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Givrage sous haute surveillance 60 ans au sommet Des programmes sans frontières PAGE 13 PAGE 4 PAGE 31 LE MAGAZINE DE METEO-FRANCE - AVRIL 2003 - N°18 Le climat Le climat DIALOGUES AVEC LE TEMPS

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Givrage sous haute surveillance

60 ansau sommet

Des programmes sans frontières

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L E M A G A Z I N E D E M E T E O - F R A N C E - A V R I L 2 0 0 3 - N ° 1 8

Le climatLe climatDIALOGUESAVEC LE TEMPS

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2 Avril 2003 ATMOSPHÉRIQUES

ÉDITORIAL

Les réactions aux récents épisodes météo-rologiques montrent à quel point les in-quiétudes du public sur les changementsde temps, le dérèglement des saisons et leréchauffement de la planète sont aiguës.

L’homme agit sur le climat! Cette prise de conscienceest forte et, c’est fort de cette prise de conscience queMétéo-France doit mettre au service des politiquestoutes ses capacités d’expertise.L’ensemble de l’appareil de recherchede Météo-France est amené à contri-buer à cet élan. Ainsi, la climatologieva jouer un rôle grandissant dans l’a-venir, elle fait l’objet du dossier prin-cipal de ce numéro d’Atmosphériques.La climatologie, c’est d’abord l’étudedu temps passé. Grâce aux progrès ré-cents de la paléoclimatologie, les gla-ciers, les océans, les fossiles nous per-mettent de disposer de données surde longues séries pour évaluer l’im-pact de tel ou tel changement et tes-ter ainsi efficacement nos modèles deprévision. Les satellites ne sont pas dereste pour apporter une contributionessentielle à cette difficile modélisation. Des outilsde simulation du climat futur ont ainsi été forgés,ils sont suffisamment fiables pour nous convaincreque nous devons agir pour limiter l’ampleur d’unchangement climatique déjà inscrit dans les faits.

Le climat devient un facteur économique impor-tant. L’annonce dans ces pages de la création d’un in-dice climatique pour les assureurs n’en est que l’undes exemples.

L’intensité des échanges évoqués dans les pagesinternationales de la revue et le nombre de coopéra-tions internationales dans ce domaine sont révéla-teurs de cette prise de conscience collective.

Mais la neige et le froid sont eux aussi très présents dans ce numéro de printemps

Le climat au cœur de nos préoccupations

d’Atmosphériques : que ce soit le problème du gi-vrage, crucial pour les avions, les risques d’ava-lanches ou à travers une visite à la dernière stationde montagne de Météo-France. Le reportage sur lemont Aigoual et son rude environnement est uneoccasion pour aller à la rencontre d’une météoro-logie à visage humain. C’est notre façon de mettreen valeur l’expertise de nos ingénieurs et de nos

techniciens qui demeure cruciale etque les progrès de la modélisationnumérique ne sauraient nous faireoublier. Cette station, qui collec-tionne les records les plus extrêmesde France en chute de neige, intensitédes précipitations ou vitesse de vent,accueille aussi à bras ouverts le grandpublic. En vingt-cinq ans, l’observa-toire cévenol est devenu, sans se dé-partir de son accueil convivial nid’une activité météo soutenue, leplus visité des sites dédiés à la mé-téorologie dans le monde. Un ensei-gnement intéressant quand il s’agitd’illustrer la volonté de notre éta-blissement d’être un service public

de proximité, qui veut placer le client et l’usagerau cœur de son dispositif.

En contraste avec ce séjour aux portes du parc na-tional des Cévennes, les réalités du travail quotidiendu personnel administratif montrent en complé-ment un souci permanent de moderniser égalementsous toutes ses formes nos outils et nos procéduresde gestion. En particulier, la déconcentration du bud-get et des procédures d’achat va faciliter le fonc-tionnement de l’ensemble des services. Service pu-blic à caractère scientifique, la météorologie doitmaintenant se doter de structures de gestion à la me-sure de ses ambitions. Les hommes et les femmes quitravaillent à Météo-France n’en gardent pas moinsleur part de rêve. L’exposition des « plasticiens » dela Météopole dans un espace du centre de la ville deToulouse en témoigne pour notre plaisir à tous. ■

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SOMMAIRE 18

Trimestriel publié par Météo-France 1 quai Branly 75340 Paris cedex 07Tél. : 0145567171

Directeur de la publication :Jean-Pierre BeyssonDirectrice éditoriale :Geneviève DelsolRédactrice en chef :Germaine Rochas

Iconographe :Farida Tatem Bacha

Secrétaire de rédaction :Bernadette Bizieux

Conseiller de la rédaction :Frank Jubelin

MAGAZINE N°18 - AVRIL 2003 Responsables de rubrique :• Météo : Pierre Bessemoulin• Actualités : Philippe Parmentier• Dossier : François Duvernet• International : Philippe Courtier• Proximités : Jacques Manach• Bloc-notes : Brigitte Hamdaoui

Conception graphique :L'atelier Gilles CarminePhotogravure : D2C/PROImpression : Studium

Abonnement : 19 €/an©Météo-France 2003. ISSN 1295-2168

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13MÉTÉO

4 Givrage sous haute surveillanceGRAND ANGLE

8 La déferlante blancheACTUALITÉS

10 En région ; Instantanés ; ParutionsREPORTAGE

13 60 ans au sommetLE DOSSIER

18 Le climat acteur du tempsINTERNATIONAL

31 Des programmes sans frontièresPROXIMITÉS

33 Passage obligé des dépensesPROFIL

37 Les plasticiens du CapitoleBLOC-NOTES

38 Lu pour vousIL Y A 30 ANS

39 Les inondations de SaintesEN COUVERTURE

Le point D10 sur la route qui va de Cap Prud’homme à la station Concordia sur le Dôme C dans l’Antarctique.Matthieu Toullelan s’apprête à démonter le mât avant l’hiver.53e mission en Terre Adélie/Météo-France

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4 Avril 2003 ATMOSPHÉRIQUES

MÉTÉO

Givragesous haute surveillance

Le givrage est un phénomène dangereux pour toutes les catégories d’aéronefs. Depuis plusieurs années,Météo-France développe un programme en vued’améliorer la prévision instantanée du givrage. Il est cependant intéressant d’établir la climatologie du phénomène afin d’en révéler le risque d’occurrence.

L e givrage provient duchangement d’état degouttelettes d’eausurfondues qui gèlent

en entrant en contact avec unavion. Cette accumulation deglace peut se produire de façonplus ou moins subite, et plus ou moins importante. Les accrétions créées vontmodifier l’aérodynamisme de l’avion et, surtout, ellesl’alourdissent. Elles peuventaussi bloquer les gouvernes. Son côté parfois fugace, car il est issu de l’état instable de l’eau en surfusion, et sonextension limitée rendent laprévision du givrage difficile. De plus, la forme précise etl’intensité de l’accrétion de givrerésultent également de facteursliés à l’avion (vitesse et profild’aile).

Comment améliorer la prévision des risques de givre

Le programme développé par Météo-France pourmoderniser son pronostic est bâtiautour de trois axes : la détectionet la prévision des zones de risquede givrage et cela en route,comme à proximité des aéroports, et la détection aéroportée desconditions de givrage sévère. Ces objectifs sont étudiés sousl’angle de la prévisionnumérique, de la prévisionimmédiate, de la télédétection et des mesures microphysiques in situ. Toutes ces activitésreposent sur des coopérations

avec des organismes français ou étrangers. Les principauxparamètres, issus de la prévisionnumérique, qui s’avèrentpertinents pour la prévision dugivrage sont l’humidité relative,le contenu en eau liquide et latempérature. L’OMM a répertoriétoutes les méthodes permettantde déduire les indices de risque de givrage, des méthodes fondéessur les travaux menés dans lespays membres. Un certainnombre d’algorithmes ont ainsiété testés à Météo-France parrapport à des observationsd’aéronefs, dont certaines sontrecueillies et fournies par leNational Center for AtmosphericResearch américain. Le principalrésultat montre que les meilleurstaux de détection, dans l’absolu,ne correspondent pas au meilleurratio de détection par rapport à la surface de la prévision. Cette notion nous indique dansquelles directions il faut chercherà améliorer l’efficacité desprévisions. Finalement, l’étude a conduit à la sélection, pourl’opérationnel, d’un algorithmereposant sur les prévisions de température et d’humiditérelative du modèle de prévisionnumérique Arpège, de Météo-France. Cet algorithme repose surl’étude de la corrélation existantentre la présence d’eau liquidesurfondue, la température etl’humidité relative. Il est notam-ment utilisé par les prévision-nistes de Météo-France pourpréparer les prévisions de givragefournies dans le cadre de l’assistanceà la navigation aérienne.

