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1 Licences spectacles 1-142915 2-142916 3-142917 S’EMBRASENT LUC TARTAR MISE EN SCÈNE ERIC JEAN EN TOURNÉE EN LOIRE-ATLANTIQUE PHOTO © CAROLINE LABERGE 2012/13

EN OURNÉE IRE-ATLANTIQUE S’EMBRASENT 1 …archives.legrandt.fr/saisons/archives/2012-13/dossier_s_embrasent.pdf · de maman « Suis pas les inconnus » on tremble sur ... qu’on

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LUC TARTARMISE EN SCÈNE ERIC JEAN

EN TOURNÉE EN LOIRE-ATLANTIQUE

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TABLE DES MATIÈRES

Informations pratiques 3

Présentation 4

La pièce 5

Mot de Luc Tartar, auteur 6

Entretien avec Luc Tartar 7

Le mot d’Eric Jean, metteur en scène 9

Le Théâtre Bluff, Québec - Canada 10

Le mot de Sébastien Harrisson, directeur artistique 11

Entretien avec Olivier Gaudet Savard, concepteur sonore 12

Regard de Martin Blais, sociologue et sexologue 14

La presse en parle 15

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CONTACTS PÔLE PUBLIC ET MÉDIATION

Manon [email protected] 28 24 28 08

Caroline [email protected] 28 24 28 17

LE GRAND T84, rue du Général BuatBP 3011144001 NANTES Cedex 1

DURÉE : 50 min

PUBLIC : à partir de la 4e

EN TOURNÉE EN LOIRE-ATLANTIQUE

PONTCHÂTEAUNOV LU 19 19:30

NORT-SUR-ERDRE VE 23 20:30

SAINT-MARS-LA-JAILLEDÉC JE 06 20:45

MACHECOUL VE 14 20:30

S’EMBRASENT

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PRÉSENTATION

Texte Luc TartarMise en scène Eric JeanAssistance à la mise en scène Stéphanie RaymondScénographie Magalie AmyotConception des costumes Stéphanie CloutierEnvironnement sonore Olivier Gaudet SavardÉclairage Martin Sirois

Avec Francesca Bárcenas, Christian Baril, Matthieu Girard, Talia Hallmona, Béatrice Picard

Régisseure Stéphanie RaymondDirection technique Nicolas Fortin ou Jacques Vanier

Équipe du Théâtre BluffDirection artistique Sébastien HarrissonDirection générale Mario BorgesAdjointe aux directions Joanie PellerinCommunications Véronique MompelatSecrétaire Anne-Marie LegaultDiffusion France Séverine André LiebautDiffusion Québec Paule MaherMédiation culturelle Valérie Charland

RemerciementsLe spectacle S’embrasent a été créé à Laval le 1er octobre 2009 dans le cadre d’une résidence tenue à la Maison des arts de Laval.Cette création a été rendue possible grâce à l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec, de la Ville de Laval et du Conseil des arts du Canada.

Gagnant du Prix BIS-La Scène 2011

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LA PIÈCE

Dans la cour d’école, Jonathan embrasse Latifa. C’est un coup de foudre qui bouleverse les témoins de la scène – les filles, les garçons, les profs et même le directeur – une passion qui, telle une éclipse obser-vée à l’oeil nu, les éblouit et brûle leurs regards.

Au croisement du clip et de l’oratorio, cette parti-tion lumineuse mêle audacieusement poésie, danse, musique et sampling vocal, pour raviver en chacun de nous la flamme et l’émoi du premier amour.

« - Jonathan sexuellement il nous en fait baver. Il se tient dans la cour droit il fait rien juste que respirer le corps alangui ouvert au monde et ça nous fait trem-bler. Les feuilles les arbres le sol ça fait trembler nos bases on oublie tout ce qu’on a appris les conseils de maman « Suis pas les inconnus » on tremble sur nos bases et hier ce qui devait arriver Latifa s’est écroulée

- On dit tomber amoureux »

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Visionnez le teaser de la pièce en cliquant sur le lien ci-dessous : http://www.youtube.com/watch?v=JCXQqyabBLU&feature=player_detailpage

