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TÉMOIGNER PRATIQUES INNOVANTES L’Éducation aux médias de la maternelle au lycée MINISTÈRE DE L ÉDUCATION NATIONALE, DE L ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE Direction de l’enseignement scolaire CENTRE DE LIAISON DE L ENSEIGNEMENT ET DES MÉDIAS DE L INFORMATION CENTRE NATIONAL DE DOCUMENTATION PÉDAGOGIQUE

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P R A T I Q U E S I N N O V A N T E S

L’Éducationaux médiasde la maternelleau lycée

MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE, DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE

Direction de l’enseignement scolaire

CENTRE DE LIAISON DE L’ENSEIGNEMENTET DES MÉDIAS DE L’INFORMATION

C E N T R E N A T I O N A L D E D O C U M E N T A T I O N P É D A G O G I Q U E

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UNE ÉDUCATION AUX MÉDIAS:POURQUOI?Sources de savoirs, d’intérêtet de plaisir, mais aussivecteurs de manipulation, les médias (presse écrite,radio, télévision, Internet)jouent un rôle prépondérantdans notre société. Permettre aux élèves de décrypter les messagesmédiatiques pour devenir des citoyens libres etresponsables est une des finalités que l’école sedonne à travers l’éducationaux médias qui a étérécemment réaffirmée dans la nouvelle loi d’orientation.À tous les niveaux–école, collège ou lycée–, les enseignants de différentesdisciplines sont incités à diversifier les pratiques de lecture, en utilisantnotamment des documents de presse, à étudier l’image,fixe ou animée, à développerl’esprit critique des élèves.Des équipes ont bien comprisla valeur éducative de ce travail sur les médias, tant pour les apprentissagesfondamentaux liés à la maîtrise de tous les langages et à la formationcitoyenne que pour lescompétences transversales(autonomie, responsabilité…)qu’il développe.

UN DOUBLE REGARD

Encouragées depuis longtempspar le Clemi, les activitésliées à l’éducation auxmédias restent encorelargement innovantes. En ce sens, elles rejoignent les objectifs du dispositif lll

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

Avis au lecteur Sommaire

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Avant-propos

Pistes de réflexion

Favoriser la maîtrise des langages

Images, albums et presse 15Le lycéen-citoyen et la télévision 17Textes, images et photo-reportages 20Le dessin de presse, support et objet d'étude 23Un journal télévisé pour prendre la parole 26Une étude de l'actualité au cycle 3 30La réalisation d'un reportage vidéo au sein du collège 33De l'art à la pub 36Les élèves de Segpa prennent la parole 39Chronique littéraire à la radio en maternelle 41Radio-Prévert 44Top Pasteur, les élèves ont la parole 47

Se rencontrer, s’ouvrir aux autres

«Info doc» 49Des adolescents européens face aux discours médiatiques 51Kiosque à journaux et radio 53Le patrimoine local à la une 56L’actu-ciné de l’école 58L’app@ge 61Du tâtonnement radiophonique à une émission structurée 64La Cybergazette en Segpa 69Le Cyber Échos Liés : un magazine sur Internet 72

Enseigner autrement

Lo Zanzarino – Le Petit Moustique 77Atelier d’écriture journalistique et philosophie 80Débattre à la télé, débattre sur la télé en ECJS 83Les yeux du monde 86Séances pluridisciplinaires sur les médias 88Revue de presse scientifique 90Cache-cache micro 92Info-Guessling, le journal parlé de l’école 94Une école autour d’un site Web 97De la lecture à la création 100Radio Joliot-Curie 103

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de soutien à l’innovation qui repère et fait connaître de nouvelles pratiques. C’est cette convergence qui a conduit à l’écriture à plusieurs mains de cetouvrage qui rassemble les témoignages d’équipespédagogiques accompagnéespar l’un et/ou l’autre des dispositifs. Ces récitspermettent de suivre la naissance, la mise en place et l’évolution de projetsvariés, conduits dans des conditions particulièreset des contextes spécifiques.Ils n’en restent pas moinsdes extraits choisis destinés à traduire au mieux ladémarche des enseignants.Aussi, le lecteur intéressépourra-t-il se reporter aux différents sites des académies1 qui ont mis en ligne les écrits complets,soit dans la rubriqueInnovation, soit dans la rubrique Clemi.

1. Les adresses sont rassemblées dans la page d’annexe intitulée « Liste des établissements cités » page 129.

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Cet ouvrage a été réalisé par Josiane Savino du Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information (Clemi), CatherineMarmiesse et Fabienne Bensa de la Direction de l'enseignement scolaire (DESCO), à partir de textes d'équipes d'enseignants.Remerciements à Élisabeth Picard, Marc Vallette et Bruno Rigotardu Clemi, ainsi qu’à toute l'équipe du bureau de la valorisation desinnovations pédagogiques.

Suivi éditorial Christianne BerthetSecrétariat d’édition Élise GoupilMaquette et mise en pages Annik Guéry© CNDPISBN 2-240-01961-1ISSN en cours

L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

Avis au lecteur

s o m m a i r eL’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

S o m m a i r e

Nouer des partenariats

Un journal d’école au cœur du quartier 105Des parents dans un projet journal 108La télévision, un lien avec les familles 110Un quotidien régional au lycée 112Écrire dans le journal pour être lu 114Éducation aux médias et éducation à l’orientation 116Mon école, mon quartier 119La collaboration avec une association 123

Bibliographie

Annexes

Liste des établissements cités 129Liste des principaux sigles utilisés 133Les cycles de l’école primaire 134

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Avant-propos

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

Avant-propos

Pour transmettre aux jeunes des valeurs et des connaissances, pour les préparer plus efficacement à leur rôle de citoyen et à leur avenir professionnel,l’école doit s’ouvrir sur son environnement et sur le monde.Le renforcement de l’éducation aux médias,

souhaité par le Parlement lors de l’examen de la loi d’orientationpour l’avenir de l’école, s’inscrit dans cette volonté d’ouverture.

En effet, la place croissante de l’information dans la société rend indispensable l’apprentissage de la lecture et de l’analysecritique des médias, notamment des médias d’information.Dans le premier comme dans le second degré, il est nécessaire de mettre l’accent sur la maîtrise des différents langages,celui de l’image notamment, sur l’analyse des supportsd’information, sur la capacité des élèves à opérer des tris dansune information multiforme et pluraliste, sur le développementde l’esprit critique et enfin sur l’expression des jeunes.

Mais éduquer aux médias, ce n’est pas seulement faire acquériraux élèves des savoirs théoriques ou travailler des compétencesscolaires, c’est aussi offrir aux jeunes des opportunités pourapprocher tout un secteur professionnel et les conduire à mener à bien des projets où ils produisent eux-mêmes des médias( journaux, radio ou vidéo). Ils exercent ainsi l’un des droitsfondamentaux de la démocratie, le droit d’expression, tout en acquérant les règles et la déontologie qui s’y rapportent.

Jusqu’à présent cette éducation est largement restée le fait d’initiatives individuelles et isolées. Certaines équipes,cependant, repérées et accompagnées par le Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information (Clemi) ou par les pôles académiques de soutien à l’innovation,ont accepté de témoigner sur les actions qu’elles ont conduites.Ces récits et ces analyses forment l’essentiel du présent ouvrage,offrant à tous les enseignants désireux de se lancer dans un projet sur l’éducation aux médias des idées, des pistes, desréflexions qui viennent de professionnels qui ont concrètementexpérimenté ce qu’ils rapportent et ont démontré l’intérêt de cette éducation pour les élèves.

P a t r i c k G é r a r d ,d i r e c t e u r d e l ' e n s e i g n e m e n t s c o l a i r e .

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Les témoignages présentés dans cet ouvrage offrent à l’ensemble des enseignants l’occasion, non seulementd’appréhender les enjeux de l’éducation aux médias,d’en saisir les objectifs, de percevoir les compétencesvisées, mais aussi d’en découvrir les conditions humaines

et matérielles. Il ne s’agit pas de fournir des fiches pédagogiquesdirectement transférables, mais de présenter des expériencesconcrètes de mise en œuvre dans les classes. L’ambition de cette brochure est de montrer sur quelle(s) problématique(s)les enseignants s’appuient pour développer cette éducation,de présenter les différentes démarches choisies, de décrire lesactivités des élèves et des enseignants et de souligner l’influencede cette éducation sur l’ensemble de la communauté éducative.Les actions sélectionnées relèvent de tous les niveaux,de la maternelle au lycée. Elles décrivent des situations très diverses et abordent parfois de nombreux aspects de l’éducation aux médias. Elles auraient donc pu être placéesdans un chapitre différent. Si leur richesse rend difficile le classement, elle révèle la qualité du travail des équipes qui ont accepté de rendre compte de l’acte complexe d’enseigner.Ces témoignages ne sont donc pas des modèles figés à suivre.Chacun est invité à alimenter sa propre réflexion et à adapter sa démarche en fonction de son contexte.

Des témoignages centrés autour de quatre objectifsL’étude des écrits des équipes montre comment les apprentissageset les acquisitions des élèves sont mis en œuvre à traversl’éducation aux médias et comment les enseignants adaptentleurs modalités de travail en conséquence. C’est ce que tente demettre en lumière l’organisation des actions en quatre chapitres.

Favoriser la maîtrise des langagesDe la maternelle au lycée, l’image et le son sont deux supportslargement utilisés par les enseignants pour développer les compétences langagières des élèves, leur capacité à débattreet à argumenter. Fixe ou animée, l’image est un des premierscontacts des enfants avec le monde des médias.D’une approche apparemment facile, concrète et immédiate,elle nécessite cependant des outils de lecture pour être comprise.Comme tout langage, l’image obéit en effet à des codes et à des règles : elle est le produit d’un auteur qui a des intentions,un point de vue ; dans un contexte médiatique, les choix opéréspour sa diffusion renvoient aux décisions d’une rédaction,d’un producteur et sont intimement liés au support retenu.Ainsi, apprendre à lire les images, c’est savoir les identifier dans leur multiplicité, les décoder, en saisir le sens dans leur contexte de publication (presse écrite, télévision, affichepublicitaire…). Il s’agit de comprendre que les images sont fabriquées et ne sont qu’une représentation du réel.

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Pistes de réflexionL’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

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Pour conduire leurs élèves à porter un autre regard sur les images et à « apprivoiser » leur langage, il apparaît nécessaire aux enseignants de mettre en évidence leur diversité et leur subjectivité. Les outils dont ils disposent sont multiples.La presse ou l’affiche – photos, dessins, publicités – offrent de par leur facilité d’accès de nombreuses perspectives.Les images télévisuelles – d’information en particulier –permettent des travaux plus spécifiques d’analyses critiques et de production de journaux télévisés ou de reportages vidéo.Quel que soit le niveau d’enseignement, ces activités enrichissent les apprentissages prévus par les programmes etfavorisent, en particulier, la maîtrise des langages et l’éducation à la citoyenneté. À travers l’étude d’images fixes ou animées,les élèves sont amenés à décrire, à débattre des choix et des points de vue des auteurs. La réalisation de reportages ou de journaux télévisés dans le cadre scolaire les conduit à écrire.Dans le même temps, les élèves vont vers l’explicitation :ils doivent, en effet, convaincre leurs pairs sur les thèmes qu’ils souhaitent aborder et la manière de les traiter.Cela suppose d’apprendre à s’exprimer clairement, à préciser sa pensée, à se confronter à la parole de l’autre, à en apprécier le point de vue et à argumenter.Pour améliorer l’expression orale des élèves, la radio est un support particulièrement adapté. Elle occupe une placeprivilégiée dans les pratiques culturelles des jeunes ; les initier à son fonctionnement ne peut que les aider à en apprécierl’écoute. Dans les activités d’éducation aux médias, les élèvesrepèrent les codes et les modes de discours spécifiques de ce média, réalisent des émissions, ce qui nécessite une parolemaîtrisée et un recours à l’écrit. Si, avant de s’adresser à des auditeurs, il est indispensable de connaître son sujet (par l’enquête, la recherche documentaire…), il est tout aussiindispensable de manier avec précision les outils lexicaux etgrammaticaux. Parler dans un micro, animer des débats, réaliserdes reportages sur des sujets définis demande un maniementrigoureux de la langue et la prise en compte du temps de parole.

Se rencontrer, s’ouvrir aux autresL’éducation aux médias développe également l’intérêt pour l’autre et le monde. La presse d’information et l’actualitésuscitent chez les élèves la curiosité et le goût de savoir (bien)s’informer. L’accent est mis sur le rapport des élèves à leur environnement local. De nombreux échanges se créent à l’intérieur de l’établissement ou avec d’autres élèves d’Europe.Travailler avec ou sur les médias, très valorisés par notre société,entraîne facilement l’adhésion et la motivation des élèvestout en facilitant rencontres et engagements des différents acteurs de la communauté éducative.Les jeunes impliqués dans ces actions prennent volontiers

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des initiatives et des responsabilités, notamment parce qu’ils se sentent reconnus par leurs pairs ou l’institution scolaire.Ils échangent des informations qu’ils ont souvent collectées eux-mêmes sur leur environnement, ce qui favorise le partaged’une culture commune. Ils communiquent sur des thèmes liés à leur âge ou sur des sujets d’actualité et, grâce à l’interactivitédes médias, confrontent leurs points de vue ou modifient leurspositions en fonction des réactions et des arguments apportéspar leurs camarades, apprenant ainsi à s’informer et à débattre.La découverte des codes spécifiques aux médias développe chez les élèves la curiosité et l’envie d’approfondir leurs connaissances sur une question. Les activités proposéesdans ce cadre nécessitent en effet d’approcher les outils utilisés par les différents médias : entre la réalisation d’un reportagevidéo, la rédaction d’un journal imprimé ou d’un journal en lignesur Internet, il existe bien des différences.Cette diversité conduit les élèves à sortir d’eux-mêmes pouraller à la rencontre des autres et, au premier chef, à la rencontre de ceux qui les entourent, leurs camarades et leurs professeurs.Les actions autour des médias améliorent souvent aussi la communication dans l’ensemble de la communauté éducative(professeurs, parents d’élèves…) et facilitent la circulation de l’information au sein de l’école ou de l’établissement.

Enseigner autrementLes projets pédagogiques réalisés dans le cadre de l’éducation aux médias induisent de nouvelles façons d’enseigner.Les activités pédagogiques qui y sont liées permettent non seulement d’atteindre des objectifs disciplinaires mais aussi de rassembler les équipes d’une ou plusieurs écoles autour d’un projet.Les médias, en tant qu’outils facilement utilisables, instaurentd’autres rapports entre les différents acteurs de l’école ;le travail en petits groupes ou en ateliers évite la pédagogiefrontale et laisse plus de place à l’autonomie, à l’initiative des élèves et à une véritable pédagogie différenciée.Les professeurs se regroupent en équipes, coaniment certainesséquences, partagent leur travail avec les aides-éducateurs ou les professionnels des médias.Ils sollicitent le professeur-documentaliste qui joue le rôle de relais au sein de l’établissement. Le centre de documentationet d’information (CDI) devient lieu de ressources,de communication et d’exposition.Les nouveaux dispositifs d’enseignement (IDD2, TPE, ECJS, PPCP…)sont également largement investis dans le cadre de l’éducationaux médias pour mettre en place un travail spécifique sur la photographie de presse, sur le journal télévisé et la pressescientifique. La richesse interdisciplinaire sollicite divers anglesd’approche, un décloisonnement des disciplines et crée

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2. Les principaux sigles utilisés dans cet ouvrage sont explicités en annexe p. 132.

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d’autres rapports entre les professeurs ainsi qu’entre les professeurs et les élèves. Ces projets offrent également aux écoles rurales la possibilité de rompre leur isolement et de faire travailler ensemble tout un groupe scolaire.Par ailleurs, les projets «médias» conduisent les enseignants à se former pour être plus compétents dans ce domaine.Tout comme leurs élèves, les professeurs doivent se confronter à d’autres techniques, d’autres savoirs, d’autres savoir-faireque leurs élèves parfois possèdent, en particulier dans le domaineinformatique. Les médias, parce qu’ils font partie de la vie des élèves, rapprochent justement la culture des élèves et celle des professeurs.

Nouer des partenariatsLes actions liées aux médias nécessitent fréquemment de travailler avec des partenaires : les parents, dans les projetsd’école par exemple, les professionnels ( journalistes,photographes…), les associations.Pour susciter la collaboration, des enseignants associent les familles à des activités qui les sensibilisent au rôle qu’elles peuvent tenir auprès de leurs enfants, notamment en ce qui concerne la télévision. La réalisation de journaux ou de séquences radio ancre aussi les élèves et leurs parents dans une expérience scolaire commune qui favorise les échanges.Les professionnels des médias ont toute leur place dans ces expériences. Leurs interventions offrent une dimensionsupplémentaire aux travaux des élèves, leur faisant découvrir la réalité de ces professions et du monde de l’entreprise.Ces rencontres sensibilisent les élèves à des savoir-faire,à des techniques qui complètent leurs apprentissages.Elles incitent également les élèves en difficulté à aborder pluspositivement les activités scolaires. Ils se sentent, le plus souvent,valorisés par l’intérêt qui leur est marqué par des professionnelsreconnus : leur parole, leurs idées et leur travail sont pris en compte localement, voire régionalement.

Des caractéristiques communesÀ la lecture de ces actions, des points forts apparaissent.L’éducation aux médias, parce qu’elle traverse les disciplines,qu’elle s’appuie sur l’actualité et concerne tous les acteurs de la communauté éducative, est motivante et dynamisante pour les élèves et pour les enseignants. Utilisés souvent comme supports pédagogiques, les médias peuvent devenirobjets d’étude à part entière.D’une manière générale, l’éducation aux médias modifie le comportement des élèves, développe les compétencestransversales et facilite les apprentissages.

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Motivation et autonomieLes expériences que les professeurs décrivent, soulignent le plaisir, l’enthousiasme et la créativité des élèves lorsqu’ilsproduisent des émissions de radio, de télévision ou des journaux.L’éducation aux médias a l’avantage de ne pas être centréeuniquement sur l’analyse critique et théorique des émissionstélévisuelles, radiophoniques ou de la presse, elle offre aussi la possibilité aux élèves d’être dans une situation de producteurs.Quel que soit leur âge, les élèves saisissent concrètement le fonctionnement des médias et en comprennent les véritablesfinalités. Ils osent s’exprimer oralement, prendre des initiatives et s’engager dans des projets où chacun trouve sa place.Responsabilisés dans les tâches à accomplir, dans la prise encharge d’un matériel souvent fragile à manipuler, ils deviennentplus autonomes, se passent peu à peu de l’aide constante du professeur et exercent un pouvoir de décision sur tout ce qui se fait. Ils font aussi preuve de solidarité et d’entraide pour mener à bien un projet commun, améliorant les relationsavec leurs camarades et développant une attitude citoyenne.Les pairs sont perçus comme des personnes à convaincre, avec qui débattre sur le choix des sujets des émissions, des rubriquesdes journaux. Pour ce faire, il leur faut expliciter clairement leurs démarches. Un enseignant remarque : «En début d’annéeles enfants sont réticents, ils parlent peu, n’osent pas s’exprimerou donner leur opinion. Très vite, ils prennent l’habituded’exposer leur point de vue et essaient de donner des argumentspour convaincre.»La question du sens des activités liées aux médias est récurrentedans tous les écrits. L’éducation aux médias, en lien avec la pédagogie de projet, pousse les élèves à ne plus dépendreseulement du choix de l’adulte, mais à décider, à s’engager après avoir choisi, à se projeter dans le temps en planifiant leurs actions, à assumer des responsabilités, à être acteurs de leurs apprentissages en produisant quelque chose qui a du sens et une utilité. Des enseignants, d’ailleurs,remarquent que les enfants apprennent plus régulièrement leurs leçons et qu’il y a moins d’absentéisme dans les cours.

Des situations de communication valorisantesLe travail sur et avec les médias encourage la communication.Il incite les élèves timides en classe, participant peu pendant le reste du temps ou réfractaires au travail écrit, à se révéler.Un instituteur note : «Les images et les sons provoquent des réactions, amènent les enfants à s’exprimer plus librement :des connaissances ou des problèmes de compréhension sontexplicités, des connexions avec d’autres sujets sont établies.»Les médias, parce qu’ils font partie du paysage quotidien des élèves et qu’ils sont facilement accessibles, offrent la possibilité à tous de participer aux activités proposées.

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Même s’ils ont des difficultés pour lire ou s’exprimer,les élèves ne sont pas d’emblée placés en situation d’échec.Certains enseignants partent alors de la capacité de ces élèves à bien comprendre ce qu’ils voient pour remédier à leurs difficultés orales et écrites.Pour les plus grands, avoir à négocier avec d’autres chaque étapede l’écriture (d’un article de journal), chaque mot, chaque phrase,les conduit à se montrer plus habiles avec le langage et la langue,comme avec leurs camarades. En outre, le partage des activités en petits groupes favorise des rapports plus chaleureux entreles élèves.La qualité des productions s’améliorant au fil de l’année,les élèves développent leur confiance en eux, montrent plusd’assurance dans les activités et font preuve d’inventivité dansleurs productions. Se sentant reconnus, valorisés, pris au sérieux(notamment avec le soutien des professionnels), ils acquièrentune meilleure image d’eux-mêmes au sein de la classe, de l’école,du collège ou du lycée. L’envie de bien faire, pour les petits,et de faire comme les professionnels, pour les adolescents,est relevée par la majorité des enseignants qui soulignent le désir des élèves de s’investir rapidement et efficacement dans les activités de production proposées. Pour la plupart,leur rapport à l’école s’en trouve nettement amélioré.

Apprentissages, méthodes et compétencesLe travail rigoureux que nécessite la réalisation d’émissionstélévisuelles, radiophoniques ou de journaux structure les élèves.Ceux-ci s’approprient des techniques de lecture, desautomatismes qui les aident à se créer des méthodes de travailpersonnelles, réutilisables dans les autres apprentissages.Ils apprennent notamment «à appréhender un projet dans sa globalité, respecter des contraintes temporelles et donner des priorités en fonction de l’urgence et non des préférences.»Ces projets s’appuient souvent sur les TIC que les élèvesapprennent à maîtriser, notamment pour effectuer des rechercheset correspondre.Dans le cadre de l’analyse des médias, les enseignantsmentionnent un changement dans la recherche de l’information.Les élèves sélectionnent plus spontanément plusieurs sourcesd’informations pour un même sujet ; ils cherchent à savoir si le document consulté répond aux questions principales que l’on peut se poser : où ? quand ? pourquoi ? comment ? Ils cherchent également souvent à reconnaître et resituer les sources d’un document et deviennent conscients de la nécessité de respecter la propriété intellectuelle.Une autre remarque revient souvent à travers les récitsrassemblés ici : chez les élèves, la perception des images évoluedès qu’ils en saisissent les méthodes de fabrication, de montage.Pour les petits, un début de distance critique est amorcée qui

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les aide à «se déprendre émotionnellement des images».Pour les plus grands, comprendre que l’image n’est qu’unereprésentation de la réalité leur permet de former leur espritcritique face aux médias. Le questionnement sur les images,en particulier sur les images d’information dans lesquelles ils baignent depuis leur naissance, amène les élèves à prendre un certain recul face à la télévision.Néanmoins, les professeurs précisent que, si dans le cadre des activités, les élèves sont capables de faire preuve d’espritcritique, hors du contexte de l’action, ils ont parfois du mal à l’exercer. Des activités plus continues sur les médias les aideraient peut-être à acquérir un regard «raisonné».Par exemple, des professeurs des écoles remarquent que lesenfants, familiarisés très tôt avec la presse écrite, ont très vite une attitude de lecteurs : «Ils ouvrent journaux et magazines lors des temps libres, regardent et commentent les photos avec leurs camarades aussi facilement qu’un album.»Par ailleurs, les démarches actives proposées dans ces projetsdonnent aux jeunes l’occasion de rencontrer d’autresprofessionnels, de cotoyer d’autres personnes (chauffeurs de bus,taxis, etc.) et de se forger un esprit curieux et ouvert sur le monde. «L’ouverture culturelle progressive est suscitée par les projets autour des médias. En effet, en partant de leur culture souvent exclusivement télévisuelle, les élèves sont amenés à approcher une culture plus large.»En outre, les travaux sur l’actualité enrichissent la connaissanceque les enfants ont du monde contemporain, voire de l’histoire.Ces activités leur offrent des réponses aux très nombreusesquestions qu’ils se posent, lorsqu’ils n’ont pas osé les poser à la maison ou que l’entourage familial n’a pas su, pu ou voulurépondre à leurs interrogations.

De nouvelles postures pour les enseignantsL’éducation aux médias est très souvent menée à travers des projets. De ce fait, elle implique un travail collectif qui soudel’équipe pédagogique : les professeurs travaillent réellement en véritable concertation. Parfois, ils coaniment leurs cours,s’investissent en même temps dans la préparation d’une émission de radio ou de télévision. Ces préparationspeuvent bouleverser la structure traditionnelle de la classe :décloisonnement, travail en petits groupes permettent deséchanges plus fructueux avec les professeurs qui construisentavec leurs élèves une culture commune.Les enseignants engagés dans ces actions travaillent dans unegrande proximité avec les élèves : des relations plus chaleureusesse nouent entre les professeurs et entre professeurs et élèves.La parole est distribuée de manière différente, qui rompt avec le schéma classique interrogation /réponse, générateur de productions orales courtes.

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Les professeurs jouent le rôle de facilitateurs. Leur travail se situe davantage dans la recherche et la sélection de sites,de documents, la conception d’outils de travail, pour favoriserl’autonomie des élèves en action. Les enseignants servent de guide et de soutien. Néanmoins, la place de l’enseignant estparfois complexe ; il ne s’agit pas d’apporter des réponses toutesfaites, mais de susciter de la curiosité, des questionnements,d’aider les élèves à trouver des repères. La démarche peut êtrepérilleuse : les questions des élèves sont parfois déstabilisantes et l’enseignant n’a pas forcément de réponses !Les enseignants s’accordent tous à dire que l’éducation aux médias les incite à réfléchir sur leur pratique professionnelle.Elle leur fait découvrir, souvent avec l’aide de professionnels,le fonctionnement et les coulisses des médias. Cependant,tous unanimement déplorent leur manque de temps pour se concerter, se former, régler des problèmes matériels et donnerd’autres perspectives à leurs projets.Gageons que l’introduction, dans la nouvelle loi d’orientation,de l’éducation aux médias favorisera la mise en place etla pérennité de projets sur ce sujet, en permettant à tous de comprendre les importants enjeux de cette éducation dont les contenus renvoient si directement au monde dans lequelvivent et grandissent les enfants d’aujourd’hui. n

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Pistes de réflexion

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Nous désirons amener nos élèves à prendre conscience qu’uneimage est une représentation, une mise en scène ou une recons-truction de la réalité. Pour ce faire, nous consacrons des séances

à l’analyse des images de presse et de publicité. Les enfants décou-vrent ainsi les codes photographiques, les notions de plan, de cadrage,de composition, la dénotation et la connotation. La personnalité de chaque enseignant et le niveau des élèves concernés sont pris encompte. Chaque classe élabore son projet intégré dans une démarchecollective comprenant des ateliers et des activités communes par cycle.

Un projet collectifSi nos objectifs sont aujourd’hui clairs, cela n’a pas toujours été lecas. La première année, la plupart d’entre nous étaient de jeunesmaîtres qui connaissaient peu les différentes modalités pédago-giques susceptibles d’être mises en œuvre pour aborder les imagesdans la classe. La directrice, qui anime des stages de formation pourle Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information(Clemi) dans l’académie, soucieuse de donner une culture communeà l’équipe, a organisé de nombreuses réunions. Celles-ci ont permisde mieux définir et de guider l’action qui s’inscrit dans le cadre de«la maîtrise de la langue» et dans « l’éducation à la citoyenneté»grâce à une meilleure connaissance des médias écrits et téléviséset de leur rôle dans le quotidien. Confortés par les textes en vigueur,nous avons tous adhéré au projet qui s’étend aux onze classes del’école.

Images et sentimentsLes maîtres du cycle 2 ont choisi de travailler sur l’expression dessentiments dans les photos, la bande dessinée et les albums. Ils veulent lier l’apprentissage de la lecture aux activités de décryptagede l’image, en montrant la fonction de l’écrit et en rendant pertinentle rapport entre l’image et le texte.Dans les classes de CP, les magazines pour enfants sont des sup-ports privilégiés. Extraites du mensuel Blaireau, les histoires choi-sies parmi celles qui mettent en scène l’héroïne Alice –Alice rit, Alicepleure, Alice est en colère, Alice fait des grimaces, Alice a peur, Aliceest contente… – permettent aux enseignants de créer des situations

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

Favoriser la maîtrise des langages

Images, albums et presseÉ c o l e F r a n ç o i s - M i t t e r r a n d , S a i n t - J e a n - d e - l a - R u e l l eA c a d é m i e d ' O r l é a n s - T o u r s

Convaincus que, parmi les savoirs des élèves, beaucoup proviennentdes médias et que leurs références culturelles sont très liées aux images, les enseignants de cette école, située en zone d’éducationprioritaire, ont décidé de conduire une réflexion sur une éducation à l’image et, plus particulièrement, à l’image d’information. Le projet défini pour trois ans concerne les cycles 2 et 3.

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pédagogiques. Les élèves miment les expressions d’Alice, nous lesphotographions. Les photos font ensuite l’objet d’activités en artsplastiques : elles sont collées sur des fonds de couleur, chaque cou-leur représentant une expression.Ce travail sur les sentiments se poursuit avec des images publici-taires et des photos qui sont présentées aux élèves avec un cachene laissant voir que l’expression du visage des personnages. Cha-cun doit faire des hypothèses sur le sentiment exprimé et sur ce quipeut le susciter. Le cache découvert, les élèves sont invités à confir-mer ou infirmer leurs propos. Des productions écrites sur le thèmedu portrait sont associées à ces activités.Au CE2, les maîtres proposent de reconnaître différents types d’images tirées de supports divers : dessins, tableaux, photographies,schémas, cartes… Il s’agit de déterminer les sujets de ces images.Chaque élève expose son point de vue, en apprenant à écouter ettenir compte de celui des autres. Ainsi émettent-ils des hypothèsesen s’appuyant sur des indices pris dans l’image.

Des images d’actualité aux images truquéesLe travail des enseignants du cycle 3 porte en priorité sur les imagesd’information. Les activités qui se déclinent mettent en évidence lerôle et la fonction des photos dans la presse, la relation entre le texteet l’image, la manipulation et la modification des images.Un travail préalable sur l’étude de la presse écrite est mené. Dansun premier temps, les élèves découvrent la presse écrite et sa variété :presse d’information générale, presse spécialisée, presse technique…Ensuite, ils effectuent des tris (pour ce faire, les lots offerts lors dela Semaine de la presse sont très utiles), puis dégagent un certainnombre d’éléments caractéristiques de la presse écrite : le publicvisé, la périodicité, la mise en pages, en particulier.Deux fois par semaine, sont organisées des séances « lecture d’images» dans les classes de CM2. La première porte sur l’analysed’images trouvées dans les journaux du jour, la seconde sur la fabri-cation et la manipulation d’images.Les activités proposées dans le premier cas s’appuient sur une variétéd’exercices qui cherchent à montrer que, privée du texte ou d’unécrit, une photo peut tout dire ou ne rien dire, que derrière une photoil y a un photographe qui a choisi de montrer, selon son regard, unobjet, une scène, un événement. Ainsi, à partir de photos découpéesdans les journaux, des animations s’engagent sur la polysémie d’uneimage, les légendes, leur fonction… Une grille d’analyse de l’imageest remise aux élèves qui notent l’angle de prise de vue, le plan, lacomposition, les couleurs ; ils décrivent le décor, le lieu, les vêtementsdu ou des personnage(s), leur(s) attitude(s). Cette première étaped’analyse (ordre de la dénotation) est suivie de la rédaction dequelques lignes sur le sens que chaque élève attribue à l’image (ordrede la connotation).La manipulation et la fabrication d’images constituent une séquencequi s’inscrit en parallèle des activités précédentes. Les deux classes

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“ Observer les images,c’est avant tout, pour des élèves d’écoleprimaire, pouvoir les nommer, les différencier,les trier. Cette premièremanipulation est une étapenécessaire pour que les jeunes enfants saisissent correctement ce qu’est une image, sa spécificité matérielle et sa fonction. ”

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de CM2 sont réparties en trois groupes encadrés par leurs ensei-gnants et la directrice. Ces séances visent à faire prendre conscienceaux élèves qu’il est facile de truquer une image et qu’il faut restervigilant face à toutes celles que nous pouvons voir dans les journaux,les magazines ou à la télévision, que ce soit des publicités, des filmsou des documentaires.Les premiers trucages sont réalisés avec de la colle et des ciseaux. Ilsuffit de découper une image en bandes horizontales et de recons-tituer l’image selon différentes techniques, comme celles de l’éti-rement, de la contraction, de la torsion… Le Caméscope, l’appareilphoto numérique, l’ordinateur et son logiciel de retouche d’imagepermettent aux élèves de se familiariser avec les nouvelles techno-logies et d’affiner leurs trucages. n

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Le lycéen-citoyen et la télévisionL y c é e L é o n a r d - d e - V i n c i , C a l a i sA c a d é m i e d e L i l l e

L’objectif de cette équipe est d’amener les élèves de deux classes de seconde, option TSA Productique, à comprendre qu’une image se lit,s’observe et s’analyse, qu’elle est un objet fabriqué en vue d’unmessage donné. Dès lors, tous les professeurs s’emploient à faireacquérir à leurs élèves les outils nécessaires à cette lecture spécifiquepour les rendre actifs et libres face aux images, pour former leur espritcritique de futurs citoyens.

La première année, le professeur d’histoire, intéressé par le conceptde citoyenneté, propose au professeur de français d’élaborer unprojet commun autour de l’image nommé «Arrêt sur images» en

référence à l’émission télévisuelle du même nom. Outre les intérêtsdidactiques de la démarche, cette interdisciplinarité affichée per-met de souder l’équipe face aux élèves et surtout de leur montrerque des professeurs s’investissent pour des classes qui ont parfoisle sentiment d’être délaissées.

Éducation à l’image et à la citoyennetéBien que les adolescents passent en moyenne trois heures par jourdevant un écran de télévision (estimation confirmée par un sondageréalisé par nos soins en début d’expérience), l’éducation à l’imageest peu présente dans notre enseignement traditionnel car l’ana-lyse de l’image télévisée passe difficilement à travers les mailles cloisonnées de nos disciplines. Mais ces dernières années, le rôle etla construction de l’image sont largement abordés : l’image délivreun message, elle est fabriquée, parfois manipulée à l’insu du spec-tateur. L’émission Arrêt sur images revient souvent sur les risqueset parfois l’ampleur de ces «manipulations».Parallèlement à cetteprise de conscience, la formation à la citoyenneté est devenue une

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préoccupation majeure de l’Éducation nationale : comment édu-quer concrètement et de manière intéressante à la citoyenneté ?Comment rendre responsable le futur citoyen dans une sociétédémocratique ? Ces deux questions nous ont donné l’idée d’utiliserla télévision pour éduquer à la citoyenneté, en dotant les élèves d’outils nécessaires leur permettant d’avoir une attitude plus activeface aux images. L’image se construit et se lit comme un texte ; or,si l’explication de textes est au programme de nos lycées depuis detrès nombreuses années, la lecture d’images, elle, cherche encore saplace. Pour relier les apprentissages scolaires à leur vie quotidienne,nous décidons d’intéresser les élèves aux actualités, de centrer notreétude sur l’image de reportage et, pour élargir notre approche, surla déontologie journalistique en général.

Un travail d’équipeCet élargissement nous a permis d’intégrer les méthodes de travailcommunes de l’historien, du géographe et du professeur de lettressur le sens critique à développer face au document. Cet enseigne-ment trop souvent théorique et scolaire y a trouvé une applicationpratique et quotidienne : non seulement les élèves se sont inter-rogés sur les sources des journalistes, mais surtout ils se sont rendu compte du traitement opéré pour parvenir jusqu’aux yeuxdu téléspectateur-citoyen. Aussi nous est-il apparu nécessaire defaire le point sur les notions de philosophie aussi essentielles quela « vérité » et la « réalité ». Un collègue de philosophie nous ad’ailleurs apporté son concours et son expérience. Notre projet s’estalors porté plus particulièrement sur l’image dans l’informationjournalistique.Des réunions hebdomadaires de l’équipe ont défini la mise en placedu calendrier des séances avec les élèves, la réalisation et la critiquede ces dernières.

Quatre séances sur l’utilisation des images d’informationNotre étude a fait l’objet de quatre séances. Au cours de la première,les élèves ont été conduits à repenser leurs pratiques télévisuelles,à l’aide de questionnaires d’observation. Ces questionnaires portentsur le temps hebdomadaire passé devant la télévision (observationpendant une semaine à la maison, étude et analyse des résultats)et sur l’analyse a priori d’une séquence d’images, avant toute expli-cation technique de notre part.La deuxième séance a amené les élèves à réfléchir sur le fait que touteimage n’est pas le «pur» reflet de la «réalité», mais un documentconstruit la plupart du temps pour démontrer une thèse, illustrer uneopinion. Des reportages sont présentés aux élèves qui comparentun même reportage commenté et accompagné de musiques diffé-rentes, puis deux montages contradictoires sur un même sujet. Ainsise rendent-ils compte que certains éléments modifiés changentla tonalité d’un reportage. Ensuite, les élèves réalisent par groupeune séquence à partir d’images muettes en y ajoutant soit un

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“ Le hiatus entre l’image et la réalitéest une problématique quiapparaît très rapidementdans tout travail concernantles images: le soncomme le montage peuventchanger la tonalité d’un reportage. ”

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commentaire laudatif, soit un commentaire péjoratif, soit un com-mentaire neutre.Au cours de la troisième séance, les élèves vont prendre consciencedes pressions qui peuvent s’exercer sur un journaliste. Les consé-quences de la course à l’audience, de la recherche du sensationnel,des pressions du champ journalistique, des pressions politiques, maisaussi de la déontologie du journaliste leur sont présentées. Ensuite,en groupe, ils comparent et analysent plusieurs journaux téléviséset écrits. Pour ce faire, ils observent le journal télévisé de la veille (quiTF1, qui France 2) à l’aide d’une grille sur laquelle ils reportent le thèmede l’information, la présence ou non d’images, la durée de ces der-nières. Deux heures sont consacrées à cette analyse, puis une heurepour la mise en commun des déductions tirées de ces analyses.Enfin, la quatrième séance, menée dans une seule classe, s’attacheà saisir l’impact de la télévision sur la politique en général et sur ladémocratie en particulier. L’accent est mis sur certains aspects dela «politique spectacle» imposée par les contraintes techniques des«plateaux télé» et sur la prise de position politique de certains médias.Le rôle positif de la télévision pour la démocratie est aussi évoquépour faire le contrepoids. Les élèves tentent ensuite d’analyser desreportages sur des sujets politiques.

Des compétences transférées dans les disciplinesBien que nous n’ayons pas formellement évalué les élèves, nousavons noté qu’ils ont acquis avec enthousiasme des savoirs qu’ilsréinvestissent soit dans le cadre de l’action soit dans d’autres disciplines. Par exemple, nous avons pu remarquer que la notion degros plan abordée dans de nombreuses séquences a été acquise. Eneffet, nous avons diffusé un reportage utilisant le gros plan de façonabusive. Les élèves l’ont tout de suite repéré et analysé dans lecontexte.Par ailleurs, nous avons constaté qu'ils intégraient, dansl’analyse de texte en français et de documents en histoire et géo-graphie, les méthodes utilisées au cours des séances consacrées àl’étude des images. Nous avons ainsi mis en avant le parallèle entrel’analyse de texte et celle de l’image qui s’appuient toutes deux surl’étude des techniques utilisées pour les fabriquer et sur leur inter-prétation. Un élève qui prend conscience de ce parallèle sera moinseffrayé par le support texte qui lui est souvent difficile d’accès parcequ’il fait moins partie de sa culture. L’étude de l’image peut ainsifavoriser la lecture de textes. n

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“ Les méthodes acquises pour l’étude des images sont facilementréinvesties pour la lecturedes textes. ”

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Cette éducation à l’image, ancrée dans des situations concrètes, apour objectif, dans deux disciplines, français et arts plastiques,de faire saisir aux élèves la différence entre l’image et la réalité.

Passer de l’objet que l’on peut regarder, toucher et sentir à l’idéed’une représentation permet une expérience révélatrice de cet écartet amène à formuler un début de questionnement face aux imagesauxquelles les élèves sont confrontés.

Français et arts plastiques : deux disciplines face à l’imageCe travail en collaboration a fait apparaître que les deux disciplinesne sont pas «étanches». Malgré une approche différente de l’imageen français (analyse, description) et en arts plastiques (réalisation,analyse des productions), les moyens utilisés dans chaque disciplinese sont rejoints. Le professeur de français a fait dessiner les élèveset le professeur d’arts plastiques les a fait écrire sur les images. Lesenseignants ont ensuite élaboré une programmation commune surl’écart entre le réel et sa représentation, ainsi que sur les codes del’image et de la photographie.Le professeur de français a mis l’accent sur l’interaction entre le texteet les images. Cette approche fait reconnaître aux élèves les formesde discours que les images induisent (narrative, descriptive, argu-mentative…). Il a travaillé plus spécifiquement sur l’analyse detableaux, sur les codes visuels et sonores de la météo, sur l’obser-vation de publicités découpées dans les journaux et sur l’étude etla réalisation de logos. Il a aussi abordé la photographie et l’imagede presse (composition et symbolique).Le professeur d’arts plastiques, quant à lui, a insisté sur l’idée que,quand on aborde un travail sur l’image, on est d’emblée confrontéau problème qu’une image, même si elle est conçue pour être vue,cherche à se faire oublier. Elle désigne, montre quelque chose avecforce mais ne se désigne pas comme image. D’ailleurs, les imagesratées sont souvent celles dont on voit les ficelles sans que cela soitvoulu. Pour les élèves de sixième qui entrent dans l’image sans s’enrendre compte, l’enjeu est de taille.

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Textes, images et photo-reportagesC o l l è g e J e a n - M o u l i n , R e v i n

A c a d é m i e d e R e i m sDans ce collège classé en zone d’éducation prioritaire, l’éducation

à l’image est au centre du projet d’établissement : « Le triptyquetraditionnel – lire, écrire, compter – ne suffit plus pour appréhender

le monde contemporain, il faut y adjoindre l’éducation à l’image. Celle-ci s’impose aussi bien comme outil pédagogique que comme

objet d’étude et d’enseignement. » C’est ainsi qu’a été introduite pourtoutes les classes de 6e une heure hebdomadaire d’éducation à l’image,

notamment dans un projet qui associe français et arts plastiques.