Les zonesgivrantessontidentifiéesà partirdesdonnéesd’obser-vation(satelliteset radars)et desindica-teursfournispar lemodèle deprévisionnumé-rique.Ce systèmeaujourd’huiexpéri-mental seraopérationneldemain.

Obtenir un diagnosticd’observation par fusion de données

Depuis 1996, un systèmed’identification des zones àrisque de givrage a été développé,afin de fournir une aidesupplémentaire à la décisionpour les prévisionnistes. Son principe repose sur la fusionde données issues des systèmesopérationnels utilisés par les prévisionnistes : le réseaud’observation par radar, les satellites et la prévisionnumérique. Chaque systèmeapporte une information, quipeut confirmer, ou non, cellequ’apporte le précédent. Ainsi, l’algorithme de prévisionde zones givrantes qui est issu dumodèle de prévision numériquepermet de cartographier en troisdimensions, avec une maille quidépend de la finesse du modèle,les zones où l’humidité et latempérature prévues sontfavorables à la formation d’eausurfondue. Cette première information estcombinée à l’imagerie satellitairedans l’infrarouge, laquellefournit deux informations : d’une part la présence ou non de nuages dont la température de sommet est inférieure à 0 °C,d’autre part quel est le type de givrage possible en fonction de la température au sommet de nuage.

Enfin, la prise en compte de la donnée radar permetd’affiner le type de givragepouvant se produire (pluiegivrante ou bruine givrante). Ce système est utiliséactuellement à titre expérimentalpar les prévisionnistes,notamment lors d’assistances aux vols de certification givragedes nouveaux appareils d’EADS-Airbus, afin d’optimiserla recherche des zones givrantes.

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2003 5

température positive, pourensuite traverser une couche àtempérature négative, où ilsrestent en surfusion. Cependant,dans 30 à 40 % des cas de pluies etde bruines givrantes, le profil del’atmosphère ne présente pas decouche chaude, ce qui indiquequ’un certain nombre de casprovient d’un autre mécanisme.Ces résultats ont été confirméspar des études menées enAmérique du Nord, et ils sont à l’origine de nouveaux axes de recherche dans le domaine de la microphysique nuageuse.

La localisation géographiquedes zones climatologiquementpropices aux précipitationsgivrantes a été confirmée par desrésultats obtenus en faisantfonctionner rétrospectivement le système d’identification des zones à risque de givrage surde longues périodes.

En hiver,dans nosrégions,les précipi-tationsgivrantessont assezfréquentes au sol (0,5 à 1 %) eten altitude(jusqu’à 30 % sur lenord-est dela France).

Campagnes expérimentalesLors de la campagne

internationale MAP, des volsinstrumentés ont été effectuésdans les zones givrantes. Lesrésultats obtenus doivent servir à tester les capacités d’un radarDoppler à double polarisation,adapté pour la reconnaissancedes zones de précipitationssurfondues, et à préparer ainsiune nouvelle campagneconsacrée au givrage. Cette étudedu radar Doppler a porté sur lacaractérisation des conditionsgivrantes en fonction del’hétérogénéité horizontale de la « bande brillante », du spectreDoppler et de la signaturepolarimétrique du signal. À la suite de MAP, la Directiongénérale de l’Aviation civile et Météo-France ont convenu definancer une campagne dédiée à la détection en temps réel des zones givrantes à proximitédes aéroports. L’existence d’un large potentiel de rechercheet d’expertise, en Europe et en Amérique du Nord, a conduit à envisager une coopérationeuropéenne avec le soutien desJoint Airworthiness Authorities(il s’agit d’un organismeeuropéen en charge del’harmonisation des réglemen-tations aériennes) et enconcertation avec un programmeaméricano-canadien. Ces objectifs s’inscrivent dans lecadre « givrage » du Programmemondial de recherche de l’OMM.Ils seront proposés aufinancement de l’Unioneuropéenne lors du sixièmeprogramme-cadre de Rechercheet Développement.

Etendre l’identification à toute l’Europe

Il est prévu d’étendre la méthode d’identification des zones givrantes par fusion de données sur toute l’Europe. Cette extension passera soit parl’utilisation des radars d’autrespays, soit en comparant les résultats obtenus, avec des méthodes analogues,dans d’autres institutsmétéorologiques. L’algorithme

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Climatologie desprécipitations surfondues

Une climatologie desprécipitations givrantes ensurface a été établie pour l’Europeà partir de messagesd’observation relevés au cours de trois hivers consécutifs, entre 1995 et 1998. Les types de précipitations givrantesrecherchées étaient la pluiegivrante, la bruine givrante et lescristaux de glace. Les fréquencesde chacun de ces types deprécipitation ont été calculées.Les résultats montrent que lesprécipitations givrantes ne sontpas un phénomène inhabituel :leur fréquence étant de l’ordre de0.5 à 1 % des messages incluantune observation du tempsprésent sur l’Europe. Par ailleurs,la température de l’air en surfaceassociée aux précipitationsgivrantes a été étudiée. On trouvepar exemple un pic de fréquencede précipitations givrantes quandla température est comprise entre-5 °C et 0 °C. Il faut toutefoisgarder présent à l’esprit le fait que le réchauffement cinétiqueinduit par la vitesse de l’avion, à l’impact de la goutte, peutmodifier les intervallesd’occurrence de congélation. En observant les radiosondagesassociés aux périodes deprécipitations givrantes, on s’aperçoit que le mécanismede formation le plus fréquentsemble être celui de fusion des cristaux de glace lorsqu’ilstraversent une couche de

Exemple de produit de télédétection par satellite de nuages givrants obtenu avec le satellite géostationnaire GOES-Est.

Exemple de visualisation sur la station de travail Synergiedes prévisionnistes d’une zone givrante prévue à partir du modèle Arpege. La coupe verticale est réalisée dans unezone de givrage apparue sur les Landes.

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bénéficiera par ailleurs desaméliorations programméesconcernant la qualité desdonnées radar du réseau deMétéo-France. Il s’agitnotamment de la correction desprofils de réflectivité, del’atténuation, voire lasuppression des échos fixes, deszones masquées et des effets de« bande brillante », duremplacement des radars actuelspar de nouveaux radars Doppler à double polarisation, de l’augmentation du nombre de radars du réseau, etc. Autre apport, le lancement dusatellite Météosat secondegénération (MSG), quiembarquera un imageurpermettant de fournir desdonnées dans douze canauxdifférents, à une fréquencespatio-temporelle augmentée. Un produit de détection deszones givrantes a déjà été testé auCentre de météorologie spatiale(voir encadré). Enfin, autre facteurd’amélioration : l’utilisationd’une prévision numérique d’eauliquide qui est issue du modèle àmaille fine de Météo-France. Il est également prévu d’étendrel’algorithme, en mode « prévisionimmédiate », extrapolant ledéplacement des zones givrantes.Enfin, la prévision des zonesgivrantes bénéficie de l’ensembledes études et des recherchesmenées par l’équipe demicrophysique nuageuse ducentre de recherche de Météo-France. ■

Jean-Marie CarrièreDirection de la Prévision

Un résultat obtenu grâce à la richesse des informations

spectrales fournies, et toutparticulièrement par son canal dans le moyen infrarouge à 3,9 microns.Météo-France a développé, dans le cadre d’Eumetsat, un logiciel declassification des nuages qui exploiteles caractéristiques spectrales de cet imageur.

Ce logiciel a récemment étécomplété par une analyse du caractèregivrant des nuages afin de répondre à un besoin exprimé par la divisionAéronautique de la direction de la Prévision.

Des nuages au pixel prèsLa méthodologie employée consiste

à détecter les zones nuageuses, à endéterminer le type et finalement àestimer si le sommet du nuage estpotentiellement givrant. La détectiondes nuages est effectuée en chaquepoint de l’image par un seuillage decombinaisons de bandes spectrales,les seuils étant calculés par desmodèles de transfert radiatif à partird’atlas (terre/mer et relief), declimatologies (température de la meret albédo des sols) et de paramètresprévus par un modèle de prévisionmétéorologique (en particulier les températures des sols). La bande à 3,9 microns dans le moyen infrarougeest particulièrement efficace pourdétecter la nuit les nuages bas et le jour, ceux au-dessus des surfacesenneigées. Une classification les

L E G I V R E V U D U C I E L

répartit en nuages bas, moyens, hautset semi-transparents. Elle esteffectuée en identifiant tout d’abordles nuages élevés semi-transparentsgrâce à la richesse spectrale de Seviri,puis en classant les nuages opaques enbas, moyens et hauts, par comparaison de leur température radiative, à 10.8 microns, avec la température de l’air prévue par le modèle deprévision numérique aux différentsniveaux de pression.

