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ENPC / CHEBAP Module « Ouvrages souterrains »
Les tunneliers
ENPC_CHEBAP Ouvrages souterrains les tunneliers_0.doc/ Révision 1 //1122//1100//1111 PPaaggee 11 ssuurr 4433
ECOLE NATIONALE DES PONTS ET CHAUSSEES
CENTRE DES HAUTES ETUDES DE LA
CONSTRUCTION
MODULE « OUVRAGES SOUTERRAINS »
Les tunneliers
B.DEMAY
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Les tunneliers
ENPC_CHEBAP Ouvrages souterrains les tunneliers_0.doc/ Révision 1 //1122//1100//1111 PPaaggee 22 ssuurr 4433
1. INTRODUCTION : LES TECHNIQUES D’EXCAVATION MECANISEE .......... 4
2. LES PRINCIPAUX TYPES DE TUNNELIER ................................................. 5
2.1. LES TUNNELIERS A APPUI RADIAL (TUNNELIERS DITS « ROCHES DURES ») ................... 5
2.2. LES BOUCLIERS MECANISES A FRONT OUVERT ....................................................... 6
2.2.1. Les boucliers à attaque globale ............................................................... 6
2.2.2. Les boucliers à attaque ponctuelle ........................................................... 7
2.3. LES BOUCLIERS MECANIQUES A FRONT CONFINE .................................................... 7
2.3.1. Confinement par pression de boue .......................................................... 8
2.3.2. Confinement par pression de terre .......................................................... 8
2.3.3. Confinement à air comprimé ................................................................... 9
2.3.4. Boucliers à soutènement mécanique .......................................................10
2.3.5. Boucliers mécanisés à confinement mixte ...............................................10
3. LES PRINCIPAUX ORGANES D’UN TUNNELIER ...................................... 11
3.1. LES ORGANES DE CREUSEMENT ........................................................................11
3.1.1. La tête de coupe ...................................................................................11
3.1.2. Les outils de coupe ................................................................................11
3.1.3. Les appuis arrière ..................................................................................12
3.2. LES ORGANES D’EVACUATION DES DEBLAIS ..........................................................13
3.2.1. Les tapis transporteurs ..........................................................................13
3.2.2. Le marinage hydraulique .......................................................................14
3.2.3. L’extraction par vis ................................................................................14
3.3. EQUIPEMENTS DIVERS ...................................................................................15
3.3.1. Les voussoirs / l’érecteur à voussoirs ......................................................15
3.3.2. Injections de bourrage ..........................................................................16
3.3.3. Forages de reconnaissances ou de traitement de terrain .........................16
3.3.4. Joints d’étanchéité.................................................................................17
3.3.5. Outils de surcoupe ................................................................................18
3.3.6. Logistique embarquée ...........................................................................18
3.3.7. Le guidage des tunneliers ......................................................................18
4. LA PROBLEMATIQUE DU CONFINEMENT DANS LES TUNNELIERS
ACTUELS 20
4.1. LA NECESSITE DE LA MAITRISE DU CONFINEMENT AU FRONT DE TAILLE .......................20
4.1.1. La variabilité des configurations géologiques ...........................................20
4.1.2. Les phénomènes hydrauliques ...............................................................24
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4.1.3. L’influence des paramètres géomécaniques sur le fonctionnement du
tunnelier 26
4.1.4. La maîtrise des tassements ....................................................................28
4.2. LES PROBLEMES POSES PAR LE CONFINEMENT PAR PRESSION DE BOUE ........................29
4.2.1. Généralités. Constatations expérimentales ..............................................29
4.2.2. Approche théorique ...............................................................................30
4.2.3. Avantages et inconvénients du confinement à la boue .............................32
4.3. LE CONFINEMENT PAR PRESSION DE TERRE .........................................................33
4.3.1. Généralités ...........................................................................................33
4.3.2. Les additifs ...........................................................................................34
4.3.3. Avantages et inconvénients du confinement à pression de terre ...............37
4.4. LE CONFINEMENT A PRESSION D’AIR ..................................................................38
4.5. LE CONFINEMENT OU « SOUTENEMENT » MECANIQUE ............................................39
4.6. MAITRISE DU CONFINEMENT SUR CHANTIER ........................................................40
4.6.1. Le pilotage du tunnelier en cours de creusement .....................................40
4.6.2. Les interventions hyperbares .................................................................42
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1. Introduction : les techniques d’excavation mécan isée
Sont considérées comme techniques d’excavation mécanisée toutes les
techniques de creusement où l’abattage est réalisé mécaniquement à l’aide de
dents, pics ou molettes, par opposition aux techniques dites conventionnelles
utilisant l’explosif comme moyen d’abattage.
C’est en 1881 que la première machine de creusement mécanique d’un
tunnel a été conçue et réalisée par le Colonel de BEAUMONT lors des premiers
travaux de reconnaissance en vue de la construction du tunnel sous la MANCHE.
Cette machine, était mue à l’air comprimé et était destinée à être utilisée dans un
matériau à la fois tendre, cohérent et relativement homogène, à savoir la craie
Bleue du Pas de Calais. Elle a creusé avec succès 2.5 kms de galerie de 2.14 m de
diamètre en 1882 et 1883.
Les progrès techniques et technologiques ont permis au fil du temps de
créer des machines permettant d’une part de s’attaquer à des roches de plus en
plus dures et d’autre part d’évoluer dans des terrains de moins en moins cohérents,
voire meubles et aquifères.
Les techniques d’excavation mécanisée se répertorient en fonction de la
réponse plus ou moins élaborée qu’elles apportent aux fonctions principales de la
réalisation d’un tunnel, à savoir :
• l’abattage des terrains
• le soutènement des terrains, à la fois radial et frontal
• l’excavation des déblais (« marinage »)
• la mise en œuvre du revêtement définitif
Dans ce qui suit nous ne traiterons pas des machines de creusement à
attaque ponctuelle dont l’emploi est habituellement associé aux techniques
conventionnelles de réalisation des tunnels.
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2. Les principaux types de tunnelier
2.1. Les tunneliers à appui radial (tunneliers dits « roches dures »)
Un tunnelier à appui radial est une machine équipée d’une tête d’abattage
circulaire et rotative capable d’excaver en une seule opération la totalité de la
section. L’effort de poussée sur la tête d’abattage est mobilisé par des « grippers »
ou patins de vérins latéraux qui prennent appui radialement sur le parement
naturel de l’excavation.
Les grippers sont solidaires d’une structure d’appui maintenue fixe pendant
la phase d’excavation, la tête foreuse progressant en coulissant à l’intérieur de
cette structure par l’intermédiaire de vérins longitudinaux.
Dans la phase suivante les grippers sont repliés, la tête de forage est
immobile, et la structure est avancée de la longueur des vérins longitudinaux (=
« stroke »), puis on déplie les grippers et le cycle recommence.
Ce genre de machine ne crée pas de soutènement de l’excavation, mais on
peut y associer un atelier de boulonnage ou de pose de cintres métalliques à
quelque distance du front.
L’évacuation des déblais se fait le plus souvent au moyen de godets
périphériques qui se déversent dans une trémie centrale à la partie supérieure de la
machine lors de chaque passage en position haute.
Ce type de tunnelier trouve par définition son emploi dans des terrains
rocheux suffisamment durs et compacts (donc à priori imperméables) pour
supporter une pression élevée sans poinçonnement sous les patins des grippers, et
ne nécessitant bien sûr pas de soutènement immédiat.
La tête de forage est d’ailleurs massive pour encaisser sans déformation les
efforts importants nécessaires pour la pénétration simultanée des molettes dans le
terrain.
De nombreuses galeries hydro-électriques ont été creusées avec ce type de
machine, notamment la plupart des galeries EDF dans les Alpes.
On citera également dans cette famille le cas des aléseurs dont le principe
consiste à excaver sur un grand diamètre les terrains autour d’une galerie pilote, au
moyen d’une tête connectée à un système de grippers prenant appui sur les parois
de la galerie pilote, et fonctionnant par traction et non plus par poussée.
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2.2. Les boucliers mécanisés à front ouvert
Ces machines se distinguent des précédentes par le fait qu’elles comportent
un bouclier, c'est-à-dire une structure cylindrique rigide qui progresse au fur et à
mesure du creusement et qui assure la stabilité des parois de l’excavation (mais
non du front).
Ces machines s’utilisent dans des terrains de caractéristiques moyennes
pouvant nécessiter un soutènement immédiat des parois mais où le front d’attaque
reste stable. Ceci exclut d’avoir à reprendre une charge hydrostatique ou d’avoir à
craindre l’irruption brutale de l’eau. Ce type de tunnelier est donc réservé aux
terrains cohérents mais pas trop résistants, et relativement imperméables (roches
tendres/sols indurés).
Le soutènement peut être constitué soit de cintres métalliques, soit de
boulons et grillage, soit encore de voussoirs préfabriqués en béton ou métalliques.
On distinguera les boucliers à attaque globale et les boucliers à attaque
ponctuelle.
