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Ecole d’administration des affaires maritimes Page 1 sur 43 L’impact de l’arrivée des drones dans le monde maritime, allonsnous vers une marine de commerce 100 % automatisée ? Ecole d’administration des affaires maritimes ENSEIGNEMENT MILITAIRE SUPERIEUR DU 2 DEGRE BREVET TECHNIQUE AC2AM Philippe BRICQUER 01 octobre 2014

Ecole ENSEIGNEMENT MILITAIRE SUPERIEUR …€¦ · marine. Les drones vont révolutionner le mode de fonctionnement des ports, des lamaneurs et bien entendu des

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L’impact de l’arrivée des drones dans le monde 

maritime, allons‐nous vers une marine de 

commerce 100 % automatisée ? 

 

 

 

 

 

 

 

 

      

Ecole d’administration des affaires maritimes 

ENSEIGNEMENT MILITAIRE SUPERIEUR DU 2 DEGRE 

BREVET TECHNIQUE 

AC2AM Philippe BRICQUER

01 octobre 2014 

 Ecole d’administration des affaires maritimes 

 

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 Avertissement 

 Ce document est réalisé dans le cadre d’un cycle de formation à l’enseignement militaire supérieur à l’Ecole d’administration des affaires maritimes.  L’auteur décline toute responsabilité quant à une mauvaise utilisation du contenu de ce document.  Ce document ne définit pas une méthode officielle et ne peut en aucune façon être considéré comme étant une critique des méthodes existantes.  Les informations qu’il comporte ; 

• Sont exclusivement de nature générale et ne visent pas la situation particulière d’une personne physique ou morale ; 

• ne sont pas nécessairement complètes, exhaustives, exactes ou à jour ; • ne constituent pas un avis professionnel ou juridique. 

 Il n’est pas possible de garantir qu’un document de cette sorte reproduise exactement un texte adopté officiellement, car il ne constitue pas une publication officielle.  Le contenu de ce mémoire n’engage en rien l’administration de tutelle de l’auteur.  La reproduction de son contenu est autorisée sans l’accord écrit de l’auteur. Cette 

autorisation est soumise à la condition que la source soit indiquée sous la forme 

« Bricquer – L’impact de l’arrivée des drones dans le monde maritime, allons‐nous vers 

une marine de commerce 100 % automatisée ? – EAAM 2014 » et que la reproduction et 

la diffusion soient effectuées à titre gratuit. 

 La reproduction totale du document peut se faire sans autorisation et sans frais, exclusivement pour tout usage éducationnel ou autre but non commercial à condition de joindre à toute reproductions la mention « Bricquer, EAAM, 2014 ». 

            

 Ecole d’administration des affaires maritimes 

 

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Tabledesmatières

INTRODUCTION. 

RESUME 4 

MOTSCLES 6 

ABSTRACT 6 

1.  LEDRONEPLUSPERFORMANTQUEL’HUMAIN? 8 a.  Moins cher ?  8 b.  Plus sûr ?  10 c.  Moins polluant ?  14 

2.  LESDRONESSONT‐ILSTECHNIQUEMENTREALISABLE? 16 a.  Quelles contraintes techniques ?  16 b.  Quelles possibilités aujourd’hui ?  18 c.  Quelles seront les adaptations inévitables du secteur maritime ?  19 

3.  CENOUVEAUSUJETEST‐ILJURIDIQUEMENTCOMPLEXE? 21 a.  Quelles contraintes juridiques ?  21 b.  Quelles possibilités aujourd’hui ?  26 

4.  QUELSSERONTLESIMPACTSSOCIAUXETECONOMIQUES? 26 a.  Quel devenir pour le métier de marin ?  26 b.  Quels seraient les impacts socio‐économiques mondiaux consécutifs à l’arrivée des drones ?  28 c.  Quelles conséquences dans le domaine para‐maritime ?  29 d.  Comment assurer le sauvetage en pleine mer ?  30 e.  Une piraterie plus facile à combattre ?  31 

5.  LESPROJETSENCOURS 32 a.  MUNIN  32 b.  Le projet DGA  33 c.  Le projet REVOLT  33 d.  Rolls‐Royce  33 

6.  LESEVOLUTIONSPREVISIBLES 34 a.  Comment fonctionne le secteur aérien et comment évolue‐t‐il ?  34 b.  De nouveaux métiers à terre et en mer ?  35 

CONCLUSION 37 

RÉFÉRENCES 39  

 

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Résumé L’impact de l’arrivée des drones dans le monde maritime, allons‐nous vers une marine de commerce 

100 % automatisée ? 

Philippe BRICQUER 

01 octobre 2014 

La crise pétrolière des années 70, ainsi qu’une surcapacité de la flotte mondiale dans les années 80 ont fait  que  la  réduction  des  coûts  de  fonctionnement  des  navires  est  devenue  une  obsession  pour  les armateurs. Pour y arriver, ils ont principalement travaillé sur la réduction du coût de la main d’œuvre du personnel navigant, et sur la diminution de la consommation de leurs navires. Afin  d’optimiser  davantage  cette  consommation,  les  armateurs  cherchent  aujourd’hui  à  diminuer  de façon  conséquente,  la  vitesse des navires de  leurs  flottes. Même  si  cette diminution  aura un  impact économique    important, elle a ses  limites puisque cette diminution de  la vitesse allonge  la durée des transits. Plus le navire reste en mer, plus il faut payer l’équipage qui le gère.  Au  regard  de  cette  simple  analyse,  il  semble  évident  que  la  prochaine  évolution  techniquement réalisable pour continuer à répondre aux besoins de réduction de coût des armateurs, est l’arrivée des drones, et en conséquence, la réduction voire la suppression de leurs équipages. La  suppression  des  équipages  n’apportera  pas  qu’une  économie  en  matière  de  consommation  de combustible. En effet, ces équipages nécessitent des installations techniques complexes pour répondre à leurs besoins essentiels, tels que manger, boire, dormir, se laver, se soigner et se détendre. Toutes ces installations ayant un coût d’installation et d’entretien loin d’être négligeable.  Les enquêtes concernant les différents accidents maritimes révèlent que le facteur humain est le facteur prépondérant à  l’origine de ces accidents. Une  fois analysé, ces accidents  révèlent que  le manque de connaissance n’est pas  la seule cause à  l’origine de ces accidents. Mais surtout,  il  révèle  l’absence de culture des  chefs de quart aux  sciences  cognitives ;  seules capables d’expliquer  leurs  comportements dans les situations de stress qu’ils rencontrent.  Une des conséquences de la suppression des équipages sur les navires de commerce est une diminution conséquente de leurs émissions de polluants. En effet, les équipages ont des besoins vitaux nécessitant des  installations gourmandes en énergie et émettrices de gaz polluants. De plus,  leur présence  impose des  rejets  dans  le  milieu  maritime  qui  finissent,  malheureusement,  par  influer  sur  l’équilibre  des écosystèmes qui les entourent.     Les  industriels  imaginent  aujourd’hui,  trois  modes  de  fonctionnement  concernant  les  drones :  des drones sans équipage complètement autonomes (1), des drones sans équipage commandés à distance (2), et des drones autonomes avec un équipage embarqué pour assurer l’entretien du navire (3). Chaque modèle présente des avantages et des inconvénients en matière de conception, de connexion, de conduite et de coût.  Amplifiées par le développement et l’expérience des drones aériens, les évolutions techniques actuelles permettent aujourd’hui aux industrielles français et étrangers de réfléchir et de développer des projets de drones capables de répondre aux exigences du monde maritime.  Bien entendu,  l’arrivée des drones maritimes  risque de bouleverser  le monde assez  traditionnel de  la marine.  Les drones  vont  révolutionner  le mode de  fonctionnement des ports, des  lamaneurs et bien entendu des pilotes maritimes. Ceux‐ci devront trouver le moyen de maintenir leur nécessaire expertise aux navires faisant escale dans leur port, malgré l’absence de moyens de commande embarqués.  Un des points les plus sensibles avec l’arrivée de ce nouveau modèle de transport est l’évolution qu’il va imposer  en  matière  de  règlementation  internationale.  Cette  dernière  encadre  le  mode  de 

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fonctionnement des navires depuis maintenant plus de cent ans. L’arrivée des drones va, en effet, avoir pour conséquence une réflexion sur la façon de les intégrer, dans une règlementation qui a aujourd’hui largement  fait ses preuves. Pour autant, ce  type de  révolution n’est pas nouveau puisqu’en 1994,  les instances  internationales avaient déjà  travaillé  sur un nouveau  type de  flotteur,  les HSC  (High  Speed Craft), et avaient su à l’époque adapter la règlementation en conséquence.  Les navigants, dont  le métier n’avait pas beaucoup évolué depuis  l’arrivée du  sextant et du navire à vapeur au 18ème siècle, ont vu leur métier se métamorphoser au cours des trente dernières années. En effet,  les  évolutions,  en  matière  de  transport  multimodale  et  de  communication  personnelle  ou professionnelle, ont considérablement transformé le métier de marin et lui ont enlevé une partie de ce qui  faisait  son  attrait.  En  conséquence,  ce métier  est  devenu moins  attrayant  pour  une  population occidentale qui pourrait voir  la sédentarisation de certaines fonctions spécialisées des drones, comme une nouvelle opportunité.  L’arrivée des drones aura également un impact important sur l’emploi maritime et l’économie relative à ces emplois. Le PIB de certains pays asiatiques, et plus particulièrement des Philippines, bénéficie de certains  montages  financiers,  liés  directement  aux  ressources  financières  issues  des  salaires  des navigants. Certaines sociétés spécialisées,  telles que  les sociétés de manning, ne doivent  leurs survies qu’à l’existence des navigants et, sauf évolution de leur part,  la disparition de ces derniers risque de les condamner.  Il  faut donc  s’attendre à  ce que  ces pays et  sociétés pèsent de  tout  leur poids pour empêcher  cette évolution  en  imposant  un  modèle  qui  représente  aujourd’hui  un  équilibre  économique  maritime mondiale.  Les officiers de marine marchande ont traditionnellement été  le vivier alimentant en main d’œuvre  le monde para‐maritime. Leur formation et  leur expérience  internationale  les ont rendu  incontournables dans ce domaine très spécialisé et confidentiel. La révolution apportée par les drones va naturellement mettre fin à cette corporation qui contribuait à maintenir une culture maritime forte en France. Pour pouvoir maintenir ce savoir faire, l’enseignement maritime devra évoluer et apporter aux candidats, à ces emplois spécialisés, une expérience de terrain minimum afin de garantir la qualité des recrutements du secteur para‐maritime.  Les navires de commerce  font partie des moyens privilégiés pour assurer  le sauvetage en pleine mer. L’absence d’équipage à bord des drones  imposera une réflexion profonde pour déterminer  le modèle qui sera capable de continuer à répondre à ce besoin vital d’assistance en pleine mer. Ils devraient, en revanche,  faciliter  les  interventions en matière de piraterie. L’absence d’équipage, et donc de  rançon,  ainsi que  la possibilité de bloquer  le navire  à distance permettrait  aux  autorités de répondre plus facilement à ce type d’agression.  Certaines entreprises, convaincues par  l’arrivée prochaine des drones dans  le monde de  la marine de commerce, s’investissent déjà dans  la conception d’un engin en grandeur réelle. Une  fois  les schémas validés sur simulateurs, un prototype pourrait voir le jour en 2015.  La  révolution qu’amèneront  les drones  imposera des évolutions en matière de  fonctionnement et  la création de nouveaux métiers. La  responsabilité du navire en escale doit être éclaircie,  la gestion des autorités  locales  lors de ces escales doit être assurée et  l’entretien effectué. En outre,  l’assistance en mer d’un drone en avarie devra être prévue et assurée sur tout le globe.   

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Motsclés Drone, navire, entretien, coût, cognitif, pilote, règlementation, international, emploi, para‐maritime. 

Abstract The maritime  companies  are expecting  to  reduce operating  costs of  their  vessel  since more  than 40 years. After having reduced the  labour cost and the consumption of their ships, they want to  improve again the consumption by reducing speed of their vessels. To be efficient, this reduction of consumption must be associated with a reduction or a suppression of crews, and the only way to reach this aim, is to use drones for maritime transports.   Maritime accidents’ investigations revealed that the human factor is at the origin of most of them. The absence of cognitive instruction on officers’ training could have a part of responsibility on that. The absence of crews on unmanned maritime's vehicles has also the advantage to be less pollutant, with no rejection on the ecosystem due to direct human activities.  Three  different  types  of  drone  have  been  imagined  by  industrials:  Unmanned  drones  completely autonomous, unmanned drones remote controlled by a pilot ashore and autonomous drones with crew members embarked for maintenance. Each model has benefits and inconvenient regarding conception, connexions, conduct and costs.  Drones will change the face of maritime shipping and ports, boatmen and maritime pilots will have to change in order to adapt to this revolution. The  International and national regulations will also have to adapt  in order to permit the arrival of this new model of navigation. This has previously been done, with the integration of high speed craft in the SOLAS convention in 1994.  The  job of seaman has metamorphosed within  the  last 30 years. The new systems of communication had  brought  closer  the  seamen's  families  and  they  had  decreased  the  captain's  independence.  The multimodal transportation has greatly modified the activities on board of the ship when she is at berth. The  time  for  loading  the  ship has been  reduced  and  seamen  can't make  anymore  their  visit  ashore. Accordingly,  seamen are  tired and have more and more difficulties  to continue  to be  interested with their  job. And so, occidental countries have difficulties to find student motivated for entry  in maritime schools. The  drone  pilot  will  have  the  advantage  to  be  sedentary,  this  could  give  back  motivation  to  this students.  Nevertheless,  the drones will have a  important  impact on maritime economy. The GDP of  the major supplier’s  countries  for maritime workforce  depends  in  great  part  of  this workforce.  It  is  therefore expected that they will throw their weight against the drones.  The merchant marine officers have been  since  long  time,  the  reserve  in  recruitment of  the maritime sector ashore. With the drones, this reserve will have disappeared and a reflexion will have to be done in order to find a new model of recruitment in this sector. A reflexion will also have to be done in order to maintain a salvage services in open sea. Without crew members, drones will not be able to assist shipwrecked men.  The drones’ revolution will also,  impose the creation of new jobs  in order to manage the maintenance and the different contacts with the local authorities during the calls of the ship. 

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Introduction  Comme pour  l’aviation,  les grandes évolutions  industrielles commencent  souvent par une période de complications émaillée d’accidents plus ou moins graves.  Leur pérennité est  liée à  leur  capacité à  se fiabiliser et aux avantages qu’elles peuvent apporter à  leurs utilisateurs. Le cas des drones ne fera pas exception à ces règles.   Les évolutions techniques récentes ont rendu possible l’utilisation intensive de drones aériens militaires sur  les  conflits  afghan  et  irakien.  L’expérience  qui  en  résulte  encourage  certaines  administrations  à développer civilement ce savoir‐faire.  Concernant  le domaine maritime, on peut  imaginer que  ces évolutions puissent également  répondre aux contraintes techniques de ce domaine, et que des possibilités existent pour que le secteur maritime puisse également s’adapter à ce futur bouleversement.   Même si techniquement,  il était possible de fiabiliser de tels engins,  il faudrait malgré tout définir des limites  et modifier  une  règlementation maritime  conséquente  pour  leur  permettre  de  naviguer.  Au regard  de  cette  règlementation,  la  question  se  pose  alors  de  savoir  si  un  drone  doit  ou  non  être considéré comme un navire.   En s’exonérant d’embarquer des navigants, les drones risquent de bouleverser l’économie mondiale et modifier  les modes de  recrutement du monde para‐maritime. Comment  certaines  grandes  traditions maritimes bien ancrées aujourd’hui dans la règlementation internationale, comme le sauvetage en mer et la lutte contre la piraterie, seront appréhendées si les drones s’imposent dans le paysage maritime ?   Plusieurs projets sont actuellement en cours. Il serait intéressant de regarder comment se positionnent les administrations aériennes avancées sur  le sujet des drones aériens afin de vérifier si  les différentes expériences  positives  ou  négatives  qu’elles  ont  rencontrées  permettraient  aux  acteurs  du  monde maritime d’éviter certaines déconvenues dans leur domaine.   Les drones révolutionneront le monde maritime tel qu’il existe aujourd’hui, et une réflexion devra être menée  en  amont  pour  déterminer  quelles  professions  seront  impactées  et  quelles  évolutions  ou mutations elles devront entreprendre pour garantir le respect des obligations maritimes règlementaires et de maintenir ainsi un niveau de sécurité suffisant.              

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1. Ledroneplusperformantquel’humain?

a. Moinscher? La réduction des coûts de fonctionnement des navires est une obsession pour les armateurs depuis plus de trente ans.   En effet au cours de  la récession mondiale des années 1980,  la compétition exacerbée entre  les  opérateurs  de  transport  a  eu  des  conséquences  désastreuses  pour  les  propriétaires  et gestionnaires de navires, ainsi que pour les navigants. Malgré une diminution de la flotte mondiale des navires en activité, les armateurs restaient aux prises avec des surplus de capacité de chargement car le taux de démantèlement des navires était en parti compensé par  la  livraison de constructions neuves. Cette situation faisait suite aux difficultés engendrées par  la hausse rapide du prix du pétrole au cours de  la  crise  pétrolière  des  années  1970  qui  avait  nettement  augmenté  les  coûts  d’exploitation  du transport maritime. En réponse à ces difficultés, les compagnies maritimes ont cherché à réduire leur coût d’exploitation, et une  des  stratégies mise  en  place  fût  la  réduction  des  coûts  de main  d’œuvre  en  développant  les pavillons de complaisance (Alderton & Wincherter 2001).  Cette  période  correspondait  également  à  la  mise  en  place  d’une  politique  néolibérale  des administrations  Reagan  et  Thatcher  qui  permit  de  libéraliser  les  mouvements  internationaux  de capitaux, permettant ainsi aux propriétaires de navires d’immatriculer facilement leurs navires dans des registres étrangers.  Selon  la CNUCED1,  en  2010,    68,5 % de  la  jauge mondiale  est exploitée  sous un registre étranger aux pays d’origines des propriétaires de navire, contre 41,5 % en 1989. Toujours selon la CNUCED, la proportion est plus importante dans les pays développés (75 % du tonnage) alors qu’elle est iplus  faible  dans  les  pays  en  voie  de  développement  (57  %  du  tonnage),  sachant  que  les  pays développés sont propriétaires de 65,9 % du tonnage de la flotte mondiale.  La  nouvelle  flexibilité  qu’apportaient  ces  registres  de  complaisance  a  permis  aux  armateurs  de contourner  les  règles  sociales  plus  strictes  de  leurs  pays  d’origine  en  armant  leurs  navires  avec  des marins  issus  de  pays  dont  les  coûts  de  main  d’œuvre  étaient  moins  élevés.  L’agence  de  presse Bloomberg confirme sur son site  internet que  le coût quotidien d’un équipage d’un grand navire porte conteneur actuel  représente 3 299 $ et correspond à 44 % des dépenses d’exploitation  totales de ce type de navire (Selon le réseau comptable et de conseil londonien Moore Stephens LLP)2.  Cette situation, héritière des années 70, est similaire à celle que nous subissons depuis une quinzaine d’année.  En  effet,  selon  les  chiffres  de  l’OCDE,  le  prix  du  baril  de  pétrole  a  été multiplié  par  10  en l’espace de 15 ans pour passer de 8,50 € en décembre 1998 à 82,20 € en juin 2014. Cette augmentation du prix du pétrole s’est accompagnée, depuis 2008, par une crise mondiale qui affecte tous les secteurs, dont le maritime.  Afin de répondre à ces nouvelles contraintes et grâce aux nouvelles évolutions techniques et portuaires, les  armements  ont  décidé  de  réduire  leurs  coûts  en  travaillant  sur  le  transport  de masse.  Ils  ont augmenté de  la taille de  leurs navires afin d’augmenter  leur capacité d’emport et ainsi améliorer  leur rentabilité. Nous avons ainsi vu  la  taille des porte conteneurs, passer de 5 000 conteneurs en 1998 à 10 000 conteneurs en 2008 pour atteindre les 18 000 conteneurs aujourd’hui. Quant aux paquebots, ils jaugeaient 100 000 UMS en 1998, 150 000 UMS en 2008 et 220 000 aujourd’hui. Si  l’augmentation de  la  taille de  ces navires  reste  techniquement  toujours possible, elle  trouvera  ses limites dans les structures d’accueil à terre. Différents ports du monde ont en effet entreprit de grands travaux afin de pouvoir accueillir ces géants des mers, mais le coût de ces investissements et les délais de rentabilité  limiteront naturellement  les travaux futurs. Le dernier port à conteneurs du Havre, Port 2000,  inauguré en 2005, a par exemple, nécessité 10 année d’études, 4 ans de  travaux et presqu’un 

                                                            1 : CNUCED : Conférence des Nations Unis sur le commerce et le développement 2 : http://www.bloomberg.com/news/2014‐02‐25/rolls‐royce‐drone‐ships‐challenge‐375‐billion‐industry‐freight.html 