Testés avec GOES-EstEnfin, la détermination des nuages

givrants est fondée sur l’algorithmesuivant : un nuage est considérécomme potentiellement givrant si sa température est comprise entre 0 °C et – 20 °C, s’il n’est pasclassé « élevé semi-transparent » et si son sommet est susceptible decontenir des gouttelettes d’eau(l’apport du canal à 3.9 microns estalors déterminant). Des images denuages givrants pourront donc êtreproduites toutes les quinze minutes. En attendant que les images Sevirisoient disponibles, les logiciels ont été appliqués à l’imagerie du satelliteaméricain GOES-Est sur quelquessituations sélectionnées (voir ci-contrel’exemple du 15 janvier 2001), quand les messages d’observationmétéorologique transmis par despilotes mentionnaient la présence de conditions givrantes. ■

Hervé Le GléauCentre de météorologie spatiale

Le satellite géostationnaire MSG embarque un instrument, appelé «Seviri», qui permettra une analyse de la couverture nuageuse

toutes les quinze minutes, de jour comme de nuit.

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TEMPÉRATURES

Après un mois d’octobreavec des températures audessus des normalessaisonnières et unetroisième décadeparticulièrement chaude,novembre est sous le règned’une exceptionnelledouceur. Le mois denovembre 2002, pour latempérature moyenne, estparmi les dix plus chaudsdepuis 1949 sur la majeurepartie du territoire.L’excédent atteint 3 °Cvoire 3,5 °C dans le Centre-Est et le Nord-Est.

Décembre, dans lacontinuité, est marqué pardes températures d’uneexceptionnelle douceur etplus particulièrement entroisième décade où, avecdes valeurs souvent équi-valentes à celles d’un moisde mars, on ne compte plusles records battus.

D’octobre à décembre,la moyenne de la tempé-rature est partoutsupérieure à la normale,plus particulièrement de l’Aquitaine au Poitou-Charentes et de l’Auvergneà la Franche-Comté.

PRÉCIPITATIONS

De nombreux épisodespluvieux jalonnent lemois d’octobre ; les 9 et10, des orages et averseslocalement violents seproduisent des Bouches-du-Rhône au Var : inon-dations à Montpellier.

Deux fois, ennovembre, le Sud-Est estaffecté par de violentespluies.• Du 13 au 17 : dans leSud-Est et le Centre-Est.Dans la partie sud deRhône-Alpes et lespremiers contreforts alpins,les cumuls de précipi-tations recueillis en novembre dépassent

les records.• Du 23 au 24 : sur leflanc est. Orages etfortes précipitationsprovoquent inondationsdans l’Ain alors que despersonnes sont évacuéesdans le Var, le Vaucluse,la Drôme et l’Ardèche.

En décembre, un fortépisode pluvieux, du 9au 13, touche encore leSud-Est, notamment lehaut Languedoc. Le 12,de nombreuses routessont coupées et desmaisons sont évacuéesdans l’Hérault.

Octobre à décembre2002, ces trois mois sontexcédentaires sur laquasi-totalité duterritoire; on notecependant dans l’Aude etles Pyrénées-Orientalesun déficit atteignantlocalement 50 %.

Avec des pluiespersistantes sur des solsdéjà saturés, la situationhydrologique devientpréoccupante sur bonnombre de régions dunord et de l’ouest de laFrance. Le 29 décembre,des axes routiers sontcoupés dans la régionnantaise.

Quelques événementsremarquables ont marquéces trois mois :• 27 octobre 2002 : une tempête affecte lenord de la France et del’Europe. Les régions, au nord d'une ligneBrest-Paris-Strasbourgont connu des rafaleségales ou supérieures à 100 km/h : 144 km/h au Havre. On déplorequelques victimes ;• un ensoleillementnettement déficitaire sur la quasi-totalité duterritoire marque le moisde décembre. ■

Nicole BourdetteResponsable de la division

Analyse du climat et Publications

OCTOBRE A DÉCEMBRE 2002Ça s’est passé

chez nous

Rapport à la normale des précipitations (en %)Période du 01/10/2002 au 31/12/2002

Écart à la normale de la température moyenne (en °C)Période du 01/10/2002 au 31/12/2002Stations d’altitude < 500 m

Cartes obtenues à partir des données en l’état de la BDClim

en datedu 17 février 2003.

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Une avalanche est une masse de neige qui dévale une pente à une certaine vitesse. Elle peut se déclencher soit en raison de la diminution de la résistance du manteau neigeux, soit en raisond’une surcharge. L’avalanche sera naturelle lorsqu’elle est due à une chute de neige (ou de pluie), mais elle peut être accidentellesi elle est déclenchée par le passage d’un skieur.

8 Avril 2003 ATMOSPHÉRIQUES

L es avalanches sontclassées en quatrecatégories: les avalanchesde plaque, de neige

récente (poudreuse), de neige humide et de plaquesde fond. La première,l’avalanche de plaque est la plusdangereuse pour les personnesévoluant en montagne, car elleconstitue un piège pour le skieurhors-piste ou le randonneur.En effet, si certaines plaques sedéclenchent spontanément sousle poids des précipitations,d’autres « attendent » le passaged’une ou plusieurs personnes. En revanche, les autres typesd’avalanches ont généralementun départ spontané : ellesn’occasionnent des victimes que si quelqu’un se trouvemalencontreusement sur leurtrajet. La structure de plaquecomporte deux couches : laplaque en elle-même, constituéede neige n’ayant jamais étéhumidifiée et offrant unecertaine cohésion. Et la couchesous-jacente, dite « couchefragile », composée de neigeayant une cohésion très faible.Les avalanches de plaque sontdues au décrochement de lapremière plaque de neige qui va en quelque sorte glisser sur la couche fragile. La rigidité, même faible, de laplaque du dessus lui permet depropager un début de fracturesur de grandes distances.

Des scénarios catastrophesLa formation de telles plaques

peut avoir diverses origines. En hiver, pendant de longuespériodes de beau temps, la surface du manteau neigeux va

GRAND ANGLE

Les fortestempêtesde ventonttendanceà stabiliserle manteauneigeux :dans leszonesexposéesau vent,ellesdécapent la neigemeublepour nelaisserqu’unecoucherésistante…

moyenne : le seul cas de figure où il crée des plaques à ventparticulièrement sensibles aupassage de skieurs.

Quand la poudreuse se la coule vite

Les avalanches de neigerécente poudreuse vont sedéclencher lors des chutes deforte intensité d’une neige froideet légère. L’édifice instable desfragiles cristaux de neige grandittrop rapidement, allant jusqu’à la rupture. Dans une pente raide, si une petite portion s’effondre,amorçant un début de glissementvers l’aval, elle entraîne alors la neige présente sur tout sonparcours. Avec ce départ « enpoire », la petite coulée s’élargitprogressivement tandis que sonvolume augmente au fil de la trajectoire. Le mouvementne sera entretenu que sil’inclinaison est suffisante.L’amorce de ces avalanches de neige poudreuse estfréquemment provoquée par larupture naturelle d’une plaque

perdre progressivement de sacohésion dans les pentes peu ou pas ensoleillées (grains à facesplanes ou gobelets). En cas denouvelle chute de neige, un profilde plaque se forme alors sur de grandes étendues. Cetteinstabilité peut être durable : de plusieurs jours à plusieurssemaines. Les hivers peuenneigés sont favorables à ce typede structure, donc aux accidentsd’avalanches de skieurs. Unedeuxième variante, pour laformation d’une plaque, est le casd’une chute de neige fraîchelégère, peu ventée et froide, suivied’une chute de neige ventée àtempérature plus douce. Enfin, il existe les plaques à vent, qui se forment pendant ou après unechute de neige, quand le ventarrache celle-ci dans les zonesexposées pour aller la déposerdans des zones abritées, sur de la neige légère car peu ventée. Cette neige, transportée par levent, prend rapidement de lacohésion et devient typique d’une neige en plaque. Dans cette situation, l’existence d’unecouche fragile, avant que ne seproduise la chute de neige, joueraun rôle très important : sans elle,le danger reste localisé alors que,dans le cas contraire, il peutquasiment se généraliser.Cependant, notons que lesgrosses tempêtes ont tendance à stabiliser le manteau neigeux :dans les zones exposées au vent,elles décapent la neige meublepour ne laisser qu’une coucherésistante ; et dans les zones où laneige s’accumule, les éventuellesplaques deviennent souvent trèsépaisses et solides. En conclusion,le vent n’aura un rôle aggravantque lorsqu’il est de force

