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CHAPITRE 1 EVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ENERGIE §a. Situation de la question Avant d'entrer dans le detail des questions relatives a la forme de l'energie (primaire, utile, etc), a l'im- portance de la production, a la repartition de la consommation et des reserves, au transport et a bien d'autres problemes, il est opportun de donner un apercu des besoins totaux d'energie, pour l'humanite entiere, et des faits les plus importants qui determineront vraisemblablement revolution de ces besoins a l'avenir. Cette approche globale est necessaire pour que les problemes particuliers soient ensuite situes dans une perspective correcte. Beaucoup d'hommes aspirent a une vie moins tendue par la recherche du progres materiel et du profit; ils manifestent la ferme volonte que des efforts de stabilisation des conditions economi- ques soient entrepris, que la qualite de la vie devienne une preoccupation determinante, que, en un mot, l'humanite se definisse des buts et qu'elle prenne en mains plus nettement son avenir. Cette preoccupation et cette volonte apparaissent dans le souci de sauvegarde de l'environnement, d'economie des reserves, et de bien d'autres manieres. Ces aspirations correspondent a des besoins pro- fonds des individus et il est indispensable de leur faire une plus large place. Ces preoccupations sont sur- tout apparentes dans les pays industrialises, ou un standard de vie relativement eieve est deja atteint par une partie importante de la population. Neanmoins, il ne faut pas perdre de vue que d'autres imperatifs tout aussi fondamentaux contribuent a determiner revolution des besoins en energie; les ignorer conduirait a une vue utopique de l'avenir. Nous pensons en particulier a l'accroissement de la population terrestre et a la promotion des pays moins deve- loppes. L'objet du present chapitre est done de situer les conditions actuelles et d'essayer de definir les ele- ments fondamentaux qui determineront revolution future. II en resultera une estimation des besoins vraisemblables au cours des prochaines decennies. II va de soi que la realite de la fin du siecle differera, peu ou beaucoup, de l'image que l'on peut s'en former aujourd'hui. Mais cela ne dispense nullement de tenter de prevoir des maintenant ce que sera revolution qui y conduira. En effet, c'est a partir d'une hypothese devolution qu'on peut ensuite choisir une strategic propre a minimiser les inevitables inconvenients. En d'autres termes, seule une prevision, meme inexacte, permet de prendre en temps voulu les options opportunes. 3

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CHAPITRE 1

EVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ENERGIE

§a. Situation de la question

Avant d'entrer dans le detail des questions relatives a la forme de l'energie (primaire, utile, etc), a l'im-portance de la production, a la repartition de la consommation et des reserves, au transport et a bien d'autres problemes, il est opportun de donner un apercu des besoins totaux d'energie, pour l 'humanite entiere, et des faits les plus importants qui determineront vraisemblablement revolution de ces besoins a l'avenir. Cette approche globale est necessaire pour que les problemes particuliers soient ensuite situes dans une perspective correcte.

Beaucoup d'hommes aspirent a une vie moins tendue par la recherche du progres materiel et du profit; ils manifestent la ferme volonte que des efforts de stabilisation des conditions economi-ques soient entrepris, que la qualite de la vie devienne une preoccupation determinante, que, en un mot, l'humanite se definisse des buts et qu'elle prenne en mains plus nettement son avenir.

Cette preoccupation et cette volonte apparaissent dans le souci de sauvegarde de l'environnement, d'economie des reserves, et de bien d'autres manieres. Ces aspirations correspondent a des besoins pro-fonds des individus et il est indispensable de leur faire une plus large place. Ces preoccupations sont sur-tout apparentes dans les pays industrialises, ou un standard de vie relativement eieve est deja atteint par une partie importante de la population.

Neanmoins, il ne faut pas perdre de vue que d'autres imperatifs tout aussi fondamentaux contribuent a determiner revolution des besoins en energie; les ignorer conduirait a une vue utopique de l'avenir. Nous pensons en particulier a l'accroissement de la population terrestre et a la promotion des pays moins deve-loppes.

L'objet du present chapitre est done de situer les conditions actuelles et d'essayer de definir les ele-ments fondamentaux qui determineront revolution future. II en resultera une estimation des besoins vraisemblables au cours des prochaines decennies.

II va de soi que la realite de la fin du siecle differera, peu ou beaucoup, de l'image que l'on peut s'en former aujourd'hui. Mais cela ne dispense nullement de tenter de prevoir des maintenant ce que sera revolution qui y conduira. En effet, c'est a partir d'une hypothese devolut ion qu'on peut ensuite choisir une strategic propre a minimiser les inevitables inconvenients. En d'autres termes, seule une prevision, meme inexacte, permet de prendre en temps voulu les options opportunes.

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4 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

S'il est un fait qui caracterise notre epoque, des points de vue technique et economique, c'est bien l 'extraordinaire accroissement de la demande d'energie, consequence de revolution recen-te des techniques de production, de transformation et de consommation de cette energiel/-

Pendant de nombreux siecles, revolution des sciences et des techniques a ete relativement lente, en particulier dans le domaine de la construction : de remarquables ouvrages datent de 2 a 6 millenaires (murailles, voutes, ponts, etc); de meme certains travaux hydrauliques importants sont fort anciens (3 a 4 millenaires). On fait du bon ciment depuis 2000 ans, et le verre n'est pas moins ancien, ni le travail du fer; l'acier, lui-meme, a plusieurs siecles d'existence.

Mais, il y a deux siecles environ, apparaissent trois phenomenes nouveaux qui tendent a boule-verser nos conditions de vie actuelle.

Le premier est l'apparition du machinisme : la civilisation industrielle prenait son essor, fruit de la libe-ralisation des idees due a la Renaissance et de revolution de la pensee scientifique qui en est resulte. Le deuxieme est Yexplosion demographique, consecutive a Ameliorat ion de l'hygiene et aux progres des sciences medicales, autres fruits du developpement de la pensee scientifique. Le troisieme est Vexpansion geographique, qui a elargi progressivement l 'etendue concernee par les deux precedents phenomenes a des regions a tres forte population (Inde, Indonesie, Chine, etc).

Un processus extremement puissant s'est ainsi trouve engage, visant a assurer un confort mate-riel accru a des cercles de plus en plus etendus d'une population par ailleurs croissante. Ce pro-cessus met en jeu tous les mecanismes de la vie economique, tant industriels, techniques et scientifiques que financiers et commerciaux. Parmi les principales conditions necessaires a ce processus se trouve la disponibilite d'energie, en quantites croissantes.

Ainsi, il y a deux siecles seulement, apparait la machine thermique. Le cout du travail mecanique bais-se rapid em ent. Les moyens a disposition sont multiplies. Alors commence un phenomenal developpe-ment industriel.

Un siecle plus tard, apparaissent les machines electriques, puis il y a une trentaine d'annees les reac-teurs nucleaires, et les transistors, ouvrant la voie a l'informatique.

Ainsi, pour ce qui a trait a l'energie, l 'humanite est entree, il y a environ un siecle, dans une ere d'evo-lution de plus en plus rapide.

On a estime qu'en 1880 la consommation c o m m e r c i a l / d'energie primaire etait en moyenne encore inferieure a 6 G J / a n par habitant 3 / . Elle etait essentiellement constitute de production de chaleur. A ti-tre de comparaison, le travail musculaire qu 'un homme peut fournir en une annee est en moyenne d'envi-ron 0,5 GJ.

1/ utilisant le langage courant, nous parlerons de production et de consommation d'energie, alors que, dans tous les cas, il ne s'agit rigoureusement que de transformation d'energie (eventuellement de transformation de matiere en energie et vice-versa).

2/ non compris combustibles vegetaux et travail animal. 3/ de nombreuses unites sont utilisees a mesurer l'energie. On trouvera plus loin, au chapitre 2 et en annexe, toutes pre-

cisions utiles sur les diverses unites utilisees. Rappelons immediatement que : 1 Joule = 1 J = 1 newton.metre = 1 watt.seconde (environ travail d'une force de 1 kg se depla9ant de 10 cm) 1 GJ = 1 gigajoule = 109 joules (V milliard de joules, egal a 278 kWh) 1 EJ = 1 exajoule = 1018 joules (1 milliard de milliards de joules)

Page 3: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l § a,b 5

Aujourd'hui, pour l'ensemble de la population de la planete, la consommation moyenne d'energie est de l 'ordre de 60 G J / a n par habitant 1 / . Elle a done ete multipliee par 10 en un siecle.

Toutefois, cette enorme augmentation ne correspond qu'a un accroissement annuel moyen de 3 %. On mesure ainsi le role de la duree (ici un siecle) lorsqu'il s'agit de progression a taux annuel constant (progression exponentielle).

II s'y ajoute l'effet de Faugmentation de la population mondiale, qui s'est poursuivie a un taux qui a cru durant cette periode de Vi % par an a 2 %.

L'augmentation annuelle de la consommation totale d'energie (et non par habitant) se situait done, avant l'actuelle recession economique, a environ 5 % (3 % d'energie par habitant + 2 %de population).

En supposant, par hypothese, le maintien a l'avenir de ce taux de croissance d'environ 5 %par an (on verra plus loin ce qu 'on peut en penser), la consommation serait multipliee par 3 d'ici la fin du siecle.

H s'agirait done de produire dans 20 a 25 ans, un supplement annuel d'energie egal a 2 fois la production annuelle totale actuelle. On imagine difficilement l 'enorme volume de realisations que comporte un tel accroissement, tant en moyens de production, qu'en moyens de consom-mation (y compris infrastructure et moyens de transport).

Les investissements correspondants pourraient se situer dans l'ordre de grandeur de 100 000 a 200 000 milliards de f rancs 2 / (voir § k l ci-apres).

Devant une telle perspective, on doit se demander si cet effort est possible et s'il est desirable. II est d'autant plus necessaire de se poser ces questions que la fin du siecle n'est nullement une ech£ance : si ces chiffres ne sont pas ceux de l'an 2000, ils pourront etre ceux de 1995 ou 2010. Ce developpement se poursuivra meme au-dela. Jusqu'ou peut-on l'imaginer ?

Cette perspective est egalement pr6occupante du fait que les decisions doivent etre prises longtemps a l'avance : il faut de 5 a 15 ans pour concevoir, financer et realiser de grands amenagements de production d'energie.

Devant de telles perspectives, caracterisees par une evolution qui n 'apparait pas entierement controlee, des atteintes a l 'environnement certaines mais dont l 'ampleur n'est pas exactement mesuree, une exploitation intensive de reserves dont l 'etendue est mal connue, certains preco-nisent des mesures drastiques de stabilisation de la situation, utilisant notamment la formula-tion abregee "croissance z£ro ".

Au debut d'un ouvrage consacre a l'economie de l'energie, il convient d'apporter des elements d'appr£-ciation relativement a cette question, qui est incontestablement d'importance capitale, angoissante meme pour certains.

§b . Rappel de quelques faits essentiels

II faut etablir tout d'abord certains faits, que Ton devra avoir ensuite presents a l'esprit, et que nous T6-sumons ci-apres.

1/ non compris l'energie correspondant a l'alimentation : 2000 a 2500 kcal/jour, soit 3 a 4 GJ/an, dont l'essentiel sert a maintenir Torganisme en temperature, condition au maintien de la vie.

2 / les montants indiques en francs (ou en centimes) dans ce texte le sont toujours en francs suisses.

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6 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

II est necessaire cependant de preciser des a present que toutes les indications de consommation d'e-nergie figurant dans ce premier chapitre le sont en energie primaire, c'est-a-dire en comptant les diverses energies pour leur valeur initiale, sous forme primaire, avant transformation, et non sous forme utile, qui est pourtant la seule interessante en definitive. Cette maniere de faire appelle de nombreuses et importan-tes reserves, qui seront discuttes dans les chapitres suivants. Neanmoins nous nous en tenons pour l'ins-tant a ce mode de faire, pour ne pas compliquer prernaturement l'expose\

1. Si la consommation d'energie commerciale primaire est dans le monde en moyenne d'environ 60 GJ par an et par habitant (en 1975), elle est tres inegalement repartie. Elle s'echelonne d'un maxi-mum de l'ordre de 350 GJ/hab.an. aux USA, a 100 a 200 GJ/hab.an. dans les pays industrialises (Marche Commun, URSS, Suisse), a 20 a 60 GJ/hab.an. dans les pays moins riches d'Europe (Grece, Espagne, Turquie) ou d'Amerique du Sud (Perou, Colombie, Bresil) et ne depasse pas 0,3 a 1 GJ/hab.an. dansun pays pauvre d'Asie ou d'Afrique. Ces grandes inegalites sont apparentes dans la representation classique de la figure 1.1, en comparant les parties A et B.

A. POPULATION

Schelle : EJ ( 1 0 1 8 j )

CONSOMMATION D'ENERGIE PRIMAIRE

Fig. 1.1 Repartition mondiale en 1975 de la population (A) et de la consommation d'energie primaire (B)

2. La consommation d'energie est un indice precis de la richesse materielle d'une collectivity; en effet, elle est en correlation etroite avec le standard de vie, celui-ci pouvant etre 6value par le revenu na-tional brut par habitant (ou toute autre grandeur similaire).

Cette correlation ressort nettement de la representation de la figure 1.2. L'importance de cette correla-tion est encore accrue par le fait que chaque pays progresse, au cours de son developpement, le long de

B.

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Chap.l § b 7

l'axe general qui apparait sur cette figure 1.2, ainsi que nous le montrerons au paragraphe j3 ci-apres.

3. La consommation mondiale d'energie croit. Bien qu'il ne s'agisse ici que d'evaluations, on peut tenir pour probable que le taux d'accroissement de cette consommation s'est situe avant la recession a l'ordre de 5 % par an. Cela correspond a un doublement en 14 ans (fig. 1.3)1/.

R Revenu national brut par habitant et par an

5000 10'000

US 11975/hab.an

Fig. 1.2 Correlation "Revenu national brut R - Energie primaire consommee H " par habitant

(Valeurs tirees des statistiques de l'ONU pour 1975)

4. Cet accroissement est pour une part importante le fait de 1' augmentation de la population. Celle-ci croft actuellement d'environ 1,9 % par an pour l'ensemble de l 'humanite (fig. 1.3). Mais il est

1/ la "crise du petrole "qui a debute en automne 1973 a provoque un arret momentane de cette augmentation de la con-sommation d'energie. Cependant les raisons profondes de l'augmentation de la consommation sont si fondamentales qu'il est vraisemblable que cette crise n'aura que peu d'effets durables sur la consommation totale. On peut en prendre pour preuve que la succession de la grave crise economique de 1929 a 1937, puis la guerre mondiale de 1939 a 1945 n'ont perturbe que temporairement la croissance de la consommation (fig. 1.3).

La consommation totale indique'e pour 1975, soit 240 EJ, a e'te' de'libe're'ment arrondie : les statistiques donnent 235 EJ en 1975 et 244 EJ en 1976, mais sous-estiment vraisemblablement les consommations des pays peu develop-pe*s (voir Annexe IB).

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8 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

important de noter que cet accroissement varie beaucoup d'une region a l'autre : moins de 1 % en Euro-pe, aux USA et en URSS, 2 a 3 % ou meme davantage dans certains grands pays en voie de developpe-ment (par exemple Inde, Pakistan, Nigeria, Mexique).

II est bien connu que l'amelioration du standard de vie se traduit a terme par une baisse de la natalite, pour des raisons diverses, d'ordre psychologique mais aussi semble-t-il d'ordre physiologique. II est ce-pendant peu vraisemblable que les taux d'accroissement de la population se modifient tres rapidement a l'avenir : ils sont le reflet de tout un mode de vie, comportant de notables implications ethiques et reli-gieuses. Le taux moyen pourrait meme encore augmenter un peu dans certaines regions par suite de la diminution de la mortalite infantile et de l'augmentation de la dur te de la vie.

5. II faut relever que le taux d'accroissement de la consommation d'energie par habitant n'a que peu augmente, passant en gros de l'ordre de 2 % de 1850 a 3 % de 1950 a 1975. C'est done Vexplosion demographique qui a ete la cause principale de l'accroissement de la consommation d'eriergie :

Taux d'accroissement annuels :

1850- 1930 1 9 5 0 - 1 9 7 5

Population

C/2 a 1 % ) ( 1 ^ * 2 % )

+ +

Energie par habitant

{7Vi a 2 % ) (2V2 a 3 % )

Energie totale

3 % 4 a 5 %

Fig. 1.3 Population mondiale et consommation annuelle totale d'energie primaire 1850 - 1975

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Chap.l § b,c 9

6. La question de Yepuisement des sources primaires d'energie est posee. S'il est possible que des limites doivent etre envisages dans quelques decennies pour le petrole et peut-etre le gaz naturel ou l'uranium (tel qu'utilise* dans les reacteurs thermiques actuels), les reserves sont tres notablement plus importantes quant au charbon (pour lequel de nouveaux modes d'utilisation peuvent etre envisages) ou l'uranium si Ton recourt a des reacteurs surgtnerateurs. D'autres ressources sont soit encore peu exploi-ters a l'tchelle mondiale (hydraulique) soit quasi-inepuisables (energie solaire ou de fusion). Cette ques-tion d'epuisement des sources d'energie ne nous parait done pas devoir jouer un role determinant quant a revolution de la consommation au cours des prochaines decennies. II est bien entendu que cette prise de position implique que Ton va au-devant de substitutions importantes entre sources primaires d'ener-gie et que des developpements technologiques notables interviendront dans l'avenir (comme par le pas-se); en outre nous n'envisageons ici que les 20 a 30 prochaines annees. On trouvera au chapitre 2 des precisions relativement aux reserves et ressources.

7. La production et la consommation d'energie portent atteinte a Yenvironnement, et cela de plusieurs manieres. La question essentielle a cet egard est celle de savoir si les activites humaines peuvent modifier les conditions d'equilibre entre l'energie recue par la Planete et celle emise par elle. Des varia-tions limittes de la translucidite de l'atmosphere (poussieres), de son pouvoir d'absorbtion des rayon-nements infrarouges (teneur en C O 2 et vapeur d'eau), de son pouvoir rtflechissant (nebulosite, conse-cutive eventuellement aux causes prtcedentes) peuvent avoir les plus graves consequences sur le climat; il pourrait s'agir de phenomenes non reversibles. Ces possibilites d'atteintes a l 'environnement doivent done faire l'objet des etudes les plus attentives.

Les faits ainsi resumes mtriteraient chacun un examen plus precis, nuance* et approfondi. II nous pa-rait ntanmoins possible de poursuivre la reflexion sur cette base, fut-elle un peu sommaire.

§c . Stabilisation de la croissance

A la fin du §a ci-dessus, nous rappelions que, face a la situation que Ton peut entrevoir pour la fin du siecle si l'expansion des pr tc tdentes decennies devait se poursuivre, on doit se demander si l'effort cor-respondant est possible et s'il est souhaitable.

Si l 'augmentation du revenu national, ou du produit national, et celle de la consommation d'energie paraissent pouvoir constituer une mesure acceptable du progres materiel, il faut ici marquer nettement que cela ne donne aucune garantie de meilleures conditions de vie au niveau du bonheur des individus. Certains accroissements matenels peuvent meme entrainer une degradation de ce bonheur, par exemple par leurs effets sur l 'environnement ou sur les conditions de travail.

On a souvent dit que l'economie tendait a satisfaire le mieux possible les besoins des individus. Mais il faut se convaincre que ces besoins sont le plus souvent illusoires; il ne s'agit que de desirs, qui sont en ge-neral cr£es par Involution economique et sociale. Chacun aspire a beneficier d'avantages materiels parce qu'ils existent, que d'autres en beneTicient et qu'il s'y attache fortement des valeurs quant au statut social et a Appreciat ion de soi-meme. On ne saurait des lors parler de besoins au sens de necessites primordia-les.

II en requite qu 'une stabilisation de ces pseudo-besoins n'est possible que dans le mesure ou chacun modifie sa conception de la vie, et parvient a etre satisfait de ce qu'il a sans le comparer a ce que d'autres ont ou pourraient avoir. Cela suppose de toute evidence un profond changement d'atti tude philosophi-que; c'est l 'abandon d'une agressivite" des individus et des groupes qui a 6t€ indispensable a la survie de Pespece pendant des millenaires, et m6me sans doute des centaines de millenaires.

II nous semble ne pas y avoir de doute que Ton assiste a une prise de conscience de plus en plus large de la necessity d 'un tel changement d 'at t i tude, mais nous ne croyons pas que Ton en puisse esperer des effets rapidement apparents a une £chelle macroscopique. Savoir que Ton devrait renoncer a accroftre ses

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10 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

moyens materiels personnels, a developper son entreprise, ou la collectivite dont on fait partie, est une chose; le faire, sans etre certain que les autres le feront, en est une autre !

Nous n'imaginons en aucun cas un avenir qui soit la simple projection exponentielle du present (c'est-a-dire a taux d'accroissement annuel constant); nous croyons done que le taux d'expansion va decroitre, mais nous admettrons qu'il ne peut s'agir que d'une evolution relativement lente.

