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Echanges Méditerranéens pour l’eau, la forêt, l’énergie et le développement durable des territoires 19, avenue du Maine 75732 Paris Cedex 15 Directeur de la publication : Jean JAUJAY Rédacteur en chef : Abdelkrim MNIAI Comité de rédaction : Mohamed DAOUDI - Dominique CAIROL - Mani MAHER - Michel TAILLIER Jean-Robert TIERCELIN - Raymond LEVASSEUR Derradji ZOUINI Après Sésame 3, des portes se sont ouvertes. Ne les laissons pas se refermer ! Le « secteur dutilisation des terres », le nouveau-né du GIEC, résonne aimablement à nos oreilles. Finies les divisions de corps : la pertinence du CGAAER est enfin consacrée ! Merci à son vice-président Bertrand Hervieu de nous avoir réunis pour partager cette évidence. Réunis face à l’urgence climatique, agriculture, alimentation et espaces ruraux se retrouvent dans l’AFOLU/UTCAF grâce au GIEC. Le secteur des bâtisseurs/transporteurs (les Ponts, même abâtardis par les Eaux et Forêts), sans parler de celui des fossiles (les Mines) ou celui de la Santé n’ont qu’à se tenir à distance ! Rassurons-nous cependant, l’énarchie veille et conserve sa légitimité par la prééminence que lui assurent les deux secteurs du Politique et surtout de la Finance. Vingt ans après la révolution doublement verte, voici venu le temps de l’agriculture climato - intelligente. Comme dans tous les domaines, il se confirme que les politiques publiques ont sans cesse besoin de nouveaux paradigmes pour communiquer, mobiliser les ressources, mais surtout peser dans les arbitrages. L’agriculture sera climato-intelligente ou ne sera pas ! Aucune personne sensée ne peut être contre cette affirmation, c’est ce qui fai t sa force comme paradigme refondateur (bravo à la FAO). La comète Laurence Tubiana. Nous la guettions et l’avons vue. Elle confirme le retard pris pour intégrer l’agriculture dans la négociation. Les forestiers ont compris l’enjeu depuis longtemps, mais qu’importe, c’est une occasion à ne pas manquer en mettant les bouchées doubles. Et nous qui pensions les forestiers conservateurs et les agronomes progressistes ! Plus sérieusement, la sécurité alimentaire est désormais dans la négociation. Il y a une vraie opportunité dans une alliance Europe-Afrique du Nord et Afrique de l’Ouest. Voici venu le temps de l’agenda des solutions : Paris ne sera qu’un début ! Continuons le combat… Quelques idées glanées dans les exposés Les trois conférences inaugurales étaient à la hauteur de nos attentes. Nous y apprenons notamment que tout ce qu’on peut dire sur l’Afrique est faux – sage précaution - (Patrick Caron, CIRAD) et donc inutile d’écouter la suite, que la région MENA a des problèmes de ressources en eau majeurs (Kamel Shideed, ICARDA) et, nettement plus important, que les sols contiennent trois fois plus de carbone que l’atmosphère (Jean-François Soussana, INRA) Echanges Méditerranéens Pour l’eau, la forêt, l’énergie et le développement durable des territoires actualités N°35 Mars 2015 Site internet de l’association : http://aem.portail-gref.org/ Dans ce numéro Éditorial Comptes rendus SESAME 3 Bilan France Année Internationale Agriculture Familiale (AIAF) A consulter Bulletin d’adhésion 2015 EDITORIAL Michel Colin de Verdière, président du Grdr et membre d’Échanges Méditerranéens

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Echanges Méditerranéens pour l’eau, la forêt, l’énergie et le développement durable des territoires – 19, avenue du Maine – 75732 Paris Cedex 15 Directeur de la publication : Jean JAUJAY – Rédacteur en chef : Abdelkrim MNIAI – Comité de rédaction : Mohamed DAOUDI - Dominique CAIROL - Mani

MAHER - Michel TAILLIER – Jean-Robert TIERCELIN - Raymond LEVASSEUR – Derradji ZOUINI

Après Sésame 3, des portes se sont ouvertes. Ne les laissons pas se refermer ! Le « secteur d’utilisation des terres », le nouveau-né du GIEC, résonne aimablement à nos oreilles. Finies les divisions de corps : la pertinence du CGAAER est enfin consacrée ! Merci à son vice-président Bertrand Hervieu de nous avoir réunis pour partager cette évidence. Réunis face à l’urgence climatique, agriculture, alimentation et espaces ruraux se retrouvent dans l’AFOLU/UTCAF grâce au GIEC. Le secteur des bâtisseurs/transporteurs (les Ponts, même abâtardis par les Eaux et Forêts), sans parler de celui des fossiles (les Mines) ou celui de la Santé n’ont qu’à se tenir à distance ! Rassurons-nous cependant, l’énarchie veille et conserve sa légitimité par la prééminence que lui assurent les deux secteurs du Politique et surtout de la Finance. Vingt ans après la révolution doublement verte, voici venu le temps de l’agriculture climato-intelligente. Comme dans tous les domaines, il se confirme que les politiques publiques ont sans cesse besoin de nouveaux paradigmes pour communiquer, mobiliser les ressources, mais surtout peser dans les arbitrages. L’agriculture sera climato-intelligente ou ne sera pas ! Aucune personne sensée ne peut être contre cette affirmation, c’est ce qui fait sa force comme paradigme refondateur (bravo à la FAO). La comète Laurence Tubiana. Nous la guettions et l’avons vue. Elle confirme le retard pris pour intégrer l’agriculture dans la négociation. Les forestiers ont compris l’enjeu depuis longtemps, mais qu’importe, c’est une occasion à ne pas manquer en mettant les bouchées doubles. Et nous qui pensions les forestiers conservateurs et les agronomes progressistes ! Plus sérieusement, la sécurité alimentaire est désormais dans la négociation. Il y a une vraie opportunité dans une alliance Europe-Afrique du Nord et Afrique de l’Ouest. Voici venu le temps de l’agenda des solutions : Paris ne sera qu’un début ! Continuons le combat… Quelques idées glanées dans les exposés Les trois conférences inaugurales étaient à la hauteur de nos attentes. Nous y apprenons notamment que tout ce qu’on peut dire sur l’Afrique est faux – sage précaution - (Patrick Caron, CIRAD) et donc inutile d’écouter la suite, que la région MENA a des problèmes de ressources en eau majeurs (Kamel Shideed, ICARDA) et, nettement plus important, que les sols contiennent trois fois plus de carbone que l’atmosphère (Jean-François Soussana, INRA)

Echanges Méditerranéens Pour l’eau, la forêt, l’énergie et le développement durable des territoires

actualités

N°35 – Mars 2015

Site internet de l’association : http://aem.portail-gref.org/

Dans ce numéro

Éditorial

Comptes rendus SESAME 3

Bilan France Année Internationale

Agriculture Familiale (AIAF)