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Celle-ci déclenche alors une pertede cohésion qui peut entraînerdes avalanches. Parmi lesdifférentes catégoriesd’avalanches, celle de neigehumide est la plus lente car elle concerne une neige trèsdense donc quand mêmedestructive. L’humidification dela neige peut avoir deux origines :la pluie ou une fonte de la neige.Ce type d’avalanche est doncfréquent au printemps. Quand l’humidificationintervient sur une neige fraîcheou très récente, les avalanches sedéclenchent très rapidement dèsle commencement du processusd’humidification. Et, lorsquecelle-ci est due à de la pluie, unecrue avalancheuse va naître peuaprès le début des précipitations.En peu de temps, de trèsnombreuses avalanches sedéclencheront, puis l’activitéavalancheuse s’atténuera peu à peu.En revanche, s’il n’y a pas de neigerécente, cette activité due àl’humidité sera lente à démarreret se répartira sur une longuepériode.

de neige sous le poids desprécipitations. Elle revêt alorsune plus grande largeur,induisant un volume trèsimportant. Une des particularitésde ces avalanches est l’apparitiond’un aérosol. En effet, dès que lacoulée de neige aura une vitessesuffisante, elle provoque à l’avantde son avancée des turbulencesdans l’air, qui soulèvent desparticules de neige très légère. On obtient un mélange d’air et deglace, sorte de « gaz » plus lourdque l’air, qui s’écoule rapidementvers l’aval. L’avalanche de neigepoudreuse est donc constituéed’une coulée de neige, commetoute avalanche, mais précédéed’un aérosol très rapide, pouvantatteindre des vitesses de l’ordrede 100 à 200 km/heure, voireplus. Cet aérosol, par l’effet desurpression qu’il exerce à sonarrivée, peut être très destructeur.

Glissons sous la pluieL’avalanche de neige humide

est provoquée par une fortehumidification de la neige.

Le manteau valse à son rythmeLa nature de sol joue un grand

rôle dans les avalanches dites de« plaque de fond ». Le sol propiceà ce type d’avalanche est le plussouvent constitué de pentesherbeuses ou de dalles rocheuses.Il ne sera ni rugueux ni coupé pardes terrasses, qui constituent desancrages pour la neige posée surle sol. Ces avalanches ont undépart linéaire, comme lesavalanches de plaque. Lorsque le manteau neigeux est peurésistant sur toute son épaisseur,il se passe alors un phénomène de reptation : sur les pentesprésentant un sol favorable et une inclinaison suffisante, le manteau neigeux entier glissetrès lentement vers l’aval, pour former finalement uneavalanche, qui emporte toutel’épaisseur du manteau neigeux.Parfois, ce sont uniquement desfissures du manteau qui serontengendrées. ■

Gilles BrunotAdjoint au délégué départemental

de Météo-France pour la Haute-Savoie

La plaque : ici constituéede grains finsenfouis sousde la neigepoudreuse

Couche fragile,ici constituéede gobelets

Neige plusrésistanterestant en place

▲ Avalanche mixte sur le modèle de l’avalanche du 29 janvier 1995 à Chamonix. Une avalanche de plaque, partie à 2500 m d'altitudesur 3 m 50d'épaisseur,déclenche un aérosol de neigepoudreuse sedéplaçant en ligne droite alors qu’à bassealtitude, en-dessous de 1800 m, l'avalanche setransforme enavalanche de neige humidedont la neige, très dense, est déviée par le relief, et s'arrête enfond de vallée à 1000 m d'altitude alors que l'aérosol,lui, continue sur sa premièrelancée et brisequelques arbres.

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10 Avril 2003 ATMOSPHÉRIQUES

ACTUALITÉS

Samedi 22 février, Jean-PierreBeysson recevait au Centrede météorologie spatiale

de Lannion la visite d'unedélégation chinoise conduite parle docteur Qin Dahe, directeur duservice météorologique chinois(CMA). Ce service qui emploie55000 personnes comprenddepuis 1971 un centre nationalde météorologie spatiale, installéà Pékin. La Chine a construitdepuis 1988 quatre satellitesdéfilants, les FY-1 (A, B, C, D),dont les deux derniers sontopérationnels, et deux satellitesgéostationnaires, les FY-2 (A et B) considérés commepréopérationnels. Le prochaingéostationnaire, FY-2 C, devraitêtre lancé au début de 2004.Météo-France installera à laRéunion une station deréception pour ce satellite, dont les 5 canaux d’imageriesatellite complèteront

I l s’est tenu du 21 au 25 mars et a été inauguré par une premièrejournée de colloque au Sénat

sur les changements climatiques. Après une conférence de presse, avec Gilles de Robien, ministre de l'Équipement, des Transports, du Logement, du Tourisme et de la Meret Jean-Pierre Beysson. Trois débatsont rythmé la journée: «le tourbillonéconomique et politique du climat:comment instaurer le dialogue entrescientifiques, décideurs politiques et économiques et le grand public sur le thème des changementsclimatiques?», «Les changementsclimatiques et leurs incidences sur nos destinations touristiques: les spécialistes se sentent-ils

concernés?» et, enfin, «Comment les médias communiquent-ilssur les questions climatiques: la francophonie montrel'exemple!». Le volet grand public s’est tenu, lui, simultanémentdans trois lieux, à Issy-les-Moulineaux et à Paris du 21 au 25mars 2003, avec pour thème «Changements climatiques: quel avenir pour notre planète?».Le volet professionel de ce 13e Festival a eu lieu du 29 mars au 2 avril 2003 à Zagreb en Croatie toujours sur le même thème. Un programme à destination des professionnels – présentateurs,scientifiques mais aussi producteurs, personnalités – a été proposé pendant toute la durée de l'événement: conférences, tables rondes, et la soirée de la compétition. Plus de 100 présentateurs météo ont participé aux compétitionsregroupant les supports de la télévision, de la radio et de la presse écrite. ■

l’observation de l’atmosphère etla connaissance de la températurede surface sur l’océan Indien. De nombreux stagiaires chinoisont été accueillis à Lannion pourse former et pour travaillernotamment sur l’exploitation desdonnées de sondage par satellite.Par ailleurs, le GMAP à Toulouse a un projet de travail encollaboration avec le ResearchCenter for Numerical Prediction à Pékin sur l’assimilation desradiances fournies par lessatellites dans les modèles deprévision numérique. Après unevisite dominicale à Toulouse, c’est à Paris que les deuxdirecteurs ont procédé à lasignature de la conventionconcrétisant l’accord decoopération scientifique ettechnologique dans le domaine de la météorologie entre Météo-France et l’administrationmétéorologique de Chine. ■

13e festival international de Météo

I N S T A N T A N É SUn Fujitsu quatre fois plus puissant

Les 93 processeurs provenantdu Fujitsu VPP 5000 du CEPMMTseront certainement intégrés ànotre Fujitsu VPP 5000-31 actuel.En effet, d’une part le Centreeuropéen a choisi pour lapremière fois un supercaculateurchez IBM et, d’autre part, la CSMI(Commission spécialisée des marchés d'informatique),sous l'égide du ministère del'Économie, des Finances et de l'Industrie, vient d'émettre un avis favorable à ce projet de marché. Cette étapedéterminante franchie avecsuccès, le dossier a été transmisau contrôleur financier del'établissement. S’il donne sonaccord, c’est à la fin de l’année2003 que l’ensemble de la chaîneopérationnelle pourrait tirer

pleinement parti des nouvellesressources disponibles ainsi quede la sécurisation offerte par la configuration duale prévue.

20e session plénière du GIECLe Groupe intergouverne-

mental d’experts sur l’évolutiondu climat s’est réuni à Paris du19 au 21 février à l’Unesco. Cette session plénière a étésuivie par 350 responsablesgouvernementaux et spécialistesdes changements climatiqueschargés de préparer le cadregénéral du 4e rapportd’évaluation à paraître en 2007.

Les travaux se sont dérouléssous la présidence duDr R.Pachauri (Inde) élu en

avril 2002. La délégationfrançaise était dirigée parDominique Dron, présidente de la mission interministériellede l’effet de serre. Marc Gillet,directeur de l’Observatoirenational des effets duréchauffement climatique et JeanJouzel, délégué français au GIEC,étaient également présents.Daniel Cariolle, directeur de laRecherche, représentait Météo-France. La délégation chinoise y a participé avant de rendrevisite à Météo-France.

Saisir le ventLe Enez Eussa III, navire qui

assure la liaison entre Brest etl'île d'Ouessant, a été équipé duprototype de la station Minos-Vent que Météo-France a conçuen collaboration avec la sociétéSerpe de Lorient. Cette

expérimentation permettrad’évaluer la qualité des mesures decette station par rapport à cellesdes sémaphores de la région. Leprototype de station Minos-Ventsera ensuite installé à bord duBeautemps-Beaupré. Le toutnouveau navire du SHOM quitteraBrest le 9 mars pour sa campagned'évaluation technique etopérationnelle autour de l'Afrique.Tous les moyens du navire seronttestés et les données de la stationMinos seront comparées à celles dela station Vaïsala du bord.

