple. Elle affirme qu’en dépit decette définition plus restrictive desdividendes les sommes exception-nelles distribuées par les entrepri-ses bénéficieront encore en 2002de l’abattement sur les dividendesde 1 220 euros pour une personneseule et de 2 440 euros pour uncouple. Pour la suite, il faudra réflé-chir, explique-t-on Bercy.

Le ministère assure que les con-tribuables qui ont perçu des divi-dendes au titre de 2001, qu’ilssoient exceptionnels ou pas, bénéfi-cieront de l’avoir fiscal. Ce quirevient de facto à établir une pério-de transitoire en 2002 pour l’appli-cation de l’instruction fiscale et àlui ôter son caractère rétroactif. Età reconnaître que c’était bel et bienune erreur.

Virginie Malingre

Laurent Fabius annoncera, jeudi 7 février, devant la Commission économi-que de la nation, ses nouvelles prévisions économiques pour 2002. Le minis-tre de l’économie et des finances sait depuis plusieurs semaines que le scé-nario sur lequel il a construit son budget 2002 – et qui prévoit une croissan-ce de 2,5 % – n’est pas réaliste.

Le ralentissement américain depuis un an et les attentats du 11 septem-bre lui ont enlevé toute crédibilité. L’ensemble des économistes table enmoyenne sur une croissance de 1,5 % cette année. Le ministre devrait choisird’annoncer un chiffre légèrement supérieur, mais qui resterait sous le seuildes 2 %.

LES MINISTRES devront se ser-rer la ceinture jusqu’à la fin de lalégislature. Depuis le mois de jan-vier, ils gagnent en effet moins d’ar-gent et devront subir ce régime secencore quelques mois. Ce n’est pasque les caisses de l’Etat soientvides au point de ne plus pouvoirles rémunérer. C’est que Lionel Jos-pin en a décidé ainsi, préférant lais-ser au prochain gouvernement lesoin de trancher la question dusalaire des ministres, qu’il a esti-mée politiquement délicate à quel-ques mois des élections. Le pre-mier ministre leur a annoncé cettedécision lors d’une réunion, le17 janvier.

C’est à la réforme des fondssecrets que les membres du gouver-nement doivent ce changement desituation. Depuis le 1er janvier2002, les ministres, y compris le pre-mier d’entre eux, ne disposent plusd’enveloppes en liquide pour s’ac-corder, ou octroyer aux membresde leurs cabinets, des supplémentsde salaires. Ces sommes quiétaient distribuées en toute opaci-té, et qui n’étaient soumises ni àl’impôt sur le revenu ni aux char-ges sociales, ont disparu.

Il était initialement prévu quecette mesure soit sans conséquen-ce pour la rémunération des minis-tres et de leurs équipes. Des primesofficielles, fiscalisées et soumises àcotisations sociales, devaient rem-placer le manque à gagner. Cela estbien le cas pour les membres descabinets ministériels. En revanche,rien n’a été fait pour les ministreseux-mêmes, qui enregistrent uneperte de revenus, même si leurrémunération officielle(80 798 euros brut par an pour un

secrétaire d’Etat et 91 469 eurosbrut par an pour un ministre) n’apas bougé. Ils ont perdu leur« argent de poche », dit-on à Mati-gnon, sans pour autant voir leurrémunération officielle augmen-ter, M. Jospin n’ayant pas vouludécider maintenant.

Florence Parly, la secrétaire

d’Etat au budget, proposait de s’ali-gner sur le modèle allemand,c’est-à-dire de réévaluer les salai-res des ministres de telle sortequ’ils soient supérieurs à la rému-nération du plus haut fonctionnai-re de l’Etat, en l’occurrence le vice-président du Conseil d’Etat, quigagne 137 000 euros par an.Inquiets de la manière dont l’opi-nion publique percevrait une aug-mentation des salaires ministériels,d’autres ministres préféraient con-server leur rémunération et se voirattribuer des primes qui, à l’exem-ple de celles perçues par les parle-mentaires, seraient défiscalisées.

Les députés ont aujourd’hui untraitement fixe de 4 878 euros parmois, auquel s’ajoute une primedéfiscalisée de 5 335 euros corres-pondant aux frais de mandat(secrétariat, réception, etc). Argu-ment avancé : les ministres sontsouvent issus des rangs des élus etdoivent donc, à ce titre, faire face àdes dépenses, comme les parlemen-taires. Augmenter les salaires desministres ou bien leur accorderune prime défiscalisée ? M. Jospina préféré ne pas trancher. L’unedes premières tâches de son succes-seur sera de prendre une décision.

V. Ma.

Philippe de Villiers se rapprochede Jean-Pierre Chevènement

Laurent Fabius est embarrassé par une réformedu régime de l’imposition des dividendes

Le Medef condamne le dispositif et juge « inadmissible » qu’il s’applique à 2001. Bercy entendse montrer souple et assure que ceux qui ont perçu des dividendes bénéficieront de l’avoir fiscal

La croissance un peu inférieure à 2 % en 2002

La réforme des fonds secretsa fait sensiblement baisserles revenus des ministres

Le prochain gouvernement devra y remédier

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10/LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002

« Un lien direct et essentiel entre le décès de l’intéressé et son travail »

LE 20 MARS 2001, Robert Chapouly,directeur adjoint d’EDF-GDF Services(EGS) Franche-Comté Sud, se suicidait. Laveille, avec son accord, le médecin du tra-vail, le docteur Paul Maurin, avait effectuéune déclaration de maladie à caractère pro-fessionnel pour la dépression dont souffraitM. Chapouly. Le 11 octobre 2001, la caisseprimaire d’assurance-maladie de Besançonsignifiait à l’entreprise l’avis du comitérégional de reconnaissance des maladiesprofessionnelles, qui estimait qu’« il existeun lien direct et essentiel entre le décès de l’in-téressé et son travail. », une décision sansprécédent. Dans son courrier, la caisse pré-cisait qu’il y avait « lieu de prendre en char-ge la maladie dont Monsieur Robert Cha-pouly était atteint ».

A la demande de l’inspection médicale dutravail, le docteur Paul Maurin formulait, le26 novembre 2001, un avis médical, dont iltransmettait copie au directeur de l’EGSFranche-Comté Sud, ainsi qu’aux représen-tants du personnel. Dans une lettre datéedu 11 décembre et qui sera portée le jour-même à la connaissance de tout le person-nel de l’établissement de France-Comté

Sud, le président d’EDF, François Roussely,évoquait sa « vive émotion » et assurait l’en-semble des agents du centre de sa « sympa-thie », mais il critiquait « la divulgation del’avis d’un médecin du travail, comme sa dif-fusion par une organisation syndicale » qui,selon lui, « ne sont ni régulières ni opportu-nes, puisque ce document est naturellementprotégé par le secret professionnel ». Tout endécidant de ne pas contester, sans y acquies-cer, la qualification retenue par la caissed’assurance-maladie, le président d’EDFassurait qu’il tirerait « les conséquences del’inadmissible violation du secret profession-nel, dont chaque agent pourrait d’ailleursêtre un jour victime à son insu ».

« »Un point de vue que le docteur Maurin a

contesté, estimant de plus que la lettre duprésident d’EDF et son affichage lui sem-blent « de nature à porter gravement attein-te à [son] intégrité professionnelle et plusgénéralement à jeter le discrédit sur la méde-cine du travail ». Il en fait part au conseildépartemental de l’ordre des médecins duDoubs, dont le président précise dans sa

réponse datée du 10 janvier 2002 : « La réfé-rence à la violation du secret professionnelrelève d’une ignorance des dispositions relati-ves au secret médical et à ses dérogationsdans le cas d’antécédents d’accident dutravail ou de maladie professionnelle. Lemédecin du travail qui procède à une décla-ration de maladie à caractère professionneldans les formes prévues par la loi ou avec l’ac-cord de l’intéressé, ne fait que répondre à sesobligations déontologiques et son devoir demédecin. »

Dans son avis médical, le docteur Maurinrapportait qu’il avait constaté, le 20 décem-bre 2000 au cours d’une réunion, « les diffi-cultés de concentration de M. Chapouly ».Informé par lui de son « état de grande fati-gue », le docteur Maurin l’avait reçu en con-sultation le jour même. M. Chapouly avaitexposé à cette occasion « les difficultés pro-fessionnelles auxquelles il [était] confronté »et parlé d’« objectifs de gestion paradoxaux,voire contradictoires », et de la lourdeur desa charge de travail. M. Chapouly estimait« intolérable » l’appréciation de sa hiérar-chie et parlait d’« insulte à son travail ».

Le docteur Maurin écrit avoir constaté

qu’« à ce moment, M. Chapouly présentedéjà les signes annonciateurs d’une maladiedépressive ». La maladie s’était installée,malgré un traitement rapidement instituéet les congés de fin d’année. M. Chapoulybénéficiait le 10 janvier 2001 d’un arrêt detravail, mais « l’évolution de sa maladie soustraitement médical est marquée par la surve-nue de tendances suicidaires ». Après unepremière tentative de suicide, M. Chapoulyest hospitalisé le 6 mars 2001 à l’hôpital psy-chiatrique de Novillars.

Le docteur Maurin lui rend visite lors decette hospitalisation où son état sembles’être amélioré et affirme que M. Chapoulylui « confirme dans les mêmes termes quelors de notre premier entretien l’origine exclu-sivement professionnelle de sa maladie ».Dans son avis médical, le docteur Maurinindique que « l’overdose de travail est éviden-te ». Il conclut ainsi : « M. Chapouly sembleavoir été victime de l’incohérence des objec-tifs, de la mauvaise organisation du travail,d’un système pervers de management et… deson dévouement. »

P. Be.

Les de préventiondu , qui se tiennent à Paris du 4 au 7 février,mettent cette année l’accent sur les conséquencesdes licenciements, des restructurations ou du harcè-

lement moral dans l’entreprise sur l’équilibre psycho-logique des 25-44 , ’ par le suicide. Le médecin du travaild’un cadre d’EDF, qui s’était suicidé à la suite d’une

dépression, a obtenu pour la première fois que les dif-ficultés de l’employé soient reconnues comme mala-die professionnelle. Le risque est particulièrementélevé chez les , souvent

encore victimes d’une stigmatisation. La France esttoujours parmi les pays européens où le taux de suici-des chez les est le plus élevé(3 000 chez les plus de 65 ans en 1998).

EN FRANCE, comme dans denombreux autres pays, c’est parmiles 35-44 ans que le plus de suicidessont accomplis, aussi bien par leshommes que par les femmes. Signed’une préoccupation croissante àl’égard d’un phénomène touchantainsi directement la population acti-ve, les journées internationalesfrancophones et latines pour la pré-vention du suicide, qui se tiennentà Paris du 4 au 7 février, abordentle sujet avec une contribution deChristian Larose, président de lasection travail du Conseil économi-que et social (CES).

Evoquant la perte de sens du tra-vail dilué « dans l’anonymat, aurythme des restructurations de socié-té, des reprises successives, des choixstratégiques qui s’accompagnent depeu d’explication », Christian Laro-se souligne également le lourdretentissement de la privationd’emploi : « Toxicomanies, accès deviolence, tentatives de suicide, suici-des réussis signent alors la souffran-ce de ces individus dépossédés,humiliés. » Comme le rappelledans son ouvrage La France du sui-cide (éditions Stock) le professeurMichel Debout, président del’Union nationale pour la préven-tion du suicide (UNPS), organisatri-ce de ces journées internationales :« Il faut que [le chômeur] soit aidéet soutenu sur le plan médico-psy-chologique, mais s’il y a une médeci-ne du travail, il n’existe pas de méde-cine du chômage. »

Dans son secteur d’activité pro-fessionnelle, le textile-habillement-cuir, Christian Larose a recenséquarante tentatives de suicide enhuit ans. « Notre secteur connaît

2 000 licenciements par mois. Nousavons un Vilvorde par mois depuisdix ans. », a-t-il expliqué au Mon-de. Il cite plusieurs suicidesrécents : ceux de deux salariées deLevi’s, âgées de moins de 40 ans,après un conflit social dans l’entre-prise, et celui, il y a deux semaines,d’un employé d’une usine dechaussures à Cholet (Maine-et-Loi-re). Ce dernier s’est tiré un coup defusil de chasse en pleine têtedevant la porte de son usine, enlaissant une lettre motivant songeste par son changement de sta-tut dans l’entreprise.

Le suicide lié au travail n’est« pas un phénomène nouveau, avan-ce Christian Larose, mais il s’est

accentué ces dernières années. Ledésespoir de salariés frappés par desrestructurations ou des licenciementsles pousse de plus en plus à des réac-tions brutales. »

« »Le secteur public est loin d’être à

l’abri. « Du fait que les tensions et lesconflits dans l’entreprise ne peuventaboutir aussi facilement à des licen-ciements que dans le privé, le harcè-lement moral dure même plus long-temps dans le secteur public », esti-me-t-il. Du stress au travail jus-qu’au harcèlement moral, les sala-riés sont soumis à de multiples pres-sions. « Des salariés abusivementmis en concurrence, des membres de

la maîtrise ou de l’encadrementobjets de sollicitations excessives del’organisation du travail peuventdévelopper une hyperactivité profes-sionnelle jusqu’à ne plus pouvoirtenir », analyse le docteur Domini-que Huez, vice-président de l’asso-ciation Santé et médecine du tra-vail. Pour lui, « mises au placard,marginalisation ou exclusion peu-vent être responsables de dépres-sions, de décompensations psychiatri-ques brutales, de tentatives de suici-de, de troubles psychosomatiquesimportants ou de consommation depsychotropes, légaux ou illégaux ».

Travaillant sur les données, cer-tes locales, de la caisse primaired’assurance-maladie de Saint-Etien-ne concernant des personnes qui sesont suicidées, le professeur MichelDebout a constaté que trois hom-mes sur dix avaient auparavantbénéficié d’une exonération du tic-ket modérateur dans le cas d’uneaffection de longue durée (ALD),dont un tiers correspondait à unepathologie psychiatrique. Cette pro-portion s’élevait à six sur dix pourles femmes et dans plus de troisquarts des cas l’ALD correspondaità une pathologie psychiatrique.Des chiffres élevés dans les deuxcas par comparaison aux 9 % de lapopulation globale des assuréssociaux présentant une ALD. « L’af-fection de longue durée, qu’elle soitliée à une pathologie somatique ouplus encore psychiatrique, est un bonindicateur du risque de mort par sui-cide », conclut le professeurDebout.

Pour tenter de répondre au phé-nomène, Christian Larose avanceun certain nombre de propositions.

Il suggère de réviser le code du tra-vail pour exiger, en cas de cessiond’une société, la « coresponsabilitédu vendeur pendant une durée mini-male de deux ans ». De même, ilsouhaite la « réhabilitation du méde-cin du travail dans une optique deprévention » et estime que « mieuxsensibilisé à la prévention du suicide,[le directeur des relations

humaines] devient l’un des acteurspossibles ». En cas de reprise, maisplus largement « pour permettre unespace d’écoute et éviter les dérapa-ges », Christian Larose propose decréer une « cellule psychologique ras-semblant médecins et psychologuesrémunérés par la société pour soute-nir et accompagner les salariés ».

Des textes législatifs ont étéadoptés en 1994 contre le harcèle-ment sexuel et, en décembre 2001,contre le harcèlement moral, avecdes peines d’un an d’emprisonne-ment pour les auteurs de tels actes.Cependant, « cette reconnaissance

des actes de harcèlement moral nes’est pas encore accompagnée d’unereconnaissance des pathologiesqu’ils peuvent induire, note le doc-teur Huez. Il n’y a pas de tableauspécifique des maladies profession-nelles concernant la santé psychi-que ». De ce fait, il prône la déclara-tion des « dépressions professionnel-les en maladie à caractère profes-

sionnel avec l’accord de la victi-me », afin de « donner acte et dechercher à prévenir en permettantau sujet et parfois à la communautéde travail de se réaproprier le sensdes événements ».

Une manière de rompre le silen-ce qui les entoure le plus souvent,surtout en cas de décès. Silence del’employeur, mais aussi silence desorganisations syndicales et desmédecins du travail, littéralement« sidérés » par le suicide d’un sala-rié de l’entreprise.

Paul Benkimoun

QUAND le suicide des jeunesindigne, celui des personnes âgéesprovoque peu d’émoi. Près de3 000 personnes de plus de 65 ansse sont pourtant suicidées en 1998.« C’est un phénomène constammentsous-évalué et banalisé. Pourtant,les chiffres sont accablants, et laFrance reste l’un des pays dits évo-lués qui suicide le plus ses vieillards,dans une certaine indifférence »,souligne le professeur Jean-ClaudeBlond, responsable de la psychia-

trie du sujet âgé dans l’Ain. EnFrance, le taux de suicide des hom-mes âgés de 65 à 74 ans est d’envi-ron 50 pour 100 000 habitants. Cetaux se situe entre 20 et 30 pour100 000 aux Etats-Unis, au Canadaet au Japon. Et l’Autriche (55 pour100 000 habitants) est le seul payseuropéen qui devance la France.Même quasi-record français pourles plus âgés, les hommes de75 ans et plus : leur taux de suicideatteint 98 pour 100 000, seulementdépassée par celui de l’Autriche(121 pour 100 000). Les taux de sui-cide des femmes âgées françaisesse situent davantage dans lamoyenne européenne, mais dansla partie haute de cette fourchette.

Particulièrement déterminées

dans leur passage à l’acte suici-daire, les personnes âgées utilisentdes moyens radicaux (noyade, pen-daison, défenestration, arme àfeu…). La première tentative de sui-

cide est le plus souvent fatale, sur-tout chez les hommes. Passés65 ans, le rapport entre tentativede suicide et mort par suicide estde pratiquement une tentative desuicide pour un suicide masculin« réussi », et de trois tentativespour un suicide féminin – alorsqu’à 20 ans on compte 22 tentati-ves pour un suicide masculin.

Les études manquent pour expli-quer cette spécificité française dela fréquence des suicides aux troi-sième et quatrième âges. Contrai-rement au suicide des jeunes, surlequel nombre de chercheurs sesont penchés récemment, celui desplus âgés est accueilli avec un cer-tain fatalisme. « On a du mal à leconsidérer comme anormal, noteMichel Debout, professeur demédecine légale au CHU de Saint-Etienne (Loire) et auteur de LaFrance du suicide (Stock, 2002). Il ya toujours cette idée qu’à cet âge lesuicide est une sorte de gested’euthanasie que l’on s’appliquerait

à soi-même. Chacun de nous veutpenser que cela lui sera possible s’ilest menacé de décrépitude… LesFrançais, dans leur majorité, admet-tent qu’au terme d’une vie dont onne peut plus rien attendre d’autreque le prolongement des douleurs,la mort provoquée peut être unchoix légitime. »

« »Pourtant, tient-il à préciser,

même chez les vieillards, le suiciden’est pas forcément l’expressiond’un choix lucide. « Il est souventlié au désarroi, à l’abandon, à ladépréciation, à l’enfermement dansune souffrance physique et psycholo-gique. Il est l’expression d’un non-choix, d’un tunnel dont on ne peutsortir. » Comme pour les mal-traitances (Le Monde du 23 janvier2002), le regard porté, en France,sur le vieillissement compte sansdoute pour beaucoup dans le forttaux de suicide des personnesâgées. « On valorise les valeurs de

jeunesse. Le vieillissement, c’est né-cessairement la déchéance, la dé-crépitude. Cela peut être ressentipar la personne âgée qui finit parse culpabiliser elle-même d’êtrevieille », poursuit le professeurDebout.

Aussi douloureuse que la crised’adolescence, l’étape obligée dela crise du vieillissement, de larenonciation à l’illusion d’immorta-lité, peut, elle aussi, mener au suici-de, surtout si elle s’accompagned’une confrontation à la maladie.Car les symptômes de dépression,chez la personne âgée, ne sont pastoujours diagnostiqués. Selon leprofesseur Debout, « quand unepersonne âgée parle de sa mort, ontrouve ça normal. Elle est “en âgede mourir” » : « Le comportementdépressif du sujet âgé est communé-ment admis, comme si la dépressionfaisait partie du processus de vieil-lissement. »

Pascale Krémer

Les suicides sont de plus en plus souvent liés à la vie professionnelleLes Journées internationales de prévention du suicide, qui se tiennent à Paris du 4 au 7 février, mettent l’accent sur les conséquences des licenciements,

des restructurations d’entreprises ou du harcèlement moral sur le lieu de travail sur l’équilibre psychologique des 25-44 ans, tranche d’âge la plus menacée

b Chiffres. Toutes les troissecondes, dans le monde, unetentative de suicide a lieu, avecpour résultat en moyenne unmort toutes les quarantesecondes, selon l’Organisationmondiale de la santé. 57 % dessuicides sont accomplis par despersonnes de moins de 44 ans.b Sexe. Hormis dans les zonesrurales de la Chine, où les femmesse suicident 1,3 fois plus que leshommes, le taux de suicide estpartout plus élevé dans lapopulation masculine. Lamoyenne mondiale est de16 suicides pour100 000 habitants. Elle atteint30 pour 100 000 dans les paysbaltes. La Chine compte à elleseule 20 % des suicides mondiaux.b Tentatives. En France, onrecense annuellement160 000 tentatives de suicide et10 534 décès de ce fait (chiffres lesplus récents, datant de 1998). Lesuicide est la deuxième cause demortalité chez les 15-24 ans, aprèsles accidents de la route, et lapremière chez les 25-34 ans. Al’inverse de la mortalité parsuicide, la plupart des tentatives(70 %) sont le fait de femmes,avec le plus souvent la prise demédicaments.b Dépression. La dépressionconcerne tous les ans au moins4,7 % de la population française,soit près de 3 millions depersonnes. Si on considère laprévalence sur la vie entière,17 % à 19 % de la populationsouffre de dépression majeurenécessitant une prise en chargemédicale au cours de la vie. De50 % à 70 % des dépressionsseraient non traitées.

Dans un rapport sur « Le risque de suicide chez les jeunes à orientationsexuelle non conventionnelle », qui vient de paraître, l’association Homo-sexualités et socialisme s’étonne qu’aucune étude spécifique n’ait encoreété réalisée en France sur ce thème. Aux Etats-Unis, des chercheurs ontdémontré depuis dix ans que les jeunes garçons homosexuels, notamment,encouraient (selon les études) un risque cinq à quatorze fois plus élevé dese suicider que leurs camarades hétérosexuels. Ce décalage serait lié à lastigmatisation d’une telle orientation sexuelle.

D’où, selon Homosexualités et socialisme, l’importance de la lutte contrel’homophobie pour prévenir le suicide des jeunes : il s’agit d’agir contre l’ho-mophobie en milieu scolaire ; d’informer les professionnels et bénévoles tra-vaillant en contact avec les jeunes dans les secteurs parascolaires etsociaux ; d’inciter à l’édition d’ouvrages pour la jeunesse abordant « les diffi-cultés et les joies de se découvrir gay »…

S O C I É T És a n t é p u b l i q u e

En France, plus de10 000 morts par an

Un risque plus élevé chez les jeunes homosexuels

Evolution de la mortalité par suicide, en Francepar tranche d'âge

LES 25 À 44 ANS RESTENT LES PLUS CONCERNÉS

Source : Inserm

1040

5

1140

3

1053

4

2 983

2 149

203

1 879

2 966

2 967

313

3 015

3 330

2 832

607

3 824

3 282

2 304

659

3 607

620 944 810 680moins de 24 ans

de 25 à 44 ans

de 45 à 64 ans

de 65 à 84 ans

plus de 85 ans

tota

l:7

834

1970 1980 1990 1998

La France en tête des pays européens pour le suicide des personnes âgées« C’est un phénomène constamment sous-évalué et banalisé », estime le professeur Blond, psychiatre spécialisé

Page 10: e Le gigantisme militaire de Bush

12/LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002

Affaire Falcone : les avocats de Jean-Christophe Mitterrand demandent un non-lieu

Les deux Français détenusà Guantanamo identifiés

L’INSTRUCTION de l’affaire Elf,après plus de sept ans de procé-dure, est close : les juges ont adres-sé, lundi 4 février, un courrier auxquarante-deux mis en examen pourleur notifier la fin de leurs investiga-tions dans cet énorme dossier– près de 300 tomes de procéduresur le détournement de plusieurscentaines de millions d’euros descaisses du groupe pétrolier français.Les parties ont désormais vingtjours pour réclamer de nouveauxactes d’instruction, avant que le par-quet prenne ses réquisitions et queles magistrats décident qui sera ren-voyé devant le tribunal. Le procèsne devrait pas avoir lieu avant 2003.

L’instruction, ouverte enaoût 1994 pour « abus de bienssociaux et abus de confiance », tour-ne autour de trois fortes personnali-tés : Loïk Le Floch-Prigent, PDGd’Elf de 1989 à 1993, mis en examenune première fois le 4 juillet 1996,puis à trente-deux autres reprisespar la suite ; André Tarallo, le« Monsieur Afrique » d’Elf ; AlfredSirven, l’ancien directeur des affai-res générales, en fuite aux Philippi-nes, mais interpellé le 2 février

2001, au beau milieu du procès deRoland Dumas. L’affaire Dumas estle premier et le seul volet de l’affai-re jugé, après la dénonciation ano-nyme d’avantages conséquentsaccordés par Elf à Christine Deviers-Joncour, la compagne parisienne deRoland Dumas, l’ancien présidentdu Conseil constitutionnel.

« »L’affaire reste pleine de tiroirs.

Du premier est sorti un ami de LoïkLe Floch-Prigent, Maurice Bider-mann, un gros industriel du textile :c’est au vu d’un rapport de la Com-mission des opérations de Bourse(COB) sur les conditions de ren-flouement du groupe Bidermannpar Elf-Aquitaine qu’une instruc-tion a été confiée à la juge Eva Joly,bientôt rejointe par Laurence Vich-nievsky, qui est aujourd’hui rempla-cée par Renaud Van Ruymbeke.Loïk Le Floch-Prigent n’a cessé decontester avoir détourné de l’ar-gent, a jugé « ubuesque » l’hypothè-se de son « enrichissement person-nel » et a souligné qu’il n’avait pas,lui, de comptes en Suisse. Si AlfredSirven, son homme de confiance, et

Maurice Bidermann, l’ami améri-cain, se sont servi de fonds piochésdans les caisses d’Elf, c’était peut-être à son profit, mais en tout cas« à son insu ».

Ainsi, des enquêtes en Suisse ontrévélé qu’un compte d’Alfred Sir-ven avait été débité, en 1991, de2,5 millions de francs pour contri-buer à l’achat du château dans l’Or-ne du patron d’Elf. Et l’une des pre-mières opérations obscures misesen lumière par l’instruction a été leversement, en 1992, de 12 millionsde francs à l’ex-épouse de Loïk LeFloch-Prigent, au moment de leurdivorce. L’argent avait été créditésur un compte ouvert aux Etats-Unis par Maurice Bidermann, quiavait remis les fonds à la divorcée.Discret viatique destiné à la« dédommager », avait indiquéAlfred Sirven, qui a aimablementprécisé que les fonds n’avaient« pas été virés à la demande deM. Le Floch-Prigent ». Mais l’hypo-thèse d’une association occulteentre l’ancien PDG d’Elf et son hom-me de confiance a peu à peu pris ducorps. Les juges, en condamnant,en mai 2001, dans l’affaire Dumas,

l’ancien patron d’Elf à trois ans etdemi d’emprisonnement, ont lon-guement souligné sa « proximité »avec Alfred Sirven et leur « stratégiecommune ».

Loïk Le Floch-Prigent avait alorsdénoncé un « système » de finance-ment occulte des partis, principale-ment voué, selon lui, au RPR.André Tarallo a lui aussi évoqué« des financements politiques fran-çais effectués par Elf », en assurantque c’était Alfred Sirven qui le luiavait dit. La piste n’a en fait jamaispu être sérieusement étayée, endehors de la prise en charge, parune filiale genevoise d’Elf, de salai-res versés en Suisse à des prochesde François Mitterrand et de Char-les Pasqua, ainsi que de l’ancienministre (RPR) Jean-Jacques dePeretti et de l’ex-député européen(DL) Yves Verwærde. Alfred Sirven,après avoir assuré avoir de quoi« faire sauter vingt fois » la Républi-que, a reconnu plus platement, endécembre 2001, avoir touché sapart de commissions occultes, pourses faux frais.

Franck Johannès

LES AVOCATS de Jean-Christo-phe Mitterrand, Mes Jean-Pierre Ver-sini-Campinchi et Rémy Wilner, ontdéposé, lundi 4 février, une deman-de de non-lieu en faveur de leurclient. Mis en examen le 21 décem-bre 2000 dans l’enquête sur les ven-tes d’armes vers l’Angola pour« recel d’abus de biens sociaux, receld’abus de confiance, complicité decommerce d’armes illicite, trafic d’in-fluence et trafic d’influence aggra-vé », le fils aîné de l’ancien présidentde la République avait été placé endétention provisoire avant d’êtreremis en liberté, le 11 janvier 2001.

Dans leur requête, les avocats deM. Mitterrand contestent point parpoint les incriminations retenuespar les juges d’instruction PhilippeCourroye et Isabelle Prévost-Des-prez contre leur célèbre client. Ilsestiment ainsi infondées les poursui-tes pour « abus de biens sociaux »engagées après que la justice eutdécouvert que M. Mitterrand avaitperçu sur un compte suisse, en 1997et 1998, 1,8 million de dollars(1,98 million d’euros) en provenan-ce de Brenco Trading Limited (BTL)et, en 1999, 300 000 dollars(330 000 euros) de Brenco GroupLimited (BGL), deux sociétés del’homme d’affaires Pierre-JosephFalcone. Devant les enquêteurs,

M. Mitterrand – qui a égalementperçu des espèces et divers avanta-ges provenant de M. Falcone –avait déclaré que la majeure partiede ces virements avait rétribué ses« conseils sur l’évolution de la situa-tion politique et régionale de l’Ango-la ».

Les deux sociétés visées, BTL etBGL, filiales de Brenco France, ontleur siège social dans l’île de Man etaux îles Vierges. Or, « les dispositionsréprimant l’abus de biens sociauxsont inapplicables aux sociétés dedroit étranger », observent les deuxavocats, qui ajoutent que ce délit est

« inconnu du droit de l’île de Man etdes îles Vierges britanniques ». Il enest de même, constatent-ils, en Slo-vaquie, siège de ZTS-Osos, la socié-té qui a vendu pour 633 millions dedollars (696 millions d’euros) d’ar-mes au gouvernement angolais en1993 et 1994 et dont M. Falconeétait le mandataire. Les magistratssoupçonnent le groupe Brenco

d’avoir servi de paravent, en France,à ZTS-Osos. Quant au délit de« recel d’abus de confiance »,Mes Versini-Campinchi et Wilnerassurent qu’il n’est pas constitué aumotif que l’enquête « n’a pu établirun quelconque détournement[commis par M. Falcone] au préjudi-ce de la société ZTS-Osos ». « L’inexis-tence du délit d’abus de confianceemporte ipso facto l’absence d’unquelconque délit de recel », affir-ment-ils.

Les deux avocats contestent égale-

ment la qualification de « complicitéde commerce d’armes illicite » rete-nue contre M. Mitterrand. « Aucunepièce du dossier ne démontre unequelconque intervention de Jean-Christophe Mitterrand dans les activi-tés de commerce d’armes », indi-quent-ils, ajoutant que, « au contrai-re, une telle intervention est totale-ment ignorée » des quelque 200 per-sonnes interrogées au cours de l’en-quête. Les défenseurs de M. Mit-terrand observent, de plus, que lesfonds qu’il a perçus l’ont été « plusde cinq ans après les prétendus actesde commerce illicite d’armes ».

Les avocats du fils de l’ancienchef de l’Etat affirment par ailleursn’avoir toujours pas « compris quel

pouvait être la nature, le contenu et lesens » de la mise en examen de leurclient pour « trafic d’influence ».

Quant au « trafic d’influenceaggravé » – qui est retenu à l’encon-tre d’une personne dépositaire del’autorité publique –, Mes Versini-Campinchi et Wilner jugent cettequalification tout aussi infondée :« Il nous semble qu’a été visée la fonc-tion de conseiller pour les affaires afri-caines et malgaches à la présidencede la République, exercée entre 1986et le 2 juillet 1992, par M. Mit-terrand. » « Or, les faits [qui lui sont]reprochés sont postérieurs à sondépart de la cellule Afrique », M. Fal-cone et M. Mitterrand ne s’étantrencontrés « qu’en août 1992 oudébut 1993 », tandis que le contratd’armement signé par ZTS-Osos nel’a été qu’en novembre 1993.

Interrogé par Le Monde, lundi4 février, M. Mitterrand a déclaréque certaines incriminations rete-nues contre lui semblaient « toutsimplement injurieuses ». « Etre accu-sé sans preuve de trafic d’influence etde trafic d’armes constitue une insul-te à l’intelligence. La meilleure preuveen est que, sur ces deux points, je n’aijamais été interrogé par les juges », aconclu M. Mitterrand.

Fabrice Lhomme

LE DOSSIER des rythmes scolai-res à Paris se complique tous lesjours un peu plus. Le recteur del’académie de Paris, René Blan-chet, a présenté, lundi 4 février,trois nouvelles propositions d’amé-nagement des rythmes scolairespour les écoles maternelles et élé-mentaires de la capitale. Les troishypothèses – dont deux prévoientle transfert des cours du samedimatin au mercredi matin – serontsoumises à la consultation des con-seils d’école, qui devront se pro-noncer d’ici au 9 mars. « Le recto-rat et la Mairie de Paris ne passe-ront pas en force. Tout reste possi-ble », a souligné M. Blanchet,reconnaissant, au vu des nombreu-ses manifestations d’opposition,que sa précédente proposition,émise le 19 décembre 2001, avaitété rejetée.

f Scénario A : transfert dusamedi au mercredi et fin descours à 15 h 30.

Dans cette hypothèse, la mati-née du samedi est transférée aumercredi. Tous les jours, les ensei-gnements débutent à 8 h 30 et ter-minent à 12 heures. La pausedéjeuner est réduite à une heuretrente. Les classes reprennent à13 h 30, pour se terminer à 15 h 30.Pour les activités périscolaires,trois périodes sont distinguées :tous les jours, de 15 h 30 à 16 h 30,sont organisées des activités gratui-tes et facultatives ; de 16 h 30 à18 h 30, les familles peuvent choi-

sir des activités payantes propo-sées par la mairie ou des associa-tions ; le samedi matin, enfin, l’ac-cès au périscolaire est gratuit.

f Scénario B : transfert dusamedi matin au mercredimatin, après-midi du mardi libé-rée.

Selon ce modèle, les cours dusamedi sont transférés au mercre-di matin. Le rythme quotidien de

la classe est modifié : les journéescommencent à 9 heures et se termi-nent à 16 h 30, avec une pausedéjeuner d’une heure trente. Laprincipale nouveauté vient de lalibération du mardi après-midi quin’est plus consacré à l’enseigne-ment mais à des activités périsco-laires. Au total, pour ces deux pre-mières propositions, le volumehoraire hebdomadaire des élèvesdiminue d’une demi-heure, de

26 heures à 25 h 30. Cette réduc-tion est néanmoins compenséepar la mise en place, à hauteur de18 heures par an, d’un temps deconcertation entre parents et ensei-gnants. Le rectorat assure que cet-te diminution n’entre pas en con-tradiction avec la définition légalede la durée annuelle de travail desélèves, aujourd’hui fixée à 936 heu-res, soit 26 heures par semaine.

f Scénario C : maintien dusamedi matin, début des cours à8 h 45.

Selon cette hypothèse, les élèvesdu primaire ont classe tous lessamedis matin – et non pas deuxsur trois comme aujourd’hui. Cejour-là, l’école commence à 9 heu-res. Les quatre autres jours de lasemaine débutent à 8 h 45. La pau-se déjeuner est réduite d’une demi-heure (1 h 30 contre 2 heures). La

journée se termine à 16 heures.Des activités périscolaires peuvents’ajouter jusqu’à 18 heures voire18 h 30. Le volume horaire restefixé à 26 heures hebdomadaires.

Ces trois propositions seront ànouveau débattues vendredi8 février. D’autres pourront s’yajouter, a souligné le recteur deParis en excluant néanmoins lamise en place d’une semaine dequatre jours. « S’il est possible d’ar-river à un consensus minimal sur unprojet, après consultation, nousserons en mesure de l’appliquer enseptembre 2002 », a-t-il précisé. Al’inverse, « s’il n’y a pas de consen-sus ou de majorité tranchée, l’école,à Paris, fonctionnera sur le modèleactuel pour la prochaine rentrée »,a prévenu M. Blanchet. Une hypo-thèse plausible : les résultats duquestionnaire envoyé aux ensei-gnants et aux parents délégués ontmis en évidence l’« extrême diversi-té » des points de vue, de l’aveumême du rectorat. La consultationinitiée par le SNUipp-FSU avaitégalement souligné la difficulté àtrouver des points de convergenceparmi les enseignants (Le Mondedu 3-4 février). « Nous ne nousacharnerons pas sur une mise en pla-ce en septembre 2002 », a indiquéEric Ferrand, adjoint au maire deParis chargé de la vie scolaire. LaVille de Paris n’exclut plus de pro-céder par étapes.

Luc Bronner

SUPPRESSION des mentions« légères », « ultra-légères » ou « fai-blement goudronnées », promotiond’un bon équilibre nutritionnel,réduction de la consommationmoyenne de sel alimentaire de 20 %sur cinq ans, amélioration de la qua-lité de la surveillance de la tensionartérielle ou apprentissage des ges-tes de premiers secours : les mesu-res ne manquent pas dans le pre-mier plan triennal de réduction desrisques cardio-vasculaires quedevait présenter, mardi 5 février,Bernard Kouchner. Le ministre délé-gué à la santé entend s’attaquer àdes maladies qui, avec près de180 000 décès annuels, représententla première cause de mortalité enFrance. Chaque année, 120 000 per-sonnes sont soignées pour un infarc-tus du myocarde et 130 000 pour unaccident vasculaire cérébral. Selonle ministère, la prévention des fac-teurs de risques prédisposant auxmaladies cardio-vasculaires concer-ne 20 millions de personnes.

Le premier objectif retenu estd’« affiner le suivi épidémiologiquedes facteurs de risques et des patholo-gies cardio-vasculaires ». Une étudeva également s’attacher à mieux con-naître la fréquence de l’angine depoitrine, qui, prise en charge préco-cement, peut éviter l’évolution versl’infarctus du myocarde.

L’action sur les facteurs de risquesest notamment dirigée contre letabagisme, qui concerne environ15 millions de personnes et est tenupour responsable de 57 000 décèsd’hommes et 3 000 décès de fem-mes par an. Une consommation de10 cigarettes par jour multiplie pardeux le risque de survenue d’uninfarctus du myocarde et ce risqueest triplé pour une consommationde 20 cigarettes par jour. Une directi-ve européenne du 5 juin 2001 vise àabaisser les taux maximaux de gou-dron et de nicotine dans les cigaret-tes, à améliorer les messages sanitai-res figurant sur les paquets et à sup-primer les mentions induisant uneerreur de jugement quant à la nocivi-té de ces produits. Le plan gouverne-

mental fixe l’objectif d’une diminu-tion des ventes de tabac de 15 % endix ans.

Outre ces initiatives, le plan viseégalement à encourager l’éducationthérapeutique. La qualité de la sur-veillance tensionnelle, notammentpar les appareils d’auto-mesure, vaêtre améliorée. Des tests de contrô-le de ces appareils vont être effec-tués par l’Agence française de sécuri-té sanitaire des produits de santé(Afssaps), qui établira la liste deceux répondant aux normes.

Le quatrième axe du plan est con-

sacré à l’apprentissage des premierssecours, qui doit débuter dès l’école.Les médecins se verront proposerdes formations à l’utilisation desdéfibrillateurs semi-automatiques,en cas d’arrêt cardiaque. M. Kouch-ner rappelle l’effort financier accom-pli pour les défibrillateurs cardia-ques implantables : 11,58 millionsd’euros pour la période 2000-2002.Le ministre décidera de la poursuitede leur diffusion sur la base d’un rap-port d’évaluation médico-économi-que attendu pour le deuxièmesemestre 2002.

L’organisation et la prise en char-ge des accidents vasculaires céré-braux forment le cinquième chapi-tre du plan. Sur les 130 000 person-nes victimes d’un tel accident cha-que année, 20 % sont décédées à lafin du premier mois et 75 % des sur-vivants ont des séquelles définitives.Ces chiffres expliquent que l’acci-dent vasculaire cérébral soit la pre-mière cause de handicap acquis del’adulte, notamment âgé, dans lespays occidentaux. Une prise en char-ge précoce, « globale et structuréepermet de réduire de manière signifi-cative le nombre de décès et la dépen-dance », estime le ministre. Cela sup-pose, selon M. Kouchner, de « réfor-mer profondément l’organisation dessoins ». Une mission sur ce sujet aété confiée au professeur MarcHommel, du CHU de Grenoble.

Paul Benkimoun

« Etre accusé sanspreuve de traficd’influence et de traficd’armes constitue uneinsulte à l’intelligence »

.-.

LE MINISTÈRE des affaires étrangères a donné, lundi 4 février, l’identi-té des deux Français détenus sur la base américaine de Guantanamo, àCuba, parmi 158 combattants talibans faits prisonniers par les Améri-cains en Afghanistan. Il s’agit de Mourad Benchellali, 20 ans, et de Bra-him Yadel, 30 ans, tous deux Français d’origine algérienne. Une missiondu ministère avait pu s’entretenir avec eux sur place. Les prisonniers« ont souhaité faire savoir à leurs familles qu’ils étaient en bonne santé ».Au total, la CIA a transmis aux autorités françaises une liste de six nomspouvant correspondre à des combattants talibans présumés français etdétenus par les Américains. Mais, selon la porte-parole du ministère,aucun autre Français n’était, mardi 5 février, à Guantanamo.

a ISLAMISTES : trois hommes soupçonnés d’avoir été en relationavec un réseau islamiste qui aurait préparé un attentat à Stras-bourg (Bas-Rhin), fin 2000, ont été interpellés, lundi 4 février, enrégion parisienne, et placés en garde à vue. Dans cette affaire, six hom-mes avaient été interpellés, en novembre 2001. Un seul, AbdelkaderTcharek, avait été mis en examen pour « association de malfaiteurs enrelation avec une entreprise terroriste, détention de faux documentsadministratifs et séjour irrégulier ». Les magistrats antiterroristes pen-sent détenir un proche d’Oussama Ben Laden en la personne de Moha-med Bensakhria, un Algérien de 34 ans, arrêté en juin 2001 à Alicante,extradé et écroué le 12 juillet 2001 en France.a JUSTICE : l’homme d’affaires Arcadi Gaydamak a « protesté », dansun communiqué diffusé lundi 4 février, contre l’avis défavorable émisle 24 janvier par la commission consultative sur le secret de la défensenationale (CCSDN) concernant la déclassification de documents couvertspar le secret-défense relatifs à la libération, en 1995, de pilotes françaisdétenus en Bosnie (Le Monde du 4 février). M. Gaydamak est visé, depuisdécembre 2000, par un mandat d’arrêt international dans l’affaire Falcone.a POLICE : l’ancien chef de la division nationale antiterroriste(DNAT), Jean-Michel Mimran, qui avait été rétrogradé au rang de« chargé de mission auprès de la direction centrale de la police judiciai-re » (DCPJ) par un arrêté du ministère de l’intérieur du 16 novembre2001, a porté l’affaire devant le tribunal administratif, le 11 janvier.Nommé à la tête de la DNAT en septembre 1999, en remplacement deRoger Marion, il avait été limogé et muté à la police judiciaire de Nan-terre, sans mission précise (Le Monde du 30 janvier).a UNIVERSITÉ : le Conseil national de l’enseignement supérieuret de la recherche (Cneser) a approuvé, lundi 4 février, la créationd’un nouveau diplôme universitaire, le mastère, qui remplacera lesDEA et DESS (Le Monde du 5 février). Lancés par l’ancien ministre del’éducation Claude Allègre, dans le cadre de l’harmonisation euro-péenne des études universitaires, les mastères étaient déjà reconnuscomme des « grades » sanctionnant cinq années d’études après le bac,mais non comme des diplômes à part entière.a INCENDIE : un incendie, qui serait d’origine criminelle, ravage,depuis lundi 4 février, un stock de trois à quatre millions de pneususagés à Artaix (Saône-et-Loire), près de Charolles. Un suspect, qui auraitagi par vengeance, a été identifié par les enquêteurs. L’épaisse fumée noi-re dégagée par l’incendie est visible à 40 kilomètres à la ronde. Trente-cinq personnes ont dû être évacuées pour une période de 48 à 72 heures.

Préférant ne pas se prononcer sur les différentes formules soumises par lerectorat, le SNUipp-FSU, syndicat enseignant majoritaire, réclame desprécisions sur « les moyens dont disposent et disposeront chacune desécoles ». « En l’état, les propositions sont totalement inacceptables », estimele SE-UNSA, qui considère que « le projet n’est pas mûr ». Appelant à unenouvelle grève le 8 février, SUD-éducation dénonce la « provocation » durecteur.

Du côté des parents d’élèves, la FCPE estime que ces propositionsmarquent une « avancée » mais réclame un allégement de la journée scolai-re et s’oppose à une réduction de la pause de midi. Très critique, la PEEPdénonce notamment le refus du rectorat d’envisager la mise en place d’unesemaine de quatre jours.

Bernard Kouchner présenteun plan de lutte contre

les maladies cardio-vasculairesElles sont responsables de 180 000 décès par an

Les juges d’instruction referment le dossierde l’affaire Elf après sept années d’enquête

Outre l’ancien PDG, Loïk Le Floch-Prigent, et son bras droit, Alfred Sirven, 42 personnes ont étémises en examen. Le procès de ces détournements pourraient se tenir l’an prochain

Le recteur de Paris présente trois projets sur les rythmes scolairesDeux d’entre eux prévoient le transfert des cours du samedi matin au mercredi matin

Les syndicats d’enseignants très critiques

S O C I É T É

Page 11: e Le gigantisme militaire de Bush

LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002/13

LYONde notre correspondante

La circulation automobile dansles rues du centre de Lyon estjugée globalement fluide. Mais legrand enjeu pour la deuxièmeagglomération française est d’amé-liorer l’offre de transports publicsà destination des communes limi-trophes pour dissuader les habi-tants d’utiliser leurs voitures etd’emprunter des axes routiers,totalement asphyxiés matin etsoir.

Actuellement, le Sytral, le Syndi-cat mixte des transports dans leRhône et dans l’agglomérationlyonnaise, dispose d’un réseaudiversifié (métro, bus, tramway,funiculaire) qui propose le doublede l’offre kilométrique par habi-tant que celui de Marseille. Maisce maillage ne suffit pas. A peineélu, le maire et président de laCommunauté urbaine de Lyon,Gérard Collomb (PS), a soulignéque les « priorités devaient se por-ter sur la première couronne »,notamment Vaulx-en-Velin etVénissieux, communes qui ont per-du des habitants, selon le dernierrecensement.

Le Sytral vient d’adopter sonplan de mandat pour les cinq ans àvenir. Il n’est pas en rupture avecle plan de déplacement urbain(PDU) voté en 1999 par l’anciennemajorité de Raymond Barre (app.UDF). Mais il introduit notam-

ment la desserte des grands équi-pements par des transports encommun. Ainsi est-il prévu derelier la Cité internationale et lecentre de congrès de Lyon, aujour-d’hui isolé du reste de la ville, auquartier d’affaires de la Part-Dieu.Cette ligne de trolleybus devraitdesservir les communes de Caluireet de Rillieux-la-Pape, avec la cons-truction d’un parc relais pour inci-ter les automobilistes en provenan-ce du Val-de-Saône à abandonnerleur voiture.

Mais la principale nouveauté estla création d’une ligne directeentre la gare de la Part-Dieu et l’aé-roport international de Saint-Exu-péry, qui n’est desservi aujour-d’hui que par l’autoroute. LeSytral prendrait en charge la réali-sation d’une ligne express de tram-way jusqu’à la commune de Mey-zieu et le conseil général le prolon-gement jusqu’à l’aéroport.

Avec cette liaison, M. Collombfait « le pari du développement del’agglomération à partir de l’aéro-port ». Il juge « ce maillon indispen-sable dans l’équilibre du territoire »et envisage d’installer près de l’aé-roport le parc des expositions,aujourd’hui implanté à Chassieu,« dans un no man’s land mal desser-vi ». Le maire de Lyon et le prési-dent du Sytral, le socialiste Ber-nard Rivalta, souhaitent aussi leprolongement de cette ligne jus-qu’à Crémieu, dans l’Isère, pourdissuader la population, qui a aug-menté de 25 % sur ce secteur, etdont 80 % travaillent à Lyon, d’utili-ser les voitures. « Nous devons fai-re la course face à l’automobile.Nous savons que les 35 heures favori-sent l’augmentation du nombre dedéplacements, explique M. Rivalta.Notre challenge est de capter cesnouveaux modes de vie et de réorga-niser l’utilisation de la voirie au pro-fit des transports en commun. »

Pour le sud de l’agglomération,Vénissieux devrait enfin être dotéd’un tramway qui reliera le quar-tier des Minguettes à la Part-Dieu.La commune de Vaulx-en-Velindevra se contenter de la prolonga-tion du métro jusqu’au quartier dela Soie et d’une ligne de trolleybusà partir de la gare Saint-Paul, dansle Vieux Lyon, et non d’un tram-way imaginé à l’origine. Enfin, d’icià 2007, le Sytral a inscrit le prolon-

gement de la ligne 1 du tramwaypour relier la gare de Perrache ausite du Confluent, là où le conseilgénéral du Rhône doit bâtir unnouveau musée et où la mairie deLyon projette un pôle de loisirsnocturnes. La prolongation dumétro jusqu’à Oullins, qui nécessi-te le franchissement du Rhône, estreportée à une échéance ultérieu-re, même si des études ont été pro-grammées.

Confronté à un endettement quis’élève à 915 millions d’euros en2001 et qui devrait atteindre1,32 milliard d’euros en 2002, leSytral, dont l’essentiel des recettesest assuré par la billettique, la con-tribution de la Communauté urbai-ne et le versement transport, a prisune décision qui a valeur de petiterévolution. Le métro lyonnais,dont l’accès depuis sa mise en ser-vice en 1977 était libre, va êtreéquipé, d’ici trois ans, de por-tillons, sur le modèle du métroparisien. Pour les responsables duSytral, le coût de ce fonctionne-ment qui reposait sur la « citoyen-neté » des usagers est trop élevé :près de 20 % des utilisateurs frau-dent et la perte de recettes est esti-mée à 9,2 millions d’euros par an.

En octobre 2001, le Sytral et lasociété d’exploitation, la SLTC,avaient lancé une opération « Lafraude ça suffit » pour inciter lesutilisateurs à s’affranchir d’un tic-ket. Campagne d’affichage sur leréseau, dans la presse, à la radio,renforcement des contrôles, rienn’y a fait. En 2001, la fraude a aug-menté de 14,6 % par rapport à l’an-née 2000.

Pour équilibrer son budget, quis’élève à 747 millions d’euros, leSytral n’a pas eu d’autres ressour-ces que d’augmenter le versementtransport prélevé auprès desemployeurs publics et privés deplus de 9 salariés, de 1,63 % à1,75 % à partir du 1er janvier 2003et celui du ticket unitaire de 7,7 % :il passe de 1,3 euro (prix sur leréseau parisien) à 1,4 euro. Ses res-ponsables justifient ces décisionspar les handicaps dont souffre ledeuxième réseau de transport encommun français, qui transportechaque jour 1,2 million de passa-gers : la carte Orange n’existe paset l’Etat ne lui verse pas de contri-butions de fonctionnement, con-trairement à la RATP.

Sophie Landrin

Existant Prévu ou en cours

Tramway :Métro :

Trolleybus :(en site propre)

(2002-2007/09)(2002-2007)

Projet

(2002-2007)

Parc relais existant Parcs relais en extension

DES PROJETS À RÉALISER ENTRE 2002 ET 2007

2 km

DÉCINES-CHARPIEU MEYZIEU

BRON

SAINT-PRIEST

VÉNISSIEUX

GerlandMairie

OULLINS

LYONVILLEURBANNE

CALUIRE-ET-CUIRE

RILLIEUX-LA-PAPE

VAULX-EN-VELIN

Saint-Priest

Rillieux

VaulxFeyssine

Minguettes

Gorge de Loup

Gare de Vaise

Gare de Vénissieux

Grange blanche

Cité universitaire(Lyon-II)

L. Bonnevay

Part-Dieu

Citéintern.

Perrache

En cours

T1

T2

axeA4

axe A5

axeA3

T2

TramwayexpressA

D

DB

a MONT-BLANC : des fissures décelées dans la voûte du tunnel duMont-Blanc, sur une longueur de 5 mètres, devraient retarder une nou-velle fois la réouverture de cet équipement, qui était prévue pour la finde la semaine (Le Monde du 5 février). Outre les travaux effectués dansle tunnel, l’autre cause invoquée serait le mini-séisme, dans la soiréedu samedi 2, dont l’épicentre était situé au sud-est de Valloire (Savoie).– (Corresp.)a « ERIKA » : le Fonds international d’indemnisation pour les dom-mages dus à la pollution par les hydrocarbures (Fipol) a indiqué, lun-di 4 février, qu’il avait évalué 82 % des 6 004 demandes d’indemnisa-tion déposées par les victimes de la marée noire de l’Erika, le 12 décem-bre 1999. Le montant total des indemnités réclamées par les sinistréss’élève à 141 millions d’euros.a BRETAGNE : le plan pour la reconquête de la qualité de l’eau enBretagne doté de 106 millions d’euros a été signé lundi à Rennes (LeMonde du 5 février). La Confédération paysanne a signé le plan « avecréserve ». Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, qui assistaità la cérémonie, a déclaré « partager les objectifs du plan ».a NANTES : la Communauté urbaine de Nantes vient d’annuler unprojet de prolongement de ligne de tramway sur rail, au profitd’une solution nouvelle de tramway sur pneus guidé optiquement. Cet-te nouvelle technologie développée par le consortium Iris est en coursde test à Rouen et Clermont-Ferrand. Son coût sera au moins deux foismoins élevé que celui du projet initial, estimé à 137 millions d’euros. Samise en service est prévue pour septembre 2006. – (Corresp.)a VIENNE : quelque cent cinquante opposants au Naturoscope ontmanifesté lundi 4 février, à Monts-sur-Guesnes (Vienne) contre le défri-chement de la forêt sur le prochain site de ce parc consacré à l’environ-nement et soutenu par René Monory, président (UDF) du conseil géné-ral de la Vienne. Le matin, une centaine d’élus avaient manifesté enfaveur du projet.a PYRÉNÉES : les gendarmes ont dressé, samedi 2 et dimanche3 février, 16 procès-verbaux pour écobuage illégal à la suite des vio-lents incendies qui ont ravagé quelque 6 000 hectares de forêts et debroussailles dans les Pyrénées. Dix auteurs de ces feux volontaires ontété formellement identifiés.a PARIS : Bertrand Delanoë, maire (PS) de Paris, a inauguré, lundi4 février, la rue du Chevalier-de-Saint-Georges, compositeur mulâ-tre du Siècle des Lumières, qui remplacera la rue Richepance, du nomdu général qui avait rétabli l’esclavage à la Guadeloupe sur instructionsde Napoléon Ier. Des centaines de Parisiens assistaient à la cérémonie,suivie de l’interprétation d’œuvres du musicien.

Lyon veut améliorer les transports en commun vers sa banlieueAfin de réduire le poids de l’automobile, l’agglomération privilégie les liaisons avec la petite couronne, avec tramway et trolleybus en site propre.

Lourdement endetté, le syndicat des transports augmente le prix du ticket et la participation des entreprises, faute de soutien de l’Etat

Depuis le début de l’année, denouveaux trolleybus ont été mis enservice sur la ligne la plus fréquen-tée du réseau lyonnais, qui transpor-te chaque jour 33 000 passagers,entre le quartier Saint-Paul et le bou-levard Laurent-Bonnevay. BaptiséCristalis, cette nouvelle générationde trolley, aux lignes futuristes,fabriquée par Irisbus France et Als-tom, est dotée de « perchesintelligentes » installées sur la toitu-re au lieu d’être greffées à l’arrièredes véhicules. Surveillées par camé-ras et visualisées par des écrans,elles évitent, grâce à un système demotorisation, toute interventionmanuelle lors du perchage.

Doté de portes louvoyantes quiglissent le long de la carrosserie, delarges baies vitrées, de la climatisa-tion, muni de caméras de surveillan-ce, le Cristalis devrait remplacer,d’ici fin 2002, les vieux trolleybusBerliet. Lyon a inscrit dans son plande déplacement urbain (PDU) l’utili-sation de ce mode de transport peupolluant. – (Corresp.)

« Nous faisons le paridu développementde l’agglomérationà partir de l’aéroport »

,

R É G I O N S

Une nouvellegénération de trolleys

Page 12: e Le gigantisme militaire de Bush

14/LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002

Naissances

Elisabeth et Thierry THÉVINont la joie d'annoncer la naissance de

Malo,

le 2 février 2002,

et de

Clément,

le 16 août 1996.

3, rue Paul-Henri-Grauwin,75012 Paris.

Pascale et BertrandROBERT-DIARD,Samuel etJoseph,

ont le grand bonheur d'annoncer lanaissance de

Noé,

le 25 janvier 2002.

2, rue Saint-Etienne-du-Mont,75005 Paris.

Décès– Carpentras.

MmeR.M. Arlaud,née Muriel Halphen,

Ariel et Claude Richaud-Arlaud,et leurs enfants, Hugues et Maud,

Yan et Hélène Arlaud-Imbert,et leurs enfants, Swann et Alexis,ont la douleur de faire part du décès de

« Ar-Ry » ARLAUD,

leur époux, père et grand-père.

La cérémonie œcuménique estcélébrée ce mardi 5 février 2002, à10 h 30, en l 'église de Venasque(Vaucluse).

Ni fleurs ni couronnes.

– Le docteur Hassouna Ben Ayed,son époux,

Fatmi, Élies et Lamia Ben Ayed,ses enfants,

Alain Vivier,son frère,son épouse Denise,ainsi que leurs enfants,

Annie Bruchet,sa sœur, ainsi que ses enfants,

Les familles Ben Ayed, Ben Salah,Vivier, Lefevre,ont la douleur de faire part du décès de

Madeleine Ben AYED,née VIVIER,

survenu le 29 janvier 2002, à l'âge desoixante-cinq ans, à Carthage (Tunisie).

Son inhumation a eu lieu au cimetièredu Borgel, à Tunis (Tunisie).

– Pierre Cortial,son époux,

Ses enfants et petits-enfants,Ses parents et amis,

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Pierre CORTIAL,née Rachelle MEDIONI,

« Annie » dans la Résistance,

survenu le 2 février 2002, dans sa quatre-vingt-neuvième année, et rappellent àvotre souvenir

Rémy CORTIAL,

son fils, décédé le 5 décembre 1986.

L'inhumation aura lieu au cimetièred'Ablon-sur-Seine, le vendredi 8 février2002, à 11 heures.

Cet avis tient lieu de faire-part.

– Toute sa famillea la tristesse d'annoncer le décès de

M. André DILIGENT,maire honoraire de Roubaix,

membre honoraire du Parlement,

survenu le 3 février 2002, dans sa quatre-vingt-troisième année.

Vous êtes priés d'assister, ou de vousunir d'intention, à ses funérailles,lesquelles auront lieu le jeudi 7 février, à11 heures, en l'église Saint-Martin, àRoubaix (Nord).

64, rue du Moulin-d'Ascq,59493 Villeneuve-d'Ascq.

(Le Monde du 5 février.)

– Le président,Le bureau,Le conseil d'administration,Le conseil scientifique,Ses collègues de l'Ecole des hautes

études en sciences sociales,ont la tristesse de faire part de ladisparition de

Vadime ELISSEEFF,directeur d'études,

survenue le 29 janvier 2002.

– Francine Mariani-Ducray,directrice des Musées de France,présidente de la Réunion des muséesnationaux,

Jean-François Jarrige,directeur du Musée national des artsasiatiques-Guimet,

Et l'équipe du musée,ont la tristesse de faire part de ladisparition de

Vadime ELISSEEFF,directeur honoraire du Musée national

des arts asiatiques-Guimet,

le 29 janvier 2002.

Ils tiennent à saluer la mémoire de l'undes très grands noms de l'orientalismefrançais, qui contribua au rayonnementinternational de leur institution.

Un office religieux se tiendra le7 février, à 18 heures, en l 'église-cathédrale Saint-Alexandre-Nevski,12, rue Daru, Paris-8e.

– Les Amis du Musée Cernuschi,ont le regret de faire part du décès de

Vadime ELISSEEFF,conservateur général honoraire

des musées de France,conservateur en chef honoraire

du Musée Cernuschi,grande médaille de vermeil

de la Ville de Paris,membre fondateur du Conseil

international des musées (ICOM).