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milliard  d’euros  d’investissement  d’après  Paul  SCHERRER,  directeur  du  port  autonome  du  Havre  et directeur de projet « Port 2000 » (2005). La situation économique des armements spécialisés dans  le conteneur n’est pas  très bonne, selon un article du  journal « LE MARIN » daté du 04/06/2013, seulement 4 compagnies sur  les 18 plus grandes compagnies mondiales  étaient bénéficiaires  au premier  semestre 2013.  Si  le prix du baril de pétrole continue de grimper et si  la situation économique actuelle ne s’améliore pas,  il faudra s’attendre à ce que les armements mondiaux cherchent à améliorer leur marge par d’autres moyens.  Une autre solution avait également été envisagée par les opérateurs de navire : le « SLOW STEAMING ». Cette pratique, déjà mise en place après le premier choc pétrolier de 1973, vise à réduire la vitesse des navires  afin  de  réduire  leur  consommation  et  ainsi  améliorer  leur  rentabilité.  Selon  Pierre  Cariou, professeur associé d’Euromed Management et ancien professeur de  l’université maritime mondiale de MALMÖ, les économies réalisées par cette pratique s’illustrent par deux règles. D’une part, la puissance requise pour le moteur principal est fonction cubique de la vitesse : une réduction de 10 % de la vitesse entraine  alors  une  réduction  de  27  %  de  la  puissance  moteur.  D’autre  part,  la  consommation  en tonne/mile  est  une  fonction  carrée  de  la  vitesse,  10  %  de  réduction  de  vitesse  entraine  19  %  de consommation en moins. Il précise également que le coût en carburant représente entre 30 à 50 % du coût d’exploitation sur une ligne régulière. Toutefois,  cette  réduction  d’allure  des  navires  impose  des  contraintes  supplémentaires.  Afin  de maintenir  les  fréquences  hebdomadaires,  attendues  par  les  chargeurs,  il  faut  affecter  des  navires supplémentaires  sur  une même  ligne  et  les  coûts  supplémentaires  engendrés  peuvent  rapidement mettre en défaut l’intérêt du « SLOW STEAMING ». La seule solution pour rendre le « SLOW STEAMING » économiquement viable serait alors de réduire le coût d’exploitation de chaque navire.  L’absence  d’équipage  sur  les  navires  aurait  des  impacts  techniques  considérables.  En  effet,  chaque membre d’équipage a, sur chaque navire où il travaille, les même besoins qu’à terre. Il faut qu’il puisse respirer, boire, manger, dormir, se  laver, se chauffer,   s’habiller, se  ravitailler, se soigner et  travailler. Chacune de ces actions demande une installation à la fois personnelle pour permettre son utilisation par le marin, mais également industrielle pour répondre à ces besoins. En l’absence de marin embarqué, la plupart de ces installations deviendraient inutiles ce qui permettrait à l’armateur de diminuer ses coûts lors de la construction du navire, lors de son exploitation et de sa maintenance.  Chaque membre d’équipage est « enfermé » dans une boite volontairement hermétique afin de limiter les entrées d’eau.  Il faut une ventilation artificielle dans tout  le navire afin d’amener  l’air nécessaire à chaque membre d’équipage. Cette ventilation est constituée d’éléments techniques lourds tels que des centrales  de  climatisation,  des  gaines  de  ventilation  avec  bouches  et  clapets  coupe‐feu.  Ces équipements  ont  un  coup  d’installation  important.  Ils  demandent  une  maintenance  fréquente  des centrales de climatisation et une désinfection régulière des gaines.  A chaque escale du navire,  le plein d’eau douce est effectué pour satisfaire  les besoins de  l’équipage. Cette eau sert à se laver, à la cuisine et au fonctionnement d’autres appareils tels que les toilettes. Les besoins en eau nécessitent  souvent  l’utilisation d’une  installation de production d’eau douce à bord. Cette installation, outre la production d’eau douce, comprend également une installation de traitement de cette eau afin de la minéraliser et de la neutraliser. Cette production d’eau est stockée dans des capacités réservées à cet effet, bénéficiant d’un traitement spécifique pour recevoir de l’eau alimentaire. Le coup d’une  installation hydraulique dans un navire est  très  important.  Il comprend  l’ensemble des salles de douche et des sanitaires du navire, toutes  les tuyauteries permettant d’acheminer cette eau, les tuyaux d’évacuation ainsi que le stockage des eaux grises et noires, l’installation de production et de traitement ainsi que les produits chimiques nécessaires à ce traitement. 

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De plus,  les  capacités de  stockage en eau douce, grise et noire  sont autant d’espace  réservé dans  le navire au détriment d’espace pour la marchandise.  La cuisine est un espace important dans le navire, elle nécessite du matériel particulier pour produire la nourriture nécessaire à l’équipage (plaques, fours, hottes de ventilation, système incendie spécifique…).  La  quantité  de  nourriture  indispensable  à  bord,  afin  de  parcourir  de  longues  distances,  nécessite également des lieux de stockage spécifiques ainsi que différentes chambres froide pour conserver cette nourriture aux températures requises. Toute cette  installation est raccordée aux différents organes du navire par  le biais de  tuyaux, gaines et  câbles électriques, et nécessite une quantité non négligeable d’énergie pour fonctionner. Ces différents équipements sont sensibles et nécessitent une surveillance et un entretien régulier, leurs coûts d’installation sont également très élevés. Tous  les  repas  se  prennent  dans  un  carré  réservé  à  cet  effet  avec  le  personnel  et  l’équipement nécessaire au bon fonctionnement de cet espace de vie.  Les  carrés  servent  également  de  lieux  de  détente  permettant  à  l’équipage  de  se  retrouver.  Chaque marin se voit également attribuer une cabine afin de se reposer. Le mobilier de chaque cabine est en général composé d’un  lit, d’une armoire et d’un bureau avec chaise. Cet ensemble (cabines et carrés), nécessaire pour la vie du marin à bord, représente, outre son coût d’achat et d’ameublement, un grand volume qui est pris au détriment des volumes réservés à la cargaison.   Les  navires  voguent  sur  des mers  plus  ou moins  chaudes  et  l’armateur  doit  prévoir  une  installation spécifique dans son navire pour garantir une température convenable, quelles que soient les conditions météorologiques extérieures, dans  tous  les  lieux habitables du navire. Outre  le coût élevé de ce  type d’installation, il demande surtout beaucoup d’énergie pour fonctionner.  Afin de pouvoir répondre aux différents problèmes médicaux qu’un marin pourrait rencontrer en mer, chaque navire possède une  installation médicale comprenant une cabine spécialisée, un  lit médicalisé, une salle de bain spécifique, du matériel médical et des médicaments. Toute cette  installation, et tout particulièrement  le matériel médical  et  les médicaments  nécessitent  une  surveillance  régulière  ainsi qu’un renouvellement fréquent lié à la durée de vie limitée de la plupart des médicaments.  La  suppression de  l’ensemble des ces  installations permettrait aux armateurs de  faire des économies considérables lors de la construction de leur navire, mais également lors de leur exploitation. Ces économies d’exploitation, associées aux économies faite par l’absence de charges liées à l’équipage permettrait de  rendre  économiquement  viable  la pratique du  « SLOW  STEAMING »  et donnerait  aux armateurs la clé pour répondre aux contraintes économiques d’aujourd’hui et de demain.  

b. Plussûr? Le facteur humain est au centre des recherches relatives aux accidents de mer car il est à l’origine, selon le  bureau  enquêtes  accidents  de mer  (BEA mer),  de  plus  de  80 %  des  causes  d’accident  au  niveau mondial. Comme  l’explique M.  Clostermann3,  il  ne  suffit  pas  d’avoir  un  équipage  de  bons  techniciens  et  des navires aux normes pour garantir une  sécurité à  toute épreuve. Les analyses des différents accidents passés montrent que  leurs origines  sont  très  rarement  liées  à un défaut de  connaissance  technique, mais qu’elles sont inhérentes à la « nature humaine ». 

                                                            3 M. Clostermann est professeur en chef de l’enseignement maritime et enseigne actuellement à l’école nationale supérieure maritime, au centre du Havre. 

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M. Clostermann cite le cas du chef de quart du navire « SAMCO‐EUROPE » qui, malgré l’accord de passé « rouge  rouge » avec  le navire antagoniste, prend une décision contraire et décide de venir à gauche malgré la mise en garde de son timonier. Dans un premier temps, le chef de quart est persuadé, malgré l’accord passé de venir « rouge rouge », que  l’autre  navire  va  également  venir  à  gauche  et, malgré  l’évolution  dangereuse  de  la  situation,  il s’obstine dans son choix.  Il est victime d’un « biais de déni »4 qui  l’empêche de reconnaitre qu’il s’est trompé et il finit par s’enfermer dans une représentation mentale erronée. Dans  cet  accident,  il est difficile de mettre en avant  le défaut de  connaissance du  chef de quart. En revanche,  il met en relief  les conséquences de  l’absence de binôme, comme  l’écrit Bernard Dujardin5, dans  la prise de décisions  telle que  l’on peut en  trouver dans  l’aérien  (pilote et  copilote) et dans  les centrales nucléaires (exécutant et son contrôleur). Mais  surtout,  cet  accident met  en  exergue  le manque  de  formation  du  chef  de  quart  aux  sciences cognitives6 dans la conduite du navire.  Le modèle GEMS7 de Reason8 (1990) classe  les erreurs humaines en trois catégories en suivant  le SRK9 de Rasmussen10 (1986) pour distinguer trois niveaux de contrôle de l’activité. Le niveau S  (Savoir‐faire), est  le mode automatisé qui  fait appel au  savoir  faire de  l’officier de quart. C’est le niveau de conscience le plus bas, le plus économique en ressource et le plus rapide en termes de traitement. Les erreurs se produisant à ce niveau sont des erreurs dites « de routine » qui concernent le niveau d’attention. En cas de problème sur le résultat attendu, l’officier de quart monte son activité au niveau R (règles et procédures). Il consacre alors une partie de ses ressources à la recherche de la solution à son problème dans des  règles  connues. Une  fois  le problème  résolu,  l’officier de quart  redescend  au niveau  S.  Les erreurs rencontrées dans le niveau R sont des erreurs de choix ou d’application de règles. Lorsque  l’officier de quart  rencontre une  situation  inconnue dans  les procédures ou manuels,  il doit mobiliser toutes ses connaissances en montant au niveau K (Knowledge/connaissance). C’est  le niveau le plus  créatif, mais aussi  le plus  coûteux en  ressources.  Le  traitement de  l’information est  lent à  ce niveau   et  le  résultat aléatoire. Ce niveau de  contrôle est  totalement  conscient et  focalise  toutes  les capacités  cognitives  de  l’opérateur  qui  abandonne  la  surveillance  des  autres  éléments,  l’obligeant  à quitter rapidement ce niveau. On retrouve à ce niveau des erreurs liées à un manque de connaissance.  Le modèle GEMS s’appuie sur le SRK pour distinguer trois catégories d’erreur :  

‐ Les ratés basés sur des automatismes. Ils sont liés à des défauts attentionnels ‐ Les défaillances basées sur  les  règles. Ce sont des erreurs  liées à une mauvaise classification de 

situation d’où l’application de mauvaises règles ou/et procédures ‐ Les défaillances basées  sur  les  connaissances déclaratives. Elles  sont dues à des  limitations des 

ressources et à des connaissances incomplètes ou incorrectes  

Même  si  l’organisation  maritime  internationale  (OMI)  a  introduit  la  notion  de  SRM11  dans  les amendements 95 de la STCW12, la prise en compte des capacités et limites cognitives des navigants a été 

                                                            4 : Biais de déni : Constitue un mécanisme de défense grâce auquel l’humain rejette des évidences le plaçant dans une situation 

difficilement supportable. 5 : Bernard Dujardin : Président de l’association des amis de l’université maritime mondiale 6 : Sciences cognitives : Sciences qui ont trait aux processus d’acquisition et de traitement de l’information. 7 : GEMS : Generic Error Modeling System / Système générique de modélisation de l’erreur. 8 : James Reason (1990) – Human error – Professeur de psychologie à l’université de Manchester 9 : SRK : Skill, Rules, Knowledge/ Savoir faire, procédures, connaissances. 10 : Jens Rasmussen : Ingénieur danois spécialisé dans fiabilité des systèmes complexes. 11 : Ship Resource Management qui comprend au minimum le Bridge Resource Management et l’Engine Resource Management 12 : STCW : Standards of training, certification and watchkeeping 

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introduite en 1989 par l’OACI13. Cette organisation a imposé à tous les Etats membres un programme de formation  des  pilotes  aux  facteurs  humains.  En  1998,  l’OACI  aborde  dans  le  DOC  9683‐AN/950 « HUMAN  FACTOR  TRAINING MANUEL »  les  problèmes  cognitifs  concernant  notamment  les  pilotes revenant travailler sur des avions peu automatisés, après avoir travaillé sur des avions modernes, ainsi que  les  difficultés  rencontrées  lors  d’apprentissage  de  nouvelles  technologies  embarquées.  Il  fallait former  les  pilotes  à  appréhender  les  différents modes  d’acquisition  de  l’information  imposée,  qu’ils soient  modernes  ou  anciens,  afin  de  s’assurer  que  ces  pilotes  aient  un  traitement  correct  des informations qui leur étaient transmises.  Cette  problématique  d’acquisition  et  d’analyse  des  informations  s’est  également  présentée  lors  du développement des drones aériens.  En effet, il fallait que les opérateurs acquièrent de l’information au travers d’un drone afin de  l’analyser et de  l’exploiter. La multiplicité des  intervenants, sur place pour lancer  et  récupérer  physiquement  le  drone  ou  à  distance  pour  le  gérer,  additionnée  aux  nombreux changements de quart des différents personnels n’ont pas facilité les choses. Il a fallu rapidement trouver une technique permettant de « modéliser » l’activité mentale des différents postes opérateur afin d’homogénéiser l’ensemble du système.  Les travaux de John May14 et Philip J. Barnard15 se sont focalisés sur la technique CTA16 qui a permis de répondre aux problèmes posés par des opérateurs multiples et  la kyrielle d’artéfacts  informatiques en modifiant  leur  méthode  d’apprentissage.  En  effet,  avec  la  technique  CTA,  on  ne  cherche  plus  à modéliser l’application des connaissances, mais plutôt à modéliser les processus cognitifs. Les  drones  aériens  actuels  sont  pilotés  à  distance  par  un,  voire  plusieurs  opérateurs.  Les  progrès technologiques permettront rapidement aux drones d’acquérir plus d’autonomie. Par ailleurs dans un futur proche   nous aurons alors plusieurs drones gérés par un seul opérateur. Afin de répondre à ces évolutions futures, il faut développer des interfaces de plus en plus complexes et robustes capables de répondre aux exigences que vont nécessiter de  tels dispositifs. Même si  la  technique CTA a permis  le développement des premiers drones aérien, elle  rencontre aujourd’hui  ses  limites car elle ne permet pas  l’analyse du travail en équipe et  impose de ce fait  la présence d’opérateurs supplémentaires pour palier à ce défaut d’analyse.  C’est  à  partir  des  travaux  de May  et  Barnard  sur  la  technique  CTA  que  se  sont  appuyés  Scott  et Cummings17 pour développer la technique hCTA18. Ils  avaient  développé  cette  technique  car  ils  étaient  persuadés  que  le  travail  en  équipe  est  une composante essentielle dans  le fonctionnement et  le contrôle des systèmes constituant  les drones.  Ils étaient  également  convaincus  que  leur  approche  permettrait  de  réduire  les  erreurs  humaines  et  les mauvaises  interprétations en améliorant  l’exécution des taches, en réduisant  les risques de panne des système et en améliorant les interfaces homme‐machine.  Même si Scott & Cummings ne pensent pas pouvoir corriger des erreurs de niveau K liées à un manque de  connaissances,  ils  semblent  persuadés  de  pouvoir  réduire  les  erreurs  humaines  et  les mauvaises interprétations correspondant aux erreurs des niveaux S et R. Il est possible d’envisager que les drones aideront à diminuer les accidents dont le facteur humain serait à l’origine.  La simplification technique des navires pourrait également contribuer à améliorer leur sécurité. En effet, en  l’absence de personnel à bord,  les  locaux réservés à  l’équipage sont supprimés ainsi que toutes  les ouvertures  permettant  d’y  accéder.  Ces  ouvertures  sont  autant  d’entrées  d’eau  possibles  pouvant 

                                                            13 : Organisation de l’Aviation Civile Internationale 14 : John May : Professeur de psychologie à l’université de Plymouth 15 : Dr Philip J. Barnard : Docteur spécialiste en Neuroscience 16 : CTA : Cognitive task analysis (analyse des taches cognitives) 17 : Scott et Cummings : Professeurs au Massachusetts Institute of Technology 18 : hCTA : Hybrid CTA 

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mettre en danger la stabilité du navire. L’absence d’équipage et donc de besoin d’accès d’un local à un autre permettrait de mettre en place des systèmes de  fermetures boulonnées pour  les accès restants (principalement des  locaux techniques pour des raisons d’entretien), ces systèmes étant plus robustes et donc plus sûrs. En  supprimant  les  systèmes  de  ventilation,  on  supprime  également  les  aspirations  et  refoulement ouvert sur les ponts extérieurs et donc les risques d’entrée d’eau et de perte de stabilité. De la même façon, chaque passage de câbles électriques, de tuyaux d’eau et d’évacuation, de gaines de ventilation sont autant d’ouvertures pratiquées dans  les différents ponts et  les différentes cloisons du navire. La plupart de ces circuits partant de la machine, ils représentent autant d’orifices percés dans le pont de franc bord et un danger potentiel d’entrée d’eau dans la machine. La suppression de tous les appareils électriques nécessaires à la vie de l’équipage, ainsi que l’absence de cuisine diminue également le risque de départ de feu lié à un problème électrique.  L’absence de ventilation dans les locaux techniques liée à l’absence d’équipage contribuerait également à supprimer  l’alimentation en air de ces  locaux et par voie de conséquence  l’alimentation en air d’un éventuel départ d’incendie qui finirait par s’arrêter par manque de comburant. Les  gaz  d’extinction  utilisés  dans  les  locaux  techniques  fonctionnent  tous  sur  le  même  principe : remplacer  l’air  présent  dans  ces  locaux  par  ces  gaz  et  ainsi  supprimer  le  comburant  essentiel  au maintien du  feu. S’ils  sont  réputés pour être parmi  les moyens  les plus efficaces dans  la  lutte contre l’incendie,  ils représentent un risque  important pour  les membres d’équipage présents dans  les  locaux concernés.  Ceux‐ci  doivent  impérativement  les  quitter  avant  l’envoi  du  gaz  sous  peine  d’asphyxie.  L’absence d’équipage permettrait ainsi,  l’envoi  immédiat de ces gaz sans attendre d’avoir  la certitude qu’aucun marin n’est encore présent dans le local concerné. Le temps de réaction face à un incendie est important pour faciliter son extinction. De la sorte, le gain de temps lié à l’absence de l’équipage serait sensible pour améliorer la sécurité du navire en cas de sinistre.   Un navire  reste une  installation  industrielle dangereuse où  les équipements  techniques,  les différents niveaux et  les mouvements de  la mer sont autant d’éléments entrainant chaque année de nombreux accidents parmi les équipages embarqués. La  suppression  des  installations  équipages  sur  les  navires  aurait  pour  conséquence  une  grande simplification du  flotteur  limitant  les  zones  à  risque et  ainsi  les  accidents des personnes  intervenant dans le cadre de l’entretien de ces navires.  Lors des périodes hivernales, il est fréquent que les dépressions se succèdent et que le navire ne fasse que subir tempête sur tempête, au grand dam de  l’équipage. En effet,  les mouvements de plateforme liés à l’état de la mer lors de ces tempêtes gênent les équipages qui ont beaucoup de mal à se reposer. Cette  accumulation  de  fatigue  conduit,  selon  l’INRS19,  à  une  diminution  progressive  des  capacités fonctionnelles et peut être source d’accident. L’absence d’équipage à bord des navires  imposerait un entretien de ceux‐ci à terre  lors des escales ou des différents arrêts  techniques. De ce  fait,  le personnel en charge de ces  interventions ne serait pas obligé de subir les contraintes inhérentes aux navires en mer et l’accumulation de fatigue qui en résulte avec  les  conséquences  prévisibles  en  matière  d’accidents.  De  plus,  les  différentes  interventions s’effectueraient  sur  un  navire  de  conception  beaucoup  plus  simplifiée  et  donc  beaucoup  moins dangereux.  Même  s’ils  peuvent  apporter  des  réponses,  les  drones  ne  sont  pas  l’unique  solution  pour  répondre aujourd’hui à  toutes  les origines d’accident. Malgré  tout, associé à un binôme humain, embarqué ou non, il semble qu’ils pourraient contribuer à améliorer la sécurité des navires de commerce.   

