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SÉANCE D'INFORMATION -‐ LES LOIS ET LES POLITIQUES SUÉDOISES SUR LA PROSTITUTION ET LA TRAITE DES ÊTRES HUMAINS
Auteur : Gunilla S. Ekberg B.S.W., JD Courriel : g.ekberg.1 @research.gla.ac.uk Date : 16 janvier 2012 Traduction : Pierrette Pape A. Prostitution : Les lois et politiques suédoises Historique L'initiative visant à criminaliser les acheteurs des services sexuels est originaire du mouvement des femmes suédoises, et a été reprise par les associations de femmes des partis politiques. Les féministes, y compris les femmes ayant l'expérience de la prostitution, ont analysé la position des femmes dans la société et comment les hommes, à travers l'exercice du pouvoir par la violence contre les femmes, assurent et maintiennent la position subordonnée des femmes, y compris en utilisant des femmes et des enfants, principalement des filles, pour de la prostitution. Principes Les politiques suédoises sur la prostitution sont particulièrement innovatrices. Elles reposent fermement sur les principes des droits humains tels que :
• La prostitution est un grave obstacle à l'égalité des sexes. • La prostitution est un problème sérieux qui est nuisible pour les femmes
ou les enfants prostitué-‐e-‐s, mais aussi pour la société dans son ensemble.
• La prostitution est une forme de violence masculine contre les femmes, en ciblant particulièrement celles et ceux qui sont économiquement, racialement ou ethniquement marginalisé-‐e-‐s / opprimé-‐e-‐s.
• La prostitution est incompatible avec les principes internationalement reconnus des droits des êtres humains : la dignité et la valeur de la personne humaine et l'égalité des droits des femmes et hommes.
• La prostitution est un crime sexospécifique ; la majorité des victimes sont des femmes et des filles, même si un certain nombre de jeunes hommes et jeunes garçons sont également victimes.
• Les femmes dans la prostitution ne doivent pas être criminalisées ou soumises à des sanctions administratives, et ont le droit de vivre sans être soumises à la violence liée aux méfaits de la prostitution.
• Pour mettre fin à la prostitution, les politiques sociales, juridiques et économiques dans lesquelles les femmes et les filles vivent doivent être améliorées par l'introduction de mesures telles que la réduction de la pauvreté, le développement durable, des mesures qui favorisent l'égalité des sexes et la lutte contre la violence masculine envers les femmes et les filles, ainsi que des programmes sociaux se concentrant spécifiquement sur les femmes et les filles.
• L’élimination de la demande, qui est à l'origine de la prostitution, est la pierre angulaire des politiques suédoises. Les hommes doivent se rendre
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responsables de leurs propres comportements sexuels oppressifs et de ceux des autres, et doivent les changer.
• La prostitution et la traite des êtres humains à des fins sexuelles sont des questions qui ne peuvent et ne doivent pas être séparées ; ces deux phénomènes sont des pratiques néfastes et intrinsèquement liés l’un à l’autre.
• Toutes les formes de mesures juridiques ou politiques qui légalisent les diverses activités prostitutionnelles, telles que les maisons closes, ou qui dépénalisent les agresseurs de l'industrie de la prostitution, y compris les proxénètes, les trafiquants, les propriétaires de bordels et les acheteurs de services sexuels, sont des menaces pour l'égalité des sexes et les droits des femmes et des filles à vivre une vie libre de violence masculine.
• La légalisation de la prostitution va inévitablement normaliser une forme extrême de discrimination sexuelle et de violence, et renforcer la domination masculine sur toutes les femmes.
Voir aussi : Le projet de loi gouvernemental sur les violences faites aux femmes -‐Kvinnofrid (prop. 1997/98: 55). En ligne sur : http://www.sweden.gov.se/sb/d/108/a/2266 (en suédois) . La législation qui interdit l'achat d'un service sexuel Le 1er janvier 1999, la Suède a adopté une loi qui interdit l'achat d'un service sexuel et devient donc le premier pays dans le monde à se doter d’une telle mesure.
Une personne qui, dans les cas autres que ceux mentionnés précédemment dans ce chapitre, obtient une relation sexuelle occasionnelle en échange de paiement, devra être condamnée pour l'achat d'un service sexuel, d'une amende ou d'emprisonnement pour au plus six mois [maximum d'un an depuis le 1er juillet, 2011]. Ce qui est dit dans le premier paragraphe s'applique également si le paiement a été promis ou fait par quelqu'un d'autre. (Code pénal suédois, chapitre 6 : les crimes sexuels, article 11).