II y a a cela plusieurs raisons :

a) du point de vue energetique, les ressources n 'ont pas le caractere limite" qu 'on leur prete trop volontiers et qui provient du seul cas des hydrocarbures et du tres grand role joue actuellement par ces derives. Nous montrerons plus loin (notamment au chap. 2) ce qu'il en est a cet egard.

b) la majeure partie de la population terrestre ne dispose encore que de moyens materiels limites, de 10 a 100 fois infErieurs par individu a ceux des pays industrialists; a cote d'une necessity de stabilisa-tion, concevable en pays industrialists, on oublie trop souvent qu'il y a une nEcessitE de promotion des pays moins dEveloppEs.

c) la population mondiale va continuer a croftre, au moins pendant plusieurs decennies, plus pro-bablement durant un ou deux siecles et les "besoins" globaux croitront en proportion.

d) le ralentissement de l'expansion entraine de tres profondes modifications structurelles des Eco-nomies concernEes et si Ton ne veut pas deboucher sur des situations aigues (chomage Etendu, etc), on doit vouloir une Evolution tres progressive. Seule une partie de la production industrielle sert au rempla-cement de biens usages, le reste accroit le pare des installations existantes; on ne peut supprimer cette se-conde part sans trouver un nouvel equilibre de la production. Une autre part sert a 1'Equipement de pays moins dEveloppEs; a mesure que cet equipement se dEveloppe, ces pays auront moins besoin de la pro-duction des pays industrialises.

Etant entendu qu 'un souci fortement accru doit etre porte a la sauvegarde de l'environnement, nous pensons que l'augmentation de la production industrielle, et done de la consommation d'energie, ne se heurtera pas aux obstacles que beaucoup prEsument. Le vrai probleme se pose a nos yeux au niveau de l'urbanisme et des conditions de travail : il provient de l'accroissement de la population et c'est dans la stabilisation dEmographique que se situe la clE du problEme. Cette stabilisation Etant atteinte, et cela pour un effectif supportable, l 'autre aspect de la stabilisation de la croissance Economique et industrielle perdra de son acuitE. Quoi qu'il en soit, du point de vue EnergEtique c'est probablement par le biais de la hausse du cout de l'energie que se produira un ralentissement de l 'augmentation de la consommation, qui entrainera un ralentissement de la production industrielle. De ce point de vue, la hausse du cout du pE-trole doit etre regarded comme bienvenue dans son principe, meme si elle a EtE malheureusement t rop brutale. La gravite de ses repercussions tient au fait qu'elle s'est produite en pEriode de forte surexpan-sion economique et en plein dEsordre monEtaire.

II faut done, pensons-nous, considerer ce qui precede comme montrant l'lmpossibilite* de stabi-liser rapidement la croissance industrielle dans le cadre dEfini impErativement par l'accroisse-ment de la population et la promotion des pays moins dEveloppEs.

§d. Consommation actuelle d'Energie primaire

Toute tentative de recherche de ce que sera la consommation d'Energie a l'avenir a nEcessairement pour base la connaissance de la situation actuelle; cette derniEre est non seulement caractErisEe par les chiffres de population et de consommation a ce jour mais aussi par les tendances de l'Evolution, telles qu'elles res-sortent du proche passE.

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Chap.l § c,d 11

Nous avons deja releve que les situations des diverses collectivites humaines ne sont pas identiques ( § b , points 1 et 4, fig. 1.2). On ne pourra done pas faire des provisions acceptables en ne considerant que la population totale. Neanmoins, pour eviter de se perdre dans le detail, la population terrestre doit etre di-viste en un nombre de groupes difftrents aussi restreint que possible, chaque groupe devant etre defini de maniere a presenter un maximum de coherence.

Pour definir ces groupes, nous ajouterons a la correlation liant la consommation d'energie par habitant au revenu national brut par habitant (fig. 1.5, correspondant a la fig. 1.2), la relation liant le premier de ces parametres au taux d'accroissement de la population. Cette relation apparait sur la figure 1.4.

Sur cette figure 1.4, on discerne immtdiatement un important groupe de pays a forte consommation et faible taux d'accroissement de la population (en haut et a gauche de la figure). C'est le groupe des pays industrialises, que nous appellerons groupe A, et delimiterons par la condition que la consommation d'tnergie par habitant H etait en 1975 superieure a 40 GJ.

On remarque que pour la majeure partie des pays constituant ce groupe A, le taux annuel d'accroisse-ment de la population t p est inftrieur a 1 % ; seuls quelques pays ont un taux t p superieur a 1,5 % .

On voit sur la figure 1.5 que ces memes pays sont ceux pour lesquels le revenu national brut a ete su-perieur a 800 US$ en 1975.

Ce groupe A des pays industrialises (H > 40 GJ/an . R > 800 US$ 1975) r tuni t 1,15 milliards d"habitants ( P ^ ) , ayant un taux moyen d'accroissement annuel de la population de t p ^ = 0,93 % (taux moyen sur la periode 1970 - 1 9 7 5 ) . La consommation d'energie par habitant y a ete en moyenne de H\ = 172 GJ par an.

Le reste de la population terrestre pourrait etre r tuni en un second ensemble de 2,85 milliards d'habi-tants, croissant au taux moyen de 2,29 % par an, et dont la consommation moyenne d'energie est de 15 GJ/hab.an.

L' tcart entre ces valeurs (2,29 %/an et 15 GJ/hab.an) et celles determinees plus haut pour le groupe A (0,93 %/an et 172 GJ/hab.an) souligne la disparite entre ces deux ensembles.

Toutefois l'examen des figures 1.4 et 1.5 fait ressortir la grande diversite des pays constituant le se-cond ensemble. On notera au surplus que ce second ensemble comporte notamment deux tres grandes collectivites, l ' lnde et la Chine, qui, si elles sont chacune politiquement unies, sont en rtalite constitutes de sous-groupes differents au plan tconomique, surtout en ce qui concerne le revenu R et la consomma-tion d'tnergie H par habitant.

Nous sommes ainsi conduit a subdiviser le second ensemble en deux groupes, B et C. Les limites entre ces deux groupes peuvent etre choisies en ce qui concerne le revenu R au niveau de 250 US$/an (1975) et pour la consommation d'tnergie par habitant H a 8 GJ par an (fig. 1.4 et 1.5).

Les deux groupes B et C ainsi constitute sont d'importances voisines (1,50 et 1,35 milliards d'habi-tants) et leurs taux d'accroissement sont voisins : 2,17 % et 2,43 % par an; ils sont done semblables du point de vue dtmographique.

H A > 40GJ/hab .an (1.1A)

R A > 800 US$ 1975/hab.an ( L I B )

Par contre, la consommation d'energie par habitant, qui est de 15 GJ/an pour l'ensemble B + C, se st-pare en 22 GJ/an pour le groupe B et 7 GJ/an pour le groupe C. Les deux groupes sont done effective-ment difftrents pour ce qui a trait a l 'economie de l 'tnergie.

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Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

Pays industrialises 9 Pays en voie d'industrialisation @ Pays moins developpes q (legende des noms : tableau 1.6)| Surface selon population

1 T T

O

O

8

[GROUPE C]

t p Taux d'accroissement annuel de la population

Fig. 1.4 Correlation "Taux d'accroissement de la population tp • Energie primaire consommee H " par habitant

(Valeurs tirees des statistiques de l'ONU pour 1975)

AF Afghanistan CP Chine populaire I Hade GB Royaume - Uni

AS Afrique du Sud CO Colombie 3 Japon SD Soudan

AG Algerie CS Coree du Sud K Kenya SL Sri - Lanka

AO Allemagne Ouest C Cuba M Madagascar S Suede

AE AUemagne Est DK Danemark ML Malaisie SU Suisse

AN Angola EG Egypte MI Mali SY Syrie

AB Arabie Saoudite EC £quateur MA Ma roc TZ Tanzanie AR Argentine E Espagne MX Mexique TC Tch£coslovaquie AU Australie ET ^thiopie MO Mozambique TH Thailande A Autriche USA Etats-Unis NP Nepal TN Tunisie

B Belgique F France NG Nigeria T Turquie

BD Bengladesh GH Ghana OU Ouganda UR URSS

BI Birmanie GR Grece PK Pakistan V Venezuela

BO Bolivie GT Guatemala PB Pays - Bas VS Viet-Nam Sud

BR Bresil HV Haute-Volta PE Perou YU Yougoslavie

BG Bulgarie H Hongrie PH Philippines YE Yemen Nord

CB Cambodge IN Inde PL Pologne ZA Zaire

CM Cameroun I Indonesie P Portugal

CA Canada IR Iran RH Rhodesie

CH Chili IK Iraq R Roumanie Iraq

Tableau 1.6 Legende des noms des pays (fig. 1.4 et 1.5 et 1.21)

12

H

£n

erg

ie

pri

mair

e c

on

so

mm

ee

par

h

abit

ant

et

par

an

=r|

IO

cn

oo

O

O

oo

O

o D

o

8 8

3

Page 11: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l § d 13

500

1

CH

Droite co< R-30H

EG

— r *4

Les /

l ^ o [GROUPE C)

8

/

& • [GROUPE A)

[GROUPE B)

Pays industrialises # Pays en voie d'industrialisation ® Pays moins developpes O (Legende des noms : tableau 1.6) Surface selon population

50 ^ f S J - 9 200 500 1 000 H V 0 . 6 O O M I 0 . 7 OCB0.5

ONP0.3 R Revenu national brut par habitant et par an

5000 10 000

US i 1975/hab. an

Fig. 1.5 Correlation "Revenu national brut R - Energie primaire consommee H " par habitant

(Valeurs tirees des statistiques de l'ONU pour 1975)

Mais une difference encore beaucoup plus significative apparait entre ces deux groupes lorsqu'on exa-mine le taux d'accroissement annuel de la consommation d'energie par habitant. II s'agit evidemment la d'une grandeur dSterminante pour revolution a venir, tout au moins a court terme. Ce taux, de 2,99 % pour le groupe A, est plus Sieve pour le reste de la population (groupes B et C ensemble) et atteint 4,31 % ; on observe done apparemment une tendance a la reduction de l'ecart par rapport au groupe A. Or, cette tendance se prSsente tres diffSremment pour les groupes B et C pris s£parement : ce taux s'eleve a 4,88 % pour le groupe B, tandis qu'il n'est que de 2,68 % pour le groupe C. Ainsi le groupe B r^unit-il les pays qui, dans un effort d'industrialisation deja fortement engage, reduisent nettement leur ecart par rapport au groupe A, tandis que la situation est inverse pour le groupe C.

Cette difference justifie a elle seule la subdivision du second ensemble en groupe B et groupe C.

Nous formons ainsi

le groupe B des pays en voie d'industrialisation (40 > H > 8 GJ/an ou 800 > R > 250 $), reunissant 1,50 milliards d'habitants (Pg) ayant en 1975 un taux moyen d'accroissement annuel de la population tpg de 2,17 % . La consommation d'energie par habitant y a ete en moyenne de Hg = 22 GJ par an, en augmentation de 4,88 % par an,

le groupe C des pays moins developpes (H < 8 GJ/an . R < 250 $), reunissant 1,35 milliards d'habitants (P^) ayant en 1975 un taux d'accroissement annuel de la population tpc de 2,43 % La consommation d'energie par habitant y a ete en moyenne de He = 7 GJ par an, en augmen-tation de 2,68 % par an.

H

En

erg

ie

pri

mair

e c

on

so

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ee

p

ar

ha

bit

an

t e

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an

—*

PO

ui

Oo

o

o

°

GJ haban

Page 12: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

14 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

Les caracteres des trois groupes ainsi definis sont rtcapitules au tableau 1.7. lis constituent les condi-tions initiales de tout scenario previsionnell/ .

Ce tableau 1.7 fait apparaitre qu'en 1975 27 % de la population mondiale (groupe A) a consomme 82 % de l'energie, tandis que 35 % de la population (groupe C) n'a consomme que 4 % de l'energie totale.

La situation tend a se rapprocher entre les groupes A et B, puisque le premier a dispose" de 73 % de l'accroissement, soit moins que sa part de 82 % du total de la consommation, tandis que le second a dispose de 22 % de l'accroissement, soit plus que sa part de 14 % du total. Cependant la situation du groupe C se degrade puisqu'il n'a dispose" que de 3 % de l'accroissement, c'est-a-dire moins que sa part de 4 % au total (les taux d'accroissement de la consommation d'energie sont les taux moyens sur la periode 1965 - 1975)2/ .

Cette derniere observation souligne la ntcessite de separer les pays moins developpes du groupe C de maniere a pouvoir en mieux suivre revolution a venir.

GROUPE : A B C ( B . C ) S = > \

A * B * C Pays

. Revenu national brut par habitant (1975)

US$1975 hab.an

industria-l i s t

>800

en voie d'industria-

-lisation

250 a 800

moins dfveiopp6s

< 250 (<800)

Totaux ou

[moyen nes]

Consommation 2. d'energie primaire

V par habitant (1975)

GD hab.an >40 8 a AO <8 (<40) J

3. POPULATION : G . hab. 1,15 1,50 1,35 (2,85) 4,00

4. Repartition 29 37 34 ( 71 ) 100

c Taux d'accroissement °' annuel (1970-1975) •/. /an 0,93 2,17 2,43 (2,29) [1,90]

. 6. Accroissement annuel M. hab. 11 32 33 ( 6 5 ) V A CONSOMMATION

7. ANNUELLE D'ENERGIE PRIMAIRE

ED/an 198 33 9 (42) 240

8. Repartition •/. 62 14 4 (18) 100

Q Taux d'accroissement 9- annuel (1965-1975) • / . /an 3,95 7,16 5.16 (6,73) [4,43]

10. Accroissement annuel ED 7,8 2,4 0,5 (2,9) 10,7

^ Repartition de ^ " l'accroissement

•/. 73 22 5 (27) 00 J

CONSOMMATION 12. D'ENERGIE PRIMAIRE

PAR HABITANT

GD hab.an 172

(172.17) 22 7

(6.67) (15 ) [ 6 0 ]

13. Taux d' accroissement • / . /an 2,99 4,88 2.67 (431) [2,49]

14 Accroissement annuel

v GD 5,1 1,1 0,2 (0,6) [ 1 , 5 ]

Tableau 1.7

Population et Energie primaire consommee

Situation actuelle (1975) et taux d'accroissement

(GJ : gigajoule EJ : exajoule)

1/ les chiffres etant arrondis, nous precisons que nous considSrerons comme exacts ceux des populations (ligne 3) et de la consommation totale (ligne 7); la consommation par habitant (ligne 12) est done arrondie et Ton trouve entre paren-theses les valeurs numeriques exactes.

2/ cette periode 1965-1975 comprend le debut de la recession, ce qui conduit a des taux plus corrects dans une perspec-tive a moyen terme (voir §/ ci-aprds); pour la consommation mondiale le taux pour 1965-1975 est de 4,4 %/an et il est le meme que pour la periode 1955-1965.

Page 13: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l § d,e 15

§e. Augmentation probable de la population

Plus on s'eloigne dans le temps des conditions initiates connues, plus incertaines sont les previsions. Si tentant qu'il soit de s'essayer a des pronostics couvrant les 50 ou 100 prochaines annees, et si utile que cela puisse etre pour aider a prendre conscience des situations qui pourraient se presenter, nous avons dans le present chapitre d£lib£r6ment borne notre horizon aux 30 prochaines annees, ne depassant done pas le debut du 2 1 e m e siecle. C'est en fonction d'un tel horizon que des decisions concretes doivent etre prises aujourd'hui dans un domaine ou les constantes de temps sont aussi longues.

Nous avons releve precSdemment ( § b , point 5) le role important que l'augmentation de la population joue dans l'accroissement de la consommation d'energie. Afin d'ameliorer la qualite de la prevision, et en rendre le mecanisme plus clair, nous examinerons tout d'abord separement revolution probable de l'effectif de la population. Cet effectif etant connu, on pourra le multiplier par la consommation par habitant pour obtenir la consommation totale.

Les Nations Unies ont proc^de" a des etudes approfondies de revolution demographique des diverses populations; on dispose ainsi d'une base tres seneuse a cet egard et nous en ferons usage. Les auteurs de ces etudes font bien entendu les memes reserves quant a la precision de telles provisions a long terme (50 a 100 ans), mais elles n'en restent pas moins fondees sur une analyse d^taillee, pays par pays, compte te-nu de Involution des taux de natality, de incondite* ou de mortalite. Neanmoins ces previsions compor-tent deux hypotheses auxquelles on peut ou non se rallier.

La premiere hypothese est que 1' esperance de vie a la naissance ne peut pas depasser 74,8 ans (moy-enne des deux sexes) dans les meilleures conditions medicales et d'hygiene, maximum qui sera atteint a terme par toutes les collectivites humaines. Nous pensons que Ton peut se rallier a ce p o s t u l a t e , mais pas sans autre quant au terme adopte, qui est relativement proche (2015 en Europe, 2025 en URSS, 2030 en Amerique du Nord, 2040 en Asie de l'Est, 2070 en Asie du Sud et 2075 en Afrique). Ces valeurs du terme signifient que dans le deiai de 40 a 100 ans, la totalite de la population terrestre aura atteint l'esp6rance de vie maximale, que l 'Europe n'a pas encore atteinte partout aujourd'hui.

En fait ce maximum ne pourra pas etre atteint partout : il y aura toujours des disparites locales, soit dans les conditions medicales et d'hygiene, soit dans le mode de vie, qui feront que certaines collectivites n'atteindront pas ce maximum, qui est un optimum. La population totale s' en trouvera ulterieurement legerement diminu6e.

La seconde hypothese est que la natalite s'abaissera progressivement partout, pour atteindre a terme le niveau qui n'assure que le remplacement, e'est-a-dire le maintien d'une population stable. Ce niveau est estime a 2,08 enfants par mere, soit 1,015 filles par mere, ce qui conduit a l'age de procreation a 1 mere pour 1 mere. Ici, comme pour la premiere hypothese, on peut admettre le principe; la question est celle du terme choisi. Les auteurs ont fixe* ce terme a l'an 2005 en Europe, 2010 en Amerique du Nord, 2015 en URSS, 2020 en Asie de l'Est, 2060 en Asie du Sud et 2070 en Afrique. Ces termes sont de 5 a 20 ans plus proches que les precedents alors qu 'on pourrait penser qu'ils devraient au contraire etre plus longs, car l'ameiioration des conditions medicales et d'hygiene a un effet immediat sur l'esperance de vie a la naissance tandis que les modifications du comportement dans un domaine aussi fondamental que la pro-creation n'interviennent qu'avec retard par rapport aux ameliorations des conditions materielles de vie.

Mais les variations de la natalite dependent de nombreuses influences differentes, dont en particulier les trois suivantes :

1/ lorsque les conditions materielles s'ameiiorent, la natalite diminue; peu importe ici qu'il faille voir dans cette evolution le reflet d 'un materialisme accru, d 'un plus grand egoi'sme, ou un mecanisme re-

1/ M. Mankovski, directeur de l'lnstitut sovietique de gerontologie estime que cette esperance de vie atteindra 100 a 110 ans a la fin du si&cle; c'est un point de vue qui ne semble generalement pas partage.

Page 14: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

16 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

gulateur de l'espece qui tend a augmenter le nombre des naissances lorsque les conditions materielles de-viennent precaires et la mortalite elevee (famines, guerres). Les conditions materielles vont effectivement en s'ameliorant dans les pays industrialises et la natalite y diminue. Mais cette amelioration n'est pas uni-versale : il existe actuellement de forts indices de degradations locales (croissance de la malnutrition et recul de l'alphabetisation). II semble meme que l'actuelle recession economique ait provoque dans cer-tains pays un leger accroissement de la natalite.

2/ l 'augmentation de la densite de la population entrafne des tensions psychiques accrues qui pa-raissent se traduire par une diminution physiologique de la fecondite. La egalement on peut voir un me-canisme regulateur de l'espece, diminuant le nombre des naissances lorsque se manifestent des indices de surpopulation. Ce phenomene existe des a present, notamment dans les grands centres urbains, mais peut-on en imaginer la generalisation alors qu'il existe encore sur la Terre de si grandes surfaces quasi-inhabi-tees ?

3/ alors que les deux precedentes influences sont incontrolees, on peut aussi vouloir prendre en compte une volonte d'auto-regulation. Mais on peut douter qu'une telle volonte, certaine dans divers mi-lieux, soit suffisamment motivee a l'echelle de la Planete. Rappelons qu'a la Conference de Bucarest (1974), il ne s'est trouve qu'une faible minorite de delegations pour approuver une resolution engageant les gouvernements a developper le planning familial. Dans beaucoup de pays, des responsables declarent encore aujourd'hui souhaitable un doublement ou un quadruplement des populations concerned.

Ces considerations nous ont conduit a admettre que les previsions des Nations-Unies constituent une moyenne mais pourraient etre

- soit largement depassees, l'effet de l'amelioration des conditions materielles sur la natalite etant plus tardif que prevu, et la mise en valeur de grandes etendues peu habitees offrant encore de grandes pos-sibilites d'implantation de populations,

- soit ne pas etre atteintes, les tensions psychiques accrues provoquant une baisse de la fecondite plus importante et plus rapide que prevu.

Nous avons done etabli trois previsions, ce qui permet de mettre en evidence la sensibilite des conclu-sions a revolution des effectifs des populations. Nous les qualifierons de previsions moyenne, pessimiste ou optimiste. Elles sont definies par la variation des taux annuels d'augmentation de la population, pour chacun des trois groupes A, B et C, et sont visibles a la figure 1.8 (ces previsions pour les prochaines de-cennies s'inscrivent dans des previsions a plus long terme que nous utiliserons au chapitre 10).