Un office sera célébré à sa mémoire,le jeudi 7 février 2002, à 18 heures, en lacathédrale Saint-Alexandre-Nevski, 12,rue Daru, Paris-8e.

– Sa familleEt ses amis

ont la tristesse de faire part du décès de

Jacques HONDELATTE,architecte,

survenu le 2 février 2002.

Beau-Soleil,33240 Saint-Romain-la-Virvée.

– Lannion. Ploubezre. Paris. Londres.Lemyngton.

M. et MmeMachart Michel.M. et MmeLe Paranthoën Patrick,

ses enfants,Renaud, Gaultier, Emerick, Séverine

et François-Thierry,ses petits-enfants,

Thibault et Hortense,ses arrière-petits-enfants,

Et toute sa famille,ont la douleur de faire part du décès de

Mme JeanneLE PARANTHOËN,

née PROVOST,

dans sa quatre-vingt-dixième année.

Un hommage lui est rendu aufunérarium de la Chesnaie, à Lannion(Côtes-d'Armor), le mardi 5 février, à15 heures.

– Lisette Modigliani,son épouse,

Claude et Francine Modigliani,Henry et Janine Abehsera,

ses enfants,Cédric et Sabine Abehsera,Sandrine Abehsera,Paul et Laure Modigliani,

ses petits-enfants,Le docteur Albert Darmon et Danielle,

Adrien et Lucky Lumbroso,ses parents,ont le regret de faire part du décès de

Alfred MODIGLIANI,

survenu le 3 février 2002, à Paris-13e, àl'âge de quatre-vingt-quatre ans.

Ses obsèques auront lieu le jeudi7 février, à 16 heures, au crématorium ducimetière du Père-Lachaise (rue desRondeaux, Paris-20e).

33, avenue d'Italie,75013 Paris.

– Dominique,sa femme,

Vincent, Sophie, Amélie et Say,ses enfants,leurs conjoints,

Django, Quentin, Charlotte, Myrtille,Zoé et Lancelot,ses petits-enfants,

Solange, Anne et Marie,ses sœurs,leurs familles,ont la tristesse d'annoncer le décès de

François PRIEUR,architecte et urbaniste,

membre de l'Académie d'architecture,

le 2 février 2002.

Cet avis tient lieu de faire-part.

78470 Milon-la-Chapelle.

– Sucy-en-Brie. Meyzieu. Aurillac.Sainte-Foy-lès-Lyon. Paris. Valbelle.Lyon.

Jean-Paul et Gwen Terrenoire,Françoise et Marc Pagano,Monique et Jean-Louis Calvet,Michèle et André Boisson-Terrenoire,Yves Terrenoire et Marie-Cécile

Davergne,Béatrice et Robert Gonnet,Jacques Terrenoire et Dominique

Gourland,ses enfants et leurs conjoints,

Ses petits-enfants et arrière-petits-enfants,

Daniel et Malou Gagneur,Bernadette Japiot,André Terrenoire,

ses frère, sœur, beau-frère et belle-sœur,Ses neveux et nièces,Ses parents et alliés,Ses amis de Vie nouvelle,

font part du décès de

Marie-Louise TERRENOIRE,néeGAGNEUR,

« Minette »,

le 2 février 2002, dans sa quatre-vingt-douzième année.

« Avec celui que nous aimons,nous avons cessé de parler,et ce n'est pas le silence. »

René Char.

Ils rappellent à votre souvenir sonépoux,

Paul TERRENOIRE,

décédé en 1982.

La cérémonie religieuse aura lieu lejeudi 7 février, à 10 h 15, en l'égliseSaint-Martin-d'Ainay, Lyon-2e.

Ni fleurs ni couronnes.

Cet avis tient lieu de faire-part et deremerciements pour vos marques desympathie.

– La directionEt les personnels de l'ENS lettres et

sciences humainesont la tristesse de faire part du décès de

Yvon THÉBERT,professeur d'histoire ancienne,ancien élève de l'Ecole normale

supérieure de Saint-Cloud.

– Le directeur,Les membres,Le personnel de l'Ecole française de

Rome,ont la grande tristesse de faire part dudécès de leur collègue et ami

Yvon THÉBERT,ancien membre

de l'Ecole française de Romeet collaborateur scientifique

de ses chantiers archéologiquesdepuis 1972,

survenu le 2 février 2002,

et s'associent à la douleur de sa famille etde ses proches.

Ecole française de Rome,Piazza Farnese, 67,I-00186 Rome.

– MmeNicole Cormier Vago,son épouse,

Jean-Pierre, Florence,Michel et Catherine,ses enfants,

Ainsi que leurs familles,ont la tristesse de faire part du décès de

Pierre VAGO,architecte,

officier de la Légion d'honneur,

survenu dans sa quatre-vingt-douzièmeannée, le 27 janvier 2002.

Il repose au cimetière de Noisy-sur-Ecole, où il a été inhumé dans l'intimité,après une cérémonie religieuse, le2 février.

Ses confrères et ses amis serontinvités ultérieurement à se réunir à Paris,en sa mémoire.

– On nous prie d'annoncer le décès,survenu le 31 janvier 2002, dans saquatre-vingt-troisième année, de

Mme Elisabeth VAMOSI.

De la part de sa famille.

– Le contre-amiral (c.r.) JacquesVatelot,

Le contre-amiral (c.r.) et MmeClaude-Yves Parade,leurs enfants et petits-enfants,

Le docteur et MmeDenys Ribaset leurs enfants,

M. et MmeJean-Marie Vatelotet leurs enfants,

M. et MmeJean-Louis Veyrat-Masson,et leurs enfants,

M lle Agnès Vatelot et M. BernardValette,ont la douleur de faire part du décès subitde leur épouse, mère, grand-mère etarrière-grand-mère,

Mme Jacques VATELOT,née Armelle CHARÉZIEUX,

survenu le 3 février 2002, à Toulon.

La cérémonie religieuse sera célébréele mercredi 6 février, à 14 h 30, enl'église Saint-Jean-Bosco de Toulon.

– M. Willem Daniels,son époux,

Jérôme et Martine,ses enfants,

Arthur et Guilhem,ses petits-fils,

Ses frères et sœurs, beaux-frères etbelles-sœurs,

Ses neveux et nièces,Les familles Daniels, Dauge et van

Rossum,ont la tristesse de faire part du rappel àDieu de

Anne DANIELS,néeDAUGE,

survenu le 3 février 2002, à Paris.

La cérémonie religieuse, suivie del'inhumation, aura lieu le vendredi8 février, à 15 heures, en la collégialeSaint-Martin de Candes (Indre-et-Loire).

Ni fleurs ni couronnes, des donspeuvent être adressés au Mai deshandicapés, 37500 Chinon.

Un office religieux sera célébréultérieurement, à Paris.

1, rue du Port,37500 Candes-Saint-Martin.

Remerciements– Epernay. Paris.

M. et MmeJean Bouloré,ses parents,

Virginie,sa sœur,très touchés des marques de sympathieque vous leur avez témoignées lors de ladisparition de

Vincent BOULORÉ,

vous prient de trouver, ici, l'expressionde leurs sincères remerciements.

Anniversaires de décès– Il y a six ans, le 6 février 1996,

Agnès DELPECH

nous quittait, dans sa vingt-neuvièmeannée.

Elle reste très présente dans nosmémoires et dans nos cœurs.

Souvenir

Jean-Michel CHAPUT,né le 30 avril 1945,

papa le 24 février 1983...

Vade-mecum.

« La Maine bout par-dessus à tescôtés,

Moins que cette nature inerte qui sefige en pleine convulsion,

Au-dessus de nos têtes, le ciel, s'offreen reflets de terril.

J'peux point buffer, c'la sent terjousl'hivar

Pouillé d'piée ton p'tit queniau.Ainsi c'est toi qui pars ? homme

paisible de la libertéAprès tant..., tant... et tant... !Ta mémoire effondrée, RACONTE

MOI ENCORE !Ton iris sourit continuellement, mon

œil se couvre de larmes enfantines.Piéton de France insoumis ; sur la

route ?Badigeonné d'un jeu social réversible.Ton sens de la marche perdu, rompt

mes attaches.Brusquement, cligne le silence et

tombe le temps en hurlement mental !CHER, CHER PAPA

Des douleurs en enfilade mepourchassent les souvenirs,

Mortes pensées dans mon cerveaum'empoisonnent.

Mais non moi je ne te vois pas, etpourtant tu te formes hors le corps.

De n'avoir pas pu savoir, j'empreins tamémoire, me glisse dans ton ombre d'uneimmense lutte.

Puis figeant tout ce qui fût en ma forced'inertie,

Je dirai, console-moi! natureinsolente, malicieuse.

Je me surprendrai à rire.Mais d'où revient la tendresse,l'agitation heureuse, l'amour terrible.Pardon si j'ai... !La rue s'anime, tourne, tourne le

disque de DAMIA,Un souvenir, in petto.Près, loin, sous le vent, débraillé d'un

coup dans ta fuite,Tu t'efforces en ma trogne à te faire

plume.Je t'aime, je me batsPapa, da-capo avec moi... »

– Le 2 février 1993,

François REICHENBACH

nous quittait.

Tous ceux qui l'ont connu, aimé etapprécié auront une pensée affectueusepour lui, en ce jour anniversaire.

M. Bernard Meusnier,Les Films du Prisme,27, rue Louis-David,75016 Paris.

Messes anniversaires

– Le 6 février 2001, s'éteignait dans lapaix du Christ

Philippe CORDELLE.

Notre douleur est immense.

Sa gaieté et son courage sont présentschaque instant de notre vie.

MmePhilippe Cordelle,Agathe, Valentine, Marguerite,M. et MmeJacques Cordelle,Brigitte Cordelle.

Une messe anniversaire sera célébréele samedi 9 février 2002, à 10 h 30, enl'église Saint-François-de-Salles, 17, rueAmpère, Paris-17e.

Débats– Au CBL, 10, rue Saint-Claude,

Paris-3e, jeudi 7 février 2002, à 20 h 30 :« La majorité a-t-elle toujoursraison ? », débat avec Gérard Miller,auteur de Minoritaire (éd. Stock).

Réservations au 01-42-71-68-19(ainsi que pour le récital lyrique à thèmesjuifs, du samedi 9 février à 20 heures, etpour le débat, avec Henri Meschonnic, ledimanche 10 février, à 15 heures).

FormationsConférences à Sciences Po,

de 19 h 15 à 20 h 45.Deux nouveaux cycles « Amphis 21 »

ouverts à un large public.

MYTHES ET FIGURESDE L'AMOUR

Lundi 4 mars 2002 :« La folied'amour », par Michel Cazenave.

Lundi 11 mars : « Jocaste et la partde l'ombre », par Jacques Lacarrière.

Lundi 18 mars : « Vénus, ou le diableau corps »,par Pierre Brunel.

Lundi 25 mars : « Le Petit Chaperonrouge : une initiation amoureuse ? »,par Bernadette Bricout.

Lundi 8 avril : « Naissance de lapoésie et de l'amour au Moyen Age »,par Michel Zink.

Lundi 29 avril : « Le Princecharmant a-t-il encore un avenir ? »,par Jean-Claude Kaufmann.

Lundi 6 mai : « Shéhérazade,l'amour et la mort », par Jamel-EddineBencheikh.

Lundi 13 mai : « Kama : du mythecréateur au film X », par Jean-ClaudeCarrière.

Coût de l ' inscription à titreindividuel : 91,47€ pour l'ensemble ducycle ; demi-tarif pour les étudiants.

FRANCE 2002 :LES ENJEUX D'UNE CAMPAGNE

Jeudi 7 mars : « Les enjeuxinstitutionnels des prochainesélections »,par René Rémond.

Jeudi 14 mars :« Les Français et lapolitique : le désenchantementdémocratique ? »,par Pascal Perrineau.

Jeudi 21 mars : « Face à ladélinquance, quel avenir pour lasécurité publique ? », par SébastianRoché.

Jeudi 28 mars : « Une sociétéadolescente ? »,par Tony Anatrella.

Jeudi 4 avril : « Les nouveauxclivages politiques », par PascalPerrineau.

Jeudi 11 avril : « La France à l'heurede la mondialisation »,par Jean-ClaudeMilleron.

Coût de l ' inscription à titreindividuel : 76,22€ pour l'ensemble ducycle ; demi-tarif pour les étudiants.

Conception et animation des deux cycles :Bernadette Bricout, professeur

à l'université Paris 7 - Denis Diderot.Inscription préalable :

SCIENCES PO FORMATION,215, boulevard Saint-Germain,

75007 Paris.Tél. : 01-44-39-07-55.Fax : 01-44-39-07-61.

Cours– Cours de chinois oral. Association

« Comme un Chinois à Paris », coursde chinois oral de tous niveaux pouradultes. Les cours commenceront lelundi 18 mars 2002. Tél. : 01-45-85-52-64.

Formations informatiques à domicile(prise en main du matériel, Internet,

multimédia, bureautique),dépannage micro.

Une équipe de formateurset de techniciens à votre service

en Ile-de-France.ALDISA

Pour toute information, contactez le01-46-67-18-90.

SéminairesSéminaire sur le lexique à l'EHESS.

Un nouveau séminaire de linguistique,« Lexique et significations »,dirigé parJosette Rey-Debove, commencera le8 février 2002, de 14 heures à 16 heures,à l'Ecole des hautes études en sciencessociales, salle 8, 105, boulevard Raspail,Paris-6e. Il aura lieu le deuxièmevendredi de chaque mois, jusqu'en juin.

Renseignements : 01-45-51-80-93.

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“Le Monde” (USPS=0009729) is published daily for $ 892 per year “Le Monde” 21, bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05, France, periodicals postage paid at Champlain N.Y. US, and additionnal mailing offices, POSTMASTER : Send address changes to IMS of N.Y. Box 15-18, Champlain N.Y. 129191518Pour les abonnements souscrits aux USA : INTERNATIONAL MEDIA SERVICE, Inc. 3330 Pacific Avenue Suite 404 Virginia Beach VA 23-451-2983 USA-Tél. : 800-428-30-03

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21 bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05Organisme créancier : Société Editrice du Monde

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C A R N E T

Page 13: e Le gigantisme militaire de Bush

LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002/15

H O R I Z O N S

A bouille ronde, l’œilmutin, une petite filleblonde de seize moisesquisse ses premierspas de danse, couvéedu regard par troisadultes. Sa mèreprend des photos,

son père la filme. Un deuxième hommel’aide, quelques instants plus tard, à déchi-rer le papier qui entoure son cadeau : c’estOlivier, le « parrain », qu’Auriane appelle« dada ». La mère d’Auriane, Agnès, est les-bienne. Thierry, son père, est homosexuel,et vit avec Olivier depuis douze ans. Auria-ne a deux parents biologiques et un« parent additionnel », exceptionnellementréunis en cette veille de Noël ; deux mai-sons, une « famille en coparentalité », avec« deux unités familiales homoparentales »,théorisent Agnès et Thierry.

Dans la mémoire d’Agnès, il n’en a jamaisété autrement : la jeune femme s’est tou-jours vue mère. « Cela a même été un frein àl’acceptation de mon homosexualité. » A18 ans, elle renonce à préparer HEC, qui luipromet une vie professionnelle trop char-gée. A 30 ans, elle quitte celle qu’elle aime,mais qui ne partage pas son désir d’enfant.A 35 ans, elle a fait d’Auriane le centre de savie. Au beau milieu de son salon trônent unimmense tapis de jeu et un cheval à bascu-le. Dans sa carrière de professeur d’universi-té, réputée rigoureuse et exigeante, il y adésormais quelques coups d’arrêt, lors-qu’une nourrice fait défaut par exemple.Agnès, cheveux courts et grisonnants, unpeu ronde, reçoit pieds nus. La décontrac-tion de son attitude n’a d’égale que la ferme-té de ses convictions. Pour son enfant, ellevoulait un père. « J’aurais été mal à l’aise,sinon. Je me serais sentie coupable de privermon enfant d’une moitié, de l’obliger à vivredans une quête perpétuelle. »

Agnès n’a pas envisagé l’inséminationartificielle en Belgique, Thierry et Oliviern’ont pas davantage songé à une mère por-teuse américaine. « On a toujours souhaitéqu’une femme s’occupe de nos enfants, poseThierry. Olivier et moi avons eu une premièrevie hétérosexuelle. Nous n’avons rien contreles femmes. Pour nous, un enfant, c’est unpapa, une maman. » Un papa chez lequelAuriane vit du vendredi au lundi matin unweek-end sur deux, du mercredi soir au jeu-di matin toutes les semaines, et durant lamoitié des vacances. Compagnons de lon-gue date, Thierry et Olivier, ingénieurs, tousdeux âgés de 37 ans, ont passé ces derniersmois « sur un petit nuage ». « On ne pensaitpas que ce serait un tel bonheur, cette petitefille, le simple fait qu’elle existe. »

Quand Olivier, le « parrain », a fini desécher Auriane, qui sort du bain, Thierrysacrifie au rituel du soir, le « singe » : ilbalance sa fille en la tenant à la fois par lespieds et les bras. Elle rit aux éclats. Pendantqu’Olivier prépare le biberon, Thierry don-ne la purée de légumes. « Quand j’ai rencon-tré Thierry, raconte Olivier, il m’a dit qu’ilserait obligé de me quitter un jour pour avoirun enfant. » Au milieu des années 1990, à laGay Pride, les deux hommes entendent par-ler de l’Association des parents et futursparents gays et lesbiens (APGL), forte

aujourd’hui de 1 300 adhérents. « Un choc !C’était donc possible ? » Il y a quatre ans, lesdeux hommes se « sentent prêts à mener ceprojet » en commun, sans mettre leur cou-ple en péril. « Nous avions vécu, voyagé.Nous formions un couple solide. » Dans lepremier groupe de parole de l’APGL sur lacoparentalité, ils rencontrent Agnès. Lestrois adultes en quête d’enfant sympathi-sent, s’essaient aux vacances communes,décident enfin de se lancer.

Thierry et Agnès conçoivent Auriane parinsémination artificielle artisanale. « Toutseuls, avec une seringue », résume Agnès,lapidaire. « Agnès venait dîner. Thierry faisaitson truc. Agnès remportait la boîte chez elle »,précise Olivier, plus à l’aise. Au bout de neufmois, Agnès convie Thierry à découvrir avecelle les résultats de la prise de sang qui con-firme sa grossesse. Comme n’importe quelpère, Thierry s’émeut à l’échographie, parti-cipe aux séances d’haptonomie, qui permet-tent une communication avec le fœtus entouchant le ventre de la mère. « Elles nousont contraints à une certaine proximité physi-que, précise-t-il, et ont donc préparé ma pré-sence à l’accouchement. » Olivier assiste à ladernière séance d’haptonomie mais pas àl’accouchement. Ce jour-là, il hante la salled’attente de l’hôpital après avoir traversétout Paris à pied pour se calmer.

Puis vient la reconnaissance prénatale enmairie par les deux parents biologiques. Etles démarches au tribunal de grande instan-ce pour partager l’autorité parentale, puis-qu’ils ne cohabitent pas. Auriane porte lesnoms de ses deux parents, qui alimentent àparts égales un compte joint pour réglertous les frais liés à l’enfant. Un faire-partexplicite est envoyé aux deux familles :« Agnès, Thierry et Olivier sont heureux devous annoncer la naissance d’Auriane. »Durant les trois premiers mois qui suivent

la naissance, les relations se dégradent viteentre les coparents. Auriane dort peu lanuit. Agnès, qui l’allaite, est épuisée. « Lespères sont venus beaucoup trop s’installerchez moi, Ils ne comprenaient pas bien le quo-tidien avec un nouveau-né. »

Doucement, dès lors qu’Auriane a com-

mencé d’être accueillie chez son père, le dia-logue et l’amitié sont revenus. La petites’est aisément adaptée à l’alternance dedomiciles, assure-t-on côté paternel com-me côté maternel. Elle distingue parfaite-ment son père, dont elle réclame les bras lesoir, au moment du coucher. Mais, pourThierry comme pour Agnès, il va de soiqu’Olivier fait partie de la famille d’Auriane.« Quand Thierry est en déplacement, c’est luiqui prend Auriane, et je lui fais totalementconfiance, témoigne Agnès. Elle a même

déjà été en vacances chez le père d’Olivier. »Pour Thierry, qui trouve le temps long entredeux visites, Auriane est « au centre du cou-ple » qu’il forme avec Olivier. Olivier, lui,aime Auriane « comme [sa] propre fille », ets’inquiète déjà de son absence de droit « encas de séparation ou de décès de Thierry ».

Même si elle requiert des ajustements per-manents, la coparentalité demeure lameilleure des solutions, croient toujoursAgnès, Thierry et Olivier. Solution qu’adop-te une part croissante des nouveaux adhé-rents de l’APGL. Pour Agnès, la coparentali-té est « clairement plus simple au niveausocial » : « Elle désamorce le discours criti-que sur l’absence de père, qui, ici, n’est pasnié. Elle est en fait plus proche du schémahétérosexuel. »

AUTRE avantage pratique,admet-elle, la possibilité, pourles parents comme pour l’en-fant plus tard, de vivre dansun certain non-dit. « A l’école,

on donnera deux noms, deux adresses, et çaressemblera à des tas d’autres situations. »L’entourage professionnel, amical et fami-lial des coparents d’Auriane a d’ailleurs étédiversement informé de la situation. Lesamis d’Agnès sont tous au courant : « Beau-coup étaient réticents au départ. Cela les trou-blait que je sépare délibérément le conjugaldu parental. Depuis la naissance, ils sont deve-nus plus neutres, et même parfois enthousias-tes, surtout les mères divorcées. » Commeson amie Sophie, 45 ans, enseignante-cher-cheuse, qui avoue s’être inspirée de cemodèle de famille divorcée idéale : « Audépart, je ne comprenais pas pourquoi Agnèsmettait en place cette espèce de parodie defamille. Depuis qu’Auriane est arrivée, je voisbien la solidité de ce qui se construit autourde cette enfant. »

Bien d’autres collègues de travail, enrevanche, demeurent dans le flou. Ce quin’a pas empêché leur regard sur Agnèsd’évoluer. « On travaille dans un milieuassez machiste, assez homophobe, témoigneSophie. Avant Auriane, on percevait une hos-tilité, quelque chose d’un peu grossier autourd’Agnès. Depuis, il y a une sorte de respectpour la mère. » Thierry s’est contenté deconfier à ses collègues qu’il avait une fillemais ne vivait pas avec la mère.

Côté familial, la naissance de la petite n’aen rien fait bouger la ligne de fracture dessi-née par l’annonce de l’homosexualité. Lepère de Thierry, qui n’avait jamais vouluvoir Olivier, ne s’est pas manifesté. Lemutisme de sa famille maternelle, en revan-che, l’a « un peu déçu », sans toutefois lechoquer : « Pour les gens, homosexualitérime avec absence de désir d’enfant. Il y a dixans, notre projet était encore inconcevable. »Agnès estime qu’en face-à-face tout se pas-se bien avec ses proches parents, maisregrette leur gêne persistante vis-à-vis del’extérieur. Elle s’agace même de la largeutilisation faite des rares photos « papa-maman-bébé ». Son père, divorcé de samère, vient désormais la voir plus souvent,mais fait semblant de ne pas comprendreque Thierry est homosexuel.

Les grands-mères jouent leur rôle, s’occu-pent d’Auriane, organisent volontiers desfêtes communes aux deux familles. Et s’in-quiètent. Tout en reconnaissant qu’Auria-ne a l’air « heureuse, épanouie, et évoluebien », Marie-Françoise, la mère deThierry, orthophoniste, se pose « beau-coup de questions sur l’avenir de cetteenfant, sa préadolescence ». « Elle va s’inter-roger, devra supporter le regard des autres…C’est volontairement mettre un enfant aumonde en le condamnant à des souffran-ces. » Marie-Françoise ne peut parlerd’Auriane avec ses frères, pour lesquels ce« problème » est tabou. Elle n’ose pasdavantage l’évoquer auprès de son entoura-ge professionnel. « Moi-même, je n’auraispas pu comprendre si je n’avais pas été con-cernée. »

La génération suivante, celle des frèreset sœurs d’Agnès et Thierry, se montreplus optimiste. « Il a l’air tellement heureuxque ça nous rend heureux », disent simple-ment le frère de Thierry et sa femme,35 ans, parents de jumeaux. Ils savaientque Thierry rêvait de fonder une famille,mais pensaient que ce serait impossible.L’annonce de sa future paternité les a ren-dus « fous de joie », puis a suscité des inter-rogations. « Il nous a expliqué un processustellement pensé que c’était tout sauf unefolie. Aux 10 000 questions qu’on lui a poséessur la vie de cet enfant, il avait une réponse.Ça nous a rassurés. » La sœur d’Agnès, Pas-cale, une institutrice de 33 ans, craint lesréactions de cour d’école, « les mêmes qu’ily a quinze ans vis-à-vis des enfants de divor-cés », mais demeure confiante. « Les chosessont en train d’évoluer. Et, de toute façon, sil’on donne à l’enfant ce qu’il faut pour répon-dre, il se construit comme il faut. » Toutjuste glisse-t-elle, après un silence, qu’il« manque peut-être quelque chose. Un bébése fait dans un acte d’amour ». Thierry etAgnès ont déjà prévu de dire un jour à leurfille qu’ils l’ont désirée, mais qu’ils ne pou-vaient pas vivre ensemble.

Pascale KrémerDessin Pierre Mornet

HOMOPARENTALE

Agnès, la mère,

est lesbienne ;

Thierry, le père,

est homosexuel.

Ensemble,

ils ont fondé

une famille en

coparentalité

autour de

leur petite fille,

Auriane

PORTRAIT

AVEC ENFANT

D’UNE FAMILLE

« Olivier et moi avons eu une première viehétérosexuelle. Nous n’avons riencontre les femmes. Pour nous,un enfant, c’est un papa, une maman »

L

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16/LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002

Lechagrin

I jamais lasociologie, aucours desdernières dé-cennies, estparvenue às’acquitter desa mission

– poursuivre par d’autres moyensle projet des Lumières –, c’est engrande partie à Pierre Bourdieuqu’elle le doit.

Avec ce mélange étonnantd’« ambition » et de « modestie »qui caractérisait également sa per-sonne, il s’était donné d’entréepour tâche de détruire une illu-sion que la société moderne conti-nue aujourd’hui encore à entrete-nir sur elle-même : l’illusion dudésintéressement de la culturebourgeoise.

Dans ce but, Bourdieu a doncdéveloppé un appareil théoriquequi, influencé à la fois par KarlMarx et par Max Weber, par EmileDurkheim et par Georg Simmel,ne s’est toutefois jamais réduit àleur simple addition.

Au contraire, c’est une parfaitehomogénéité qui caractérise lathéorie qu’il a élaborée, théorieextrêmement exigeante selonlaquelle les formes d’expressionsymboliques d’une société ont tou-jours pour origine un conflit danslequel les groupes sociaux mobili-sent différentes ressources afind’assurer leur position dans la hié-rarchie sociale.

Dans cette perspective tout endésillusionnement, perspectivequ’il s’est efforcé de mettre enœuvre lors de ses recherches lesplus importantes, le monde vécuse révèle être une sphère de luttesininterrompues pour le statutsocial, ces dernières pouvant senicher jusque dans les ramifica-tions les plus fines des écrits philo-sophiques et des œuvres d’art.

Mais qu’aurait été cette théoriesociologique sans les résultatsempiriques qui l’accompagnèrentet par lesquels il entendait mon-trer, avec l’aide d’un cercle tou-jours croissant de collaborateurset de collaboratrices, que leseffets de cette compétitionpeuvent bel et bien être perçus,décelés dans notre environ-

nement social ? Rassemblant sta-tistiques, observations et inter-views dans le simple but de nousfaire discerner l’empreinte d’unelutte sociale dans quelque détailquotidien, il ne proposait rien demoins qu’une éducation sociologi-que du regard.

Vue d’Allemagne, ce que l’œu-vre de Bourdieu a réalisé, c’estd’abord la synthèse de deux cou-rants traditionnels de la sociolo-gie qui, du moins chez nous,avaient toujours été considéréscomme incompatibles. Avant lenational-socialisme, l’Allemagneavait vu naître une école sociologi-que qui cherchait essentiellement,sous l’angle phénoménologique, àdéchiffrer la teneur sociale despratiques et artefacts du mondevécu.

Si l’on peut voir en Simmel sonpère fondateur, ses meilleursreprésentants furent très certaine-ment des esprits indépendants

comme Siegfried Kracauer et Wal-ter Benjamin. Et, qu’il se soit agipour Kracauer d’étudier la culturedes employés des années 1920,ou, pour Benjamin, d’explorer le

mobilier des demeures bourgeoi-ses de Berlin, leurs tentatives d’in-terprétation étaient toujours gui-dées par le désir de faire ressortirdans les témoignages contempo-rains du monde vécu les frictionsde l’ascension et du déclin social.

Comme alternative à cette tradi-tion, il existait en Allemagne unedeuxième école, dont le mériteessentiel est d’avoir conçu unethéorie sociologique de l’action

visant à expliquer les processussociaux de domination et d’exclu-sion. Si l’on peut voir en Weberson père fondateur, ses meilleursreprésentants se retrouvèrentassez souvent dans le campmarxiste.

Ainsi, là où la première écolecontribuait à un déchiffrementphénoménologique du quotidien,la seconde cherchait à affinerl’analyse des classes et des cou-ches sociales au moyen d’unethéorie de l’action. Il apparut dèslors que la domination d’un grou-pe social pouvait ne pas résulterseulement de la possession de res-sources matérielles, mais aussi del’accumulation de biens symboli-ques, d’un savoir, d’une culture,de relations.

En Allemagne, cependant – enpartie à cause de l’exil auquel lenational-socialisme avait con-traint les meilleurs théoriciens –,on n’en arriva jamais à tenter unevéritable synthèse de ces deux éco-les. Il fallut attendre Bourdieupour que, dans le dernier tiers duXXe siècle, un Français réussisse cequi, faute de continuités intellec-tuelles, n’avait pas été possiblechez nous après la guerre : mener

à bien une réconciliation de Sim-mel et de Weber qui permette, par-tant des artefacts et des pratiquesde la vie quotidienne, de déchif-frer l’état des luttes sociales pourle pouvoir.

C’est pourquoi le vide laissé parla mort inattendue de Bourdieune peut se mesurer à l’aune de

catégories propres à une discipli-ne ou au monde intellectuel ; cequi menace de disparaître aveclui, du moins en Allemagne, c’esttoute cette tradition au sein delaquelle la sociologie, dans la suitevivante de ses grands classiques,se comprenait encore comme uneentreprise d’élucidation de ladomination sociale.

Suite de la première page

Il m’est arrivé de comparer l’ef-fet de ma première lecture deBourdieu à celle du Deuxième Sexede Simone de Beauvoir, quinzeans auparavant : l’irruption d’uneprise de conscience sans retour,ici sur la condition des femmes, làsur la structure du monde social.Irruption douloureuse mais suivied’une joie, d’une force particuliè-res, d’un sentiment de délivrance,de solitude brisée.

Cela me reste un mystère et unetristesse que l’œuvre de Bourdieu,synonyme pour moi de libérationet de « raisons d’agir » dans lemonde, ait pu être perçue commeune soumission aux déterminis-mes sociaux. Il m’a toujours sem-blé au contraire que, mettant aujour les mécanismes cachés de lareproduction sociale, en objecti-vant les croyances et processus dedomination intériorisés par lesindividus à leur insu, la sociologiecritique de Bourdieu défatalise

l’existence. En analysant les condi-tions de production des œuvres lit-téraires et artistiques, les champsde luttes dans lesquelles elles sur-gissent, Bourdieu ne détruit pasl’art, ne le réduit pas, il le désacra-lise simplement, il en fait ce quiest beaucoup mieux qu’une reli-

gion, une activité humaine com-plexe. Et les textes de Bourdieuont été pour moi un encourage-ment à persévérer dans mon entre-prise d’écriture, à dire, entreautres, ce qu’il nommait le refoulésocial.

Le refus opposé, avec une extrê-me violence parfois, à la sociolo-

gie de Pierre Bourdieu vient, mesemble-t-il, de sa méthode et dulangage qui lui est lié. Venu de laphilosophie, Bourdieu a rompuavec le maniement abstrait desconcepts qui la fonde, le beau, lebien, la liberté, la société, et don-né à ceux-ci des contenus étudiés

concrètement, scientifiquement.Il a dévoilé ce que signifiaientdans la réalité le beau quand onest agriculteur ou professeur, laliberté si l’on habite la cité des3 000, expliqué pourquoi les indivi-dus s’excluent eux-mêmes de cequi, de façon occulte, les exclut detoute façon.

Comme dans la philosophie et,le meilleur des cas, la littérature,c’est encore et toujours de la con-dition humaine qu’il s’agit, maisnon d’un homme en général, desindividus tels qu’ils sont inscritsdans le monde social. Et si un dis-cours abstrait, au-dessus des cho-ses, ou prophétique, ne dérangepersonne, il n’en est pas de mêmedès lors qu’on donne le pourcen-tage écrasant d’enfants issus demilieux dominants intellectuelle-ment ou économiquement dansles grandes écoles, qu’on révèlede manière rigoureuse les straté-gies du pouvoir, ici et maintenantaussi bien chez les universitaires(Homo academicus) que dans lesmédias.

Question de langage ; substi-tuer, par exemple, à « milieux,gens, modestes » et « couchessupérieures » les termes de « do-minés » et « dominants », c’estchanger tout : à la place d’uneexpression euphémisée et quasinaturelle des hiérarchies, c’estfaire apparaître la réalité objec-tive des rapports sociaux.

Le travail de Bourdieu, acharnécomme Pascal à détruire les appa-rences, à rendre manifeste le jeu,

l’illusion, l’imaginaire social, nepouvait que rencontrer des résis-tances dans la mesure où il con-tient des ferments de subversion,où il débouche sur une transfor-mation du monde, dont l’ouvragequ’il a dirigé avec son équipe dechercheurs, le plus connu, montrela misère.

Si, avec la mort de Sartre, j’ai puavoir le sentiment que quelquechose était achevé, intégré, queses idées ne seraient plus actives,qu’il basculait, en somme, dansl’histoire, il n’en va pas de mêmeavec Pierre Bourdieu. Si nous som-mes tant à éprouver le chagrin desa perte – j’ose, ce que je fais rare-ment, dire « nous », en raison del’onde fraternelle qui s’est pro-pagée spontanément à l’annoncede sa mort – nous sommes aussinombreux à penser que l’in-fluence de ses découvertes et deses concepts, de ses ouvrages, neva cesser de s’étendre. Comme cefut le cas pour Jean-Jacques Rous-seau, à propos de qui je ne saislequel de ses contemporains s’in-surgeait de ce que son écriturerendît le pauvre fier.

Annie Ernaux

Une synthèse de Georg Simmel et de Max Weberpar Axel Honneth

’IMAGE quela médiatisa-tion actuellede l’œuvre dePierre Bour-dieu est entrain de créernéglige, voire

oublie ou nie complètement, cequi fait, de l’avis de nombre d’his-toriens actuels, l’originalité pro-fonde et durable de son œuvresociologique : son rapport et sonapport constant à l’histoire (his-toire sociale, histoire des prati-ques culturelles, histoire de lapolitique et de l’Etat). Il suffit desuivre la ligne éditoriale de larevue fondée et animée par Bour-dieu, Actes de la recherche ensciences sociales, d’interroger sesouvrages, articles et conférences,d’interpréter dans cet horizonmême ses interventions politi-ques, pour retrouver ce fil rouged’une sociologie tout à la foisanthropologique et historique.

Le projet d’Actes de la rechercheen sciences sociales était et restede casser les séparations académi-ques entre les sciences socialeshéritées de leur histoire : « Je peuxdire qu’un de mes combats les plusconstants, avec Actes de la recher-che en sciences sociales notam-ment, vise à favoriser l’émergenced’une science sociale unifiée, oùl’histoire serait une sociologie histo-rique du passé et la sociologie unehistoire sociale du présent. »

La table des numéros démontrela réussite de ce projet. La part desarticles à dimension ou à problé-matique historique est considé-rable, qu’ils aient été écrits parBourdieu lui-même, par des socio-logues étudiant des objets histori-ques ou par des historiens paten-

tés, y compris les plus célèbres etles plus internationaux. L’histoireredevenait ainsi une branche de lasociologie critique.

En sens inverse, grâce à cet ins-trument de transgression des fron-tières intellectuelles, le directeurde la revue permettait aussi à lasociologie de s’historiciser et derompre avec l’illusion présentistede l’enquête.

Dans plusieurs numéros sur l’his-toire des sciences sociales et dansd’autres interventions théoriques,Bourdieu avait repris le problème

récurrent, depuis Emile Durkheimet Max Weber, des relations perpé-tuellement à nouer et à renouerentre l’histoire et la sociologie.Pour lui, il ne s’agissait pas d’unsimple problème académique.Comme toujours, son but étaitd’abord de lever un obstacle à larecherche et à la compréhensionde l’objet étudié. Tout objet histo-rique étant social et tout objetsocial étant le produit de l’histoire,l’historien devait être sociologueet le sociologue historien, souspeine de manquer une clé majeurede compréhension.

Pierre Bourdieu était à la fois fas-

ciné et agacé par les historienscomme corporation. Il enviait leuresprit de corps, le plus développéde toutes les sciences humaines etsociales. Cet élément de force etd’autonomie des historiens parrapport à certaines dérives hétéro-nomes d’autres sciences socialesest fondé, comme on sait, sur lanotion de « métier ». Et ce n’estpas un hasard s’il a repris ce termedès son premier ouvrage de métho-de (Le Métier de sociologue). Pourlui, l’affranchissement de toutenouvelle science dépend de l’éléva-

tion du « droit d’entrée » et de sarupture avec les injonctions exter-nes à la science.

Cette fascination pour l’histoirecomme discipline canonique et cléd’accès à une sociologie génétiqueallait de pair avec son agacementdevant les frilosités, bref l’acadé-misme, de certains historiens. Ceshéritiers sont exposés à trois ten-tations : celle, « scolastique », durepli érudit et de la passion sansissue du détail, celle, mondaine,de la médiatisation, et celle, politi-que, de l’instrumentalisation parles puissants d’hier et d’aujour-d’hui. Bourdieu regrettait la mé-

fiance quasi atavique de la théoriequi caractérisait la plupart deshistoriens, notamment français.Pour lui, ce refus découlait de l’his-toire des disciplines et des pro-cessus de formation intellectuellepropres à chaque tradition histo-riographique. Ils créent des mal-entendus non seulement entredisciplines, mais aussi entre repré-sentants d’une même discipline dedeux pays différents.

Nombre d’historiens compre-naient souvent mal cette critique« pour leur bien » de ce passionnéd’histoire critique qu’était Bour-dieu. Ils reprenaient les deuxlignes de défense de Charles Sei-gnobos face à François Simiand, ily a presque un siècle (1903) : la spé-cificité et les lacunes des sourcesqui ne répondent que rarementaux questions a priori que pose lesociologue et le risque d’anachro-nisme engendré par l’applicationde concepts postérieurs à l’époqueétudiée. Réponses inadéquates etstéréotypées pour une entreprisesociologique telle que celle deBourdieu, obsédée par le lienentre théorie et pratique de recher-che, soucieuse de l’historicisationdes catégories d’analyse, ce qu’ilappelait avec humour « prendreles concepts avec des pincettes his-toriques ».

Plus largement, les travaux fon-dés sur des enquêtes empiriquesde Bourdieu et son école, « his-toire sociale du présent » pourreprendre ses termes (un présentétalé maintenant sur quaranteans), sont devenus une sociologiehistorique de ce qui est mainte-nant le demi-siècle dernier. Pourne pas réduire ni trahir ce conti-nent de recherches et prolongerles pistes ouvertes que, contempo-

rains myopes, nous n’avons explo-rées encore qu’imparfaitement,les nouvelles générations d’histo-riens auront à en refaire une lec-ture perspective en fonction,notamment, des nouvelles orienta-tions comparatives et transnatio-nales que Pierre Bourdieu et son

équipe ont développées dans cesdernières années.

Ce comparatisme est parfaite-ment en cohérence avec son enga-gement historique, au sens politi-que cette fois. Contre le discoursconventionnel dominant sur lasociété du second XXe siècle com-me société en mutation radicale eten mouvement, Bourdieu et sesdisciples ont inlassablement dé-montré la résistance des structu-res sociales et symboliques et lapermanence de certains processusde domination sous les apparen-tes remises en question desannées 1960 et 1970. L’histoireplus récente des deux décenniessuivantes leur a donné largementraison contre leurs contradicteurs,victimes de l’illusion modernisa-trice des prétendues « trente glo-rieuses ».

Il l’a souvent dit et écrit : la findu XXe siècle a marqué l’entréedans une période paradoxale de« révolution conservatrice », c’est-à-dire de restauration qui nousramène en partie au XIXe sièclesocial-darwinien. C’est ce diagnos-

tic historique, bref cette visiond’historien, qui, à notre sens, rendcompte de son engagement deplus en plus large et de plus enplus visible.

Contrairement au stéréotypejournalistique absurde du savantégaré sur les estrades, nous som-mes frappés des continuités de seschoix et de ses analyses, depuisl’Algérie en guerre et l’enseigne-ment en mutation des années1960, jusqu’à la mise à nu de tou-tes les misères du monde, cellesde la société néolibérale, cellesdu monde mondialisé des années1990, celles des enseignants désem-parés face à la jeunesse débous-solée, comme celles des nouveauxétudiants perdus dans une « uni-versité en péril ». Dans ce dernierdomaine, Bourdieu a animé àplusieurs reprises des groupes deréflexion et de propositions, etnotamment fondé et présidé, à par-tir de 1992, l’Areser (Associationde réflexion sur les enseignementssupérieurs et la recherche).

Lors d’un débat à Londres, le3 mars 2001, avec son ami l’histo-rien Eric Hobsbawm, Pierre Bour-dieu avait résumé cette continuitéet cette logique qui lie Bourdieu lesavant et Bourdieu le politique :pas de science sans engagement,pas d’engagement sans science, tel-le restait pour lui la double tâchede l’intellectuel. Ce programme,presque intenable compte tenudes exigences de temps qu’il sup-pose, il l’a tenu jusqu’au bout pourdonner aux autres des raisons etdes armes pour lutter, malgré ladésespérance des temps.

Habitant de l’histoire, habitépar l’histoire dans sa vie et par sonœuvre, Pierre Bourdieu n’est pasmort.

Cela me reste un mystèreet une tristesse que l’œuvrede Bourdieu, synonyme pour moide libération, ait pu être perçuecomme une soumissionaux déterminismes sociaux

En Allemagne – en partie à causede l’exil auquel le national-socialismeavait contraint les meilleursthéoriciens –, on n’en arriva jamaisà tenter cette synthèse

Pierre Bourdieu et l’histoirepar Christophe Charle et Daniel Roche

La fin du XXe siècle a marqué l’entréedans une période paradoxalede « révolution conservatrice »,c’est-à-dire de restaurationqui nous ramène en partieau XIXe siècle social-darwinien

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LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002/17

Dans beaucoup d’articles concer-nant le conflit entre Israéliens etPalestiniens, il est de bon ton dedénoncer la « politique criminelled’Ariel Sharon ».Je ne veux pas ici la discuter, maissimplement faire remarquer ceci :Ariel Sharon est le premier minis-tre d’un gouvernement de coali-tion, formé dans un pays démo-cratique après des élections ausuffrage universel et comprenantles principaux responsables duParti travailliste.De surcroît, tous les sondageseffectués en Israël montrent quece gouvernement est soutenu parune très large majorité de la popu-lation.Dans ces conditions, charger ArielSharon de tous les péchés d’Israëlme paraît être une façon commo-de et hypocrite d’éviter de mettreen cause la société israélienne etson Etat.

Charles AchachParis

A la suite de la déclaration tran-chante du président Bush relativeà Arafat (Le Monde du 21 janvier),le président de la République fran-çaise aurait dû prendre la paroleaussitôt pour dire ce que pensentles Français à ce sujet, et en des ter-mes aussi tranchants. Je suis pro-fondément ami du peuple améri-cain, mais il ne faut certainementpas laisser le président Bush seposer en arbitre du monde et lefaire en termes arrogants. PuisqueSharon tient Arafat prisonnier et,puisque lui et Bush le jugent res-ponsable, qu’ils le fassent doncjuger. Ils s’apercevront alors que, àmoins de changer de politique,c’est l’ensemble du peuple palesti-nien qu’il faudra mettre en prison,exiler ou exécuter ! Ce qui, danstous les cas, serait une honte pourSharon, Bush et l’Etat israélien.

Georges GrimalMontmorency (Val-d’Oise)

Les Français sont, en Europe, lesplus gros consommateurs demédicaments où ils sont, il estvrai, les moins chers à l’unité.

Faut-il en vouloir à cette indus-trie ? Non. Ce sont les médecinsqui prescrivent et non les labora-toires ou les visiteurs médicaux,eux font leur travail : chercher àinnover et à vendre. (…)Je suis surpris que dans le question-nement sur les prescriptions, onn’évoque jamais l’enseignementmédical. Si l’on enseignait plus etmieux la grippe, les angines, lesgastro-entérites, peut-être lesmédecins seraient-ils mieux arméspour résister aux pressions. Mal-heureusement, les universitairespréfèrent plutôt enseigner la ma-ladie de Wilson ou la maladie deCrohn qu’un médecin généralisteverra une ou deux fois dans sa car-rière. De fait, dans les études médi-cales, on accable l’intelligence desétudiants en médecine par des mas-ses de connaissances au lieu de leslimiter à l’essentiel et de leurapprendre à réfléchir, à dévelop-per leur esprit critique scientifique,ce qui les armerait à mieux fonderleurs prescriptions.Quant aux dépenses hospitalières,jusqu’ici mieux contenues grâce aubudget global attribué à chaqueétablissement (…), les directeurs

d’établissement, pour rester dansl’enveloppe qui leur était allouée,ont diminué les effectifs de per-sonnel soignant tout en augmen-tant leur personnel administratif.A l’Assistance publique - Hôpitauxde Paris (AP-HP), entre 1983 et1990, le personnel soignant a dimi-nué de 12 % alors que le personneladministratif augmentait de 24 %.Ajoutons qu’entre 1993 et 1995, lepersonnel administratif de caté-gorie B a augmenté de 43 % ! (…)et qu’à l’AP-HP, 18 % du personnelsoignant travaille ailleurs que dansles services de soins. Il y aurait làdes « ressources humaines » à re-déployer pour faire face aux pro-blèmes des 35 heures. (…)

Docteur Michel HuguierParis

Au lieu de déclarer que les dépen-ses de santé sont trop élevées outrop faibles selon le camp qui esten jeu, il faudrait mesurer la perti-nence et la qualité des prestationsdes professionnels de santé enfonction d’objectifs de santé publi-que élaborés par les patients, les

tutelles et les professionnels. Est-ilcertain que toutes les prescrip-tions de médicaments et d’exa-mens complémentaires sont uti-les ? (…) Toutes les interventionschirurgicales sont-elles parfaite-ment justifiées ? Ainsi, est-il nor-mal d’opérer un si grand nombred’hernies discales en France ? Est-il normal d’effectuer autant decoloscopies (près de 30 % de l’acti-vité anesthésique) ? (…)Enfin, ne devrait-on pas rediscuterle paiement à l’acte pour lui substi-tuer d’autres formes de rémuné-ration des professionnels tenantcompte de la complexité et de laqualité des soins ainsi que de l’in-vestissement intellectuel et maté-riel nécessaire au maintien descompétences ? (…)

Professeur Pierre FeissLimoges

… Un fait m’a frappée en lisant lespages consacrées à Pierre Bour-dieu. Vous faites référence à seslivres en omettant, quand c’est lecas, le ou les coauteurs. Le travailintellectuel est-il donc si solitaire ?Einstein disait qu’il était monté sur

des épaules de géants, qu’il n’avaitpas découvert la relativité toutseul. Il y a un géant dans l’ombrede Bourdieu : Abdelmalek Sayad.Ensemble, ils ont traité, en 1964, dela situation algérienne, de la ques-tion du déracinement comme decelui de la crise de l’agriculture tra-ditionnelle en lien avec l’immigra-tion. Pourquoi ne pas nommer cetéminent sociologue algérien récem-ment décédé, et tous les autres ?Quelques dizaines de signes. Pasplus. Le travail collectif et la mé-moire respectés. Pas moins.

Marie-Claire Caloz-TschoppGenève

Pour nous écrire :Le courrier des lecteurs du Monde,21 bis, rue Claude-Bernard, 75242Paris Cedex 05Pour nous envoyer une télécopie :01-42-17-21-74.Pour nous envoyer un courrierélectronique :[email protected] saisir le médiateur :[email protected] ou parcourrier.Merci d’indiquer votre adressecomplète.

Les documents cités dans cettechronique sont accessiblesdirectement à l’adressewww.lemonde.fr/surleneta Les candidatures au prix Nobel2002 devaient parvenir au comitéde sélection le 1er février au plustard. Bien que la liste ne soit pasrendue publique, l’agence Associa-ted Press a annoncé que GeorgeW. Bush et Tony Blair figuraientparmi les lauréats possibles du prixNobel de la paix.www.nobel.se/peace/nomination/a Le magazine en ligne Slate rap-porte que les juristes et ensei-gnants de sciences humaines, seulshabilités à proposer des noms, sonttrès sollicités par les groupes depression.www.slate.msn.com/?id=2060526a Selon la même source, les comi-tés de soutien à l’Américain TookieWilliams – condamné pour meur-tre – et à l’Israélien MordechaiVanunu – convaincu d’espionnage– sont très pugnaces.www.slate.msn.com/?id=2061224a En Europe, une pétition circulepour attribuer le prix Nobel de lapaix à titre posthume au comman-dant Ahmed Chah Massoud.www.massoud.fr.sta La chaîne de télévision américai-ne PBS propose une lecture « entreles lignes » des volontés d’AlfredNobel quant à la sélection des candi-dats.www.pbs.org/kqed/nobel/nobel_will.htmla Les Annales de la recherche impro-bable, publication scientifique satiri-que, décernent chaque année lesIgNobel, qui distinguent les travauxles plus inutiles. En 2001, ViliumasMalinauskus a reçu l’IgNobel de lapaix pour avoir créé en Lituanie leparc d’attractions « Stalin World »,dont le magazine du Kansas CityPaper-The Baltics states dit qu’il« combine les charmes de Disneylandet du pire des goulags soviétiques ».www.improbable.com/ig/igtop.html

[email protected]

PETIT PAYS d’Amérique centra-le qui a organisé ses premières élec-tions en 1831 et n’a plus d’arméedepuis 1948, le Costa Rica s’offre leluxe d’une petite frayeur démocrati-que. « Pour la première fois de l’his-toire de ce pays, les Costariciens sesont réveillés le premier lundi defévrier [les élections sont organi-sées la veille tous les quatre ans]sans président élu : il y aura unsecond tour le 7 avril »‚ proclame la« une » de La Nacion, premier quo-tidien national. Que se passe-t-il ?

Depuis 50 ans, le Parti de l’unitésociale-chrétienne (PUSC, droite)et celui de la libération nationale(PLN, social-démocrate) étaientalternativement portés au pouvoirdès le premier tour. Cette fois,aucun des deux prétendants – AbelPancheto et Rolando Araya respec-tivement – n’a obtenu les 40 %requis. Un dissident du PLN, OttonSolis, est venu jouer les trouble-fête à la tête d’une nouvelle forma-tion, le Parti de l’action citoyenne(PAC). Sa campagne, axée sur la lut-

te contre la corruption, le favoritis-me, le gaspillage et la politique néo-libérale imposée par le conserva-teur sortant (non rééligible) lui apermis d’obtenir 26,3 % des voix.

« »Ce scrutin organisé, selon la pres-

se, comme « une fiesta sans violen-ce » et salué comme « exemplaire »par les observateurs internatio-naux – même les détenus ont puvoter – réjouit La Prensa libre,l’autre quotidien de San José :

« Une fois de plus, les Costariciensont montré l’exemple. (…) Alors que,sous d’autres latitudes, on se batpour avoir le droit d’élire librementses gouvernants, ici nous exerçons cedroit, démontrant au reste du mon-de que nous sommes un peuple parti-culier. » L’éditorialiste de LaNacion s’inquiète, lui, du tauxd’abstention : comme en 1998,30 % des 2,2 millions d’inscrits nese sont pas rendus aux urnes, alorsque le taux d’abstention n’était quede 18 % depuis les années 1960.« Les causes de ce début de désaffec-tion doivent être soigneusement ana-lysées. (…) Par des actes concrets, lenouveau gouvernement devra trou-ver une nouvelle façon de faire de lapolitique » avec plus de « transpa-rence, de participation populaire,d’efficacité dans l’action publique etde franche ouverture à la critique ».Il devra aussi « faire un bond versplus de justice sociale ». Une partie,en somme, du programme du PAC,qui a aussi capitalisé sur le mécon-tentement des Costariciens devantla stagnation économique. La crois-sance n’a été que de 0,3 % l’an der-nier, en raison de la baisse descours du café et de la chute du tou-risme après le 11 septembre.

La Nacion s’inquiète enfin « dumorcellement des votes à l’Assem-blée nationale », où aucun parti n’aobtenu la majorité : 19 sièges (sur57) au PUSC, 17 au PLN et 13 auPAC. « Cette fragmentation compro-met l’action du futur président » etfait planer, si les partis ne se com-portent pas de manière « responsa-ble », le « risque d’une impossibilitéde gouverner, qui pourrait coïnciderdangereusement avec une pertecroissante de légitimité de la viedémocratique ». Un épouvantailqu’agite le journal aux yeux des« partis traditionnels ».

lemonde. fr pour Le Monde

« NEW ZEALAND HERALD » (NOUVELLE-ZÉLANDE)

SUR LE NET

LES POLICIERS n’ont pas bon-ne réputation en Côte d’Ivoire.Hormis leur tendance un peu tropappuyée à la brutalité, ils sont criti-qués pour une corruption d’autantplus scandaleuse qu’elle est visi-ble : les barrages routiers qu’ilsdressent sont le prétexte idéalpour dépouiller de quelque mon-naie les chauffeurs de taxi et degbakas – les minibus privés abidja-nais – ainsi que les étrangers ouest-africains en situation irrégulière.

Au pouvoir depuis octobre 2000,le gouvernement du président Lau-rent Gbagbo s’est penché sur cettetare des « corps habillés », selonl’appellation locale que les Ivoi-riens ont transformée, avec malice,en « corps à billets ». En effet, aler-tée par les organisations de défen-se des droits de l’homme, l’Unioneuropéenne avait conditionné lareprise de sa coopération, inter-rompue sous le régime précédent

pour « déficit démocratique », àl’arrêt des persécutions routières.Pendant quelques mois, les autori-tés ont réussi à les limiter en sup-primant quasiment les barragespoliciers. Une mesure qui ne pou-vait pas s’éterniser, l’absence deshommes en tenue étant une aubai-ne pour les délinquants. Partant duprincipe que la corruption des poli-ciers était due à leur faible rémuné-ration, le gouvernement a fini parleur octroyer une considérable aug-mentation de salaire, effective dèsle mois de février. Qu’en pensentles personnes concernées ?

Plus gros tirage d’une presse

locale pléthorique et souvent parti-sane, ayant trouvé sa place grâce àun ton badin typiquement ivoirienet des caricatures justes maisjamais méchantes, l’hebdomadairehumoristique Gbich ! s’est penché

sur la question. « Depuis un bonmoment déjà, le ministre de l’inté-rieur a pris la résolution de doubler,voire de tripler les salaires des poli-ciers bientôt. En principe, nos amisdevaient tuer poulets, cabris, bœufs,c’est-à-dire fêter leurs nouveauxsalaires avant même que ça ne tom-be. Contre toute attente, les gars hési-tent. (…) Il paraît qu’ils font des réu-nions secrètes pour aller contre cetteidée. Le problème, c’est que le gouver-nement, avant de prendre cette ôcombien de fois louable décision, aposé une condition : on augmente lessalaires, mais celui qu’on surprenden flagrant délit de racket est ren-voyé de la police sans préavis. Voici

le dilemme. » Tous calculs faits, lespoliciers préféreraient être moinsbien payés par l’Etat et pouvoir con-tinuer de se nourrir sur le dos desusagers. Observant le train de viedes policiers de la circulation, sansaucun rapport avec leur salairemoyen de 160 000 francs CFA(244 ¤), le chroniqueur conclut :« En fait, tout cet argent annexevient du racket ! »

Gbich ! illustre, par des planchesbien senties, l’état d’esprit des inté-ressés et les changements que lanouvelle donne pourrait entraîner.« Gbagbo même, il se prend pourqui ? On dirait qu’il veut gagner leprix Nobel de l’honnêteté ! », fulmi-ne un policier, obligé de reprendrele chemin de sa banque, qu’il ne fré-quentait plus. L’argent extorqué luipermettait de se passer de son salai-re… Le journal imagine aussi unemanifestation des chauffeurs detransports en commun, « victimes »

habituelles des policiers, expli-quant qu’ils sont favorables au rac-ket parce qu’un fonctionnementnormal des forces de l’ordre les obli-gerait à se procurer toutes les piè-ces nécessaires pour être en règle.« Quand tu étais mal payé, tu medonnais 150 000 francs CFA pouraller au marché. Maintenant que tonsalaire a augmenté, tu me donnes13 000. Je ne comprends pas », seplaint une épouse de policier. « Tune peux pas comprendre », gémitson mari, désormais rangé des voi-tures, si l’on ose dire.

Les policiers n’ont toutefois pasdit leur dernier mot. Une planchemontre un commissaire deman-dant à ses agents ce qu’ils préfèrententre une augmentation et la survi-vance du racket, avant de suggérer,complice : « Et lesquels sont pour lesdeux en même temps ? »

Théophile Kouamouo

« Pas de ça chez moi ! » Le gouvernement conservateur australien de John Howard mène une poli-tique d’immigration très restrictive, et les demandeurs d’asile sont systématiquement mis dans des camps.Dessin de Malcolm Evans. (« Courrier international » pour « Le Monde »)

L’honnêteté a son prix pour les policiers ivoiriensLes agents des forces de l’ordre sont contraints, raconte l’hebdomadaire humoristique « Gbich ! »,

à un choix cornélien : forte hausse de salaire ou pots-de-vin

a LA TRIBUNEPascal AubertMême si le Congrès se fait un peutirer l’oreille, George W. Bushdevrait obtenir une bonne partiede l’énorme rallonge qu’il réclamepour le budget du Pentagone. Lesattentats du 11 septembre et laréponse martiale que semble vou-loir y apporter l’actuel présidentaméricain sont porteurs d’énor-mes incertitudes pour la stabilitédu monde dans les années à venir.Alors que son secrétaire d’Etatinsistait, devant le Forum économi-que mondial, sur l’urgence de mar-cher « à l’assaut de la pauvreté etdu désespoir », parce que c’est « làque se développe le terrorisme », leprésident Bush avait fait son choix.La marche, oui, mais militaire.Crédits du Pentagone : plus de48 milliards de dollars. Combienpour lutter contre la pauvreté et ledésespoir ?

a L’HUMANITÉBruno OdentSi l’on pouvait s’interroger sur lacapacité des Etats-Unis à se pen-cher sur les causes profondes desdésordres du monde au lendemaindes attentats du 11 septembre, leschoix concrets de la Maison Blan-che ne laissent plus aucune placeau doute. Quand il faudrait allouerdes milliards supplémentaires à laformation, à la scolarisation desenfants, à l’éradication progressivede la pauvreté, quand il faudraitnon seulement annuler la dettemais organiser une vraie coopéra-tion monétaire et financière inter-nationale pour mobiliser de nou-veaux crédits pour le développe-ment, le choix de George W. Bushde se lancer dans une course auxarmements au coût exorbitantdébouche sur une confiscation desressources disponibles. Il est grandtemps pour l’Europe de refuser cechantage à la course aux arme-ments pour cultiver enfin une toutautre conception alliant développe-ment et politique de défense et desécurité.

a LE FIGAROIvan RioufolCette fois, toute l’armée gronde.Terre, air, mer. Sa grogne a de quoiinquiéter le gouvernement, qui adéjà dû subir la rébellion des gen-darmes en décembre. Certes, la« grande muette » n’enfreint passon devoir de réserve. Publique-ment, elle se tait. Mais elle parlesuffisamment fort dans les caser-nes pour être entendue de l’exté-rieur. La révolte des « képis » avaitcommencé comme ça. Le carnet dechèques préélectoral ne suffira pasà remonter durablement le moraldes troupes. Une dignité ne s’achè-te pas ainsi. Or les militaires ont lesentiment d’avoir été oubliés. Endix ans, le budget de l’armée estpassé de plus de 3 % du PIB à1,8 %. Ce sont les Britanniques quisont devenus les maîtres de ladéfense européenne. La guerre enAfghanistan a achevé de ridiculiserla France. Aujourd’hui, l’hypothè-se d’une syndicalisation de cer-tains corps constitués de jeunesrecrues n’est plus invraisemblable.Une remise en question du statutmilitaire n’est plus invraisembla-ble. L’armée professionnelle est encrise. L’Etat saura-t-il être à lahauteur ?

