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En cette fin d’après midi de juin dans une odeur de fin d’orage, passait devant la boulangerie de quartier, anonyme et effacée, une silhouette lymbesque aux pas lents qui semblait surgir d’un monde de tristesse qui se réfugia dans un café abondé de couples et d’âmes bavardes.

Assise, seule, la commande d’un café passée, elle semblait attendre quelqu’un qui ne viendrait jamais. Son regard noir souligné de cils dignes d’une poupée de porcelaine se réfugiait tantôt sur les rires d’un couple de jeunes amoureux, tantôt sur cet homme seul lui aussi qui ne semblait attendre personne et venait d’ingurgiter sa deuxième bière.

Alexia faisait durer le moment d’en finir avec ce qui lui restait dans sa tasse, elle n’était pas pressée de rentrer chez elle, dans la rue d’en face. Un coup d’œil dans le portable pour n’y voir aucun message qu’il fut SMS ou sur messagerie. Résignée, elle se décida et partit.

Accueillie dès le son des clés entendu, par le chat noir qui se frottait le long de ses douces jambes, elle le lova dans ses bras pour le câliner un court moment avant de le reposer. Une fois à l’aise dans une longue

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chemise de deux tailles trop larges, elle s’allongea un instant dans le canapé, rejointe par le minet insatiable de caresses. Le moment de douceur fut interrompu par la sonnerie du portable annonçant l’amie d’enfance qui désirait passer la soirée avec Alexia. Au moment où celle-ci se leva pour aller se préparer, le visage s’illuminant à la perspective de cette soirée entre copines, un bruit surgit de la chambre interdite, faisant renoncer la jeune femme à la sortie amicale. Une fois le téléphone raccroché, son visage avait recouvré la tristesse oubliée quelques instants.

Après un repas frugal avalé doucement, la jeune femme de 33 ans se dirigea vers la sale de bains pour y prendre une douche fraîche et en sortir enlacée d’un léger parfum de lilas. Elle se dirigea ensuite vers la chambre interdite pour en ressortir en larmes revêtue d’une robe sexy masquée derrière un maquillage la parant d’un personnage qui n’était pas le sien.

Installée dans sa petite voiture toute en rondeurs, elle se dirigeait nulle part en particulier. Elle roula et roula jusqu’à s’arrêter devant un club perdu dans la nature au sortir de la ville présageant une faune de personnages peu recommandables.

L’entrée d’Alexia se fit charismatique ! Déshabillée par les regards lubriques des habitués du club, aussi bien hommes que femmes, elle traversa la sale perchée sur ses talons aiguilles pour s’asseoir à une table discrètement agencée.

La commande d’une coupe de champagne, puis d’une deuxième…

Un homme quelconque, de ceux qui veulent se donner l’importance qu’ils n’auront jamais, au regard

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lascif dont l’envie de la jeune femme lui sortait de tous les pores de la peau vint auprès d’elle lui demandant avec une voix virile s’il pouvait s’asseoir à sa table. Un léger « oui » sortit de la bouche de celle qui venait d’éconduire quatre messieurs qui n’avaient pas le profil…, un oui timide et la conversation commença par une banalité d’usage :

– Dites moi pourquoi une si jolie femme se trouve être seule un samedi soir ? – C’est ainsi… – Mais c’est qu’elle est timide, j’aime les femmes discrètes et soumises. Au moins il était direct, la finesse n’était pas son fort.

Brusquement, la jeune femme timide avait disparu. Son regard se fit soutenu et sa voix plus ferme. Se penchant vers l’amateur de femmes soumises :

– Alors comme ça on aime les femmes soumises ? Les femmes qui disent oui à tout ? Les femmes qui se laissent faire ? Les femmes que tu peux frapper ? Et quoi encore, j’ai oublié quelque chose ?