A consulter

Bulletin d’adhésion 2015

EDITORIAL Michel Colin de Verdière, président du Grdr et membre d’Échanges Méditerranéens

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Échanges Med actualités n° 35 – Mars 2015

Les systèmes pluviaux et agro-sylvo-pastoraux permettent divers points de vue. Les événements extrêmes sont aujourd’hui davantage visibles au Sahel (le paradoxe des inondations), mais il existe des pratiques efficaces au niveau des terroirs pour la défense et restauration des sols (Sanoussi Atta, Agrhymet) ; les projets et programmes mis en œuvre par le gouvernement marocain constituent une réponse adaptée, d’autant qu’un organisme a été chargé du transfert des résultats de la recherche (Riad Balaghi, INRA Maroc) ; le déplacement de l’olivier et le retour à l’alimentation des dromadaires par les coloquintes sont des solutions (Foued Chehat, INRA Algérie). Un magnifique bouquet final dans les pratiques de l’agroforesterie mises en œuvre au Portugal pour la restauration des terres dégradées (David Crespo, Fertiprado). Les systèmes agricoles irrigués étaient attendus à la reprise de la séance. Encore une fois nos deux cousins du Sénégal (Ndiawar Diop et Seyni Ndao) ont eu tout bon. L’eau est abondante le long du fleuve grâce aux ouvrages de régulation de l’OMVS ; l’autosuffisance en riz est pour demain et l’irrigation va fixer les populations (les gouvernants changent, mais les objectifs demeurent toujours aussi irréalistes de la Goana d’Abdoulaye Wade aux récentes mesures de Macky Sall) alors que le pays produit 15 à 20% de ses besoins et importe le reste ! Quant à la gestion du foncier et aux arbitrages des bénéfices des ouvrages entre les capitales (électricité et eau) et les campagnes, circulez, il n’y a rien à voir… Notre camarade tunisien (Abdelkader Hamdane), après des considérants techniques de bon sens sur les eaux souterraines partagées et la perte de la biodiversité chez les palmiers-dattiers, nous rappelle l’importance des sociétés civiles dans la construction des capacités (enfin un fonctionnaire marqué par le printemps arabe). Et pour contredire Blaise Pascal : « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà », le camarade Jean-Yves Grosclaude nous ramène au territoire comme lieu des arbitrages, déplorant notre incapacité bien française à trouver un consensus sur la question du stockage de l’eau, en complète contradiction avec l’ambition d’un secteur agroalimentaire exportateur. Les nécessaires transitions. La salle commençait à trouver le temps long. Les annonces bannissant les fumeurs rythmaient la conférence. L’affaire était compliquée à gérer pour l’honorable président de séance (Gérard Viatte) blanchi sous le harnois du château de La Muette. L’heure des politiques était venue pour nous montrer la Voie. On découvre, chemin faisant que l’UPM existe encore, que le CIHEAM a un mandat colossal et que la CEDEAO n’a plus personne pour la représenter. Le ministre Stéphane Le Foll, échappé du Salon, vient enfin nous sortir de notre ennui et délivrer son message : géopolitique euro-méditerranéenne et ouest-africaine (histoire oblige), agro-écologie, alimentation, polyculture-élevage, jeunesse rurale, chasse au gaspi… Mais surtout il pose la bonne question « avec la révolution verte, la réponse était simple : tracteurs et engrais financés par la Banque mondiale, mais pour l’agroforesterie, on fait comment y inclus avec le secteur privé ? ». Deux agriculteurs, un champenois (Christian Rousseau) et un marocain (Ahmed Ouayach), nous ramènent sur terre avec des propositions concrètes en matière d’agro-écologie. Oui, on peut le faire avec des systèmes différents, associant les cultures. Curieusement, aucun des deux ne nous parle de l’élevage. Après une très complète synthèse des travaux par Mohamed Aït Kadi, président du Conseil général marocain, l’heure de la traite était venue : un petit tour à l’étable a permis de voir, mesdames et messieurs les agriculteurs, que tout était en ordre malgré le conclave des penseurs. Votre avenir est en de bonnes mains. Note chagrine : nous étions entre fonctionnaires et chercheurs du secteur agricole et donc on a peu parlé des négociations commerciales et de la libéralisation-ouverture des marchés, des OGM, de la santé des consommateurs, mais surtout de la Finance qui surdétermine les stratégies des acteurs (marchés à terme et finance carbone etc.). Territoires et sociétés civiles sont apparus à l’occasion (attention, la Tunisie va bientôt avoir des leçons à nous donner). Un grand merci aux organisateurs, car le challenge était difficile à relever.

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Comptes rendus du séminaire SESAME 3

Dans notre précédent bulletin, nous avons rappelé notre intérêt pour le « Séminaire international Eau et Sécurité Alimentaire en Méditerranée -SESAME)». Nous avions rendu compte de SESAME-1 à Montpellier en 2013 et de SESAME-2 à Meknès en 2014. Lors du 3ème séminaire international SESAME-3, le 23 février 2015 à l'occasion du Salon international de l'Agriculture, les adhérents d'Echanges Méditerranéens présents ont réalisé – à chaud- la synthèse des travaux ci-après.

Le thème était "Changement climatique et sécurité alimentaire en Méditerranée et en Afrique de l'Ouest, Quelles stratégies pour une agriculture, des territoires et une croissance durables?" Ouverture et introduction par Bertrand Hervieu, vice-président du CGAAER En ouvrant ce 3ème colloque du réseau SESAME, aux côtés de Mohamed Ait Kadi, Bertrand Hervieu intervient sur cinq points : il rappelle ce qu'est SESAME, réseau constitué à l'initiative du CGAAER en France et du CGDA au

Maroc, qui s'intéresse aux relations entre la gestion des ressources naturelles et en particulier de l'eau, la sécurité alimentaire et le développement durable des territoires dans les régions à risques que sont le Bassin méditerranéen et l'Afrique de l'Ouest. Ce réseau vise à identifier des stratégies, faire émerger des solutions et appuyer les politiques publiques.

Il rappelle également les deux premiers séminaires : SESAME 1, tenu à Montpellier, consacré à la gestion des ressources naturelles des deux côtés de la Méditerranée avec, en particulier, la prise de conscience partagée du gaspillage et de l'accaparement des terres arables; (voir Echanges med actu n°22 mars 2013). SESAME 2, tenu à Meknès, axé sur le rôle des agricultures familiales et le potentiel de progrès qu'elles représentent (voir Echanges med actu n°30 mai-juin 2014).

Il introduit ce troisième séminaire qui s'appuie sur le 5ème rapport du GIEC avec les risques dus à la sécheresse et à la diminution de la productivité agricole, particulièrement aigus en Méditerranée et en Afrique de l'Ouest. Agriculture-Forêts et Sols peuvent jouer un rôle majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique. La réduction des pertes, le stockage d'eau et de carbone dans les sols, l'intensification de la forêt, la substitution de produits industriels par des produits « bio-sourcés », l'attention portée aux terres pastorales dégradées... sont des pistes pour aller vers une agriculture "climato-intelligente". Cela suppose de l'innovation dans tous les domaines.