AU COURRIERDES LECTEURS

Les élections vues par la presse du Costa RicaUn nouveau venu agite la vie politique de ce petit pays démocratique d’Amérique centrale

DANS LA PRESSEFRANÇAISE

H O R I Z O N S K I O S Q U E

Page 16: e Le gigantisme militaire de Bush

18/LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002

LES 6 000 kilomètres qui sépa-rent New York de Porto Alegresemblent une distance encoreinfranchissable pour tenter undialogue entre le Forum des« leaders » – d’entreprises, degouvernements ou d’organisa-tions internationales – présentsaux Etats-Unis et celui des mili-tants « anti-globalisation »réunis au Brésil. Un gouffre lessépare.

Pour les premiers, le mondea connu depuis cinquante ansun développement sans précé-dent. L’ouverture des frontières,facilitant une explosion deséchanges, a permis aux revenusdes pays industriels de croître àune vitesse inconnue jusque-làet à plus d’un milliard d’êtreshumains du Sud, notamment enChine et en Inde, de sortir de lapauvreté absolue. La mondiali-sation a des ratés, on le recon-naît maintenant. Mais le mouve-ment général serait le bon.

Totalement opposé est lejugement de Porto Alegre. On serévolte contre les inégalitéscroissantes, l’abandon derégions entières à la misère, enAfrique notamment, et contreles atteintes portées à l’environ-nement. Ce qui unit les mili-tants du Brésil est la convictionque le capitalisme libéral estintrinsèquement mauvais : ilécrase les hommes et saccage laplanète. Le dialogue est impossi-ble, tant l’opposition est radica-le entre ceux qui estiment fonda-mentalement saine l’économiede marché et ceux qui la refu-sent. Porto Alegre a démoniséles Etats-Unis et condamné sansréserve des organisations com-me le FMI, la Banque mondialeou l’OMC.

Le dialogue suppose une évo-lution des deux camps. Côté Por-

to Alegre, le premier travailserait de faire le tri entre ceuxqui souhaitent, en fait, unretour au protectionnisme, sansoser le dire, et ceux pour qui lemal n’est pas l’échange libre, entant que tel, mais les excès aux-quels il conduit parce que le pro-fit est devenu le seul critère demesure. Les premiers veulentsoumettre l’économie à lanation, les seconds veulent élar-gir sa perspective à la défensedes « biens globaux », commele droit à la santé ou à l’eau. Lesdeux se retrouvent sur unpoint : il faut rétablir la préémi-nence de la politique. Ils res-tent, en revanche, confrontés,au même problème : quel pro-jet réformiste avancer quandon dénonce aussi radicalementles instruments de régulationque pourraient être le Fonds, laBanque ou l’OMC ?

L’évolution des participantsau Forum de Davos n’est pasmoins nécessaire. Des débatsont été esquissés à New Yorksur la « citoyenneté » des entre-prises ou sur l’exigence d’uneréforme des organisations inter-nationales. Mais les proposi-tions butent sur deux écueils :les Etats-Unis, qui, plus quejamais cette année, ont refusétoute avancée vers une « gou-vernance mondiale » leur impo-sant des contraintes, d’un côté,et, de l’autre, les pays du Sudqui rejettent comme du néo-protectionnisme l’impositionde normes sociales ou environ-nementales.

Deux mondes se sont expri-més ; ils ont laissé éclater, lesuns et les autres, leurs contra-dictions internes ; ils ne sontpas prêts de se rencontrer surdes projets de réformes. Dom-mage.

Mon cher Paul,Ici, ton grand-père. N’ébruite pas ce qui suit.

On ne sait jamais : il se peut que quelques profes-seurs croient encore aux consignes qu’ils reçoi-vent d’en haut, et auxquelles je viens te supplierde désobéir. Appliqué aux ordres militaires, l’ap-pel à trahison valait le peloton, en temps deguerre, et la prison en tout cas. Or c’est bien à l’in-soumission qu’il faut se résoudre. La machineappelée « Rue de Grenelle » qui prétend chaqueannée, depuis trente ans, adapter au mondemoderne notre « système éducatif » et égaliserles chances, ce monstre, appelé aussi « arméerouge » ou « mammouth », est devenu propre-ment maboule.

Dernière directive en date : surtout, ne plusembêter les gosses avec la mémorisation, desconjugaisons en particulier. Se contenter d’in-diquer que les règles d’« engendrement » des ver-bes varient. (Plus les penseurs de la pédagogieveulent réformer, plus ils s’en expliquent defaçon compliquée ; l’oracle veut du fumeux.)« Mettre en jeu l’écriture », « manipuler les déter-minations », mais pas de par-cœur, surtout ! Çasurchargerait inutilement votre mémoire,pauvres chéris.

N’écoute pas ce galimatias. La mémoire est unmuscle, non un débarras à vieilleries. Rabâche lesbizarreries de la grammaire pour que « ça ren-tre », un point c’est tout. Comme depuis plusd’un siècle avant toi, pour le plus grand profit de

l’ascension et de la cohésion sociales. En ca-chette, avec quelques copains, récitez-vous LesAnimaux malades de la peste, les stances du Cid.La mémorisation n’est pas un crime. C’est sa con-damnation sommaire qui en est un. Grâce à elle,l’école de Jules Ferry a fait mieux que des chienssavants pour le certif’ ou des « bourgeois dans latête » : elle a fait des gens libres et heureux.

Même dinguerie meurtrière du ministère, àpropos de l’écriture. Refusez de réécrire en grou-pe Stendhal ou Camus. Commencez par les lire.La beauté existe, rencontrez-la. Ce n’est pas untraquenard des possédants. Ceux qui le préten-dent l’ont savourée, et ils ont mal lu Bourdieu.Sous prétexte de modernité égalitaire, ce sonteux qui retardent et qui protègent les privilègesde l’élite en prétendant se passer et vous priverde l’héritage. La liberté et l’égalité passent parl’accès au meilleur de ce que les siècles onttransmis.

La norme n’est pas une convention rétrogradeet antipopulaire. Les grands textes ne sont pasdes « productions » suspectes, des ruses de clas-se réductibles à leur « argumentaire ». C’est parleur fréquentation qu’on se forme librement uneimagination, un raisonnement, une personnalité.Non et non, vos vies, nos vies, ne valent pas forcé-ment celles de Julien Sorel ou de FrédéricMoreau. L’« homme nouveau » qui s’affranchi-rait de l’héritage n’existe pas. La servitude l’at-tend. Pour préférer Rousseau à Diderot, encore

faut-il les avoir lus. L’ouï-dire partisan préparedes zombies dociles. La fête fusionnelle rempla-çant le tête-à-tête des livres avec les siècles, larave et le Loft contre le CDI : les voilà, les germesde régression, de violence, d’asservissement.

Rien ne te dispensera de devenir toi,c’est-à-dire d’apprendre comment s’y sont prisavant toi les gens les plus honnêtes et les plusdoués. La littérature, l’histoire, la philosophie, onn’a encore rien inventé de plus efficace pour tenirtête aux embrigadements, aux marchands, auxfanatiques. La fin de la mémorisation, c’est lamort de l’apprentissage de la liberté. Les castesdirigeantes l’ont bien compris, qui se gardent desuivre les conseils de dissolution paresseuse don-nés aux masses. Sous couvert de les détrôner parl’ignorance, nos gribouilles garantissent la perpé-tuation de leur règne.

Les dégradations que subit la langue françaiseaffectent toutes les grandes langues du monde.Trop de vocabulaires de spécialistes et de com-munautés s’y mêlent. Nous allons vers des dialec-tes explosés. Ce n’est pas une raison pour ajouterau mal en bradant l’héritage, avec des prescrip-tions démagogiques, jargonnantes, et finalementréactionnaires.

Ce cri d’alarme n’est pas celui d’une institutionnostalgique, crispée sur ses admirations et sesmissions anciennes. Les vrais progressistes sontles tenants du par-cœur et des trésors pour tous.

Entre en résistance, petit !

0123

-, ’

Appel à la désobéissance

La France et la Cour pénale internationale« ROBERT BADINTER nous a

déçus » : dans la bouche d’une mili-tante de la Fédération internationa-le des Ligues des droits de l’hom-me (FIDH), ce constat est doulou-reux. D’autant que le désaccordqui oppose aujourd’hui les organi-sations non gouvernementales(ONG) à celui qui était jusque-làpour elles une figure emblémati-que porte sur un sujet qui, à tous,leur tient à cœur : la future Courpénale internationale (CPI).

La France a été parmi les pre-miers pays à ratifier, en juin 2000,le traité sur cette Cour, conclu àRome en juillet 1998 par les repré-sentants de cent vingt Etats. Mais,pour les ONG, qui, depuis ledébut, dénoncent le double langa-ge des autorités françaises sur lesujet, le combat ne s’achevait paspour autant. L’étape suivante – cel-le de la transposition du traitédans le droit interne – était au con-traire cruciale à leurs yeux : plusque d’un simple ajustement techni-que, il aurait dû s’agir d’une harmo-nisation de fond pour mettre ledroit pénal français aux normes dutraité de Rome et en finir avec lesfaux-fuyants.

Quand Robert Badinter fut char-gé, il y a quelques mois, en tantque sénateur, de rédiger la proposi-tion de loi d’adaptation, les ONGvoyaient en lui un allié. Mais le tex-te qu’il a élaboré, et qui sera pré-senté le 12 février au Sénat, déçoittoutes leurs attentes. Il ne reprendaucune des principales recomman-dations formulées par la coalitionfrançaise pour la CPI (qui regroupetrente-sept ONG) et par la Com-mission nationale consultative desdroits de l’homme (CNCDH, unorganisme consultatif placé auprèsdu premier ministre). Il évite soi-gneusement de remettre sur letapis tous les sujets qui fâchent, enparticulier, soulignent les ONG,« le tabou des crimes de guerre ».

Si l’on s’en tient à la propositionBadinter de loi d’adaptation, « laFrance pourra, à juste titre, êtreconsidérée comme un havre pour lescriminels de guerre », commenteabruptement la Fédération interna-tionale des droits de l’homme.

La France mène, depuis le début,un jeu trouble envers la CPI. Lorsdes négociations finales du traité,elle avait exigé que soit ménagéepour chaque Etat signataire la pos-sibilité de récuser, pendant unepériode de sept ans, la compétencede la Cour pour l’une des trois caté-gories de crimes concernées : lescrimes de guerre (les deux autresétant le génocide et les crimes con-tre l’humanité). L’armée française,craignant – sans raison, car tousles garde-fous sont prévus – quecette incrimination donne lieu àdes poursuites abusives contre sessoldats lors d’opérations extérieu-res, avait développé une véritableparanoïa envers le projet de CPI.L’exécutif était divisé et le consen-sus ne se fit qu’autour de l’idéepeu glorieuse de faire sortir les cri-mes de guerre du champ de compé-tence de la Cour pour les pays quile souhaiteraient. En juillet 1998, laFrance parvenait à faire inscrire

cette possibilité dans le traité, àl’article 124.

Face à des ONG qui lui repro-chaient de lancer un « scandaleuxsignal d’impunité aux criminels deguerre », la France se targuait àl’époque d’avoir, grâce à cet arti-cle, arraché l’adhésion de certainsEtats réticents. Les faits l’ontdémentie depuis : parmi les qua-rante-huit pays qui, à ce jour, ontratifié le traité, elle est le seul àavoir fait jouer cette clause restric-tive ; aucun autre des cent vingtpays qui ont signé le traité n’amanifesté l’intention de la fairejouer. Qui plus est, lors du débatsur la ratification au Parlementfrançais, tous les groupes avaientinvité – en vain – l’exécutif à renon-cer à cette clause.

La manœuvre aurait été moinsgrave aux yeux des ONG si la Fran-ce s’était montrée déterminée àjuger elle-même, le cas échéant,les responsables présumés de cri-mes de guerre tels que les définit letraité de Rome. Tel était, pour lesassociations, l’enjeu principal de laloi d’adaptation. Le droit français,en effet, ne reconnaît pas la spécifi-cité des crimes de guerre, qu’il assi-mile à des crimes de droit com-mun ; il réprime certes le viol, lesassassinats, les destructions, etc.,mais ne les envisage que commedes actes individuels isolés, sansreconnaître que de tels actes, lors-qu’ils sont commis dans le cadred’un conflit armé, ont une dimen-sion particulière et constituent desviolations graves du droit humani-taire international.

La FIDH, MSF, la CNCDH, entreautres, avaient recommandé quela loi d’adaptation intègre dans lecode pénal une section spécifiquesur les crimes de guerre reprenantl’article 8 du statut de la CPI et fai-

sant référence aux conventions deGenève. Cet avis n’a pas été suivi.

Les défenseurs des droits del’homme demandaient, d’autrepart, que « la loi d’adaptation pré-voie que toute personne recherchéepour l’un des crimes visés par le sta-tut de Rome puisse être poursuivie etjugée par les juridictions françaises,dès lors qu’il existe des éléments suffi-sants laissant supposer qu’elle setrouve sur le territoire français ».Cette recommandation sur le prin-cipe dit « de compétence universel-le » n’a pas été retenue non plus.Les ONG rappellent que la Francea pourtant reconnu la compétencede ses propres tribunaux pour lescrimes commis dans l’ex-Yougosla-vie et au Rwanda, dans la loid’adaptation relative aux deux tri-bunaux internationaux ad hoc,adoptée en 1995. Il serait para-doxal, estiment les ONG, que la jus-tice française ait les moyens depoursuivre des Rwandais ou desex-Yougoslaves auteurs présumésde crimes internationaux, mais pasles ressortissants de toute autrenationalité.

La proposition Badinter ne

reprend pas, enfin, les principesretenus par la CPI sur l’imprescrip-tibilité de tous les crimes interna-tionaux, y compris les crimes deguerre, et sur l’absence d’immuni-té de juridiction pour ces crimes(en vertu de laquelle nul n’est àl’abri des poursuites, pas même leschefs d’Etat en exercice).

Robert Badinter fait valoir le réa-lisme et l’urgence. Près de cinquan-te pays ont déjà ratifié le traité deRome et la Cour pourrait voir lejour, selon lui, avant la fin de cetteannée. « Il faut que la France soitprête, dit-il ; je rappelle à mes amis

des ONG que nous sommes à quinzejours de la fin de la législature ; sinous ne passons pas maintenant,nous ne passerons pas avant unan. » Il fallait aller vite, c’est-à-direproposer « une loi d’adaptation deprocédure, pas une rénovation ducode pénal », déclare M.Badinter,en convenant au passage qu’il sou-haite aussi que « la gauche soit cré-ditée de ce texte ».

Indépendamment de la tactiquepolitique, Robert Badinter a de lalutte contre l’impunité une appro-che différente de celle des ONG. Iladmet certes que le fameux arti-cle 124, introduit par la France surles crimes de guerre, « est offensantpour l’armée française ». Mais pourlui, manifestement, la lutte contrel’impunité doit viser en premierlieu les responsables de crimescontre l’humanité. « Que les grandsscélérats soient jugés, que la Cournaisse » et, le moment venu,c’est-à-dire sept ans après, « laquestion de la redéfinition des cri-mes de guerre se posera. Mais il nefaut pas la poser maintenant, c’estune voie d’eau dans laquelle noussombrerions ». Pour les ONG, quiconstatent chaque jour que lesdénis d’humanité les plus fré-quents relèvent de la catégorie descrimes de guerre, cette approchen’est pas acceptable.

Désavouées par leur héros, ellessont assez perplexes quant à la stra-tégie à adopter maintenant. Ellesont demandé à être entendues parla Commission des lois du Sénat etréclament, au minimum, que laproposition Badinter ne soit consi-dérée que comme la première par-tie d’une loi d’adaptation qui, pourêtre complète, exigerait biend’autres dispositions.

Claire Tréan

Le gouffre

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Samuel Beckett

LITTERAIRES

La tragédie classiqueb

« L’axe du mal »

H O R I Z O N S A N A L Y S E S

Page 17: e Le gigantisme militaire de Bush

LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002/19

« LAXISME », « dysfonctionne-ments », « études de danger insuffi-santes » : la commission d’enquêteparlementaire sur la sécurité desinstallations industrielles fait unedescription sans fard du fonction-nement des installations à risques.Créée le 17 octobre 2001, aprèsl’explosion meurtrière de l’usineGrande Paroisse-AZF le 21 septem-bre, elle devait rendre, mardi5 février à Paris, son rapport,constat cinglant assorti de quatre-vingt-dix propositions.

Le président, François Loos, dé-puté UDF du Bas-Rhin, et le rap-porteur, Jean-Yves Le Déaut, dépu-té socialiste de Meurthe-et-Mosel-le, ont coiffé le casque de chantier,visité dix-sept sites dans douzerégions et auditionné quatre centstémoins avant de tirer des conclu-sions à l’unisson. « La commissiona pu constater un certain décalageentre le discours des organisationsprofessionnelles et de certaines en-treprises présentant systématique-ment la sécurité comme une prioritéabsolue et la réalité de pratiquesencore trop souvent caractériséespar une pression croissante des im-pératifs de rentabilité et par la mar-ginalisation des salariés », estime lerapport. « On a banalisé le risque »,résume M. Loos. « Il faut passerd’une culture du secret à une culturede la sûreté », ajoute M. Le Déaut.

Le ministre de l’environnement,Yves Cochet, doit présenter, mer-credi 13 février, en conseil des mi-nistres, un projet de loi sur la sécu-rité industrielle. Estimant qu’ilconviendrait « au préalable d’appli-quer les textes existants », la com-mission juge par ailleurs « trop res-

treint » le champ couvert par cenouveau texte. « Celui-ci concernepresque exclusivement les questionsliées à l’urbanisme, à l’informationdu public et aux modalités d’associa-tion des représentants des salariés àla prévention des risques », esti-me-t-elle. Le projet n’ayant aucu-ne chance d’être discuté avant lesélections, les députés espèrent queleurs propositions, adoptées àl’unanimité par la commissiond’enquête, pourront le nourrir uti-lement après ces échéances.

Leur rapport propose ainsi un

durcissement des règles de sécuri-té. Il sonne notamment la chargecontre la sous-traitance en casca-de. « A Toulouse, 13 des 23 em-ployés qui ont trouvé la mort sur lesite d’AZF étaient salariés d’entrepri-ses sous-traitantes », constate-t-il.Dans certains cas, notent les dépu-

tés, ces délégations successives im-pliquent jusqu’à cinq échelons. Enbout de chaîne, des intérimairesreçoivent des formations qui du-rent parfois moins d’une heure. Lacommission souhaite interdire detelles pratiques.

« Mettre les usines à la campagnen’est pas une solution réaliste : ilfaut donc s’atteler à réduire le dan-ger à la source pour protéger lespopulations », explique M. LeDéaut. La commission suggère deréduire la taille des usines et lesquantités de produits chimiquesstockés par ces dernières. A l’aunede ce qui se pratique dans l’indus-trie nucléaire, elle préconise la« multiplication des lignes de défen-se » et la mise en place d’une échel-le de gravité, chaque incident ouaccident faisant l’objet d’une éva-luation et d’une déclaration obliga-toire. Le document insiste égale-ment sur le renforcement des ins-pections des installations classées,dénonçant les insuffisances de lasurveillance de l’Etat.

La commission déplore que lessalariés ne soient pas suffisam-ment associés dans la gestion durisque, alors que 80 % des acci-dents procèdent d’erreurs humai-nes. Elle suggère donc de renfor-cer le rôle des comités d’hygiène,de sécurité et des conditions de tra-

vail (CHSCT) et, dans les entrepri-ses de moins de 50 salariés quisont dépourvues de cette instance,de désigner un employé qui servirade relais.

Le rapport évoque la créationd’un fonds de prévention des ris-ques industriels, financé par unetaxe dont l’origine reste à définir.Il exercerait un droit de préemp-tion sur les constructions implan-tées dans des zones à risques. Toutpropriétaire situé dans un périmè-tre de danger serait en droit dedemander l’acquisition de sonbien par l’Etat.

Le fonds aiderait également les

entreprises à financer des investis-sements en matière de sécurité. Enrevanche, pour les exploitants quicontreviendraient aux règles, lerapport préconise un durcisse-ment des pénalités et la requalifica-tion des infractions en délits. « Lesmanquements font actuellementl’objet de procès-verbaux qui n’ontaucun caractère dissuasif », consta-

te M. Loos. La commission plaideégalement pour que les inspec-teurs des installations classéestransmettent plus systématique-ment au parquet les dossiers decontrevenants.

S’étant rendus sur place, les dé-putés ont constaté les dysfonction-nements dans le dédommagementdes sinistrés toulousains. « L’in-demnisation a été gérée dans les con-ditions de droit commun qui ne per-mettaient pas de répondre efficace-ment à une catastrophe d’une telleampleur », estime le rapport. Lacommission plaide pour que puis-se être déclaré un état de catastro-phe industriel, comme il existe unétat de catastrophe naturel. Unfonds d’indemnisation des victi-mes serait activé et le délai maxi-mal de remboursement fixé à troismois grâce à une simplification desprocédures. Est également suggé-rée « la constitution par l’exploitantde garanties financières destinées àcouvrir l’indemnisation des tiers ».

Benoît Hopquin

La sécurité dans les entreprises mise en cause à l’AssembléeLa commission d’enquête parlementaire sur la sécurité des installations industrielles dénonce le décalage entre les discours officiels des sociétéset la réalité du respect de la législation sur le terrain. Elle demande un renforcement du contrôle et de la répression, et l’instauration d’une taxe

Après avoir visité dix-sept sites dans douze régionset auditionné quatre cents témoins, la commissiond’ sur la sécurité des ins-tallations industrielles a fait, mardi 5 février, une des-

cription sans fard du fonctionnement des installa-tions industrielles à risques. Elle a constaté « des pra-tiques encore trop souvent caractérisées par une pres-sion croissante des et

par la marginalisation des salariés ». Elle propose un , dessanctions judiciaires et l’instauration d’une taxe. Ledéveloppement de la sous-traitance est particulière-

ment dénoncé comme un facteur de dilution des res-ponsabilités. Après l’accident de ’ , lasociété Grande Paroisse, filiale de TotalFinaElf, vadevoir la moitié des dommages.

L’AMBIANCE était houleuse àl’assemblée générale des actionnai-res de Grande Paroisse, la filialechimique de TotalFinaElf (à80,5 %), propriétaire de l’usineAZF de Toulouse, qui s’est tenuelundi 4 février pendant plus de qua-tre heures. Les actionnaires minori-taires ont contesté les décisionsqui leur étaient soumises, notam-ment la réduction puis l’augmenta-tion du capital de Grande Parois-se, d’au minimum 500 millionsd’euros, en une ou plusieurs fois.

Les demandes d’indemnisationdes sinistrés de l’explosion de l’usi-ne de Toulouse, le 21 septembre2001, qui a causé la mort de 30 per-sonnes et fait plusieurs centainesde blessés, atteignent aujourd’hui1,8 milliard d’euros. 850 millions se-ront pris en charge par les assu-reurs, il reste 950 millions à la char-ge de Grande Paroisse, ce qui équi-vaut à un coût net pour Total-FinaElf de 600 millions d’euros,

soit le double de l’estimation initia-le. « La présomption de responsabili-té s’applique à Grande Paroisse, quisupportera l’ensemble des domma-ges », a rappelé lundi Michel Perrat-zi, le PDG de Grande Paroisse. Ceschiffres se fondent sur les réclama-tions (traitées par Equad, le cabi-net d’experts mandaté par Total-FinaElf), au nombre de 100 000,dont 55 000 particuliers, 6 000 en-treprises, 5 000 copropriétés, etc.

Au montant de 1,8 milliard

d’euros s’ajoute un coût de 4 mil-lions d’euros par mois pour la per-te d’exploitation. Quant à l’assu-rance de dommages, les plafondsdes assurances de TotalFinaElf, de890 millions d’euros, ne seront pasdépassés, a indiqué M. Perratzi.« Le montant final dépendra de ladécision industrielle retenue de re-construction de l’usine à Toulouseou sur d’autres sites », explique

Gérard Naisse, directeur des ris-ques et de l’assurance du groupeTotalFinaElf. Des discussions, par-fois tendues, ont lieu actuellemententre TotalFinaElf et les assureurspour répartir les montants. Autotal, l’explosion de l’usine AZFdépassera sans doute 2 milliardsd’euros, ce qui en fait « le sinistreindustriel le plus grave de ces derniè-res années ».

Les actionnaires minoritaires deGrande Paroisse, qui détiennent19,5 % de son capital, notammentColette Neuville, présidente de l’As-sociation de défense des actionnai-res minoritaires (ADAM), et Nor-bert Lecomte, commissaire auxcomptes, ont contesté la façondont Grande Paroisse prend encharge ce sinistre. Ils estiment queTotalFinaElf aurait pu consentirune avance à sa filiale, en atten-dant l’évaluation définitive dessinistres. Et surtout, ils considèrentque le groupe « a fait fi d’informer

ses actionnaires sur la couvertured’assurance du groupe » (lire LeMonde du 5 février). Par consé-quent, Mme Neuville et M. Lecomteont annoncé leur intention d’intro-duire une action en nullité de cetteassemblée générale. Ils ont aussipointé du doigt la captive de Total.Elle n’est pas impliquée en respon-sabilité civile et ne supporte que10 millions de dollars (11,5 mil-lions d’euros) en assurance de dom-mages directs, tempère M. Naisse.

M. Naisse affirme que « les méca-nismes d’assurance de TotalFinaElfsont comparables à ceux des autresgrands groupes multinationaux etn’ont en rien compliqué les indem-nisations ». Pour autant, le débatsur l’information des actionnairessur les couvertures d’assurancesdes grands groupes à risques et deleurs filiales ne fait que com-mencer.

Pascale Santi

Après la catastrophe de l’usine AZF, le gouvernement a, de son côté, char-gé Philippe Essig, ancien président de la SNCF, d’assurer la coordination dudébat national sur les risques industriels. Dans ce rapport qu’il vient deremettre au premier ministre, il prône essentiellement une décentralisationdes décisions car « l’acceptabilité du risque ne peut résulter que d’un choixlocal ». Pour le rapporteur, deux échelons sont pertinents : la région et lastructure intercommunale. « Nous devons accepter, écrit-il, que les choix etles décisions ne soient pas les mêmes à Marseille et à Dunkerque, à Bordeauxet à Strasbourg, à Lyon et à Toulouse. »

AQUITAINE

MIDI-PYRÉNÉES

AUVERGNE

BOURGOGNEFRANCHE-COMTÉ

ALSACE

LORRAINE

CENTRE

ÎLE-DE-FRANCE

BASSE-NORMANDIE

HAUTE-NORMANDIE

PICARDIE

NORD-PAS-DE-CALAIS

CHAMPAGNE-ARDENNES

PAYS LADE LOIRE

POITOU-CHARENTES

BRETAGNE

LIMOUSIN

PROVENCE-ALPES-

CÔTE D'AZUR

LANGUEDOC-ROUSSILLON CORSE

LA FRANCE À RISQUES

Source : ministère de l'environnement

RÉUNIONANTILLES-GUYANE

du seuil bas

Etablissements relevant

du seuil haut

10244

97

67

25

8

38

33 85

35

3970

50

62

33

74

64

27

82

24 1

46

1212

4320

4453

3730

4990

178

1955

10

4517

825

1622

2461

32

2921

382217

24

3826

9

115

75

2854

1133

56

Recensement des établissements « Seveso 2 » en avril 2001

La directive dite «Seveso» a été adoptée en 1982, six ans après l'accident àla dioxine survenu dans cette ville italienne. En 1996, cette directive a étérenforcée pour devenir «Seveso 2 ». En France, 1 249 installations sontconcernées. «Seveso 2» a établi une distinction entre «seuil haut» et «seuilbas», en fonction de la dangerosité des sites. La législation est différente pources deux catégories.

23

25

3

2

RHÔNE-ALPES13916

FAUT-IL limiter, voire interdirele recours à la sous-traitance, com-me à l’intérim, pour certaines mis-sions « sensibles » dans les établis-sements à risques classés Seveso ?La plupart des rapports établis de-puis la catastrophe de Toulouses’interrogent sur la responsabilitédes industriels qui, depuis plus devingt ans, ont confié à des entrepri-ses extérieures des fonctions ju-gées annexes, voire moins noblesde leur activité, ayant trait aux sec-teurs de la maintenance et de lasécurité.

Perte progressive de la connais-sance et de la mémoire des pro-duits, défauts de transmission etde communication des informa-tions en l’absence de procéduresrigoureuses de contrôle, maîtriseincomplète des processus desécurité, insuffisances de forma-tion des personnels extérieurs,intervenants réguliers ou intéri-maires : ces défaillances apparais-sent régulièrement parmi les élé-ments incriminés dans l’originedes causes des récentes catastro-phes industrielles.

Sans attendre les conclusions del’enquête judiciaire en cours, lerapport de la commission parle-mentaire, après d’autres, relèveque la gestion des stocks de nitrated’ammonium et du bâtiment oùs’est produit l’explosion de l’usineAZF était assurée par un sous-trai-tant. « Le constat est unanime : lasous-traitance en cascade, et quiplus est la sous-traitance à based’emplois précaires aggrave considé-

rablement les risques », précise lacommission qui préconise l’inter-diction de cette pratique. Ellerecommande aussi la nécessitéd’une formation adaptée aux sala-riés extérieurs, établie sous le con-trôle des élus des comités d’hygiè-ne et de sécurité (CHSCT).

S’il est plus nuancé dans ses con-clusions, Philippe Essig, rappor-teur de la consultation nationalesur les risques, n’en dénonce pasmoins « le jeu des appels d’offres etdes mises en concurrence [qui] peutconduire au choix d’entreprises sous-traitantes les moins disantes alorsqu’il aurait fallu choisir les mieuxqualifiées pour certains types d’acti-vité ». Si ce recours doit être, selonlui, mieux encadré par une « label-lisation » des entreprises, l’appel àl’intérim doit faire l’objet « d’exi-gences » particulières, à défaut« d’être interdit ».

Les relations entre les entrepri-

ses donneuses d’ordre et les sous-traitants sont pourtant codifiéespar une réglementation établiedepuis 1992. Une réglementationjugée insuffisante par les syndicatsSNU (FSU) et CFDT des inspec-teurs du travail, qui préconisent« l’interdiction de la sous-traitancedes fonctions de maintenance et desécurité » sur ces sites à risques.Depuis des années, ils attirentl’attention sur les insuffisancesdans l’application de ce décret qui,sous le double effet d’une « passivi-té politico-administrative » et de la

pression des industriels, ont laisséde nombreuses zones d’ombre.

Au moment où il est question derenforcer leurs missions de con-trôle, ils s’inquiètent en premierlieu de l’insuffisance des moyens àleur disposition, avec un effectifde 1 300 inspecteurs resté cons-tant depuis dix ans. L’explosion del’usine AZF leur donne aussi l’occa-sion de stigmatiser l’absence decoordination avec les directionsrégionales de l’industrie, de larecherche et de l’environnement(Drire), qui ne s’intéressent qu’auprocessus industriel alors que lesinspecteurs se concentrent sur lesconditions de travail des salariés.Ils regrettent également que leursrecommandations sur les mo-dalités de la « co-activité » entreles entreprises et les intervenantsextérieurs sur les sites à risquesn’aient jamais été prises en

compte par l’autorité de tutelle.Alors que le projet de loi du

ministre de l’environnement, YvesCochet, envisage de doter lesCHSCT de pouvoirs accrus, les syn-dicats restent de leur côté scepti-ques sur la volonté des industrielsde participer au renforcement desconditions de sécurité, notam-ment à l’égard des sous-traitants.Pour la Fédération chimie énergiede la CFDT, c’est « l’ensemble del’organisation du travail qu’il con-vient de revoir ». « Les industrielsn’ont pas tiré les leçons des événe-ments récents », estime la CGT.Pour preuve, elle s’en prend aunouveau plan de 503 suppressionsd’emplois du groupe Atofina, dontune partie affecte justement lesfonctions de maintenance et desécurité.

Michel Delberghe

E N T R E P R I S E Sr i s q u e s i n d u s t r i e l s

Pour une décentralisation des décisions

Plusieurs rapports dénoncent la multiplication des risqueslors du recours à la sous-traitance en cascade

TotalFinaElf fait payer sa filiale Grande ParoisseSur 1,8 milliard d’euros de dommages, la moitié n’est pas couverte par les assurances

Page 18: e Le gigantisme militaire de Bush

20/LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002

BRUXELLESde notre correspondant

Au centre du gigantesque halld’automobiles, quatre vendeursrédigent des contrats. Dans un

coin, un bar et une aire de jeux. Sty-lo à la main, des acheteurs poten-tiels – et l’émissaire d’un construc-teur mécontent – notent les prix.« Les représentants de certainsimportateurs relèvent même lesnuméros de châssis pour identifierlequel de leurs concessionnairesaurait osé nous vendre un véhicule »,sourit Karel Cardoen, l’administra-teur délégué d’Auto’s Cardoen.

Le long de l’autoroute Bruxelles-Anvers, son « autoland » est deve-nu le symbole du « marché libre »de la voiture en Belgique. Partied’un garage familial créé en 1949, lasociété a essaimé : six implanta-tions en 2001, une dizaine prévuesen 2003. Le groupe a vendu10 500 voitures en 2001, ce qui leplace au treizième rang des ven-deurs de voitures en Belgique.Depuis trois ans, ce marchand non

officiel enregistre une progressionà deux chiffres de son activité. Ici,une Renault Laguna DCI neuve sevend avec une remise de2 624 euros sur le prix catalogue dela marque et un monospace Peu-geot 806 HDI avec un prix diminuéde 3 998 euros.

Cardoen et Colruyt, numérotrois des supermarchés en Belgi-que, ont voulu faire plus fortencore en lançant une opérationconjointe qui devait s’achever sym-boliquement mardi 5 février, le jourmême où la Commission européen-ne rend public son projet d’ouvertu-re de la distribution automobile àune plus grande concurrence. Lesdeux partenaires proposaient– 22 % sur une Alfa Romeo 156 etsur un monospace Daewoo, – 25 %sur une Ford Fiesta… Les plus géné-reux des constructeurs accordentdes remises de 5 % à 10 % sur cetype de voitures, la marge moyennedu concessionnaire étant de 14 %…

’« C’est un coup promotionnel, rien

de plus, et nous n’avons pas à lecondamner », déclare Jacques Vert-bois, porte-parole de Renault-Belgi-que, qui confie quand même son« regret » de voir s’installer de tellespratiques et invite le client à resterprudent. Olga Rémy, porte-parolede Peugeot, juge elle aussi que Car-doen n’a fait qu’un « coup de pub »en utilisant une dizaine de super-marchés comme salons d’exposi-

tion. Et de rappeler que, pour l’ins-tant, il n’est « pas question pour PSAde vendre à Cardoen ».

Ce n’est pas bien grave, sembledire ce dernier. Ses Peugeot, com-me les 150 voitures vendues en col-laboration avec Colruyt et le millierd’autres qu’il a en stock, il les achè-te « à l’étranger ». Des « fins de mil-lésime », des modèles peu équipés,comme on le lui reproche sou-vent ? En tout cas, les clients sontlà : 70 % d’entre eux achètent lorsde leur première visite et se disentsatisfaits des garanties offertes. Lacrainte d’être mal accueilli ensuitedans le réseau de la marque ?« C’est terminé. Un garagiste est biencontent de voir débarquer un nou-veau client », affirme M. Cardoen.

Les deux partenaires dresserontun bilan approfondi de leur premiè-re collaboration avant de récidiver.Le marchand de voitures fait déjàdes prévisions : « Compte tenu de lanouvelle directive européenne et dela volonté des consommateursd’avoir une plus grande liberté dechoix, le marché se répartira de lamanière suivante en 2010 : 40 %pour les concessionnaires, 30 % pourles magasins de voitures, 15 % pourles supermarchés, 10 % pour lesspécialistes de “niches” et 5 % pourle commerce en ligne. » Certainsconcessionnaires sourient de tantd’arrogance. Mais d’autres se fontdéjà des cheveux blancs.

Jean-Pierre Stroobants

Cardoen et Colruyt

offrent – 25 % sur une

Ford Fiesta, – 22 % sur

une Alfa Romeo 156

VERSAILLESde notre correspondant

La cinquième chambre correc-tionnelle du tribunal de Versailless’est penchée, lundi 4 février, surl’affaire du fichier informatiqued’Alstom Power Boilers, qui concer-nait, en 1999, 548 salariés sur les890 que comptait cette filiale d’Als-tom spécialisée dans la construc-tion de chaudières pour centralesénergétiques, qui s’appelait encoreEnergy Systems. Au printemps1999, l’entreprise négociait avec lespartenaires sociaux la mise en pla-ce d’un système de gestion prévi-sionnelle des métiers et des départsen préretraite. Le nouveau direc-teur des ressources humaines,Didier Jeanperrin, dans un courrielaux directeurs des sites de Vélizy(Yvelines) et de Lys-les-Lannoy(Nord), rappelait les objectifs ducomité de direction, et joignait untableau, à compléter, intitulé « Ges-tion des emplois et des compéten-ces ». Le 27 août, un article de L’Hu-manité révélait l’existence et lecontenu de ce tableau qui compor-tait des mentions personnelles surles salariés : « bégaiement », « per-sonnalité complexe », « fiable maislente », « syndicaliste », voire « ades séquelles d’hémiplégie » ou unénigmatique « a un passé »... Unecolonne « postes à conserver » noti-fiait le sort à terme des employéspar un « oui » ou un « non ».

M. Jeanperrin, licencié entre-temps, et la société Alstom PowerBoilers, représentée par son PDG,Jean-Bernard Gautier, étaient ren-voyés devant le tribunal de grandeinstance de Versailles pour avoirfait procéder à des traitementsautomatisés d’informations nomi-natives sans déclaration préalableauprès de la Commission nationalede l’informatique et des libertés(CNIL) et avoir entravé le fonction-nement du comité central d’entre-prise (CCE) en ne respectant pas lesrègles relatives à leur informationet à leur consultation obligatoires.

« »Lundi, devant les faits qualifiés de

« choquants » par la présidente dutribunal, l’ancien DRH contestaitavoir été l’instigateur des mentionspersonnelles sur le fichier. Demême, il rejetait la prévention de« traitement automatisé d’informa-tions », estimant que l’ordinateurde la DRH n’avait servi qu’à compi-ler les informations « commel’aurait fait une simple machine àécrire. » M. Gautier, qui a fait détrui-re les disquettes dès la révélation del’affaire, évoque le contexte de l’épo-que : « Nous avions une charge detravail exceptionnelle avec 450 mil-lions d’euros de commandes en juillet1999. Il n’était pas inutile de faire unétat de nos forces. Il nous fallait recru-ter, il n’y avait aucun plan de réduc-tion d’effectif en contrepartie desdéparts en préretraite. Cette étudeétait une idée louable, ayant mal tour-né dans sa forme et sa présentation. »

Pour le CCE, la CGT et l’associa-tion de défense des salariés d’Als-tom qui se sont constitués partiecivile, un tel fichier préparait, aucontraire, la restructuration de l’en-treprise. « Ce tableau a permis desavoir qui faire partir, insistaitMe Stéphane Ducroq, avec unevolonté délibérée de ne pas informerle personnel. Nous sommes dans lecadre d’un fichier destiné à suppri-mer des emplois. » Et l’avocat de rap-peler que, de 890 salariés en 1999,Alstom Power Boilers passera à 542en mars 2002.

Dans son réquisitoire, le procu-reur, Jean-Michel Aldebert, s’estrefusé à soutenir cette thèse :« Effectivement, il y avait un projetde restructuration dès 1999, mais surles centaines de salariés mentionnésdans le fichier, aucun n’a été sanc-tionné ou licencié pour la simple rai-son que ce document a été détruit. »Et s’adressant aux avocats de la par-tie civile, M. Aldebert d’avertir :« Je vous demande de ne pas faire decette audience une tribune politique.Une chambre correctionnelle est unlieu où l’on fait du droit et non de lapolitique. » Ainsi, revenant auxchefs de prévention, le procureur arequis contre M. JeanPerrin,7 500 euros d’amende et contre Als-tom 15 000 euros. Le jugement aété mis en délibéré au 4 mars.

Jean-Pierre Dubois

LE RÉGIME de la distributionautomobile a vécu. La Commissioneuropéenne devait présenter, mar-di 5 février en fin d’après-midi, lenouveau projet de règlement orga-nisant le commerce de voitures.Mais le « big bang » craint unmoment par les constructeurs,n’aura pas lieu. Les mesures propo-sées par Mario Monti, le Commis-saire européen à la concurrence,tendent à imposer une transitionen douceur en diminuant le contrô-le exercé par les constructeurs surles concessionnaires et les répara-teurs pour stimuler la concurrenceet faire baisser les prix des voitures.« Il faut remettre le consommateursur le siège du conducteur », aime àrépéter M. Monti. Son credo : lesconstructeurs ont un peu trop lapart belle, notamment au niveaudes prix des véhicules.

Pour rétablir l’équilibre en faveurdu consommateur, le nouveau règle-ment, qui doit entrer en vigueur le1er octobre 2002, s’articule autourde plusieurs paramètres. Aujour-d’hui, le système est à la fois sélectifet exclusif. La sélectivité permet auconstructeur de choisir qui est habi-lité à vendre ses voitures, suivantdes critères qualitatifs et quantita-tifs. L’exclusivité permet en contre-partie au concessionnaire d’êtrel’unique représentant de la marquesur un territoire donné. Bruxellesestime que la combinaison des deuxcritères entrave la concurrence. Leconcessionnaire n’a, en effet, pas ledroit de vendre de voitures à unrevendeur indépendant tenté de

pratiquer des tarifs moins élevés,sauf si ce dernier est dûment manda-té par un client final. Le concession-naire n’a pas non plus le droit de fai-re de la prospection à l’extérieur duterritoire qui lui a été attribué, cequi permet à ses collègues représen-tant le même réseau de ne pasredouter de concurrence sur cettemarque.

Avec le nouveau règlement, lesconstructeurs devront désormaischoisir entre sélectivité et exclusivi-té. La Commission estime qu’ilsseront tentés d’opter pour la sélecti-vité, qui leur permettra de mainte-

nir leur niveau d’exigences pourchoisir leurs revendeurs. Dans cecas, toutefois, l’exclusivité disparaî-tra, et le distributeur sera autorisé àdémarcher activement les clients oùil le souhaitera. Un distributeurbasé aux Pays-Bas pourra ainsidémarcher directement des consom-mateurs allemands ou italiens. LaCommission veut aller plus loin enautorisant les distributeurs à s’instal-ler physiquement où ils veulent : leconcessionnaire Renault à Amster-dam aurait ainsi le droit d’ouvrir unmagasin à Paris, à côté de son con-current français.

Dans un premier temps, M. Mon-ti avait proposé de n’appliquer cet-te mesure que pour les marquesqui représentent 15 % des partsd’un marché national. La Commis-sion estime que cette position deforce permet aux constructeurs dedicter les prix au marché. Mais cer-tains Commissaires européens,appuyés par l’Association des cons-tructeurs automobile européens(ACEA) sont montés au créneau,faisant valoir que cette dispositiondésavantagerait les fabricants duVieux Continent au profit des Amé-ricains et des Japonais. Pour ne pasêtre accusé de discrimination,M. Monti a d’abord proposéd’abaisser le seuil à 10 %. Maisdans le projet final ce seuil a dispa-ru : tous les constructeurs serontsur un pied d’égalité.

La Commission veut par ailleurs

introduire plus de concurrenceentre les marques automobiles.Désormais, une Renault pourraitcôtoyer une Fiat ou une BMWdans un même espace de vente.En renforçant la proximité,M. Monti veut favoriser les compa-raisons de prix et introduire par làmême plus de concurrence. Unedisposition qui fait bondir les cons-tructeurs. Ceux-ci devront repen-ser leur marketing, qui visait à lierla marque à tout un univers devente spécifique. Mais surtout, lesconstructeurs craignent qu’on nevende des voitures comme desmachines à laver. C’est-à-dire que

les commerciaux soient incités àvendre telle ou telle voiture enfonction de la marge qu’ils tou-chent, plus que pour les qualitésintrinsèques du produit, commecela se déroule dans la distribu-tion d’électroménager.

Enfin, et c’est peut-être la mesu-re qui aura le plus d’impact àcourt terme, le projet propose derompre le lien qui existe actuelle-ment entre vente et après-vente.Les concessionnaires d’une mar-que pourront désormais sous-trai-ter la réparation des véhicules àdes professionnels agréés. La nou-veauté, c’est que ces réparateursauront la possibilité d’acheterdirectement les pièces de rechan-ge auprès des fournisseurs desconstructeurs. En supprimant unintermédiaire, le nouveau systèmechange radicalement la notion depièce d’origine, que l’on pourradésormais trouver en dehors duréseau des constructeurs.

« Dans le principe, nous ne som-mes pas hostiles, explique LouisSchweitzer, PDG de Renault. Maisil faut d’abord assurer la proximitéde la réparation au consommateuret il faut ensuite qu’on garantisseque les pièces aient la même qualitéque les pièces d’origine. » Au-delàdes soucis de qualité, cette disposi-tion risque de priver les construc-teurs d’une manne considérable :les pièces détachées, qui représen-tent jusqu’à 10 % du chiffre d’affai-res des constructeurs, et sur lesquel-les ils dégagent en moyenne desmarges d’environ 20 %. « La margeréalisée sur les véhicules neufs, del’ordre de 4 % à 5 %, est très faible.La réforme va effectivement condui-re à baisser le coût de la réparationmais risque, en contrepartie, de nousobliger à renchérir le coût du neuf »,prévient M. Schweitzer, qui estimeque « les constructeurs s’ajusterontà la nouvelle réglementation, quin’aura pas d’impact durable sur leurrentabilité. » « En revanche, ce queje redoute, précise-t-il, c’est une cer-taine remise en cause de la qualité etdu service par rapport au systèmeactuel. Nous avons tout à perdre dela baisse de la satisfaction des con-sommateurs, qui pourraient à forcese porter sur d’autres biens durablesque l’automobile ».

Le projet de règlement va mainte-nant être soumis aux Etats-mem-bres et aux acteurs de l’industrieautomobile, qui auront la possibili-té d’amender le texte avant uneadoption définitive d’ici l’été.

Stéphane Laueret Raphaël Rivais

(à Strasbourg)

DOSSIER

NUMÉRO FÉVRIER 2002En vente chez votre marchand de journaux 3,80€

Egalement au sommaire :

Oui, Israël a un partenaire pour la paix ; Pour un savoir engagé(un texte inédit de Pierre Bourdieu) ; Les périlleuses tentatives de définirle terrorisme ; Le Sénégal attend le grand changement...

ARGENTINEDieu n’est plus argentinLes dix jours qui ébranlèrent le paysUne « dette odieuse »Cette mortelle fascination du dollar

Par Pierre Kalfon, Diana Quattrocchi-Woisson,Michel Husson et Eric Toussaint

Bruxelles impose à l’automobile une concurrence accrueLa Commission européenne devait présenter, mardi 5 février, son projet de nouveau règlement régissant les relations

entre constructeurs et revendeurs de voitures. Objectif : harmoniser à la baisse les prix en Europe

1 Directeur du Bureau européen

des unions de consommateurs,

vous représentez trente-trois organi-

sations européennes. Pourquoi

n’êtes-vous pas satisfait du projet

de la Commission en matière de dis-tribution automobile ?

Nous demandions l’abolitionpure et simple du système deconcession exclusive, et nous nel’avons pas obtenue : les construc-teurs ont désormais le choix entreun système de distribution exclu-sive très proche de l’actuel et unsystème de distribution sélective.Dans le cadre de la distributionexclusive, un concessionnairebasé à Bruxelles ne pourra pasouvrir de succursale à Lille sansl’accord du constructeur. Nousaurions souhaité qu’à partir dumoment où un professionnel seconforme à des critères objectifsde qualité et de sécurité il puissevendre des voitures où qu’il setrouve et quel que soit son statut– y compris celui de supermarchéou d’opérateur Internet.

2 Si le constructeur choisit la distri-

bution sélective, il ne pourra pas

empêcher son concessionnaire de

faire du démarchage actif à l’étran-

ger. N’est-ce pas une bonne chose ?

En théorie, un concessionnairenéerlandais pourra aller en Alle-magne vendre des voitures moinscher aux consommateurs alle-mands. En pratique, il risque dene pas faire de démarchage actif :le constructeur n’y a pas intérêt,car il souhaite conserver des diffé-rences de prix entre pays. Il risquedonc de fixer au concessionnairedes objectifs de vente qui ledécouragent d’aller prospecter àl’étranger. Notre méfiance est fon-dée sur l’expérience : plusieursconstructeurs se sont vu infligerde fortes amendes pour avoir frei-né les ventes de voitures à desconsommateurs étrangers.

3 Les concessionnaires vont pou-

voir sous-traiter le service après-

vente. Est-ce bon pour les consom-mateurs ?

Oui, des études ont montré queles garages franchisés par les mar-

ques ne fournissent pas de servi-ces de meilleure qualité, maisqu’ils demandent des prix beau-coup plus élevés. Il faudra toute-fois s’assurer que les garagistesindépendants aient le droit defaire des réparations au mêmetitre que les concessionnaires,c’est-à-dire que les constructeursleur donnent accès aux piècesdétachées et aux informationsqu’ils demandent. Vente et répara-tion sont deux métiers différents.Le vendeur qui souhaitera seconsacrer à la vente de plusieursmarques n’aura plus à se soucierobligatoirement des réparations.Ce système devrait favoriser l’es-sor des concessions multimar-ques, ce qui donnera enfin auxconsommateurs la possibilité decomparer les offres.

Propos recueillis parR. Rs

Les écarts de prix des voitures res-tent importants entre les pays del’Union européenne, malgré la réali-sation du marché unique, en 1993,et l’entrée en vigueur de la monnaieunique en 1999. Ces différences deprix ne sont pas seulement dues à lavolonté des constructeurs de « cloi-sonner » le marché en fonction deleurs intérêts, comme affectent dele croire les organisations deconsommateurs. Elles s’expliquentaussi par la disparité totale des régi-mes fiscaux en vigueur dans chacundes quinze Etats membres del’Union européenne.

Le Danemark affiche ainsi les prixhors taxes les plus bas d’Europepour les voitures, jusqu’à 40 % demoins qu’au Royaume-Uni, pays leplus cher. Le marché danois est, enrevanche, le plus cher, en prix TTC,pour le consommateur. La France,elle, se situe dans la fourchette bas-se pour les prix TTC et dans lamoyenne européenne pour les prixhors taxes. Des différences dont lesimportateurs et revendeurs parallè-les profitent depuis des années pourconcurrencer les concessionnairesofficiels.

En Belgique, les supermarchésde la voiture veulent leur part du gâteau

L’affairedu fichierd’Alstomdevant la justice

Des écartsde prix importantsen Europe

E N T R E P R I S E S

Page 19: e Le gigantisme militaire de Bush

LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002/21

ALORS QUE le marché mondial desmicro-ordinateurs a connu une annushorribilis en 2001, affichant sa premièrebaisse des livraisons – de 4,6 % – depuisquinze ans, le marché français a mieuxtiré son épingle du jeu, en légère crois-sance de 2,2 %, selon la société d’étudesGartner Dataquest. « Le déploiementdes programmes d’équipement de PC des-tinés aux salariés des grandes entreprises,tels ceux mis en place par Vivendi avecHewlett Packard et par EDF avec NECont largement contribué à ce bon résul-tat », note Isabelle Durand, analystechez Gartner Dataquest.Les ventes de PC pour le domicile oupour le bureau ont stagné sauf pour lesegment des ordinateurs portables, quia connu une progression de 15,6 % sur le marché professionnel et de34,4 % sur le marché grand public.

Eurotunnel poursuit la SNCFet British Railways en justiceLES RÉSEAUX FERROVIAIRES français SNCF et britannique BritishRailways comptent réduire de 22,2 millions d’euros leur contributionaux coûts d’exploitation du tunnel sous la Manche en 2002, a annoncélundi 4 février Eurotunnel, qui a saisi par référé le tribunal de commer-ce de Paris. Dans un communiqué, le groupe franco-britannique « con-sidère que cette action est en contravention avec les termes de la conven-tion d’utilisation qui régit les relations entre Eurotunnel et les réseaux fer-roviaires ».Ce différend s’inscrit dans le contexte d’un désaccord vieux de plu-sieurs années sur le montant de la contribution des réseaux ferroviai-res à Eurotunnel. L’audience devrait avoir lieu mercredi 6 février.

Les Français restent méfiantsà l’égard de l’entrepriseLES FRANÇAIS affichent une certainedéfiance à l’égard de l’entreprise : pour71 % d’entre eux, les intérêts des sala-riés et ceux des entreprises « ne vontpas dans le même sens », selon uneenquête réalisée par la Sofres pour lecompte de l’association Entreprise etprogrès. Le chef d’entreprise s’en sortmieux : un Français sur deux lui fait con-fiance. Mais ce sont les moins de 25 anset les plus de 65 ans qui lui permettentd’arriver à ce score.Les classes en âge de travailler, que cesoit les cadres supérieurs ou lesouvriers, accordent un crédit plus faibleaux dirigeants. Selon cette même étu-de, 9 Français sur 10 trouvent que leschefs d’entreprises sont attentifs « à laréputation de l’entreprise », mais seulement 4 sur 10 « à la satisfactionde leurs salariés ».

a BOMBARDIER : le groupe aéronautique et de transports cana-dien a annoncé, lundi, avoir été informé d’une mini-offre publiqued’achat « non sollicitée » de la société TRC Capital Corporation por-tant sur « moins de 2 % du capital » et a déconseillé à ses actionnairesd’y souscrire. La famille Bombardier contrôle 63 % des droits de vote.a INFINEON : le fabricant allemand de semi-conducteurs est endiscussion avec le coréen Hynix pour une prise de participations croi-sées. Le numéro deux mondial des composants mémoires DRAM, pro-che de la faillite, vient de renoncer à se faire racheter par l’américainMicron.a MMO2 : le groupe de téléphonie mobile, ancienne branche de Bri-tish Telecom, a annoncé mardi 5 février, la suppression de 1 900emplois en Grande-Bretagne et en Allemagne, ramenant ses effectifsà 6 100 personnes.

a ENRON : Kenneth Lay, ancien PDG d’Enron, a démissionné duconseil d’administration du groupe de courtage en énergie en failli-te, lundi 4 février. M. Lay avait renoncé à son poste de PDG d’Enron le23 janvier. Sa démission du conseil intervient alors que le Sénat a déci-dé lundi de le citer à comparaître.a COMMERZBANK : la quatrième banque allemande privée a évi-té de justesse de tomber dans le rouge en 2001. son résultat aprèsimpôts a chuté de 93,1 %, à 92 millions d’euros. Le bénéfice imposablea fondu à 37 millions d’euros, contre 2,2 milliards d’euros en 2000.a AZUR-GMF : à l’occasion d’un changement de statut, ChristianSastre, l’actuel PDG du groupe mutualiste d’assurance, passe la mainà Daniel Antoni, qui devient président du directoire, M. Sastre deve-nant président du conseil de surveillance.a ÉTATS-UNIS : les banques américaines ont resserré davantageen janvier les conditions d’octroi de leurs crédits pour les entrepriseset les ménages, indique l’enquête de la Réserve fédérale publiée lundi,pour qui la demande de prêts a été « généralement faible ».

Tractebel tente de répondre aux accusations de fraude

BRUXELLESde notre correspondant

Branle-bas de combat chez Tractebel, la filialede Suez : confronté aux accusations portées con-tre la première société belge et sixième produc-teur européen d’énergie (Le Monde du 5 février),son état-major a tenté de répliquer. En invo-quant « des erreurs factuelles, des amalgames déli-bérés et l’intention de nuire », Jean-Pierre Hansenet les principaux dirigeants ont répondu auxinformations parues depuis plusieurs jours enBelgique sans les réfuter toutes.

Tractebel ne nie pas avoir payé des commis-sions afin d’emporter des marchés au Kazakh-stan, en 1996. Mais ces commissions n’auraient

été ni illégales ni secrètes. La demande de redres-sement fiscal formulée par l’inspection belge desimpôts (150 millions d’euros) est donc contestée.

La firme n’a-t-elle pas été imprudente ennouant des relations avec certains acteurs dou-teux dans cette République ? « Ils se sont révélésêtre ce qu’ils étaient, et les accords n’ont pas été res-pectés », explique Tractebel, qui n’aurait perdu« que » 45 millions d’euros dans cette aventure àhauts risques.

Une « caisse noire » a-t-elle servi à payer descompléments de rémunération à des cadres ?« Des dysfonctionnements ont été constatés au seinde certaines sociétés de taille limitée. » Des mesu-res « correctrices » auraient donc été prises, et

certaines de ces sociétés mises en liquidation, tan-dis que les bénéficiaires étaient invités à réglerleurs obligations fiscales et sociales. Si les socié-tés en question étaient offshore, elles agissaientdans la légalité et ne doivent pas être assimilées àdes « paradis offshore », juge la direction.

Enfin, si les justices belge et suisse s’intéres-sent à la société, c’est parce qu’elle a elle-mêmedéposé plainte contre deux de ses ancienscadres. Le plaidoyer suffira-t-il à calmer lesardeurs de ces juges ? D’autres révélationsétaient annoncées pour les prochains jours dansla capitale belge.

J.-P. S.

PROXINVEST, une petite socié-té spécialisée dans le conseil auxinvestisseurs « en matière de valeuractionnariale et de gestion de vote »,vient de publier une étude intitulée« La rémunération des dirigeantsdu CAC 40 ». Ce document veutnourrir la réflexion des actionnai-res, censés contrôler la rémunéra-tion des dirigeants « afin qu’advien-ne le meilleur équilibre entre le coûtdes dirigeants et l’excellence de leurcontribution ».

L’étude souligne l’inflation desrémunérations des dirigeants desgrandes entreprises françaisescotées. En l’an 2000, « alors qu’enmoyenne le cours de leur titre sta-gne, les 473 dirigeants des princi-

pales sociétés du CAC 40 s’octroientune progression moyenne de rémuné-ration fixe et optionnelle de 36 %,portant le total à 2 289 446 euros,dont la plus grande part en dotationd’options, soit 1 589 586 euros, lessalaires et les options progressant àl’identique ». 2000 et 2001, « annéesde stagnation puis de baisse desactions en Bourse », sont aussi « lesannées de plus forte hausse des rému-nérations ».

498 Deuxième constat : « Les prési-

dents français qui étaient réputésmoins payés que leurs homologuesanglo-saxons semblent avoir presquerattrapé le niveau relatif des rémuné-rations américaines. » En effet,selon Proxinvest, les 17 présidentsqui publient l’intégralité de leursrémunérations fixe, variable etoptionnelle ont touché en moyen-ne 498 fois le SMIC annuel, soitpresque autant que les patrons amé-

ricains qui, selon Business Week, sesont octroyé, en l’an 2000, 531 foisle salaire de base aux Etats-Unis.Citant le site du syndicat AFL CIO,le rapport relève également qu’en2000 « l’inégalité entre les ateliers deproduction et les bureaux de la direc-tion générale a atteint de nouveauxrecords aux Etats-Unis » : en 1980,un président gagnait 42 fois le salai-re ouvrier moyen ; en 1990, 85 fois ;en 2000, 531 fois.

Troisième constat, la distributiond’options de souscription d’actionsaux dirigeants a un coût croissantpour les actionnaires : « Les dota-tions moyennes que se réservent lesdirigeants du CAC 40 ont représentéen nombre d’actions 0,12 % du capi-tal des sociétés chaque année, soit0,60 % du capital sur cinq ans, lesdotations les plus importantes seretrouvant chez Renault, DassaultSystèmes, Vivendi Universal, Bouy-gues et Axa. » Proxinvest relaie ainsiun débat vif aux Etats-Unis sur la

comptabilisation de ce coût, cer-tains investisseurs exigeant qu’ilsoit répercuté dans le résultat. L’étu-de relève que ce coût peut représen-ter plus de 5 % du bénéfice, l’im-pact étant même supérieur dansdes groupes comme Sanofi Synthé-labo ou Alcatel.

Sur la base des rémunérations de2000, les cinq plus généreuses sontDassault Systèmes, Lagardère, TF1,Dexia, Schneider Electric et Axa, lesplus modérées Bouygues, Alcatel,BNP Paribas, Thomson Multimediaet Accor. Les classements peuventtoutefois être trompeurs, la compo-sante venant des options variantsensiblement. Proxinvest constateque le lien entre les rémunérationset la création de valeur ou le rende-ment des fonds propres est très fai-ble, tandis qu’il y a une forte rela-tion avec les effectifs, le chiffre d’af-faires et la capitalisation boursière.