2.2.1. Les boucliers à attaque globale
Cette catégorie regroupe toutes les machines à plateau rotatif et à bouclier
mais sans confinement du front autre qu’un simple confinement mécanique exercé
par le plateau lui-même (soutènement passif, par opposition au soutènement actif
des boucliers à confinement).
On distingue les boucliers simples (composés d’une virole monolithique) et
les boucliers composés de 2 viroles ou plus, reliées entre elles par des mécanismes
d’articulation (boucliers articulés).
On distinguera également les boucliers :
• A appui radial (idem tunnelier roches dures)
• A appui longitudinal, c'est-à-dire prenant appui au moyen de
vérins de poussée sur un soutènement composé de voussoirs mis
en oeuvre à l’arrière de la machine au moyen d’un érecteur.
• A appui mixte, équipé à la fois d’appuis radiaux et longitudinaux.
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2.2.2. Les boucliers à attaque ponctuelle
Il s’agit en général de machines à attaque ponctuelle équipées d’un bouclier
faisant office de coque de protection de la machine. Le creusement peut également
se faire à l’aide d’un bras de pelle fixé à la structure du bouclier et équipé d’un
godet en rétro.
Dans certains cas (machines ZOKOR ou GROSVENOR) le bouclier prend
appui pour progresser sur le dernier anneau de voussoirs préfabriqués constituant
le revêtement.
La coque, cylindrique ou non, peut comporter des « lances » métalliques
actionnées par des vérins, parallèles aux génératrices extérieures du tunnel, qui
peuvent être avancées individuellement pour assurer la protection du front et éviter
la formation d’éboulements en cloche. A l’extrême, les boucliers à lances
WESTPHALIA utilisés pour la construction du métro de FRANCFORT ont une coque
composée d’une série de lances parallèles et juxtaposées qui coulissent les unes
par rapport aux autres et qui sont manœuvrées successivement et
individuellement. La structure est stabilisée grâce aux frottements de l’ensemble
des autres lances le long du terrain.
Ce type de machines n’offre pas des cadences d’avancement très rapides ni
ne met réellement à l’abri des incidents à front ; c’est pourquoi leur utilisation en
vogue dans les années 1980 a pratiquement disparu aujourd’hui au profit des
boucliers capables d’exercer un confinement (soutènement actif).
2.3. Les boucliers mécaniques à front confiné
Les boucliers à front confiné constituent ce que l’on pourrait appeler la
dernière génération de tunneliers, à savoir un matériel capable de faire face à des
situations géologiques particulièrement difficiles qui, jusqu’à leur apparition,
nécessitaient la mise en œuvre de méthodes spéciales longues et onéreuses de
traitement de terrain.
Ce type de tunneliers trouve fondamentalement son emploi dans les
terrains meubles et aquifères mais permet également de s’adapter à des
situations géologiques intermédiaires comme nous le verrons au chapitre 4.
Ils sont, à l’exception des boucliers à soutènement mécanique, pourvus à
l’avant d’une chambre d’abattage isolée de l’arrière du tunnel par une cloison
étanche dans laquelle sont installés les moyens d’excavation (tête de coupe) et où
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est maintenue une pression de confinement destinée à soutenir activement le front
d’excavation et équilibrer la charge développée par la pression hydrostatique.
La progression est assurée par des vérins de poussée prenant appui
longitudinalement sur le revêtement en voussoirs monté à l’arrière de la jupe à
l’aide d’un érecteur.
2.3.1. Confinement par pression de boue
En anglais « Slurry shield ».
Le confinement est réalisé par la mise en pression d’un fluide de forage à
base de boue bentonitique qui est amenée par des conduites depuis une station de
fabrication et de traitement à l’extérieur du tunnel.
La roue excavatrice tourne dans la chambre remplie de boue et les
matériaux abattus se mélangent à celle-ci.
Pour assurer la continuité du système il faut extraire en permanence au
moyen de pompes hydrauliques (transport hydraulique) la boue chargée de déblais
que l’on remplace simultanément par un flux de boue neuve. Un concasseur est
souvent utilisé pour ramener la granulométrie des déblais à des dimensions
compatibles avec le transport hydraulique.
La boue chargée est amenée à la station de traitement où les matériaux sont
séparés à l’aide de cyclones et de filtre-presses. La boue régénérée est recyclée
vers le front après addition de bentonite.
Comme nous le verrons en détail au chapitre 4 le système dit « à pression
de boue » permet d’assurer une pression réellement constante dans la chambre
d’abattage, la boue liquide transmettant facilement la pression imposée à
l’extérieur. Dans certains cas, la régulation de la pression de boue est facilitée par
l’utilisation d’une bulle d’air comprimé située dans une chambre intermédiaire, ce
qui permet de réguler la pression de boue en agissant à la fois sur les pompes
d’amenée et d’exhaure et sur le débit d’air comprimé.
Les interventions hyperbares dans la chambre d’abattage consistent à vider
totalement la chambre d’abattage de sa boue pour la remplacer par une bulle d’air
sous pression (détails au chapitre 4).
2.3.2. Confinement par pression de terre
En anglais « EPB shield (Earth Pressure Balance shield) ».
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Les sujétions liées à l’emploi de la boue, notamment la nécessité du
retraitement des boues, ainsi que leur limite d’emploi dans des terrains très
hétérogènes et perméables, ont conduit les entreprises et les constructeurs à
s’interroger sur la possibilité d’un confinement du front par les matériaux extraits
eux-mêmes sans passer par l’emploi de boue liquide ou d’air comprimé.
Les tunneliers à pression de terre sont caractérisés par l’extraction contrôlée
des matériaux hors de la chambre avant au moyen d’une vis d’Archimède dont le
débit doit être asservi à la pression moyenne régnant dans la chambre. La vis sert
donc d’organe de transition pour amener les déblais depuis la pression régnant
dans la chambre jusqu’à la pression atmosphérique du système d’évacuation finale
des déblais, généralement un convoyeur à bande. Comme la pression dans la
chambre est parfois très élevée, il peut être nécessaire d’interposer un organe
supplémentaire (distributeur rotatif ou à piston) en sortie de vis pour mettre les
déblais à la pression atmosphérique (notion de pertes de charge dans la vis), voire
d’utiliser une deuxième vis en série (cf. chapitre 3).
Un tunnelier à pression de terre peut bien sûr fonctionner en mode ouvert
lorsque les terrains le permettent, la chambre étant alors à la pression
atmosphérique.
Un tunnelier à pression de terre peut également fonctionner suivant un
mode analogue au tunnelier à pression d’air (voir § suivant) : il suffit pour cela que
les terrains soient suffisamment imperméables (argiles), et la chambre n’est alors
que partiellement remplie.
Nous verrons au chapitre 4 les détails du confinement par pression de terre,
et notamment l’emploi d’additifs pour en améliorer le principe de fonctionnement.
2.3.3. Confinement à air comprimé
Ce mode de confinement est très ancien car il a été utilisé dans la première
moitié du 20eme siècle pour le havage de caissons de piles de pont, puis étendu
aux tunnels en mettant en pression l’ensemble du tunnel. Les ouvriers travaillaient
alors en atmosphère comprimée (hyperbare), ce qui accroît considérablement la
pénibilité des travaux et limite la durée du travail effectif.
La nécessité de respecter des durées de décompression d’autant plus
longues que la pression est plus élevée, ajoutée au passage des déblais dans le sas,
réduisait considérablement les possibilités d’avancement journalier.
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Toutefois, la mise sous pression d’air de la seule partie du tunnelier
correspondant à la chambre d’abattage peut être une solution très intéressante, et
ce qu’accomplissent les tunneliers actuels fonctionnant à l’air comprimé.
Les tunneliers sont équipés soit d’une tête d’abattage à attaque globale soit,
plus généralement, de bars excavateurs similaires à ceux des machines à attaque
ponctuelle. Le confinement est réalisé par mise en pression de l’air contenu dans la
chambre d’abattage. Comme sur le tunnelier à pression de terre, l’extraction des
déblais est effectuée par un dispositif de décharge (en général une vis d’Archimède)
permettant d’amener les matériaux extraits de la pression de confinement à la
pression atmosphérique régnant dans le tunnel.
De telles machines peuvent constituer une très bonne solution pour des
chantiers de taille petite à moyenne car les investissements restent limités en
comparaison des tunneliers à plateau rotatif.
2.3.4. Boucliers à soutènement mécanique
Le bouclier à soutènement mécanique est un tunnelier équipé d’une tête
d’abattage à attaque globale et dont le soutènement frontal est réalisé par la mise
en pression des terres abattues contenues devant la tête d’abattage. Les déblais
sont extraits par des orifices disposés sur la tête et équipés de volets à ouverture
ajustables en temps réel.
2.3.5. Boucliers mécanisés à confinement mixte
Ce sont des machines équipées d’une tête d’abattage globale qui peuvent
fonctionner soit en mode ouvert ou fermé, soit selon plusieurs modes de
confinement.
Le passage d’un mode de confinement à un autre n’est pas automatique et
nécessite une intervention mécanique pour modifier la configuration de la machine.
Ces boucliers sont généralement limités aux machines de grand diamètre en
raison de l’espace nécessaire aux équipements spécifiques à chacun des modes de
confinement.