Il fait part des travaux du CGAAER, partagés avec le CGDA, en terme de réflexions, pour nourrir le discours politique sur le rôle de l'agriculture dans l'atténuation du changement climatique : les chiffres ont été revisités, les classifications améliorées et on continue de travailler ces sujets. Ces travaux nous donnent la conviction que le secteur AFS pris dans son ensemble peut contribuer à plus du quart de la réduction des gaz à effet de serre d'ici 2020/2050. L'agriculture, tout en gardant son rôle dans l'augmentation de la sécurité alimentaire mondiale, est une partie de la solution.

Il précise enfin que ce colloque a été construit autour de trois régions : Méditerranée du Nord, Méditerranée du Sud et Afrique de l'Ouest, très contrastées (géomorphologie, démographie,

Photo Fondation FARM

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politiques...). De nombreuses questions se posent : quels impacts du climat sur l'eau et la sécurité alimentaire? Comment conjuguer adaptation et croissance? Quelle gestion de l'eau? Etc. Les réponses seront bien évidemment différentes selon que l'on a affaire à des systèmes pastoraux ou d'agriculture pluviale ou à des systèmes irrigués. Il conviendra aussi d'aborder le comment : quelles politiques, avec quels acteurs, régionalisées?

Pour terminer, il remercie tous ceux qui ont permis que ce séminaire se tienne, en particulier : AFD, fondation FARM, CGDA Maroc, CGAAER (notamment Sophie Villers et Guillaume Benoit), FAO, UPM, INRA, CIRAD... Laurence Tubiana (représentante spéciale de la France pour la conférence Paris climat 2015) Moins de 300 jours nous séparent de la Conférence de Paris qui aura lieu en décembre prochain! L'agriculture représente un enjeu fort vis-à-vis de l'adaptation au climat, la menace étant la désertification. Le sol est par ailleurs un facteur majeur de la captation du carbone. Il faut traiter ces questions de façon intégrée : sécurité alimentaire, gestion de l'eau, productions agricoles, droits humains... sont liés. S'agissant des négociations internationales, certains pays ne voulaient pas que l'on y inclue les émissions agricoles : en quelque sorte « ne nous regardez pas, nous sommes à part ». Mais ce n'est pas tenable! De ce fait, il y a du retard dans les négociations sur les sujets liés à l'agriculture : le secteur agricole (hormis la forêt) est resté un point opaque dans beaucoup de pays qui ont peur qu'on limite leur développement agricole. Il va falloir progresser d'ici décembre. Par contre, on a plus avancé sur la forêt, en raison en particulier de l'action des ONG et de la prise en compte des peuples des forêts (lutte contre la déforestation) : tous les pays ont des propositions dans le domaine forestier. On a désormais inclus la sécurité alimentaire dans la négociation. C'est très important et cela doit toucher tous les chapitres (atténuation, adaptation). Compte tenu des enjeux, il faut donner du contenu dans les accords en préparation. Y compris dans le domaine de la coopération notamment en matière de recherche. Les sols constituent aussi un enjeu majeur! Pas plus que celui d'hier, le climat d'aujourd'hui n'est pas celui de demain : il faut se préparer au changement, mais aussi le limiter dans ses effets négatifs .Tout ne se finira pas à Paris : ce rendez-vous sera plus un démarrage qu'un aboutissement. Conférences inaugurales : trois visions sur le changement climatique et la sécurité alimentaire Patrick Caron (directeur du CIRAD) Même si tout ce que l'on peut dire sur l'Afrique est faux...cela bouge en Afrique : le lion s'est réveillé et commence à jouer avec les tigres et les dragons... La population y aura décuplé entre 1900 et 2050 : c'est plus rapide qu'ailleurs dans le monde. Et 2/3 de la population active y vit de l'agriculture (qui représente 70% des emplois et 80% de la richesse). La question de l'emploi est primordiale sur ce continent qui est profondément dual avec des zones touchées par de graves crises mais aussi des eldorados à forte croissance qui transcendent les états. Le climat change, avec trois certitudes : augmentation des températures (de +2° à +6° selon les scénarios (en 2100), modification du régime des pluies (baisse de la pluviométrie en Afrique du Nord et en Afrique australe, augmentation dans les zones d'altitude) et surtout augmentation des phénomènes extrêmes.

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Cette évolution du climat ne sera pas sans conséquence sur l'évolution des rendements, même si celle-ci est complexe : certaines régions sont en danger (par exemple le Sénégal) et une diminution de 10 à 17% du rendement céréalier est probable si rien n'est fait. Le changement climatique est un accélérateur de la vulnérabilité, en particulier dans les zones semi-arides. Les menaces sont donc graves, même si des progrès sont réalisés pour s'adapter. Les crises vont atteindre les plus vulnérables, avec les conséquences que l'on peut redouter : crises alimentaires, sociales, politiques, sécuritaires... pouvant déboucher sur conflits et guerres, surtout dans le contexte explosif que l'on connait déjà, en particulier dans les zones sahéliennes. Le bassin forestier africain pourrait quant à lui être soumis à une déforestation massive... Et que dire des questions sanitaires végétales, animales et humaines? La transition agricole en Afrique de l'Ouest fait l'objet d'intenses débats et grand bruit : doit-on poursuivre une intensification conventionnelle (révolution verte) où chercher de nouveaux modèles? En tout état de cause, il faut mettre l'accent sur l'adaptation de l'agriculture ouest-africaine, et ce sans sacrifier le développement : c'est possible. Un programme africain de développement de l'agriculture résistante au changement climatique, une agriculture climato-intelligente est possible. L'agriculture n'est pas qu'un problème, c'est aussi une solution au changement climatique. Kamel Shideed (directeur général adjoint de l'ICARDA) La Méditerranée du Sud est l'une des régions au monde qui serait très affectée par le changement climatique. L'augmentation de la population et la proportion importante de pauvres et de mal-nourris justifient la nécessaire augmentation des superficies cultivées et de la production alimentaire. Or, les conditions actuelles de production sont déjà difficiles : le manque d'eau, la dégradation de la qualité des sols (salinité...), l'usage de semences pas toujours adaptées.... freinent la production. Sans parler des conflits divers qui actuellement sévissent dans certaines régions... Il est nécessaire, tout d'abord, d'accroitre les travaux de recherche afin de donner plus de solutions visant à l'augmentation de la productivité des zones sèches au Sud et à l'Est de la Méditerranée. Ces travaux doivent bien évidemment tenir compte des différents systèmes de production existants : pastoral, agro-pastoral, intensif pluvial, systèmes irrigués, arboriculture, jardins familiaux, traditionnel de subsistance... L'importance des ressources génétiques doit être soulignée et on doit rappeler que l'ICARDA a fait un gros travail dans ce domaine, permettant d'obtenir des variétés plus productives et résistantes, adaptées aux différentes régions et systèmes. Des stratégies existent, avec des technologies appropriées et des bonnes pratiques et ont été testées avec succès dans divers pays (Maroc, Tunisie, Syrie, Jordanie, Liban...). La diversification vers l'agriculture/élevage, une irrigation plus économe peuvent augmenter l'efficience de l'agriculture dans les zones sèches : c'est fondamental. Cela passe aussi par une mobilisation de toutes les ressources humaines : recherche, formation, développement, vulgarisation... de façon coordonnée. Il faut saluer ici l'énergie et le courage de tous les chercheurs de l'ICARDA qui travaillent dans des conditions parfois très difficiles (disparition de la station d'Alep...). Jean-François Soussana (directeur scientifique environnement à l'INRA France) La sécurité alimentaire de la région Méditerranée du Nord apparaît bonne mais est néanmoins fragile en raison de l'évolution du climat, de la surexploitation de l'eau et parfois de sa qualité.