L'infraction comprend toutes les formes de services sexuels, qu'ils soient achetés dans la rue, dans les bordels, ou dans d'autres circonstances similaires. Les tentatives d'acheter un service sexuel sont également punissables. La loi s'applique aux les casques bleus suédois stationnés à l'étranger, et a été mise en œuvre un certain nombre de fois contre du personnel militaire qui a exploité des femmes au travers de la prostitution dans les pays impliqués dans des conflits armés. comme le Kosovo. Les effets positifs directs et normatifs de cette loi ont inspiré d'autres pays de l'Union européenne et au-‐delà, qui ont mis en œuvre des lois similaires, par exemple en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord (2010), en Norvège et en Islande (2009), en Afrique du Sud (2007), et en Corée du Sud (2003), avec des résultats positifs similaires.
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Voir aussi : Ekberg, Gunilla S., « The Swedish Law that Prohibits the Purchase of Sexual Services: Best Practices for Prevention of Prostitution and Trafficking in Human Beings » (2004) 10 Violence Against Women 1187 (Sage Publications). En ligne sur : http://vaw.sagepub.com/cgi/reprint/10/10/1187 (en anglais). Évaluation de l'infraction -‐ rapport d'enquête spécial du 2 juillet 2010 En 2008, le gouvernement a nommé une enquête spéciale dirigée par le chancelier de la Justice, Anna Skarhed, pour évaluer la mise en œuvre de l'infraction et ses effets. Le point de départ pour l'évaluation était que l'achat d'un service sexuel demeure criminalisé. La commission a consulté les femmes et les hommes dans la prostitution, les femmes et les hommes qui ont quitté la prostitution, la police, les travailleurs sociaux, la société civile, les pouvoirs publics et d’autres intervenants clés. Le rapport du Comité (Förbud mot köp av sexuell tjänst. En utvärdering 1999-‐2008, SOU 2010:49) a été présenté au gouvernement le 2 juillet 2010. Conclusions -‐ effets 1. Le nombre de personnes exploitées dans la prostitution de rue a diminué de moitié depuis 1999. 2. Les pays voisins, le Danemark et la Norvège, ont trois fois plus d’individus (lire « de femmes ») dans la prostitution de rue. 3. L’inquiétude que la prostitution allait passer dans d’autres sphères ne s’est pas concrétisée. 4. La prostitution par l’Internet a augmenté en Suède de la même manière que dans d'autres pays. Ce n'est pas dû à la loi, mais en raison du développement général des technologies en ligne. 5. Le nombre de personnes qui sont vendues via des pages et annonces Internet est beaucoup plus élevé dans les pays voisins similaires tels que le Danemark et la Norvège. 6. Il n'existe aucune preuve d'une augmentation de la prostitution en intérieur (maisons closes, etc.). 7. Malgré une augmentation significative de la prostitution dans les pays voisins au cours des dix dernières années, il n'existe aucune preuve d'une augmentation similaire en Suède. Il est raisonnable de croire que cela est dû à la criminalisation de l'achat d'un service sexuel en Suède. 8. L'interdiction a dissuadé les réseaux et groupes de crime organisé de s’établir en Suède. Comme la police nationale l’avait déjà conclu, la loi fonctionne comme une barrière contre l'établissement de trafiquants et de proxénètes en Suède. 9. La loi reçoit un fort soutien du public en Suède. La loi a conduit à des changements positifs significatifs dans les attitudes. La loi a donc des effets normatifs, ainsi qu’un
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effet direct sur la réduction de la criminalité. 10. L'interdiction a un effet dissuasif sur les acheteurs de services sexuels. Les personnes en situation de prostitution, la police et les travailleurs sociaux concluent que les acheteurs sont de plus en plus prudents, et que la demande a considérablement diminué depuis que l'interdiction est entrée en vigueur. 11. Seulement 7,8% des hommes suédois ont acheté autrui à des fins de prostitution -‐ comparativement à 13,6% en 1996, avant que la loi n’entre en vigueur (étude de 2008). 12. Malgré les appréhensions qui voulaient qu’il serait plus difficile d'atteindre les femmes dans la prostitution, que la prostitution entrerait « dans la clandestinité », et que les conditions des personnes prostituées pourraient empirer, il n'y a aucune preuve que l'interdiction a eu des effets négatifs pour les personnes exploitées dans la prostitution. 13. L'application de la loi fonctionne généralement très bien, et la police et les procureurs ne voient pas de difficultés administratives pour la faire appliquer. 14. Une bonne application dépend des ressources disponibles, et des priorités établies par le système judiciaire. Propositions du Comité