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3. Les principaux organes d’un tunnelier
3.1. Les organes de creusement
3.1.1. La tête de coupe
La tête de coupe est l’organe qui porte les outils. Elle doit assumer les
fonctions de découpe (abattage) du terrain et de collecte des déblais.
Elle peut être mue par des moteurs électriques ou hydrauliques. Les moteurs
électriques ont en principe un meilleur rendement mais ils présentent moins de
souplesse en ce qui concerne la variation possible du couple et de la vitesse de
rotation nécessaire notamment dans le cas de terrains hétérogènes.
Des ouvertures sont pratiquées dans la tête pour permettre le passage des
matériaux extraits. On distingue 3 configurations :
• Ouvertures périphériques avec ramassage des matériaux par
des godets disposés au voisinage des ouvertures, les matériaux
tombent dans une trémie qui alimente en partie centrale un
convoyeur à bande (cas des tunneliers « roches dures »)
• Ouvertures radiales : les matériaux tombent vers l’arrière de la
chambre et sont repris soit par une vis en partie basse ou centrale,
soit par les pompes d’extraction suivant le mode de confinement
(terrains meubles nécessitant confinement)
• Tête en étoile constituée de bras de faible largeur séparés par
des vides très importants (terrains cohérents mais peu résistants)
La transmission du mouvement se fait soit par un axe central (mais
couple limité dans ce cas) soit plus généralement par une couronne
d’entraînement dont le diamètre est compris entre la moitié et les deux tiers du
diamètre du tunnel.
La puissance nominale nécessaire pour la rotation doit être dimensionnée
largement car c’est d’elle que dépend en grande partie l’aptitude de la machine à se
sortir des situations difficiles, à éviter les blocages et à exercer un confinement
efficace, notamment dans le cas des tunneliers à pression de terre.
3.1.2. Les outils de coupe
Plusieurs types d’outils peuvent être installés sur les têtes des tunneliers.
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Dans les machines pleine face on utilise soit des molettes (disques), soit
des dents.
Les molettes sont analogues aux molettes de vitrier, elles sont portées par
un palier radial de façon à tracer des cercles concentriques sur le front. Leur
implantation dans le plateau et leur angle de pénétration dans le terrain sont tels
que les sillons décrits à chaque tour de roue par l’ensemble des disques soient
suffisamment proches pour provoquer la rupture de la portion de roche restant
entre les sillons. L’écartement des sillons est généralement compris entre 6 et 10
cms.
Les molettes sont l’outil de référence pour les formations rocheuses. Les
molettes ont des tailles allant d’un diamètre de 12 pouces à des diamètres de 19
pouces voire au-delà, qui sont capables d’attaquer des granites de résistance à la
compression de 250 MPa.
Les molettes peuvent également être munies de picots au carbure de
tungstène. Il existe aussi des molettes à double disque.
Les pics ou les dents travaillent à la façon des dents de rippers en raclant le
terrain dans lequel ils pénètrent. Ils conviennent pour des terrains meubles ou
cohérents et sont alors disposés sur les bras ou le long des fentes radiales de la
tête de coupe.
Il est de plus en plus fréquent de voir juxtaposés sur une même tête de
coupe des molettes et des outils-pics ou dents, afin de s’adapter à différents types
de terrains.
Les molettes et les outils doivent impérativement pouvoir être changés
depuis l’arrière de la tête afin d’éviter absolument tout travail entre le terrain et la
tête (très dangereux en terrain instable).
3.1.3. Les appuis arrière
Nous rappellerons ici les 2 concepts d’appui radial (grippers) et d’appui
longitudinal destinés à fournir les réactions d’appui suffisantes pour exercer les
forces de plusieurs milliers de tonnes que nécessite le fonctionnement du
tunnelier :
• Forces devant être exercées sur la tête d’abattage et ses outils
pour assurer la pénétration de la machine dans le terrain,
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• Forces liées au frottement du terrain le long de la jupe dans le cas
des boucliers
• Forces liées au confinement du front, y compris la contre-pression
hydrostatique.
Dans le cas des appuis radiaux, le terrain encaissant doit présenter une
résistance mécanique suffisante pour supporter une pression élevée sans
poinçonnement ni déformation sous les patins des grippers.
Dans le cas des appuis longitudinaux, le tunnelier s’appuie sur la dernière
tranche de revêtement (voussoirs) au moyen de vérins longitudinaux périphériques.
Les opérations de creusement et de pose du revêtement ne peuvent donc pas être
simultanées.
La formulation des bétons de voussoirs, ainsi que le ferraillage de ceux-ci
doivent être conçus de façon à ce qu’ils puissent résister sans dommage aux fortes
pressions localisées exercées par les vérins de poussée.
A ce propos on rappellera pour mémoire que la technique du béton extrudé
a été très vite abandonnée à cause des difficultés techniques de mise en oeuvre, de
l’incertitude sur l’épaisseur du revêtement inhérentes au procédé et bien sûr du fait
qu’elle ne permet pas l’appui longitudinal.
3.2. Les organes d’évacuation des déblais
3.2.1. Les tapis transporteurs
Dans les machines à front ouvert les déblais sont collectés par les godets
périphériques de la tête de coupe et déversés dans une trémie centrale qui a son
tour alimente un tapis distributeur.
Ensuite une succession de convoyeurs situés sur le train suiveur distribue les
déblais dans des berlines en attente de chargement.
L’évacuation des matériaux se fait de plus en plus souvent par des
convoyeurs à bande allant jusqu’à l’extérieur du tunnel, ces convoyeurs sont
allongés au fur et à mesure de l’avancement.
L’emploi des convoyeurs est limité par la consistance et la teneur en eau
des déblais évacués, en particulier dans le cas des tunneliers à pression de terre où
très souvent on ajoute aux matériaux de la chambre des additifs (voir chapitre 4).
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Dans le cas du tunnelier à pression de terre le pesage des matériaux par
bascule intégratrice située sur le convoyeur à bande est un outil très utile pour le
pilotage du tunnelier, notamment vis-à-vis de la prévention des fontils.
3.2.2. Le marinage hydraulique
Les déblais sont dilués dans la chambre avant avec une très forte proportion
de boue pour créer les conditions du transport hydraulique.
A cause des propriétés thixotropiques de la boue, le dimensionnement des
canalisations est conditionné par le nécessaire respect d’une vitesse critique
minimale pour éviter le dépôt et l’accumulation des matériaux dans les conduites.
On distingue les systèmes à boucle unique et les systèmes à double
boucle; dans ce dernier système, la boucle avant se referme sur un by-pass et
possède une géométrie fixe indépendante de l’avancement. Son débit peut être
réglé pour permettre le maintien de la pression à front sans être tributaire de
l’évacuation des déblais.
Les usines de traitement des boues doivent pouvoir être capables de traiter
essentiellement par cyclonage et centrifugation, des débits dépassant 1000 m3
/h.
3.2.3. L’extraction par vis
Le transport par vis est très régulièrement utilisé dans l’industrie, mais
généralement avec des produits calibrés.
Dans le cas des tunneliers à pression de terre ou pression d’air, la vis doit
pouvoir fonctionner quelque soit le type de matériau, provenant de terrains
hétérogènes, et s’accommoder de granulométries très variables (pas de concasseur
en entrée). La vis doit être dimensionnée en conséquence, en diamètre et en
puissance d’entraînement.
La vis doit également pouvoir réguler le débit en fonction de l’avancement
du tunnelier, quelque soit la pression dans la chambre, en freinant les matériaux
pour éviter un débourrage brutal.
Pour ce faire, les constructeurs ont développé deux techniques:
• La formation d’un « bouchon de matériaux » ralentissant le
transit, obtenu soit au moyen de 2 vis en séries dont l’une
coulisse longitudinalement dans son enveloppe, soit par un
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enveloppe tournante dans le même sens que la vis réduisant
l’effet d’entraînement de la vis,
• L’installation au débouché de la vis à l’air libre d’un appareil
régulant le volume de matériau rejeté : distributeur rotatif ou
pompe volumétrique à piston
La longueur de la vis dépend de la pression maximale prévue au bas de la
chambre. On estime généralement que dans des conditions moyennes le gradient
de pression le long de la vis peut être estimé à 20 KPa pour chaque pas de l’hélice
(en général 70 à 80 % du diamètre). Le diamètre est en général compris entre 0.40
m et 1.50 m suivant le débit à évacuer (ce qui conditionne bien sûr la vitesse
maximale d’avancement du tunnelier).
Le couple de rotation nécessaire pour faire tourner la vis est en moyenne de
l’ordre de 0.3 kN.m / par m3/h de déblais à évacuer, mais en fonction de la
granulométrie des terrains à excaver on peut aller jusqu’à 1.5 kN.m / m3/h et au-
delà. La vitesse de rotation de l’hélice est comprise entre 0 et 30 trs/mn,
l’inclinaison de la vis est généralement comprise entre 10 et 30°.
Les organes de la vis doivent bien sûr être prémunis contre une usure
prématurée en cas de matériaux abrasifs.