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La réduction des émissions de gaz à effet de serre de l'agriculture est possible. L'ensemble Agriculture-Forêts-Sols représente environ ¼ des émissions. On peut agir sur ces trois composantes, dont l'élevage, mais aussi en faisant évoluer la demande alimentaire. A noter le rôle central des sols, avec les risques que font peser sécheresse et canicule sur leur matière organique. La maitrise des risques pour l'agriculture du changement climatique est une nécessité. Si on prend l'exemple du blé, on constate une stagnation des rendements depuis 1990 alors que le progrès génétique se poursuit. Et l'été 2003 (année de la « canicule ») en France a vu le rendement des cultures chuter de 20 à 30%. Même constatation en 2010 en Russie. Des simulations montrent qu'une augmentation des températures d'ici la fin du siècle de +4° en hiver et +6° en été en Méditerranée pourrait entrainer une baisse des rendements agricoles d'au moins 25%. On peut imaginer pour cette région une augmentation de la fréquence des canicules et des sécheresses ainsi qu'une augmentation des pluies intenses liées aux reliefs; ainsi qu'une diminution du débit moyen des fleuves et une recharge limitée des eaux souterraines. Les besoins en irrigation augmenteront mais de façons différentes selon les différents schémas de production. En tout état de cause, il va falloir concevoir des systèmes, pour s'adapter, qui seront différents selon la nature des productions, et faciliter l'intégration de nouvelles technologies. L'agro-écologie devra être intelligente face au climat. La recherche a un gros travail à mener pour relever ces défis. Au niveau européen, elle se coordonne et l'INRA prend toute sa place dans ce dispositif (avec 2 conférences internationales organisées en 2015 par cet institut). Panel 1 - L’agriculture pluviale et les systèmes agro-sylvo-pastoraux : comment concilier adaptation, atténuation et développement ? Moujahed Achouri (directeur de l’eau et des terres à la FAO), préside ce panel. Il rappelle les besoins croissants d’alimentation et les derniers travaux du GIEC qui mettent en particulier l’accent sur l’impact du changement climatique sur les sols (les sols constituent précisément le thème choisi par la FAO pour l’année internationale 2015). Il se réjouit que les personnalités appelées à intervenir dans le panel représentent bien la diversité de l’agriculture pluviale de l’Afrique de l’Ouest et des deux rives de la Méditerranée. De fait, les quatre intervenants ont dressé un constat des effets du changement climatique dans leur région, qui est rassemblé dans ce paragraphe afin de rendre plus lisible le compte-rendu.

Ainsi, le scepticisme n’est plus de mise sur l’augmentation moyenne des températures et la diminution moyenne des précipitations. Pour autant, ces deux réalités ne suffisent pas à caractériser le changement climatique. En matière de précipitations et de températures, c’est aussi l’augmentation de leur variabilité qui complique grandement l’organisation. Les phénomènes extrêmes se multiplient : périodes de sécheresse plus nombreuses et plus sévères, pluies intenses et inondations emportant les terres et détruisant les infrastructures : « L’absence de pluie pose des problèmes et la pluie pose des problèmes ! ».

L’état des sols, déjà souvent dégradé, empire. Les difficultés de maîtriser la salinisation des terres s’y ajoutent souvent.

Sanoussi Atta (directeur au Centre régional AGRHYMET, institution du Comité permanent inter-états de lutte contre la sécheresse dans le Sahel - CILSS), Il insiste sur l’accumulation des difficultés. Or, d’ici à 2050, la production de céréales diminuerait d’au moins 30 % en l’absence d’adaptation ; et que dire de la situation des éleveurs, déjà très affectés et vulnérables ?

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Les données climatiques et, plus généralement, les références sont actuellement très insuffisantes dans la grande région. Pour illustrer l’intérêt des études à conduire, il est fait état d’un travail portant sur les céréales réalisé en 2007 sur les plateaux du Burkina-Faso. Il s’agissait de comparer les techniques de conservation des eaux dans les sols. Les « cordons » linéaires de pierres destinés à freiner le ruissellement des précipitations conduisaient à augmenter le rendement en grains de près de 40 % par rapport à l’absence d’aménagement du terrain. La technique du « zaï» (trous garnis de matière organique) permet de cumuler les gains de rendement en grains procurés par l’une et l’autre des deux techniques séparément (près de 120 %).

Mais le modelage des tas de pierres en « demi-lunes » sans apport de matière organique conduisait lui aussi à plus que doubler le rendement en grains (plus de 110 %). Le recueil et la valorisation de tels résultats constituent donc une priorité, avec le partage des expériences entre les régions, l’information et la formation au changement climatique.

Pour financer les coûts d’adaptation et d’atténuation, le Dr Atta signale qu’il faudra accéder à des financements au niveau mondial.

Riad Balaghi (expert du changement climatique à l’INRA du Maroc). Il souligne que, pour le Maroc, les zones de culture se déplacent. La céréaliculture se développe dans les régions de montagne, ce qui n’est pas souhaitable pour la conservation des sols. La mise en culture ou le surpâturage des zones pastorales accentuent les effets du changement climatique et appellent l’attention sur l’importance de conduire un volet social dans tous les programmes d’aménagement. En matière d’adaptation au changement climatique, le Maroc a commencé à agir très tôt et travaille assidument (grands barrages de retenue dès les années 80, Plan Maroc Vert, travaux de recherche en cours en concertation avec la Tunisie…). Les technologies sont diffusées : semis direct, irrigation d’appoint, bonnes pratiques agricoles, variétés sélectionnées sur la résistance au stress,… En matière d’atténuation du changement climatique, les études sont en cours dans un réel souci de développement durable, respectant donc l’impératif de développement économique. La Constitution dont s’est doté le Maroc en 2011 facilite cette réflexion. Alors que les efforts conduits par le Maroc sont reconnus au plan international, il reste certes nécessaire de progresser, en particulier pour l’agriculture pluviale, en poursuivant les actions de recherche et de transfert des connaissances. Foued Chehat (directeur général de l'INRA d'Algérie) Il traite de l’adaptation au changement climatique pour l’agriculture pluviale en Algérie; il décrit l’importance de l’agriculture pluviale (qui, quels que soient les efforts en faveur de l’irrigation, concernera plus de 70 % de la superficie agricole), des forêts et des terres de parcours. Six millions d’hectares de sols sont aujourd’hui très fortement dégradés, dont une partie est irrécupérable pour la production. Chaque année s’observent des phénomènes climatiques inconnus de mémoire d’homme (neige dans le Hoggar, année sans aucune précipitation dans les Aurès,…). La construction de barrages, les transferts d’eau à longue distance, le traitement des eaux usées avec mise à disposition de l’agriculture, la désalinisation des eaux de mer pour l’alimentation en eau potable, sont autant de moyens de diminuer la pression sur les précipitations utilisables par l’agriculture.