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Voir ce qui cherche à être invisibleL’enseignant d’arts plastiques a sérié six expériences pour faire toucher du doigt aux élèves la complexité de l’image. Dans la pre-mière expérience, il s’agit de rendre visible une image. Les élèvess’interrogent sur les lieux où se trouvent les images, sur la manièredont elles sont réalisées (matériaux, cadres). Les jeunes décriventprécisément et repèrent les points d’entrée de l’image. Le profes-seur définit ensuite avec ses élèves trois questions essentielles à se poser face à une image : qu’est-ce qui est représenté ? Commentest-ce représenté ? Et dans quel but est-ce représenté ?Pour comprendre qu’une image n’est pas la réalité, les élèves comparent, dans la deuxième expérience, leur main et la photocopiede leur main, un pinceau mouillé et la photocopie d’un pinceau afind'appréhender les limites de l’image qui ne peut traduire toutes lesperceptions visuelles, tactiles ou olfactives (chaud /froid, mouillé /sec,etc.). Peu à peu, les élèves définissent les caractéristiques de l’image :la «bidimensionnalité», le grain, le format, le rapport d’échelle, l’anglede vue, le plan, la perspective, la composition. À cette étape, les élèvesont des difficultés à établir la différence entre l’objet et sa repré-sentation et à parler de la perception des choses.Dans le troisième temps, les élèves dessinent à travers un cadredéfini ce qu’ils voient de la place où ils sont assis et comparent leursproductions afin de mieux observer les différents points de vue, leurpropre rapport à l’espace et à la distance de l’objet à dessiner (planlarge, plan rapproché). Ils saisissent ainsi que cadrer, c’est faire entrermais aussi laisser dehors.La quatrième expérience met l’accent sur l’interprétation de l’image :une image parce qu’elle est réaliste est-elle objective ? Un question-naire sur une image est présenté aux élèves qui y répondent indivi-duellement, puis en petits groupes et rédigent une fiche commune. Sides désaccords s’expriment, ils doivent argumenter leurs assertions.Un débat s’ensuit avec l’enseignant. Cet exercice pose le problèmede l’objectivité et de la subjectivité de l’interprétation. À cette occa-sion, on remarque que les élèves ont tendance à projeter des situa-tions dramatiques et des situations dérivées des images télévisuellessur l’image étudiée.Des intentions se cachent-elles derrière les images? Telle est la ques-tion centrale posée dans la cinquième expérience. À partir de l’imagepublicitaire d’un pot de compote de pommes, les élèves découvrentl’intérêt de mettre des images sur les produits. Ils analysent des publi-cités pour en comprendre les mécanismes : faire valoir, provoquerun choc visuel dans un contexte de rapidité de communication etparfois manipuler le consommateur.Malgré leur regard critique face à la publicité, les élèves de sixièmeont du mal à comprendre tous les rouages de la communication età entrer dans les intentions du publiciste. Pour évaluer leurs acquis,les élèves sont invités à analyser une publicité où sont représentésune imprimante et un petit garçon. Si tous les élèves n’ont pas établi le rapport entre l’image et le produit vendu, l’ensemble a saisi

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“ Grâce à des exercicesconcrets sur le cadrage, le rapport d’échelle, etc., les élèves saisissent les limites de l’imagecomme témoignageobjectif. ”

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l’enjeu et a su réutiliser les acquis concernant l’écart entre le réel etsa représentation.Étape finale : les élèves montent un photo-reportage sur les coulissesdu collège. Cette activité va être l’occasion d’identifier les diffé-rentes phases du processus. En amont, un travail sur la rédaction desquestions à poser a été mené pour que les réponses soient dévelop-pées et intéressantes pour le lecteur. Ensuite, par petits groupes, lesélèves interviewent et photographient des personnes du collège aux-quelles ils n’ont pas affaire au quotidien : infirmière, secrétaire duproviseur, concierge, etc. Les photos prises sont projetées sur un écranpour repérer les éléments qui peuvent gêner la lecture de l’image(contre-jour, poubelle au premier plan, manque de lumière, etc.).

Perspectives : de l’observation collectiveà la réflexion personnelleDans ces différentes expériences, pour que l’éducation à l’image serévèle positive, il est préférable de prendre appui le plus possible surdes recherches personnelles. Ainsi, lors d’une séance sur le cadrage,il est utile, après avoir sélectionné une partie d’une image, de laisser un temps de réflexion et de faire formuler, par écrit, toutesles hypothèses d’interprétation. Cela permet ensuite de mettre en commun les avis et de créer un échange, plaçant tour à tour les élèves dans la position d’émetteurs, puis de récepteurs, les obligeantà revoir souvent leur point de vue en entendant les hypothèses toutaussi pertinentes des autres élèves. Lorsque le document completest distribué, la confrontation amène une analyse des erreurs et sur-tout des causes de celles-ci.De même, lors d’un travail sur l’image publicitaire, chaque élèveapporte une représentation découpée dans le journal. En classe,chaque document est regardé, puis analysé afin de faire prendre conscience de la complexité du travail du publicitaire et qu’avant d’aboutir à la sélection finale, de nombreuses recherches et de nom-breux essais sont nécessaires.Toute cette réflexion permet, progressivement, de créer une distan-ciation face aux images pour des élèves qui en sont des consomma-teurs trop passifs. Ceux-ci sont, dès lors, plus à même de réutiliserdans d’autres matières les démarches, les outils qu’ils ont créés faceà un document à analyser, pour que l’image leur «parle». n

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“ Des échanges qui amènent les élèves à nuancer leur opinion. ”

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Les élèves de troisième découvrent les caricatures dans les journauxproposés, notamment dans Le Canard enchaîné et Charlie Hebdo.Nous désirons leur faire acquérir une méthodologie permettant

d’étudier ces dessins, de plus en plus présents dans les sujets dubrevet et du baccalauréat, de travailler sur des sujets d’actualité etsur les médias (programme d’éducation civique de troisième).L’expérience débute par la présentation aux élèves des différentsjournaux utilisés, elle se poursuit par une analyse méthodologiquedes caricatures, puis par l’étude, en groupes, de plusieurs d’entreelles. Le travail se termine par la présentation orale des analyses dechaque groupe. La production finale est la réalisation de panneauxd’affichage à l’aide des différentes études. À l’issue de cette activité,les élèves sont évalués par groupe sur le contenu de leur travail etsur leur présentation orale.

Pourquoi centrer le travail sur le dessin de presse ?Entendant régulièrement les affirmations suivantes : « le XXe siècleest le siècle de l’image», « l’utilisation de l’image a été l’objet desplus grandes manipulations : télévisions, photos de journaux, publi-cités…», « la lecture de l'image est évidente», il apparaît essentielqu’à l’issue de leur passage au collège, les élèves aient une idée plus précise de ce qu’est un dessin de presse, qu’ils soient capablesde le lire. Le sens d'un dessin est donné par un faisceau d'indicesqu'il faut d'abord identifier correctement. Le contresens est souventle résultat d'une interprétation hâtive. L’objectif de ces séquencesest de permettre aux élèves d’identifier tous les éléments porteursde sens (y compris de sens de l'humour !) dans un dessin de presse,d’être capable de repérer les références extérieures indispensablesà la compréhension du dessin (événements d’actualité, personnagehistorique...) et de savoir faire la synthèse de ces éléments pour encomprendre le sens.À l'issue de cette étude, les élèves se rendent compte que, pour apprécier le sel d’un dessin d'actualité, il est nécessaire de disposerde références. Quatre séquences d’une heure sont consacrées à cetravail axé sur la grille d’analyse (deux heures), sur les premièresconclusions (une heure) et sur la place du dessin dans la page (uneheure).

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Le dessin de presse, support et objet d'étudeC o l l è g e P i l â t r e - d u - R o z i e r , A r s - s u r - M o s e l l eA c a d é m i e d e N a n c y - M e t z

Dans le cadre de la Semaine de la presse et à l'occasion de l’implantation d’un kiosque à journaux, des projets disciplinaires et transdisciplinaires sont mis en œuvre par des équipes pédagogiquesde ce collège. L'objectif est de conduire les élèves à devenir des lecteursactifs et critiques de la presse écrite, à s’approprier une méthodologieet des outils d’analyse. En classe de 3e, un professeur d’histoire et géographie s’intéresse plus particulièrement aux dessins de presse.

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Une grille d’analyse pour guider le travailCette grille est un cadre : les élèves ne sont pas obligés, pour chaquedessin de presse, de répondre à toutes les question. Après avoir choisi un dessin de presse, ils répondent par deux aux questions aubrouillon.Sur les personnages : s'agit-il d'un portrait ? D'un portrait de groupe ?D'une foule ? Dans les derniers cas, un personnage est-il mis en valeur ?Quels sont les éléments du dessin qui permettent de reconnaître lafonction du personnage, le pays, etc.Les regards et les gestes : sont-ils dirigés vers un personnage ou unobjet contenu dans le champ du dessin ? Sont-ils dirigés hors duchamp du dessin ? Sont-ils dirigés vers celui qui regarde le dessin ?Les objets : énumérez ceux que vous voyez. Jouent-ils un rôle essen-tiel ? Jouent-ils un rôle secondaire ? L'un d'eux domine-t-il nettement ?Lequel ?Le décor : est-il extérieur ? Intérieur ? S'agit-il d'un paysage naturel ?Urbain ? Est-il réaliste ? Est-il stylisé ? Est-il suggéré ? Est-il inexistant ?Joue-t-il un rôle secondaire ? Un rôle essentiel ?Chaque binôme présente oralement à toute la classe le dessin choisi,en reprenant les différentes questions, puis propose un tableau (les autres élèves écoutent et peuvent intervenir pour poser desquestions, proposer une analyse…). Je corrige, complète éventuelle-ment et la correction du tableau devient la trace écrite pour tous lesélèves.Les élèves s’aperçoivent rapidement que leur première analyse esttrès souvent incomplète et que finalement, « il y a beaucoup de choses à dire sur un dessin de presse», «que tout n’apparaît pas dupremier coup d’œil»…

Typologie et définitionsTrès vite, les élèves comprennent que, dans le dessin de presse, onutilise différents procédés. Je leur demande de retrouver le procédéutilisé par l’auteur pour le dessin de presse qu’ils ont choisi.Ce travail permet de définir la caricature (déformation exagérée destraits d'un personnage connu mais rapidement identifiable par lepublic) et de distinguer trois procédés : l’amplification, la simplifi-cation, la zoomorphologie.Cette analyse conduit également à découvrir, sinon des procédés,du moins leur nom : le paradoxe, la provocation, la répétition,l’ironie… Les élèves font le lien immédiatement avec certaines émis-sions de télévision !

La place du dessin dans la pageIl est important de montrer aux élèves que, pour évaluer le véritablerôle du dessin de presse, il faut le resituer dans le contexte de l'article où il est inséré, puis dans celui de toute la page du journaloù il apparaît. C’est pourquoi, à partir d’un exemple, les élèves doivent décrire précisément ce qui entoure le dessin : titres, sous-titres, légende, «chapeau» en gras, textes en colonnes, etc.

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“ Parmi toutes lesformes d’images abordées, le dessin de presse tient une place particulière dans la présentation d’une information. Pour éviter les contresens, il faut identifier un faisceaud’indices que l’on doitdécrypter pour en dégager le sens. ”

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Deux autres questions leur sont posées : quelle est la surface occupéepar le dessin par rapport à celle de la page ? Est-il en concurrence(en opposition, en comparaison) avec d'autres dessins ? Chaquebinôme répond aux questions précédentes au brouillon et présenteensuite aux autres élèves oralement ses réponses.En conclusion, est posée aux élèves la question suivante : quels sontles rôles du dessin de presse ? Les élèves répondent assez facilementque ses rôles sont d’accrocher le lecteur, d’aérer la page ou de répé-ter ce que dit un article.Quels sont donc les qualités et les défauts d'un dessin de presse ? Il faut alors définir ce qu'on appelle le coefficient d'iconicité (la den-sité des informations apportées par le dessin depuis la fonction de« bouche-trou » jusqu'au statut d'information à part entière) quipeut être fort, faible ou nul.

Le dessin de presse : un support motivant et accessibleLa pratique et l’étude des médias dans l’enseignement de l’histoireet de la géographie présentent un grand intérêt et les programmesinsistent sur ce fait. En effet, l’actualité offre l’opportunité de fairecomprendre à des jeunes, en s’appuyant sur des questions qui lespréoccupent, le sens de l’enseignement de ces deux matières. Cepen-dant, ce traitement « à chaud », de l’événement véhiculé par lesmédias est parfois délicat à aborder pour les enseignants. Le dessinde presse est sans doute ressenti par les élèves comme plus acces-sible a priori que de longs textes parce qu’ils croient (évidemmentà tort et c’est tout le travail de l’enseignant de les mettre en garde)qu’il donne toutes les informations du premier coup d’œil.

Des élèves sensibilisés à la pluralité de l'informationCe travail a trouvé un écho dans les semaines qui ont suivi, dans lamesure où dans le cadre de cours, de devoirs et même d’un brevetblanc, des études de dessins de presse ont été proposées aux élèves.Ces dessins concernaient moins l’actualité, mais ils ont permis demesurer si la méthodologie avait été assimilée.Cette étude du dessin de presse, inscrite dans différentes expériencesmenées autour du kiosque, s’est révélée positive non seulement pourla discipline concernée mais également pour le travail des élèves.Notre objectif commun qui était de faire de nos élèves des lecteursactifs de la presse écrite semble partiellement atteint. Ils sont, grâceà toutes les actions menées, au moins familiarisés avec l’organisa-tion d’un journal, les différents types d’écrits journalistiques, le lexiquede la presse, que ce soit en français ou en anglais, et les dessins sati-riques. Sans aller jusqu’à dire que ce travail a complètement changéle regard et la parole des élèves sur l’actualité, nous pouvons avan-cer qu’ils sont devenus plus autonomes devant l’information, ontpris conscience de la diversité des publications et des informationsqu’elles contiennent. n

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Ce projet vise l’amélioration des compétences langagières desenfants, leur autonomie et le transfert de certains acquis. Uneréflexion sur l’oral, déjà engagée aux niveaux national et dépar-

temental, nous a incités à orienter notre réflexion vers l’étude desréseaux de communication au sein des classes de l’école et vers unerecherche axée sur l’interview et l’argumentation dans les débatsd’idées. Parallèlement, le formateur TICE de l’antenne de Troyes del’IUFM de Reims, nous propose d’implanter un JT dans l’établisse-ment, nous offrant la logistique et le soutien technique.Cette initiative nous donne ainsi l’opportunité d’enraciner notreapproche de l’enseignement de l’oral dans des situations motivantespour les élèves.

Un journal télévisé : un objet d’apprentissage ?La mise en place d’un JT dans le cadre scolaire peut-elle permettreaux élèves d’acquérir des compétences langagières dans les diffé-rents registres de la langue orale ? Les prises de parole et les réseauxd’échanges et de communication mis en œuvre dans les classes s’entrouvent-ils modifiés ? Nous avons tenté de mettre en place des obser-vations et des expérimentations pour répondre à ces questions.Nous nous sommes également attachés à observer les modifica-tions du comportement de certains élèves en difficulté produitespar le projet, de même nous avons recherché l’importance du trans-fert de compétence.Nous avons étudié les différents modes de communication en débutd’année au sein de la classe qui pilotait le journal télévisé, puis nousavons réalisé une étude plus fine lors d’une situation de débat danscette même classe afin de mesurer les progrès des élèves. Nous avonsalors identifié les compétences acquises tout au long de ce projet.

Tous pour un… journalTous les élèves du cycle 3 sont impliqués dans la réalisation du JT.Les enseignants des autres cycles sont invités à fournir des docu-ments en fonction des opportunités qu’ils rencontrent.Une classe de CM2 prend en charge la réalisation du journal sur l’année (conception, élaboration du « conducteur », animation pla-teau, équipe de prises de vues, réalisation technique…). Chaque classe(CE2, CM1, CM2) sélectionne les images, écrit les commentaires,s’occupe du montage de son reportage. Les sujets abordés touchent

L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

F a v o r i s e r l a m a î t r i s e d e s l a n g a g e s

Un journal télévisé pour prendre la paroleÉ c o l e P a u l - B e r t , T r o y e s

A c a d é m i e d e R e i m sLa réalisation d’un journal télévisé (JT) s’inscrit dans le projet d’école

et concerne plus particulièrement le cycle 3. Il s’agit de produire un JT,du montage au tournage, et de le diffuser le même jour dans toutes

les classes, ce qui permet de susciter débats et commentaires ainsi que d’évaluer le travail fourni par les journalistes en herbe.

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essentiellement à la vie de l’école. Les élèves se sentent ainsi concer-nés par les problèmes évoqués et s’investissent très fortement dansle projet.Le JT est le pivot de toutes les actions pédagogiques de l’école, il fédèreles projets, oblige à mener à bien les tâches entreprises dans la mesureoù il y a communication aux autres classes, aux parents qui viennenty assister en direct. Les élèves ont un souci permanent de clarté, deprécision pour se faire comprendre et divulguer leur message.L’évaluation de chaque JT est immédiate : des «témoins» du CM2maître d’œuvre sont présents dans les différentes classes etrecueillent les impressions de leurs camarades et des parents pré-sents. Ces retours donneront lieu ensuite à des discussions et desdébats pour améliorer ou conserver certains aspects.

Partir des représentations des élèves pour initierun regard critiqueNous avons réalisé un questionnaire portant sur les habitudes audio-visuelles des élèves, afin de mieux cerner les pratiques et les repré-sentations des enfants. Il ressort de cette étude que les élèvespassent en général beaucoup de temps devant le petit écran, qu’ilsregardent essentiellement des fictions, qu’ils pensent que les imagesdiffusées lors des JT nationaux «disent la vérité» : ils n’ont conscienceni du travail de montage, ni de l’intention donnée aux commentai-res, ni de l’importance de la musique ou des choix de prises de vues.Il nous a semblé alors capital d’orienter le travail vers une réflexionsur l’image, indépendamment des objectifs ciblés pour développerle langage oral. Rendre les enfants plus critiques face aux messagesvisuels participe également de la construction de la citoyenneté.

Une action soutenue par des enseignantset des formateurs actifsCette action nécessite la participation de tous les enseignants etdes aides-éducateurs. Elle ne pourrait exister sans la collaborationdu formateur audiovisuel de l’antenne de Troyes qui pilote le projet.Le service audiovisuel du Centre départemental de documentationpédagogique (CDDP) est également associé à notre entreprise. Troisenseignants ont suivi un stage de formation continue en audiovi-suel pour se perfectionner.À l’issue de cette formation, d’autres perspectives se sont ouvertes :imaginer un commentaire sur des images imposées, puis comparerles différents résultats obtenus dans les groupes, montrer une mêmefiction avec une musique qui change en fonction de l’intentionvoulue, etc.

Des conditions matérielles adéquatesLe JT est réalisé toutes les cinq ou six semaines, sa durée est limitée àtrente minutes. L’école dispose déjà d’un équipement audiovisuel per-mettant les prises de vues,tout le matériel de direct est prêté par l’IUFMet le CDDP. Un studio est aménagé dans une salle de l’établissement.

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“ La réalisation d’un JTamène les élèves à observer,à analyser, à débattre:autant d’activités quiparticipent à la maîtrise des langages. ”

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“ La réalisation d’un JT, outre l’intérêt de l’expérience d’uneproduction, offre le bénéficed’un exercice de la languefrançaise sous l’angle de la communication et de la connaissance. ”

Pour diffuser le journal en direct dans toutes les classes, le câblagede l’école a été nécessaire. Chaque classe est équipée d’un télévi-seur. Le circuit interne permet d’utiliser les techniques audiovisuellespour communiquer entre les classes. Une classe a d’ailleurs choisice moyen pour faire partager un exposé sur l’astronomie aux autresélèves. L’équipe pédagogique s’interroge sur les nouvelles perspec-tives de travail induites par l’utilisation du réseau interne.

Les élèves s’expriment et se responsabilisentIl s’agit d’amener les élèves à prendre la parole dans des situationsde communication réelles, de donner du sens à ces prises de paroleet de rechercher l’adaptation de la langue à la situation de commu-nication visée. La langue est abordée du double point de vue de la communication et de la connaissance. Le travail des différents genres oraux a incité les élèves à multiplier les situations. Les momentsde production alternent avec ceux de structuration.Cette expérience rompt avec la prépondérance du discours de l’en-seignant et avec le schéma classique de communication de nombreuxdialogues scolaires du type : interrogation /réponse, générateurs deproductions orales courtes.Le JT permet de tisser des liens étroits entre l’écrit et l’oral, il se situeentre un oral spontané et un écrit oralisé. Les images peuvent êtrecommentées en direct avec un texte en support, les animateurslancent leurs reportages ou débats en n’ayant qu’une trame etdoivent improviser, comme les animateurs de débats sur le plateau.Cette pratique entraîne la maîtrise des outils langagiers et le trans-fert de ces compétences dans la situation de direct.L’un des objectifs vise également l’autonomie des élèves et leurresponsabilisation face aux tâches qui leur sont confiées. Nous cons-tatons que des élèves considérés en échec dans le maniement de lalangue se sont investis, ont pris la parole en direct et ont progressédans leur capacité linguistique.Nous avons noté également des modifications de comportementdans leur perception de l’école. D’une attitude de détachement, voired’opposition, ils sont passés progressivement à une participationactive et à une implication forte dans le projet. La confiance donnéeà ces élèves (matériel délicat confié, responsabilité de l’envoi desreportages lors du direct, la prise de vues, le filmage en direct, etc.),leur a progressivement fait accepter le travail plus traditionnel desautres disciplines.

Construire une émission : des représentationsà l’évaluationLes élèves travaillent d’abord sur leur représentation du projet. Unedeuxième approche met en évidence les savoirs des élèves, la prisede conscience de leurs difficultés et leurs propositions pour appor-ter des solutions aux problèmes posés. Des ateliers spécifiques sontmis en place en fonction des besoins du journal. La production finaleest la réalisation d’un journal télévisé. L’évaluation est faite après

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chaque journal. Les élèves évaluent les écarts et les convergencesentre le projet initial et la production finale. Ils réfléchissent sur lapertinence des genres oraux qu’ils ont choisis par rapport aux situa-tions retenues.Lors d’une seconde étape, une évaluation plus spécifique du débatest mise en place pour mesurer les progrès de chaque élève de laclasse de CM2 concernant la prise de parole, l’argumentation et laplace qu’il occupe dans le débat.

De nouveaux modes de communicationLors des échanges pendant le montage, la réalisation et l’évaluationdu JT, les critères d’observation retenus sont d’abord la fréquencedes prises de parole, puis le type d’intervention. Nos observationsnous conduisent à distinguer trois groupes : les meneurs, les élèvesqui participent un peu et les élèves qui ne participent pas.Le premier groupe constitue un cinquième de la classe. Les élèvesde ce groupe n’hésitent pas à interrompre, argumenter, parfoisrelancer le débat ou résumer les propos des autres en les expliquant.Ils utilisent un langage approprié et élaboré. Les élèves du deuxièmegroupe constituent un tiers de la classe : ils interviennent de tempsen temps, suivent le débat, demandent la parole et attendent d’êtreinterrogés. Dans le troisième groupe (un peu moins de la moitié dela classe), les enfants ne participent pas au débat, se contententd’écouter sans jamais donner leur avis.Si l’on compare ces constats avec ceux de fin d’année, on observequelques différences. Les meneurs ont conservé leur place tandisque le tiers de la classe s’est étoffé : sept élèves ont participé de façonactive au débat, mais toujours en ayant un mode d’interventionréglé. Dans le troisième groupe, deux élèves en difficulté se risquentà prendre la parole pour donner leur avis en ébauchant un débutd’argumentation. Trois élèves ne participent toujours pas.Lors du travail de discussion en petits groupes, on a constaté queles prises de parole étaient plus nombreuses. Le groupe était hété-rogène : les prises de parole pour un tiers se limitent à quelquesrelances et à s’éloigner de la tâche. Les interventions se situent dansle domaine de la répétition des paroles des autres, d’acquiescementsou de conseils.Cette analyse permet de mettre en évidence le rôle et l’impact desdébats organisés tout au long de l’année pour réaliser le journaltélévisé. Les enfants ont modifié leur rapport au langage, certainsse sont affirmés, osent donner un avis. Pour d’autres, les progrès sesituent au niveau de la qualité du discours. n

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“ Les situations de communication réellesengendrées par le JTstimulent la prise de parolesous des formes variées:répétition, relance, conseil…Les personnalitéss’affirment ou s’émancipentau service d’un discours de meilleure qualité. ”

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L’expérience menée depuis deux ans concerne une classe de CM2de trente élèves. Pour les enseignants, cette action trouve sa placedans les programmes de l’école primaire.

Trois axes d’étude pour apprendre grâce à la télévisionLes enfants sont mis très tôt en présence d’un grand nombre d’images. Il devient donc indispensable de les préparer à gérer cetteabondance. Il est demandé aux enseignants de leur faire percevoirl’image non plus en fonction de leur seule sensibilité, mais de lesamener à porter un regard critique, de les exercer à faire des choix.Au cycle des approfondissements, les programmes précisent qu’ils’agit de donner aux élèves la capacité de mieux comprendre la cons-truction de l’espace et du temps, de développer des outils d’analyse,d’exercer leur esprit critique en liaison avec les autres domaines disciplinaires.Nous avons donc privilégié trois axes d’étude sur la télévision visantà développer : des compétences d’ordre disciplinaire, dans les pra-tiques orales et écrites de la langue ; des compétences transversales,dans les domaines du traitement de l’information, de la constructiondes concepts fondamentaux d’espace et de temps ; de l’éducationà la citoyenneté.Il importait, en travaillant plus particulièrement sur les images desjournaux télévisés, de familiariser les élèves à une lecture analytiqueet critique du message télévisé pour leur faire comprendre commentla télévision reconstruit le réel. Il s’agissait également de susciterleur intérêt pour l’actualité et de définir leur liberté de choix face àl’information.

Des activités motivantes et structurantesLa mise en œuvre annuelle de ce travail s’est faite en classe entièreou en ateliers autour de quatre types d’activités.Par l’écoute et le décryptage d’un produit télévisé d’actualité court(reportage, extrait du JT, publicité), certaines compétences sont acquises : savoir décrire l’image, repérer un plan, connaître l’échelledes plans, reconstruire le temps et l’espace, différencier le son in etle son off et comprendre les effets produits par les couleurs, les prisesde vues, les mouvements de caméra, le son et le rôle des textes écrits.Cette phase de décryptage favorise les échanges verbaux dans la

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Une étude de l’actualité au cycle 3É c o l e É m i l e - B a r r è s , L e C r è s

A c a d é m i e d e M o n t p e l l i e rSi, au cours du projet, les élèves produisent de courts reportages

d’information, l’équipe pédagogique met l’accent sur une lectureanalytique et critique des images d’information. Ainsi, à partir

d’un même événement, les élèves comparent le traitement fait parplusieurs chaînes de télévision. Ils débattent entre eux des choix définis

par les différentes rédactions et expriment leur propre point de vue.

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“ La réalisation de reportages, facilitée par un travail en amont sur l’analyse des images, et la présence d’unjournaliste de télévisionpermet aux élèves de développer leur espritcritique, de faire des choixargumentés et de réaliserque l’information est uneconstruction du sens. ”

classe. Chacun prend la parole pour donner son avis, son point de vue.Par ailleurs, en retranscrivant le discours du présentateur lorsqu’illance un sujet, les élèves travaillent sur la structure de la phrasesujet-verbe-complément : ils observent les verbes choisis, les tempsutilisés, le vocabulaire énoncé.Des études comparatives permettent de mener une analyse critiquede différentes chaînes de télévision. Comment les télévisions localesM6 Montpellier et France 3 Montpellier traitent-elles de l’actualitélocale, nationale, internationale ? Si ce travail met en évidence laperception sélective de l’information dans un journal télévisé, il esttrès souvent nécessaire d’utiliser des cartes pour situer les lieux évoqués. En identifiant les lieux et en repérant des indices de tem-poralité, des notions d’espace et de temps sont abordées.Des visites comme celle de la station France 3 Montpellier pour assis-ter en direct au journal télévisé régional permettent de comprendrece qui se passe derrière la caméra.Grâce à la réalisation de courtes productions avec des Caméscopeet à la participation active aux phases de tournage et de montagedes images et du son, les élèves prennent conscience de la mise enscène de l’information.

Une classe de découverte « télévisée»La classe de découverte de six jours reste un moment fort de cetteaction. Accompagnés par un journaliste de télévision, les élèves ontécrit des reportages de deux à quatre minutes. Ils ont défini dessujets, choisi des angles, réalisé des interviews sur le terrain, écritles lancements des sujets, assuré les prises de vues et participé activement aux phases de « dérushage» et montage des reportages.Les élèves ayant travaillé en amont sur l’analyse de reportages, surla mise en scène de l’information (images et sons), sur les notionsde plans, de cadrage et de raccords, la production des reportages ena été facilitée. Ils ont pu ainsi se mesurer à des contraintes de tempspour arriver à un produit abouti à la fin de la semaine. Ils ont prisconscience que l’information est une construction, que réaliser unmontage oblige à faire des choix.Les élèves ont ensuite invité les parents de la classe à visionner lesreportages et leur ont expliqué leur démarche. Ces derniers ont étéagréablement surpris de la qualité des produits et ont pu mesurerle travail effectué en amont et pendant la classe de découverte.

Première étude de cas : l’élection du présidentde la RépubliqueCe travail sur les élections s’inscrivait dans le cadre de l’éducation àla citoyenneté. Il a débuté par la lecture des journaux Les Clés de l’actualité Junior et Mon quotidien reçus dans la classe. Les élèvesont réfléchi sur le principe même des élections dans un pays démo-cratique, sur celui du suffrage universel et sur le rôle du présidentde la République. L’étude s’est prolongée par le visionnage de repor-tages télévisés présentant les différents candidats.

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Étant donné les résultats du premier tour des élections, le sujet étaitdélicat ; le contenu des reportages ne pouvait être évacué… La dis-tanciation par l’analyse des images ne permettait pas de répondreà toutes les questions des élèves. Par exemple, l’un des reportagesretenu, extrait du journal de France 3 mettait l’accent sur le voteextrémiste de certains électeurs : peur des étrangers, climat d’insé-curité, violence dans les banlieues. L’analyse des contenus a néces-sité de se référer aux lois sur le racisme et la xénophobie. La réflexiona été approfondie en recherchant dans la Déclaration des droits desenfants et la Déclaration des droits de l’homme, les articles qui protégeaient les enfants et les adultes de toutes formes de discri-mination : racisme, xénophobie, religion…Quand nous le pouvions, nous répondions aux questions délicatesen mettant les enfants face à la loi, face à des paroles d’experts…

Seconde étude de cas : les événementsdu 11 septembre 2001De nombreux élèves avaient reçu le choc des images, seuls devantleur poste de télévision en rentrant de l’école. Tous avaient enmémoire les images des avions s’écrasant sur les tours de New York,leur effondrement et la panique angoissante qui y était liée… Ils endiscutaient entre eux, voulaient en parler avec un adulte.Le travail autour de cet événement extraordinaire s’est déroulé endeux temps. D’abord, les élèves se sont exprimés sur l’événement.Ces prises de parole devaient les aider à prendre un peu de recul faceà l’émotion suscitée par les images.Ensuite, quelques reportages ont été étudiés. Nous avons souhaité,en travaillant sur la mise en scène et le choix des images, faire comprendre aux élèves les effets de dramatisation, montrer commentla confusion peut s’installer entre les images du réel et les imagesde fiction. L’accent a porté sur la force symbolique des images choi-sies : les tours représentant la réussite financière détruite par desavions, l’importance des héros (pompiers de New York, sauveteurs…).Les sources des images ont été précisées : films amateurs, envoyésspéciaux sur place, chaînes américaines… Plusieurs reportages ontété comparés pour faire apparaître à la fois le nombre impressionnantde sujets sur l’événement et les angles choisis.Afin de faire émerger les représentations des élèves, nous avons diffusé les reportages en dissociant les images et le son et en cachantl’écran : qu’est-ce que le son «donne à voir» ? Comment mettre enimages ce qui est entendu (son ambiant, interviews, commentaires) ?La part informative de chaque reportage a été étudiée : qu’est-cequ’on apprend ? Quelle est l’information supplémentaire ou nouvelleapportée ? Pourquoi tel ou tel reportage a été choisi, sa signification,le choix des images, le commentaire ? Cette deuxième approchecontribuait à répondre d’une autre manière aux questionnementsdes élèves sur un événement ressenti comme violent. Elle permettaitd’introduire à nouveau une situation de débats entre élèves et de lesaider à construire une distance critique face aux images.

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Des retombées disciplinairesLes élèves ont été très motivés par ce travail sur l’actualité. La phasede production a permis de réinvestir et d’évaluer les connaissancessur le langage des images. L’intérêt des enfants à produire et à tra-vailler en petits groupes était plus soutenu. Le travail sur l’actualité afavorisé différentes approches. Il a permis des entrées disciplinaireset interdisciplinaires. En français, des textes ont été rédigés à la suited’analyses ou de réactions sur un sujet précis. En histoire, un travailspécifique sur la Déclaration des droits de l’homme et la Ve Républiquea été engagé à partir des élections présidentielles. En éducation civique,les enfants ont réfléchi sur les élections et le suffrage universel. Ils ont travaillé de façon autonome et en groupes, ils ont pris la paroleen public et ont appris à formuler correctement leur point de vue,à respecter la parole de l’autre et à la prendre en compte.La gestion matérielle n’est pas toujours facile pour les enseignants.Le travail en groupes ou ateliers nécessite une certaine autonomiedes élèves. Le montage images-son ne peut se faire qu’avec un groupetrès restreint, ce qui demande beaucoup de temps pour que tousles élèves puissent accéder à cette activité. n

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La réalisation d’un reportage vidéo au sein du collègeC o l l è g e d e l a V a r e n d e , M o n t - S a i n t - A i g n a nA c a d é m i e d e R o u e n

L’équipe du collège engage son action dans le cadre d’un itinéraire de découverte (IDD). Après avoir analysé des journaux téléviséset des reportages, les élèves se voient proposer des exercices leurpermettant de travailler la voix, de produire des images, de préparerdes interviews pour réaliser un court reportage sur la vie du collège. Ce faisant, ils apprennent à manipuler un Caméscope, à défendre leur opinion, à parler face à un micro et à évaluer leurs productions.

Lors de la première séance, les enseignants, un professeur de fran-çais et un professeur d’EPS, ont demandé aux élèves de préciserleurs attentes quant à l’itinéraire choisi. Ils les informent des objec-

tifs et du déroulement des huit séances. Le groupe analysera desimages tirées de journaux télévisés et produira un reportage de troisminutes environ sur la vie du collège ou la vie au collège. Il s’agitd’apprendre à manipuler un Caméscope, comprendre comment fonc-tionnent les médias d’information et se mettre en scène pour appren-dre à parler devant une caméra en interrogeant les utilisateurs ducollège. Ce travail sur l’analyse de l’image rejoint l’apprentissage dela langue orale et écrite.

De l’analyse d’images au reportageLes quatre premières séances sont consacrées à l’analyse du journaltélévisé et au reportage. Le visionnage du 23 heures de France 3 de

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la veille (choisi pour sa courte durée) sert de support. Les élèves indi-viduellement, puis collectivement, reconstituent le « conducteur ».Ils réalisent que nous ne retenons pas tous les mêmes choses, quenotre mémoire retient mieux ce que nous connaissons déjà, ce quinous choque le plus, ce qui renvoie à notre vécu…Le professeur distribue ensuite aux élèves le «conducteur» des JT deTF1 et de France 2. La discussion porte sur les choix opérés par leschaînes et sur la hiérarchisation de l’information. Des observationssont faites sur l’habillage du journal et sur sa fonction, ainsi que surle rôle du journaliste de plateau. Des parallèles sont établis avec leshabil-lages utilisés dans la presse écrite (sommaire, chapeau…).Un reportage est ensuite choisi, son analyse devant permettre desensibiliser les élèves aux différentes étapes du travail des journa-listes. Cette analyse insiste notamment sur le choix des prises devues, sur les différents types de plans, les plans fixes et les mouve-ments de caméra, le choix des personnes dont on retient ou suscitela parole (témoins, proches des victimes, victimes, personnes auto-risées, experts, micro-trottoir…), les sons in et off ; elle s’intéresseaussi à la portée des voix off, aux comptes rendus faits par les jour-nalistes en direct. Une évaluation portant sur ces différentes notionsest réalisée au cours de la cinquième séance.Les élèves sont ensuite mis en situation. Pour ce faire, les enseignantstravaillent, dans un premier temps, en parallèle : l’un sur la prise deparole, l’autre sur la manipulation du Caméscope. Dans le premiergroupe, les élèves rédigent une sorte de « conducteur » afin de pré-senter un sujet d’actualité de la semaine. Chaque élève est filmé(occasion de montrer l’importance du décor, même dans un planfixe) et ensuite évalué sur cette prestation. Dans le second groupe,les élèves commencent à manipuler le Caméscope, en réalisant des plans et des mouvements de caméra imposés, qui sont ensuite évalués par l’ensemble du groupe.

Un reportage au collège et sur le collègeDe la cinquième à la neuvième séance, les élèves ont conçu, en groupede trois ou quatre, un reportage de trois à quatre minutes sur la viedu collège. Ils ont tout d’abord été invités à travailler par écrit pourchercher leur sujet, trouver un angle pour le traiter.Ainsi, l’un des groupes a choisi de réfléchir sur les dégradations dansl’établissement. Les élèves ont réalisé des plans sur des graffitis, desenduits écaillés, un casier enfoncé… Très vite l’idée que le choix desimages était partial a été mise en valeur et que l’on pourrait toutaussi bien montrer des images où le collège apparaîtrait parfaite-ment entretenu, ce qui était plutôt leur perception des choses. Nousles avons amenés à réfléchir sur un autre angle d’approche du sujet.Quel était l’intérêt de produire un tel reportage sur le collège ? Poureux, il est vite apparu que l’objectif pouvait être de sensibiliser lesélèves au respect des lieux et à la nécessité de réfléchir avant dedégrader… Ainsi, ils sont allés interviewer la gestionnaire du collègepour connaître le coût de ces dégradations. Le conseiller principal

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“ Le vocabulaire et les techniquesjournalistiques n’ont plus de secrets pour des élèves rompus à l’exercice du reportagevidéo. ”

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d’éducation ou le principal-adjoint pouvaient aussi témoigner en tantqu’experts en abordant les sanctions encourues. Un micro-trottoireffectué auprès des élèves apportait un autre point de vue.Les élèves avaient trouvé leur angle. Ils ont produit un synopsis, faitdes repérages, préparé les interviews et commencé à produirequelques images qui, à la fin de chaque séance, ont été analyséesavec leurs camarades et les enseignants. Ils sont alors passés autournage et parallèlement à la rédaction du commentaire off.

Devant une caméra !Un des groupes a été chargé de réaliser une revue de presse. Il s’estappuyé sur la presse du jour, le journal régional Paris Normandie, LeFigaro, Libération, Le Monde, L’Humanité, France Soir, La Croix… Lesélèves ont choisi les sujets qui leur paraissaient les plus intéressantset ont hiérarchisé les informations. Pendant ce temps, un élève afilmé le travail préparatoire : le travail des élèves, les journaux…Ensuite, chacun des élèves impliqués a rédigé le compte rendu dusujet qu’il devait traiter.Le temps très limité imparti aux itinéraires de découverte ne permetpas de mettre en place des séances de montage longues. Les élèvesont donc été incités à ne pas faire des rushes importants, mais aucontraire à filmer un maximum de plans qui pouvaient être utilisésdirectement. En revanche, les commentaires off ont été enregistrésen studio avec l’un des enseignants, après un travail sur la diction.

Évaluation et témoignagesChacune des productions a été évaluée à la fin du temps imparti àce premier semestre d’itinéraire. Les critères d’évaluation ont étéélaborés avec les élèves : intérêt du sujet, choix d’un angle, qualitéde la prise de vues, alternance et pertinence des plans et mouvementsde caméra, choix de la (ou des) personne(s) interrogée(s), qualité etintérêt de la voix off.Notre souci a été avant tout d’impliquer les élèves dans une démarcheactive, que ce soit en analysant les médias ou en les produisant. Cha-cune des étapes, de l’analyse à la production, a été évaluée. En finde parcours, nous avons demandé aux élèves, en une dizaine delignes, de dire en avançant au moins trois arguments, pourquoi ilest important ou non, selon eux, d’apprendre à analyser les infor-mations qui sont données dans le cadre du journal télévisé.Voici ce que Victor et Céline ont retenu de ce travail : «Je pense qu’ilest important d’analyser l’information à la télévision car cela permetde mieux se protéger contre la violence à la télévision, d’apprendreà comprendre le point de vue d’un journaliste, de ne pas retenir quel’opinion de celui-ci et de se faire sa propre opinion.» (Victor)«C’est important de donner des informations pour savoir ce qui sepasse dans le monde… Et il est important d’analyser une informationtélévisée car ce que le présentateur nous dit n’est pas forcément expliqué dans le détail et si nous savons analyser le journal, nous pouvons en savoir plus que ce que dit le commentateur.» (Céline) n

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“ Que ce soit en analysant les médias ou en produisant, les élèvessont impliqués dans une démarche active. ”

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Ce travail en inter et en transdisciplinarité (arts plastiques, fran-çais, histoire et géographie) vise à faire prendre conscience auxélèves de la valeur expressive des moyens plastiques. Il les incite

à approfondir leurs capacités analytiques et leur sens critique.Il a également pour but de faire appréhender pratiquement et plusconcrètement les liens qui unissent des apprentissages. Ceux-ci,sinon, resteraient cloisonnés et, de ce fait, non réutilisables. Il s’agitde sensibiliser et d’initier l’élève au langage de l’image qui est omni-présente dans les supports de communication les plus courants(reproduite dans la presse, agrandie aux dimensions de l’affiche,animée sur l’écran de cinéma, transmise immédiatement dans tousles points de la planète par la télévision ou grâce à Internet).

Un projet de professeurs ? Un projet d’élèves ?Ce projet arrivait à point nommé dans les parcours pédagogiquesdes enseignantes concernées… «Un projet de professeurs», direz-vous ! Oui, au début. Mais de professeurs aimant particulièrementtravailler en équipe et échanger sur leurs pratiques car, vu l’ampleurde la tâche, il fallait nécessairement commencer par «repenser samatière» afin de bien cerner, d’une part, le domaine propre à chaquediscipline et repérer, d’autre part, les points communs à toutes, pourutiliser au mieux la complémentarité des compétences.Un projet de professeurs au service des élèves en tout cas. Car c’esten faisant l’état des lieux que l’idée du projet ou plutôt que l’avant-projet est né. Pour beaucoup de nos élèves, la vie culturelle se limiteà celle du petit écran. Et ici, comme ailleurs, nos jeunes sont souventseuls pour regarder ce flot d’images qui arrivent de l’extérieur oupour jouer avec les images de leurs consoles.Ils éprouvent pourtant le besoin d’en parler :«Tu as vu le film, hier ?»«Tu as vu ce match !»«Vu à la télé, c’est souvent forcément bien, c’est la référence !»«Je croyais que tout ce que je voyais à la télé était vrai.»…Voilà quelques bribes de conversation que nous pouvons glaner ici et là.Nous avons pu constater que la plupart ne restent pas indifférents à lapublicité et par ailleurs, certains se plaignent de ne pas savoir lire les

L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

F a v o r i s e r l a m a î t r i s e d e s l a n g a g e s

De l’art à la pubC o l l è g e d e S e i l h a c

A c a d é m i e d e L i m o g e sL’équipe pédagogique de ce petit collège rural, composée

de professeurs de différentes disciplines, a travaillé en concertation et à plusieurs voix sur l’image et sur le rapport entre le texte et l’image.

