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EHESS Eloge de la société de consommation by Raymond Ruyer Review by: H. D. Archives de sociologie des religions, 15e Année, No. 29 (Janvier-Juin 1970), pp. 236-237 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41618802 . Accessed: 10/06/2014 14:45 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sociologie des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.229.182 on Tue, 10 Jun 2014 14:45:25 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Eloge de la société de consommationby Raymond Ruyer

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EHESS

Eloge de la société de consommation by Raymond RuyerReview by: H. D.Archives de sociologie des religions, 15e Année, No. 29 (Janvier-Juin 1970), pp. 236-237Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/41618802 .

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ARCHIVES DE SOCIOLOGIE DES RELIGIONS

anglais, à New York, en 1912. La thèse ici soutenue, avec une érudition assez stupé- fiante, est que la liberté religieuse comme liberté pour chacun de croire et de pratiquer toute religion ou non-religion que ce soit, serait d'origine socinienne. L'A. a travaillé avec les outils dont il pouvait disposer à son époque. On sait, depuis, que l'anabaptisme pacifique suisse et hollandais n'a pas été étranger à la naissance de la revendication de la liberté religieuse. Les travaux de Bainton ou du P. J. Lecler, après ceux de Troeltsch, on apporté des éclaircissements là-dessus. Néanmoins la réédition de l'ouvrage de F.R. est parfaitement justifiée. On ne trouvera nulle part l'équivalent de la vaste enquête qui y est menée et qui, commencée avec l'antiquité païenne, s'achève au XIXe siècle, en faisant le tour de tous les pays occidentaux, U.S.A. compris, bien entendu. L'introduction d'Arturo Carlo Jemolo, fervente et complice, évoque de façon très émouvante l'homme que fut F.R., professeur et homme politique, et l'ensemble de son œuvre.

J.S.

268 Ruyer (Raymond). Eloge de la société de consommation. Paris, Calmann-Lévy, 1969, 329 p.

Une recension de cet ouvrage peut paraître relever plutôt de la compétence d'économistes. Certains de ceux-ci n'ont pas manqué d'ailleurs de reconnaître déjà dans ses paradoxes un plaidoyer anachronique pour un « libéralisme » dépassé. Dato non concesso , n'omettons pas de retrouver dans ce nouvel ouvrage l'A. du remarquable traité : VUtopie et les Utopies (Paris), dans la mesure où celui-ci croit avoir débusqué précisément un comportement uto- pique dans la polémique contre Pépouvantail de cette « société de consommation » dont on a depuis évoqué quelques ambiguïtés (cf. vg. Esprit , déc. 69). Qui pis est, cette néo- utopie serait néo-religieuse même si elle est crypto -religieuse et elle culminerait dans le profil psycho-sociologique de ce que R. Ruyer a baptisé «les nouveaux clercs», assimilables à une «nouvelle bourgeoisie antibourgeoise» (p. 149). Marx était d'avis que la principale tâche de la critique était, « une fois dénoncée la forme sacrée de l'auto-aliénation de l'homme, de démasquer l'auto-aliénation de sa forme non sacrée ». R. R. ne se réclame pas de ce texte de Marx, mais d'un autre qui assimile la « nouvelle classe » à la « gent officielle » de son temps, « prêtres, intellectuels, magistrats, académiciens, journalistes, parlementaires »... etc... La « nouvelle classe » est apparue d'ail- leurs aussi bien dans les pays de l'Est que

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dans les pays du Tiers-Monde, même si celle visée ici est seulement dans la conjonc- ture occidentale l'homologue des deux pré- cédentes. Elle est spécialisée dans la poli- tique, la culture, voire la technocratie et l'administration, en tout cas, sans respon- sabilités de producteurs sinon « par l'aptitude à employer le langage promu au rang de véritable instrument de production dans la société nouvelle » (p. 150). Langage de la culture qui joue « un rôle analogue à celui du latin au Moyen Age, véhicule et incarnation de la science et de la religion». «La culture est, en clair, un culte religieux, avec prêtres payés par l'Etat, mais réclamant, sur l'Etat, tout pouvoir de le mépriser et de le dominer » (p. 151).

Il y aurait un contingent d'anciens clercs dans les nouveaux clercs : « Comme personne ne prend plus à la lettre les dogmes, avec les éléments mythologiques et surtout magiques qu'ils contiennent, la situation du clergé est devenue simplement impossible. Les prêtres catholiques ne peuvent plus être des clercs, comme au Moyen Age, c'est-à-dire des lettrés, des instruits, des « intellectuels », au milieu du peuple des laïques ignorants - les Eglises sont écrasées par la culture profane, comme les édifices religieux de Manhattan au milieu des gratte-ciel. Ils ne peuvent plus être des « hommes sacrés », séparés de la foule par un sacrement, qui leur conférait des pouvoirs surnaturels. Ils ne peuvent plus être tenus dans un système ecclésiastique, dans une hiérarchie également sacrée. Il ne leur reste plus qu'à devenir des missionnaires, mais des missionnaires sans message, car ils dédaignent le vieux message de sagesse religieuse, s 'adres- sant directement au cœur de tout homme. Ils le trouvent eux-mêmes sans dynamisme, privé de son écorce mythique protectrice, éventé, à peine perceptible pour les contem- porains, sans rapport avec leurs aspirations. Aussi ils adoptent les idéologies et les déma- gogies à la mode. Leur Evangile est l'Evangile de la « mutation sociale », la religion de t l'instruction prolongée » et de la nouvelle culture. Ils rejoignent ainsi simplement le gros de la troupe des nouveaux clercs » (p. 154-155).