Le premier axe d’adaptation est l’approche systémique de la gestion des territoires. C’est en particulier la réintégration de l’élevage dans les exploitations agricoles et la lutte contre la monoculture céréalière, avec - en substitution à la jachère- la culture de légumineuses et l’apport d’engrais organique (alors que le recours à l’engrais, quel que soit son origine, est peu pratiqué jusqu’à présent).

Le deuxième axe concerne la diversification en s’adaptant à chaque situation. Ainsi, l’olivier peut reconquérir les zones steppiques, des espèces fourragères traditionnelles peuvent être cultivées sur semis puis réimplantées dans les types de zones où elles étaient autrefois présentes ; la coloquinte peut retrouver une place pour l’alimentation des dromadaires comme c’était encore le cas il y a vingt ans,…

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David Crespo (président de Fertiprado). Il insiste, pour le Portugal et la restauration des pâturages dégradés, sur la fragilité des sols méditerranéens que le changement climatique aggrave. Ces sols étaient déjà dégradés du fait du développement de la culture des céréales, encouragée par les subventions. Les solutions sont connues. Pour améliorer la productivité et la biodiversité, il faut développer les pâturages permanents riches en légumineuses. La méthode est définie (« SBLRPP» pour Sown Biodiverse Legume Rich Permanent Pastures) : panoplie de plus de 40 variétés de légumineuses utilisables pour des mélanges, inoculation des semences avec du rhizobium, fertilisation des sols selon les besoins réellement observés,…

Ce système assure la couverture des sols, les protège et diminue les inondations. En même temps il contribue à la biodiversité et il retient le gaz carbonique deux fois mieux qu’une prairie temporaire. En outre, au plan économique, il permet d’augmenter sensiblement les résultats.

Débat avec la salle :

À une question de José Tissier (AFD) sur la conduite du changement dans les territoires, le Pr Chehat décrit l‘approche participative mise en œuvre en Algérie autour de projets de proximité et de développent durable intégré. Le ciblage se fait sur les collectivités les plus menacées par le changement climatique ; près de 1 500 collectivités sont aujourd’hui concernées pour 11 000 projets.

Yves Le Bars (CFSI) demande si les actions entreprises sont à la hauteur des enjeux ? Le Dr Sanoussa Atta, donnant l’exemple d’une couverture photographique aérienne récente, indique que l’on observe bien la frontière entre le Niger, qui pratique le reverdissement de la zone sahélienne par régénération naturelle assistée, et le pays voisin qui ne mène pas cette politique. S’agissant du Portugal, David Crespo assure que le passage aux prairies permanentes est efficace et que la technique peut être étendue en Espagne, en Italie et en France.

Guillaume Benoit (CGAAER) souhaite des précisions sur la diffusion de la technique de semis direct. Au Maroc, le Dr Riad Balaghi précise que le semis direct s’effectue aujourd’hui sur 4 000 ha alors que le potentiel atteint 3 millions d’hectares. La subvention pour l’acquisition de semoirs ne suffit pas pour développer plus rapidement la technique : il faudrait réduire le coût de ces semoirs en encourageant leur fabrication locale. La diffusion des légumineuses est aussi associée au Maroc à l’évolution des techniques de labour.

Marie-Christine Monnier (journaliste) demande s’il est facile d’obtenir à des prix abordables les ressources génétiques correspondant aux végétaux anciennement présents qui avaient été collectées par des sélectionneurs d’autres régions du monde. David Crespo, citant le cas du Portugal, relativise cette difficulté. Panel 2 - Gestion de l'eau et systèmes agricoles irrigués : comment concilier adaptation, atténuation et développement Milagros Couchoud (présidente de l'IME) Introduit les interventions en tant que présidente du panel. Elle rappelle l’impact du changement climatique sur les ressources en eau et sur l’agriculture qui contraint à mieux gérer l’eau et ses usages multiples. Ndiawar Diop (président de la Fédération des périmètres irrigués autogérés) et Seyni Ndao (DGA de la SAED Société nationale d’aménagement) Ils précisent l’impact du changement climatique sur le territoire de l’OMVS : perte de récolte, fragilisation des populations rurales. L’irrigation renforce la sécurité alimentaire, préserve les

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écosystèmes, sécurise les revenus des agriculteurs et permet le développement économique de ces zones. La mise en œuvre d’un projet pilote et le développement de l’autogestion permettent la promotion de nouvelles pratiques agricoles mais aussi ouvre des opportunités pour l’agrobusiness. La surface pour chaque agriculteur est entre 1 et 4ha. Des variétés à haut rendement sont utilisées, et la possibilité d’avoir 3 campagnes de production de riz dans l’année avec des rendements parmi les plus élevés du monde permet d’attirer des jeunes et de limiter l’émigration. Abdelkader Hamdane (conseiller technique INA Tunisie). Il précise qu’en Tunisie les 8% d’agriculture irriguée assurent 35 à 40% de la production agricole. Agriculture irriguée et pluviale sont complémentaires. Deux pistes sont privilégiées pour atténuer les conséquences du changement climatique : la forêt et l’agriculture biologique. Deux questions particulièrement préoccupantes : l’envasement des barrages, qui limite leur durée de vie à 35-40 ans, et l’agriculture oasienne : le Cc va augmenter le besoin en eau de l’agriculture de 8 à 20% en 2050.La lutte contre les prélèvements illicites d’eau doit être renforcée. La limitation de l’urbanisation aux dépens des terres agricoles doit être engagée. Jean Yves Grosclaude (IG CGAAER) Il souligne que le changement climatique va accroitre l’ETP alors que la pluviométrie va diminuer d’environ 30%. Les pays du nord pourront-ils répondre aux conséquences concernant l’alimentation des populations ? Deux situations opposées : l’Espagne n’est pas autosuffisante et avec 14% de SAU irriguée assure 60% de la demande de produits agricoles : l’objectif est d’augmenter la ressource en eau agricole, réduire la consommation (déjà 40% d’irrigation localisée dans la vallée de l’Ebre) et d’augmenter les surfaces irriguées ; La France est exportatrice nette et peut contribuer aux nouveaux besoins mondiaux en produits agricoles. Mais l’irrigation, qui est une irrigation de complément, a tendance à reculer. La question de l’eau est intégrée dans le plan Adaptation au Cc : mais dans le cas de la Garonne et, compte tenu de l’objectif de maintien de la qualité de l’eau et de la satisfaction des besoins urbains, les ressources en eau agricole diminueront de moitié en 2050, si de nouvelles capacités de stockage ne sont pas décidées. Débat avec la salle