                                                            19 : INRS : Institut national de recherche et  de sécurité 

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c. Moinspolluant? Même si la protection de l’environnement est devenue un enjeu majeur depuis la fin du siècle dernier, la notion d’environnement est une notion encore jeune. Le premier colloque faisant de l’environnement une question majeure au niveau international est la conférence des Nations Unies sur l’environnement de Stockholm de 1972. Malgré tout, certaines nations étaient déjà, bien avant cette époque, soucieuses des conséquences des activités humaines sur la nature environnante.  C’est le cas de la Grande Bretagne qui dès 1922 s’est inquiétée des conséquences des pollutions par les hydrocarbures  sur  la  faune  et  la  flore marines,  et  adopta  une  législation  nationale  pour  ce  type  de pollution : « Oil Pollution Act ». Par  la suite, plusieurs nations ont pris conscience de  la dimension mondiale de  l’enjeu. C’est à ce titre que  la  Grande  Bretagne  organisa  en  1954  une  conférence  sur  la  pollution  de  la  mer  par  les hydrocarbures qui abouti à l’adoption de la OILPOIL 54 (convention internationale pour la prévention de la pollution de la mer par les hydrocarbures de 1954). Cependant,  l’évènement qui donna une réelle envergure  internationale à  la  lutte contre  les pollutions par  les  hydrocarbures  fut  l’accident  du  pétrolier  « TORREY  CANYON »  qui  s’échoua  sur  les  côtes britanniques en mars 1967. Suite à cet accident et à la demande de la Grande Bretagne, L’OMI organisa une conférence qui se traduisit par  l’adoption en 1973 de  la convention MARPOL sur prévention de  la pollution marine.  La  convention  MARPOL  se  décline  en  6  annexes,  chacune  traitant  d’un  type  de  pollution  bien spécifique :  Annexe I : Règles relatives à la prévention de la pollution par les hydrocarbures. Annexe II : Règles relatives à la prévention de la pollution par les substances liquides nocives transportées en vrac. Annexe III : Règles relatives à la prévention de la pollution par les substances nuisibles transportées par mer en colis. Annexe IV : Règles relatives à la prévention de la pollution par les eaux usées des navires. Annexe V : Règle relative à la prévention de la pollution par les ordures des navires. Annexe VI : Règles relatives à la prévention de la pollution de l’atmosphère par les navires.    Les navires de commerce utilisent des combustibles dont la qualité impose un traitement de purification à bord afin de pouvoir les utiliser dans les différents moteurs thermiques présents à bord. L’annexe I de la MARPOL impose que les résidus de cette purification soient débarqués pour traitement à terre. Leur débarquement a un coût  incitant  les armateurs à  les débarrasser de  l’eau qu’ils contiennent afin de  la rejeter en mer sous réserve de respecter, pour ces rejets, un taux maximal de présence d’hydrocarbures défini dans cette annexe. Même si l’élimination de cette eau diminue de façon sensible le volume de ces rejets, ceux‐ci restent conséquents et représentent une source non négligeable de polluant. Le moteur principal est, à ce titre, la première source de production de rejets, suivi par les générateurs de production électrique. L’équipage des navires de commerce impose la présence de matériels tels que le château qui, d’après M. DERELY du service construction neuve de  la CMA CGM, peut peser plus de 1000 T sur un porte conteneur de 34 000 T, ce qui représente 3 % de la masse totale du navire. Même si ce poids semble relativement faible,  il contribue malgré tout à  l’augmentation de  la consommation en combustible  de  ses moteurs  et  donc  à  l’émission  de  polluants.  En  effet,  l’ensemble  des  installations nécessaires à la vie du bord est autant de poids que le moteur principal doit pousser avec le navire et sa marchandise. La suppression de ces superstructures, centrales de climatisation, etc, réduirait le poids du navire et donc la consommation du moteur principal et l’émission de polluants. De  la  même  manière,  les  installations  nécessaires  pour  l’équipage  font  partie  des  grands consommateurs  d’énergie  à  bord.  En  effet  l’éclairage,  la  cuisine,  les  groupes  frigorifiques,  etc,  sont 

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autant  d’équipements  qui  sollicitent  les    générateurs  de  production  électrique  et  contribuent  à augmenter leur consommation et donc leur émission de polluants.  La présence des équipages a également des conséquences en matière de rejets d’eaux usées tels qu’ils sont définis dans l’annexe IV de MARPOL. Les navires rejettent en effet de façon quotidienne des eaux usées  en  provenance  de  toilettes,  lavabos,  baquets  et  autres  conduits  de  vidange.  Ces  contraintes imposent  la présence à bord des navires d’une  installation spécifique pour  traiter et stocker ces eaux usées. Même si l’annexe IV autorise sous certaines conditions les rejets de ces eaux, ils constituent une source de pollution du milieu marin que l’absence d’équipage permettrait d’éviter.  De la même manière, la vie d’un équipage à bord d’un navire implique la production d’ordures telle que définie dans l’annexe V de la MARPOL. Cette convention autorise sous certaines conditions le rejet à la mer  de  déchets,  comme  les  déchets  alimentaires.  Même  si  l’impact  des  macro‐déchets  sur  la biodiversité, la qualité des milieux aquatiques et sur leurs usages ont fait l’objet d’études approfondies permettant d’affirmer que les macro‐déchets représentent un fléau majeur pour les eaux continentales et marines20,  il est difficile de déterminer  l’impact que peuvent avoir  ces déchets alimentaires  sur  la faune et la flore marine, sachant que la plupart d’entre eux n’existent pas naturellement dans le milieu marin.  La  suppression  des  équipages  éliminerait  toute  production  de  déchet  alimentaire  et  les éventuelles conséquences de leur rejet.  La  loi n°96‐1236 du 30 décembre 1996 sur  l’air et  l’utilisation rationnelle de  l’énergie (LAURE), définie une pollution atmosphérique comme  l’introduction par  l’Homme, directement ou  indirectement, dans l’atmosphère  et  les  espaces  clos,  de  substances  ayant  des  conséquences  préjudiciables  de  nature  à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les  changements  climatiques,  à  détériorer  les  biens matériels,  à  provoquer  des  nuisances  olfactives excessives. Dans  le  domaine  maritime,  c’est  en  1997  qu’a  été  adopté  l’annexe  VI  traitant  des  pollutions  de l’atmosphère par les navires. Au même titre que les résidus de purification des combustibles embarqués sur les navires, les polluants atmosphériques émis proviennent principalement des différents moteurs à combustion  interne du navire et des combustibles utilisés. Ces moteurs émettent plusieurs substances appauvrissant la couche d’ozone :  ‐  des oxydes d’azote (NOx), soient des gaz à effet de serre favorisant les pluies acides ‐ des oxydes de souffre (SOx) ayant des effets néfastes sur les voies aériennes des êtres humains et des 

animaux, et contribuant à l’acidification des océans ‐ des composés organiques volatils (COV) ayant, entre autres, des effets cancérigènes 

 De  la  même  manière  que  pour  les  résidus  de  purification  des  combustibles,  la  suppression  des équipages  induirait une réduction de poids engendrant une diminution de  l’émission de  l’ensemble de ces polluants atmosphériques.       

                                                            20 : ADEME (2012) : Etude sur la caractérisation et les flux de déchets en milieux aquatiques 

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2. Lesdronessont‐ilstechniquementréalisable?

a. Quellescontraintestechniques? Les  contraintes  techniques  que  rencontreront  les  drones  dépendront  principalement  du  mode  de fonctionnement  choisi  par  les  exploitants  et  des  choix  faits  au  niveau  des  instances  européennes  et internationales. Les sociétés travaillant actuellement sur  le développement des drones maritimes  imaginent 3 modèles de fonctionnement différents :  ‐ Un drone sans équipage, complètement autonome, qui serait programmé pour aller d’un point A à 

un point B ‐ Un  drone  sans  équipage  commandé  à  distance  par  un  opérateur  terrestre  qui  aurait  à  sa 

disposition l’ensemble des paramètres du navire ‐ Un drone autonome qui comprendrait un équipage minimum pour gérer l’entretien courant et qui 

interviendrait ponctuellement au niveau de la conduite du navire en cas de problème   Le  premier modèle,  qui  semble  être  le modèle  idéal,  permet  de  s’affranchir  de  toute  surveillance humaine  permanente  et  réduit  sensiblement  le  besoin  en  ressources  humaines  pour  suivre  son fonctionnement quotidien,  favorisant ainsi  sa  sécurité. Même  si  les connexions entre  le drone et  son centre de commande à terre doivent être maintenues opérationnelles en permanence pour des raisons évidentes de sécurité,  l’absence d’intervention en  temps  réel permet de simplifier sensiblement  leurs nombres.  Cette  simplification  permet  de  réduire  les  coûts  de  fabrication  et  fiabilise  le  système. L’absence  totale  d’équipage  permet  une  rentabilité maximale  du  navire  en  raison  de  l’absence  des équipements qui leur étaient dévolus et des espaces ainsi récupérés pour les marchandises. Malgré tout, l’absence d’équipage impose une sécurisation maximale des transmissions afin de garantir en  permanence  toute  intervention  sur  l’engin  en  cas  d’urgence.  On  retrouve  la  même  exigence concernant  la fiabilisation de  la partie commande, de  la propulsion et de  la production électrique afin d’éviter de devoir porter assistance à un drone à la dérive au beau milieu d’un océan. La configuration de  la  machine  devra  être  modifiée  ou  modernisée,  des  actions  simples  telles  que  le  transfert  de combustible  d’une  caisse  à  l’autre  ne  pouvant  être  fait  par  un membre  de  l’équipage.  Un  système d’alarmes  complexe  devra  être  utilisé  afin  de  renseigner  un  centre  de  contrôle  de  tout  problème pouvant survenir sur le flotteur avec la possibilité d’intervenir directement sur certaines commandes et certains paramètres du navire.  La  surveillance automatisée  rencontrée aujourd’hui  classiquement  sur les navires classés AUT21 concerne seulement  la partie  technique du navire. L’absence de surveillance humaine du déplacement du  flotteur  imposera également  la mise en place de contrôles, d’alarmes et d’actions  automatisées  concernant  son  positionnement,  son  déplacement  ainsi  que  ses  différentes manœuvres (CPA22 limite suivi par exemple). Ce centre de contrôle devra avoir à sa disposition à terre une  configuration  capable  de  répondre  à  d’éventuels  modes  dégradés,  tel  que  la  possibilité  de reprendre  les  commandes  du  navire  depuis  la  terre  si  nécessaire,  si  ce  n’est  pas  le  cas,  un  système prioritaire permettant de stopper immédiatement le drone devra être prévu.   Les navires nécessitent un entretien  régulier. Celui‐ci pourra seulement être effectué par des équipes terrestres  lors  des  différentes  escales  du  drone.  Ce  type  de  fonctionnement  imposera  une  révision complète  du modèle  utilisé  aujourd’hui  concernant  le  suivi  de  l’entretien  du  navire  afin  de  rester conforme au code ISM23. Ce modèle devra être à la fois centralisé pour garder une vue globale sur l’état 

                                                            21 : AUT : Navire équipé d’installations automatisées permettant aux espaces machines de rester sans équipage dans toutes les conditions de navigation y compris pendant les manœuvres. 22 : CPA : Closing point of approach : distance de passage la plus proche  entre deux navires. 23 :ISM : Code international de gestion de la sécurité ‐ Chapitre 10 : Maintien en état du navire et de son armement. 

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général du navire, mais également décentralisé et correctement planifié afin de garantir le respect des différentes échéances imposées par toutes les installations présentes à bord.  Toutes  ces  contraintes  auront  un  coût  qu’il  faudra  comparer  aux  gains  effectivement  réalisés  par l’absence d’équipage et d’emménagement en prenant en considération  l’avantage qu’offre, en termes de sécurité, l’absence d’intervention humaine.   Par  rapport  au  premier modèle,  le  deuxième  permettra  sensiblement  de  simplifier  les  systèmes  de contrôle liés à la surveillance du positionnement, du déplacement et des manœuvres, l’ensemble étant géré  par  un  opérateur  à  terre.  L’absence  d’équipage  garantira,  à  ce  deuxième modèle,  les mêmes avantages  que  le  premier  concernant  l’absence  d’emménagement  et  d’espaces  libérés  pour  les marchandises. Cependant, la présence d’un opérateur impose une installation terrestre complexe capable de répondre aux  exigences  réglementaires  existantes  et  garantissant  à  l’opérateur  une  parfaite  appréhension  de l’environnement dans  lequel  le drone  se déplace. Cette parfaite appréhension est  indispensable. Elle permettra  à  l’opérateur  d’avoir  les meilleures  informations  possibles  afin  de  prendre  les  décisions appropriées qui s’imposeront pendant sa période de surveillance. Cette contrainte  imposera un équipement de surveillance gourmand en connexions, et  la permanence de  ces  connexions devra  impérativement  être  garantie.  Il  est,  en  effet,  inenvisageable de perdre  les connexions permettant à l’opérateur de contrôler et piloter son drone à distance, les risques en matière de collision et d’échouement, principalement en eau resserrée, seraient trop  importants. Malgré tout, un mode dégradé prévoyant l’arrêt immédiat du flotteur, en cas de perte de liaison avec son centre de commande, sera à prévoir. Cette  permanence  humaine  impose  également  une  gestion  en  ressources  humaines  proche  du fonctionnement  existant  actuellement  dans  les  navires  de  commerce.  Il  faudra mettre  en  place  un « quart » sur cette passerelle terrestre avec un nombre d’opérateur suffisant, qui prendra en compte la fatigue engendrée par un travail permanent sur des écrans de contrôle,  là ou  les officiers, embarqués aujourd’hui,  scrutent  un  horizon  souvent  dégagé.  Le modèle  appliqué  dans  l’aviation  civile,  pour  les personnels assurant  le service du contrôle dans  les organismes de contrôle de  la circulation aérienne, limite le temps de tenue de poste à un maximum de 2h30min24. Concernant l’entretien du navire, ce modèle aura les mêmes contraintes que le modèle précédent avec la possibilité pour l’opérateur, du suivi en temps réel des éventuelles alarmes provenant des différents systèmes de surveillance automatisés du navire. Cette possibilité de contrôle permanent en temps réel de l’état technique du navire permettra de simplifier le suivi de son entretien, ce qui allègera les coûts d’exploitation.  Cette  solution,  qui  intéressera  les  exploitants,  aura  des  conséquences  en matière  de formation des opérateurs.  Ils devront acquérir une formation polyvalente  leur permettant d’être aussi performant  dans  la  conduite  du  flotteur  que  dans  la  gestion  des  alarmes  techniques.  La  présence permanente de cet opérateur aura également des intérêts concernant la gestion quotidienne du navire, en matière de transfert de combustible et d’huile, etc., voire de lavage de citernes pour certain type de navire.  Cela  permettra  de maintenir  une  configuration  de  la machine  assez  proche  de  celle  existant aujourd’hui.  Le  troisième modèle est beaucoup plus  simple en matière de  conception.  En effet,  la présence d’un équipage  réduit, embarqué pour assurer  l’entretien courant du navire, permet d’alléger sensiblement les  besoins  de  connexion  entre  le  drone  et  la  terre.  A  l’instar  du  2ème modèle,  si  l’équipage  est  de formation  polyvalente,  il  sera  capable  de  reprendre  le  contrôle  de  la  conduite  du  navire  en  cas  de problème,  ce  qui  fait  qu’un  lien  entre  le  drone  et  un  centre  de  contrôle  placé  à  terre  n’aura  plus d’intérêt. De ce fait, les systèmes de prise de vues et de transfert d’images et de données requis par les deux autres modèles ou, tout du moins, par le deuxième, seront ici inutiles. 

                                                            24 : Article 6 de l’arrêté du 19 novembre 2002 relatif à l’organisation du temps de travail des personnels de la direction générale de l’aviation civile assurant le service du contrôle dans les organismes de contrôle de la circulation aérienne ou de coordination dans les détachements civils de coordination. 

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Comme sur le premier modèle, l’absence de surveillance humaine du déplacement du flotteur imposera la mise en place de contrôles, d’alarmes et d’actions automatisées concernant son positionnement, son déplacement ainsi que ses différentes manœuvres. Mais, contrairement au premier modèle, ces alarmes ne seront pas transmises à un centre de contrôle terrestre mais préviendront l’équipage embarqué qui devra troquer sa combinaison de travail pour un uniforme d’officier pont. Par  rapport  aux  deux  autres  modèles,  la  présence  d’un  équipage  assurant  l’entretien  du  navire simplifiera grandement son suivi. En effet,  les modèles applicables en matière d’entretien seront  très proches voir  similaires aux modèles en place aujourd’hui  sur  les navires de commerces, ceux‐ci étant fiables et éprouvés. En outre, comme pour  le 2ème modèle,  la présence de cet équipage permettra de maintenir  une  configuration  machine  proche  de  l’actuelle,  les  transferts  de  combustible  et  autres actions quotidiennes pouvant être effectuées par le personnel présent à bord. Même si le fait d’avoir un équipage embarqué peut avoir un coté rassurant car il simplifie sensiblement les moyens  techniques  complexes  embarqués  sur  le  drone,  sa  présence  impose  la mise  en  place  de structures pour  la vie courante du bord. Ces  structures  seront, malgré  tout,  réduites par  rapport aux navires actuels, puisque 4 membres d’équipage, travaillant en heures ouvrables, suffiraient à l’entretien courant d’un porte‐conteneurs de 300 mètres de long, associé à un cuisinier pour la gestion de la cuisine et des emménagements. Néanmoins, ces infrastructures, même réduites, représentent un coût d’achat et d’entretien non négligeable et rogneront inévitablement sur l’espace commercial.  Quelque soit le modèle choisi, le drone devra être d’une fiabilité équivalente aux modèles existants dans l’aérien  ainsi  que  dans  d’autres  secteurs  industriels  sensibles25.  Il  devra  également  être  issu  d’une technologie étudiée pour prévenir  les erreurs, avec des systèmes de redondance capable d’y répondre et des procédures de vérification et d’évaluation permettant de les prévenir et de les éliminer.   

b. Quellespossibilitésaujourd’hui? Les  industriels  français  et  étrangers  travaillent  depuis  quelques  années  sur  des modèles  de  drones aérien  et maritime.  Ils  ont  développé  des  technologies,  dont  certaines  existaient  déjà  dans  d’autres secteurs, pour répondre aux besoins spécifiques de ces drones. J’ai eu la chance de découvrir quelques‐unes de ces technologies que je ne pourrais pas référencer pour des raisons évidentes de confidentialité industrielle.  Les  contraintes  liées  à  l’absence  de  surveillance  humaine  du  déplacement  du  flotteur  comme rencontrées sur le 1er et 3ème modèles ne posent pas de problème particulier aux concepteurs français. Ils sont en effet capables d’intégrer dans un ordinateur les règles et contraintes de navigation, ainsi que les éventuelles manœuvres chaotiques que pourraient avoir les navires aux alentours. Avec l’ensemble de ces  informations, et  les systèmes techniques requis, dont  la plupart sont  issus des technologies de guidage de missile,  les concepteurs sont capables de rendre un drone  totalement autonome. Il suffit de lui donner un point de départ et d’arrivée,  il sera alors capable de déterminer  la route  la plus directe, répondant aux caractéristiques du  flotteur, et de  la  suivre en évitant  tous  les obstacles qu’il pourrait rencontrer.  Il est également possible d’intégrer dans  le  système une  série de paramètres de  sécurité définis  au  départ,  qui  serviraient  d’alerte  pour  signaler  un  fonctionnement  erratique  du  drone.  Ces paramètres  concernent  la  vitesse,  la  hauteur  d’eau,  les  distances  de  passage  et  de  croisement,  le mauvais  fonctionnement d’un  appareil, etc.  En  fonction du paramètre  concerné,  Le drone  sera  alors programmé pour s’arrêter en urgence, changer de route ou réduire sa vitesse. Concernant  le 3ème modèle,  l’architecture  technique du navire  serait assez  simple, car  très proche de celle d’un navire actuel, avec la présence d’un automate puissant pour piloter le navire en mode drone. 

                                                            25 : LAAS‐CNRS : Evaluation de la sûreté de fonctionnement des systèmes informatique – Mohamed Kaâniche & Karama Kanoun 

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Le 2ème modèle présente plus de difficultés puisqu’il  s’agit de  transmettre à une  station  terrestre  les informations  techniques  concernant  l’ensemble  des  capteurs  présents  à  bord  du  drone,  ainsi  que l’environnement dans lequel il évolue. Ces systèmes de commande et de réception d’information à longue distance relatifs aux drones  existent déjà dans l’aérien26  avec la technologie des drones militaires commandés à distance et utilisés dans les Balkans,  en  Irak  et  en Afghanistan.  Cette  technologie,  éprouvée  pendant  ces  conflits,  est  également maitrisée  par  les  fabricants  français  qui  travaillent  sur  des  systèmes  de  communication  pouvant fonctionner par satellite, onde HF, VHF et UHF27 sur  la bande de fréquence utilisée par  les téléphones portables. La variété des systèmes et  fréquences utilisables offre  la garantie de pouvoir multiplier  les canaux de communication et ainsi sécuriser les échanges entre le centre de contrôle et le drone. A l’instar des systèmes militaires, les fabricants français on également mis en place des plateformes de commande  à  terre  reprenant  les  informations  essentielles  du  drone  telles  que  des  écrans montrant l’environnement dans  lequel  il évolue,  les  informations des  radars, des  cartes électroniques, du  loch, etc.   