Sophie Fay

« La rémunérationdes dirigeantsdu CAC 40 »

Les patrons français autant payés que les AméricainsLes 473 dirigeants des principales sociétés ont vu leur rémunération augmenter de 36 % en 2000

Confiance en chacun des acteurssuivants, en %

PATRONS CRÉDIBLES

Source : Sofres

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Terrorisme, l’èrede tous les dangers

La lutte contrel’argent sale

L’actualité du mois,dans les clés de l’info

2 grands dossiers... ...et

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Etude Proxinvest, janvier 2002, 474,75 ¤.

Les ventes de PC en Franceen légère augmentation

QUEL SORT Vivendi Universalréserve-t-il à sa filiale Vivendi Envi-ronnement ? Depuis plusieurssemaines, la question hante les mar-chés et les décideurs politiques.Après la décision du groupe decommunication de vendre en toutehâte 9 % du capital de sa filiale spé-cialisée dans les services collectifs(eau, déchets, énergie et trans-ports), certains en ont déduit queVivendi Universal pourrait rapide-ment céder les 63 % restant. Jean-Marie Messier a démenti larumeur : « Je suis très satisfait queVivendi Universal soit le premieractionnaire de Vivendi Environne-ment. Je compte conserver cette posi-tion longtemps », a-t-il précisé le17 janvier.

L’engagement n’a qu’à moitiéconvaincu. Du ministère des finan-ces aux maires, nombreux sont lesobservateurs qui s’inquiètent del’avenir d’un groupe qui gère enco-re plus de la moitié des contratsd’eau municipaux en France. Aupoint de chercher à organiser lamontée de la Caisse des dépôts etconsignations (CDC) dans le capi-tal de Vivendi Environnement,pour le mettre à l’abri de convoiti-ses étrangère ? Daniel Lebègue,directeur général de la Caisse desdépôts, a démenti, le 2 février, vou-loir devenir l’actionnaire de référen-ce de Vivendi Environnement, touten ajoutant que ce « groupe méri-tait d’être accompagné par degrands investisseurs comme laCDC ». Se retrouvant au cœur dudébat, Henri Proglio, le président

du directoire de Vivendi Environne-ment, dit faire toute confiance àson actionnaire majoritaire. Mais ilne dément pas rencontrer des inves-tisseurs français, comme DanielLebègue, pour consolider son tourde table. « Je vais bien à Denverpour voir des fonds de pension améri-cains. Je ne vois pas pourquoi je nerencontrerai pas des institutionnelsfrançais pour les inviter à investirdans Vivendi Environnement », justi-fie M. Proglio.

Pour beaucoup de ses interlocu-teurs, la présentation du groupe setransforme en découverte : lavieille Générale des eaux, puissan-te, secrète, minée par la corruptionet les baronnies internes, est mor-te. Exsangue financièrement, lacompagnie a dû renoncer, lors del’arrivée de M. Messier, a une gran-de partie de son empire dans l’im-mobilier, la restauration, la santé,pour se recentrer sur les seulsmétiers des services collectifs. Cechangement était souhaité parbeaucoup de salariés. Pourtant, il aété accueilli avec circonspection,Jean-Marie Messier ne leur ayantjamais donné le sentiment d’aimerleurs métiers.

La vraie rupture est venue auprintemps 2000, quand Vivendi adécidé de redonner son autonomieà sa filiale et de la coter en Bourse.Depuis, Vivendi Environnementest en reconstruction. Une nouvelleorganisation a été dessinée ; denouvelles équipes, plus jeunes, plusinternationales, ont été formées.Berlin, Budapest, Bucarest, Sydney,

Israël, la Scandinavie… que ce soitdans l’eau, les déchets, les trans-ports, les contrats se multiplient.Arrachés parfois à coups de guerredes prix, comme le murmurent cer-tains observateurs ? « Vivendi Envi-ronnement n’a pas besoin de cela »,réplique M. Proglio. Le groupe réali-sait à peine 30 % de son chiffre d’af-faires à l’étranger en 1994, et plusde 60 % aujourd’hui.

Numéro un mondial ex-aequodans l’eau, numéro un mondialdans les déchets, associé avec le pre-

mier électricien mondial, EDF,pour les services énergétiques,numéro un européen dans les trans-ports collectifs, le groupe, qui affi-che un chiffre d’affaires de 29,1 mil-liards d’euros en 2001, est, en con-currence avec Suez, le grand desservices collectifs dans le monde.Aux analystes qui préconisent lavente des transports, voire celle desservices énergétiques, le présidentde Vivendi Environnement opposeune fin de non-recevoir. « Nous nesommes pas une holding. Nous som-mes un groupe, qui exerce un seulmétier, les services à l’environne-ment. » Il cite en exemple les con-

trats passés avec des groupes indus-triels qui demandent désormais deprendre en charge tous leurs pro-blèmes environnementaux : eau,déchets, logistique, énergie…

Vivendi Environnement, cepen-dant, a encore des problèmes àrésoudre. D’abord, la remise enordre d’US Filter. La société améri-caine, rachetée en 1999, s’est révé-lée un ensemble hétéroclite plus fra-gile que prévu. Ensuite, la réduc-tion de son endettement. Ayant dûreprendre l’ensemble des dettes desa maison mère lors de sa mise enBourse, la filiale peine à assumerles 13 milliards d’euros de dettesqui dépassent largement ses fondspropres. « Combien de groupes ont,comme nous, treize ans de contratsdevant eux ? », nuance M. Proglio.« Sans parler des chantiers énormesqui s’ouvrent. L’eau, l’énergie, lestransports, les déchets vont devenirdes problèmes mondiaux de plus enplus aigus. Nous avons une expérien-ce à apporter sur ces sujets »,insiste-t-il.

Mis en cause à Porto Alegre pourses méthodes visant à privatiserl’eau, Vivendi Environnement répli-que en mettant en avant son savoir-faire pour apporter de l’eau auxplus défavorisés, ses réflexions surun développement durable. Lasemaine dernière, le gouvernementiranien a signé avec le groupe unprotocole d’accord pour étudieravec lui tous les problèmes d’eaudu pays.

Martine Orange

Des chantiers

énormes s’ouvrent :

l’eau, l’énergie, les

transports, les déchets

Le marché des PC, en millionsd'unités livrées

BONNE RÉSISTANCE

Source : Gartner Dataquest

134,

3

4,2

128

4,3

2000 2001

Monde France

E N T R E P R I S E S

Vivendi Environnement se reconstruitloin de sa maison mère

Jean-Marie Messier, PDG du groupe Vivendi Universal, réaffirme sa volonté de resterle premier actionnaire de sa filiale de services collectifs

Page 20: e Le gigantisme militaire de Bush

22/LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002

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Noël Mamère,maire de Bègles(Gironde)et candidatdes Vertsà l’électionprésidentielledu 21 avril, en visitedans unecommunautédéshéritéede Cachoeirinha,près de Porto Alegre,au Brésil, mercredi30 janvier.

VIENT DE PARAÎTRE

« Le Temps »taxe les fautesd’orthographe3,40 eurosLA RÉDACTION EN CHEF du quo-tidien helvétique Le Temps adécidé de taxer, pendant le moisde février, 5 francs suisses(3,40 euros) chaque faute d’ortho-graphe, de nom propre ou de syn-taxe effectuée par les rédacteursCette mesure a été critiquée parune partie des journalistes, qui onttenu, lundi, une assemblée généra-le. La direction se plaint régulière-ment, depuis six mois, d’une aug-mentation des fautes dans lespages du journal. Elle envisaged’utiliser les fonds recueillis pourfinancer une « action festive » enco-re à imaginer. – (AFP.)

a PRESSE : la société Presse-Alliance, qui édite le quotidienFrance Soir, a annoncé lundi4 février la signature d’un contratavec le groupe suédois Metro Inter-national pour l’impression d’unquotidien gratuit à Paris. Le tiragede Metro Paris dépassera les300 000 exemplaires. – (AFP.)a RADIO : le président de laLigue nationale de football(LNF), Gérard Bourgoin, a indiqué,vendredi, qu’il allait lancer « dansquinze jours » un appel d’offres con-cernant les droits radio du Cham-pionnat de France, de la Coupe dela Ligue et du Trophée des cham-pions. La LNF espère vendre cesdroits « en exclusivité à une radio ».a AUDIOVISUEL : le groupe alle-mand Bertelsmann a annoncé,lundi, la nomination d’un directeurgénéral Ewald Walgenbach, actueldirecteur général de RTL Group. Ildeviendra le bras droit du prési-dent du directoire, Thomas Middel-hoff. – (AFP.)a La banque régionale de Baviè-re ne veut plus accorder de prêts àKirch, rapporte le Financial TimesDeutschland, mardi 5 février.

A la suite de notre article intitu-lé « Grève à la rédaction de“L’Hebdo de Nantes” contre l’arri-vée d’un nouveau directeur » (LeMonde du 18 janvier), nousavons reçu d’Hervé Louboutin lamise au point suivante :

Contrairement à ce que vousaffirmez – sans m’avoir seule-ment questionné –, je n’ai jamaissoutenu, en quoi que ce soit,Maurice Papon. Dans un édito-rial paru dans Presse-Océan, le24 janvier 1997, j’ai seulementexpliqué que ce procès ne servi-rait à rien, comme d’éminentshommes politiques le firent plus

tard, à la barre du tribunal deBordeaux. Je tiens ce texte àvotre disposition. Par ailleurs, lemotif de mon départ négocié dePresse-Océan (quotidien danslequel je suis resté vingt-troisans !) était lié à une restructura-tion complète du titre. Le prési-dent Jean-Marie Desgrées duLou écrivait alors : « Hervé Lou-boutin quitte notre journal, pourdes raisons internes, sans lienavec le contenu des articles qu’ilpubliait régulièrement avec letalent que chacun lui reconnaît. »

La motion de défiance de larédaction de Presse-Océan, à

laquelle vous faites allusion etqui précédait de six mois leditédito, était dirigée contre ladirection du journal, qui voulaità l’époque me confier plus de res-ponsabilités. Quant au mensuelNouvel Ouest, que j’ai lancé il y aquatre ans, sur les seize départe-ments du Grand Ouest, il estcomme tous ses confrèresconfronté à une baisse du mar-ché publicitaire qui l’oblige àdemeurer extrêmement pru-dent. Sans que cette conjonctureremette en cause ni sa spécifici-té, ni son indépendance, ni sastratégie.

PORTO ALEGREde notre envoyé spécial

L’homme politique français encampagne – qu’il soit ou non candi-dat, probable ou avéré, à la pro-chaine élection présidentielle – quis’est rendu au Forum social mon-dial de Porto Alegre (Brésil) dispo-se de plusieurs techniques pour soi-gner son image dans les médias. Lapremière, et la plus simple, est derester confortablement assis aubar de l’hôtel Sao Rafael, véritablesalle des « VIP » du Forum socialmondial, et d’attendre tranquille-ment que la presse se rue sur luiavec appareils photo, caméras etmicros. Tous y sont parvenus sanstrop de difficultés. La deuxième,qui demande plus d’effort et d’en-tregent, consiste à figurer en têtedu cortège de la marche inaugura-le du Forum. Tous, là, ont échouéassez lamentablement.

Il existe bien d’autres façonsd’occuper l’espace médiatiquedepuis la capitale de l’Etat de RioGrande. La plus prisée cette annéeaura été le pèlerinage organisé parJosé Bové vers les campements duMouvement des paysans sans ter-re (MST). Du candidat Vert à la pré-sidentielle, Noël Mamère, au pre-mier secrétaire du Parti socialiste,François Hollande, en passant parle ministre délégué à l’enseigne-ment professionnel, Jean-LucMélenchon, peu d’hommes politi-ques français ont raté le rendez-vous. De préférence accompagnésd’une armada de journalistes fran-çais et locaux. « Noël Mamère aréussi un joli coup », commente unphotographe français qui n’a pasperdu une miette de la scène. L’an-cien présentateur du journal télévi-sé, et toujours homme d’image, a

réussi un second « coup » médiati-que en allant soutenir l’occupationd’un immeuble abandonné du cen-tre-ville, devant les caméras de latélévision, et accompagné d’Oli-vier Besancenot, le candidat à laprésidentielle de la Ligue commu-niste révolutionnaire, dont bonnombre de téléspectateurs fran-çais ont dû découvrir le visage àcette occasion.

Jean-Pierre Chevènement, le troi-sième présidentiable de Porto Ale-gre, n’ayant plus besoin de se faire(re)connaître du grand public, achoisi un moyen plus classique etsolennel de faire parler de lui : laconférence. En l’invitant à prendrela parole avant même le début duForum social mondial, les organisa-teurs du Forum des autorités loca-les ont offert une tribune interna-tionale au candidat du Mouve-ment des citoyens, qui a pu dérou-ler un véritable cours d’économiepolitique antilibérale devant un

parterre de journalistes de la pres-se internationale.

Noël Mamère a quant à lui don-né une conférence de presse. Làaussi quelques règles s’imposent.Primo, afficher la convocation auxendroits stratégiques, c’est-à-dire

sur la porte de la salle de presse oùentrent et sortent continuellementdes centaines de journalistes detous les pays. Secundo, choisir unhoraire – midi – qui permet de nepas se télescoper avec les séancesplénières, qui mobilisent toute la

matinée journalistes et partici-pants, ni avec la conférence depresse d’un camarade Vert secrétai-re d’Etat qui débute une demi-heu-re plus tard. Tercio, choisir un thè-me fédérateur : « Le droit à répara-tion des peuples d’origine africai-ne ; « La situation des Noirs dansla diaspora africaine au Brésil et enFrance », et une personnalité loca-le de premier rang – la vice-prési-dente de l’Etat de Rio Grande doSul – pour donner la contradic-tion.

Celui qui s’est donné le plus demal pour que sa venue à Porto Ale-gre ne passe pas inaperçue n’estparadoxalement pas en coursepour l’Elysée. C’est Guy Hascoët,d’habitude si discret, ulcéré sansdoute par le peu de cas accordépar la presse française à l’écono-mie sociale et solidaire, dont il esten charge du secrétariat d’Etat. Sui-vi comme une ombre par un jour-naliste de Canal+ qui réalisait unreportage sur l’économie solidairedans l’émission de Karl Zéro, GuyHascoët a emmené en autobus

une délégation de journalistespour visiter des paysans sans terreou des coopératives de produc-teurs de chaussures.

« Il fait ce que Mamère ne peutpas faire », analyse un photogra-phe français qui envoie pour publi-cation un cliché sur lequel le secré-taire d’Etat figure entre la gloirelocale, le président d’honneur duParti des travailleurs, Luis IgnacioLula da Silva, le maire de Porto Ale-gre, Terso Genro, et l’inévitableJosé Bové. « Depuis que je suis arri-vé (le 28 janvier) à Porto Alegre, ona réussi à avoir un papier par jour »,relevait le 31 janvier Guy Hascoëten feuilletant sa revue de pressematinale, qui lui a apporté la nou-velle bonne surprise d’un article etd’une photo dans Le Parisien,après le reportage dans le « 20 heu-res » de France 2 la veille.

Pour ceux qui n’avaient pas enco-re connu la même fortune médiati-que, restait à ne pas manquer ledîner organisé par le consul deFrance, qui avait convié à sa tabletout ce que la République françai-se avait envoyé d’élus, de droitecomme de gauche, à Porto Alegre.

L’occasion pour les quelquesreprésentants de la droite présentsdans la capitale gaucha de rattra-per leur déficit d’image. Et pourl’envoyé spécial du président Chi-rac, le secrétaire général du RPR,Serge Lepeltier, de se montrer auxtéléspectateurs français sous unjour nouveau (tenue décontractéeet sac sur le dos) et de raccrocherau passage les wagons du candidatprobable au train de l’antimondiali-sation libérale.

Vis-à-vis du Conseil supérieurde l’audiovisuel, ce qui s’est jouédevant les caméras des télévisionsfrançaises à quelques milliers dekilomètres de l’Elysée n’a rien àvoir avec une quelconque campa-gne électorale…

Stéphane Mandard

PORTO ALEGREde notre envoyé spécial

Si le Forum social mondial de Porto Alegre a déjàremporté une victoire sur son frère ennemi de Davosen terme de participants (50 000 contre 3 000), il aaussi gagné la bataille des médias. Environ 2 000 jour-nalistes ont fait le déplacement au Brésil contremoins de 800 à New York. Télévisions, radios, jour-naux, web magazines… aucun support de presse nemanque à l’appel.

Les Brésiliens constituent la moitié des effectifs. Laseule chaîne de télévision publique de l’Etat de RioGrande do Sul a mobilisé une centaine de technicienset journalistes pour assurer douze heures d’antennequotidiennes alternant reportages, retransmission endirect des principales conférences et entretiens dansun studio spécialement aménagé sur le Forum. Plusde 50 pays ont dépêché leurs reporters. A commen-cer par les Etats-Unis, qui ont envoyé des représen-tants du Washington Post, du Los Angeles Times, duNew York Times, ou encore de la version espagnolede CNN. C’est la France et sa centaine de journalistesqui, avec l’Italie, forme le gros du bataillon de la pres-se étrangère.

Jusque-là, finalement, rien de très différent, si cen’est la quantité de journalistes, par rapport auForum économique mondial Davos-New York. Maisà forum alternatif, couverture alternative. Plusieurscentaines de militants-journalistes utilisent Internetpour produire leur propre information. Une cinquan-taine de médias activistes brésiliens, américains ouitaliens d’Indymedia – sorte d’internationale de lapresse alternative en ligne – émettent vingt-qua-tre heures sur vingt-quatre une émission de radiodepuis le « campement de la jeunesse », où ils ontplanté leurs tentes, au bord du fleuve Guaiba qui bor-

de la ville. La dizaine de jeunes militants d’Attac dontl’association a financé une partie du voyage pour cou-vrir le Forum sur son site ont quant à eux déposé vali-ses et ordinateurs dans un hôtel du centre-ville. Ils yont organisé le 1er février une visioconférence enligne de trois heures – qui a reçu, selon le webmasterde l’association, quelque 3 000 connexions – avecLyon et Marseille. Ils tiennent chaque matin à 7 heu-res leur conférence de rédaction.

Un quart d’heure plus tard, ils sont rejoints par lesrédacteurs de l’Association pour la promotion del’économie sociale et solidaire (Apress), qui regroupedes titres comme Politis, Témoignage chrétien, LeCourrier, de Genève, ou des sites d’information com-me Place publique ou Les Pénélopes, et diffusent encommun articles, vidéos et photos sur le portail del’économie solidaire, mediasol.org.

300 , Fort du principe que l’union fait la force, l’Apress a

joint ses efforts à la Ciranda (Farandole), une agencede presse alternative, internationale et en ligne qui,grâce aux contributions de quelque 300 militants,assure une très large couverture du Forum, faite dereportages, de chroniques, d’analyses ou d’inter-views disponibles en six langues.

« La Ciranda est une tentative de construction d’alter-natives au journalisme de marché », explique soninitiateur, Antonio Martins, journaliste et responsa-ble d’Attac Brésil, qui entend poursuivre cette expé-rience au-delà de Porto-Alegre « pour relayer defaçon continue l’ensemble des manifestations et desidées qui structurent le mouvement pour une autremondialisation ».

S. M.

0123

INTERACTIF

Deux mille envoyés spéciaux pour une couvertureclassique ou alternative de l’événement

C O M M U N I C A T I O N

Une lettre d’Hervé Louboutin

Les politiques français dans la folle course aux médias de Porto AlegreEntre conférences de presse minutieusement organisées, visites télégéniques des paysans sans terre ou apparition

dans les moments stratégiques du Forum social mondial, les candidats à la présidentielle ont soigné leur campagne

Tous ont raté

le pèlerinage organisé

par José Bové

vers les campements

du mouvement des

paysans sans terre

Page 21: e Le gigantisme militaire de Bush

LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002/23

LES BOURSES DANS LE MONDE 5/2, 10h00

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2002 2002

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2002 2002

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2002 2002

UNION EUROPÉENNEALLEMAGNE DAX Index 4938,34 5/2 -0,93 5318,73 4/1 4984,20 16/1 13,37 Euro Neu Markt Price IX 1055,97 5/2 -2,30 1205,43 9/1 1080,84 4/2 13,01AUTRICHE Austria traded 1179,33 5/2 0,09 1178,29 4/2 1114,42 9/1 11,16BELGIQUE Bel 20 2774,91 5/2 -0,71 2810,67 24/1 2622,36 14/1 13,00DANEMARK Horsens Bnex 262,41 5/2 -0,58 272,94 3/1 256,84 30/1 13,12ESPAGNE Ibex 35 7921,20 5/2 -1,16 8554,70 3/1 7800,30 14/1 15,76FINLANDE Hex General 8346,80 5/2 -2,42 9036,08 4/1 7902,93 21/1 17,37FRANCE CAC 40 4343,38 5/2 -1,23 4682,79 4/1 4397,54 4/2 17,52 Mid CAC 2047,73 4/2 -0,13 2051,78 11/1 1939,27 2/1 14,82 SBF 120 3014,85 5/2 -1,17 3224,08 4/1 3050,66 4/2 17,51 SBF 250 2876,94 4/2 -1,14 3028,35 4/1 2876,94 4/2 16,95 Indice second marché 2390,99 4/2 0,04 2390,99 4/2 2299,52 2/1 17,42 Indice nouveau marché 1071,63 5/2 -1,67 1170,00 7/1 1086,98 21/1GRÈCE ASE Général 2588,98 4/2 -0,26 2646,38 4/1 2502,18 16/1 11,56IRLANDE Irish Overall 4970,25 5/2 -2,00 5665,18 7/1 5071,60 4/2 14,97ITALIE Milan Mib30 31266,00 5/2 -0,61 32622,00 3/1 31244,00 16/1 15,47LUXEMBOURG LuxX Index 1140,44 4/2 0,40 1169,48 14/1 1115,25 3/1 8,58PAYS-BAS Amster. Exc. Index 492,37 5/2 -0,96 507,64 28/1 487,96 14/1 14,04PORTUGAL PSI 20 7596,14 5/2 -0,22 7958,46 4/1 7606,60 14/1 8,72

ROYAUME-UNI FTSE 100 index 5125,10 5/2 -0,82 5323,80 4/1 5089,30 30/1 19,56 FTSE techMark 100 index 1306,50 5/2 -1,44 1552,00 4/1 1318,90 30/1SUÈDE OMX 777,70 5/2 -0,94 869,45 4/1 754,97 30/1

EUROPEHONGRIE Bux 7925,38 5/2 -1,24 8131,52 1/2 7123,33 2/1ISLANDE ICEX 15 1258,30 5/2 0,00 1258,30 4/2 1148,47 3/1POLOGNE WSE Wig 15743,87 4/2 -1,23 16311,60 25/1 13995,24 2/1 7,65RÉP. TCHÈQUE Exchange PX 50 415,90 5/2 -0,86 425,10 31/1 387,80 2/1 10,71RUSSIE RTS 284,26 5/2 -1,52 301,45 22/1 267,70 3/1 12,31SUISSE Swiss market 6160,70 5/2 -0,58 6416,40 11/1 6196,60 4/2 16,67TURQUIE National 100 12689,66 5/2 -2,94 14999,51 7/1 12514,98 29/1

AMÉRIQUESARGENTINE Merval 444,92 1/2 1,30 470,55 21/1 323,69 2/1 8,90BRÉSIL Bovespa 12512,55 4/2 -1,15 14378,59 7/1 12501,06 29/1 6,79CANADA TSE 300 7591,07 4/2 -1,29 7870,25 7/1 7548,83 30/1 13,79CHILI Ipsa 97,26 4/2 -0,52 101,71 4/1 96,18 16/1 13,79ÉTATS-UNIS Dow Jones ind. 9687,09 4/2 -2,22 10259,74 4/1 9618,24 29/1 27,54 Nasdaq composite 1855,53 4/2 -2,91 2059,38 4/1 1855,53 4/2 Nasdaq 100 1479,17 4/2 -3,21 1675,03 4/1 1479,17 4/2 50,88 Wilshire 5000 10245,23 4/2 -2,33 10932,32 4/1 10245,23 4/2 Standard & Poor's 500 1094,44 4/2 -2,47 1172,51 4/1 1094,44 4/2 23,66MEXIQUE IPC 6865,13 4/2 -0,53 6927,87 31/1 6388,27 14/1

ASIE-OCÉANIEAUSTRALIE All ordinaries 3393,30 5/2 -0,36 3405,70 4/2 3331,20 18/1 18,52CHINE ShanghaÏ B 145,57 5/2 -0,41 169,02 4/1 126,23 28/1 Shenzhen B 1355,68 5/2 -0,87 1553,20 7/1 1209,13 28/1 18,04CORÉE DU SUD Composite 739,91 5/2 1,33 780,24 28/1 708,47 18/1HONGKONG Hang Seng 10609,19 5/2 -1,05 11892,64 7/1 10691,25 1/2 16,05 All ordinaries 4623,36 5/2 -0,90 5097,20 7/1 4655,83 1/2INDE Bombay SE 30 3301,12 5/2 -0,48 3437,78 8/1 3246,15 1/1 13,23ISRAËL Tel Aviv 100 437,64 5/2 -1,08 470,05 6/1 427,83 28/1JAPON Nikkei 225 9475,60 5/2 -1,62 10942,36 7/1 9631,93 4/2 20,02 Topix 926,27 5/2 -1,83 1055,14 7/1 943,51 4/2MALAISIE KL composite 719,40 5/2 -0,57 723,54 4/2 682,83 2/1NOUVELLE-ZÉLANDE All ordinar. 765,74 5/2 -0,64 770,64 4/2 742,00 3/1SINGAPOUR Straits Times 1725,57 5/2 -1,85 1786,89 31/1 1625,69 2/1 12,79TAÏWAN Weighted 5844,25 5/2 -0,10 6007,33 28/1 5488,33 16/1THAÏLANDE Thaï SE 342,06 5/2 1,76 340,82 31/1 305,19 2/1

AFRIQUEAFRIQUE DU SUD All shares 10579,80 5/2 -0,06 10900,30 11/1 10210,20 30/1 11,52CÔTE D'IVOIRE BVRM 72,98 4/2 -0,83 77,39 2/1 72,98 4/2

INDICE EUROSTOXX 50

Depuis un mois

Source : Bloomberg Janvier 2002 Févr.7 10 15 18 23 28 1 4

Le 4 févr. 3 619,2

3 550

3 600

3 650

3 700

3 750

3 800

3 850

L'ACTION TYCO SUR 6 MOISen dollars à New York

Source : Bloomberg

A S O N J FD2001 02

Le 4 février 29,9 ¤

30

40

50

60

EUROPE MARDI 5 FÉVRIER 10h00

Dollar 100 Yens Euro Livre Franc S.

NEW YORK ($) 0,75350 0,87070 1,42410 0,58990 TOKYO (¥) 132,68000 115,57000 188,88000 78,23000 PARIS (¤) 1,14840 0,86450 1,63400 0,67720 LONDRES (£) 0,70200 0,52900 0,61130 0,41410 ZURICH (FR. S.) 1,69450 1,27670 1,47590 2,41300

LE SYNDROME Enron s’est ànouveau abattu sur les placesfinancières, où les investisseurs re-doutent de nouveaux accidents. Laparution d’une enquête du WallStreet Journal, le 4 février, selonlaquelle le conglomérat Tyco Inter-national avait pu dissimuler, dansses comptes, l’équivalent de 8 mil-liards de dollars (9,19 milliardsd’euros) d’acquisitions, a fait l’ef-fet d’une bombe (lire ci-contre).Même l’action General Electric(GE), première capitalisation bour-sière mondiale, a perdu 5,02 %, à35 dollars, les investisseurs seméfiant de la complexité de cegroupe diversifié. En une seuleséance, la capitalisation boursièrede GE a ainsi fondu de 18,5 mil-liards de dollars, ou 21,25 milliardsd’euros, soit l’équivalent de deuxfois la totalité de la valeur boursiè-re d’une société du CAC 40 comme

Renault (10,57 milliards d’euros) !Au total, l’indice Dow Jones, princi-pal indicateur de Wall Street, a per-du 2,22 %, lundi, à 9 687,09 points.L’indice Standard & Poor’s des500 premières valeurs américai-nes, a reculé de 2,47 %, à 1 094,44points. Riche en valeurs de techno-logie, l’indice Nasdaq s’est repliéde 2,91 %, à 1 855,53 points.

La défiance des opérateurs s’estreportée sur les autres marchés.L’indice Euro Stoxx des 50 premiè-res valeurs de la zone euro a, eneffet, reculé de 1,72 %, à3 619,23 points. Les valeurs de télé-communications ont fait les fraisdes inquiétudes des analystes surle niveau de leur endettement. Letitre Deutsche Telekom a perdu4,38 %, à 15,75 euros et l’actionFrance Télécom a reculé de 2,72 %,à 34,01 euros. Les valeurs bancai-res ont également été touchées,notamment en raison de la criseargentine. Le titre de l’espagnoleBBVA a reculé de 3,69 %, à13,04 euros, pendant que l’actionDeutsche Bank perdait 3,83 %, à69,8 euros, et que le titre Sociétégénérale se repliait de 4 %, à66 euros. A Paris, l’indice CAC 40 aperdu 1,30 %, lundi, à4 397,54 points.

A Tokyo, l’indice Nikkei a reculéde 1,62 %, mardi 5 février, à9 475,60 points. L’indice de réfé-rence de la Bourse japonaisen’était pas descendu aussi basdepuis décembre 1983.

Adrien de Tricornot

INDICESSECTEURS EURO STOXX

Indice % var.

AUTOMOBILE ..................................215,31 .....-1,03BANQUES .........................................355,71 .....-1,05PRODUITS DE BASE ........................270,01 .....-0,59CHIMIE..............................................284,88 .....-0,38TÉLÉCOMMUNICATIONS ...............293,33 .....-1,59CONSTRUCTION..............................203,85 .....-0,42CONSOMMATION CYCLIQUE........146,12 .....-1,10PHARMACIE .....................................431,00 .....-0,52ÉNERGIE ...........................................342,09 .....-0,90SERVICES FINANCIERS....................270,83 .....-0,81ALIMENTATION ET BOISSON ........244,65 .....-0,15BIENS D'ÉQUIPEMENT ...................231,50 .....-1,00ASSURANCES...................................289,29 .....-0,68MEDIAS ............................................272,08 .....-1,74BIENS DE CONSOMMATION.........283,54 .....-0,16COMMERCE ET DISTRIBUTION .....240,27 .....-0,37HAUTE TECHNOLOGIE ...................393,24 .....-2,34SERVICES COLLECTIFS ....................274,64 .....-0,40

LES 50 VALEURS DE L'EURO STOXXCode Cours % var.pays /préc.

ABN AMRO HLDGS...........NL...........19,72 .....-0,90AEGON NV.........................NL...........25,76 .....-1,38AHOLD KON. .....................NL...........29,14 .....-0,21AIR LIQUIDE........................FR.........158,70 .....-0,50ALCATEL..............................FR ...........16,69 .....-3,36ALLIANZ AG........................AL.........249,10 .....-0,68GENERALI ASS.....................IT ...........28,86 .....-0,62AVENTIS..............................FR ...........77,65 .....-1,33AXA......................................FR ...........20,24 .....-1,65BASF AG..............................AL ...........44,79 .....-0,24BAYER AG ...........................AL ...........36,69 .....-0,78HYPOVEREINSBANK..........AL ...........34,55 .....-1,85BBVA ...................................ES ...........12,85 .....-1,46BSCH....................................ES .............8,95 .....-1,76BNP PARIBAS .....................FR.........106,30 .....-0,93

CARREFOUR........................FR ...........55,20 .....-0,63DAIMLERCHRYSLER...........AL ...........44,95 .....-0,44DEUTSCHE BANK N ..........AL ...........69,20 .....-0,86DT TELEKOM N ..................AL ...........15,79 .....-0,82E.ON AG..............................AL ...........58,92 .....-1,16ENDESA...............................ES ...........16,96 .....-0,12ENEL .....................................IT .............6,50 .....-0,20ENI ........................................IT ...........15,09 .....-0,52FORTIS ................................NL...........26,56 .....-0,64FRANCE TELECOM.............FR ...........33,35 .....-1,94DANONE .............................FR.........131,10 .....-0,46ING GROEP.........................NL...........27,77 .....-1,31L OREAL...............................FR ...........77,10 .....-1,15L.V.M.H. ..............................FR ...........46,10 .....-1,71MUENCH. RUECK N ..........AL.........260,40 .....-1,06NOKIA ..................................FI ...........25,93 .....-3,39PHILIPS KON ......................NL...........30,29 .....-1,97PINAULT-PR RED................FR.........115,20 .....-1,96REPSOL YPF ........................ES ...........13,55 .....-1,09ROYAL DUTCH...................NL...........57,50 .....-1,03RWE ST A............................AL ...........43,30 .....-0,60SAINT-GOBAIN ..................FR.........162,70.......0,12SAN PAOLO-IMI..................IT ...........10,94 .....-0,64SANOFI-SYNTHELAB .........FR ...........75,50.......0,67SIEMENS N .........................AL ...........65,81 .....-1,33SOCIETE GENERALE...........FR ...........65,05 .....-1,44SUEZ....................................FR ...........34,04 .....-0,32TELECOM ITALIA.................IT .............9,08 .....-1,05TELEFONICA........................ES ...........13,17 .....-2,08TIM .......................................IT .............5,56 .....-0,71TOTAL FINA ELF .................FR.........162,50 .....-0,79UNICREDITO........................IT .............4,36 .....-0,86UNILEVER CER ...................NL...........65,85 .....-0,45VIVENDI UNIVERS .............FR ...........46,79 .....-3,33VOLKSWAGEN AG.............AL ...........53,31 .....-1,28

Valeur Cours de clôture % var.Meilleures performances MICROLOGICA...................................0,36 .......50,00PRODACTA AG ..................................0,11 .......37,50QSC .....................................................1,75 .......14,38MEDIA ................................................2,96 .......13,85MANIA TECHNOLOGIE.....................2,87..........9,96ARNDT................................................2,85..........9,62DCI ......................................................1,59..........8,90Plus mauvaises performances SUNBURST N .....................................0,09......-52,63CARRIER ONE ....................................0,73......-40,16REFUGIUM HOLDING A ...................0,06......-40,00POPNET INTERNET ...........................0,11......-35,29KABEL NEW MEDIA AG ...................0,03......-25,00BROKAT TECHNOLOGIE...................0,04......-20,00CIENA CORP ....................................11,74......-16,56

Valeur Cours de clôture % var.Meilleures performances ARCADIA GROUP ..............................2,73..........6,23ICI LTD ................................................3,41..........5,25TESCO PLC..........................................2,49..........3,00ICELAND GROUP...............................1,38..........2,99LATTICE GROUP ................................1,64..........2,83B SKY B GROUP.................................6,60..........2,80STAGECOACH GROUP......................0,72..........2,50Plus mauvaises performances SCOOT.COM ......................................0,01......-20,00ENERGIS .............................................0,15......-11,43INVENSYS PLC ...................................1,06 ........-8,62CARLTON COMMUNICAT ................1,88 ........-8,29COLT TELECOM GROUP ...................0,67 ........-7,88QXL RICARDO....................................0,03 ........-7,46SPIRENT..............................................1,58 ........-6,51

Valeur Cours de clôture % var.Meilleures performances SOFTBRAIN.............................296000,00 .......48,00SNOVA ...........................................130,00 .......19,27HANEX .............................................84,00 .......15,07MEDIASEEK ............................390000,00 .......14,71AKASAKA DIESELS ..........................86,00 .......14,67TOKYU LOGISTIC ..........................500,00 .......13,64NISSAN CONSTRUCTIO .................43,00 .......13,16Plus mauvaises performances SUZUTAN ......................................130,00......-13,33ANDO ELECTRIC............................230,00......-13,21SEKIDO...........................................200,00......-13,04NITTO SEIMO ..................................60,00......-13,04KOKUNE...........................................28,00......-12,50SNOW BRAND FOOD.....................30,00......-11,76PIA................................................3840,00......-11,52

Valeur Cours de clôture % var.Meilleures performances AMADEUS GLOBAL A .......................7,38..........3,51UBI SOFT ENTERTAIN ....................36,95..........3,39ESSILOR INTERNAT.........................36,61..........3,13SUEZ .................................................34,15..........2,55AIR FRANCE .....................................18,40..........2,39HAVAS ADVERTISING ......................8,64..........2,37BASF AG...........................................45,84..........2,32Plus mauvaises performances BULL....................................................0,98 ........-7,55GEMPLUS INTL ..................................2,42 ........-6,20OBERTHUR CARD SYST....................7,25 ........-5,97COMPLETEL EUROPE ........................0,89 ........-5,32GENERAL ELECTRIC ........................40,53 ........-4,61ALTEN...............................................15,80 ........-4,24ROY.PHILIPS ELECTR.......................30,94 ........-4,03

Séance du 4/2

NYSE1421 millions de titres échangésValeur Cours de clôture % var.

3M ..................................................109,50 ........-3,01AM INTL GRP...................................70,66 ........-3,48ALCOA ..............................................33,81 ........-3,81AOL TIME WARNER........................24,24 ........-7,27AMERICAN EXPRESS ......................33,42 ........-4,87AT & T..............................................16,30 ........-6,35BOEING CO......................................41,10 ........-1,01BRISTOL MYERS SQUI ....................43,49 ........-2,45CATERPILLAR ...................................49,03 ........-2,45CITIGROUP.......................................44,30 ........-5,16COCA-COLA .....................................44,68 ........-0,31COLGATE PALMOLIVE ....................56,33 ........-1,66COMPAQ COMPUTER ....................12,20 ........-0,58DOW CHEMICAL.............................29,53..........0,00DUPONT DE NEMOURS.................43,23 ........-0,71EASTMAN KODAK ..........................27,65 ........-2,05ENDESA ADR ...................................14,85..........1,23EXXON MOBIL ................................38,35 ........-1,77FORD MOTOR .................................14,63 ........-2,55GENERAL ELECTRIC ........................35,00 ........-4,83GENERAL MOTORS.........................50,27 ........-1,58GILLETTE CO ....................................33,30 ........-0,51HEWLETT PACKARD .......................22,04..........0,05HOME DEPOT INC ..........................48,99 ........-0,85HONEYWELL INTL...........................32,07 ........-4,10IBM.................................................106,80 ........-1,37INTL PAPER......................................41,04 ........-1,72JOHNSON & JOHNSON.................56,31 ........-2,62J.P.MORGAN CHASE ......................30,56 ........-4,88LUCENT TECHNOLOGIE ...................6,18 ........-2,87MC DONALD'S CORP......................26,60 ........-0,04MERCK AND CO..............................58,44 ........-1,77MOTOROLA .....................................12,45 ........-4,78NORTEL NETWORKS ......................10,42 ........-7,55PEPSICO ...........................................50,30..........0,10PFIZER INC.......................................41,15 ........-2,82

PHILIP MORRIS................................49,32 ........-0,86PROCTER AND GAMBLE ................82,70..........0,27SBC COMM INC SHS ......................35,81 ........-2,71TEXAS INSTRUMENTS....................29,75 ........-2,16UNITED TECHNOLOGIE .................66,99 ........-4,20WAL-MART STORES .......................58,90 ........-0,93WALT DISNEY COMPAN................21,68 ........-3,43

NASDAQ1779 millions de titres échangésValeur Cours de clôture % var.

ALTERA CORP..................................24,53 ........-1,32AMAZON.COM INC ........................12,53 ........-8,59AMGEN INC.....................................56,37 ........-2,82APPLIED MATERIALS ......................43,98..........2,42BED BATH & BEYOND ...................33,19 ........-1,25CISCO SYSTEMS..............................18,31 ........-4,84COMCAST CL A ...............................33,59 ........-3,56CONCORD EFS ................................28,34..........1,07DELL COMPUTER ............................26,84 ........-0,19EBAY .................................................55,56 ........-3,43FLEXTRONICS INTL .........................20,30 ........-7,17GEMSTAR TV GUIDE ......................16,77 ........-8,55GENZYME ........................................44,04 ........-5,76IMMUNEX........................................28,04 ........-2,20INTEL CORP .....................................33,98 ........-2,13INTUIT ..............................................36,43 ........-4,44JDS UNIPHASE...................................6,63 ........-5,15LINEAR TECHNOLOGY ...................40,63 ........-0,59MAXIM INTEGR PROD...................54,17 ........-0,18MICROSOFT.....................................61,12 ........-2,78ORACLE CORP .................................16,12 ........-1,95PAYCHEX .........................................35,14 ........-2,21PEOPLESOFT INC.............................30,51 ........-7,01QUALCOMM INC ............................40,79 ........-4,00SIEBEL SYSTEMS .............................34,42 ........-3,53SUN MICROSYSTEMS.....................10,40 ........-0,29VERITAS SOFTWARE ......................40,15 ........-5,84WORLDCOM......................................8,13......-16,02XILINX INC.......................................41,69 ........-2,62YAHOO INC .....................................15,75 ........-5,46

MARCHÉ DES CHANGES 5/2, 10h00

TAUX D’INTÉRÊT LE 5/2Taux Taux Taux Tauxj. le j. 3 mois 10 ans 30 ans

3,25 3,31 4,90 5,24 - 3,90 3,89 4,82 4,49 3,25 3,31 5,11 5,50 3,25 3,31 4,83 5,17 0,01 0,05 1,53 2,76 - 1,70 1,81 4,90 5,35 1,25 1,57 3,42 3,93

Echéance Premier Dernier Contratsprix prix ouverts

40 . 28/2 4363,00 4354,00 370227 . 18/3 89,94 89,94 3154 . 50 15/3 3593,00 3588,00 787231 10 7/3 108,46 108,43 730036 3 . 18/3 96,68 96,67 588038 14/3 9695,00 9695,00 27474. ' 14/3 1095,70 1095,50 474811

MARDI 5 FÉVRIER 10h00Cours % var.

OR FIN KILO BARRE ..................10550,00 ........0,96OR FIN LINGOT..........................10600,00 ........0,76ONCE D’OR EN DOLLAR................287,40 ........1,23PIÈCE 20 FR. FRANÇAIS...................60,00 ........0,17PIÈCE 20 FR. SUISSE ........................60,40 ........2,37PIÈCE UNION LAT. 20......................60,00 ........0,17PIÈCE 10 US$..................................203,00 ........1,00PIÈCE 20 US$..................................385,00.......-3,75PIÈCE 50 PESOS MEXICAINS ........390,25.......-0,19

MARDI 5 FÉVRIER 10h00 Cours % var.

BLÉ ($ CHICAGO) ...........................281,25 ........0,18CACAO ($ NEW YORK) ...............1400,00 ........3,70CAFÉ (£ LONDRES).........................375,00 ........0,54COLZA (¤ PARIS) ..................................n/d .........n/dMAÏS ($ CHICAGO)........................206,50 ........0,24ORGE (£ LONDRES)..........................65,90 ........5,44JUS D’ORANGE ($ NEW YORK)......88,20 ........0,28SUCRE BLANC (£ LONDRES).........225,00 ........0,67SOJA TOURT. ($ CHICAGO) ..........433,75.......-0,06

MARDI 5 FÉVRIER 10h00 Cours % var.

LONDRES($)ALUMINIUM COMPTANT...........1377,25 ........0,79ALUMINIUM À 3 MOIS...............1381,00.......-0,22CUIVRE COMPTANT....................1578,50 ........0,35CUIVRE À 3 MOIS........................1592,00 ........0,00ÉTAIN COMPTANT ......................3835,00 ........0,34ÉTAIN À 3 MOIS ..........................3847,50.......-0,45NICKEL COMPTANT.....................6062,50.......-0,87NICKEL À 3 MOIS ........................5982,50.......-0,29PLOMB COMPTANT.......................488,25.......-0,15PLOMB À 3 MOIS...........................493,28.......-0,35ZINC COMPTANT...........................790,50 ........0,76ZINC À 3 MOIS...............................801,75.......-0,40NEW YORK($)ARGENT À TERME..........................428,80 ........0,00PLATINE À TERME................................n/d ................

MARDI 5 FÉVRIER 10h00 Cours % var.

BRENT Dtd ........................................19,96.......-0,35WTI Cushing.....................................19,99.......-1,87LIGHT SWEET CRUDE (futures) .....19,83.......-1,20

FRANCFORT4/2 : 141 millions de titres échangés

LONDRES4/2 : 1130 millions de titres échangés

TOKYO5/2 : 111 millions de titres échangés

PARIS4/2 : 474 millions de titres échangés

NEW YORK

Achat Vente

...............7,4281...........7,4286 . ...............7,8575...........7,8625 ..............9,2560...........9,2610 .............31,8600.........31,9000 ................1,7022...........1,7032 ...................1,3898...........1,3919 ................6,7884...........6,7965 -...............2,0805...........2,0842 ..............244,3500 ......244,8500 .................28056,0000..28091,0000 ...................................26,7600.........26,8200

TAUX

MARCHÉS À TERME LE 5/2, 10h00

Taux de base bancaire..................................6,60 %Taux des oblig. des sociétés privées .........5,05 %Taux d’intérêt légal ......................................4,26 %

Crédit immobilier à taux fixetaux effectif moyen ......................................6,29 %usure ................................................................8,39 %Crédit immobilier à taux variableeffectif moyen................................................6,25 %usure ................................................................8,33 %Crédit consommation (- de 10 000 francs)taux effectif moyen ....................................15,67 %usure ..............................................................20,89 %Crédit renouvelable, découvertstaux effectif moyen ....................................12,71 %usure ..............................................................16,95 %Crédit consommation (+ 10 000 francs)taux effectif moyen ......................................8,49 %usure ..............................................................11,32 %

Crédit aux entreprises (+ de 2 ans)moyenne taux variable ................................5,95 %usure taux variable .......................................7,93 %moyenne taux fixe ........................................6,31 %usure taux fixe...............................................8,41 %

(Taux de l’usure : taux maximum légal)

OR MÉTAUX

PER - Price Earning Ratio (ou ratio cours/bénéfice) : cours de cloture divisé par les bénéfices (dernières don-nées connues, sur douze mois).n/d : valeur non disponible.

ZONE EURO : FR (France), AL (Allemagne), ES (Espa-gne), IT (Italie), PT (Portugal), IR (Irlande), LU (Luxem-bourg), NL (Pays-Bas), AT (Autriche), FI (Finlande), BE(Belgique), GR (Grèce).HORS ZONE EURO : CH (Suisse), NO (Norvège), SE(Suède), RU (Royaume-Uni), DK (Danemark).

LE COURS DE L'EURO

TAUX COURANTS

DENRÉES

PÉTROLE

Nouvel accès de paniquesur les places financières

A S O N D J F

EURO à 6 mois EURO à 5 jours

0.86

0.87

0.88

0.89

0.90

0.92

2002

0.8704

0.8582

0.8631

0.8606

0.8655

0.8680

0.8704

29 4Février

Enron, Tyco et la théorie des dominos

CHRONIQUE DES MARCHÉS

L A T E N D A N C E f i n a n c i è r e

NEW YORKde notre correspondant

L’affaire Enron est-elle la première d’une lon-gue série à Wall Street ? Certains investisseursse posent sérieusement la question. Le recul de7 % de l’indice Dow Jones en un mois n’est passans rapport avec cette crainte. Depuis 1997,plus de 700 entreprises cotées aux Etats-Unisont dû réviser en baisse des résultats financiersdéjà publiés. Certaines d’entre elles comme Sun-beam et Cendant ont payé des dizaines de mil-lions de dollars de dommages et intérêts à leursactionnaires pour les avoir trompés sciemment.« Peut-on encore faire confiance à quelqu’un ? »,s’interrogeait la semaine dernière le magazineBusiness Week.

D Les révélations quotidiennes sur l’affaire

Enron soulignent la dérive des pratiques et desinstitutions qui assurent la crédibilité de WallStreet. Pendant des années, les comptes ducourtier en énergie ont été manipulés à l’insuou avec la complicité des auditeurs, des avocatset des membres du conseil d’administration.Une imposture qui a échappé à la SEC (Securi-ties Exchange Commission, la COB américaine),aux analystes financiers, aux agences de nota-tion et aux journalistes. Les doutes grandissentdonc sur la qualité et la sincérité des comptesde nombreuses autres sociétés. A commencerpar ceux du conglomérat Tyco, dont le siège setrouve aux Bermudes.

T « » 8 ’Ce groupe, qui fabrique entre autres des com-

posants électroniques, des câbles de communi-cation sous-marins, du matériel médical et dessystèmes de détection d’incendie et d’effrac-

tion, a reconnu, lundi 4 février, avoir dépensé8 milliards de dollars (9,18 milliards d’euros) entrois ans pour acquérir 700 sociétés sans jugernécessaire d’annoncer ces opérations, commel’avait révélé le Wall Street Journal. L’endette-ment de Tyco a doublé, atteignant 21,6 milliardsde dollars et provoquant la crainte des action-naires. Son chiffre d’affaires est passé de 6,6 mil-liards de dollars en 1997 à 36,4 milliards en 2001.Parmi ces principales prises de contrôle en 2001,se trouvent le groupe financier CIT pour 9,5 mil-liards de dollars et Lucent Technologies PowerSystems pour 2,5 milliards. L’action Tyco a per-du plus de 50 % depuis le début 2002 et 19 % lun-di. Le groupe a annoncé son intention de rache-ter 4,5 milliards de dollars de dettes.

Axa est une victime des problèmes de Tyco.

Une de ses filiales américaines, Alliance Capital,spécialisée dans la gestion d’actifs, est l’un desprincipaux actionnaires du conglomérat. Allian-ce Capital n’avait pas besoin de cela. La sociétéest mise en cause par l’Etat de Floride qui lui a

retiré une partie de la gestion des fonds deretraite de ses fonctionnaires. La Floride luireproche d’avoir continué à acheter des actionsEnron après les premières révélations sur les dif-ficultés du groupe texan. L’Etat pourrait mêmeengager une procédure judiciaire. En un peuplus d’un an, l’action Enron s’est effondrée de85 dollars à quelques dizaines de cents.

Un autre groupe fait peur à Wall Street : Glo-

bal Crossing, dont le siège se trouve également,coïncidence, aux Bermudes. Il s’est mis sous laprotection de la loi sur les faillites et fait facemaintenant à une enquête de la SEC sur l’hon-nêteté de ses bilans. Son commissaire aux comp-tes, Andersen, déjà accusé de complicité dansl’affaire Enron, pourrait être concerné par laprocédure. Au temps de la bulle autour de lanouvelle économie, Global Crossing était consi-déré comme un des acteurs majeurs des télé-communications. Son ambition de construireun réseau mondial en fibre optique lui avaitvalu un succès boursier considérable. A la findes années 1990, la capitalisation de GlobalCrossing avait même été supérieure un temps àcelle de General Motors. Depuis la bulle a écla-té et la confiance dans les entreprises américai-nes n’a cessé de se dégrader.

Pour échapper à la spirale de la défiance,Wall Street n’a pas le choix, se réformer et vite,ne plus tolérer les conflits d’intérêts et mettrefin aux pratiques comptables dites « innovan-tes ». « Sans une information financière honnêteet fiable, un marché financier ne peut simplementpas fonctionner », explique Alan Blinder, ancienvice-président de la Réserve fédérale.

Eric Leser

Page 22: e Le gigantisme militaire de Bush

24/LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002

PREMIER MARCHÉVALEURS FRANÇAISESMARDI 5 FÉVRIER 10h15Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam

VALEURS INTERNATIONALES ZONE EUROALTADIS SA ``A`` ...............◗.......18,81 .......18,33 .......2,62 ......-3,93 ..........19,75.......12,91 .....0,56 ...12975AMADEUS GLOBAL ...........◗ .........7,42 .........7,38 .......0,54 .....12,33 ............9,27 .........4,01 .....0,09 ...12823BASF ....................................◗.......44,89 .......45,84......-2,07 .......8,39 ..........50,15.......28,81 .....1,30 ...12807BAYER .................................◗.......37,02 .......37,32......-0,80 .......6,29 ..........56,45.......23,62 .....1,40 ...12806COMPLETEL EUROPE .........◗ .........0,86 .........0,89......-3,37....-23,28 ............7,88 .........0,47.......n/d......5728DEUTSCHE BANK ..............◗.......69,40 .......70,05......-0,93....-11,72........103,93.......43,32 .....1,30 ...12804DEXIA ..................................◗.......16,79 .......16,96......-1,00 .......4,69 ..........19,20.......13,12 .....0,32 ...12822EADS ...................................◗.......12,95 .......12,96......-0,08 ......-4,99 ..........25,07 .........9,14 .....0,38......5730EQUANT .............................◗.......13,02 .......13,16......-1,06 ......-2,23 ..........22,39 .........8,10.......n/d ...12701EURONEXT .........................◗.......20,70 .......20,79......-0,43 ......-2,16 ..........23,10.......12,70.......n/d......5777GEMPLUS INTL ..................◗ .........2,18 .........2,42......-9,92....-14,79 ............9,90 .........1,93.......n/d......5768NOKIA AB ...........................◗.......25,98 .......26,70......-2,70 ......-6,97 ..........47,90.......13,55 .....0,28......5838PHILIPS ROYAL ..................◗.......30,20 .......30,94......-2,39 ......-6,47 ..........45,40.......16,75 .....0,36 ...13955ROYAL DUTCH ...................◗.......57,75 .......58,00......-0,43 .......2,38 ..........72,68.......43,80 .....1,62 ...13950SIEMENS AG ......................◗.......65,70 .......67,50......-2,67 ......-7,95........103,79.......34,37 .....1,00 ...12805STMICROELECTRON...........◗.......34,57 .......35,19......-1,76 ......-2,39 ..........52,41.......18,88.......n/d ...12970TELEFONICA .......................◗.......13,21 .......13,56......-2,58 ......-8,81 ..........20,91 .........9,41 .....0,18 ...12811UNILEVER NV ....................◗.......66,20 .......65,35 .......1,30 ......-0,83 ..........70,87.......53,29 .....1,45 ...13953

VALEURS INTERNATIONALES HORS ZONE EUROERICSSON ............................◗ .........4,86 .........4,83 .......0,62....-20,30 ..........13,60 .........3,21 .....0,16 ...12905GENERAL ELECTR................◗.......40,20 .......40,53......-0,81....-12,16 ..........61,01.......29,99 .....1,19 ...12943HSBC HOLDING..................◗.......12,93 .......12,84 .......0,70 ......-3,60 ..........16,72 .........9,03 .....0,00 ...12976IBM.......................................◗ ....122,10.....123,60......-1,21....-11,59........141,90.......86,87 .....0,28 ...12964KINGFISHER ........................◗ .........6,28 .........6,32......-0,63 .......0,64 ............6,83 .........3,86 .....0,00 ...22046MERCK & COMPANY.........◗.......67,00 .......68,05......-1,54 .......0,37 ..........98,31.......55,14 .....0,91 ...12909NESTLE SA NOM. ...............◗ ....253,70.....252,50 .......0,48 .......5,65........253,50 ....200,50 ...15,52 ...13911PHILIP MORRIS ...................◗.......56,90 .......57,40......-0,87 .......9,33 ..........59,14.......39,86 .....1,19 ...12928SCHLUMBERGER ................◗.......61,35 .......62,90......-2,46 ......-1,56 ..........87,10.......44,59 .....0,55 ...12936SONY CORP.........................◗.......49,00 .......49,81......-1,63 ......-3,47 ..........97,90.......35,17 .....0,00 ...12903

ACCOR ................................◗.......39,76 .......40,58......-2,02 ......-0,61 ..........52,40.......25,72 .....1,00 ...12040AFFINE .........................................39,15 .......39,07 .......0,20 .......5,88 ..........39,76.......29,16 .....4,02......3610AGF .....................................◗.......51,35 .......52,30......-1,82 ......-2,97 ..........72,79.......41,70 .....2,00 ...12592AIR FRANCE .......................◗.......17,95 .......18,40......-2,45 .....11,92 ..........27,01 .........8,70 .....0,22......3112AIR LIQUIDE .......................◗ ....159,20.....159,50......-0,19 .......1,33........177,00 ....130,10 .....3,00 ...12007ALCATEL .............................◗.......16,66 .......17,27......-3,53....-10,05 ..........72,35.......11,34 .....0,48 ...13000ALCATEL OPTRONIC ............ .........7,07 .........7,38......-4,20 ......-4,40 ..........65,00 .........4,50 .....0,10 ...13015ALSTOM ..............................◗.......12,81 .......12,99......-1,39 .......4,00 ..........36,00.......11,46 .....0,55 ...12019ALTRAN TECHNOLOG........◗.......50,75 .......51,00......-0,49 .......0,49 ..........82,47.......34,10 .....0,14......3463ARBEL ................................... .........5,00 .........4,74 .......5,49 .....52,90 ..........11,00 .........2,60 .....0,53......3588ATOS ORIGIN .....................◗.......82,05 .......84,95......-3,41 .....15,50........112,70.......56,20 .....1,83......5173AVENTIS .............................◗.......77,60 .......78,70......-1,40 ......-1,32 ..........94,75.......65,20 .....0,50 ...13046AXA .....................................◗.......20,21 .......20,58.........n/d....-12,31 ..........39,80.......16,40 .....0,55 ...12062B.T.P. (LA CIE) ...................... ..........n/d .........1,16.........n/d.........n/d..............n/d ..........n/d.......n/d......3360BACOU-DALLOZ .........................88,25 .......90,00......-1,94 .......2,27........119,10.......64,20 .....0,90......6089BAIL INVESTISSEM............... ....130,00.....130,00.........n/d .......7,35........134,00 ....108,10 .....7,16 ...12018BAZAR LHOTEL VIL .............. ..........n/d.....139,90.........n/d.........n/d........152,80 ....105,00 .....3,00 ...12547BEGHIN-SAY ......................◗.......41,60 .......42,20......-1,42 .......3,43 ..........43,95.......29,70.......n/d......4455BIC .......................................◗.......37,79 .......37,80......-0,03 ......-1,46 ..........47,60.......32,20 .....0,58 ...12096BNP PARIBAS .....................◗ ....106,20.....107,30......-1,03 .......6,77........109,80.......72,80 .....2,25 ...13110BOLLORE .............................◗ ....239,00.....239,00 .......0,00 ......-0,50........259,69 ....178,14 ...11,00 ...12585BOLLORE INVEST .......................51,20 .......51,10 .......0,20 ......-0,49 ..........56,75.......39,90 .....0,20......3929BONGRAIN ..................................45,50 .......45,50 .......0,00 .......1,11 ..........46,90.......32,50 .....1,40 ...12010BOUYGUES .........................◗.......33,39 .......34,17......-2,28 ......-7,15 ..........59,50.......23,00 .....0,36 ...12050BOUYGUES OFFSHOR........◗.......41,79 .......41,79 .......0,00 .......4,34 ..........62,80.......31,80 .....1,10 ...13070BULL ....................................◗ .........0,91 .........0,98......-7,14....-20,33 ............4,98 .........0,49.......n/d......5260BURELLE ......................................59,00 .......58,30 .......1,20 .....17,47 ..........79,90.......47,42 .....0,50......6113BUSINESS OBJECTS............◗.......45,95 .......46,80......-1,82 .....24,63 ..........59,43.......18,86.......n/d ...12074C.E.G.I.D. .....................................83,25 .......84,10......-1,01 .......7,34........123,60.......65,60 .....2,00 ...12470C.F.F.RECYCLING. ........................43,50 .......44,40......-2,03 .....11,00 ..........50,00.......32,01 .....1,30......3905C.G.I.P. ................................◗.......37,65 .......38,65......-2,59 .......3,07 ..........60,99.......22,70 .....1,00 ...12102CANAL + .............................◗ .........3,67 .........3,71......-1,08 .......3,63 ............4,05 .........3,15 .....0,15 ...12546CAP GEMINI .......................◗.......76,50 .......78,80......-2,92 ......-2,84........209,80.......49,00 .....1,20 ...12533CARBONE-LORRAINE .........◗.......31,00 .......31,00 .......0,00 .......3,33 ..........51,84.......23,50 .....1,06......3962CARREFOUR .......................◗.......55,10 .......55,55......-0,81 ......-4,88 ..........70,35.......42,32 .....0,50 ...12017CASINO ...............................◗.......77,95 .......78,00......-0,06 ......-9,98........111,61.......74,60 .....1,33 ...12558CASTORAMA DUBOIS .......◗.......57,50 .......57,40 .......0,17 ......-0,78 ..........72,10.......41,50 .....0,71 ...12420CEREOL ...............................◗.......28,63 .......28,92......-1,00 .......1,65 ..........31,65.......20,15.......n/d......4456CERESTAR ...........................◗.......32,48 .......32,46 .......0,06 .......5,39 ..........34,00.......18,70.......n/d......4457CHARGEURS ...............................68,50 .......69,10......-0,87 ......-7,81 ..........86,40.......60,00 .....2,13 ...13069CHRISTIAN DIOR ...............◗.......35,11 .......35,72......-1,71 .......3,63 ..........52,90.......20,50 .....0,78 ...13040CIC ......................................... ....120,50.....119,50 .......0,84 ......-0,83........126,50 ....108,00 .....2,29 ...12005CIMENTS FRANCAIS...........◗.......49,30 .......49,60......-0,60 .......3,33 ..........54,90.......37,00 .....1,40 ...12098CLARINS ..............................◗.......64,00 .......62,60 .......2,24 ......-1,26 ..........80,90.......55,10 .....0,98 ...13029CLUB MEDITERRANE .........◗.......47,09 .......47,06 .......0,06 .....14,78........106,56.......25,77 .....1,00 ...12156CNP ASSURANCE ..............◗.......33,80 .......33,77 .......0,09 ......-5,41 ..........43,65.......29,70 .....1,08 ...12022COFACE ..............................◗.......50,80 .......53,95.........n/d .....13,82........116,90.......38,05 .....1,75 ...12099COFLEXIP .............................. ..........n/d.....150,80.........n/d.........n/d........198,00 ....130,00 .....1,16 ...13064COLAS ..........................................63,95 .......63,90 .......0,08 .......0,87 ..........70,85.......55,00 .....2,13 ...12163CONTINENTAL DENT..................44,20 .......45,00......-1,78 .......0,67 ..........51,00.......35,06 .....2,00......3664CREDIT AGRICOLE .............◗.......17,90 .......17,95......-0,28 .......0,90 ..........18,99.......17,50.......n/d......4507CREDIT LYONNAIS ............◗.......37,30 .......37,59......-0,77 .......0,24 ..........46,33.......33,35 .....0,65 ...18420CREDIT.FONCIER F ......................14,90 .......14,90 .......0,00 .......2,48 ..........15,50 .........8,58 .....0,58 ...12081CS COMM & SYS ................ .........8,10 .........8,60......-5,81 .......3,61 ..........30,03 .........4,43 .....0,84......7896DAMART S.A. ..............................81,35 .......81,25 .......0,12 .......0,81 ..........86,95.......72,10 .....3,80 ...12049DANONE .............................◗ ....131,30.....131,70.........n/d ......-3,87........163,30 ....124,90 .....1,90 ...12064DASSAULT AVIATIO............. ..........n/d.....313,00.........n/d.........n/d........325,00 ....208,50 .....6,20 ...12172DASSAULT SYSTEME..........◗.......50,20 .......54,00......-7,04 .......0,00 ..........76,95.......29,50 .....0,31 ...13065DEV REG NORD PDC ..................14,70 .......14,80......-0,68 .......2,78 ..........15,50.......13,50 .....0,55 ...12423DEVEAUX S.A. ............................68,80 .......69,95......-1,64....-13,11 ..........89,20.......50,30 .....4,20......6100DMC ...................................... .........7,35 .........7,35 .......0,00 ......-1,87 ..........17,90 .........4,09 .....0,46 ...12133DYNACTION ................................28,66 .......29,00......-1,17 .......7,81 ..........30,80.......17,30 .....0,50 ...13035EIFFAGE ..............................◗.......80,00 .......80,35......-0,44 .....17,47 ..........80,95.......55,00 .....2,09 ...13045ELECT & EAUX MAD...................24,10 .......24,30......-0,82 .......8,00 ..........24,90.......18,18 .....2,91......3571ELIOR ...................................◗ .........9,23 .........9,19 .......0,44 .....14,02 ..........15,91 .........5,73 .....0,07 ...12127ENTENIAL ....................................28,71 .......28,81.........n/d .....13,65 ..........37,80.......24,00 .....0,40 ...12093ERAMET ................................ ..........n/d .......33,20.........n/d.........n/d ..........47,80.......22,00 .....1,30 ...13175ESSILOR INTERNAT ............◗.......36,25 .......36,61......-0,98 .......7,84 ..........36,79.......25,00 .....0,39 ...12166ESSO ............................................82,65 .......83,00......-0,42 .......3,49 ..........89,60.......61,31 .....8,25 ...12066EULER ..................................◗.......45,89 .......45,20 .......1,53 .......6,35 ..........60,00.......35,00 .....1,40 ...12130EURAZEO ............................◗.......58,50 .......58,55......-0,09 ......-8,44 ..........83,60.......44,20 .....0,48 ...12112EURO DISNEY SCA ............◗ .........1,12 .........1,14......-1,75 .....29,55 ............1,21 .........0,51 .....0,04 ...12587EUROTUNNEL SA ..............◗ .........1,03 .........1,04......-0,96 ......-7,96 ............1,39 .........0,55.......n/d ...12537