Question : Les jeunes en milieu rural : l’irrigation est-elle nécessaire pour qu’ils restent ? Réponse : En Tunisie le secteur agricole représente 8% PIB et 20% population. Mais les jeunes ne resteront pas pour récolter les olives. Il faut de la terre (les problèmes fonciers constituent un obstacle important) et une agriculture suffisamment rémunératrice ce qui nécessite une politique intégrée cohérente. Il faudrait aussi développer les jardins familiaux qui, à moindre coût, permettent d’apporter un complément alimentaire et de revenu et de stabiliser des populations. Question : Le prix de l’eau n’est-il pas un obstacle au développement de l’irrigation ? Réponse : Une économie de l’eau nécessite des aides publiques mais aussi un paiement de l’eau en fonction des volumes consommés. Le paiement et une incitation à l’économie. Un intervenant précise qu’au Sénégal l’eau agricole est facturée 10 000 FCFA /ha.

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Panel 3- Comment réussir les transitions? Gérard Viatte, (ancien directeur de l'agriculture de l'OCD) introduit ce panel en tant que président. Les objectifs sont clairs, il en identifie cinq : le climat, le développement, l’emploi, le développement durable et la gestion des territoires spécifiques. L’important : mettre de la cohérence et donc faire des arbitrages. Les politiques à mettre en œuvre doivent se fonder sur de nouveaux paradigmes. Elles sont nécessairement diverses ; associant public et privé et articulées selon les niveaux géographiques. Une contrainte majeure : agir dans l’incertain et l’imprévisible. Ces politiques doivent être élaborées dans des institutions multisectorielles et multi-acteurs (agricoles, industriels, autres). Et, au niveau international, l'agriculture doit être partie prenante dans chacun des États, ce qui n’a pas toujours été le cas.... Mme Teresa Ribeiro (représentante de l'Union pour la Méditerranée, UPM). Elle présente l'UPM qui réunit 43 pays dont ceux de l'UE et ceux de la Méditerranée. Mobilise les États pour un agenda commun, certes à géométrie variable. L’UPM a un objectif d'intégration régionale et veut se focaliser sur des projets concrets pour lesquels, une fois l’adhésion des Etats obtenue, il est possible de faire appel pour l’assistance technique, aux financements de la BEI. L’UPM Fonctionne aussi comme une plateforme pour permettre aux Etats membres des coopérations renforcées notamment dans le domaine de l’eau et de la sécurité alimentaire et pour les adapter au changement climatique qui est un enjeu majeur dans ce cadre. L’important : une stratégie partagée avec les Etats membres. (Il est dommage que cette description n’ait pas été accompagnée d’exemples concrets permettant de mieux apprécier le rôle important de l’UPM). Intervention de Stéphane Le Foll (ministre français de l’agriculture). Nombreuses actions jusqu’ici, au niveau national (Marseille, la Conf. 21 en préparation, etc.) comme international. Les choses bougent, des pays jusqu’ici plutôt fermés (Chine, EU..) comprennent qu’il en va aussi de leur intérêt et surtout de celui des générations futures et sont - peut-être – prêts à adhérer à un objectif ambitieux et contraignant. Les solutions d'adaptation sont nécessaires, elles devront être innovantes ; on réalise que l’agriculture et la forêt ont certes des effets négatifs sur le climat mais sont aussi porteuses de solutions pour atténuer les émissions et stocker le CO2 et le transformer en biomasse. Nécessité d’accroître encore plus nos réflexions sur la photosynthèse. Notre espace N et S de la mer Méditerranée où se sont tissés tant de liens au cours de l’histoire, concentre les enjeux et des conflits qui concernent toute la planète. Il faut trouver l’équilibre et la question alimentaire est toujours, dans l’espace comme dans le temps, au cœur de la stratégie de réponse. Souvenons-nous du rôle des crises frumentaires dans les révolutions. Ce n'est donc pas qu’une question sectorielle, climatique, agricole ou alimentaire, mais une question politique majeure et une question qui ne concerne pas que la Méditerranée. Vous avez eu raison de l’étendre à l'Afrique de l'Ouest qui connait des problèmes d’eau et de sécurité alimentaire mais cela concerne aussi au reste du monde, d’où les négociations internationales actuelles.

Photo Fondation FARM

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Quelles stratégies mettre en œuvre? La modification de nos modèles de production est l’enjeu. Et la stratégie doit être globale. En soulignant la nécessité de mettre l’accent sur la recherche, la formation, le développement d’outils adaptés, techniques, financiers (rôle du crédit) mais aussi le développement d’appareils statistiques fiables, et sur les politiques de coopération multilatérale, bilatérale, par zones qui doivent être transparentes. Dans l’espace méditerranéen, le CHIEAM joue en la matière un rôle fondamental. Cette stratégie nouvelle doit s’appuyer sur l'agro-écologie, c'est-à-dire s’appuyer au maximum sur les mécanismes naturels et passe par une analyse des systèmes existants au crible des enjeux climatiques avec en permanence le critère d’économie en tête : économie de l’eau, économie des sols, économie dans la production et la transformation comme dans le transport et le stockage. Au nord comme au sud, on gaspille, certes pas de la même façon mais avec les mêmes conséquences sur la sécurité alimentaire de la planète. Souvenons-nous aussi qu’il n’y a pas de modèle alimentaire unique, les modèles se sont adaptés aux territoires, au climat, aux populations. Ils ont évolué, parfois disparu. De même, il n’y a pas, et pour les mêmes raisons, de modèle de production unique. Il ne faut donc pas hésiter à prôner un retour de la polyculture-élevage, qui est particulièrement adaptée à la zone méditerranéenne tout comme l’est l’agriculture familiale, ni se priver des potentialités de l’agroforesterie. L’agriculture présente un enjeu social fort : le maintien et la création d’emplois en milieu rural pour répondre à la demande des populations jeunes qui s’y trouvent. Il en va de l’équilibre de nos sociétés. Débat avec la salle

