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Neurophysiologie Clinique/Clinical Neurophysiology (2012) 42, 385—415 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com XIX E CONGRÈS DE L’ASSOCIATION POSTURE & ÉQUILIBRE (SOFPEL) 30 NOVEMBRE— 1 ER DÉCEMBRE 2012, MARSEILLE Congrès APE (SOFPEL) 2012 : résumés des communications Contrôle moteur : de la posture à la locomotion CO1 Sciences du Mouvement Humain : de la psychologie à la réalité virtuelle, l’héritage de Marey J.-L. Vercher UMR 7287, institut des sciences du mouvement, CNRS & université Aix-Marseille, CP910 campus scientifique de Luminy, 13288 Marseille cedex 09, France Adresse e-mail : [email protected] Les Sciences du Mouvement regroupent un ensemble de disciplines scientifiques et médicales qui collaborent dans un même but : la compréhension des mécanismes de la motricité humaine, de ses spécificités, de ses pathologies. Cette quête s’est progressivement développée au cours du xx e siècle, à la suite des travaux séminaux de Helmoltz, de Sherrington, des neurologues comme Broca, et des avancées méthodologiques de Marey. Ce domaine scientifique a d’ailleurs énormément bénéficié des découvertes technologiques : c ¸a a été le cas dans les années 1980, avec l’introduction des outils de capture et d’analyse du mouvement (Elite, optotrack, Vicon, etc.), qui sont venus s’ajouter aux outils classiques (plateforme de force, EMG). Dès les années 2000, c’est la réalité virtuelle qui vient boule- verser le domaine, en permettant de contrôler l’entrée du système moteur, pour ne plus se contenter d’en mesurer la sortie. Il devient alors possible d’envisager une compréhension complète du sys- tème. La réalité virtuelle permet en effet de mettre un humain en interaction immersive avec un modèle numérique d’environnement. En contrôlant cet environnement, il devient possible de recher- cher les moteurs du comportement humain. Quelques exemples de recherches récentes permettront de montrer tout l’intérêt de l’usage de la réalité virtuelle, sur des thèmes aussi divers que la locomotion, la posture, l’intégration multisensorielle, la navigation et l’orientation spatiale. http://dx.doi.org/10.1016/j.neucli.2012.09.002 Contrôle multisensoriel CO2 Effet de la supplémentation haptique sur le contrôle postural en position debout perturbée I.-M. Albertsen , J.-J. Temprado UMR 7287, institut des sciences du mouvement, CNRS, université Aix-Marseille, Marseille, France Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (I.-M. Albertsen) Mots clés : Supplémentation haptique ; Posture debout perturbée ; Intégration sensorielle Introduction.— L’effet stabilisateur de la supplémentation haptique (SH) sur la posture debout statique obtenue par toucher léger du doigt sur une surface fixe ou mobile est bien décrit dans la litté- rature. Dans cette étude, nous avons étudié l’effet de la SH sur le contrôle postural en situation instable. Participants et méthode.— Huit participants jeunes (M = 25,6) ont été testés debout sur un plateau mobile. Les informations hap- tiques étaient manipulées grâce au grip léger (< 1,6N) d’une canne inclinée : — fixe ; — mobile sur surface lisse ; — rugueuse ; — sans SH. Le COP et le déplacement angulaire des segments « jambe », « tronc » et « plateau » étaient analysés. Des cross-corrélations ont été effectués pour les segments « jambe » et « tronc ». Résultats.— Les résultats montrent que : — la SH stabilise le COP ; — elle diminue les déplacements angulaires des trois segments, quelle que soit la mobilité de la canne, lorsqu’une résistance est opposée aux oscillations corporelles. La SH n’influence ni le coefficient de corrélation, ni le délai tem- porel entre les segments. Discussion et conclusion.— Les résultats suggèrent que le CNS peut intégrer les informations haptiques parvenant d’un support mobile 0987-7053/$ – see front matter