 Opérateurs de l’US Air Force dirigent un drone MQ‐9 (Reuters ‐ 2012) 

 Outre  les  systèmes  nécessaires  pour  le  rendre  totalement  autonome,  le  premier  modèle  devra également  être  équipé des  systèmes de  communication du modèle  numéro  2  afin de  renseigner un référent  terrestre  sur  un  certain  nombre  de  paramètres  tels  que  la  position,  le  cap,  la  vitesse,  les informations techniques, etc.     

c. Quellesserontlesadaptationsinévitablesdusecteurmaritime? L’arrivée des drones dans les ports va inévitablement bouleverser leur fonctionnement et en particulier les activités de soutien portuaire qui devront modifier  leurs habitudes pour  répondre à ces nouvelles exigences.  Les  communications  entre  les  drones  et  les  différentes  autorités  portuaires  concernant  les  heures d’arrivée,  de  départ  et  toutes  les  informations  administratives  et  techniques  échangés  entre  eux  ne devraient  pas  poser  de  problème.  Comme  nous  l’avons  vu  précédemment,  les  moyens  de communication gérés à distance ne posent pas de difficulté pour les industriels français. En  revanche,  l’absence  d’équipage,  telle  qu’elle  est  prévue  sur  les  1er  et  2ème  modèles  a  pour conséquence  une  absence  totale  d’emménagement  et  de  poste  de  pilotage.  Si  cette  absence  de 

                                                            26 : Directorate generl external policies of the UE : 2007 : UAVs and UCAVs developments in the european union. 27 : HF : High Frequency (Haute fréquence entre 3 MHz et 30 MHz), VHF : Very High Frequency (Très haute fréquence entre 30 MHz et 300 MHz) et UHF : Ultra High Frequency (Ultra haute fréquence entre 300MHz et 3 000 MHz). 

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passerelle  ne  pose  pas  de  réel  problème  pour  une  navigation  en  pleine  mer,  elle  devient  plus compliquée lors de l’atterrage où la prise d’un pilote maritime peut être obligatoire28. Le pilote maritime ne pouvant monter à bord,  il devra prendre  les commandes du navire à distance.  Cela  implique,  comme  l’explique  M.  MONCANY  de  SAINT‐AIGNAN29,  qu’il  devra  avoir  les  mêmes informations que celles transmises à terre et principalement celles intéressant la manœuvre du navire. A ce titre, les informations concernant la position exacte du flotteur ainsi que ses caractéristiques précises seront essentielles et  la question se pose de savoir si  les données fournies par un système GPS seront suffisantes. Le caractère mondial de cette activité imposera également des systèmes de communication harmonisés et sophistiqués afin de permettre aux pilotes de prendre les commandes de navire dont les communications devront être protégées pour des raisons évidentes de sécurité et de sûreté. Même si la visibilité dans les ports peut parfois être fortement dégradée, les pilotes ont pour habitude de finir leur manœuvre à vue depuis les ailerons de passerelle30. Des installations vidéo devront être installées, soit à bord,  soit  à  terre,  afin  de  permettre  aux  pilotes  de  garder  cette  notion  visuelle  de  vitesse  de rapprochement du navire lors des accostages et des appareillages. Des systèmes de caméra de ce type sont d’ailleurs utilisés aujourd’hui  sur des navires de  type HSC31. Ces navires étant souvent dépourvu d’aileron de passerelle, ces caméras permettent aux commandants ou aux pilotes, d’accoster  le navire depuis la passerelle de navigation grâce à des moniteurs vidéo. Une  autre question  se pose  concernant  cette activité, elle  a  trait  à  la  responsabilité du pilote. Cette responsabilité est aujourd’hui atténuée par la présence d’un capitaine à bord des navires de commerce et législativement par le code des transports32. Dans le cas des drones, l’absence de capitaine à bord du navire  impose  de  revoir  la  répartition  des  responsabilités  en  cas  d’accident  impliquant  un  pilote maritime. Trois solutions sont alors envisageables :   ‐ Le cadre législatif de la responsabilité du pilote est révisé et le pilote devient l’unique responsable 

du navire qu’il manœuvre. Cette  solution poserait un problème éthique  car  le pilote n’a pas  la possibilité d’influer directement sur  l’entretien du navire sachant que celui‐ci est un des facteurs aggravant en matière d’accident maritime. 

‐ La  responsabilité  de  la  manœuvre,  aujourd’hui  dévolue  au  capitaine,  est  transférée  à  une personne  travaillant  dans  le  port  considéré,  un  délégué  local  de  l’armateur  qui  prendrait  le « commandement » du navire pendant les manœuvres d’accostage et d’appareillage. Si ce modèle existe déjà aujourd’hui avec  le transfert de  la responsabilité de  la marchandise embarquée à un agent maritime local pendant les escales, il ne résout pas le problème de méconnaissance de l’état du  navire  par  ce  délégué  capitaine  qui  n’aura  également  aucune  influence  sur  l’entretien  du navire. 

‐ La  troisième  solution consiste à  imposer à  la personne en charge du  suivi du navire à distance, dans le centre de contrôle à terre, de prendre la responsabilité du navire pendant les manœuvres en accord avec le pilote. Cette solution imposerait un travail en binôme à distance entre le pilote et ce « cyber‐capitaine » et obligerait ce dernier à participer au suivi de l’état et de l’entretien de ce drone.  

M. MONCANY de SAINT‐AIGNAN pointe également du doigt un problème lié à la propulsion des grands porte‐containers.  Traditionnellement,  les  navires  de  commerce  gèrent  leur  vitesse,  en  avant  et  en arrière, selon 4 modes : très lente, lente, demie et toute. Dans les manœuvres de proximité, les pilotes pour des raisons évidentes de sécurité utilisent le mode  le plus  lent (en avant ou en arrière très  lente)                                                             28 : Voir le règlement local de chaque station de pilotage ainsi que le décret n°69‐515 du 19 mai 1969 relatif au régime du pilotage dans les eaux maritimes.  29 : Ancien pilote maritime et président de la station de pilotage de seine et aujourd’hui président de la fédération française des pilotes maritimes et du cluster maritime français. 30 : Extension de la passerelle de navigation prenant toute la largeur du navire. 31 : HSC : High Speed Craft : Navire à grande vitesse. 32 : Responsabilité du pilote : Code des transports – Cinquième partie ‐ Livre III – titre IV – Chapitre 1er ‐ section 3 : Articles L5341‐11 à L5341‐18 

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qui donne au navire une vitesse autour de 5 nds33. Malheureusement, ces grands navires de commerce ont une propulsion ne  leur permettant pas de descendre  sous  les 10 nds, même en  sélectionnant  le mode  le plus  lent. Cette vitesse,  correspondant  souvent à  la  limite portuaire maximale autorisée, ne peut  alors  être  cassée qu’en utilisant un  remorqueur  afin de  ralentir  le navire. Ces  contraintes  et  la difficulté en termes de manœuvre que représente ce type de navire rend, pour M. MONCANY de SAINT‐AIGNAN, délicat d’envisager un drone avec ce type de propulsion.  Un autre problème apparaîtrait  lors des manœuvres d’accostage et d’appareillage des drones, celui de l’amarrage  du  navire.  Cette  action  est  aujourd’hui  dévolue  aux  services  du  lamanage  qui  travaille généralement  le  long  des  quais  des  ports  de  commerce,  attendant  les  aussières  lancées  depuis  les navires afin de les tourner sur les bittes d’amarrage. Cette activité, essentielle pour la sécurité du navire, ne  pourra  plus  fonctionner  de  la même  façon  pour  les  drones,  faute  de  personnel  pour  lancer  les aussières  depuis  le  bord. Même  si  des  systèmes  automatiques  d’amarrage magnétique  ont  déjà  été étudiés34, le modèle actuel consistant à utiliser des aussières ne semble pas être amené à évoluer dans un avenir proche. En conséquence, il faudra faire embarquer une équipe de lamaneurs sur le drone afin d’assister  leurs  collègues  terrestres  lors  des  manœuvres.  A  l’inverse  de  ce  qui  existe  aujourd’hui, l’absence de personnel d’entretien à bord  imposera un dispositif d’amarrage terrestre et  les aussières utilisées pour accoster le navire devront obligatoirement être fournies par les services du lamanage.  A  quai,  les  navires  ont  l’habitude  de  recevoir  de  nombreuses  visites  réglementaires,  services  des douanes, inspecteurs du contrôle par l’Etat du port, inspecteur du travail, sociétés de classification etc. Dans le cas des drones, ces services, habituellement accueillis et gérés par un équipage, se retrouveront seuls pour effectuer leurs missions. Si cela ne posera pas de problème pour les inspecteurs des sociétés de  classification  généralement habitués  à  travailler  seuls dans un  cadre  contractuellement défini. Ce sera plus compliqué pour  les services des douanes et des affaires maritimes, qui devront effectuer un contrôle documentaire et une visite du flotteur avec parfois des essais techniques. Pour des raisons de logistique et de  responsabilité, une équipe  terrestre, déléguée par  l’armateur, devra  impérativement être prévue  lors des escales du navire, pour répondre à ces contraintes administratives et techniques. Pendant la durée des escales du navire, la responsabilité du flotteur devra, à ce titre, être transférée à un représentant local, délégué par l’armateur pour répondre aux problèmes que le drone pourrait être amené à rencontrer pendant la durée de son séjour dans les ports considérés.   

3. Cenouveausujetest‐iljuridiquementcomplexe?

a. Quellescontraintesjuridiques? L’absence d’équipage et le pilotage à distance caractérisant les drones, sont des évolutions qui vont se heurter  à  des  problèmes  de  conformité  aux  textes  juridiques  nationaux,  européens  et  surtout  aux conventions internationales, ratifiées par de nombreux pays. La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, UNCLOS35, est une convention internationale qui définit les règles concernant le droit de la mer.  Cette convention définit à l’article 94 les obligations de l’Etat du pavillon d’un navire et en particulier au § 4.b) :  « Tout  navire  est  confié  à  un  capitaine  et  à  des  officiers  possédant  les  qualifications  voulues,  en particulier  en  ce  qui  concerne  la manœuvre,  la  navigation,  les  communications  et  la  conduite  des 

                                                            33 : Nds: Nœuds ‐ 1 nœuds = 1,8 Km/h 34 : Studio WTB holding bv – Nederland ‐  International patent on « Magnitic mooring » 35 : UNCLOS : 1982 : United Nations Convention on the Law of the Sea. 

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machines, et que l’équipage possède les qualifications voulues et est suffisamment nombreux eu égard au type, à la dimension, à la machinerie et à l’équipement du navire. »  L’absence d’équipage sur  les drones est en contradiction avec cet article, sauf à considérer qu’à aucun moment  il n’est demandé dans cet article que  le capitaine et  les officiers ne doivent être embarqués. Pour rester en conformité avec cet article, si l’opérateur est seul à surveiller et manœuvrer le drone, il devra non seulement détenir  les qualifications de capitaine, mais également celles de chef mécanicien afin de pouvoir effectuer « la conduite des machines ». Cet article  imposera aux opérateurs, s’ils sont seuls aux commandes de leurs drones, une formation polyvalente, que peu de pays, dont la France, sont capables de fournir aujourd’hui.  Cet article demande également que « le capitaine,  les officiers et  l’équipage possède  les qualifications voulue ».  La  convention  internationale  de  1978  sur  les  normes  de  formation  des  gens  de mer,  de délivrance  des  brevets  et  de  veille  (convention  STCW36)  impose,  pour  la  délivrance  des  brevets  de navigant à bord des navires de commerce, que  les candidats aient accompli un service en   mer d’une durée minimum. Cette durée, qui est de 12 mois pour  la délivrance des brevets d’officier  chargé du quart à  la passerelle à bord de navires d’une  jauge brute égale ou supérieur à 50037, est en générale effectuée pendant les périodes de stage de l’étudiant scolarisé, ainsi qu’à l’issue de sa scolarité.  La  suppression  des  équipages  sur  les  navires  de  commerce  va  considérablement  compliquer  cette période obligatoire de formation sur le terrain, qui sera également imposée, aux opérateurs des stations de contrôle  terrestres. Cette évolution du monde maritime  imposera, pour  les nations concernées,  la mise  en  service  de  navires  écoles,  capables  de  répondre  aux  exigences  de  la  STCW  en matière  de formation  de  futurs  opérateurs  de  drones  concernant  leurs  aptitudes  à  la  veille  à  la  passerelle,  aux communications et à la gestion des machines. De  plus,  afin  de maintenir  les  compétences  des  officiers  et  de  l’équipage,  la  STCW  demande  qu’ils justifient  du  maintien  de  leur  compétence  professionnelle  en  accomplissant  un  service  à  la  mer approuvé. Ce service doit être accompli dans les fonctions correspondant à celles prévues dans le titre détenu, d’une durée d’au moins douze mois au  total au cours des cinq années précédentes, ou  trois mois au total au cours des six mois précédant immédiatement la revalidation. Ce service à la mer peut malgré tout être remplacé par  le passage d’un test approuvé, ou  le suivi de cours approuvés38. Sauf à considérer  la conduite de drone maritime comme  service à  la mer,  l’absence de  service à  la mer des opérateurs  de  drone,  leur  imposera  de  faire  le  choix  parmi  ces  possibilités  afin  de maintenir  leurs compétences,  sachant  qu’une  réglementation  nationale  ou  européenne  pourrait  leur  imposer  une période embarquée.  La  règle  5  de  la  convention  internationale  pour  prévenir  les  abordages  en mer  (COLREG  de  197239) demande que « tout navire doit en permanence assurer une veille visuelle et auditive appropriée, en utilisant  également  tous  les  moyens  disponibles  qui  sont  adaptés  aux  circonstances  et  conditions existantes, de manière à permettre une pleine appréciation de  la situation et du risque d’abordage ».  Quel  que  soit  le  modèle  choisi,  avec  ou  sans  équipage,  les  fabricants  possèdent  aujourd’hui  la technologie leur permettant de répondre aux exigences de cette règle. Concernant la veille visuelle, des systèmes de projection, de l’environnement entourant un navire, sont déjà utilisés dans les simulateurs de navigation dont certains modèles permettent de projeter une image à  360°40.  Les  fabricants  français  possèdent  la  technologie  pour  capter  les  images  extérieures  qui entourent un navire et les renvoyer sur ces écrans.  

                                                            36 : STCW : Standards of Training, Certification and Watchkeeping. 37 : STCW : Chapitre II – Règle II/1. 38 : STCW : Annexe – Partie A ‐ Chapitre I – Partie 4 – Section A‐I/II. 39 : COLREG : Collision regulations rules. 40 : Comme le « Christie Digital Matrix 3000 Projection System » de la Fisheries and Maritime Institute of Memorial University 

of Newfoundland. 

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 Ship’s Bridge Simulator de Kongsberg Maritime (2013) 

 

Concernant  la veille auditive, beaucoup de navires modernes possèdent, pour des  raisons de confort, des passerelles entièrement fermées rendant impossible l’application de la règle 5 de la COLREG. Afin de répondre à ce problème, des fabricants ont mis au point des systèmes41 permettant de capter les sons extérieurs et de les renvoyer dans la passerelle, par le biais de haut‐parleurs. Ces appareils permettent également de connaitre  l’azimut des sons captés qui sont renseignés dans  la passerelle sur un support visuel constitué de diodes.  

 Panneau principal de commande du sound reception device SRD 414/2 de ZÖLLNER 

 La règle 18 concernant  la responsabilité réciproque des navires, définit  les règles de privilège entre un navire qui n’est pas maître de sa manœuvre, un navire à capacité de manœuvre restreinte, un navire en train de pêcher et un navire à voile.  La partie C de la COLREG définit les feux et marques que doivent porter ces navires afin qu’ils puissent être identifiés et que les règles de navigation, conformes à la convention, soient appliquées. Même si les avancées  technologiques  concernant  les  drones  ont  été  impressionnantes,  il  n’existe  pas  de moyen technique fiable permettant à un navire fonctionnant de manière totalement autonome, de différencier 

                                                            41 : Par exemple le « Sound reception device SRD 414/2 Elephant Ears » de ZÖLLNER 

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les  feux  et marques  de  ces  différents  navires,  et  ainsi  de  déterminer  les  privilèges  à  respecter  pour assurer une navigation en toute sécurité. Cette partie C traite également des règles de signalisation des remorqueurs et tout particulièrement de ceux tractant un train de remorque de grande longueur. La signalisation du remorqueur et du remorqué permet de distinguer un convoi de deux navires indépendants se suivant et ainsi d’éviter de passer sur la remorque  qui  les  relie.  Elle  définit  les marques  et  feux  des  navires  au mouillage  et  échoués,  cette information permet de signaler ou confirmer un danger, ou de déterminer une distance de passage à adopter. L’application de  la COLREG rend actuellement  impossible  le  fonctionnement d’un drone répondant au 1er    et  au  3ème modèles  car  il  impose  la  présence  d’un  personnel  pour  déterminer,  par  les  feux  ou marques  de  jour  qu’il  arbore,  les  caractéristiques  d’un  navire  et  de  déterminer  ainsi  les  règles  de navigation à adopter. Il  existe  des  solutions  permettant  à  deux  systèmes  de  communiquer  entre  eux  afin  qu’ils  se reconnaissent et qu’une action soit entreprise. C’est le cas pour les systèmes de télépéage autoroutier42 qui permettent à un automobiliste de déclencher automatiquement l’ouverture de la barrière de péage après qu’un échange d’informations se soit produit entre le badge présent dans la voiture et la barrière de péage. Un mode de  communication équivalent pourrait être envisagé entre deux drones. En  réponse  à une demande d’interrogation de statut, chaque drone émettrait un signal permettant de l’identifier. Une fois cette  identification  réalisée,  chacun  d’entre  eux  effectuerait  la  manœuvre  d’évitement réglementairement requise, conformément à la COLREG.  Même si des solutions techniques, éprouvées dans d’autres domaines existent, il semble que la mise en service de drone répondant aux modèles 1 et 3 soit compliquée concernant l’application des exigences requises par la convention COLREG.  Bien que la plupart des chapitres de la convention SOLAS43 ne poseraient pas de problème d’application pour  les drones, certains d’entre eux nécessiteraient, pour des raisons économiques, d’être révisés ou même supprimés pour autoriser ce type d’application. Le chapitre II‐2 relatif à la construction, la prévention, la détection et l’extinction de l’incendie impose la mise en place d’avertisseur incendie à commande manuelle ainsi que des équipements de pompier. Ce type d’équipement n’est évidemment pas nécessaire sur un navire dépourvu d’équipage comme dans les modèles 1 et 2. Par ailleurs,  il  impose également un  service de  ronde pour détecter,  localiser  les incendies et alerter  la passerelle de navigation et  les équipes d’incendie. Si on peut accepter qu’une surveillance  vidéo,  couvrant  correctement  les  espaces  sensibles  du  navire,  puisse  être  considérée comme une ronde de celui‐ci, elle impose malgré tout une veille permanente que seul le modèle 2 est capable de fournir. Les manches et bouches à incendie requises dans ce chapitre devront rester présentes à bord, y compris sur  les  navires  dépourvus  de  personnel  afin  de  permettre  l’intervention  d’équipe  terrestre  en  cas  d’incendie lors d’une escale. En revanche, sur ces navires, les dispositifs fixes d’extinction de l’incendie devront être d’avantages présents afin de  compenser  l’absence de personnel en mer pour  intervenir dans la lutte contre un sinistre. La surveillance du navire, la localisation d’un éventuel incendie ainsi que la mise en œuvre des moyens de lutte imposeront que le poste de sécurité, comprenant les dispositifs de détections et de lutte contre l’incendie, soit disponible au centre de contrôle à terre afin que l’opérateur puisse surveiller le navire et intervenir en cas de besoin. Le chapitre III de la SOLAS traite des engins et dispositifs de sauvetage. Ce chapitre n’a plus d’utilité sur un drone de charge  répondant au modèle 1 et 2 puisqu’il n’y a pas d’équipage à bord. Au  regard du 

                                                            42 : Système de péage autoroutier LIBER‐T fonctionnant sur toutes les autoroutes de France. 43 : SOLAS : Safety of life at sea – Convention internationale de 1974 pour la sauvegarde de la vie humaine en mer. 

