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ELOGE FUNEBRE DE JACQUES SAINT-BLANCARD Réalisée par le Professeur Paul LAFARGUE, le 6 mai 2009 Mes chers collègues, Mesdames et Messieurs, La Présidente et le Bureau de notre Compagnie m’ont confié le redoutable honneur de prononcer l’éloge funèbre de notre collègue Jacques Saint-Blancard qui nous a, victime de ce que l’on appelle pudiquement une longue maladie, malheureusement quittés le 27 janvier dernier et dont les obsèques ont eu lieu le jour anniversaire de ses 78 ans. Malgré des conditions atmosphériques épouvantables, des représentants de notre Compagnie sont allés, pour lui rendre un dernier hommage, se recueillir sur sa dépouille, au funérarium de Clamart le lundi 2 février, avant son départ pour Angoulême où il repose désormais. Contrairement aux habitudes qui veulent que le discours soit dithyrambique, mon propos sera volontairement sobre, voire, pour certains, indigent. En effet, si de là où il repose, Jacques peut nous voir et nous entendre, il me reprocherait véhémentement de pérorer et de sombrer dans ce qu’il exécrait le plus, à savoir, penché sur sa pierre tumulaire, la découverte des qualités post mortem. Par respect pour sa mémoire, je m’en tiendrai donc à une narration ad litteram.

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ELOGE FUNEBRE DE JACQUES SAINT-BLANCARD

Réalisée par le Professeur Paul LAFARGUE, le 6 mai 2009

Mes chers collègues, Mesdames et Messieurs,

La Présidente et le Bureau de notre Compagnie m’ont confié le

redoutable honneur de prononcer l’éloge funèbre de notre collègue

Jacques Saint-Blancard qui nous a, victime de ce que l’on appelle

pudiquement une longue maladie, malheureusement quittés le 27

janvier dernier et dont les obsèques ont eu lieu le jour anniversaire

de ses 78 ans.

Malgré des conditions atmosphériques épouvantables, des

représentants de notre Compagnie sont allés, pour lui rendre un

dernier hommage, se recueillir sur sa dépouille, au funérarium de

Clamart le lundi 2 février, avant son départ pour Angoulême où il

repose désormais.

Contrairement aux habitudes qui veulent que le discours soit

dithyrambique, mon propos sera volontairement sobre, voire, pour

certains, indigent. En effet, si de là où il repose, Jacques peut nous

voir et nous entendre, il me reprocherait véhémentement de pérorer

et de sombrer dans ce qu’il exécrait le plus, à savoir, penché sur sa

pierre tumulaire, la découverte des qualités post mortem.

Par respect pour sa mémoire, je m’en tiendrai donc à une narration ad

litteram.

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Jacques Saint-Blancard, veuf et père de deux enfants, est né le 2

février 1931 à Libourne. Après de brillantes études primaires et

secondaires dans cette ville, puis avoir effectué son stage en

pharmacie, il passe avec succès le concours d’entrée à l’Ecole du

Service de Santé Militaire de Lyon qu’il intègre comme élève le 1er

novembre 1953.

Parallèlement à ses études de pharmacie, notre collègue, déjà

travailleur infatigable, poursuit avec assiduité et enthousiasme un

second cursus universitaire en s’inscrivant auprès de la faculté des

Sciences de Lyon en vue de l’acquisition de cinq certificats d’’études

supérieures, certificats absolument nécessaires pour justifier du

titre de pharmacien-chimiste des armées.

Après de l’obtention de son diplôme de pharmacien en 1957, puis

d’une licence es-sciences l’année suivante, il est affecté, pour un

court détachement, à la pharmacie régionale du Service de Santé des

Armées, toujours à Lyon.