Question sur les financements. Réponse : Il y en a : UE et Banque mondiale (qui avait été créée pour la révolution verte), il faut simplement définir chaque fois que nécessaire de nouvelles orientations et mettre en place des procédures adaptées. Christian Rousseau (président délégué à l'agriculture et à l'innovation, Vivescia France). Présentation des domaines d’intervention dans l’agroalimentaire : meunerie pour la pâtisserie, malt pour la bière. Très présents dans le monde et particulièrement en Méditerranée mais pas encore en Afrique. Origine géographique : Champagne-Ardennes, qui produit des céréales et préfère les transformer sur place. Il est important de passer d’un système intensif avec pour seul objectif les rendements à un système plus économe et qui ne dégrade pas les sols. En France certes mais aussi dans d’autres pays dont le Maroc qu’il connait un peu et où il a été marqué par l'érosion sur des sols nus. 2015 est l’année des sols. Améliorer la qualité des sols pour la santé des plantes. Des rotations longues, des plantes de couverture... Stocker de la matière organique. Moins d'intrants mais avec de nouvelles pratiques inspirées de nouveaux modèles. On peut faire mieux que la jachère avec une rotation des assolements et avoir recours au semis direct qui nécessite moins d’intrants, maintient la qualité des sols et permet des rendements tout aussi intéressants. Avoir des groupes d'agriculteurs qui échangent sur leurs pratiques culturales (cf les CETA français) et testent eux-mêmes les innovations internes ou externes. Cosimo Lacirignola (secrétaire général du CHIEAM) Le ministre nous a donné du travail pour 20 ans ! Nous travaillons pour la Méditerranée. Mitiger les mutations dans un monde qui n'est plus le même et qui change. Les jeunes ont accès à une connaissance universelle par Internet.

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Le CHIEAM regroupe 15 pays, mais travaille avec une cinquantaine, sur l'agriculture essentiellement. 80% de l'eau va à l'agriculture dans notre zone. On a des modèles, bien mettre l'accent sur la formation des jeunes. L'agro-écologie un des éléments clés. La lutte contre le gaspillage, individuel et collectif. Investir sur l'agriculture avec les agriculteurs... Lutter contre le gaspillage de la connaissance aussi, en écoutant l'agriculteur qui connait son territoire. La terre ne pardonne jamais les erreurs que l'on lui a fait subir. Les trois grandes civilisations, celle de l'huile d'olive, celle du soja et celle du beurre se retrouvent en Méditerranée, où la diversité peut s'exprimer, dans une vision euro- méditerranéenne! Ahmed Ouayach (président de la COMADER, Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural). L'agriculture très présente dans les plans de développement au Maroc. Avec la volonté de freiner l'exode rural. Le plan "Maroc vert" à débuté avec la crise alimentaire en 2008. On est aujourd’hui au-delà des objectifs, par ex. pour les oliviers et l'introduction des semences nouvelles. Pour le sucre, on passe de 4 à 12 T/ha. Économie d'eau aussi, l'eau est payante, même si nous agriculteurs souhaitons une charge plus faible vu le Cc et l'incertitude des extrêmes de sécheresse. Un plan tourné vers la petite agriculture, qui favorise la formation, contre le gaspillage technique... Avec des coopérations N/S et S/S. Au Maroc plusieurs agricultures. Les périmètres irrigués, production des agrumes, des oliviers, les fruits et légumes, en surproduction même. Mais dépendance de 98% des huiles de table, et toujours importante pour les céréales. Pour les légumes secs, les prix sont si faibles au niveau mondial que cela empêche leur introduction dans les rotations de culture qui pourraient éviter la jachère. Comme pour le tournesol, il faut que les grands groupes s'intéressent à la production en appuyant ces cultures... Débat avec la salle

Question sur l'avenir du surgelé de fruits et légumes au Maroc pour l'export. Réponse : le Maroc veut transformer au maximum. Conclusions: Mohamed Ait Kadi Il remercie B Hervieu et le CGAAER. L'édition 3 de Sésame a bien joué son rôle d'espaces de dialogue pour relever les défis du Cc. L'AFD et Farm, le comité d'organisation avec S. Villers et G. Benoit, la présence du ministre S. le Foll, qui nous invite à une formulation claire de nos objectifs et des grands axes de la stratégie. Nous avons eu une vue plus élargie que celle du simple changement climatique, jusqu'à la réduction de la pauvreté, sur la demande alimentaire future, la transformation de la géographie agricole... Le tout dans le contexte mondial du Cc et de ses effets. L Tubiana nous a dit que l'on s'achemine vers un scénario extrême. La sécurité alimentaire est au cœur de ces enjeux. Il y a une prise de conscience politique accrue, avec l’ambition de nous éviter le dépassement de plus de 2°C. Nous nous réjouissons que la France s'engage dans ce sens pour la COP 21. Mais la lutte se gagnera dans la cohérence des politiques nationales, il faut mobiliser le monde agro- économique pour cela. Le Cc affecte d'abord la capacité productive, d'autant plus qu'il y a fragilité des agricultures des pays du Sud.

Photo Fondation FARM : Mohamed Ait Kadi

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Mais que faire des populations accrues qui ne réussiraient pas à trouver l'application de leurs capacités ? Il faut une stratégie nationale fondée sur la réalité des situations, adaptation et développement y sont convergents. Formulons les priorités et les politiques appropriées, nous avons assez de pistes et de réussites... Sécuriser la base productive de l'agriculture. Rendre à l’agriculture 12% des terres dégradées permettrait de nourrir 200 millions de personnes. La restauration des sols permettra de mieux retenir l'eau. La recherche agronomique nationale a un rôle d'anticipation stratégique. N'est pas une activité d'appoint, mais elle contribue à la sécurité alimentaire. Des efforts à faire à la hauteur des ambitions. Le rôle du CHIEAM vers l'Afrique de l’ouest, souhaité par le ministre, est à considérer. Les politiques du Cc sont à définir dans des territoires, dans la proximité. Des plans de gestion des territoires. Les milieux les plus fragiles risquent la désertification. Certes des réponses diversifiées et adaptées à chaque territoire sont nécessaires. Ne pas oublier le commerce des produits agricoles! Ce thème a été peu abordé. L'ouverture n'apporte pas des assurances suffisantes. Ce n’est ni fiable, ni efficace actuellement. La gouvernance doit passer à une coopération globale, solidaire, pour tenir la stabilité politique globale. C’est une réponse aux conflits, à la création de zones de non droit… La sécurité alimentaire est donc un enjeu politique majeur... A noter que la Fondation FARM a mis en ligne des éléments sur ce séminaire dont elle gérait la logistique : http://www.fondation-farm.org/spip.php?article952

Séminaire sur le bilan France de l’année internationale de

l’agriculture familiale (AIAF) Par André Barbaroux

Le 26 janvier dernier, les ministères français de l’Agriculture et de l’Outre-mer avaient organisé une rencontre d’une journée afin de rassembler tous les acteurs français qui se sont mobilisés sur l’année internationale de l’agriculture familiale (AIAF), en faire le bilan et dresser des perspectives des actions menées en sa faveur au cours de l’année 2014 que l’Assemblée générale des Nations unies ONU avait dédiée à cette forme d’agriculture. On peut se demander d’ailleurs pourquoi la FAO a mis près de 70 ans après sa création pour mettre enfin en exergue l’agriculture familiale qui est largement majoritaire au niveau mondial (500 millions d’exploitation sur les 570 millions qui existent dans le monde) et qui joue un rôle majeur pour la sécurité alimentaire de la planète même si elles sont majoritairement de très petite taille (72% de ces exploitations font un ha ou moins). Ceci est une autre histoire, passionnante et irritante à la fois, où se mêlent tous les facteurs de diffusion, positifs et négatifs, de la modernité et du développement économique et social de l’agriculture ainsi que la vision que les hommes et les femmes en ont, tant ceux qui sont sur le terrain que ceux qui les gouvernent. Il est clair que le sujet a passionné et que nombre d’instituts de recherche ou de développement (INRA, CIRAD, CIHEAM, AFD), de chercheurs, de responsables professionnels agricoles, de décideurs politiques ont activement participé aux nombreux colloques, séminaires et manifestations qui ont marqué cette