Effet de la supplémentation haptique sur le contrôle postural en position debout perturbée

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Page 1: Effet de la supplémentation haptique sur le contrôle postural en position debout perturbée

Neurophysiologie Clinique/Clinical Neurophysiology (2012) 42, 385—415

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

XIXE CONGRÈS DE L’ASSOCIATION POSTURE & ÉQUILIBRE (SOFPEL)30 NOVEMBRE— 1ER DÉCEMBRE 2012, MARSEILLE

Congrès APE (SOFPEL) 2012 : résumés des

communications

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Contrôle moteur : de la posture à la locomotion

CO1Sciences du Mouvement Humain : de la psychologieà la réalité virtuelle, l’héritage de MareyJ.-L. VercherUMR 7287, institut des sciences du mouvement, CNRS & universitéAix-Marseille, CP910 campus scientifique de Luminy, 13288Marseille cedex 09, FranceAdresse e-mail : [email protected]

Les Sciences du Mouvement regroupent un ensemble de disciplinesscientifiques et médicales qui collaborent dans un même but : lacompréhension des mécanismes de la motricité humaine, de sesspécificités, de ses pathologies. Cette quête s’est progressivementdéveloppée au cours du xxe siècle, à la suite des travaux séminauxde Helmoltz, de Sherrington, des neurologues comme Broca, etdes avancées méthodologiques de Marey. Ce domaine scientifique ad’ailleurs énormément bénéficié des découvertes technologiques :ca a été le cas dans les années 1980, avec l’introduction des outils decapture et d’analyse du mouvement (Elite, optotrack, Vicon, etc.),qui sont venus s’ajouter aux outils classiques (plateforme de force,EMG). Dès les années 2000, c’est la réalité virtuelle qui vient boule-verser le domaine, en permettant de contrôler l’entrée du systèmemoteur, pour ne plus se contenter d’en mesurer la sortie. Il devientalors possible d’envisager une compréhension complète du sys-tème. La réalité virtuelle permet en effet de mettre un humain eninteraction immersive avec un modèle numérique d’environnement.En contrôlant cet environnement, il devient possible de recher-cher les moteurs du comportement humain. Quelques exemplesde recherches récentes permettront de montrer tout l’intérêt del’usage de la réalité virtuelle, sur des thèmes aussi divers que lalocomotion, la posture, l’intégration multisensorielle, la navigationet l’orientation spatiale.

http://dx.doi.org/10.1016/j.neucli.2012.09.002 LpDi

0987-7053/$ – see front matter

ontrôle multisensoriel

O2ffet de la supplémentation haptique sur leontrôle postural en position debout perturbée

.-M. Albertsen ∗, J.-J. TempradoUMR 7287, institut des sciences du mouvement, CNRS, universitéix-Marseille, Marseille, FranceAuteur correspondant.dresse e-mail : [email protected] (I.-M. Albertsen)

ots clés : Supplémentation haptique ; Posture debouterturbée ; Intégration sensorielle

ntroduction.— L’effet stabilisateur de la supplémentation haptiqueSH) sur la posture debout statique obtenue par toucher léger duoigt sur une surface fixe ou mobile est bien décrit dans la litté-ature. Dans cette étude, nous avons étudié l’effet de la SH sur leontrôle postural en situation instable.articipants et méthode.— Huit participants jeunes (M = 25,6) ontté testés debout sur un plateau mobile. Les informations hap-iques étaient manipulées grâce au grip léger (< 1,6N) d’une cannenclinée :

fixe ;mobile sur surface lisse ;rugueuse ;sans SH.

e COP et le déplacement angulaire des segments « jambe »,tronc » et « plateau » étaient analysés. Des cross-corrélations ontté effectués pour les segments « jambe » et « tronc ».ésultats.— Les résultats montrent que :la SH stabilise le COP ;elle diminue les déplacements angulaires des trois segments,

uelle que soit la mobilité de la canne, lorsqu’une résistance estpposée aux oscillations corporelles.