119751 1 9 8 0 8 5 ' 2 0 0 0

Fig. 1.8 Taux annuel tp d'augmentation de la population

Taux

an

nu

el

Page 15: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l § e 17

Dans la prevision moyenne, les taux sont tels que les populations de chacun des trois groupes aient en Tan 2000 les effectifs prevus par les Nations Unies; la population terrestre serait alors de 6,3 milliards d'habitants.

Dans la prevision pessimiste, prenant appui sur la precedente, nous avons voulu prendre en compte le fait que les progres m£dicaux et de 1'hygiene produiront plus vite leur effet en accroissant l'esperance de vie (et en prolongeant la vie des adultes) que les autres influences n'agiront sur la natalite.

II convient de ne pas sous-estimer l'importance de la variation admise pour les taux d'accroissement annuel. Pour le groupe B, a l'effectif le plus Sieve, et dans la prevision optimiste, le taux passe de 2 %/an a 1,0 %/an en 25 ans (de 1980 a 2005); en moyenne mondiale, ce taux, actuellement de 1,9 %, tombe a 1,2 % en l'an 2000. Or on se souviendra que jusqu'ici les taux ont augmente, passant en moyenne mon-diale de 1 % a 2 % en 50 ans (de 1925 a 1975 environ). C'est dire que la provision optimiste suppose un tres profond changement de comportement des populations du groupe B, et cela des maintenant.

Signalons enfln que les taux admis sont susceptibles d'extrapolation a travers le 21 erne siecle et con-duisent a une population totale de 9 ou 12 ou 17 milliards d'habitants en 2100, selon la prevision suivie, ainsi qu 'on le verra au chapitre 10.

Tableau 1.9 Evolution probable de la population terrestre

(G.hab = 1 0 9 hab, soit 1 milliard d'habitants)

S I I I I

GROUPE A GROUPE B GROUPE C TOTAL

Annee t PA t P D t Pn t Pe

PA A PB B PC C PS S

ans °/O G.hab 7o G.hab */. G.hab % G.hab

a) Prevision moyenne

(0,93) (2,17) (2,43) (1,90) 1975 0 1,150 1.500 1.350 4.000

0,91 2,10 2.50 1.90

0.87 2.01 2.51 1.88 1985 10 1.256 1.838 1.729 4.823

0.83 1.89 2.48 1.83 1990 15 1.309 2.019 1.954 5.282

0,77 1.75 2.39 1.75 1995 20 rt„4 1.360 , M 2.202 „ o o 2.199 , ^ 0 5.761

0.71 1.63 2.28 1.68 2000 25 1,410 4 c „ 2,387 o 4 / 2.463 . ^ 6.260

0,65 1.50 2.14 .56 2005 30 I 1,455 1 2.572 | 2.738 | 6.765

b) Prevision optimiste

(0.93) (2.17) (2.43) (1.90) 1975 0 1.150 1.500 1.350 4.000

1980 5 ° ' 8 8 1.201 2 ' ° 2 1.658 2 A S 1.524 1 ' 8 5 4.383 0.82 1.88 2.41 1.79

1985 10 1.252 1.820 1.717 4.789 0.76 1.70 2.31 1,68

1990 1 5 1.300 1.980 1.925 5.205 0.69 1.51 2.14 1.54

1995 20 1.345 2.134 2.140 5.619 0.62 1.28 1.95 1.38

2000 25 1.388 , l Q 2.274 } ^ 2.357 6.019

2005 30 | 1.425 | ' 2.402 | ' 2.568 | ' 6.395

c) Prevision pessimiste

(0.93) (2.17) (2.43) (1.90) 1975 0 1.150 1.500 1.350 4.000

1980 5 0 , 9 1 1.203 2 , 1 2 1.666 2 , 5 1 1.528 1 , 9 1 4.397 0.88 2.07 2.54 1.92

1985 10 1.257 1.846 1.732 4.835 0.85 2.01 2.53 1.91

1990 15 ' 1.312 2.039 1.963 5.314 .___ __ 0,81 „ _ _ _ 1,93 _ 2,51 _ 1,87 _ 1995 20 1.366 2.243 2.222 5.831

0.77 1.85 2.46 1.84 2000 2 5 rt„ 1.419 t n e 2.458 _ 2.509 „ n 6.386

0,73 1,75 2.38 1.78 2005 30 | 1.471 2.681 2.822 6.974

Page 16: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

18 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

Le tableau 1.9 donne de 5 ans en 5 ans revolution des taux d'accroissement pour les 3 groupes et les trois previsions, ainsi que les effectifs par groupe et effectifs to taux; on en deduit le taux d'accroissement moyen pour la population mondiale totale. Ces trois previsions conduisent aux resultats indiqugs a la fi-gure 1.10.

On remarquera tout d'abord que la population terrestre atteindra l'ordre de 7 milliards dTiabi-tants vers l'an 2005. On note ensuite que la repartition entre les groupes se sera un peu modi-fiee, le groupe A passant de 29 % a 22 % du total et la preponderance du groupe C s'affir-m a n t l / . Surtout, on constate que les ecarts en 2005 entre previsions optimiste et pessimiste sont encore faibles, les ecarts de taux d'accroissement n 'ayant pas encore deploye tous leurs ef-fets; il n'en serait pas de meme si Ton examinait un horizon plus eloigne, 2050 par exemple (comme on le verra au chap. 10).

Si le lecteur devait rencontrer quelques difficultes a se convaincre que la Terre pourrait etre peupiee de 7 milliards d'etres humains dans 30 ans, qu'il veuille bien se souvenir que les previsions des Nations Unies conduisent a une population totale de 12 a 13 milliards dans 100 ans. La progression de 4 a 7 milliards en 30 ans (1975-2000), soit d 'un facteur 1,75, n'est pas differente de celle que nous venons de vivre de 1945 a 1975, passant de 2,3 a 4 milliards, soit un m6me facteur de 1,75 egalement en 30 ans. D'aucuns pensent que la population maximale de la Terre se situerait plutot a 15 ou 20 milliards d'habitants. De toute ma-niere, 7 milliards ne correspondent en gros qu 'a une fraction du maximum envisageable.

Quoiqu'il en soit des considerations qui precedent, on constate que l'ecart entre les previsions optimis-te et pessimiste et la prevision moyenne est modeste pour les 3 prochaines decennies, etant au bout de 25 ans (an 2000) de respectivement 3,8 % et 2,0 % . Ce n'est pas une source d'erreur genante en face de la plus grande incertitude que nous allons rencontrer en ce qui concerne la consommation d'energie par ha-bitant. Nous utiliserons done dans la suite de ce chapitre les effectifs de la prevision moyenne.

§ f. Stabilisation de la consommation d'energie

Avant d'envisager une evolution possible de la consommation d'energie, nous devons examiner s'il est concevable de stabiliser immediatement cette consommation au niveau actuel. En d'autres termes, peut-on maintenir la consommation totale annuelle d'energie a la valeur actuelle (240 EJ/an) ?

1/ dans ces previsions, nous supposons que les pays constituant les divers groupes restent inchanges; il est evident que si Ton refaisait dans 10 ou 20 ans la repartition entre les 3 groupes, celle-ci serait differente (mais la prevision devrait aussi etre modifiee en consequence)

Fig. 1.10 : Evolution

de l'effectif 1 de la population

(G.hab : milliard J d'habitants) )05

Po

pu

latio

n

G.hab 7

Page 17: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l § e,f 19

Dans cette hypothese, que nous appelons hypothese 7, il faut encore fixer de quelle maniere cette energie est r£partie entre les 3 groupes A, B et C.

Si Ton applique de maniere stricte, et sans doute simpliste, le principe de la "croissance zero", l'energie consommee par chaque groupe reste inchangee, a savoir 198 EJ/an pour le groupe A, 33 pour B et 9 pour C (cf. tableau 1.7). Nous formulons ainsi une hypothese la. Des lors, toute augmentation de la popula-tion d'un groupe se traduira par une diminution de l'energie disponible par habitant. Cette Energie par habitant aura done, dans 10, 20 et 30 ans, compte tenu de revolution des groupes indiquee au tableau 1.9 (prevision moyenne) les valeurs figurant au tableau 1.11.

r GROUPE TOTAL

A B C (moyenne)

Consommation totale EJ/an 198 33 9 240

Consommation 1975 GJ/an 172 22 7 (60)

par habitant 1985 157 18 5 (50)

1995 146 15 A (42)

v 2005 136 13 3 (35) j

Tableau 1.11

Consommation par habitant dans Thypothese la

Consommation totale constante et consommation de chaque groupe

constante ("Croissance zero")

Comme on devait s'y attendre, cette hypothese la entrafne une reduction notable (21 % en 2005) de l'energie disponible par habitant du groupe A, mais elle est surtout severe pour les groupes B et C, dont les populations croissent bien davantage et dont les moyens 6nerg6tiques par habitant sont reduits de moitie\

Certes, nous pouvons faire d'autres hypotheses quant a la repartition entre les groupes mais il convient de ne pas perdre de vue que l'accroissement de la population totale ramene inevitablement la consomma-tion moyenne par habitant a 35 GJ/an en 2005 (tableau 1.11) et dans la mesure ou la consommation par habitant dans les groupes B et C se rapproche de ce chiffre par le bas, celle du groupe A devra s'en rap-procher par le haut. Admettons done, et ce sera Vhypothese lb, que la consommation par habitant ne peut progresser dans le groupe B que de maniere tres limited (par exemple 0,2 GJ/an) tandis que cette progression est plus forte dans le groupe C (0,4 GJ/an) (actuellement : 5,1 GJ/an dans le groupe A, 1,1 GJ/an dans le groupe B et 0,2 GJ/an dans le groupe C, voir tableau 1.7). Le tableau 1.12 montre ce qu'il en serait dans ce cas.

r GROUPE TOTAL

A B C (moyenne)

Consommation totale 1975 EJ/an 198 33 9 240

Repartition % % 82 14 4 100

Consommation par 1975 GJ/an 172 22 7 (60) habitant 1985 141 24 11 (50)

1995 111 26 15 (42)

2005 80 28 19 (35)

Consommation totale 2005 EJ/an 117 72 51 240

^Repartition % % 49 30 21 100

J

Tableau 1.12

Consommation d'energie dans Thypothese l b

Consommation totale constante, promotion des groupes B et C

Page 18: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

20 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

On voit que meme si le groupe A consentait des sacrifices considerables (en 30 ans, 53 % de diminu-tion de la consommation par habitant) la promotion des groupes B et C serait faible.

On voit ainsi le poids enorme que l 'augmentation de la population fait peser sur la possibilite de stabiliser la consommation d'energie. On peut meme affirmer que sans stabilisation preala-ble de revolution demographique, il n'y a pas de stabilisation energStique possible.

II est fait abstraction ici d'une part de la diminution de consommation qui result era de la lutte entre-prise contre les pertes, diminution qui n'est pas negligeable et hautement souhaitable, d'autre part de l'ac-croissement de la consommation d'energie primaire due au recours a des sources dont le rapport a l'ener-gie utile est plus eleve (par ex. energie solaire). II n'en reste pas moins que la realisation des hypotheses la et l b se heurterait a d'autres obstacles :

- au sein de chaque groupe des disparites importantes subsisteraient qui, pour les pays moins developpes, rendraient difficilement acceptable la cristallisation d'une situation avantageant les pays plus develop-pes; peut-on croire que l'habitant des USA, qui verrait ses possibilites reduites de plus de moitie sous l'effet conjugue de l 'augmentation de la population et de l'aide aux groupes B et C, accepterait une re-duction s u p p l e m e n t a l au profit des pays les moins riches du groupe A ? Un raisonnement semblable peut etre fait au sein d'un pays quelconque : la progression de certaines regions, ou de certaines entre-prises, se ferait toujours au depens d'autres regions, ou entreprises, qui devraient regresser,

- une reelle stabilisation ne pourrait etre obtenue que par la contrainte, au sein des groupes comme au sein des pays; imagine-t-on le formidable arsenal de reglementations qu'il faudrait mettre sur pied pour museler ainsi le dynamisme de tous ceux —personnes, collectivites— dont l'esprit d'entreprise condui-rait a un accroissement de la consommation d'energie ?

Cependant les effets sur la protection de l'environnement et sur l 'economie des reserves ne seraient que limites. Or parmi les raisons principales qui justifient, aux yeux de certains, cette necessite d'accepter une stabilisation de la croissance il y a une volonte de sauvegarder l 'environnement et les reserves; ce sont m6me peut-etre les seules raisons objectivement indiscutables. Or il faut bien constater que passer d'une croissance de la consommation d'energie de quelques pourcents par an a une croissance nulle ne fait que deplacer le probleme dans le temps. Ce n'est pas en soi une solution veritable de la question posee.

Le schema de la figure 1.13 explicite notre preoccupation. II concerne n'importe quelle atteinte a l'en-vironnement, supposee cumulative; s'il s'agit par exemple d'emissions nocives dans l 'atmosphere, ce sche-ma ne concerne que la part de ces emissions qui ne disparait pas a mesure grace a des cycles naturels d'S-limination. Ce schema peut aussi bien etre applique a la consommation des reserves (charbon, petrole, etc).

Tant que la consommation annuelle d'energie va croissant, l 'atteinte a l'environnement est representee par une courbe du type 1, a pente croissante (exponentielle si la croissance se fait a un taux annuel cons-tant) . A une epoque T j l'atteinte maximale admissible sera realisee.

En maintenant constante la consommation d'energie a partir de l 'epoque T Q , l 'atteinte a l'environne-ment est representee par une droite du type 2 , tangente a la courbe 1 au temps T Q . La situation maxima-le admissible sera neanmoins atteinte, mais a l 'epoque ulterieure T 2 1 / .

1 / on remarque que si l'epoque T Q de la stabilisation est un peu retardee (par ex. en T^), l'epoque T2 ou Ton atteint le maximum admis n'est avancee que de maniere limitee. Si la courbe 1 est une exponentielle, l'epoque T2 est avancee de

r atteinte maximale 1 1 1 0 0 L atteinte initiale J

Ainsi, si Ton a atteint au temps T Q que le 1 /4 de l'atteinte maximale, un retard de 1 annee dans la stabilisation entrai-ne l'avancement de T2 de 3 ans.

Page 19: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l § f 2 1

Consommation 1 annuelle d'energie I

Situation Umite

fcologiquement supportable

Situation maximale

(Stabilisation de la consommation] annuelle totale d'energie

Reduction de la consommation annuelle d'energie ou intro-duction de dispositions rfduisant I'atteinte

1979 T 0 V T2 Temps (annees)

Courbe 1. L'energie totale consommee annuellement continue a augmenter, par exemple selon un taux constant ( x V . / a n , loi exponentielle ).

Courbe 2 . L'energie totale consommee annuellement ne croit plus ( la consommation par habitant diminue si la population augmente ).

Courbe 3 . La consommation annuelle totale diminue, ou des dispositions technologiques rtduisent de plus en plus les nouvelles atteintes ( par exemple: reduction des emissions d' X O 2 ) .

Fig. 1.13 Representation schematique de revolution d'une atteinte a l 'environnement lorsqu'il y a cumul dans le temps

Par l ' introduction de la contrainte drastique d 'une consommation annuelle constante, on a re-cule de (T2 - T j ) annees le moment ou la situation maximale admise est atteinte, mais on n'a pas change fondamentalement les choses.

Pour retarder notablement l 'epoque T 2 ou le maximum admissible est atteint il faudrait une reduction progressivement croissante de I'atteinte annuelle. L'atteinte cumulee suivrait alors une courbe du type 3. Mais il faudra que I'atteinte annuelle soit reduite a zero pour que I'atteinte cumulee n'atteigne jamais le maximum admissible.

On voit ainsi de maniere evidente que si 1'on veut maintenir une atteinte cumulative au-dessous d 'un niveau fixe d'avance, il ne sert a rien de limiter la consommation d'energie; il faut mettre au point une technologie qui permette de reduire progressivement ce qui porte atteinte, en le ramenant au-dessous de toute quantite fix6e d'avance (compte tenu bien entendu de la part eventuellement detruite par un cycle naturel).

Ce rSsultat peut notamment etre obtenu par le remplacement de techniques polluantes par d'autres qui ne le sont pas, ou par le recours a des Energies renouvelables en place de l'utilisation de reserves.

Att

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Page 20: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

22 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

Ce qui precede, si simple que soit le schema de reflexion et si evidentes que puissent paraitre les con-clusions, n'en demontre pas moins que dans la plupart des cas, peut-etre dans tous, le recours a la stabili-sation de la consommation ne resout pas le probleme de la protection de l'environnement. C'est une faus-se solution et on doit s'en convaincre.

D'autre part la stabilisation drastique (sinon immediate) de la consommation d'energie revient a enle-ver aux pays en developpement tout espoir de promotion de leur standard de vie, compte tenu des taux d'accroissement de leurs populations.

Ces deux dernieres considerations nous conduisent done a ecarter toute idee de stabilisation immediate, ou rapide, de la consommation d'energie, comme irrealisable pratiquement, inde-fendable a l'egard des pays moins developpes, et ne permettant pas d'atteindre a terme les buts vises quant a la protection de l 'environnement et l'6conomie des reserves.

§g. Consommation d'energie poursuivant son evolution actuelle

Etant admis que l'effectif de la population Ovoluera durant les 30 prochaines annees de la maniere definie au paragraphe e ci-dessus, nous pouvons projeter dans l'avenir les conditions actuelles de consommation d'energie. Nous entendons par la que le taux d'accroissement de la consommation d'energie par habitant demeurera pour 30 ans le meme que celui de la derniere d^cennie, tel qu'il a ete rappele au tableau 1.7 (ligne 13), a savoir 3,0 % , 4,9 % et 2,7 % pour les habitants des groupes A, B et C respectivement. Nous definissons ainsi une hypothese 2.

Dans sa simplicity et sa clarte, cette hypothese 2 n'est pas aussi irrealiste qu'on pourrait le penser de prime abord car il est peu probable que les contraintes qui apparaitront (ressources limitees, degradation de l'environnement) se manifestent avec force dans ce laps de temps relativement court. Au demeurant, il existe deja diverses possibility de substitutions de sources d'6nergie polluantes ou dont les reserves sont limitees. Cette hypothese constitue done une limite superieure quant a la consommation totale et une in-dication utile des consequences, pour chacun des groupes, du maintien des taux actuels de croissance de la consommation par habitant. On realisera mieux les chances de realisation de ces provisions au vu des chiffres auxquels cette hypothese conduit.

/— Annee

GROUPE A par total hab.

GD/an EJ/an

GROUPE B par total hab.

GD/an ED/an

GROUPE C par total hab.

GD/an ED/an

TOTAL par total hab.

GD/an ED/an

1975 172,17 198 22 33 7(6.67) 9 60 240 1980 200 240 28 46 8 12 68 2 9 8

1985 231 290 35 65 9 15 77 3 7 0

1990 268 351 4 5 91 10 19 87 4 6 1

1995 310 422 57 126 11 25 99 573

2000 360 507 72 173 13 32 114 712 ^ 2 0 0 5 417 606 92 236 15 40 131 8 8 3 ^

Tableau 1.14 Prevision de consommation d'energie selon hypothese 2

Taux constant d'accroissement annuel de la consommation par habitant (2,99 % , 4 ,88 % et 2,67 % selon tableau 1.7)

Page 21: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l § f,g 23

Le tableau 1.14 indique dans ce cas, pour chaque groupe et au total, Involution de la consommation par habitant et de la consommation totale. Ce tableau fait apparaitre que :

- en 25 ans la consommation totale passerait de 240 a 710 EJ/an; elle serait done multipliee par 3,0,

- le taux d'accroissement de la consommation totale serait de 4,4 % par an de 2000 a 2005,

- en 25 ans, la consommation par habitant du groupe A passerait de 172 GJ/an a 360 GJ/an, et serait ainsi multipliee par 2 ,1 ,

- la consommation par habitant dans le groupe B passerait de 22 a 72 GJ/an; elle serait multipliee par 3,3 en 25 ans, et atteindrait alors le 42 % de la consommation actuelle moyenne du groupe A,

- la consommation par habitant du groupe C n'aurait progresse que de 7 a 13 GJ/an, n'atteignant ainsi en 25 ans que les 6/10 du niveau actuel du groupe B,

- la repartition de la consommation totale entre les trois groupes A, B et C serait de 7 1 , 24 et 5 % res-pectivement (actuellement 82 %, 14 %, 4 % ) .

L'ensemble de ces constatations appelle les commentaires qui suivent :

1/ Le taux d'accroissement de la consommation totale n'ayant pas varie* (4,4% /an) , cette consom-mation totale apparaft tres Slevee. L'energie cumulSe consommee durant ces 25 ans serait de l'ordre de 11 000 EJ, correspondant a la consommation actuelle pendant 45 ans. Cela nScessitera des mesures de protection de l'environnement accrues, le recours a des reserves moins accessibles, le developpement de techniques plus elaborSes (concernant les dSchets nucteaires ou l'exploitation du charbon, ou d 'un re-cours plus intensif a l'energie solaire), toutes cirConstances provoquant une hausse du cout de l'energie, entrainant un effet moderateur sur la consommation.

2/ La consommation annuelle par habitant au sein du groupe A, soit 360 GJ en 2000, n'atteint cependant pas un niveau qui apparaisse comme non rSaliste a priori : c'est celui qui existe des a present aux USA. Cette progression apparaft cependant t rop forte, notamment pour les raisons evoquees au point precedent.