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MOT DE LUC TARTAR, AUTEUR

Ce qui m’intéresse avant tout dans l’émoi amoureux, c’est l’envahissement des sens, des corps, c’est l’énergie qui circule entre les êtres et qui agit forcé-ment sur l’équilibre intérieur des personnes. Tomber amoureux, c’est être bouleversé, c’est vaciller, c’est crier son bonheur, sa douleur, c’est bousculer, heur-ter, et in fine remettre en cause l’ordre établi ; son ordre intime, bien sûr, dans la mesure où le sujet amoureux ne vit plus le monde de la même façon, mais aussi dans certains cas l’ordre familial, social, racial, sexuel, politique…

Jonathan et Latifa tombent amoureux et le monde s’écroule autour d’eux. Eux-mêmes semblent passer par la fenêtre, disparaissant dans l’invisible, accédant au céleste. Le coup de foudre détruit, certes, puisque les amants se sont rencontrés et que le monde ne ressemblera plus jamais à ce qu’il était, mais l’amour est avant tout créateur de sens et de poésie : en s’embrasant, les deux adolescents accèdent à une autre dimension, se révèlent à eux-mêmes.

L’amour est un vertige qui nous fait avancer. Je pense à la sculpture d’Alberto Giacometti L’Homme qui marche, ce déséquilibre…

LUC TARTAR, AUTEUR

Dramaturge, romancier et comédien, il est né en France, où il vit et travaille. Il joue d’abord sous la direction de Stuart Seide à Lille puis, de 1996 à 2006, il devient auteur associé au Théâtre d’Arras. Il signe alors plusieurs textes, dont Les Arabes à Poitiers (1995), Terres arables (1999), Papa Alzheimer (2003) et Parti chercher (2006). Pour le jeune public, mentionnons S’embrasent (2005) et En voiture Simone (2006). Comme romancier, on lui doit aussi Le marteau d’Alfred (2005) et Sauvez Régine ! (2007). Pour le théâtre paraîtront ensuite Les Yeux d’Anna (2010) et En découdre (2011). Boursier à maintes reprises du ministère de la Culture et du Centre national du livre, il a notam-

ment été invité au Québec par le Théâtre Bluff, en avril 2009, grâce à un partenariat avec le Centre des auteurs dramatiques (CEAD), la Rencontre Théâtre Ados (RTA) et la ville de Laval, afin d’explorer, avec l’équipe de production de S’embrasent, la forme à donner au spectacle.

© Arno Gisinger

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ENTRETIEN AVEC LUC TARTAR Propos recueillis par Sylvain Lavoie

Lors de ton passage à Montréal, tu as mentionné qu’on te passe souvent des commandes. Dans quel contexte est née ta pièce S’embrasent ?

S’embrasent a été écrite en 2004, grâce à une bourse du centre National du Livre (CNL), et suite à une résidence auprès du Théâtre du Pélican, à Cler-mont-Ferrand. Jean-Claude Gal, directeur de la com-pagnie, a proposé à trois auteurs de travailler sur le thème du langage amoureux chez les adolescents. Il s’agissait dans un premier temps d’élaborer avec les jeunes un « dictionnaire du langage amoureux d’au-jourd’hui » inventif, drôle, imagé. Dans un second temps, Jean-Claude Gal a passé commande d’une courte pièce sur ce thème à chacun des auteurs. J’ai écrit en m’inspirant de la fougue, de la révolte, de la fragilité propres aux adolescents, mais aussi en m’en détachant, c’est-à-dire en passant le langage des jeunes d’aujourd’hui à la moulinette de ma propre langue d’auteur.

D’un point de vue formel, on comprend que la pièce, par son absence de structure typiquement drama-tique, fait allusion au vertige que cause le sentiment amoureux. Et les mots que tu utilises, assez para-doxalement, tirent leur force du fait qu’ils ne se suf-fisent pas. En quoi cela est-il possible : est-ce à dire que la parole devrait nécessairement passer par le corps ?

S’embrasent dit peu de choses du contexte dans le-quel se déroule cette histoire. C’est un texte volontai-rement court, aux interprétations multiples, un texte choral, une forme fragmentée. J’ai cherché l’incan-descence mais comment incarner l’incandescence ? Plus que des corps, j’ai vu un choeur, le choeur du théâtre antique. Les mots sont portés, relayés par le groupe, comme s’il fallait témoigner, raconter cette histoire de par le monde. Et il y a urgence. Parce que le monde se meurt, parce que les hommes étouffent du manque d’amour… peu importe finalement les rai-sons, il y a urgence de raconter ça. L’enjeu est aussi dans la transmission même de l’histoire, peut-être plus que dans l’histoire elle-même. C’est le propre du théâtre. Au théâtre les mots ne se suffisent pas à eux-mêmes. On peut lire du théâtre bien sûr, mais si le comédien vient me raconter son histoire, s’il la vit devant moi, je m’identifie, je vibre, je vis.