Notant l’isolement culturel des élèves et leurs difficultés à exercer leuresprit critique face aux images télévisuelles, l’équipe a d’abord mis

l’accent sur l’étude de l’image artistique et publicitaire, puis sur celle de presse et enfin de cinéma. Elle propose aux élèves une démarche

pour regarder l’image, la décoder, en comprendre le pouvoir expressif.

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bandes dessinées ou, plus souvent, décrètent qu’ils n’aiment pas ça.Beaucoup ne savent pas en tout cas,quel que soit le support,commentfonctionne une image et ne savent pas décoder ce langage particulier(cadrages, angles de prises de vues, lignes de construction, formes, cou-leurs, matières, textures…) ; ils jettent un coup d’œil et ils «passent» !En français, le professeur fait le même genre de constat : «Les élèvesne font pas le lien entre l’illustration, le document photographiqueou l’œuvre d’art qui accompagnent souvent les textes de nosmanuels pour délivrer leur message.»

Des objectifs communs à plusieurs disciplinesDégager des objectifs généraux communs a alors été notre soucipremier. On est parvenu sans difficulté à un accord sur les objectifssuivants : faire comprendre aux élèves le pouvoir expressif de l’image (comme un langage), sa complexité cachée et les risques demanipulations qui peuvent en découler. C’est une façon de jeter desponts entre les disciplines pour favoriser les apprentissages des élèves, pour travailler en interdisciplinarité et les inciter à développerdes capacités transversales susceptibles d’être réinvesties.D’autres objectifs plus spécifiques nous semblaient devoir être retenus : conduire les élèves à s’exprimer à leur tour par l’image, lesamener à mieux se connaître, à accepter le regard des autres, à tolé-rer les différences et acquérir une meilleure maîtrise du langage(vocabulaire technique, vocabulaire des sentiments, par exemple).

Des modalités de travail différentes mais croiséesNous avons mis en commun le temps qui nous était imparti, c’est-à-dire que nous avons utilisé des plages horaires permettant unenseignement à deux dans la même classe autour de plusieurs objec-tifs : confronter image et texte (message iconique et verbal) pourmieux appréhender les atouts de l’un et de l’autre et voir en quoi ilsse complètent (ou s’opposent), ouvrir le français sur le monde de lacréation artistique et donner sa place, pleine et entière, aux artsplastiques. Nous avons choisi la classe de 3e, vu les programmes denos disciplines, nos emplois du temps et nos objectifs.L’action s’est étendue sur une année scolaire pour chaque groupe-classe selon des progressions disciplinaires. Ensuite, de nombreuxtemps de concertation ont été nécessaires pour organiser la pro-gression en parallèle des deux disciplines et fixer le calendrier denos actions communes (préparations et cours en commun).Nous voulions avant tout que nos élèves puissent relier nos diffé-rentes approches et établir des correspondances entre elles. Certainsélèves sont plutôt visuels, d’autres ont besoin de passer par le verbal : pratiquer les deux (plutôt l’image en arts plastiques, plutôtle texte en français) avec le même objectif est sûrement plus richeet plus efficace pour les uns et les autres. De plus, cet apprentissagene peut être que progressif ; des temps de pause et de maturations’avèrent nécessaires. Les cours en commun venaient alors à pointnommé. Il s’agissait de faire passer les connaissances propres à

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“ Faire comprendre aux élèves la complexité et le pouvoir expressif de l’image et à cetteoccasion les conduire à s’exprimer et à accepter le regard des autres. ”

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chaque discipline non séparément, mais dans un cours dialogué oùles professeurs se relayaient, mettant en évidence les relations et lesarticulations entre texte et image. Ces moments, par leur caractèreexceptionnel, ont eu pour premier effet de relancer la motivationdes élèves.Nous avons mis en œuvre deux programmes différents pour chaqueannée scolaire.

Laisser une trace, laisser sa tracePour le premier programme, nous avons beaucoup insisté sur le besoinde s’exprimer propre à chacun, sur le besoin de se connaître, avec destravaux sur l’autoportrait et l’autobiographie, sur le besoin de com-muniquer, voire de convaincre et, partant du quotidien des élèves, nousnous sommes intéressés aux stratégies de vente et à la publicité.Pour cette première année, nous retiendrons comme temps forts :les cours à «deux voix» très appréciés des élèves, le travail en paral-lèle à propos de l’autoportrait et de l’autobiographie, l’oppositionentre art et publicité.

L’art et la publicité, l’écrit et l’imageNotre second programme a été conçu dans la continuité du premier,mais revu, corrigé et complété. Nous avons repris parmi les cours à«deux voix» : l’étude de la bande dessinée Maus de Art Spiegelmanet l’étude comparée de l’œuvre de Picasso, Guernica, avec le poèmede Paul Eluard, La Victoire de Guernica.Nous avons retravaillé sur les relations entre art et publicité, mais cettefois de manière plus concrète à partir d’un même thème «La Joconde»avec deux objectifs différents : vendre, convaincre et s’approprierune référence. Nous avons approfondi l’étude comparée des moda-lités d’expression du texte et de l’image, au travers des figures destyle dans la publicité et dans quelques œuvres d’Arcimboldo.Dans le cadre d’un cours à «deux voix», deux photos de presse assor-ties d’un témoignage écrit (Vietnam, 8 juin 1972) ont été proposéesaux élèves. Nous avons cherché à montrer que l’image n’est pas plusapte qu’un écrit à témoigner en toute objectivité (vue partielle, vuepartiale).Notre second programme a donc été axé davantage sur les relationsentre le texte et l’image : le texte est une image ; l’image se lit commeun texte ; le texte et l’image se rencontrent, se complètent, s’opposentou s’allient ; l’image s’anime, le texte se fait parole. S’exprimer par letexte ou par l’image, oui, mais pour dire quoi ? Il nous semble quecette prise de conscience a réellement eu lieu. Ces acquisitions seront-elles durables, définitives ?

Affiner ensemble des méthodes de travailNous avons été plus attentives la seconde année à la méthode d’analyse. Au fur et à mesure que nous multipliions nos interventionsen commun, nous nous sommes rendu compte que nous faisionsappel aux mêmes opérations mentales se déroulant toujours

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“ S’appuyer sur les œuvres d’art pour étudier l’imagepublicitaire et l’image de presse et construire une argumentationraisonnée, tel est l’objectifdu rapprochement de deuxdisciplines: français et arts plastiques. ”

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selon le même scénario, dans l’analyse des textes ou des images. Il s’agissait d’observer (« je vois », « je remarque », « je note que »),d’expliquer (« je relève des preuves», « je précise ma pensée»), deraisonner (« je discute », « je confronte » avec les autres), d’inter-préter ( « je reformule») avant de conclure («je fais le bilan de mes observations et de mes réflexions en une courte phrase»).Au fur et à mesure, les élèves ont acquis des automatismes (commequand on sait conduire une voiture) et des compétences langagièresqu’ils ont appliquées à la lecture des textes et des images. Leur compréhension est devenue de plus en plus pertinente, plus fine,leur capacité à s’exprimer par le texte ou par l’image s’est améliorée.L’acquisition d’outils nécessaires pour être capables de lire l’image,la prise de conscience que chacun des choix du photographe,du publicitaire ou de l’artiste dans les moindres détails influe sur lesens de son œuvre, sont autant de savoirs nécessaires à la formationd’un citoyen cultivé, ouvert d’esprit, doté d’un regard critique etcapable de formuler ses idées d’un point de vue réfléchi et person-nel. Associer les disciplines et user pleinement de leur complé-mentarité nous a permis d’aller plus loin que ce que nous n’aurionspu faire séparément. n

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Les élèves de Segpa prennent la paroleS e g p a d u c o l l è g e d e s T o u l e u s e s , C e r g yA c a d é m i e d e V e r s a i l l e s

Pour aider des élèves de quatrième Segpa (sections d’enseignementgénéral et professionnel adapté) en grande difficulté scolaire, une équipe enseignante a mis en place un projet radio. En travaillant à partir des préoccupations des adolescents, elle souhaite élargir leur regard sur le monde et développer les nombreuses compétencesque les élèves doivent acquérir pour réaliser des émissions de radio.

Durant une année scolaire, la classe de quatrième Segpa a réalisé,pour une radio locale, une émission de radio mensuelle. Lesthèmes choisis par les élèves, à partir de sujets étudiés en classe

(musique, problèmes de société, esclavage), ont été alimentés pardes recherches au CDI ou dans la classe et par un recueil d’inter-views au collège ou dans la rue. Puis chacun a eu son rôle à jouerdans la réalisation des émissions.

Restaurer l’image de soiLes élèves de Segpa manquent en général de confiance en eux. Per-suadés de ne pas « valoir grand-chose », ils ont peu d’estime d’eux-mêmes.Sortir de cet état d’esprit négatif et retrouver confiance en eux, c’estle défi que nous avons voulu relever en proposant à cette classe unprojet radio. Le rôle de chacun est défini à chaque émission : trois

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animateurs, un technicien, deux attachés de presse, un documen-taliste, un secrétaire, deux illustrateurs sonores et un responsabledes annonces et des jeux. À travers ces rôles, les élèves accomplis-sent des tâches précises, expérimentent des attitudes sans être remisen cause personnellement, apprenant à faire la différence entre ceque l’on fait et ce que l’on est.

Des activités adaptées pour progresser ensembleC’est ainsi qu’une élève, timide et ne maîtrisant pas la langue, dufait de son arrivée récente en France, parvient à s’initier aux tech-niques du son en radio, formée par un technicien professionnel. Elledonne, de sa cabine, des consignes par gestes à ses camarades qui,pendant le même temps, se forment à l’animation. Ces derniers, ens’appuyant sur un texte élaboré en commun, mettent en œuvre descompétences orales : maîtrise du flux, de l’intensité, de la diction,etc. Pendant ce temps, le reste de la classe travaille au contenu del’émission en préparation : textes à dire par les animateurs, pausesmusicales, interviews à faire… À la fin, une mise en commun esteffectuée, qui permet à chacun d’informer les autres de l’état d’avancement du travail.Grâce à ces multiples activités, les élèves apprennent à écouter et à s’exprimer, à avoir un langage rigoureux, à travailler ensemble,loin de tout jugement et de toute moquerie. Ils font des choix qu’illeur faut assumer ensuite (choix de thèmes, d’invités, de program-mation musicale, etc.) et sur lesquels ils peuvent porter un regardcritique lors de la diffusion de l’émission sur la radio locale parte-naire (RGB). La richesse des tâches à accomplir et la diversité desrôles successifs permet à chaque élève de se découvrir, d’apprendreà connaître ce qu’il préfère faire. Derrière le retour de la confianceen soi, se profile un chemin vers la liberté.

Devenir plus autonome pour développerla confiance en soiParce que les élèves arrivés en Segpa au terme d’un parcours sco-laire chaotique ont pris l’habitude d’être assistés et de ne pas par-ticiper aux décisions les concernant, il nous a semblé indispensablede trouver des activités qui favorisent l’acquisition de l’autonomie.Ainsi, à travers une activité aussi multiforme que la radio, les élèvesconstruisent un projet en s’appropriant des savoirs (connaissancesliées aux thèmes traités et aux formes journalistiques) et des savoir-faire (technique radio, techniques du journalisme). Tout cela se faitdans une indépendance croissante vis-à-vis des professeurs. Au fildes émissions, les collégiens exercent un pouvoir de décision surtout ce qui est fait. L’objectif est atteint et peut-être même au-delà…Les élèves se sentent exister, la parole de chacun peut se faire entendre,notamment au cours des conférences de rédaction. Menées par unrédacteur en chef élève, ces réunions où chacun a un rôle et exerceune responsabilité sont l’occasion d’un travail qui sort de la tradi-tionnelle confrontation professeur-élèves. Le rédacteur en chef dirige

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“ S’exprimer oralementne va pas de soi!La production d’émissionsradiophoniques amène les élèves à améliorer leurs compétenceslangagières et à mieuxstructurer leur pensée. ”

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la réunion. Chacun peut donner son avis sur les choix à effectuer. Lerédacteur en chef entérine et clarifie les choix qui sont ensuite précisément transcrits par le secrétaire. On y détermine aussi lesrôles de chacun pour les émissions à venir. Celui qui est animateursera technicien ou documentaliste, par exemple, dans l’émissionsuivante. Cela permet aux élèves de se projeter, de prévoir, de com-mencer à réfléchir au travail qu’ils devront accomplir. Nous, profes-seurs, intervenons dans ces conférences de rédaction au même titreque les élèves.

Travailler autrement à l’écoleCe type de pratique s’accompagne de la mise en place d’une péda-gogie différenciée active ayant pour effet l’amélioration des relationsentre élèves et entre élèves et enseignants. Il donne l’occasion auxcollégiens de s’entraider, de se montrer plus autonomes face ausavoir. La parole a repris tout son sens : échanges, dialogues, débatsdans le respect. La relation à l’adulte en a été améliorée, la confianceen soi s’est accentuée et les exigences des élèves envers eux-mêmesse sont développées.Tous ont démontré leur capacité à prendre des responsabilités et àfinaliser le projet. Même si l’expression orale ne s’est pas amélioréede façon spectaculaire, les élèves ont pris conscience de l’impor-tance de mieux s’exprimer pour être compris et reconnu. L’annéesuivante, les professeurs ont pu constater davantage d’assurance àl’arrivée de ces élèves en classe de troisième. n

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“ Le retour de la confiance en soi passe par l’acquisition d’un langage rigoureux.Apprendre à faire entendresa voix, à exposer ses idéessans crainte d’être jugépermet aux élèves de se revaloriser. ”

Chronique littéraire à la radio en maternelleÉ c o l e m a t e r n e l l e C a v e l i e r - d e - l a - S a l l e , R o u e nA c a d é m i e d e R o u e n

Désireuse d’intégrer les apprentissages langagiers dans une situationde communication réelle, l’équipe enseignante de cette école, où le travail sur les médias est une tradition, travaille en partenariatavec les radios locales sur la production d’émissions avec les élèves. En maternelle, l’album étant un support de lecture primordial, les professeurs ont donc choisi de réfléchir à la réalisation d’une chronique littéraire faite à partir de ces albums.

Dans notre école, le journal scolaire Paroles d’École existe depuisdes années. Les élèves, dès la petite section, sont habitués à feuil-leter les journaux destinés aux tout-petits, mais aussi le journal

local. Ils apprennent très tôt à repérer certaines rubriques, à fairedes hypothèses de lecture des images. Ils savent déchiffrer les faitsd’actualité qui marquent leur quartier ou leur ville : les inondations,la neige qui bloque la circulation sur la rocade proche de leur école,les grands événements de la cité (le festival du livre de jeunesse deRouen, la foire Saint-Romain…). Tous ces événements donnent lieu

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à des reportages écrits mais aussi radiophoniques. Dans le cadre del’acquisition du langage, afin de permettre à chaque élève d’acquérirdes stratégies de lecture, d’apprendre à s’exprimer à l’oral pour com-muniquer avec les autres et à découvrir le fonctionnement du médiaradiophonique, nous avons décidé d’une nouvelle action.Les activités décrites sont menées durant les heures de décloison-nement mises en place pendant la sieste des tout-petits. Les élèvesde grande section sont répartis en alternance dans des ateliers différents et participent à l’atelier radio par groupes de six environ.Séquences de lecture et appropriation des moyens d’enregistrementsont effectuées en parallèle. Par souci de clarté, nous évoqueronsd’abord le travail mis en place sur la lecture des albums, puis le travail mené sur le média radio.

Découvrir une histoire en analysant l’imageLes premières séances s’appuient donc sur la découverte d’un album.Les élèves sont d’abord invités à observer la première et la quatrièmede couverture. Pour ce faire, des stratégies pour lire l’image sontfournies à partir de questionnements : que voyez-vous ? Qui est repré-senté ? Pouvez-vous dire où cela se passe ? Quand ? À quel momentde l’année, de la journée ? Comment le personnage est-il habillé ?Est-il gai ou triste ? À quoi le voyez-vous ?Ainsi, des stratégies de repérage des éléments dénotatifs de l’imagesont-elles établies : chaque enfant justifie ses réponses en s’ap-puyant sur des éléments repérés. Nous mettons ensuite l’accent surla construction de l’image et la notion de plans (premier plan /arrière-plan-échelle des plans-effets de plongée /contre-plongée).

Repérer le schéma narratifNous entrons ensuite dans l’histoire elle-même pour amener lesjeunes élèves à la comprendre, à la mémoriser pour la raconter etêtre capables d’en faire une analyse critique. Ce travail sur la mémo-risation donne lieu à des activités variées permettant de mettre enévidence les principales étapes de l’histoire (schéma narratif), unva-et-vient s’instaurant entre la lecture du texte et de l’image.L’histoire est d’abord lue en entier, les illustrations n’étant montréesqu’au fur et à mesure aux enfants. Ensuite, album fermé, des ques-tions sont posées pour mettre en évidence la structure narrative dutexte : où l’histoire se déroule-t-elle ? Qui est le héros ? Que lui arrive-t-il ? Qui l’aide ? Qui s’oppose à lui ? Réussit-il à résoudre le problèmequi se posait à lui ? Que devient-il à la fin de l’histoire ? Bien sûr, desdiscussions animées permettent d’affiner la connaissance du récit.

Représenter la structure de l’histoireL’histoire est alors représentée de façon visuelle pour faire appa-raître ses principales étapes narratives, les changements de lieux etles moments où interviennent les différents personnages. Par exemple,sur un fil, on attache, avec des pinces à linge, des photocopies de pagesde l’album ou des dessins réalisés par les enfants représentant les

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“ Une chronique littéraire produite par des tout-petits leurdemande d’être capablesde mémoriser une histoire,de la raconter et d’oser un avis personnel. ”

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principales étapes de l’histoire. Les personnages sont représentés pardes marionnettes rudimentaires élaborées à partir de photocopiescollées sur un support en bois. Cette visualisation linéaire semble avoirréellement aidé les enfants à mémoriser l’enchaînement des péripé-ties lorsqu’ils ont dû raconter, au micro, l’histoire tout entière.

Inventer, confronter différentes versionsEnsuite, des exercices variés sur le texte sont proposés aux enfants :lecture du début pour raconter la suite, rappeler ce qui s’est passéavant, raconter un passage à partir d’une illustration…En s’appuyant sur l’album, l’accent est mis aussi sur les représen-tations de lieux, sur ce que les illustrations apprennent mais aussisur ce qu’en dit le texte. Des discussions sont engagées sur la per-tinence des illustrations. Des versions différentes du même contesont observées afin de montrer qu’on peut évoquer la même histoireen faisant des choix différents en ce qui concerne l’histoire elle-même mais aussi les dessins qui l’illustrent. Ainsi avons-nous misen évidence les types d’illustrations choisies (aquarelle, peinture,dessin, collage…), les dominantes de couleur, le choix du graphisme…Enfin les enfants ont observé le caractère des personnages, leursréactions et leur éventuel bien-fondé.

Se familiariser avec la radioParallèlement, les enfants sont initiés aux pratiques radiophoniques.On leur fait écouter des émissions de radio pour, tout d’abord, lesidentifier : différencier la météo des informations ou des chroniques.Des sujets compréhensibles sont, bien sûr, sélectionnés pour queles élèves puissent accéder seuls à l’actualité.Des passages de l’émission de critiques de livres de jeunesse L’as-tulu mon p’tit loup ? sont écoutés et analysés. Les enfants peuvent ainsiobserver les rituels de la radio (habillage de l’émission, introductionde jingle et de passages musicaux en lien avec le sujet) et le contenud’une critique littéraire (résumé de l’histoire, présentation de l’au-teur et éventuellement de ses autres œuvres, analyse critique, etc.).Les enfants sont, très tôt dans l’année, mis en contact avec un micro.Chacun apprend à parler, à réécouter ce qu’il a dit pour reconnaîtresa propre voix et celle des autres, pour évaluer sa façon de s’expri-mer, son rythme de parole, l’audibilité de ses prises de paroles et decelles des autres, ainsi qu’à tenir compte des remarques faites pouraméliorer ses prestations.Un journaliste est venu pour leur parler de son métier, de sa façonde procéder. Il a interviewé les enfants, a fait un montage devanteux et a analysé sa production. Des émissions sont alors enregis-trées, toujours avec des groupes de cinq à six élèves, en classe ou enstudio quand cela est possible.

Raconter une histoire au microNous nous appuyons sur les illustrations pour faire raconter lesenfants. Nous les aidons par quelques questions, ajoutant les liens

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logiques si nécessaire. L’animateur radio peut aussi solliciter les évocations des enfants.Le plus délicat est de faire émerger un regard critique sur les albums.Systématiquement, dans le studio d’enregistrement, nous accom-pagnons la parole des enfants, relançant leurs propos par des questionsen nous fondant sur le travail fait en amont lors de la mémorisationdes textes. En effet, les questionnements ont permis de faire émer-ger les points qui permettent de parler du contenu comme de la façonde le représenter. Nous introduisons d’autres questions et un dialogues’instaure : « Pourquoi as-tu aimé cette histoire ? – C’est triste… –Qu’est-ce qui fait peur ? » Les réponses s’affinent : « Le loup, il estméchant… – Qu’as-tu vu qui fait peur ? – Il a de grandes dents… – Ilfait mal aux poules ! – Qu’est-ce qui te fait rire ? – Le canard, quandil glisse dans la mare… Le loup, il se fait mal…». Enfin, une questionimportante se doit d’être posée : «Qu’est-ce que ce livre t’apprend ?– Je peux me faire peur, il faut partager, il ne faut pas être violent…»Les enfants ont appris à repérer la visée de l’album… et à l’exprimerau micro… Étape essentielle quand on apprend à lire.

Vers une meilleure capacité d’écouteLes effets sur le comportement des élèves ont été significatifs. Ceux-ciont acquis en particulier une capacité d’écoute supérieure à celle desautres classes. Ils ont aussi appris, très vite, à s’autoévaluer et à éva-luer les autres, à accepter les remarques quand elles étaient fondéeset à en tenir compte pour améliorer leur propre prestation à la radio.Les compétences acquises durant cette séquence ont été, bien sûr,réinvesties dans tous les travaux de la classe et en particulier dansle travail d’analyse de la presse écrite (lecture des journaux-texte /image) et la réalisation du journal d’école. n

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Radio-PrévertÉ c o l e J a c q u e s - P r é v e r t , A l e n ç o n

A c a d é m i e d e C a e nLa centaine d’enfants de l’école réalise et écoute une émission

de Radio-Prévert chaque matin avant la récréation. Les informationsdiffusées ne sont pas seulement liées à la vie de l’école, mais prennent

également en compte d’autres événements de la vie locale etnationale. Cette expérience permet d’améliorer la communication

entre les classes et avec tout le personnel de l’école.

Départ de l’action : 9 h 58. Chaque classe s’est engagée à émettreune émission hebdomadaire durant la récréation du matin. Aprèsune recherche d’informations diverses, chaque émission, prépa-

rée la veille ou le matin même, est écrite et enregistrée, avant sa diffusion. Les textes et les enregistrements sont archivés et parfoisrediffusés lors de journées spéciales (portes ouvertes, fêtes…).

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Un projet collectif pour mieux intégrerDans ce quartier, une partie de la population est composée d’en-fants issus de milieux défavorisés et d’enfants d’origine étrangère.De plus, l’école scolarise, et ce de manière régulière, des enfants degens du voyage. Les difficultés d’acquisition de la langue orale etécrite sont pointées dans les projets d’école successifs, ainsi que lesproblèmes d’intégration, d’accueil et de citoyenneté.Impulsée par le directeur, la radio est animée par l’équipe pédago-gique avec la participation d’une aide-éducatrice. Il s’agit de répondreaux problèmes relatifs à la maîtrise de la langue et d’utiliser toutesles compétences des enseignants au service d’un même projet.

Servir les apprentissagesDes savoirs et des compétences nécessaires à la réalisation des émissions de radio sont définis. Les enfants ont pour consigne de s’exprimer clairement et correctement (par écrit et par oral), lirede façon expressive, prendre des notes, faire un plan, rechercher l’information, utiliser les nouvelles technologies (magnétophone,ordinateur, radio…). Ils doivent aussi tenir compte des contraintesliées à la radiophonie, apprendre à gérer le temps, programmer destâches, des émissions, organiser leur travail, aller enquêter auprèsd’une radio et rencontrer des professionnels des médias, promou-voir la communication à l’intérieur et à l’extérieur de l’école.La mise en place de ces différentes activités a pour objectifs plusgénéraux de développer l’esprit critique et l’autocritique, promouvoirl’esprit de tolérance, donner le sens des responsabilités, celui de larigueur, de la qualité des productions, du savoir-vivre et le goût dutravail collectif. Les élèves apprennent à se comporter en «produc-teurs» ou en «auditeurs», à respecter des règles, à identifier les grandsproblèmes du monde, à dominer leur stress et à écouter l’autre.

Une expérience enrichie par les relationsqu’elle permet de nouerL’expérience menée a fait progresser la communication entre lesclasses, entre les enseignants et tous les personnels gravitant dansl’école. L’ambiance générale de l’établissement s’en est trouvée boni-fiée. Les élèves de cours préparatoire ont particulièrement appréciél’égalité de traitement avec les grands de cours moyen : ils ont tousla même responsabilité dans la production d’émissions. La radiofavorise une ouverture culturelle par l’intermédiaire des personnelschargés des langues vivantes et des enfants issus de l’immigration.L’idée de souhaiter les anniversaires de l’école par l’intermédiairede la radio est particulièrement appréciée.Nous avons constaté une bonne mémorisation de ce qui passe àla radio (qu’il s’agisse d’informations, de musiques, de chants, de vocabulaire, de structures de phrases…) et une meilleure assurancedes élèves. Les élèves connaissent bien les activités se déroulantdans l’école, dans le quartier, dans la ville. En revanche, le renou-vellement des émissions n’est pas toujours facile pour les élèves.

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“ La productiond’émissions de radiostimule les échanges entre élèves sur les événements liés à la vie scolaire et sur les informations locales et nationales. Dans cette perspective,l’objectif de l’équipeenseignante est d’encourager une communication de qualité entre tous. ”

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Les plus jeunes ont parfois quelques difficultés à comprendre lesémissions des plus âgés.

Une expérience qui évolue et qui s’adapte aux élèvesÀ ce jour, ont été diffusées environ cent cinquante émissions quisont conservées sur papier et sur enregistrement : une «radiothèque»est constituée. Pour les élèves de cours préparatoire, il est difficilede rentrer dans le projet dès le début de l’année. De nouvelles orien-tations sont envisagées. D’autres aspects radiophoniques : les jeuxradiophoniques, la présentation des nouveaux livres de la BCD oude critiques de films, les petites annonces pourraient être introduits,le travail sur la fabrication de jingles poursuivi.Nous évoquons la possibilité de ne pas toujours raisonner en termede classe : pourquoi ne pas faire éclater cette structure, à desmoments déterminés, pour la conception de certaines émissions ?(exemple : émission des délégués élèves de l’école…) Nous réflé-chissons, par ailleurs, aux problèmes posés par le texte lu, il y auraitnécessité de suivre les conseils donnés lors de la visite de France-Bleue (penser, écrire mais se dégager du texte au moment de la diffusion) et à l’articulation de la radio avec Internet (quelles possi-bilités nouvelles pouvons-nous tirer de cet outil ?).

Un projet dynamisant aux approches variéesCe projet spécifique sera réinscrit dans le projet d’école à venir tantil apparaît fédérateur. Selon les classes, la préparation et la diffusiondes émissions sont envisagées de manière différente avec un travail de recherche plutôt collectif avec les élèves les plus jeunes etun travail plutôt par groupes pour les plus grands. Il est nécessairede tenir un cahier de bord des prises de parole à l’antenne afin quechacun connaisse plusieurs fois cette expérience au cours de l’annéescolaire. Nous profitons des émissions pour porter l’accent sur uneou plusieurs compétences précises.Notre désirons poursuivre l’opération car elle semble bénéfique pourtous les acteurs de l’école : les réticences de départ sont désormaisoubliées. Mais nous souhaiterions rencontrer des écoles ayant unprojet du même type ou entrer en communication avec elles. Deséchanges seraient, en effet, enrichissants et permettraient d’ame-ner de nouvelles idées, d’envisager des solutions à des problèmesposés. n

L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

F a v o r i s e r l a m a î t r i s e d e s l a n g a g e s

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

«Bonjour, vous êtes à l’écoute de la radio Top Pasteur. Nous sommesle lundi 9 décembre. Il fait 21 degrés dans le studio. Ici Fatima,votre animatrice du jour.»

Un air connu de jazz en fond sonore accompagne la présentationdu programme. Dans la régie,Yassine est à la table de mixage ;Thierry,Dilber, Doreen et David le secondent aux différents lecteurs (CD,cassettes audio, disques vinyles). À la table des journalistes, le casqued’écoute sur les oreilles, Yanis, Andrea, Ousmane, Marco, Ibrahimaattendent de présenter leur rubrique. Chacun est concentré sur latâche qui lui incombe.Aujourd’hui, les techniciens, les journalistes et la présentatrice ontentre huit et onze ans. Ils font preuve d’un grand sérieux et d’unegrande compétence dans des activités aussi complexes. Rien n’estobligatoire, tout est volontaire et il ne manque jamais de candidatspour demander à prendre la parole et assurer l’animation de cesvingt minutes d’émission quotidienne de la radio scolaire écoutéepar les vingt-six classes de la maternelle au CM2 de l’école Pasteur.

MétamorphosesLe plaisir de se surpasser, de dépasser leurs appréhensions et leursdifficultés contribue largement à modifier l’image que les élèves ontd’eux-mêmes et le regard que les autres portent sur eux. Nousveillons d’une manière générale à ce que tous ceux qui s’exprimentà travers l’outil radio soient en situation de réussite dans cette acti-vité. Nous constatons que certains élèves en grande difficulté fontle choix d’abandonner le support écrit pour se lancer dans une inter-vention spontanée et que d’autres, signalés pour des problèmes de comportement, sont capables de le modifier et de s’adapter aux exigences inhérentes à une intervention en direct à la radio.

Pour de vraiIl s’est trouvé un moment où l’équipe a été amenée à travailler d’autres situations pédagogiques pour aborder certaines compé-tences déficitaires, telle que la maîtrise de la langue orale et écrite.Le développement d’une radio scolaire répond à ce besoin d’autantplus que les compétences acquises dans le cadre de cette activitésont réinvesties en classe au bénéfice d’autres apprentissages.Le projet radio induit un changement dans notre travail et dans notre

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Top Pasteur, les élèves ont la paroleÉ c o l e p r i m a i r e P a s t e u r , S a r c e l l e sA c a d é m i e d e V e r s a i l l e s

Classée en zone d’éducation prioritaire, cette école primaire accueille une forte proportion d’élèves non francophones. L’équipe enseignante a lancé un projet radio pour rassembler les enfants de la maternelle à l’élémentaire sur des objectifs à la foiscommuns et différents. L’école émet quotidiennement une émission de quinze minutes en direct de son propre studio.

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rapport aux enfants, notamment parce qu’il conduit à une réalisa-tion concrète et bien ancrée dans le réel. Le fait que les productionssoient réalisées et diffusées a donné une autre dimension au travaileffectué. Il a fallu comprendre ce type de média, créer une revue depresse radiophonique, des bandes-annonces, des jingles, organiserune interview, un reportage, une émission de radio, la présenteraprès en avoir rédigé le « conducteur ».En ce qui concerne l’enseignement, la radio scolaire modifie les pratiques pédagogiques car toutes les rubriques diffusées sont travaillées en classe. Les élèves prennent des initiatives en propo-sant des rubriques nouvelles, des musiques… et acquièrent ainsi del’autonomie. La radio scolaire offre, en outre, un espace de parole ausein du groupe scolaire, géré par les élèves, dans lequel ils peuventintervenir démocratiquement et où ils ont un droit de réponse. C’estégalement un outil de respect de la parole de l’autre.L’utilisation de la radio scolaire a permis aux enseignants de prendreconscience de l’importance de mettre en place de réelles situationsde communication orale les plus variées possibles afin d’améliorer laqualité de l’expression.

Évaluer des compétences et des savoir-faireAutant nous possédons des repères pour l’évaluation de l’écrit et certaines compétences transversales, autant l’évaluation de l’oral àtravers le champ lexical oral spontané et la chaîne parlée reste com-plexe. Les compétences évaluées en radio sont, pour une part, spéci-fiques à l’outil : être à l’aise devant le micro, avoir un comportementadapté en régie et à la table d’animation, être capable d’improviser,de reformuler, de gérer l’émission, de rebondir sur l’intervention d’uncamarade. En ce qui concerne les compétences langagières, les inter-ventions en radio sont le plus souvent et pour le moment de l’écritoralisé. Nous utilisons les indicateurs fournis par les évaluations nationales de CE2 et de sixième pour étudier l’évolution des perfor-mances de nos élèves et apprécier la pertinence de notre action.La pratique quotidienne de la radio scolaire nous a fait découvrirque nos élèves développaient des savoirs autres.

Un autre regard sur soi, sur les élèvesÀ travers ce projet, les élèves ont acquis la capacité à réfléchir, à seconcentrer, à réagir, à prendre des initiatives mais également à sesentir bien à l’intérieur d’un groupe, à prendre leur place au sein dece groupe. Les élèves, signalés pour des problèmes de comporte-ment, ont réussi à changer l’image que les autres avaient d’eux.En ce qui concerne les enseignants, l’usage de l’outil radio leur a per-mis d’innover et d’explorer d’autres pratiques pédagogiques, de lesfaire évoluer mais surtout de regarder leurs élèves… autrement. n

L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

F a v o r i s e r l a m a î t r i s e d e s l a n g a g e s

“ L’interventionradiophonique régule le comportement des élèves et favorise le développement de compétences spécifiquesà l’outil : l’écoute, la reformulation,l’improvisation… ”

Favoriser la maîtrise des langages

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Dans la nuit, les troupes anglo-américaines ont attaqué l’Irak. Infor-més par la télévision ou la radio, les élèves arrivent au collège en se posant des questions. Nous nous sommes procuré les

dernières éditions du Herald Tribune, The Independant, El país etFrankfurter Zeitung. Les élèves feuillettent fébrilement les journaux.Chacun choisit l’article qui l’intéresse avec mission de faire part, àla fin de la séance, des éléments importants relevés. Les élèves utilisent des dictionnaires et les enseignants interviennent pour les passages difficiles. Certains vont se concentrer sur la stratégie,d’autres sur les prises de position, d’autres encore sur le sort despopulations. Certains vont choisir un article sur un autre sujet, carils en ont assez d’entendre parler de la guerre dans les médias. Ilsestiment que bien d’autres sujets méritent leur attention. Au boutdu compte, les collégiens réalisent une petite revue de presse assortiede commentaires et de critiques.

Un événement, qu’est-ce que c’est ?Pour compléter cette activité, un travail sur l’événementiel et le non-événementiel est engagé. Au premier abord, les élèves nous disentque le thème des attentats du 11 septembre ne les motive plus, maisle visionnage d’un documentaire télévisuel de Thema Arte sur lesattentats les fait changer d’avis. Nous poussons, en effet, les élèvesà considérer dans ce reportage les conséquences des attentats surles cahiers des charges des constructions architecturales à venir.Un débat s’ensuit : les caractéristiques de l’événementiel et soninfluence sur la vie des hommes sont dégagées. À la suite, les élèvesrédigent une définition des termes «événementiel», «non-événe-mentiel». Ils mettent ainsi en évidence l’événement, le fait lui-mêmeet les conséquences qui en découlent. Ensuite, ils écrivent un textesur le document après avoir accompli des activités de compréhen-sion et de vérification linguistique.

Cinq séances de recherche autour d’une thématiqueUn groupe d’élèves choisit une problématique comme « Énergiesrenouvelables, biodiversité… : c’est dans l’air du temps ! De quoi s’agit-il et à quoi cela sert-il ?» À travers la presse écrite et Internet,les élèves recherchent des informations, les sélectionnent en fonctiondu thème choisi. Ils définissent ensuite les informations essentielles

L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

Se rencontrer, s’ouvrir aux autres

«Info doc»C o l l è g e d e S a i n t - M a r t i n - V a l m e r o u xA c a d é m i e d e C l e r m o n t - F e r r a n d

Chaque semaine, une séance d’une heure est prévue pour l’« Info doc » :deux enseignants proposent, en interdisciplinarité, des activités sur des événements d’actualité autour du journal télévisé, de la presseécrite européenne, du documentaire à la télévision et d’Internet. Ces activités sont fondées sur une problématique choisie par les adultesanimateurs et les élèves participants.

“ Décrypter les messages et les images médiatiques:pour distinguerl’événementiel de la véritable information,pour former son espritcritique et sa propreopinion. ”

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

S e r e n c o n t r e r , s ’ o u v r i r a u x a u t r e s

et les restituent avec leurs propres mots. Cette activité se déroulesur plusieurs séances.La première est consacrée à un brain storming au tableau pour faireémerger les différents thèmes. Les élèves recherchent alors un document écrit (presse écrite) en lien avec le thème étudié.Pendant la deuxième séance, les élèves disposent de plusieurs docu-ments écrits (mise en commun de documents originaux des élèveset des enseignants) dont ils choisissent trois articles maximum. Ilssélectionnent ensuite les informations essentielles en rapport avecla problématique, en soulignant ou surlignant les idées importan-tes des textes. Au cours de cette étape, les enseignants aident lesélèves qui ont des difficultés à effectuer l’exercice. Ils proposent unecomparaison écrite (quelques lignes) de la mise en page des troisarticles sélectionnés (typographie, colonnes, rubriques, couleurs,illustration…).La troisième séance est réservée à la recherche proprement dite sur Internet. Les élèves apprennent à l’occasion à effectuer unerecherche.Les quatrième et cinquième séances permettent aux élèves de rédigerune synthèse répondant à la problématique soulevée, accompagnéed’une mise en illustration appropriée et dûment légendée.Des grilles de compétences avant les évaluations sont données aux élèves pour qu’ils puissent prendre conscience des objectifs visés et évalués. Trois niveaux d’acquisition, «acquis», «non acquis»,«transmis», sont mis en place pour évaluer les compétences comme«je sais utiliser un moteur de recherche» ou «je sais utiliser l’outilcopier /coller pour sélectionner un texte sur Internet et le coller dansun autre document à l’aide du traitement de texte», etc. Le fait dedisposer de ces grilles pour effectuer les activités les rassure et leurdonne une aide méthodologique.

Un projet qui évolueCe qui est intéressant dans ce travail sur les médias est de pointerl’évolution de nos objectifs. Au départ, ils ciblaient plus particuliè-rement un média bien spécifique et les sujets d’actualité : un supportdifférent était étudié chaque semaine. Peu à peu, de nouvelles idéesont fait leur chemin et nous avons axé nos dispositifs pédagogiquessur des problématiques et non plus sur l’utilisation stricte d’un média.Cette liberté d’action a permis à chacun des adultes d’orienter seschoix en fonction de sa ou de ses spécialités d’enseignement et derechercher avec les élèves des problématiques plus larges et plus pro-ches de leurs préoccupations. Cette pratique a favorisé en outre desréactions rapides et plus critiques des élèves face à l’actualité. n

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

Notre collège accueille quelque vingt nationalités, les élèves nonfrancophones suivent la classe d’alphabétisation mais sont aussiintégrés dans les classes. Un projet Comenius3 d’échanges avec

un lycée de Hongrie et un collège de Norvège nous a donné l’idéede faire échanger les élèves sur un domaine qui leur est familier : lesmédias.

Des séquences intégrées et des échanges modulésAfin de ne pas alourdir la charge de travail des élèves, il semblaitnécessaire d’intégrer ces travaux aux programmes de français etd’alphabétisation, d’où l’idée des séquences en quatrième puis entroisième.Nos collégiens ont analysé la publicité audiovisuelle et la pressepour acquérir des outils de lecture de messages à la fois familierset complexes tout en développant leur esprit critique. Ils ont surtoutéchangé avec des élèves d’autres pays pour tisser des relations euro-péennes et confronter les différentes approches pédagogiques ence domaine.Les échanges avec les deux établissements étrangers ont été réalisésmais sous d’autres formes que celles que nous avions imaginées à l’origine, car les deux pays concernés n’avaient ni les mêmes programmes (pas d’étude des discours médiatiques en Hongrie), niles mêmes dispositifs pédagogiques que nous (libre choix laissé auxélèves de participer ou non à des activités, en Norvège). Nous avonsadapté notre projet en fonction des réponses ou absences de réponsesde ces pays.

Publicité et presse : analyses et échangesLes élèves de quatrième et d’alphabétisation ont travaillé, lors d’uneséquence commune, sur la lecture des messages publicitaires (images fixes et textes puis messages audiovisuels) provenant deFrance, d’Italie et d’Égypte. Ils ont produit un dossier individuel oùils confrontaient des publicités de produits concurrents (les parfums,les voitures, les ordinateurs…) ou analysaient un message de leurchoix accompagné d’un texte critique argumenté.Les élèves de troisième ont travaillé sur la presse écrite en observantles différents discours des journaux nationaux et locaux. Puis ils ont

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Des adolescents européens face aux discours médiatiquesC o l l è g e B o i s - R o b e r t , H é r o u v i l l e - S a i n t - C l a i rA c a d é m i e d e C a e n

Dans le cadre d’un échange international, une équipe du collège a proposé aux élèves de quatrième, de troisième et de la classed’alphabétisation de réfléchir à leur comportement face à la publicité et à l’information véhiculées par la presse écrite. La communication via Internet avec d’autres pays a permis aux élèves et aux enseignants de découvrir d’autres culturesmédiatiques… et d’autres systèmes scolaires.

3. Première phase du programmeeuropéen Socrates, Comenius contribuenotamment, au travers d’échanges entre établissements de divers paysd’Europe, à l’amélioration de la qualité,au renforcement de la dimensioneuropéenne de l’enseignement scolaire et à la promotion de l’apprentissage des langues à l’école.

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procédé à des confrontations d’informations. Ils ont réalisé pendantplusieurs semaines une revue de presse orale avec panneaux etréponses aux questions de l’auditoire.Un club ouvert au début de l’année avait pour projet de développerune correspondance électronique avec la Hongrie et la Norvège. Sila communication n’a pu se réaliser avec la première, en revanche denombreux messages ont été échangés avec le collège de Norvège.La nécessité de correspondre en anglais a fait participer à notre projet des collègues de cette discipline. Cette correspondance,d’abord sous la responsabilité des professeurs, s’est déroulée ensuiteà l’initiative des seuls élèves. À la suite de ce travail et de la visiteorganisée en Norvège par quatre professeurs, un voyage est envi-sagé dans ce pays avec les élèves.L’évaluation a porté sur toutes les réalisations des jeunes : la corres-pondance établie est évaluée au travers du nombre de messages etde leur contenu. Les élèves ont été très intéressés par ces séquencesen lien direct avec leur univers. Celles-ci leur ont permis d’aller au-delà de leurs connaissances immédiates et de construire lesdémarches et les outils d’une analyse critique.Les élèves d’alphabétisation ont apporté des publicités de leur payspour enrichir la connaissance des cultures du monde. Ils ont dansleur ensemble apprécié ce travail inhabituel sur les supports publi-citaires et les journaux. Ils se sont investis dans la correspondancepar courriel et ont amélioré leur utilisation de cet outil ainsi que leurpratique de l’anglais.