Pierre Blouch

L’axe Pékin-Toulousepasse par Lannion

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2003 11

E N R É G I O N■ Un nouveau radar pour le Nord

Le 7 mars 2003, Météo-France s’est engagé à acheter leterrain de 6000 m2 choisi pourl'implantation du futur radar duNord qui sera financé à hauteurde 50 % par l’Union européenne,de 20 % par la direction de l’Eau,de 10 % par le ministère del’Équipement et des Transportswallon, de 10 % par neufcollectivités territorialesfrançaises et de 10 % par Météo-France. Ainsi, c’est un effortvraiment collectif qui permettrade veiller sur les bassins versantsde l’Oise, l’Aisne, la Somme, la Meuse, l’Escaut et la Sandre.Le terrain acheté, mal nommé«le Mal d’Accord», se situe à l’Ouest d’Avesne-sur-Helpe.

G illes de Robien, ministre de l'Équipement, des Transports,des Logements, du Tourisme et de la Mer, a été reçu, le jeudi 30 janvier au matin à Météo-France au Centremétéorologique interrégional d’Île-de-France centre alors

que plus de 50 départements étaient en vigilance orange depuisla veille. Il a assisté à la téléconférence des prévisionnistes quiont expliqué en détail la situation et ce qu’il fallait en attendre:une perturbation neigeuse descendait des îles britanniques dans un flux de Nord froid. Elle pouvait donner de la neige en plaine sur une large bande située sur tout le centre du pays. De très fortes quantités étaient attendues sur les Pyrénées avec un risque très fort d'avalanches.C'est bien ce qui s'est passé sur les zones orange avec, parexemple, une dizaine de centimètres vers Limoges et de trèsfortes chutes de neige sur les Pyrénées. La région parisienne n'apas été épargnée, les Yvelines ont été bloquées et la N20 coupéejuste au sud d'Etampes, enfin le Loiret était bien enneigé et cedès l'après-midi. ■

Marée blanche

Modélisation:de la ville au climat du monde

Du 17 au 19 décembre 2002, le monde francophone de lamodélisation de l’atmosphère s’estretrouvé comme chaque annéesur la Météopole. Cent quarantecinq personnes se sont inscrites à ces ateliers qui traitaient del’assimilation de données, demodélisation à méso-échelle, deprocessus de surface, de chimieatmosphérique et de modélisationà grande échelle et climat. Pourconsulter le programme et accéderaux résumés des interventions:http://www.cnrm. meteo.fr,rubrique «actualité», puis«colloques».

Objectif Qualité:2005Avec la création d’une

direction de la Qualité, Météo-France officialise la structure mise

en place depuis 1999 pour appuyerl’évolution de l’établissement sur leréférentiel international Iso 9000.La stratégie employée a été celle des petits pas en démarrant avecdes services volontaires. Ainsi, dans un premier temps, le centredépartemental de l’Oise avaitobtenu de l’AFAQ la certification ISO 9002, le 16 février 2000. Il a étésuivi par le Centre météorologiqueinterrégional de Météo-France pourle Nord-Est en novembre 2000, puispar le service de prévision marinecertifié Iso 9002 en novembre 2002.Aujourd’hui, l’ensemble del’établissement, sous la direction de Patrick Van Grunderbeeck, se familiarise avec les termes de responsable qualité, pilote deprocessus, auditeur interne…

Des consultants internes ont étéformés pour conseiller les acteursdes projets qualité en régions.

le thème du changementclimatique.

Enfin, Nausicaa et Météo-France ont prévu de créer, d’ici à 2005, un pôle d’expositionpermanent consacré à lamétéorologie marine.

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Gilles de Robien, accueilli par Philippe Courtier à Météo-France, salue André Devatine, prévisionniste à la Diric à Paris.

■ En direct de MétéoLes quatre directions

d'exploitation de la Sanef dans le Nord utilisent Météo + quiremplace le Météotel PC etl’Atmoservice PC. Ainsi, Metz,Reims, Senlis et Amiens sont enréseau à partir de quatre couplesrécepteurs-serveurs implantésdans chaque direction d'exploi-tation et d'application etutilisent Météo + en client surles PC d'exploitation et dans lesdistricts. L'ensemble des acteursde ce mini-projet dans le projetont travaillé avec efficacité pouraboutir à cette architectureoriginale profitant du réseaupuissant tant en informatiquequ’en télécommunication à laSanef.

■ Un nouveau site météoLe Centre Météo-France du

Pas-de-Calais est installé dansdes locaux jouxtant ceux duCentre de la mer Nausicaa depuis1991. Cette proximité a permisaux deux établissements des’engager dans la création d’unmétéosite qui proposera auxvisiteurs de découvrir sur grandécran des images météoro-logiques et une expositiontemporaire ouverte en avril sur

■ Dans la villeC’est dans des locaux bien

agencés, spacieux et parfai-tement rénovés que le CDM del’Eure s’est installé au 1, rueSaint-Thomas à Evreux. Ils ontété inaugurés par Jean-PierreBeysson, directeur général deMétéo-France, Charles Dupuy,directeur interrégional, Jean-Louis Debré, le maire de la ville,ainsi qu’en présence d’unedélégation de l’administrationchinoise de la météorologie. Ce déménagement, apprécié parles cinq météos en poste,renforce davantage la présencelocale de Météo-France au seindes départements, une volontéappréciée de tous.

■ Déménagement réussi pour la DIR Sud-Ouest!

C’est fait! Depuis le 29janvier, tous les services de laDirection interrégionale Sud-Ouest sont réunis dans denouveaux et vastes locaux situésavenue Roland-Garros, à Mérignac, sur l’aéroport. Les opérations les plus délicatesde transferts des services de la prévision régionale et du traitement de l’informationse sont déroulées avec succès,grâce au travail et à lacompétence de toutes les équipes techniques du site.Un effort particulier a été faitpour concevoir des locauxfonctionnels et conviviaux. Il reste à achever l’aménagementet la sécurisation des abords. Cet ultime chantier, lancé il y aquelques semaines, se terminerapar l’inauguration de cetteDirection interrégionale. Ce sera l’occasion de dévoiler les atouts de ce site qui, grâce au rapprochement desservices, des infrastructures etdes technologies les plusmodernes, permettra à la Direction interrégionale des’intégrer encore plus dans letissu économique et sécuritairedu Grand Sud-Ouest.

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12 Avril 2003 ATMOSPHÉRIQUES

Eric Diot vérifie le bon fonctionnement du détecteur de givrage en coursd’étalonnage sur le parc à instruments de la station.

ACTUALITÉS

Les relations entreMétéo-France et la DMNmarocaine sont

anciennes, chaleureuses etconfiantes. Elles sont aussiutiles et très équilibrées,comme l’a encore démontréla récente réunion bilatérale,tenue à Casablanca les 7 et 8 mars dernier. Lesnombreuses actionsentreprises en commun ontété passées en revue, près de90 % d’entre elles ont étéréalisées. Beaucoup d’autressont prévues: étendre le

domaine de prévision du modèle Aladin NORAF, travailler surl’observation, sur le futur modèle Arome, sur le modèle de dérive denappes, sur la climatologie, sur la prévision de la qualité de l’air, etc.Concernant la formation initiale, le principe du double diplôme restemaintenu pour les ingénieurs. Enfin, l’accord de jumelage entre larégion Sud-Ouest de Météo-France et la région Nord-Est du Maroc doitêtre étendu, avec trois axes déjà identifiés: prévisions sur les zones depart et d’autre des côtes méditerranéennes, prévision maritime etprévention des feux de forêts. Les échanges entre les diverses équipeset la rencontre de spécialistes qui, souvent, se sont connus sur lesbancs de l’ENM vont donc continuer à s’intensifier. ■

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La délégation française à Casablanca.De gauche à droite : Michel Roques, Ariane de Billy, Azzedine Diouri, Jean-Pierre Beysson, Mohamed Bellaouche et Philippe Courtier.

Météorologie maritimeOuvrage collectif rédigé par le Servicehydrographique etocéanographique de la Marine (SHOM) en collaboration avec Météo-France.SHOM, Paris, 2003, 290 p. 41,10 €.Ce manuel pratique àl’usage des navigateurs,plaisanciers ouprofessionnels estlargement illustré pardes cartes météoro-logiques, des schémaset des images satel-litaires. Il aborde lessujets suivants : notionsgénérales de météorologiegénérale et tropicale ;glaces de mer eticebergs, types de glace,nomenclature et codesutilisés sur les cartes ;renseignementsmétéorologiques diffusésaux navigateurs,organisation mondiale dela diffusion et moyenstechniques utilisés ;observations météo-rologiques effectuées parles navires et principauxcodes utilisés pour diffuserl’information en mer.