Y aurait-il eu une telle onde de choc si Jonathan et Latifa avaient été plus vieux ?

L’amour n’a pas d’âge et le coup de foudre non plus (heureusement !), mais ce qui m’intéresse dans l’adolescence, encore une fois, c’est le surgisse-ment des corps, des sens, qui fragilise filles et gar-çons en même temps qu’il les raccorde au monde. Aimer c’est violent, c’est vivre dans le présent, en fai-sant bien souvent table rase du passé. Le sentiment amoureux se conjugue à l’adolescence avec une réinvention du monde, voire une révolte de tous les instants, et on peut effectivement parler d’« onde de choc ». L’énergie qui en découle est théâtralement intéressante en ce sens qu’elle renverse les êtres et crée de la tension dramatique. J’imagine Jonathan et Latifa en équilibre, vibrants de l’appel de l’autre, pleins d’une urgence qui les nourrit et qui les rend uniques au monde, seuls face au grand vide.

Qu’est-ce que tu retiens de l’expérience de création que tu as vécue au Québec ?

J’ai été heureux de rencontrer des adolescents qué-bécois lors de la séance de présentation publique. Ils étaient d’ailleurs accompagnés de leurs corres-pondants français, ce qui nous a permis de consta-ter que les différences culturelles n’entravent en rien l’adhésion au projet. J’ai cherché l’universel dans cette histoire et Eric Jean travaille dans le même sens. S’embrasent parle autant aux adolescents qué-bécois qu’aux adolescents français et j’en suis heu-reux. Je dirais même que S’embrasent parle autant aux adultes qu’aux jeunes. Ce qui m’importe, c’est que cette histoire de coup de foudre vienne toucher en nous une corde sensible. « Ça parle de nous », dit un ado, tandis qu’une dame ajoute « J’aimerais bien le connaître, ce Jonathan… ». Comme tout artiste, j’interroge l’humanité qui est en nous et je m’adresse aux vivants, quels que soient leur âge, leur nationalité ou leur origine sociale…

Le sentiment amoureux n’aurait donc pas une « sa-veur locale »...

L’amour s’affranchit des frontières, des territoires, des appartenances politiques, sociales, religieuses et j’aime voir mes personnages décoller, dans tous les sens du terme. Dans S’embrasent, les amants disparaissent aux yeux du monde, comme si eux

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aussi s’étaient envolés. On dit souvent que l’amour donne des ailes… et c’est une belle métaphore de la liberté. Le coup de foudre de Jonathan et Latifa est aussi un acte politique, qui leur échappe bien sûr, mais quel plaisir d’imaginer ce baiser de deux êtres que tout oppose : la culture, la communauté, la religion… Ce n’est pas clairement dit dans le texte mais c’est en filigrane et le choix des deux prénoms ne doit rien au hasard. « L’amour fait voler en éclats les certitudes », c’est bien ce que j’ai envie de hur-ler, contre tous les interdits, contre tous les confor-mismes.

La notion de faille est récurrente dans tes propos (failles de la terre, certes, mais aussi celles que les êtres portent en eux). Selon toi, où survient la faille avec l’amour : avant le sentiment, pendant, après ? Et est-ce que les failles peuvent se refermer ?

Le sentiment amoureux est un déchirement puisqu’il transforme durablement l’être amoureux, lui faisant perdre ses repères et le propulsant dans un univers inconnu aux sensations nouvelles, ce qui est à la fois exaltant et profondément déstabilisateur. Aimer, c’est aussi souffrir et parfois on ne s’en relève pas.

Reste une trace indélébile, une cicatrice. Les grands amoureux ont dans le regard un grain de folie qui ne disparaît jamais totalement, même après la rupture, et qui leur évite de tomber dans l’amertume ou le regret, c’est ce que j’appelle une élégance de vie…

Plusieurs des personnages de tes textes précé-dents ont la vie dure. Ce ne semble pas être le cas avec S’embrasent...