1. Continuer à prévenir et à combattre la prostitution et la traite des êtres humains à des fins sexuelles. 2. Celles et ceux qui sont exploité-‐e-‐s dans la prostitution doivent bénéficier d'un soutien et une assistance adéquats ; celles et ceux qui risquent de devenir victimes de l’industrie de la prostitution devraient recevoir un soutien et une assistance ; des mesures pour dissuader les acheteurs de services sexuels devraient être développées davantage. 3. Créer un centre national de prévention et de lutte contre la prostitution et la traite des êtres humains, qui serait responsable de la coordination, de la recherche et d’autres tâches. 4. La peine maximale pour l'achat d'un service sexuel devrait être portée à un an de prison. Cela permettra aux policiers d'arrêter l’agresseur, et cela permettra l’utilisation d'autres méthodes policières qui peuvent faciliter les enquêtes sur les réseaux. 5. S'assurer que les femmes dans la prostitution sont considérées comme des plaignantes dans les cas de l'achat d'un service sexuel en leur permettant de recevoir une compensation ou de commencer une poursuite civile. 6. La possibilité de poursuivre les citoyens et les résidents suédois qui achètent un service sexuel en-‐dehors du pays sera examinée plus avant.
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Le rapport de 2010 est en ligne à l'adresse suivante : http://www.regeringen.se/sb/d/12634/a/149142 (en suédois) http://www.regeringen.se/sb/d/13358/a/149231 (résumé en anglais) Voir aussi : Ekberg, Gunilla S. et Wahlberg, K, « The Swedish Approach: A European Union Country Shows How to Effectively Fight Sex Trafficking.» (2011) 2 :2 Solutions Journal. En ligne sur : http://www.thesolutionsjournal.com/node/895 (en anglais) Infraction modifiée qui interdit l'achat d'un service sexuel, 1er juillet 1 2011 Le 1er juillet 2011, des amendements à l'infraction dans le Code pénal (Chapitre 6: les crimes sexuels, article 11) qui interdit l'achat d'un service sexuel, approuvés par le Parlement le 12 mai 2011, entrent en vigueur. Les modifications énoncées dans le projet de loi du gouvernement (Skärpt straff för köp av sexuell tjänst, Prop 2010/11:77) comprennent une augmentation de la peine maximale de six mois à un an de prison. Le projet de loi du gouvernement souligne que les objectifs de la législation sont de protéger à la fois les intérêts individuels et sociétaux, et par conséquent que l'infraction est un crime tant envers les personnes affectées qu’envers l'ordre public. Le projet de loi du gouvernement précise également qu’il faut examiner au cas par cas si une personne qui a fourni un service sexuel doit être traitée comme plaignante ou comme témoin. En ligne sur : http://www.sweden.gov.se/sb/d/13654/a/162562 (en suédois). Les hommes qui achètent un service sexuel Ces hommes représentent tous les âges ; cependant, la majorité des acheteurs ont entre 30 et 55 ans. Toutes les catégories de revenu et toutes les origines ethniques sont représentées. Ils ont été mariés, sont mariés ou sont en cohabitation, et ils ont souvent des enfants. Les hommes qui ont ou qui ont eu plusieurs partenaires sexuels sont les acheteurs les plus courants, ce qui dissipe le mythe selon lequel l'acheteur est un solitaire, un homme peu attirant sexuellement qui n’a pas d’autre option pour son exutoire sexuel que d'acheter des femmes prostituées. Des études internationales sur le comportement de prostitution des hommes (par exemple en Angleterre et en Écosse) concluent que la majorité des hommes qui ont acheté un service sexuel suggèrent que les dissuasions les plus efficaces sont : 1. Une législation qui pénalise l’achat d’un service sexuel ; 2. « L'humiliation publique » par exemple par les journaux, les panneaux d'affichage public ou des affiches. Depuis que la loi est entrée en vigueur en 1999, et jusqu'à 31 décembre 2011, 4225 hommes ont été arrêtés. À travers l’intervention directe ou indirecte de la police de nombreux autres ont été dissuadés d'acheter un service sexuel.