DevenirmétéorologisteLes documents« Devenir météo-rologiste» quiprésentent desinformations sur lescarrières de météo-rologiste sontdisponibles à l’adresseinternet: http://www.enm.meteo.fr/documen-tation/devmet.doc

La MétéorologieNuméro spécial Observation, volume 2.Numéro 40, février2002, 136 p. 15 €.Née au milieu du XIXe

siècle, l’observationcoordonnée del’atmosphère a jeté lesbases de la météo-rologie moderne.

P A R U T I O N S

Ce numéro spécialObservation complètele premier volume (La Météorologie n°39,paru en novembre2002) qui traitait desbesoins en observa-tions de la météoro-logie et des diversestechniques instrumen-tales associées. Cet ouvrage comprendoutre les rubriqueshabituelles de La Météorologie(actualités, photos dumois, parutions..) unensemble d’articlesrédigés par les meilleursspécialistes français surtrois thèmes : lesréseaux d’observation,les systèmes embarquéset les méthodesd’observation du futur.

Amis et partenaires

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2003 13

Lun des monuments les plusvisités du département duGard est un observatoirescientifique plus que cente-

naire occupé depuis soixante ans parles météorologistes ! Alors que lessites de montagne ont perdu de leursuperbe au fil des satellites, l’obser-vatoire du mont Aigoual est, au-jourd’hui, devenu autant un muséede la météorologie, fréquenté par 150 000 touristes chaque année,qu’une station d’altitude perfor-mante avec un parc à instrumentsmoderne, permettant de tester dansdes conditions extrêmes des appa-reils de mesures météorologiques.

au sommet60 ansREPORTAGE

Mercredi 05 février, 16 h : arrivée en grande pompe… à neige au sommet de l’Aigoual. Un monde minéral et figé où pourtant vit une station météo comme les autres.

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Rendez-vous était pris avec les chasse-neige en début d’après-midi ! Alorsque la France semble redécouvrir,en ce début d’année 2003, les joiesde la neige en hiver, rendre visite à

la station météorologique du mont Aigoualn’est décidément pas une mince affaire. Passéle dernier village, une petite station de ski demoyenne montagne, la route chemine tout àcoup dans un paysage nettement plus dé-pouillé. Le vent qui sait souffler ici à plus de100 km/h près de cent jours par an, avec unepointe record enregistrée à 360 km/h, peut vitetransformer la poudreuse appréciée des ran-donneurs à ski en un mur de congères impra-ticables. Un mât d’antennes radars prises dansun linceul blanc givré balise la piste de la sta-tion haut perchée… Enfin, la tour crénelée oùsont installées les salles de travail des météo-rologistes s’expose, engoncée dans la glace, do-minant une sorte de manoir bâti de granit mas-sif. « Dès qu’il fait beau, même en hiver, il y a dumonde par ici, explique Christian Pralong, lenouveau chef de station, une maison qu’ilconnaît depuis sa nomination, en 1980, à l’ob-servatoire du mont Aigoual. C’est un point de pas-sage pour tous les touristes dans la région. J’y suisarrivé à un moment où il y avait une période de flot-tement sur l’avenir de la station. Au début, le rythmede travail paraît un peu spécial, mais c’est vite bienagréable d’avoir une semaine libre sur deux. Et puisle cadre de vie est intéressant. Il y a vingt-trois ans,nous faisions uniquement de l’observation et un peude climatologie. On ne recevait aucune carte météoqui, à l’époque, était encore des fac-similés, trop com-pliqué. » Aujourd’hui, équipée des mêmes ins-tallations modernes que les cent deux autres

REPORTAGE

stations météorologiques de France et totale-ment intégrée au réseau de la météorologie na-tionale, la station du mont Aigoual reste ce-pendant une affaire de passionnés. Il y eut, biensûr, les grands anciens; d’abord Christian Proustdans les années soixante-dix qui maintint la sta-tion pourtant en déclin, y stationnant parfoisseul dix-huit mois d’affilée. Bientôt secondé parAlfred Puech, ouvrier d’état et bricoleur toucheà tout, qui va restaurer bribes par bribes entiè-rement la station. «Toutes les installations, en par-ticulier le circuit d’eau, sont bien spécifiques à ce bâ-timent, reconnaît Christophe Mejanel, l’un deses lointains successeurs, mais seule la réfectionde la toiture demeure un problème. Nous n’arrivonspas à trouver de matériaux qui résistent aux in-tempéries de l’Aigoual. » En effet, l’édifice futconstruit au rythme d’à peine deux, voire troismois de travaux effectifs par an durant sept ans,tellement les conditions météorologiques peu-vent être éprouvantes par ici : il peut tomberplus de 1 200 mm d’eau ou 10 mètres de neigepar mois, avec une précipitation record de608 mm en 24 heures ! Proust sera relayé en1981 par Jean Boulet, qui va participer tout aulong de ses trois septennats comme chef de sta-tion au rayonnement de la météorologie en ou-vrant, pièce après pièce, avec la complicité en-thousiaste du personnel de Météo-Francepériodiquement présent dans ces locaux, uneexposition sur l’observatoire, les travaux scien-tifiques réalisés en météorologie et les mer-veilles du massif de l’Aigoual. « L’année après ledémarrage de l’exposition, en 1985, nous avions ob-tenu un Météotel pour le public, se souvientChristian Pralong. De septembre à mai, avant que

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1. La dernière station de montagne de Météo-France engoncée dans son manteau hivernal.

2. Sous le vent, des conditions de test en vraie grandeur.

3. Eric Diot fait lesrelevés matinaux de la station.

4. Christian Pralong, chef de station, renseignedes skieurs de fond sur les conditions de leur randonnée.

5. Des murs de granit de 1 m 10 d’épaisseur ont permis àl’observatoire de résisterpendant plus de cent dixans à des vents dépassantparfois 250 km/h.

6. L’hiver, à chaque relèvequand il y a de la neige,les agents de la DDEviennent ouvrir lepassage aux personnels,au facteur et au chef destation.

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les visiteurs ne recommencent à fréquenter en grandnombre le site aux premiers jours de beau temps, nousl’avons utilisé pour notre propre activité. Il y avaitdéjà énormément de demandes de gens qui nous télé-phonaient directement pour savoir le temps, à causede la station de ski. A l’époque, les répondeurs météoétaient souvent pris en charge par les instances dé-partementales. On a commencé à enregistrer des bul-letins selon les directives de Montpellier, que l’on adap-tait en faisant la situation météo de l’Aigoual. Puis, enmême temps que sont apparus les premiers PC en sta-tion, autorisant un travail en réseau, l’associationcréée pour animer l’exposition disposait d’un peu d’ar-gent grâce aux ventes de livres de vulgarisation surla météorologie, notamment le premier, « La météo deA à Z » en 1987. Cela nous a permis de mieux entre-tenir le bâtiment et de développer notre activité météodès l’arrivée des météofacs. A partir de 1989, nousavons enfin reçu toutes les cartes. Nous faisons depuisde l’observation et de la climatologie, mais aussi de laprévision et surtout des essais de matériel. »

Depuis 1992, le site du mont Aigoualest utilisé pour réaliser des essaisnationaux et internationaux decomparaison et d'étalonnage decapteurs de mesure du vent et de

capteurs en conditions de givrage. Deux com-paraisons internationales ont été organisées de-puis, des mesures de vent réalisées pour l'OMM,et des tests de capteurs en condition de givragepour l'association des services météorologiqueseuropéens, Eumetnet. Actuellement, un détec-teur de givrage est en cours d'essai.« Mais il ne faut pas oublier le contact avec le public.En été, on peut rester toute la journée dans l’encein-te de l’exposition – elle ouvre à 10 heures – car despersonnes la visitent en permanence. Il suffit decommencer à parler avec un visiteur pour que les

questions s’enchaînent. Heureusement, il fait géné-ralement beau à cette époque de l’année et les prévi-sions sont faites assez rapidement. Parmi les visi-teurs, beaucoup sont des marcheurs car nous som-mes situés à un croisement de GR, mais il y a aussides gens qui viennent en voiture uniquement pourvisiter l’exposition. » Il est indéniable que lemont Aigoual possède une force d’attractivitéavec sa part de mystère. Est-ce les treize dépar-tements que l’on peut, depuis ses 1 567 mètresde hauteur, dénombrer alentour quand letemps est clair ? Ou les principaux sommetsdes Pyrénées et des Alpes, parfois même de laCorse, visibles de ce point de vue exceptionnelsitué pourtant à seulement soixante kilomè-tres de la mer Méditerranée ? Eric Diot, le tech-nicien météo de service lors de notre visite,avoue être entré à Météo-France dans l’uniquebut de travailler dans ce lieu, découvert à l’âgede quatorze ans, au cours d’une balade en été.En tout cas une ambiance singulière, un char-me hors du temps accueillent les hôtes de lastation. « On essaie de faire des vacations glissan-tes afin de ne jamais former un même groupe,explique Christophe Mejanel. Quand on resteensemble en tandem (il existe une permanenced’un technicien météo et d’un ouvrier d’État)durant une semaine, la camaraderie est essentielle.Heureusement, nous sommes tous des fidèles dumont Aigoual, on se connaît avec chacun sa façonde faire… » Pour l’heure, Christophe assure lapitance en confectionnant une omelette decèpes cueillis aux abords de l’observatoire, tan-dis que les deux chats et un chien, finalementles seuls permanents de la maison, se prélas-sent au coin du feu… Une station météo déci-dément pas comme les autres ! ■

Propos recueillis par FKJReportage photographique Pascal Taburet

Nous sommes tous des fidèles du mont Aigoual,

la camaraderie est essentielle.