Le 1er novembre 1958, il rejoint à Paris l’Ecole d’application du

Service de Santé des Armées (devenue depuis Ecole du Val de

Grâce), pour y effectuer un stage d’une durée de 9 mois, stage

destiné d’une part à parfaire ses connaissances universitaires et,

d’autre part, acquérir les bases technico-administratives essentielles

à l’exercice de son futur métier de pharmacien militaire. Pendant

cette période pourtant déjà bien chargée – il sort d’ailleurs major de

sa promotion – il réussit à terminer la rédaction d’une thèse de

Doctorat d’Etat en pharmacie qu’il soutient à Lyon en 1959.

A l’issue de son stage au Val de Grâce, il est affecté le 1er août 1959

au Centre de Transfusion et Réanimation de l’armée à Clamart comme

adjoint au chef de service de physique en charge plus

particulièrement de la chaine de fabrication.

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Ces nouvelles fonctions qu’il découvre avec intérêt et auxquelles il se

consacre pratiquement à plein temps, ne l’empêchent pas, toujours

désireux de se perfectionner, d’acquérir, parallèlement, le diplôme de

l’institut de pharmacie industrielle de Paris en 1960 et de suivre avec

succès l’enseignement destiné aux utilisateurs des radioéléments in

vitro à Saclay en 1961.

Du 1er août 1961 au 31 juillet 1972, après avoir été brillamment reçu

au concours d’assistant de recherche en biochimie, puis, 4 ans plus

tard, à celui de spécialiste de recherches en biochimie, il est nommé

chef du laboratoire de biochimie et du service de fractionnement du

Centre de Transfusion et de Réanimation.

Travailleur acharné, rigoureux, voire perfectionniste, il profite de

ses rares moments de liberté pour préparer et soutenir une thèse de

doctorat es-sciences physiques en 1970 et d’acquérir le diplôme

d’étude et de recherche en biologie humaine en 1972.

Après avoir franchi avec succès les épreuves du concours de Maître

de Recherche du Service de Santé des Armées, il est nommé en 1972

chargé de Recherches au Centre de Transfusion et de Réanimation

qui prendra alors l’appellation de Centre de Transfusion Sanguine des

Armées ou CTSA. Pendant cette période, il est nommé

successivement Pharmacien-chimiste principal (Commandant en 1976),

puis Pharmacien-chimiste en chef (avec les équivalences de

Lieutenant-colonel en 1976, puis de Colonel en 1982).

Le pharmacien-chimiste en chef Saint-Blancart occupera le poste de

chef du service de biochimie-fractionnement jusqu’au 1er décembre

1987, date à laquelle il est nommé pharmacien-chef des services de

classe normale et rejoint le 2ème Corps d’Armée des forces françaises

stationnées en Allemagne, où il occupe les fonctions de Pharmacien-

chimiste adjoint et conseiller du Directeur du Service de Santé des

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Armées à Baden-Baden. Ses compétences lui valent de recevoir une

délégation pour exercer les prérogatives et attributions

d’Inspecteur départemental de la pharmacie.

Le 2 février 1991, il fait valoir ses droits à la retraite et est nommé

Pharmacien Général dans la deuxième section.

Durant sa longue période d’affectation au CTSA, notre collègue a

mené avec détermination, rigueur et bonheur de nombreuses

recherches, en particulier dans les domaines :

� Du fractionnement des protéines plasmatiques en mettant en

œuvre des méthodes traditionnelles ou chromatographiques,

� De la conservation des globules rouges en phase liquide et par

congélation en prenant en compte les approches biochimique,

morphologique, rhéologique et fonctionnelle. Il s’est, bien

entendu, intéressé aux solutions de remplissage, à la

déspécification des protéines animales, aux études sur les

transporteurs d’oxygène et les hémoglobines modifiées, à

l’évaluation des solutions de préservation des concentrés

érythrocytaires, au plasma cryodesséché conservé en poches

plastiques, aux lysozymes humains, animaux et végétaux et plus

particulièrement aux relations structure-espace-activité.

� Enfin, il a mis à profit la proximité du Centre des grands brûlés

de l’hôpital Percy pour participer, en collaboration avec les

biologistes de l’hôpital, aux travaux menés sur les conséquences

biologiques de l’agression dont sont victimes ces malheureux.