Une interdisciplinarité réussie malgré l’obstacledes languesCe projet a introduit un travail en interdisciplinarité : français,histoire, géographie, anglais, arts plastiques, documentation. Lesprofesseurs ont développé leur connaissance des systèmes éduca-tifs des trois pays européens et se sont interrogés sur les démarchespédagogiques.La langue de l’échange avec des pays européens est une questiontrès difficile. L’insuffisante maîtrise de l’anglais par un grand nombre d’élèves de collège et par la plupart des professeurs freinela communication tant écrite qu’orale. Faut-il, d’ailleurs, privilégiercette langue ? Le manque d’heures de concertation prévues dansl’emploi du temps, rend difficiles les rencontres entre les profes-seurs. Enfin le temps nécessaire a manqué pour développer un aspectdu projet : les échanges entre les professeurs des trois pays sur leurspratiques pédagogiques.

Une perspective européenneL’aspect européen du projet est une piste à prolonger une fois qu’auront été résolus les problèmes de langue et de moyens de communication. Le travail sur la citoyenneté est très important àdévelopper en ce qui concerne les adolescents face aux discours desmédias. Cette nécessité semble évidente au moment où le débat

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S e r e n c o n t r e r , s ’ o u v r i r a u x a u t r e s

“ L’étude comparative des messages publicitaireset de la presse de différents pays comme la correspondanceélectronique avec d’autrescollèges d’Europe, favorisel’éducation à la citoyenneté.Cette démarche permet un double apprentissage:savoir lire journaux oupages Web, apprendre à chercher des informationset savoir les analyser. ”

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sur la téléréalité fait rage. Il faut aider les élèves à analyser et àconfronter ces discours médiatiques dont ils sont les cibles privilé-giées. Le professeur de français est, dans ce domaine, bien armé pourmener cette réflexion dans le cadre de ses programmes. Mais lecaractère interdisciplinaire de l’objectif est patent : l’éducation civique,l’histoire et la géographie, les langues, la documentation, la tech-nologie, les arts plastiques peuvent se retrouver, notamment dansle cadre des itinéraires de découverte. n

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“ Donner le goût de lire aux élèves en s’appuyant surl’actualité et la variété des textes offerts par la presse locale, régionaleet nationale. Le CDI met en place une véritablestratégie pour attirer les jeunes lecteurs. ”

Kiosque à journaux et radioC o l l è g e S a i n t - E x u p é r y , É p i n a lA c a d é m i e d e N a n c y - M e t z

Presse écrite et radio sont les deux médias utilisés pour développer des compétences langagières chez ces collégiens qui deviennent des lecteurs avertis de la presse écrite, grâce à l’installation d’un kiosque à journaux au centre de documentation et d’information(CDI). Par ailleurs, des émissions de radio pour des élèves des classes de quatrième d’aide et de soutien comme de français langue étrangère(FLE) servent de support à l’apprentissage de la langue.

Le CDI est abonné aux Clés de l’actualité junior et à de nombreusesrevues destinées aux adolescents. Malgré cette abondance, unetrès faible proportion de cette presse est utilisée, voire simple-

ment consultée. Afin de faire découvrir aux collégiens la richesse etla diversité de la presse et d’offrir aux professeurs des ressourcesappropriées, nous avons installé un kiosque au CDI pour accueillirdes journaux en plus grand nombre. Des abonnements ont été prisà des quotidiens nationaux et régionaux (Libération, L’Est républi-cain, La Liberté de l’Est, L’Équipe dans sa formule du samedi), à d’autres publications pour adolescents (L’Actu, L’Hebdo, Le Mondedes ados) et au mensuel Le Monde 2.

Une disposition stratégiqueLes quotidiens régionaux arrivent par portage, ils sont donc dispo-nibles dès huit heures chaque matin. Les autres arrivent au courrier,généralement vers dix heures. Chaque titre est d’abord estampilléet rapidement feuilleté afin de vérifier les contenus, mais aussi derepérer des sujets susceptibles d’intéresser élèves et professeurs.Un présentoir à roulettes avec des journaux en libre service, installéau CDI, fait office de kiosque. Placé près du lieu de passage des élèves,il offre la possibilité d’un feuilletage rapide à ceux qui attendent lecopain, la copine ou la sonnerie. Les journaux et revues aux couver-tures attractives qui demandent un temps plus long de consulta-tion sont installés près du coin lecture. Sur des tables disposées àproximité, les élèves peuvent déplier les quotidiens de grand format(quotidiens régionaux et L’Équipe, notamment). Cette présentation

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convient bien au feuilletage et touche un plus grand nombre d’élèves.Ainsi certains se sont-ils mis à brasser la pile d’Actu, commenter unephoto de L’Équipe avec leur voisin et à prendre le quotidien régionaldu matin pour chercher un fait précis.

Titres, lignes et ponctuation en classe de FLELa presse fournit de nombreux indices visuels :titres, intertitres, images,nom du journaliste… Autant d’indicateurs qui facilitent l’accès à la lecture des pages de journaux. Pour les enfants qui ne maîtrisent pasdu tout la langue, la perception de la globalité de la page constitue unpremier obstacle de lecture. Les titres, les paragraphes, les colonnes,les lignes, la ponctuation, les mots, les illustrations sont autant depoints sur lesquels il faut s’appuyer pour entrer dans les textes.Les enfants s’approprient cet «espace-page» grâce à des exercices.Demander aux élèves de relever tel mot à la ligne 5 de la troisièmecolonne de la page 2, par exemple, de situer précisément où se trouvetelle ou telle illustration ou information, leur permet de naviguer dansla page. Repérer des noms propres (personnes, lieux) ou des chiffresouvre le chemin vers une compréhension plus approfondie. Donnerdes titres à des paragraphes sensibilise à la structure de l’écrit…

Des exercices sur la presse écrite adaptésaux non-francophonesAvec le groupe des débutants complets arabophones, l’objectif prin-cipal est d’acquérir du vocabulaire. Pour ce faire, les élèves élaborentun mini-dictionnaire, destiné aux élèves arabophones qui seront scolarisés à la rentrée suivante. Ils sélectionnent et découpent dansla presse des illustrations et recherchent le ou les mot(s) en rapportavec l’image. Ils les classent par ordre alphabétique, les collent et écrivent le mot repéré et sa traduction en arabe. Cette activité favo-rise le repérage des mots, le travail sur la phonétique et la graphieainsi que la mémorisation de l’alphabet et la manipulation des dictionnaires de français et d’arabe.Une autre activité de repérage est proposée aux élèves pour les fami-liariser avec quelques consignes orales et avec un vocabulaire spéci-fique. Une page de L’Est républicain sert de support à ces séquences.Les élèves soulignent le titre écrit en caractères gras, ils entourentles mots en italique du premier paragraphe, encadrent en rouge lesparoles entre guillemets et colorient en vert les points, en rouge lespoints d’exclamation.Un peu plus tard dans l’année, les élèves travaillent sur la compré-hension simple du texte. Ils entourent en rouge les informations quirépondent à la question «Qui ?», en vert, les passages qui répondentà la question «Où ?»… Autant de séances qui favorisent les stratégiesde lecture-repérage.

Écouter la radio pour progresser en françaisAvec le groupe FLE avancé, les élèves recherchent des informationsen s’appuyant sur des extraits d’émissions de radio. Quatre écoutes

L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

S e r e n c o n t r e r , s ’ o u v r i r a u x a u t r e s

“ L’écoute d’émissionsradiophoniques aide desélèves non francophones à apprendre la langue et à savoir rechercher une information. ”

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de l’émission sont nécessaires. Lors de la première, les élèves se fontune idée générale. Chacun doit proposer un mot qu’il a entendu. Cesmots sont listés au tableau afin d’opérer un premier classement : qui ?Où ? Quand ? Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? Quel est le problème soulevé ? Des hypothèses sont émises entraînant échanges et discus-sions. Au cours de la deuxième écoute, les questions sans réponse etles hypothèses émises pendant la première écoute sont examinées parles enfants. À la troisième, les élèves relèvent des éléments plus précis.Pendant la quatrième, ils corrigent les réponses et recherchent le senset l’orthographe des mots entendus qu’ils ne comprennent pas.

De l’oral à l’écritDans la classe de quatrième d’aide et soutien, les activités à partirde la radio ont commencé le jour de la fête musulmane de l’Aïd al-Kébir. Les élèves de la classe qui n’étaient pas de confession musul-mane avaient demandé la veille ce qu’était précisément la « fête dumouton ». Ils ont écouté les informations du jour sur ce sujet, ontpris des notes, ont classé leurs idées et ont reformulé oralement cequ’ils avaient compris. Ensuite, ils ont échangé leurs informations.Une deuxième écoute sans prise de notes a permis de reformuleret de noter au tableau les idées principales : aucune phrase n’estrédigée, les mots sont abrégés. À la troisième écoute, ils s’attachentà la chronologie des idées et définissent un plan pour la rédactiond’une page informative sur ce thème. Au cours de la quatrièmeécoute, les élèves recherchent les articulations, les liens logiquesentre chaque partie du reportage. Pour mieux comprendre le sujet,nous proposons aux élèves de lire un extrait du Coran et de la Bibletraitant du sacrifice d’Abraham, thème qui est développé au débutdu reportage radiophonique. Nous les invitons à écrire à la maisonun court résumé de l’information travaillée en classe.Cette activité a fortement motivé les élèves qui ont demandé à fairece type de travail comme devoir à la maison. Depuis, nous mettonsà leur disposition, tous les quinze jours, une cassette à partir delaquelle ils font un résumé écrit qu’ils accompagnent de leur pointde vue sur le sujet traité. Activité d’écriture… qui a l’air de plaire…Une constatation intéressante : tous rendent ces devoirs-maison !

Au bénéfice de la lectureLes activités autour du kiosque ont eu des prolongements non négli-geables : fréquentation plus importante du CDI, présentation derevues de presse, d’exposés oraux sur un sujet d’actualité ; les élèvess’orientent spontanément vers des livres dont le sujet a été traitédans les médias…Nous avons remarqué, de la part de tous les élèves, un plaisir et unecuriosité pour la lecture de la presse : les textes variés, plus ou moinscourts, semblent convenir à certains qui ne peuvent ou ne veulentpas travailler sur des textes longs. Une remotivation, une remise autravail et des progrès sont perceptibles dans les groupes de soutien.Le nombre de travaux non rendus diminue. Des approches différentes

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sont proposées : questionnaires, textes lacunaires, remise en ordre deparagraphes proposés dans le désordre, recherche de titres à donneraux paragraphes, comparaison du traitement de l’information dansdes journaux différents…L’activité lecture de presse a favorisé l’acquisition d’un vocabulaireusuel mais aussi d’éléments culturels très divers non seulementpour les élèves francophones mais également pour ceux inscrits auxcours de FLE. n

L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

S e r e n c o n t r e r , s ’ o u v r i r a u x a u t r e s

Le patrimoine local à la uneÉ c o l e é l é m e n t a i r e P i e r r e - C o l l i n e t , R E P d e M e a u x

A c a d é m i e d e C r é t e i lCoordonnateur TICE et formateur Clemi, cet enseignant,

meldois d’origine, intervient dans les écoles du réseau d’éducationprioritaire (REP) de Meaux. Après l’étude d’une période ou

d’un événement en liaison avec les programmes scolaires, les élèvesréalisent des unes historiques, enrichies par des recherches

sur le patrimoine local conduites grâce au partenariat mis en placeavec les ateliers du patrimoine de la ville de Meaux.

Je suis souvent surpris devant le sentiment des élèves de ne pasappartenir à leur ville. Cette «déculturation» n’est-elle pas un desparamètres du constat d’échec scolaire de cette population

d’élèves ? Partant de cette interrogation, je me suis demandé si untravail sur le patrimoine local en classe, en relation avec les appren-tissages scolaires, pourrait avoir une influence positive sur leur rapportau savoir et si la presse écrite ne serait pas un médiateur influentauprès des élèves. Ainsi est né le projet «presse écrite et patrimoinelocal» conduit depuis trois ans avec des enfants de cycle 3.Les élèves réalisent des unes qui ont la forme de celles que l’on trouvedans les quotidiens. Auparavant, des activités sur la presse sont orga-nisées durant lesquelles les élèves découvrent le journal en tantqu’objet, ses fonctions et les différents types d’écrits. Des unes dejournaux, en particulier celles de la presse jeunesse, sont étudiées.Les travaux proposés, qui s’inscrivent dans la maîtrise des savoirsfondamentaux, incitent les enfants à écrire, à acquérir une meilleurecompréhension du monde en les confrontant au réel. Tout cela participe à l’apprentissage de l’autonomie, de la socialisation et dela responsabilisation.

Découvrir le patrimoine médiéval de sa ville…Une classe de CE2 /CM1 travaille sur le thème des villes au MoyenÂge, en liaison avec les ateliers du patrimoine. Dans un premiertemps, les élèves, accompagnés d’une conférencière de l’exposition« Meaux, ville d’art et d’histoire », visitent le centre-ville. L’accent estmis sur le tracé des rues, la forme et la spécialisation des quartiers,

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les façades des maisons dont les dessins et les enseignes sont liésaux activités pratiquées autrefois dans la cité. Une attention parti-culière est portée sur l’influence de la Marne et de ses échanges, surle rôle des remparts et d’autres éléments du patrimoine médiévalcomme l’hôtel de ville, le vieux pont, etc.Dans un second temps, le responsable des ateliers accueille les élèves. Il leur projette un diaporama retraçant la vie de Meaux auMoyen Âge. Les élèves font le lien entre le Meaux de cette époqueet les survivances médiévales. Ensuite, les élèves sont invités à recons-tituer une ville moyenâgeuse avec des éléments de maquette enbois. Grâce à cette dernière activité concrète, ils s’approprient plusfacilement les éléments caractéristiques de la ville.

… pour rédiger la une d’un journalUn troisième temps est consacré à la réalisation de la une histo-rique. Une sélection de documents et d’images sur le sujet leur est donnée pour acquérir les notions historiques nécessaires à lacompréhension des thèmes. Les élèves sont répartis en cinq grou-pes : le premier s’intéresse aux différentes classes sociales et à leurrépartition dans la ville ; le deuxième, au développement des cités ;le troisième, à la circulation des marchandises, le quatrième, à la construction des villes et le cinquième groupe, à l’architecture et àl’activité commerciale.Les élèves répondent aux questions à l’aide des documents et desconnaissances acquises lors de la visite de la ville de Meaux et desactivités pratiquées dans le cadre des ateliers du patrimoine. Puis,un élève de chaque groupe vient lire ses réponses à l’ensemble dela classe. À ce moment-là, chacun peut donner son avis. Il s’agit pourles élèves de participer à l’examen collectif d’un document histo-rique en justifiant son point de vue, d’y trouver les informationsnécessaires, de les apprécier de manière critique, de les compren-dre, de les organiser, afin d’écrire un texte à dominante descriptive.Ensuite, à partir des réponses aux questions, les élèves rédigent unarticle de journal, lui donnent un titre, choisissent une image l’illus-trant au mieux et préparent ainsi collectivement la une du journal.

De multiples apprentissagesAu cours de cette étape du travail, de nombreuses compétences sontsollicitées : raconter un événement, utiliser correctement le lexiquespécifique à l’histoire, rédiger un court résumé à partir d’informa-tions recueillies, mettre en page et organiser un document écrit dans la perspective d’un projet d’écriture respectant les contraintesjournalistiques, hiérarchiser les faits les plus significatifs, savoir comparer et analyser différents types d’images. Enfin, la mise en pageinformatique est faite à partir d’un logiciel de PAO. Je prépare unemaquette du journal avec des cadres images et des cadres textes ; lesélèves y insèrent les images.Durant ces activités, ils sont les principaux acteurs de leurs appren-tissages. Ils acquièrent beaucoup plus aisément les notions historiques

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“ L’utilisation des médias peut permettrede sensibiliser les élèves à leur patrimoine de proximité. À travers la rédaction de unes de journaux sur l’histoire de leur ville, les élèvesapprennent à recueillir des informations, à lesapprécier de manièrecritique, et à les organiserselon des points de vue, de manière autonome. La forme journalistiqueadoptée permet de valoriserleurs écrits. ”

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S e r e n c o n t r e r , s ’ o u v r i r a u x a u t r e s

parce qu’ils peuvent les mettre en relation avec la ville dans laquelleils vivent. Par ailleurs, ils ont de vrais lecteurs puisque les unes sontconsultables sur le site de l’académie de Créteil.Cette démarche s’appuie sur deux idées fortes : la valorisation desécrits des élèves et le lien établi entre les apprentissages et le patrimoine local. n

L’actu-ciné de l’écoleÉ c o l e A l i x - d e - B r e t a g n e , S a i n t - A u b i n d u C o r m i e r

A c a d é m i e d e R e n n e sSur le principe des actualités destinées à un grand public

et projetées en salle de cinéma, les élèves de CM2, avec leur enseignantet la coordinatrice Clemi produisent des reportages qui vont susciter

l’intérêt des habitants de la ville pour l’actualité locale.

Cette expérience, qui concerne trente élèves, s’inscrit dans leprojet d’école et se donne pour objectif d’ouvrir l’école sur lemonde. Quatre heures par semaine, prises sur le temps scolaire,

sont consacrées à la réalisation du projet.

Plans, cadres et vigilanceLa première phase de travail a commencé dès le début de l’année,avec la volonté de donner aux élèves les connaissances théoriquesde base sur la valeur des plans dans l’image. J’utilise un matérielpédagogique que j’ai moi-même mis au point. Les cadrages et les planssont présentés sous la forme d’une bande dessinée : plan général etd’ensemble, plan large ou serré, plan moyen ou gros plan. Un travailde réappropriation est demandé aux élèves, chacun devant chercherdans les images de magazines ou de journaux, un exemple de chaqueplan étudié.Pour les images en mouvement, je préfère, dans un premier temps,que les élèves accèdent à la maîtrise du cadre (Caméscope) par tâton-nement expérimental. Quelques séquences spécifiques s’appuyantsur l’analyse de courts-métrages sont, toutefois, mises en place pouraffiner leurs connaissances en ce domaine.Dans le même temps, les enfants sont fortement incités, par untravail sur la presse et l’actualité, à se représenter l’actualité locale.L’objectif est de les conduire à être vigilants, en alerte face aux évé-nements ou aux informations : ils doivent se mettre véritablementen situation d’écoute, recueillir des informations et rapporter enclasse le fruit de leurs investigations.

Une championne localeUne jeune habitante de Saint-Aubin, Nolwenn Le Caër, est récemmentmontée sur le podium des championnats du monde de descente enVTT : le sujet est tout trouvé. L’enseignant, sans en informer les

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élèves, a, par ailleurs, enregistré un reportage réalisé par M6 Rennes sur la jeune championne, afin de comparer, plus tard, le travail des élèves avec celui d’un professionnel.Avant de réaliser le tournage, les élèves réfléchissent collectivementà la meilleure manière de procéder. Ils décident de prendre contactavec la championne pour obtenir une interview.La seconde phase de préparation consiste à se rendre sur place pourfaire les premiers repérages. Simultanément, les enfants expéri-mentent le maniement de la caméra avec leur enseignant, une caméranumérique dont le fonctionnement est relativement simple. Les jeunes préparent aussi le questionnaire qu’ils souhaitent soumettreà Nolwenn lors de la rencontre. Une douzaine de questions émer-gent du choix collectif : depuis combien de temps pratiques-tu leVTT ? Pourquoi as-tu choisi ce sport ? Es-tu stressée avant une descente ? Quels sont tes adversaires les plus redoutables ? À quelâge penses-tu arrêter ? Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ce sport ?Nolwenn rencontre les jeunes dans leur classe avant les prises devue, afin de mettre le groupe en confiance, mais aussi d’affiner lequestionnement.

Prises de vue et interviewLe premier jeudi d’octobre, la classe se rend dans le bois jouxtantl’école, afin de procéder aux prises de vue. La première partie de lamatinée consiste à tourner des plans de Nolwenn en action sur sonVTT, pendant son entraînement. Les enfants se relaient derrière lacaméra et filment les plans fixes sur pied. Très vite, il s’avère néces-saire de tourner certaines cascades, caméra à l’épaule, afin de saisir,de l’avis des élèves, l’effet ou les impressions fortes de certains sautsde la cycliste. Sur place, les acquis théoriques s’expriment naturel-lement, tel l’effet de contre-plongée choisi par certains groupes pourfixer sur la bande un saut particulièrement impressionnant.Aux prises de vue succède l’interview. Les enfants se sont répartisles questions. Ils choisissent d’enregistrer et de filmer uniquementles réponses afin de faciliter le montage. Dans les jours qui suivent,les élèves réenregistrent leurs questions sur le lieu du tournage pouren garder l’ambiance sonore.

Le montageLa semaine suivante, débute véritablement le travail de montage surle logiciel. L’école possède une salle multimédia bien équipée ; chaquegroupe de deux ou trois élèves dispose d’un ordinateur et a accès à l’ensemble des rushes qui sont au préalable visionnés par toute la classe.Les élèves font rapidement émerger des critiques judicieuses quantà la qualité de leurs plans. Tous réinvestissent le vocabulaire acquisen classe et lors de leur pratique : «c’est une contre-plongée», « leplan est trop large, on voit quelqu’un derrière…»La première consigne donnée est de sélectionner, parmi toutes lesquestions posées, celles qui répondent aux questions de référence :qui ? quoi ? où ? quand ? pourquoi ?

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“ Réaliser des reportagesvidéo sur l’actualité localepermet de découvrir et de partager une culturecommune qui ancre chacunplus familièrement dans son environnement. ”

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“ Par l’expérimentation,les enfants découvrent une à une les étapes de la réalisation d’un reportage. ”

Au cours de ce travail de «dérushage», certains élèves ressentent lanécessité d’ajouter des commentaires. Il est donc envisagé d’enre-gistrer des textes de commentaire off, qui seront préparés par écrit,en groupe ou en classe entière.

Un visionnage critiqueÀ l’issue de quatre séquences de travail, trois groupes réussissent àfinaliser leur sujet. Les trois reportages ainsi produits ne diffèrentpas foncièrement mais leur construction révèle des positionnements(angles) relativement originaux. Le sujet est traité sous la formed’une interview (consigne collective) mais la hiérarchie des infor-mations n’est pas la même selon les productions.L’enseignant projette les trois reportages finalisés à l’ensemble dela classe qui en fait la critique. Ensuite, il montre le reportage réalisépar M6 Rennes. Les réactions des élèves sont nombreuses et trèsriches. Ainsi, ils prennent conscience de l’importance de certainesinformations manquantes dans leurs sujets (éléments de rappel),de la présence de musique pour dynamiser le sujet, de techniquesde prise de vue qui donnent sens («caméra embarquée» pour rendrecompte de la performance sportive, images d’illustration), mais ilsse montrent également critiques face au reportage réalisé par lesprofessionnels (certains plans sont en contre-jour).

De l’étang au lavoirLes deux sujets suivants sont définis en classe : l’étang du village va être vidé pour être nettoyé (c’est une actualité à ne pas manquer,ce nettoyage n’intervenant que tous les trois ans) ; une habitantede Saint-Aubin lave encore son linge à l’ancien lavoir. Si les repérageset les prises de vue sont effectués collectivement, je décide d’attri-buer différemment les tâches :certains groupes se chargent de l’étang,d’autres du lavoir.Comme la première fois, les rushes sont installés dans leur intégralitésur les ordinateurs. La phase de «dérushage» s’avère plus complexe.L’angle des reportages est plus diffus, certains enfants ont des diffi-cultés à organiser leurs informations. Une séquence intermédiairepour les groupes en difficulté fait émerger la nécessité de reprendrede façon systématique les questions de référence (qui ? Quoi ? Où ?Quand ? Pourquoi ?). On demande à ces groupes d’effectuer un« dérushage » pour répondre principalement à ces cinq questions.

Intuition et redondancesNous constatons que certains enfants montent leur sujet en répon-dant à une hiérarchie intuitive. Ceux-là «dérushent» vite, choisissentles plans en fonction d’une construction déjà établie, parfois rédigée,et, d’eux-mêmes, comprennent la nécessité d’ajouter un commen-taire off lorsque l’information en image fait défaut. Ces groupes ontfait appel à leur souvenir du visionnage pour user d’images d’illus-tration sur une interview, ils ont fait le choix d’une musique et ontajouté du son pour «donner l’ambiance».

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

Parmi les difficultés rencontrées par d’autres, notons celle de distin-guer la redondance de l’information contenue dans le commentaire(interview ou commentaire off) et dans l’image. Il faut revenir surle sens d’une image : que dit-elle ? Que ne dit-elle pas ? Que veut-ondire ? Comment le dire, en image ou en son ? Pour ces élèves, unegrille de « dérushage » est élaborée, les plans devant être choisis enfonction de contraintes incontournables. Là encore on se réfère auxcinq questions.Si un plan répond déjà à la question «où ?» (plan sur la pancarte dela commune) est-il nécessaire de commenter ce plan ? Ou bien, sil’interviewé ne se présente pas, quel moyen utiliser pour donner sonnom et sa qualité au téléspectateur ? (Utilisation d’un banc-titre ouprésentation en voix off ?)

Les débuts d’une méthodeIl est évident qu’à ce stade de leur travail, les enfants usent d’uneméthodologie expérimentale que l’on s’efforce de formaliser au fildes séquences. Ainsi, les reportages suivants devront-ils répondre àdes contraintes plus strictes, s’appuyant sur l’expérience acquise.Ces contraintes doivent faire sens pour les élèves dont l’objectif estde projeter des reportages aboutis aux habitants de Saint-Aubin duCormier. n

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L’app@geC o l l è g e A l c i d e - D u s o l i e r , N o n t r o nA c a d é m i e d e B o r d e a u x

Tout au long de l’année, les travaux réalisés dans le cadre du projetpresse, L’app@ge, par les élèves de cinquième Segpa sont affichés au CDI et présentés à tous. Cette revue de presse hebdomadaireévolue en fonction des réactions qu’elle suscite.

Dans ce collège intégré à une cité scolaire, tous les élèves partagententièrement les locaux de l’établissement sans distinction de section, y compris les élèves de Segpa. Le projet média, L’app@ge,

s’inscrit dans le projet pluriannuel de l’établissement portant surl’éducation à la citoyenneté. Les enseignants y affirment la volontéd’intégrer et de valoriser les élèves de Segpa au sein du collège parune approche pédagogique motivante dans les domaines de la langue écrite et orale.

Motivation et apprentissagesNous choisissons de travailler au plus près de l’information pourfamiliariser les élèves avec les médias écrits, développer leur senscritique et comprendre le cheminement de l’information. Il nous asemblé que cette démarche serait à même de motiver des élèves endifficulté scolaire.

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Nous cherchons à confronter les élèves à différents types de textes,à développer des attitudes différentes de lecture (sélection d’infor-mations, lecture découverte, intégrale, critique…), à leur permettred’établir une liaison entre les lectures effectuées hors de l’école etles activités menées en classe ; à appréhender l’écrit hiérarchisé, àmieux comprendre la signification d’un message.Nous engageons les élèves dans une production les obligeant à déve-lopper des stratégies de travail de groupe (organisation et planifi-cation du travail…) les amenant à saisir les enjeux d’une situationde communication. La prise en compte de la pluralité de l’informationet la justification des choix opérés sont les principes qui régissenttoutes les activités.

Une revue de presse pour apprendre à s’exprimer à l’oralChaque élève présente une ou plusieurs information(s) trouvée(s)dans la presse pendant la semaine. Les informations sont affichéesau tableau et chacun justifie ses choix face à l’ensemble de la classepuisque tous les sujets ne pourront être retenus. Cette activité collective est centrée sur l’apprentissage de l’oral et le respect desrègles de prise de parole.De septembre à octobre, les élèves apportent tous les types de journaux imprimés qu’ils côtoient. Ces élèves de cinquième Segpasont en grande majorité issus de milieux sociaux très défavorisésdans lesquels la presse d’information n’est pas lue. Pour eux, unjournal d’information est celui dans lequel on trouve les petitesannonces. Aucun n’a accès, dans son entourage, à un quotidienrégional.Nous avons alors défini les supports informatifs sur lesquels nousappuyer pour réaliser la page d’information. Ainsi les élèves sont-ilsincités à rapporter des informations vues et entendues à la télé-vision et à effectuer des recherches, dans les quotidiens et hebdo-madaires disponibles au collège, sur des sujets choisis. Par groupede deux ou trois, ils découpent les articles qu’ils souhaitent retenir.Chacun doit défendre son article devant le groupe. Il s’agit de choisiret de hiérarchiser collectivement des nouvelles en vue d’afficher auCDI L’app@ge de la semaine.

Vers la production d’une uneAprès un mois de parution de L’app@ge, les élèves ressentent lebesoin d’intégrer à leur production, des commentaires, des ques-tions, portant sur le contenu des articles affichés. Ils intègrent uneboîte aux lettres à leur panneau afin de recueillir les réactions deleurs lecteurs.Petit à petit, la présentation du panneau évolue. Les élèves désirentprésenter L’app@ge comme la une d’un journal. Un travail sur lacomposition des unes aboutit à la réalisation d’une maquette. C’estainsi que des rubriques apparaissent, rappelant l’origine géogra-phique des événements affichés. Plus tard, les élèves choisissent deréaliser L’app@ge en format A3 en présentant, dans un premier

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S e r e n c o n t r e r , s ’ o u v r i r a u x a u t r e s

“ Travailler sur les médias dans un établissement donnel’occasion aux élèves en difficulté scolaired’échanger, de se connaîtreet de trouver leur place. À travers l’échanged’informations, ils découvrent la fonction de communication des médias et prennentconscience de la dimensionsociale de l’écrit. ”

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temps, le traitement d’une même information dans différents journaux. Cette formule ne leur paraissant pas satisfaisante, ils décident de produire une page plus complète en réduisant la placeréservée à l’information principale et en ajoutant trois rubriques :«Dans le monde», «En Europe» et «En France ou chez nous».

Un travail qui suscite des réactions diversesSi la parution de L’app@ge provoque chez certains élèves des réac-tions qui ne sont pas toujours bienveillantes, ce travail sur la pressesuscite, en revanche, l’intérêt des professeurs d’autres classes. Chaqueremarque récoltée dans la boîte aux lettres est perçue comme unsigne d’intérêt pour leur travail et constitue une réelle motivationpour les élèves. C’est ainsi que la documentaliste du collège proposeaux élèves de cinquième Segpa de devenir, en quelque sorte, lestuteurs des élèves de sixième qu’elle reçoit en atelier par demi-groupe une heure par semaine. L’expérience est une réussite. Aucours de la Semaine de la presse, les deux classes suivent les mêmesactivités, accompagnées de leurs enseignants et de journalistes deSud Ouest et de Radio France Bleu.

Nouvelle mise en pageAprès la Semaine de la presse à l’école, la collaboration avec les élèves de sixième se poursuit. Ces derniers désirent faire encore évoluer L’app@ge, afin que sa communication et sa distributionsoient facilitées. La phase de mise en page se fait désormais en salleinformatique à partir d’articles pris dans la presse imprimée ou surles sites Internet des principaux journaux nationaux et de Sud Ouest.Le résultat est beaucoup plus valorisant pour les élèves et cette miseen page nécessite un apprentissage approfondi du maniement dulogiciel de PAO avec l’aide du professeur de technologie. Chaquenuméro est tiré à cinquante exemplaires et est désormais disponibleau CDI, au foyer des élèves et dans la salle des professeurs.À la fin de l’année, les élèves du club lecture, lecteurs réguliers etattentifs de ce travail, ont invité les élèves de cinquième Segpa àpartager leur voyage sur l’histoire du papier et de l’imprimerie enDordogne. Un réel plaisir pour tous et un beau cadeau récompen-sant tous les efforts fournis tout au long de cette année !

Un bilan concluantL’app@ge a permis de valoriser le travail des élèves bien au-delà des attentes de l’équipe pédagogique et d’aborder de façon active l’enseignement de l’oral et de la production d’écrits, domaines danslesquels les élèves étaient en difficulté. Si cette expérience n’a puapporter toutes les réponses aux problèmes de langue, elle a aidénéanmoins les élèves à prendre conscience de la dimension socialede l’écrit, dont l’actualité est une composante importante. En find’année, les élèves ont montré une attitude beaucoup plus dyna-mique en classe et dans le collège et se sont intégrés plus facilementaux activités proposées.

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Les progrès les plus importants ont été notés dans le domaine de lalecture et de la pratique de la langue orale : prise de parole, écoute,argumentation, respect des idées de chacun. Les élèves ont comprisque l’écrit comporte une dimension de communication qu’il estnécessaire de prendre en compte dans le travail de production. Dansle domaine de l’éducation aux médias, ils ont été confrontés au pluralisme de l’information, une richesse qu’ils ont vécue dans unpremier temps comme une contrainte (beaucoup de lectures pourun même sujet). Puis, ils ont perçu que la confrontation des traite-ments d’un même sujet permettait de proposer des informationsplus complètes. Ils ont appris à sélectionner, hiérarchiser et synthé-tiser différents écrits.Le soutien de l’équipe de direction et de l’équipe éducative au senslarge, les apports du milieu professionnel (intervention d’un jour-naliste, d’un responsable d’agence, d’un correspondant local) ontlargement contribué au succès de cette expérimentation et ont permis d’en affiner l’évaluation. n

L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

S e r e n c o n t r e r , s ’ o u v r i r a u x a u t r e s

Du tâtonnement radiophonique à une émission structuréeL y c é e e x p é r i m e n t a l , S a i n t - N a z a i r e

A c a d é m i e d e N a n t e sUn petit groupe d’élèves volontaires prend entièrement en charge

une émission mensuelle diffusée sur les ondes d’une radio partenaire.Les savoirs et compétences nécessaires s’acquièrent au fur

et à mesure des réalisations et au contact de professionnels. Porté par quelques élèves, ce projet tend désormais

à toucher l’ensemble de l’établissement.

Ce lycée expérimental, ouvert il y a une vingtaine d’années, fonc-tionne sur la libre adhésion des élèves au projet de l’établissement.En confrontation avec les propositions et exigences de l’équipe

éducative, les élèves construisent leur parcours de formation. Desactions aussi particulières que celle de la radio reposent sur le volon-tariat et leur prise en charge par les élèves.L’idée de départ est de diffuser une émission mensuelle sur les ondesd’Alternantes, radio associative nanto-nazairienne qui met un studioà notre disposition pour la préparation et la réalisation des émis-sions. Le format envisagé est d’une demi-heure retransmise sur uneheure d’écoute possible au lycée. L’activité ayant démarré tard dansl’année, seulement quatre émissions ont pu être réalisées.

Un projet pris en charge de A à Z par les élèvesL’activité menée par les élèves comprend tous les aspects du projet :gestion du budget, entretien et achat de matériel, recherche de documents, prises de contact, prises de son, interviews, montages,rédaction d’articles et réalisation en direct.

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Un professionnel de la radio et deux enseignantes ont été sollicitéspour animer le travail. Le groupe d’élèves s’est rapidement réduit àtrois mais ce faible effectif a été compensé par une très forte impli-cation. L’un d’entre eux s’est spécialisé dans l’animation techniqueet la gestion du matériel, une autre dans le montage et le troisièmedans la rédaction des articles. La particularité de ce petit groupe estson extrême hétérogénéité puisque s’y retrouvent pour travaillerensemble, un élève de détermination (l’équivalent de la classe deseconde dans notre établissement) issu de Segpa, une élève de première et une élève de terminale S. D’autres élèves ont été ponc-tuellement associés, notamment pour créer le générique.Le travail de préparation de l’émission représente en moyenne quatre heures de travail hebdomadaires. La première séance consisteà choisir un sujet, chercher une problématique, choisir un angle,imaginer le fil conducteur de l’émission. Les séances suivantes portentsur la préparation et la réalisation des interviews ou des micro-trottoirs, les choix de montage, la recherche d’illustrations sonores.La dernière donne lieu à une émission test au studio.Il nous faut fonctionner avec un budget réduit que nous utilisonsessentiellement pour financer notre partenariat avec Alternantes.Un lecteur-enregistreur mini-disque et un micro, un logiciel de mon-tage, guère approprié, sur l’ordinateur commun à l’activité radio et à l’activité musique du lycée constituent notre équipement audépart. Il reste qu’en dépit de cet inconfort nous réussissons à réali-ser des enregistrements et des montages corrects.

Un choix éclectique de sujetsLes sujets sont proposés par les élèves du groupe, ils sont ensuitediscutés pour parvenir à un choix. Le thème de la rue a été le pre-mier sujet retenu car il rejoint les préoccupations lycéennes. Nousavons donc opté pour un travail sur l’histoire des noms de rues àSaint-Nazaire. C’est à la suite d’un débat et d’une exposition sur laquestion que nous avons choisi le deuxième sujet : l’éducation desfilles et des garçons. La troisième émission a traité des rave party,thème qui devait faire surgir des points de vue contradictoires. Quantau quatrième thème, les petits plaisirs, il relève d’une volonté de tonet d’approche plus légers. La dernière émission –non réalisée– devaitporter sur l’amour à tout âge (nous avions commencé à rencontrerde vieilles dames d’une maison de retraite de Saint-Nazaire et pros-pecter pour enregistrer des enfants de maternelle).

Une forme d’émission fixe… mais évolutiveUne fois le sujet déterminé, nous dressons une liste de toutes lesidées d’enregistrements, de reportages, d’interviews, de chansons,de textes… Puis une mise en forme d’un brouillon d’émission pré-cède la réalisation des enregistrements. Enfin nous procédons auremaniement de l’émission. Mais c’est dans la confrontation entrece que nous imaginons et le principe de réalité que se construit laplus féconde formation.

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“ La variété des sujetstraités au cours d’uneémission radiophoniquesont autant de fenêtres sur le monde. ”

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Chaque émission, rythmée par deux à trois illustrations musicales,a obéi à un plan similaire : une introduction, un article, un ou plusieurs documents, un mini-débat, une conclusion. La dernièreémission a duré une heure et a fait se succéder de brefs débats enréaction à de petits montages d’interviews préalablement réalisées.Cette forme s’est révélée riche et rythmée.La diffusion de l’émission était signalée dans le lycée par des affiches et quelques comparses aménageaient un espace d’écoute.La technique nous a pris au piège, cette fois, du côté de la réceptioncar nous ne sommes pas équipés pour recevoir une fréquence à faible signal !

Expériences et tâtonnementsDifférentes écritures radiophoniques ont été expérimentées : l’article(synthèse d’informations) dit à l’antenne, l’interview en direct oumontée, le micro-trottoir, l’animation de débat, la lecture d’un textelittéraire à plusieurs voix et la diffusion d’extraits de bande-son.L’écriture radiophonique conduit au souci du rythme et du temps,à la recherche d’un ton et d’un angle.L’interview, qu’il s’agisse de brefs entretiens ou de conversationsplus longues, nécessite la mise en œuvre de savoir-faire délicats.Il faut oser aborder des inconnus et surtout créer la confiance et l’écoute. Par ailleurs, préparer une interview ne consiste pas sim-plement à écrire un questionnaire serré, la difficulté pour les élèvesréside aussi dans la capacité à rebondir.Les émissions en direct, quant à elles, ont fortement évolué. La pre-mière mouture fut une émission sérieuse et grave, mais manquantd’intensité et de vivacité. Sensibles au rythme nécessaire à l’antenne,nous avons acquis une certaine aisance, la capacité de réagir auxincidents techniques ; nous avons même trouvé une liberté de ton qui a pu s’exprimer dans la dernière émission. Les initiationstechniques (prise de son, montage, régie) sont délicates. C’est au furet à mesure que se posent les problèmes qu’il est judicieux de fairedes mises au point techniques et de compléter ses connaissances.Le travail en aval de l’émission est essentiel pour élaborer une ana-lyse critique et prospective, une forme d’évaluation qui porte sur ladémarche de notre travail. Nous «débriefons» à chaud : dès la finde l’émission, nous rentrons au lycée pour une réunion de bilanimmédiat. Ces moments sont précieux pour inscrire notre travaildans la durée et progresser.Nous sommes devenus autonomes pour réaliser une émission saufdans sa phase finale : la régie. En effet, il a fallu du temps à l’élèvespécialisé dans cette activité pour maîtriser à peu près les outilsd’autant que l’équipement était difficile à manier.

Des apprentissages en jeuLes élèves ont acquis des connaissances spécifiques à la radio et auxmédias en général. Leur écoute du son, notamment, est devenueplus fine et exigeante. En réalisant leurs émissions, ils se sont, par

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ailleurs, rendu compte que l’on «fabriquait» l’information et ils sesont interrogés sur la déontologie.Des compétences transversales ont été travaillées également. D’unepart, les élèves ont dû appréhender un projet dans sa globalité.D’autre part, l’impératif de production à échéances régulières a ététrès structurant. En outre, les élèves ont construit ou consolidé des savoir-faire en terme de recherches, de tri et d’organisation de l’information.Communiquer, même à la radio, demande de travailler l’oral soustoutes ses formes mais aussi de rédiger à l’écrit. Non seulement ilfaut trouver un ton, un style qui accroche, mais il faut aussi veillerà ce que l’ensemble du propos soit cohérent, ce qui implique de réflé-chir à la progression et à l’agencement des différents éléments.Autant de compétences fondamentales pour formaliser une réflexion,qu’il s’agisse d’une dissertation,d’un article ou d’une émission de radio.

Et les adultes ?L’intérêt du travail mené repose sur ce qui pourrait être une faiblessemais s’avère un atout : le fait qu’enseignantes et élèves débutentdans le domaine ; la prise de risque comme l’engagement dans l’aventure sont les mêmes. La place des élèves s’en trouve légitiméeet cela favorise leur prise en charge de l’activité. Dans le bilan de find’année, ils analysent notre rôle en terme de mise en confiance.Notre présence permet au travail de s’installer dans la durée et augroupe de se souder. Notre «longueur d’avance» réside dans la miseen place et la garantie du dispositif et non dans les savoirs ou les savoir-faire. Notre prise de risque en tant qu’enseignant permetcelle des élèves qui osent ainsi s’aventurer sur un terrain inconnu,se tromper, inventer, en un mot apprendre.L’intervenant extérieur se positionne comme «facilitateur technique»,notamment lors de l’enregistrement et de la prise d’antenne. Il ali-mente par son expérience les pistes imaginées ou le choix d’un angle.C’est dans la mise en perspective du potentiel créatif radiophoniqueque son rôle s’est avéré précieux. Sa présence régulière parmi nousa permis un lien concret avec le monde de la radio.

Une portée collective en devenirDans un établissement comme le nôtre, le lancement d’une nouvelleactivité requiert un temps long. La petitesse du groupe et le faiblenombre d’émissions entièrement réalisées ne concourt certes pas à en faire une activité primordiale, notamment en raison de la faiblesse du travail autour de la réception.Cependant, le groupe gagnant en assurance et en qualité, nos émis-sions ont été proposées peu à peu à une écoute large sans crainted’affronter la critique… d’ailleurs plutôt positive.Un autre élément qui peut donner du poids au travail radiophoniquemené au lycée est le rôle de relais qu’il peut jouer pour les débatslycéens : c’est le cas de notre dernière émission qui prolongeait uneréflexion large menée au lycée. C’est peut-être dans le sens d’une

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“ En créant une radio au sein de l’école, on crée un espace de communication et de débat qui offre l’occasion de valoriser la parole des élèves. L’oral, comme l’écrit sont sollicités. Argumenter,ordonner ses idées, les hiérarchiser, les mettreen forme pour capterl’attention d’un auditeur sont autant d’activités qui permettent aux élèvesde se rendre compte quel’information se construit,«se fabrique». ”

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réactivité plus vive aux débats qui agitent les élèves ou à leurs pro-jets que la radio pourrait servir, tant pour valoriser ce qui est fait aulycée que pour faire de la radio un outil à s’approprier par tous ausein de l’établissement.