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BRÅ * 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 (prel.)
Total
Achat d'un service sexuel
94 92 86 110 300 156 460 163 189 187 352 1277
759 4225
* Conseil pour la prévention du crime (Brottsförebyggande Rådet) [http://www.bra.se] Des mécanismes de suivi En 1998, la Suède a été le premier pays en Europe à nommer un rapporteur national sur la traite des êtres humains suite à une déclaration commune de l'Union européenne en 1997. Cette déclaration recommande à tous les États membres de désigner des « rapporteurs nationaux qui doivent présenter un rapport aux gouvernements sur l'ampleur, la prévention et la lutte contre la traite des femmes ». La Rapporteure Nationale étudie, surveille et analyse le caractère, l'état et l'ampleur de la prostitution et de la traite des êtres humains à toutes formes d'exploitation en Suède, et publie des rapports annuels contenant des recommandations. Le douzième rapport sera publié prochainement. En ligne sur : http://www.polisen.se/sv/Aktuellt/Rapporter-‐och-‐publikationer/Rapporter/Manniskohandel-‐fran-‐1999/ (en suédois) . En 1999, conformément à la loi gouvernementale sur les violences faites aux femmes (Kvinnofrid, Prop 1997/98:55), le Conseil National de la Santé et des Affaires Sociales (CNSAS) a été chargée de recueillir des informations et de surveiller l'étendue et le développement de la prostitution en Suède, ainsi que d'apporter un soutien aux autorités locales sur le développement et l'amélioration des mesures contre la prostitution. Le CNSAS publie des rapports tous les deux ans pour le gouvernement suédois. Le CNSAS a jusqu'ici publié trois rapports. Données de recherche Effets directs La rapporteure nationale sur la traite des êtres humains a conclu, dans ses cinq derniers rapports annuels, que la loi qui interdit l'achat d'un service sexuel fonctionne comme une « barrière efficace à l'établissement de trafiquants en Suède ». Selon des recherches par le Conseil National de la Santé et des Affaires Sociales (Kännedom om prostitution, 2007), il existe des preuves claires d'une diminution considérable de la prostitution de rue depuis que la loi est entrée en vigueur en 1999. En ligne sur : http://www.socialstyrelsen.se/publikationer2008/2008-‐126-‐65 (en suédois) La Rapporteure nationale estime qu'entre 400 et 600 femmes sont victimes de traite à des fins sexuelless en Suède chaque année, principalement venant de pays d'Europe tels que l'Estonie et la Lituanie, ainsi que de la Russie. Ce nombre est demeuré relativement constant au cours des dernières dix années.
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Selon une étude de 2008 des recherches conjointes nordiques (NIKK), la situation concernant la prostitution et la traite est différente en Suède comparée aux autres pays nordiques en raison de la mise en œuvre effective de cette législation. Il y a encore de la prostitution transnationale de plusieurs pays, notamment d'Europe orientale. Toutefois, « aucun groupe important de femmes étrangères ne s’est établi dans le marché de la prostitution visible, contrairement à ce qui est le cas en Norvège, en Finlande et au Danemark » (NIKK). En ligne sur : http://www.nikk.no/English/Subjects/Prostitution/Publications/ (en anglais) Effets normatifs a. Le soutien du public : la recherche de 2008 sur les attitudes du public suédois montre que la loi reçoit un appui massif en Suède ; 71% des personnes consultées l'appuient pleinement (Kuosmanen). b. Moins d'acheteurs : La même étude montre que le pourcentage des hommes suédois qui ont acheté une ou plusieurs personnes à des fins de prostitution a diminué, passant de 13,6% en 1996 à 7,8% en 2008. Voir aussi : Kuosmanen, Jari, «Attitudes and