3 / La position du groupe B par rapport au groupe A s'est notablement amelioree, la part prise a la consommation totale ayant passe* de 14 % a 24 %. La consommation par habitant dans le groupe B au-ra atteint ou depasse le niveau qu'occupent actuellement un bon nombre de pays du groupe A. II est ce-pendant peu probable que ces pays puissent soutenir une progression aussi rapide (7 % par an pendant 25 ans) portant sur des chiffres absolus qui deviennent grands et compte tenu des probl&mes qui en resulte-raient (investissements, personnel, etc).

4/ II n'en est pas de meme du groupe C, dont la part du total n'a que peu augmente (de 3,8 % a 4,5 % ) quoique la consommation par habitant ait double. Cette progression est probablement t rop faible et des efforts devront etre consentis pour l'augmenter.

Ces observations peuvent servir de base a la definition d'une troisieme hypothese, plus mod6r6e, mieux nuancee, et partant plus rSaliste, tenant compte de la volontS qui parait se confirmer de voir les pays in-dustrialises (groupe A) fournir une contribution plus importante au developpement des autres pays, no-tamment des moins favorises (groupe C), mais d'une volonte* aussi de moderation de la consommation to-tale.

E.E.P.—B

Page 22: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

24 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

§h . Scenarios devolut ion possible de la consommation d'energie

h i . Cadre general

La principale difficulte dans la formulation d'une hypothese devolut ion plausible est de de-terminer un equilibre correct entre la volonte de promotion des pays en developpement et les limites que les problemes humains, financiers et d'infrastructure imposent a cette promotion, compte tenu des aspects psychologiques et politiques. II convient de maniere analogue de pon-derer judicieusement le developpement du au dynamisme des pays industrialises et la pression qu'exerce la volonte de protection de l 'environnement et d'economie des reserves, c'est-a-dire la tendance a preferer Ameliorat ion de la qualite de la vie a l'accroissement des avantages ma-teriels.

On concoit ainsi sans peine ce que la formulation d'une hypothese 3 peut avoir de hasardeux etant donne le nombre des parametres a prendre en consideration et les incertitudes pesant sur la plupart d'en-tre eux. Mais cette difficulte ne doit pas nous arreter, car il est indispensable de tenter de prefigurer l'avenir. Nous poserons done que :

1. La consommation totale devrait voir sa croissance progressivement ralentie, pour ne pas de-passer 3 a 4 % par an dans 25 a 30 ans.

2. Le taux d'accroissement du groupe B, actuellement le plus eleve (environ 7 % ) des trois grou-pes, pourra encore se maintenir quelques annees a ce niveau, mais devra ensuite progressivement dimi-nuer (tant du fait des investissements croissants que pour ne pas rendre impossible le ralentissement gene-ral prevu sous 1).

3. Le taux d'accroissement du groupe C, actuellement de 5 % par an, devra s'elever rapidement de maniere que la consommation par habitant puisse croftre malgre l'augmentation de la population. Un taux maximal de 8 a 10 % par an est concevable, temporairement, mais il se heurtera lui aussi aux pro-blemes financiers et humains deja evoques des que la consommation sera devenue plus importante.

4. II resultera automatiquement des conditions fixees ci-dessus de 1 a 3 que l'augmentation de la consommation du groupe A subira un ralentissement sensible; la consommation par habitant, qui croft actuellement de 3 % par an, devra cependant pouvoir encore croftre, mais ce sera necessairement a un taux inferieur a celui de la consommation totale defini au point 1 puisque, d'une part, la population de ce groupe A continuera a augmenter un peu et que, d'autre part, les besoins des groupes B et C croftront plus vite que la consommation totale. II n'est cependant pas possible d'aller trop loin dans cette voie de reduction de la consommation du groupe A car c'est ce groupe qui devra fournir une partie notable des installations et machines qui permettront aux deux autres groupes de se developper.

II faut en effet se convaincre que l'existence de pays industrialises prosperes est une condition indispensable a la promotion des pays moins developpes (indispensable mais pas suffisante puisqu'il faut en outre une volonte d'aide a ces pays).

h2. Aspects financiers et humains

Nous avons, dans ce qui precede, fait plusieurs fois allusion aux problemes humains et financiers que pose l'accroissement de la consommation d'energie par les pays en developpement :

Pour que la consommation d'energie augmente dans un pays donne, celui-ci doit acquerir les installations et les machines correspondantes, realiser les infrastructures rendues necessaires, et former le personnel correspondant.

Page 23: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l § h ( h l , h 2 , h 3 ) 25

Par exemple, pour que la consommation de produits petroliers croisse, il faut que le p'arc de vehicules augmente, et celui des moteurs fixes ou des installations thermiques utilisant ces combustibles (chauffa-ges, industries, etc). II faut que soient realisees les installations de transport, de dechargement et de dis-tribution de ces combustibles, ainsi que celles de stockage. II faut que tout cet equipement soit comman-de, fabrique, livre et monte. II faut enfin que soit forme le personnel d'utilisation, d'entretien et de repa-ration. On concoit que l'ensemble de ces operations exige l'investissement de capitaux importants et prenne du temps.

On ne perdra pas non plus de vue que cette consommation d'energie, rapportee au chiffre de la popula-tion, est un indice precis du standard de vie, ainsi que cela a ete etabli au paragraphe b . Or ce standard de vie comporte d'autres evolutions et progres, exigeant d'autres investissements ou formation de personnel que ceux evoques en relation directe avec la production et la consommation d'energie (domaine medical et hospitalier, commercial, scolaire, etc).

En ce qui concerne la formation de specialistes necessaires au developpement envisage, nous ne devons pas non plus oublier qu'il faut 6 a 8 ans pour concevoir, planifier et construire une grande ecole, et quel-ques annees de plus pour qu'elle produise de premiers diplomes, qui manqueront encore totalement de pratique. II ne faut pas beaucoup moins de temps pour former un bon ouvrier specialise.

h 3 . Relation fondamentale et alternative de choix

Rappelons tout d'abord que si le taux d'accroissement annuel de la population varie au cours des 25 pro-chaines annees de 1,9 a 1,7 % , selon notre prevision moyenne, et que d'autre part on souhaite voir le taux d'accroissement de la consommation totale d'energie diminuer de 5 % a 4 ou eventuellement 3 % par an, le taux moyen d'accroissement de la consommation par habitant ne devrait pas depasser l'ordre de grandeur de la difference des deux taux precedents, c'est-a-dire diminuer de 3 % a 2 % ou 1,3 % par an.

Cette reflexion constitue en quelque sorte l 'equation fondamentale du probleme, qui pour-

rait s'ecrire,

avec t = taux d'accroissement annue l 1 /

( population J + (consommat ion ) = ( consommation totale J (1.3)

/ V par habitant / \ /

Cette relation, rigoureuse si les taux sont faibles, doit etre satisfaite aussi bien pour l'ensemble

de la population terrestre que pour chaque groupe A, B ou C en particulier.

II en resulte immediatement qu'avec un taux d'accroissement de la population constant il n'est pas possible que s'abaisse le taux de la consommation totale sans voir diminuer de la meme maniere le taux moyen d'accroissement de la consommation par habitant. Or on estime d'autre part necessaire que ce taux de consommation par habitant s'accroisse notablement pour le groupe C (condition sine qua non d'une promotion, meme limitee, de ce groupe), et que le groupe B continue a beneficier quelque temps du taux eleve qui est actuellement le sien. Cela n'est possible que dans la mesure ou le taux du groupe A diminue, et meme diminue beaucoup, puisque le taux de l'ensemble doit lui aussi diminuer.

On se trouve ainsi au centre du probleme et il faut malheureusement se convaincre que :

- assurer une promotion notable du groupe C des pays moins developpes,

- laisser le groupe B (pays en voie d'industrialisation) poursuivre son developpement a une ca-dence voisine de celle qu'il a actuellement,

1/ pour eviter toute confusion, precisons que nous appelons ici taux t la valeur relative de l'accroissement (par exemple 3 % = 0,03) et non le facteur d'accroissement f = 1 +1 (par exemple 1,03).

Page 24: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

26 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

- ne limiter que modeT&nent le dynamisme du groupe A des pays industrialises afln que ceux-ci puissent soutenir financierement, techniquement et humainement le developpement des deux autres groupes,

- desirer que la consommation totale d'energie ne continue pas a s'accroitre rapidement,

forment un ensemble de buts qu'il est impossible d 'atteindre simultanSment car ces conditions

ne sont pas compatibles.

Les relations entre les diverses grandeurs peuvent Svidemment etre formalisees algebriquement; pour ne pas alourdir cet expose, nous avons reporte cette formalisation en Annexe 1A a la fin de ce chapitre. C'est par l'usage de ces relations que Ton determine les conditions qui conduisent au rSsultat reeherche\

Les buts mentionnes ci-dessus conduisent a divers scenarios possibles, dont nous allons definir trois d'entre eux.

C'est par revolution des consommations par habitant que seront caracterisees ces variantes de scenario. C'est meme plus particulierement par revolution des taux annuels t j j d'accroissement de ces consomma-tions par habitant que ces scenarios seront deTinis.

Afin de permettre une vue d'ensemble immediate, nous avons indique" a la figure 1.15 les taux que nous avons admis. Les valeurs initiales sont celles deja indiquSes au tableau 1.7 et correspondent aux taux moyens de la penode 1965-1975, c'est-a-dire en combinant la surexpansion de 1968-1973 et la recession 1973-1975. Signalons enfin que ces taux sont aussi deTinis dans la preoccupation de conduire a des evo-lutions vraisemblables au-dela de l'an 2000, a travers le 21 erne siecle (comme nous l'avons fait pour les populations et comme on le verra au chapitre 10).

[ SCENARIO 3a) [SCENARIO 3b ) [ SCENARIO 3c )

80 85 90 95 05 80 85 90 95 05 80 85 90 95 05 1975 2000 1975 2000 1975 2000

Fig. 1.15 Taux annuels tjj d'augmentation de la consommation d'energie primaire par habitant 1975 - 2000

(Hypothese 3 , scenarios a, b et c)

h4. Scenario 3a

Ce scenario, deTini par les taux t j j a gauche de la figure 1.15, est caracterise par :

- le maintien a environ 4Yi% du taux d'accroissement de la consommation mondiale,

- la reduction progressive et limited du taux de la consommation par habitant du groupe A, qui passe de

Page 25: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l § h ( h 3 , h 4 ) 27

3,0 % en 1975 a 2,6 % en 2000,

- un leger accroissement, puis une diminution correspondante du taux du groupe B, lequel, de 4,9 % en 1975, se situe a 5,0 % en 2000, apres un maximum de 5,2 % en 1985-1990,

- un fort accroissement du taux du groupe C, passant de 2,7 % en 1975 a 4,0 % en 2000.

L'accroissement de la consommation mondiale est done voisin de celui correspondant a l 'hypothese 2 (maintien des taux actuels), mais la diminution du taux t j j ^ relatif aux pays industrialise*s permet la poursuite de revolution en cours dans les pays en voie d'industrialisation (groupe B), avec meme une \6-gere augmentation temporaire (sur la " lanceV' de Involution des annSes pr6c6dentes), et surtout une considerable promotion des pays moins developpSs (groupe C).

Ce scenario differe done de celui de l 'hypothese 2 en ce sens que la repartition entre les trois groupes se modifie lentement, au benefice des pays du groupe C. On remarque qu'une faible diminution du taux des pays industrialises permet une forte augmentation du taux du groupe C, la premiere portant sur des consommations beaucoup plus elevens que la seconde.

/ CONSOMMATION PAR HABITANT CONSOMMATION TOTALE

GROUPE A GROUPE B GROUPE C TOTAL GROUPE A GROUPE B GROUPE C TOTAL

ANN EE tHA H A H B tHC H C t Hs H S

E A *EB tEC E S ANN EE GD GD GD 7. GD ED •/• ED 7. ED 7. ED 7.

1975

1980

1985

1990

1995

2000

2005

(3,0) 2,95

2,9

2,85

2,75

2,65

2,55

172*

199

230

264

303

345

391

(4,9) 5.0

5,15

5,2

5,15

5,05

4.9

22

28

36

47

60

76

97

(2.7) 2.85

3,15

3.4

3,65

3.85

4,1

7*

8

9

1 1

13

15

19

(2,5) 2.5

2.4

2.6

2.6

2.6

2.6

6 0

68

77

87

99

113

129

** 198

240

289

346

412

487

569

(4,0) 3.9

3.8

3.7

3.5

3.4

3.2

33

47

66

94

132

183

250

(7.2) 7.3

7.3

7.2

7.0

6.8

6,5

9**

12

15

21

28

38

51

(5.2) 5.4

5.7

6.0

6.1

6.2

6.3

240

298

370

461

571

707

870

(4.4) 4.4

4.4

4.5

4.4

4.3

4.3

Repartition en 2000 •/. 68,6 25,8 5,3 100

Consommation cumulee 1975 - 2000 ED 8150 2 2 3 0 500 10880

Tableau 1.16 Evolution de la consommation. Scenario 3a

(* valeurs arrondies ** valeurs exactes)

Le tableau 1.16 donne le resultat du calcul relatif a ce scenario 3 a (resultats arrondis; accroissement de la population : prevision moyenne). Les definitions utilisees sont les suivantes :

population du groupe i (i = A, B ou C; S pour somme = total)

: consommation par habitant, moyenne dans le groupe i

Ej : consommation totale du groupe i

t : taux d'accroissement annuel

done tj7g : taux d'accroissement annuel de la consommation totale d'energie de la po-pulation mondiale

Page 26: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

28 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

On verifie sur le tableau 1.16 que le taux d'augmentation de la consommation mondiale reste effecti-vement compris entre 4,5 et 4,3 % par an et qu'en consequence la consommation totale en Tan 2000 at-teint la meme valeur (707 EJ/an) que dans l 'hypothese 2 (712 EJ/an).

De maniere analogue, les changements apportes aux taux d'accroissement de la consommation par ha-bitant n 'ont que peu d'effet, les taux initiaux (1975) etant inchanges et le taux en Tan 2000 n'etant sen-sib lement modifie que pour le groupe C, dont la consommation est faible.

On voit ainsi qu'il faudrait une diminution beaucoup plus marquee du taux relatif au groupe A et une certaine reduction du taux du groupe B, pour que la consommation totale s'accroisse moins vite et que la repartition entre les groupes se modifie de maniere plus significative. On debouche alors sur le scenario 3b.

h5. Scenario 3b

Ce scenario est defini, comme le precedent, par les taux t j j de la consommation par habitant qui appa-raissent a la figure 1.15, et il est ainsi caracterise par :

- une reduction du taux d'accroissement de la consommation par habitant du groupe A, du 3,0 % en 1975 a 1,8 % en l'an 2000, done trois fois plus marquee que dans le scenario 3a,

- une legere diminution du taux du groupe B, qui, de 4,9 % en 1975, s'abaisse a 4,3 % en 2000,

- une progression inchangee du taux du groupe C, passant de 2,7 % en 1975 a 4,0 % en 2000.

Les resultats du calcul font l'objet du tableau 1.17.

C O N S O M M A T I O N PAR H A B I T A N T C O N S O M M A T I O N T O T A L E

GROUPE A GROUPE B GROUPE C TOTAL GROUPE A GROUPE B GROUPE C TOTAL

A N N £ E H A H B H C *HS Hs t EB

7o G3 G3 7o G3 7o G J E3 7. E J 7o E3 7o E J •/•

1975 (3,0) 172 (4,9) 22 (2,7) 7 (2,5) 60 198 (4,0) 33 (7,2) 9 (5,2) 240 (4,4) 2,95 4.9 2,85 2,5 3,9 7.1 5,4 4,4

1980 199 28 8 68 240 3,9

47 7.1

12 5,4

298 4,4

2,75 4,85 3,15 2,3 3,6 7,0 5.7 298

4,3 1985 228 35 9

2,3 76 286

3,6 65

7,0 15

5.7 367

4,3

2 , 5 4,75 3,4 2,2 3,4 6,7 6,0 4,1 1990 258 45 1 1

2,2 85 338

3,4 90

6,7 21

6,0 448

4,1

2,25 4,6 3,65 2J 3,0 6,4 6,1 448

3,9 1995 288 56 1 3 94 392

3,0 123

6,4 28

6,1 543

3,9

2.0 4,4 3,85 2,0 2,7 6,1 6,2 3,7 2000 318 69 15 104 449

2,7 166

6,1 38

6,2 652

3,7

\ 7 4.2 4.1 1.9 2,3 5,8 6,3 3,5 2005 346 85 1 9 114 504

2,3 219

5,8 51

6,3 774

3,5

Repartition en 2000 % 68,8 25,4 5,8 100

Consommation cumulee 1975 - 2000 E3 7900 2120 500 10 520 >

Tableau 1.17 Evolution de la consommation. Scenario 3b

Page 27: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l § h (h4,h5,h6) 29

Ainsi qu 'on pouvait s'y attendre, la diminution des taux relatifs aux groupes B et surtout A a permis une reduction tres desirable de la consommation totale, celle-ci passant de 712 EJ en Tan 2000 dans le scenario 3a, a 652 EJ dans le scenario 3b, soit 8 % de moins.

Mais il est evident que la diminution de la consommation cumulee de 1975 a 2000 ne peut qu'etre fai-ble, puisque la consommation est identique pour les deux scenarios au debut de 1'intervalle, avec de sur-croit des taux d'accroissement egalement identiques a l'origine. On controle en effet que cette consom-mation cumulee ne decroft que de 10 890 EJ a 10 520 EJ en passant d'un scenario a l 'autre, soit 3 % de moins. Cette difference n'est guere significative eu egard a toutes les incertitudes d'un tel calcul.

Pour les memes motifs (conditions initiales identiques) la repartition de la consommation entre les 3 groupes n'est que peu modifiee, la part du groupe C des pays moins developpes, actuellement de 3,8 %, et qui est de 4,5 % en l'an 2000 avec l 'hypothese 2, passe de 5,3 % avec le scenario 3a, a 5,8 % pour le scenario 3b. Certes cela constitue-t-il une amelioration de plus de 50 % par rapport a la situation actuel-le, mais ce pourcentage reste faible compte tenu de la part prise par ce groupe a la population totale, soit 3 9 % (tableau 1.9).

Cependant, si ces ameliorations limitees ne sont pas plus importantes, c'est principalement parce que le delai de 25 ans est t rop court pour que les evolutions envisagees puissent deployer leurs effets.

h6. Scenario 3c

II nous faut rechercher maintenant ou peut se trouver une limite inferieure de la consommation au cours des trois prochaines decennies.

Ainsi que nous l'avons deja dit, nous ne pensons pas que les contraintes provenant du caractere limits des ressources energetiques (notamment combustible fossile et uranium) auront d'effets sensibles dans ce court laps de temps : les 10 000 EJ dont il est question sont peu de chose par rapport aux 500 000 EJ des ressources des seuls combustibles fossiles, uranium non compris (chap. 2 §m) . C'est plutot des attein-tes a l'environnement que pourrait venir la necessite d'un ralentissement marque de l'accroissement de la consommation, par exemple de la necessity de reduire fortement les rejets de C O 2 dans l 'atmosphere, conduisant a restreindre la consommation de tous les combustibles fossiles.

C'est dans cette situation que nous nous placons pour dSfinir ce scenario 3c. II est notamment caracte-rise (voir fig. 1.15) par la reduction du taux d'accroissement de la consommation par habitant du grou-pe A de 3 % en 1975 a 1 % en 1995. Cette reduction est extremement marquSe puisque d'une part beaucoup d'operations sont deja engagees qui ne porteront effet que vers 1980-1985, et, que d'autre part, il va en resulter un abaissement semblable du taux relatif a la moyenne mondiale de la consomma-tion par habitant. Or il y a plus d'un siecle que ce taux moyen mondial s'Stablit entre 2 et 2 V2 % (voir chap. 3 , fig. 3.3); c'est done un renversement tres rapide et tres profond de la tendance.

Simultanement nous sommes parti de l 'hypothese qu 'une diminution parallele, quoique moins mar-quee, apparaitrait dans le groupe B. Moins marquee parce que ce groupe est moins dependant pour son approvisionnement energetique, que les consommations par habitant n'y sont pas encore elevSes (172 GJ/an dans le groupe A, 22 GJ/an dans le groupe B) et que de tres grandes operations d'industrialisation sont deja lancees dans de nombreux pays qui en font partie. Le taux tjjg baisserait ainsi de 4,9 % actuellement a 3 % en 2000.

Une forte volonte de promotion du groupe C devant, pensons-nous, subsister, nous avons main tenu une legere augmentation de son taux, qui passerait de 2,7 % actuellement a 3 % en 1990-1995.

Ainsi defini, le scenario 3c (voir fig. 1.15), conduit aux calculs du tableau 1.18.