a SH n’influence ni le coefficient de corrélation, ni le délai tem-orel entre les segments.iscussion et conclusion.— Les résultats suggèrent que le CNS peut

ntégrer les informations haptiques parvenant d’un support mobile

Page 2: Effet de la supplémentation haptique sur le contrôle postural en position debout perturbée

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86 xixe congrès de l’association Posture &

fin d’améliorer le contrôle postural dans une situation complexeans modifier le patron de coordination entre le haut et le bas duorps. Cette étude permet d’envisager des applications potentiellesers les assistances haptiques pour la marche qui aideraient à la per-eption et au contrôle des oscillations corporelles dans les situationsomplexes.

ttp://dx.doi.org/10.1016/j.neucli.2012.09.003

O3épendance au contexte visuel : le cas de laerticale subjective visuo-haptique. Braem a,b,c,∗, J. Honoré a,d,e, J. Dewaele a,b,c,d,e,. Rousseaux a,b, Y. Coello a,c

University Lille Nord-de-France, Lille, FranceService de rééducation neurologique, CHRU de Lille, Lille,ranceUDL3, Laboratoire URECA, Lille, FranceUDSL, Laboratoire neurosciences fonctionnelles et pathologies,ille, FranceCNRS, Lille, FranceAuteur correspondant.dresse e-mail : [email protected] (B. Braem)

ots clés : Verticale subjective ; Dépendance à l’égard duhamp ; Visuel ; Haptiquentroduction.— L’influence exercée par le contexte visuel sur laerticale visuelle subjective (VVS) varie selon le style perceptifes individus. En présence d’un cadre visuel incliné, la VVS desdépendants » est déviée dans le sens du cadre, alors que lesindépendants » sont peu sensibles à cette perturbation. Aucunetude, à notre connaissance, n’a mesuré les effets de la dépen-ance au contexte visuel lorsque la verticale subjective est évaluéen modalité visuo-haptique (VVHS).éthodes.— Onze sujets sains droitiers doivent placer une barre ver-

icalement dans les modalités visuelle, haptique et visuo-haptique.n cadre visuel est placé à 0◦, à ±18◦ ou à ±28◦. Les poids des infor-ations haptiques (Ph) et visuelles (Pv) sont déduits des variabilités

nregistrées dans les conditions unimodalitaires.ésultats.— Quatre sujets s’avèrent dépendants. La VVHS diffèreignificativement en fonction de l’orientation du cadre chez leseuls dépendants. Le Pv est plus faible chez les dépendants (0,44)ue chez les indépendants (0,72). Dans chaque groupe, les Pv neiffèrent pas selon l’orientation du cadre.iscussion.— Les effets de la dépendance au contexte visuel per-istent en modalité visuo-haptique. La position du cadre influenceeu la VVHS des indépendants. Au contraire, quand le cadre estncliné, la VVHS est déviée chez les dépendants, dont la per-ormance repose davantage sur les informations haptiques. Lesnformations perturbantes rendraient le canal visuel moins fiablet les dépendants compenseraient par une utilisation accrue de laodalité haptique.

ttp://dx.doi.org/10.1016/j.neucli.2012.09.004

O4nfluence de l’extéroception plantaire sur les

ouvements de vergence chez le sujetain — résultats préliminaires. Foisy ∗, C. Gaertner , E. Matheron , Z. Kapoula

Groupe IRIS, centre des études sensorimotrices (CESeM), UMR194, FranceAuteur correspondant.