Ce que j’ai exploré avec S’embrasent, c’est cette capacité qu’ont certains êtres à accéder au bonheur, envers et contre tout. Contre l’entourage, contre le monde environnant. C’est vrai que mes personnages se heurtent souvent à de nombreux obstacles mais il n’y a pas de théâtre sans problème à résoudre ! Dans S’embrasent, c’est leur baiser qui permet à Jonathan et Latifa d’accéder à La Liberté. C’est comme s’ils s’autorisaient à s’aimer, comme s’ils assumaient leur amour et tous les problèmes qui pourraient advenir, opposition des parents, incompréhension et jalousie des camarades etc. L’amour est à la portée de tous, c’est une énergie qui se suffit à elle-même mais qui peut aussi devenir acte ou discours. C’est un cœur en fusion, un soleil…

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LE MOT D’ERIC JEAN, METTEUR EN SCÈNE

Des dizaines de jeunes représentés par deux filles et deux garçons, dans une cour d’école. Une vieille dame, seule, à sa fenêtre, comme l’unique témoin de ce qui bouleverse tout le monde. Et puis, EUX, qui s’embrasent, se consument, en public. Créant une onde de choc, rendant électrique la clôture de métal qui borde la cour d’école, emprisonnant à l’intérieur de lui-même chacun des témoins.

L’histoire est simple. Belle et simple. Universelle. Les mots sont justes, chargés. Essentiels.

Dans ce texte, à la fois témoignage et récit, confi-dence et confession, chacun se met à nu, se dévoile, ouvre une porte vers l’intimité et l’immensité.

L’immensité de l’être, de l’imaginaire, l’immensité de l’amour qui naît entre deux corps. La possibilité.

Mettre le feu en scène, quel beau défi ! Pour un créa-teur comme moi, rien de mieux que de me retrouver devant un texte comme celui-là. Plein d’espace, de brèches, de lectures possibles. Et devant tout ça, une seule certitude : la nécessité du geste, de la course, du mouvement. Le mouvement comme cour-roie de transmission. Le mouvement pour exprimer ce que les mots ne veulent pas dire.

Le mouvement et les images comme complices de la poésie.

ERIC JEAN, METTEUR EN SCÈNE

Eric Jean s’est imposé très tôt comme étant un des créateurs les plus audacieux et prometteurs de sa génération. Son travail d’écriture par improvisations qu’il a enseigné à l’École nationale de théâtre du Ca-nada au cours de son mandat d’adjoint à la direction artistique (2002-2004) a suscité beaucoup d’intérêt au cours des années. Poussé par l’innovation, il poursuit sans relâche le questionnement autour des méthodes de création.

Au printemps 2004, il s’est vu confier la direction artistique et géné-rale du Théâtre de Quat’Sous. Dès le début de son mandat, Eric Jean a poursuivi les efforts acharnés qu’avaient entrepris Pierre Bernard puis Wajdi Mouawad afin que le projet de reconstruction du théâtre se concrétise. Il a réussi à faire de cette intime salle de spectacle un véritable carrefour culturel et un lieu d’échanges et de rencontres.

Après Hippocampe (2007), Chambre(s) (2009), Opium_37 (2009), S’embrasent (2009-2010) et En découdre (2011), Eric Jean s’est replongé en avril 2012 dans l’univers créatif de l’exploration dramaturgique avec Emovere. La pièce propose une réflexion sur l’identité, le legs, l’enfance et la mort, tout en se questionnant sur ce que nous avons reçu et ce que nous souhaitons laisser à notre tour en héritage.

En plus d’avoir été l’un des cinq finalistes pour le prix Siminovitch du meilleur metteur en scène canadien en 2004, il a également reçu deux Masques de la meilleure production en région pour les pièces Camélias (2003) et Une ardente patience (2005). La pièce Hippocampe lui a valu le Prix de la critique montréalaise (2003).

© Maxime Tremblay

Visionnez un interview d’Eric Jean sur S’embrasent en cliquant sur le lien ci-dessous : http://www.youtube.com/watch?v=shpgYabCc14

LE THÉÂTRE BLUFF, QUÉBEC - CANADA

Fondé à Laval en 1990, le Théâtre Bluff est une compagnie de création contemporaine qui privilégie la prise de parole d’auteurs soucieux d’aborder les grands enjeux actuels et susceptibles de rejoindre, par leurs préoccupations thématiques ou esthé-tiques, les adolescents et les jeunes adultes. Véri-table carrefour de rencontres, la compagnie, par ses activités de recherche, de création et de médiation artistique, invente constamment de nouvelles ave-nues pour que naisse un dialogue fertile entre les

artistes qu’elle accueille et son public. En 2011, à l’occasion de son vingtième anniversaire, le Théâtre Bluff s’est vu remettre deux distinctions venant saluer son nouvel essor : le Prix Bis - La Scène lors de la Bourse Rideau à Québec pour sa stratégie de diffusion en France et le prix Dunamis de la Chambre de commerce et d’industrie de Laval pour souligner les efforts de la compagnie en termes de développement durable et d’enracinement dans sa communauté.