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coup d’installation et d’entretien, les armateurs seront intéressés pour que ce chapitre ne soit pas rendu obligatoire pour les drones.  Les drones devront  respecter  les  contraintes du  chapitre  IV  relatif  aux  radiocommunications,  afin de pouvoir communiquer avec  les autres navires et autorités terrestres, recevoir des alertes de détresse, émettre et recevoir des renseignements sur la sécurité maritime. Même s’ils devront également pouvoir émettre des alertes de détresse, ces alertes auront une utilité toute relative concernant les modèles 1 et 2, ceux‐ci étant dépourvus d’équipage. La règle 12 axée sur  la veille,  impose une veille permanente de tout navire à la mer, ce qui rend impossible la mise en service de drone répondant aux modèles 1 et 3. Le chapitre V  sur  la  sécurité de  la navigation  impose à  la  règle 14, que « tous navires  soient pourvus d’effectifs  suffisants  en  nombre  et  en  qualité ».  Si  l’application  de  cette  règle  ne  permet  pas  de délocaliser cet effectif dans un centre de contrôle à terre, cette règle pourrait être un point bloquant quant à l’utilisation de drone dans le transport maritime. Malgré  cela,  les  drones  devront  répondre  aux  exigences  de  ce  chapitre,  notamment  pour  les thématiques suivantes : la conception de la passerelle,  la conception et à l’agencement des systèmes et matériels de navigation, et les procédures à suivre à la passerelle. On entend par passerelle le poste de commande situé à terre permettant à un opérateur de conduire le navire dans le cas du 2ème modèle. Il lui permet également de prendre  les commandes de celui‐ci dans  les cas des 1er et 3ème modèles. Ce poste de commande devra répondre aux exigences de la règle 19 relative à l’emport des systèmes et du matériel  de  navigation  de  bord. Une  attention  particulière  devra  être  portée  pour  s’assurer  que  les systèmes utilisés (pour renvoyer l’environnement visuel entourant le navire sur les écrans du centre de contrôle)  soient  conformes  aux  exigences  de  la  règle  22  concernant  la  visibilité  à  la  passerelle  de navigation. La règle 7 du chapitre VI traitant du transport de cargaisons demande au capitaine de s’assurer que  le personnel du navire surveille constamment les opérations de manutention de la cargaison. L’absence de personnel  sur  les  drones  rend  impossible  l’application  de  cette  obligation.  Malgré  tout,  cette surveillance des opérations de manutention de la cargaison est une nécessité afin de garantir la sécurité du  flotteur.  Elle  permet  également  à  l’équipage  de  prendre  connaissance  des  particularités  d’un chargement qui pourraient demander une conduite particulière du navire. Pour répondre à cette règle, une  personne  compétente  devra  être  désignée  à  chaque  port  d’escale  du  navire  afin  de  suivre  le chargement  du  navire  pour  le  compte  de  l’armateur.  Cette  personne  devra  informer  l’opérateur  du navire  à  terre  de  toutes  les  spécificités  du  chargement,  ainsi  que  les  éléments  concernant  les marchandises dangereuse  tels que définis dans  les  règles pertinentes du  le chapitre VII concernant  le transport de marchandises dangereuses, afin que celui‐ci puisse préparer au mieux les futurs voyages. L’arrivée  des  drones  fera  également  évoluer  le  chapitre  IX  du  code  international  de  gestion  de  la sécurité (code ISM44). Ce code a pour objet de mettre en place, au sein des compagnies maritimes, un système de gestion pour  la  sécurité de  l’exploitation des navires et  la prévention des pollutions. Des contrôles périodiques permettent de vérifier que les compagnies et les navires sont bien conformes à ce code. A  la  suite à ces contrôles,  les compagnies  se voient délivrer un document de conformité et  les navires un certificat de gestion de la sécurité. Concernant les drones, la délivrance de ce document et de ce  certificat  parait  difficile  sans  qu’un  contrôle  spécifique  du  centre  de  commande  ne  soit  prévu préalablement.  En  effet,  quelque  soit  le modèle  envisagé,  les  centres de  commande  seront  une  des zones  les plus  sensibles du navire pour gérer  la  sécurité de  l’exploitation des drones. A ce  titre, elles devront faire partie du champ d’application du code ISM.      

                                                            44 : ISM : International Safety Management 

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b. Quellespossibilitésaujourd’hui? Le cas des drones n’est pas un cas isolé d’engin flottant sortant du cadre réglementaire classique défini pour  les navires de  commerce. En effet,  à  la  fin des  années 80,  la  volonté de  certains  armateurs de développer des navires rapides a amené les instances maritimes internationales à développer un nouvel outil juridique spécifique. En 1994, l’OMI adopta le recueil international de règles de sécurité applicable aux engins à grande vitesse (recueil HSC45) introduit dans la convention SOLAS au chapitre X. Ce recueil définit  les règles applicable pour ce type d’engin en matière de stabilité, compartimentage, structure, habitabilité, conduite,  incendie, dispositifs de sauvetage, machines, auxiliaires, équipement électrique, matériel  de  navigation,  radiocommunications,  systèmes  de  stabilisation,  conduite,  exploitation  et d’entretien. Dans  toutes  les matières  citées précédemment,  le  recueil HSC  se  substitue  aux  règles  classiquement utilisées  pour  les  navires  de  commerce  de  jauge  équivalente.  On  peut  facilement  imaginer  un mécanisme  identique  qui  permettrait  de  définir  des  règles  spécifiques  répondant  aux  besoins particuliers des drones tout en garantissant un niveau de sécurité et de protection de l’environnement suffisent. Cependant, contrairement aux drones, les navires rapides n’ont pas posé de problème pour l’application d’autres  règlementations maritimes  telles  que  la  COLREG  et  la  STCW.  De  ce  fait,  l’application  d’un simple recueil pour encadrer l’utilisation des drones semble insuffisante pour répondre à l’ensemble de la problématique. Un des points communs à l’ensemble de ces règlements maritimes est qu’ils sont tous applicables à des navires.  Il parait alors  intéressant d’imaginer créer un nouveau type d’engin  flottant,  le drone, auquel l’application de  la  réglementation  internationale  serait  spécifique  à  chaque  fois qu’elle présente une difficulté. Cette création aurait également  l’avantage de ne pas modifier  la  règlementation applicable aujourd’hui  aux navires,  ce qui permettrait de ne pas  l’alourdir et donc d’en  faciliter  l’utilisation.  En revanche  elle  imposerait  une  révision  de  l’ensemble  des  textes  règlementaires  impactés  par  cette création.  Cela  représente  un  travail  considérable  pour  les  instances  nationales  et  internationales,  le délai de mise en œuvre ne correspondant peut‐être pas aux besoins des armateurs  intéressés par ce sujet.  Même  si  la  création  d’un  nouvel  engin  flottant  semble  être  la  solution  la  plus  simple,  l’arrivée  des drones va entrainer un travail règlementaire considérable, et ce, quelque soit la solution prise quant à sa définition. Par ailleurs,  il faut préciser que ce sujet ne fait pas parti aujourd’hui des sujets travaillés au sein de l’OMI pour les années 2014‐2015.  

4. Quelsserontlesimpactssociauxetéconomiques

a. Queldevenirpourlemétierdemarin? La  standardisation  du  transport  de marchandises  par  conteneur,  les  évolutions  règlementaires  et  la modernisation des moyens de communication et de positionnement ont considérablement changé la vie des marins embarqués à bord des navires de commerce. L’arrivée du conteneur46 a permis d’améliorer considérablement  la  logistique de  transport multimodal en suppriment les ruptures de charges liées aux opérations de transfert de marchandises d’un mode de transport  à  l’autre.  Cette  suppression  a  permis  deux  progrès :  améliorer  les  flux  de  transport  des marchandises et  limiter  les  immobilisations des moyens de  transport engendrée par cette  rupture de charge.  Cela  a  permis  aux  entreprises  d’améliorer  l’utilisation  de  ces  moyens  et  d’optimiser  leur                                                             45 : HSC : International Code of Safety for High‐Speed Craft 46 : Thèse de Jean Claude SEVIN (2011) – La déserte maritime et terrestre de l’Europe en trafics conteneurisé à l’horizon 2030 

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rentabilité. Cette évolution a eu pour conséquence de considérablement diminuer les temps d’escale de ces navires, rendant quasi  impossible  les traditionnelles visites à terre des équipages. En conséquence, le  rythme  des  chargements  s'est  accéléré,  ce  qui  a  notablement  augmenté  la  charge  de  travail  des équipages dans le suivi des chargements et qui a, contribué à nuire à leur qualité de vie à bord. Les  évolutions  en matière  de  communication  ont  également  changé  la  vie  des marins  embarqués. Jusque dans les années 90, lorsqu’un marin embarquait pour 6 mois sur un navire, il perdait quasiment tout contact avec sa  famille pendant cette période, seules de  rares communications avec des  liaisons UHF  à des prix  très prohibitifs  étaient possibles.  L’arrivée des  satellites, des  téléphones portables  et surtout d’internet sur  les navires permet aujourd’hui aux marins de dialoguer au quotidien avec  leurs familles. Ces nouveaux modes de communication ont vidé les différents carrés47 des navires qui étaient des  lieux  importants  d’échange  à  bord.  Une  fois  les  repas  pris,  les  différents membres  d’équipage préfèrent  aujourd'hui  s’isoler  dans  leurs  cabines  pour  échanger  avec  leur  famille  en  utilisant  les différents  canaux  de  communication  qu’offre  internet,  au  détriment  des  différents  échanges  et débriefing  sur  les  évènements  de  la  journée  passée  qui  pouvaient  animer  ces  carrés. De  nombreux commandants  considèrent  cette  évolution  comme  pénalisante  pour  la  qualité  du  travail  à  bord,  les membres de l'équipage étant souvent préoccupés par les soucis quotidiens de la vie familiale sans avoir les moyens matériels d'intervenir. Ces frustrations rencontrées par les membres d'équipage sont autant de nouveaux problèmes auxquels les commandants doivent faire face. Les  évolutions  règlementaires  de  ces  dernières  années  ont  également  notablement  fait  évoluer  le métier de marin. En effet, l’arrivée de l’ISM, la création des mémorandums tels que ceux de Paris et de Tokyo sont autant de changement qui ont transformé un métier à dominante technique, en un métier où  les  obligations  administratives  ont  pris  une  place  prépondérante.  En  conséquence,  un  second capitaine passe aujourd’hui, plus de  temps derrière son bureau à gérer des problèmes administratifs, que sur le terrain à gérer des problèmes techniques. Les  évolutions  en  matière  de  communication  ont  également  sensiblement  modifié  la  fonction  de commandant. Auparavant, ceux‐ci se voyaient confier une  lettre de commandement par  l'armateur et, une fois le navire loin de son port d'attache, le commandant devenait le représentant direct de celui‐ci et ne  lui  rendait compte de  ses différents choix qu'une  fois  le navire de  retour à  son port d'attache. Cette absence  d'échange entre le commandant et son armateur pouvait alors dépasser plusieurs mois, ce qui laissait au commandant une grande latitude dans la conduite de l'expédition maritime. La facilité avec  laquelle  les échanges  se  font  aujourd'hui, ont mis  fin à  l'autonomie des  commandants qui  sont maintenant sollicités plusieurs fois par jour par la plupart des services de l'armement.  Les armements ont également  la possibilité de suivre  leurs navires en temps réel grâce aux évolutions en matière de positionnement et de transfert d'information. Cette possibilité est souvent dénoncée par les commandants, auxquels  leurs armements demandent parfois de suivre une route plus économique sans prendre en compte les aléas de l'expédition maritime, tels que la météo et l'état de la mer.  Toutes ces évolutions dans le métier de navigants ont eu un impact négatif assez important sur l'attrait de  cette  profession  auprès  des  jeunes  générations  des  pays  occidentaux.  En  effet,  ils  ont  du mal  à trouver un intérêt dans cette profession présentant aujourd'hui pour eux beaucoup d'inconvénients48. Le résultat est qu'aujourd'hui  le métier de marin est "boudé" par  les  jeunes occidentaux49 au profit de marins de pays en  voie de développement.  Les  salaires octroyés par  les  fonctions embarquées  sont, pour  l'instant,  suffisamment  intéressants pour  intéresser une partie de  la population de  ces pays.  La masse de marins formée dans les pays occidentaux est, depuis plusieurs années, en forte baisse ce qui n'est pas sans conséquence sur les difficultés de recrutement du secteur para‐maritime ainsi que sur le maintien d'une culture maritime qui reste pourtant vitale dans de nombreux pays, comme la France qui possède la deuxième zone économique exclusive (ZEE) au monde.  

                                                            47 : Carrés : Salles communes où les équipages prennent leurs repas et se repose. 48 : Anne Gallais Bouchet : Note de synthèse n°144 : « La gestion de l’emploi des navigants » de l’ISEMAR d’avril 2012. 49 : Rapport n°439 (2006 ‐2007) de M. Charles REVET, fait au nom de la commission des affaires économiques, concernant le projet de loi relatif à la nationalité des équipages de navire, déposé le 12 septembre 2007. 

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La nécessité d'avoir des opérateurs à terre, formés pour surveiller et diriger des navires à distance offre de  nouvelles  perspectives  aux  jeunes  occidentaux  intéressés  par  la mer  et  les  navires.  En  effet,  ce nouveau métier aurait  l'avantage de ne pas éloigner  l'opérateur de sa famille et ainsi de supprimer un des  inconvénients majeurs que présente  le métier de navigant pour cette population. La possibilité de proximité du poste de pilotage avec le siège de l'armement améliorerait grandement les échanges entre les opérateurs et leur compagnie. Cette fluidité dans les échanges, difficiles à obtenir aujourd’hui étant donné  la  distance  physique  entre  le  navire  et  son  siège,  serait  gage  de  réactivité  et  contribuerait  à améliorer  la  sécurité du  flotteur. Les obligations de  la convention STCW concernant  la  formation à  la mer de ces opérateurs, obligeraient ceux‐ci à effectuer régulièrement des stages embarqués afin de se familiariser avec le monde maritime. Ces obligations permettraient aux pays concernés de maintenir en permanence  une  masse  de  personnel  formée  aux  cultures  maritimes  internationales,  capable  de promouvoir le monde maritime et de développer ses capacités industrielles50.  Le métier de navigant présente depuis de nombreuses années des difficultés de recrutement. Il est  en effet  intéressant  de  constater  les  évolutions  considérables  que  les  navires  ont  subit  ces  dernières années,  et  les  impacts  de  ces  évolutions  sur  les  métiers  des  navigants.  En  conséquence,  ceux‐ci subissent  aujourd’hui  beaucoup  plus  de  contraintes  que  par  le  passé  et  aucune  évolution  dans  leur profession n’a permis d’atténuer leurs impacts sur la qualité de leur vie à bord.  L’arrivée des drones et  la sédentarisation de  la profession de marin consécutive à celle‐ci pourraient répondre aux difficultés de recrutement en créant de nouvelles vocations attirées par  la réduction des contraintes inhérentes aux métiers de navigant.   

b. Quelsseraientlesimpactssocio‐économiquesmondiauxconsécutifsàl’arrivéedesdrones?

 Même  si  l’arrivée  des  drones  va  inévitablement  créer  de  nouveaux  métiers  afin  de  répondre  aux exigences  nouvelles  demandées  par  ces  nouveaux  engins,  elle  va  logiquement  avoir  un  impact important  sur  la masse  salariale maritime mondiale. Björn Kjerfve51 rappelait,  lors du  colloque  sur  le facteur humain qui  s’est  tenu  à Marseille en  janvier 2011, que  la population des  gens de mer de  la navigation  commerciale  s’élève  à  1,25  million  de  personnes.  Cette  population  représente  peu  de personnes  au  regard  d’autres  activités  professionnelles  plus  sédentaire.  Malgré  tout,  les  intérêts économiques concernés ne sont pas négligeables, et certains pays tels que  les Philippines, fournissant 40 % des marins dans le monde52, risquent de voir d’un mauvais œil l’arrivée de ces drones.  En effet, depuis une vingtaine d’années,  les sociétés de manning et de shipmanagement ont connu un développement très  important (on en compte plus de 400 aux Philippines53). Ces sociétés, spécialisées dans  la gestion et  l’approvisionnement des navires en personnel maritime, et  regroupées au  sein de l’International  Ship  Manager  Association  ou  Intermanager,  seront  les  premières  à  souffrir  de  la disparition de la population maritime traditionnelle. En 2009,  l’ensemble des marins philippins  travaillant à  l’étranger ont rapporté 1,4 milliards de dollars par mois à  l’économie nationale philippine52. La contribution de ce secteur, représentait 4,5 % du PIB des Philippines pour la période de 2003 à 2006 et plus de 5 % des emplois des Philippines sur la même période52  (Il y avait autour de 203 000 marins en 2003 pour 330 000 en 200953 ). Même si le nombre de 

                                                            50 : Certaines compagnies maritimes, telle que la compagnie de croisière des Iles du Ponant, furent, à l’origine, crées par d’ancien officier de la marine marchande. 51 : Björn Kjerfve : Ancien président de l’Université maritime mondiale de Malmö. 52 : 11th Nationale Convention on Statistics (NCS) in Mandaluyong city (Philippines) – 2010 – Towards a satellite account on the maritime sector in the Philippine system of national accounts. 53 : Selon le POEA : Philippine Overseas Employment Administration : Agence gouvernementale philippine qui régule les recrutements industriels d’expatriés philippin. 

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marins formés dans les écoles aux Philippines est en nette diminution (100 585 en 2001 pour 63970 en 200952 pour 100 millions d’habitants), celui‐ci reste considérable au regard des promotions nationales occidentales  équivalentes,  telles  que  la  France  qui  forme  depuis  plusieurs  décennies moins  de  200 officiers  de  marine  marchande  par  an  pour  une  population  de  66  millions  d’habitants.  De  fait,  la diminution  de  la  demande  en  marins,  consécutive  à  l’arrivée  des  drones,  aura  des  conséquences importantes sur la survie de ces écoles et sur les emplois directs et indirects qu’elles génèrent. Les  envois  de  fonds 54  générés  par  les  travailleurs  asiatiques  expatriés  sont  considérables 55  et permettent, malgré  la crise, de maintenir dans  la plupart des pays,  l’économie  locale sous perfusion56. Selon  la Banque mondiale, en 2011,  les pays d’Asie du sud,   du sud‐est et du Pacifique ont reçu à eux seuls la moitié des envois de fond effectués dans le monde56. Pour  les marins expatriés,  les envois de fond sont très encadrés par  le POEA57 qui définit  les règles de ces envois dans des contrats de travail types obligatoires, demandant à chaque navigant de verser 80 % de son salaire à ses proches aux Philippines. Ces versements de fonds, fortement encouragés par l’Etat car  ils soutiennent une économie plongée dans  l’instabilité et  les crises politiques, ne sont pas versés directement aux familles concernés, mais transitent par  les 400 agences de manning réparties dans  le pays58. Une  récente enquête du PSAP59 révélait que  les  agences de manning utilisent une  variété de techniques pour récupérer de l’argent lors de ces transferts de fonds.  Les Philippines, qui fournissent 40 % des marins de la planète, risquent de souffrir économiquement de l’arriver des drones. Une partie de leur économie est aujourd’hui grandement assurée par les transferts de fonds issus des marins embarqués à l’étranger et contribue notablement à stabiliser le pays. L’arrivée des  drones  risque  d’y  être  logiquement mal  perçue.  Des  tentatives  de  blocage  des  Philippines,  des autres  pays  impactés  et  des  associations  de  sociétés  de manning,  dans  les  différentes  négociations visant à faire évoluer la règlementation internationale doivent logiquement être attendues.  

c. Quellesconséquencesdansledomainepara‐maritime? Les  activités maritimes et para‐maritimes  comptent plus de 300 000 emplois directs en  France, dont seulement  40 000  dans  le  secteur  maritime60 .  Avec  160 000  emplois,  le  secteur  para‐maritime représente un des secteurs d’emploi les plus importants, équivalent à celui de l’industrie de la chimie. Comme  le confirmait  l’inspecteur général de  l’enseignement maritime, Dominique  Laurent,  lors de  la séance du 15  février 2006 devant  le Conseil Supérieur de  la Marine Marchande,  les officiers  formés à L’ENMM  (l’ENSM  aujourd’hui)61 alimentent  largement  les  métiers  de  l’industrie  maritime  et  para‐maritime, en mer comme à terre. L’arrivée des drones dans la sphère maritime entrainera la disparation de  ce  personnel  formé  et  expérimenté,  indispensable  aujourd’hui  à  ces  industries.  Une  révision  en profondeur du mode de formation de ces personnels sera impérativement à anticiper afin de maintenir  la qualité des futurs recrutements du monde para‐maritime. La réforme intervenue en 2010 dans les ex. Ecole Nationale de  la Marine Marchande ouvre de nouvelles perspectives en matière d’enseignement. En effet,  la nouvelle Ecole Nationale Supérieur Maritime, en ouvrant son champ de compétences avec un cursus de formation d’ingénieur, est, aujourd’hui, à même de répondre, en termes de formation, aux 

                                                            54 : Envois de fond : remittances en anglais 55 : Selon la banque mondiale, ces envois de fond représentaient 176 milliards de dollars en 2010 (Asia Developement Bank – Global crisis, remittances, and poverty in Asia (2012)) 56 : Asia Developement Bank – Global crisis, remittances, and poverty in Asia (2012) 57 : POEA : Philippine Overseas Employment Administration 58 : Peter B. Payoyo – Avocat et professeur de droit à l’université des Philippines – Seafarers’ remittances : Right & realities. 59 : PSAP : Philippine Seafarers Assistance Programme : Fondation à but non lucratif, enregistrée par la chambre du commerce de Rotterdam en 1981 et dont l’objectif est de soutenir les marins philippins 60 : Bureau de l’emploi et de la formation maritime – Direction des Affaires Maritimes ‐ Rapport sur l’emploi et la formation maritimes en France. 61 : ENMM : Ecole Nationale de la Marine Marchande remplacé en 2010 par l’ENSM : Ecole Nationale Supérieur Maritime. 