3.3. Equipements divers
3.3.1. Les voussoirs / l’érecteur à voussoirs
Les voussoirs sont des éléments préfabriqués en béton armé, à haute
densité de ferraillage, pouvant peser près d’une dizaine de tonnes dans le cas des
tunnels de grand diamètre. Leur approvisionnement et mise en place sont donc
obligatoirement mécanisés.
L’approvisionnement à front est fait par train et wagons spéciaux. Les
voussoirs sont déchargés par un portique ou un palan sur un convoyeur qui les
amène à l’érecteur qui les met en position définitive.
La préhension des voussoirs peut être effectuée soit par ventouse soit par
un doigt de préhension fonctionnant par clipsage, situé sur l’érecteur. L’érecteur est
doté de nombreux mouvements, à la fois rapides pour l’approche, et lents et précis
pour le positionnement définitif.
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Les tunneliers
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Généralement, les voussoirs sont ensuite boulonnés entre eux
manuellement.
3.3.2. Injections de bourrage
Le revêtement étant posé à l’intérieur de la jupe du tunnelier, il existe une
possibilité de vide annulaire entre le terrain et le revêtement en voussoirs. Le
diamètre extérieur du revêtement en voussoirs est en effet nécessairement
inférieur au diamètre intérieur de la jupe par construction, et il est augmenté pour
permettre au tunnelier d’effectuer des courbes en altimétrie et planimétrie.
Ce vide est rempli par une injection de mortier de bourrage. La qualité de
cette injection influe directement sur la qualité du revêtement (ovalisation du
revêtement, désaffleurement des voussoirs) et la maîtrise des tassements en
surface.
Il existe deux modes d’injection :
• L’injection radiale, désolidarisée de l’avancement, au travers de
l’un des derniers anneaux en place,
• L’injection longitudinale au travers de tubulures réservées dans
la jupe du tunnelier
L’injection radiale, nécessairement inégale, est de plus en plus abandonnée
au profit de l’injection longitudinale répartie uniformément sur toute la périphérie
de l’anneau.
La composition du mortier de bourrage est adaptée à chaque cas mais
comprend généralement du sable, un liant (ciment, cendres volantes) un plastifiant
et de la bentonite. Elle doit permettre une mise en place aisée par pompage et
l’obtention de bonnes caractéristiques mécaniques de résistance et de déformation
à court / moyen terme (tassements).
3.3.3. Forages de reconnaissances ou de traitement de terrain
Le tunnelier peut être équipé d’une (ou plusieurs) foreuse(s) permettant
d’effectuer des forages longitudinaux destructifs longitudinaux ou déviants.
Ces forages posent souvent le problème d’avoir à traverser la chambre sous
pression ce qui induit l’utilisation d’un sas d’étanchéité.
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La déviation du train de tiges est chose fréquente, car le matériel de
sondage embarqué est généralement léger.
Il existe aussi des tubes destinés à permettre le traitement éventuel par
injection d’une auréole de terrain en avant du front (concept théorique très peu mis
en pratique).
La tendance actuelle concernant les reconnaissances à front irait vers
l’utilisation de méthodes géophysiques (sismique réflexion) au moyen de sources et
récepteurs fixés sur la tête du tunnelier, et interprétation en temps réel des
signaux.
3.3.4. Joints d’étanchéité
Un premier joint d’étanchéité (joint de queue) doit exister entre la jupe et
l’extrados du revêtement en voussoirs pour éviter le retour du mortier de bourrage
vers l’intérieur du tunnel.
La technologie des joints/ anneau en néoprène a été abandonnée au profit
de l’instauration de joints à brosses métalliques entre lesquelles on injecte en
permanence une graisse épaisse spéciale. C’est la graisse elle-même, constamment
renouvelée, qui constitue la matière du joint et résiste ainsi aux efforts et
distorsions imposés en permanence dans cette zone.
Un deuxième joint joue un rôle fondamental, c’est le joint (joint de
roulement) qui existe obligatoirement entre le roulement cylindrique
d’entraînement du plateau excavateur et la paroi arrière fixe du compartiment
pressurisé. Son bon fonctionnement est essentiel pour d’une part maintenir la
pression au front et d’autre part éviter le passage dans le roulement de matériaux
du front de taille susceptible de le détériorer. Ce joint n’est en principe soumis qu’à
de très faibles distorsions et donc il peut cette fois être composé de plusieurs séries
de bavettes en néoprène, en formes de peigne, fixées sur la partie tournante et
graissées en permanence par des ajutages débouchant au travers des néoprènes.
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3.3.5. Outils de surcoupe
Certains outils sont placés à la périphérie de la tête du tunnelier pour
réaliser une « surcoupe » réglable ou fixe à la périphérie de la jupe, de façon à
réduire les frottements et à faciliter l’inscription dans les courbes (cf. 3.3.7).
3.3.6. Logistique embarquée
Le fonctionnement d’un tunnelier nécessite une logistique complexe,
embarquée à bord de plate-formes roulantes traînées par le tunnelier et constituant
ce que l’on appelle le train suiveur (ou « back-up ») pouvant atteindre 200m de
long.
Le train suiveur comprend par exemple dans le cas d’un tunnelier à pression
de terre :
1. Une remorque de pilotage (cabine, armoires électriques, roto-
distributeur de mortier de bourrage, pompes d’exhaure)
2. Une remorque de puissance (pompes et systèmes hydrauliques)
3. une remorque d’injection du produit de bourrage
4. Une remorque « utilitaires » avec réfectoire, compresseurs,
outillages…
5. Une remorque portant les transformateurs électriques et les cellules
BT (alimentation primaire 20 kV / courant secondaire en 380 V)
6. Une remorque de ventilation
7. Une remorque de stockage des tuyauteries / enrouleurs à câbles
Les trains d’approvisionnement des voussoirs et consommables doivent
pouvoir circuler à travers ces remorques ayant une forme de portique prenant
appui via des roues sur les voussoirs.
3.3.7. Le guidage des tunneliers
Les tolérances de positionnement du tunnel réalisé par rapport à l’axe
théorique sont très faibles (de l’ordre de +/- 5 cm). La précision du guidage est
donc essentielle.
Le guidage comporte deux opérations distinctes :
• La navigation, qui est une opération de repérage topographique
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• Le pilotage, qui est la conduite proprement dite
Le bouclier étant repéré par la position d’un point de son axe et la direction
de son axe, la navigation consiste à :
• Relever la position et la direction dans l’espace
• Les comparer aux données théoriques prévues
• En déduire les consignes pour la phase pilotage
Les points de repère nécessaires à ces relevés sont installés dans le tunnel
tous les 100 à 250 m en utilisant les moyens classiques de triangulation.
Au moyen d’un rayon laser rattaché à ses bases et de deux cibles installées
à l’arrière et à la partie médiane du tunnelier, on peut connaître en permanence sa
position et sa direction. On peut pour cela utiliser des cibles sensibles connectées à
un calculateur qui donne en temps réel les écarts par rapport à la position théorique
(système Z).
Les consignes de pilotage consistent d’abord à définir les actions à
entreprendre sur les vérins de poussée pendant la phase de forage pour maintenir
ou ramener le bouclier sur sa trajectoire théorique.
Le pilotage est couplé avec l’utilisation d’un plan de positionnement des
voussoirs dans l’espace autour de l’axe du tunnel : le système de l’anneau universel
(voussoirs à faces droites non parallèles) permet d’aligner les anneaux de façon à
prendre les courbes souhaitées.
Pour agir sur les vérins, on les divise en groupes (de 3,4…) correspondant à
des secteurs circulaires différents où l’on applique différentes pressions
hydrauliques, obtenant ainsi des différences d’allongement correspondant aux
valeurs données par le calcul. Il faut bien sûr vaincre les réactions du terrain
encaissant et pour ce faire on utilise souvent les outils de surcoupe permettant
d’élargir légèrement l’excavation.
La commande des vérins de poussée peut également faire l’objet d’une
automatisation, notamment dans le cadre de la maîtrise du confinement à front
(système CAP) et du contrôle général du fonctionnement du système mécanique
d’entraînement.
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4. La problématique du confinement dans les tunneli ers
actuels
4.1. La nécessité de la maîtrise du confinement au front de taille
4.1.1. La variabilité des configurations géologiques
Dans tout creusement de tunnel il peut exister des situations « anormales »,
c’est à dire s’écartant du schéma géologique prévu (lequel est en général
intellectuellement « figé » dès que les géologues l’ont couché sur papier) et qui
généralement nécessitent l’établissement, le plus souvent immédiat, d’un
confinement au front de taille afin d’éviter des incidents majeurs de type fontis.
Nous en développerons ci-après quelques exemples.
4.1.1.1. Abaissement du toit d’une couche résistante
Le creusement se fait par exemple dans des horizons géologiques
sédimentaires, dans une couche dure surmontée de couches de terrains meubles.
En général il s’agit de couches horizontales ou subhorizontales (pendages faibles).
Le creusement se fait dans une couche dure choisie parce qu’elle est
résistante, et généralement globalement imperméable. Le tracé du tunnel est
confronté à l’abaissement brutal ou progressif du contact entre la couche dure et le
terrain meuble sus-jacent.
Exemple de configuration : creusement dans le calcaire grossier de la région
parisienne, surmonté par les marnes et caillasses et le sable de Beauchamp.