Visionnez les entrevues des cinq comédiens de S’embrasent en cliquant sur les liens ci-dessous :

Béatrice Picardhttp://www.youtube.com/watch?v=MSUg_fsRtW8&feature=endscreen

Talia Hallmonahttp://www.youtube.com/watch?v=JKKZeXGWx_M&feature=endscreen

Matthieu Girardhttp://www.youtube.com/watch?v=LLbjG0bIGdA&feature=relmfu

Christian Barilhttp://www.youtube.com/watch?v=iANYRJozKq0&feature=relmfu

Francesca Bárcenashttp://www.youtube.com/watch?v=ZLqqlHOaFaQ&feature=relmfu

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LE MOT DE SÉBASTIEN HARRISSON, DIRECTEUR ARTISTIQUE DU THÉÂTRE BLUFF

La première lecture du texte S’embrasent du Fran-çais Luc Tartar fut pour moi un double choc. Choc d’abord émotif devant ce propos et sa puissante force d’évocation qui font de ces quelques pages en apparence anodines un véritable coup porté droit au cœur. Mais aussi choc esthétique car S’embrasent, par sa forme, étonne, déstabilise, bousculant nos habitudes de lecteur et de spectateur.

Tartar écrit simplement et directement, ne couchant sur papier que l’essentiel ; il sait, peut-être grâce à son statut d’auteur-comédien, que la forme scéniquesurgira de la vérité de sa parole et de la synergie du plateau, et non d’une pseudo-psychologie d’entre les lignes. En d’autres mots, Luc Tartar écrit comme on crache du feu, à la manière de ces amuseurs publics qui nous laissent sans voix parce qu’ils donnent à voir, en un acte aussi brutal qu’éblouissant, la méca-nique même de nos passions.

Ainsi, parce qu’il clame haut et fort la nécessité et la beauté du désir – désir de l’autre, bien sûr, mais aussi désir de vivre, de découvrir, de créer, de se démarquer et de s’accomplir –, ce texte m’a semblé tout désigné pour inaugurer mon premier mandat à la direction artistique du Théâtre Bluff.

SÉBASTIEN HARRISSON, DIRECTEUR ARTISTIQUE DU THÉÂTRE BLUFF

Né au Québec en 1975, Sébastien Harrisson fait des études universitaires en littérature avant de compléter, en 1998, une formation en écriture drama-tique à l’École nationale de théâtre du Canada. L’année suivante, sa pièce Floes remporte le Prix Gratien- Gélinas et est portée à la scène, en 2001, par le Théâtre d’Aujourd’hui, année où cette même compagnie l’accueille comme auteur en résidence. En 2004, la création française de Titanica

par le Théâtre National de Strasbourg (direction Stéphane Braunschweig) marque son entrée dans l’Hexagone. Fréquemment invité en France depuis, il y travaille, au fil des ans, avec de nombreuses structures, dont le Centre dramatique national d’Orléans (direction Olivier Py), le Théâtre Artistic - Athévains de Paris (direction Anne- Marie Lazarini), le Théâtre national de Toulouse (direction Jacques Nichet), etc. Directeur artistique du Théâtre Bluff depuis juillet 2008, il poursuit parallèlement son travail d’écriture, qui, traduit en flamand, en allemand, en anglais et en espagnol, ne cesse de voyager et le révèle comme l’une des voix les plus novatrices de la dramaturgie québécoise actuelle.

©Georges Dutil

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ENTRETIEN AVEC OLIVIER GAUDET SAVARD, CONCEPTEUR SONORE Propos recueillis par Valérie Charland, médiatrice culturelle pour le Théâtre Bluff

Je sais qu’Eric Jean a une approche particulière face à l’environnement sonore, qu’en est- il ?