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année. Le Conseil économique, social et environnemental y a consacré un avis comportant des préconisations pour mieux connaître les agricultures familiales et les promouvoir. Henri Rouillé d’Orfeuil, coordonnateur de l’AIAF, a présenté un bilan chiffré (plus de 150 initiatives et actions diverses lancées à tous les niveaux du territoire) et prospectif en mettant l’accent sur sept chantiers thématiques où les acteurs concernés, tant au niveau national qu’international sont invités à s’investir pour que l’agriculture familiale soit désormais une préoccupation majeure et son évolution favorisée. Ces chantiers portent sur :

- le renforcement de la connaissance des agricultures du monde et leur prise en compte dans les agendas internationaux et les politiques de recherche.

- Prise en compte de l’agriculture familiale dans la détermination de nombre de politiques publiques notamment alimentaire et mesure de leur impact tant national qu’international.

- Veiller à maintenir l’agriculture présente dans l’agenda diplomatique international, du fait de son importance dans la sécurité alimentaire mondiale et de son rôle en matière d’emploi et d’aménagement et de développement des territoires,

- Faciliter l’accès à la terre et aux ressources naturelles, sécuriser leurs usages et encourager leur gestion durable. Trop d’exploitants dans le monde n’ont aucune sécurité juridique sur les terres qu’ils exploitent souvent depuis des générations (notamment les titres de propriété qui sont un facteur majeur de l’accès au crédit à des taux normaux). Prise en compte du problème de l’accaparement des terres agricoles dans la préparation du forum d’accès à la terre et aux ressources naturelles prévu en 2016.

- Accompagner le développement des systèmes agricoles familiaux en s’appuyant notamment sur les organisations paysannes.

- Réduire les exclusions et la dévalorisation de l’exploitation familiale en formant et favorisant l’installation de jeunes agriculteurs et en soutenant l’organisation d’un mouvement international de jeunes agriculteurs pour qu’ils puissent faire entendre leur voix à côté de celle des ainés.

- Promouvoir des systèmes alimentaires territorialisés en valorisant la typicité des produits du terroir et en s’appuyant sur une réflexion à conduire largement au niveau des collectivités territoriales.

Ces chantiers sont une feuille de route pour la France mais ils concernent aussi le niveau international, selon le cas et sous des formes extrêmement diverses et avec des temps de mise en œuvre variables. Les cinq tables rondes organisées pour la journée du 26 janvier ont largement repris l’essentiel de ces chantiers autour des thématiques suivantes:

- l’accès à la terre et la promotion de la transition écologique, - les actions en faveur de l’insertion durable des jeunes, - le rôle des agricultures familiales dans les systèmes alimentaires territorialisés, - recherche et accompagnement des agriculteurs familiaux à mettre en œuvre pour favoriser

l’innovation, - quelles politiques promouvoir pour une agriculture familiales durable et répondant aux enjeux

climatiques ?

Il est indéniable que l’agriculture familiale a retrouvé avec les travaux engagés en 2014 et les perspectives ouvertes la place qui est la sienne du fait de son rôle. Elle est toutefois diverse, fragile dans de très nombreux pays et avec une image pas toujours valorisante, portée souvent à tous les niveaux. Elle suppose des politiques volontaristes de protection, de formation, d’organisation des marchés, une action diplomatique et une action de coopération continue.

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Elle suppose surtout du temps. La France a mis plus de 50 ans pour se doter de structures agricoles viables, sans être excessives (moyenne 60 ha), pour inventer des formules de gestion adaptées au caractère familial de son agriculture, pour former des générations de jeunes issus de l’agriculture et du milieu rural. Elle a fait cela avec l’appui (ou l’aiguillon !) d’une profession agricole organisée, dans un environnement économique favorable notamment en termes de création d’emplois hors agriculture (« Les trente glorieuses ») et avec le relais de l’Union européenne. Curieusement, la nécessaire prise en compte de cette notion de temps et l’attention particulière à accorder aux analyses démographiques qui sont essentielles en matière foncière sont quasi totalement ignorées. Aucun des intervenants dans aucune table ronde ne les a évoquées. Or, les conditions actuelles sont bien plus difficiles qu’elles l’étaient alors ; on ne peut plus encourager l’exode rural et il faut au contraire créer des emplois autres qu’agricoles en milieu rural pour y stabiliser la population, ce qui suppose, là aussi des politiques adaptées. De même, la nécessité pour pouvoir moderniser efficacement l’agriculture de disposer de relais, d’aiguillons, bref de disposer d’organisations syndicales structurées, fortes et représentatives n’a pas véritablement était mise en évidence et elle était, en tous les cas, absente des tables rondes même si la présence de plusieurs responsables professionnels dans les tables rondes témoignait de cette nécessité. Travaux et débats passionnants donc. Même si c’est bien tard, il était temps ! Cette année a permis de faire clairement le constat des défis à relever par les agricultures du monde : nourrir 9 milliards de personnes en 2050, capacité à lutter contre la pauvreté et les inégalités ainsi qu’à gérer durablement et efficacement les ressources naturelles. Elle a permis de rappeler les caractéristiques et de souligner les atouts de l’agriculture familiale face à ces défis : adaptabilité territoriale et rôle dans l’aménagement des territoires, capacité à intégrer l’innovation, la flexibilité par rapport au marché et par rapport à l’emploi, le rôle en matière d’environnement. Elle a mis en évidence la nécessité de politiques publiques constantes et spécifiques de protection des outils de travail notamment le foncier, de formation, de valorisation de l’image du métier, de créativité juridique et soutien à l’innovation, d’organisation des marchés et de promotion d’organisations professionnelles indépendantes et libres.

A consulter

« Alimentation générale », périodique avec lequel « Échanges Méditerranéens » a noué des liens à l’occasion de la préparation du colloque de Bejaïa, présente une approche globale et multidisciplinaire de l’alimentation humaine dans le monde. Il a paru intéressant de matérialiser cette collaboration par un échange régulier de nos publications respectives permettant ainsi à chacun d’être informé sur des sujets d’intérêt commun qui viendraient à être traités par l’un ou par l’autre. Désormais, vous trouverez donc dans chacune de nos lettres un lien permettant d’accéder à la lecture du mensuel « Alimentation générale ». Le voila pour le mois de mars 2015 : cliquez ici

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