1. La station est«auto-bricolée» :chaque jour unefissure est à réparer,une prise de courant à remplacer ouencore un robinet àremettre en état.Aujourd’hui,Christophe Mejanel est au lissage.

2. Comme partout enFrance, la premièretâche du techniciende service est defaire le point météodu matin avant 8 h.

3. Christian Pialot, sportif accompli, est venu faire untour en ski de fond àl’observatoire pourconsulter le courrier et contrôler lesenregistrements dans la salle réservée à l’instrumentation.

4. Enregistrementquotidien dukiosque. C’esttoujours localementque le 32 50 estenregistré : ici, EricDiot.

5. Une des grandestraditions du lieu :l’omelette aux cèpes,cueillis dans lemassif alentour.Chaque habitant deslieux cuisine à sontour et selon sestalents pour nourrirle groupe.

6. ChristopheMéjanel, ChristianPralong, Eric Diot, et Delphine Bourriéentourent JeanBoulet venu en visite.

7. Lever de soleil de carte postale,adroitementprogrammé pour les collaborateursd’Atmosphériques.

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REPORTAGE

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ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2003 17

DOSSIER

Chantal Vimpère après onze ans à Paris a décidé de faire le grand saut et de rejoindre l’équipe de l’Aigoual…

« Pour moi, l’observatoire du mont Aigoual exerceune fascination extraordinaire sur tous ceux quiosent s’aventurer sur son sommet. Sa position géo-graphique lui confère un pouvoir, une force et unmystère difficiles à imaginer pour ceux qui ne l’ontpas approché.

Comment a-t-on pu concevoir et réaliser vers la findu XIXe siècle une telle construction qui, de loin,ressemble à une forteresse ? Plus d’un siècle plustard, les vents et les pierres continuent à dialoguerensemble, cela malgré la violence des premiers dontla vitesse dépasse 58 km/h, en moyenne, 265 jourspar an, et 100 km/h, en moyenne, 93 jours par an. »

Dans un article de la revue La Nature, en 1886 FabienBénardeau explique avec précision que rien n’a étélaissé au hasard: « Tout a été établi […] pour résister auxagents destructeurs de l’atmosphère, assurer à l’intérieurpendant les bourrasques et la mauvaise saison la sécu-rité matérielle et morale qui débarrasse l’habitant de touteappréhension. […] En un mot rien n’a été épargné pourrendre les appartements commodes et salubres. »

Presque cent vingt ans plus tard, ce monument sedresse toujours avec majesté sur le plus haut som-met de la région et attire chaque année les foulespour son site grandiose. ■

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18 Avril 2003 ATMOSPHÉRIQUES

LE DOSSIER

Le climat acteur du temps

L’objectifmajeurdesclimato-loguesest detirer lemaximumd’ensei-gnementdu passé pourapporterauxpolitiquesdesélémentspermettantdepréparerl’avenir.

Jusqu’aux années soixante,la climatologie étaitpratiquement un domaineréservé aux météo-

rologistes et aux géographes.Elle reposait sur des donnéesmesurées remontant au mieux à la fin du XVIIIe siècle. Pour le climat moyen, tradition-nellement décrit à l’aide demoyennes trentenaires, l’accentétait mis sur les mesures dutemps sensible : la températureet les précipitations. Enquelques années, cette disciplinea connu une véritable révolutionavec l’avènement des modèlesnumériques de simulation du climat. C’est ainsi qu’a étévalidée la chimie complexe del’ozone stratosphérique et de sa dynamique, mécanisme quiconduit au fameux trou d’ozoneantarctique. De nombreusesétudes de scénarios climatiquesont également été conduites surl’augmentation de la teneur engaz à effet de serre (gaz carboniqueCO2, méthane CH4, ozone tropo-sphérique, chlorofluorocarbonesCFC, oxyde nitreux N2O).

Les causes du réchauffementCes travaux ont attiré

l’attention des scientifiques, des décideurs et du grand publicsur les conséquences climatiquesde ces augmentations. Estimées à 25 % depuis le début de l’èreindustrielle pour le CO2, dont plus de 10 % pour les seulestrente dernières années, ellesconduisent à un réchauffementglobal de la planète de l’ordre de 0,6 °C au cours du XXe siècle.Selon les scénarios, cetteaugmentation se poursuivrait,

(plantes et pollens fossiles,animaux marins ou aquatiques,et des indicateurs géologiques desdonnées historiques (dates etvolume des récoltes, dates dessemis, des disettes, …).

Établir un état des lieuxLa climatologie est devenue

aujourd’hui une vaste discipline,qui regroupent des météo-rologistes, des modélisateurs de l’océan et de l’atmosphère, des géographes, des physico-chimiques, des spécialistes de lavégétation, des géologues, despaléontologues, des astronomes(voir en particulier la célèbrethéorie astronomique des climatsde Milanković), des historiens etdes sociologues ! L’objectif majeurde ces scientifiques ouchercheurs est d’abord de tirerdes enseignements du climatpassé, qu’il soit observé oureconstitué. Puis de mettre àdisposition des politiques tous les éléments d’informationappropriés permettant depréparer l’avenir en connaissancede cause. Dans cet esprit, unGroupe international d’expertssur le changement climatique(GIEC) a été mis en place en 1988,sous les auspices des Nationsunies ; depuis 1990, tous les cinqans, le GIEC fait le point sur l’étatdes connaissances dans ledomaine.

Le rôle des servicesmétéorologiques

La vocation des servicesmétéorologiques à effectuer des mesures au sol, en altitude

allant de 1,4 jusqu’à 5,8 °C àl’horizon 2 100. Des études ontmontré le rôle fondamental de lacomposition physico-chimiquede l’atmosphère en raison deseffets radiatifs de certainsconstituants : gaz à effet de serrefavorisant le réchauffementglobal, mais aussi aérosols dont le rôle est inverse (par exemple :les conséquences de l’éruption du Pinatubo en 1991). Elles ontégalement souligné le rôlefondamental de l’océan: il est désormais nécessaire deconsidérer le système océan-atmosphère-biosphère-cryosphèrede façon couplée, notamment enraison des multiples interactionsliant ces quatre milieux.

Machines à remonter le temps

La faible durée de la périodesur laquelle on dispose demesures météorologiques(généralement cent cinquanteans, voire au maximum troiscents ans) a incité les paléo-climatologues à utiliser desmoyens indirects pour remonterle temps. Il s’agit de débusquerdes éléments naturels, quiconstituent en quelque sorte unevéritable « mémoire » du climat,pour retrouver les paramètresphysiques des climats passés.Définies sous l’appellation de« proxy-données », nous trouvonsparmi elles la composition dessédiments lacustres ouocéaniques, des glaciers ou descalottes polaires, les cernes desarbres, les strates géologiques et les stalactites. Il existe aussi des indicateurs faisant appel à la faune ou la flore du passé

Étudier le climat, ses variations et ses tendances, est le thème central de la climatologie. Pour cela, il lui faut en premier décrire les valeurs moyennes des paramètres météorologiques, l’occurrence de diversphénomènes affectant le temps présent (orages,brouillard, neige) et les paramètres statistiques quicaractérisent leurs distributions.

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ou à distance (radars, satellites)demeure bien sûr plus que jamaisd’actualité, ainsi que les tâchesd’archivage pérenne de cesdonnées, de constitution de sérieschronologiques validées ethomogénéisées. Il s’agitd’informations essentielles pourcaractériser le climat moyen et sa variabilité en un lieu donné etpour cartographier sa variabilitéspatiale. Beaucoup de cesdonnées sont de plus en plusprimordiales pour laplanification dans de nombreuxdomaines économiques, parexemple pour le calcul de lafréquence d’occurrence desévénements extrêmes (tempêtes,inondations, vagues de froid oude chaleur) afin de dimensionnercorrectement les ouvrages (ponts, bâtiments, réseauxhydrographiques, réseauxd’assainissement). ■

Pierre BessemoulinDirecteur de la Climatologie

de l’époque du carbonifère, où nos régions étaient couvertesde forêts tropicales. De temps entemps, ce climat plongeait dansune période glaciaire similaire au quaternaire. Une période, il y a quelques centaines de millions d’années, intéresseparticulièrement lesscientifiques, la Terre était alorspresque totalement couverte de glace. Comment, et où, la vie abien pu se réfugier pour sepoursuivre après ? Les biologistesestiment que la Terre ne pouvaitpas en être totalementrecouverte.