Dans le travail d’Eric Jean, la musique est au centre de la création. Il travaille avec la musique, c’est sa matière première, il en a besoin au tout début du pro-cessus, au même titre que le texte et les comédiens. Une répétition sans son, c’est inconcevable pour lui. Il s’inspire des ambiances, même si c’est parfois déconnecté du spectacle, dans le processus cela l’amène quelque part. Normalement, le concepteur sonore arrive plus tard, après quelques semaines de répétitions, mais dans le cas d’Eric, ça me demande d’être présent du début à la fin.

Comment en es- tu venu à devenir concepteur so-nore ?

J’ai toujours aimé la musique. Plus jeune, j’avais un band. Quand je suis entré à l’École nationale de théâtre du Canada, j’avais un peu plus de notion au niveau du son que les autres, j’en ai donc fait beaucoup, j’aime travailler le son. Dans le cadre des cours, on touche à tout : l’électricité, la conception sonore et la conception d’éclairages, les techniques de construction de décors, le dessin technique, l’or-ganisation de tournées, etc. Dans l’exercice de mon métier, je fais de l’éclairage, de la direction technique et de la conception sonore. C’est d’ailleurs à l’École nationale que j’ai rencontré Eric Jean, car j’ai fait la conception de l’environnement sonore pendant un exercice qu’il dirigeait.

Est- ce la première fois que tu travailles sur une création pour ados ?

En fait oui et non. Avant mon entrée à l’École, j’ai fait pendant cinq ans une tournée dans les écoles secondaires du Québec. Ça s’appelait « Parler c’est grandir » et c’était organisé par le Carrefour de lutte au décrochage scolaire. On leur présentait un extrait de théâtre inspiré du thème, et on discutait avec eux par la suite. On s’est vraiment rendu partout au Qué-bec, je faisais des conférences dans les classes, on peut dire que j’ai rencontré des ados en masse ! En sortant de l’école, j’ai travaillé avec La Roulotte qui présente un spectacle s’adressant au jeune public dans les parcs extérieurs pendant l’été, mais c’était beaucoup plus classique. Avec S’embrasent, c’est la première fois que je fais ce type de création pour ados, où on se retrouve plongé dans leur univers.

Est- ce que le fait que ce soit pour ado a changé ton approche ?

Les choix sont directement en lien avec le spectacle. C’est sûr que le public ciblé a teinté mes choix et mes inspirations, mais je ne voulais pas tomber dans le cliché. Le travail reste le même, c’est toujours dif-férent d’un spectacle à l’autre, c’est ce qui est inté-ressant, on est toujours à la recherche de quelque chose d’unique, qui va faire parler les images encore plus.

[...] (suite de l’entretien page 13)

OLIVIER GAUDET SAVARD, CONCEPTEUR SONORE

Œuvrant dans le milieu des arts de la scène depuis bientôt 10 ans, à titre de musicien, comédien, improvisateur ou animateur, Olivier Gaudet Savard décide d’aller parfaire ses connaissances du domaine artistique en complé-tant une formation en production à l’École nationale de théâtre du Canada. Diplômé en 2009, ses nouvelles connaissances ainsi que les nombreuses rencontres et expériences faites à l’école lui ouvrent les portes de plusieurs projets pour l’année à venir. S’embrasent est sa deuxième collaboration avec le metteur en scène Eric Jean comme concepteur sonore.

© Théâtre Bluff

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Est- ce que la musique occupe une place particulière dans S’embrasent ? Comment définirais- tu ton univers ?

En partant du texte, on est vite allé dans des choix électros, très « noise ». C’est sûr qu’on ne garde pas tout ce que l’on utilise dans les ré-pétitions, ça évolue d’une journée à l’autre. On s’est vite rendu compte cependant que dans S’embrasent, on ne cherche pas à comprendre les choses, elles se vivent, se ressentent. On est donc vraiment dans les ressentis, dans le « comment on se sent » lorsqu’on reçoit la chan-son. Des fois ça nous fait mal aux oreilles, à un autre moment ça te fait partir dans ta tête, la seconde d’après ça te donne envie de danser. La musique et les sons servent à ça.

As- tu composé la plupart des sons et des chansons ?

Il n’y a aucune composition pure mais plutôt de grosses modifications sur les originaux. Il y a trop de choses dans le spectacle pour tout composer, toutes les scènes comportent de la musique ou sont composées à partir de celle- ci. On ne retrouve cependant jamais rien d’in-tégral, je suis un concepteur, pas un DJ. À un moment dans le spectacle, il y a une chanson très connue de Michel Fugain, on la reconnaît, mais on est loin de l’originale.