Ouverture et rencontresÉtablir des liens entre l’école et la vie, voilà un enjeu auquel la radiopouvait servir de vecteur. Il nous paraîtrait d’ailleurs intéressant de savoir ce que les auditeurs, extérieurs au lycée, pensent de nosémissions.C’est l’ouverture par la rencontre que nous avons privilégiée : ren-contre de chauffeurs de bus ou de taxis pour l’émission sur les nomsde rue, du personnel et des résidents d’une maison de retraite pournotre sujet sur l’amour, et puis surtout rencontre de spécialistes pourdes entretiens ; nous avons ainsi invité à l’antenne l’auteur d’unouvrage sur les noms de rue de Saint-Nazaire et pour une émissionultérieure une étudiante-chercheuse en sociologie de l’éducation.

Bilan et suitesLes élèves ont eu beaucoup de plaisir lors de chaque émission. Lesréalisations régulières, qui leur ont donné confiance en eux, ont fortement valorisé une partie de leur travail scolaire. Cela est d’au-tant plus intéressant qu’ils y ont gagné une reconnaissance. Lesretombées du travail mené sont lisibles dans l’autonomie acquisepar tous les élèves du groupe radio : tel prend spontanément du sonà tout moment et emmagasine du matériau pour des émissions àvenir, telle, réinscrite pour l’année prochaine, relance dès à présentl’activité radio, fait le bilan financier et rédige un projet.Dès la rentrée, une dynamique autour de la radio (qui a pris sa placeau sein de l’établissement) sera lancée. Tout ce que nous aurionsvoulu faire et que nous n’avons pas fait cette année nourrira le projet : d’autres formes d’écriture, un lien plus étroit avec les autresactivités du lycée, un travail autour de la réception de l’émissionpeuvent être envisagés. D’autre part, nos contacts dans le mondede la radio, notamment avec des radios implantées en milieu scolaire,pourront s’élargir. Nous entrevoyons en tout cas les possibilitésimmenses de valorisation de la parole des élèves et de formationgénérale que la radio peut permettre en milieu scolaire. n

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Afin de travailler avec des élèves en grande difficulté scolaire, leClemi d’Aix-Marseille a monté un journal diffusé sur Internet,La Cybergazette. Le projet, construit sur le modèle d’une entre-

prise de presse, est proposé à des enseignants de Segpa.

Un projet en extensionLimitée à quatre correspondants la première année, La Cybergazetteen accueille dix l’année suivante. Peu à peu, elle s’étend à l’académiede Nice, avec le soutien des deux recteurs. Elle compte désormaistrente établissements correspondants.Ce trimestriel en ligne est diffusé au niveau départemental grâceau tirage papier et au niveau national et international sur les sitesWeb des académies d’Aix-Marseille et de Nice. Le projet permet demettre en réseau des classes mais aussi leurs professeurs. Nouséchangeons sur nos pratiques pédagogiques auprès de jeunes engrande difficulté en nous appuyant sur la presse. Pour ce faire, desjournées de formation sont organisées par le Clemi d’Aix-Marseilleet, plus récemment, par celui de Nice.

Restaurer l’image que les élèves ont d’eux-mêmesOutre des objectifs de maîtrise de la langue et d’éducation auxmédias, nous souhaitons aider nos élèves à restaurer l’image qu’ilsont d’eux-mêmes. La plupart d’entre eux sont en complet désin-vestissement par rapport à l’école. Ils ont une relation négative auxsavoirs du fait de leur histoire scolaire et de leur appartenance socio-culturelle. Pour eux, apprendre ne découle pas du besoin, du désir,de l’utile. Le redémarrage des apprentissages ne peut s’articulerqu’autour de la motivation suscitée par un projet auquel ils sontassociés. Nos élèves, devenus responsables de leur projet, sont ame-nés à effectuer activement certains apprentissages qu’ils n’auraientpu réaliser autrement et qui deviennent, dès lors, explicites. Il s’agitde donner du sens aux apprentissages grâce à la réalisation d’unprojet ancré dans la communication. En travaillant différemment,les élèves se montrent plus motivés.La création d’espaces de débats, notamment par la constitution deconseils de rédaction, permet aux élèves de s’exprimer et de donnerleur point de vue argumenté sur les articles rédigés par leurs pairs.

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La Cybergazette en SegpaU n e a c t i o n i n t e r a c a d é m i q u e A i x - M a r s e i l l e / N i c e

La Cybergazette, créée par le Clemi d’Aix-Marseille, est aujourd’hui un journal qui regroupe plusieurs académies. Elle est entièrement réalisée par des collégiens de sectionsd’enseignement général professionnel adapté (Segpa) et est diffuséesur Internet, mettant ainsi en réseau élèves et enseignants.

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L’organisation de La CybergazetteLes correspondants écrivent des articles, informés et argumentés,sur les sujets qui les intéressent, après en avoir débattu en conseilde rédaction. Ils les transmettent à la classe rédactrice en chef quicentralise les articles. Ceux-ci sont relus par des élèves responsablesdes rubriques proposées et traités en fonction de quatre critères desélection : type d’article, écriture, intérêt et pérennité du sujet. Si lebesoin s’en fait sentir, l’article est retourné à son rédacteur avec despropositions de réécriture.Les élèves de la classe chargée de la mise en ligne retravaillent, éven-tuellement, les titres et les chapeaux. Si nécessaire, ils décident de créer des pages hypertextes à partir des mots-liens de l’article(textes, image, vidéo, site). Ce sont eux qui choisissent l’arborescenceet déterminent le « chemin de fer » (l’ordre d’apparition des pages).Les correspondants peuvent à tout moment s’adresser à la classerédactrice en chef pour émettre des avis et faire des propositions.Les rubriques retenues sont variées : santé, quotidien, monde, société,culture, environnement, sport. La rubrique courrier (cybernautescurieux et/ou informés ou correspondants s’adressant à d’autrescorrespondants) est un forum. Chaque bas de page comporte unlien pour écrire à La Cybergazette.Si la parution est mise en ligne chaque trimestre, une édition impri-mée paraît chaque année ; elle est un lien entre l’écran et l’écrit maisaussi entre l’école et la famille.

Un témoignage particulierAu cours de l’année scolaire 2001-2002, deux professeurs d’ensei-gnement général (non spécialisés) de la Segpa du collège Pierre-Puget, ont fait participer, pour la première fois, leurs élèves de sixièmeet de cinquième au projet.De septembre à octobre, les élèves ont été sensibilisés au projet etont découvert le site. Ils ont appris à se repérer dans les différentsnuméros, sommaires et rubriques du journal en ligne grâce à unecopie du site installée sur les deux ordinateurs de la classe. Ils ontlu des articles individuellement ou collectivement. En octobre, vientl’étude de la composition d’un journal. Les élèves étudient la une,le sommaire, les rubriques du journal Var-Matin et du JDE (le Jour-nal des enfants). Ils s’entraînent aux différents niveaux de lecture :le gros titre, les rubriques, les photos, le chapeau, les sous-titres, lecorps des articles, etc. En novembre, l’accent est mis sur l’appren-tissage et la maîtrise de la lecture d’articles : les élèves lisent les articles du JDE en répondant aux questions : qui ? Quoi ? Où ? Quand ?Pourquoi ? Comment ?Au mois de décembre, la rédaction collective d’articles débute.Chaque classe, à partir d’un reportage diffusé à la télévision et enre-gistré sur une cassette vidéo, réalise un article. Les élèves prennentindividuellement des notes, discutent du plan, du contenu du texteet rédigent collectivement leur article. En janvier, les élèves saisis-sent les articles sous Word et les trois textes obtenus sont envoyés

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“ L’utilisation d’Internetintroduit une dimension de communication plus large. La création d’un journal en ligne permet plus spécifiquement aux élèves et auxenseignants d’échanger sur l’actualité avec leurs pairs. L’évaluationcollective des articlespermet aux élèves de se sentir responsabilisés, développe leur espritcritique et les confronte à la notion de destinataire. ”

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par courrier électronique au coordonnateur du projet qui leur pré-cise la date de mise en ligne des productions (mi-mars). Les élèvesréalisent, à ce stade du projet, que leurs textes ont été lus et appré-ciés par une personne extérieure à leur établissement. Ce regardextérieur les motive fortement pour poursuivre l’expérience avec desproductions de textes plus personnels. Les trois textes sont affichés,ainsi que le courrier-réponse, dans les classes.Pendant les mois de mars et avril, les élèves, par deux ou par trois,proposent des sujets d’articles, réalisent une recherche de documen-tation sur Internet, construisent un plan et rédigent leurs articles.Les six articles obtenus sont saisis sous Word et de nouveau envoyéspar courrier électronique. Cinq d’entre eux paraissent dans La Cyber-gazette à la mi-juin, le sixième étant réservé pour le numéro de septembre. Ces articles sont envoyés avec des illustrations produitespar les élèves ou collectées par eux.En mai, les élèves réalisent un journal imprimé à partir de leurs neuftextes produits pendant l’année. Les articles sont complétés par desillustrations, des poésies, des blagues, des recettes et des jeux. Cejournal, distribué gratuitement aux élèves participant au projet,permet de montrer aux familles (en particulier à celles qui ne possédent pas d’accès à Internet) le travail réalisé par les élèvesdurant l’année scolaire.

Un bilan positifLa Cybergazette est un projet qui comporte une évaluation collec-tive des écrits des élèves : les productions sont lues par des cama-rades de classe et par des écoliers fréquentant d’autres classes etd’autres établissements. Les élèves sont donc rapidement confrontésà la notion de destinataire, ce qui les responsabilise et les motivedans l’écriture et la réécriture de leurs textes.Le projet est très souple : les écrits peuvent être individuels ou col-lectifs, les sources documentaires sont laissées au choix de chacuntout comme les thèmes abordés.La participation à ce projet donne du sens aux apprentissages; ceux-ci sont de toutes sortes : prise d’informations, techniques de lecture,articulation lecture-écriture, techniques d’écriture, éducation à la presse, utilisation de logiciels (navigateur Internet, moteur derecherche, traitement de texte, etc.). En outre, le projet favorise ledéveloppement d’un esprit critique et d’une écoute des autres. n

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4. http://cyberechos.creteil.iufm.fr/

C’est à chaque fois pareil. Au moment de publier, au momentmême où tous nos articles sont terminés et ont été envoyés auxenseignants-coordinateurs du magazine, j’ai l’impression

diffuse que ces travaux ne sont pas tout à fait prêts à être lus. C’esttoujours le même sentiment double et contrasté : la crainte d’avoir,avec les élèves, manqué quelque chose et la fierté d’être parti derien et d’avoir réussi. Et à chaque fois, je me remémore les étapesqui, en trois mois, ont mené mes élèves, de la découverte des médiasà la publication de cinq à six articles sur le site du magazine CyberÉchos Liés…Lorsqu’on arrive sur le site du magazine4, on découvre la une, sur lapage d’accueil, composée des chapeaux de deux articles et, justeau-dessous, un accès au sommaire général du numéro le plus récent.C’est le produit fini qui apparaît, la vitrine ; mais que s’est-il passéavant ? Comment en est-on arrivé à la mise en ligne des productionsdes élèves ?Avant d’entrer dans les « comment faire », il est utile de faire undétour par les «pourquoi faire». Voici nos objectifs initiaux, ils sontnos «pourquoi» pédagogiques : fédérer et motiver les productionsd’écrits et d’images ; lire avec la presse et apprendre à lire la presse ;savoir utiliser avec discernement les ressources offertes par les TICE ;créer une dynamique de recherche et de collaboration entre les participants.

Le cahier des chargesCe projet, ouvert à des classes géographiquement ou pédagogi-quement isolées, s’est naturellement voulu interactif et commu-nicant. Les premières dix classes participantes, auteures des trois premiers numéros de l’année 1997-1998 ont donc construit leur communication autour du courriel, mettant au point un protocoled’échanges toujours utilisé (sur cette même page d’accueil, on peuty avoir accès en cliquant sur «Projet» puis «Consignes d’harmoni-sation des courriels»).Pour l’enseignant désirant aujourd’hui participer, une première condi-tion se dessine d’évidence : disposer à l’école d’un ordinateur àconnecter au réseau Internet et maîtriser l’utilisation courante ducourrier électronique. Pour l’équipe initiale, un second préalable s’estaussi immédiatement imposé : doter le magazine d’un cahier descharges qui le rendra viable et pertinent à long terme.

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Le Cyber Échos Liés : un magazine sur InternetÉ c o l e é l é m e n t a i r e C h a n t e r a i n e , S a v i g n y - l e - T e m p l e

A c a d é m i e d e C r é t e i lDans cette école élémentaire et dans une quinzaine d’autres écoles

de Seine-et-Marne et du Jura, les enseignants ont pour objectif de rendre les élèves conscients que lire permet d’écrire,

qu’écrire sert la communication et l’échange. Leur outil : un magazine en ligne, Le Cyber Échos Liés, réalisé par les élèves.

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Selon ce cahier, qu’elle s’engage à participer à un seul ou aux deuxnuméros de l’année, une classe s’engage aussi pour un nombre d’articles pouvant varier de un à six. Le magazine ayant dix rubriques,six différents thèmes d’articles – qui doivent pouvoir s’insérer dansautant de rubriques différentes – sont proposés par cette classe. Lanotion d’article y est également précisée : il s’agit d’un texte de cinqà cinquante lignes comprenant au moins une illustration, disposantd’un lien permettant d’écrire aux auteurs et d’un autre vers un siteInternet choisi par les auteurs pour sa complémentarité avec le pro-pos de l’article. Doivent aussi être citées les sources documentairesqui ont permis aux enfants de travailler sur le sujet, ainsi que leniveau de la classe, sa localisation et les prénoms des auteurs.Pour renforcer ce cahier des charges, nous nous sommes imposésune charte qui nous engage à respecter notre calendrier de parutionet les protocoles d’échanges précédemment cités.Tous ces documentssont disponibles sur la page «Projet».

Les premières activités dans la classeDès le début de l’année, nous travaillons avec la presse sur des activités de lecture, de tri de textes, de repérage des composantsde l’article, de recensement des types de textes trouvés dans lapresse, de mise en évidence des permanences et des différencesque nous constatons à la lecture de journaux ou de magazines. Enmême temps, nous commençons d’emblée à produire des textesinformatifs simples pour la sortie, en début d’année, d’un journal(A3 recto-verso).Nous travaillons sur la rédaction de brèves ou de comptes rendusd’informations vues ou entendues à la télévision, à la radio ou luesdans les journaux disponibles dans l’école ou à la maison… ainsique sur une mise en page «journalistique». Cette découverte de lapresse est menée en parallèle avec la découverte du Cyber Échos etdu réseau Internet en général. Des navigations libres ou guidéessur le site du magazine, des recherches d’informations et des rallyes de lecture constituent les premiers pas de nos cyber-écolierssur Internet.La correspondance scolaire étant l’une des bases du projet, chaqueclasse élabore dès le mois de septembre, une fiche de présentationqui est mise en ligne et donne aux élèves, outre la possibilité de seprésenter à travers le groupe auquel ils appartiennent, l’occasionde réaliser un premier travail, utile et diffusé, d’écriture et de miseen page en langage html.Ces derniers travaux sont menés exclusivement sur les créneauxinformatiques dont nous disposons, soit, pour ma classe, trente àquarante minutes par semaine et par enfant (seul devant un ordi-nateur, ce que je juge fondamental). Ce temps passé devant lesmachines à naviguer, saisir du texte, mettre en page, rechercher,ouvrir, enregistrer, se repérer dans l’arborescence du disque dur,insérer des images et autres copier /coller me permet de baliser surl’année l’ensemble des compétences du B2i et de la technologie

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“ Le travail de recherched’informations, de saisie et de mise en forme des textes destinés au magazine, permet de baliser l’ensemble des compétences du B2i et de la technologieinformatique mentionnéeaux programmes. ”

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informatique mentionnées aux programmes de l’école élémentaire.Lorsque ces préalables sont posés, nous sommes prêts à démarrervraiment et tout s’enchaîne soudain… lentement…

Les douze travaux du cyber-écolierAu mois d’octobre, presque familiers de l’objet technologique (l’ordinateur) et de l’outil pédagogique (le magazine), éclairés sur lanature globale de la tâche, c’est le coup d’envoi. Les enfants décidentpar vote et concertation de leurs thèmes d’articles, ils choisissentleur sujet et se constituent en équipes «expertes». Les enseignantscoordinateurs procèdent, de leur côté, aux appariements ou à lamise en réseau des classes et bâtissent un tableau qui définit l’échange des articles, chaque classe relit et critique autant d’articlesqu’elle en produit.Les élèves éclaircissent ce qu’ils savent du thème qu’ils ont choisi.Je les répartis, pour une séance, en autant d’équipes « candides »que nous avons choisi d’articles et ils élaborent une série de questionsdestinée à guider les recherches et l’écriture d’un autre groupe quele leur. Les équipes «expertes» découvrent les questions (corrigées,saisies et parfois complétées par moi) auxquelles ils vont devoirrépondre dans leur article. Ils ont la possibilité de ne pas répondreà toutes, d’en regrouper certaines ou d’en ajouter. Chaque groupese répartit le travail ; on peut travailler à deux sur une même ques-tion, mais je dois toujours savoir «qui a fait quoi». Nous bâtissonsdes listes de mots-clés (leurs synonymes et leurs contraires) qui nouspermettront d’entrer efficacement en recherche dans une biblio-thèque, un cédérom ou sur la Toile. Chaque groupe accumule sadocumentation, puis chacun feuillette et pose des marque-pagesdans les ouvrages qui l’intéressent.Les élèves maintenant documentés (je pointe souvent, avec quelquesélèves en difficulté, les éléments qui leur seront utiles), élaborentun premier jet sur papier qui sera corrigé et saisi après ma propre correction et trouvent une illustration pertinente de la partie qu’ilstraitent. En concertation, les groupes constituent leur article (il s’agit d’une première ébauche), en assemblant les parties réaliséespar chacun en une maquette sur papier et /ou un « fantôme » quifait apparaître le plan choisi. Les premiers essais sont envoyés auxclasses relectrices.Je procède à la constitution d’équipes relectrices qui vont critiquerles premiers essais reçus d’autres classes, et envoyer leurs demandesd’amélioration et leurs compliments par courriel aux auteurs. Unefois reçues les critiques de leurs propres travaux, les groupes seremettent au travail pour une écriture finale tenant compte desremarques des relecteurs ou justifiant leur refus de le faire.Les versions définitives sont envoyées aux classes relectrices et auxcoordinateurs afin d’être publiées. Les relecteurs commentent parcourriel le travail final réalisé par les auteurs après leurs critiques.Le premier numéro de l’année est publié en janvier, le second en juin.

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“ Le Cyber Échos Liéss’appuie sur une démarchecoopérative entre différentes classes. Les élèves améliorent leurs écrits par la mise en place, via Internet, de réécritures des textesproposés pour le journal. ”

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Pour continuer et pour finirAu moment où le deuxième numéro se profile, il est difficile de lemanquer ; c’est du moins l’avis des enseignants qui participent mêmepour une seule année. La volonté de faire mieux, de dépasser les dif-ficultés rencontrées, d’exploiter ce qui ne l’a pas été, de poursuivreune action jugée pertinente et la pression des enfants (!), sont depuissants moteurs.Pour approfondir et diversifier les articles, chaque année, de nou-velles idées naissent, qui alimenteront les numéros prochains : desinterviews en ligne, des reportages filmés, des index thématiquesclassant les huit cent cinquante articles parus, une page d’actualitéremise à jour plus souvent… Les élèves interrogés sur l’intérêt de ce travail ont dans l’ensemblerépondu très positivement : apprendre des choses et s’informer surlnternet, trouver des illustrations et créer, échanger avec les autres,sont les quelques réponses les plus fréquemment données.Si l’analyse de toutes leurs réponses reste à faire, laissons le mot dela fin à l’une des élèves qui, après avoir répondu à ces questions,demande :«– [… ] Mais je voudrais te poser une question : est-ce que je pour-rais faire ça toute seule chez moi ou avec ma mère ou mon père ?– Oui, Clémentine, tu peux.» n

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Se rencontrer, s’ouvrir aux autres

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Cette action, pilotée par deux professeurs d’italien et un aide-éducateur pratiquant cette langue, concerne les élèves d’une classehétérogène car le recrutement s’effectue sur leur seule motiva-

tion, sans la moindre sélection de niveau.

La réalisation du journalLe comité de rédaction est constitué des élèves de la classe de qua-trième. Des élèves de troisième participent à l’élaboration d’articlesqu’ils soumettent à l’approbation du comité. À l’exception de la pre-mière séance, durant laquelle tous les élèves de quatrième travaillentensemble afin de déterminer les rubriques et les sujets qui seronttraités dans le prochain numéro, les élèves travaillent en petits groupes de deux ou trois.La première phase consiste à rechercher des documents ou des infor-mations sur le sujet que le groupe a choisi. Ces recherches se fontle plus souvent sur Internet. Mais, dans certains cas, les élèves peuventêtre amenés à prendre rendez-vous avec des personnes afin de lesinterviewer ou à téléphoner à des organismes pour obtenir de ladocumentation. Si les élèves éprouvent des difficultés à trouver des informations ou à comprendre certains documents en langue italienne, les adultes fournissent les documents accompagnés d’unquestionnaire visant à faciliter la compréhension de ceux-ci et àfaire ressortir les informations les plus pertinentes.Après le tri des documents et la sélection des informations, les élèvespassent à la rédaction qui se fait directement sur traitement de texteet de préférence en italien puis en français. La mise en page estensuite effectuée par chaque groupe qui, à la dernière heure, doitpouvoir imprimer sa page en couleur. Une lecture est effectuée afinde corriger les éventuelles coquilles.La dernière phase consiste à réunir l’équipe de rédaction et à choisirl’emplacement et la numérotation des pages (chemin de fer), ainsique la définition de la une (textes, choix des informations et desimages) dans un souci de hiérarchisation de l’information. Ce n’estqu’après cette lecture que les pages sont tirées en plusieurs exem-plaires et reliées entre elles.

Pallier les premières difficultésAu départ, nous nous sommes heurtés à l’hétérogénéité de la classe.Pour éviter que certains groupes ne soient trop productifs au détri-ment d’autres, nous avons tenu à les équilibrer en faisant en sorte

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Enseigner autrement

Lo Zanzarino -Le Petit MoustiqueC o l l è g e L e s - T i l l e u l s , C o m m e r c yA c a d é m i e d e N a n c y - M e t z

Les quatorze élèves d’une classe de quatrième italien (section européenne), en première année d’italien, réalisent un journaltrimestriel bilingue. Des travaux de groupes, la consultation de sitesInternet, la lecture de la presse précèdent l’écriture des articles.

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que tous les groupes soient guidés par des éléments moteurs. Il nousa ainsi semblé répondre aux exigences d’entraide et de partage dansl’apprentissage.Pour le premier numéro, les élèves ont rédigé leurs articles à la main,puis les ont tapés sur traitement de texte. Pour éviter cette perte detemps, nous avons demandé aux élèves de saisir directement leurtexte sur l’ordinateur.Par ailleurs, certains élèves n’ont pas su gérer leur autonomie (pertesd’articles, fichiers enregistrés au mauvais endroit, oubli du matériel,etc.) ; il nous a semblé alors nécessaire de rétablir des cadres plusdirectifs. Ainsi, un secrétaire de séance est désigné pour chaquenuméro. Celui-ci est chargé de noter tout ce qui est dit lors de la pre-mière séance (les rubriques, les sujets et la répartition des tâches).De plus, un tableau circule à chaque séance dans lequel les élèvesinscrivent leur nom en face des sujets qu’ils ont choisi de traiter etindiquent également lorsqu’ils les ont finis. À tout moment, chacunpeut voir où en est l’évolution du journal. Cela nous a permis ausside limiter le nombre de pages du journal car son tirage a un coût !Pour éviter les longueurs et l’accumulation des pages, la place dechaque article et le nombre de pages pour chacune des rubriquessont fixés au préalable.

Des évolutions positivesDès les numéros 3 et 4, nous avons constaté des avancées. Dans lenuméro 3, la page Infoscuola (Info collège) met en évidence un travail de recherche d’informations auprès des différents acteurs del’établissement. Les élèves ont composé des articles simples direc-tement en italien à l’aide des structures de base vues lors du premiertrimestre (articles, pluriel des noms et adjectifs, expression de l’heure,présent de l’indicatif), d’où la brièveté des articles. Elle correspondaussi à l’initiation à la mise en page sur logiciel.Dans le numéro 4, aux compétences linguistiques s’ajoute uneréflexion sur la hiérarchisation des informations à partir d’articlesitaliens trouvés sur Internet. Cette page a nécessité un plus gros travail de compréhension écrite et de reformulation. Elle a permisl’acquisition de formules lexicales plus complexes.

Des acquisitions linguistiquesNotre objectif premier est, bien sûr, de dynamiser l’intérêt des élèvespour l’italien, en développant la pratique, écrite et orale, de la langueainsi que sa compréhension à travers des documents différents deceux que l’on utilise en cours. Nous souhaitons, en outre, amener lesélèves à s’intéresser de manière autonome et plus active à certainsaspects de la civilisation italienne.De nombreux objectifs linguistiques sont atteints : pour des ques-tions de temps et de capacité, l’accent a été mis uniquement sur lescompétences de compréhension et de production écrite. Le travaila permis aux élèves de réaliser des progrès dans l’appréhension dela langue, en particulier la capacité de comprendre le sens des mots

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E n s e i g n e r a u t r e m e n t

“ Travailler sur les médias dans un cadredisciplinaire apporte une approche différente de la discipline enseignée.Plus ouverte vers l’extérieur,cette approche mobilise les élèves en activant les apprentissagesnécessaires à la discipline à travers des activitéstransversales qui créentsouvent des situationsréelles de communication,qu’elles soient écrites ou orales. ”

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

dans leur contexte (capacité si importante pour un linguiste !). Celle-ci a également pu être vérifiée lors des cours «classiques» de langue.Avec un peu plus de temps et une classe de troisième avancée ou de seconde, on pourrait envisager la mise en place de certainesséances orales, comme la première séance consacrée au choix dessujets. Ce travail pourrait être mené en liaison avec le programmede français (argumentation).En revanche, le fait de composer directement en italien s’avère difficile et n’est envisageable que pour la rédaction de petits articles.Nous ne pouvons pas faire toutes nos recherches sur des sites italienset les élèves ont du mal à passer d’une recherche d’informations enfrançais à une rédaction en italien.Il est à noter toutefois, qu’à partir du deuxième trimestre, le niveauen italien des élèves s’améliorant, les recherches sur les sites ita-liens sont devenues plus fréquentes, permettant de ce fait un tri del’information et une rédaction directement en italien.

Au-delà de la langue italienneCette action vise également à conduire les élèves à observer et àrendre compte de l’actualité, qu’elle concerne celle du collège, de laville, du monde… Le sous-titre du journal est Quello che ti stuzzica(celui qui pique ta curiosité) !Les élèves apprennent à mener à bien un projet en s’investissantdans toutes ses étapes, de la conception à la réalisation. Des compé-tences acquises au cours de l’action trouvent une application dansd’autres disciplines, comme l’aptitude à la mise en forme en français(orthographe, rédaction), la hiérarchisation de l’information (français,histoire et géographie, compétences transversales), le résumé, l’espritde synthèse, l’initiation à l’argumentation.Finalement, les élèves apprennent différemment, car ils sont plusactifs. Pour tous, nous constatons une progression tant au niveau del’expression orale qu’au niveau de l’expression écrite. Cette progres-sion est variable selon les capacités de chaque élève. Il est prévu depoursuivre cette opération en troisième avec les mêmes objectifs.

Continuités et changementsNous avons mené notre action durant deux années et les différencesconstatées permettent de préparer l’année prochaine. Le groupe del’année dernière a beaucoup mieux réussi à gérer l’activité de manièreautonome, ce qui nous pousse à travailler plus systématiquementcet aspect. Nous envisageons, par ailleurs, une collaboration étroiteavec les autres professeurs (notamment ceux de technologie) dansle cadre du B2i.La réception du journal de la part des parents semble excellente,l’écho que nous en avons eu, soit directement, soit par les repré-sentants au conseil d’administration nous encourage à poursuivrecette opération. Les professeurs ont trouvé l’initiative intéressanteet certains d’entre eux ont profité de la sortie du journal lors de laSemaine de la presse pour en faire la lecture en classe. n

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“ Au-delà de la langueitalienne, l’action vise à conduire les élèves à s’intéresser à l’actualité,celle du collège commecelle du monde. ”

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

E n s e i g n e r a u t r e m e n t

Une part non négligeable des élèves est en difficulté dans les matièresà dissertation. J’ai décidé de les préparer en amont à l’écriturephilosophique en leur donnant la possibilité d’écrire de façon plus

variée, plus distante et en les plongeant dans la situation humaineafin qu’ils puissent saisir la genèse des concepts et des problèmesphilosophiques.Le choix de l’écriture journalistique est le fruit de la rencontre detrois facteurs : des préoccupations en partie communes avec ladémarche philosophique, mon expérience en atelier d’écriture etenfin la sollicitation de la chargée des relations publiques du Fanal,scène nationale de Saint-Nazaire.C’est ainsi qu’avec deux collègues de la classe j’ai pu travailler sur unprojet de jumelage: «philosophie, lettres et documentation».

Les rapports entre écriture journalistique et philosophieJ’ai utilisé l’écriture journalistique pour donner du sens à l’écriturede dissertation, en montrant leur proximité. Mon objectif a été detravailler les trois compétences fondamentales requises en philoso-phie (poser une problématique, conceptualiser, argumenter) en tentant de les faire expérimenter de façon vivante aux élèves, autre-ment dit en les mettant en situation d’avoir à élaborer des jugements.J’ai donc considéré que le travail sur l’écriture est une authentiquevoie d’apprentissage pour la philosophie : l’écriture, plus qu’unmoyen, est un lieu d’apprentissage, de réflexion, une voie d’appro-fondissement.Des rapprochements entre l’écriture philosophique et l’écriture journalistique sont apparus lors de ce travail. En ce qui concerne la forme, par exemple : le titre, le chapeau dans le journal qui dégagentl’essentiel d’un texte sont nécessaires à la dissertation philosophique.Ou, autre exemple, en ce qui concerne la logique : rendre compte,présenter, définir des priorités sont des exigences que nous retrou-vons aussi dans la dissertation philosophique.Le développement d’une pensée capable de faire sa propre synthèseest donc un objectif important, commun aux deux domaines.L’intervention des journalistes auprès des élèves a dans les deux cassuivi l’ordre suivant, qui me semble transposable pour le travail de

Atelier d’écriture journalistique et philosophieL y c é e d u p a y s d e R e t z , P o r n i c

A c a d é m i e d e N a n t e sL’écriture journalistique peut-elle être une voie d’apprentissage

pour la philosophie ? Comment passer à un mode d’écriture réflexifdans lequel celle-ci n’est plus un obstacle mais un chemin

pour faire advenir une pensée ? Ces deux questions ont présidé à la mise en place d’un atelier d’écriture journalistique en terminalelittéraire par un professeur de philosophie qui s’est entouré d’autres

collègues et a monté un partenariat avec une structure culturelle, des artistes et des journalistes.

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

méthodologie en philosophie : d’abord, comprendre que c’est le projet qui donne forme à l’écriture et qu’il est nécessaire de définirun projet d’écriture ; ensuite, mettre en place une observation du réelqui tienne compte de ce projet.

Critique et art vivantNous avons assisté à plusieurs spectacles, avec un travail en amontpour préparer le regard des élèves. Après chaque spectacle, nousavons rencontré des artistes et des membres de l’équipe du Fanal.Des journalistes sont intervenus et ont attiré l’attention sur le travaildes critiques : qu’est-ce que le travail de journaliste ? Comment ren-dre compte dans un article du travail des artistes, d’un spectacle ?Qu’est-ce qu’écrire la critique d’un spectacle ? Selon quels critères ?Qu’est-ce qu’une interview, comment la concevoir ?Les élèves ont rédigé les critiques de nombreux spectacles, ont inter-viewé des metteurs en scène et des artistes avec l’aide de journa-listes de Ouest France et ont découvert que le monde de l’art estbien vivant. Chacune de ces séances et rencontres a donné lieu à la rédaction de comptes rendus de spectacles, d’articles critiques etd’interviews qui sont parus dans Éclaircies, le journal des abonnésdu Fanal.Au-delà, les élèves ont conçu et rédigé un journal culturel, Sac àpapiers, diffusé dans le lycée. Ils ont pris en charge la totalité du travail : maquette, mise au point du projet, rédaction des articles,illustrations, photos, diffusion… Nous avons pu rédiger trois numéros.La rencontre avec les artistes et les professionnels, comme le faitd’aller au spectacle et de découvrir la relation aux œuvres d’art, ontété l’occasion de se plonger dans la condition humaine, d’en expé-rimenter la profondeur, et de faire émerger l’étonnement et le besoinde penser ce qui a été vécu. L’écriture trouve alors toute sa placecomme moyen de faire surgir la pensée, en analogie avec la mise enscène ou la réalisation.

Écrire et réécrireAprès la rencontre initiale avec les journalistes où les élèves étaientinvités à présenter eux-mêmes leur projet de journal, nous avonsdéfini collectivement des objectifs. À partir de là, a été élaborée unegrille de «lecture» du spectacle (que regarder ? quelles notes prendre ?quelles photos faire ? quelles questions pour les interviews ?).Le lendemain des spectacles, avait lieu une mise en commun desmatériaux recueillis et une définition de priorités : de quoi faut-ilrendre compte ? Pourquoi ? Comment ? Quelle longueur des articles ?Qu’est-ce qui doit figurer en titre, en chapeau, en intertitre ?Nous rentrions ensuite dans la rédaction proprement dite : les élèvesse répartissaient en petits groupes qui, tous, tentaient une premièrerédaction. Chaque texte était ensuite lu par le groupe entier et lemeilleur sélectionné servait alors de base de départ pour la réécri-ture collective. Celle-ci, conduite par un journaliste, consistait àcontracter le texte tout en l’enrichissant et à veiller à ce que les

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“ Mettre en place un atelier d’écriturejournalistique pour préparer les lycéens à la dissertationphilosophique permet de concevoir l’écriture non comme une contrainte mais comme un cheminpour faire advenir une pensée. ”

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objectifs d’écriture définis au préalable soient bien respectés. Cetteorganisation a permis peu à peu de faire entrer dans les espritsqu’écrire, c’est avant tout réécrire. Les textes ainsi produits étaientinsérés dans la maquette du journal, et la classe passait alors à larédaction du journal.

Des élèves plus conscients de ce qu’ils écriventL’écriture journalistique met en scène la difficile problématique dela relation entre la subjectivité et l’impératif d’objectivité puisquele journaliste est à l’interface entre une situation à décrire et un lecteur à éclairer. Il s’agit là de montrer, en le faisant expérimenter,qu’exercer un jugement est toujours l’acte d’un sujet –donc un actesubjectif – mais pas forcément arbitraire.Ainsi, les élèves ont pu découvrir que le journaliste fait des choixdans les informations à retranscrire, voire propose un point de vue.Nous avons exploré la diversité des types d’articles possibles en prenant soin de bien spécifier, à chaque fois, la nature de l’objectifà atteindre.L’écriture journalistique rend compte du réel. Là se trouve l’écartessentiel avec la quête philosophique qui s’occupe tout autant dudevoir être. Enfin, l’écriture journalistique est courte et concise. Elleest favorable au développement d’une pensée synthétique, mais nepermet pas de régler les problèmes d’analyse conceptuelle.À la suite d’un questionnaire mettant en avant le lien entre la dis-sertation philosophique et l’écriture journalistique, les élèves ontdans leur majorité saisi l’apport de l’écriture journalistique dansleur façon d’écrire. Mais leurs réactions sont partagées concernantles liens directs entre le travail d’écriture journalistique et l’écriturephilosophique.

Difficile d’écrire, malgré tout !Les travaux écrits des élèves se sont améliorés. Toutefois, et c’est ceque confirment leurs réponses, l’écriture de type dissertative resteun point d’achoppement, en partie, me semble-t-il, car elle resteengluée dans la situation scolaire, sans que les élèves puissent l’investir comme un projet qui fasse sens. Là encore, seuls les élèvesles plus doués réussissent à écrire de bonnes dissertations.Néanmoins, la qualité d’ensemble de leurs travaux a considéra-blement évolué durant l’année : j’ai pu constater de nets progrès enmatière de problématisation, alors même que certains restaient encoreen retrait en matière d’argumentation et de conceptualisation.À remarquer : les réponses des élèves soulignent de façon récurrentele rôle déterminant du travail en petits groupes dans leurs progrès.Cela peut être analysé de la façon suivante : le fait d’avoir à négo-cier avec d’autres chaque étape de l’écriture, chaque mot, chaquephrase, introduit peu à peu une relation plus souple et plus habileau langage et à la langue.Tout cela m’a donné envie de consacrer systématiquement et danstoutes les séries mes heures d’éducation civique juridique et sociale

L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

E n s e i g n e r a u t r e m e n t

“ Entre la subjectivité de l’acte d’écrire et l’impératif d’objectivité lié au métier de journaliste,les élèves prennentconscience qu’écrire est un acte subjectif. ”

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à un travail approfondi d’exploration de la presse et des médias, defaçon à pouvoir articuler fortement les deux disciplines et aider lesélèves à construire des outils pour juger notre monde contemporain.

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Débattre à la télé, débattre sur la télé en ECJSL y c é e F r a n ç o i s - A r a g o , P e r p i g n a nA c a d é m i e d e M o n t p e l l i e r

Confrontée à la réflexion pédagogique sur le débat dans le cadre de l’éducation civique, juridique et sociale (ECJS), une professeure de sciences économiques et sociales décide de travailler sur ce thèmeavec d’autres collègues à partir de l’étude d’émissions télévisuelles.

Cette action s’inspire, entre autres, de travaux menés dans le cadred’un groupe d’étude et de recherche sur l’ECJS dans lequel je tra-vaille. J’ai donc commencé une expérimentation sur la comparai-

son de diverses émissions de débats télévisuels avec mes classes deseconde et première en ECJS, mais aussi en première ES dans le cadrede l’option sciences politiques. Quels en sont les thèmes, les modesde traitement, les prises de paroles, les enjeux ? Comment définir cesdébats qui s’offrent à l’écoute et au regard des téléspectateurs ?

Pourquoi travailler en classe sur le débat ?Tout d’abord, l’organisation de débats en classe prévue dans le pro-gramme de l’ECJS nécessite la prise en compte des représentationsdes élèves sur le débat. Peu de lieux existent aujourd’hui pour illus-trer le débat démocratique et les interventions des députés retrans-mises à la télévision le mercredi après-midi sont peu suivies par nosjeunes en dehors des «commandes professorales» ! En revanche, lesélèves connaissent et regardent les diverses émissions de débat pro-posées à la télévision. Nous sommes donc partis de l’hypothèse queces émissions pouvaient nourrir leur représentation du débat et qu’ilspouvaient venir en cours d’ECJS pour faire du débat comme à la télé.Ce travail sur la télévision s’est avéré être une stratégie pédagogiquepour faire prendre conscience à nos lycéens qu’un débat argumentédoit se préparer en amont, qu’il est nécessaire de rechercher, de construire une argumentation pour arriver à un échange fructueux d’opinions réfléchies et raisonnées.Nous voulions insister également sur la notion de citoyenneté.Être citoyen, c’est avoir la possibilité de comprendre le débat sur les grandes questions nationales, c’est pouvoir y participer à travers lesinstitutions qui les organisent (débat sur l’école récemment, parexemple) et, bien sûr, lors d’éventuels scrutins électoraux. Le débatdémocratique a donc un rôle fondamental dans la formation ducitoyen, dans ses décisions de vote, d’action… La place fondamen-tale du débat dans la démocratie est illustrée par l’importance qui

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lui est donnée dans l’espace télévisuel où l’on veille à une présen-tation rappelant les symboles démocratiques : l’agora, la présencedu public (vox populi), le temps de parole, etc.Il est évident que l’analyse de ce type d’émission conduit les élèvesà distinguer les différents niveaux d’argumentation, notammentdans l’observation de la parole et du poids de celle-ci selon les fonc-tions sociales des différents intervenants sur le plateau. Il s’agit doncd’un travail sur l’argumentation nécessaire au cours d’ECJS et, biensûr, très profitable à toutes les autres disciplines.La dernière raison de l’intérêt de ce travail sur le débat télévisuelréside dans le regard critique que les jeunes vont porter sur le médiaqui n’est alors plus simple produit de consommation passive, maisdevient objet d’étude.

Définir le débatUne première série de séquences est organisée sur l’étude de la présentation du débat à la télévision. Autour des questions : qu’est-ce qui se veut débat à la télé ? Qu’est-ce qui se présente comme débatà la télé ? Nous conduisons les élèves à réfléchir aux intitulés desémissions : Mots croisés, Ça se discute, Riposte… et à l’organisationdes plateaux : existence d’un public (caution de la démocratie), del’espace public (l’agora).Ce premier niveau d’analyse permet de s’accorder sur la définitiondu débat et d’arriver à préciser ce qu’est un débat argumenté. Celui-ci n’est pas la seule affirmation d’une opinion, mais il permet dedégager une opinion éclairée, c’est-à-dire informée et instruite parla réflexion et le dialogue (que l’on peut organiser en classe). Cettedémarche est distincte de la discussion du type «café-commerce»où chacun échange des impressions et cherche à s’imposer commele plus au fait de la vie politique. Les élèves font même parfois réfé-rence à des émissions qu’ils n’ont pas vues, s’appuyant sur ce queleurs parents ont pu en dire devant eux.

Sérier les thèmes des débatsIl nous est apparu essentiel de nous interroger sur les thèmes pos-sibles des débats. En effet, peut-on parler de tout ? Peut-on parlerde tout de la même manière ? Selon le thème choisi, ne sommesnous pas invités à un type de réflexion plus intimiste ou plus scien-tifique ? Avant de travailler sur les émissions en classe, nous deman-dons aux élèves de rechercher et de relever, dans les magazines téléou sur le site des émissions, les thèmes qui seront débattus. Nousleur demandons également de se familiariser avec certaines émissionscomme Riposte sur France 5. Ce premier contact avec le genre télé-visuel du débat permet d’établir, avec les élèves, des distinctionsentre les émissions qui font appel à l’émotionnel et à l’affect, où l’onmet en avant les préoccupations individuelles, et celles qui posentdes débats de société, comme le questionnement sur les normesjuridiques existantes, qui vont être prises ou qui sont en débat (lalaïcité, le foulard, l’assurance maladie, la retraite, etc.).