dresse e-mail : [email protected] (A. Foisy)

ots clés : Extéroception plantaire ; Vergence ; Interaction

tRG

ilibre (SOFPEL) 30 novembre—1er décembre 2012, Marseille

ntroduction.— Une stimulation cutanée plantaire interne provoquene augmentation du tonus des rotateurs externes et extenseursu membre inférieur homolatéral. Une latéroversion des yeux’accompagne d’une augmentation du tonus de ces muscles auiveau du membre inférieur controlatéral. Cette étude examine sia stimulation mécanique de l’extéroception plantaire modifie laergence oculaire.ujets et méthode.— Trente-six sujets asymptomatiques (25,71 ±,30 ans) ont effectué dix mouvements de convergence (40—20 cm)t dix mouvements de divergence (40—150 cm) enregistrés paridéo-oculographie (Chronos). Trois conditions de stimulations plan-aires ont été réalisées et contrebalancées : sans stimulation, avecedial Arch Support bilatéral, avec Lateral Arch Support bilatéral.ésultats.— Sur les six premiers sujets, les résultats montrent :lors de la convergence, une augmentation du temps de latence,

ne diminution de la durée du mouvement importante (> 30 ms) chezuatre sujets, avec très faible diminution de l’amplitude du mou-ement (< 0,2◦), que ce soit avec la stimulation interne ou externe ;lors de la divergence, on observe chez quatre sujets, une aug-entation du temps de latence, de l’amplitude, à la fois de

’intrusion saccadique et l’amplitude de la divergence lisse. Malgré’augmentation de l’amplitude, la durée de la divergence diminuee facon considérable (> 30 ms) chez cinq sujets et uniquement aveca stimulation externe.iscussion et conclusion.— La latence plus longue semble cohérentevec la nécessité d’intégrer davantage d’afférences, permettantnsuite un mouvement plus rapide (durée plus courte). Ces résul-ats, à compléter, plaident pour une influence des afférencesxtéroceptives plantaires sur les centres de contrôle oculomoteurs.ls sont en accord avec les travaux de Holland et al. (EBR, 2004).

ttp://dx.doi.org/10.1016/j.neucli.2012.09.005

O5rééminence des mécanismes axiaux dans lesjustements posturaux d’origine vestibulaire. Guillaud a,∗, D. Guehl b, E. Bestaven a, J.-R. Cazalets a

INCIA UMR 5287, CNRS, université de Bordeaux, Bordeaux, FranceIMN, CNRS, université de Bordeaux, Bordeaux, FranceAuteur correspondant.dresse e-mail : [email protected] (E. Guillaud)

ots clés : Ajustements posturaux (AP) ; Microgravité ;timulation galvanique vestibulaire (GVS) ; Équilibrentroduction.— Il s’agit de mettre à jour les différences fonc-ionnelles entre les ajustements posturaux du tronc et desambes faisant suite à une perturbation vestibulaire. Une sti-ulation galvanique vestibulaire entraîne une modification de

’activité musculaire des jambes et du tronc souvent considéréeomme réflexe. Néanmoins, une importante différence de latencesambe/tronc est observée, et la position du sujet ainsi que lesfférences proprioceptives disponibles influencent ces réponsesotrices. Nous faisons l’hypothèse que le système vestibulaire

’engendre pas directement d’AP au niveau des jambes, alorsu’une réorientation de la tête et du tronc intervient de manièreéflexe. Cette réorientation entraîne un déséquilibre de l’ensembleu corps lié aux forces gravitaires, qui, détecté par voie proprio-eptive, peut engendrer des AP au niveau des jambes.ujets et méthode.— Six sujets debout ont été soumis à des GVS3 mA, bipolaire bilatérale, tête 60◦ à droite) en normo-gravité,icrogravité (≈0 g) et hyper-gravité (≈1,8 g), au cours de vols para-oliques (CNES). Ces stimulations simulent un basculement du corpsers l’avant. Des enregistrements EMG des Erector-Spinae et Gas-

rocnemius (qui s’opposent au déséquilibre simulé) ont été réalisés.ésultats.— En réponses aux GVS, les AP enregistrés au niveau desastrocnemius (≈100ms) en normo-gravité disparaissent en micro-