Dissolutions locales des marnes et caillasses, remplissage par le sable de
Beauchamp. Celui-ci est en charge hydrostatique, alors que le calcaire est
« simplement » perméable sur fissures.
Type de tunnelier concerné : généralement tunnelier à mode ouvert ou
tunnelier à pression de terre fonctionnant en mode ouvert, ou bien chambre à
moitié remplie, avec éventuellement une légère pression d’air
Calcaire
Sables de Beauchamp
Marnes et caillasses
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Traitement possible de l’incident : décision de passer en mode fermé,
augmentation de la pression de confinement : la décision doit se faire sur un
intervalle de temps très court.
4.1.1.2. Présence d’un obstacle à l’avancement
Par exemple présence inopinée de fondations, récentes (massifs béton) ou
anciennes (pieux en bois), de canalisations d’assainissement (buses ou ovoïdes).
La rencontre de l’obstacle perturbe l’avancement de la machine et très
souvent implique son arrêt. Pour empêcher alors toute dégradation il y a lieu
d’établir ou de maintenir un confinement au front de taille.
Tous les types de tunneliers sont concernés.
Traitement possible de l’incident : très souvent le problème est réglé par
une intervention in situ, généralement hyperbare. Une solution de confortement /
consolidation de l’existant depuis la surface implique très souvent un arrêt prolongé
de la machine pendant lequel il y a lieu de savoir maintenir le confinement.
4.1.1.3. Creusement en terrains karstiques
Les karsts prennent potentiellement la forme d’un vide de taille variable,
dont la localisation est aléatoire, et qui peut concerner toute la section.
Le creusement est initialement prévu dans le calcaire, donc une roche, donc
hors eau, mais très souvent le karst communique avec la ou les nappes sus-
jacentes.
Type de tunnelier concerné : généralement tunnelier à mode ouvert ou
tunnelier à pression de terre fonctionnant en mode ouvert, chambre à moitié
remplie, avec éventuellement une pression d’air.
Exemple : émissaires creusés à Bordeaux
Traitement possible de l’incident : si le karst n’est pas trop important,
passage en mode fermé, augmentation de la pression de confinement. Si par contre
le karst est important ou mal situé (sous la machine), tentative de remplissage par
injection de coulis depuis la surface ou éventuellement depuis le tunnelier. D’où le
grand intérêt d’avoir des informations concernant le volume du karst (emploi d’une
méthode de détection par reconnaissance géophysique, comme par exemple le
cylindre électrique).
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4.1.1.4. Transition entre milieu rocheux et terrain meuble
Franchissement de la surface de contact entre 2 milieux de caractéristiques
bien distinctes :
• passage du rocher au terrain meuble, lequel peut être boulant et
aquifère
On peut être sous nappe ou hors nappe.
rocher
Terrain
meuble (sable,
alluvions)
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Le contact est matérialisé par une surface généralement gauche, rarement
plane, impliquant l’existence d’une zone de transition.
Exemple : tunnel de Caluire, interface entre gneiss et sable molassique
Type de tunnelier concerné : pression de boue ou pression de terre
Traitement possible de l’incident : passage du mode ouvert au mode fermé
dans le cas du tunnelier à pression de terre (sens : rocher > terrain meuble). Dans
le sens opposé, modification de la configuration de la tête de coupe.
4.1.1.5. Remontée du substratum rocheux
Creusement dans des terrains meubles ou tout au moins tendres, avec une
machine adaptée à ce type de terrains (configuration de la tête d’abattage).
Rencontre inopinée du substratum rocheux sous forme de remontée locale :
surface gauche située sous le tunnelier. Fonctionnement généralement sous nappe.
Fonctionnement en section mixte perturbant le régime de fonctionnement du
tunnelier et imposant un surcroît d’efforts à la machine. Le creusement est ralenti
et les conditions sont propices à une instabilité (circulation d’eau à l’interface sol
/rocher, surfaces de contact de faible résistance). Il faut donc pouvoir maîtriser à
tout moment le confinement.
Exemple : tunnel de Caluire, BPNL,Lyon
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Métro ligne D à Lyon, Gorge de Loup - Vaise
Type de tunnelier concerné : pression de boue ou pression de terre
Conséquences de l’incident : modification de la configuration de la tête de
coupe (ajout de molettes).
4.1.1.6. Discontinuités au sein d’un massif rocheux
Présence de surfaces de discontinuité au sein d’un massif rocheux. Le
fonctionnement normal du tunnelier est à priori sans eau.
Présence d’une faille, remplie de matériaux broyés, de faible résistance,
généralement en charge. L’épaisseur de la discontinuité peut être très variable, de
20 cm à plusieurs mètres.
Type de tunnelier concerné : tunnelier roche dures, fonctionnant en mode
ouvert.
Exemple : creusement de galeries hydrauliques dans des barrages
Traitement possible de l’incident par injections préalables de la zone faillée,
à partir du tunnel.
4.1.2. Les phénomènes hydrauliques
4.1.2.1. Dans les sols
Sans rentrer dans le détail de calculs d’écoulement sophistiqués, on peut
dire que le creusement d’un tunnel dans un milieu homogène baigné par une nappe
provoque un abaissement de la pression interstitielle qui se propage dans le terrain
avec le temps.
En cas d’arrêt du creusement le régime hydraulique se stabilise avec un
écoulement permanent dans le tunnel, évidemment variable avec la perméabilité du
revêtement mis en place. A cet écoulement correspondent des gradients
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hydrauliques susceptibles de provoquer via les forces d’écoulement des
entraînements de particules fines dans les sols et des débourrages de fissures dans
les massifs rocheux.
Dans les sols, il faut avoir conscience que dans des sols de perméabilités
voisines de 10-5 m/s le temps d’établissement du régime permanent dans un terrain
boulant (fonction par ailleurs du coefficient d’emmagasinement du terrain et de la
distance à la surface équipotentielle de réalimentation) peut n’être que de quelques
secondes et donc les phénomènes d’écoulement sont instantanés.
La réduction des perméabilités observées lors d’injections, même avec des
coulis adaptés (gel d’étanchement, résines…) n’est pas de nature à résoudre le
problème puisque le temps au bout duquel on peut craindre une instabilité a
augmenté certes mais insuffisamment ; il faut en réalité que ce temps soit
compatible avec les cycles d’avancement et le délai disponible pour s’opposer à ou
maîtriser l’écoulement, ce qui conduit dans la pratique à des niveaux
d’étanchement hors de portée des traitements habituels.
Contrairement à une pratique courante, le traitement préalable par injection
n’est donc pas toujours la réponse appropriée au problème des terrains boulants
sous nappe, et la solution la plus appropriée consiste en un confinement efficace.
4.1.2.2. En terrains rocheux : un exemple, le cas du métro de
RENNES
L’altération du substratum Briovérien se présente non pas comme un
phénomène de type « couche horizontale altérée au-dessus d’un substratum sain »
mais plutôt comme de véritables plans de faiblesse inter stratifiés au milieu
des différentes couches de schistes et de grès, et ces plans de faiblesse peuvent
pénétrer significativement dans le massif. Les zones dites broyées relèvent de la
même logique, et correspondent à des interfaces entre deux couches rigides ou à
une couche plus faible pincée entre deux couches plus rigides, sur lesquels se sont
exercées des contraintes tangentielles lors des plissements tectoniques (« mille-
feuilles »).
L’action de l’eau est l’agent principal de l’altération par transformation
minéralogique de la roche, or l’eau circule dans le substratum rocheux à la faveur
des discontinuités (plans de joints) lesquelles semblent avant tout correspondre
aux interfaces entre les différents bancs, orientés suivant la stratification /
schistosité.
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TN
toit du substratum
Il est donc facile d’imaginer que l’irruption du tunnelier dans un massif
rocheux hydrauliquement hétérogène et en charge crée, si le confinement est
faible, un gradient hydraulique entre le toit du substratum et la chambre. Ce
gradient hydraulique a alors pour effet, via les forces d’écoulement, de pousser le
matériau de remplissage de la discontinuité (par exemple sable consolidé de type
gore, matériau d’altération, matériau broyé) vers le vide et donc de créer un
débourrage. Ce débourrage génère alors lui-même un éboulement de type chapeau
de gendarme.
4.1.3. L’influence des paramètres géomécaniques sur le fonctionnement du
tunnelier
Pour faciliter la compréhension de ce qui suit, on imaginera le creusement
d’un tunnel dans un sol homogène saturé sous nappe. Pour simplifier, on supposera
que la rupture du matériau peut se caractériser par un « critère de rupture » type
MOHR-COULOMB, TRESCA, HOEK ET BROWN... mettant en jeu l’influence d’une
contrainte normale et d’une contrainte de cisaillement. Le massif de sol devant le
front est par ailleurs soumis à un état de contraintes caractérisé par une contrainte
principale majeure d’origine géostatique et des contraintes mineures correspondant
aux contraintes horizontales.