Page 28: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

30 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

CONSOMMATION PAR HABITANT CONSOMMATION TOTALE >

GROUPE A GROUPE B GROUPE C TOTAL GROUPE A GROUPE B GROUPE C TOTAL

t HA H A H B He t HS H S E A t EA E B *EB Es tES

ANNEE 7 . G3 7 . G3 7 o G3 7 o G3 E3 7 o E3 7 o E3 7 o E3 7 o

1975 (3,0) 172 (4.9) 22 (2.7) 7 (2.5) 60 198 (4.0) 33 (7.2) 9 (5.2) 240 (4.4)

2.75 4,85 2.75 2.3 3.7 7.0 5.3 4.2

1980 2.75

197 28 8 67 237 46 12 295 3.8

1980 2.25 4.6 2.85 1.9 3.1 6.7 5.4

356 3.8

1985 2.25

220 35 9 74 277 64 15 356 3.4

1985 1.75 4.25 2,95 1.6 2.6 6.2 5.5 3.4

1990 1.75

240 43 10 80 315 87 20 421 3.0

1990 1.3 3.8 3.0 1.2 2.1 5.6 5.5 3.0

1995 1.3

256 3.8

52 12 85 349 114 26 489 2.7

1995 0.9 3.3 3.0 1,0 1.6 5.0 5.4 2.7

2000 0.9

268 61 14 89 378 145 34 557 2.4 0.65 2.95 2.95 0.8 1.3 4.5 5.2

627 2.4

2005 0.65

277 2.95

70 16 93 403 181 43 627

Repartitic Dn e n 2000 7 « 67.9 26.1 6.0 100

Consommation cumulee 1975- 2000 E3 7330 2000 470 9800

Tableau 1.18 Evolution de la consommation. Scenario 3c

On remarque en particulier que :

- la consommation totale n'augmente plus que de 2,4 % par an durant la periode 2000-2005; c'est une

tres nette amelioration de la situation actuelle (4,4 % ) ,

- pour la meme periode 2000-2005, les taux relatifs aux consommations totales des groupes A et B ont

baisse* de 4,0 % et 7,2 % actuellement a 1,3 et 4,5 %,

- la consommation par habitant des 3 groupes, qui aurait atteint respectivement 360, 72 et 13 GJ/an en

2000 dans l 'hypothese 2, est ramenee a 268, 61 et 14 GJ / an ,

- il en resulte que la consommation totale, de 712 EJ en l'an 2000 dans l 'hypothese 2, est maintenant

limited a 557 EJ, soit 22 % de moins.

On constate cependant a nouveau l'effet limite* de revolution admise, celle-ci ne s'exercant pas sur une

dur6e suffisamment longue :

a) l'energie consommee cumulee de 1975 a 2000, atteint encore 9800 EJ (contre 10 890 EJ dans l 'hypothese 2, et 10 520 EJ avec le scenario 3b), soit seulement 10 % de reduction,

b) la part du groupe C reste modeste, 6,0 % du total, et celle du groupe A n'a que peu diminue :

67,9 % (71,2 % dans l 'hypothese 2, 68,8 % avec le scenario 3b).

§ i. Comparaison des diverses provisions

Nous avons reporte* sur la figure 1.19 les r^sultats des calculs faits avec les diverses hypotheses 2, 3a, 3b et 3c (tableaux 1.14 et 1.16 a 1.18); on y voit revolution au cours des 30 prochaines annees de la consom-mation de chacun des groupes A, B et C, et de la consommation totale mondiale d'energie primaire. Ces courbes font clairement ressortir l ' importance determinante de la consommation du groupe A.

Page 29: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l § h ( h 6 ) , i 31

0 5 10 15 20 25 ans 30 975 1980 1985 1990 1995 2000 2005

Fig. 1.19 Evolution de la consommation d'energie primaire

(Selon tableaux 1.14 et 1.16 a 1.18)

Etant admis que la promotion du groupe B et surtout C est necessaire - ou inevitable - on v£-rifie, ce que nous avons deja remarque, que la possibility de diminuer le taux d'accroissement de la consommation totale depend essentiellement, pour les prochaines decennies, des restric-tions consenties a l'accroissement de la consommation du groupe A.

La consommation totale ne croft alors plus que de 2,4 % par an, ce que Ton pourrait considerer com-me un resultat tres remarquable, s'il peut etre atteint.

II faut toutefois noter que ce scenario 3c implique,

a) un ralentissement de la progression du groupe B, dont le taux d'accroissement de la consom-mation totale pour la periode 2000-2005 passe de 5,8 % avec le scenario 3b a 4,5 % avec le scenario 3c. Cette reduction est evidemment encore plus marquee au niveau de la consommation par habitant (puis-que le taux relatif a la population est le meme dans les deux cas) : ce taux par habitant baisse de 4,2 % (scenario 3b) a 3,0 % (scenario 3c) pour la penode 2000-2005. On peut se demander si les pays du grou-pe B, encore peu industrialises, disposant d'autre part d'une partie notable des ressources en gaz et petro-le, et de moyens de financement importants seront prets a adopter des 1980-85 une telle politique de moderation, de telle sorte que 5 a 10 ans plus tard on aboutisse aux effets prevus dans ce scenario 3c. II n'est done pas certain que ce scenario soit r£aliste en ce qui concerne ce groupe B;

E.E.P.—B"

Con

som

mat

ion

an

nu

etle

d'e

ner

gie

p

rim

aire

Page 30: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

32 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

b) ramener a 0,7 % l'augmentation annuelle de la consommation par habitant dans le groupe A, suppose qu'il n 'y aura plus de progression du tout dans les pays les plus avances de ce groupe, USA en particulier, de facon qu'une legere progression reste possible dans les pays les moins avances. II en sera en fait de meme au sein de nombreux pays, les regions les plus avancees ne devant plus progresser, au bene-fice des regions les moins avancees (entre differentes parties des USA, ou de l'Europe par exemple). La aussi on peut se demander si ce scenario 3c ne depasse pas les possibilites reelles, car ce sont les pays, ou les regions, les plus avances qui ont les plus importants revenus et sont les plus dymaniques. Peut-on concevoir un ralentissement delibere aux USA de maniere a permettre un rattrapage de l'URSS ? car c'est cela qu'implique, entre autres, le scenario 3c.

On notera par ailleurs la faible part prise par le groupe C et, par consequent, le peu d'influence des hy-potheses faites quant au taux t j j£ d'augmentation de la consommation par habitant de ce groupe.

II nous parait ressortir de cet examen que le scenario 3c est relativement peu probable et se situe au-dessous de revolution vraisemblablement probable. C'est pourquoi nous evaluons a 610 EJ ± 5 %la con-sommation totale d'energie primaire en l'an 2000 (eventuellement ± 10 % ) ainsi qu 'on le voit a la figu-re 1.19. On se souviendra que ces chiffres, relativement precis, negligent l'effet de la lutte contre les per-tes, ainsi que les changements dans la nature de l'energie primaire et de son rapport a l'energie utile.

II reste clair qu 'une augmentation de 3,5 % par an (scenario 3b) ou 2,4 % (scenario 3c) de la consom-mation mondiale est elevee si on la projette au-dela de 2000-2005. Ainsi, meme avec la valeur la plus fai-ble des deux, soit 2,4 %, la consommation mondiale atteindrait 6000 EJ/an en 2100 (240 actuellement). II va done de soi que ce taux t g g devra diminuer encore fortement au cours du 21 erne siecle, et par con-sequent aussi ceux des divers groupes A, B, C, cela d'autant plus que la population continuera a croftre. C'est ce que nous chercherons a supputer au chapitre 10.

Pour le moment, nous bornant aux evaluations relatives a la fin du siecle, nous admettrons comme les plus vraisemblables, meme si elles sont peu satisfaisantes quant a nos preoccupa-tions d'economie de l'energie et de protection de l'environnement (mais il ne sert a rien de prendre ses desirs pour des realites), des valeurs situees entre celles fournies par les scenarios 3b (probable) et 3c (souhaitable), soit

L'apparition de nouvelles technologies viendra, bien entendu, modifier ces chiffres dans l'intervalle, de meme qu'une nouvelle appreciation des problemes de pollution atmospherique ou de reserves pour-ront conduire a des evaluations plus elevees ou plus basses.

Telle que d6finie, la provision conduit aux chiffres suivants pour la consommation annuelle mondiale d'energie primaire :

E s (2000) = 610 EJ ± 5 % e v . 1 0 %

1975 1980 1985 1990 1995 240 300 360 430 520

correspondant a une consommation cumulee de 10 200 EJ arrondie a

2000 610

2005 710 EJ/an

1975 a 2000 E s = 10 0 0 0 E J ± 3 % a 5 %

La figure 1.20 fait apparaitre cette evolution entre 1975 et l'an 2000.

La comparaison fait a nouveau ressortir l'influence tres grande du facteur demographique

Page 31: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l § i,j 33

on remarque que le facteur d'accroissement de la population, soit 6,3/4,0 = 1,6, est iden-tique au facteur d'augmentation de la consommation par habitant, soit 97 /60 = 1,6. En d'au-tres termes l'accroissement de la consommation totale de 1975 a 2000 sera du pour moitie a l 'augmentation de la population et pour moitie a la progression de la consommation par habi-tant.

294

172

2000 415 ED

1975 198 ED

[GROUPE A)

1,15 1,41

97

60

(38)

2000 610 E3

1975

[ MONDE ENTER J

66

22 04)

0

CGROUPE Bl

.1975 1 33E3 •

1,50

2000 158 ED

2,39

4.0

15 r

>0

CONSOMMATION PAR HABITANT

-"Croissance zero,, ,

6.3

I GD/ / an

[POPULATION)

rGROUPECl

J.9ED J7EDJ

1.35 2,46

Fig. 1.20 Comparaison des consommations d'energie primaire en 1975 et 2000

On constate aussi sur cette figure 1.20 que revolution la plus marquee est celle du groupe B, pour le-quel la consommation par habitant est multiplied par 3 alors que la population Test par 1,6. C'est done de ce groupe des pays en voie d'industrialisation que d£pendra principalement revolution au-dela de l'an 2000.

§ j . Relation " standard de vie - consommation d'energie "

A ce stade de la reflexion, il est necessaire de rappeler que les questions ne se situent pas uniquement au niveau energetique. Nous avons deja releve qu'il existe une correlation entre la consommation d'energie et le standard de vie lorsque Ton compare diverses collectivites dans leurs etats actuels. Nous devons maintenant nous demander si une telle correlation se maintient lorsqu'une collectivity donnee se develop-pe. En d'autres termes, si nous limitons les possibilites d'accroissement de la consommation d'energie, ce-la signifie-t-il que le standard de vie sera lui aussi limite ?

Mais il y a une autre raison qui exige que soient pr^cisees la qualite et la portee de cette correlation : nous avons vu que l'accroissement rapide de la consommation n'est possible que si les investissements correspondants sont consentis a mesure. Ces investissements sont egalement lies a la consommation d'energie et a son evolution. Or il est bien evident qu'il existe des limites a cet egard et nous devons cher-cher a estimer si ces limites aux possibilites d'investissement sont susceptibles de jouer un role appre-ciable dans revolution de la consommation d'energie; elles pourraient 6ventuellement la freiner, notam-ment en ce qui concerne les pays moins developp£s.

Nous admettrons pour commencer que des grandeurs economiques telles que le revenu natio-nal brut , ou le produit national brut , divis£es par l'effectif de la population terrestre concernee, sont une mesure du standard de vie.

( 3 8 ) -

I hab.

P

G.hab.

H

(140)

o l _ 0

Page 32: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

34 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

5 0 , v - ^ T ( 0 8 ) 200 500 1000

•NP(03) R Revenu national brut par habitant et par an

5000 10000

j l .

Fig. 1.21

Qualite de la correlation

US 1 1975/hab. an

Correlation "Revenu brut R - Energie primaire consommee H par habitant"

(Memes bases que fig. 1.2 et 1.5) Legende des noms des pays : tableau 1.6

Si la figure 1.21 (memes bases que fig. 1.5) fait ressortir Tevidence de la correlation, une certaine disper-sion des points representatifs des divers pays n'en apparait pas moins. Mais cette dispersion est en fait si-gnificative d'un certain nombre de r6alit£s economiques ou financieres. II est utile d'en noter ici quel-ques-unes parmi les principales.

a) Rapports monetaires

La recherche d'une telle correlation impose l'emploi d'une unique unite de mesure de l'energie, ce qui est aise, et d'une seule unite de compte monetaire, ce qui presente inevitablement un certain arbitraire.

Nous avons utilise le dollar des USA parce que c'est l'unite qui figure dans les statistiques de l'ONU. L'emploi d'une autre monnaie n'aurait rien change a l'apparence generate de la figure, mais aurait pu de-placer le point representatif des USA, ou celui des pays de la nouvelle monnaie choisie, selon les fluctua-tions monetaires du moment.

On constate sur la figure 1.21 que les USA sont places a gauche de la droite moyenne R = 30 H, ce qui peut provenir d'une sous-estimation du dollar, mais aussi d'une consommation tres eievee d'energie par

H

En

erg

ie

pri

mai

re

con

som

mee

p

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p

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n

2000

500

G J

haban

Page 33: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l § j 01) 35

habitant. A l'inverse, le point reprsentatif de la Suisse est situe a droite de la moyenne, ce quipourrai t etre du a une surevaluation du franc Suisse, mais egalement a une sous-estimation de la consommation d'energie (voir chap. 3), conjointement avec une faible consommation par habitant.

II est egalement connu que les taux de change officiels des devises des pays de 1' Europe de VEst sont g6neralement sous-estim6s (pour des raisons de soutien a l 'exportation). On n'est done pas surpris de trouver ces points grouped sur la gauche de la droite, mais neanmoins situSs au voisinage de la droite du parallele R = 13 H (Union-Sovietique UR, Tchecoslovaquie TC, Bulgarie BG, Pologne PL, Roumanie R, Hongrie H). II peut egalement s'agir pour une part d'un calcul different du revenu national brut .

Ces deplacements possibles des points represent at ifs sur le graphique R(H), de facements dus aux rap-ports monetaires ou aux types d'economie ( § b suivant), sont schematiquement indiqu£s a la figure 1.22.

monnaie sous-evaluee

Deplacement du point reprtsentatif d'une collectivlte selon une :

( monnaie I surevaluee ] productivity [ 6levee

Sconomie agricote

industrie de transformation

- • R Revenu ou Produit par habitant en US |

De placement de ('ensemble des points selon que le graphique est etabli avec une :

Coordonnees logarithmiques

Fig. 1.22

Deplacements des points repr^sentatifs de la correlation

selon type d'economie et monnaie

b) Types d'economie

II est Evident que les diverses collectivites humaines prises en consideration ont des Economies pre-sentant des caracteres diffevents. Les unes sont, par exemple, plus agricoles et les autres plus industrielles.

On doit s'attendre a ce qu'une collectivity agricole soit moins consommatrice d'energie, le cas d'une agriculture intensive etant mis a part. De telles economies a predominance agricole se rencontrent sur-tout dans les pays les moins developpes. Les revenus y sont Egalement plus faibles et les points flguratifs de ces pays sont situ6s surtout au bas de la figure 1.21. On doit toutefois prevoir que, si la consommation d'energie primaire peut etre determine, le revenu national est beaucoup plus difficile a circonscrire. Cela explique une certaine dispersion des points dans le bas de la figure.

D'autre part, les pays industrialists devraient avoir non seulement une forte consommation d'energie (ce qui les place dans le haut de la figure), mais une consommation qui depend du caractere de l'indus-trialisation. S'il s'agit d'industrie de transformation qui, avec peu de matieres premieres et peu d'energie, conduit a une valeur ajoutee neanmoins importante, le point repr£sentatif doit se trouver d^porte sur la droite. C'est le cas de la Suisse (SU).

Mais Ton ne saurait, nous semble-t-il, expliquer ainsi les differences entre le Royaume-Uni (GB) place a gauche, et l'Allemagne de l'Ouest (AO) placed a droite. Les types d'industrialisation sont comparables, et les consommations d'energie par habitant identiques. Mis a part l'effet d'une eventuelle faiblesse de la livre-sterling, qui serait sous-estimee sur le marche des changes, on constate que le revenu est plus eieve en Allemagne (encore faudrait-il etre certain que ce revenu est calcuie de maniere identique).

On constate par contre que les principaux autres pays de 1' Europe occidentale sont remarquablement

H

En

erg

ie

con

som

mee

p

ar h

ab

ita

nt

Page 34: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

36 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

groupes sur une parallele a la droite moyenne, a un facteur 1,3 plus eleve" quant au revenu (soit R = 40 H environ), qu'il s'agisse de la France (F), de l'Allemagne (AO), de la Suede (S), du Danemark (DK), de l'Autriche (A), avec en outre le Japon (J). De son cote l'ltalie (I) se trouve sur la droite moyenne, c'est-a-dire a mi-chemin entre les pays precedents et le Royaume-Uni.

Reste le cas particulier de pays dont le revenu, tres eleve, n'est pas lie au travail des habitants, mais a l'exploitation intensive de richesses naturelles tres importantes. II s'agit essentiellement des pays produc-teurs de petrole, et Ton trouve done ces pays tres a droite de la figure (Arabie saoudite AB). La Libye et le Koweit, ayant une population inferieure a 5 M.hab, ne sont pas represented, mais se trouveraient tres a droite.

On voit cependant que des explications differentes peuvent conduire au meme type de deplacement du point representatif; par exemple pour le Nigeria, l'existence d'une economie agricole et celle de ressour-ces petrolieres concourent toutes les deux a un deplacement vers les forts revenus et les faibles consom-mations d'energie, done vers le bas et a droite.

On doit enfin re lever que plus une collectivite est importante, plus elle apparait comme formee d'un ensemble de sous-collectivites, les unes a caractere industriel, les autres a caractere agricole. Le point re-presentatif doit done se rapprocher de la ligne moyenne. C'est bien ce que Ton voit d'une maniere gene-rale sur la figure 1.21, mises a part les anomalies provenant du facteur monetaire ou du mode de calcul du revenu brut (URSS en particulier).

j2 . Forme de la loi R(H)

Sur la figure 1.26 nous avons trace une ligne moyenne en prenant la droite R = 30 H, e'est-a-dire une simple relation de proportionnalite. Ce choix resulte des considerations qui suivent, et dont l'interet ap-paraitra dans la question, qui sera abordee ensuite, de savoir si cette loi est egalement representative de revolution d'une collectivite dans le temps.

Nous partirons de la condition admise en postulat que s'il n 'y a aucune activite, il n 'y a ni revenu ni consommation d'energie.

R etant le revenu brut par habitant (ou toute autre grandeur similaire), et H etant la consommation d'energie primaire moyenne par habitant, cette condition s'exprime par R = 0 si H = 0.

Des lors, une forme generate possible d'une loi qui lierait R et H serait

R = A . H B (1.4)

S'agissant de representation logarithmique cette loi s'ecrit

l ogR = log A + B log H (1.5)

En coordonnees logarithmiques (fig. 1.2, 1.5, 1.21) il s'agit d'une droite dont log A est l'abscisse a l'origine et 1/B le coefficient angulaire (log R etant l'abscisse).

L'examen de la figure 1.21 ne fait apparaitre aucune necessite d'envisager un coefficient angulaire dif-ferent de l 'unite. Meme en s'efforcant de s'ecarter de B = 1, choisissant done une droite plus inclinee sur la figure 1.21, il est difficile de descendre au-dessous de B = 0,9, compte tenu des points figuratifs et de leurs poids, ce qui signifierait que la consommation d'energie croitrait legerement plus vite (1/10 de plus) que le revenu.

On constate cependant une consommation d'energie plus faible dans les pays peu developpes (en bas a gauche de la fig. 1.21). II peut s'agir d'une forte sous-evaluation de l'energie consommee (les combusti-

Page 35: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l § j 0 1 J 2 ) 37

bles vegetaux n'etant pas pris en compte), mais aussi du fait qu'en economie agricole non intensive la consommation commerciale d'energie est tres faible tandis que des revenus sont deja apparents. II semble done qu 'un pays peu developpe commence par progresser selon une loi initiale differente. Cependant, ces pays consommant peu d'energie, ce fait est sans influence notable sur les previsions.

De maniere analogue, on peut se demander s'il pourrait etre vraisemblable que pour des valeurs elevees de H, le revenu R croisse plus vite que la consommation H, ce qui permettrait d'imaginer un developpe-ment economique n'entrafnant pas un accroissement proportionnel de la consommation. Diverses raisons paraissent pouvoir justifier une telle hypothese, mais il faut constater qu'elle ne semble nullement con-firmee pour l'instant dans les faits; si une tendance existe, elle serait plutot a 1'oppose, avec B tres legere-ment inferieur a l 'unite.

Ces constatations nous semblent tres importantes. Elles signifient que R et H n'apparaissent pas lies par une relation exponentielle (B 1), mais par une simple relation de proportionnali-te (B = 1). En d'autres termes, on ne constate pas que le revenu croft plus vite (ou moins vite) que la consommation d'energie; ces deux grandeurs paraissent varier de maniere exactement proportionnelle.

La loi s'ecrit done

R = A.H ou l o g R = log A + log H (1.6)

Elle est representee (fig. 1.23)

a) avec des coordonnees lineaires par une droite passant par l'origine, et de pente 1/A variable,

b) avec des coordonnees logarithmiques par une droite de pente 1, dont l'abscisse a l'origine est variable et egale a log A, log H etant l 'ordonnee.

H logH

Fig. 1.23 Representation de la loi R = A.H

Sur les figures 1.2, 1.5, 1.21 (et 1.27 ci-apres) nous avons indique R en $/hab.an et H en GJ/hab.an; dans ce cas, le parametre A s'exprime en $/GJ. C'est l'accroissement du revenu brut annuel pour une augmentation de 1 GJ de l'energie primaire consommee; cette grandeur est independante du nombre des habitants et de la duree (dans les limites de la collectivite envisagee). En considerant l'inverse 1/A, on a l'accroissement d'energie exige par un supplement de revenu (certains le designent par le terme d"'£lasti-cite " , ce qui ne semble guere opportun ici).