L’individu dans un mouvement de recul voulut partir, mais une force l’en empêcha. Il y avait comme une main invisible qui le tenait cloué sur le fauteuil. L’homme devint blême et voulut parler, mais aucun son ne sortit de sa bouche tremblante, il commençait à étouffer sous le regard avide d’Alexia, qui n’en perdait pas une seconde, non pas une, elle se régalait, savourait ce moment. L’homme s’éteignait doucement, tout doucement pour enfin s’arrêter de respirer et tomber sur le sol où son corps lourd engoncé dans un costume trop étroit faisait penser à celle qui le regardait : « Quel gros porc écœurant » ! Puis l’Alexia timide refit surface pour appeler du

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secours qui ne se fit pas attendre. Elle disparut aussi vite qu’elle était arrivée.

Au volant de sa voiture, les larmes ne tarissaient pas, elle s’arrêta sur le bord pour vomir tout ce qu’elle put et repartit effondrée.

– Arrête, arrête, je t’en supplie ! Criait-elle.

Enfin rentrée, elle s’effondra tout habillée sur son lit. Pas la force d’ôter sa robe noire moulante qui soulignait la minceur de son corps fatigué.

Au matin, elle fut réveillée par son amie à qui elle ouvrit la porte pour faire taire la sonnerie insistante, qui ne renonçait pas à la faire sortir de son antre de célibataire triste.

La douche prise et les vêtements discrets enfilés faisant contraste à l’Alexia de la nuit, elle sortit avec Marie qui allait se charger de la réveiller !

Les deux amies parcouraient la ville de shopping en bar pour enfin se retrouver dans le meilleur restaurant. La commande passée, pour Alexia du saumon qu’elle adorait et pour Marie des crustacés le tout arrosé d’un bon vin blanc. Marie :

– Dis moi ce qui ne va pas ? Je te trouve blafarde et l’air fatigué ?

– Non, ce n’est rien, juste un surcroît de travail, rien de plus ! Mais allez raconte moi ta soirée avec ce Sylvain ?

– Oh, il n’y a rien à dire, mais alors là rien de rien ! Il a passé la soirée à me parler de son ex qui l’a plaqué et qu’il aime encore, tu imagines ! J’ai fini par lui balancer mon verre de vin à la figure et lui ai conseillé d’aller voir un psy, tu parles d’un naze !

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Marie s’esclaffa, il valait mieux en rire ! Son rire se fit écho dans toute la sale et les gens lui répondirent pas un sourire complice. Elle était vraiment toujours là au bon moment Marie, 33 ans, comme son amie, divorcée d’un riche homme d’affaires et investissant une partie de son temps pour aider les autres, mais non sans penser aussi à elle ! Il ne fallait pas pensait-elle laisser se faner une aussi jolie fleur !!! Elle essuya une larme de joie qui coulait sur son visage d’ébène et repoussa en arrière ses longs cheveux noirs lissés pour se souvenir :

– Tu te rappelles quand tu venais te réfugier chez moi ? Après..

Elle fut interrompue par Alexia qui ne voulait pas, en ce soir de liberté, se souvenir.

Le repas terminé, les deux femmes repues, elles décidèrent de se faire une toile, un film sombre comme les aimait Marie mais pas Alexia qui lui fit plaisir en soutenant ce choix.

Dans la sale à demie pleine, l’atmosphère oppressante était à son comble, une histoire de revenants assez sanguinolente et dont une scène tenait Alexia en effroi, la jeune femme se sentait de plus en plus mal à l’aise et s’enfuit de la salle suivit de près par Marie :

– Je suis désolée, vraiment, excuse moi je n’aurait pas du t’entraîner voir ce film ridicule !

Tremblante : – Non, ce n’est pas grave, j’ai mal réagit, une vraie

gamine. C’est moi qui m’excuse, on y retourne si tu veux. – Non pas la peine, de toute façon il est nul ce

film ! Allez on va boire un verre pour se remonter.

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Alexia sentit un souffle glacial frôler son cou. Ce souffle n’avait rien à voir avec la brise qui allégeait la chaleur ambiante. Elle ne savait que trop ce qu’il en était. Elle ne serait jamais tranquille.

Les deux femmes se dirigeaient vers le bar qu’elles aimaient fréquenter quand tout à coup Marie fut entraînée par une force invisible qui la poussait en direction d’une voiture qui arrivait à grande vitesse, son corps flottait quelques centimètres au dessus du sol, Alexia :

– Non je t’en supplie ne fais pas ça, s’il te plaît, arrête… A genoux : Je ferais tout ce que tu veux, je n’arrêterai pas, je ne recommencerai pas, je t’en pris…

Et comme une réponse reçue, Marie qui aurait du se retrouver sous les roues du véhicule qui venait de passer sans que ses occupants ne se rendent compte de rien, était arrivée de l’autre côté de la route, projetée dans les poubelles et sonnée.