L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

E n s e i g n e r a u t r e m e n t

“ Questionner la pratique du débat à la télévision est, pour les élèves, l’occasion de réfléchir à ce qui le légitimise: dégager une opinion éclairée,instruite par la réflexion et le dialogue. ”

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Comparer les présentationsLes élèves sont alors prêts à entamer une analyse de la forme et dufond des émissions sur le débat. Nous menons ce travail à partird’extraits, de manière comparative, sur deux types d’émissions quireprennent la distinction que nous aurons faite auparavant. Noustravaillons ainsi beaucoup à partir de l’émission Ça se discute animéepar Jean-Luc Delarue et Riposte de Serge Moati.Cinq à dix minutes suffisent pour décrypter la présentation : la miseen place de l’organisation, du plateau, le décor, le dispositif. Pargroupe, les élèves observent aussi les choix opérés pour la couleur,la musique, la place des invités, le public.Très vite, tout cela les amèneà prendre conscience de la mise en scène de ces émissions, du rôlejoué par tous ces éléments musicaux et visuels pour présenter lespectacle du débat.Pour rendre les élèves conscients que l’émission Ça se discute estavant tout du spectacle où la musique, le choix des sujets, les petites phrases des invités, les extraits des reportages en tout débutd’émission font appel à l’affect du téléspectateur, nous démarronsle visionnage de la cassette avant que le calme ne se soit établi dansla classe… Petit à petit, les élèves sont pris par l’émission, le silencecomplet s’installe…Avec l’émission Riposte la part de spectacle existe. Cependant, les thèmes sont bien plus sérieux, reconnaissent les élèves. Ils trouventégalement que ce type d’émission enrichit l’argumentation du télé-spectateur. Mais il semble que, sur le plateau, chacun reparte avecses idées, qu’il n’y ait pas d’espace de négociation, de constructiond’idées nouvelles, de véritables échanges. Nous restons dans lajuxtaposition souvent pertinente d’arguments, sans appel aux émotions.

Appréhender le rôle de l’animateurDans cette première analyse, nous nous occupons plus de l’anima-teur : ses vêtements, ses documents (fiches, oreillette…) sa positionet ses postures, sa gestuelle. Nous observons aussi le cadrage,l’alternance des plans, les regards-caméra. Nous distinguons à cetteoccasion l’animateur qui présente une émission, dont la vocation estde faire du spectacle, du journaliste dont le travail est d’informer.Un deuxième niveau d’observation porte sur la circulation de laparole, sur le rôle prépondérant de l’animateur et sur la préparationde l’émission qu’il a effectuée en amont avec son équipe : contactavec les invités, préparation de reportages, documentation, etc.L’animateur apparaît non seulement comme le guide omniprésentde l’émission, mais aussi comme omniscient !Ensuite, une réflexion sur le public et les différents niveaux d’argu-mentation est menée. Les élèves vont devoir se demander qui parle :un expert, un journaliste, un témoin, un scientifique ? (Dans quellediscipline : histoire, philosophie, sociologie… ?) Il est important de lesamener à se demander qui aurait pu être invité sur tel ou tel thèmeet pourquoi on ne l’a pas fait.

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“ Les élèves apprennent à distinguer les émissionsqui font appel à l’affect du spectateur, de celles qui proposent une réelleréflexion sur des sujets de citoyenneté. ”

“ L’étude comparatived’émissions de stylesdifférents permet aux élèves de réfléchir sur la façon dont se prépareet se construit un débat et de pointer les conditionsde réalisation des émissions. ”

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E n s e i g n e r a u t r e m e n t

La télévision, un objet d’étude à part entière ?Ayant réfléchi sur l’organisation d’un débat, les élèves comprennentmieux le rôle du «maître du temps», du rapporteur et de la néces-sité des échanges, donc de la préparation en amont d’un certainnombre de questions sur lesquelles leur opinion est à construire.Par ailleurs, limiter le temps de visionnage est nécessaire. Au-delàdu simple fait que « l’on n’est pas en classe pour regarder le petitécran», cette précaution permet de bien situer le type de travail effec-tué. La télévision est ici un objet d’étude : on fait donc des retours enarrière, on procède à des arrêts sur images, ce que le téléspectateurne fait pas dans le flux quotidien. Nous demandons également auxélèves de regarder ces émissions chez eux afin d’en parler en cours.Tout ce qui permet de faire le lien entre l’école et le monde télévisuelparticipe, me semble t-il, de la construction de l’esprit critique.Outre le plaisir mutuel des élèves et de l’enseignant, ce type deséance est souvent source d’enseignement pour le professeur sur ceque ses élèves regardent, sur les fossés qui peuvent exister entre nosreprésentations et les leurs. Les remarques des jeunes sont souventpleines de bon sens : ainsi, quand ils ont traité le présentateur deRiposte de «sérieux comme un professeur», c’est parce qu’ils avaientrepéré chez lui cette sorte d’empathie que met Serge Moati à faireémerger chez ses invités leur «vérité», tout comme le professeur quiespère la bonne réponse. n

Les yeux du mondeC o l l è g e B o u c h e r o n , C a s t i l l o n è s

A c a d é m i e d e B o r d e a u xDans leur vie quotidienne, les enfants sont largement confrontés

aux images de toute nature alors qu’ils n’ont pas encore acquis les clés pour les lire avec un regard critique, se les approprier.

Les itinéraires de découverte (IDD) ont offert le temps d’un approfondissement à treize élèves du collège qui ont choisi

l’itinéraire « Les yeux du monde », proposé par la documentaliste et un professeur d’histoire et géographie.

Ils ont appris à analyser les images et à en créer.

Au cours de la première séance, nous présentons aux élèves lesobjectifs de l’itinéraire, ceux qui relèvent de tout travail en IDD(méthodologie du travail en groupe, autonomie par rapport aux

enseignants) ainsi que ceux qui sont propres à cet itinéraire précis(apprentissage des techniques se rapportant à la photographie,réalisation des clichés avec un appareil photo numérique et manie-ment d’un logiciel).Nous leur précisons qu’ils travailleront aussi sur le droit à l’image etqu’ils mèneront un travail de recherche sur les grands photographescontemporains et les métiers de la photographie.

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

Une autre consigne leur est donnée : les élèves tiendront un carnetde bord dans lequel ils consigneront, séance après séance, l’avan-cement de leur travail, les difficultés rencontrées, les découvertesfaites… L’évaluation portera sur l’acquisition des termes techniquesliés à la photographie, sur la qualité de leur production finale : unphotomontage d’une dizaine de vues, réalisé à partir d’un reportagefait dans l’enceinte du collège et sur l’implication de chacun desmembres du groupe dans le travail mené.

Autonomie du regardLes élèves forment des groupes de deux à quatre et réfléchissent àleur photomontage. Ils s’appuient sur l’étude de photos choisies surle train d’images de l’AFP, affinent le choix de leur sujet et dessinentleur story-board en précisant chacune des dix photos à prendre, lesplans, le cadrage, les angles de prise de vue, l’origine de la lumière,afin de donner un sens à leurs images.Dès la quatrième séance, les élèves ont largement gagné en auto-nomie. Cette organisation de l’itinéraire leur permet de modulerleur travail quoi qu’il advienne (absence d’un professeur, d’un cama-rade du groupe, appareil non disponible…) et de n’être jamais enmanque d’activité. Certains prennent tout de suite en main l’appa-reil-photo numérique et commencent à prendre des clichés. D’autresfont des recherches sur BCDI (logiciel documentaire et Internetauquel ils sont initiés depuis la sixième) pour préciser leurs connais-sances sur la lecture de l’image. D’autres s’intéressent à des documentsimprimés ou numériques les informant sur le droit relatif à l’image,sur un photographe ou sur les métiers de la photographie.Le carnet de bord est vérifié à chaque séance. Nous répondons auxmultiples questions d’ordre technique ou intellectuel que les élèvesne manquent pas de poser. Nous guidons les enfants les moins auto-nomes, les incitons tous à ne pas perdre de temps, à se répartir lestâches, à sérier les problèmes, afin que le photomontage puisse êtreterminé à la fin de la neuvième séance, comme cela est prévu.Au fur et à mesure que les élèves importent des images sur lesordinateurs en réseau dans un dossier qu’ils ont créé, nous leur présentons les possibilités de retouche d’image. Ce travail, qui souffre,faute de temps, de ne pouvoir être assez poussé, présente l’avantagede faire comprendre toutes les possibilités de trucage de l’image. Leregard critique est ainsi aiguisé.

Une évaluation qui souligne l’intérêt des élèvesL’évaluation se fait en suivant une grille que nous avons élaborée.Le travail est évalué par les élèves de cet itinéraire, les deux ensei-gnants encadrant le travail, mais aussi par d’autres élèves et d’autresenseignants. Les échanges sont alors très enrichissants. Les autresélèves apprécient la découverte de ce travail et avouent avoir trèsenvie d’en faire partie à la deuxième session. Une note finale estattribuée tenant compte aussi de l’attitude de chacun au cours detoutes les séances (attention ou relâchement, autonomie ou dépen-

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“ Les nouveauxdispositifs (IDD, TPE…)favorisent ledécloisonnement des disciplines, les travaux de groupes dans lesquels uneéducation aux médias a toute sa place. ”

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

E n s e i g n e r a u t r e m e n t

dance). Enfin, un questionnaire portant sur l’intérêt relatif à l’itiné-raire, permet de constater que cet IDD les a beaucoup intéressés.

Une véritable réflexion sur les images à poursuivreLe travail en autonomie a été difficile, mais cette nouvelle attitudea motivé les élèves qui pensent pouvoir réutiliser méthodes de travailet acquisitions lors de futurs exposés. Ils voient désormais d’un autreœil les photos de presse ou toute autre image. Ils ont apprécié êtreactifs, voire créatifs. De fait, ils ont tous abouti à une productionprésentant des degrés divers d’inventivité et de qualité. Tous ne sontpas arrivés à créer dix photos. Certains élèves ont su retoucher lesimages de façon cohérente par rapport au ton de leur photomon-tage. D’autres ont créé des cadres qui mettaient en valeur les élémentsde leurs photos. Quoi qu’il en soit, tous les élèves ont mené une véri-table réflexion sur les images qu’ils voulaient présenter, même s’ilsne sont pas toujours arrivés à concrétiser leurs idées.Nous avons cependant remarqué que la réutilisation du vocabulairetechnique est difficile pour les élèves, même si nous pensons queces derniers ont véritablement acquis des connaissances qu’ils peuvent réinvestir dans un travail scolaire comme dans leur vie personnelle. n

Séances pluridisciplinaires sur les médiasC o l l è g e J e a n - J a u r è s , G e n ç a y

A c a d é m i e d e P o i t i e r sLes élèves de deux classes de quatrième, pendant un semestre chacune,

réalisent un journal télévisé, ce qui leur donne l’opportunité de menerà bien une activité précise et d’apprendre à être critiques face aux

médias. Par ce travail pluridisciplinaire, l’équipe éducative, composéedes professeurs de français, histoire et géographie, technologie,

espagnol et d’un aide-éducateur, vise l’autonomie des collégiens.

Le choix du niveau quatrième s’explique par l’existence d’un cadrede travail nouveau nous permettant de disposer de deux heurespar semaine où interviennent en même temps quatre professeurs

et un aide-éducateur spécialisé dans les nouvelles technologies. Lematériel dont nous disposons est assez important, puisque nousavons pu monter un plateau télévision et une régie qui diffuse danstoutes les salles de classe. Lors de la diffusion du magazine, les élèvesde tout le collège sont en classe devant un poste de télévision. Desobservateurs notent leurs réactions en vue d’une évaluation.Les élèves de quatrième se sont répartis volontairement sur deuxclasses, mais sans avoir auparavant bénéficié d’une éducation auxmédias. Cette répartition a abouti à la création involontaire d’uneclasse d’un niveau plus élevé que l’autre. Nous avons alors décidéde comparer les effets du projet sur ces deux types de classes.

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

Un projet structuréLes élèves sont rapidement initiés à la lecture de l’image, à l’écriturevidéo et au dispositif télévisuel. Les thèmes à traiter sont choisis enconférence de rédaction. Des groupes de volontaires se constituent,les dates de diffusion sont posées. Le rôle de chacun dans la réali-sation du journal télévisé est défini.Les élèves effectuent, par thème et par groupe, les recherches docu-mentaires et les repérages, prennent les rendez-vous, écrivent les inter-views et préparent les tournages. Le «dérushage» et le montage del’émission sont travaillés avec l’aide-éducateur pendant les séances ousur le temps libre. L’habillage du journal (générique, interviews,« conducteur ») est étudié et une initiation à la régie pour les élèvesdésignés est mise en place. Ces activités précèdent la diffusion del’émission qui dure environ vingt minutes.Des évaluations individuelles et collectives sont réalisées en tenantcompte de ce qui était pertinent ou non pendant l’émission et dela réaction des téléspectateurs.Une étude comparative entre la classe «forte» et la classe «faible»permet de relever des points communs. Les collégiens soulignent :«Le projet est intéressant car on a une autre relation avec les ensei-gnants qui nous font confiance (prêt de matériel, circulation libredans l’établissement…), on n’est pas stressé, cela développe notreautonomie car on choisit les sujets, on prend des initiatives, on a unmatériel excellent, cela peut nous servir plus tard…» Le trac devantla caméra existe dans les deux cas. Le transfert des apprentissagesdans les champs disciplinaires n’est pas repéré.Néanmoins, des différences apparaissent. Les élèves de la classe« forte » sont vite autonomes, le travail est souvent imaginatif etd’excellente qualité ; ils ont le souci d’exprimer leur point de vue,leurs critiques. Le message est plus clair. Les élèves plus faibles ont moins d’autonomie, mais plus de respect pour le matériel ; leur travail est plus lent, plus laborieux. Les reportages sont plus concretset touchent davantage à la réalité des collégiens et à leurs peurs.On repère mieux les progrès car l’appréhension de départ estplus grande.

Regards sur le projetLorsqu’ils s’expriment, les parents adhèrent complètement au projet et nous font part de l’intérêt de leurs enfants. Si besoin est,ils accompagnent les élèves en voiture sur le lieu d’un reportage. Ilssont désireux de voir le résultat final, comme les personnes inter-viewées, et apprécient surtout l’ouverture du collège et des élèvessur l’extérieur.Dans la communauté éducative du collège, chacun est invité à participer au journal. Il n’y a pas de réactions négatives, même dela part de ceux qui se tiennent en dehors du projet, plutôt une certaine curiosité sur le contenu du prochain journal. Les élèves desautres classes sont plus distants, surtout les plus âgés.Le travail de notre équipe fonctionne essentiellement au cours des

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“ Les élèves créent un journal télévisé en direction de lacommunauté éducative.Cette expérience introduitde nouvelles relations entre professeurs et élèveset développe autonomie et esprit d’initiative chez les collégiens. ”

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séances encadrées. Cette expérience en commun est enrichissantepour nous comme pour les élèves, d’autant plus que la communi-cation est très libre et chaleureuse.Notre projet serait plus performant si les élèves débutaient une initia-tion aux médias et à la lecture de l’image dès la classe de cinquième.Par ailleurs, il n’y a pas suffisamment de réflexion commune sur lesobjectifs et sur l’implication des disciplines ; nous nous heurtons àdes problèmes de temps et de compétences. De plus, la coupure endeux semestres pour deux classes est néfaste pour la bonne marchedu projet car elle ne permet pas une progres-sion des élèves et pro-voque une frustration dans le groupe qui arrête l’activité. n

L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

E n s e i g n e r a u t r e m e n t

Revue de presse scientifiqueL y c é e B e l l e v u e , L e M a n s

A c a d é m i e d e N a n t e sAider les élèves des premières scientifiques et littéraires à se construire

une culture scientifique en s’appropriant la presse spécialisée, tel estl’objectif du professeur de sciences physiques aidé par la professeure-

documentaliste de l’établissement. Dans le cadre des travaux pratiquesde sciences physiques, les élèves se familiarisent avec cette presse

spécifique en réalisant une revue de presse.

Depuis cinq ans, dans le cadre des travaux pratiques de sciencesphysiques, chaque classe se familiarise, pendant sept semaines,avec la presse scientifique ou les rubriques scientifiques de

la presse générale.

Les activités menéesLes élèves de première littéraire, répartis par groupes de quatre,travaillent sur sept séquences. Après la présentation des différentesrevues et la production d’une fiche signalétique, chaque groupe choisit quatre articles sur un même thème, puis constitue une listeassez complète d’articles portant sur ce thème. Ensuite, chaqueélève produit un texte incitatif à la lecture qui est présenté orale-ment. Pour finir, chaque groupe élabore une affiche. À partir d’unegrille d’évaluation donnée aux élèves, le travail collectif (biblio-graphie et affiche) et le travail individuel (oral et écrit) sont évaluésà chaque séance.En première scientifique, tous les mois, chacun des groupes,composés de quatre élèves, présente collectivement la bibliographiedes articles essentiels de la presse scientifique. Chaque élève s’intéresse plus particulièrement à un article dont il rend compte en classe. Le travail de recherche et d’élaboration est fait avec l’aidede la documentaliste. Quant à l’évaluation, elle est menée sur labibliographie, pour le travail de groupe ; sur la production écrite etl’exposé, pour le travail individuel.

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

Affinement des objectifsPour les élèves de première littéraire, les objectifs visés sont les suivants: les amener à lire la presse scientifique, en distinguant les dif-férents journaux spécialisés; leur apprendre à sélectionner des articlessur un sujet, à produire une bibliographie et à repérer les différentspoints de vue des articles sur un même sujet ; les conduire à rendrecompte d’articles par écrit et par oral, à produire une affiche lisible, àtransférer en SVT les compétences acquises en sciences physiques.Pour les élèves de première scientifique, certains objectifs, parcequ’ils renvoient à des compétences transversales que tout lycéendoit acquérir, sont les mêmes que pour les élèves de première litté-raire. D’autres sont davantage liés à la formation scientifique. Parcette action, l’équipe pédagogique cherche à familiariser les élèvesavec la diversité de la presse scientifique et à suivre l’actualité de lascience ; à les rendre capables de produire, par écrit, une bibliogra-phie sur un sujet donné, en respectant les normes, en distinguantles différents champs de savoirs (écologie, médecine, géologie, etc.) ;à les entraîner à présenter oralement cette bibliographie ou un article;à permettre aux autres élèves du lycée et à toute la communautééducative d’avoir à leur disposition une sélection d’articles de presse.

Réflexions sur l’action et perspectivesCoanimées, toutes les séances sont encadrées par le professeur etla documentaliste de façon à aboutir à une production écrite en find’heure (fiche signalétique, liste des articles sur un thème, biblio-graphie, compte rendu de l’article et affiche). Dans certaines séances,les enseignants sont plus directifs que dans d’autres, de façon à éviter les impasses : ils aident, par exemple, les élèves à choisir unthème sur lequel ceux-ci ne peineront pas à trouver quatre articles.L’évaluation de la bibliographie se fait selon les compétences diffé-rentes de chacun des enseignants : le professeur de sciences évalueplus particulièrement la légitimité du choix des articles de la biblio-graphie, la pertinence des informations relatées à l’écrit et à l’oral ; ladocumentaliste évalue plus particulièrement le respect des normesbibliographiques, le caractère incitatif de l’écrit et la compréhensionpour un non-spécialiste de la présentation orale de l’article. Cettedouble évaluation conduit à une note commune. Pour l’affiche,l’évaluation est complétée par le professeur d’arts plastiques.Le travail en amont de la documentaliste est important. En effet,il est absolument nécessaire que tous les journaux soient dispo-nibles au début de chaque séance. n

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“ Le professeur de sciences physiques et la documentalisteproposent ensemble une séance de travauxpratiques autour d’une revue de pressescientifique. Les élèvesdécouvrent ce type de presse, apprennent à sélectionner des articles,à repérer les points de vue, et à en rendre compte. ”

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E n s e i g n e r a u t r e m e n t

Cache-cache micro5 0 é c o l e s p r i m a i r e s d e l a r é g i o n d e T o u l

A c a d é m i e d e N a n c y - M e t zDepuis plus de seize ans, la radio associative Radio Déclic,

créée à l’initiative d’un groupe d’instituteurs du Toulois, diffuse Cache-cache micro : cinq jours par semaine à 13 h 30, elle prête

ses ondes à mille huit cents élèves de cinquante écoles primaires ruralesde la région de Toul. Les thèmes des émissions sont laissés au libre

choix de chaque école productrice et couvrent donc une vaste palette.

Depuis la création de Cache-cache micro, nous avons toujours eule souci obstiné de travailler simultanément dans les domainesde la langue écrite et de la langue orale. Il s’agit pour nous de met-

tre les élèves en situation d’apprentissage et de communicationréelle, de les conduire à participer à un projet commun, de coopérerà la réalisation d’un produit fini, une émission de radio aboutie.

Des modalités bien précisesLes émissions durent de dix à quinze minutes. Chaque classe a uneplage horaire par jour. Les lundis, ce sont les élèves des cours moyens1 et 2 et des cours élémentaires 1 et 2 ; les mardis, ce sont les grandsde maternelle et les élèves du cours préparatoire et les jeudis,les petits de maternelle. Quatre studios décentralisés rendent lesinstituteurs autonomes pour l’enregistrement de leurs émissions.Les classes qui produisent des émissions, en moyenne trois par an,doivent choisir un thème, se documenter, enquêter. La mise en forme,la structuration des contenus, le passage à l’oralisation, la recherched’une illustration sonore (bruitage/musique) suivent. Les élèves doivent susciter chez les auditeurs un intérêt constant. Les classesréceptrices, quant à elles, développent leur capacité d’écoute,d’analyse critique, en manifestant leurs opinions si elles le désirent,en poursuivant éventuellement une enquête débutée par d’autres.Les thèmes traités sont très variés et touchent aussi bien la vie desenfants que les actualités locales, nationales ou internationales : lapolitesse, les parents divorcés, le pouvoir des enfants de dire « non »en sitution de danger, les religions du Toulois, le port du voile isla-mique, la guerre du Golfe, etc.Chaque émission est rediffusée, à horaires décalés, trois fois le jourmême pour permettre aux différentes classes de les écouter.Il s’agit de favoriser l’interaction ponctuelle ou continue des classesentre elles.

La radio pour rompre l’isolement Écouté quotidiennement par un bon nombre d’élèves de différentesclasses et écoles, Cache-cache micro permet de rompre l’isolementdes écoles rurales. La mise en place d’un forum téléphonique le vendredi incite les écoles à s’ouvrir aux autres. Grâce à un triplextéléphonique (deux lignes téléphoniques et le studio), les élèves de

“ Les projets sur les médias sont souventl’occasion de renforcer,voire de créer des contactsentre les écoles ou lesétablissements, ainsiqu’entre les différentsniveaux de classes.Ils favorisent la mise en réseau. ”

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ces écoles peuvent participer à l’émission baptisée Forum. À cetteoccasion, les enfants interrogent les invités intervenant dans l’émission. Ils confrontent ainsi leurs points de vue, débattent desthèmes proposés dans l’émission.L’ensemble des productions de la semaine est rediffusé le samedi àl’attention des familles qui peuvent alors partager des petits momentsde classe avec leurs enfants. Si les parents d’élèves sont nombreuxà l’écoute, c’est qu’ils apprécient l’apport en terme d’éducation à lacitoyenneté et cautionnent les activités radio comme de véritablessituations pédagogiques.Une partie des échanges entre élèves et entre les enseignants estrendue possible grâce à un service Minitel spécifique à Cache-cachemicro,hébergé sur le serveur académique,et à une connexion Internet.Une autre façon de prolonger l’ouverture de classes sur d’autresclasses en milieu rural…Radio Déclic, quant à elle, met à la disposition du projet un animateurpour aider à l’enregistrement des émissions en classe et structureson programme journalier en tenant compte des impératifs horairesdu milieu scolaire. Par ailleurs, des associations socioculturelles duToulois participent à l’élaboration des émissions et interviennent aucours des forums hebdomadaires.

De véritables rencontres lors de la fête de la CommunicationUne fois par an, ces enfants qui communiquent pendant l’année parradio interposée peuvent se voir et échanger en direct au cours dela fête de la Communication réalisée chaque fois dans un villagedifférent. Ainsi, tous les ans, à la veille de la fête des Mères, les élèves se retrouvent dans un village du Toulois. Pendant quelquesheures, le village décuple sa population. C’est une journée pour fairela fête, s’adonner aux quatre-vingts activités proposées, créer,dessiner, imaginer, inventer, construire, danser…Les émissions et les ateliers réalisés pour la fête sont préparés parles enfants et leurs enseignants dans les classes tout au long de l’année scolaire. Chaque classe arrive avec un ou plusieurs ateliersen relation avec le thème de l’année (l’écologie, la récupération, lamusique, le mouvement, le merveilleux et le féerique). Les parentsparticipent eux aussi activement à l’organisation de la fête de la Communication.Cette manifestation est soutenue financièrement par les munici-palités et le Conseil général de Meurthe-et-Moselle et pédagogi-quement par l’Inspection académique qui met à la disposition des écoles deux demi-postes d’aides-éducateurs et favorise la transmission des informations à l’ensemble de la circonscription.Elle dispose également de l’appui d’associations socioculturellestouloises et nancéiennes. n

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E n s e i g n e r a u t r e m e n t

Info-Guessling, le journal parlé de l’écoleÉ c o l e p r i m a i r e d e G u e s s l i n g - H é m e r i n g

A c a d é m i e d e N a n c y - M e t zDepuis trois ans, l’ensemble des élèves et leurs maîtres se mobilise

chaque semaine dans le cadre du projet d’école pour assurer la préparation et la présentation d’un journal parlé : Info-Guessling.

Y assistent régulièrement les élèves mais aussi des parents venusspontanément. Ce projet, né de la volonté d’améliorer l’expression

orale des enfants, développe bien d’autres compétences et dynamiseles relations entre enfants et adultes au sein de l’école.

Vendredi 8 h 20 : le portail s’ouvre. Les élèves se précipitent dans lacour et vont déposer leur cartable directement en classe. Puis ilss’affairent sous le préau. Il faut installer le studio du journal

Info-Guessling !

Des responsabilités partagéesUne équipe se charge de mettre en place la sono. Les branchementssont exécutés rapidement. Les gestes sont sûrs : les élèves ont étéformés. Les autres installent les bancs et les tables de brasserie prêtés par la municipalité et déposés dans un local sous le préau.En dix minutes, le studio est prêt. Des chaises sont là pour accueillirle public. Les essais sono sont au point. Les journalistes attendentleur ordre de passage près de la feuille de route affichée la veille parle comité de rédaction. Deux élèves responsables appelleront lesintervenants à tour de rôle. Le public est déjà là.Il est 8 h 30. Musique. Le journal peut commencer. Après l’introduc-tion, les interventions des journalistes se succèdent, réglées par lesélèves responsables de la feuille de route. Il n’y a pas de temps mort.L’équipe sono anime les secondes de battement entre les prises deparoles par une musique. Après la météo et la présentation desmédiateurs de la semaine suivante, le journal s’achève par quelquesparoles de conclusion. Les médiateurs sont deux élèves du CM2 quisont chargés de régler les petits conflits entre élèves dans la courde récréation ; ils changent toutes les semaines.Le tout a duré environ quarante minutes.Vite, il faut à présent rangerle studio. Les tables et les bancs sont démontés par les élèves. « Nevous coincez pas les doigts ! », crie le maître. Les chaises ont déjàdisparu. Les élèves se rangent.Retour au calme et rentrée en classe pour un rapide bilan des inter-ventions. «Est-ce que tout le monde a compris ce que racontait Paul?»« Qu’est-ce qui aurait pu être mieux ? » «Tu aurais dû parler plus près du micro, Jean. On n’a pas tout compris.» « Les grands, prenez l’habitude de quitter le texte des yeux lorsquevous lisez. »«Les petits, ne vous cachez pas derrière vos feuilles. Il faut qu’on voievotre visage. »« La semaine prochaine, on essaiera de faire mieux. »

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À chacun sa rubriqueLes élèves du cycle 2 proposent essentiellement des textes librestirés de leur vécu, des lectures de passages de livres étudiés en classe.Ces productions sont saisies sur traitement de texte et lues à hautevoix par un ou plusieurs élèves.Au cycle 3, outre la production de textes libres, la préparation dujournal consiste à collecter des informations dans les journaux, surInternet, dans des magazines ou dans d’autres documents, à lesrédiger et à les mettre en page grâce à l’outil informatique. Ce travail préliminaire est mené en début de semaine. L’informationlocale et régionale est privilégiée.Des interviews agrémentent quelquefois le déroulement du journal. Des personnalités locales sont invitées à venir répondre auxquestions des écoliers. On citera un arboriculteur, un historien local,un éleveur de moutons, des gendarmes, le boulanger, un coureur demarathon, le maire, un spéléologue…Chaque interview fait l’objet d’une préparation en classe. Les questions sont transmises aux invités quelques jours avant l’inter-vention pour que les réponses soient les plus complètes possibles.Des numéros spéciaux d’Info-Guessling sont réalisés à l’occasion de la visite de Saint-Nicolas, de Noël, de la fête de la Musique…Le recensement des sujets du journal est rendu possible grâce auréseau informatique. Toutes les classes entrent les titres des sujetssur une feuille récapitulative accessible à partir de chaque classe.Le comité de rédaction du CM2 élabore une feuille sur laquelle lessujets traités sont classés par thèmes : petites nouvelles brèves,textes développés, rubrique animalière, page des sports, météo…

Des objectifs qui rencontrent toutes les disciplinesLes interventions se sont enchaînées avec fluidité. Nouvelles brèves, articles de fond, textes libres, poésies, sketches, dialogues enallemand (étudié dès le CE1), billets d’humeur, de nombreuses formesd’écrits trouvent leur place au sein d’Info-Guessling.Nous n’intervenons pas pendant le journal. En revanche, nous sou-haitons mettre les enfants en situation de communication réelle, lessensibiliser aux différentes contraintes liées à l’information: précision,concision, sérieux, originalité, intérêt… Nous aimerions leur faire com-prendre qu’un texte, pour qu’il soit bien dit, doit être préparé. Il s’agitd’ouvrir leur curiosité à des sujets ordinairement occultés, les respon-sabiliser en leur confiant des tâches toujours plus complexes… Un projet comme Info-Guessling donne un cadre à toutes les activités etmotive les élèves dans les apprentissages. De la même façon, l’utili-sation des TICE ne se fait pas sans objectifs précis. Nous avons recoursà l’ordinateur, au traitement de texte, au cédérom ou à Internet parcequ’ils sont nécessaires pour réaliser une tâche clairement identifiée:recherche documentaire; rédaction des productions; communicationinterclasse. Or, ces trois étapes permettent aux élèves d’acquérir lesdix-huit compétences prévues dans le B2i. Ainsi, la quasi-totalité desélèves quittant l’école à la fin du cycle 3 a acquis le B2i niveau 1.

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“ Produire un journalparlé, c’est fédérer enfants,enseignants et parents et mobiliser un faisceau de compétencestransdisciplinaires. ”

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Des témoignages enthousiastesPour un enseignant, le journal parlé Info-Guessling est un formidablemoyen de motiver les élèves à l’écriture. « Un texte d’enfant trouvetoute sa valeur quand il est destiné à être lu à un public. Une lecture est beaucoup plus motivante lorsqu’elle se fait en situationde communication. Ces deux éléments ont dynamisé ma pratiquepédagogique. Quand, en plus, on peut y raccrocher les TICE pour mettre les productions en valeur, on a déjà touché beaucoup de compétences. Grâce à Info-Guessling, la routine, connais pas ! »Une mère d’élève précise : « On apprend les nouvelles du village,parfois même des nouvelles personnelles, familiales. Les enfantsexpriment leur vécu. J’ai remarqué que mes filles sont de plus enplus à l’aise. L’aînée a moins peur de s’exprimer en société, en famille.Elle se débrouille mieux. Je pense qu’il faut motiver son enfant envenant assister au journal sous le préau. Les parents doivent eux aussis’impliquer dans ce travail, en donnant des idées, par exemple.»Les intervenants interviewés dans les émissions manifestent leursurprise. « Le travail doit être préparé : il faut penser à résumer, à préparer son matériel, le discours doit être simple et compréhensiblepar les enfants. Il faut aller à l’essentiel et se mettre à leur portée.Info-Guessling, c’est un peu la révélation de la place de chacun dansla communauté car, dans chaque foyer, il y a forcément quelqu’unou quelque chose de remarquable. »Quant aux jeunes, c’est le verbe « aimer » qui revient le plus souventdans leurs témoignages. «J’aime Info-Guessling parce qu’on racontetout ce qui se passe dans le coin et ailleurs, comme les attentats oules accidents de voitures. Mais je n’aime pas quand cela dure troplongtemps, surtout les interviews et les textes qui sont trop longs. »(Jonathan, CE1.) « J’aime Info-Guessling parce que ça me fait rire,parce que c’est intéressant et parce que j’aime faire des textes. »(Maxime, CP.)« Le journal Info-Guessling me fait progresser en français, sur Inter-net. Le journal me permet de mieux communiquer. La maîtresse memontre mes fautes pour que je ne les refasse plus. Ce serait bien quedes journaux comme le nôtre soient dans d’autres écoles. C’est super!»(Gauthier, CM2.) n

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Une école autour d’un site WebÉ c o l e p r i m a i r e d u C e n t e n a i r e , L a v é r u n eA c a d é m i e d e M o n t p e l l i e r

Afin d’utiliser davantage Internet à des fins pédagogiques, l’équipe de l’école décide de créer un site Web, en complément du journalimprimé Le Petit Curieux qui existait déjà. Petit à petit, ce projet conduit l’équipe à définir d’autres modes de travail.

Le projet de l’école du Centenaire s’appuie, depuis quelques années,sur la production d’un journal imprimé Le Petit Curieux. Les ensei-gnants ont souhaité introduire un axe nouveau en se demandant

comment utiliser Internet à des fins pédagogiques. Il leur a sembléque la création d’un site, parallèlement au journal imprimé, pouvaitaméliorer la maîtrise des langages en confrontant les élèves à d’autres écrits et en favorisant l’échange et la coopération à traversune messagerie.L’expérimentation, qui a porté sur trois années scolaires, a donccomme objectif d’installer progressivement la création et la mise àjour régulière du site dans les pratiques pédagogiques.

Mise en œuvre du projetL’école dispose d’un espace informatique avec six postes en réseauconnectés à Internet. De plus, les quatre classes du cycle 3 ont unordinateur spécifique relié au réseau.Dans un premier temps, l’équipe pédagogique élabore un projet ens’appuyant sur les compétences de tous les enseignants dans ledomaine informatique. Une progression et des séquences spéci-fiques selon les cycles et les objectifs de chacun d’eux sont cons-truites, mettant à la disposition de chacune des classes une heurepar semaine environ pour utiliser l’espace informatique.

Une première année de dispositifs variésAu cycle 2, les séquences conduisent les élèves à découvrir les différentes fonctions de l’outil informatique : comment saisir les textes en sachant utiliser la souris, le clavier… Les élèves travaillentseuls ou à deux avec un tuteur (un élève du cycle 3).Le travail d’écriture pour le journal imprimé (ou le site) a été redéfini.Nous recherchons des thèmes et des pistes de travail, afin de déve-lopper chez les élèves le plaisir d’écrire, pour raconter, pour expliquer,pour donner son point de vue…Les créneaux ouverts par les cours d’anglais qui ont lieu en demi-groupes, sont utilisés pour mettre en place un tutorat entre lesenfants du cycle 2 et du cycle 3. Ainsi, deux classes de CM et uneclasse de CP ont travaillé ensemble. Ce tutorat implique une maîtrise de l’outil par les plus grands et une régularité des séances,ce qui n’a pas toujours été possible, les élèves de CM n’ayant pas eule temps nécessaire pour avancer dans leurs propres apprentissages.Néanmoins, cette expérience a eu le mérite de déclencher des

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habitudes ; les petits n’hésitent pas à faire appel aux plus grandsdans des situations ponctuelles. Par ailleurs, les élèves de CM2 onteu a cœur d’acquérir les compétences nécessaires pour aider les plusdémunis face à l’ordinateur.Au cycle 3, la découverte des outils se poursuit : les élèves appren-nent à scanner une photo, à utiliser l’appareil photo numérique,à mettre en page, à introduire du son…Chaque enseignant a développé des séquences de travail dans lestrois axes suivants : pourquoi et comment communiquer avec Internet ? Pourquoi et comment rechercher sur Internet ? Pourquoiet comment produire pour le site Internet de l’école ? Par ailleurs,en amont du travail d’écriture, quelques séances spécifiques permettant aux élèves de mieux utiliser un moteur de recherche,de savoir sélectionner une information, de se servir d’une messa-gerie… ont été mises en place.Il paraît également primordial que les élèves consultent d’autressites d’école. Cette consultation nous a conduits à mettre au pointune fiche d’analyse critique permettant aux élèves d’établir des cri-tères en vue de leur propre production. Ainsi les élèves observent-ilsles sites à l’aide d’une carte d’identité du site. Ils doivent notammentrepérer leur nom et dire comment les identifier, comment découvrirleur structure à partir de la page d’accueil, préciser le nombred’informations et lister les différentes rubriques proposées. Au coursde la navigation dans un site, les élèves sont invités à remarquer lesmodes de réactualisation du site, la présence ou non d’un livre d’or,la proportion entre texte, images fixes, images animées et son…Nous leur demandons de justifier leur intérêt ou désintérêt pourtelle ou telle rubrique.À l’issue de la première année d’expérimentation, le site existe.Même imparfait, il constitue un premier pas positif, tant pour lesenfants que pour les enseignants, placés ensemble en situation dedécouverte et de recherche. Sur le plan pédagogique, de nouvellespratiques s’installent dans les classes et l’utilisation d’Internet parles enfants se développe. En revanche, les difficultés pour arriver à travailler par demi-groupes en classe ou en tutorat subsistent.Nous constatons que la priorité a été donnée aux contenus plusqu’à la forme et que la technique est souvent négligée.

Définition de nouvelles pistes pour la deuxième annéeLe problème du droit à l’image étant soulevé, une autorisationannuelle est demandée à tous les parents. Les évolutions portentsur trois grands domaines. Au niveau technique, nous perfection-nons la maintenance du matériel et nous complétons l’équipementinformatique ; au niveau organisationnel, la présence d’un aide-éducateur permet le fonctionnement en demi-groupes ; sur le planpédagogique, nous établissons une progression bien définie pourchaque cycle en nous appuyant sur des objectifs précis. La mutua-lisation des expériences est affinée : les équipes échangent leursfiches de travail.

L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

E n s e i g n e r a u t r e m e n t

“ D’autres modes de travail : tutorat, travail en groupe… sont mis en place lors de la créationd’un site Web. ”

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

La réactualisation du site est répartie au sein des cycles sur la basedu volontariat des enseignants. Ainsi la gestion des rubriques est-elle confiée à des classes ou cycles volontaires.Les objectifs initiaux du projet sont conservés avec toujours le mêmequestionnement : doit-on passer du journal imprimé, trimestriel, aujournal sur site ? Une réflexion est menée sur la spécificité de l’écriture sur le Web durant les animations pédagogiques consa-crées au projet. Comme dans le journal imprimé, il convient d’êtreexplicite dès le titre. Informatif de préférence, celui-ci doit d’embléeindiquer le sujet et l’angle. Comme dans le journal, la hiérarchisa-tion de l’information est primordiale. L’utilisation à bon escient desliens hypertextes permet aux élèves d’organiser et de sélectionnerles thèmes qui vont les amener vers d’autres sites.

Mieux cibler le lectoratLa grande différence entre le journal imprimé et un site Internet sesitue au niveau du lectorat qui, identifié voire ciblé dans le journalimprimé, reste difficile à cerner sur Internet. A priori, on peut distin-guer plusieurs types d’internautes sur les sites scolaires : des élèvesencadrés par leurs professeurs, des parents d’élèves, des enfants del’école ou d’ailleurs, des enseignants, mais aussi des internautes nonidentifiés et délocalisés qui « tombent » sur le site. Le lecteur doit s’yretrouver facilement. L’arborescence doit être mûrement réfléchieet un soin tout particulier doit être apporté à la présentation et àl’écriture.Nous avons réfléchi, entre nous, à une arborescence, à des rubriqueset à leurs contenus. Les classes du cycle 3, après avoir analysé lessites d’autres écoles, ont rapidement critiqué ces propositions quine correspondaient pas à leurs attentes. Elles ont alors imaginé denouveaux dispositifs et ont proposé l’introduction de pages inter-actives autour de la production d’écrits, permettant ainsi à d’autresécoles d’enrichir un sujet déjà traité en donnant un autre point devue, par exemple. En revanche, elles en ont supprimé d’autres, commela présentation de chaque classe de l’école.Le projet pédagogique est remodelé, en raison de la venue de l’aide-éducateur qui permet un travail en demi-groupes. Ce dernier travailledans la salle informatique, le maître dans sa classe ou en atelier BCD.Le contenu pédagogique de l’intervention en informatique est pré-paré en amont avec l’enseignant et vise aussi à s’intégrer dans lescontenus du brevet informatique et Internet scolaire.

Pour la suite…Aujourd’hui, le site contient cinquante pages, avec une alternancede rubriques fixes et évolutives. Chaque classe apporte sa contri-bution en fonction de ses projets propres. Le journal imprimé, quantà lui, continue. Il s’avère que sa réalisation est facilitée par l’exis-tence du site. Les deux productions sont donc complémentaires.Le site s’installe peu à peu de manière naturelle. Perdurera-t-il ? Tout cela dépendra de notre investissement car après la phase

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

E n s e i g n e r a u t r e m e n t

expérimentale, il conviendra de voir comment l’ensemble de l’équipes’approprie le projet. Nous jugerons alors de l’intérêt des nouvellestechnologies qui, pour être efficaces, pédagogiquement parlant,doivent apporter un plus à la façon d’enseigner et aboutir à desrésultats concrets et palpables chez les élèves. n

De la lecture à la créationC o l l è g e G é r a r d - P h i l i p e , S o i s s o n s

A c a d é m i e d ’ A m i e n sDans ce collège situé en ZEP, une équipe éducative composée

de deux professeurs de collège, deux instituteurs spécialisés de la Segpa et deux aides-éducatrices proposent aux sept classes

de travailler ensemble autour des médias. L’objectif est de conduire les jeunes adolescents de ces classes à une réflexion sur les images afin

de développer en eux l’esprit critique nécessaire pour devenir des « consommateurs » raisonnables et vigilants.

Nous avons travaillé ensemble sur la presse écrite, la publicité et ses slogans ainsi que sur la vidéo. Notre but était la réalisationet la publication d’un journal interne. Dans ce cadre, s’inscrivait

aussi une action centrée sur la publicité et, plus particulièrement,sur les marques et la société de consommation. Ces deux activitésont été complétées par une initiation aux techniques de l’imagemobile grâce au club vidéo du collège, animé par un instituteur dela Segpa annexée au collège.Nous avons effectué avec les élèves un travail approfondi sur la lecture et l’interprétation de l’image ; ces derniers ont complète-ment adhéré à l’esprit du projet en devenant de véritables critiqueset en comprenant parfaitement le rôle de manipulation des imagespublicitaires. Néanmoins, nous nous sommes aperçus que, horscontexte, les élèves doivent faire un effort sur eux-mêmes pour exercerleur esprit critique.

Une distanciation nécessaireCette distanciation, nous avons aussi essayé de la développer dansle domaine des mots à travers des articles de journaux. Dans un premier temps, les élèves lisent, analysent des coupures de pressepour comprendre et formuler clairement les messages exprimés par l’article.Au cours de la deuxième étape, les élèves jouent eux-mêmes le rôlede véritables journalistes. Après avoir établi la liste des règles dujournalisme (informer, être le plus objectif possible, ne pas défor-mer les propos, vérifier l’information…), ils rédigent des articles surdes thèmes variés (actualités, vie du collège, loisirs…) et réalisent desinterviews des différents acteurs de l’école (le principal et la princi-pale adjointe, une surveillante, l’infirmière…).