Perceptions about Legislation Prohibiting the Purchase of Sexual Services in Sweden» (2011) 14 :2 European Journal of Social Work 247). En ligne sur : http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/13691451003744341 . La prostitution sur Internet Une étude de recherche de 2009 (Swedin, CG et Priebe, G, Se Mig: Unga om sex och internet, Ungdomsstyrelsen, 2009:9) sur les jeunes et l'utilisation d'Internet montre qu’environ 10% des jeunes entre 16 et 25 ont publié des photos sexualisées sur Internet. Presque 50% des jeunes femmes utilisatrices d'Internet ont du répondre à des demandes d’envoyer de photos sexualisée, de parler de sexe ou de se mettre en scène devant une caméra web. Seulement 13% des jeunes hommes ont eu les mêmes expériences. En ligne sur : http://www.ungdomsstyrelsen.se/ad2/user_documents/Se_mig.pdf (en suédois) http://www.ungdomsstyrelsen.se/ad2/user_documents/See_me.pdf (résumé en anglais) B. Traite des êtres humains : Les lois et les politiques Le 1er juillet 2002, une loi qui impose la responsabilité pénale pour la traite des êtres humains à des fins sexuelles est entrée en vigueur en Suède. Le 1er juillet 2004, pour mettre en œuvre le Protocole de Palerme, des modifications ont été faites pour prolonger la criminalisation de toutes les formes de traite des personnes, y compris la traite à l’intérieur des frontières nationales et, par exemple, la traite à des fins de travail forcé ou d'exploitation pour les prélèvements d’organes. En 2005, la rapporteure nationale sur la traite des êtres humains a recommandé que le gouvernement modifie la législation anti-‐traite. Cette recommandation était fondée sur
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des interviews de policiers, de procureurs et d'autres informateurs clés et sur une analyse de la jurisprudence. L’analyse a conclu que la complexité de la législation mène à des malentendus récurrents par les tribunaux. En 2006, le gouvernement a nommé une commission d'experts ayant pour tâche de développer et de renforcer l'actuelle législation anti-‐traite. Le rapport de la Commission d'experts a été approuvé par le gouvernement en avril 2008, et les modifications à la législation ont été faites en mai 2010 (Lag om ändring i Brottsbalken SFS 2010:371):
Une personne, qui, dans les cas autres que ceux visés à l'article 1, utilise la coercition illégale, la tromperie, l'exploitation de la vulnérabilités d’autrui ou qui, par d’autres moyens illicites, recrute, transporte, transfère, héberge ou reçoit une personne afin qu'il ou elle soit exploité-‐e à des fins sexuelles, pour le prélèvement d'organes, pour le service militaire, à des fins de travail forcé ou d'autres activités qui mettent la personne en détresse, doit être reconnue coupable de traite d'êtres humains et condamnée à une peine d'emprisonnement d'au moins deux ans et d’au plus dix ans. Une personne qui commet un acte visé à l'alinéa premier contre une personne qui est mineure doit être reconnue coupable de traite d'êtres humains, même si aucun des moyens illicites qui sont énoncés ci-‐dessus ont été utilisés. Si une infraction visée aux alinéas premier et deuxième est moins grave, la peine sera un emprisonnement d'au plus quatre ans. (Code pénal suédois, chapitre 4: crimes contre la liberté et la paix, l'article 1 (a)).
En ligne sur : http://www.lagboken.se/files/SFS/2010/100371.PDF .
Statistiques de la criminalité
Proxénétisme 1999-‐2011 BRÅ 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11
(prel.) Total
Proxénétisme 32 46 43 46 69 98 94 58 65 51 94 120 86 902
Traite des êtres humains à des fins sexuelles 2003-‐2011 BRÅ 03 04 05 06 07 08 09 10 11
(prel.) Total
THB-‐SP * 22 29 44 2 15 15 3 32 35 197
* Victimes adultes et enfants de moins de 18 ans.