L’ensemble de ces travaux a donné lieu à :

� Plus de 150 publications dans des revues françaises ou

étrangères,

� Une centaine d’articles dans les séries annuelles des travaux

Scientifiques des chercheurs su Service de Santé des Armées,

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� Près de 200 communications au cours de congrès nationaux ou

internationaux, quelques 80 rapports internes.

Le pharmacien Saint-Blancart était membre de nombreuses sociétés

savantes, dont :

� La société internationale de transfusion sanguine,

� La société française de transfusion sanguine, dont il était

membre du conseil d’administration.

Il était également conseiller scientifique de la revue française de

transfusion et immuno-hématologie, sans oublier la société des

docteurs en pharmacie.

Compte-tenu de ses compétences largement reconnues, notre

collègue a été appelé à siéger dans de nombreuses commissions. Nous

rappellerons simplement qu’il était :

� Membre de la commission de normalisation AFNOR,

� Expert auprès de la commission nationale de la pharmacopée,

� Expert consultant auprès de la pharmacopée européenne,

� Expert analyste agréé par le ministère de la santé,

� Expert technico-économique pour l’ANVAR,

� Président de la commission des marchés d’Etat pour tout ce qui

concerne la perfusion-transfusion et les matériels y afférents,

� Membre du conseil supérieur d’hygiène de France,

� Expert auprès de l’AFSSAPS dans l’unité biologie-

biotechnologie et pharmacopée,

� Sans oublier de nombreuses commissions propres au service de

santé des armées.

En tant qu’éminent spécialiste, notre collègue a été sollicité pour

participer à plusieurs enseignements, en particulier à la faculté des

sciences pharmaceutiques et biologiques de Châtenay-Malabry, à

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l’Ecole supérieure de biologie et de biochimie de Paris, au centre

national de transfusion sanguine dans le cadre du DEA d’immuno-

biotechnologie.

Il va sans dire que l’intense activité scientifique et les qualités

professionnelles de notre collègue lui ont valu de nombreuses

distinctions. C’est ainsi que dès 1961 il s’est vu récompensé par

l’attribution du titre de lauréat de notre Académie et le ministre de

la défense lui décerna les médailles de bronze, argent puis vermeille

pour travaux scientifiques, ainsi que la médaille d’honneur du service

de santé des armées.

Jacques Saint-Blancart était en outre :

� Chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’Honneur,

� Officier dans l’Ordre national du Mérite,

� Chevalier des Palmes Académiques,

� Titulaire de la médaille des Arts-Sciences et Lettres, car il

avait un « violon d’Ingres », l’art pictural dans lequel il

excellait.

Enfin, en ce qui concerne plus particulièrement notre compagnie, nous

nous devons de lui rendre un hommage tout particulier. En effet,

durant les quinze années consacrées à l’exercice de ses fonctions de

rédacteur en chef des Annales pharmaceutiques françaises, Jacques

Saint-Blancart se sera dévoué sans compter. Sa pugnacité toujours

souriante pour obtenir des auteurs de communications négligents un

manuscrit digne d’être publié dans les Annales est légendaire. Il

laissera à tous les membres de notre Compagnie qui ont eu la chance

de le côtoyer tout au long de ces années le souvenir d’un homme

intègre, droit et rigoureux.

Nos Annales pharmaceutiques lui doivent beaucoup. Qu’il en soit très

chaleureusement remercié. D’ailleurs, pour lui témoigner sa

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reconnaissance, le nouveau comité de rédaction des Annales s’est

fixé comme objectif essentiel la poursuite de cette rigueur, rigueur

indispensable pour accroître encore la qualité et la lisibilité de notre

revue, reflet de l’excellence de nos travaux.

Voici, Madame la Présidente, mes chers collègues, sûrement trop

rapidement et brièvement rappelée, la brillante carrière de notre

confrère et ami Jacques Saint-Blancart.