Alexia appela une ambulance qui avait conduisit la blessée à l’hôpital le plus proche.

Marie fort heureusement ne souffrait que de quelques contusions et s’endormit aidée en cela par les somnifères. Alexia veilla toute la nuit celle qui comptait le plus au monde pour elle et s’écroula sur sa chaise jusqu’au matin.

Marie se réveilla groggy mais pas muette : – Mais qu’est-ce qui s’est passé ? A qui parlais-

tu ? – Alexia lui devait la vérité, même si celle-ci la

ferait peut-être passer pour une illuminée ou pire encore…

– A ma fille.

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– Ta fille ? Mais elle est morte ta fille ! – Oui elle est morte, mais elle est toujours la ! – Toujours là ? – Oui elle me hante, elle me punie, elle m’en veut. – Elle t’en veut de quoi ? C’est irréel, mais je ne

peux douter de ce que tu dis. J’ai bien senti une force invisible qui me portait, qui me dirigeait vers cette voiture. Elle voulait me tuer ? Mon dieu !

– Elle voulait surtout me donner un avertissement. Et le message a bien été reçu. Elle a senti que je voulais renoncer, me délivrer d’elle, alors elle a remis les pendules à l’heure.

– Mais qu’est-ce qu’elle veut de toi, dis moi ? – Non je ne peux pas te le dire, je ne peux pas si

non tu serais en danger, s’il te plaît, ne m’en demande pas plus. Je crois qu’il va falloir que l’on se voit moins.

– Non pas question, alors là pas question ! On se verra comme d’habitude !

D’un sourire : – Merci. Mais je ne veux pas te mettre en danger.

Sursautant sur son lit et décidée : – Il doit bien avoir quelque chose à faire pour

régler ça !

Désabusée : – Non je ne vois pas comment ça pourrait finir,

vraiment je ne vois pas ! Je vais te laisser te reposer, on m’a dit que tu pouvais sortir demain.

– Oui tu as raison, vas te reposer toi aussi et tu reviendras demain.

– Bien entendu, cela va de soi !

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Elles s’embrassèrent et Marie était peinée de voir partir son amie et surtout de la sentir désemparée. Ni une ni deux, elle décida qu’elle allait mettre fin à tout ça, bien qu’elle ne connaisse pas toute l’histoire, le pourquoi, le comment, il fallait intervenir avant que tout ne finisse par basculer dans le néant.

Alexia était rentrée chez elle, assise sur le fauteuil confortable, caressant le chat qui ronronnait de bonheur, elle pensait à tout ce gâchis, à sa vie qui n’en était plus une, qui n’était qu’asservissement, elle n’avait fait que subir depuis ? Depuis si longtemps. Elle posa le chat déçu que la séance de caresses s’arrête là pour se lever et se diriger, en larmes comme une somnambule, vers la salle de bains dans laquelle elle prit une lame de rasoir pour se taillader les poignets, mais elle s’en trouva empêchée par sa fille, oui sa fille Emy pourtant morte il y avait presque un an, mais qui était resté là avec sa mère, la punissant. Elle était dans la mort le contraire de ce qu’elle fut quand elle rayonnait de vie, de joie. L’instant qui avait précédé sa mort avait été si violent qu’elle avait gardé une rage qui ne la quittait plus, une rage et une soif de vengeance comme décuplée par son état de spectre que seule sa mère pouvait voir. La lame de rasoir se retrouva au sol et tenant le poignet de sa mère :

– Ah non maman, ce serait trop facile, on n’en a pas fini.

– Dis moi quand ça s’arrêtera ? Ne seras-tu jamais rassasiée ? Pourquoi tu me fais ça ?

– Tu le sais bien pourquoi.

Le spectre qu’était devenu Emy n’avait plus rien à voir avec l’ado de 17 ans qu’elle était avant d’avoir