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besoins qu’engendreraient  la disparition des officiers de  la marine marchande « traditionnels ». Si ces évolutions peuvent  répondre aux besoins de  secteurs  comme  ceux des  sociétés de  classification, des agences  maritimes,  assureurs  maritimes,  administrations  etc.,  des  évolutions,  en  accord  avec  les professionnels, seraient à prévoir pour les métiers très spécialisés comme celui du pilotage maritime.  La disparition des officiers de la marine marchande « traditionnels » imposera des évolutions en matière de  formation  pour  continuer  à  fournir  des  personnels  de  qualité  au  secteur  du  para‐maritime.  La récente évolution de l’ENSM donne à cet établissement les moyens de répondre à ces futures exigences.  

d. Commentassurerlesauvetageenpleinemer? L’article 98 de la convention des Nations Unies sur le droit de la mer demande que « tout Etat exige du capitaine  battant  son  pavillon  que  pour  autant  que  cela  lui  est  possible  sans  faire  courir  de  risques graves au navire, à l’équipage ou aux passagers :  

‐ Il prête assistance à quiconque est trouvé en péril en mer ‐ Il se porte aussi vite que possible au secours des personnes en détresse s’il est  informé qu’elles 

ont besoin d’assistance, dans la mesure où l’on peut raisonnablement s’attendre qu’il agisse de la sorte 

‐ En cas d’abordage, il prête assistance à l’autre navire, à son équipage et à ses passagers, et, dans la mesure du possible, indique à l’autre navire le nom et le port d’enregistrement de son propre navire et le port le plus proche qu’il touchera 

 De plus, la règle 33 du chapitre V sur la sécurité de la navigation de la convention SOLAS, demande que « le capitaine d’un navire en mer qui est en mesure de prêter assistance et qui reçoit, de quelque source que ce soit, une information indiquant que des personnes se trouvent en détresse en mer, est tenu de se  porter  à  toute  vitesse  à  leur  secours,  si  possible  en  les  informant  ou  en  informant  le  service  de recherche et de sauvetage de ce fait. Si le navire qui reçoit l’alerte de détresse est dans l’impossibilité de se porter à leur secours, ou si, dans les circonstances spéciales où il se trouve, il n’estime ni raisonnable ni nécessaire de le faire, le capitaine doit inscrire au journal de bord la raison pour laquelle il ne se porte pas  au  secours  des  personnes  en  détresse  et  en  informer  le  service  de  recherche  et  de  sauvetage compétent en tenant compte de la recommandation de l’Organisation. »  En  vertu  à  la  fois  d’une  tradition  maritime  ancestrale  et  des  obligations  prescrites  par  le  droit international et cité ci‐dessus, le capitaine d’un navire a le devoir de prêter assistance à toute personne se trouvant en situation de détresse en mer.  L’arrivée  des  drones  et  l’absence  d’équipage  telle  que  définie  par  les  modèles  1  &  2  complique énormément l’accomplissement de cette obligation d’assistance. En effet, les navires de commerce sont des maillons  importants dans  la chaine du sauvetage,  ils sont  les rares navires à couvrir  l’ensemble du globe en permanence et  sont quasiment  les  seuls  capables de porter assistance en plein milieu d’un océan.  Ils ont  la  vitesse d’intervention,  l’autonomie et  la  capacité d’accueil que peu d’autres navires peuvent  offrir.  En  conséquence,  la  chaine  du  sauvetage  ne  pourra  pas  complètement  se  passer  des navires  de  commerce  et  des  solutions  techniques  devront  être mises  en  place  afin  que  les  drones puissent également répondre à ces obligations. Aujourd’hui,  lorsqu’un  navire  de  commerce  porte  assistance  à  une  personne  en  détresse  en mer, l’équipage de ce navire participe à ce sauvetage en  facilitant  l’accès du navire. La muraille des grands navires  ne  permet  pas  à  une  personne  seule,  sans  équipement,  de monter  à  bord.  L’utilisation  du matériel du bord tel que des échelles, coupés et engins de hissage sont nécessairement mis en œuvre par  le personnel du navire  afin de  secourir  les naufragés.  Il est  aujourd’hui  impossible de mettre en œuvre  ce  type  de matériel  sans  l’assistance  de  personnel  embarqué  et,  concernant  les  drones,  des 

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modèles  1&2,  étant  donné  l’absence  de  ce  personnel,  la  méthode  de  récupération  de  personnes tombées à l’eau est à repenser. Une  réflexion  sur  l’amélioration  de  la méthode  de  récupération  d’un  homme  à  la mer  a  déjà  été entreprise en Grande Bretagne  par la RNLI62 et toutes leurs embarcations de sauvetage ont aujourd’hui un décroché qui rapproche, à un endroit précis, le pont du navire de la surface de l’eau afin de faciliter la remontée d’une personne tombée à l’eau.    

 Navire de sauvetage « RNLB ALBERT BROWN » à l’entrée du port de COWES 

 au nord de l’île de WIGHT (RNLI & Lifeboat ‐ 2012) 

 Ce type de réflexions, appliquées au navire de commerce, permettrait de mettre   en place un système de récupération simple utilisable par les naufragés sans aide extérieure. Il suffirait alors à l’opérateur de répondre à  la demande d’assistance en dirigeant son drone  le plus près possible du  lieu du sinistre, et d’activer ce système afin de permettre aux naufragés de monter à bord. Bien entendu, Cette obligation d’assistance  imposera aux drones des contraintes en matière d’accueil éventuel  de  naufragés.  Les  drones  seront  obligatoirement  équipés  d’installations  simplifiées  mais capables de répondre aux besoins de naufragés en matière de couchage, d’hygiène, de soin, d’eau, de nourriture, de chauffage et d’approvisionnement en air.  La tradition ancestrale du sauvetage en mer et  la règlementation  imposeront aux drones de revoir  les méthodes de récupération d’un homme à  la mer. Elles  leurs  imposeront également de réserver à bord un minimum d’espace et d’équipements afin de répondre aux besoins d’éventuels naufragés.  

e. Unepiraterieplusfacileàcombattre? Les attentats du 11 septembre 2001 contre les tours du World Trade Center à New York, sont à l’origine de la prise de conscience du risque d’attaque de sûreté contre des navires. Dès novembre 2001, l’OMI63 entreprend des travaux concernant  la création de normes de sûreté visant  les navires et  les ports. Ces travaux furent à l’origine de l’entrée en vigueur le 1er juillet 2004 du code ISPS64.  Le  14  juillet  2011, malgré  l’arrivée  de  ce  code,  un  rapport  du  BIM65 constatait  que  les  attaques  de piraterie étaient en  forte  recrudescence. D’après  son directeur, « les chiffres des attaques armées en mer et des  actes de piraterie,  ces neuf derniers mois,  sont  les plus  élevés  jamais enregistrés depuis 

                                                            62 : RNLI : Royal National Lifeboat Institution : Société nationale de sauvetage britannique à but non lucratif. 63 : OMI : L’Organisation maritime internationale 64 : ISPS : International ship and port security. 65 : BIM : Bureau international maritime. 

Décroché 

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1991 »66. Cette recrudescence a eu pour conséquence de prolonger pour  la deuxième fois (le 23 mars 2012), l’opération Atalante menée par l’Union Européenne depuis 2008. Opération visant à contribuer à la dissuasion, à la prévention et à la répression des actes de piraterie et de brigandage au large des côtes de la Somalie.  Comme pour le cas du navire « Maersk ALABAMA », les autorités maritimes et les armateurs se trouvent confrontés lors d’attaque terroriste à deux problèmes majeurs : la prise d’otages et le détournement du navire. Afin de répondre à ces deux problèmes,  les armateurs ont mis en place à bord des navires de commerce, des solutions pour retarder  les terroristes et ainsi donner aux autorités militaires, le temps nécessaire pour rejoindre le navire victime de l’attaque.  Dans un premier temps,  les marins essayent de retarder  l’embarquement des pirates en  les attaquant avec  les  jets d’eau des  lances à  incendie du bord, puis,  ils  s’enferment dans un  lieu  caché du navire appelé « citadelle », après avoir mis le navire hors d’usage. Cette citadelle contient suffisamment d’eau et  de  nourriture  pour  que  l’équipage  puisse  attendre  l’intervention  des  autorités militaires  en  toute sécurité. Malgré tout, pour être efficace, elle ne doit servir que pour une période relativement courte et si  les  autorités militaires  se  trouvent  à plusieurs  jours de mer,  la  citadelle montrera  rapidement  ces limites  car ne  répondant pas  au minimum de  confort que demande un équipage, principalement en matière d’hygiène. Finalement, la solution mise en place par la majorité des armateurs est d’embarquer des gardes armés professionnels pour défendre les navires et leurs équipages. Cette solution radicale ne restera efficace que si  l’attaque est  limitée. En effet,  le nombre de garde embarqué étant  limité, cette défense montrera ses limites en cas d’attaque sur de multiples fronts.  L’arrivée des drones pourrait apporter une solution contre les attaques terroristes. En effet, concernant les modèles  1 &  2,  l’absence  d’équipage  permet  d’éviter  toute  prise  d’otage  et  il  est  facile pour  un opérateur à distance de  rendre un navire hors d’usage et de prévenir  les autorités militaires  les plus proche pour arrêter le pillage des marchandises du drone.   Même s’ils ne pourront éviter  les actes de pillage,  les drones constituent une solution contre  les actes de piraterie les plus graves tels que la prise d’otage et le détournement de navire.  

5. Lesprojetsencours

a. MUNIN Le projet MUNIN67 est un projet de  création d’un drone de navigation maritime sans pilote. Ce projet, cofinancé par la Commission Européenne, est constitué d’un consortium de huit partenaires, dirigé par Fraunhofer  CML68.  Il  vise  à  développer  un  concept  de  navire  autonome  guidé  par  des  systèmes automatisés, mais  contrôlé par un opérateur  à  terre.  Le projet  s’est  construit  sur  les  constats d’une pénurie  de  gens  de  mer,  associée  à  une  augmentation  des  volumes  transportés  et  une  volonté d’améliorer la qualité de vie des marins. Les  huit  partenaires  provenant  d’Allemagne,  de Norvège,  de  Suisse,  d’Islande  et  d’Irlande  apportent leurs  expériences  sur  les  aspects  opérationnels,  techniques  et  juridiques  dans  le  cadre  du développement de ce projet. Selon le projet MUNIN, l’intérêt majeur des drones serait de pouvoir diminuer la vitesse des navires afin d’économiser de l’énergie (une réduction de 30 % de la vitesse engendrerait une diminution de 50 % de 

                                                            66 : Jean Fossati – AFCAN – Evolution de la piraterie maritime au 7 novembre 2011 67 : Projet MUNIN : http://www.unmanned‐ship.org/munin/ 68 : Fraunhofer CML : Centre de logistique et de services maritime, situé à Hambourg et qui conduit des contrats professionnels de recherche dans le domaine maritime industriel pour les secteurs publique et privé. 

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consommation  de  carburant).  Cela  limiterait  les  émissions  de  polluant,  sans  subir  l’inconvénient  de devoir payer un équipage pour  le temps supplémentaire qu’entrainerait une réduction de  la vitesse.  Il pointe aussi du doigt le fait que les navires existant sont déjà équipés avec des systèmes anticollision, de positionnement et de communication par satellite et que les nouveaux capteurs nécessaires pour un tel projet sont aujourd’hui communs. Par conséquent,  la grande partie   de  la technologie nécessaire pour rendre le navire autonome est déjà disponible. Le projet MUNIN vise à présenter un projet de navire autonome pour l’été 2015, après avoir validé les différentes solutions proposées préalablement sur simulateur.  

b. LeprojetDGA Historiquement,  la direction générale de  l’armement a  toujours développé de nouvelles  technologies pour la marine nationale. Elle travaille aujourd’hui sur le développement de drones de surface et sous‐marins. Pour des raisons budgétaires, il est aujourd’hui difficile de développer un projet militaire sans se projeter  sur  une  application  civile.  C’est  à  ce  titre  que  la DGA  s’est  rapprochée  de  la Direction  des Affaires  Maritimes,  afin  d’appréhender  plus  facilement  les  contraintes  juridiques  encadrant  une exploitation de navire civile. Le 27 mars 2014,  la DGA a organisé une  semaine de  formation  sur  les différents aspects  techniques nécessitant  des  évolutions  pour  le  développement  des  drones.  Une  partie  des  supports  de  cette formation est en annexe de ce document.  

c. LeprojetREVOLT Le DNV‐GL,  la  plus  importante  société  de  classification  au monde,  a  dévoilé  en  septembre  2014  les détails de son concept de futur drone de transport alimenté par batteries. Le projet REVOLT consiste à propulser un navire  sans pilote  sur des distances ne dépassant pas 100 milles, avec des batteries de 3000 kWh. Considérant qu’un navire dure en moyenne 30 ans, ce concept permettrait à un armateur d’économiser 34 millions de dollars sur sa durée de vie69.  Selon Hans Anton70,  le projet REVOLT est destiné  à  servir de  source d’inspiration pour  les  fabricants d’équipements,  les  chantiers  navals  et  les  armateurs  afin  de  développer  de  nouvelles  solutions  en matière de transport.  

d. Rolls‐Royce Depuis plus de cent ans, l’entreprise Rolls‐Royce fabrique des moteurs pour l’aéronautique, la marine et les  engins  terrestres.  Elle  travaille  aujourd’hui  à  travers  de  son  équipe  « blue  ocean  team »  sur  le développement  d’un  système  logiciel  (software)  et  matériel  (hardware) 71  qui  permettrait  de transformer  un  cargo  actuel  en  robot  semi  ou  complètement  autonome  (une  sorte  de  « passerelle déportée »).  Même  si Rolls‐Royce n’a pas officiellement de projets de  construction de drone en  cours, elle a une réflexion sur  l’amélioration continue de  l’efficacité des navires, afin de réduire  les coûts d’exploitation. Afin d’y parvenir, elle veut changer la conception des navires, améliorer la forme de leurs coques et des différents systèmes utilisés afin de réduire leur consommation. L’optimisation de la chaine de transport qui inclut le navire fait également partie des facteurs devant être évalués globalement afin d’obtenir les 

                                                            69 : Article sur le site du DNV‐GL : http://www.dnvgl.com/news‐events/news/revolt.aspx 70 : Hans Anton est responsable de la recherche dans la société DNV‐GL 71 : Article du site Bloomberg.com, daté du 25 février 2014 

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meilleurs résultats. Les évolutions en termes de choix de carburants moins polluants auront un  impact économique qui, selon Rolls‐Royce, imposera aux armateurs de trouver des solutions d’ajustement. Selon  eux,  une  des  solutions  serait  de  développer  des  drones  de  différents  types  sachant  que  la technologie  existe.  Ces  drones  seraient  surveillés  par  une  personne  à  terre,  assistée  d’un  équipage qualifié et compétent. Le fabriquant de moteurs remarque que beaucoup d’installations et de systèmes à  bord  sont  uniquement  là  pour  s’assurer  de  la  sécurité  de  l’équipage,  et  qu’il  est  nourri  et  logé confortablement. La suppression de ces  installations simplifierait radicalement  les navires. Rolls‐Royce pense qu’un  fonctionnement en  toute  sécurité est possible, en particulier pour  les navires effectuant des voyages entre deux ou trois destinations différentes.  

6. Lesévolutionsprévisibles

a. Commentfonctionnelesecteuraérienetcommentévolue‐t‐il? Le 7 novembre 2013, Reuters relatait une  intervention de Michael Huerta, administrateur de  la FAA72, confirmant que  la Fédération avait publié  trois documents visant à  respecter  le délai que  le Congrès américain avait fixé à septembre 2015 pour l’intégration des drones dans l’espace aérien national. Pour Michael Huerta,  l’utilisation  croissante des avions  sans pilote présente de grandes opportunités même si leur intégration dans l’espace aérien civile nécessitera de relèver des défis importants. Depuis, un  rapport de  l’inspecteur général du département des  transports américains prévient que  le délai  risque  de  ne  pas  être  respecté73.  L’accumulation  des  accidents  de  drones  militaires  sur  les différents terrains d’intervention des Etats‐Unis, ainsi que sur  le territoire américain, met en avant des problèmes techniques pouvant être à l’origine de ce retard. En effet, une enquête du Washington Post, datée du 20 juin 2014, confirme le crash de plus de 400 drones militaires américains depuis 2001. Pour le  journal,  ces  crashs  exposent  les  citoyens  américains  à  un  danger  potentiel  si  la  décision  est  prise d’ouvrir  le  ciel  américain  à  la  circulation  des  drones.  Les  50 000  pages  des  différents  rapports d’investigation mettent en avant 4 problèmes majeurs :  

‐ Une capacité  limitée à détecter  les situations rapprochées. Ce problème étant principalement dû au manque de matériel anticollision 

‐ Des erreurs de pilotage probablement lié à un manque de formation ‐ Des problèmes mécaniques persistant ayant pour origine un manque de dispositifs de sécurité et 

de sauvegardes, des problèmes électriques, de mauvais temps ‐ Des  problèmes  de  connexion  entre  les  opérateurs  et  leur  drone.  Les  dossiers  montrent  des 

problèmes de liaison perturbées ou perdues dans plus d’un quart des accidents les plus graves  L’expérience américaine dans  l’utilisation des drones nous montre  l’importance d’une étude préalable poussée afin de déterminer précisément l’ensemble des exigences que demande ce type d’engin. Malgré  tout,  les 4 points principaux pointés dans ces  rapports comme étant à  l’origine des différents crashs,  sont des points qui n’auraient pas de  conséquences aussi dramatiques dans  le  cas de drones maritimes. En effet, même si tout doit être mis en œuvre pour éviter que ces navires automatisés ne subissent  d’avaries  si  un  problème  de  cet  ordre,  devait  arriver  sur  un  drone  maritime,  celui‐ci continuerait à  flotter,  il  faudrait  juste s’assurer qu’il stoppe automatiquement afin de ne pas créer de nouvelles avaries.  