F.F.P. ....................................◗.......97,75 .......97,20 .......0,57 .......0,15........129,00.......71,00 .....1,80......6478FAURECIA ...........................◗.......57,50 .......58,70......-2,04 ......-0,51 ..........69,10.......32,30 .....0,91 ...12114FIMALAC SA (L.Bo ..............◗.......44,19 .......44,40......-0,47 .....10,17 ..........45,90.......30,00 .....0,90......3794FINAXA ........................................71,15 .......77,00......-7,60 ......-2,72........130,00.......60,00 .....2,20......3313FONC.LYONNAISE ......................27,00 .......27,00.........n/d .......1,12 ..........33,70.......22,65 .....0,85......3340FONCIERE PIM NV ............... ..........n/d .......68,00.........n/d.........n/d ..........70,00.......56,00 .....2,06......7368FRANCE TELECOM ............◗.......33,60 .......34,01......-1,21....-24,25........101,60.......27,00 .....1,00 ...13330FROMAGERIES BEL ....................93,80 .......94,50......-0,74 ......-5,45........111,00.......74,48 .....2,22 ...12185GALER.LAFAYETTE .............◗ ....137,30.....137,00 .......0,22....-10,40........215,00 ....105,50 .....0,60 ...12124GAUMONT ..................................39,80 .......39,70 .......0,25 ......-3,64 ..........56,60.......22,90 .....0,57......3489GECINA ...............................◗.......92,30 .......92,30 .......0,00 .......0,87........107,00.......80,00 .....3,34 ...13151GENERALE SANTE ......................16,38 .......16,38 .......0,00 .....14,07 ..........20,59.......13,20.......n/d......4447GEOPHYSIQUE ...................◗.......41,38 .......41,40......-0,05 .....17,45 ..........82,50.......30,80 .....1,06 ...12016GFI INFORMATIQUE ..........◗.......11,67 .......11,70......-0,26 ......-2,90 ..........31,50 .........8,00 .....0,15......6337GRANDVISION ...................◗.......18,87 .......19,00......-0,68 .....24,59 ..........24,00.......12,76 .....0,25......5297Groupe GASCOGNE ..................76,00 .......77,00......-1,30 .......3,77 ..........93,00.......65,00 .....3,00 ...12441GROUPE PARTOUCHE ................68,80 .......66,50 .......3,46....-10,44 ..........83,50.......45,15 .....1,68......5354GROUPE ZANNIER .....................78,50 .......75,80 .......3,56 ......-3,56 ..........96,23.......57,64 .....0,73 ...12472GUYENNE ET GASC............◗.......85,00 .......85,10......-0,12 .......0,12 ..........94,15.......66,40 .....1,30 ...12028HAVAS ADVERTISIN ..........◗ .........8,47 .........8,64......-1,97 .......6,27 ..........18,50 .........5,30 .....0,17 ...12188IMERYS EX IMETAL ............◗ ....111,50.....114,50......-2,62 .......6,22........127,00.......84,05 .....3,60 ...12085IMMOB.MARSEILL. ............. ..3150,00 ..3210,00.........n/d ......-9,45......3545,00 ..2350,00 ...63,12......3770IMMOBANQUE .................... ..........n/d.....126,50.........n/d.........n/d........155,00 ....102,50 ...10,67......3517INFOGRAMES ENTER .........◗.......13,96 .......14,46......-3,46 .....11,69 ..........23,04 .........4,96.......n/d......5257INGENICO ...........................◗.......24,25 .......24,97.........n/d .....10,49 ..........36,75.......18,53 .....0,10 ...12534ISIS ........................................ ..........n/d.....149,80.........n/d.........n/d........179,90.......75,95 .....2,40 ...12000JC DECAUX SA ...................◗.......11,80 .......12,00......-1,67 ......-4,38 ..........17,20 .........5,20.......n/d......7791KAUFMAN & BROAD ................18,12 .......18,15......-0,17 .....10,00 ..........24,10.......12,76 .....0,82 ...12105KLEPIERRE ..........................◗ ....114,20.....113,80 .......0,35 .......6,06........114,70.......95,00 .....2,75 ...12196L OREAL ..............................◗.......76,95 .......78,00......-1,35 ......-3,58 ..........92,10.......64,00 .....0,44 ...12032L.V.M.H. ..............................◗.......46,03 .......46,90......-1,86 .......2,63 ..........75,50.......28,40 .....0,75 ...12101LAFARGE .............................◗ ....100,70.....100,10 .......0,60 ......-4,58........114,00.......74,00 .....2,20 ...12053LAGARDERE .......................◗.......43,80 .......43,94.........n/d ......-6,51 ..........72,00.......29,40 .....0,78 ...13021LAPEYRE .............................◗ ..........n/d .......51,10.........n/d.........n/d ..........64,65.......31,50 .....1,08 ...13051LEBON .........................................52,00 .......52,00 .......0,00 .......3,59 ..........61,65.......42,50 .....2,30 ...12129LEGRAND ............................. ....165,50.....166,00......-0,30 .....15,89........260,61 ....114,39 .....0,94 ...12061LEGRIS INDUSTRIE .............◗.......20,80 .......20,63 .......0,82 ......-6,23 ..........57,50.......17,20 ...20,20 ...12590LIBERTY SURF ...................... .........3,22 .........3,29......-2,13 .....15,44 ..........10,15 .........1,76.......n/d......7508LOCINDUS ............................ ....126,70.....127,00......-0,24 .......0,79........135,00 ....103,50 ...10,18 ...12135LOUVRE(STE DU) .......................60,80 .......61,00......-0,33 ......-2,87........108,51.......49,80 .....1,24......3311LUCIA ...........................................11,20 .......11,19 .......0,09....-13,92 ..........15,00.......10,35.......n/d......3630MARINE-WENDEL .............◗.......69,40 .......70,00......-0,86 .......2,94........112,00.......38,00 .....2,20 ...12120MATUSSIERE&FORES .......... .........9,05 .........9,10......-0,55 .......2,36 ............9,85 .........6,01 .....0,10......6057MAUREL ET PROM .....................18,85 .......18,95......-0,53 .....22,26 ..........19,50 .........9,81 .....0,91......5107METALEUROP ...................... .........4,48 .........4,52......-0,88 .....46,75 ............6,75 .........2,48.......n/d ...12038MICHELIN ...........................◗.......40,95 .......41,50......-1,33 .....12,01 ..........43,50.......23,84 .....0,80 ...12126MONTUPET S.A. .........................14,93 .......14,96......-0,20 .....43,43 ..........24,12 .........8,61 .....0,17......3704NATEXIS BQ POP ..............◗.......90,80 .......91,20......-0,44 ......-5,88........102,00.......86,00 .....2,50 ...12068NEOPOST ............................◗.......36,37 .......36,44......-0,19 .....11,37 ..........37,00.......22,10.......n/d ...12056NEXANS ..............................◗.......18,88 .......18,76 .......0,64 .....15,73 ..........30,50.......12,60.......n/d......4444NORBERT DENTRES ...................26,05 .......26,60......-2,07 .....19,02 ..........26,60.......15,00 .....0,40......5287NORD-EST ...................................25,20 .......26,50......-4,91 ......-2,18 ..........29,38.......23,23 .....0,94 ...12055NRJ GROUP ........................◗.......20,16 .......20,50......-1,66 ......-2,10 ..........33,98.......11,16 .....0,15 ...12169OBERTHUR CRD SYS..........◗ .........7,18 .........7,25......-0,97....-18,99 ..........21,50 .........3,95.......n/d ...12413ORANGE .............................◗ .........8,06 .........8,13......-0,86....-20,14 ..........12,00 .........6,10.......n/d......7919OXYGENE EXT.ORIE............. ....363,60.....365,00......-0,38 .......3,11........437,50 ....305,00 ...14,68......3117PECHINEY A .......................◗.......60,00 .......60,25......-0,41 .......4,06 ..........68,65.......30,04 .....0,81 ...13290PECHINEY B ................................55,10 .......55,20......-0,18 .......1,47 ..........65,10.......30,10 .....3,31......3640PENAUILLE POLYSV............◗.......43,00 .......43,50......-1,15 .....10,13 ..........77,67.......23,40 .....0,28......5338PERNOD RICARD ...............◗.......84,55 .......84,80......-0,29 ......-1,61 ..........88,12.......65,89 .....1,60 ...12069PEUGEOT S.A. ....................◗.......44,89 .......45,54......-1,43 ......-4,63 ..........58,27.......35,40 .....0,83 ...12150PINAULT-PR RED ...............◗ ....115,10.....117,50......-2,04....-18,74........235,30.......97,05 .....2,18 ...12148PLASTIC OMNIUM .....................72,70 .......73,50......-1,09 .....24,58........122,00.......52,25 .....2,00 ...12457PROVIMI .............................◗.......21,96 .......21,95 .......0,05 .......2,95 ..........23,78.......10,21.......n/d......4458PSB INDUST. ...............................85,25 .......85,20 .......0,06 ......-4,80 ..........90,00.......67,22 .....3,50......6032PUBLICIS GPESA ................◗.......27,46 .......28,37......-3,21 ......-4,64 ..........39,27.......15,83 .....0,20 ...13057REMY COINTREAU ............◗.......26,40 .......26,80......-1,49 .......7,76 ..........44,40.......18,36 .....0,90 ...13039RENAULT ............................◗.......42,41 .......43,66......-2,86 .....10,22 ..........64,00.......26,01 .....0,91 ...13190REXEL ..................................◗.......60,65 .......60,85......-0,33 ......-7,73 ..........91,00.......46,01 .....1,61 ...12595RHODIA ..............................◗.......10,10 .......10,26......-1,56 .....14,25 ..........17,00 .........5,01 .....0,40 ...12013ROCHETTE (LA) ...........................12,60 .......12,65......-0,40 .....29,08 ..........12,90 .........5,70 .....0,18 ...12580ROUGIER .....................................58,20 .......58,45......-0,43 .......2,45 ..........71,90.......50,00 .....3,05......3764ROYAL CANIN ....................◗ ....142,00.....142,00 .......0,00 .......5,58........143,50.......90,40 .....1,10......3153RUE IMP DE LYON .............. ..1595,00 ..1589,00 .......0,38 .......2,52......1970,00 ..1260,00 ...21,19 ...12400S.P.I.R. COMMUN...............◗.......78,30 .......78,25.........n/d .......0,32 ..........90,20.......42,65 .....3,00 ...13173SADE ..................................... ..........n/d .......47,00.........n/d.........n/d ..........50,60.......44,21 .....2,15 ...12431SAGEM ................................◗.......68,70 .......69,50......-1,15 .......1,09........157,90.......28,33 .....0,60......7327SAINT-GOBAIN ..................◗ ....162,00.....162,50......-0,31 ......-4,13........180,00 ....128,20 .....4,30 ...12500

SALVEPAR ...................................53,00 .......53,00 .......0,00 .......5,47 ..........68,90.......47,00 .....3,05 ...12435SANOFI-SYNTHELAB..........◗.......75,35 .......75,00 .......0,47....-10,50 ..........86,50.......52,60 .....0,44 ...12057SCHNEIDER ELECTR ...........◗.......51,50 .......51,80......-0,58 ......-4,07 ..........79,20.......38,10 .....1,60 ...12197SCOR S.A. ...........................◗.......33,34 .......33,57......-0,69 ......-5,20 ..........58,20.......24,47 .....1,70 ...13030SEB ......................................◗.......77,00 .......74,50 .......3,36 .....18,91 ..........75,85.......39,11 .....1,90 ...12170SEITA ............................................48,45 .......48,02 .......0,90 ......-0,37 ..........48,80.......39,77 .....2,65 ...13230SELECTIBAIL ................................16,03 .......16,04......-0,06 .......0,75 ..........16,60.......13,45 .....1,56 ...12599SIDEL ............................................32,60 .......32,83......-0,70....-34,34 ..........53,00.......30,25 .....1,00 ...13060SILIC ...................................... ....156,30.....156,40......-0,06 ......-0,26........175,00 ....149,13 .....6,68......5091SIMCO .................................◗.......77,25 .......77,20 .......0,06 ......-0,39 ..........82,05.......67,60 .....2,60 ...12180SKIS ROSSIGNOL ........................14,69 .......14,59.........n/d .......0,76 ..........16,87.......12,00 .....0,28 ...12041SOC IM DE FRANCE ............. ..........n/d .......22,10.........n/d.........n/d ..........24,40.......19,25 .....0,30 ...12037SOCIETE GENERALE ...........◗.......64,85 .......66,00......-1,74 .......5,01 ..........75,50.......42,30 .....2,10 ...13080SODEXHO ALLIANCE .........◗.......45,12 .......45,50......-0,84 ......-5,23 ..........60,10.......41,00 .....0,56 ...12122SOPHIA ...............................◗.......31,50 .......31,65......-0,47 .......4,87 ..........33,99.......28,10 .....1,52 ...12077SOPRA GROUP ..................◗.......46,54 .......47,00......-0,98 .....21,26 ..........86,80.......24,50 .....0,62......5080SR.TELEPERFORMAN..........◗.......26,00 .......26,19.........n/d .....11,45 ..........42,69.......11,80 .....0,15......5180SUCR.PITHIVIERS ................ ..........n/d.....397,50.........n/d.........n/d........444,69 ....280,53 ...12,00......3331SUEZ ...................................◗.......33,94 .......34,15.........n/d .......0,44 ..........39,28.......29,46 .....0,66 ...12052TAITTINGER ......................... ..........n/d.....134,00.........n/d.........n/d........182,45 ....116,50 .....2,32......3720TECHNIP-COFLEXIP ............◗ ....138,00.....138,40......-0,29 ......-7,73........187,00.......95,90 .....3,30 ...13170TF1 ......................................◗.......26,21 .......26,61......-1,50 ......-6,27 ..........62,73.......18,51 .....0,65......5490THALES ex TH-CSF .............◗.......37,40 .......37,85......-1,19 ......-2,32 ..........55,00.......36,35 .....0,62 ...12132THOMSON MULTIMED .....◗.......33,81 .......34,00.........n/d ......-1,45 ..........58,90.......17,25.......n/d ...18453THOMSON S.A. PAR ............ ..........n/d.....154,20.........n/d.........n/d........157,00 ....142,65 ...10,28 ...14004TOTAL FINA ELF..................◗ ....162,40.....163,80......-0,85 .......2,12........179,80 ....126,00 .....3,30 ...12027TRANSICIEL ........................◗.......35,04 .......36,15......-3,07 .......4,21 ..........61,60.......21,61 .....0,50......6271UBI SOFT ENTERT...............◗.......36,62 .......36,95......-0,89 ......-1,47 ..........49,00.......22,20.......n/d......5447UNIBAIL ..............................◗.......55,30 .......56,40......-1,95 ......-1,14 ..........66,00.......48,71 .....1,67 ...12471UNILOG S.A. .......................◗.......74,60 .......75,50......-1,19 .....10,46........119,45.......45,40 .....0,39......3466USINOR .......................................13,91 .......13,85 .......0,43 .......1,39 ..........15,72 .........7,27 .....0,56......4513VALEO .................................◗.......48,12 .......48,50......-0,78 .......8,26 ..........58,31.......30,02 .....1,35 ...13033VALLOUREC ........................◗.......58,00 .......58,00.........n/d .......8,92 ..........74,00.......38,15 .....1,30 ...12035VICAT .................................... ..........n/d .......58,50.........n/d.........n/d ..........70,23.......47,90 .....0,95......3177VINCI ...................................◗.......71,00 .......71,05......-0,07 .......7,90 ..........75,90.......55,03 .....1,65 ...12548VIVARTE ............................... ....135,80.....135,10 .......0,52 .......5,14........139,90 ....110,00 .....1,98 ...13041VIVENDI ENVIR .................◗.......38,38 .......38,50......-0,31 .......2,78 ..........50,75.......35,27 .....0,55 ...12414VIVENDI UNIVERS .............◗.......46,75 .......48,40......-3,41....-21,30 ..........82,00.......40,22 .....1,00 ...12777WANADOO ........................◗ .........5,98 .........6,08......-1,64 .......7,99 ..........10,50 .........3,58.......n/d ...12415WORMS &CIE .............................19,23 .......19,12 .......0,58 ......-1,95 ..........22,42.......14,41 .....0,50......6336ZODIAC ...............................◗.......21,20 .......21,90......-3,20 .......9,93 ..........29,30.......11,72 .....0,52 ...12568................................................ ................. ................. ............... ............... .................... ................. ............................................................................ ................. ................. ............... ............... .................... ................. ............................................................................ ................. ................. ............... ............... .................... ................. ............................

SÉLECTIONDernier cours connu le 5/2 à 10hValeur Cours % var. % var.

en euro /préc. 31/12

AGIPI ACTIONS (AXA) ..........26,38 ....1,38 ....-2,54AGIPI AMBITION (AXA) .......25,43 ....0,32 ....-0,27

ANTIN OBLI. MT C..............154,20 ....0,09 ....-0,20ANTIN OBLI. MT D .............141,52 ....0,09 ....-0,20ANTIN OBLI. SPR. C............187,41 ....0,07......0,25BNP MONÉ CT TERME.....2515,79 ....0,03......0,28BNP MONÉ PLACEM. C.13787,84 ....0,02......0,25BNP MONÉ PLACEM. D 11592,60 ....0,02 ....-3,45BNP MONÉ TRÉSOR. .....78643,61 ....0,03......0,29BNP OBLI. CT.......................166,50...-0,02 ....-0,07BNP OBLI. LT..........................34,37 ....0,06 ....-0,05KLEBER EURO SOUV. C ...1972,78 ....0,00 ....-0,04Fonds communs de placementsBNP MONÉ ASSOC...........1841,82 ....0,01 ......0,25

BP OBLI. EUROPE ..................52,46 ....0,06 ......0,36BP SÉCURITÉ .................103967,18 ....0,01 ......0,30FRUCTIFRANCE C ..................80,66 ....0,46.....-0,69Fonds communs de placementsCYCLEO EUR. CROIS. ..........108,33 ....1,68 ..-10,06CYCLEO EUROPE CYCL. ......110,34 ....1,21.....-1,09CYCLEO EUR. DÉFENS...........99,80 ....1,02.....-3,03BP MÉDITERRAN. DÉV..........53,78 ....0,50.....-4,13BP NOUV. ÉCONOMIE..........87,61 ....1,38.....-8,48BP OBLI. HAUT REND.........109,46...-1,01......1,84EUROACTION MIDCAP.......130,16 ....0,35 ......1,88FRUCTI EURO 50 ...................95,68 ....0,54.....-3,31FRUCTIFONDS FR. NM .......188,11 ....2,02 ......5,18

ÉCUR. 1,2,3… FUTUR D ........51,14 ....0,55.....-0,35ÉCUR. ACTIONS EUR. C ........17,41 ....0,81.....-1,94ÉCUR. ACTIONS FUT. D ........63,21 ....0,40.....-1,63ÉCUR. CAPITALIS. C...............44,10...-0,16.....-0,15ÉCUR. DYNAM.+ D PEA........42,35 ....0,47.....-1,64ÉCUR. ÉNERGIE D PEA..........43,39 ....0,21.....-1,16ÉCUR. EXPANSION C .....14883,87 ....0,03 ......0,31ÉCUR. EXPANSION+ C..........42,62...-0,05......0,58

ÉCUR. INVESTISS. D ..............51,93 ....0,46.....-1,91ÉCUR. MONÉTAIRE C .........225,16 ....0,02 ......0,23ÉCUR. MONÉTAIRE D .........187,55 ....0,02 ......0,22ÉCUR. OBLI. INTER. D .........178,40...-0,23......1,42ÉCUR. TECHNOLOGIES C .....38,64 ....1,31.....-3,17ÉCUR. TRIMESTRIEL D ........273,12 ....0,00.....-0,03ÉPARCOURT-SICAV D ...........28,46...-0,07.....-0,07GÉOPTIM C ........................2342,25...-0,01......0,12Fonds communs de placementsÉCUR. ÉQUILIBRE C ...............37,51 ....0,27.....-0,79ÉCUR. PRUDENCE C..............34,58...-0,03......0,05ÉCUREUIL VITALITÉ C ...........40,62 ....0,59.....-1,40

Multi-promoteursLIVR. BOURSE INVEST. .......182,68 ....0,94 ......0,77NORS SUD DÉVELOP. C .....522,20...-0,05......0,78NORD SUD DÉVELOP. D ....403,00...-0,05......0,78

ATOUT CROISSANCE D ......350,92 ....0,41 ......2,14ATOUT EUROPE C...............502,77 ....1,08.....-3,42ATOUT FRANCE ASIE D ........74,84 ....0,43.....-3,52ATOUT FRANCE C ...............191,27 ....0,32.....-3,18ATOUT FRANCE D...............170,09 ....0,32.....-3,18ATOUT FR. EUROPE D ........173,14 ....0,50.....-3,20ATOUT FR. MONDE D ..........43,67 ....0,67.....-3,49ATOUT MONDE C .................52,20 ....1,56.....-3,12ATOUT SÉLECTION D .........101,86 ....0,60.....-3,41CAPITOP EUROBLIG C ........101,30...-0,04.....-0,07CAPITOP EUROBLIG D ..........83,58...-0,02.....-0,09CAPITOP MONDOBLIG C .....45,37...-0,02......0,57CAPITOP REVENUS D .........171,04...-0,05.....-1,27DIÈZE C.................................432,73 ....0,24.....-2,17INDICIA EUROLAND D .......110,68 ....0,62.....-2,70INDICIA FRANCE D .............360,55 ....0,31.....-3,77INDOCAM AMÉRIQUE C ......41,06 ....2,09.....-2,73INDOCAM ASIE C ..................17,54 ....0,17.....-1,12INDOCAM FRANCE C .........329,11 ....0,40.....-2,70INDOCAM FRANCE D .........270,52 ....0,40.....-2,70INDOC. MULTI OBLIG. C ....191,40 ....0,09 ......1,89Fonds communs de placementsATOUT VALEUR D .................76,28 ....0,51.....-2,92CAPITOP MONÉTAIRE C.....193,29 ....0,02 ......0,23CAPITOP MONÉTAIRE D ....183,24 ....0,02 ......0,24INDOCAM FONCIER..............93,91 ....0,05 ......0,77INDOC. VAL. RESTR. C........264,11 ....0,78.....-1,67MASTER ACTIONS C .............40,33 ....0,50.....-2,57MASTER DUO C.....................14,00 ....0,29.....-1,62MASTER OBLIG. C .................30,81...-0,16......0,03MASTER PEA D ......................12,20 ....0,58.....-2,41OPTALIS DYNAMIQ. C ..........18,21 ....0,55.....-2,68

OPTALIS DYNAMIQ. D..........17,07 ....0,53.....-2,69OPTALIS ÉQUILIB. C ..............18,56 ....0,32.....-1,64OPTALIS ÉQUILIB. D..............16,89 ....0,30.....-1,63OPTALIS EXPANSION C ........14,51 ....0,48.....-2,89OPTALIS EXPANSION D........14,16 ....0,50.....-2,89OPTALIS SÉRÉNITÉ C.............17,87 ....0,11.....-0,55OPTALIS SÉRÉNITÉ D ............15,69 ....0,06.....-0,57PACTE SOL. LOGEM. .............76,78...-0,29.....-0,24PACTE SOL. TIERS MOND. ...81,78...-0,28.....-0,24

EURCO SOLIDARITÉ ............225,60 ....0,00 ......0,08MONELION JOUR C ............493,82 ....0,01 ......0,26MONELION JOUR D............415,88 ....0,01 ......0,26SICAV 5000..........................157,37 ....0,45.....-2,55SLIVAFRANCE ......................269,61 ....0,35.....-2,53SLIVARENTE ...........................39,61...-0,03......0,27SLIVINTER.............................153,53 ....1,16.....-2,53TRILION ................................740,74...-0,08.....-0,94Fonds communs de placementsACTILION DYNAM. C..........180,18 ....0,95.....-1,83ACTILION DYNAM. D .........169,72 ....0,95.....-1,82ACTILION ÉQUILIBRE C ......175,68...-1,46......0,86ACTILION ÉQUILIBRE D ......164,26...-1,46......0,85ACTILION PEA DYNAM.........65,70 ....0,69.....-1,70ACTILION PEA ÉQUIL..........164,58 ....0,45.....-1,25ACTILION PRUDENCE C .....173,47 ....0,17.....-0,09ACTILION PRUDENCE D .....161,65 ....0,17.....-0,09INTERLION ...........................236,03 ....0,11 ......0,36LION ACTION EURO..............89,33 ....0,48.....-1,67LION PEA EURO.....................89,87 ....0,44.....-2,19

CIC AMÉRIQUE LATINE ......111,88...-0,14.....-2,54CIC CAPIRENTE MT C............35,80...-0,08.....-0,19CIC CAPIRENTE MT D ...........26,59...-0,11.....-0,11CIC CONVERTIBLES .................5,41...-0,92.....-1,27CIC COURT TERME C ............34,37 ....0,03 ......0,11CIC COURT TERME D............26,37 ....0,04.....-2,87CIC DOLLAR CASH ............1427,61 ....0,00 ......0,13CIC EGOCIC ..........................364,29 ....0,37.....-1,69CIC ÉLITE EUROPE...............127,08 ....0,62.....-4,30CIC ÉPARGNE DYNAM. C 2075,41 ....0,04.....-0,06CIC ÉPARGNE DYNAM. D 1636,97 ....0,04.....-0,06CIC EUROLEADERS..............380,78 ....0,97.....-4,20CIC FINUNION .....................177,60...-0,02......0,09CIC FRANCE C ........................34,35 ....0,82.....-4,21CIC FRANCE D........................34,35 ....0,82.....-4,21CIC HORIZON C .....................68,37...-0,07......0,20CIC HORIZON D.....................65,94...-0,08......0,18CIC MENSUEL ....................1422,70...-0,39.....-0,16CIC MONDE PEA....................27,91 ....0,50.....-0,89

CIC OBLI. CT TERME C..........34,37 ....0,03 ......0,11CIC OBLI. CT TERME D..........26,37 ....0,04.....-2,87CIC OBLI. LG TERME C..........15,49 ....0,13 ......0,00CIC OBLI. LG TERME D..........15,30 ....0,13 ......0,00CIC OBLI. MONDE...............137,50 ....0,75.....-0,04CIC OR ET MAT ...................115,93...-0,31......9,69CIC ORIENT ..........................169,43 ....0,62 ......6,42CIC PIERRE..............................34,14 ....0,15 ......0,29UNION AMERIQUE .............381,16 -13,06.....-1,14Fonds communs de placementsCIC EURO OPPORTUN. .........31,28 ....0,48 ......1,97CIC EUROPEA C .....................10,20...-0,10.....-3,67CIC EUROPEA D .......................9,95 ....0,91.....-4,54CIC FRANCEVALOR C............36,51 ....0,69.....-3,33CIC FRANCEVALOR D............36,51 ....0,69.....-3,33CIC GLOBAL C......................241,06 ....0,39.....-2,31CIC GLOBAL D .....................241,06 ....0,39.....-2,31CIC HIGH YIELD...................404,82...-0,46......0,28CIC JAPON ................................7,42 ....0,95.....-6,13CIC MARCHÉS ÉMERG. ......111,11 ....1,75 ......0,11CIC NOUVEAU MARCHÉ ........5,50 ....0,92.....-0,90CIC PEA SÉRÉNITÉ...............170,43 ....0,02 ......0,23CIC PROFIL DYNAM. .............22,98...-1,88.....-0,25CIC PROFIL ÉQUILIBRE..........18,35...-1,29.....-0,53CIC PROFIL TEMPÉRÉ..........135,56...-0,31......0,13CIC TAUX VARIABLES.........196,03...-0,61.....-0,15CIC TECHNO. COM. ..............78,75...-0,08.....-2,41CIC USA ..................................18,18 ....1,11.....-3,74CIC VAL. NOUVELLES .........282,59 ....0,37.....-0,94

CM EUROPE TECHNOL. ..........4,32 ....0,70.....-3,37CM EURO PEA........................21,38 ....0,52.....-2,78CM FRANCE ACTIONS ..........33,79 ....0,33.....-3,07CM MID. ACT. FRANCE ........31,32 ....0,68 ......1,99CM MONDE ACTIONS........310,74 ....1,16.....-0,72CM OBLIG. CT TERME ........165,11...-0,01.....-0,16CM OBLIG. LG TERME ........104,03 ....0,11 ......0,00CM OBLIG. MOY. TERME...340,92 ....0,01.....-0,15CM OBLIG. QUATRE ...........163,66...-0,01.....-0,20CM OPTION DYNAM. ...........30,60 ....0,29.....-1,80CM OPTION ÉQUIL................53,50 ....0,24.....-0,85Fonds communs de placementsCM OPTION MODÉRAT........19,30 ....0,05.....-0,51

AMÉRIQUE 2000.................127,39 ....1,56.....-1,29ASIE 2000...............................85,63...-0,48......8,69NOUVELLE EUROPE ............216,28 ....0,98.....-2,26ST-HONORÉ CAPITAL C ...3631,52...-0,11......0,07ST-HONORÉ CAPITAL D...3290,60...-0,11......0,07

ST-HONORÉ CONVERT. .....337,86...-0,13.....-0,28ST-HONORÉ FRANCE............56,18 ....0,54.....-2,34ST-HONORÉ PACIFIQUE .......72,95...-2,73.....-5,96ST-HON. TECH. MEDIA ......110,27 ....1,54.....-2,73ST-HONORÉ VIE SANTÉ .....378,45 ....1,09.....-2,27ST-HON. WORLD LEAD. .......94,09 ....1,24.....-3,19Fonds communs de placementsWEB INTERNATIONAL..........27,30 ....0,11 ......4,59

STRAT. IND. EUROPE..........196,72 ....1,05.....-4,81Fonds communs de placementsSTRATÉGIE CAC.................5740,92 ....1,24.....-4,82STRATÉGIE INDICE USA...9504,13 ....1,39.....-0,96

ADDILYS C............................107,83 ....0,02 ......0,27ADDILYS D ...........................104,65 ....0,03.....-1,91AMPLITUDE AMÉRIQUE C ...26,07 ....1,52.....-3,02AMPLITUDE AMÉRIQUE D ...25,25 ....1,53.....-3,04AMPLITUDE EUROPE C.........32,02 ....1,01.....-2,53AMPLITUDE EUROPE D ........30,66 ....0,99.....-2,55AMPLITUDE FRANCE ............82,75 ....0,53.....-1,07AMPLITUDE MONDE C ......225,70 ....1,04.....-2,31AMPLITUDE MONDE D ......202,44 ....1,03.....-2,31AMPLITUDE PACIFIQUE C....15,50...-0,51......3,04AMPLITUDE PACIFIQUE D ...14,81...-0,47......2,97ÉLANCIEL EURO D PEA .........97,66 ....0,59.....-2,55ÉLANCIEL FR. D PEA..............39,65 ....0,38.....-2,53ÉMERG. E. POST. D PEA .......30,05 ....0,37.....-2,59ETHICIEL C............................105,72 ....0,40 ......1,38GÉOBILYS C..........................122,26...-0,07......0,41GÉOBILYS D .........................111,47...-0,06......0,41INTENSYS C............................20,76 ....0,05 ......0,00INTENSYS D ...........................17,64...-0,06......0,00KALEIS DYN. FR. C PEA.........78,33 ....0,28.....-1,63KALEIS DYNAMISME C.......219,35 ....0,45.....-1,44KALEIS DYNAMISME D ......211,94 ....0,45.....-1,45KALEIS ÉQUILIBRE C ...........202,95 ....0,24.....-0,78KALEIS ÉQUILIBRE D...........195,28 ....0,24.....-0,79KALEIS SÉRÉNITÉ C .............192,26 ....0,11.....-0,33KALEIS SÉRÉNITÉ D.............184,62 ....0,11.....-0,34KALEIS TONUS C PEA ...........68,24 ....0,55.....-1,40LIBERTÉS ET SOLIDAR.........100,63 ....0,05.....-1,25OBLITYS C ............................113,71...-0,01.....-0,28OBLITYS D ............................111,93...-0,01.....-0,27PLÉNITUDE D PEA .................42,04 ....0,31.....-1,60POSTE GESTION C ............2636,64 ....0,02 ......0,28POSTE GESTION D............2337,34 ....0,02 ......0,28POSTE PREMIÈRE ..............7161,15 ....0,02 ......0,26POSTE PREMIÈRE 1 AN..42647,56 ....0,00 ......0,00

POSTE PREMIÈRE 2-3.......9215,90 ....0,00.....-0,17PRIMIEL EURO C....................55,69 ....1,00 ......2,92REVENUS TRIMESTR...........787,66 ....0,00.....-0,22SOLSTICE D ..........................362,07...-0,01.....-0,11THÉSORA C ..........................189,18...-0,03.....-0,30THÉSORA D..........................157,92...-0,03.....-0,29TRÉSORYS C ....................47850,10 ....0,03 ......0,32Fonds communs de placementsDÉDIALYS FINANCE ..............82,09 ....0,81.....-0,58DÉDIALYS MULTI-SECT.........63,06 ....1,04.....-1,95DÉDIALYS SANTÉ...................91,46 ....1,37.....-1,91DÉDIALYS TECHNOLOGIES ..34,41 ....1,00.....-6,26DÉDIALYS TÉLÉCOM .............42,03 ....0,67 ..-12,12OBLITYS INSTITUTION. C .....98,78...-0,02.....-0,22POSTE EUROPE C ..................92,92...-0,01.....-0,02POSTE EUROPE D ..................88,62...-0,01.....-0,02POSTE GISEMENT C............199,66 ....0,15 ......0,12POSTE GISEMENT D ...........180,00 ....0,15 ......0,11REMUNYS PLUS ..................103,69 ....0,02 ......0,23

CADENCE 1 D ......................154,31...-0,06.....-1,50CADENCE 2 D ......................153,98 ....0,01.....-0,36CADENCE 3 D ......................152,31...-0,06.....-0,35CONVERTIS C.......................226,50 ....0,56.....-1,36INTEROBLIG C........................59,68 ....0,02 ......0,53INTERSÉLECTION FR. D ........73,39 ....0,53.....-2,48SÉLECT DÉFENSIF C ............192,98...-0,06......0,21SÉLECT DYNAMIQUE C ......238,14 ....0,53.....-0,75SÉLECT ÉQUILIBRE 2...........169,07 ....0,25 ......0,30SÉLECT PEA 1.......................203,11...-0,25.....-0,66SÉLECT PEA DYNAM...........141,07...-1,82.....-0,51SG FRANCE OPPORT. C......428,47 ....0,80 ......0,40SG FRANCE OPPORT. D......401,19 ....0,80 ......0,40SOGENFRANCE C ................455,97 ....0,46.....-2,54SOGENFRANCE D................408,96 ....0,46.....-3,00SOGEOBLIG C ......................113,12 ....0,06.....-0,32SOGÉPARGNE D ....................44,31...-0,02.....-0,18SOGEPEA EUROPE ..............219,18 ....0,61.....-2,34SOGINTER C ...........................52,65 ....0,94.....-1,39Fonds communs de placementsDÉCLIC ACT. EUROPE............15,28 ....1,06.....-2,51DÉCLIC ACTIONS FR..............52,26 ....0,95.....-1,12DÉCLIC ACT. INTER. ..............34,13 ....0,77.....-1,33DÉCLIC BOURSE ÉQUIL.........16,53...-0,06.....-0,30DÉCLIC BOURSE PEA.............50,49 ....0,46.....-1,52DÉCLIC OBLI. EUROPE ..........16,62...-0,12.....-4,75DÉCLIC PEA EUROPE.............23,61 ....0,81.....-2,25DÉCLIC SOGENFR. TEMP......57,89 ....0,68.....-2,42FAVOR ..................................306,87...-0,30.....-1,13SOGESTION C ........................47,76 ....0,32.....-0,45SOGINDEX FRANCE C ........505,22 ....0,80.....-3,91.....................................................................................

Cours en euros. VALEURS INTERNATIONALES ZONE EURO et HORS ZONE EURO : une sélection.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD).Plus haut et plus bas : cours maximum et minimum depuis le 1/1/2001. n/d : valeur non disponible.

NOUVEAU MARCHÉ4/2 : 12,97 millions d'euros échangésValeur Cours de clôture % var.

Meilleures performancesR2I SANTE ..........................................3,59 .......12,19HI-MEDIA ...........................................0,88 .......10,00ACTEOS ..............................................2,50..........8,23SOFT COMPUTING ...........................4,65..........8,14DURAN DUBOI................................18,20..........5,75CALL CENTER ALCE ...........................9,00..........4,65GAMELOFT.........................................0,76..........4,11UBIQUS ..............................................2,80..........4,09HF COMPANY .................................34,50..........4,04INFOSOURCES ...................................0,82..........3,80STACI ..................................................1,21..........3,42CAST ...................................................2,74..........3,40GUILLEMOT .....................................18,40..........3,37ESKER..................................................4,59..........3,15Plus mauvaises performancesTELECOM CITY...................................1,52......-12,64ABEL GUILLEMOT..............................4,20 ........-7,49LA CIE EX ELQ....................................6,00 ........-7,26V CON TELECOM...............................1,30 ........-7,14NET2S .................................................3,25 ........-7,14KALISTO ENTERT...............................0,91 ........-7,14AUFEMININ.COM..............................1,13 ........-6,61

IT LINK ................................................4,70 ........-6,00DEVOTEAM......................................18,60 ........-5,78CRYONETWORKS..............................8,01 ........-5,76CYBERDECK........................................0,70 ........-5,41RIBER ..................................................4,08 ........-5,12GUYANOR..........................................0,19 ........-5,00PHARMAGEST INT..........................13,99 ........-4,83Plus forts volumes d'échangeHIGHWAVE OPTICAL........................2,75 ........-3,51VALTECH ............................................2,20 ........-1,35HI-MEDIA ...........................................0,88 .......10,00CYBERDECK........................................0,70 ........-5,41AVENIR TELECOM .............................1,45 ........-3,97DALET .................................................2,07..........0,49TELECOM CITY...................................1,52......-12,64KALISTO ENTERT...............................0,91 ........-7,14MEDIDEP..........................................26,85 ........-2,22GENESYS ..........................................12,20..........2,26SOITEC..............................................23,70 ........-0,42GUYANOR..........................................0,19 ........-5,00FIMATEX.............................................3,61 ........-1,63INFOVISTA .........................................4,48..........1,82SOFT COMPUTING ...........................4,65..........8,14WAVECOM ......................................35,85..........0,99NET2S .................................................3,25 ........-7,14NEURONES ........................................3,15 ........-1,56SITICOM GROUP ...............................5,25 ........-3,67ILOG..................................................15,89 ........-3,11

SICAV ET FCP

Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam

SECOND MARCHÉ4/2 : 18,85 millions d'euros échangésValeur Cours de clôture % var.

Meilleures performancesBISCUITS GARDEIL............................9,35 .......16,88GINGER ............................................19,23 .......10,52BOIZEL CHANOINE .........................45,50..........8,31PLASTIQUES V-L..............................20,25..........7,71SOGECLAIR ......................................28,15..........7,24FOCAL GROUPE ..............................49,90..........5,61GROUPE FLO ...................................19,99..........4,93OTOR ..................................................3,98..........4,74TEISSEIRE-FRANCE..........................24,00..........4,35FININFO ...........................................32,30..........4,19DELTA PLUS GROUP.......................14,35..........3,99BRIOCHE PASQUIER .......................77,40..........3,89BRICORAMA ....................................58,10..........3,75BUFFALO GRILL ...............................10,55..........3,43Plus mauvaises performancesIEC PROF MEDIA ...............................0,99......-14,66INFO REALITE.....................................0,81......-10,00MEDASYS ...........................................1,86 ........-7,92CGBI....................................................3,41 ........-7,84BERTHET-BONDET ............................4,20 ........-6,67MONEYLINE.....................................15,14 ........-6,54LACROIX INDUST............................16,72 ........-6,28

ALAIN MANOUKIAN ......................38,51 ........-5,50DIGIGRAM .........................................7,12 ........-5,32HBS TECHNOLOGIE........................12,69 ........-5,30TREDI ENVIRON. .............................35,85 ........-5,16ORGASYNTH ...................................13,09 ........-5,14OXYMETAL.........................................3,90 ........-4,65CORNEAL LABORAT........................23,82 ........-4,34Plus forts volumes d'échangeCIBOX INTER@CTIV .........................0,31..........3,33ALTEN...............................................15,80 ........-4,24CAMAIEU .........................................25,30 ........-0,94PINGUELY ........................................11,30 ........-0,35M6-METROPOLE TV .......................28,25 ........-0,53AUBAY................................................3,99..........1,01INFO REALITE.....................................0,81......-10,00VIEL ET CIE .........................................3,88 ........-1,27G.F.I.INDUSTRIES ............................23,79..........2,99PLASTIQUES V-L..............................20,25..........7,71SOLVING ..........................................34,10..........0,29IEC PROF MEDIA ...............................0,99......-14,66APRIL GROUP ..................................18,00 ........-2,17LECTRA SYSTEMES............................4,90 ........-2,97HERMES INTL................................170,60 ........-3,18TRIGANO..........................................38,14 ........-0,29GINGER ............................................19,23 .......10,52BUFFALO GRILL ...............................10,55..........3,43DANE ELEC MEMORY.......................4,09..........1,74RODRIGUEZ GP...............................66,05..........0,61

Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net sicovam

M A R C H É S F R A N Ç A I S

Page 23: e Le gigantisme militaire de Bush

LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002/25

L’explosion des sciences de la vie et l’arrivée timide des industriels

LE COÛT du synchrotron Soleilpour la période 2002-2009 s’élève à372 millions d’euros : 195 millionspour l’investissement (financé parla région Ile-de-France pour148 millions d’euros ainsi que parle conseil général de l’Essonne pour34 millions) ; 40 millions pour lefonctionnement ; 137 millions pourles salaires. Le reste sera à la chargedu CNRS (pour 72 %) et du CEA(28 %). Après 2009, le budgetannuel de Soleil avoisinera 40 mil-lions d’euros. Un chiffre à rap-procher des 61 millions d’euros debudget annuel de l’Installationeuropéenne de rayonnement syn-chrotron (ESRF) de Grenoble, enactivité depuis 1994.

De tels chiffres peuvent paraîtreélévés. Mais ces machines dont laconstruction se multiplie dans nom-

bre de pays offrent aux chercheursle moyen de passer d’une époqueoù ils étudiaient la matière avec uncouteau de boucher à une autre oùils « opèrent » avec un scapel dechirurgien. Un scalpel de lumièremille milliards de fois plus brillantque celui d’un tube à rayons X.

De telles capacités ouvrent des

perspectives inégalées dans lesdomaines de la physique, de la chi-mie, de la géologie, de l’environne-ment, de la biologie, de la méde-cine, de la science des matériaux etdes composants électronique, etmême… de la cosmétologie et del’histoire, avec l’étude des fards deségyptiennes au temps des pyrami-des ou la recherche d’arsenic dansles cheveux de Napoléon.

De telles capacités aiguisent l’ap-pétit des chercheurs, qui utilisent àplus de 70 % le temps d’étude offertpar ces machines. Le reste se parta-ge entre des laboratoires en contratavec des industriels (25 %) et desrecherches confidentielles – prin-cipalement pharmaceutiques – me-nées par de grands groupes indus-triels. Avec les sciences de la vie etle décryptage du génome humain,on assiste à une avalanche dedemandes pour étudier la structuretridimensionnelle des protéines.C’est la raison pour laquelle l’ESRFconstruit une nouvelle ligne delumière dédiée à ce domaine. Dansun autre secteur, une station decontrôle des impuretés dans lescomposants électroniques a étémise en place avec l’aide d’indus-triels et de laboratoires de recher-

che (STMicroelectronics, FranceTélécom et le LETI).

Face à cette explosion, les syn-chrotrons « n’ont pas d’inquiétudeà avoir », se réjouit Jean Doucet,chargé des relations avec l’industrieà l’ESRF de Grenoble et au Lured’Orsay. « L’ESRF, rappelle-t-il,dégage chaque année de 1,1 à1,2 million d’euros de recettes liées àdes contrats industriels, chiffre quiaugmente chaque année de 50 %. »Un exemple à méditer pour Soleil.Si la convention signée avec lescollectivités territoriales prévoit defavoriser l’accès des industriels dela région Ile-de-France à la futuremachine, aucune entreprise nes’est engagée à ce jour dans le finan-cement d’une ligne de lumière.

J.-F. A. et P. L. H.

2 autres indices vous attendentaujourd’hui :

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13.L’ÉNIGME DU JOUR “CULTURE“ :

La jeunesse mondiale plébiscite cette “dance machine”.

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13. Bulletin réponse du mercredi 6 févrierINSCRIVEZ ICI VOTRE RÉPONSE À L’ÉNIGME DU JOUR :

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L’INDICE DU JOUR

4e

Après quinze ans de gestation, est sur le point de voir le jour, à Saclay (Esson-ne). La création de la nouvelle source nationale derayons X devait être officialisée, mardi 5 février, par

’ entre l’Etat, leCNRS, le CEA et les collectivités territoriales. Quatreans de travaux seront nécessaires avant la produc-tion – en 2006 – des premiers faisceaux de lumière

(photons). ’ 372 ’sur huit ans, Soleil constituera un instrument d’étudede la matière très performant – complémentaire de lamachine européenne (ESRF) de Grenoble – pour les

physiciens, les chimistes, les biologistes ou les spécia-listes des sciences de la Terre. Les industriels sont inté-ressés mais, au contraire de leurs homologues améri-cains ou japonais, restent financièrement en retrait.

LE « TROU NOIR » – c’est ainsique les chercheurs d’Orsay parlentdu ministère de Claude Allègre – estderrière eux. La genèse tourmentéedu synchrotron Soleil, dont l’ancienministre de la recherche avait en-terré le projet, avant que son suc-cesseur, Roger-Gérard Schwartzen-berg, ne lui redonne vie, n’est plusqu’un mauvais souvenir.

Mardi 5 février, devait être si-gnée entre l’Etat, le Centre natio-nal de la recherche scientifique(CNRS), le Commissariat à l’éner-gie atomique (CEA), le conseil ré-gional d’Ile-de-France et le conseilgénéral de l’Essonne, une conven-tion de partenariat financier etscientifique constituant le vérita-ble acte fondateur de la futuresource nationale de rayons X.

Le permis de construire – sur un

site de 30 hectares du plateau deSaclay (Essonne) – de l’anneau de354 mètres de circonférence et desbâtiments annexes, devrait êtredéposé avant la fin du mois defévrier, afin que le chantier com-mence entre les mois de juillet et deseptembre, annonce Denis Raoux,directeur général de la société civileconstituée pour assurer la construc-tion et l’exploitation du nouvel ins-trument. Si le calendrier est tenu, lespremiers électrons seront injectés

dans la machine en 2005 et, aprèsune campagne de tests, les premiersphotons (particules de lumière) pro-duits en 2006. L’installation pourraalors s’ouvrir aux utilisateurs, avec10 premières lignes de lumière. Ellemontera ensuite en charge pour pro-poser, à l’horizon 2009, un total de24 lignes de lumière. La source estconfigurée pour pouvoir offrir ulté-rieurement jusqu’à 43 lignes, maisson budget ne prévoit pas, pourl’instant, cette extension.

Entre l’ébauche du projet d’unsynchrotron de nouvelle généra-tion, esquissée dès 1989 afin de rem-placer les installations vieillissantesdu Laboratoire pour l’utilisation du

rayonnement électromagnétique(LURE) d’Orsay – celles-ci délivre-ront leurs derniers photons fin2003 –, et sa mise en service, il sesera donc écoulé… plus de quinzeans. Soleil ne risque-t-il pas, ducoup, d’être dépassé ? « La reprisede l’avant-projet détaillé, au cours del’année 2001, a permis d’optimiser lesperformances de la machine », ras-sure Denis Raoux.

La future source utilisera des élec-trons dont l’énergie sera portée à2,75 gigaélectronvolts (GeV), au lieudes 2,5 GeV prévus. Surtout, sonéquipement en onduleurs (systèmesmagnétiques permettant d’accroîtrela brillance des faisceaux) sera ren-

forcé par rapport au projet initial :le nombre de ces dispositifs passerade 14 à 21, afin de mieux répondreaux attentes des scientifiques quisont demandeurs, en bio-cristallo-graphie par exemple, de sources detrès haute brillance.

De surcroît, le système d’injectiondes électrons sera amélioré : il per-mettra d’introduire dans la machinedes bouffées de particules toutes lesminutes, assurant ainsi un fluxconstant et, de ce fait, une plus gran-de stabilité des faisceaux de lumière.

« Soleil va nous fournir un rayon-nement dans une gamme allant del’infrarouge aux rayons X très durs[moins cependant que la machine

britannique Diamond qui doitentrer au mieux en service en 2007],en passant par les ultra-violets, ce quigarantit une pluridisciplinarité trèsforte », se réjouissent à l’avance laphysicienne Michèle Sauvage et lebiologiste Roger Fourme, corespon-sables scientifiques du projet. Defait, les caractéristiques retenues,par un comité consultatif auquelparticipent des chercheurs étran-gers, pour les premières lignes delumières et leurs dispositifs expéri-mentaux, témoignent de la diversitédes attentes de la communautéscientifique.

Physiciens, chimistes, environne-mentalistes, spécialistes des scien-

ces de la Terre… attendent d’éprou-ver les qualités de la nouvelle sour-ce, dont les « pinceaux » de lumièreextrêmement fins permettront d’ex-plorer la structure de la matièreavec une précision de quelquesdizaines de nanomètres (milliardiè-mes de mètre). Ils espèrent ainsi pro-gresser dans la connaissance despropriétés électroniques et magnéti-ques des matériaux. Contribuer audéveloppement annoncé des nano-sciences. Mieux connaître la com-position du manteau terrestre, parl’analyse d’échantillons de roche pla-cés dans des cellules recréant lesconditions de température et depressions extrêmes du cœur denotre planète. Détecter la présencede substances polluantes dans lessols, en même temps que caractéri-ser les molécules capables d’élimi-ner ces polluants…

Les biologistes ne sont pas les

moins impatients. Le rayonnementsynchrotron constitue en effet unmerveilleux outil pour déterminerla structure tridimensionnelle desprotéines, préalable à la mise aupoint de nouveaux médicaments.Soleil, grâce à la très haute brillancede ses faisceaux dans le spectre desrayons X, sera particulièrement bienadapté à ces observations et devraitjouer un rôle important dans ledomaine émergent de la protéo-mique (Le Monde du 25 janvier).L’imagerie médicale devrait aussimettre à profit ses qualités pourréaliser, par exemple, des obser-vations en trois dimensions devaisseaux sanguins, de tissus oud’éléments cellulaires.

L’équipe de Soleil – 50 personnesà ce jour, 350 chercheurs et ingé-nieurs permanents à terme – misesur un effet d’entraînement pourconstituer un réseau scientifiquedynamique autour du nouvel équi-pement et attirer ainsi les indus-triels. L’implantation d’instituts derecherche, dont le premier seraitdédié à la biologie structurale et unsecond aux nanomatériaux, est envi-sagée à proximité du site

Des coopérations sont encore pré-vues, non seulement avec le CNRSet le CEA qui portent le projet, maisaussi avec l’Inserm, l’ESRF, ainsique le Laboratoire européen de bio-logie moléculaire (EMBL) de Gre-noble. Enfin, bien que le choixd’une source nationale ait prévalusur l’option européenne défenduepar Claude Allègre, Soleil ne serapas tout à fait fermé aux collabo-rations internationales : une partici-pation financière de l’Espagne estprévue, et des contacts ont été prisavec la Suisse, la Hongrie et la Répu-blique tchèque.

Jean-François Augereauet Pierre Le Hir

Le synchrotron Soleil produira sa première lumière en 2006La convention fondatrice de la nouvelle source nationale de rayons X devait être signée mardi 5 février.

Cette machine de 372 millions d’euros est attendue avec impatience par la communauté scientifique

L’Installation européenne derayonnement synchrotron (ESRF) deGrenoble avait rencontré le mêmeproblème : des vibrations du solincompatibles avec la précisionrequise pour la focalisation des fais-ceaux de lumière. Sur le site deSaclay, le trafic des camions – enparticulier de ceux possédant troisessieux doubles – sur les routesnationale et départementale adja-centes provoque des déplacements0,7 à 0,8 micron (millième de milli-mètre) au centre de l’anneau, et de2 à 3 microns à sa périphérie. Destests ont montré que ces perturba-tions étaient imputables au mau-vais état des chaussées, qui devrontdonc être refaites.

Autre imprévu, des fouilles ar-chéologiques ont révélé la présence,dans le sous-sol, de vestiges vieuxd’environ 2 000 ans, témoignantd’une occupation humaine auxépoques gauloise et gallo-romaine :fossés, enclos, restes de huttes,tessons de céramique… Des fouillescomplémentaires seront menéesdans les prochaines semaines. Ellesne devraient pas compromettre lecalendrier du chantier, à moins quene soient exhumés de nouveauxvestiges particulièrement dignesd’intérêt.

A U J O U R D ’ H U Is c i e n c e s

UN SCALPEL DE LUMIÈRE POUR SONDER LA MATIÈRE

Le rayonnement synchrotron est unelumière extrêmement brillante émise pardes électrons tournant à très grandevitesse (près de 300 000 km/s) dans unanneau. Soumis à l'action de systèmes quimodifient localement leur trajectoire, cesélectrons perdent une partie de leurénergie et émettent alors un puissantfaisceau de photons – 10 000 fois plusintense que le Soleil – qui peut semanifester sous la forme d'infrarouges,d'ultraviolets ou de rayons X.

DOMAINES D'APPLICATION

Biologie,Médecine

PhysiquePhysiqueGGééophysiqueophysique

ChimieChimieEnvironnementEnvironnement

PhysiqueGéophysique

Les photons sont canalisés vers des cellules d'expérience oùsont analysés les échantillons de matière qu'ils "éclairent".

Cellule d'expérience

Electrons

PhotonsPhotonsPhotons

Salle de contrôle

La machine européenne à rayonnementsynchrotron de Grenoble (ESRF)

Anneau de stockage

Circulation des électrons (vitesse 300 000 km/s)Circulation des électrons (vitesse 300 000 km/s)

Système de productiondes électrons

Système de productiondes électrons

ChimieChimieEnvironnementEnvironnementChimieEnvironnement

MatMatéériauxriauxPucesPuces éélectroniqueslectroniquesMatériauxPuces électroniques

d'ap

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Vibrations et vestigesgallo-romains

Page 24: e Le gigantisme militaire de Bush

26/LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002

LAUSANNEde notre envoyée spéciale

Au premier toucher, les « cellu-les » artificielles, figurées par unemosaïque de diodes électro-luminescentes, se décomposent,s’autoréparent, se clonent, meu-rent et renaissent, bref, vivent,comme une peau, une immensepeau électronique, dont on pres-sent, sans trop y croire, les éton-nantes possibilités. Daniel Mange,père du Bio wall et directeur duLaboratoire de systèmes logiquesde l’Ecole polytechnique fédéralede Lausanne (EPFL), attrape unarc, « version Guillaume Tell ! », dit-il et, d’une flèche en caoutchouc,« tue » une cellule, immédiate-ment remplacée par un clone deréserve, tapi dans le cadre. Leréseau s’est recomposé mais n’apas cessé de fonctionner. Autreprogramme avec le « jeu de lavie ». Chacun des 5 000 carreauxde la mosaïque figure une molé-cule. Le professeur trace, d’undoigt hardi, une longue balafre,détruisant d’un coup une multitu-de de pseudo-molécules, lesquel-les se recomposent aussitôt et serégénèrent dans une chaîne deréactions évoquant, en accéléré, lacourse folle des planètes ou lesinextricables liaisons de neuronesd’un cerveau.

Le Bio wall, première paroi in-telligente, née du croisement del’électronique et de la biologie,obéit aux lois du vivant : il évolue,se répare, se duplique et se régé-nère. Officiellement présenté enpremière mondiale parmi robotset automates, mardi 29 janvier, àla Villa Reuge de Sainte-Croix, à80 km de Lausanne, dans le cadred’une exposition consacrée à l’Ob-jet vivant, ce mur n’est qu’un jeudestiné à faire comprendre leprincipe des recherches en cours.