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

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Des élèves qui prennent des initiativesL’ensemble de cette mise en pratique nous a permis de constater queles élèves, et notamment ceux de sixième, étaient pour une grandemajorité capables de faire preuve de responsabilité et d’initiatives :ils ont, par exemple, pris eux-mêmes les rendez-vous pour les inter-views, d’autres sont allés chercher l’information (pour l’historique ducollège) auprès des anciens professeurs ou encore de la documenta-liste. Une fois tous les articles rédigés, nous pensions que chaque « journaliste » pourrait taper le sien sur traitement de texte, maisau moment de passer à cette étape, nous avons rencontré certainesdifficultés: tout d’abord, un problème de temps, puisque nous étionsdéjà au début du troisième trimestre ; ensuite, une contrainte d’emploi du temps des élèves et de planning d’occupation de la sallede communication.

Des élèves de Segpa actifsLes instituteurs de Segpa ont alors évoqué la possibilité de faireréaliser ce travail par leurs élèves participant au projet puisqu’ilsavaient des heures prévues pour l’apprentissage des techniquesinformatiques. Cette proposition fut acceptée spontanément parl’ensemble du comité de rédaction du journal et l’activité a donc puse poursuivre.Surmonter de la sorte cet obstacle nous a démontré que la synergiecollège/Segpa se réalisait non seulement entre les adultes, maisaussi entre les jeunes ; or, auparavant, beaucoup d’élèves du collègeavaient une représentation assez négative de la Segpa et de ceuxqui y travaillaient. En faisant équipe, l’ensemble des élèves a apprisà se connaître et à se reconnaître, sans jugement de valeur. De même,dans le comité de rédaction, cette entente a permis à chacun d’avoirsa place et un droit de parole et de décision équivalent.

Une découverte imprévueCe travail en collaboration a offert la possibilité à un élève en grandedifficulté scolaire, mais aux capacités artistiques avérées, de trouversa place, non seulement au sein du projet, mais aussi au sein del’établissement.En effet, nous avions besoin d’une présentation originale qui attirerait l’œil, d’une une qui permettrait de bien vendre notre journal, le CGP News. L’élève en question a rapidement accepté ledéfi et est parvenu à réaliser différentes illustrations que nous avonsinsérées dans les pages. Ce collégien a été reconnu, pour ses compétences, par les enseignants et ses camarades.

Une dynamique de vente de journal valorisanteEnsuite, nous avons pu mettre en place le dispositif de la vente initia-lement prévu au collège. Mais les élèves ont insisté pour qu’elle aitlieu aussi à l’extérieur. Pour ce faire, une des classes de sixième s’estfortement impliquée : les élèves ont pris sur leur temps libre pour,par petits groupes, communiquer avec une centaine de personnes,

“ Développer l’initiative,la responsabilité, l’espritcritique des élèves, les amener à communiquerentre niveaux et classesdifférentes. ”

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les intéresser et les convaincre d’acheter le CGP News, le journal deleur collège !Le fait de participer à un projet en dehors des cours leur a donnéconfiance en eux. Ce travail en équipe et les productions collectivesleur ont appris, sans forcément qu’ils s’en rendent compte, à commu-niquer, à accepter les autres, à organiser leurs idées, à mettre enpage des textes et des illustrations.

Une fusion réussie entre enseignants de collège et de SegpaAprès ces deux années de travail et de réflexion, nous avons portéun autre regard sur le projet. Pour nous, enseignants, il est très impor-tant d’avoir réussi à mettre en place une véritable synergie, car,jusque-là, il était très rare que les professeurs et les instituteurs spé-cialisés de la Segpa élaborent ensemble des projets communs.Notre réflexion nous a de plus confirmé qu’il est essentiel de pratiquer le plus souvent possible le décloisonnement, puisque biendes compétences s’avèrent transversales. Il est aussi nettement plusprofitable aux élèves de les acquérir dans des projets transdiscipli-naires car ils comprennent mieux que celles-ci doivent être maîtrisées et réinvesties dans tous les domaines.

Un projet qui engage les élèvesS’agissant maintenant des élèves, nous nous sommes aperçus que lamotivation est essentielle mais qu’il n’est pas toujours évident de laconserver sur un projet à long terme de manière égale. Nous pensonsque ce sont les adultes qui doivent à certains moments lui redonnervie, mais que les élèves doivent aussi être partie prenante.C’est là qu’intervient une valeur primordiale dans l’ensemble du collège : l’engagement. Nous attachons, en effet, beaucoup d’impor-tance au fait que les élèves comprennent bien cette notion et c’est enpartie pour cela que nous tenons à ce que les participants ne soient quedes volontaires : ils doivent prendre conscience que, s’ils s’engagent àfaire partie d’une activité, il leur faut la mener à son terme en respec-tant les conditions établies. Cela signifie donc aussi qu’ils doivent assu-mer leur choix et faire preuve de responsabilité tout au long du projet.Dans l’ensemble, cela a plutôt bien fonctionné.La motivation a été également liée au caractère collectif, sans hiérar-chie, au sein du comité de rédaction. Les élèves ont occupé des lieux qui leur étaient soit inhabituels soit d’utilisation différente. Certains se sontrendus au CDI pour les réunions du comité de rédaction, dans les bureauxadministratifs pour les interviews ou encore dans les locaux de la Segpaet dans la salle de communication. La deuxième année, le groupe d’IDDoccupait une salle de classe de la Segpa et, pour filmer, les élèves sontallés au CDI, au gymnase, dans la salle d’étude, dans la cour de récréa-tion… Autant de lieux qu’ils connaissaient, mais qu’ils fréquentaientpour d’autres raisons et dans d’autres circonstances. n

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E n s e i g n e r a u t r e m e n t

“ L’engagement des élèves: condition sine qua non àla réussite du projet. Décloisonner les relations(entre élèves, entreenseignants, entre élèves et enseignants), les niveauxd’enseignement et l’espacede travail. ”

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Radio Joliot-CurieÉ c o l e é l é m e n t a i r e J o l i o t - C u r i e , G i s o r sA c a d é m i e d e R o u e n

Tous les vendredis, une émission de radio est réalisée et diffusée, en interne, à l’école. Chaque classe y participe, par groupe. En utilisant ce média, l’équipe pédagogique favorise non seulement la maîtrise du langage oral, mais aussi l’éducation à la citoyenneté et le travail collectif.

Ce projet est intégré dans le projet d’école dont l’axe principal estla maîtrise de la langue. L’objectif recherché vise le développementdes compétences langagières et une dynamisation de l’oral, tout

en favorisant l’investissement individuel et collectif.L’émission en direct a lieu tous les vendredis matin dans la salle desmaîtres et est diffusée dans chaque classe, en simultané. Sa duréeest fixée à trente minutes environ. Les séquences sont très variées :reportages, interviews, débats, publicités, pages culturelles (musique,cinéma, poésie…), pages sportives, etc. Après l’émission, les élèvesde chaque classe réagissent aux contenus traités.

Des activités soigneusement préparées Un enseignant gère la préparation de l’émission avec les élèves concer-nés, les autres élèves sont répartis dans les classes avec les autresenseignants. En début de semaine, les délégués radio de chaque niveauarrivent au comité de rédaction avec des propositions de thèmes àtraiter. Ce dernier sélectionne les sujets qui seront présentés lors del’émission de radio, avec un droit de regard des adultes. À la fin, tousles rôles sont distribués selon le squelette de l’émission. Le travail depréparation, d’une heure environ, est ensuite réparti dans les classesqui participeront aux différentes séquences radio.

Un travail plus concerté autour de l’oralChaque enseignant doit prendre en compte le travail des autres classes, que ce soit dans la préparation de l’émission ou pour sa diffusion. Ainsi le travail en équipe devient-il une nécessité et se fait-il de façon naturelle.L’enseignant découvre et pratique une approche différente de lamaîtrise du langage oral. La démarche est celle du projet : à tour derôle, les élèves d’une classe s’investissent pour réaliser leur inter-vention radiophonique. Ce travail sur le langage oral intégré auxapprentissages a des implications sur l’expression écrite dans larecherche d’une plus grande structuration : les élèves construisentun plan avec des mots-repères. Au moment de l’intervention, les élèves bénéficient ainsi d’une « liberté de parole contrôlée ».En cycle 2, la dictée à l’adulte oblige aussi à une adaptation du débitde parole. Les élèves se rendent compte de l’articulation entre lesmots écrits (unités graphiques séparées par des blancs) et les unitéscorrespondantes de la chaîne orale.

“ La répartitionscrupuleuse des rôles dans le projet facilite le travail en équipe et aideà la clarté des productionsécrites et orales. ”

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Par ailleurs, une séquence « Débat » a été mise en place : chaqueclasse présente un débat qui est diffusé. Ces séquences particulièresincitent les élèves à mieux se faire comprendre et à être plus précis.L’émission de radio, mise en place depuis trois ans, a ainsi trouvé saplace dans l’ensemble des activités langagières. Les élèves ont inté-gré l’émission de radio comme une activité normale de la classe etn’hésitent pas à rappeler à l’enseignant en début de semaine qu’ilfaut retenir des thèmes pour l’émission.

Des échanges fructueux entre élèvesL’action permet de mieux communiquer avec l’ensemble de la communauté éducative sur les événements de l’école. Faisant partie des activités de chaque classe, elle est un moyen supplé-mentaire de décloisonnement, d’échanges entre des élèves deniveaux différents (par exemple, le parrainage des CP par des CM2)et participe au maintien d’une bonne ambiance de travail à l’école.L’action a des répercussions sur le comportement des élèves, notam-ment l’écoute des autres, l’attitude d’auditeur, l’apprentissage de lacitoyenneté, en général. La prise de parole spontanée se trouve grandement facilitée dans la vie de la classe, et peut-être dans la viede tous les jours.

Des maîtres et des élèves motivés ensembleCette expérience permet aux enseignants d’affiner leur observationdes élèves face au travail et la connaissance de leur personnalité,de leurs centres d’intérêt. Certains enseignants admettent de tra-vailler en accordant plus d’autonomie aux enfants car la relation sefonde sur une confiance accrue. Les élèves prennent du plaisir àapprendre, gagnent en motivation et se montrent de plus en pluscurieux et ouverts.Sur le plan pédagogique, les enseignants ont élaboré plusieurs outils :une grille de passage des élèves sur les différentes conduites discursives et des grilles d’autoévaluation. À l’aide de la grille de pas-sage, l’enseignant s’assure que chacun a participé aux différentessituations fonctionnelles de langage oral. Les grilles d’autoévalua-tion, créées avec les élèves, permettent à ceux-ci de mieux prendreen compte leurs progrès et leurs difficultés. Il est à noter, par ailleurs,que le regard que portent les auditeurs sur le travail et la prestationdes « producteurs-émetteurs » tenant lieu d’évaluation, revêt doncune grande importance.L’émission de radio a évolué en trois années d’existence. Elle est pluscadrée qu’à ses débuts. Certaines dérives ont été contrôlées (tempset présentations mal maîtrisés, dérapages verbaux…). L’école s’estaussi dotée d’un matériel adapté. Le travail sur l’évaluation descompétences est à poursuivre, ainsi qu’une réflexion sur la commu-nication vers les parents et les acteurs du système éducatif. n

L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

E n s e i g n e r a u t r e m e n t

“ La relation de confiance instaurée entre enseignants et élèves favorise l’écoute, le respect de l’autre mais aussi le travail en autonomie. ”

Enseigner autrement

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Lors d’une séquence consacrée à feuilleter différents journaux, nousinvitons les élèves à mettre en commun leurs remarques :« On parle du foot. – Il y a des écritures. – On voit des messieurs.

– On voit la météo… » Les enfants se posent la question des desti-nataires, des lecteurs… Et puis l’idée fuse : « Et si, nous faisions aussiun journal de l’école, qu’auriez-vous à dire ? Et à qui ? »Les enfants sont tout excités à l’idée de pouvoir communiquer lesévénements qu’ils vivent. Ensemble, nous définissons les rubriquespossibles : la date, la météo, les anniversaires, les menus de cantineet les nouvelles du jour.

La naissance du journal C’est à l’occasion de la Semaine de la presse à l’école que notre journal est né. Au sein de l’école, c’est le branle-bas de combat duranttoute une semaine. Les habitudes sont rompues. Nous fonctionnonsen exploitant au maximum le décloisonnement. Nous mobilisonsl’aide-éducateur, les ATSEM (personnel municipal attaché aux écolesmaternelles) et surtout les parents d’élèves.Nous élaborons un passeport de reporter : chaque passage dans unatelier est validé sur un carnet de route. Les activités sont variées :fabrication de papier, mise en place d’un kiosque avec des feuille-tages et des classements des différents journaux reçus, réalisationde déguisements en papier journal et défilé de mode, exposition surla presse prêtée par le CDDP, papiers pliés, emballages…Durant toute la Semaine de la presse, les commerçants du quartieracceptent d’afficher le journal de l’école. Cela permet d’ouvrir le dialogue entre les parents et les commerçants. Le travail des enfantsétant valorisé, certains parents prennent conscience que la mater-nelle n’est pas une garderie.

Des compétences acquises tout au long de l’annéeEn début d’année, les enfants découpent la date dans un stock dedocuments divers à leur disposition et la collent sur leur journal.Pour ce faire, ils doivent effectuer en autonomie une lecture termeà terme en comparant avec la date affichée dans la classe. Dès qu’ilsmaîtrisent le sens de l’écriture en capitale puis en cursive, ils l’écri-vent. L’enseignante des petits a remarqué que depuis la mise enplace du journal, les enfants marquaient de l’intérêt pour la date.Vers décembre, les enfants de moyenne section expriment le désir

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Nouer des partenariats

Un journal d’école au cœur du quartierÉ c o l e m a t e r n e l l e S u z a n n e - L a c o r e , B e r g e r a cA c a d é m i e d e B o r d e a u x

L’équipe pédagogique choisit de réaliser un journal d’école qui s’inscritdans la durée et qui met en avant le quartier auquel les familles – majoritairement d’origine étrangère – sont fortement attachées. Ce journal, lié au projet d’école sur la langue orale et écrite, impliquedans sa réalisation aussi bien les élèves que les parents.

“ S’intéresser à ce que font leurs enfants en classe de maternellepermet aux parents de s’inscrire dans un rapport positif à l’école et de se familiariser avec l’institution scolaire,l’établissement devenantalors un lieu-repère de leur quartier. Afficher le quotidien de l’école à l’entrée de l’établissement crée un lien entre parents, enfants et enseignants. ”

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de présenter également le journal. Il est donc décidé qu’après lesvacances de février, un enfant de moyenne section participera à lapréparation, à la présentation de la date et de la météo. Ce sera aussiun avantage pour l’année suivante car ces futurs grands connaîtrontdéjà le fonctionnement de préparation du journal.La rubrique « Météo » nous permet de découvrir la station locale deMétéo France. Les enfants s’aperçoivent que pour annoncer le temps,il ne suffit pas de regarder le ciel comme nous le faisons en classe :tout se mesure. En fin d’année, si tous les enfants ne savent pas lireun thermomètre, ils ont pu le manipuler et le nommer. Ils ont également constaté que, l’hiver, le trait rouge n’atteint pas toujoursle zéro et que, ces jours-là, il y a de la glace dans la cour…Sur le calendrier général affiché dans la classe, l’élève de serviceregarde s’il y a un anniversaire ce jour-là et le recopie sous sa rubrique.L’enfant dont c’est l’anniversaire est très fier d’être reconnu en tantque personne à part entière dans toute l’école, et pas seulement ausein de sa classe. Cette rubrique du journal sollicite un regard plusconvivial, plus chaleureux entre les enfants : certains sont plus attentifs aux tout-petits.Le menu est la partie la plus délicate à gérer. Il faut créer toutes les fichescorrespondant à chacun des plats prévus. Ces fiches sont classées selonquatre couleurs différentes (entrée, légumes, viande, fromage oudessert) dans des classeurs. Au fil des semaines, il y a moins de fichesà préparer. Le groupe responsable du menu y puise les fiches correspondant au menu du jour. Il est important de dialoguer lon-guement autour de l’alimentation : « Es-tu sûr de ne pas connaîtreles courgettes? –Maman n’en met pas dans le couscous.– Qu’y a-t-ildans ton assiette quand elle te sert ? » L’intérêt de cette rubriqueest que, dans la redondance, les élèves acquièrent beaucoup de voca-bulaire. Nous souhaitons également que ce travail déclenche un dialogue avec leurs parents lorsqu’ils retrouvent chez eux des alimentsétudiés en classe.Pour la nouvelle du jour, les enfants vont consulter le calendrier affiché dans la classe et « lisent » l’événement, soit de mémoire s’il a déjà été évoqué en classe, soit par déduction: taille du mot, initiale…S’il n’y a rien d’inscrit, ils doivent réfléchir et s’ouvrir à la vie de lacité, eux qui passent beaucoup de temps dehors aux pieds de leurimmeuble : «Mon grand frère a gagné au match de foot. » ; « Il y a eule feu dans les caves et les pompiers sont venus ! » Souvent un courtdébat s’instaure: «Pourquoi faire du sport? Qu’en pensez-vous? Quedoit-on dire ou faire ? »Mais voilà, parfois c’est « la panne sèche », alors naturellement lesenfants parlent d’eux : « J’ai fait du vélo. » ; « Je suis allé chez Papi etMamie. » À ce moment-là, nous regardons un journal et constatonsque chaque nouvelle ne parle pas de l’auteur mais de ce que voitl’auteur autour de lui. Par ce travail, nous sommes au cœur mêmede l’apprentissage de la citoyenneté.

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N o u e r d e s p a r t e n a r i a t s

“ Aborder les thèmes de la vie quotidienne dans le journal conduit à aller vers l’autre(camarades, parents,voisins…). ”

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La préparation du journalDès réception du menu, le vendredi après-midi, l’enseignante destout-petits prend un groupe de six enfants qui cherchent et décou-pent dans des prospectus les photos des aliments correspondantau menu de la semaine suivante pour constituer la fiche.L’enseignante des petits prend en charge, l’après-midi pendant lasieste de ses élèves, un groupe de six grands pour préparer la date,les anniversaires et le menu du journal du lendemain. Un enfantdécoupe (ou écrit) la date du lendemain et colle les étiquettes.Sur le menu, deux enfants surlignent au gros feutre, de la couleur correspondant à la fiche, le cadre du plat annoncé. Deux enfantscherchent les fiches correspondant au menu du jour. Un enfant écritl’anniversaire du jour.Le matin à l’accueil, la maîtresse des grands accompagne l’enfantresponsable de la météo : lecture du thermomètre, découpage dessymboles de la météo. Dès que la rubrique est remplie, tous lesenfants se regroupent et c’est le moment de trouver une ou plu-sieurs « nouvelles du jour ». L’élève recopie le modèle sur le journalpendant que les autres entament leur activité.

La présentation du journalComment présenter ce journal ? D’un commun accord, nous retenons qu’il faut commencer par dire « bonjour » et terminer pardire « au revoir ». Il est important de se présenter car les petits neconnaissent peut-être pas tous les élèves : « Je m’appelle xxx, ccc va vous présenter la date, etc. » Lors des essais, nous avons repris lesposes des enfants qui étaient avachis sur une table, le doigt dans labouche… : « Trouvez-vous plaisant de regarder quelqu’un dans unetelle position ? » Bien sûr, nos élèves savent qu’on doit bien se tenir,mais… C’est un premier apprentissage de la vie en société.Après la récréation, les enfants concernés présentent le journal àleurs camarades de classe. C’est en quelque sorte une répétitiongénérale avant de partir, seuls, le présenter aux moyens et aux petits,puis l’afficher dans le hall de l’école.

Un début d’échangesIl est très difficile d’évaluer l’impact du travail autour du journal surles échanges entre parents et enfants à la maison. En revanche, nousavons vu des enfants inviter leurs parents à regarder la rubriquequ’ils avaient préparée, des parents s’arrêter pour lire la nouvelle dujour et échanger quelques mots avec l’enseignant.Nous avons également noté, pendant la Semaine de la presse,l’implication des familles qui ont apporté magazines et journauxpour la première fois. Il s’agit d’une évolution positive car, au départ,la participation des familles était inexistante.Ce travail au quotidien est exigeant : il faut régulièrement le rendreattractif. Pour cela, nous y ajoutons la page du journal local lorsqu’ily a un article sur le quartier, sur l’école. n

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

N o u e r d e s p a r t e n a r i a t s

L’école maternelle Lecroisey de Saint-Hilaire du Harcouët publiePirouette, le journal rédigé par l’ensemble des élèves. Pour que tou-tes les classes puissent s’impliquer dans la conception du

journal, la publication est bisannuelle : en mars et en juin. La production d’un numéro au premier trimestre ne permettrait pasl’implication des deux classes de petits et ne laisserait pas assez detemps pour que les élèves réussissent à «lire» les articles à la maison.

Du cahier de vie au journal de l’écoleAu sein de l’école, le cahier de vie est un outil essentiel, utilisé par lesquatre classes, de la petite à la grande section, pour créer du lien entrel’école et la maison et favoriser l’entrée des jeunes élèves dans l’écrit.Il témoigne de la vie familiale de l’enfant, de la vie de la classe, desévénements et des apprentissages au jour le jour. Très personnaliséet à forte connotation affective, il constitue une mémoire pour l’élève.Pour encourager les élèves à écrire, l’équipe enseignante a choisi deproduire un journal scolaire. Le cahier de vie est principalement lupar l’élève avec l’aide de ses parents, alors qu’un journal scolaire estun objet public diffusé largement, y compris à des inconnus. La situa-tion de communication est donc très différente.L’écriture dans le journal demande aux élèves une distanciation quene comporte pas le cahier de vie : pour raconter un événement, ilfaut passer du « je » ou du « nous » à « Paul, de la classe de petite section ». L’élaboration des articles permet aux enfants de passerdu langage oral au langage écrit et d’en comprendre le fonctionne-ment. Les enfants dictent leurs articles aux institutrices : les élèvessont rédacteurs, l’adulte est scripteur.La production du journal est aussi l’occasion de faire reconnaître l’école maternelle comme un véritable lieu d’apprentissage. Au travers des différents articles, les parents découvrent les activités etles apprentissages des enfants : étude et création de contes et depoèmes, sorties éducatives, expériences scientifiques, travaux dejardinage, présentations d’albums, rencontres sportives… Le journalpermet enfin l’ouverture culturelle et renforce la communicationentre l’école et les familles.La séquence destinée à mieux connaître l’objet journal est organi-sée avec la participation des parents. Ceux-ci sont invités, avec leursenfants, à récupérer journaux et magazines à la maison pour les

Des parents dans un projet journalÉ c o l e m a t e r n e l l e L e c r o i s e y , S a i n t - H i l a i r e d u H a r c o u ë t

A c a d é m i e d e C a e nMieux maîtriser la langue orale et écrite tout en favorisant l’ouverture

culturelle et la communication entre l’école et les familles, tels sont les objectifs de l’équipe pédagogique de l’école maternelle quand

elle décide de produire un journal d’école. Cette action, qui entre dans le cadre du projet d’école, illustre comment les parents

peuvent être invités, à la maison, à prolonger les activités scolaires.

“ Passer du «cahier de vie» à un journal scolaire pour créer unemeilleure communicationentre l’école et les parents, mieux les informer sur les activités menées en classe, mais aussi pour passer du langage oral au langage écrit, en comprendre le fonctionnement, la distanciation nécessaire.Pirouette permet de développer le travail en équipe. ”

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déposer dans une caisse placée dans le hall d’entrée de l’école.L’objectif pour les classes est, dans un premier temps, de se fami-liariser avec le matériau et, dans un second temps, de s’intéresserau contenu du journal. À travers toutes ces manipulations et recherches, les enfants prennent conscience que le journal est unesource d’informations.

La réalisation du journalLes quatre classes de l’école produisent chacune au moins un article. Le choix des articles est déterminé par l’équipe enseignanteen conseil de maîtres, en fonction des activités et des projets de classe.La maquette grand format utilisée pour cette activité facilite la lecture collective, la manipulation et l’imprégnation, étapes primor-diales pour l’enrichissement du vocabulaire et la maîtrise de la syntaxe. À ce stade, les enfants ne savent pas encore lire, mais grâceaux supports visuels, ils sont pratiquement tous capables, après plusieurs séances, de redire le contenu de l’article. Ce travail de mémo-risation doit durer quelques semaines pour que tous les enfants puissent « lire » le journal à la maison en compagnie des parents.Une fois tous les articles rédigés et la maquette terminée, les enseignants, présentent les travaux des autres classes à leurs élèves. Ceux-ci, répartis en ateliers, sélectionnent les articles et décident de leur mise en valeur. Ils découpent les titres et les textes,les associent à des illustrations, puis les collent sur une feuille A4qui matérialise la une et sur laquelle la manchette est déjà dispo-sée. À la fin de la séance, toutes les unes sont présentées et lesenfants choisissent la version définitive.

La diffusion du journalLa diffusion de Pirouette est assurée grâce aux enfants qui, pourquatre-vingts pour cent d’entre eux, demandent à leurs parents d’acheter le journal le soir même de la parution, pour quelques centimes. Des affiches sont placardées sur chacun des panneauxd’affichage et sur la porte d’entrée de l’école. Les parents sont donclargement informés de la sortie du journal. Au bout d’une quinzainede jours, toutes les familles ont fait l’acquisition de Pirouette.Dans chaque classe, un exemplaire du journal est déposé dans lecoin bibliothèque. Un exemplaire est également disponible à la BCDde l’école élémentaire et à la bibliothèque municipale.

Un bilan positif à tous les niveauxLes enseignants estiment que la production du journal favorise letravail en équipe. Pour concevoir un journal, il faut se concerter auparavant, pendant et après la production. La confrontation d’idées et d’analyses est enrichissante et permet de progresser dansles pratiques pédagogiques. Les échanges sont constructifs et laméthode de travail est adoptée pour d’autres projets.D’une façon générale, le journal est prétexte à discussions et argu-mentations entre les élèves de la classe et des autres classes, lors

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du choix des contenus, des illustrations, de l’écriture du sommaire,de l’ordre des articles, de la mise en page… La dimension coopéra-tive qui n’existait pas auparavant avec le cahier de vie apparaît donc.Afin d’évaluer l’intérêt porté au journal, les enseignants ont orga-nisé un sondage auprès des parents et des enfants. Ils ont égale-ment fait leur propre bilan. Lorsque les maîtresses des petites sections montrent le journal, les enfants disent : « C’est le journal. »ou « C’est Pirouette. » En moyenne et en grande sections, tous lesenfants connaissent le nom du journal. À la question « À quoi sertle journal ? », les réponses le plus souvent rencontrées sont : lire,regarder les images et les photos, raconter, travailler, informer lesparents sur les activités menées à l’école. À la maison, les enfants «lisent», racontent, montrent les articles de leur classe et les parentslisent ceux des autres classes. Les articles préférés des enfants sontles articles scientifiques (52 %), les visites (26 %), les contes (22 %).Les parents apprécient Pirouette et déclarent être sensibles au nouvel outil et à sa fonction d’ouverture de l’école. Le journal est « un bon moyen pour établir un lien différent entre parents et école ». Le journal permet d’impliquer les parents dans les projetsscolaires de leurs enfants et dans l’apprentissage de la langue écrite.82 % des parents ont estimé que leurs enfants étaient capables de« lire » les articles une fois de retour à la maison. L’implication desparents est l’une des clés de la réussite des élèves. Enfin, le fait que86 % des parents aient gardé les dernières parutions témoigne del’intérêt porté au journal. n

L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

N o u e r d e s p a r t e n a r i a t s

La télévision, un lien avec les famillesÉ c o l e m a t e r n e l l e d e l a S e n s i v e , S a i n t - H e r b l a i n

A c a d é m i e d e N a n t e sL’introduction, à l’école maternelle, d’une éducation à l’image et,

en particulier, à l’image télévisuelle reste encore très marginale. Il semble alors judicieux aux enseignants de cette école d’informer

les parents des objectifs pédagogiques qu’ils poursuivent en effectuantun travail sur la lecture des images télévisées. Les enseignants

souhaitent associer les parents à leur réflexion afin qu’ils prolongentcette éducation à la maison par leurs questions et l’accompagnement

de leur enfant devant la télévision.

Notre projet d’école se décline en trois axes : maîtrise de la langue,communication école/familles et citoyenneté. Le programme d’éducation à l’image, mis en place pour les moyennes et grandes

sections, y trouve naturellement sa place.Ce programme part d’un premier constat établi en discutant avecles enfants. Ces derniers passent beaucoup de temps devant les images télévisuelles. Dans un souci d’information et pour essayerd’impliquer et de sensibiliser les familles à notre travail, nous deman-

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

dons aux parents de bien vouloir remplir un questionnaire lié à lapratique télévisuelle de leur enfant. Nous nous appuyons sur lesréponses aux questionnaires pour organiser nos séquences.Notre idée est de travailler sur deux plans : analyser et produire.En ce qui concerne la phase d’analyse, nous choisissons de partirdes émissions que les enfants regardent et ensuite d’entreprendreavec eux un tri dans ces émissions. Nous retenons, après avoir recenséles réponses aux questionnaires, quelques émissions jeunesse regardées par une majorité d’enfants. Il s’agit de partir de chosesconnues afin de raccourcir au maximum la phase de découverte etde pouvoir analyser les composantes de l’émission. Nous travaillonsaussi sur des spots publicitaires,sur la série Franklin et sur un documen-taire animalier de France 3.Les enfants travaillent en demi-classe sur une période de dix à douzesemaines pour chacun des groupes.

Sensibiliser les parentsPour les parents, la télévision appartient à la sphère privée et ils sont,en général, au mieux étonnés, au pire soupçonneux quand l’écoles’intéresse aux pratiques télévisuelles familiales. Or, le rôle desparents et de l’environnement familial nous semble essentiel dansla relation entre les enfants et la télévision et ce, dès le plus jeuneâge. Il apparaît que la famille peut jouer le rôle de filtre par rapportà la télévision. La verbalisation et les échanges avec l’adulte à propos des émissions sont primordiaux. La présence des parents etleur participation aux moments de télévision sont sécurisantes pourun enfant qui pourra, non plus substituer la réalité au rêve, mais selaisser aller à l’imaginaire avec la possibilité, à tout moment, de revenir au réel grâce à la présence de l’adulte. Cette implication desparents permet aussi des moments d’explication, de précisions langagières et de débat sur le contenu, les personnages, les propo-sitions morales de l’émission.Nous lançons des réunions d’information auxquelles tous les parentsde l’école sont conviés afin de leur préciser les objectifs pédago-giques que nous poursuivons et les associer à notre réflexion. Il s’agit de leur «repasser le témoin» dans l’éducation de leurs enfantset de leur redonner une place qu’ils ne pouvaient pas tous prendre.Nous pensons que ce travail peut être un bon vecteur de commu-nication entre l’école et la famille.

L’importance des échangesLors de la première réunion, nous distribuons et présentons le questionnaire aux familles. Plusieurs items sont proposés commele temps passé quotidiennement devant la télévision, le tempsimposé, les émissions interdites par les parents ; la solitude ou nonde l’enfant face au petit écran ; le choix des programmes ; ce que lesenfants aiment ou n’aiment pas regarder, leur comportement faceaux images ; les effets, les influences, la réutilisation de ce que lesenfants ont pu voir et entendre…

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La première action rassemble tous les élèves du lycée au cours d’unejournée de travail sur la presse. L’objectif est de mettre les lycéensen situation de concevoir et produire un journal en réalisant des

articles de presse écrite, des reportages photo, etc. Les élèves assurentégalement la distribution. Ainsi, de la production à la diffusion,toutes les étapes sont-elles mises en œuvre au cours de cette action.Pour l’équipe, cette approche globale des métiers de la presse est un moyen pour redonner à l’école sa dimension éducative et

Cela donne lieu à de nombreux échanges entre les parents sur la place de la télévision dans la famille. Le dépouillement des questionnaires (vingt-six réponses sur quarante-quatre question-naires distribués dans les moyennes et grandes sections de mater-nelle) fait apparaître quelques points. Les enfants passent au moinsdeux heures par jour devant le petit écran, notamment le matinavant d’aller à l’école ; ils choisissent eux-mêmes leur programme ;il leur arrive de temps en temps d’être seuls devant le téléviseur,mais ils racontent, à leurs parents principalement, ce qu’ils ont vu…Nous insistons particulièrement sur l’importance des échanges ver-baux avec les enfants autour de la télévision: faire raconter l’histoire,répondre aux questions, acquérir du vocabulaire permet d’établir undialogue, travailler l’oral pour mieux structurer le langage.Nous proposons également aux parents d’analyser avec eux un spotde publicité, afin qu’ils saisissent dans quel esprit nous travaillons :mieux connaître la télévision pour être plus critiques. Les parents,plutôt réticents au départ, acceptent finalement volontiers cetteactivité. Ils se montrent téléspectateurs actifs et se rendent comptequ’ils sont capables de faire un certain nombre de remarques trèspertinentes. Ce changement de « posture » leur permet de com-prendre comment sont construits des spots de publicité.L’école est l’un des lieux d’apprentissage ; elle n’est pas le seul. Pourque l’apprentissage soit efficace, il doit être repris dans plusieurscontextes (école, famille, quartier). L’enfant vérifie alors que l’écoleet la famille vont dans le même sens. Il apprend mieux parce queses acquisitions scolaires se transforment en savoirs transférables et reconnus en plusieurs lieux. n

L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

N o u e r d e s p a r t e n a r i a t s

“ Afin de sensibiliser les enfants de maternelleaux images télévisuelles,l’équipe enseignante décided’associer les parents à une réflexion surl’accompagnement de leursenfants devant la télévision.Des activités de lecture des images télévisées sont menées en présencedes parents afin de faire le lien entre l’école et la famille. ”

Un quotidien régional au lycéeL y c é e L e - V e r r i e r , S a i n t - L ô

A c a d é m i e d e C a e nUne équipe d’enseignants du lycée organise chaque année plusieursactions autour de la presse écrite. La Journée de la presse à l’école et

la réalisation d’un journal européen sur l’art contemporain sont deux opérations importantes qui fédèrent toutes les énergies

de la communauté scolaire et animent la vie culturelle de Saint-Lô. Le quotidien régional est associé à ces actions.

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

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“ Travailler avec la presse régionale est une occasion pour les élèves de s’ancrer dans la réalité de proximitéen écrivant des articles qui peuvent être édités dans les journaux locaux.En collaboration avec le quotidien régional toute la communauté éducatives’investit pour proposer unejournée «banalisée». ”

amener les élèves à comprendre la complexité de notre environne-ment quotidien.

Une Journée de la presse, organisée en partenariat avec le journal localDans un premier temps, le partenariat entre Ouest France et l’éta-blissement consiste à former aux techniques journalistiques troisà quatre enseignants pilotes de l’opération, lors d’un stage à la rédac-tion du journal, pendant les vacances scolaires. Ensuite, la préparationet l’animation de la Journée de la presse sont organisées.Durant cette journée, banalisée pour toutes les classes de l’éta-blissement, des ateliers pédagogiques se tiennent autour soit de thématiques, soit de travaux pratiques. Des ateliers portent sur lapréparation de reportages, la rédaction d’articles et la conception dela une d’un journal. D’autres ateliers amènent les élèves à réfléchiret à débattre sur des sujets très divers, en procédant soit à l’analysede la ligne éditoriale d’un journal, soit à la lecture des photos depresse ou encore au suivi du traitement d’un événement par la presse.

Une dimension européenne et artistiqueParmi les nombreuses actions autour de la presse, la fabrication d’unjournal européen se distingue tout particulièrement. Chaque année,des élèves et des adultes organisent à Saint-Lô le Forum des artscontemporains en invitant des artistes renommés à exposer dansla galerie d’art du lycée et dans les locaux de la mairie. Cet événe-ment est relaté dans les moindres détails dans un journal sur lethème « Visages de l’art contemporain » à travers le monde.À l’occasion de cette opération culturelle, des relations habituellesavec deux lycées étrangers, l’un au sud de l’Albanie et l’autre de Varsovie, sont réactivées. Pour élaborer ce journal, les élèves doiventmener des enquêtes, exprimer des émotions, réaliser des interviewsd’artistes, donner des points de vue. La dimension européenne provient aussi des sources d’information puisque les élèves tra-vaillent à partir de dépêches en provenance de dix-sept pays.

Un engagement de tous les acteurs de l’établissementLe succès de toutes ces actions tient à la dynamique de l’établisse-ment: l’équipe crée toutes les conditions organisationnelles et maté-rielles nécessaires, comme l’instauration d’une journée banalisée.En outre, tous les membres de la communauté scolaire, dont lesconseillers principaux d’éducation et les aides-éducateurs, sont invi-tés à participer au projet. De façon générale, les dispositifs pédago-giques transdisciplinaires, comme l’éducation civique, juridique etsociale, facilitent largement la mise en place de ce travail.L’éducation aux médias s’appuie sur des exercices amenant les élèves à faire preuve d’esprit critique ; en cela, elle rejoint l’éduca-tion à la citoyenneté. Le travail sur la presse s’est prolongé en ECJSoù le débat contradictoire est une étape importante dans la remo-bilisation des connaissances et des savoir-faire acquis : il constitue

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une mise à l’épreuve pratique de cette éducation aux médias. Trans-disciplinarité, partenariat et ancrage de ces actions pédagogiquesdans les dispositifs pédagogiques contribuent à transformer les rapports pédagogiques. L’expérience a montré que des modalitéssouples de mises en œuvre de cette éducation font évoluer à la foisles relations entre les élèves, entre les adultes et entre les élèves etles adultes. n

L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

N o u e r d e s p a r t e n a r i a t s

Écrire dans le journal pour être lu1 1 é c o l e s e t c o l l è g e s d e M o s e l l e

A c a d é m i e d e N a n c y - M e t zFruit de la collaboration entre le journal Le Républicain Lorrain et

l’inspection académique de Moselle, Cartable est un journal scolaireimprimé et en ligne réalisé par les élèves de nombreux établissements

primaires et secondaires de la région mosellane. Dans sa versionimprimée, il paraît deux à trois fois par an depuis 1989, encarté dans Le Républicain Lorrain. À l’origine en noir et blanc, c’est aujourd’hui

un supplément de format tabloïd de huit pages en couleurs, composéavec les écrits et les illustrations d’écoliers et de collégiens.

Né il y a plus de dix ans, ce projet, qui s’essoufflait par manque departicipants, connaît un nouvel élan depuis la rentrée 2000 avecla création d’une version électronique en ligne sur Internet

(www.cartable.com) et un nouveau dispositif collaboratif.Depuis cette date, les classes qui participent (premier degré et collège)sont de plus en plus nombreuses. Pour 2003-2004, près de quaranteclasses se sont portées candidates. Dix-huit classes – plus de troiscents élèves – ont été sélectionnées pour participer, à raison de sixclasses par numéro, avec une parité entre le premier degré et le collège. Le Clemi assure la coordination et le suivi pédagogique del’opération sur l’académie.La sélection se fait au regard des projets associés, de la répartitiongéographique et de la diversité des participants : Segpa, CLIS,quatrième d’aide et de soutien, tous les niveaux du primaire ou ducollège. Même une classe de maternelle a participé l’an passé à l’élaboration du journal.

Les objectifs du projetGrâce à la mise en place de situations réelles d’écriture, à travers laproduction d’écrits journalistiques, les élèves développent des compétences fondamentales : écrire pour être lu par un vaste public.Le développement de l’esprit critique, élément important de l’édu-cation à la citoyenneté, ainsi que la réflexion sur la déontologie journalistique s’ancrent dans cet apprentissage.Ce travail est également une façon de mettre en œuvre les TICE dansune situation concrète, en favorisant les compétences du B2i.

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

Le dispositifUne fois la classe sélectionnée, le journaliste partenaire convient,avec l’enseignant, d’un calendrier qui intègre immédiatement lacontrainte temporelle : les écrits doivent être prêts impérativementle jour J.Le journaliste fixe alors sa première intervention à J-15. Lors de cettepremière visite de deux heures, il présente le projet, le métier dejournaliste et ses règles fondamentales. Il transforme ensuite laclasse en véritable rédaction responsable d’un projet éditorial, aideau choix des sujets et veille à la diversité des genres pour les traiter.Pendant quinze jours, les élèves enquêtent, se documentent, inter-viewent, écrivent, corrigent… À tout moment, ils peuvent joindre parcourrier électronique le journaliste pour qu’il les rassure et les conseille.Le jour J pourrait être renommé V puisqu’il est entièrement consa-cré à la validation des écrits. Pendant deux heures, le journaliste analyse, commente et critique les productions avec leurs auteurs.Les articles et les illustrations sont ensuite très vite mis en ligne surle site Internet de Cartable, agrémentés de quelques vidéos ou messages sonores pris sur le vif.Enfin, cerise sur le gâteau, une délégation de chaque classe rédac-trice est invitée à assister au tirage de Cartable au siège du journal.À charge pour eux de restituer la visite et de distribuer à tous lescamarades de leur établissement un exemplaire gratuit du journalauquel ils ont participé. Le circuit de l’information est ainsi complètement visité.

Les points forts de cette collaborationLe journaliste se déplace deux fois deux heures dans chaque classeà quinze jours d’intervalle ; il assure une véritable animation pro-fessionnelle, suffisamment importante pour aller en profondeurdans la démarche : il intègre toujours dans son intervention uneréflexion déontologique, même dans les petites classes.Le travail sur le choix des sujets est fondamental pour ne pas se limi-ter aux sorties scolaires ou au menu de la cantine, ce qui signifieraitun repli sur l’établissement. Les élèves écrivent pour intéresser unlarge public, les lecteurs habituels du quotidien régional. L’observa-tion des productions de ces trois dernières années montre une remar-quable progression dans la qualité et la diversité des articles.La mise en ligne rapide permet aux élèves de découvrir immédia-tement le résultat de leur travail sans attendre la sortie de la versionimprimée. Le projet fait tache d’huile, les candidats sont chaqueannée plus nombreux mais aussi différents. Cette grande variétéoffre une bonne répartition géographique, un renouvellement dessujets et des échanges fructueux.

L’évaluationL’évaluation se fait au travers de questionnaires et d’échanges pourrecueillir les témoignages des participants, élèves et enseignants.Elle dépend naturellement des objectifs, du cadre dans lequel

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“ La collaboration avec la presse locale vise à mettre en place des situations réelles de communication à travers la productiond’écrits journalistiques. En liaison étroite avec un journaliste intervenantdans onze établissementsdu premier et seconddegrés, les élèvesproduisent des articles sur des thèmes liés à leur vie quotidienne, à leur environnement et à leur patrimoine de proximité. ”

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s’inscrit la participation au projet. Quand elle est intégrée à uneséquence du cours de français, les enseignants notent une plusgrande motivation pour travailler les apprentissages fondamentauxsur la langue. La production d’écrits ne prend un autre sens que dansles exercices scolaires.En outre, de nombreux enseignants, particulièrement dans les classes difficiles, notent une amélioration dans le comportement,le respect des autres, l’écoute, la prise de responsabilité. Le projets’avère donc un support pour travailler des compétences de savoir-faire et savoir-être.La production des écrits, mis en ligne sur Internet et publiés dans lejournal régional, est, pour les élèves en échec, parfois « ghettoïsés »dans l’établissement, un moyen de montrer aux autres qu’ils peuvent, eux aussi, réussir à mener à bien un projet. Ce qui donneparfois l’envie aux élèves des classes « ordinaires » de faire commeles Segpa… Une véritable métamorphose de l’image de soi… n

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N o u e r d e s p a r t e n a r i a t s

Éducation aux médias et éducation à l’orientationC o l l è g e L a - D e v è z e , B é z i e r s

A c a d é m i e d e M o n t p e l l i e rDans ce collège situé en zone d’éducation prioritaire (ZEP), l’équipe

pédagogique des classes de quatrième et de troisième, composée des professeurs de français, de mathématiques, de documentation etde la conseillère d’orientation (CIO), monte, depuis plusieurs années,

des projets associant éducation aux médias et éducation àl’orientation. Ces projets, élaborés en partenariat avec le centre

d’information et d’orientation de Béziers et le quotidien régional Midi Libre, font partie intégrante du projet d’établissement.