On peut appeler A T " indice de la productivity economique par rapport aux besoins energ^ti-q u e s " (unite monetaire par unite d'energie).

a . Coordonnees lineaires b. Coordonnees logarithmiques

Page 36: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

38 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

J3. Evolution dans le temps

Au cours des annees, la plupart des communautes humaines ont vu leur effectif croftre et leur standard de vie progresses Cette amelioration des conditions materielles s'est traduite par une augmentation du re-venu brut par habitant et de la consommation d'energie. Si ces deux grandeurs sont liees de la maniere que nous venons de definir, nous devrons constater que chaque collectivite particuliere passe par des etats successifs qui restent lies par la loi de proportionnalite" R = AH etablie ci-dessus.

En d'autres termes, les etats successifs d 'une collectivite en developpement devraient corres-pondre a une meme loi R = A.H que les etats simultanes de collectivites diverses se trouvant a des stades de developpement economique differents.

II est clair que la s£rie des etats successifs d'une meme collectivite est beaucoup plus homogene que l'ensemble des etats simultanes de collectivites differentes. En particulier, il n 'y a plus d'interferences dues a la parite des monnaies diverses; il s'agit egalement d'une economie determinee, dont le caractere peut se modifier avec le temps mais seulement peu a peu et dans une mesure limitee.

Mais, d'un autre cote, on rencontre un obstacle nouveau qui est la difficulte a determiner la valeur reelle d'une meme monnaie au cours de plusieurs decennies. Force est de passer par des indices du cout de la vie, assimiies a des indices de depreciation de la monnaie; or on sait le caractere arbitraire de ces indices, dont au surplus le mode de formation est periodiquement modifie.

La figure 1.24 montre ce qu'il en est des USA, de 1930 a 1973, le revenu etant indique en monnaie constante, $ 1968. Notons immediatement que dans une telle representation logarithmique, les echelles importent peu, mais il faut, pour que B = 1 corresponde a la bissectrice a 4 5 ° , qu 'une meme longueur re-presente en abscisse et en ordonnee le meme facteur de multiplication. C'est bien le cas sur cette figure, de meme que sur les precedentes (fig. 1.2, 1.5, 1.21) et suivantes (fig. 1.24 a 1.27).

500

GD

H

En

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par

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an

t e

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ar

an

p-

O

O

O

oo

oo

3

1973

Coordonne>s logarithmiques Loi R=A.H representee par droite de pente 1

1000 1500 2000

R Produit social brut par habitant et par an

3000 3500 4000 4500 5000

US $ 1968/hab.an

Fig. 1.24

Correlation "Produit social brut R -

Energie consommee H" par habitant aux USA

de 1 9 3 0 - 1 9 7 3

(Bases numeriques : Dir. dr W.J. Schmitt-Kuster,

Bonn) 2500

Page 37: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l § j 03) 39

On verifie sur cette figure 1.24 une relation de proportionnalite (B = 1) de 1960 a 1973, ainsi que, par exemple, de 1930 a 1937, revolution commencant par un fort recul de 1930 a 1932 (- 30 % ) sans s'ecarter de la loi. Mais il y a eu un leger changement du facteur de proportionnalite en 1938 (env. 1/10), un autre comparable durant la guerre, et un plus faible vers 1959. Diverses explications peuvent etre trou-vees a ces changements, telles que : estimation incorrecte des variations de la valeur reelle de la monnaie, changements des conditions de transformation de l'energie primaire en energie utile, modification du mo-de de calcul du revenu ou du produit, etc.

180

160

G3 hab.an

140

800 £

1960

1000 £ 1200 £

B = 3 l V

16 000FF .20 000FF

£chelles logarithmiques

Monnaies constantes 1970

Lignes de formes exactes mais t r a n s l a t e s horizontalement

7000 SFr 9000 10 000 12 000 SFr 15 000 18 000

R Produit inte>ieur brut par habitant et par an

Fig. 1.25 Correlation " Produit interieur brut - Energie consommee " au Royaume-Uni, en France et en Suisse

H

£n

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co

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mm

ee

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ha

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a

n

Page 38: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

40 Evolution probable de la consommation mondiale d'6nergie

En examinant le cas d'autres pays, on constate que pour une periode telle que 1960 a 1976, l'exposant B a ete different d'un pays a l'autre (droites de pente differente de l'unite en echelles logarithmiques), sans que Ton puisse penser qu'il ne s'est agi que d'une variation occasionnelle du facteur de proportionna-lite A. La figure 1.25 groupe les points representatifs de la France, du Royaume-Uni et de la Suisse. L'ab-scisse correspond en fait au produit interieur brut, mais ce dernier reste, pour un pays donne, dans un rapport pratiquement constant avec le revenu brut et la pente de la droite representative n'est pas modi-fied. Quoique l'alignement des points soit d'une qualite inegale, on voit bien que B est different dans cha-que cas, ayant approximativement les valeurs suivantes :

- France B = 1 , 0 ( 1 / B = 1 ) - Royaume-Uni B = 3 (= ~ 0,3) - Suisse B = 0,55 (= ~ 1,8)

On note cependant une evidente convergence des trois series de points (bien que les lignes aient ete translatees horizontalement : la ligne anglaise devrait etre plus a gauche et la ligne suisse plus a droite).

600 1000 2000 4000 6000 8000 10 000

R Produit interieur brut par habitant et par an US $ 1975/hab.an

Fig. 1.26 Correlation "Produit interieur brut - Energie consommee" evolution 1960 - 1 9 7 6

H

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an

8-0

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o

o

o

D

o

o

Page 39: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l § J G 3 ) 41

On pourrait multiplier ces representations. En nous bornant aux valeurs relatives a 1960 et 1976, nous avons reporte celles concernant treize pays sur la figure 1.26. On y voit que revolution se fait dans 6 cas avec B = 1,0 (inclinaison a 45° ) ; elle converge vers l'axe principal dans 3 autres cas (GB, B, SU), et elle ne s'ecarte, dans le sens de B < 1, que pour l'Espagne et le Portugal (B = 0,8), et surtout l'ltalie et la Turquie (B = 0,6). Les observations ainsi formulees quant a 1'evolution dans le temps ne nous paraissent done pas infirmer nettement l'existence d'une valeur moyenne de B = 1,0, e'est-a-dire de la loi de propor-tionnalite R = A.H.

Mais il faut d'autre part prendre en consideration le fait que cette loi represente egalement la situation relative de plusieurs dizaines de pays a la meme epoque (1975) (fig. 1.21). Les projections que nous ten-tons de faire jusqu'a la fin du si&cle le sont en supposant qu'il n 'y a pas dans ce delai de modification des technologies qui aient un impact marque sur la consommation d'energie. De ce fait on ne peut guere imaginer que l'accroissement de leurs moyens puissent conduire les pays moins industrialises vers des ty-pes d'economies energ£tiques notablement differentes de celles que nous connaissons.

Des lors, 1'evolution devra suivre la relation R = A.H, ce que la figure 1.26 confirme, et nous pouvons utiliser cette loi pour etablir un pronostic de revenus bruts et d'investissements ener-getiques jusqu'a la fin du siecle. II en resulte que l'ensemble des collectivites constituant cha-cun des groupes A, B ou C pris en consideration evoluera vraisemblablement selon une telle loi de proportionnalite R = A.H.

II ressort en outre des valeurs moyennes actuelles de ces trois groupes que cette relation est voisine pour les trois groupes : A = 22, 29, 23 pour les groupes A, B, C (tabl. 1.36 Annexe IB). On remarque que si R est eleve (3748 $/hab pour le groupe A), A est faible (22 $/GJ); la consommation d'energie par unite de revenu brut est done tres elev6e (et non l'inverse comme on pourrait le supposer s'il y avait ten-dance a la saturation de la consommation d'energie). On note egalement que la moyenne ponderee de A, egale au revenu brut mondial divise par la consommation mondiale (4322/240 EJ selon tableau 1.35 An-nexe IB), soit 23 , est inferieur a la valeur de 30 indiquee a la figure 1.21 : en effet cette derniere donne a chaque population le meme poids independamment de son revenu ou de sa consommation.

II est des lors possible de presumer a quel revenu brut par habitant correspondront les consommations d'energie prevues dans 25 ans, selon les hypotheses 3a, 3b ou 3c. C'est l'objet de la figure 1.28.

Le revenu brut par habitant et par an en 2000, determine en US dollars 1975 s'eleverait done aux va-leurs arrondies indiquees au tableau 1.27 (valeurs 1975 : tabl. 1.36; consommation d'energie : hypothe-se 3b, tabl. 1.17; coefficient A = 22, 29, 23).

pays indus-

trialises

pays en voie d' i n -

dustrialisation

pays moins

developpes

Annee A B C

Revenu brut

par habitant et par an en US $ 1975

^en kfr.s. 1975)

1975

2000

3760 (9,4)

7000 (17,5)

650 (1.6)

2000 (5,0)

150 (OA)

350 (0,9) ^

Tableau 1.27 Revenu brut probable par habitant des groupes A, B ou C en l'an 2000 (Scenario 3b)

Page 40: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

42 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

GROUPE C 2000

GROUPE A 2000

GROUPE A 1975

GROUPE B 2000

GROUPE B 1975

R-30H

GROUPE C 1975

Hypotheses: 3a

m—mmm 3b

Surface des cercles selon population

50 100 200 500 1000

R Revenu national brut par habitant et par an

2000 5000 10000

US f 1975/hab.an

Fig. 1.28 Evolution probable de la consommation d'energie primaire H et du revenu brut R par habitant

de 1975 A 2000, selon hypotheses 3

§k. Investissements necessai res

k 1. Investissements specifiques

Pour realiser une installation de production ou de consommation d'energie, un certain investissement est nedessaire. En le rapportant a l'unite de puissance nominale (kW de centrale electrique, ou de moteur de vehicule, ou de capacite de transport d'oleoduc, etc) on obtient un investissement spedifique I p . Ce der-nier sera different d'un type d'installation a un autre et variera selon la puissance considered (chap. 8).

On peut en d£duire un investissement lQ par unite d'energie en jeu (produite, transported, transformed, consommee) si Ton connait l'energie correspondant a l'unite de puissance de la duree D pendant laquelle l'installation est utilised. Cette energie est cependant inferieure au simple produit de la puissance par le temps car l'installation n'est g6neralement pas en fonction de maniere permanente, ni ne fonctionne constamment a la puissance maximale : il y a des arrets dus a des incidents de marche ou a des necessi ty d'entretien et il y a des baisses de puissances ou des arrets selon l'offre et la demande.

La duree d'utilisation D est le nombre d'anneds pendant lequel l'installation est en service, variant de quelques annees a quelques dizaines d'anneds selon le type d'installation; il s'agit done de la duree de Pamortissement technique, e'est-a-dire le laps de temps au bout duquel Finstallation devra etre mise hors

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Page 41: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l § k ( k l , k 2 ) 43

service par usure, vieillissement ou obsolescence.

Calcule de cette maniere, l'investissement conduit a une charge financiere sur l'energie en jeu, qui n'est autre que la charge d'amortissement. Cette charge est comprise dans le cout de l'operation d'utilisation; elle est ajoutee au cout de l'energie a chaque stade des operations et elle est done recuperee (y compris les interets) lors de la vente de l'energie. L'investissement n'apparait ainsi que comme une avance initiale, remboursee au fur et a mesure de l'utilisation de l'installation (non sans quelques risques eventuels de pertes).

S'agissant d'une grande collectivite, les installations sont de natures diverses, exigeant des investisse-ments specifiques differents, amortis sur des durees qui dependent des installations, de meme que des modes d'utilisation. II est cependant possible de proceder a une evaluation tenant compte, dans une eco-nomic donnee, de la proportion de chaque type d'installations et des conditions d'utilisation, etant en-tendu que ces installations sont pour une part destinees a la production, pour d'autres parts a la transfor-mation, au transport ou enfin a la consommation. Ce n'est pas ici le lieu de proceder a un tel calcul de maniere detaillee; on constate cependant que les investissements specifiques, par unite d'energie, sont d'un ordre de grandeur comparable quels que soient les types d'energie considered.

Le montant des investissements a consentir depend naturellement de la nature des installations. Mais en admettant que celles-ci se repartissent d'une maniere analogue dans les divers pays et qu'elles sont uti-lisees de mani&res semblables, une estimation tres approximative donne un ordre de grandeur de

0,2 a 0,4 Tfr /EJl /

soit 200 a 400 milliards de francs par exajoule d' accroissement de la consommation d'energie primaire. Environ les 3/4 sont investis dans le pays consommateur et 1 /4 dans le pays producteur des machines et installations ou du combustible. Cette estimation correspond aux installations et machines directement utilisees a la production ou a la consommation d'energie. Mais, meme delimitee ainsi, l 'etendue des biens concerned est marquee d'un large arbitraire, car en definitive une tres grande partie des investissements d'un pays concourent a la consommation d'energie (a l 'extreme, un batiment est une installation con-sommatrice d'energie, tandis que Ton n'a envisage ici que l'installation de chauffage ou d'eclairage de ce batiment).

k2. Renouvellement et realisations nouvelles

En periode d'expansion, il faut chaque annee assurer non seulement le renouvellement des ins-tallations anciennes, mais la construction et la fabrication d'installations nouvelles.

II ne faut proceder chaque annee qu'au renouvellement d'une fraction 1/D du pare des installations. II y aurait done a proceder a une moyenne ponderee des durees et des couts specifiques des diverses instal-lations; avec des durees D s'echelonnant entre 5 et 50 ans, par exemple, on devrait investir de l'ordre de 5 % par an de la valeur totale de toutes les installations existantes.

Mais ces investissements correspondent au fonctionnement normal de l'economie, sans expansion : simple renouvellement des installations usagees, sans accroissement de la puissance. Les investissements correspondants sont done rendus possibles au fur et a mesure grace aux ventes d'energie.

II s'agit certes de montants tres importants. La consommation mondiale annuelle d'energie etant d'environ 240 EJ, l'investissement etant de l'ordre de 0,2 a 0,4 Tfr/EJ si D = 1 an, et en prenant une duree D moyenne de 20 ans, on trouve 2,4 a 4,8 Tfr, soit 2400 a 4800 milliards de francs par an.

Notre preoccupation va principalement a la seconde necessite : assurer la realisation des installations

1 / 0,2 a 0,4 terafranc par exajoule, soit 0,2 a 0,4 fr par megajoule (ou 0,7 a 1,4 fr par kWh) d'energie primaire.

Page 42: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

44 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

k3 . Comparaison aux revenus bruts

La somme des revenus nationaux bruts est actuellement de l'ordre de 14 Tfr en prenant les chiffres du tableau 1.27 (populations selon tableau 1.7).

On voit que les investissements necessaires pour le renouvellement des installations energetiques ab-sorbent des montants qui sont comparables aux 20 a 30 % de la somme des revenus nationaux.

II n'en est pas de meme des capitaux necessaires pour faire face a l'accroissement de la consommation.

Le total de ces investissements supplementaires a vraisemblablement ete ces dernieres annees precise-ment de l'ordre de 2500 a 4000 milliards de francs puisque l'accroissement de la consommation a ete de 10,7 EJ en moyenne ces annees-la (moyenne 1965 - 1975, tableau 1.7, ligne 10), probablement superieur en 1970-72, inferieur des 1974.

Toutefois cette maniere de voir est sans doute trop simplified et il faut examiner comment la question se presentera au sein des trois groupes A, B et C.

En nous limitant aux 25 ans separant 1975 a la fin du siecle, nous pouvons determiner l'energie totale consommee par chacun des groupes durant cette periode. Nous en deduirons la somme probable des reve-nus nationaux en utilisant la relation R($ 1975) = A.H (GJ). Le parametre A etant suppose conserver de 1975 a 2000 la valeur qu'il a actuellement (22, 29 et 23 pour les groupes A, B et C). Nous le ferons en partant de l 'hypothese 3b moyenne (tabl. 1.17).

Le tableau 1.29 indique les resultats d'un tel calcul, de meme que la figure 1.30. De la meme previ-sion de consommation selon hypothese 3b (tableau 1.17) il est possible de deduire l 'augmentation au cours de ces 25 ans de la consommation annuelle d'energie ( E ^ 2000 - E ^ 1975 par exemple), aug-

1/ si cette addition des deux investissements surprend le lecteur, il peut prendre le cas simple du pare de vehicules d'un pays. En supposant une duree de vie moyenne de 10 ans des vehicules, 10 % doivent etre renouveles chaque annee, sans que le pare augmente. Si le pare est de 1 million de vehicules, ce sont 100 000 vhc qui sont achetes chaque an-nee, ce qui suppose un investissement de 2 Gfr (milliards de francs) a raison de 20 000 fr/vhe. Mais si, simultanement, le pare augmente de 10 % par an, soit 100 000 vhc supplementaires, un second investissement de 2 Gfr vient s'ajou-ter chaque annee au precedent.

nouvelles qui correspondent a l'accroissement de la consommation annuelle (concomitante, repetons-le, a l'amelioration du standard de vie).

Or ces investissements viennent s'ajouter aux precedents!/ . lis seront ulterieurement rembourses a leur tour sur les ventes de l'energie, mais ils n'en doivent pas moins etre engages des la realisation des ins-tallations nouvelles.

Ces nouveaux investissements peuvent etre evalues comme les precedents, mais en ne considerant que l'accroissement annuel de la consommation totale d'energie, c'est-a-dire et par voie de consequence, en prenant D = 1 an.

En supposant que l'accroissement est de 5 % par an, on trouve pour 1975 les memes montants que ci-dessus, soit aujourd'hui 2400 a 4800 milliards de francs par an; avec un accroissement de 4 % par an on obtiendrait 1900 a 3800 milliards de francs.

Ne perdons toutefois pas de vue que ce montant s'accroftra chaque annee, l'accroissement de la con-sommation totale d'energie augmentant en valeur absolue (11 EJ/an en 1975 - 1980 selon hypothese 3b, et 26 EJ/an en 2000 - 2005, selon la meme hypothese, correspondants au passage de 3300 Gfr/an a 7800 Gfr/an, moyenne de 0,3 Tfr/EJ).

Page 43: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l § k ( k 2 , k 3 ) 45

GROUPE A B C TOTAL

1. Energie consommee cumulee (tableau 1.17)

EJ 7900 2120 500 10520

2. Revenus nationaux* cumules (R = A . E )

Tfr 435 154 29 618

3. Accroissement de la

consommation annuelle** EJ 251 135 29 415

4. Investissements nouveaux necessaires (a 0,3 Tfr/EJ)

Tfr 75 41 9 125

5. Idem en °/o des revenus calcules sous 2

% 17 27 31 20

6. Investissement depassant la moyenne de 20%

Tfr -13 .10 . 3 0

>

Tableau 1.29 Investissements cumules, periode 1975 - 2000 (hyp. 3b)

*1 U S $ 1975 = 2,5 fr 1975 **entre 1975 et 2000 (tableau 1.17)

[ Scenario 3a] [Scenario 3b 1

Total 639 Tfr

435

Revenus nationaux

bruts cumule's

1975-2000

618 Tfr

29

[Scenario 3c]

Total 575 Tfr

403 Tfr 145 27

[GROUPE A 1 [GR.B]

31°/.

Fig. 1.30 Transferts probables de revenus bruts cumules de 1975 a 2000

(Scenario 3b : tableau 1.29)

mentation indiquee a la ligne 3 du tableau 1.29. En admettant un investissement specifique moyen de 0,3 Tfr/EJ (francs suisses 1975), on obtient l'ordre de grandeur de 1'investissement supplemental , cu-mule sur 25 ans, necessaire pour faire face a l'accroissement de la consommation d'energie. Cet investis-sement constitue une part notable des revenus bruts cumules, part figurant a la ligne 5 de ce tableau 1.29.

Comme on pouvait s'y attendre, on voit que ce pourcentage est plus faible pour le groupe A (17 %) que pour les groupes B (27 %) et C (31 %). Cela signifie que le groupe A devra assurer une partie du financement de realisations faites dans les pays des groupes B et C. L'interet du present calcul est qu'il donne un ordre de grandeur de ces investissements et de l'apport necessaire du groupe A aux deux autres, soit 13 Tfr. Les hypotheses 3a ou 3c ne conduisent pas a un resultat different (voir fig. 1.30). Ces apports cumules seraient done en 25 ans de l'or-dre de

10 a 15 000 milliards de francs

soit d'environ 500 milliards de francs par an en moyenne (ou encore 400 francs par an et par habitant du groupe A).

Page 44: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

46 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

k4. Remarques finales

II faudra aussi que des investissements soient consentis d'un pays a l'autre d'un meme groupe; en particu-lier, au sein du groupe B, on trouve des pays a revenus eleves (producteurs d'hydrocarbures) et, le calcul etant fait sur les revenus moyens, une entraide au sein du groupe est implicite.

Rappelons enfin que

- ces investissements peuvent etre aussi bien publics que prives,

- une part limitee en est faite dans le pays producteur du combustible ou fabricant des installations et celui-ci peut etre un pays d'un autre groupe, notamment A,

- ces investissements n'impliquent pas necessairement des prets au pays dans lequel ils sont faits si celui-ci accepte des investissements etrangers.