                                                            72 : FAA : Federal Aviation Administration 73 : Article de FOXNEWS du 01 july 2014 : FAA will miss 2015 drone deadline, audit says  

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La  différence  majeure  entre  le  modèle  maritime  et  le  modèle  aérien  en  matière  de  conduite  est principalement l’autonomie des « pilotes » de navire, comparativement à leurs homologues de l’aérien dans la conduite de leurs engins. En effet, alors qu’un officier à la passerelle d’un navire a toute latitude pour déterminer la route qu’il va suivre pour aller d’un point A à un point B, un pilote de ligne suivra les demandes qu’il recevra de la part de différents contrôleurs aériens, qui lui indiqueront tout au long de son voyage, le cap, l’altitude et la vitesse qu’il devra respecter. La  plupart  des  pays  ont,  principalement  dans  les  zones  à  forte  concentration  de  trafics  comme  la Manche, des systèmes de surveillance et de suivi du trafic permettant de suivre chaque navire circulant le long de leurs frontières. L’objectif principal de cette surveillance est de connaitre l’origine du navire, sa destination et le type de marchandises qu’il transporte, afin de prévenir tout risque de pollution. Les  installations mises en place pour ces suivis de trafic, en général assurées par  les « Maritime rescue coordination centers » (MRCC) compétents ont aujourd’hui  les capacités techniques pour effectuer, au même titre que les contrôleurs aériens, un guidage des navires dans leurs zones de compétences. Ce  guidage  aurait  pour  avantage  de  simplifier  la  chaine  de  décision  avec  seulement  quelques « contrôleurs maritimes » pour guider les navires au lieu de l’ensemble des officiers de quart présents à la passerelle de chaque navire. Dans  le cas des drones 100 % automatisés  (tels que ceux des modèles 1 & 3), un système de pilotage général centralisé depuis un MRCC, pourrait facilement donner des directives simples en matière de cap et de vitesse à  l’ensemble des drones passant dans son secteur de compétence. Ce modèle centralisé aurait  l’avantage d’être beaucoup plus  fiable  car  il  limite  le nombre d’intervenants et donc  le  risque d’erreur  humaine.  Les  communications  entre  les  drones  et  le  MRCC  devront  impérativement  être sécurisées et l’opérateur de chaque drone pourra, au regard de questions juridiques de responsabilité, à tout moment modifier le cap et la vitesse de son drone.  Même si  le monde maritime a pendant ses débuts servi de modèle au monde de  l’aérien, force est de constater qu’aujourd’hui, en termes d’évolutions et de sécurité, l’aviation a atteint un excellent niveau qui pourrait inspirer, sur certains points, le monde maritime. Les Etats‐Unis sont aujourd’hui à la pointe de  la technologie des drones aériens avec une expérience sans équivalent sur  la planète. Les autorités américaines  sont  convaincues, malgré  les  déconvenues  liées  aux  problèmes  techniques  des  drones militaires, que les drones civils devront s’imposer dans le ciel américain. Les  autorités  internationales  et  européennes  étudient  également  le  sujet  puisque  l’OACI74 ainsi  que L’EUROCAE75 ont mis en place des groupes de travail sur  le sujet relatifs aux drones aériens et à  leurs intégrations dans le trafic aérien international.  Bertrand Rider, de  la DGAC76, précise également que  l’administration de  l’aviation civile française s’est donnée la possibilité d’étudier, au cas par cas et après décision du Ministre, l’intégration de drone dans l’environnement aérien français. A ce titre, deux groupes de travail étudient en ce moment des projets portés par la SNCF et VINCI.  L’intégration prochaine des drones aériens civils, dans l’espace aérien international, semble maintenant inéluctable. Les pays en avance  sur  le  sujet,  tels que  les Etats‐Unis ont de  fortes chances de  tirer  les bénéfices de leurs investissements dans ce domaine.  

b. Denouveauxmétiersàterreetenmer? Comme nous l’avons vu précédemment, l’arrivée des drones aura des répercussions importantes sur les habitudes du monde maritime et  imposera de développer de nouveaux métiers pour  répondre à  ces contraintes nouvelles. 

                                                            74 : OACI : Organisation de l’Aviation Civile Internationale 75 : EUROCAE : European organisation for civil aviation electronics – Organisation reconnu par ECAC en matière règlementaire 76 : DGAC : Direction générale de l’aviation civile 

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 En effet, l’absence d’équipage imposera la présence de personnel, lors des escales, capable de répondre aux différents besoins d’entretien du navire. Ce personnel devra être disponible  jour et nuit, et devra faire en sorte, dans  la mesure du possible, de ne pas ralentir  l’exploitation commerciale du navire. La répartition  de  ces  équipes  devra  également  être  correctement  assurée,  en  fonction  des  différentes escales du navire, afin de pouvoir intervenir sur d’éventuelles avaries.  Lors  des  escales  du  navire,  le  commandant  perd  la  responsabilité  de  la marchandise  embarquée  au profit  d’un  agent maritime.  Il  conserve,  en  revanche,  la  responsabilité  totale  du  flotteur  et  de  son équipage. Dans  le  cas des drones,  aucune personne ne  sera présente pour prendre  la  responsabilité juridique du navire lorsque celui‐ci sera à quai et. Dans ce cas, deux solutions sont possibles :  

‐ Les autorités locales acceptent que le drone soit sous la responsabilité d’une personne située dans un autre pays, cette personne pouvant alors être l’opérateur 

‐ Une personne, située dans le pays d’escale, prend la responsabilité juridique du navire  Le  premier  cas  présente  l’avantage  de  laisser  la  responsabilité  du  navire  à  la  personne  le  suivant régulièrement. Elle est donc  le plus à même de  répondre aux questions des différentes autorités. En revanche,  le fait que  le responsable du navire soit absent du pays d’escale peut compliquer  la mise en place d’éventuelles poursuites à son encontre, et pourrait avoir pour conséquence une augmentation des fraudes et délits. Dans  le  deuxième  cas,  la  présence  d’un  responsable  juridique  local  pourrait  permettre  d’éviter  ces problèmes de fraude et de délits. Toutefois, cette personne ne pouvant suivre le navire en permanence, elle  aurait  une  influence  assez  limitée  sur  son  exploitation  et  son  utilisation.  Ceci  dit,  elle  pourrait faciliter l’accès du drone à des autorités telles que les inspecteurs de l’Etat du port, qui ne doivent pas, pour des  raisons évidentes de  responsabilité, effectuer  leur visite de  sécurité  sans  la présence d’une personne qualifiée, responsable du navire.  Il semble alors logique que les deux personnes se partagent la responsabilité du navire. L’opérateur du drone  à  distance  prendrait  une  responsabilité  opérationnelle  liée  à  la  conduite  du  drone  et  à  son entretien et une personne locale prendrait la responsabilité administrative du flotteur et s’assurerait, en amont, qu’il répond en tout points, aux différentes règlementations locales et internationales.  Même  si  les drones devront,  logiquement,  répondre à une  règlementation  rigoureuse en matière de construction, d’équipement et d’entretien,  il n’est pas exclu qu’ils puissent subir des avaries en mer et qu’ils doivent, de  fait,  stopper pour être  réparés. Si quasiment  l’ensemble des avaries, que  subissent aujourd’hui les navires de commerce en mer, peuvent être prises en charge et traitées par les équipages embarqués, dans  le  cas des drones,  l’absence de personnel  impose de mettre en place une  solution alternative. Afin  de  pouvoir  porter  assistance  à  un  drone  en  avarie  n’importe  où  sur  le  globe,  il  faudra impérativement prévoir des équipes et des navires d’intervention capables de rejoindre dans un délai raisonnable,  le  drone  en  difficulté.  La  répartition  de  ces  équipes  sur  le  globe  ainsi  que  les caractéristiques  de  ces  navires  devront  être  étudiées  pour  répondre  à  tous  les  cas  possibles.  Les systèmes informatiques basés à terre de suivi de l’état du navire, devront être suffisamment étudiés afin de  fournir  les  informations  nécessaires  aux  équipes  d’intervention  pour  déterminer  l’origine  du problème et prévoir  le matériel nécessaire. Dans  le pire des cas,  le navire d’intervention devra avoir  la capacité de remorquer le drone vers le port le plus proche.     

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Conclusion

 De  l’avis des professionnels du  secteur maritime, Rolls‐Royce  le premier,  l’arrivée des drones dans  le monde maritime est nécessaire et inéluctable car ils répondent à aux contraintes contemporaines de ce dernier. Ils permettront à ce secteur d’être davantage écologiquement responsable, et contribueront à ce  que  les  équipages  des  pays  occidentaux,  historiquement  maritimes,  reprennent  une  place prépondérante dans la conduite des navires.  Les drones sont capables d’améliorer  le coût de fonctionnement des navires et de contribuer, par  leur absence d’équipage, à  la réduction des émissions de polluants. Toutefois,  il faut bien mesurer  l’impact engendré par l’absence de contrôle « humain » dans leur fonctionnement. Même si dans 90 % des cas, les enquêtes après accidents révèlent que le facteur humain en est l’origine, des d’études confirment que  l’absence de contrôle par un opérateur engendrerait  inévitablement des complications dans l’utilisation de drones. En effet, il est difficile de demander à un drone d’utiliser son expérience pour  résoudre une situation  jamais  rencontrée et pour  laquelle aucune procédure n’a été prévue. A partir de ces éléments, il semble logique d’écarter les modèles 1 & 3. En cas d’évènement imprévisible, l’absence  de  contrôle  par  un  opérateur  les  mettrait  en  danger  et  demanderait  une  utilisation  de capacité cognitive que les machines ne sont pas capables de produire aujourd’hui.  Tout  l’environnement maritime  sera  impacté  par  l’arrivée  des  drones.  Les  ports  devront  revoir  leur modèle de prévision d’escale, les pilotes maritimes ne pourront plus monter à bord et seront remplacés par  les  lamaneurs afin de mettre  le navire à quai, et bien sûr,  les officiers en charge de  la conduite de ces drones seront sédentarisés. Certaines  nouvelles  professions  devront  voir  le  jour  afin  de maintenir  les  obligations  réglementaires locales et  internationales que  les navires rencontrent dans  les différents ports d’escales. Les pilotes de drones  pourront  être  implantés  dans  les  pays  occidentaux  (où  sont  situés  une  grande  partie  des armements  mondiaux),  rapprochant  ainsi  les  centres  d’exécutions  des  centres  de  décision.  Cette nouvelle  façon  de  conduire  un  navire  permettra  de  séduire  une  jeunesse  occidentale  peu  encline  à s’investir dans une profession qui a, aujourd’hui, trop évoluée à son goût.  Toutes ces évolutions permettront de créer de nouveaux emplois dans  les pays  les plus concernés par les escales de navires ; principalement l’Europe et les États‐Unis. Ces créations d’emplois contribueront à  ramener une partie de  la  richesse produite par  l’industrie du  shipping, que  les pays de  ces  régions occidentales ont perdu dans les années 70 au profit des régions asiatiques.  Même  si  la  multiplication  des  projets  de  développement  de  drone  indique  assez  précisément  la direction que prendra  le transport maritime de demain, un gros travail règlementaire reste à faire afin de permettre aux premières unités de pouvoir naviguer en toute sécurité dans les eaux internationales. Ce travail règlementaire nécessitera beaucoup de temps et de concertation, ce qui pourrait finalement être le seul frein au développement de ces navires. La plupart des professionnels s’accordent pour dire que  la  technique permet aujourd’hui  le développement de drones  fiables,  capables de  répondre aux besoins  des  armateurs.  Toutefois,  l’expérience  des  drones  aériens  a  démontré  qu’il  ne  fallait  pas négliger ce travail règlementaire. Il faut prendre le temps de la réflexion et de l’analyse afin d’éviter les déconvenues futures.  Les  conséquences  économiques  liées  à  cette  évolution  pourraient  également  freiner,  voire  retarder, l’arrivée des drones. Le positionnement des centres de commande dans les pays occidentaux, principaux exploitant de navires, pour des raisons de simplification et de sûreté, semble  logique. Cette évolution, associée à la disparition d’une grande partie des navigants, risque de refroidir les pays économiquement 

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dépendants  de  la  richesse  produite  par  le  shipping.  Ils  accepteront  difficilement  de  voir  la manne financière que représente la masse salariale de navigants disparaitre au profit de centres de commande occidentaux. En  conséquence,  ces pays pourraient « bloquer »  le  sujet des drones dans  les  instances règlementaires  internationales  et  ainsi  paralyser  leur  développement.  Seule  une  coalition  de  pays influents dans ces instances pourrait permettre d’éviter ce genre de blocage.   La  surveillance  des  drones  serait  beaucoup  plus  simple  puisqu’elle  ne  demanderait  qu’un  seul opérateur, mais la formation de ce dernier devra être beaucoup plus complète que celle d’un officier de quart actuel. En effet, il n’aurait pas seulement à surveiller les éléments inhérents au travail d’un officier pont, mais également à effectuer une surveillance machine. Un cursus de formation polyvalent, tel qu’il est  enseigné  dans  l’école  nationale  supérieur  maritime,  semble  indispensable  pour  répondre  à  ce besoin. La France, rare pays à fournir ce type de formation, à un atout maître à faire valoir dans cette future évolution.  Les drones  sont  indéniablement  l’avenir de  la marine de commerce. Outre  le  fait qu’ils  seront moins gourmands en énergie et moins polluants, les pays occidentaux, la France la première, ont tout à gagner avec  cette  future  grande  révolution maritime. Ces  navires  du  futur  permettront  de  valider  les  choix audacieux de la France en matière d’enseignement. Ils permettront de ramener en Occident une partie des  capitaux  du  shipping,  en  localisant  les  centres  de  commande  de  navire  dans  ces  pays.  Enfin,  ils permettront de créer dans  les grands ports, pour beaucoup occidentaux, de nouveaux emplois afin de compenser la disparition d’une main d’œuvre embarquée, rarement d’origine occidentale.  Au vu de tous ces aspects, la direction des affaires maritimes a décidé de soumettre le sujet des drones à la prochaine biennale du comité MSC (Maritime Safety Committee77). L’objectif sera de déterminer le nombre de sous‐comités  impactés par ce sujet et de  l’ouvrir enfin officiellement sur  la scène maritime internationale.                        

                                                            77 : MSC : Comité en charge des questions de sécurité maritime au sein de l’OMI 

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Références 

 Alderton, A. and Winchester, N. (2002) Globalisation and De‐regulation in the Maritime Industry  CNUCED: Review of maritime transport, (2010)  Bloomberg.com (25/02/2014): Rolls‐Royce drone ships challenge $375 billion industry: freight  OCDE:  Perspectives  économiques,  (2014)  IV.  ÉVOLUTION  DES  PRIX  DU  PÉTROLE  :  MOTEURS, CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES ET AJUSTEMENT DES POLITIQUES.  Pierre Cariou : (2011) « LES ENJEUX STRATEGIQUES DU SLOW STEAMING » ‐ Séminaire EMAR‐SPLOTT   Bernard  Dujardin,  Président  de  l’association  des  amis  de  l’Université  maritime  mondiale  (2011)  – Synthèse du colloque sur le facteur humain.  Dr Jean Pierre Clostermann, Professeur de L’enseignement maritime (2010) – Thèse sur  la Gestion des ressources à la passerelle.  OACI : (1998) « HUMAN FACTORS TRAINING MANUEL » ‐ DOC 9683 – AN/950  May & Barnard (2003) – Cognitive task analysis in interacting cognitive subsystems  Scott & Cumming (2007) – Design methodology for unmannded aerial vehicle (UAV) team coordination.  INRS : (2013) Risques pour la santé lies à l’activité physique au travail.  ADEME : (2012) : Etude sur la caractérisation et les flux de déchets en milieux aquatiques.  Arrêté du 19 novembre 2002 relatif à  l’organisation du temps de travail des personnels de  la direction générale  de  l’aviation  civile  assurant  le  service  du  contrôle  dans  les  organismes  de  contrôle  de  la circulation aérienne ou de coordination dans les détachements civils de coordination.  LAAS‐CNRS : Evaluation de la sûreté de fonctionnement des systèmes informatique – Mohamed Kaâniche & Karama Kanoun  Directorate generl external policies of the UE (2007) ‐ UAVs and UCAVs developments in the european union  E.S.T. (Ecole Supérieure des transports) : Romaric Casabielhe : De l’espace maritime à l’espace terrestre : Quelle intégration du liner shipping dans la supply chain européenne ?  Rapport n°439 (2006 ‐2007) de M. Charles REVET, fait au nom de la commission des affaires économiques, concernant le projet de loi relatif à la nationalité des équipages de navire, déposé le 12 septembre 2007.  Rapport n° 536 (97‐98) de M. René REGNAULT, fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation, sur la mission de contrôle relative à la situation de l’enseignement maritime en France.  

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Thèse de Jean Claude SEVIN (2011) – La desserte maritime et terrestre de l’Europe en trafics conteneurisé à l’horizon 2030.  Anne Gallais Bouchet : Note de synthèse n°144 : « La gestion de  l’emploi des navigants » de  l’ISEMAR d’avril 2012.  11th Nationale Convention on Statistics (NCS) in Mandaluyong city (Philippines) – 2010 – Towards a satellite account on the maritime sector in the Philippine system of national accounts.  Asia Developement Bank – Global crisis, remittances, and poverty in Asia (2012).  Peter B. Payoyo – Avocat et professeur de droit à l’université des Philippines – Seafarers’ remittances : Right & realities.  Projet de drone MUNIN – Marine unmanned navigation through intelligence in network ‐ http://www.unmanned‐ship.org/munin/  Projet de drone Rolls‐Royce – Future technologies – unmanned ship ‐ http://www.rolls‐royce.com/Images/Voyaging%20into%20the%20Future_tcm92‐55520.pdf  Reuters (2013) : FAA unveils plan for integrating drones into U.S. airspace: ‐ http://www.reuters.com/article/2013/11/07/us‐faa‐drones‐idUSBRE9A61H220131107  Article de la société de classification DNV‐GL – ReVolt – next generation short sea shipping : http://www.dnvgl.com/news‐events/news/revolt.aspx  Article de Bloomberg.com daté du 25 février 2014 : Rolls‐Royce drone ships challenge $375 Billion Industry : Freight : http://www.bloomberg.com/news/2014‐02‐25/rolls‐royce‐drone‐ships‐challenge‐375‐billion‐industry‐freight.html  Article de FOXNEWS du 01 july 2014 : FAA will miss 2015 drone deadline, audit says: http://www.foxnews.com/tech/2014/07/01/faa‐will‐miss‐2015‐drone‐deadline‐audit‐warns/  Enquète du Washington Post (20/06/14) – When drones fall from the sky: ‐ http://www.washingtonpost.com/sf/investigative/2014/06/20/when‐drones‐fall‐from‐the‐sky/                

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Table des illustrations  

Opérateurs de l’US Air Force dirigent un drone MQ‐9 (Reuters ‐ 2012) ______________________ 19  

Simulateur de navigation de Kongsberg Maritime (2013) ‐  Panneau principal de commande du récepteur de son extérieur « sound reception device SRD 414/2 » de ZÖLLNER ____________ 23  

Navire de sauvetage « RNLB ALBERT BROWN » à l’entrée du port de COWES au nord de l’île de WIGHT (RNLI & Lifeboat ‐ 2012)  _____________________________________ 31                                            

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Glossaire des acronymes  

ADEME  Agence de l'Environnement et de la Maitrise de l'Energie 

AFCAN  Association Française des Capitaines de Navires 

AUT  Navire équipé d’installations automatisées 

BIM  Bureau International Maritime. 

CNUCED  Conférence des Nations Unis sur le commerce et le développement 

COLREG  Collision Regulations rules. 

CPA  Closing Point of Approach : distance de passage la plus proche  entre deux navires. 

CTA  Cognitive task analysis (analyse des taches cognitives) 

DGAC  Direction générale de l’aviation civile 

ECAC  European Civil Aviation Conference 

ENMM Ecole Nationale de la Marine Marchande remplacé en 2010 par l’ENSM : Ecole Nationale Supérieur Maritime. 

EUROCAE European Organisation for Civil Aviation Electronics – Organisation reconnu par ECAC en matière règlementaire 

FAA  Federal Aviation Administration 

GEMS  Generic Error Modeling System / Système générique de modélisation de l’erreur. 

hCTA  Hybrid CTA 

HF  High Frequency (Haute fréquence entre 3 MHz et 30 MHz) 

HSC  High Speed Craft : Navire à grande vitesse. 

INRS  Institut National de Recherche et  de Sécurité 

ISM  Code international de gestion de la sécurité 

ISPS  International Ship and Port Security. 

Nds  Nœuds ‐ 1 nœuds = 1,8 Km/h 

OACI  Organisation de l’Aviation Civile Internationale 

OMI  L’Organisation Maritime Internationale 

POEA Philippine Overseas Employment Administration : Agence gouvernementale philippine qui régule les recrutements industriels d’expatriés philippin. 

PSAP 

Philippine Seafarers Assistance Programme : Fondation à but non lucratif, enregistrée par la chambre du commerce de Rotterdam en 1981 et dont l’objectif est de soutenir les marins philippins 

RNLI Royal National Lifeboat Institution : Société nationale de sauvetage britannique à but non lucratif. 

SOLAS  Safety of life at sea 

SRK  Skill, Rules, Knowledge/ Savoir faire, procédures, connaissances. 

STCW  Standards of training, certification and watchkeeping 

STCW  Standards of Training, Certification and Watchkeeping. 

UHF  Ultra High Frequency (Ultra haute fréquence entre 300MHz et 3 000 MHz). 

UNCLOS  United Nations Convention on the Law of the Sea. 