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Traite des êtres humains à des autres fins 2005-‐2011 BRÅ 05 06 07 08 09 10 11
(prel.) Total
THB-‐OP * 0 11 35 8 28 52 62 196
* Victimes adultes et enfants de moins de 18 ans. Plan d'action national visant à prévenir et combattre la prostitution et la traite des êtres humains à des fins sexuelles En Juillet 2008, un plan d'action national pour la prévention et la lutte contre la prostitution et la traite des êtres humains à des fins sexuelles a été adopté, couvrant cinq domaines prioritaires : la protection et le soutien pour les personnes à risque ; la prévention ; du travail, des normes plus élevées et une plus grande efficacité dans le système de justice ; une coopération nationale et internationale renforcée ; et un niveau supérieur de connaissances et de sensibilisation en général. Le Conseil National du Crime a évalué les initiatives relevant du Plan d'Action National (2011). En ligne sur : http://www.bra.se/extra/faq/?module_instance=2&action_question_show.544.0.=1 (en suédois). Autres mesures de prévention et de protection Des permis de séjour limités dans le temps, extensibles, avec 30 jours de période de réflexion, peuvent être délivrés à une victime de la traite, afin de conclure une enquête préliminaire ou une procédure pénale. En ligne sur : http://www.riksdagen.se/webbnav/index.aspx?nid=37&rm=2009/10&bet=152&typ=prop (en suédois) . Un-‐e conseiller-‐e (avocat-‐e) chargée de soutenir la victime pendant la procédure judiciaire et la demande d’indemnisation est nommé-‐e pour toutes les victimes de la traite qui témoignent contre les organisateurs de la traite. En ligne sur : http://www.notisum.se/rnp/sls/lag/19880609.htm (en suédois) . Les victimes peuvent, dans certains cas et en plus de la compensation ordonnée par le tribunal, être admissibles à une indemnisation de l'Agence Nationale Suédoise pour les Compensations aux Victimes (CVCSA), dont la tâche principale est d'administrer et de payer l’indemnisation publique aux victimes d'infractions. En ligne sur : http://www.brom.se/Sidor/EPT/Bestallningar/PDF/Information%20till%20brottsoffer%2C%20franska.pdf (en français) En 2009, le ministère de la justice a demandé à la CVCSA de réaliser une étude sur l'indemnisation publique des victimes de la traite (Holm, Fanny, Utbetalning brottsskadeersättning av jusqu'au offre pour människohandel: redovisning av ett regeringsuppdrag, BROM 2010). L'objectif était d'établir des routines pour les paiements qui garantissent que les victimes de la traite des êtres humains aux fins d'exploitation sexuelle reçoivent effectivement l'indemnisation par l'État, ce qui empêche la saisie par des trafiquants ou d'autres. Dans son rapport de février 2010, le
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CVCSA a conclu que seulement « un peu plus de la moitié des victimes dans les affaires pénales conduisant à des condamnations pour traite des êtres humains ont revendiqué les dommages en raison de la peur de l'agresseur. » En ligne sur : http://www.brottsoffermyndigheten.se/default.asp?id=3852 (en suédois avec résumé en anglais) . Une composante importante du travail pour prévenir et combattre la prostitution et la traite des êtres humains en Suède est une formation régulière sur l'application de la loi pour les procureurs et les juges. En Suède, la formation met l'accent, non seulement sur les techniques adéquates pour les enquêtes, mais aussi sur les attitudes et les principes sous-‐jacents de la législation et les politiques concernant la prostitution et la traite des êtres humains. La rapporteure nationale, dans son rapport de 2011 sur les initiatives réalisées au titre du Plan d'Action National (Wahlberg, K., Slutredovisning av Regeringens Uppdrag jusqu'au Rikspolisstyrelsen att förstärka insatserna mot prostitution och för människohandel ändamål sexuella 2008-‐2010, Rikspolisstyrelsen, 2011), a conclu que la formation régulière de la police et des autres principaux organismes publics est un élément central dans la réussite de l'application des mesures de la loi suédoise pour prévenir et lutter contre la prostitution et la traite des êtres humains. En ligne sur : http://www.polisen.se/sv/Aktuellt/Rapporter-‐och-‐publikationer/Rapporter/Publicerat-‐-‐-‐Nationellt/Organiserad-‐brottslighet/Slutredovisning-‐prostitution-‐och-‐manniskohandel/ (en suédois) . Depuis que la loi est entrée en vigueur, un certain nombre de campagnes de sensibilisation qui se concentrent sur la prévention de la prostitution et la traite des êtres humaines à des fins sexuelles, ont été menées en Suède et dans la région, y compris les huit pays Nordiques et Baltes impliqués dans la Campagne Nordique-‐Balte contre la Traite des Femmes (2002-‐ 2003) et les quatre pays Suède, Norvège, Finlande et Russie, impliqués dans le Projet de Lutte contre la Traite des Femmes et des Filles dans la Région de Barents. En ligne sur : http://www.norden.org/en/publications/publikationer/2004-‐715 (en anglais). © Gunilla S. Ekberg, janvier 2012.