Mais il cache une invention trèssérieuse, fruit de huit années derecherche, dont les prolonge-ments ultimes donnent le tournis.

Application directe du program-

me bionique lancé en 1994 parl’EPFL, le Bio wall illustre les tra-vaux visant à recopier avec desmachines la structure des êtresvivants. Au départ, une réflexionsur les caractéristiques de la vie,que le professeur appelle le « mo-dèle POEtique » : P comme phylo-genèse, l’arbre généalogique detoutes les espèces (de la bactérie àl’homme) ; O comme ontogenèse,le second arbre, qui, lui, retrace ledéveloppement d’un seul être,depuis la division d’une cellule jus-qu’au ver de terre ; E enfin commeépigenèse, le troisième arbre, figu-rant le développement ultérieurdes cellules (neurones) par inter-action avec l’environnement. Da-

niel Mange et son équipe se sontintéressés en particulier au secondaxe de cette « bio-inspiration », àsavoir l’ontogenèse – ou embryolo-gie. Ils ont pris pour modèle unminuscule ver parasite, « C. élé-gans », bien connu car, transpa-rent, il grandit très vite, et sonplan complet de développementest aisé à tracer. De là, deux cons-tatations : un, chaque fois qu’unecellule se divise, l’ensemble du pro-gramme génétique se reproduit ;

deux, chaque cellule reçoit, outreledit programme général, desinformations lui précisant sa fonc-tion particulière et sa positiondans l’ensemble.

L’équipe du professeur a conçudes « organismes » électroniquesélémentaires obéissant à ces deuxprincipes : chaque élément ou« cellule » (en l’occurrence unmicroprocesseur) contient tout leprogramme de fonctionnement,mais la fonction de chacune

dépend de sa position dans l’en-semble. Ne sachant pas, pour lemoment, faire « pousser » lamatière, on utilise des cellules deréserve. Chaque fois qu’une cel-lule est « tuée », une autre prendsa place et assume la fonction cor-respondante. Une fois les réservesépuisées, l’organisme meurt, maispeut se régénérer moyennant unenouvelle programmation. Ainsi setrouvent recopiées trois caracté-ristiques vitales : l’autoréparation(un phénomène de cicatrisation),l’autoréplication (le clone), etl’autorégénération (la queue dulézard).

Jusqu’ici, l’équipe de Lausannen’a fabriqué que des « organis-mes » ou machines élémentaires.Déjà se profilent des produits plussophistiqués : tableau noir sanscraie, tablettes tactiles interacti-ves, tableaux de contrôle et sur-tout systèmes informatiques extrê-mes, destinés à tout ce qui ne sup-porte pas la panne (satellites, cen-trales nucléaires, etc.). A moyenterme, avec des résolutions plusfines et des matériaux de pointe,on peut imaginer des tissus pro-grammables, qui s’autoréparent etréagissent, en changeant de cou-leur, de taille ou de motif selonl’humeur, la température, la lumiè-re, le son ; des surfaces caméléonsimitant parfaitement l’environne-ment ; des écrans souples qu’onplierait dans sa poche ; des livresde « papier intelligent », où s’affi-cheraient, à volonté, tantôt LeMonde, tantôt un roman de Bal-zac. Enfin, à très long terme, lesnanotechnologies aidant et per-mettant de travailler au niveau del’atome, on peut rêver d’objetscapables de s’autorépliquer, pous-sant tout seuls comme une plante.

Véronique Maurus

..

Le visiteur communique avec le Bio wall par une simple caresse du doigt.Trois programmes sont proposés : celui du « compteur » permet au visiteurde perturber le fonctionnement d’un chronomètre en « tuant » des molé-cules, provoquant une reconfiguration du tissu démontrant ses capacitésd’autoréparation. Le second, inspiré du Jeu de la vie du mathématicien JohnConway, présente une colonie de particules dont la « survie » dépend dunombre de ses voisines immédiates. Une pression du doigt engendre lacréation ou la disparition des organismes artificiels. Le troisième, nomméboucles, permet de cloner des « organismes » rudimentaires de quatre molé-cules chacun et montre les possibilités d’autoréplication du Bio wall.

Le mur intelligentest une mosaïquede modulesélectroniquescomportantune armée de diodesélectroluminescentes.Le Bio wall a étéconstruit en deuxversions : l'une,expérimentale,à l'Ecolepolytechnique,compte 2 000processeurs,la seconde,de démonstration,présentéeà la Villa Reuge,en intègre 3 200.

a ESPACE : la fusée japonaiseH-2A a été lancée avec succès lelundi 4 février à 2 h 45 GMTdepuis le centre spatial de Tane-gashima. C’est le deuxième lance-ment réussi en six mois du prototy-pe de la fusée nippone qui préfi-gure une nouvelle génération delanceurs capable d’emporter dansl’espace une charge de 4,5 tonnes.Mais la fusée H-2A a encore beau-coup d’efforts à faire avant de s’im-poser sur le marché des tirs com-merciaux, dominé par les Euro-péens et les Américains. Lors de cedernier lancement, la fusée H-2Aemportait deux modules expéri-mentaux destinés à tester le bonfonctionnement des équipementsdu lanceur. Un troisième prototy-pe doit être lancé vers la fin del’année.a ECOLOGIE : fabriquer du plasti-que avec les betteraves, tel estl’objectif des sucreries d’Erstein,près de Strasbourg, qui travaillentsur un projet de remplacement dupétrole dans la production d’em-ballages alimentaires ou de bâchesagricoles. En collaboration avecl’Institut de recherche pour le déve-loppement (IRD), elles ont mis aupoint un procédé de fermentationqui, à l’aide d’une bactérie, permetde transformer le glucose du sucreen acide lactique. Les molécules dece dernier sont ensuite polyméri-sées pour former une matière plas-tique, l’acide polyactique (PLA).Obtenu à un prix compétitif, lematériau issu de la betterave estbiodégradable et recyclable. Laproduction industrielle pourraitdébuter dans trois ans. – (AFP.)a INTERNET : l’accès à hautdébit ne séduit guère les Euro-péens, selon une étude de l’insti-tut GartnerG2 réalisée auprès de6 000 foyers à l’automne 2001.Moins de 10 % des foyers connec-tés à Internet jugent bonne l’offreactuelle. A moins d’une forte bais-se des prix, seulement 10 % desménages, taux déjà atteint aujour-d’hui par les Etats-Unis, serontdotés d’un accès à haut débit d’icifin 2005 dans l’ensemble France,Allemagne et Grande-Bretagne,contre 1,9 % fin 2001. – (Reuters.)

UN METTEUR en scène n’auraitpas imaginé meilleure synchronisa-tion. Voilà quelques jours, la Courdes comptes reprochait sèchementau Centre national de la recherchescientifique (CNRS) son « absencede stratégie » (Le Monde du1er février). Comme en réponse àcette admonestation, le conseild’administration de l’organismepublic a adopté, lundi 4 février, unprojet d’établissement définissantses grandes orientations pour lesannées à venir. Ce document d’unesoixantaine de pages servira debase au contrat quadriennal quidoit être signé avec l’Etat dans lesprochaines semaines.

Le tandem nommé voilà un peuplus d’un an à la tête du CNRS –Gérard Mégie, président, et Gene-viève Berger, directrice générale –n’avait en réalité pas attendu lesréprimandes de la Cour des comp-tes pour lancer, au début de l’an-née 2001, une réflexion sur la politi-que scientifique et le fonctionne-ment de l’organisme, animée parune série de groupes de travail etde séminaires régionaux. C’est que« le CNRS n’avait plus élaboré deprojet d’établissement depuis près dedix ans », note Gérard Mégie. Est-ce parce que les deux derniers direc-teurs généraux, Guy Aubert etCatherine Bréchignac, n’avaienteffectué chacun qu’un seul mandatde trois ans, trop court pour menerà bien un chantier de cette envergu-re ? Que Mme Bréchignac avait con-sacré tous ses efforts à contrecar-rer les projets de réforme deClaude Allègre ? Toujours est-ilque le navire amiral de la recherchefrançaise naviguait à vue.

Le document de cadrage qui

vient d’être adopté, véritable bibledu CNRS, fixe trois priorités :davantage d’interdisciplinarité,davantage d’engagement euro-péen, davantage de responsabili-tés pour les cadres de l’établisse-ment. Sur le premier chapitre, « lavolonté de dépasser le cloisonne-ment disciplinaire est partagée partous les grands organismes de

recherche dans le monde. Car c’estaux interfaces entre les domainesscientifiques qu’apparaissent deschamps d’études nouveaux et que sefont des découvertes », justifieGeneviève Berger.

Le CNRS met en avant cinq axesinterdisciplinaires : le vivant et sesenjeux sociaux ; l’information, lacommunication et la connaissan-ce ; l’environnement, l’énergie etle développement durable ; lesnanosciences et les nanotechnolo-gies ; enfin, les astroparticules et lacompréhension de l’Univers. Envi-ron 20 % des postes ouverts à l’ave-nir seront affectés à des program-mes interdisciplinaires. « Il nes’agit pas d’abandonner la recher-che au cœur des disciplines, souli-gne Gérard Mégie. Le CNRS, parcequ’il couvre tous les domaines de laconnaissance, possède au contrairela capacité d’articuler les deuxapproches. »

L’établissement, jusqu’alors peu

impliqué en tant que tel dans laconstruction d’un espace européende la recherche, veut ensuite jouerun rôle plus actif dans ce domaine.Cela, à travers deux dispositifs : les« réseaux d’excellence » destinés àmieux exploiter les capacités derecherche existant en Europe, qu’el-les soient nationales ou régionales,et les « projets intégrés », suscepti-bles de mobiliser des finance-ments importants. Le documentprécise que l’engagement euro-péen du CNRS ne se limitera pas àla politique scientifique commu-nautaire, mais qu’il se traduira aus-si par « l’intensification de collabo-rations bilatérales ou multilatéralesavec les organismes de recherche etles universités d’autres pays »,autour de projets à géométrievariable. Le fil rouge sera unemeilleure prise en compte de « ladimension de la recherche fonda-mentale ».

Enfin, pour mettre le CNRS enordre de marche, ses responsablespensent nécessaire de « responsabi-liser les acteurs de la recherche etdéconcentrer les modes d’organisa-

tion ». Un principe qui se traduira,dans la pratique, par la généralisa-tion de « contrats d’action »comme « mode de pilotage » : con-trats entre la direction générale etles départements scientifiquesd’abord, contrats entre les départe-ments et les laboratoires ensuite.Ces derniers devront prendre desengagements, en termes d’objec-tifs et de productions scientifi-ques, pour recevoir les moyenshumains et financiers correspon-dants.

Comment ce projet d’établisse-ment sera-t-il perçu par les person-nels du CNRS ? De ses trois grandsvolets, le troisième est celui qui ris-que de susciter le plus de réticen-ces, voire d’oppositions. « Le systè-me de la contractualisation à tousles niveaux va se traduire par unpilotage de plus en plus directif deslaboratoires », estime Jacques Fos-sey, secrétaire général du Syndicatnational des chercheurs scientifi-ques (SNCS-FSU). Geneviève Ber-ger s’en défend à l’avance, en assu-rant qu’il s’agit de « rendre leCNRS plus opérationnel et non pasd’imposer des décisions de haut enbas ». « Certains craignent qu’unesorte de filet soit jetée sur les labora-toires. L’idée est au contraire deleur donner, en même temps qu’unevision et une assurance de moyenssur le long terme, un espace de liber-té et de prise de risques scientifi-ques. »

Reste à savoir comment ces bon-nes résolutions se concrétiseront.La Cour des comptes a relevéqu’au début des années 1990, déjà,le CNRS avait fait de l’interdiscipli-narité une ambition qui, dix ansplus tard, est « loin d’avoir étéatteinte ». Les magistrats ont doncsouligné « le caractère crucial quis’attache au strict respect des objec-tifs fixés ». La chance du CNRS estque ce chantier s’ouvre alors quel’organisme va devoir renouveler,dans les dix ans qui viennent, prèsde la moitié de ses effectifs. Uneoccasion rêvée pour une rénova-tion en profondeur.

Pierre Le Hir

Le lauréat 2002« Plus nous évoluons dans les entreprises, plus nous sommes frappés de constater combien l'obéissance est présente dans la relation managériale et à quel pointelle est inhibitrice. Ce propos peut surprendre car on parle rarement d'obéissance au travail. Ce n'est pasun sujet d'échange. Précisément, onen parle peu parce que c'est admis, intégré et pratiqué par tous de façon"naturelle", comme une évidence. Or, le collaborateur, d'abord préoccupépar la nécessité d'obéir, est piégédans les organisations centrées surla diffusion de l'information et bloquédans sa possibilité de contribution.La relation collaborateur-manager vadonc considérablement changer. On ne peut plus c o n s i d é r e r lecollaborateur comme un continuumd'exécution du manager. C'est ce quece livre se propose d'explorer. »

Prix du Livre RH

Sciences Po Syntec Recrutement

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www.syntec-recrutement.org www.sciences-po.fr

Mosaïque électronique, le Bio wall obéit aux lois du vivantPrésenté à la Villa Reuge de Sainte-Croix, à 80 km de Lausanne, le Bio wall résulte des travaux de l’Ecole polytechniquede Lausanne (EFPL), visant à reproduire le fonctionnement des structures biologiques avec des systèmes électroniques

Une simple caresse du doigt

Récemment critiqué par la Cour des comptes,le CNRS se dote d’un plan stratégique

L’organisme veut devenir plus interdisciplinaire et plus européen

A U J O U R D ’ H U I s c i e n c e s

Page 25: e Le gigantisme militaire de Bush

LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002/27

« CATASTROPHIQUE. » La réac-tion à l’annonce, vendredi 25 jan-vier, de la possible annulation deParis-Nice avait été unanime chezles équipes cyclistes françaises. Laconclusion, le 31 janvier, d’unaccord de rachat par AmaurySport Organisation (ASO), l’orga-nisateur du Tour de France, etdonc du maintien de l’édition2002 de la « Course au soleil » (du10 au 17 mars) aura contribué àcalmer le peloton hexagonal.D’autant que Jean- Marie Leblanc,le directeur du Tour de France,s’est voulu rassurant : « Nousaccueillerons toutes les équipes fran-çaises afin de rendre équitable lasélection au Tour de France. »

La sélection pour le Tour…Alors que la saison a débuté avecle Grand Prix d’ouverture – LaMarseillaise, mardi 5 février –, voi-là bien, encore une fois, le sujet depréoccupation central. Toutes leséquipes françaises ou presque doi-vent se montrer et engranger despoints d’ici au 30 avril – d’où l’im-portance du maintien de Paris-Nice – car c’est à cette date que laGrande Boucle attribuera les cinq« invitations » qu’elle est autori-sée à délivrer sur un total de21 places disponibles. Or AG2rPrévoyance, BigMat-Auber 93,Bonjour, Crédit agricole, Delatouret La Française des jeux sont sus-pendues à la délivrance de ceswild cards ; seule Cofidis figureparmi les 16 équipes assurées de

participer au sommet de juillet.« Pour un partenaire, c’est incon-tournable sur le plan expositionmédiatique », assure StéphaneJavalet, manager de l’équipe Big-Mat-Auber 93. « C’est le paradoxede cette épreuve », relève PhilippeRaimbaud, manager de l’équipeBonjour : à la fois « monument –troisième événement sportif plané-taire – dont peut s’enorgueillir lecyclisme français », mais aussi« handicap » dès lors que l’on enest absent.

Déjà, la société BigMat a signi-fié qu’elle stoppera son partena-riat si son équipe n’est pas auTour cet été. « Si nous n’allons pasau Tour, nous devrons chercherailleurs », déclare égalementMichel Gros, directeur sportif deDelatour, alors que l’équipe Bon-jour n’est pas non plus sûre devoir son sponsor, la Comareg– qui est actuellement en vente –,poursuivre au-delà de 2002.

« Le problème c’est : sans le Tour,que reste-t-il à une équipe fran-çaise ?, explique Philippe Raim-baud, A la différence des Italiens oudes Espagnols, nous n’avons pas leGiro ou la Vuelta pour rebondir ; et,de toute façon, les organisateursétrangers sont moins ouverts auxparticipations d’équipes extérieuresau pays. » « Pour des sponsors fran-çais, Giro ou Vuelta ne sont pas for-cément un objectif de communica-tion », ajoute Yvon Sanquer, prési-dent de la Ligue de cyclisme pro-

fessionnel française. Le sujet« Tour de France passage obligé »se révèle d’autant plus critique cet-te année qu’une réforme du cyclis-me international, adoptée en octo-bre 2001, est entrée en vigueur. La1re division (GS1) a été portée à30 équipes.

Seul un « Top 10 » – dans lequelfigure Cofidis – est qualifié d’offi-ce aux trois grands Tours (Giro,Tour de France, Vuelta). Cela vautaussi pour l’équipe du vainqueurprécédent, les formations victo-rieuses du classement par équipesdes trois épreuves, l’équipe duvainqueur de la Coupe du monde,ainsi que pour les autres GS1 dansl’ordre de leur classement, de sor-te à atteindre 16 équipes.

« Initialement, la réforme devait

conduire à 12 ou 13 formationsimposées dans les grands Tours, cequi laissait place à un nombre dewild cards suffisant », déplore Phi-lippe Raimbaud. « Il y a nécessitéde pouvoir accueillir plus large-ment des équipes nouvelles, ou quifont de la formation, françaises oupas », estime Yvon Sanquer, touten indiquant que ce débat n’aurait« pas lieu » si les équipes françai-ses étaient plus haut dans la hié-rarchie mondiale. « C’est ce quedit la direction du Tour », faitremarquer Philippe Raimbaud.« On ne va pas revenir sur lesannées passées », note-t-il, ren-

voyant à la gestion des pratiquesmédicamenteuses dans le pelotonet ajoutant que le mode de fonc-tionnement du cyclisme s’appa-rente aussi à « une affaire de pouleet d’œuf » : « Comment marquerdes points et grimper dans la hiérar-chie quand la majorité des équipesfrançaises ne sont pas invitées surdes épreuves de premier plan ? Etsi, en plus, les épreuves nationalesautres que le Tour ne nous invitentpas [la Ligue est intervenue pourque le Tour Méditerranéen renon-ce à inviter majoritairement deséquipes étrangères], cela pose unvrai problème. »

Compte tenu du nouveau con-texte, reste à voir si le nombred’équipes françaises évoluant en1re division – sept – n’est pas tropélevé pour être viable. « Il fautrépondre à la question : commentfaire vivre une équipe qui ne soit pasforcément sur le Tour avec un rap-port qualité/prix efficace pour l’in-vestisseur ? », avance Philippe Rai-mbaud. Faute de quoi « on peuteffectivement estimer qu’il y a tropd’équipes françaises », poursuit-il,en avouant : « Aujourd’hui, on n’apas la réponse à cette question. »

Philippe Le Cœur

CALAISde notre envoyé spécial

Lens, 18 mars 2000, stade Félix-Bollaert, quart de finale de la Cou-pe de France. Le Calais RacingUnion Football Club (CRUFC) tienttête aux professionnels de Stras-bourg. Le score est de 1 à 1. Coupfranc en faveur des Nordistes. Jos-selin Merlen place le ballon, s’élan-ce, tire, marque et qualifie son équi-pe pour les demi-finales. On con-naît la suite : victoire contre Bor-deaux, qualification pour la finale –du jamais vu – et défaite très hono-rable contre Nantes, au Stade deFrance. Calais a conquis le cœurdes Français.

Calais, 2 février 2002 : le CRUFCreçoit Louhans-Cuiseaux pour la22e journée du championnat deNational. Les visiteurs mènent troisbuts à deux quand un penalty estsifflé en faveur des Calaisiens. Lemême Josselin Merlen s’élance ettire dans les bras du gardien bour-guignon. Ce dernier laisse toutefoiséchapper le ballon, qui se retrouvedans les pieds du joueur calaisien.Deuxième chance, en or. Deuxièmetoile. Louhans-Cuiseaux l’emporte-ra et Calais n’aura toujours pas rem-porté une victoire cette saison, setraînant à la dernière place du clas-sement avec neuf points.

Comment expliquer une telledégringolade ? Première réponse,unanime : « La poisse, la salepoisse. » Cette équipe à qui tout, etmême l’impossible, réussissaitenchaîne les déconvenues. « Sur uneffectif de 24 joueurs, nous en avonseu 24 arrêtés pour blessure au moins

un mois », explique l’entraîneur,Manuel Abreu. Le départ, au débutde la saison, de Ladislas Lozano,l’entraîneur de l’équipe finaliste dela Coupe, est aussi avancé pourexpliquer la déroute du CRUFC. Aun détail près : c’est au milieu de lasaison dernière que le club a com-mencé à dériver.

Le départ, concomitant à celui de

Lozano, de Claude Thiriot, ancienmanager du club, a aussi alourdil’ambiance. Au centre de la polémi-que : la gestion de la manne tom-bée sur le club après l’exploit de laCoupe de France. « Nous étions pro-ches du dépôt de bilan et mainte-nant nos finances sont particulière-ment saines : remboursement detoutes nos dettes, placements ensicav… », rappelle le président délé-gué du club, André Roches. Leprésident Jean-Marc Puissesseauveut favoriser la construction de« Victory Park », un ensemble spor-tif financé par des capitaux privés,qui pourrait abriter un stade de18 000 places, convertible rapide-ment en salle de spectacle. « Lespromoteurs d’un tel projet ne pour-raient se contenter d’une équipe évo-luant en championnat amateurs, ilsseraient obligés de mettre de l’argentdans l’édification d’une formationplus ambitieuse », explique-t-il.

« Ce qui nous arrive, c’est un tout :le manque de réussite, une nouvellepréparation que nous assimilonspeut-être mal, le fait que toutes leséquipes, quand elles nous rencon-trent, mettent le paquet, compte

tenu de notre notoriété », s’emporteCédric Schille. Le gardien de but,un des héros de l’épopée de la Cou-pe, résume bien le sentiment géné-ral en comparant les conditions devie des joueurs de Calais et cellesde leurs adversaires, beaucoup plusprofessionnels. « Les joueurs deBoulogne s’entraînent la journée,alors que nous, nous travaillons etsommes obligés de venir le soir »,explique-t-il en donnant sonemploi du temps : « Entraînementtous les soirs à 18 h 30, je rentre àprès de 21 heures chez moi. Tous lesjours. Souvent, lorsque nous jouons àl’extérieur, le voyage dure plus de sixheures, et nous dormons dans l’auto-car. Et le lundi, il faut travailler. Mes35 heures, je les fais ! » Employé à lachambre de commerce commeassistant de gestion, Cédric gagne« deux fois le smic : une fois à lachambre et une fois au club ». Etpas question, cette saison, de comp-ter sur les primes pour améliorerl’ordinaire.

Les valeureux Calaisiens ontdécouvert que les miracles ne sereproduisent pas deux fois. Lepublic reste fidèle. « Après Toulou-se, nous avons le public le plus nom-breux », se félicite Jean-Marc Puis-sesseau. « Depuis la Coupe, Calais aarrêté de pleurer sur son sort », ajou-te le maire communiste JackyHénin. Et de citer un chiffre : encinq ans, le taux de chômage estpassé de 19,7 % à 13,5 %. De quoifaire oublier le penalty raté de Jos-selin Merlen.

José-Alain Fralon

Le rugbymanOlivier Magnesous la menaced’une sanction

1 Manager de l’équipe cycliste Big-

Mat-Auber 93, comment abordez-

vous cette saison alors que, comme

en 2001, vous n’êtes pas certain de

pouvoir participer au Tour de France ?Nous sommes à nouveau le

couteau sous la gorge. BigMats’est réengagé pour deux ans,mais avec une clause libératoiredans le contrat : si nous ne faisonspas le Tour 2002, ils arrêtent. Nousfaisons désormais partie des30 groupes de 1re division (GS1),mais cela n’a rien changé : la réfor-me du mode de fonctionnementdu cyclisme et des sélections surles courses, adoptée en octobre2001 par l’Union cycliste inter-nationale (UCI), n’est pas celle quiavait été esquissée. Nous noussommes sentis bernés car, comptetenu de ces engagements du prin-temps, c’est- à-dire un probableaccès au Tour national, nous avonsrecruté en conséquence (les Espa-gnols Felix Garcia-Casas, ex-Festi-na, et Aitor Kindana, ex-Jazztel).

2 Modifiez-vous votre approche

des courses de début de saison ?

Oui. Comme le Tour de Francetiendra compte des classementsdes équipes au 30 avril pour lesattributions des dernières invita-tions, nous allons avoir en perma-nence la calculette en poche et allerchercher des points UCI, ce quenous ne faisions pas forcémentavant. Nous avons renoncé à certai-nes participations à des épreuvesdotées d’un faible capital points oùnous nous alignions jusque-là.

3 Comment cela rejaillit-il sur les

coureurs ?

A chaque prise de dossard, ilsvont chercher la sélection pour par-ticiper au Tour. Derrière ça, il y a lerisque, au mieux, que les coureursarrivent « cramés » au moment del’annonce de la sélection. Ce quiest dommage pour nous, c’est quenos recrues espagnoles n’ont pasforcément les moyens d’exploiterleurs talents en début de saison.Ce sont avant tout des coureurs decourses par étapes.

Propos recueillis parP. L. C.

LE TROISIÈME-LIGNE du XV deFrance Olivier Magne, accuséd’avoir piétiné le visage de l’ailiergauche italien Denis Dallan, same-di 2 février à Paris, lors de la ren-contre France-Italie (33-12), doitcomparaître mardi 5 janvier à Lon-dres devant la commission de disci-pline du Tournoi des six nations.Capitaine du XV de France pour lapremière fois à cette occasion, lejoueur de Montferrand a été cité àcomparaître par l’Anglais MattBayliss, commissaire du match,après visionnage de la vidéo de larencontre. Olivier Magne estconvoqué dans un hôtel de l’aéro-port d’Heathrow à 14 h 30 heurelocale (15 h 30 heure française)devant la commission de discipli-ne du Tournoi des six nations,composée d’un Ecossais, d’unIrlandais et d’un Anglais. Il seraassisté de Me Paul Mauriac, avocatde la Fédération française derugby (FFR).

a FOOTBALL : le Sénégal s'est qua-lifié, lundi 4 février à Ségou (Mali),pour les demi-finales de la Couped'Afrique des nations grâce à sa vic-toire en quarts de finale sur laRépublique démocratique duCongo (2-0). Les « Sénéf » rencon-treront le Nigeria en demi-finale,jeudi 7 février. Le même jour, leMali et le Cameroun, vainqueurlundi de l’Egypte (1-0), disputerontl'autre demi-finale.a DOPAGE : le président de l'Agen-ce mondiale contre le dopage(AMA), Richard Pound, a demandélundi 4 février à la Fédération inter-nationale d'athlétisme d'exclure laFédération américaine. L’AMAreproche à celle-ci de n'avoir tou-jours pas communiqué la liste desathlètes reconnus coupables dedopage avant les Jeux de Sydney.

Finaliste de la Coupe en 2000, Calais peine en NationalFootball b Malgré la dégringolade, le public reste fidèle

JACQUES VENDROUX, petit-fils de l’ancienmaire de Calais et petit-neveu de « tante Yvonne »,la femme du général de Gaulle, pourrait remplacerAndré Roches, qui aspire au repos après vingt-sixans de bons et loyaux services comme directeurdélégué du CRUFC.

« Je suis né ici, je me souviens des discussionshomériques dans la famille entre les partisans duRacing et ceux de l’US Calais. Et de la centained’autographes de ma première idole, le gardien debut de l’équipe, un certain Forcioli », raconte celuiqui vient d’être nommé directeur délégué du sportde France-Inter, qui a la réputation d’avoir fait lapluie et le beau temps dans le football français desannées 1980 comme animateur de l’équipe duVariétés Club de France.

« ’ »« Lorsqu’André Roches m’a dit qu’il était un peu

fatigué, j’ai répondu que je pouvais me mettre à ladisposition du club, tout en restant journaliste, bienentendu », précise Jacques Vendroux, qui a déjàpris sa licence de dirigeant et se présentera sans

doute, en juin, à l’élection au comité directeur.Déjà, il lance quelques pistes : « Avec Tigana[entraîneur de l’équipe anglaise de Fulham], nousavons évoqué la possibilité d’un match amical. EtDomergue [ancien joueur de l’équipe de France etactuel entraîneur du Havre] m’a proposé dem’aider. »

« Je ne le connais pas personnellement, mais c’estun grand monsieur, il faut qu’il amène quelque cho-se », estime le gardien de but Cédric Schille. « Il con-naît beaucoup de monde, il faudra qu’il sache s’en-tourer, mais s’il le veut il pourra avoir le poids néces-saire pour aider le club à se redresser. Mais, il ne fautpas croire que sa seule venue pourrait révolutionnerles structures du club », tempère ChristopheHogard. « Il ne viendra pas pour laver les maillotsmais pour nous apporter ses connaissances techni-ques, son carnet d’adresse et son expérience », préci-se André Roches. Commentaire du maire commu-niste, Jacky Hénin : « C’est un enfant du pays etnous avons besoin de toutes les bonnes volontés. »

J.-A. F.

En attendant Jacques Vendroux…

A U J O U R D ’ H U I s p o r t s

Le peloton français est déséquilibré par le poids du TourCyclisme b L’importance économique d’une participation à l’épreuve majeure du calendrier est telle que la non-qualification

d’une équipe risque de lui faire perdre ses partenaires financiers. Sept formations convoitent une des cinq invitations

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28/LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002

Saveurs du Nouvel An chinoisL’entrée dans l’année du Cheval offre l’occasionde découvrir les gastronomies chinoise et vietnamienne :senteurs de Shanghaï ou finesses du Yunnan

LE NOUVEL AN CHINOIS est lafête du printemps précoce, à l’ori-gine fête agricole, fête des vœux,lors de la deuxième lune après lesolstice d’hiver. Le cycle astral dedouze ans comprend des « mai-sons » aux noms bucoliques :Singe, Coq, Chien et Porc… La figu-rine estampée et périmée sera brû-lée sur l’autel familial au profit del’animal de l’année – le Cheval en2002 – à partir du 12 février pro-chain. C’est aussi fête du Têt pourles Vietnamiens.

Pendant une semaine de réjouis-sances, on visite les proches, ondéclenche des feux d’artifices, lesmaisons sont décorées de papierscolorés, lanternes, plantes de sai-son. Le rouge est la couleur domi-nante, signe de joie. Bien avant lamondialisation, nous en recevionsles échos, par la présence à Parisd’une colonie chinoise ancienne,d’abord établie dans le quartierChalon. Terrassiers du chantier dumétro, coolies invités à creuser lestranchées et à ramasser les cada-vres en 1914-1918, travailleurscontractuels de l’effort de guerre,au nombre de 100 000 en 1916 et1917, les Chinois ont constitué, dèsles années 1920, une colonie impor-tante à laquelle se sont ajoutées,aux heures sombres de leur his-toire, de nombreuses populationsde la région, au point de constitueraujourd’hui, en Ile-de-France, unecommunauté d’Extrême-Orientforte de 250 000 membres.

On fera sortir dans le 13e arron-dissement un cortège de lanternesaccompagné de pétards, car il fautréveiller le dragon protecteur. Latélévision par satellite distribueragénéreusement un show musicalqui tiendra éveillé toute la nuit. Latable traditionnelle et familiale, pla-cée sous les signes du poisson (yu),ne manquera ni de riz ni de pâtes.

On attribue maintenant avec cer-titude l’usage des pâtes et raviolis àla dynastie Han, à la fin du IIIe siè-cle avant J.-C., bien avant le voyagede Marco Polo. La pression mon-gole déplaçant la capitale vers leSud initia l’actuelle Chine du Sudau plaisir raffiné des pâtes qui figu-rent sur la table du Nouvel An.Pour comble, on introduit dansquelque ravioli une piécette d’ar-gent afin de mêler une sorte deFête des rois asiatique à l’annéenouvelle. Les raviolis pékinois auporc du Nouvel An sont relevésd’une fine sauce spéciale de sojaclair.

Le salé, le sucré, l’acide et l’amersont les quatre saveurs de l’Occi-dent. La Chine dans sa sagesse yadjoint le neutre, l’insipide, ma-nière de mettre « ses passions enéquilibre ». C’est ainsi que l’aileronde requin, dépouillé par une pre-mière cuisson de ses parties cartila-gineuses, réduit à l’état de fila-ments qui s’imprègnent des sucsde viande d’un bouillon sans assai-sonnement, devient un chef-d’œu-vre de fadeur distinguée, car, selonLao-Tseu, « le sage savoure la non-saveur ». Les ailerons de requins àla chinoise et le lièvre à la royaleoccidental sont les moutons à cinqpattes de la cuisine universelle ! Il

en est aussi de quelques grandsplats de la table des mandarins,dont le cuisinier Chen est, à Paris,le meilleur interprète : le concom-bre de mer ou holothurie, les abalo-nes (ormeaux) cuits pendant touteune journée dans un bouillon devolaille, ou encore les nids d’hiron-delle. A son menu du Nouvel An :pattes de canard farcies aux lan-goustines, langues de canard au selet poivre, et l’admirable canardpékinois en trois services qui,depuis six ans, assure le succès decette grande table.

L’équilibre taoïste idéal, qui régitla diététique de cette cuisine, tienten cinq parfums : la badiane, lefenouil, le poivre de Sichuan, lacasse (cannelle de Chine) et la giro-fle moulue. Cinq saveurs commeles cinq éléments de l’univers. Lacuisine idéalement épicée tendainsi vers l’harmonie. Ce sont lesingrédients de base des prépara-tions du cuisinier cantonnais deCharly Tang, qui excelle dans la pré-paration des nems farcis de veau àla sauce satay, de délicates frituresou bien du pigeonneau laqué auxcinq parfums. Une table de fêtechaque jour de l’année.

Sur la table familiale du Nouvel

An, la carpe est le symbole de la per-sévérance, de la vigueur et de la lon-gévité. Elle évoque également leprofit, et, comme il n’y a pas de peti-tes économies, elle figure au menude fête. La carpe domestiquéedepuis la dynastie des Zhou est leplus parfait des poissons ; ne sert-ilpas de monture aux dieux ? Au res-taurant Mer de Chine, à Paris, lacarpe est préparée à la vapeur.

Aucun de ces grands repas deNouvel An ne se fera sans quelquesuprême raffinement : fin ragoûtde lèvres et estomacs de poissons,ou bien soupe de vessies natatoi-res, qui nécessitent une méticuleu-se préparation. Au Passy Manda-rin, le Têt s’organise autour d’unpotage aux fleurs de laurier,

d’huîtres de la prospérité, de saint-jacques aux pignons, puis d’un barà la vapeur et d’un pigeonneaulaqué, accompagnés de rouleauxde longévité, et d’un gâteau de rizgluant au lait de coco.

L’usage savant d’herbes aromati-ques, la cuisson quasi instantanéede légumes ou de viandes toujoursémincées, l’emploi du nuoc-mam(et non du soja) distinguent la cui-sine vietnamienne, qui est l’affairedes femmes, de celle du CélesteEmpire où la plupart des mets sontsautés dans de lourdes poêles(wok) que seuls les hommes peu-vent manier. Kim Anh, la mer-veilleuse cuisinière vietnamienne,prépare déjà son repas du Têt, avecle potage et le gâteau de fête au rizgluant, et aussi les très recherchéesvessies de poisson aux légumes, et

encore le jambonneau aux poussesde bambou, les tripes et la poitrinede porc caramélisées. Mille recet-tes dont ne peuvent rendre compteles mille et un restaurants asiati-ques de Paris, trop souvent médio-cres. Où déguster les saveurs deShanghaï, les finesses du Yunnan,la cuisine de Hué, les fruits tropi-caux de Guilin ? Faute de mieux,on se contentera de quelques platspittoresques qui marquent l’entréedans l’année du cheval.

Jean-Claude Ribaut

baSoleil d’Est (Chen). 15, rue du Théâ-tre, 75015 Paris ; tél. : 01-45-79-34-34.Menu Mandarin : 75 ¤. Menu du Têt :160 ¤. Haute cuisine chinoise.Tang. 125, rue de la Tour, 75016 Paris ;tél. : 01-45-04-35-35. Menu habituel :

64 ¤. Cuisine asiatique moderne etsavoureuse.Mer de Chine. 159, rue du Château-des-Rentier, 75013 Paris ; tél. : 01-45-84-22-49. Cuisine chinoise.Passy Mandarin. 6, rue d’Antin,75002 Paris ; tél. : 01-42-61-25-52.Menus du Têt : 61 ¤ - 76 ¤. Excellentecuisine sino-vietnamienne.Kim Anh. 49, avenue Emile-Zola,75015 Paris ; tél. : 01-45-79-40-96.Menu gastronomique : 34 ¤. Menuspécial du Têt : 50 ¤ environ. Remar-quable cuisine vietnamienne.Au Coin des gourmets. 5, rue Dante,75005 Paris ; tél. : 01-43-26-12-92.Menu du Têt (du 12 au 19 février) :40 ¤. Cuisine indochinoise.Vient de paraître : Le Goût de l’Asie.Encyclopédie de la cuisine asiatique,de Maït Foulkes. Editions PhilippePicquier, 962 p., 28 ¤.

TOQUESEN POINTE

Gastronomie

bf Sous le nom romanesque dece restaurant des beaux quartiersse cache l’aventure de Fati Abou-ayoub, jeune Marocaine venue àParis réaliser son rêve de recevoirchez elle, comme elle aurait aiméle faire à Casablanca, sa ville nata-le. Au déjeuner, déguster la shorba(soupe de légumes secs à la corian-dre) ou un tajine de saumon à lacitronnelle et courgettes glacées authym-citron. Le soir, la tchoutchou-ka (compotée de poivrons et toma-tes grillées), la pastilla (gâteaud’amandes et de pistache au pou-let, étuvée d’oignons à la cannelle),le tajine de poulet au citron confitet olives vertes ou encore les cous-cous (poulet aux épices salé-sucréou agneau au cumin). L’absence detout excès de graisse et la qualitédes produits confèrent à la cui-sine une légèreté inhabituelle. A lacarte, compter 45 ¤.ba5-7, rue du Commandant-Rivière,

75008 Paris ; tél. : 01-42-25-16-69.Fermé samedi et dimanche.

Bistrots

bf Deux lettres de lecteurs insa-tisfaits, l’un en raison d’un supplé-ment appliqué sur le menu dudéjeuner à 11,50 ¤, l’autre signa-lant l’absence de plats annoncéssur la carte, nous ont incité à unenouvelle visite de cette modestemais honnête table du boulevardSaint-Germain. La formule du soir,vin compris (au choix : bordeaux,ventoux ou vin du Tarn), sans sup-plément, est attractive avec un foiegras de canard au torchon ou bienune tarte fine à la fondue de poi-vrons et suprême de sardine, enentrée. Poissons au choix (dos dedaurade au gros sel ou noix desaint-jacques à la fondue d’en-dives) ou viandes, jambonnette devolaille farcie ou demi-rognon deveau rôti dans sa graisse. Délicieu-se quenelle à la crème safranée.Jean-Louis Huclin n’a pas oublié laleçon du bon Jacques Manière.Menu (déj.) : 11,50 ¤. Menu-cartevin compris : 30 ¤ (le soir).ba26, boulevard Saint-Germain,

75005 Paris ; tél. : 01-40-51-08-27.Fermé le dimanche.

bf Christian Etchebest a gardédu Pays basque un accent coloré etchantant qu’il imprime à sa cui-sine. Pour ne pas risquer la rou-tine, l’ardoise change chaque jourau gré du marché. C’est le potagede cresson aux amandes pilées, lesaumon mariné à l’aneth, les saint-jacques poêlées au confit de to-mates ou bien l’épatant agneaudes Pyrénées, braisé, accompagnéde mini-haricots blancs, parfuméset goûteux. Cuisine d’instinct, cui-sine joviale, comme le service,précis et efficace. Un bon bistrotde chef, à cuisine et addition lé-gères. Menus : 21 ¤, 23 ¤, 25 ¤.ba21, rue François-Bonvin, 75015

Paris ; tél. : 01-45-66-89-00.Fermé dimanche et lundi.

J.-C. Rt

ON EN TROUVE au Sabodet, à la Tête de goin-fre, aux Fontaines : la mousse au chocolat est undessert récurrent au menu des trois cents etquelques bistrots que recense et commenteClaude Lebey dans la dernière édition de son gui-de (Le Petit Lebey 2002 des bistrots parisiens,Albin Michel, 248 p, 12,50 ¤). Si cette douceur estdepuis longtemps un grand classique des tro-quets, a contrario en grandes surfaces, ce des-sert de ménage est presque un débutant.

La mousse au chocolat n’est en effet qu’unjeune « quadra » dans les rayons. C’est en 1962,sous la marque de La Roche aux Fées, que lesfabricants laitiers industriels commercialisent lapremière de ces mousses chocolatées. A l’épo-que, la question ne se posait pas de savoir si cedessert devait être au chocolat noir, ou au lait.Seule la première version était disponible.

Il faudra attendre presque vingt ans pour quele chocolat au lait ait droit de cité. Aujourd’hui, ils’est bien rattrapé puisqu’il représente 49 % desventes. Quasiment une mousse au chocolat surdeux. Du noir au lait, les différences gustatives,mais aussi caloriques, sont de taille.

La mousse au chocolat dans son ensemble est

victime à ce sujet d’un a priori négatif, et pas for-cément justifié. Si l’on observe les étiquettes desmousses Nestlé (deux tiers des ventes en Fran-ce), on constate que leur mousse au chocolatnoir est faite avec du cacao maigre, du lait écré-mé et deux fois moins de crème que leur mous-se au chocolat au lait ; laquelle contient en plusdu lait entier. Devinez laquelle, in fine, est lamoins calorique ? De toute façon, pour lever défi-nitivement cette chape de culpabilité qui accom-pagne le mot chocolat, le fabricant vient de lan-cer depuis le début de ce mois, sous la marqueSveltesse, la première mousse au chocolat allé-gée du marché.

Toutes ces mousses industrielles, allégées ou

pas, ont un point commun : elles contiennentdes émulsifiants pour améliorer leur degré defermeté, le volume et la stabilité du produit. Ilexiste pourtant des mousses vendues en gran-des surfaces qui réussissent à se passer de cessubterfuges. C’est le cas par exemple des« Mousses à l’ancienne Marie Morin », venduesen pot de verre. Fabriquées à Quessoy, dans les

Côtes-d’Armor, elles contiennent uniquementdes œufs frais, du chocolat et une pointe desel. « C’est seulement par émulsion, sans aucunadditif, que le produit est réalisé », raconteDavid Morin, l’un des responsables de l’entre-prise.

Une mousse bien sûr très authentique, maisdont la consistance, loin d’être aérienne, a plu-tôt tendance à coller au palais. Décidément, enmatière de chocolat, le mariage entre traditionest innovation n’est pas facile. Seules les plusfines gâchettes de la gastronomie y parvien-nent. Marc Veyrat, dans son restaurant l’Auber-ge de mon père, à Megève, propose par exem-ple en cette saison une purée de rattes avecquelques lamelles de truffes et un peu de pou-dre de cacao. L’une de ces inventions extraordi-naires que seul ce chef six étoiles pouvait oser.Et réussir.

Guillaume Crouzet

baMousse au chocolat Sveltesse, 1,70 ¤ environ les4 pots de 12 cl. Mousse au chocolat Marie Morin,1,30 ¤ environ le pot de 100 g.

La mousse au chocolat

A U J O U R D ’ H U I g o û t s

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LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002/29

MOTS CROISÉS PROBLÈME No 02 - 032 SCRABBLE ® No 263

Baissedestempératures

LE PREMIER réflexe des clientsa été de se débarrasser de leurs der-niers francs en les donnant commepourboire. Un grand nombre deconsommateurs en ont profitépour libérer leur instinct d’éco-nomie : l’inexpérience justifiait lesquelques centimes d’euro aban-donnés sur un coin de table. Lesderniers scrupules ont été balayésd’autant plus facilement que les res-taurants affichaient des menus àprix nets… et en augmentation.« La formule de midi est à 10 ¤(65,60 F) contre 65 F en décembre,si bien que les clients ne laissent plusrien », explique une serveuse.

Des hausses sont en effet interve-nues dans les secteurs de la coif-fure et de la restauration, à la suitede l’application par le ministèrede l’économie d’une directive eu-ropéenne (du 17 mai 1977) concer-

nant la TVA. Depuis le 1er octobre2001, les 15 % de service inclusdans le prix des prestations et redis-tribués au personnel ne sont plusexonérés de TVA, comme c’étaitle cas auparavant, en vertu d’unetolérance administrative datant de1923. L’incidence sur les prix estestimée à 2,9 %. Les commerçantsconcernés ont répercuté cettehausse totalement ou partielle-ment. Les coiffeurs se sont exécu-tés dès novembre, ce qui expliquesans doute que cette corporationn’ait pas souffert d’une baissenotable des pourboires en janvier,contrairement à la plupart desrestaurateurs qui ont attendu lanouvelle année.

« »La coïncidence de cette hausse

avec les débuts de l’euro a sansdoute contribué à la diminutiondes pourboires, qui, rappelons-le,sont facultatifs et laissés à la discré-tion de la clientèle. Même le « petitnoir » consommé au comptoir en apris pour son grade. A Paris, il coû-

tait généralement 6,50 F, et il étaitalors facile de laisser 0,20 F ou0,50 F puisque les pièces se trou-vaient dans la monnaie rendue sur7 ou 10 F. Aujourd’hui, cette con-sommation coûte le plus souvent1 ¤, un compte rond qui n’inciteguère à laisser un supplément.

« La première quinzaine de jan-vier, nous avons constaté dans lescafés, bars et restaurants une baissede 70 % du montant des pourboirespar rapport à janvier 2001 », indi-

que Hervé Dijols, du Syndicat dela restauration, limonade et hôtel-lerie (SNRLH). « Fin janvier, la dif-férence n’était plus que de 40 %, cequi laisse espérer un rétablissementprogressif », poursuit-il, tablantavec optimisme sur le fait que lesclients finiront par se débarrasserdes centimes d’euro qui encom-brent le porte-monnaie. « Là où leclient avait l’habitude de laisser10 F, il ne laisse plus que 1 ¤, soit30 % de moins. Rares sont ceux qui

osent laisser un billet », expli-que-t-on dans une brasserie.

Les modes de rétribution les plusfréquents dans la restauration sontle salaire fixe (dans les petits éta-blissements et en région) et larémunération au pourcentage (àParis et dans les grandes villes).Dans le cas d’une rémunérationproportionnelle au bénéfice, lespersonnels ne sont pas vraimentpénalisés. Lorsqu’elle est fixe, lemanque à gagner est évident. « Lesemployeurs négocient un salaireminimum en faisant miroiter lespourboires donnés par les clients.S’ils baissent trop, les patrons de-vront en tirer des conclusions »,explique une serveuse. Il y a unedizaine d’années, le montant despourboires pouvait atteindre 200 F(30,49 ¤) par jour. Aujourd’hui, onen serait loin, d’autant que le mou-vement a déjà été amorcé avecle paiement par carte bancaire.« Dans un secteur de moins enmoins attractif et où il manque30 000 emplois, le mécontentementpourrait déboucher sur des revendi-

cations salariales », confirme RémiPicaud, de la CGT.

Quant aux chauffeurs de taxi, ilsont constaté une baisse, voire pourcertains la disparition pure et sim-ple de la traditionnelle obole. « Il yavait déjà une différence entre lesgénérations : les personnes âgéesdonnaient beaucoup plus que lesjeunes, explique Michel Baloge, dela Chambre syndicale des artisanstaxis. Depuis l’apparition de l’euro,la majorité des clients ne laissentpratiquement plus rien, alors que,auparavant, le pourboire se chiffraitentre 4 % et 8 % du montant de lacourse. » Le pourboire devrait êtreinclus dans la rémunération dé-clarée. De fait, seul le « servicecompris » reversé par l’employeurau personnel en contact avec laclientèle est imposé. En effet,indique-t-on au ministère del’économie, « on ne peut préleverl’impôt sur des montants qui restentinconnus ».

Michaëla Bobaschet Françoise Lazare

Tous les mardisdatés mercredi,des conseils utiles

Tirage : A E H I N R S.a) En trois endroits différents,

placez trois huit-lettres différentsrapportant respectivement 71, 76et 94 points. Ecrivez sur la grillela meilleure solution, donnée ci-dessous.

Tirage suivant : A E E F R R U.b) En trois endroits différents,

placez trois huit-lettres différentsrapportant respectivement 61, 62et 71 points. Ecrivez sur la grillela meilleure solution, donnée ci-dessous.

Solution de a) : SAHARIEN,5 E, 94.

Tirage suivant : A C E G J P T.c) En quatre endroits différents,

placez quatre mots différents rap-portant respectivement 41, 44, 46et 46 points.

Solution de b) : AURIFERE, quicontient de l’or, J 2, 71.

Préparation de la grille de lasemaine prochaine.

d) DOUM, palmier d’Afrique, seprolonge en DOUMA, Assembléepolitique russe.

DOUMAS s’appuie sur les cinqlettres de RENAL. Trouvez cescinq sept-lettres.

Solutions dans Le Monde du13 février.

Solutions du problème parudans Le Monde du 30 janvier.

a) CULTURE, M 1, 82, faisantPRESSENTE.

b) UTRICULE, 1 E, 90 – LO-CUTEUR, 1 F, 83 – FLUCTUER,10 H, 67 – CULBUTER, 2 D, 66

– CULTUREL, 9 F, 63.c) MANGLE – MANGUIER –

MANGABEY – MANGANIN –MANGEOTER – MANGERIE –MANGEURE – MANGROVE.

Michel Charlemagne

A l’ombre des palétuviers

« Petite récompense au-delà du prix convenu », c’est surtout au café et aurestaurant que s’impose le pourboire selon le Larousse du XIXe siècle. « Nospères le désignaient sous le nom de vin du valet. Il n’est pas obligatoire, maisqui oserait s’en affranchir ?, explique l’ouvrage. Qui le croirait ? Des adminis-trations importantes spéculent, elles aussi, sur le pourboire. Ainsi, l’Admi-nistration des Petites-Voitures, escomptant à l’avance la générosité desvoyageurs, en profite pour ne donner à ses cochers que 3 francs par jour. Elle asoin de dire à ses employés : votre salaire est insuffisant, mais le bon public secharge de l’augmenter. (…) Bref, le peuple français, qui a renversé plusieurstrônes et fait trois révolutions pour abolir les abus, n’a point encore osé – iln’osera jamais – proclamer la suppression absolue du pourboire. Le jour où ille ferait, il ne mangerait plus, il ne boirait plus, il ne se promènerait plus, il…ne serait plus aimé. »

6 Lever du soleil à Paris : 8 h 15.Coucher du soleil à Paris : 17 h 55.

Avec le passage d’une perturbation levent tourne au nord-ouest et les tempé-ratures baissent et reviennent à desvaleurs de saison.

Bretagne, pays de Loire, Basse-Nor-mandie. Le ciel est assez nuageux avecdes averses parfois orageuses sur lescôtes de la Manche. Au fil des heures lerisque d’averse s’estompe et le ciel sevoile. Le vent de nord-ouest souffle enco-re fort le matin aux environs de70 km/heure.

Nord-Picardie, Ile-de-France, Cen-tre, Haute-Normandie, Ardennes. Leciel est partagé entre nuages et éclair-cies avec des averses dans la matinée. Lethermomètre indique entre 7 et 10degrés.

Champagne, Lorraine, Alsace, Bour-gogne, Franche-Comté. Le ciel est sou-vent nuageux avec quelques averses ouun peu de pluie. Il neigera sur les mas-sifs à partir de 1 000 mètres. Le thermo-mètre indiquera entre 7 et 11 degrés.

Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi-Pyrénées. Sur Poitou-Charentes, les nua-ges donnent des averses en matinéepuis l’après-midi les éclaircies dominent.Sur Aquitaine et Midi-Pyrénées les nua-ges sont nombreux et donnent des aver-ses parfois orageuses sur les Pyrénées,où la neige tombera à partir de 1 000mètres.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes.Les nuages sont nombreux surtout sur lerelief. Sur le Massif Central des aversesorageuses se produisent et la neige tom-be à partir de 1 000 mètres. Il fait plusfrais entre 5 et 10 degrés.

Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Sur la Cor-se et les Alpes du Sud, le ciel est cou-vert et il pleut de façon parfois soute-nue. Il neige à partir de 1 200 mètres.Des orages peuvent éclater en mer. Tra-montane et mistral se renforcent entre100 et 120 km/h.

Jeudi 7 février.La pluie arriverasur la Bretagne endébut de matinée,puis gagneraune grande moitiéouest. Sur la moitiéest, il neigeraencore un peule matinsur les Alpes,puis, après uneembellie, le cielse couvrira.

PRÉVISIONS POUR LE 7 FÉVRIER À 0 HEURE TUSITUATION LE 5 FÉVRIER À 0 HEURE TU

Une tradition bien ancrée

FRANCE

Ajaccio . . . . . . . . . . . . . . . .

Biarritz . . . . . . . . . . . . . . .

Bordeaux ... . . . . . .

Bourges . . . . . . . . . . . . .

Brest . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Caen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cherbourg . . . . . .

Clermont-F. .. . .

Dijon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Grenoble . . . . . . . . . .

Lille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Limoges. . . . . . . . . . . . .

Lyon ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Marseille . . . . . . . . . .

Nancy . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Nantes . . . . . . . . . . . . . . . .

Nice. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Paris... . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Perpignan. . . . . . . .

Rennes. . . . . . . . . . . . . . . .

St-Etienne . . . . . . .

Strasbourg... . . .

Toulouse. . . . . . . . . . .

Tours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

FRANCE -

Cayenne . . . . . . . . . . . .

. . . . . . .Fort-de-Fr.Nouméa... . . . . . . . . .

Papeete . . . . . . . . . . . . .

Pointe-à-P.St Denis Réu..

EUROPEAmsterdam . . . .

Athènes. . . . . . . . . . . . .

Barcelone ... . . . . .

Belfast . . . . . . . . . . . . . . . .

Belgrade . . . . . . . . . . .

Berlin . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Berne . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Bruxelles ... . . . . . . .

Bucarest . . . . . . . . . . .

Budapest. . . . . . . . . .

Copenhague. .

Dublin . . . . . . . . . . . . . . . . .

Francfort . . . . . . . . . .

Genève ... . . . . . . . . . . .

Helsinki . . . . . . . . . . . . .

Istanbul . . . . . . . . . . . . .

Kiev . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Lisbonne . . . . . . . . . . .

Liverpool ... . . . . . . .

Londres. . . . . . . . . . . . . .

Luxembourg .

Madrid. . . . . . . . . . . . . . . . .

Milan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Moscou... . . . . . . . . . . . . .

Munich . . . . . . . . . . . . . . . .

Naples . . . . . . . . . . . . . . . . .

Oslo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Palma de M. . . . .

Prague... . . . . . . . . . . . . . . .

Rome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Séville . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Sofia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

St-Pétersb.Stockholm .... . . .

Ténérife . . . . . . . . . . . . .

Varsovie . . . . . . . . . . . . . .

Venise... . . . . . . . . . . . . . . . .

Vienne. . . . . . . . . . . . . . . . . .

AMÉRIQUESBrasilia . . . . . . . . . . . . . . .

Buenos AiresCaracas ... . . . . . . . . . . . .

Chicago . . . . . . . . . . . . . .

Lima. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Los Angeles . . . .

Mexico . . . . . . . . . . . . . . . .

Montréal... . . . . . . . .

New York . . . . . . . . . .

San Francisco

Santiago Ch. .

Toronto . . . . . . . . . . . . . . .

Washingt. DC

AFRIQUEAlger. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Dakar. . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Kinshasa... . . . . . . .

Le Caire. . . . . . . . . . . . . . .

Nairobi . . . . . . . . . . . . . . .

Pretoria . . . . . . . . . . . . . .

Rabat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Tunis ... . . . . . . . . . . . . . . . . . .

ASIE-OCÉANIEBangkok . . . . . . . . . . . .

Beyrouth. . . . . . . . . . .

Bombay . . . . . . . . . . . . .

Djakarta . . . . . . . . . . . .

Dubaï . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Hanoï . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Hongkong . . . . . . .

Jérusalem . . . . . . . .

New Delhi . . . . . . .

Pékin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Séoul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Singapour . . . . . . . .

Sydney . . . . . . . . . . . . . . . .

Tokyo . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

PRÉVISIONSVille par ville, les minima/maxima detempérature et l’état du ciel. S : ensoleillé;N : nuageux; C : couvert; P : pluie; * : neige.

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. . . . . . .

06 FÉV. 2002

8/12 P9/12 P7/10 N

5/8 P6/10 P4/8 N6/9 P5/9 P

4/10 P-3/9 P5/8 N4/7 P

5/10 P7/12 S5/8 P

4/9 N9/12 P5/10 S3/8 P

6/10 S5/9 P

5/10 P5/9 P6/8 P5/9 N

2/12 S2/6 P0/5 S1/7 P

9/12 P-2/2 *7/13 S

1/7 P9/13 P5/17 S-4/7 S2/4 P5/6 N

16/22 S4/9 N4/8 P

-2/9 S

19/25 P15/25 S

23/28 S-11/1 S

19/24 P9/20 S8/22 S

-19/-13 S-2/3 S7/13 C

13/28 S-7/-2 S-2/6 S

8/17 P20/25 S22/27 P11/22 S

16/28 S20/33 S8/16 N9/18 N

24/32 S14/20 S19/29 S26/28 P14/24 S13/21 S12/21 S6/20 S13/23 S

0/9 S3/10 S

24/27 P26/28 S26/30 P24/30 P23/30 S25/30 S

5/8 N7/16 S

4/14 N3/5 S

-4/13 S5/10 N

2/5 P4/8 N

-12/10 S-2/8 N

4/7 P4/6 S4/9 N3/9 P3/4 P

7/14 N0/5 N

9/15 N4/7 S

2/8 N

2/6 N

25/31 S17/19 P

7/13 S

prévisions vers 12hprévisions vers 12h

Alger

Séville

Rabat

Lisbonne

Madrid Barcelone

Toulouse

Nantes

ParisStrasbourg

Berne

Lyon Milan

Bruxelles

Londres

LiverpoolDublin

Belfast

Amsterdam

Prague

Berlin

VienneBudapest

Varsovie Kiev

Bucarest

BelgradeSofia

Istanbul

Athènes

Naples

Tunis

Rome

Oslo Stockholm

Moscou

Odessa

Riga

MinskCopenhague

Munich

Paris

Le Havre

Reims

Troyes

Lille

Strasbourg

Mulhouse

DijonBourges

Orléans

Tours

Rennes

Brest

Poitiers

Limoges

Aurillac

Biarritz

TarbesPerpignan

Montélimar

Chamonix

Clermont-Ferrand

Toulouse

Nantes

Lyon

Grenoble

Bordeaux

MarseilleMontpellier Nice

Ajaccio

06 février06 février

Retrouvez nos grillessur www.lemonde.fr

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15ABCDEFGHI

KLMNO

J

A

L EESN

BY

M A GS

PRÉVISIONS POUR LE 7 FÉVRIER

HORIZONTALEMENT

I. Leurs fumées se répandentagréablement. - II. Passe sontemps à voir le temps passer. For-me d’avoir. - III. Enfant bête etméchant d’Alfred. Abri précairedans les froids sibériens. - IV. Eta-pe gastronomique sur la Loire.Des feuilles et beaucoup d’eau. - V.En famille avec le suivant. Fait del’ombre sur les tombes. Pour lesdéplacements en Ile-de-France. -

VI. Sa longueur est source de pou-voir. Travaillera sur la pièce. - VII.Par paquets de huit. Points. Faitla liaison. - VIII. Bien attrapé.Hameaux aux Antilles. - IX. Quel’on a peu de chances de rencont-rer. Florentin et pisan. - X. Pourvoir les choses de plus haut.

VERTICALEMENT

1. Ce ne sont pas eux qui décro-cheront les étoiles. - 2. Renseigne

sur votre compte. Plus solide unefois brisé. Peut faire une bonnetoile. - 3. Prend place. - 4. Romains.Complètement inutile. - 5. Sesaccords on fait couler beaucoupd’eau. Personnel. - 6. Ouvrier agri-cole. Que l’on entendra souvent. -7. Font un ensemble cohérent.Unité bulgare. - 8. De plus en plusdifficile à rencontrer. - 9. Du boisque l’on retrouve en cave. Appré-ciât. - 10. Entraîne les déchets versl’extérieur. Ceylan avec Lanka. - 11.Possessif. Ne porte pas encore debois. Refus à la City. - 12. Grossespertes.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU N° 02 - 031

HorizontalementI. Rentre-dedans. - II. Epiée. Es.

Bot. - III. Dam. Lectrice. - IV.Rubrique. Mer. - V. Eleveur. Lest.- VI. Sen. Féerie. - VII. Séti. Unir.PR. - VIII. Es. Rattrapée. - IX.René. Eau. - X. Rois. Roseaux.