De ce qui precede decoule la conclusion que la promotion des pays moins industrialises (groupes B et C) exige la prosperity des pays plus industrialises (groupe A) afin qu'ils puissent contribuer au finance-ment de l 'equipement des premiers.

§ /. Evolution cyclique de la conjoncture economique

Ainsi qu'un certain nombre d'economistes l 'ont releve, la succession de periodes d'expansion et de perio-des de recession parait bien relever d'un mecanisme cyclique.

En periode d' expansion, on voit la superposition de deux tendances :

Les entreprises manifestent leur dynamisme; elles sont soucieuses de prendre une part suffisan-te d'un marche qui s'elargit; elles accroissent done leur production et pour y parvenir elles augmentent leurs investissements. Simultanement, elles developpent leur appareil de prospection et d'acquisition. En-fin, le chiffre d'affaire croissant masque un gonflement de la partie improductive et une baisse eventuelle de la productivity.

Les pouvoirs publics, pousses par l'opinion, participent a une certaine euphorie et entrepren-nent d'importants renouvellements et modernisations ainsi que de grands programmes d'investissements (hopitaux, ecoles, routes, etc). Ils le peuvent parce que les rentrees fiscales sont elevees.

L'activite economique etant elevee, l'argent circule rapidement et les credits sont larges, le tout au sein d'un optimisme general.

II apparaft alors de premiers signes de surproduction et de surinvestissements, auxquels il est tout d'abord peu prete attention. Puis des difficultes reelles d'ecoulement des produits apparaissent et tres rapidement une prise de conscience se fait jour d'une situation generate en porte-a-faux. Le credit devient plus etroit, les entreprises prennent des mesures de limitation de production, abaissent les prix pour di-minuer les stocks. Le vent est au pessimisme. Simultanement, les pouvoirs publics voient le produit des impots diminuer et doivent restreindre leurs investissements, le chomage s'installe. C'est la recession.

Celle-ci tend, a son tour, a s'accentuer au-dela de l'equilibre, jusqu'a ce qu 'un net besoin apparaisse sur les divers marches. C'est alors la reprise, d'abord prudente, puis s'accelerant au fur et a mesure que la con-fiance renait, que le chomage se resorbe, que l 'Etat se remet a investir, cela d'autant plus qu 'un certain retard a ete accumule. Une nouvelle phase d'expansion commence, qui aura tendance a s'accelerer jus-qu'au moment ou la surexpansion provoquera une nouvelle recession.

Ce n'est pas ici le lieu d'approfondir le detail du mecanisme economique, et de la part psychologique non negligeable qu 'on y trouve et qui contribue a rendre la stabilisation difficile. En outre, il faudrait que l 'Etat agisse a l'inverse de ce qu'il fait : il devrait attendre la recession pour investir l 'excedent du produit

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Chap. 1 § k ( k 4 ) , / 47

des impots des annees d'expansion.

La figure 1.31 schematise le phenomene.

Prevision

Base de prevision

1955 1965

Fig. 1.31

Annees

Evolution cyclique de l 'economie

La question, ici, est de savoir ce que ce mecanisme cyclique implique dans le domaine de l'energie.

Nous avons deja releve au paragraphe b que ces variations temporaires ne paraissent pas avoir, dans le passe, affecte de maniere sensible l'allure generate de revolution de la consommation mondiale d'energie (fig. 1.3). Par contre, on peut se demander si l 'etat de cette consommation en 1975 (240 EJ), point de depart de nos previsions, ne correspondait pas precisement a la fin d'une periode d'expansion. Cela signifierait surtout que le taux d'augmentation de la consom-mation atteint dans les dernieres annees ( > 5 %/an) est anormalement eleve.

Si Ton desire etablir une prevision tenant compte de ces considerations, il faut :

- partir d'une annee situee au milieu de la derniere periode d'expansion, par exemple 1965,

- determiner le taux t E g d'accroissement de la consommation pendant la periode precedente, de faible

expansion, par exemple 1955 - 1965.

On trouve ainsi une consommation mondiale de 155 EJ en 1965, dont l'accroissement durant la decen-nie 1955 - 1965 a ete de 4,38 % par an en moyenne.

Pour tenir compte de l'influence importante du chiffre de la population sur cette consommation d'6nergie, nous soustrairons le taux tp§ d'augmentation de cette population, ce qui donne une valeur approchee du taux tj jg de la consommation par habitant. On trouve ainsi

1955 - 1960 t E S 4 , 1 9 % t p s 1,75% t H S : ~ 2 ,44%

1960-1965 4 , 5 6 % 1,94% ~ 2 , 6 2 %

En moyenne, la consommation par habitant s'est accrue de 2,53 % par habitant, arrondi a 2,5 %, du-rant la decennie 1955 - 1965.

Durant cette periode, il a ete possible de faire face aux investissements necessites par cette augmenta-tion de la consommation, si Sieves qu'ils aient ete; preuve en est le fait que l'expansion s'est encore poursuivie pendant prds de 10 ans, a un taux s'elevant progressivement plus haut.

Rev

enu

s ou

Pro

du

its

na

tio

na

ux

ou

Page 46: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

48 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

On pourrait done admettre que si le taux tjjg avait pu etre main tenu a 2,5 % /an des 1965 l'expansion plus moderee qui se serait produite aurait peut-etre permis d'eviter la recession et que ce taux pourrait etre maintenu constant a l'avenir (mais pas d'eviter le desordre mone-taire actuel, qui a d'autres causes, principalement les excedents des balances commerciales, en particulier aux USA).

Cependant pour tenir compte de l'accroissement de la consommation mondiale d'energie en valeurs absolues, des problemes progressivement plus aigus d'atteintes aux reserves et a l'environnement, de la hausse probable du cout de l'energie qui en resultera et, d'une facon generate, de l 'augmentation vraisem-blable des problemes financiers et humains provenant de l'elevation concomitante du standard de vie des pays moins developpes, nous admettrons que ce taux t j j§ ira en diminuant lentement (en moyenne mon-diale) de 0,01 % par an, soit de 0,35 % de 1965 a 2000. Nous avons ainsi formule une hypothese 2a, va-riante de l'hypothese 2 ( § g , tableau 1.14), plus realiste a long terme puisqu'ayant ecarte l'effet de varia-tions cycliques de l'economie.

On remarquera toutefois qu'il n'est pas, dans cette hypothese 2a, suppose de fortes pressions tendant a la limitation de la consommation d'energie, ainsi que e'etait le cas dans les hypotheses 3b et 3c envisa-g e s precedemment.

Le tableau 1.32 donne le resultat du calcul correspondantl / .

Tableau 1.32 Prevision globale basee sur la decennie 1 9 5 5 - 1 9 6 5 (hypothese 2a)

II est, pensons-nous, interessant de noter que cette prevision ne conduit pas a des chiffres nota-blement differents a la fin du siecle de ceux calcules avec les hypotheses 3. Ces chiffres sont meme tres voisins de ceux de l 'hypothese moyenne 3b : 664 EJ au lieu de 652 EJ; on note aus-si que la consommation prevue pour 1975 est presque exacte (238 EJ).

En reduisant le taux t j j deux fois plus rapidement (hypothese 2b), soit a raison de 0,02 %/an , de telle sorte qu'il n'atteigne que 1,80 % (moyenne mondiale) pour la periode 1995-2000, la consommation to-tale s'eleverait encore a 620 EJ/an, en l'an 2000, tres voisine de la valeur de 610 EJ ± 5 % , admise en conclusion du paragraphe i. On peut done voir dans ces dernieres previsions 2a et 2b une confirmation de l'ordre de grandeur de 610 EJ/an pour la consommation mondiale d'energie a la fin du siecle.

1/ la population mondiale exacte en 1975 est de 3,97 Ghab; nous avons majore les chiffres de 1955 - 1975 de 0,02 a 0,03 Ghab pour retrouver le total arrondi de 4 Ghab en 1975 utilise par ailleurs, ce qui diminue de 1 % l'energie consommee par habitant.

r

ANNEE

POPUL MONC

G.hab.

ATION HALE

% / a n

ENEF PAR HA

% / a n

*GIE ^BITANT

GJ/an

ENE TOT

ED/an

RGIE ALE

*ES % / a n

1955

1960

2 , 7 6

3 . 0 1 1.75

1 QZ.

2 . 4 0

9

3 6 . 6

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101

124 4 .19

L Rfi

1965

1 9 7 0

3 .31

3 .64

i,

1.92

1 on

Z , 3 9

2 . 4 5

o / n

4 6 . 8

5 2 . 8

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192

OO

4.41

L 9R

1975

1 9 8 0

4 . 0 0

4 . 4 0

i ,yu

1.92 1 0 9

Z , *»U 2 . 3 5

9

5 9 . 5

6 6 . 8

2 3 8

2 9 4

*• , OD

4 . 3 2

/ 9 7

1 9 8 5

1 9 9 0

4 . 8 4

5 .32

i ,yz

1.91 1 OQ

z . ou

2 . 2 5

o on

7 4 . 9

8 3 . 7

3 6 2

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LI

4 . 2 0

/ 19

1995

2 0 0 0

5 .84

6 . 4 0

I 100

1.85 I. ZU

2 . 1 5

9 3 . 3

1 0 3 , 8

545

664

4,1Z

4 . 0 4

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Chap. 1 § / , m ( m l ) 49

§m. Causes de distorsion des previsions

Une prevision de la consommation d'energie primaire ay ant ete ainsi etablie, nous devons nous demander si des causes, autres que celles que nous avons tente de prendre en compte, pourraient conduire a une modification notable des chiffres. On peut notamment imaginer d'importantes evolutions technologi-ques; on peut aussi s'interroger sur l'influence qu'ont les conditions climatiques differentes dans lesquel-les vivent les diverses populations du globe. Nous nous arreterons done un instant a ces deux questions; cela nous paraft en particulier utile afin de mieux apprecier la sensibilite des resultats a l 'introduction de preoccupations differentes.

m 1. Effet des conditions climatiques sur la prevision

II est incontestable que les conditions climatiques exercent une influence sur la consommation d'energie et que cet effet peut etre important si Ton compare des populations vivant sous des latitudes elevees et d'autres situees en regions chaudes. Mais il est difficile d'avancer des chiffres precis a cet egard.

II s'agit bien entendu principalement de l'energie consommee pour le chauffage des locaux. Les es-timations relatives a cette energie varient dans de larges limites : on n'a pas la possibility de mesurer directement cette energie, dont les sources sont diverses.

Une premiere approche peut se faire au niveau de 1' energie utile. La chaleur represente une grande part de celle-ci, mais il s'agit aussi bien de chaleur industrielle que domestique, et cette derniere n'est pas exclusivement destinee au chauffage des locaux. En Suisse (chap. 4), on presume que le 80 % de l'ener-gie utile se presente sous forme de chaleur et il a ete estime que la moitie en est destinee au chauffage des locaux, soit 40 % du total.

Au niveau de 1' energie distribute, la proportion est plus faible, la transformation en chaleur se faisant generalement avec un bien meilleur rendement que celle en travail mecanique ou en lumiere. II semble que 3/8 environ de cette energie distribute le soient au secteur des usages domestiques et commerciaux, de l'artisanat et des services publics. Si la part utilisee au chauffage est de l'ordre de 1/3 de cette energie, cela represente 15 a 20 % du total distribue; il s'y ajoute toutefois une proportion limitee de l'energie distribute a Pindustrie (4/8) et aux transports (1/8) (chap. 3). II se peut done que dans des pays indus-trialises, en zone tempered, la chaleur de chauffage de locaux atteigne 20 a 25 % de l'energie distribute. Ce pourcentage parait cependant t levt .

La proportion devrait etre plus faible, au niveau de 1' energie primaire, la difference entre energie pri-maire et energie distribute provenant principalement des pertes a la production d't lectricitt et seule une faible part de cette derniere t t an t utiliste au chauffage de locaux. Nous pensons done que 15 a 20 % de l'tnergie primaire constitue un ordre de grandeur vraisemblable.

Cela dit, il est de fait que le centre de gravitt gtographique des pays du groupe A est situt plus au Nord que celui du groupe B, et surtout du groupe C. Mais il est dtja tenu compte de cette difftrence dans la consommation d'tnergie primaire en 1975, servant de base aux previsions.

Cet effet climatique n'intervient done que dans la mesure ou il justifierait d'imaginer des tvolutions difftrentes des trois groupes. II pourrait, par exemple, expliquer tout ou partie de l ' tcart observt entre les groupes A et B en ce qui concerne la valeur du parametre A de la loi R = A.H (§ j2 ci-dessus). On ob-serve effectivement que le parametre A est plus t levt (29 $/GJ) dans le groupe B que dans le groupe A (22 $/GJ) en 1975; a revenu tgal, on consomme plus d'tnergie dans le groupe A.

Cet effet climatique est pris en compte des lors que nous avons imagine pour chaque groupe une evolution separee, a parametre A constant et differencie.

Cet effet climatique est en tout cas un motif de ne pas rechercher une tvolution dans laquelle la con-

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50 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

sommation par habitant dans le groupe B rattraperait completement, au fil des annees, la consommation du groupe A. Un ecart de 15 a 20 % pourrait ainsi subsister a industrialisation egale ailleurs. On notera toutefois qu'en zone chaude, voire tropicale, la part croissante prise par la climatisation tend a attenuer cet effet climatique.

De toute maniere une evolution notable a cet egard n'est pas vraisemblable au cours des 2 a 3 prochaines decennies et nous pensons done que cet effet ne peut avoir qu'une influence tres limitee dans les previsions precedentes, plus faible que celle des autres causes d'incertitude et d'erreur.

m2. Effet des evolutions technologiques

Sans pretendre etre exhaustifs, constatons que de telles evolutions peuvent notamment avoir pour effet de :

- reduire les pertes de transformation et transport, done reduire la consommation d'energie primaire a energie utile egale,

- lever certaines contraintes provenant de la necessity de proteger l 'environnement, et attenuer ainsi Pobligation de moderer l'accroissement de la consommation,

- faire apparaitre des possibility nouvelles, en particulier d'energies douces, notamment faciliter le recours a l'energie solaire.

Ces effets peuvent done etre opposes au niveau de l'energie primaire; par exemple un recours accru a l'energie solaire fera croftre, au demeurant sans inconvenient, la consommation d'energie primaire, car les rendements de transformation en energie utile sont generalement plus faibles.

On peut, pensons-nous, tenir pour certain que ces trois effets se manifesteront et viendront done modi-fier les chiffres des previsions dans une mesure qui ne peut pas etre evaluee aujourd'hui. Ces evolutions technologiques sont le secret de demain et l'esprit humain s'est montre suffisamment inventif dans le pas-se pour que Ton soit assure que des changements importants interviendront a l'avenir.

II est non moins certain a nos yeux que ces effets ne pourront qu'etre tres limites au cours de la fin du 20eme siecle, etant donne le temps necessaire a la mise au point des nouvelles tech-nologies, a leur introduction au stade industriel, puis au temps qu'il faudra pour que des in-novations jouent un role significatif. Nous pensons done qu'il n ' en resultera pas de modifica-tion importante des previsions a l'horizon de l'an 2000, les effets restant encore dans la marge generate d'incertitude d'une telle prevision ( < 10 % en energie primaire).

§ n. Conclusions

Les pages qui precedent permettent, pensons-nous, de considerer comme etablis les faits que nous resu-mons ci-apres, et ce seront nos conclusions de ce premier chapitre.

1/ La consommation d'energie, mesure de la purpart des activites humaines, etroitement liee au standard de vie, est tres inegalement repartie selon le degre d'industrialisation des collectivites conside-r e d (fig. 1.2).

2/ La consommation d'energie ayant augmente de maniere de plus en plus rapide, en grande par-tie du fait de l'acceleration du developpement dtmographique (fig. 1.3), on peut craindre dans les dtcen-nies a venir un tpuisement des reserves et des atteintes graves a l 'environnement, provoquant des modifi-cations climatiques eventuellement irreversibles. II apparaft done une preoccupation croissante de limiter cette augmentation de la consommation d'tnergie.

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Chap.l § m ( m l , m 2 ) , n 51

3/ II n'y a pas de crise de l'energie proprement dite, mais une evolution continue dans les techno-logies, dans les sources d'approvisionnement et, partant, dans les relations de dependance economique et politique. II y a eu, par contre, un important a-coup resultant d'une hausse brusque du prix du petrole, a-coup fortement ressenti par une economie mondiale en surexpansion (surinvestissement et surproduc-tion), en desordre monetaire, et qui en trait precisement en periode de recession. Ces circonstances ont provoque une large et heureuse prise de conscience des roles de l'energie.

4/ Les causes de l'augmentation de la consommation d'energie au cours des dernieres decennies (1950 - 1975), et meme des le debut du siecle, sont t rop profondes pour que 1'on puisse prevoir une mo-dification forte et rapide des tendances actuelles. Sur le plan demographique, ces causes se trouvent notamment dans les progres de la medecine (au sens large) et de l'hygiene, et de l'extension de ce pro-gr&s a des populations de plus en plus etendues. Au plan technique, ces causes se trouvent dans le deve-loppement des machines et installations, notamment hydrauliques, puis thermiques, electriques et nu-cleates, et enfin electroniques, et dans l'acces a ces techniques de populations d'importances croissantes.

5/ Au cours des deux a trois prochaines decennies, revolution demographique va se poursuivre. Meme en tenant compte d'une large tendance a la regularisation des naissances, l'accroissement de la population restera important, en particulier du fait de l'allongement de la duree de la vie dans de gran-des populations. On doit compter avec une population terrestre de 6,3 milliards d'habitants (± 2 % ) a la fin du siecle (tabl. 1.9, fig. 1.10).

6/ A cet accroissement de l'effectif de la population (en gros 2 % par an) s'ajoute celui de la consommation par habitant, consequence des efforts d'industrialisation, du dynamisme des entreprises et de la volonte de chacun d'ameliorer ses conditions materielles d'existence. A cet egard, la question est differente selon qu'il s'agit de pays industrialises, ou en voie d'industrialisation, ou encore peu develop-pes. Si Ton peut admettre que les premiers, deja largement pourvus, devront limiter l 'augmentation de leur consommation a l'avenir, il n 'en est pas de meme des autres, en particulier des pays les moins de-veloppes, qui ont un retard considerable (rapport de 1 a 100, fig. 1.5). II y a ainsi opposition entre vo-lonte de ralentir la progression de la consommation generale et necessite de promotion des collectivi-tes moins favorisees.

7/ Qu'il s'agisse de l'apparition de limitations ou de contraintes (economie des reserves, protec-tion de l'environnement, hausse du cout de l'energie), ou de la mise en oeuvre des dispositions adminis-tratives correspondantes, des annees seront necessaires avant que des effets se fassent sentir a l'echelle mondiale. II en est de meme des mesures soutenant la promotion des pays moins developpes : il faut de 5 a 15 ans entre le debut de la conception d'une action et son entree en complete efficacite. A l'echelle mondiale, les tendances ne se modifieront done que lentement et progressivement.

8/ En ce qui concerne les pays industrialises (1,15 G.hab. en 1975, 1,4 G.hab. en 2000), dont la consommation d'energie par habitant est eievee (172 GJ/an en moyenne, 350 GJ/an aux USA), une tres forte volonte de limitation est necessaire pour que le taux d'accroissement, actuellement de 3,0 % /an, s'abaisse progressivement a l'ordre de 1 % l'an dans 25 ans. C'est cependant une condition indispensable si Ton ne veut pas que la promotion des autres pays entraine une augmentation inacceptable de la con-sommation mondiale. Meme dans ces conditions, la consommation par habitant de ces pays industria-lises atteindra en moyenne 280 a 300 GJ/an a la fin du siecle; elle aura au minimum augmente de moi-tie.

9/ Si eieve que soit le taux d'accroissement de la consommation des pays moins developpes (1,35 G.hab. en 1975, 2,5 G.hab. en 2000), leur consommation restera une faible part de la consom-mation totale (4 % en 1975, 6 % en 2000), et revolution de cette consommation ne joue done qu'un role secondaire dans l 'augmentation generale, du moins dans les trois decennies a venir. Ce sont les problemes financiers, humains et d'infrastructure qui empecheront ces pays de voir le taux d'accrois-sement de leur consommation d'energie depasser 6 - 7 %/an a la fin du siecle.

10/ II resulte de ce qui precede que revolution de la consommation mondiale d'energie depend

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52 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

essentiellement de l'augmentation dans les pays intermediaires, en voie d'industrialisation. lis groupent en effet une population importante, qui croft rapidement (1,5 G.hab. en 1975, 2,4 G.hab. en 2000), et dont la consommation par habitant est deja appreciable (22 GJ/an) et augmente a un taux eleve (4,9 % /an en 1975). Meme en admettant que ce taux s'abaissera progressivement, par exemple a 4 ou 3 % en 2000, la consommation par habitant atteindra 65 a 70 GJ/an a la fin du siecle. Leur part a la consommation mondiale sera alors de 25 a 27 % , et ils contribueront a raison de 45 % environ a l'ac-croissement de cette consommation.