Combien de temps représente un tel travail ?

On parle de huit à douze semaines de répé-tition. En temps normal, avec un metteur en scène qui travaille de manière plus classique, j’aurais été sollicité au début, pour environ 30% de mon temps total, et l’autre 70% je l’aurais fait tout seul, chez moi. Pour S’embrasent, 100% de mon travail se fait pendant les répétitions. C’est de la recherche live, de la création instan-tanée. Pendant qu’ils refont la même scène huit fois, ça me donne le temps de chercher sur mon ordinateur et de leur proposer un nouveau truc en lien avec ce qu’ils viennent juste de faire, de trouver. C’est très stimulant, c’est du direct. Je crois qu’en tout, en incluant la première période d’exploration, on parle de 140 heures de répé-titions, pour moi comme pour les comédiens, le metteur en scène et son assistante. Je n’ai cependant presque rien à faire en dehors des répétition, c’est complètement l’inverse de ce qui arrive habituellement.

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REGARD DE MARTIN BLAIS, SOCIOLOGUE ET SEXOLOGUE

Martin Blais est professeur- chercheur au Départe-ment de sexologie de l’Université du Québec à Mon-tréal. Très engagé dans la prévention et la promo-tion de la santé sexuelle, il a notamment œuvré, ces dernières années, en collaboration avec des Centres jeunesse du Québec, à une meilleure compréhen-sion de la sexualité des jeunes en difficulté et à la mise sur pied de programmes de formation pour les éducateurs et d’interventions préventives destinées aux adolescents et aux adolescentes.

S’embrasent : le désir adolescent mis en scène

À une époque où les discours sociaux sur la sexua-lité des jeunes attirent surtout l’attention sur ses ex-cès, où les spécialistes de l’éducation à la sexualité font la promotion de la tempérance, de la sexualité responsable et de l’endiguement du désir, Luc Tartar propose un texte d’une grande actualité qui met en scène les aléas du sentiment amoureux et du désir sexuel en émergence chez l’adolescent. De l’éveil de la curiosité sexuelle à la violence des passions, en passant par la crainte des adolescents d’être trop inexpérimentés, les accidents de parcours et les maladresses et le désarroi de ceux qui tentent de les accompagner, S’embrasent offre une occa-sion de discuter des préoccupations actuelles sur la sexualité des jeunes. Sans porter de jugement moral, l’œuvre offre aux pédagogues des portes d’entrée multiples afin de discuter selon les sensibilités par-ticulières : différences de genre dans le vécu amou-reux et sexuel, conflits d’interprétation entre parents et enfants, rivalité entre adolescentes pour un même garçon, etc. Sans jamais faire dans la caricature qui en discréditerait le propos, la pièce ouvre la pers-pective de l’autre : celle de l’adolescent pour l’édu-cateur, celle de l’éducateur pour l’adolescent.

Les aléas du désir dans la construction de soi

Le public adolescent se reconnaîtra sans doute dans les craintes, décrites avec sensibilité et poé-sie par l’auteur, que suscitent l’inexpérience sexuelle, les premières expériences, la réputation que l’on se fait et que d’autres montent et démontent. Beau-coup des préoccupations mises en scène trouvent leur origine dans le regard d’autrui : celui des pairs, qu’il faut impressionner favorablement ; celui des parents, auquel on cherche à se soustraire ; celui de l’infirmière, dont on recherche la compassion ; celui du directeur d’école, qu’on cherche à mettre au défi. S’embrasent attire aussi l’attention sur le rôle que joue le regard de l’autre dans la construc-tion de sa désirabilité. À cet égard, l’émoi suscité

par la formation du couple Jonathan- Latifa dans une école secondaire permet de saisir l’importance des liaisons qui se font et se défont dans la construction de soi comme être sexué. Luc Tartar illustre com-ment elle prend souvent des voies différentes pour les garçons et pour les filles. En effet, certains gar-çons trouvent dans la multiplication des conquêtes une source de valorisation personnelle ; à preuve Jonathan, le modèle de ses pairs masculins, dont on gonfle sans doute le nombre des conquêtes pour le rendre d’autant plus enviable. Certaines filles la trouvent au contraire dans le regard d’un seul par-tenaire : celui qui fait l’envie de toutes les autres et dont le regard, une fois fixé sur elle, confirme leur désirabilité.