Lorsqu’on vient excaver un tunnel, on provoque dans le massif de sol une
modification de l’état de contraintes conduisant à priori à un relâchement de l’état
de contraintes horizontal. Si cet état de contraintes est égal à zéro, le cercle de
MOHR caractérisant le sol devant le front peut tout à fait intersecter la courbe de
rupture (ceci est évidemment fonction de la cohésion, de l’angle de frottement et
du niveau de contraintes) et l’on a donc une rupture naturelle correspondant à un
éboulement.
Pression
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Dans le cas de l’excavation au tunnelier, on peut expliquer la rupture du
matériau au niveau du front de taille par l’action combinée d’une contrainte
normale (apportée par la poussée du tunnelier) et d’une contrainte de cisaillement
(apportée par le couple exercé par la machine sur la tête et ses outils). C’est
l’action combinée des deux contraintes qui permet la rupture du matériau dans la
limite définie par les caractéristiques intrinsèques de celui-ci.
Lorsque l’on exerce une pression de confinement sur un sol saturé, on
exerce une pression « horizontale » qui contrebalance la pression hydrostatique
dans le sol et en même temps exerce une contrainte effective sur les grains de sol.
La contrainte normale est donc la somme d’une contrainte effective et d’une
pression hydrostatique, dont les composantes peuvent varier séparément.
Une contrainte horizontale trop élevée a pour effet de reporter le cercle de
MOHR des contraintes à l’intérieur de l’espace de stabilité (plan σ,τ) et d’empêcher
la rupture « naturelle » par défaut de poussée ; il y a alors « recompactage » du
terrain sous la roue de coupe dans tout ou partie du front, ce qui a pour effet de le
rendre le sol artificiellement plus résistant : il y a mise en butée du terrain et les
ruptures correspondent alors à un état de contraintes s’inscrivant dans un cercle de
MOHR de butée et non plus de poussée. On a donc une consommation de poussée
et de couple excessive par rapport à ce que demande le matériau. D’autre part,
plus le matériau est frottant, plus la sensibilité à un excès de confinement est forte
(cf. espace de stabilité / rupture dans le plan (σ,τ)).
Pour ce qui est des tunneliers à pression de terre, une problématique
spécifique dans un sol à la fois cohérent et frottant est, compte tenu du gradient de
pression important dans la chambre lié à la densité du matériau foisonné, d’avoir
une pression suffisante en calotte pour empêcher la rupture naturelle par défaut de
poussée (instabilité / éboulement) et d’éviter une pression excessive en radier pour
ne pas mettre en butée le terrain, et donc augmenter inutilement les efforts sur la
machine (le couple notamment). Ceci demande donc de connaître et maîtriser en
permanence les pressions à exercer en voûte et à l’axe.
Un confinement adapté au terrain est donc de nature à permettre un
fonctionnement optimisé du tunnelier en termes de consommation d’énergie et de
maîtrise de l’usure des pièces mécaniques.
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4.1.4. La maîtrise des tassements
En dehors des situations géologiques exceptionnelles qui justifient d’un
confinement, une autre raison motive la mise en place d’un confinement ajusté en
permanence à la nature des terrains rencontrés : la maîtrise des tassements.
Le tassement obtenu en surface lors du passage d’un tunnelier se
décompose en quatre composantes :
• Le tassement en avant du front,
• Le tassement au droit de la jupe, lié à la conicité de celle-ci,
• Le tassement lié à la différence de diamètre entre le diamètre
intérieur de la jupe et le diamètre extérieur de l’anneau de
voussoirs,
• Enfin le tassement lié au comportement retardé des terrains sous
l’effet de la modification de l’état de contraintes autour du
revêtement (dissipation des pressions interstitielles dans les
terrains argileux, fluage…)
Un confinement adapté est donc de nature à maintenir les tassements sous des
valeurs de seuils compatibles avec les déformations admissibles pour les
constructions et les ouvrages sensibles en surface.
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4.2. Les problèmes posés par le confinement par pre ssion de boue
4.2.1. Généralités. Constatations expérimentales
Le principe même du soutènement par pression de boue repose sur la
possibilité de mobiliser une pression dans un liquide face à un sol, saturé ou non,
soumis à un état de contraintes. Le liquide est ici composé d’une solution d’eau et
de bentonite (dosage de quelques dizaines de kgs/ m3) que l’on a préalablement
laissée évoluer dans des installations adéquates jusqu’ à parfaite saturation de la
bentonite.
Le sol est considéré comme un milieu poreux, siège d’un écoulement d’un
liquide dont les caractéristiques rhéologiques sont représentées par le modèle de
BINGHAM.
La pénétration de la boue a été étudiée expérimentalement par divers
constructeurs et laboratoires, à l’aide de perméamètres grand modèle. Les
montages utilisés comprennent un cylindre rempli du sol à étudier dans lequel on
fait pénétrer la boue grâce à une différence de charge hydrostatique. On peut ainsi
mesurer le gradient de pression, la longueur de pénétration, le débit écoulé.
Photo :perméamètre expérimental
Dans le cas extrême d’un terrain très ouvert avec une boue très fluide, il
s’établit un écoulement sous l’effet de la (sur)pression « hydrodynamique »,
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écoulement qui finit par cesser de se produire lorsque la boue arrête de s’infiltrer
dans le terrain sous l’effet des pertes de charges.
Expérimentalement, on constate alors sur le perméamètre que le volume de
terrain à traverser est alors insuffisant pour bloquer l’infiltration de la boue et que
dans ce cas, il s’établit un écoulement permanent à travers la colonne de terrain,
caractérisé par un débit.
Ce cas de figure extrême correspond à l’établissement d’un régime
hydraulique d’écoulement dans un sol à partir d’une pression hydrodynamique. La
pression ne peut être maintenue qu’en contrepartie d’un débit généralement élevé
(cf. soutènement à l’air comprimé).
Par contre, dès qu’un « film » (film polyane par exemple) empêche cet
écoulement, c’est la poussée hydrostatique qui est mobilisée. C’est le mécanisme
recherché dans le soutènement à pression de boue : idéalement la formation d’un
film ou d’une membrane, plus généralement d’une zone colmatée appelée « cake »
pour mobiliser tout ou partie de la poussée hydrostatique potentielle.
Le cake est de type « membrane » ou « imprégnation » :
• Membrane : un film de boue d’épaisseur centimétrique se forme
à la paroi du front de taille; il ne se modifie pas quand la pression
de soutènement augmente.
• Imprégnation : sous l’effet des pertes de charge, la boue arrête
de s’infiltrer dans le terrain. L’épaisseur imprégnée est
directement fonction de la surpression hydrostatique (c’est à dire
la différence entre la pression du liquide dans la chambre et la
pression de l’eau dans le terrain) et l’écoulement reprend jusqu’à
une nouvelle stabilisation lorsque la pression dans la chambre
augmente.
4.2.2. Approche théorique
La stabilité du massif de sol soutenu dépend de la stabilité des grains de sol
au parement. Si l’on étudie la stabilité d’un volume infinitésimal d’un sol sans
cohésion au bord de la surface libre, on démontre [1] que le gradient de pression
nécessaire pour assurer la stabilité peut être calculé par la relation :
ϕϕαγγ
sin
)sin())(1(
−−−= bsnf
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avec n = porosité du sol
γs = poids spécifique des grains solides
γb = poids spécifique de la boue
ϕ = angle de frottement interne du sol α = inclinaison de la surface libre / horizontale
dW = (γ-γb).dV provoque la chute du volume dV, et dF = δp.tgϕ.dS le
stabilise
(sol saturé par la boue) dS
p dF p-∆p
dW
dL
Pour un sol saturé par la boue γ - bγ = )(1( n− sγ - bγ )
dStg .. ϕρ∆ > (γ-γb). dV soit ϕ
γγtg
nf bs ))(1( −−
> pour α = 90°
Pour un sol courant (ϕ =30°, n=30% et une boue de 12 kN /m3) on trouve
une valeur moyenne de 18 kPa /ml (0.2 bar par ml).
Par ailleurs, la boue, considérée comme agissant comme un fluide de
BINGHAM parfait, apporte un gradient dit « gradient de stagnation » à cause de ses
propriétés thixotropiques, en relation avec les caractéristiques de perméabilité et de
porosité du terrain (diamètres des pores). Ce gradient de stagnation fso a été étudié
à la fois théoriquement et expérimentalement :
• théoriquement : l’étude de la mobilisation de l’écoulement d’un fluide de
BINGHAM possédant un seuil de cisaillement τf, dans un pore représenté par un
tube circulaire de rayon R démontre que le débit dans le tube s’annule si le
gradient hydraulique δp /L dans le tube satisfait la relation R = 2τf x[L/δp] soit
une relation du type :
fso = ( )aenR f
f Ρττ.2
• Des études expérimentales [2,3] ont mis en évidence une relation entre R et le
d10 du terrain en place (d10 en mm) :
fso = k. τf / d10, avec k variant de 0.25 à 2.
• Plus récemment, des études théoriques et expérimentales [4] ont conduit à
l’établissement d’une relation du type :
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fso = Ak
n f
.45,0.
τ
k étant la perméabilité horizontale du terrain en place (m/s), A un coefficient
sans dimension compris entre 5 et 10, augmentant en théorie avec le degré de
dispersion des diamètres des pores du terrain, et diminuant avec le colmatage
progressif du terrain par la boue.