VHF  Very High Frequency (Très haute fréquence entre 30 MHz et 300 MHz) 

     

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Annexes 

        

DGA TN mars 2014 Diapositive N°1

Communications hertziennes pour drones navals de surface

Éric MAURICE

[email protected]

(mars 2014)

DGA TN mars 2014 Diapositive N°2

Plan de l’exposé

Exigences et architectures type

Points clefs en contexte naval

Technologies employées

Panorama et analyse de réalisations

Prospective

Synthèse

DGA TN mars 2014 Diapositive N°3

Plan de l’exposé

Exigences et architectures type

Points clefs en contexte naval

Technologies employées

Panorama et analyse de réalisations

Prospective

Synthèse

DGA TN mars 2014 Diapositive N°4

Exigences et architectures type

- bidirectionnel, généralement symétrique

- bas débit

- formes d’onde robustes, résistantes au brouillage, à la compromission

- forte disponibilité/fiabilité, redondance matérielle souhaitable

)))))))))))))))))))

))))))))))))))))))

))))))))))))))))))

)))))))))))

- trafic montant : paramètres des systèmes du bord, position GPS, cap de l’USV, positionnement des

effecteurs…

))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))

- trafic descendant : ordres de navigation, de mise en œuvre de la charge utile…

Un lien contrôle-commande (C2)

)))))))))))))))))))

))))))))))))))))))

))))))))))))))))))

)))))))))))

))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))

DGA TN mars 2014 Diapositive N°5

Exigences et architectures type

- mono ou bidirectionnel, mais généralement asymétrique

- haut débit

- formes d’onde optimisant l’efficacité spectrale

- peut faire office de lien redondant du C2

)))))))))))))))))))

))))))))))))))))))

))))))))))))))))))

)))))))))))

- trafic essentiellement montant : le lien CU achemine les informations acquises par les capteurs de

l’USV

- trafic descendant (si nécessaire) : synchronisation du lien radio, acquittement des données…

))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))

Et un lien charge utile (CU) :

DGA TN mars 2014 Diapositive N°6

Exigences et architectures type

un débit de 10 à 100 kbit/s est généralement suffisant pour le lien C2

Ordres de grandeur

)))))))))))))))))))

))))))))))))))))))

))))))))))))))))))

)))))))))))

))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))

commandes

paramètres USV

DGA TN mars 2014 Diapositive N°7

Exigences et architectures type

- pour un flux vidéo de résolution type TV ∼ 3 à 10 Mbit/s (3.5=SDTV, 9.8=DVD)

Ordres de grandeur liés à une CU de type caméra

synchro

charge utile)))))))))

)))))))))))))))))))

))))))))))))))))))

))))))))))))))))))

))

))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))

- pour un flux vidéo résolution minimaliste ∼ 200 kbit/s (visioconf pro : 128 à 256)

DGA TN mars 2014 Diapositive N°8

Exigences et architectures type

- flux sonar intégral ∼ 1 Gbit/s ‘incompatible’ avec un lien radio naval

Ordres de grandeur liés à une CU de type sonar

synchro

charge utile)))))))))

)))))))))))))))))))

))))))))))))))))))

))))))))))))))))))

))

))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))

- extrait de flux sonar, ou images prétraitées ∼ qques Mbit/s

- imagettes sonar ∼ qques centaines de kbit/s

DGA TN mars 2014 Diapositive N°9

Exigences et architectures type

Ordres de grandeur liés à une CU de type radar

synchro

charge utile)))))))))

)))))))))))))))))))

))))))))))))))))))

))))))))))))))))))

))

))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))

- flux de données radar ∼ 5 à 30 Mbit/s

DGA TN mars 2014 Diapositive N°10

Exigences et architectures type

Guerre des mines : le concept « stand-off » (SLAMF)

- L’USV est déployé par un bateau-mère qui se tient à l’écart du champ de mines

- Le bateau mère se tient au large, non visible des côtes

Besoin d’une liaison radio USV ↔ bateau mère au-delà de l’horizon

DGA TN mars 2014 Diapositive N°11

Exigences et architectures type

Autres concepts d’emplois des USV : impacts sur S* de comms

Ex. traitement des menaces asymétriques :

- si affecté à une mission de surveillance/reconnaissance côtière, le drone peut se trouver masqué de sa station

de contrôle (crique, calanque, fjord…) la liaison radio ne peut plus passer à vue

- si mise en œuvre d’une arme (non létale, canon de petit calibre, voire roquette/missile) :

1/ pb de la sécurisation de l’ordre de tir

2/ pb de la synchronisation entre la situation remontée à l’opérateur (cible visée) et l’ordre de tir

DGA TN mars 2014 Diapositive N°12

Plan de l’exposé

Exigences et architectures type

Points clefs en contexte naval

Technologies employées

Panorama et analyse de réalisations

Prospective

Synthèse

DGA TN mars 2014 Diapositive N°13

Points clés en contexte naval

Le masque de l’horizon

DGA TN mars 2014 Diapositive N°14

Points clés en contexte naval

Le masque de l’horizon

85% horizon géométrique

15% gradient d’indice atmosphérique

diffraction non prise en compte (valide f > ∼ 30 MHz)

H

h

H (m) 3 10 20 50 100 200 500

Portée

(km)

(H>>h)

7 13 19 30 42 60 94

4,2 (H(m) +) 

DGA TN mars 2014 Diapositive N°15

Points clés en contexte naval

Quelles portée atteignables en fonction de la fréquence porteuse ?

L’apport de « la diffraction » (onde de sol)

Une source ponctuelle émet une onde

sphérique

Un obstacle crée une singularité

DGA TN mars 2014 Diapositive N°16

km

espace libre

(pointillées)

Points clés en contexte naval

Quelles portée atteignables en fonction de la fréquence porteuse ?

L’apport de « la diffraction » (onde de sol)

« zone horizon optique »

(frégate drone)

30 MHz

Plus d’effet « onde de sol »

au dessus de ∼ 30 MHz

DGA TN mars 2014 Diapositive N°17

Points clés en contexte naval

La réflexion sur le dioptre

un second trajet concurrentiel interférences

qques km

DGA TN mars 2014 Diapositive N°18

Points clés en contexte naval

La réflexion sur le dioptre : un second trajet concurrentiel

1 GHz

10 GHz

espace libre

H = 25 m, h = 8 m, vent nul, polarisation verticale

des « trous » de propagation susceptibles d’atteindre 20 dB

moins de niveau à 4 km qu’à 20 km !

DGA TN mars 2014 Diapositive N°19

Points clés en contexte naval

L’intégration sur drones navals

- Contrairement aux drones aériens le positionnement en hauteur de l’antenne peut s’avérer

crucial sur un USV mâtereau

- Il en va de même pour certains capteurs de l’USV (caméra, radar…)

- Si l’on se réfère aux navires de surface, les emplacements en mâture sont très prisés : la densité

d’équipements électromagnétiques peut être localement plus élevée que sur un porteur aérien

DGA TN mars 2014 Diapositive N°20

Points clés en contexte naval

L’intégration en mâture

drones : puissances moindres mais densité

sup

DGA TN mars 2014 Diapositive N°21

Points clés en contexte naval

L’intégration sur drones navals : densité des systèmes EM

Problématique de la compatibilité électromagnétique (CEM) :

Consommation électrique des équipements radio à optimiser (rendements types ∼ 10% sur comms

bâtiments de surface)

- les découplages entre systèmes sont à prendre en compte dès la phase de conception

- respect/réduction des émissions non essentielles

- écrans métalliques (voire métamatériaux = techno exploratoire pour limiter les couplages dus aux courants de

surface)

La taille/masse des antennes peut s’avérer critique sur USV montée en fréquence ? (mais asservissement…)

- antennes directives : n’illuminer que la direction utile

- soigner câblages, mises à la masse, connectique

DGA TN mars 2014 Diapositive N°22

Points clés (en contexte naval)

Quels débits atteignables en fonction de la fréquence porteuse ?

En radio, la bande passante représente généralement « de l’ordre du millième » de la fréquence porteuse (partage de la

ressource spectrale et cohérence du canal)

Exemples de canaux normalisés :

- 3 kHz en gamme HF (3-30 MHz) ∼ 10-3 à 10-4

- 25 kHz pour la bande OTAN UHF harmonisée (225-400 MHz) ∼ 10-4

- 8MHz pour la TNT - 6 chaines/canal – (470-862 MHz) ∼ 10-2

- 22 MHz pour le WiFi (bande des 2,4 GHz) ∼ 10-2

- 3 à 80 MHz pour le STANAG 7085 ed 3, impl 2 (bande des 15 GHz) ∼ 10-3

En fonction du bilan de liaison et donc, du rapport S/B à la réception, l’efficacité spectrale (bps transmissibles par Hz de bande)

varie généralement entre 0,1 et 5. Pour un S/B de 10 dB, une efficacité spectrale de 1 bps/Hz peut typiquement être atteinte

Frq porteuse largeur de canal ordre de grandeur du débit potentiel

DGA TN mars 2014 Diapositive N°23

Points clés (en contexte naval)

Protection

- Le chiffrement des données est à même de garantir leur non interception (ex. Stanag 7085)

- Un chiffrement efficace peut protéger le drone contre une prise de contrôle ennemie

- Un chiffrement sera probablement peu efficace face au risque de brouillage perte de contrôle du drone

- Eléments de lutte contre le brouillage : 1/ étalement de spectre, changement de fréquence 2/ amélioration

du S/B (hausse puissance) 3/ antennes directives (pinceaux étroits)

- Pas de forte spécificité navale dans le domaine de la protection (idem drones aériens)

DGA TN mars 2014 Diapositive N°24

Points clés (en contexte naval)

Choix des fréquences : fonction du débit, portée… ET

… de la disponibilité/pérennité de la ressource spectrale

DGA TN mars 2014 Diapositive N°25

Points clés (en contexte naval)

Choix des fréquences : échelon MINDEF

DGA TN mars 2014 Diapositive N°26

Points clés (en contexte naval)

Choix des fréquences : fréquences assignées

DGA TN mars 2014 Diapositive N°27

Points clés (en contexte naval)

Choix des fréquences : vision DGSIC sur les systèmes robotisés

DGA TN mars 2014 Diapositive N°28

Points clés (en contexte naval)

Choix des fréquences : organisation DGA

- Anticiper = aborder les aspects disponibilité/ pérennité/coût de la ressource spectrale dès les phases les

plus amont, comme un paramètre aussi dimensionnant que la technique pure

- Un correspondant « fréquences » par Centre de la DT

- La DGA dispose d’un bureau fréquences

(DGA/DT/ST/IP/TSI/FRQ) M. Philippe Guerrand

([email protected])

DGA TN mars 2014 Diapositive N°29

Plan de l’exposé

Exigences et architectures type

Points clefs en contexte naval

Technologies employées

Panorama et analyse de réalisations

Prospective

Synthèse

DGA TN mars 2014 Diapositive N°30

Technologies employées

Un exemple domestique

A

B

Robustesse aux multitrajets : la diversité antennaire

A B

DGA TN mars 2014 Diapositive N°31

Technologies employées

Principe « grossier » : lorsque les trajets multiples

se traduisent par une interférence destructive sur

l’antenne n°1 (= « trou » de propagation), il est très

peu probable qu’il en soit de même pour l’antenne

n°2

Robustesse aux multitrajets : la diversité antennaire

A B

12

DGA TN mars 2014 Diapositive N°32

Technologies employées

Un exemple naval :

Robustesse aux multitrajets : la diversité antennaire

DGA TN mars 2014 Diapositive N°33

Technologies employées

A

B si…

…alors pourquoi pas ?

Robustesse aux multitrajets : diversité antennaire H ou V en naval?

DGA TN mars 2014 Diapositive N°34

Technologies employées

Lutte contre multitrajets : des formes d’onde robustes

La technologie OFDM (othogonal frequency division multiplexing) et ses dérivés sont omniprésents dans le monde

civil : TNT, WiFi, téléphonie 4G, ADSL…

- Bonne résistance aux multitrajets

- Bonne efficacité spectrale

- D’autres formes d’ondes robustes aux multitrajets (adaptées

au contexte des drones) sont en cours d’évaluation par la

DGA

DGA TN mars 2014 Diapositive N°35

Technologies employées

Le STANAG 7085 (liaison LOS mission = lien CU)

- Tend à devenir la norme pour les drones français (domaine aérien précurseur)

- Liaison protégée (chiffrée)

- Débits 2 à 137 Mbit/s

- “Interoperable Data Links for Imaging Systems”

- Avis favorable DGSIC sur STANAG 7085 ed3 (dans son implémentation 2 « DSDL », moins consommatrice

de bande)

- Porteuse en bande Ku : 14,5 à 15,3 GHz

- STANAG 7085 ed 3 : robustesse / aux multitrajets en cours de renforcement

- 3 développements concurrents en cours (Fr)

- Ex. de bande passante : 15,7 MHz (pour 10,7 Mbit/s)

DGA TN mars 2014 Diapositive N°36

Technologies employées

STANAG 7085 et STANAG 4660

CU (UAV)

bande Ku ~ 15

GHz

C2 (UAV)

Bande C ~ 5 GHz

DGA TN mars 2014 Diapositive N°37

Plan de l’exposé

Exigences et architectures type

Points clefs en contexte naval

Technologies employées

Panorama et analyse de réalisations

Prospective

Synthèse

DGA TN mars 2014 Diapositive N°38

Panorama et analyse de réalisations

USV STERENN DU (PEA ESPADON, DCNS, comms Thales)

Lien C2 dans le bas de la bande UHF :

- deux canaux de 25 kHz, dans la bande 330-380 MHz

- modulation CPFSK robustesse

- débit : 19.2 kbit/s

- portée ~ 10 Nq

Lien CU en UHF :

- 8 MHz de bande

- porteuse 862 à 890 MHz

- modulation OFDM, égaliseur adaptatif complexe

- débit 5 Mbit/s

- portée ~ 13 nq

la fréquence du lien CU est à libérer

mâtereau

DGA TN mars 2014 Diapositive N°39

USV SPARTAN (r&d US+Fr)

Système de comm ‘Tsunami’

- porteuse entre 5.47 et 5.725 GHz

- 5 MHz de bande

- débits ~ 1.5 à 18 Mbps selon l’efficacité de la modulation

- puissance 25 mW

- portée ~ 2 nautiques

- le lien radio assure C2 et CU (données du sonar flash,

notamment)

mâtereau

Panorama et analyse de réalisations

DGA TN mars 2014 Diapositive N°40

USV rodeur (Sirehna, DCNS)

Lien dédié C2 :

- porteuse 400 MHz

- antennes omni (USV)

- P ~ 10 W

Lien vidéo de navigation :

- porteuse UHF : 2,4 GHz

- largeur de bande : 6 MHz

- modulation COFDM

- débit ~ 4 Mbit/s

- diversité antennaire

- P ~ 10 W

Panorama et analyse de réalisations

‘mâtereau’

encombrement

DGA TN mars 2014 Diapositive N°41

USV Inspector (ECA)Lien télémétrie bidirectionnel :

- porteuse UHF 400 MHz

- bas débit : 19,2 kbit/s

- antennes omni (USV) / omni (terre)

- P < 10 W

- portée ~ 10 nq

- licence France annuelle

Lien haut débit unidirectionnel :

- porteuse UHF 2,3GHz

- débit : 5 Mb/s

- antennes omni (USV) / SIMO (terre)

- P < 1 W

- portée ~ 10 nq

- licence sur zone (1 mois)

Panorama et analyse de réalisations

‘mâtereau’

DGA TN mars 2014 Diapositive N°42

V-TOL SCHIEBEL

(expérimentation SERVAL)

Liaison primaire:

- porteuse en bande C : 4,4 à 5 GHz

- largeurs de bande : 20 MHz (descendant) et 700kHz (montant)

- C2 du drone et de la CU : 2 sous-porteuses à 19,2 kbit/s

- CU = débit vidéo ~ 11,7 Mbit/s

- P ~ 7 W

- portée : de 25 à 180 km selon gain antenne sol (et altitude du drone)

Liaison secondaire:

- bande UHF : 433-434 MHz

- débit 9,6 kbit/s en half-duplex

- secours du lien primaire (pour le C2)

- P ~ 500 mW

- portée ~ 10km

Panorama et analyse de réalisations

DGA TN mars 2014 Diapositive N°43

Des systèmes de comms analysés, on retire :

- qu’ils sont généralement basés sur 2 liaisons distinctes

- que les débits offerts sont relativement homogènes

- que le bas de la bande UHF est privilégié pour le lien C2

- que les liens CU adoptent une grande variété de fréquences

- que les portées saturent à une dizaine de nautiques

- que les réalisations actuelles sont confrontées à un manque de standardisation

Panorama et analyse de réalisations

- que les antennes sont majoritairement des fouets

DGA TN mars 2014 Diapositive N°44

Plan de l’exposé

Exigences et architectures type

Points clefs en contexte naval

Technologies employées

Panorama et analyse de réalisations

Prospective

Synthèse

DGA TN mars 2014 Diapositive N°45

Prospective

Liaison transhorizon : un besoin réel sans solution émergente

- Satcoms : solution onéreuse (développement/intégration + coût horaire), complexe, couverture mondiale non assurée

(Fr). Réservé à quelques drones aériens, voire USV (US)

- Onde de sol HF : des débits de l’ordre de 20 kbit/s, probablement bientôt ∼ 100 kbit/s

- Liaison UHF : une (légère) extension de la portée au-delà de l’horizon est envisageable en améliorant le bilan de la

liaison radio focaliser l’énergie en adoptant des antennes à fort gain (directives)

- Une mâture déployable à la demande = relais radio

DGA TN mars 2014 Diapositive N°46

Prospective

Adoption en naval d’antennes à fort gain (paraboles) :

- La tendance pour le lien CU est à la montée en fréquence : bande C (5 GHz) et Ku (15 GHz). Les antennes

directives risquent de devenir incontournables à ces fréquences

- Lien intrinsèquement ‘robuste’ à l’interception/brouillage

- Nécessitent un asservissement pour compenser les mouvements du porteur

- Seul exemple (Fr) sur navire : reco-ng sur PACdG

- Peu ou pas d’exemple d’intégration sur drones navals

- Plusieurs réalisations sur drones aériens, rendues nécessaires par des portées du lien radio >200 km.

Performance atteinte au prix de développements onéreux

- Directivité pourrait limiter la réflexion sur le dioptre

DGA TN mars 2014 Diapositive N°47

Prospective

  0,435 1,25 2,4 3,4 5,7 10,25 24,1 47,1

0,5 5 14 20 23 27 32 40 46

1 11 20 26 29 33 38 46 52

2 17 26 32 35 39 44 52 58

4 23 32 38 41 45 50 58 64

8 29 38 44 47 51 56 64 70

Gain dBi (dB/ à antenne isotrope)

f(GHz)

f(GHz)

Ø(m)

 

0,435 1,25 2,4 3,4 5,7 10,25 24,1 47,1

0,5 97 34 17 12 7 4 1,7 0,9

1 48 17 9 6 4 2 0,9 0,4

2 24 8 4 3 1,8 1,0 0,4 0,2

4 12 4 2 1,5 0,9 0,5 0,2 0,11

8 6 2 1,1 0,8 0,5 0,3 0,11 0,06

paraboles

Ouverture totale à -3 dB (degrés)Gain pointage précis

DGA TN mars 2014 Diapositive N°48

Prospective

Ex. d’intégration d’antennes directives sur drone aérien (bande Ku)

DGA TN mars 2014 Diapositive N°49

Prospective

- Peu ou pas d’exemple d’intégration sur drones navals

- Pas d’asservissement : lobes suffisamment ouverts

Antennes sectorielles

Concentrer l’énergie dans le plan (gain modéré)

Établir la com entre les secteurs en regard (rejection du bruit)

- Efficace sur bâtiments de surface (sans gestion des secteurs)

DGA TN mars 2014 Diapositive N°50

Prospective

Liaison transhorizon : l’expérimentation mâture virtuelle

Un drone captif (ombilic) :

- porteur d’un relais de communication

- alimentation motorisation électrique H24

- altitude ~ 100m+

- stabilisé/vent par son ombilic+motorisation

DGA TN mars 2014 Diapositive N°51

Prospective

Liaison transhorizon : la voie HF (<30MHz) pour monter en débit

100+ kbit/s en onde de sol

Le PEA Salamandre : la montée en débit en HF est atteinte en répartissant l’information à transmettre sur plusieurs canaux HF

standards (~ 10), non contigus et attribués (par ex. à l’utilisateur ‘Marine nationale’)

La couverture transhorizon par onde de sol est une performance démontrée de longue date pour la HF

DGA TN mars 2014 Diapositive N°52

Prospective

Des systèmes souples/reconfigurables

La ressource spectrale est rare et (potentiellement) éphémère à l’échelle de la durée en service d’un système militaire

Des études sont toujours en cours et pourraient aboutir à des formes d’onde plus performantes (/actuelles), à de nouveaux

modes de traitement de l’information

Des solutions de type radio-logicielle pourraient permettre d’accueillir ces évolutions sans remise en question de l’architecture

matérielle

Le secteur civil est très innovant dans les gammes hautes : on peut vouloir prendre le meilleur ou au contraire, s’en démarquer

sur le plan militaire

DGA TN mars 2014 Diapositive N°53

Plan de l’exposé

Exigences et architectures type

Points clefs en contexte naval

Technologies employées

Panorama et analyse de réalisations

Prospective

Synthèse

DGA TN mars 2014 Diapositive N°54

Liaisons hertziennes pour drones navals

SYNTHÈSE

L’essor des USV est plus tardif que celui des drones aériens…

bénéficier de l’acquis des (ou converger vers les) systèmes matures pour le drones aériens (technologies et

standards)

Plusieurs démonstrateurs d’USV néanmoins; certains choix de conception dans leurs systèmes de comms encore

inhomogènes

Sur cette base, procéder aux validations en contexte naval, voire aux seuls développements rendus nécessaires par cet

environnement :

- besoin transhorizon

- présence du dioptre

- mouvements de plateforme

DGA TN mars 2014 Diapositive N°55

Communications hertziennes pour drones navals de surface

des questions ?