11 / Des lors, la question se pose comme suit : ou bien (hypothese 3b, tabl. 1.17) Ton parviendra a assurer a la fin du siecle un taux de croissance de la consommation mondiale de l'ordre de 4 %, et les pays en voie d'industrialisation pourront suivre revolution indiquee ci-dessus, les premiers d'entre eux faisant alors partie des pays industrialises, ou bien (hypothese 3c, tabl. 1.18) le taux de la consommation totale s'abaissera jusqu'a l'ordre de 3 % (dont 1,9 % pour faire face au seul accroissement de la popula-tion), et ces pays en voie d'industrialisation verront leur effort actuel se ralentir notablement, le taux par habitant s'abaissant de 5 % en 1975 a 3 % en 2000. Une forte reduction de la croissance de la consom-mation mondiale est incompatible avec une promotion rapide des pays en voie d'industrialisation.

12/ Mais, quelle que soit la prevision retenue, la consommation mondiale en l'an 2000 varie peu, les diverses influences examinees n'ayant pas le temps de developper des effets importants. Comptee en energie primaire et en admettant que le rapport energie utile / energie primaire ne se modifiera pas sen-siblement, on consommera en l'an 2000 600 EJ/an ± 5 % (eventuellement ± 10 % ), soit 2,5 fois plus qu'en 1975 (240 EJ/an) (fig. 1.19 et 1.20).

13/ Un calcul base sur les conditions de la decennie 1955 - 1965, et cherchant a ecarter de la previ-sion les effets cycliques de la surexpansion et de la recession, conduit a des resultats semblables (hypo-these 2a, tabl. 1.32).

14/ Precisons que l'energie primaire cumulee consommee de 1975 a 2000 sera de 10 000 EJ ± 2 % (eventuellement ± 5 % ). C'est le double de l'energie consommee de 1910 a 1975 (fig. 1.3) et c'est environ autant que la totalite de l'energie consommee commercialement depuis le debut de l'ere chretienne.

15/ II serait faux de retenir l'impression, au vu de la relative precision des previsions, que les me-canismes economiques ne laissent qu'une marge d'intervention insignifiante. Cette impression provient de ce que la prevision est ici limitee a 25 - 30 ans, duree peu superieure aux constantes de temps ( 5 - 1 5 ans) regissant les phenomenes. A la fin de la periode examinee, les taux d'accroissement sont nettement dif-ferents selon les hypotheses envisagees, et determineront des ecarts notables 20 ou 30 ans plus tard.

16/ Devant l'accroissement considerable de la consommation d'energie que ces previsions font ap-paraitre, la tentation est grande de supposer qu'il sera possible de la restreindre. II faut toutefois se con-vaincre que cette consommation depend etroitement de l 'augmentation des revenus et produits, done du standard de vie. Tout porte a croire qu'il y a meme une simple proportionnalite entre le revenu brut R et la consommation H par habitant, qui sont done lies par une loi R = A.H (fig. 1.21).

17/ On peut verifier qu'une telle proportionnalite existe aussi bien entre les revenus et consomma-tions de pays differents, a une epoque donnee (fig. 1.21), ou entre les revenus et consommations d'une meme collectivite au cours de son evolution (fig. 1.24 a 1.26). II en resulte cette constatation capitale que refuser a une collectivite la possibility d'accroitre sa consommation d'energie au-dela de l'augmenta-tion de sa population, c'est refuser a ses habitants l'amelioration de leurs conditions materielles d'exis-tence.

18/ Le maintien des installations de production, de transformation, de transport et de consomma-tion d'energie exige leur renouvellement periodique; cela conduit chaque annee a d'importants investisse-ments, rendus possibles par les revenus de la vente de l'energie. Mais en periode d'expansion, il s'y ajoute les investissements necessites par les installations correspondant a l'accroissement d'energie produite et

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Chap.l § n 53

consommee. Ces investissements sont evalues a l'ordre de grandeur de 0,2 a 0,4 Tfr/EJ d'accroissement annuel (francs suisses 1975, 1 Tfr = 1 0 1 2 = mille milliards). Pour 1975, avec une consommation mon-diale de 240 EJ et une augmentation de 5 % , ces investissements ont ainsi ete de 2 a 4 mille milliards de francs par an.

19/ En admettant 1'evolution de la consommation definie par l 'hypothese moyenne (3 b) et un in-vestissement specifique de 0,3 Tfr/EJ, l'investissement supplementaire a consentir dans les 25 prochaines annees (1975 - 2000) est de 125 Tfr (125 000 milliards de francs suisses 1975 ou environ 5 0 . 1 0 1 2 US$ 1975, tableau 1.29). Ce montant correspond a environ 20 % du total mondial des revenus nationaux bruts dans la meme periode.

20/ La poursuite de la promotion des pays en voie d'industrialisation (B) exigera environ 40 Tfr, ce qui correspond a 25 a 28 % de la somme de leurs revenus bruts. Cette part semble excessive et ces pays auront besoin du soutien des pays industrialises (A) dans un ordre de grandeur de 10 Tfr. De meme les pays moins developpes (C) devraient recevoir un appui de l'ordre de 3 Tfr, soit au total 13 Tfr (en moyenne environ 400 fr/an par habitant des pays industrialises) (fig. 1.30). Ces investissements sont le fait aussi bien de personnes privees que publiques, du pays considere et de pays tiers, une part limitee etant faite ailleurs.

2 1 / De tels investissements ne paraissent possibles que si les pays industrialises (A) sont prosperes. Cela suppose que Ton n'exerce pas sur eux une trop forte contrainte visant a limiter leur expansion. II en resulte que si Ton veut assurer la promotion des pays moins industrialises (B et C) et maintenir la pros-perite des pays deja industrialises (A), la consommation totale d'energie va continuer a croitre beaucoup, vraisemblablement a un taux qui diminuera de 4,4 % en 1975 a 2,5 a 3,5 % en 2000.

22/ Tout ce qui precede montre que pour assurer la promotion des pays moins developpes et pour garantir la protection de l'environnement - les deux preoccupations majeures - il faut accepter que la consommation d'energie continue a croitre beaucoup; mais il est des lors indispensable de developper ac-tivement des techniques nouvelles permettant le recours prochain (dans 10 a 30 ans) a des energies non polluantes et renouvelables, ou quasi-inepuisables, par exemple : energies hydraulique, solaire, geother-mique, recours au charbon (limite et avec le traitement prealable), uranium par surgenerateur si techni-que confirmee, fusion nucleaire eventuelle, etc. Cela exige que la recherche soit tres fortement accele-ree.

23 / On ne saurait t rop insister sur le fait qu'une stabilisation demographique rapide est imperative pour assurer une stabilisation economique.

24/ On doit s'attendre a devoir realiser dans le monde d'ici a la fin du siecle des installations de production et de consommation d'energie d'une puissance totale de l'ordre du double de la totalite des installations existantes. C'est un effort scientifique, technique, industriel, financier et humain enor-me. Les problemes poses par l'energie et son economie vont done encore croitre.

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54 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

ANNEXE 1 A

RELATIONS LIANT LES EFFECTIFS DE POPULATION, LES CONSOMMATIONS D'ENERGIE PAR HABITANT, LES CONSOMMATIONS TOTALES D'ENERGIE, ET LES TAUX D'ACCROISSEMENT ANNUEL DE CES DIVERSES GRANDEURS

1. Definitions et relations liant les grandeurs

a) Populations. La population mondiale est divisee en trois groupes :

Groupe A Groupe B Groupe C

A l'epoque T :

P A > P B > P C

pays industrialises pays en voie d'industrialisation pays moins developpes

population des groupes A, B et C (nombre d'habitants)

somme de P^ , Pg et P^ , soit population totale

population de l'un des groupes avec i = A, B, C

somme de i = A a i = C

done P S = P A + P B + P C = £ p i

A l'epoque T' = (T+ 1 an), ces grandeurs deviennent

P A - P B • P C > P S d ' o i l P S = 2 p i

(1)

(2)

Le taux d'accroissement annuel d'une grandeur est t; ce taux est affecte d'un indice qui indique de quelle grandeur il s'agit. Ainsi la population Pj est-elle multipliee par (1 + tpj) lorsque Ton passe de l'epoque T a l'epoque T'

P( = PjO+tpi) Pg = P s O + t p s ) i = A,BouC (3 a6)

b) Energie totale

La consommation d'energie du groupe i durant l'annee T est Ej. La consommation mondiale durant la meme annee est Eg , d'ou

E s = E A + E f i + E c =Y^i (7)

Pour l'annee suivante T' = T + 1 an : E S = E A + E B + E C = £ E i ( 8 )

Comme pour les populations, on a E i = E i O + t E i ) E S = E s O + t E S > ( 9 M 2 >

t£g : taux d'accroissement annuel de la consommation mondiale d'energie.

c) Energie par habitant

La consommation d'energie par habitant durant l'annee T est designee par H; ainsi H| est la valeur moyenne de cette

consommation dans le groupe i.

Par definition, nous avons Hj = E [ L ? I H s = E s / P s (13 a 16)

Pour l'annee T' = T + l an :

H[ = Ej'/P/ = E£/P£ (17 a 20)

Cette annee T'la consommation est:

Hj' = Hjd+tHj) H£ = H s ( l + t H S ) (21 a 24)

P S P i

I

Page 53: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l Annexe 1A 55

2. Systeme d'equations

a) Nature du systeme

Les relations (1) a (24) lient les 36 grandeurs suivantes

A , B , C , S E A , B , C , S

P A , B , C , S E A , B , C , S H A , B , C , S

*PA , PB , PC , PS

*EA , EB , EC , ES lHA , HB , HC , HS *A , B , C , S

II resulte de ceci que pour passer des valeurs relatives a l'annee T a celles de l'annee suivante T', 12 grandeurs doivent etre connues, ou donnees; ces grandeurs ne peuvent cependant pas etre choisies librement, les equations etant incompletes. Par exemple, des 12 grandeurs figurant dans la colonne de gauche et definissant l'etat de Pepoque T, seules 6 peuvent etre choisies, et encore faut-il n'en prendre que deux ayant un meme indice. L'etat initial, a Pepoque T, sera determine, par exemple, par la connaissance de Pj et Hj, c'est-a-dire

P A ' P B > P C ' H A > H B e t H C

De maniere analogue, seules six grandeurs peuvent etre choisies dans les deux colonnes de droite, mais seulement une sur une meme ligne avec un meme indice. Le passage de l'etat a Pepoque T a l'etat de l'annee suivante T' pourra done etre determine par exemple par le choix de tpj et tj^ , soit

t P A , t p B , t p c et t H A , t H B , t H C

b) Resolution du systeme

Les 24 autres grandeurs peuvent etre calculees en fonction de ces

12 donnees: Pj, tpj, Hj, tjjj

Des lors :

lPS - 1 = (25)

En admettant que les taux t sont petits par rapport a l'unite, leur produit peut etre neglige. Le taux t p etant inferieur a 3 % et le taux tjj a 6 %, Perreur relative reste inferieure a 0,2 %. On obtient ainsi

E s

H s

lHS

(26)

(27)

(28)

(29)

(30)

3. Remarque

L'expression (28) ci-dessus comprend dans le second membre deux termes, dont le premier est t£<* selon (30) et le second est tpg selon (25). On peut done ecrire

+ t HS lES (31)

Cette relation et les trois relations (29) sont groupees au paragraphe h sous l'expression (1.3).

I H j P i O a i H j P i d + t H j + t p i )

4Ei I

^ S " • ^ S

(1 + t m ) ( l + t p i ) - l = t f f i + t K

Page 54: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

56 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

ANNEXE 1B

POPULATION, REVENU ET ENERGIE CONSOMMEE DES PAYS AYANT SERVIS DE BASE A LA CORRELATION " REVENU - ENERGIE " ET A LA FORMULATION DES GROUPES A, B ET C

Les chiffres utilises sont tires de

Statistical Yearbook 1976, Nations-Unies World Energy Supplies 1950 - 1975, Nations-Unies Population Bulletin of the United Nations, No 8,1976 Notices economiques de l'Union de Banques Suisses, juillet 1977.

Pour etablir la correlation " revenu-energie" , ont seuls ete pris en consideration les pays de plus de 5 millions d'habi-tants en 1975. La liste de ces 77 pays fait l'objet de trois tableaux 1.33 a 1.35 ci-apres, subdivises comme suit :

Groupe A

Groupe B

Groupe C

et

et

pays industrialises

revenu brut par habitant R superieur a 800 $/an

consommation d'energie primaire par habitant H superieure a 40 GJ/an

pays en voie d'industrialisation

revenu brut par habitant R compris entre 250 et 800 $/an

consommation d'energie primaire par habitant H comprise entre 8 et 40 GJ/an

pays moins developpes

revenu brut par habitant R inferieur a 250 $/an consommation d'energie primaire par habitant H inferieure a 8 GJ/an

r 1975 POPULATION REVENU national ENERGIE " \ P brut par an annuelle

R E H NOM M . nab G * $ / h a b EJ GD/hab

AO Allemagne Ouest 61,682 349,89 5672 9.69 157 AE Allemagne Est 17.127 75,74 4422 3,38 197 AS Afrique du Sud ] ' 27,853 26.46 950 2,47 89 AR Argentine 25,384 21,17 834 1.31 51 AU Australie 13.809 81,21 5881 2.57 186

A Autriche 7,538 31,39 4164 0.82 108 B Belgique 9,846 53,35 5419 1.60 163 BG Bulgarie 8,793 12,99 1477 1.22 139 CA Canada 22.801 139,91 6136 6,62 290 DK Danemark 5.026 29,39 5849 0,78 156

E Espagne 35,433 89.23 2519 2,23 63 F France 52,913 284,53 5377 6,13 116 GB Royaume-Uni 56.427 187.78 3328 8,66 154 GR Grece 8,930 18,09 2026 0,55 62 H Hongrie 10.534 19.36 1838 1,12 106

I Italie 55,023 147.09 2673 4,93 90 3 Dapon 111.120 434.23 3908 11.79 106 PB Pays - Bas 13,599 68.12 5009 2,32 170 PL Pologne 33,841 68.12 2013 5,00 148 R Roumanie 21,178 27.11 1280 2.37 112

S Suede 8,291 58,66 7076 1,48 179 SU Suisse 6,535 49,24 7534 0,69 105 TC Tchecoslovaquie 14.793 39.80 2691 3.10 210 UR URSS 255.038 1534,56 2096 41,38 162 USA Etats -Unis 213,925 1332.00 6226 68.91 322

V Venezuela 12,213 24,42 1999 0.93 76 YU Yougoslavie 21,322 27.94 1311 1.21 57

GROUPE A:27pays 1130.974 4231.78 3742 193.26 171J 1) y compris Lesotho , Namibie . Botswana et Souasiland

Tableau 1.33

GROUPE A : 27 pays industrialises

R > 800 $/hab et H > 4 0 GJ /hab

ou

Page 55: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

Chap.l Annexe IB 57

1975 POPULATION REVENU national ENERGIE

P brut par an annuelle

R E H NOM M . h a b G $ $ / h a b ED GD/hab

AG Algerie 16,792 8,60 512 0,37 22 AN Angola 6.353 2,30 362 0,03 5 AB Arabie saoudite 8.966 38.67 4313 0.37 41 BO Bolivie 5,410 1,73 319 0.05 9 BR Bresil 109,730 92,34 886 2,11 19

CH Chili 10,253 3,90 380 0,23 22 CP Chine populaire 838,803 461,34 550 16,73 20 CO Colombie 25,890 11,31 437 0.46 18 CS Coree du Sud 34.663 17,21 496 1.06 30 C Cuba 9,481 10,02 1056 0,32 34

EG Egypte 37,543 10.97 292 0,44 12 EC Equateur 7,090 3,88 548 0,09 12 GT Guatemala 6,129 3.15 513 0.04 7 IR Iran 32,923 52.71 1601 1.31 40 IK Irak 11,067 12,84 1160 0.23 21

MA Maroc 17,504 6.67 381 0.14 8 ML Malaisie 12,093 8,46 700 0,16 13 MX Mexique 59,204 79,02 1335 2.15 36 PE Perou 15,326 11,74 764 0,31 20 PH Philippines 44,437 13,40 302 0,41 9

P Portugal 8,762 12,82 1463 0.25 29 RH Rhodesie 6,276 3.15 502 0,14 23 SY Syrie 7,259 5.46 752 0.10 14 TH ThaYlande 42,093 13,28 316 0.35 8 TN Tunisie 5.747 3,79 660 0.08 13 T Turquie 39.882 23,75 596 0,72 18

V. GROUPE B : 26 pays 1419,676 912,51 643 28,65 V

( 1975 POPULATION REVENU national ENERGIE ^

p brut par an annuelle R E H

NOM M.hab G * | / h a b ED GD/hab

AF Afghanistan 19,280 1.91 99 0,030 1,5 BD Bengladesh 73,746 6,93 94 0.064 0,9 Bl Birmanie 31,240 2.28 73 0,047 1,5 CB Cambodge 8.110 1.19 147 0.004 0,5 CM Cameroun 6,398 1.46 229 0.020 3,1

ET £thiopie 27.975 2.49 89 0,023 0,8 GH Ghana 9.873 2,24 227 0.053 5,3 HV Haute-Volta 6,032 0.47 78 0,003 0,6 IN Inde 613,217 75,88 124 3.873 6.3 ID Indonesie 1 36,044 26,40 194 0,710 5,2

K Kenya 13,251 2.78 210 0,068 5.2 M Madagascar 8.020 1,28 160 0.016 2.0 Ml Mali 5.697 0.52 92 0.004 0.7 MO Mozambique 9.239 2.31 250 0.050 5,4 NP Nepal 12.572 1,28 102 0.004 0,3

NG Nigeria 62.925 13,10 208 0.166 2.6 OU Ouganda 11.353 1.43 126 0.018 1.6 PK Pakistan 70.560 10.86 154 0.376 5,3 SD Soudan 18.268 2.61 143 0,073 4.0 SL Sri - Lanka 13.986 2,94 210 0.052 3,7

TZ Tanzanie 15,438 2.13 138 0.031 2.0 VS Viet-Nam Sud 19,653 2.63 134 0,111 5.6 YE Yemen Nord 6,668 0.88 132 0,010 1,4 ZA Zaire 24,485 3.16 129 0.057 2.3

GROUPE C: 24pays 1224,030 169.16 138 5,863 4 . 8 ^

Tableau 1.34

GROUPE B : 26 pays en voie d'industrialisation

2 5 0 < R < 8 0 0 $/hab ou 8 < H < 4 0 GJ /hab

Tableau 1.35

GROUPE C : 24 pays moins developpes

R < 250 $/hab et H < 8 GJ /hab

Page 56: Energie || ÉVOLUTION PROBABLE DE LA CONSOMMATION MONDIALE D'ÉNERGIE

58 Evolution probable de la consommation mondiale d'energie

La population totale de la Terre est estimee en 1975 a 4,0 milliards d'habitants. Le total limite aux pays de plus de 5 millions d'habitants est de 3,775 milliards aux tableaux precedents; il faut done repartir l'ecart de 225 millions entre les 3 groupes, cela de maniere differenciee car il y a plus de pays de moins de 5 millions d'habitants dans les groupes B et sur-tout C.

Nous avons souligne le caractire arbitraire de la constitution des groupes A, B et C en leur attribuant des populations totales arrondies a 50 millions pr&s, et ne correspondant pas exactement a un nombre determine de pays definis.

Pour obtenir le revenu R et la consommation d'energie E des groupes ainsi formes, a partir des totaux des tableaux 1.33 a 1.35, il faut d'une part repartir les 225 millions d'habitants correspondant aux petits pays et d'autre part trans-ferer le petit excedent du groupe A sur le groupe B, puis du groupe B sur le groupe C. Chaque operation est faite en te-nant compte des revenus et des consommations par habitant probables pour les populations reparties et transferees (comp-te tenu d'un examen de ces revenus et consommations pour ceux des petits pays qui sont connus). Nous avons enfin admis qu'un defaut de statistiques appropriees et exactes etait probable dans les pays du groupe C, deficience se traduisant par des valeurs sous-estimees dans le groupe C (surtout en ce qui concerne l'energie); nous avons admis que cela etait egalement vraisemblable, quoique a un moindre degre, pour les pays les moins riches du groupe B. Le tableau 1.36 donne le detail de ce calcul rectificatif, qui conduit aux valeurs qui figurent au tableau 1.7.

Population Revenu £nergie ^

1 9 7 5 P R H E M.hab. $/hab. G* G3/hab. EJ

< 2 7 p a y s > 5M.hab. 1131 3742 4232 171 193,3 LU Q-

• pays< 5M hab. 26 3700 96 192 5,0 3

o 1157 4328 198,3

or tt\ -Report sur Gr. B - 7 800 - 6 40 - 0,3

Situation f inale 1150 (3758) 4322 072) 198,0

26pays>5M.hab . 1420 643 913 20 28,7

• pays<5M.hab . 85 650 55 30 2,5

CD 1505 968 31,2

LU • Report du Gr. A 7 6 0,3 Q. -*} 1512 974 31,5

o • majoration pour sous-estimation ~5«/o 1,6 des stat ist iques

33,1

-Repor t sur Gr. C - 12 250 - 3 8 - 0,1

1500 (647) 971 (22) 33,0

24 pays >5M. hab. 1224 138 169 48 5,9

o • p a y s < 5M.hab. 114 150 17 7 0,8

UJ 1338 186 6,7 Q. • Report du Gr. B 12 3 0,1 O 189 6,8 CC O • majoration pour

6,8

sous-est imat ion ~10% 19 ~ 3 0 % 2,2

des statistiques

1350 (154) 208 (7) 90J

Tableau 1.36 Population, revenu brut, energie primaire consommee pour groupes A, B et C figurant au tableau 1.7