Verticalement1. Redresseur. - 2. Epaulées. -

3. Nimbent. Ri. - 4. Té. RV. Ires. -5. Relief. An. - 6. Equeuter. - 7.Déçurent. - 8. Este. Rires. - 9. Lira.- 10. Abîmée. PEA. - 11. Noces.Peau. - 12. Stertoreux.

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I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

Soleil Peu nuageux

Brèves éclaircies

Couvert

Averses Pluie

Vent fortBrouillardNeigeOrage

L’euro risque-t-il de faire disparaître le pourboire ?

A U J O U R D ’ H U I

Page 28: e Le gigantisme militaire de Bush

30/LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002

APRÈS avoir débuté avec AndréTéchiné (Les Roseaux sauvages en1994, puis Les Voleurs), elle a tra-vaillé notamment avec Gaël Morel(A toute vitesse), Christine Laurent(Transatlantique) ou Marie Ver-millard (Imago). Dès Les Amants cri-minels (1998), François Ozon luiavait proposé d’éclairer ses films.Un engagement avait obligé lecinéaste et la jeune directrice de laphoto à remettre leur collabora-tion au tournage de Gouttes d’eausur pierres brûlantes. Leur conniven-ce n’a fait que se confirmer sur lesplateaux de Sous le sable et de8 femmes.

Comment définiriez-vous lerapport de François Ozon à lalumière ?

Il aime les lumières artificielles,et, en même temps, il a un pen-chant inattendu pour la simplicité.Avoir débuté seul, tournant descourts métrages en super-8 sur les-quels il occupait tous les postestechniques, lui a permis de connaî-tre sinon la technique, du moins lespossibilités qu’elle offre. Il a tou-jours une idée précise, et très origi-nale, de ce qu’il veut. Jamais je neferais les mêmes lumières pour unautre cinéaste. Dès notre premièrerencontre, nous avions été frappéspar la similitude de nos approches,même s’il me surprend parfois enréclamant des outrances, un mau-vais goût délibéré que, sur lemoment, je ne comprends pas.C’est seulement en voyant le filmterminé que ces options prennentleur sens.

Y a-t-il une utilisationdramatique de la lumière dans8 femmes ?

Au début, nous avons accentuéle caractère théâtral de la situa-tion : tout est très éclairé, commesur une scène de mauvais boule-vard ; il fallait qu’on voie bien toutle décor, tous les détails, pourensuite pouvoir se concentrerdavantage sur les actrices, s’appro-cher, nuancer. François Ozon nem’a pas donné de consignes parti-culières. Il me laisse traduire enlumière ce que je crois être sadémarche générale. Le scénario gui-de l’éclairage, mais celui-ci naît aus-si de ce qui arrive durant le tourna-ge. Comme nous avons, pour l’es-sentiel, filmé dans l’ordre de l’his-toire, il est possible de tenir comp-te non seulement des évolutionsmétéorologiques (passage du soleilau temps neigeux, puis à la nuit,puis retour du jour) mais aussi desévolutions de la situation dramati-que.

François Ozon vous a-t-il indi-qué des modèles, par exempledans l’histoire du cinéma ?

Il voulait retrouver l’ambiancedes grands films hollywoodiens enTechnicolor, avec leurs teintes spec-taculaires, dont l’absence de réalis-me résultait moins d’un choix maisdes contraintes techniques desannées 1940 et 1950. Nous avonsregardé les films de Hitchcock encouleur, Le Mirage de la vie, de Dou-glas Sirk, et chercher à retrouverces tonalités.

Comment filme-t-on autant de

vedettes réunies sur un mêmeplateau ?

D’abord, il faut se souvenir queFrançois Ozon cadre lui-même : entenant la caméra, c’est lui qui a ledialogue rapproché avec les actri-ces sur la manière de les filmer. Dis-pensée de cet aspect, je peux meconsacrer à la lumière. La demandede François était simple : il voulaitque les comédiennes soient belles.S’il y a de l’ironie dans le film, ellene passe pas par l’éclairage.

Les actrices étaient-ellesméfiantes quant à la manièredont elles seraient éclairées ?

Elles ont fait des essais, qui lesont rassurées. Ce qui n’empêchaitpas Catherine Deneuve de venirassister aux rushes, ou IsabelleHuppert d’y dépêcher sa ma-quilleuse. Si j’ai essayé de mettrechacune en valeur, je n’ai pas fait lamême lumière pour toutes : sché-matiquement, les vedettes les pluscélèbres sont éclairées comme desstars de jadis, les plus jeunes ontun éclairage plus neutre, plus con-temporain.

Propos recueillis parJean-Michel Frodon

Le livre En lumière, qui vient de paraî-tre chez Dujarric (232 pages, 37,50 ¤),est composé d’entretiens de Domi-nique Mayet avec 37 cinéastes, quiparlent, chacun, de leur chef opéra-teur favori – les uns et les autres pho-tographiés par Sylvie Biscioni. On ytrouve notamment le portrait deJeanne Lapoirie par François Ozon.

Au bonheur des dameset des ombres

..

Jeanne Lapoirie, chef opératrice

« Je ne ferais pas ces lumières pour un autre »OÙ SITUER, dans le paysage ciné-

matographique français, FrançoisOzon ? Son apparence – bronzé,beau brun aux yeux éclatants etconscient de l’être, habillé sobremais de bon goût, paraissant enco-re plus jeune que ses 34 ans – four-nit un élément de réponse : ce réali-sateur prend soin de ne ressemblerà aucun cliché quant à l’apparencedes artistes et des intellectuels. Enquoi il est parfaitement cohérentavec son cinéma, fondé notam-ment sur l’esquive des conventionsd’auteurs accumulées par quaranteans de cinéma, en France plusqu’ailleurs. Cinéphile érudit, rompuà la théorie comme aux pratiques –des plus austères aux plus sophisti-quées – de la réalisation, déjà las dedevoir se définir pour ou contre lesécoles et coteries établies, il cons-truit film après film une trajectoireoriginale dans un monde habituéaux quadrillages et balisages.

Deux courts métrages, Une robed’été (1995) et Regarde la mer(1996), et cinq longs – Sitcom en1997, Les Amants criminels en 1998,Gouttes d’eau sur pierres brûlantes(1999), Sous le sable (2000) et 8 Fem-mes – jalonnent ce parcours peucommun. Le fait même qu’un jeunecinéaste parvienne à signer un filmchaque année est suffisammentrare pour attirer l’attention. Lors-qu’il dit, en toute conscience duparadoxe, « chaque film nourrit leprécédent » et « chaque film naîtcontre le précédent », il définit préci-sément sa manière de fonctionner.Cette contradiction dynamique, au

cœur de sa démarche, lui a valuquelques tenaces malentendus.

A l’université où il étudie le ciné-ma, puis à la Femis, il se souvientavoir dû, et n’avoir pas pu, choisirson camp entre « les renoiriens, lesstraubiens, les scorsesiens purs. Je mesentais écartelé entre des goûts consi-dérés comme antinomiques. » Parceque ses films affichent sa défiancedu naturalisme, il s’est trouvé enrô-lé malgré lui sous la bannière desantiréalistes. Mais il rappelle avoir,étudiant, consacré sa maîtrise à « lamanière dont l’acte social du tourna-

ge modifie les films chez Maurice Pia-lat ». Et, réquisitionné de force con-tre la nouvelle vague, il rend hom-mage à Eric Rohmer, son prof à lafac, « toujours concret, qui ensei-gnait le découpage à partir de mat-ches de tennis, et m’a appris l’impor-tance de la cohérence économiqueavec un projet artistique », et à JeanDouchet, dont les conférences à laFemis « donnaient une formidableenvie de voir les œuvres ».

A l’université puis à la Femis, il sefélicite surtout d’avoir appris à « fai-re », souvent avec très peu demoyens matériels, découvrant sonvocabulaire personnel en prati-quant seul le super-8 avant d’expéri-

menter le travail collectif. Et s’ilrevendique une influence, voire unmodèle, c’est celui de cet ogre horsnorme que fut Rainer Werner Fass-binder, si moderne et si ancré dansune tradition classique et romanti-que. La découverte de ses films,« dans le désordre », lors d’unerétrospective lui paraîtra commeune révélation. Non seulementGouttes d’eau est l’adaptation d’unepièce de Fassbinder, mais, plusencore que Femmes de Cukor, réfé-rence trop évidente, il cite Les Lar-mes amères de Petra von Kant com-me source principale de 8 femmes.

S’il ne fait pas mystère d’une cer-taine indifférence envers la « tradi-tion française », il revendique sonamour pour le glamour et les gran-des formes. Celles de Hollywood,représenté par « des Européens émi-grés » (Douglas Sirk, Vincente Min-nelli), mais aussi Max Ophuls, etencore Jacques Demy ou ClaudeChabrol, qui en ont, par des che-mins très différents, fait le maté-riau de leur modernité. Et c’est àpropos d’un autre grand moderne,Alain Resnais, qu’il énonce ce quiressemble à une profession de foi :« Il est toujours dans l’expérimenta-tion, dans l’aventure de nouvellesformes, où est inclus l’artifice ducinéma lui-même. Je me méfie deseffets de vérisme, je trouve indispen-sable de laisser au spectateur une dis-tance, une liberté, en faisant un ciné-ma qui se revendique comme repré-sentation. »

J. -M. F.

8 , de François Ozon b Un casting de rêve qui met aux prises huit actrices en grande forme, un réalisateur qui, de film en film, affermit

sa manière de démêler le vrai du faux et d’explorer les lois du désir, il n’en fallait pas plus, et pas moins, pour réussir une œuvre moderne et drôle

Un séducteur expérimental

..

UN BONHEUR de spectateur.Avec verve et finesse, 8 femmes sus-cite rire et émotion, d’une qualitéinhabituelle dans le cinéma contem-porain. Si le film est construit surdes fondations tout ce qu’il y a deplus classiques – un huis-clos poli-cier « à la Agatha Christie » et unedistribution all stars, garantie d’unecertaine efficacité mais, rarement,d’originalité ou de légèreté —, il tirele maximum de ces atouts et ne selaisse jamais enfermer par eux.

Qui a tué Marcel ? La questionrésonne dans une grande maisonbourgeoise entourée de neige, ouplus exactement dans un décor, affi-ché comme tel dès la première ima-ge, sans pourtant lever l’ambiguïtéentre deux propositions : « Vousvoyez bien qu’on est au spectacle »et « Toute maison bourgeoise estun décor ». La mère, l’épouse, la bel-le-sœur, la sœur, les deux filles etles deux servantes de Monsieur s’in-terrogent, s’affolent, se soupçon-nent, se déchirent, se révèlent, enun jeu sans cesse livré à des rebon-dissements de Grand-Guignol.

La tentation est grande de mettreen compétition les interprètes de cejeu de rôle, de dupes, et parfois demassacre. Il est beaucoup plusapproprié de constater combien,ensemble, elles produisent un effetcomique imparable, constammenttraversé d’émotions sourdes, detremblements indécidables.

Il faut donc louer nos grandesdames, toutes générations et noto-riétés confondues, non seulementpour les qualités que l’on reconnaîtdepuis longtemps aux plus célèbresd’entre elles, mais aussi pour lavaillance et la subtilité avec lesquel-les elles se donnent, chacune et tou-tes, à l’intérieur de ce jeu singulier,loin d’être sans danger pour elles.

Ce n’est pas tout. Avoir réuni sem-blable affiche était évidemment unjoli coup de marketing ; avoir hissél’assemblage des personnalités quila composent en une troupe au ser-

vice d’une œuvre est une réussitede cinéaste, autrement importante– la seule dont on se soucie. Encorecela ne dit pas tout de ce qu’accom-plit François Ozon, et qui fait le prixde son film.

Il est courant qu’un réalisateurétablisse son emprise sur ses vedet-tes pour tirer le meilleur parti deleur talent et de leur puissance deséduction, tout en les pliant à sesbuts. Il arrive même que cetteemprise s’étende à tous les compo-sants du film, ce qui est explicitedans 8 femmes, dont les décors, lescostumes, la lumière, les dialogues,la bande-son (musique et bruits), lemontage se revendiquent claire-ment comme autant d’artefactsdont joue le cinéaste. Démonstra-

tion de maîtrise, certes, mais quin’est qu’une manière d’engendrerun miracle – proprement cinémato-graphique, jusque dans son utilisa-tion des dispositifs théâtraux : fairejaillir la vérité de tant de trucages.

Ce miracle, qui porte tout le filmet transcende son habileté, n’est nul-le part mieux visible que dans lesscènes les plus artificielles : cellesoù, à tour de rôle, les huit protago-nistes interrompent le cours de l’ac-tion pour interpréter, face à la camé-

ra, un numéro chanté et dansé,emprunté au répertoire de la varié-té française. Il n’y a pas d’amour heu-reux, d’Isabelle Aubret à DanielleDarrieux, Toi jamais, de Jean Man-son à Catherine Deneuve, Messagepersonnel, de Françoise Hardy à Isa-belle Huppert, A quoi sert de vivrelibre ?, de Nicoletta à Fanny Ardant,Pile ou face, de Corynne Charby àEmmanuelle Béart, Mon amour,mon ami, de Marie Laforêt à Virgi-nie Ledoyen, Pour ne pas vivre seule,de Dalida à Firmine Richard etPapa t’es plus dans le coup, de Sheilaà Ludivine Sagnier : ces tubes pour-raient être autant de gadgets enton-nés en aparté, huit instants dekitsch extrême, surtout dans les cos-tumes et les décors voulus par lemetteur en scène. C’est tout le con-traire : là, quelque chose d’intime se

dévoile ; le mystère de la présence –celle des femmes comme celle desactrices – se laisse voir, à défaut depouvoir être jamais expliqué : si lecinéma, comme tous les arts, peutrésoudre les énigmes (qui a tué Mar-cel ?), il n’a pas le pouvoir d’éluci-der les mystères. Quand les voix serisquent à affronter le chant, quandles corps se livrent à la danse,quand les interprètes renoncent à laprotection du scénario, quand ils sejouent de la distance née de la trivia-lité des airs et de l’écho entre lesparoles et la situation des personna-ges, une étrange opération vérités’accomplit au cœur même des puis-sances du faux.

Cette quête de la vérité est han-tée par les mêmes thèmes que leprécédent film de François Ozon,Sous le sable, aux partis pris stylis-

tiques pourtant diamétralementopposés : la perte de l’autre, la dis-parition de l’homme (moins le prin-cipe masculin en tant que tel quel’autre pôle d’un équilibre), l’angois-se devant la vie comme devant lamort. Une même obsession traver-se tous les films du réalisateur : ledésir. Il ruisselle de toutes parts,malgré les codes et les digues.

8 femmes est aussi hanté, évidem-ment, par l’histoire du cinéma. Auxinnombrables références qu’onpourra, ou non, s’amuser à repérers’en ajoute une, aussi touchanteque paradoxale. François Ozon ditn’avoir pas de goût particulier pourle cinéma de François Truffaut.Pourtant, lorsqu’il réunit à l’écrandeux des plus belles interprètes ducinéaste, Catherine Deneuve et Fan-ny Ardant, il est rattrapé par son

principe de vérité. Il le conduit àévoquer le fantôme de Truffaut encitant une réplique célèbre qui figu-re dans deux de ses films : « C’est àla fois une joie et une souffrance. »Au-delà de la référence, de la révé-rence même, la tension qui irradiel’écran est la même qui habite toutel’œuvre de l’auteur de La Chambreverte : l’invention du cinéma moder-ne au cœur même du classicisme,en assumant crânement tous sesprocédés.

J. -M. F.

« Chaque filmnourrit le précédent,chaque filmnaît contrele précédent »

Quelque chose

d’intime se dévoile ; le

mystère de la présence

– celle des femmes

comme celle des

actrices – se laisse

voir, à défaut de

pouvoir être expliqué

C U L T U R Ec i n é m a

Film français, avec Fanny Ardant,Emmanuelle Béart, DanielleDarrieux, Catherine Deneuve,Isabelle Huppert, VirginieLedoyen, Firmine Richard,Ludivine Sagnier. (1 h 43.)

Six des huit femmes de ce huis clos « à la Agatha Christie ». De gauche à droite, Virginie Ledoyen, Danielle Darrieux,Fanny Ardant, Catherine Deneuve, Isabelle Huppert et Emmanuelle Béart.

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LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002/31

VOICI un film tour d’honneur,une manœuvre sans enjeu exé-cutée pour le plaisir, celui duvainqueur et celui des specta-teurs. En quatre ans, depuis lasortie de Hors d’atteinte, StevenSoderbergh a réussi une perfor-mance à la Harry Houdini, s’éva-dant de son statut de cinéastemarginal incapable de succès com-mercial pour réapparaître au pina-cle du temple hollywoodien.

Ocean’s Eleven est le trèsluxueux cadeau que Steven So-derbergh s’est offert après cetteconsécration (officialisée lors dela dernière cérémonie des Os-cars). Loué pour son attentionaux problèmes du moment (lalutte contre les industries polluan-tes dans Erin Brokovich, le traficet la consommation de stupé-fiants dans Traffic), Soderberghexécute une pirouette qui lui faitrésolument tourner le dos à laréalité, au point de filmer à LasVegas. Ocean’s Eleven reprend letitre et la situation de départ d’unfilm tourné en 1960 par LewisMilestone. On y voyait Frank Sina-tra réunir une fine équipe dans lebut de cambrioler trois casinos enune seule nuit. Si le film est restédans les annales, c’est unique-ment parce qu’il fut l’occasion dela seule réunion à l’écran du RatPack, la bande qui gravitait au-tour de Sinatra.

Quarante et un ans plus tard,George Clooney reprend le nomde Danny Ocean et se fait sergentrecruteur. La première séquencele montre comparaissant devantune commission d’applicationdes peines : le cheveu long et gri-sonnant, il ne paie pas de minedans son uniforme de prisonnier.

Libéré sur un mensonge éhonté,il récupère sa tenue civile, unsmoking, et entreprend de violerchacune des restrictions que lui aimposées la commission. Il quittela Côte est pour la Californie etentame sa campagne d’embau-che.

Plus chanceux que Sinatra,

Clooney ne ramène dans ses filetsque de vrais acteurs : Brad Pitt,Matt Damon, Don Cheadle,Elliott Gould ou Carl Reiner (qui,avant d’être réalisateur, fut l’undes grands comiques de la télé-vision américaine). Voilà qui seprésente mieux que la combi-naison Peter Lawford - SammyDavis Jr - Dean Martin…

On aura reconnu le premier destrois temps de la liturgie du film

de bande : la réunion, qui sera sui-vie de la préparation précédantelle-même l’exécution – du hold-up en l’occurrence, mais ce pour-rait être la défense d’un villagejaponais ou mexicain, ou uneopération derrière les lignes alle-mandes.

Steven Soderbergh respecte àla lettre les prescriptions dugenre, agaçant gentiment lesattentes nées de la lecture de l’af-fiche (Dieu, que Julia Roberts metde temps à apparaître !), donnantà chacun des partenaires de Cloo-ney le temps et l’espace nécessai-res à un petit numéro dont l’ad-dition fait un joli assortimentd’amuse-bouche en attendant leplat de résistance du hold-up.

Brad Pitt, l’alter ego, La Boétiede ce Montaigne du fric-frac, setaille la part du lion dans ce prolo-

gue délicieusement interminable.George Clooney le retrouve entrain d’inculquer les rudiments dupoker à un groupe de jeunesacteurs hollywoodiens (dans lavie et dans le film) menés parTopher Grace, la vedette de That70’s Show. S’inspirant éhonté-ment des manières de SteveMcQueen, Pitt ridiculise sescadets et affirme son statut d’égalde Clooney. Les apparitions suc-cessives d’Elliott Gould en reliquedes années 1970, de Carl Reineren rabbi des monte-en-l’air, deDon Cheadle en expert ès coffresaffligé d’un étrange accent cock-ney se suivent jusqu’à ce que tout(le scénario, les acteurs, les specta-teurs) soit prêt pour la deuxièmephase. La méthode choisie parOcean et ses complices rappellebeaucoup celle retenue par PaulNewman et Robert Redford dansL’Arnaque.

Pour faire exister cette joyeuse

équipe et son équipée, il faut unméchant et un enjeu amoureux.Dans le rôle de Terry Benedict,patron de casino, rival de DannyOcean, Andy Garcia témoigned’une grande abnégation. Alorsque ses confrères sont autorisés àdéployer leurs charmes de super-stars, Garcia compose un êtresombre, inspiré des films degangsters de Scorsese ou De Pal-ma, qui montre que, à l’extérieurde l’univers enchanté suscité parSoderbergh, la réalité est tou-jours prête à faire valoir sesdroits. Julia Roberts ne fait quequelques apparitions, souvent pé-rilleuses. Elle doit faire admettreque son personnage a eu raison

de quitter l’exquis Clooney pourl’odieux Benedict et de se compor-ter en pimbêche conformiste quitient le vol avec effraction pourun métier de seconde zone. Grâceà une garde-robe irréprochable,elle se tire avec les honneurs dece mauvais pas.

Pour faire exister ce film bullede savon, le réalisateur déploiedes moyens colossaux. On a déjàremarqué qu’il a réuni une dis-tribution que les tarifs en vigueurdans les agences hollywoodien-nes rendaient théoriquement im-possible. Son amitié avec GeorgeClooney et Julia Roberts lui a per-mis de passer l’obstacle. Grâceaux accointances de Jerry Wein-traub, le producteur du film, l’Hô-tel Bellagio de Las Vegas a ététransformé en décor. La ville elle-même perd le peu de réalitéqu’on a pu lui trouver dans lesrécents films de Mike Figgis ou dePaul Verhoeven.

Les néons et les machines àsous ont la même existence queles éléments de décors lumineuxd’une comédie musicale des an-nées 1950. Quant aux modalitéspratiques du casse, elles relèventaussi du conte de fées : les gad-gets électroniques ne sont là quepour jeter de la poudre aux yeux,masquer les invraisemblancessuperbes du scénario. Mais cen’est que longtemps après êtresorti de la salle que l’on réalisetout ce que cette entreprise peutavoir de dérisoire.

Thomas Sotinel

Ocean’s Eleven, de Steven Soderbergh b Le réalisateur d’« Erin Brokovich » confirme son statut de bon élève de Hollywood

et offre à George Clooney un rôle incarné en 1960 par Frank Sinatra

Désordre

amoureux

en galerie

marchande

SE SOUVENIR des Choses, deGeorges Perec, de ce temps lointainoù la possession et la consomma-tion envahirent tous les comparti-ments de la vie. Depuis, on s’esthabitué à l’occupation consécutiveà cette invasion et Petites misères,premier long métrage du duo béné-luxien formé par Philippe Boon etLaurent Brandenbourger, a pourpremier mérite de remettre àl’écran l’emprise des choses sur lesgens.

Jean (Albert Dupontel) n’est pasmonté très haut dans l’estime deses beaux-parents, d’abord parcequ’il est huissier de justice, profes-sion aussi lucrative que mal considé-rée, ensuite parce qu’il est stérile.Pourtant son épouse, Nicole (MarieTrintignant), semble prendre cescontrariétés avec résignation. Maisun jour le chemin de cette femmeau foyer croise celui de Georges(Serge Larivière), consommateurfanatique. Parce que Georges estprêt à se sacrifier en achetant desproduits très chers (un téléviseur àécran à plasma, par exemple) pourqu’un jour ils soient fabriqués ensérie et que tout un chacun puissel’acheter, sa boîte aux lettres est plei-ne de sommations, dont il évite lesconséquences les plus extrêmes ense faisant le complice des trafics deJean. Le consommateur frénétiqueconquerra la femme de l’huissier enla délivrant de sa frigidité de con-sommatrice (elle hante les maga-sins sans jamais se décider à ache-ter), leur liaison charnelle n’étantqu’un symptôme secondaire de leurfièvre acheteuse, comme le prouveune sieste adultère interrompue parune émission de téléachat.

Dans cet arrangement forcément

instable, le rôle de conscience socia-le est dévolu à Eddy, un gentil poli-cier (Bouli Lanners) qui, au lieud’aider l’huissier dans ses saisies deréfrigérateurs, préfère se penchersur les gens et leurs malheurs,grands et petits, ce qui ralentit consi-dérablement le rythme de travail del’officier de justice. La première moi-tié de Petites misères est dévolue à lamise en place du triangle amou-reux, à la description du désordreque l’arrivée d’Eddy provoque dansla vie professionnelle de Jean. Boonet Brandenbourger trouvent alorsun joli équilibre entre la description(qui reste toujours légèrement àl’écart du réalisme) et la réflexion(parfois portée par de jolies trou-vailles comiques ou poétiques).

La satire sociale et morale est ungenre assez peu pratiqué au cinémaces temps-ci. Avec pas mal d’élégan-ce, ce duo de débutants prouve quecet état de choses procède plus dela paresse ou du désintérêt que dela nécessité. C’est pourquoi on neleur en voudra pas trop de menerleur scénario dans une impasse, etde l’en sortir par des contorsionsqui affaiblissent considérablementla dernière partie du film.

T. S.

LONDRESde notre envoyé spécial

La scène se passe le 8 décembre2001, dans un grand hôtel surHyde Park. La veille, l’équiped’Ocean’s Eleven, réalisateur entête, est allée remonter le moraldes troupes américaines sur unebase en Turquie. Arrivés à Lon-dres, Steven Soderbergh et sesacteurs ont réquisitionné plusieursétages de l’hôtel afin d’assurer lapromotion du film dans toute l’Eu-rope. Dans les couloirs, GeorgeClooney se rend à un entretienpour la télévision allemande pen-dant que Matt Damon s’apprête àrencontrer une poignée de Scan-dinaves.

C’est la conclusion logiqued’une aventure démesurée. StevenSoderbergh résume ainsi la produc-tion de Ocean’s Eleven : « C’estcomme passer cinq mois à l’arrièred’un réacteur d’avion en marchetout en essayant de lire Ulysse, deJoyce. Il faut de la concentration. »Effectivement, au milieu de l’agita-tion communicative qui a saisi lepalace londonien, le réalisateur estprêt à parler cinéma, pour de vrai.

Il explique d’abord sa rencontre

avec Jerry Weintraub, le produc-teur du film, soutien fidèle du Partirépublicain, célèbre à Hollywoodpour son interventionnisme :« Sans lui, je n’ose imaginer le nom-bre de compromis artistiques quej’aurais dû faire. C’est une présencesur le plateau, comme Darryl Za-nuck autrefois. Mais, grâce à lui,je n’ai eu d’autres limites que cellesde mon imagination. » Ce coupleimprobable s’est si bien trouvéque Soderbergh a entrepris derecueillir les souvenirs de Wein-traub dans le but d’en faire unlivre.

Steven Soderbergh est de cesréalisateurs qui tournent leur nou-veau film contre le précédent. Traf-fic visait au réalisme, Ocean’sEleven ne prétend même pas à lavraisemblance : « Mon souci étaitdouble : ne jamais être assez réalistepour que le public se mette à penseren termes de possibilités, tout en fai-sant en sorte que les relations entrepersonnages apparaissent natu-relles et vivantes. Ce n’est pas unéquilibre que l’on souhaite à chaquefilm. Par exemple, le pinge [l’appa-reil qui permet à la bande de Dan-ny Ocean de couper le courantdans tout Las Vegas] existe pour devrai, dans un laboratoire de Califor-nie du Nord. Mais il est plus grandque la pièce dans laquelle nous noustrouvons et on ne peut pas lecharger dans un camion. Je medemande d’ailleurs pourquoi on ainventé cette chose. »

On est alors le lendemain de lasortie du film aux Etats-Unis. Lespremiers chiffres sont bons, maisencore insuffisants pour se faireune idée du succès commercial,qui sera finalement énorme. Enrevanche, la plupart des critiquessont parues, et beaucoup ont étésévères pour Julia Roberts, ce quitracasse visiblement Soderbergh :« Elle était inquiète à l’idée que lesgens trouvent son personnage tropdur. Si c’est le cas, c’est de ma faute,c’est ce que je lui ai demandé. Jecrois que, tout du long, j’avais entête ce travelling qui la suit à traversle casino, au cours duquel elle passed’une relation à l’autre. C’est l’un demes moments préférés du film. »

’Le lendemain, le succès commer-

cial du film est certain. Les ve-dettes masculines du film (JuliaRoberts n’a pas fait le voyage deLondres) donnent une conférencede presse. Une journaliste de-mande à George Clooney s’il saitque, dans le dernier épisode de Sexand The City, il a été élu par lesquatre New-Yorkaises fantasmefavori lors de leurs sessions de plai-sirs solitaires. A peine surpris, l’ac-teur répond de bonne grâce avantque la journaliste enchaîne : « Jeviens d’Israël. Que pensez-vous duterrorisme ? » Steven Soderberghcontemple la scène mi-amusé, mi-atterré. Il pense peut-être au filmqu’il a déjà fini entre le tournage etla sortie d’Ocean’s Eleven.

Full Frontal, satire des mœurshollywoodiennes, a été tourné envidéo digitale, en 18 jours et pour2 millions de dollars. Les vedettes,parmi lesquelles Julia Roberts etDavid Duchovny, s’étaient enga-gées avant le tournage à « arriversur le plateau par leurs propresmoyens et à prendre en charge laconception et l’entretien de leurgarde-robe et de leur maquillage ».Avec Steven Soderbergh, on nepeut être sûr que d’une chose : ilne sera jamais là où on l’attend.

T. S.

Quand Kennedy, Sinatraet la bande du Rat Packdéfrayaient la chronique

Petites Misères, de Boon

et Brandenbourger

..

Film belge de Philippe Boon et Lau-rent Brandenbourger. Avec AlbertDupontel, Marie Trintignant, Ser-ge Larivière. (1 h 22.)

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Steven Soderbergh, du réalismeà l’invraisemblance

EN JANVIER 1960, John Fitzge-rald Kennedy annonçait sa candida-ture à l’investiture démocrate pourl’élection présidentielle. Le mêmemois, le Rat Pack, groupe de chan-teurs et de comédiens menés parFrank Sinatra, l’un des plus fidèlessoutiens du candidat Kennedy, tour-nait Ocean’s Eleven (en français :L’Inconnu de Las Vegas).

Sinatra avait acheté, en 1956, lesdroits d’une histoire de casse dontl’organisation minutée permettaitde dévaliser plusieurs casinos deLas Vegas en une soirée. Ocean’sEleven devint rapidement l’histoirede onze parachutistes de la secon-de guerre mondiale qui se retrou-vaient pour une dernière mission.A la différence du film de Soder-bergh, les onze braqueurs avaient

tous une raison précise de partici-per à ce casse. L’un d’eux, par exem-ple, était atteint d’un cancer et vou-lait profiter de cet ultime coup pourpayer les études de son fils.

Sinatra, qui produisait le filmsous la bannière de sa société, Dor-chester Productions, jouait le rôledu meneur, Danny Ocean. Lesautres membres du Rat Packétaient tous là : Sammy Davis Jr,Peter Lawford, Joey Bishop, DeanMartin. Angie Dickinson interpré-tait la femme de Danny Ocean.Richard Conte, Akim Tamiroff,Henry Silva et George Raft tenaientdes rôles plus ou moins importants.Shirley McLaine apparaissait dans

un emploi de figurante. La réalisa-tion fut confiée à Lewis Milestone,un vétéran, titulaire d’un Oscarpour A l’ouest rien de nouveau, etcontraint de jouer les utilités. « Ondit que c’est un boulot difficile d’êtreacteur, déclara Dean Martin sur letournage. Du boulot, ça ? Moncul ! » Ocean’s Eleven se révéla unesinécure pour les membres du RatPack. Leur emploi du temps consis-tait à chanter à tour de rôle sur lascène d’un hôtel de Las Vegas, à sesaouler jusqu’à l’aube, et à arrivertant bien que mal au travail. Le tour-nage d’Ocean’s Eleven devint l’undes plus chroniqués par la pressespécialisée. On évoquait le sommetdu Rat Pack en écho au sommet àParis organisé par Khrouchtchev,Eisenhower et de Gaulle.

John Kennedy fit un saut sur letournage. Selon Nick Tosches dansDino, sa biographie de Dean Martin(publiée aux éditions Rivages), unesacoche contenant 1 million de dol-lars, cadeau d’un des propriétairesd’un hôtel de Las Vegas, attendaitle futur président. Toujours selonNick Tosches, Sinatra présenta àKennedy une starlette de 25 ansnommée Judith Campbell, qui luidispensait ses faveurs. Judith Camp-bell commença à cette occasionune liaison de deux ans avec le can-didat démocrate.

Ocean’s Eleven fut l’un des plusgros succès de l’année 1960, justederrière Spartacus et Psychose. Lefilm a depuis énormément vieilli. Ilreste le magnifique générique deSaul Bass, tout en néons scin-tillants, des numéros d’acteurs réus-sis, et la célèbre chanson de SammyCahn interprétée par Nelson Rid-dle, Ain’t That a Kick in the Head.Martin Scorsese voyait dans le filmde Lewis Milestone l’une de ses ins-pirations pour Casino. Ocean’s Ele-ven représentait effectivement undocument de première main sur lagrande foire aux illusions qu’étaitLas Vegas.

Samuel Blumenfeld

« Ocean’s Eleven »

fut l’un des plus gros

succès de l’année

1960, juste derrière

« Spartacus »

et « Psychose »

Association de superstars pour un casseaux moyens colossaux à Las Vegas

Film américain de Steven Soder-bergh. Avec George Clooney, BradPitt, Julia Roberts. (1 h 56.)

Danny Ocean (George Clooney) debout devant son ex-femme,Tess (Julia Roberts), qui vient de le quitter pour l’odieux Benedict(Andy Garcia, à gauche).

C U L T U R E c i n é m a

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32/LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002

ROTTERDAMde notre envoyé spécial

L’écho est unanime, et les visa-ges radieux : Cinemart est l’endroitrêvé pour les professionnels ducinéma indépendant, et jamais lemarché n’a été aussi riche que cetteannée. Conviviale et efficace, cettestructure mise en place voici vingtans par le festival de Rotterdam estdevenue le plus grand marché mon-dial pour les projets en développe-ment. Producteurs, distributeurs etvendeurs internationaux s’y retrou-vent chaque année pour nouer descontacts et trouver des partenairesfinanciers, pour des projets qui peu-vent aller de 300 000 euros (Figner,des Sud-Africains Jean et ZinaidMeeram) à 9 millions d’euros (TheTulse Luper Suitcase, de Peter Gree-naway). 43 projets ont ainsi étésélectionnés cette année, en présen-ce de quelque 700 professionnels,donnant lieu à plus de 6 000 ren-contres dans les cinq jours durantlesquels s’est tenu le marché.

Déjà associé à des structuressimilaires à Pusan, Tokyo ou NewYork, Cinemart a inauguré cetteannée une collaboration avec lemarché européen du film de Berlin,où six projets sélectionnés à Rotter-dam seront présentés mardi12 février. Il s’agit de Father andSon, d’Alexandre Sokourov (Rus-sie), The Giggle Factor, de JamesBabbit (Etats-Unis), La Niña santa,de Lucrecia Martel (Argentine),The Paradise Girls, de Fow Pyng-hu(Pays-Bas), Springtime in a SmallTown, de Tian Zhuangzhuang (Chi-ne), et Waiting for the Clouds deYesim Ustaoglu (Turquie). Parailleurs, le prix Prince Claus, d’unmontant de 15 000 euros, a récom-pensé The Photograph, projet defilm de la scénariste indonésienneNan T. Achnas.

Déjà exténuée par le succès inter-national de son film, la discrète ettalentueuse Lucrecia Martel,auteur de La Cienaga, envisageait,heureuse mais la mine déconfite

son voyage programmé à Berlin.C’est que le projet de son deuxiè-me long métrage a déjà suscité àRotterdam toutes les convoitises.Du moins, la jeune Argentine est-elle assurée de produire son pro-chain film, ce qui est loin d’être lecas, en raison de la crise qui règnedans son pays, des nombreux pro-jets mis en route par ses compatrio-tes (huit des vingt-sept projetsfinancièrement soutenus par lefonds Hubert Bals en 2001 vien-nent ainsi d’Argentine).

Une conférence de presse les ad’ailleurs réunis au cours du festi-val pour lancer un cri d’alarme, lenouveau gouvernement argentinn’ayant à ce jour nommé aucunministre en charge de la culture.Eduardo Antin Quintin, directeurdu festival de Buenos Aires, n’en apas moins annoncé le maintien, enavril, de la manifestation, grevéede 75 % de son budget.

J. M.

ROTTERDAMde notre envoyé spécial

Il y a, grosso modo, deux typesde festivals de cinéma : les pointuset les goulus. Rotterdam fait davan-tage qu’appartenir à la secondecatégorie, il en est l’archétype. Cemonument trentenaire dédié aucinéma indépendant repose surtrois piliers : le soutien économiqueaux films, l’ouverture maximale aupublic et une programmation plé-thorique. L’édition 2002 a vu se ren-forcer chacun de ces secteurs, avecdes résultats inégaux. Les structu-res de soutien tant économiqueque logistique – le fonds HubertBals et Cinemart – ont ainsi dépas-sé cette année toutes les espéran-ces. De même, la fréquentation,principalement fondée sur l’éton-nante curiosité du jeune publicnéerlandais, devrait battre lesrecords de 2001, qui n’étaient déjàpas minces, avec quelque345 000 entrées recensées, et la pré-sence de 2 500 professionnels.

En revanche, si le nombre defilms sélectionnés se maintient(oscillant entre 200 longs métrageset plus encore de courts métrages),si le spectre représenté est toujoursaussi varié (de l’Asie à l’Amériquelatine, de la fiction au documentai-re, en passant par le cinéma expéri-mental, les installations, l’Inter-net…), la pêche s’est révélée moinsfructueuse qu’à l’ordinaire. Il nes’agit ici ni du panorama des grandsfilms de l’année (de Porto de monenfance de Manoel de Oliveira àSobibor… de Claude Lanzmann enpassant par La Cienaga de LucreciaMartel), ni du retour en force –orchestré par les codirecteurs dufestival, Simon Field et Sandra denHamer – de la réflexion et du débat,à travers l’ambitieuse série de ren-contres intitulée, en hommage àAndré Bazin, Qu’est-ce que le ciné-

ma ? Il s’agit plutôt de ce qui consti-tue, au final, la loi d’airain d’ungrand festival de cinéma : la révéla-tion des films. De ce point de vue,Rotterdam accuse un certain reculdepuis l’an dernier, sans doute dû àla concurrence accrue que se livrentdésormais les trois « grands » (Can-nes, Venise et Berlin) en matière dedécouvertes.

Mais il y a une autre raison, plusgénérale et plus grave à la fois, quitient au nivellement de la produc-tion mondiale, y compris dans lesecteur du cinéma dit indépendant.D’un bout de la planète à l’autre,les films semblent désormais per-dre en originalité ce qu’ils gagnenten professionnalisme. L’audacecède ainsi le pas à la tenue, l’incon-

nu au familier. Venus de tous lescontinents, les seize premiers ouseconds films présentés en compéti-tion ont massivement témoigné decette tendance, qui voit de jeunesréalisateurs recourir paradoxale-ment à de vieilles lunes pour inau-gurer leur carrière. Les films qui ontremporté à égalité les trois« tigres » du palmarès en sont unbon exemple.

Tussenland, de la NéerlandaiseEugenie Jansen, réactive le thèmedu duo antagoniste, en mettant enprésence un vieux nationaliste aigriet un jeune émigré africain. Le duod’acteurs est efficace, mais l’amitiéprévisible qui en ressort dépourvued’enjeu. Wild Bees, du TchèqueBohdan Slama, tient quant à lui de

la chronique douce-amère de l’èrepost-communiste dans un petit vil-lage de Moravie. Sous les auspicesde la comédie surréaliste, les mânesde la nouvelle vague tchèque y sontvisiblement invoquées, au bénéficeintégral de cette dernière. Quant àEveryday God Kisses us on the Mouthdu Roumain Sinisa Dragin, il décli-ne, non sans un certain sens de lamise en scène, mais avec unedécourageante application balkani-que à l’outrance, les frasques d’unboucher irascible à travers le pays.Aussi bien, la surprise est-ellevenue des auteurs confirmés quiencadraient à titre honorifique cet-te compétition. En ouverture, l’Ira-nien Abolfazl Jalili avec Delbaran,et en clôture le Français Jean-Fran-çois Stévenin, qui, après ces deuxchef-d’œuvre méconnus que sontLe Passe-montagne (1978) et Doublemessieurs (1986), revient enfin à laréalisation avec Mischka. Deuxgrands films libres, embarqués surles ailes furieuses de la poésie, etsur lesquels on reviendra lors deleur sortie imminente en France.

A quelques titres près – tels

Bonanza, excellent documentairede l’Argentin Ulises Rossel consa-cré à une truculente famille vivantde récupération, ou Camel(s), duCoréen Park Ki-yong, qui transposedans le pays du Matin-Calme les sta-ses en chambre mises en scène parChantal Akerman au temps jadis ducinéma moderne – une déceptionsimilaire aura prévalu pour les filmsinédits présentés hors compétition.Du moins serait-on en droit de leprétendre si Japon, du Mexicain Car-los Reygadas, n’était apparu, àmi-parcours, comme la révélationdu festival, qui peut s’honorerd’avoir présenté cette œuvre sidé-rante en première mondiale.

Premier long métrage en grandepartie autofinancé et tourné avecdes acteurs non professionnels, cefilm met en scène un homme venude la ville pour tenter de mettre finà ses jours dans un village mexicainperdu, situé en bordure d’uncanyon. Installé chez une vieillefemme que son neveu veut dépossé-der de sa maison, l’inconnu trouvedans la proximité charnelle de salogeuse et du paysage vertigineuxqui l’entoure une projection dansl’espace du conflit qui le déchire.

Tourné en super-cinémascope 16millimètres, ce film d’une beauté etd’une audace à couper le souffle,transfigure de fait la matière enautant d’éléments pour une méta-physique : le ciel, la terre, la pierre,les paysages et les visages devien-nent ici les instruments d’une lutteentre la vie et la mort, la pulsionsexuelle et l’anéantissement de lachair, la hauteur et la bassesse de lacondition humaine. Tout se joueici, d’une certaine manière, entrehorizontalité et verticalité, fatalitécharnelle et aspiration spirituelle.Les ombres de Dostoïevski, Eisen-stein et Pasolini passent ainsi surcette œuvre où la cruauté le dispu-te au lyrisme, l’obscénité à l’amour,la putréfaction à la rédemption.

Ce western parabolique à forteconnotation chrétienne semble ain-si une réponse mexicaine,c’est-à-dire plus âpre et plus extrê-me, à La Cienaga de l’ArgentineLucrecia Martel. On lui reproche-rait à ce titre son emphase, si on nelui savait gré d’en courir le risque,dès lors qu’il renoue avec ce dontnous portons le deuil : le geste épi-que de l’utopie. Japon, tel un soleillevant dans le crépuscule du ciné-ma, est pour cette raison le plusbeau film du siècle qui s’ouvre.

Jacques Mandelbaum

Cinemart, le rendez-vous des professionnels

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… à l’avant-premièredu film de Zacharias KUNUK

mardi 12févrierà 20 h 30

au cinémaLe Balzac1, rue Balzac75008 Paris

Pour recevoir votre invitation pour deux personnes (150 places au total),téléphonez au 01-42-17-38-95,ce mardi 5 février de 15 heures à 18 heures et mercredi 6 février de 10 heures à 12 heures.

vous invite…

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Le festival néerlandais consacré au cinéma indépendant rencontre de plus en plus de succès auprès du public, malgré

une programmation assez décevante. « Japon », premier film sidérant du Mexicain Carlos Reygadas, a créé la surprise

LES PRINCIPALES nominationspour la cérémonie des Césars, quiaura lieu le 2 mars au Théâtre duChâtelet, sont : Meilleur film : LaChambre des officiers, de FrançoisDupeyron, Chaos, de Coline Ser-reau, Le Fabuleux Destin d’AméliePoulain, de Jean-Pierre Jeunet, Sousle sable, de François Ozon, Sur meslèvres, de Jacques Audiard. Meilleuracteur : Michel Bouquet (Commentj’ai tué mon père), Eric Caravaca (LaChambre des officiers), Vincent Cas-sel (Sur mes lèvres), André Dusso-lier (Tanguy), Jacques Dutronc(C’est la vie). Meilleure actrice :Emmanuelle Devos (Sur meslèvres), Catherine Frot (Chaos), Isa-belle Huppert (La Pianiste), Char-lotte Rampling (Sous le sable),Audrey Tautou (Le Fabuleux Destind’Amélie Poulain). Meilleur réalisa-teur : Jacques Audiard, Patrice Ché-reau (Intimité), François Dupeyron,Jean-Pierre Jeunet, François Ozon.Meilleur premier film : GrégoireMoulin contre l’humanité, d’Artusde Penguern, Ma femme est uneactrice, d’Yvan Attal, No man’sland, de Danis Tanovic, Le Peuplemigrateur, de Jacques Perrin,Michel Debats et Jacques Cluzaud,Une hirondelle a fait le printemps,de Christian Carion. Meilleuracteur dans un second rôle :Edouard Baer (Betty Fisher et autreshistoires), Jamel Debbouze (LeFabuleux Destin d’Amélie Poulain),André Dussolier (La Chambre desofficiers), Jean-Paul Roussillon (Unehirondelle a fait le printemps), Rufus(Le Fabuleux Destin d’Amélie Pou-lain). Meilleure actrice dans unsecond rôle : Nicole Garcia (BettyFisher et autres histoires), AnnieGirardot (La Pianiste), NoémieLvovsky (Ma femme est uneactrice), Isabelle Nanty (Le Fabu-leux Destin d’Amélie Poulain), LineRenaud (Chaos).

Rotterdam illuminé par l’audace de « Japon »

La mise en œuvre de Japon, premier long métrage dujeune cinéaste mexicain Carlos Reygadas, est aussi éton-nante que sa vision. Ce juriste, spécialiste de droit inter-national promis à une brillante carrière, a en effet déci-dé, du jour au lendemain, de tout laisser tomber pouraffirmer son droit… de faire du cinéma. Etrange affaire,qui remonte en vérité à sa découverte fascinée du ciné-ma d’Andreï Tarkovski à l’âge de seize ans, date à laquel-le son père ramène à la maison la première télévision,assortie d’une collection de quelque huit cents cassetteséditée par l’Etat mexicain. Né en 1968 dans une famillebourgeoise de Mexico – son père est fonctionnaire auministère de la culture, sa mère anthropologue –, CarlosReygadas parle d’un « acte de foi » pour justifier cettedécision aussi brutale qu’aventureuse.

Installé à Bruxelles, il fréquente des amis sud-améri-cains inscrits à l’école de cinéma, l’Insas, épluche AndréBazin, et pallie non sans une certaine frénésie ses lacu-nes cinéphiliques. Ce régime d’autodidacte passionnésera sa seule école. Après la réalisation de quelquescourts métrages, il se lance dans le projet de Japon, pourles besoins duquel il s’assure de la participation bénévo-le de ses amis. L’idée du film vient essentiellement d’unlieu où le cinéaste passait ses vacances dans son enfan-ce. Il s’agit d’un canyon situé dans l’Etat de Hidalgo, aunord de Mexico, où son arrière-grand-père possédait unemaison. Ecrit à la virgule près et story-boardé en 310plans, le film ne suscite aucun intérêt chez les produc-teurs : « J’ai rapidement renoncé à séduire les profession-nels, que ce soit en Belgique, en Espagne où je vis depuisquelques années, ou au Mexique. J’ai commencé à faire le

tour des sponsors privés, des entreprises, j’ai été partoutoù je pouvais récolter quelques dollars. »

Il en récolte environ 200 000 et tourne, après huitmois de préparation, son film en trois mois, à raisond’une à deux prises par jour. Le personnage principal estun ami intime de son père, les autres acteurs sont tousdes villageois : « Je suis assez bressonien là-dessus. Je pen-se qu’aucun acteur professionnel n’aurait pu me donnerce que m’ont donné ces gens de la campagne, beaucoupmoins soucieux de la présence de la caméra et du contrôlede leur propre image. » Bénéficiaire d’une aide à l’écritureattribuée par l’institut du cinéma mexicain, Carlos Reyga-das s’est fait mettre à la porte par tous les producteursde son pays et a la dent dure pour le milieu du cinémamexicain : « Un système de bureaucrates staliniens quiinvestit des sommes énormes pour quelques films de pres-tige médiocre, plutôt que de répartir équitablement cetargent en donnant leur chance aux projets plus ambi-tieux. » Rattrapé en dernière minute par le fonds HubertBals (la structure de soutien économique du festival deRotterdam, qui a refusé d’aider le film en production,mais lui a sauvé la mise au stade de la post-production),le montage de Japon a été terminé un jour avant l’ouver-ture du festival. La rumeur aidant, Carlos Reygadas a dèslors été approché par plusieurs vendeurs internationauxet Marie-Pierre Macia, membre du jury à Rotterdam etdirectrice de la Quinzaine des réalisateurs, a décidé de fai-re une entorse à la règle cannoise de l’inédit, en sélection-nant son film pour la prochaine édition de la Quinzaine.

J. M.

13 nominations

aux Césars

pour « Amélie

Poulain »

« Japon », de Carlos Reygadas, met en scène un homme qui vienttenter de mettre fin à ses jours dans un village perdu du Mexique.

, ’

C U L T U R E c i n é m a

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LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002/33

Sélection bandes originales de films

Jimmy NeutronRéalisé en images de synthèse d’après une série diffusée par MTV,Jimmy Neutron soutient la comparaison avec les plus récentes réalisa-tions en 3 D, comme Shrek par exemple, même s’il n’en possède pasla dimension poétique. Construit autour d’un personnage savoureuxde garçon génial, capable d’inventer à la commande, y compris unvaisseau spatial pour explorer les différentes galaxies, le film met enscène le fantasme absolu d’un gamin : ses parents sont enlevés pardes extraterrestres, ce qui lui laisse la possibilité de manger des bon-bons toute la journée. Truffé de références aux séries B de science-fic-tion paranoïaque des années 1950, le film met adroitement en scènele voyage dans l’espace. S. BdFilm d’animation américain de John A. Davis. (1 h 30.)

Hollywood SunriseTournée en 1998, cette adaptation d’Hurly Burly, une pièce du drama-turge David Rabe, met en scène un groupe de personnages typiquesdu demi-monde californien : nouveaux riches et déclassés divers.Quatre amis, le nez plongé dans la cocaïne, devisent, s’engueulent,rient et pleurent, parlent du destin, des femmes, de l’engagementaffectif, de la vie et de la mort, entre cynisme et sincérité écorchée.La mise en scène épingle comme une série de papillons les visagesd’acteurs illustres, au jeu un tantinet surchargé. On ne s’intéresseguère à tout ce qui arrive à ces figurines d’un théâtre artificiel etbanal. J.-F. R.Film américain d’Anthony Drazan. Avec Sean Penn, Robin Wright, Kevin Spacey,Meg Ryan. (1 h 58.)

GlitterConçu pour lancer la carrière cinématographique de la chanteuseMariah Carey, Glitter reprend la trame d’Une étoile est née, qu’il dé-place dans les années 1980. Le film s’est révélé un échec cuisant auxEtats-Unis lors de sa sortie en 2001. Mariah Carey a été victime d’unedépression nerveuse et sa maison de disques a résilié son contratdans la foulée. Glitter est donc un film maudit. De fait, le scénario estcalamiteux, la musique inaudible, et le réalisateur accumule les fauxraccords. Cette vision du star system, envisagée avec une telle niaise-rie et un authentique refus du spectaculaire, met involontairement ànu les rouages de notre société du spectacle. S. BdFilm américain de Vondie Curtis Hall. Avec Mariah Carey, Max Beeley,Eric Benet. (1 h 44.)

Rétrospective De Palma, virtuose obsessionnel

I Am SamDans le film deJessie Nelson,le héros (unpère déficientmental quicherche à récu-pérer la gardede sa fille) –joué par Sean

Penn – est hanté par l'univers desBeatles. Une vingtaine de musiciensont constitué une bande-son quireprend des titres des « Fab Four ».Sa réussite tient à la qualité de la dis-tribution et à une recherche de sim-plicité. Au pire (Blackbird, par SarahMcLachlan, We Can Work It Out, parHeather Nova), des versions sansrelief ne froissent pas les oreilles. Leplus souvent, chaleur live et émotionprès de l'os refont vibrer ces bijoux.Parmi ces fans plus excités que tran-sis : Rufus Wainwright (Across The

Universe), Chocolate Genius (Julia),Ben Harper (Strawberry Fields Fore-ver) et Nick Cave (Let It Be). – S. D.1 CD V2 . Distribué par Sony.

The RoyalTenenbaumsPour la deuxième fois, le réalisateurWes Anderson s’acoquine avec lecompositeur Mark Mothersbaughqui fut le dirigeant du groupe Devo,ce qu’on ne devinera que par ins-tants fugaces (solo de batterie aumilieu d’une pièce pour orchestre etclavecin, brusques dérapages mélo-diques) au long des pièces orchestra-les qu’il a composées pour ce film àla mélancolie acide. Comme pourRushmore, Anderson agrémente lamusique originale de morceaux popchoisis avec un art consommé dudosage, des marges rêveuses desannées 1960 (Fly, de Nick Drake, Ste-phanie Says, du Velvet Under-

ground) aux classiques du punk(Police and Thieves version Clash,Judy Is A Punk des Ramones). Cecollage aux enchaînements imprévi-sibles donne un parfait avant-goûtdu film. – T. S.1 CD Hollywood Records.

Ocean’s ElevenUn vrai disque de cinéma, avec desbouts de dialogues qui mettent enperspective les morceaux choisis oucomposés. Choisis, avec une compila-tion de ce qui fait l’(absence d’) âmemusicale de Las Vegas. De la musi-que d’ascenseur, un mambo parPerry Como, un Elvis lamentable etexquis… Composés, par James Hol-mes, les accompagnements pourarnaques et casse du siècle relèventdu commentaire ironique, assimilantles formes récentes de la musiquepopulaire (r’n’b’, trip-hop) pour lesmettre au service d’une imagerie plei-ne d’artifice et de clinquant. En pri-

me, un Clair de lune de Debussy parl’Orchestre de Philadelphie sous ladirection d’Eugene Ormandy. – T. S.1 CD Warner Sunset.

Cet amour-làAngelo Badalamenti a donné à JoséeDayan, pour accompagner son récit del’amour entre Marguerite Duras etYann Andrea, quelques morceauxpour orchestre qui ne s’éloignentjamais des thèmes chers au composi-teur favori de David Lynch. C’estample et prévisible, avec une tonalitévaguement mahlérienne (peut-être àcause de la plage et de la différenced’âge qui rappellent Mort à Venise).On pourra préférer le travail de Badala-menti sur Mulholland Drive, maisl’avantage de ce disque est de faireentrer clandestinement Capri c’est finid’Hervé Vilard et Tombe la neige de Sal-vatore Adamo dans des discothèquesau-dessus de tout soupçon. – T. S.1 CD Milan, ULM distribution Universal.

LES MEILLEURES ENTRÉES EN FRANCE

Source : Ecran total

Les Autres

Bandits

Se souvenirdes belles choses

Nombred’écrans

TOTALdepuisla sortie

Nombred’entrées *

2

1

3

4

5

6

7

8

9

10

Nombre desemaines

d’exploitation

* Période du mercredi 29 janvier au dimanche 3 février inclus

Evolutionpar rapportà la semaineprécédente

Astérix et Obélix :mission Cléopâtre

Spy Game

Le Seigneurdes anneaux

From Hell

Vanilla Sky

Le Peuplemigrateur

Harry Potter àl'école des sorciers

– 58 %

– 45 %

– 48 %

– 52 %

– 42 %

– 42 %

– 57 %

– 29 %

2 960 046

230 195

220 151

118 403

114 690

80 426

66 082

62 239

62 015

53 403

2 960 046

230 195

823 765

6 377 501

1 298 566

8 906 028

1 405 307

2 383 955

506 355

372 132

950

298

597

434

460

467

300

372

297

209

1

1

2

7

4

9

6

8

3

4

S'il y a un jour dans l'année où la sortie d'un film aura été aussiinconsidérée que celle d'une légion romaine du temps d'Astérix et d'Obélix,c'est bien le mercredi 30 janvier, date d'entrée en lice du tandem gauloisde Mission Cléopâtre. Sorti dans neuf cent cinquante salles de France et deNavarre après une campagne de promotion menée menhir battant, le filmd'Alain Chabat ne se contente pas de ce record : il remporte aussi celui dumeilleur démarrage de l'Histoire, avec près de trois millions d'entrées etune moyenne de plus de trois mille spectateurs par copie. Pour le direencore plus clairement, sept spectateurs sur dix en France ont été voir cefilm depuis mercredi dernier. A l'exception de From Hell, le film d'Allen etAlbert Hugues, qui tire admirablement son épingle du jeu, le reste dutableau ressemble peu ou prou à un champ de ruine, qu'il s'agisse desautres sorties de la semaine dernière, reléguées très loin dans leclassement, ou des films en continuation, dont la fréquentation s'effondreassez brutalement.

Il y a plusieurs manières de profiterd’une rétrospective De Palma. La plus simple,la plus immédiatement gratifiante, est derevoir les deux films qui ont laissé uneempreinte durable dans la mémoire collective.Carrie, l’archétype du film d’horreur adoles-cent, en équilibre entre l’empathie et le voyeu-risme, la démesure et l’étude de caractère.Scarface, reflet boursouflé du film de Hawks,qui servit à la fois de mausolée au cinémad’auteur hollywoodien né avec Easy Rider, etd’arc de triomphe aux légions de truands nou-velle manière qui vinrent après lui.On peut ensuite élargir le cercle aux énormesproductions réalisées en parfaite connivenceavec le système hollywoodien : Les Incorrup-tibles, Le Bûcher des vanités, Mission : Impos-

sible, deux succès commer-ciaux qui encadrent un échecretentissant. Trois films trèsfidèles à leur projet initial (uti-liser la renommée d’un feuille-ton télévisé ou d’un roman àsuccès) et pourtant minés del’intérieur par la personnalitédu réalisateur, ses obsessions,ses tics, sa virtuosité et ses fai-blesses. Trois mastodontesqui, derrière leur génériqueen forme de Bottin mondain,cachent un réalisateur etconduisent au gros de l’œuvrede Brian De Palma, ces films– ni tout à fait des succès, nitout à fait des échecs – qui

s’insinuent, chacun à leur manière, dans la fil-mothèque intime de millions de spectateurs.Dans cette jungle, on trouvera de fervents par-tisans de Blow Out (qui permit en 1981 à JohnTravolta [notre photo] de rappeler au mondequ’il pouvait encore jouer la comédie, ce qu’ilne ferait plus vraiment avant Pulp Fiction,treize ans plus tard) et d’autres qui ne jurentque par l’humour sadique de Pulsions. Desfilms issus d’une même fascination pour lelabyrinthe de mensonges qui relie la moraleaux sens, aux désirs, aux pulsions et auxpeurs. Le réalisateur se prend à ses proprespièges et laisse, malgré son habileté de narra-teur, son matériau lui échapper, sans douteparce qu’il veut lui-même garder un masque, àl’image du Fantôme du paradis, l’un de ses pre-

miers succès publics. On reverra avec plaisir cekidnapping brillant d’un pan du patrimoinelittéraire français (Le Fantôme de l’Opéra, deGaston Leroux) et sa mutation en fresque hol-lywoodienne. Le Fantôme du Paradis, qui datede 1973, est la preuve irréfutable que Brian DePalma savait très bien ce qui l’attendait del’autre côté des portails des studios.Et, pour éclairer l’auteur d’un jour nouveau(pour l’immense majorité du public), on pourravoir sur grand écran les courts et longs mé-trages réalisés entre 1960 et avant le départpour la Californie. On y découvrira un jeunehomme qui se croit très malin et l’est effective-ment assez pour confier le premier rôle deGreetings à Robert De Niro, alors débutant. Lesfilms présentés au Centre Pompidou serontexpliqués et commentés à plusieurs reprisespar Brian De Palma lui-même, en attendant lasortie de Femme fatale, dont on découvrira laséquence cannoise, tournée juste en 2001.Mais, quel que soit l’itinéraire choisi pour navi-guer dans le monde de Brian, la conclusion estinévitable. L’Impasse, sorti en 1994, est unmagnifique éloge funèbre des années 1970 et1980, dont l’horizon fut si souvent zébré par leséclairs cinématographiques de Brian De Palma.

T. S.

Brian De Palma, rétrospective intégrale. Centre Pom-pidou, Paris-1er. Tél. : 01-44-78-12-33. M˚ Rambuteau. 3 ¤et 5 ¤. Du 6 février au 4 mars.www.centrepompidou.fr/evenementsCrédit photo : D. R.