La comparaison des 2 gradients, l’un exigé part le terrain et l’autre apporté
par la boue s’infiltrant dans le terrain, avec le coefficient de sécurité inhérent à
l’incertitude sur les valeurs des paramètres (F ≥ 2) permet, en fonction des
conditions de terrain, de déterminer les valeurs du seuil de cisaillement nécessaire
fτ pour la boue.
Lorsque les pores sont de trop grande dimension, la valeur de fτ à
atteindre pour obtenir le gradient de stagnation souhaité peut être élevée. En
alternative à la démarche qui consiste à jouer (dans une certaine limite) sur les
caractéristiques de la solution de bentonite (augmentation de la concentration,
additivation…) il peut être envisagé de réduire le diamètre des pores, par exemple
par adjonction de fines d’argile ou de sable.
Les particules ajoutées forment un mélange granulaire d’une dimension
maximale dboue que l’on peut tenter de caractériser par :
d15sol ≤ 5dboue (condition de filtre)
Selon certains auteurs [2], l’expérience montre que des relations du type
d15sol ≤ 8dboue ou encore d20sol = 3dboue sont acceptables.
En résumé, le confinement à la boue nécessite, en sus du niveau de pression
souhaitable obtenu par le calcul, des caractéristiques particulières pour la boue en
relation avec celles du terrain.
4.2.3. Avantages et inconvénients du confinement à la boue
• L’une des conditions du succès des tunneliers à pression de boue
est la possibilité de réguler de manière très fine la pression dans
la chambre d’abattage en utilisant la « régulation par bulle d’air »
où la surface de la boue est sous pression constante d’air dans
une chambre arrière communiquant en partie inférieure avec la
chambre principale. Il s’agit à la fois de réguler le niveau de la
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boue en agissant sur les pompes d’amenée et d’exhaure et la
pression de l’air.
• Le principal inconvénient du tunnelier à pression de boue réside
dans la nécessité de séparer la boue des fines du terrain venant
progressivement la charger en densité. Le traitement doit parfois
être élaboré (plusieurs niveaux de cyclonage, filtres presse) et
nécessite alors des installations sophistiquées, dont le débit peut
constituer une limitation à l’avancement du tunnelier d’une part,
et dont le disfonctionnement peut avoir des répercutions sur la
qualité de la boue et partant sur la stabilité du front, notamment
en terrains hétérogènes.
• En cas de creusement dans un terrain très grossier et perméable,
il peut être impossible d’obtenir un gradient de stagnation
suffisant pour stabiliser le front par les seules propriétés
rhéologiques de la solution de bentonite ; il est alors nécessaire
de lui adjoindre des additifs (voir § précédent) tels que de
l’argile,des polymères hydrosolubles, des copeaux de bois, des
confettis, des granulés de bentonite… ce qui renchérit et
complique inévitablement le procédé.
4.3. Le confinement par pression de terre
4.3.1. Généralités
Les sujétions liées à l’emploi de la boue, notamment la nécessité de
retraitement des boues, ainsi que les limites de leur emploi en cas de terrains très
hétérogènes (avec présence de blocs) ou très perméables, ont conduit les
entreprises et les constructeurs de machine à s’interroger sur la possibilité d’un
confinement du front par les matériaux extraits eux-mêmes, sans passer par
l’emploi de boue liquide ou d’air comprimé.
Le principe de confinement à pression de terre est l’extraction contrôlée des
matériaux hors de la chambre au moyen d’une vis d’Archimède (photo ci-dessous)
dont le débit doit être théoriquement asservi à la pression moyenne régnant dans la
chambre avant et qui doit être maintenue aussi constante que possible.
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Cette pression est elle-même fonction de la force exercée par les vérins
longitudinaux de la machine pour assurer sa pénétration dans le terrain et
également du débit d’extraction par la vis.
Pour que le système puisse fonctionner correctement, il faut que les
matériaux présents dans la chambre présentent à la fois :
• Une maniabilité suffisante pour leur permettre d’occuper à tout instant le
volume de la chambre sans opposer une trop forte résistance au plateau
excavateur : ils doivent se comporter comme une boue épaisse ou un
béton dans son malaxeur,
• Une imperméabilité suffisante pour s’opposer à l’afflux brutal de l’eau
depuis le front de taille et maintenir dans le terrain une pression
interstitielle suffisante
Dans son principe, ce type de confinement est plus satisfaisant que le
confinement à la boue parce qu’il n’est pas tributaire de la formation d’un cake
superficiel.
4.3.2. Les additifs
Un sol relativement mou, ayant les propriétés d’un liquide très épais ou
d’une pâte, est le plus approprié pour un fonctionnement optimal d’un bouclier à
pression de terre. Selon certains constructeurs, le mélange idéal en sortie de vis
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doit être assimilable à une argile dont l’indice de consistance serait compris entre
0.5 et 0.7 (argile dite ferme).
Argile ferme de consistance souhaitée
Une règle couramment admise est que le sol se prêtant naturellement bien à
un fonctionnement par pression de terre doit contenir de 20 à 30 % d’éléments
inférieurs à 80 µ. Evidemment tous les sols n’ont pas ces caractéristiques et l’on a
recours à des additifs pour combattre les déficiences naturelles du sol.
On peut retenir trois types d’additifs :
1. La boue lourde (« high density slurry »), procédé qui consiste à ajouter
directement aux sols les éléments fins afin de compléter sa courbe
granulométrique. Très utilisé à une époque au Japon, ce procédé a le
désavantage de faire amener à front une forte quantité de pondéreux
dont il faut par ailleurs se débarrasser.
2. Les additifs à base de polymères hydrosolubles ayant pour effet de
« coaguler » les éléments liquides contenus dans le marinage
3. La mousse, produite à partir d’une solution moussante à base de tensio-
actifs et d’eau par ajout d’un volume d’air via un générateur de mousse.
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Exemple de générateur de mousse (installation expérimentale)
De ces trois procédés l’injection de mousse est le plus couramment utilisé,
souvent en combinant l’emploi de polymères.
L’emploi de la mousse a pour objectifs principaux :
1. De jouer sur la consistance du sol en lui conférant un état pseudo-
plastique apte à transmettre des pressions
2. De rendre le terrain abattu moins perméable afin de limiter les
écoulements
3. D’homogénéiser le mélange formés par les matériaux abattus dans la
chambre
4. De limiter les frottements le long du chemin empruntés par les matériaux
(lubrification et réduction de l’usure)
La mousse est caractérisée par la composition de la solution de base et par
son taux d’expansion (rapport entre le volume produit et le volume de liquide
initial). Ce taux d’expansion varie évidemment suivant la pression dans la chambre,
les taux d’expansion à la pression atmosphérique se situant couramment entre 10
et 20.
L’absorption de la mousse par le terrain est caractérisée par le F.I.R (foam
injection ratio) qui est le rapport entre le volume de mousse consommé rapporté au
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volume de terrain excavé. Ce ratio varie couramment entre 20 et 50 % en fonction
de la granulométrie et de la porosité du terrain (valeur minimale pour faible
porosité) mais il est susceptible d’atteindre des valeurs supérieures à 100 % en cas
de terrains très ouverts.
4.3.3. Avantages et inconvénients du confinement à pression de terre
• Par opposition au confinement par pression de boue, le
confinement par pression de terre agit directement sur l’état de
contraintes totales dans le terrain au front de taille et il n’est pas
tributaire de la bonne formation d’un cake superficiel, il est donc
intrinsèquement plus simple.
• Les déblais ne nécessitent pas d’être traités pour récupérer la
boue (ils peuvent l’être néanmoins pour des raisons
environnementales).
• Globalement, le tunnelier à pression de terre s’adapte de manière
souple aux variations du terrain.
• Par contre, du fait que le confinement au front de taille se réalise
grâce au contact des matériaux dans la chambre avec ceux du
terrain, un couple plus important que dans le cas du confinement
par pression de boue est nécessaire. Ce couple est d’autant plus
fort que la pression de confinement est plus élevée.
• La chambre étant pleine de matériaux granulaires parfois très
abrasifs, les outils de coupe (molettes) aussi bien que la machine
elle-même (corps de la tête) peuvent s’user beaucoup plus
rapidement que dans le cas de la pression de boue.
• La régulation autour d’un niveau de pression de consigne est
potentiellement plus difficile que dans le cas de la pression de
boue régulée par bulle d’air, compte tenu de l’hétérogénéité des
matériaux dans la chambre [mélange triphasique squelette
granulaire + eau (du terrain ou ajoutée) + air (du terrain ou
ajouté)].
• Dans la pratique, le fonctionnement de ce type de confinement
peut s’avérer délicat si la conception de la vis ne permet pas une
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parfaite maîtrise de la pression dans la chambre. La vis doit être
en effet d’une longueur suffisante pour obtenir des pertes de
charge le long de celle-ci compatibles avec une évacuation
régulière à faible pression des matériaux. Dans certains cas
extrêmes de fortes pression hydrostatiques, il peut être
nécessaire de placer deux vis en série ou d’utiliser un déchargeur
rotatif ou un distributeur à piston.