De la mise en acte et en mots du désir

Entre le ressenti du désir en émergence et son ex-pression, il peut se glisser certaines maladresses, dans le geste comme dans le verbe, dont témoignent les personnages. Dans les mots qu’ils emploient, le spectateur reconnaîtra un vocabulaire souvent dé-crié, jugé, interdit. Il est ici invité à repenser leur fonc-tion de désignation, souvent maladroite, du désir, mais aussi à percevoir ses fonctions, structurantes pour l’adolescent, de provocation d’autrui, de remise en question du bien- pensant et du pré- pensé, de mise à l’épreuve de soi et de négociation des limites qui leur sont imposées.

Du trouble de ceux qui les accompagnent

Dans son œuvre, Tartar sait également témoigner de la position paradoxale qu’occupent les adultes qui interviennent auprès des adolescents : position d’accompagnateurs, certes, mais aussi de ceux qui rappellent les limites qu’ils jugent devoir être respec-tées. S’embrasent offre l’occasion d’une discussion sur ces limites, leur légitimité, leurs fonctions pour les uns et leurs effets sur les autres. Si le texte peut être utilisé pour amener les adolescents à réfléchir sur les usages qu’ils font de la sexualité et les ma-nières dont ils l’expriment, il servira aussi de point de départ pour les éducateurs qui désirent revisiter leurs conceptions de l’adolescence et questionner leurs propres a priori sur la sexualité des jeunes. En somme, S’embrasent invite chacun à questionner ses manières de dire et d’agir auprès des adoles-cents ainsi qu’à repenser la fonction normative de l’expérimentation sexuelle, de l’engouement amou-reux et de la transgression des limites dans leur dé-veloppement.

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LA PRESSE EN PARLE

« Avec éloquence, la pièce de l’auteur et comédien français Luc Tartar, mise en scène par le metteur en scène québécois Eric Jean, évoque à travers un cho-rus de témoignages admirablement bien interprétés par une équipe de comédiens dynamiques, toute la magie, le frémissement, l’incandescence du premier baiser. »

Eva Sala, L’Echo de Limoges, 29 septembre 2010

« Le spectacle S’embrasent est sans doute promis à une longue vie, car il répond à un réel besoin des jeunes d’aujourd’hui d’entendre parler d’amour et de sexualité avec ouverture et sans gêne, avec la poésie qui désamorce le trouble qu’on peut ressentir. […] On ne s’ennuie pas une minute devant ce petit bijou de spectacle. »

Raymond Bertin, Jeu, Montréal, 2010

« Fantastique communion générationnelle. S’em-brasent est une œuvre faisant définitivement partie de ces cadeaux que parfois nous accorde la vie. Profond, beau, authentique, et porteur d’un de ces points tournants, un de ces morceaux de vie peu-plant, tel le Rosebud de Kane, le défilement des ul-times moments de réminiscence de tous les mortels humains. Un beau voyage de poésie et d’humanité, profondément lucide et intelligent, certainement à voir ! »

Yves Rousseau, Le Quatrième, 3 octobre 2009

« Deux êtres qui s’embrassent et c’est le monde qui vacille... L’estime de soi, la réputation, les premières expériences, l’abandon… les ados se confrontent à tout, et le monde adulte est tout aussi excitant qu’ef-frayant. Et ces deux amants que l’on ne verra jamais s’impriment pourtant dans notre esprit, tant la puis-sance des mots et l’embrasement des témoins nous sont, à nous aussi, fatals. Si « l’amour est un ver-tige qui nous fait avancer », il nous fait aussi rêver et applaudir. Chaudement accueillie lors de la première à la Maison des arts de Laval, S’embrasent est une pièce aux résonances tangibles, transportée par un discours à cinq voix, fougueuse, sensible, frénétique. »

David Lefebvre, MonThéâtre.qc.ca, 3 octobre 2009

« Eric Jean [...] nous livre ici une de ses mises en scène les plus inspirées » « Il a d’abord fait en sorte que l’on entende clairement le remarquable texte du dramaturge français Luc Tartar, d’une poésie et d’une justesse absolue. Il fait aussi bouger constam-ment ses jeunes interprètes, parfois dans de véri-tables chorégraphies collectives, son et lumière, mais toujours tellement vivement que jamais l’intérêt de la salle ne diminue. »

Michel Bélair, Le Devoir, 23 février 2010