Reclergifié ou non, d'ailleurs, le nouveau clerc se distingue par son « économicophobie » : « Les hommes de l'économie lui déplaisent, comme les manants déplaisaient aux aristo- crates, qui vivaient néanmoins sur le travail des manants » (p. 161). « Les vrais successeurs des marquis de Molière sont aujourd'hui les intellectuels de la « nouvelle classe » (p. 162). Et même « aujourd'hui, sous le règne des « nouveaux clercs », le retour au pédantisme

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BULLETIN DES OUVRAGES

quasi-médiéval est notoire » (p. 169). Une comparaison pourrait même être établie entre « ce règne des clercs et la Chine des mandarins » (p. 170-171). En tout cas revivent en eux saint- simoniens (p. 176) et fouriéristes (p. 186 et ss.)... A la limite, le nouveau clerc prolonge la longue tradition de l'illumi- nisme... « A toutes les époques, des illuminés, des convertisseurs, des idéologues, des annon- ceurs de jugement dernier et de damnation pour les réfractaires, ont clamé leurs préten- tions d'ouvrir les yeux de leurs contemporains, tous aveugles, en affirmant qu'eux ont compris, et en proposant leur système tout fait de conscience et d'illumination. Ces éveilleurs sont parfois effectivement de très grands hom- mes, qui méritent, comme Bouddha 1'« Eveil- lé », le titre qu'ils se donnent, et qui délivrent de leur inconscience des millions d'êtres. Mais, dans ces cas bien plus nombreux, les Eveilleurs par idéologie ou révélation, créent beaucoup plus de fausse conscience qu'ils ne dissipent d'inconscience. Ils sont respon- sables de croisades fanatiques, d'inquisitions impitoyables, dans lesquelles un « j'ai compris » inquiétant, précède un « Dieu le veut » effray- ant. Le sens ordinaire du mot « illuminé » prouve que la lumière n'est pas toujours éclairante. Les premiers illuminés, dans leur zèle pour élairer les autres, sont vite rendus furieux par l'aveuglement obstiné de ces autres qu'ils finissent par accuser de « culpa- bilité objective » (p. 219-220).

L'ouvrage est un pamphlet. C'est entendu. Il est volontiers irrité et volontairement irritant. C'est entendu encore. Mais il est pensé, écrit avec intelligence, brio, pénétra- tion. Et les abcès, les inflations ou les enflures que son scalpel prétend débrider ne sont ni imaginés ni imaginaires. L'utopologue a flairé l'utopie et il ne la lâche pas aussi long- temps que la bonne conscience de celle-ci est faite de son inconscience d'être précisément utopique. Il dénonce un amalgame où une crypto-religion se trouve être partie prenante et intégrante. Il dégage un « type ». Il en énonce du moins l'hypothèse, et il ne suffira plus de la déclarer nulle et non avenue pour l'évacuer. Ayant travaillé simultanément sur le phéno- mène utopique et le phénomène religieux, je tiens à saluer l'ouvrage de Ruyer comme un ouvrage dont la lecture ne se remplace pas. Ce qui ne m'empêche pas d'affectionner les utopies, y compris crypto-religieuses. Ce qui n'empêche pas ici R.R. d'en avoir, pour ainsi dire, confectionné une qu'il a voulue haute en couleurs et pertinente.

H. D.

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269 Saint-Simon (H. de). Le Nouveau Christianisme et les écrits sur la religion, choisis et présentés par Henri Desroche. Paris, Seuil, 1969, 192 p. (Coll. « Politique »).

De même qu'il existe dans le commerce un Sur la Religion , contenant les extraits les plus significatifs de Marx et d'Engels sur ce sujet, H.D. nous donne ici une édition commode des écrits de Saint-Simon touchant à notre champ de recherche. On lui en sera reconnaissant, ne serait-ce que parce que cet A. a été le maître à penser d'Auguste Comte et appartient à la première génération des sociologues français. Mais à lire ces pages, annotées et commentées avec tant de sympa- thie par H.D., on se prend à mesurer l'écart existant entre un Saint-Simon et les socio- logues actuels des religions. L'A. du Nouveau Christianisme était un philosophe, et pas du tout un praticien d'une science non-norma- tive des religions. Pourtant, son analyse de l'histoire du christianisme occidental mérite de retenir l'attention comme une des premières tentatives pour typologiser le flux socio- historique, même si l'on ne retient pas grand chose de ses idées.

L'introduction (p. 5-44) de H.D. est connue des lecteurs des A.S.R. (cf. Arch ., n° 26, p. 27-54). Elle a l'immense mérite de bien relier les idées de Saint-Simon aux expériences de sa vie et de permettre ainsi de mieux les péné- trer.

J. S.

270 Scott (Ivan). The Roman Question and the Powers : 1848-1865. La Haye, M. Nijhoff, 1969, XII- 390 p.

Voilà une étude claire et élégante, fondée sur une sûre connaissance des imprimés et le dépouillement de fonds fort divers d'ar- chives publiques et privées : les archives françaises, anglaises, autrichiennes, italiennes, vaticanes ont été explorées avec fruit. Pour- tant on ne peut manquer d'éprouver quelque déception à la lecture de ce livre : la problé- matique n'est guère renouvelée et les pers- pectives sont celles d'une histoire diploma- tique passablement traditionnelle. Il était légitime de reprendre à nouveaux frais l'étude de la « question romaine ». Mais l'examen de l'attitude des « puissances » réclamait une présentation des grands courants de l'opinion, des « forces profondes » qui pesèrent, dans une mesure qu'il fallait discerner, sur les initiatives des hommes politiques et des diplomates. Une description des intérêts en présence et

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