Cinéma du Maghreb :la nouvellegénérationDans la série Cinémas du Maghreb,que Regard Sud et l’InstitutLumière explorent depuis trois ans,est présenté, sous le parrainage deRachid Bouchareb, un cinémad’identité et de témoignage, et deréalisateurs de convictions, depuisleur pays d’origine, hors de leursfrontières ou via un regardbiographique. Parmi les filmsprojetés, Ali Zaoua, prince de la ruede Nabil Ayouch, Salut cousin deMerzak Allouache, La Porte closed’Abdelkader Lagtaa.

Institut Lumière, 25, rue du Premier-Film,Lyon (Rhône).

Tél. : 04-78-78-18-95. Du 5 au 10 février.www.institut-lumiere.org/

Kinji FukasakuL’Etrange Festival avait déjàprésenté quelques films duréalisateur japonais, en août 2001,dont le public français arécemment pu découvrir BattleRoyale. Kinji Fukasaku est l’un desréalisateurs les plus éclectiques ducinéma japonais. Tout en œuvrantdans des genres différents : filmde yakuzas, de sabre, de guerre etde science-fiction, Kinji Fukasaku

décrit les bouleversements de lasociété japonaise de l’après-guerre.De Guerre des gangs à Okinawa auCimetière de la morale, l’un de sesfilms les plus impressionnants,modèle de série B violente sur unyakusa incapable de se conformerà la moindre règle, le réalisateurjaponais décrit un universdécadent où le code de l’honneurautrefois en vigueur s’efface auprofit du nihilisme. Undocumentaire inédit de QuentinTarantino sur Fukasaku seraprésenté à l’occasion de cetterétrospective.

Maison de la culture du Japon à Paris,101 bis, quai Branly, Paris-15e. Tél. :01-44-37-95-01. Du 5 février au 28 mars.

RétrospectivePier Paolo PasoliniCette intégrale du réalisateuritalien se propose de livrer, demanière exhaustive, une œuvremajeure du siècle à toutes lesconsidérations d’aujourd’hui.Le 28 février se tiendra, en pointd’orgue de l’intégrale, un colloqueautour du travail du cinéaste sousla présidence de Laura Betti.La manifestation est égalementcomplétée par une expositiond’affiches et de photos consacréesau réalisateur de Salo.Cinémathèque de Toulouse, 69, rue duTaur, Toulouse (Haute-Garonne). Tél. :05-62-30-30-12. Du 6 février au 13 mars.www.lacinemathequedetoulouse.com

C U L T U R E A G E N D A c i n é m a

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34/LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002

ELLE AVAIT bien du mérite,Arlette Chabot, hier soir sur Fran-ce 2, à tenir sa petite classe chahu-teuse de candidats déclarés à l’Ely-sée. Déjà, il y en avait un, Jean-Pierre Chevènement, en vacancesaux Antilles, un autre, RobertHue, qui refusait de venir tantque deux autres élèves, JacquesChirac et Lionel Jospin, n’étaientpas là, et enfin un dernier, AlainMadelin qui avait tout simple-ment séché les cours. Ceux quiavaient fait acte de présence, Fran-çois Bayrou, Arlette Laguiller,Jean-Marie Le Pen, Noël Mamèreet Charles Pasqua, donnaient leplus mauvais exemple en cestemps où il est partout questionde rétablir l’autorité à l’école. Leplus dissipé était sans contesteCharles Pasqua, qui racontait desblagues en douce, bavardait avecses voisins ou s’énervait soudainsans raison. C’est lui aussi quiavait eu les plus mauvaises notes,c’est-à-dire les pires sondages, aucours du dernier trimestre. Ceciexpliquait sans doute cela.

Pauvre Arlette Chabot ! Il y enavait, dans le lot, qui refusaienttout net de répondre aux ques-tions de la maîtresse. « Qu’est-cequi vous différencie de RobertHue ? », demandait-elle. « Peu mechaut Robert Hue ! » répliquait

insolemment Noël Mamère. Allezfaire classe dans ces conditions !Et c’est qu’ils se connaissent tous,avec ça. Ils se tutoient, s’appellentpar leur prénom : « Charles ! »,« François ! » (celui-là, le plusobéissant de tous). Il y en a quiont le don de faire rire leurs petitscamarades, comme Pasqua lors-qu’il dit : « Si de Villiers rejointChevènement, c’est une bénédic-tion ! Là ou passe de Villiers, com-me Attila, l’herbe ne repoussepas ! » On n’était plus très loindes Tontons flingueurs. Et impossi-ble d’arrêter Arlette Laguiller, lan-cée dans une de ses grandes tira-des hugoliennes sur la misère desfamilles où le père qui travaille àl’usine et la mère qui fait desménages n’ont ni le temps ni ladisponibilité d’esprit de s’occuperdes enfants.

Jean-Marie Le Pen s’était tenusage comme une image face auseul Noël Mamère lors du« Grand Débat RTL-Le Monde »qui était retransmis hier, en débutde soirée, pour la première foissur la Chaîne parlementaire. Dansla classe d’Arlette Chabot, il étaitredevenu intenable. Comme pourles quartiers difficiles des ban-lieues, on ne dira jamais assez lepernicieux effet d’entraînementdes groupes.

Chahutage

LES GENSDU MONDEa 5 000 personnes ont déjà signéla pétition lancée par le compo-siteur et musicien français Jean-Michel Jarre pour protester con-tre la condamnation récente enEgypte d’homosexuels. CatherineDeneuve, Bernard-Henri Lévy,Jean Daniel, Philippe Sollers,Pierre Bergé, Charlotte Ram-pling, Jean-Jacques Goldman,Juliette Binoche, Marek Halter etChristophe Girard (maire adjointde Paris, chargé de la culture)comptent parmi les premiers signa-taires de l’appel à la libération des23 jeunes gens toujours emprison-nés, adressé au président HosniMoubarak. Jean-Michel Jarre envi-sage de l’interpeller à ce sujet lorsde son séjour à Paris, le 8 février.L’enregistrement des signaturesest possible sur le site du compo-siteur : www.jarre.neta L’opéra Joseph Merrick dit Ele-phant Man, du compositeur et chefd’orchestre français Laurent Petit-girard, sera joué le 7 février en pre-mière mondiale à l’Opéra d’Etat dePrague (République tchèque), sousla direction de l’auteur. Cet ou-vrage en quatre actes s’inspire dela vie de Joseph Carey Merrick, quisouffrait d’une maladie neurofibro-mateuse très rare et fut exhibécomme un « monstre », avant dese suicider en 1890, à l’âge de27 ans. La contralto tchèque JanaSykorova chantera le rôle princi-pal. Le livret est signé Eric Nonn,la mise en scène Daniel Mes-guich, et les décors et costumesFrédéric Pineau.a La Fondation Onassis, créée parl’armateur grec en 1975, a faitappel à l’agence française Archi-tecture Studio pour la construc-tion, à Athènes, d’un centre consa-cré aux arts et aux lettres. Situéentre le Pirée et l’Acropole, cetédifice, dont la livraison est prévueen 2004, se veut « le phare de laculture grecque dans le monde ». Ilcomprendra notamment un opéra,une salle multimédia, un théâtre,un espace d’exposition, une bi-bliothèque et des espaces deréception.a Le jury du 30e Prix de Lausanne,présidé par le chorégraphe suisseMartino Muller et qui comptaitnotamment l’ancienne étoile duKirov Altinai Assilmouratova, arécompensé deux fois la danseusecoréenne Yuhui Choe, âgée de17 ans. Lauréate de ce concours dedanse classique parmi les plusprestigieux du monde, elle aégalement reçu le Prix d’interpré-tation contemporaine. Parmi les2 728 candidats accueillis depuistrente ans à Lausanne, 40 sontdevenus des « étoiles ».a La Colonial Tea Cup, du plasticienaméricain Paul McCarthy va quit-ter l’entrepôt de Jarnac où elle étaitrecluse depuis quatre ans (Le Mon-de du 5 février) pour rejoindre lechâteau d’Oiron (Deux-Sèvres),dédié aux œuvres du Fonds natio-nal d’art contemporain.

RADIO

PARIS, 7e arrondissement, un grandappartement à quelques pas de Saint-Germain-des-Prés. C’est là qu’habite Anto-nio Tabucchi. Ou plutôt qu’il se trouveaujourd’hui, c’est-à-dire quand il n’est paschez lui, à Vecchiano, le petit village près dePise où il a grandi ; quand il n’est pas àSienne, où il enseigne, ni à Lisbonne, la villedu grand poète Fernando Pessoa, qu’il a tra-duit en italien avec l’aide de sa femme etauquel il a consacré plusieurs textes. Aujour-d’hui donc, Paris.

Café et cigarettes sur la table du salon,entre deux manuscrits et La Repubblica. Lasonnerie du téléphone vient rompre le si-lence, que Tabucchi qualifie de « privilègerare de nos jours ». S’engage alors une con-versation en italien. Il est question de l’édi-tion de La Repubblica du 16 janvier, et de Sil-vio Berlusconi. Tabucchi s’emballe : « C’estdélirant, il faut faire quelque chose… » Il rac-croche, s’excuse, mais tout de même… « Levisage de l’Italie a complètement changérécemment ; cela me préoccupe beaucoup. »Depuis quelque temps déjà, il insiste sur ce« regard perplexe » qu’il porte sur son pays.

Mais, désormais, ses mots se font plusdurs. « Depuis que Berlusconi s’est installé aupouvoir, il n’a de cesse de répéter qu’il a étéélu démocratiquement. Certes, mais plusieurspersonnages ont phagocyté la démocratie enayant été élus grâce à elle : Mussolini, Hitler,Salazar. En promulguant plusieurs lois, Berlus-coni a déjà commencé à transformer lesrègles démocratiques grâce auxquelles il a étéélu. Maintenant, il se propose de modifier unarticle de la Constitution. C’est très grave. Onassiste à une chute de la démocratie en Italie.Ou disons plutôt qu’on aura une démocratied’un point de vue formel, mais pas substan-tiel. Si l’Italie tombe dans l’abîme du totalita-risme, alors la complicité du président de laRépublique, Carlo Azeglio Ciampi, est totale.Il aura le même rôle que Victor-Emmanuel IIIavec Mussolini. »

Plus grave encore, la maladie dont souffrel’Italie est contagieuse : « Certaines formesd’arrogance du pouvoir politique contre le sys-tème judiciaire sont visibles en Europe, et jepense que le Conseil de l’Europe devrait s’enpréoccuper. Je dirai à l’Europe : “Attention àla grippe. Vaccinez-vous et vaccinez-nous !” » Ce n’est pas un hasard si le hérosde Pereira prétend (Christian Bourgois,1995, pour la traduction française), un jour-naliste face au salazarisme portugais, estdevenu un symbole pour l’opposition degauche en Italie face à Silvio Berlusconi. Etce n’est pas la première fois qu’AntonioTabucchi fait part de ses doutes sur la déri-

ve politique et idéologique de son pays.Mais il est l’un des rares à encore oser éleverla voix. Ou, comme le notait Dario Fo, PrixNobel de littérature 1997, à tenter de « com-bler le vide de l’opposition politique »(Le Monde du 12 janvier).

Pourtant, n’allez pas qualifier Antonio

Tabucchi d’écrivain engagé. Il n’aime pas leterme d’écrivain : « Ecrivain, ce n’est pas uneprofession. La littérature, c’est une chose onto-logique, qu’on ne peut pas bureaucratiser. »Et il se garde bien de poser au politologueou au sociologue. Pour lui, la littérature apeut-être un seul rôle à jouer : celui d’ins-tiller le doute. Alors Tabucchi cherche les fis-sures, les désigne, interroge la réalité sansjamais, bien sûr, fournir de réponse.

Son dernier texte, Il se fait tard, de plus enplus tard, n’échappe pas à cette poétiquetabucchienne du doute et du malentendu.Un roman magnifique, composé de dix-septlettres – plus une. La dernière n’est passignée. Elle laisse le lecteur deviner que l’uni-que voix féminine de ce roman ne peut êtreque celle d’Atropos, la sœur aînée des troisParques, qui vient poser un point – définitif– à ce texte désenchanté, sur lequel planentles fantômes de Pessoa, Shakespeare, Pou-

chkine, Flaubert, Tchekhov, Platon, Dante,Cavafy et quelques autres encore.

Dix-sept lettres imaginaires donc, écritespar des hommes pour des femmes, maissans préciser jamais ni la destinataire, ni ladate, ni le lieu. Dix-sept lettres qui parlentd’amour perdu, défunt ou fantasmé. Dix-sept lettres qui disent les rancœurs et lesregrets, les trahisons et les déchirements,les souvenirs falsifiés, polis par le temps.Dix-sept bouteilles jetées à la mer, et reliéespar « un petit rien » qui, comme le refraind’une chanson populaire, transite de lettreen lettre…

« Ce sont des lettres à sens unique, ex-plique Antonio Tabucchi. Je voulais ainsimarquer l’absence, qui est au moins aussiimportante que la présence, et donc l’impossi-bilité d’établir une vraie communication. »Mieux que quiconque, Antonio Tabucchimet en scène ces « petits malentendus sansimportance » (titre de l’un de ses ou-vrages) ; il déroule le roman de la vie « into-lérablement absurde » – à laquelle ses per-sonnages s’efforcent vainement de trouverun sens. Tabucchi est-il, comme l’auteur dela lettre intitulée « Casta Diva », ce chefd’orchestre d’un « opéra dément et déglin-gué » ? Ou bien ce grand « illusionniste », ce« saltimbanque de passage » qui, déroulant

le fil de son histoire, se joue de nous et deses personnages ? Peu importe, sans doute,et puis, comme il le suggère dans son post-scriptum, il y a un moment où il « semblejuste de faire enfin taire ses propres person-nages. (…) C’est une façon de leur dire que letemps qui leur a été accordé est écoulé etqu’ils ne viennent plus nous tourmenter parleur présence. Allez, dégagez ! »

Les ombres de ses personnages une foisau placard, Antonio Tabucchi peut mettre latouche finale à ses entretiens avec le procu-reur général de la République, FrancescoSaverio Borelli. Ce texte, à paraître en Italiedans la revue Micromega sous le titre « Lajustice et ses alentours », est un large pano-rama de la classe politique et financière ita-lienne. Car, comme Tabucchi le rappelaitdans La Gastrite de Platon (éd. Mille et unenuits, 1997), ce n’est pas parce que « la pièceest obscure » qu’il faut « renoncer à l’obstina-tion de gratter notre petite allumette pour fai-re un peu de lumière ».

Emilie Grangeray

Vient de paraître en français : Il se fait tard, deplus en plus tard (Si sta facendo sempre più tardi).Traduit de l’italien par Lise Chapuis et BernardComment. Ed. Christian Bourgois, 308 p., 20 ¤.

Européen autant qu’Italien, l’auteur de « Pereira

prétend » sonne l’alarme devant la montée

d’un péril autoritaire dans la Péninsule

TÉLÉVISION

Antonio Tabucchi, pourfendeurde l’arrogance

Violences à la japonaiseLe 8 novembre 2000, après trente années de cavale, Fusako Shinegobu,

surnommée la « reine rouge », est arrêtée à Osaka. Dans les années 1970, àla tête de l’Armée rouge japonaise, cette ancienne actrice de film under-ground prônait la lutte armée, les actions violentes, et rêvait d’une révolu-tion mondiale. Revendiquant le détournement d’un avion de la JapanAirlines en mars 1970 puis l’attentat-suicide opéré par un commando detrois hommes en mai 1972 à l’aéroport de Tel-Aviv, qui fit 26 morts, Shi-negobu va ensuite collaborer avec les Brigades rouges italiennes, lesAllemands de la RAF (la « bande à Baader ») et le Front populaire de libéra-tion de la Palestine au Liban.

Loin de se limiter au parcours de Shinegobu, ce passionnant documen-taire du Français Michael Prazan revient plus largement sur un combattombé dans l’oubli : celui des étudiants japonais d’extrême gauche qui, àpartir de 1968, se heurtèrent aux forces de l’ordre sur le campus de lagrande université Todaï, puis sur divers sites stratégiques à travers le Japon.Des archives inédites filmées par les étudiants eux-mêmes et récupéréespar Prazan permettent de constater l’extrême violence des affrontements.Après avoir refusé deux fois cette enquête minutieuse, Arte a finalementdécidé de la diffuser. Une excellente initiative. – A. Ct.

« Japon, les années rouges », mercredi 6 février, 20 h 45, Arte.

MERCREDI 6 FÉVRIER

f Métropolitains09 h 05 France-CultureAvec le critique Jacques Lucanet l’architecte Paul Chemetov.f C’est bien fait pour vous19 h 30 Ouï FMDom Kiris accueille les Anglaisde Vega 4 qui viennent présenterSatellite, leur nouvel album,à paraître en mars.f Gros plan17 h 40 RFIL’émission de débats animée parSophie Backer et Hervé Guillemots’intéresse à l’antiaméricanisme.f Sylvain Augieren toute liberté11 h 00 Sud RadioUn long entretien avec MarcelMarceau, le mime le plus célèbrede la planète.f Jazz à l’affût13 h 40 France-CultureYvan Amar consacre son émissionau jazz manouche, né dans lesannées 1930 autour de DjangoReinhardt, qui a retrouvé uneétonnante vitalité.f C’était hier12 h 35 France-MusiquesLe concert donné le 13 décembre1951 par l’Orchestreradio-symphonique de Paris, sousla direction de George Enesco,avec le grand violoniste françaisJacques Thibaud. Au programme,le Concerto pour violon et orchestreno 4 K 218 de Mozart.

f 1943

Naissance près de Pise(Italie).

f 1975

« Piazza d’Italia »,premier roman.

f 1987

« Nocturne indien »,prix Médicis étranger,adapté au cinémapar Alain Corneauen 1989.

f 2002

« Il se fait tard,de plus en plus tard ».

C U L T U R E P O R T R A I T

MERCREDI 6 FÉVRIER

f Culture et dépendances23 h 20 France 3Sous le thème, Mensonges, sexe etpolitique, l’émission proposée parFranz Olivier Giesbert s’annonceanimée. Sur le plateau, PierrePéan, Gilles Martin Chauffier,Pascal Sevran, Alain Minc,Philippe Alexandre et PierreBénichou.f Encore plus de cinéma20 h 45 Canal+Maurice Pialat a accordé

un entretien exclusif à NathalieCuman.f i comme idées09 h 10 i-télévisionLe magazine reçoit TaharBen Jelloun, auteur de L’Islamexpliqué aux enfants (Seuil).Rediffusé à 16 h 10 et à 0 h 10.f Quand je serai président…20 h 55 France 3Cette nouvelle émissionde la rédaction permet au publicde poser des questions à despersonnalités politiquesrassemblées autour d’Elise Lucet,

Christine Ockrent et JérômeCathala. Noël Mamère, BriceLalonde, Arlette Laguiller etJean-Marie Le Pen sont invités.f Haute fréquence20 h 50 M6Mêlant policier et fantastique,ce téléfilm de Gérard Cuq entreparfaitement dans la ligneéditoriale de la collection Vertiges.f Il était une fois Elizabeth20 h 45 Match TVA l’occasion du cinquantièmeanniversaire de l’arrivée surle trône d’Elizabeth II, FrédéricMitterrand évoque le caractèreet le parcours de Sa Majesté…f Paris Modes21 h 00 Paris PremièreMarie-Christiane Marek suit lesdéfilés de prêt-à-porter hommeautomne-hiver 2002-2003.f Later… with Jools Holland19 h 00 Canal JimmyRediffusion, pour la première foisen France, de la célèbre émissionmusicale britannique datant de1996. Jools Holland recevait lesManic Street Preachers, Ian Dury,les Blockheads, Björk, Eels…f Watergate22 h 05 HistoirePremier d’une série de cinqépisodes, ce documentaire duBritannique Paul Mitchell faitréférence. Chroniquepassionnante du scandalepolitique qui éclata le 9 août 1974et obligea Richard Nixonà démissionner.

Page 33: e Le gigantisme militaire de Bush

LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002/35

r a d i o - t é l é v i s i o nM A R D I 5 F É V R I E R

T F 1 F R A N C E 2 F R A N C E 3 C A N A L + F R A N C E 5 / A R T E M 6

12.35 La Petite Maison dans la prairieLes loups. Série 13.35 M6 Kid 17.05 Fan deMagazine. Florent Pagny 17.35 MalcolmUrgences. Série 17.55 Largo Winch Quisuis-je ? Série 18.55 The Sentinel Prométhée.Série 19.54 Le Six Minutes, Météo 20.05Notre belle famille Oh, douce nuit... Série20.39 Un jour à part Magazine 20.40Caméra Café Série.

20.50 V - H - Téléfilm. Gérard Cuq. Avec Julie duPage, Denis Karvil, François d’Aubigny, SoniaNadeau, Lucie Jeanne (France) % 221099Une jeune animatrice de radio voit savie basculer le jour où, de retourd’une promenade dans la montagneniçoise, elle assiste à l’assassinat deson fiancé par un inconnu masqué.

22.45 X-F Métamorphoses %

9313877 ; Quand vient la nuit & 319167. Série.Avec David Duchovny, Gillian Anderson,.Dans Métamorphoses, les célèbresagents enquêtent sur un étrangecas de mutation d’humains en bêtesféroces.0.25 Drôle de scène Magazine. Invités :Roberto ; Les Chevaliers du Fiel ; Les Heiy ;Nicolas Canteloup.

0.50 Strange World La fontaine de jouvence.Série & 1.35 4.45 M6 Music 2.35 Fréquens-tar Jean-Louis Aubert & 3.25 Plus vite que lamusique Magazine 3.45 Festival des VieillesCharrues Best of français. Concert (60 min) &.

13.30 La Grande Course 14.00 Xcalibur Série.L’épée de justice & 14.45 Les 3D-istes Docu-mentaire 15.10 Surprises 15.25 Star HunterLes minerais de l’enfer. Série & 16.15 EddyTime Magazine 17.45 Football Championnatde France D 1 (25e journée) : Rennes - Lyon. Endirect f En clair jusqu'à 20.59 19.55 Les Guignolsde l’info 20.05 Burger Quiz 20.45 Encore + decinéma Magazine. Invité : Maurice Pialat.

21.00 L C Film. Gary Sinyor.Avec Chris O’Donnell, Renée Zellweger.Comédie sentimentale (EU, 1999) & 4457438Jimmie Shannon (Chris O’Donnell),célibataire convaincu, se voit dansl’obligation de se marier au plus vitepour pouvoir hériter de son grand-père. Remake des Fiancées en folie deBuster Keaton.

22.35 J Magazine présentépar Hervé Mathoux. Football. Championnatde France de D 1. Tous les buts et les meilleu-res actions des rencontres : Auxerre - Lens,Lyon - Rennes, Lille - Sedan, Lorient - Mont-pellier, Marseille - Guingamp, Metz - Nantes,Monaco - Bastia, Sochaux - Troyes. 889749023.55 Midnight + Spécial Clermont-Ferrand.Magazine. Maintenant. Reptil. Pourquoi...passkeu %.

0.45 Fantasmes a a Film. Jang Sun-Woo.Drame (Corée, 1999) !. 2.30 Esther Kahna a Film. Arnaud Desplechin. drame (Fr. - GB,

2000, DD) & 5.25 Schizopolis a Film. StevenSoderbergh. Essai (EU, v.o., 1996, 92 min).

13.50 Keno 13.55 C’est mon choix Magazine15.00 Questions au gouvernement 16.05MNK Magazine 17.35 A toi l’actu@ Magazine17.50 C’est pas sorcier Comètes et astéroïdes.Magazine 18.15 Un livre, un jour 18.20Questions pour un champion 18.45 La Santéd’abord Magazine 18.50 Le 19-20 de l’infor-mation, Météo 20.10 Tout le sport Magazine20.20 C’est mon choix... ce soir Magazine.

20.55 Q Magazine présenté par Elise Lucet,Christine Ockrent et Jérôme Cathala,Catherine Matausch, Louis Laforge.Invités : Noël Mamère, Arlette Laguiller,Jean-Marie Le Pen, Christine Boutin,Brice Lalonde. 9358815

23.00 Météo 23.05 Soir 3.

23.30 C Mensonges et politique. Magazineprésenté par Franz-Olivier Giesbert.Invités : Pierre Rosenberg, Pierre Péan,Gilles Martin-Chauffier, Pascal Sevran,Alain Minc, Philippe Alexandre,Pierre Bénichou. 5490544

1.15 Ombre et lumière Magazine présentépar Philippe Labro. Invité : Renaud Capuçon1.40 Les Dossiers de l’Histoire Un combatde chien. Documentaire. Jacques Besson(France, 65 min).

13.55 Les Feux de l’amour 14.45 Une famille àl’épreuve Téléfilm. David Greene. Avec KateNelligan (Etats-Unis, 1994). 16.30 Alerte àMalibu Série 17.25 Melrose Série 18.15 1.35Exclusif 18.55 Le Bigdil 19.55 Météo, Journal.

20.55 S a Film. JosianeBalasko. Avec Josiane Balasko, IsabelleHuppert, Farid Chopel, Jean Carmet.Comédie (France, 1985) % 7901414La cavale de deux filles paumées(Josiane Balasko et Isabelle Huppert)persuadées, à tort, d’avoir commis unmeurtre. Une comédie grinçante ser-vie par une interprétation débridée.

22.40 V Magazine présentépar Laurence Ferrari. 52693080.30 Vol de nuit Invités : Anna Gavalda, Fran-çois Léotard, Alexandre Jardin, Julia Kristeva,Caroline Eliacheff, Jérôme Clément...

2.08 Météo 2.10 Reportages Les pièces jau-nes... et après ? Magazine 2.35 Très chasseLes oies du Saint-Laurent. Pour que les eauxvivent. La tenderie aux grives dans les Arden-nes. Documentaire 4.55 Musique (25 min).

13.45 Le Journal de la santé 14.05 Cas d’école15.05 Planète insolite Les Petites Antilles.Documentaire 15.55 L’Âge de raison 16.05Après la sortie 17.05 Va savoir 17.35 100 %question 18.05 C dans l’air Magazine 19.00Connaissance Le Houblon, une plante,des histoires. Documentaire 19.45 Arte info,Météo 20.15 360˚, le reportage GEOLe Riz sauvage des grands lacs. Documentaire.

20.45 L M ’Japon, les années rouges. Documentaire.Michael Prazan (France, 2001). 9024070Des nombreux groupuscules d’extrê-me gauche nés dans le Japon de la findes années 1960, un survivra : le SekiGun, qui se constitue en arméeclandestine et va commettre denombreux attentats.

21.40 M Hors les murs. Documen-taire. Valérie Urréa (France, 2001). 5734051Le réalisateur Jean-Pierre Thorn aréuni les plus grands noms duhip-hop hexagonal en leur donnantcarte blanche pour l’écritured’une comédie musicale.

22.40 Ciné-découverte Les Portes fermées aFilm. Atef Hetata. Avec Ahmed Azmi. Drame(Ég. - Fr., 1999, v.o.) 0.30 Salomon et la reinede Saba a a Film. King Vidor. Avec GinaLollobrigida. Aventures (EU, 1959, 90 min) &.

CÂBLE ET SATELLITE

16.45 Code inconnu a Film. Michael Haneke.Drame (France, 2000) & f En clair jusqu'à 20.45

18.40 Daria Série 19.05 Le Journal 19.25 + decinéma 19.40 + de sport 19.50 Le Zapping19.55 Les Guignols 20.05 Burger Quiz.

20.45 L P V Film.Ulrich Edel. Avec Jonathan Lipnicki, RolloWeeks, Richard E. Grant, Alice Krige. Comédie(Allemagne - Pays-Bas, 2000) & 161476Un film, inspiré d’une bande dessinéepour enfants, qui inverse les clichés.Les vampires sont les gentils.

22.15 L R Film.David O. Russell. Avec George Clooney, MarkWahlberg, Ice Cube. Aventures (Etats-Unis,1999, v.o.) ? 177476Un faux film de guerre.

0.10 Stick Magazine % 1.50 Le Journal duhard # 2.05 Passions à Saint-Domingue Film.J.-F. Romagnoli. Classé X (It., 2001) # 3.45D’un rêve à l’autre Film. Alain Berliner. Comé-die dramatique (EU, 2000, DD, 100 min) &.

FILMS16.45 Big Boy a a Francis Ford Coppola (Etats-Unis,1966, v.m., 95 min) & CineCinemas 117.00 Lune rouge a a John Bailey (Etats-Unis, 1994,100 min) & Cinéstar 117.15 La Mort en ce jardin a a Luis Buñuel (France -Mexique, 1956, 105 min). Festival17.25 Hôtel de France a a Patrice Chéreau (France,1987, 100 min) & Cinéfaz17.40 Deuxième voyage a aMarcel Ophuls (France, 1994, 95 min) & Planète18.30 Comme un torrent a a Vincente Minnelli(Etats-Unis, 1958, v.m., 135 min). TCM19.05 Témoin à charge a a Billy Wilder (Etats-Unis,1957, N., 115 min) & Cinétoile20.45 Un monde parfait a a Clint Eastwood(Etats-Unis, 1993, v.m., 125 min) % TCM20.45 L’homme que j’ai tué a a Ernst Lubitsch(Etats-Unis, 1932, N., v.o., 75 min) & CineClassics22.00 Si j’avais un million a a E. Lubitsch, N. Taurog,S. Roberts, N. McLeod, J. Cruze, H. Bruce Humberstoneet W. Seiter (Etats-Unis, 1932, N., v.o.,75 min) & CineClassics22.50 Roméo et Juliette a a George Cukor(Etats-Unis, 1936, N., v.o., 125 min). TCM0.10 Règlements de comptes à OK Corral a aJ. Sturges (Etats-Unis, 1957, v.o., 120 min) & Cinétoile0.55 La Grande Parade a a a King Vidor (Etats-Unis,1925, N., 145 min). TCM

FILMS13.25 Le silence est d’or a a a René Clair (France,1946, N., 100 min) & Cinétoile15.25 L’Ame des guerriers a a Lee Tamahori(Nouvelle-Zélande, 1994, v.o., 100 min) ! Cinéfaz16.55 Les Contes de la lune vague après lapluie a a a Kenji Mizoguchi (Japon, 1953, N., v.o.,95 min) % CineClassics17.05 Diamants sur canapé a a Blake Edwards(Etats-Unis, 1961, v.o., 110 min) & Cinétoile18.40 La Rivière a a Mark Rydell. Avec Sissy Spacek,Mel Gibson (EU, 1984, v.m., 125 min) % CineCinemas 218.40 Cotton Club a a Francis Ford Coppola(Etats-Unis, 1984, v.m., 125 min) & CineCinemas 320.45 L’amour c’est gai, l’amour c’est triste a aJean-Daniel Pollet (Fr., 1968, 90 min) & CineClassics22.20 Les Nerfs à vif a a Martin Scorsese(Etats-Unis, 1991, 125 min) % 13ème Rue22.20 La Toile d’araignée a a a Vincente Minnelli(Etats-Unis, 1955, v.m., 125 min). TCM22.25 Festen, fête de famille a Thomas Vinterberg(Danemark, 1998, v.o., 105 min) ? Cinéfaz22.40 Témoin à charge a a Billy Wilder (Etats-Unis,1957, N., 114 min) & Cinétoile0.35 La Charge de la brigade légère a a MichaelCurtiz (Etats-Unis, 1936, N., 120 min) & Cinétoile

14.55 Un cas pour deux 16.00 CommissaireLea Sommer 16.50 Un livre 16.55 Des chiffreset des lettres 17.25 Qui est qui ? 18.05 FriendsSérie 19.00 On a tout essayé 19.50 Un gars,une fille 20.00 Journal, Météo.

20.55 L Z Film. Jean Poiret. AvecThierry Lhermitte, Caroline Cellier, ChristianPereira. Comédie (France, 1992). 7908327Un homme (Thierry Lhermitte) tente,par divers stratagèmes, de rompre laroutine de sa vie conjugale. L’uniquefilm de Jean Poiret. Une forme dedéclaration d’amour à CarolineCellier.

22.35 F Les inventeurs.Magazine présenté par Frédéric Lopez.Invités : Chevalier et Laspales. 1001740

0.35 Journal de la nuit 0.55 Météo.

1.05 Ciné club cycle Peinture et cinéma - Bas-quiat a a Film. Julian Schnabel. Avec JeffreyWright, David Bowie. Biographie (EU, 1996) &.2.50 Chanter la vie 3.40 La Vie rêvée des fem-mes 4.30 Journal 4.50 Pyramide (30 min).

15.10 Destins croisés Série 16.00 Loïs et ClarkSérie 17.00 Le Pire du Morning 17.30 MalcolmSérie 17.55 Largo Winch Série 18.55 SentinelSérie 19.54 Le Six Minutes, Météo 20.05Notre belle famille Série 20.40 Caméra Café.

20.50 S - E = M6Ils sont forts ces Romains. Magazineprésenté par Mac Lesggy. Au sommaire :Les Formules 1 du cirque Maxime ; La gloireen bouteille ; Dans la peau d’un légionnaire ;César-Vercingétorix : le duel ; Empereur :un métier à hauts risques ! ; Décadenceou modernité ? 614018

22.50 S - LG a Film. Delmer Daves.Avec Victor Mature, Susan Hayward, MichaelRennie. Aventures (EU, 1954) & 5642921Un péplum biblique hollywoodien.

0.40 Zone interdite La rage de vivre.Magazine 2.30 Culture pub Magazine 2.55Fréquenstar Patricia Kaas & 3.45 Fande Florent Pagny 4.05 M6 Music Emissionmusicale (165 min).

16.05 La Dernière Vie de Nirmala 17.05 LeMaître des génies Sundarbans... le miel ou letigre 17.35 100 % question 18.05 C dans l’air19.00 Archimède 19.45 Arte info 20.15 360˚,le reportage GEO Un amour de baleine.

20.45 T - Sur la dalle. Documentaire. Annie Tresgot(France, 1999 - 2000). 100287327Trois jeunes recrues de la policede proximité font leur apprentissagedans la cité du Mirail, à Toulouse(Haute-Garonne).21.50 Thema - Charles Rojzman, un théra-peute social Documentaire. Isabelle Rêbre.

22.15 T () - Surveille ton pays ! Documentaire.Steven Artels (Suisse, 2000). 2381872Depuis 1992, la police du canton deVaud collabore avec les habitants.

23.00 Music Planet 2Nite Erik Truffaz et Tété.0.05 Animag Who’s who : Bill Plympton ;Je me souviens : Marc Caro... 0.30 Bob et Mar-garet Série 0.55 Inca de Oro Téléfilm. PatrickGrandperret (France, 1997, 90 min).

CÂBLE ET SATELLITE

13.45 Derrick Une affaire étrange. Série 14.45Un cas pour deux Mort pour rien. Série 15.50La Famille Green Analyse d’une rumeur.Série 16.30 Un livre 16.40 Premier rendez-vous 17.15 Le Groupe Comparaison immédia-te. Série 17.40 70’s Show Le magot d’Eric.Série 18.05 Friends Série 19.00 On a toutessayé 19.50 Un gars, une fille Série 20.00 0.45 Journal, Météo 20.45 Tirage du Loto.

20.55 L’I L’Une ou l’Autre. Série.Avec Gérard Klein, Christine Citty, AlainSachs, Aline et Emilie Lebeau (1997). 7965612Marie et Claire, deux sœurs jumelles,vivent isolées dans leur monde. Novakcomprend très vite leur degré d’enfer-mement, et va tenter de leur appren-dre à être autonomes.

22.30 Ç Les duoscélèbres. Magazine présenté par Jean-LucDelarue. 6978544La liste des duos célèbres est infinie.Quand le succès et la célébrité sontaffaire d’ego, comment sont-ils appré-hendés lorqu’ils doivent être partagésen deux ? La rivalité est-elle toujoursconstructive ou mine-t-elle secrète-ment les duettistes ?

1.10 Des mots de minuit Magazine 2.40 Emis-sions religieuses 3.40 Pyramide 4.10 24 heu-res d’info 4.30 Le Communicateur Courtmétrage. Alain Gauvreau & 4.40 Soko, briga-de des stups Les tricheurs. Série (45 min).

16.05 Une maman formidable 16.35 MNK17.35 A toi l’actu@ 17.50 C’est pas sorcier18.15 Un livre, un jour 18.20 Questions pourun champion 18.50 Le 19-20 de l’info, Météo20.10 Tout le sport 20.20 C’est mon choix... .

20.55 V , Magazine présenté par Mireille Dumas.Invités : Stéphane Collaro, Sylvana Lorenz,Bernard Grenet, Philippe Bosc, MarcSimoncini, Suzanne de Begon, Jean-LucThuvenin, Vincent Beaufils. 342389

22.55 Météo 23.00 Soir 3.

23.25 R B Film. Gilles Béhat.Avec Bernard Giraudeau, Christine Boisson,Jean-Pierre Kalfon, Michel Auclair. Drame(France, 1983) ? 9478921Un solitaire affronte un chef de bande.

1.10 Libre court Monsieur William, les tracesd’une vie possible. Court métrage.Denis Gaubert. 1.35 Ombre et lumièreMagazine présenté par Philippe Labro.Invitée : Amélie Nothomb (30 min).

MAGAZINES13.00 Explorer. Sunset Boulevard. La légende du dauphinrose. L’autre guerre du Cambodge. National Geographic16.00 Des livres et moi. Invités : Hervé Prudon ;Dominique Noguez. Paris Première16.10 0.10 i comme idées. Tahar Ben Jelloun (L’Islamexpliqué aux enfants). i télévision17.05 Les Lumières du music-hall. Mouloudji.Régine. Paris Première18.15 Union libre. Invité : Richard Anconina. TV 519.00 Explorer. Mystères non élucidés, à la recherchedes extraterrestres. La momification. National Geographic19.40 Images de Pub. Invité : Jean-Michel Gaillard. TV 521.05 Au nom de la loi. Dernier vol. Rapts d’amour. TV 521.50 Duel, le documentaire. Guy Georges : Autopsied’une traque. TSR23.15 Open club. Jean-Jacques Zilbermann. CineClassics0.30 Courts particuliers. Marie Trintignant. Paris Première

DOCUMENTAIRES17.35 A la mémoire d’Anne Frank. Odyssée18.00 Biographie. De Gaulle ou l’éternel défi. [1/6].Le rebelle. La Chaîne Histoire18.05 La Guerre des cancers. [4/4]. Le tiers-mondeen otage. Histoire19.00 Biographie. Amiral Chester Nimitz, la foudre duPacifique. La Chaîne Histoire19.05 A la découverte des récifs sous-marins. [5/7].Les requins à ailerons argentés du Mozambique. Odyssée

19.45 Les Mystères de l’Histoire. Sacco etVanzetti. La Chaîne Histoire19.45 Bienvenue au grand magasin. [2/4]. Cinq millionsà l’heure. Planète19.55 Seznec, la mémoire du bagne. Odyssée20.00 Eruption solaire. National Geographic20.00 Nu Shu, un langage secret entre femmesde Chine. Voyage20.45 Histoires de l’Ouest. [1/6]. Les éclaireursd’un monde sauvage. Planète21.00 Le XXe siècle. Le Grand Jeu, URSS-EU. [6/6].1980-1991 : Le soleil se lève aussi à l’Est. Histoire21.30 Voyage à l’intérieur de la Terre. National Geographic21.35 Les Confréries étudiantes américaines. Planète22.00 Biographie. Confucius. La Chaîne Histoire22.05 Le XXe siècle. Watergate. [1/5]. Les plombiers. Histoire23.00 Royaumes perdus des Mayas. National Geographic0.00 Shanghaï, ville du futur. Voyage

SPORTS EN DIRECT20.30 Basket-ball. Euroligue masculine. Asvel - CibonaZagreb. Pathé Sport20.30 Football. Championnat D 1. Auxerre - Lens. TPS Star

DANSE17.45 20.35, 23.30 Le « Pas de deux » du Corsaire.Chorégraphie de Marius Petipa. Musique d’AdolpheAdam. Avec Lioubov Kounakova (Médora), FaroukRouzymatov (le corsaire). Mezzo

MUSIQUE18.40 Régis Gizavo en concert. New Morning 1999. Muzzik19.20 Mahler. Symphonie n˚2. Enregistré à Berlin,en 1992. Avec Sylvia McNair (soprano), Jard Van Nes (altosolo). Par l’Orchestre philharmonique de Berlin et l’ErnstSenff Chor, dir. Bernard Haitink. Muzzik21.00 Classic Archive. Symphonie no3, dite Héroïque.Enregistré en 1967. Par l’Orchestre symphoniquede la BBC, dir. sir Colin Davis. Mezzo22.00 Les Voix de Dieu. Marrakech 1999. Mezzo22.45 Gary Burton et Eddie Daniels. Festival internationalde jazz de Montréal 1992. Muzzik23.50 Keith Jarrett. Concert. Muzzik

TÉLÉFILMS19.05 La Couleur de l’amitié. Kevin Hooks. Disney Channel20.50 Les Vacances en folie. Fred Gerber & TF 620.55 Meurtre avec préméditation. Roger Pigaut % TMC22.40 Amour interdit. Georg Kamienski & Téva22.55 Les Enragés. Sidney J. Furie ? TF 6

SÉRIES18.05 Deux flics à Miami. Un sale métier. 13ème RUE19.55 Les Anges du bonheur. L’échelle de Jacob & Téva20.00 Le Caméléon. La beauté cachée. Série Club20.40 Nestor Burma. Boulevard Ossements & Festival20.45 Chemins de l’étrange. Un autre homme. 13ème RUE20.45 Star Trek, DS 9. Décisions extrêmes. Canal Jimmy21.25 High Secret City. Pots-de-vin et élections Série Club

DÉBATS18.30 Le Grand Débat RTL - Le Monde. Invités : NoëlMamère, Jean-Marie Le Pen. LCP-AN21.20 Lieu public. Les comités blancs n’ont-ils servià rien ? RTBF 1

MAGAZINES16.00 Courts particuliers. Marie Trintignant. Paris Première17.00 Les Lumières du music-hall. Johnny Hallyday.Chantal Goya. Paris Première18.15 Envoyé spécial. Patrice Allègre, un tueur en sérieoublié. Chine, la maladie des six amours. Alerte à ladioxine. P-S. : la guerre des roses. TV 519.00 Explorer. Sunset Boulevard. La légende du dauphinrose. L’autre guerre du Cambodge. National Geographic21.05 Temps présent. Fric, Afrique et sida. TV 522.15 Ça se discute. Comment se remettre d’unavortement ? TV 5

DOCUMENTAIRES17.05 Soweto, histoire d’un ghetto. [1/6]. Les premiers« townships ». [2/6]. Diviser pour mieux régner. Histoire17.30 Voyage pratique. Le sud de l’Angleterre. Voyage17.35 La Poussière et la Gloire. Planète19.00 Pilot Guides. Les Petites Antilles. Voyage19.15 La Bande de « Fluide glacial ». Planète

20.00 Shanghaï, les nouveaux Chinois. Voyage20.00 A la Conquête de l’univers. La routedes étoiles. National Geographic20.15 Histoires de la mer. Les gens de la mer. Planète21.00 Le Mystère Pol Pot. Histoire21.00 Les Aborigènes d’Australie. National Geographic22.00 Les Aventures de National Geographic. GrandCanyon. National Geographic22.05 Biographie. Alexandre Ier de Russie. La Chaîne Histoire22.05 Zev Sternhell. [1/4]. Histoire22.35 Crumb. Planète23.05 Pilot Guides. Les Républiques d’Asie Centrale. Voyage23.35 Quelle est notre espérance de vie ? [3/3]. Les voiesde l’éternité. Odyssée0.00 Carnet de route. Chili norte, un ami chilien. Voyage0.25 A la mémoire d’Anne Frank. Odyssée

SPORTS EN DIRECT20.00 Football. Championnat de France D 2 (27e journée) :Le Mans - Le Havre. Eurosport

MUSIQUE20.15 Haydn. Sonate pour piano n˚48 en ut majeur.Enregistré en 1989. Avec András Schiff (piano). Mezzo20.35 Scriabine. Etude n˚2 opus 8 et deux poèmes.Enregistré en 1988. Avec Ivo Pogorelich (piano). Mezzo

21.00 Rachmaninov Centenary Concert. Enregistré en 1973.Avec Sheila Armstrong, Robert Tear, John Shirley-Quirk.Par le London Symphony Orchestra et le Chœur duLondon Symphony Orchestra, dir. André Previn. Muzzik21.45 Rachmaninov. Concerto n˚1 pour piano et orchestre.Enregistré en 1973. Avec Victoria Postnikova (piano).Par l’Orchestre symphonique de la Radio-Télévisionde l’URSS, dir. Guennadi Rojdestvenski. Muzzik22.00 Sibelius. Symphonie n˚5 en mi bémol majeuropus 82. Enregistré en 1987. Par l’OrchestrePhilharmonique de Vienne, dir. Leonard Bernstein. Mezzo22.15 Cecil Taylor et Thurman Baker. En 1995. Muzzik22.40 Zarebsky. Polonaise. Enregistré en 1999. AvecChristine Lindermeier (piano). Mezzo23.15 Don Giovanni. Opéra de Mozart. Par l’Orchestresymphonique de Vienne, dir. Craig Smith. Mise en scènede Peter Sellars. Mezzo

TÉLÉFILMS20.45 Le Fugitif. J. Bleckner et R. Compton. 13ème RUE21.00 Les Rois de Las Vegas. Rob Cohen & Paris Première

SÉRIES19.55 La Voix du silence. Imprévu. 13ème RUE0.05 Le Caméléon. L’élément révélateur (v.o.) & Série Club0.20 Ally McBeal. L’amour en modèle réduit (v.o.) & Téva

12.05 Attention à la marche ! Spéciale StarAcademy. 12.50 A vrai dire 13.00 Journal,Météo 13.55 Les Feux de l’amour Feuilleton14.45 S.O.S. Barracuda Disparitions suspec-tes [1 et 2/2]. Série 16.30 Alerte à MalibuCoup de vent. Série 17.25 Melrose Place Sépa-rations. Série 18.15 Exclusif Magazine 18.50L’euro ça compte 18.55 Le Bigdil 19.55 Météo,Journal, Météo

20.55 C Impôts ettaxes : le casse-tête. Magazine présenté parJean-Pierre Pernaut, avec la participation deDavid Gonner, Renaud Hetru, Stéphane Thé-baut, Anne Odin, Laurence Thiriat. Invitée :Annie Cordy. Au sommaire : Héritage, quandtu nous tiens.... Subventions insolites. Com-merces et petites paperasses. Saint-Barth :pas d’impôts sous les cocotiers. 9335964

23.15 C Portrait d’un assassin.Série. Jim Frawley. Avec Peter Falk, PatrickBauchau, Fionnula Flanagan, Isabel GarcíaLorca (Etats-Unis, 1989). 9541631Un peintre mégalomane assassinel’une des trois femmes avec lesquellesil partage sa vie et qu’il se plaît àmanipuler. L’inspecteur à l’imperméa-ble fripé mène son enquête.0.55 Exclusif Magazine 1.27 Météo.

1.30 Reportages La longue marche du doc-teur Laroche 1.55 Très chasse Le sanglier 2.50Histoires naturelles Show lapin. Vivre etpêcher à la Réunion. Dombes : l’empire descanards migrants 4.45 Musique (7 min).

Les codes du CSA & Tous publics % Accord parental souhaitable ? Accord parental indispensable ou interdit aux moins de 12 ans ! Public adulte. Interdit aux moins de 16 ans # Interdit aux moins de 18 ans.Les cotes des films a On peut voir a a A ne pas manquer a a a Chef-d’œuvre ou classique. Les symboles spéciaux de Canal + DD Dernière diffusion d Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants.

FRANCE-CULTURE19.30 Personne n’est parfait. En directde Clermont-Ferrand à l’occasiondu Festival international du court-métrage.20.30 De mémoire d’ondes.21.00 Mesures, démesures.22.00 Journal.22.10 Multipistes.22.30 Surpris par la nuit.0.05 Du jour au lendemain.

FRANCE-MUSIQUE19.05 Le Tour d’écoute.20.00 Festival Présences 2002. Parl’Ensemble Tianyin et l’Orchestre nationalde France, dir. Muhai Tang : Œuvres deChen, Di Tucci, Conesson, De Dubugnon.22.00 En attendant la nuit.23.00 Jazz, suivez le thème.0.00 Extérieur nuit.

RADIO CLASSIQUE18.30 Classique affaires soir.20.00 Les Rendez-Vous du soir. Œuvresd’Ivanov, Borodine, Chostakovitch.20.40 Concert. Œuvres de Zelenka, Haendel.22.00 Les Rendez-Vous du soir (suite).Œuvres de Kodaly, Brahms, Dohnányi.0.00 Les Nuits de Radio Classique.

RADIO

RADIO

FRANCE-CULTURE20.30 Perspectives contemporaines. ChelseaHotel, d’Yves Nilly.22.00 Journal.22.10 Multipistes.22.30 Surpris par la nuit.

FRANCE-MUSIQUES20.00 Un mardi idéal. En direct.22.00 En attendant la nuit. Invité :Jean-Claude Malgoire.23.00 Jazz, suivez le thème. Air Mail Special.0.00 Extérieur nuit.

RADIO CLASSIQUE18.30 Classique affaires soir.20.00 Les Rendez-Vous du soir. Symphonie,de Rosetti, par le Concerto Köln ; Œuvres deDussek, Weber.20.40 Concert. Le violoniste Frank PeterZimmermann et le pianiste Enrico Pace.Enregistré le 6 octobre 2001.22.10 Les Rendez-Vous du soir (suite).Symphonie n˚8, de Bruckner, par l’Orchestrephilharmonique de Berlin, dir. Gunter Wand.0.00 Les Nuits de Radio Classique.

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36/LE MONDE/MERCREDI 6 FÉVRIER 2002

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GENTILLYde notre envoyé spécial

Dans la cour pavée de la « Mai-son Fillot, fondée en 1894 », à Gen-tilly (Val-de-Marne), Antoine,23 ans, caresse l’intérieur d’un ton-neau, et, sur ses doigts, il y a descristaux de vin. En face, Irène, 25ans, sort de son bureau vitré, mar-che à l’intérieur de la cave.

Des tonneaux, Antoine en reçoitdes neufs de la fabrique de Hon-fleur, des anciens des grandescaves de Saint-Emilion, de Bourgo-gne. Ils sont en bois de chêne deTronçais (Allier), d’Amérique, deRussie. Antoine les restaure, les ver-nit. Des gens les achètent pour fai-re vieillir un alcool, un vin. Des musi-ciens antillais les transforment eninstruments de percussion.

Entre les murs de calcaire, l’airest frais et sec. Les foudres, vides. Pendant la pre-mière moitié du XXe siècle, le vin venait d’Algérie,du Roussillon. Il fallait le « coller » avec du blancd’œuf, du sang de bœuf : les résidus tombaientau fond pour former la lie. Odeur et fumées desoufre. Premières gorgées de vin bues, enfant.Des doigts écrasés sous un demi-muid. Silhouet-te de Chocolat, dans la cour pavée, un des der-niers chevaux à livrer dans les années 1950. Lesclients ? Les cafés, les restaurants de Paris, de labanlieue, des familles, celles des travailleurs deforce certaines consommaient 110, voire200 litres par mois. Le pain, le vin, l’essentiel dela ration alimentaire. Le vin pesait 8 degrés.

Dans la cave, Gabriel, un ami de la maison, âgéde 85 ans, marche à droite, à gauche. Il chercheune idée, quelques planches de bois pour rangertout « le bastringue » dans les cuisines du restau-rant, Les Foudres de Bacchus, que Jacques Fillot aaménagé de l’autre côté de la cour pavée.Gabriel tourne, réfléchit sous l’œil amusé de Phi-lippe, 31 ans, le caviste-sommelier belge. Detemps en temps, il lui lance : « Te fous pas de magueule, salopard ! »

Des clients entrent. Deux cadres américains,un homme, une femme, venus de la Silicon Val-ley, en séminaire au siège français de la sociétéIlog (logiciels), profitent d’une petite pause pour

regarder, choisirquelques valeurssûres et d’autresvins moins connus.Un chauffeur-rou-tier, habitant deGentilly depuis unepaye, achète sonvin en vrac, un petitvin des Pyrénées,« parce que c’est sui-vi ». Un garde répu-blicain peste contresa femme : « Elleveut mélanger mon champagne avec son cassis.Non, un champagne, ça se déguste. » Un retraitése prend un moulin-à-vent. Un autre, un Graind’Orient.

L’itinéraire et les ambitions de François Fillotressemblent peut-être au fouillis de sa cave : desoutils en fonte et en buis, des cuves en inox, lestonneaux, les nouveaux « bags in box », unepoche qui se rétracte au fur et à mesure que levin est tiré, et bien sûr des milliers de bouteilles.Les grands classiques, les références sûres,d’autres complètement inconnues. Il est àl’affût. Loin des illustres châteaux, des jeunesvinifient en France. Il a, entre autres, l’œil posé

sur la région qui a fait la fortune dela maison Fillot autrefois : leRoussillon.

Arrive Mohammed Amziane, dit« Momo », 46 ans, propriétaire dedeux caves à Paris. Il a quitté lesnouvelles technologies pour étu-dier à l’université du vin à Suze-la-Rousse (Drôme), « un très beau châ-teau médiéval ». Les deux hommesse vendent quelques bouteilles :« Dans ce métier, on finit par s’y per-dre, on ne sait plus qui est acheteur,qui est vendeur. » Momo pense queles cours d’œnologie, « c’est commel’éducation civique, ça devrait êtreobligatoire ».

Jacques Fillot pousse des cha-riots, accompagne des clients, ditque « Momo est trop intelligentpour vendre du vin », pense aux Ita-liens, qui « ont compris que beau-

coup d’Américains aiment le vin rouge pétillant »,se dit chauvin, passe en revue les terroirs, etnuance : « Les Français croient qu’ils ont inventéle vin. » Il a un ami américain qui s’installe au Chi-li pour construire un domaine. Il fait des va-et-vient entre la cave et le restaurant, mise surMarc, le cuisinier, 30 ans, qui bouquine, va chezses confrères et invente son velouté de lentillesaux copeaux de saumon.

Dans son bureau vitré de la maison Fillot, Irè-ne répond au téléphone. Pour l’instant, elle nesupporte pas Paris. Arrivée du Portugal à 15 ans,elle pense qu’elle y a travaillé trop tôt, tout enétudiant le soir aux Arts et Métiers. Dans le RER,elle dit qu’elle se détend, écoute de la musique,lit des revues sur la santé.

Dans la cour, Antoine restaure ses tonneaux. Ila grandi à Ménilmontant, Belleville, gare duNord. Lui aussi, des boulots, il en a faits : du cas-trage de maïs au carrelage, en passant par leskiosques à journaux et Rungis. Quand il s’occupedes tonneaux, il pense à plein de choses, « çabouillonne, ça bouillonne ». Les vins, il les connaît,il les aime, il les déguste, sans cours d’œnologie.L’avenir lui fait un peu peur, il a envie de mordrededans.

Dominique Le Guilledoux

a Porto Ale-gre à l’heurenumérique.Le Monde inte-ractif racontecomment lacité brésilien-ne utilise le

Réseau comme outil de démocratie partici-pative et d’insertion dans la société.http://interactif.lemonde.fra Entrez dans la communauté lemon-de.fr sur simple inscription gratuite à l’es-pace personnel : lettres d’information quo-tidiennes, accès aux forums, météo person-nalisée... www.lemonde.fr/ep/login a Tirage du Monde daté mardi 5 février 2002 : 571 635 exemplaires. 1 - 3

C’EST un joli mot tirelire. Ehbien on imagine qu’à la rédactiondu Temps, quotidien suisse, alliéet ami, ils vont devoir s’offrir d’ur-gence une énorme tirelire ven-true et rose, une tirelire sansfond pour accueillir la fabuleusecagnotte qui s’annonce.

Il y a peu, ici même, on avaitrêvé la création d’une brigade derépression du banditisme ortho-graphique. Les Suisses, qui sontde redoutables poètes, l’ontinventée. La direction du Tempsvient en effet de décider, par bul-le tombée des cimaises, commearaignée accrochée au plafond,la création d’une amende forfai-taire pour les fauteurs de fautes.Et ce, pendant tout le mois defévrier.

Ainsi a-t-il été décrété que toutjournaliste ayant mal orthogra-phié un mot, commis une erreurd’appellation ou de localisation,construit et balancé dans la natu-re une pauvre phrase bancaleorpheline et sans défense seraitpassible, ni appel ni sursis, d’uneamende symbolique de 5 francs.Des francs suisses, évidemment.C’est dire la férocité de la ré-pression qui vous met le premieraccroc, et les suivants, à3,40 euros.

Ces amendes seront collectées,on le suppose, sur salaire. Et ladirection n’exclut pas de consti-tuer ainsi un trésor de guerrecontre l’erreur qui pourrait êtrevoué au financement d’uneaction festive de grande ampleur.La fête, elle, reste à imaginer, uneribaude géante des repentants etmal-orthographiants.

Comment dire ? Cette décisionjupitérienne et unilatérale a susci-té quelque émoi dans une rédac-tion légitimement inquiète etsans illusion sur sa capacité à pro-duire un journal zéro défaut. Cer-tes, pour justifier ces mesures

extrêmes, Ignace Jeannerat,rédacteur en chef adjoint, a invo-qué la nécessité, « en décrétantfévrier Mois de l’orthographe surle modèle du mois du blanc », de« sensibiliser la rédaction à cesfautes qui nuisent à la qualité dujournal ». Car, a-t-il dit, Ignace,« ce n’est pas l’amende qui comp-te, mais la prise de consciencequ’un bon journal doit contenir debons papiers bien écrits ».

De cela, nul ne saurait discon-venir. Aucune rédaction ne sau-rait raisonnablement s’insurgercontre les bons papiers qui fontles bons journaux. Aucune rédac-tion francophone ne pourraitmaudire les Ignace taxeurs dèslors qu’elle aura médité ces deuxvers de Boileau : « Un sage ami,toujours rigoureux, inflexible/Survos fautes jamais ne vous laisserapaisible. » Aucun journaliste duTemps, pleurant devant la tirelire-caisse ses fins de mois amputées,sa famille à la soupe popu et sonbanquier en alerte rouge ne sau-rait contester, sinon pour le trans-poser à ses dépens, cet autremot, de Voltaire celui-là : « Onpeut être un bon auteur avec quel-ques fautes, mais non avec beau-coup de fautes. »

Mais enfin, sachant leurs limi-tes et les risques majeurs de ponc-tion opérée sur leurs modestesémoluments, nos camarades syn-diqués du Temps ont immédiate-ment et céans tenu une assem-blée générale. Sans expressé-ment revendiquer le droit légiti-me et imprescriptible à la multi-plication des fautes pour toutêtre rédactionnel et faillible, ilsont fait savoir leur sentiment. Engros, ils ne sont pas d’accord, rap-porte un délégué du personnel,avec cette « mesure sommaire,autoritaire, flicarde et, somme tou-te scolaire ». Bref, il y a commequi dirait le feu au Temps !

« SI Peau-d’Ane m’était conté – J’yprendrais un plaisir extrême… » Hen-ri Pourrat nous a fait bonne mesureavec ce recueil, où il a rassemblé entrois volumes son Trésor des contes,après avoir, depuis des années,essayé de les retrouver à leur sourcemême. Ces vieux récits intéressent àla fois le folklore, l’enfance rêveusede l’esprit humain, l’étude de l’histoi-re à repérer sous les masques de lapoésie et de la légende. Ils consti-tuent des témoignages, et comme

tels il faudrait avec précaution lesaborder d’un œil critique, en ethno-graphe, en géographe, en linguisteou en mythologue. Cela exige, quantà la fixation des textes à interroger,une méthode sévère et un grand artdans la distribution des étiquettes.

J’ai peur qu’Henri Pourrat ne soitétranger à cette discipline, mais celan’enlève rien à son mérite, qui estgrand ; ce n’est pas en érudit, c’esten poète qu’il a rassemblé la sommede ses trois volumes. C’est principale-

ment chez des amateurs qu’il lui afallu mener son enquête. La sourcedès lors n’est plus très pure. Ce n’estplus la voix populaire que le collec-teur enregistre, c’en est seulementl’écho déjà transmis et fatalementdéformé par l’intermédiaire lettréqui a conservé le souvenir des récitsentendus jadis d’une aïeule ou d’uneservante.

Emile Henriot(6 février 1952.)

CONTACTS

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La faute à Voltaire

Momo : « L’œnologie est aussi importante que l’instruction civique ».

IL Y A 50 ANS, DANS 0123

Le trésor des contesf RÉDACTION21 bis, rue Claude-Bernard, 75242 ParisCEDEX 05. Tél : 01-42-17-20-20 ;télécopieur : 01-42-17-21-21 ;télex : 202 806 Ff ABONNEMENTSPar téléphone : 01-42-17-32-90

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Gentilly

C A R N E T D E R O U T E

Antoine et ses amis chez Fillot, maison de vins à Gentilly