• Il est en effet fondamental de pouvoir assurer un contrôle
volumétrique des matériaux extraits, ce qui est intrinsèquement
plus difficile à faire avec une vis qu’avec un transport hydraulique
pompé.
• Enfin, la plus grande densité dans la chambre (18 kN/m³ en
moyenne contre 12 pour la pression de boue) génère un écart de
pression important entre la voûte et le radier dans le cas des
grands diamètres ce qui peut conduire à des pressions
excessivement élevées en radier.
4.4. Le confinement à pression d’air
Les tunneliers actuels fonctionnant sous pression d’air doivent pouvoir
maîtriser instantanément les fuites d’air qui se produisent dans le terrain et le long
du chemin d’évacuation des déblais.
[1] Pour limiter les fuites d’air comprimé à travers la vis d’extraction, il faut
maintenir en permanence un niveau et une composition du mélange des
déblais abattus au-dessus de l’orifice d’entrée de la vis. Des dispositifs tels
que les capteurs de pression modernes sont d’une aide précieuse à ce sujet.
[2] Par contre le problème des fuites d’air dans le terrain peu se révéler
insurmontable. En effet, la loi qui régit l’écoulement des gaz dans un milieu
poreux s’écrit, de manière analogue à la loi de Darcy pour les liquides :
V = kg.gradp
kg étant la perméabilité relative du gaz
avec kηg
µk
g
wg ⋅
⋅=
k = perméabilité à l’eau
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µw = viscosité cinématique de l’eau = 10-6 m²/s à 20°C
ηg = viscosité dynamique du gaz = 1,82.10-5 N.s/m² pour l’air à 20°C
ces deux derniers termes variant avec la température.
Pour des configurations géométriques créant des gradients de pression
comparables, la formule ci-dessous montre que la vitesse, donc le débit circulant à
travers une section donnée, de l’air est au moins 60 fois supérieur au débit
équivalent d’eau.
On montre ainsi que, pour une perméabilité à l’eau supérieure à 10-5 m/s, le
débit d’air fuyant à travers le terrain est supérieur aux débits d’air fournis par les
installations des compresseurs généralement disponibles (de quelques mètres
cubes par minute à plusieurs dizaines de mètre cubes par minute).
Une perméabilité à l’eau supérieure à 10-5 m/s pour un terrain constitue de
fait la limite d’emploi usuelle des tunneliers à air comprimé. L’emploi d’additifs
projetés à front pour imperméabiliser le terrain pendant l’excavation permet
d’abaisser cette limite.
4.5. Le confinement ou « soutènement » mécanique
Il est mentionné ici pour mémoire. Le principe est d’exercer sur le terrain
par l’intermédiaire du plateau rotatif un simple confinement mécanique, ce
confinement pouvant être total (ensemble du plateau) ou partiel (secteur circulaire,
« breasting plate » selon les anglo-saxons).
La validité d’un tel confinement dépend étroitement de la configuration de la
tête d’abattage et en particulier de son taux d’ouverture. Un tel confinement
suppose qu’en cas de forte poussée du front, l’ensemble plateau/bouclier puisse
trouver, même à l’arrêt, une force de réaction suffisante (par appui direct ou par
frottement) pour éviter le recul. Son efficacité dépend étroitement de la puissance
disponible dans la mesure où, par principe, ce mode de confinement est d’autant
plus consommateur de couple que la pression à exercer est plus élevée.
L’emploi de telles machines se limite donc dans la pratique à des terrains
cohérents peu perméables ou hors nappe, ou bien à des roches tendres (ex.
tunnelier NFM du Métro d’ATHENES).
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4.6. Maîtrise du confinement sur chantier
4.6.1. Le pilotage du tunnelier en cours de creusement
Un tunnelier est une machine complexe dont le pilotage exige l’acquisition et
la maîtrise de nombreux paramètres.
Schématiquement ces paramètres sont de trois types :
• mécaniques,
• topographiques,
• paramètres traduisant l’interaction terrain/machine.
Parmi les paramètres mécaniques, on citera :
• l’intensité des moteurs électriques,
• la puissance consommée,
• la température d’organes mécaniques,
• la pression hydraulique.
Parmi les paramètres topographiques, on citera :
• les écarts absolus de position par rapport à des coordonnées,
• les distances absolues,
• les paramètres de tangage, roulis, lacet.
Tous les autres paramètres traduisent peu ou prou une interaction entre le
terrain et la machine :
• les pressions dans la chambre,
• les pressions dans la vis,
• les pressions d’injection de mortier de bourrage,
• le cas échéant la pression d’injection de bentonite le long de la jupe
• le couple consommé,
• la vitesse d’avancement,
• la poussée.
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Exemple de synoptique de suivi des paramètres (chantier BPNL)
L’analyse de chaque groupe de paramètres en temps réel (comparaison par
rapport à une valeur de consigne prévisionnelle, analyse des écarts) en relation
avec les informations géotechniques disponibles, permet la détection d’anomalies :
• vis-à-vis de la stabilité du front de taille,
• vis-à-vis du respect des critères de tassement,
• vis-à-vis des sollicitations s’exerçant sur l’anneau de voussoirs,
lesquelles nécessitent la mise en œuvre le plus rapidement possible
d’actions correctives.
Exemples classiques :
• l’asservissement du débit de la vis d’extraction à la vitesse d’avancement de la
machine,
• la régulation de la poussée via la pression dans la chambre
Des systèmes d’aide au pilotage des tunneliers comme CATSBY ou CAP sont
conçus dans ce sens.
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Les mécanismes d’interaction terrain-machine sont nombreux et complexes
et sont très loin d’être explicités totalement sur le plan théorique. Il n’en demeure
pas moins que l’exploitation des données liées au creusement, associée à une
bonne compréhension des données géotechniques et, le cas échéant, aux résultats
des reconnaissances à l’avancement, constitue le seul garde-fou contre l’apparition
de phénomènes destructeurs irréversibles (fontis…).
4.6.2. Les interventions hyperbares
Les opérations de maintenance dans la chambre – qui peuvent être
particulièrement fréquentes en cas d’usure - s’effectuent sous air comprimé afin
d’établir une contre-pression aux forces d’écoulement, ce qui nécessite la
réalisation d’un film étanche (le cake) à base de bentonite pour maintenir la
pression d’air comprimé à la valeur souhaitée.
L’opération de réalisation du cake doit être faite le plus rapidement possible
(vidange des matériaux contenus dans la tête, substitution par de la boue neuve
sous forte pression puis substitution par de l’air). Il s’agit d’une opération qui prend
au minimum quelques heures.
Il importe alors d’avoir une boue dont les caractéristiques rhéologiques
permettent à la fois une bonne pompabilité ( faible viscosité ) et en même temps
n’autorisent qu’une migration limitée dans le terrain (seuil de cisaillement élevé).
Cette boue peut avoir des caractéristiques différentes de la boue ordinaire utilisée
en creusement.
Pendant l’opération hyperbare on doit surveiller avec attention le régime
d’alimentation en air comprimé afin d’anticiper sur toute augmentation soudaine du
débit traduisant soit une fuite d’air brutale soit une perte d’imperméabilité du cake.
Il faut noter que sous l’effet des échanges thermiques avec l’atmosphère de la
chambre il se produit une dessiccation du cake amenant une augmentation
progressive de sa perméabilité à l’air. Dans une certaine mesure, l’ajout d’additifs
tels que les polymères permettent d’atténuer la vitesse de ce phénomène. On a
ainsi vu dans certaines conditions favorables des interventions hyperbares pouvoir
se prolonger pendant plusieurs jours sans avoir à renouveler l’opération de
fabrication du cake.
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QUELQUES REFERENCES
1. Recommandations AFTES (G.T.4) relatives aux choix des techniques d’excavation
mécanisées, T.O.S. N° 157, Jan./Fev.2000
2. Fiches techniques des chantiers mécanisés éditées par l’AFTES
3. Projet national Tunnels 1985-1990
4. Projet National EUPALINOS 2000 sur le creusement des tunnels en terrains
hétérogènes, 1998
5. Les boucliers à pression de boue, par J. FERRAND et J. PERA – Annales de
l’ITBTP n° 420 (décembre 1983)
6. Boucliers à pression de terre : avantages, inconvénients, recherche et
développement M.MOKHAM. T.O.S. n° 119 – Sept./Oct. 1993
7. La Prévention des fontis dans les travaux au tunnelier : des études en temps réel.
P. ARISTAGHES, F. BERBET, P. MICHELON – T.O.S. n° 1 28 Mars/Avril 1995.
8. Imperméabilisation du front de taille par injection de boue bentonitiques
préalablement à des interventions hyperbares (BPNL) – B. DEMAY, L. NICOLAS –
T.O.S. n° 150 – Nov./Déc. 1998.
9. "Stabilité du front de taille et prévision des tassements sur le chantier SOCATOP
A86 VL1 ", B.DEMAY,B.LEROI, T.O.S. n°169, Jan./Fev. 2002
10. "Creusement de l’’AIRSIDE ROAD TUNNEL sous l’Aéroport
d’HEATHROW",B.DEMAY,J.L.AUDUREAU, T.O.S n°176, Mars /Avril 2003