L’éducation aux médias, nécessaire partout, revêt une importanceprimordiale en ZEP: les élèves ont, vis-à-vis de la radio et de la télé-vision, une attitude de consommateurs et sont surtout très peu

familiarisés avec la presse écrite d’information. Par ailleurs, certainssont confrontés assez tôt aux questions d’orientation. Beaucoup, enraison de leur milieu socioculturel, ne peuvent être accompagnésdans leur démarche en dehors du collège. L’éducation à l’orientationest donc devenue un axe prioritaire du projet d’établissement, réunis-sant élèves de quatrième et de troisième, parents et enseignants.Constatant que les élèves engagés dans des activités médias acquiè-rent des savoir-faire et des compétences transférables, l’équipe éducative a eu l’idée d’associer éducation aux médias et éducationà l’orientation. Les élèves apprennent à s’informer, dans la perspec-tive d’un projet personnel, en découvrant concrètement des métiers,des itinéraires professionnels, des réalités sociales et économiques.Ils apprennent également à en rendre compte avec pertinence, grâceà l’acquisition des techniques d’écriture journalistique.

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

Découvrir l’envers du décorSi, en classe, nos élèves ont des activités spécifiques liées à la connais-sance des médias et à l’information, nous avons souhaité qu’ilsdécouvrent une entreprise de presse, en rencontrant les rédactionslocale et régionale du journal Midi Libre. Ainsi notre partenariat avecle quotidien régional permet-il d’appréhender l’actualité de proxi-mité – que souvent les élèves ignorent –, comme l’actualité natio-nale et internationale. Il s’agit également de faire prendre conscienceà nos collégiens de l’évolution de la presse écrite, avec le dévelop-pement des journaux en ligne et l’utilisation des TIC.Pour nous, il est important que les élèves puissent découvrir un lieude production et rencontrer des professionnels des médias, afinqu’ils comprennent que l’information n’est pas qu’un produit fini,qu’elle est précédée de tout un travail mené dans des entreprisesoù le travail est structuré, où l’on a recours à des professions diffé-rentes (correspondant, rédacteur, chef d’agence, photographe…).

Un IDD pour travailler sur les médiasLes projets médias que nous proposons répondent à une double exigence : d’une part, apprendre aux élèves à se repérer dans le système médiatique, à lire et à décoder l’information et, d’autre part,mettre les élèves en situation de production, en utilisant les tech-niques journalistiques comme celles de l’interview et du reportage.Ainsi, pour que la découverte d’un organe de presse ne soit pas unesimple visite, il importe que les élèves entrent dans une phase deproduction. À leur tour, ils vont sur le terrain, recueillent des infor-mations, choisissent, hiérarchisent, passent par toutes les phasesde production d’une publication.Nous avons donc,avec les classes de quatrième,conçu un IDD (domaine«création et techniques») durant lequel les élèves réalisent une publi-cation concernant la nouvelle agence du Midi Libre à Béziers.Trois sujetssont présentés: la naissance et l’histoire de l’entreprise, l’organisationdu travail et les différents métiers, la chaîne de production.

Reportages au sein des rédactionsLa visite de l’agence est conçue comme un reportage. Sur place,les élèves complètent un dossier d’enquête préparé en classe et effectuent des interviews.Un double travail est effectué pour acquérir la technique de l’inter-view et du reportage : avec le professeur de français et la conseillèred’orientation, une fiche guide d’interview est mise au point aprèsdeux séances de présentations croisées. Les élèves sont répartis paréquipes de deux; chaque élève interroge un camarade sur ses goûts,ses centres d’intérêt et restitue ensuite fidèlement la parole de l’autre.L’élève interviewé a pour consigne de fournir des réponses précises.Une mise en commun met en évidence les éléments indispensablespour réaliser une interview de qualité.Avec le professeur de français, les élèves repèrent et analysent laconstruction d’interviews et de reportages dans la presse jeunesse

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“ La visite de l’agenced’un quotidien régional metles élèves en situation réelled’interview. Ils comprennentl’importance de s’exprimeravec précision, de traduirefidèlement leur pensée pour en rendre compte. En outre, ils sont sensibilisésà la notion d’itinéraireprofessionnel. ”

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(Les Clefs de l’actualité, Okapi…) et dans des quotidiens régionaux.Ils sont sensibilisés à la notion d’« angle », identifient les différentstypes d’articles, étudient les interviews : thèmes abordés, progres-sion, utilisation de questions ouvertes ou fermées… Ils élaborentensuite le document qui sera utilisé lors du reportage à Midi Libre.Une fois le reportage effectué, les notes sont exploitées et les articlessont rédigés avant de faire la saisie informatique et la mise en page.Ayant travaillé avec le professeur de mathématiques sur l’utilisationdes graphiques et la proportionnalité, les élèves sont à même de pré-senter visuellement pourcentages et données chiffrées.En troisième, les élèves bénéficient des acquis de la classe de quatrième et poursuivent de façon beaucoup plus autonome leursdécouvertes des rédactions de Midi Libre, au siège du journal à Montpellier. Ils produisent une nouvelle publication pour rendrecompte de ce reportage. Les interviews et le dossier d’enquête concernent le travail des journalistes responsables des pages d’informations générales, les changements engendrés par les nouvelles technologies, l’évolution du journal et la structure dugroupe Midi Libre.

ÉvaluationAu cours des différentes étapes du projet dont ils intègrent l’en-chaînement, les élèves manifestent un réel intérêt et s’investissentpleinement, ce dont témoignent la richesse et la diversité de leursproductions.Apprenant à décrypter l’information, ils développent leurs capaci-tés d’analyse, d’abstraction et de raisonnement ; ils progressentainsi nettement dans la pratique de l’argumentation, à l’oral commeà l’écrit. Ils perçoivent mieux à quel point il est important de s’exprimer avec précision, de traduire fidèlement sa pensée, de s’intéresser à celle d’autrui et d’être capable d’en rendre compte.Ils sont sensibilisés à la notion d’itinéraire professionnel et ont désormais des repères dans leur environnement socio-économique.Ils effectuent de manière beaucoup plus efficace et plus ciblée lesdémarches relatives à l’orientation.Grâce à des activités se déroulant dans des cadres différents, il estpossible d’amener les élèves à acquérir plus d’autonomie, le sensdes responsabilités individuelles et collectives et de développer ainsila socialisation. n

L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

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Mon école, mon quartierÉ c o l e m a t e r n e l l e B r a n t ô m e , P a r i s I I I e

A c a d é m i e d e P a r i sAfin de créer une cohésion dans l’équipe éducative de cette école, l’idée d’un projet fédérateur s’est imposée. L’équipe décide d’engagerune action sur la maîtrise de la langue à partir de la lecture et de lafabrication d’images. Sa rencontre avec un photographe professionneloriente le travail vers la réalisation, par les enfants, de photographiesprésentant l’école et son quartier.

En grande section, un kiosque à journaux est installé dans la classe,présentant des journaux apportés de la maison (nous avons unbon nombre de journaux en chinois) et achetés quotidiennement

chez le marchand à côté de l’école. La nature et l’organisation d’unjournal ou d’un magazine sont appréhendées. Quelques éléments,comme le nom, la fréquence de parution, quelques rubriques (laune, les programmes de télévision, la météo, les pages des sports)sont repérés.Chez les petits et moyens, la consultation de la presse du jour, enpetits groupes au moment de l’accueil, se fait chaque jour. Très rapidement, nous nous rendons compte que les images de pressesont les premières clés permettant à des enfants non-lecteurs d’en-trer dans un journal ou dans un magazine. Ces images occupent unstatut privilégié dès le départ. Tous les enfants ont conscience queles images présentes dans un journal ont un lien avec les écrits dujournal. Les grandes sections reconnaissent un match de footballgrâce aux illustrations. Pour les plus petits, il est évident qu’il y a unmatch le soir à la télévision !Parallèlement, le papier journal devient rapidement, dans la classedes petits, un matériau d’expérimentation. Les élèves en constatentà la fois la fragilité et la résistance : il est détrempé, encollé, plié,froissé, peint au pinceau, au rouleau, aspergé, coloré avec des encres,des craies grasses, des crayons de couleurs…

La Semaine de la presse à l’école : un moment fortAu moment de la Semaine de la presse, les journaux envahissent le préau. Leur quantité est impressionnante, les magazines jonchentle sol et offrent une rencontre encore plus physique avec le matériau.Différents ateliers sont organisés.La majorité des classes met en œuvre des activités de tri d’images.Les plus grands travaillent sur les formats des photos, sur le noir etblanc et la couleur et classent les photos selon qu’elles représententun personnage, un paysage, un objet. Si la différenciation entre laphoto et le dessin ne pose aucun problème, en revanche, la distinc-tion entre personnages, paysages et objets est plus difficile, comptetenu de l’ambiguïté de certaines photos.Dans plusieurs classes, les enfants ont un cahier personnel afinde garder trace du projet. Ils décorent la couverture de ce cahier

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à partir de collections de photos qu’ils découpent dans la presse. Laclasse des moyens,au fil des séances, travaille par exemple le recadragedes photographies à l’aide de peintures, de pinceaux et de rouleauxpour ne laisser apparaître que certains détails.

La venue du photographeIntéressé par notre projet et ayant participé à des actions de formation du Clemi, le photographe accepte de venir rencontrer nospetits élèves et d’engager avec eux, sur plusieurs séances, un travaild’initiation à la prise de vue. C’est dans le cadre de la Semaine de lapresse que nous concrétisons un partenariat avec ce professionnelqui propose de présenter aux élèves une sélection de neuf de sesphotographies. Les photos sont choisies avec l’équipe, à partir detrois reportages: sur des écrivains dans leur intérieur, sur des inconnusentourés de leurs collections d’objets et sur des sans-abris. Le choixest important car nous voulons montrer aux enfants des imagesamusantes ou étonnantes, mais relativement familières. Certainessont en couleurs, d’autres en noir et blanc.En grande tenue de reporter, avec ses appareils photographiques etun pied, le photographe se présente de la même façon à chaqueclasse : « Je m’appelle… je suis photographe… j’ai pris des photogra-phies que nous allons regarder ensemble.» C’est toujours un momentriche qui donne lieu à beaucoup de remarques. Des interrogationsnaissent sur l’utilisation du noir et blanc ou de la couleur. À proposd’une photographie d’un écrivain, un enfant fait remarquer que lenoir et blanc est bien choisi, car l’écrivain écrit ses livres en noir etblanc !On aborde des notions difficiles, comme le hors-champ, lorsqu’àpropos d’un personnage, un enfant note, par exemple, qu’il regardeautre chose que l’on ne voit pas. On parlera aussi de cadrage, car unélève observe que, sur une photo, on voit les pieds d’un personnage,alors qu’on ne les voit pas sur une autre.

Un travail qui se prolongeAprès la venue du photographe, les enfants sont amenés, indivi-duellement ou en petits groupes, à s’exprimer sur les photographiesqui sont laissées à leur disposition. Nous leur demandons de choisirla photographie qu’ils préfèrent, photographie qui est photocopiéeet conservée dans leurs cahiers personnels, leur permettant ainsid’exprimer et d’argumenter leurs choix. Le choix des photos et lesjustifications sont évidemment subjectifs, correspondant à la per-sonnalité des enfants, à leur vécu et ce qu’ils mentionnent s’avèresignificatif pour eux. Il est très intéressant pour nous d’écouter cequi interpelle nos élèves !Très rapidement nous lançons l’idée de faire un reportage sur notreenvironnement quotidien. Il s’agit de présenter l’école, les person-nes qui y viennent et son environnement. Le projet est exposé dansles classes. Il est demandé à chaque enfant de réfléchir à ce qu’ilpeut ou ce qu’il veut photographier. Les grands se chargent de photo-

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N o u e r d e s p a r t e n a r i a t s

“ Les enseignants jouentde la complémentarité des compétences enorganisant des cours «à plusieurs voix»avec un photographeprofessionnel qui apporte aux enfants lesconnaissances nécessairespour le cadrage et la prisede vue de photographies. Ce partenariat stimule la créativité des élèves. ”

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graphier le quartier et commencent des repérages personnels surle chemin entre la maison et l’école. Les élèves de moyenne sectionphotographient les adultes intervenant dans l’établissement. Lestout-petits tentent de photographier leur objet favori. Le projet estaccueilli avec enthousiasme.

Les premières prises de vuesNous mettons en place des exercices préparatoires de visée à traversdes tubes, des fenêtres découpées. Il s’avère que les enfants, mêmeles plus petits ou ceux qui disent n’avoir jamais pris de photos, n’ontaucune difficulté à regarder dans le viseur et à appuyer sur le déclen-cheur, tout du moins avec les appareils jetables et les compacts. Desdifficultés plus importantes apparaissent avec l’utilisation des appa-reils numériques, le temps de latence entre le déclenchement et laprise de vue donnant lieu à de nombreuses déceptions.Lors d’une première séance, par groupes de sept, les enfants de grandesection ont à disposition un capital de quatre photos à prendre dansle quartier. Cette limitation a pour objectif d’essayer de diminuer laprécipitation, d’introduire l’observation, le repérage et le choix dansles photos prises. Elle n’empêche pas certains de mitrailler sans réelleintention. Certains enfants, cependant, savent déjà ce qu’ils veulentphotographier, alors que d’autres prennent des photos en cheminquand l’envie naît. Certains ont même du mal à se décider.

Des photographies plus techniques, mieux cibléesAprès cette première séance, nous constatons avec étonnementqu’il y a peu d’erreurs techniques. Cependant les enfants photo-graphient surtout les devantures des commerçants. Le photographepropose donc aux élèves, au cours d’une seconde séance, de photo-graphier avec son aide les commerces de la rue de l’école avec, pourconsigne, de photographier le magasin en entier.Le pied est alors un précieux outil de prise de vue: il permet d’obtenirdes photos de qualité en garantissant une grande stabilité lors dudéclenchement, mais surtout il facilite le cadrage des enfants : tousprennent le temps de regarder dans le viseur, puis essaient d’ajusterleurs emplacements en fonction de ce qu’ils voient. Un échange s’ins-taure entre ceux qui attendent leur tour pour photographier et celuiqui prend la photo expliquant aux autres ce qu’il voit.Les élèves des classes de moyenne section choisissent des endroitsde l’école à photographier. Si certains enfants sont décidés à prendreune photographie dans la classe, certains ont une idée bien précisedu point de vue qu’ils veulent adopter. C’est le cas de cette petitefille qui souhaite prendre une photo du bureau de l’enseignant, enmontant sur une table. D’autres choisissent des endroits précis, dansla cour ou encore dans la cantine où a lieu une exposition.

Des photographies exposées, discutées et analyséesEn même temps naît dans la classe des moyens et grands le rituelde la photo du jour. Un enfant choisit chaque jour de prendre une

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photographie. Il s’agit presque toujours de quelqu’un dans un endroitprécis de l’école. Grâce au numérique, cette photo est immédiate-ment tirée en noir et blanc et affichée dans le hall d’entrée avec poursimple légende : la date, « X photographié par Y ».Au fil des jours, une partie du mur est recouverte de photos. Cetendroit devient au cours de l’année un passage obligé des famillesqui se font expliquer les photographies par les enfants. Les tris, lesclassements, les comparaisons entraînent des discussions.Outre le grand intérêt que les enfants ont à découvrir leurs photos,il faut souligner le souvenir que chaque enfant conserve, même lesplus petits, de la photo qu’il a prise. Pas question de lui attribuer unephoto dont il n’est pas l’auteur !Les photographies sont vite photocopiées. Leur agrandissement permet d’envisager des séances d’analyse où les enfants regardent,confrontent, comparent les photographies, remarquent des diffé-rences, des analogies, expriment des préférences, se demandentcomment on peut reprendre une photographie différente du mêmesujet…

La recherche d’un autre point de vueEn grand groupe, la situation suivante est posée aux enfants : est-ilpossible de photographier les magasins de la rue Brantôme sanssortir de l’école ? Après une réflexion collective, un petit groupe estchargé d’accomplir cette tâche : les élèves se promènent dans l’école et prennent des photos depuis les fenêtres. Un travail de mise en correspondance avec les photos prises de face et de dessus se fait. Cela donne lieu à d’autres prises de vue d’objets de face et de dessus comme des tables et des chaises qui servent de terrain d’expérimentation. Les tout-petits sont invités à retrouver l’endroitd’où a été prise la photographie.

Un bilanAujourd’hui, il nous semble intéressant de poursuivre notre travailsur l’image en y incluant une dimension plastique, avec l’espoir detrouver de nouveaux partenaires qui nous aident à conduire aumieux l’expérience.Lauréats d’un concours de photographies, les enfants, invités dansles locaux du Clemi, se livrent à l’exécution d’un reportage photo-graphique de l’événement. Fruit de l’expérience menée à l’école ? Ils semblent avoir un regard précis et une idée claire sur les photo-graphies qu’ils souhaitent prendre. Un enfant tient à photographierles fleurs qu’il rencontre dans différentes pièces. Un autre choisit de photographier les photos exposées… À suivre… n

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La collaboration avec une associationC o l l è g e N i c o l a s - B o u r b o n , V e n d e u v r e - s u r - B a r s eA c a d é m i e d e R e i m s

Depuis une dizaine d’années, grâce au dynamisme de l’associationRadio Enfants Vendeuvre (REV), de jeunes élèves du canton réalisentdes séquences radio émises sur la fréquence 103.3 FM. Le collège fait désormais partie intégrante de cette opération qui permetaux élèves de produire, enregistrer et émettre deux émissions par and’une trentaine de minutes.

Àl’origine, soucieuse de l’intégration scolaire des enfants de l’institutmédico-éducatif (IME) L’Éveil, une éducatrice a créé l’associationRadio Enfants Vendeuvre (REV) qui s’adressait également à des enfants

de maternelle et de notre collège. Actuellement, c’est une équipe d’enseignants et d’éducateurs bénévoles qui gère cette radio, l’animeet permet ainsi aux enfants du secteur de se produire sur les ondes.En choisissant le média de la radio pour travailler avec les élèves,les enseignants ont pour objectifs d’inciter les collégiens à commu-niquer autrement, d’ouvrir l’école sur l’extérieur, de rompre l’isole-ment rural en tissant des liens entre les établissements scolaires trèséloignés géographiquement.

La mise en œuvrePlusieurs personnes nous apportent un concours important.L’investissement des aides-éducatrices est très précieux et favorisele suivi de cette action, parfois très lourde à gérer. La récente parti-cipation des deux enseignants de musique lui donne une dimen-sion nouvelle. Les moyens horaires débloqués par l’établissementsont une réelle reconnaissance des efforts entrepris et une incita-tion à développer l’action. Mais c’est grâce au soutien technique etlogistique de l’association REV que cette expérience peut se dérouler.L’action radio est, en effet, intimement liée à l’existence de la radioscolaire Radio Enfants Vendeuvre (REV 103.3 FM) qui est une asso-ciation de type loi 1901 et met gratuitement à la disposition desenseignants un outil favorisant le langage écrit et oral. REV assureles enregistrements et la diffusion des émissions grâce à ses membresbénévoles. Les recettes de l’association proviennent essentiellementde subventions. L’APEI et l’IME L’Éveil apportent une aide impor-tante au niveau du matériel et des locaux (par exemple, le camiond’enregistrement, le REV Mobil).

Démarches choisiesLes émissions se composent de trois parties : un thème du jour, uneinfo-collège et une info-loisirs. Un trimestre est prévu pour la réalisation de chacune des émissions. Cela représente huit à neufséances d’une heure ou d’une heure et demie.Les élèves sont d’abord invités à écouter et critiquer l’émission dutrimestre précédent. Puis, le thème central de la future émission

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est voté, le plan en est défini en détail. Un moment privilégié de lavie du collège est choisi et devient le support de la séquence info-collège. Pour terminer, l’imagination des enfants est sollicitée pourproposer soit une séquence culturelle (info-télé, cinéma ou livre),soit une séquence traitant des loisirs (info-sport ou détente).Au fur et à mesure, les propositions sont prises en compte, le plande l’émission complété, les tâches réparties sur la base du volonta-riat, chaque élève devant participer à deux recherches. Deux volon-taires se donnent pour mission d’animer l’émission, de distribuer laparole lors de l’enregistrement et de gérer les plages musicales.Pour permettre aux plus démunis d’accéder à une information grâce aux ressources du CDI et à l’utilisation d’Internet, le professeur etl’aide-éducatrice aident les différents groupes à tour de rôle, sélec-tionnent, impriment ou photocopient les trouvailles les plus intéres-santes et les distribuent.Quand les recherches sont bien avancées, on passe à la rédactiondes premiers dialogues. La frappe des scripts sur ordinateur est pro-posée pour stimuler les enfants les moins motivés. Le professeur etl’aide-éducatrice conseillent, corrigent les textes à l’écran ou lesbrouillons des retardataires. Il faut également choisir le fond musi-cal des génériques et de l’émission elle-même : un appel est lancépour que des cassettes soient rapportées. Puis, les premiers essaisd’enregistrement ont lieu.Le jour J, le véhicule d’enregistrement arrive. Chacun répète ses textes, avec l’aide du professeur, alors que l’aide-éducatrice soutientà la fois les jeunes reporters et la technicienne de l’association REVdans le REV Mobil.

Découverte du REV MobilCe jeudi, le véhicule d’enregistrement, le REV Mobil, a été amenédevant l’entrée de l’établissement par le président de REV lui-même.Il suffit de relier ce véhicule au secteur pour le rendre opérationnel.Vu de l’extérieur, le camion de REV a fière allure : à l’origine, c’étaitun point bancaire mobile qui a été complètement rénové aux cou-leurs de l’association ! D’un jaune presque citron, orné de slogansvalorisants, il ne peut passer inaperçu. Cependant, il fait tellementpartie du paysage local que sa présence n’intrigue plus les élèvesqui ont totalement banalisé son rôle.À l’interclasse de 14 h 40, le professeur responsable est allé chercherFatima, la personne employée par REV, dont le rôle est de gérer lesproblèmes techniques et d’assurer les prises de son. Les élèves, enclasse, font connaissance avec Fatima qui découvre le contenu del’émission et les plages musicales grâce au plan détaillé que lui remetle maître.Fatima et l’aide-éducatrice rejoignent le REV Mobil dont l’espaceintérieur permet d’accueillir six à huit élèves autour de la table supportant les micros. Le professeur, après d’ultimes conseils de lecture et de diction, envoie les groupes d’élèves enregistrer leurséquence, chacun à tour de rôle. La petite porte de la cellule s’ouvre

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électriquement, les élèves entrent et là, leur étonnement est grand :un intérieur confortable, où moquette et bois naturel favorisent l’intimité. Le matériel radiophonique est impressionnant : trois grosmicros, un magnétophone pour cassettes, deux lecteurs de CD, deshaut-parleurs amplifiés, une table de mixage pour les micros, uneautre table de mixage et une platine numérique d’enregistrement,car les prestations seront sauvegardées sur disque Zip.

Zoom sur un enregistrementIl est 15h05, les quatre premiers élèves s’installent autour des micros.Les deux animateurs de l’émission, Hanane et Stéphane, sont accom-pagnés de Maxime et Paul qui ont la charge d’introduire l’émissionà travers le générique du début. Ils doivent présenter le grouped’élèves et l’établissement, valoriser le titre de l’émission Les JeunesEnquêteurs et inviter les auditeurs à rester sur l’antenne. Cet exer-cice leur demande une certaine attention pour être réussi du pre-mier coup : les rires font vite place à un sérieux dénonçant un stressévident. Fatima fait alterner les moments de parole et de musiqueen suivant le plan de l’émission et les indications des élèves.Les animateurs entrent dans le vif de l’émission en saluant les audi-teurs sur un fond musical de Larusso, puis présentent le sommaire.Hanane et Stéphane distribuent la parole à leurs camarades pourstructurer la rétrospective sur le XXe siècle. En premier lieu, une courteséquence sur les guerres et conflits du siècle est proposée par Paul,Maxime et Stéphane. Dans la seconde partie, Julien, Maxime et Christophe s’intéressent aux catastrophes naturelles passées, essen-tiellement aux séismes et aux éruptions volcaniques. Lucie et Gaëlleprennent ensuite la parole sur un autre thème : l’évolution de lamusique au XXe siècle, du piano jusqu’à la musique électronique.Cédric et Jonathan abordent les problèmes d’environnement,principalement les différentes pollutions et le recyclage des déchets.Ensuite Audrey, Martin et Omer se penchent sur l’évolution des sciences et des techniques. Pour clore le thème du jour, Cédric etJonathan évoquent quelques hommes et femmes importants quiont marqué le siècle.Nos animateurs Hanane et Stéphane, toujours prêts, assurent la liaison avec la suite de l’émission. Dans l’info-sport, Maxime et Juliennous parlent du hand-ball (définition du jeu, rôle de l’arbitre, lesbuts, les sanctions, le respect des autres). Martin, Christophe et Omer,dans la dernière partie de l’émission, nous exposent le métier deCPE, personnage incontournable du collège Martin.Nos animateurs annoncent alors la fin de l’émission. Ils citent lesparticipants, puis s’effacent pour faire place au générique de fin.Paul et Maxime remercient les auditeurs, les invitent à une prochaineémission et terminent en rappelant haut et fort le titre de l’émission:Les Jeunes Enquêteurs.Il est 16 h 15. La réalisation radiophonique de nos jeunes enquêteursest numérisée ; elle sera émise la semaine suivante sur les ondes deRadio Enfants Vendeuvre. Cela paraît presque magique, mais que

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“ Quand le partenariatavec une associationpermet aux collégiensd’entrer dans la peaud’animateurs radio, la découverte des arcanesdu monde radiophoniqueest totale. ”

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d’efforts fournis, que d’angoisses et d’incertitudes pour les élèveset les adultes.

Bilan et perspectivesIl est indéniable que pour les élèves, une émission de radio est à lafois quelque chose de mystérieux et d’attirant. À l’occasion de la préparation, de l’enregistrement, de la diffusion et de l’écoute desémissions, les élèves appréhendent l’utilisation des langages usuelsavec un intérêt nouveau. D’abord, ils sont placés dans une situationde communication bien réelle dans laquelle ils devront maîtriserleurs émotions. Ensuite, ils sont stimulés pour réfléchir, pour s’exprimer, pour écrire et pour s’organiser, mais surtout, c’est leursens de l’autonomie qui se développe et leur esprit critique qui estsollicité. De plus, leur réussite est favorisée par le droit à l’erreurdevant le micro, car un enregistrement peut être recommencé. Enfin,dans la phase préparatoire, l’alternance entre l’écrit et l’oral est poureux incontournable.Imaginer et réaliser une séquence place la plupart des élèves dansune démarche volontariste ; cela est évident avec tous les enfants,y compris les plus jeunes. Pour ces derniers, la phase préparatoire estcomplexe, voire inquiétante, mais ils se montrent actifs, fiers et radieuxlors de la prise de son : c’est là un encouragement inestimable. Enquatrième, la grande majorité des élèves adopte une attitude respon-sable et constructive : l’envie de faire comme les professionnels estbien ancrée.L’évaluation du projet est effectuée en mesurant la qualité des émissions produites, mais aussi l’intérêt porté par les élèves n’ayantpas participé à la production. Cette évaluation est doublée par uneanalyse des compétences acquises par chaque élève reportée surune fiche personnelle.Le partenariat avec l’association est positif car il aide les élèves àproduire des émissions. Par ailleurs, la diffusion des émissions surles ondes REV permet de toucher les habitants de la région et lesparents d’élèves. Néanmoins, la production de deux émissions paran n’est pas suffisante. C’est pourquoi un projet de sonorisation etde mini-studio au sein même de l’établissement est à l’étude. n

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“ Placés dans une situation decommunication bien réelle dans laquelle ils devrontmaîtriser leurs émotions, les élèves appréhendentl’utilisation des langagesusuels avec un intérêtnouveau. Stimulés pour s’exprimer, écrire et s’organiser, ilsdéveloppent leur espritcritique et leur sens de l’autonomie. ”

Nouer des partenariats

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Apprendre la citoyenneté avec la presse et la télévision,Lyon,CRDP,1996, coll. «Suggestions collège, lycée», ouvrage collectif.

Apprendre avec la presse, Clemi, Retz, 1999, 2e éd.

BEY J.-Y. ET GÉRARD J.-M. (dir.), École et médias: regards croisés,Nancy, Presses universitaires de Nancy, 2001.

BRISSET C., Les Enfants face aux images et aux messages violents diffusés par les différents supports de communication :rapport à M. Dominique Perben, garde des sceaux, ministrede la Justice, 2002.www.ladocumentationfrancaise.fr/brp/notices/024000633.shtml

CHAILLEY M., Télévision et Apprentissages, L’Harmattan, 2003(2 volumes :vol. 1, école maternelle, vol. 2, école élémentaire).

CHAPELAIN B., Regarder ou Gober ?, Paris, Autrement, 1982.

CHARON J.-M., La Presse des jeunes, Paris, La Découverte, 2002.

CHAUVEAU G., ROGOVAS-CHAUVEAU E., À l’école des banlieues,Paris, ESF, 1995.

CHENEVEZ O., Faire son journal au lycée et au collège, CFPJ,Clemi, 1991.

« Diversifier les pratiques de l’image », (In)novatio, académiede Paris, 2003, n° 4.innovalo.scola.ac-paris.fr/Innovatio/portail_innovatio.htm

Échanger, « L’image », académie de Nantes, 1998, n° 39.www.acnantes.fr/peda/ress/mivip/echanger/index.htm

GONNET J., Éducation aux médias, les controverses fécondes,Paris, Hachette Éducation, CNDP, 2001.

HERMELIN H., Apprendre avec l’actualité : théorie et pédagogiede l’événement, Paris, Retz, 1993.

DHAVRÉ A., SAVINO J. (dir.), Images d’information et citoyennetéà l’école primaire, Paris, Clemi, 2000, coll. «Les actes du Clemi».

FRÉMONT P. (dir.), Un partenaire exemplaire: l’école et les médias,Paris, Clemi, 2002, coll. « Les actes du Clemi ».

JACQUINOT G., Groupe de recherche sur la relation enfantsmédias, (dir.), Les Jeunes et les Médias: perspectives de la recher-che dans le monde, Paris, L’Harmattan, 2002.

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Bibliographie

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KRIEGEL B., La Violence à la télévision: rapport à M. Jean-JacquesAillagon, ministre de la Culture et de la Communication, 2002.www.ladocumentationfrancaise.fr/brp/notices/024000584.shtml

La Radio, média des jeunes en milieu scolaire et associatif,Clemi, CFPJ, 2002.

Le 13 heures de TF1, un journal télévisé et ses coulisses Paris,Clemi, CNDP, 2003, 2e éd., vidéocassette et livret pédagogique.

L’Information dans les médias, 75 séquences pédagogiques,Paris, Clemi, CNDP, 1991, coll. « Autrement dit ».

«Médias people:du populaire au populisme»,Médiamorphoses,septembre 2003, Ina, Puf, n° 8.

Parcours médias au collège : approches disciplinaires et trans-disciplinaires, Bordeaux, Clemi, Scérén-CRDP Aquitaine, 2003.

Pour une éducation civique aux médias, Paris, Médiaspouvoirs,Clemi, CFPJ, 1995.

SALLES D., Le Dessin dans la presse, Paris, Bordas, 2003.

SPITZ B., Les Jeunes et la Lecture de la presse quotidienne d’information politique et générale : rapport remis au ministrede la Culture et de la Communication, 2004.www.ladocfrancaise.gouv.fr/brp/notices/044000522.shtml

« Presse : état des lieux », Textes et documents pour la classe,Scérén-CNDP, janvier 2004.

ZAKHARTCHOUK J.-M., Lecture d’énoncés et de consignes, Paris,CNDP, 1996.

Télédoc, Scérén-CNDP. Hebdomadaire de télévision en ligneoù sont sélectionnées des émissions de télévision, sur leschaînes nationales et thématiques, dont la qualité de réali-sation, la richesse de l’information et le caractère pédago-gique méritent qu’elles soient portées à la connaissance dumonde éducatif. www.cndp.fr/tice/teledoc

Télévision, mode d’emploi, Scérén-CNDP. Brochure réaliséepar le Clemi, à la demande du ministre délégué de l’Éducationnationale, et distribuée dans tous les collèges et les lycées.Clemi, Scérén, 2003.

N. B. Les ouvrages que les équipes ont cités dans leurs écritssont inclus dans ces repères bibliographiques.

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B i b l i o g r a p h i e

Bibliographie

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Annexes

Liste des établissements cités

ACADÉMIES ÉTABLISSEMENTS PAGES

Aix-Marseille Action menée avec l’académie de Nice 69Amiens Collège Gérard-Philipe

Soissons (02)www.ac-amiens.fr/formations/soutien/02Cphilipe_3.pdf 100

Bordeaux École maternelle Suzanne-LacoreBergerac (24) 105Collège Alcide-DusolierNontron (24) 61Collège BoucheroCastillonès (47)www.ac-bordeaux.fr/site_clemi/ 86

Caen École maternelle LecroiseySaint-Hilaire du Harcouët (50)www.ac-caen.fr/innovalo/pages/PNI3/maitrise-des-langages/st_hilaire.html 108École élémentaire Jacques-PrévertAlençon (61)www.ac-caen.fr/innovalo/pages/actions/theme5/mono/20acad/20radio/20pr/E9vert/20alencon.doc 44Collège Bois-RobertHérouville Saint-Clair (14)www.ac-caen.fr/innovalo/pages/`actions/theme3/mono/20acad/20bois/20robert/20media/20herouville.rtf 51Lycée Le-VerrierSaint-Lô (50) www.ac-caen.fr/innovalo/pages/PNI3/maitrise-des-langages/leverrier.htmlwww.pedagogie.ac-caen.fr/clemi/ 112

Clermont- Collège de la MaronneFerrand Le Bourg - Saint-Martin-Valmeroux (15)

www.3ac-clermont.fr/pedago/innovation/Pni_4/monographies/15CLaMaronne_monographie.pdf 49

Créteil École élémentaire Pierre Collinet-REP de Meaux Meaux (77) 56École élémentaire ChanteraineSavigny-le-Temple (77)www.ac-creteil.fr/clemicreteil/cyberechos.creteil.iufm.fr/ 72

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ACADÉMIES ÉTABLISSEMENTS PAGES

Limoges CollègeSeilhac (19) 36

Lille Lycée Léonard-de-VinciCalais (62) 17

Montpellier École élémentaire Émile-BarrèsLe Crès (34) 30École primaire du CentenaireLaverune (34) 97Collège La-DevèzeBéziers (34) 116Lycée François-AragoPerpignan (66)pedagogie.ac-montpellier.fr/vie_etab/clemi/ 83

Nancy-Metz École primaireGuessling-Hémering (57)www.ac-nancy-metz.fr/MIVR/PNI4/EcritsDefinitifsAout2003/Axe3/57EGuessling.pdf 9450 écoles primairesRégion de Toul (54)www.ac-nancy-metz.fr/clemi/ 9211 écoles et collègesMoselle (57)www.ac-nancy-metz.fr/clemi/ 114Collège Pilâtre-du-RozierArs-sur-Moselle (57)www.ac-nancy-metz.fr/MIVR/PNI4/EcritsDefinitifsAout2003/Axe3/57CArsPilatreRozierK.pdf 23Collège Saint-ExupéryÉpinal (88)www.ac-nancy-metz.fr/MIVR/PNI4/EcritsDefinitifsAout2003/Axe3/88CEpinalStExuperyK.pdf 53Collège Les-TilleulsCommercy (55)www.ac-nancy-metz.fr/MIVR/PNI4/EcritsDefinitifsAout2003/Axe3/55CCommercyTilleuls.pdf 77

Nantes École maternelle de La-SensiveSaint-Herblain (44)www.ac-nantes.fr/peda/ress/clemi/accueil.htm 110

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A n n e x e s

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Nantes Lycée expérimentalSaint-Nazaire (44)www.ac-nantes.fr/peda/ress/mivip/productions/pni4/monographies/2b_nantes_st_nazaire_radio.pdf 64

Lycée du Pays-de-RetzPornic (44)http://www.ac-nantes.fr/peda/ress/mivip/productions/pni4/monographies/2a_pornic_retz.pdf 80Lycée BellevueLe Mans (72)www.acnantes.fr/peda/ress/mivip/productions/sciences/bellevue.pdf 90

Nice Collège Pierre-PugetToulon (83)Action menée avec l’académie d’Aix-Marseille www.ac-nice.fr/clemi/ 69

Orléans-Tours École primaire François-MitterandSaint-Jean de la Ruelle (45)www.ac-orleans-tours.fr/clemi/ 15

Paris École maternelle BrantômeParis (IIIe)clemi.scola.ac-paris.fr/ 119

Poitiers Collège Jean-JaurèsGençay (86)www.ac-poitiers.fr/meip/telecha/Acrobat/Innovat/Theme3/V34JJaur.pdf 88

Reims École élémentaire Paul-BertTroyes (10)www.ac-reims.fr/innovalo/docsPNI3/aube/P4bert10.PDF 26Collège Nicolas-BourbonVendeuvre-sur-Barse (10)www.ac-reims.fr/innovalo/docshpni/HScBOU10.PDF 123Collège Jean-MoulinRevin (08)www.ac-reims.fr/innovalo/docsPNI3/ardennes/P4moul08.PDF 20

Rennes École élémentaire Alix-de-BretagneSaint-Aubin du Cormier (35)www.ac-rennes.fr/culture/clemi/bclemi.htm 58

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

A n n e x e s

ACADÉMIES ÉTABLISSEMENTS PAGES

Rouen École maternelle Cavelier-de-La-SalleRouen (76)www.ac-rouen.fr/pedagogie/equipes/clemi/public/ 41École élémentaires Joliot-CurieGisors (27)www.ac-rouen.fr/pedagogie/equipes/valoinno/fiches/20/E9tablissements/27egisors.htm 103Collège de La VarendeMont-Saint-Aignan (76) 33

Versailles École primaire PasteurSarcelles (95) 43Segpa du collège des TouleusesCergy (95) 39

Liste des principaux sigles utilisés

ATSEM : agent technique spécialisé des écoles maternelles.BCD : bibliothèque-centre documentaire, dans l’enseigne-ment primaire (voir CDI).BEP : brevet d’études professionnelles (sanctionne deux ansd’études en lycée professionnel).CAP : certificat d’aptitude professionnelle.CDDP : centre départemental de documentation pédago-gique.CDI : centre de documentation et d’information, dans l’en-seignement secondaire (voir BCD).CE1 ET CE2 : cours élémentaire première année et cours élé-mentaire deuxième année.CIO : centre d’information et d’orientation.CLEMI : centre de liaison de l’enseignement et des médias del’information.CM1 ET 2 : cours moyen première année et cours moyendeuxième année dans l’enseignement primaire.COP : conseiller d’orientation psychologue.CP : cours préparatoire.CPE : conseiller principal d’éducation.DEUG : diplôme d’études universitaires générales (sanc-tionne les deux premières années d’études universitaires).ECJS : éducation civique, juridique et sociale (lycée).EPS : éducation physique et sportive (discipline).FLE : français langue étrangère.IDD : itinéraire de découverte.

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IEN : inspecteur de l’Éducation nationale premier degré.IEN-ET : inspecteur de l’Éducation nationale, dans l’ensei-gnement technique.IPR : inspecteur pédagogique régional, dans l’enseignementsecondaire.IUFM : institut universitaire de formation des maîtres.JT : journal télévisé.PAO : publication assistée par ordinateur.RASED : réseau d’aide aux élèves en difficulté.REP : réseau d’éducation prioritaire (voir ZEP).SEGPA : section d’enseignement général et professionneladapté (en collège).SVT : sciences de la vie et de la Terre (discipline).TICE : technologies de l’information et de la communicationpour l’éducation.TPE : travaux personnels encadrés.ZEP : zone d’éducation prioritaire (voir REP).

Les cycles de l’école primaire

L’école primaire comprend l’école maternelle et l’école élé-mentaire. Elle est divisée en trois cycles :– cycle 1, cycle des apprentissages premiers comprenant lespetite et moyenne sections de maternelle ;– cycle 2, cycle des apprentissages fondamentaux compre-nant la grande section de maternelle, le cours préparatoire(CP) et le cours élémentaire 1 (CE1) ;– cycle 3, cycle des approfondissements comprenant le coursélémentaire 2 (CE2), le cours moyen 1 (CM1) et le cours moyen 2(CM2).

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

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L’Éducation aux médias, de la maternelle au lycée

A n n e x e s

Annexes

Découvrir plus d’actions

Découvrez toutes les actions innovantes sur le thème de l’édu-cation aux médias en consultant les sites Internet du Clemi,de la Desco et des académies (rubriques « innovation ») :

www.clemi.org

http://eduscol.education.fr/innovation

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Pratiques innovantes

Titres déjà parus

L’INDIVIDUALISATION DES APPRENTISSAGES ET DE LA FORMATIONISBN : 2-7342-0618-8date : 1998code : CI 002/prix : 9,91 €

L’ÉDUCATION À LA CITOYENNETÉISBN : 2-7342-0614-5date : 1998 (réédition : 2001)code : CI 001/prix : 13,72 €

L’INFORMATION SUR LES MÉTIERS ET LES PROFESSIONSISBN : 2-7342-0627-7date : 1999code : CI 003/prix : 13,72 €

LES STRATÉGIES DE L’ALTERNANCE ET LA VALIDATION DES ACQUIS PROFESSIONNELSISBN : 2-240-00666-8date : 2000code : 75503632/prix : 12,20 €

LE SUIVI DES ÉLÈVES EN SECONDEISBN : 2-240-00735-4date : 2001code : 755A0130/prix : 12,20 €

APPRENDRE SANS VIOLENCEISBN : 2-240-00776-1date : 2002code : 755A0155/prix : 12,20 €

ÉVALUER LES PRATIQUES INNOVANTESISBN : 2-240-00822-9date : 2002code : 755A0235/prix : 6 €

L’INNOVATION, LEVIER DE CHANGEMENT DANS L’INSTITUTION ÉDUCATIVEISBN : 2-240-00999-3date : 2003 (réédition)code : 755A0313/prix : 12 €

PARCOURS SCOLAIRE : COMMENT FACILITER LES TRANSITIONS ?ISBN : 2-240-01259-5date : 2003code : 755A0346/prix : 12 €

Les trois premiers titres de cette collection ont été édités par l’Institut national de recherche pédagogique : Place du Pentacle, BP 17 – 69195 Saint-Fons Cedex.

Dans la même collection

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I m p r i m e r i e D é p ô t l é g a l j u i l l e t 2 0 0 5