Quelles sont lescaractéristiques de cespériodes glaciaires?� Il existe une différencemajeure entre un mondeglaciaire et l’interglaciaire danslequel nous vivons. La dernièrephase glaciaire date de 21 000 ans. A cette époque, nous avionscinquante millions de km3 deglaces de plus qu’aujourd’hui. La température annuelle de l’air,à la surface de la Terre, étaitglobalement inférieure de 5 ° Cà ce que nous connaissons, avec une concentration en CO2de 200 ppmv (partie par million en volume), 30 % plus faiblequ’en période de climatnaturellement chaud, comme

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A u début des annéesquatre-vingt, l’émergence de la paléoclimatologie a été formidable,

nous avons vite compris qu’ellereprésentait une condition sine quanon pour appréhenderconvenablement le climat du futur,explique le Professeur Berger. A l’heure actuelle, elle nous permetde progresser, dans lacompréhension des phénomènes, de manière plus rationnelle : ce document de l’Académie étaitl’occasion de faire le point. »C’est aussi une occasion pourdétailler dans Atmosphériquesle contenu des douzecontributions à ce numérospécial.

Pouvons-nous passer en revue les différentescontributions publiées?� André Berger : En premier lieu, nous aurons un texte de E. Bardsur l’histoire de l’effet de serre etde la théorie astronomique, avecun rappel des travaux portant surle XIXe et le début du XXe siècle.Le texte suivant, de G. Ramstein,concerne les climats aupréquaternaire. Nous sommes,depuis 2, 7 à 3 millions d’années,entrés dans la glaciation duquaternaire. Auparavant, le climat a été, pendant 90 % del’histoire de la Terre, relativementchaud. C’est typiquement le cas

Notre temps Mémoiresdu passéLe Pr. André Berger, ancien directeur del’Institut d’astronomie et de géophysiqueGeorges-Lemaître à l’Université catholiquede Louvain, est avec le Pr. Jean-ClaudeDuplessy, du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement à Paris,animateur du numéro spécial Paléoclimatsdans les comptes rendus de l’Académie des sciences, à paraître prochainement.

«� À Vevey en Suisse,l’ouraganLotharinnondele centrede laville.

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Fresquepréhistorique du Tassili,relevée parHenri Lhote,montranthabitants etbétails dans leHoggar, au cœurdu Sahara.Il y a environ6000 ans, une grandepartie du Sahara recevaitdes pluies duesà la mousson.Depuis 4000 ansenviron, malgré d’importantesvariations à court terme,l’assèchement de la régionprogresserégulièrement.

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Ces changements de niveau ontdes conséquences dramatiquessur les étendues de terre et la viedes écosystèmes. Lors du derniermaximum glaciaire (datant de20 000 ans) avec un niveaumoyen de la mer 120 mètres plusbas, la Grande-Bretagne étaitreliée à l’Europe et le détroit deBéring à sec. Tout cela a permisdes migrations des espèces, y compris la colonisation ducontinent américain par leshumains.

Comment interprète-t-onces données?� L’évolution des gaz à effet deserre, en particulier du CO2,explique pour partie lesvariations des climats anciens. Il nous faut donc comprendre lesmécanismes sous-jacents, c’est-à-dire le cycle biogéochimique quenous présentent O. Marchal etJ. Chappellaz. On s’aperçoit viteque le cycle du carbone est lié à d’autres cycles, celui desnutriments, du phosphore et del’azote. Ce processus, d’unecomplexité réelle, estextrêmement important car ilinteragit avec l’évolution duclimat de manière naturelle. Le carbone étant lié à toute la

Lesconnais-sances les plusrécentespermettentde direquel’inter-glaciaireactuel seraexception-nellementlong.Lesdétracteursdes risquesde l’effet de serre nepeuventdonc plusprendrepourprétexteque nousirions versun âgeglaciaire etque nouspourrionsdoncréchaufferle climat demanièrebénéfique.

LE DOSSIER

biosphère, toutes ces modifi-cations représentent uneindication précieuse pourprésumer le type de végétationdu passé. A l’inverse, reconstituerd’une autre manière le type devégétation à une époque donnedes indications sur le carboned’alors.

À part les gaz à effet deserre, quels sont les causesde variation?� Il existe une explicationastronomique, qui fait l’objet dema contribution. Quand oncompare la période interglaciaired’il y a 400 000 ans avec l’actuelle,nous constatons que l’orbite de la Terre autour du Soleil y est devenue circulaire dans les deux cas. L’analyse des pointscommuns et des différences entreces deux interglaciaires a permisde souligner l’importance de la phase entre la concentrationen CO2 et l’énergie reçue duSoleil. Ainsi lorsque vous mettezce phénomène de circularité de l’orbite en parallèle avecl’évolution naturelle actuelle de la concentration de CO2, vous constatez que les conditions sont remplies pour vivre un interglaciaire exceptionnel-lement long.

Prélèvement ultra-propre d'une carotte de neige destinée à l'étude de l'évolution de la pollution en plomb de l'atmosphère de l'hémisphère Nord au cours des vingt dernières années.

par exemple dans toute la périodehistorique avant le début de l’èreindustrielle.

Comment reconstitue-t-onces informations?� Grâce aux archives glaciaires,qui font l’objet de la contribution,de Claude Lorius et D. Raynaud.Les carottes de glace permettentde remonter de 500 000 ans dansle passé, bientôt peut-être unmillion d’années ! Il seramatériellement impossibled’aller plus loin, car noussommes arrivés à la base descalottes glaciaires au Groenlandcomme en Antarctique. Or, enapprochant du socle rocheux, il existe des perturbations tellesque l’interprétation sur lesclimats anciens devient trèsdifficile. Le texte de Jean-Claude Duplessy expliquecomment, à partir des carottesdans les sédiments marins, onpeut reconstituer la températureet la salinité de l’eau, afind’imaginer la circulationocéanique du passé.Potentiellement, les archivesocéaniques permettraient deremonter sur des millionsd’années, mais nous cherchonsune résolution temporelleportant seulement surun millier d’années.

Existe-t-il d’autres sourcesde données?� La contribution de J. Guiot etR. Cheddadi sur les écosystèmesterrestres explique le rôle despollens fossiles trouvés dans les sédiments continentaux,essentiellement les anciens lacset les tourbières. Cela permet despécifier quel type de végétationsexistait à une époque déterminée.Malheureusement, il y a deshiatus, qui provoquent une perted’informations du faitd’altérations de la croûte terrestredues au climat lui-même. En revanche, sur les derniersmilliers d’années, nous disposonsd’une haute résolution allantjusqu’à l’échelle d’une année. La variation du niveau des mers,présentée par K. Lambeck, peut être reconstituée grâce auxterrasses marines qui indiquentle niveau des océans à différentespériodes de l’histoire de la Terre.

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Pour le passé,nousprenionsen comptelesobserva-tionsissues descarottesde glace,mais le futur nousoblige àutiliser desscénariosintégrant la variationde concen-tration desgaz à effetde serre.

De quels outils disposez-vous pour parvenir à cesconclusions?� Il s’agit essentiellement decalculs : l’excentricité de l’orbite,l’inclinaison de l’axe de rotationde la Terre ou la position de laTerre par rapport au Soleil à unesaison particulière. Cela permetde déterminer, à un momentdonné du passé ou du futur, les valeurs de ces paramètres. Deséléments qui sont fondamentauxpour calculer l’énergie reçue dusoleil, tous les jours et à chacunedes latitudes. Vous introduisezensuite ces informations dans desmodèles qui simulent le climat.Pour le passé, nous prenons encompte les observations issuesdes carottes de glace, maisle futur nous oblige à utiliser desscénarios intégrant la variationde concentration des gaz à effetde serre.

Quels résultats obtenez-vous?� Quand vous ajoutez auxphénomènes naturels l’impactdes activités humaines, vous obtenez un renforcementconsidérable de l’idée quel’interglaciaire actuel seraexceptionnellement long. Nous l’avons estimé à quaranteou cinquante mille années aulieu d’une dizaine de millierstraditionnellement proposées, cequi est exceptionnel dansl’histoire de la Terre.

En conséquence, les détracteursdes risques de l’effet de serre ne peuvent plus prendre pourprétexte que nous irions, à l’heure actuelle, vers un âgeglaciaire et que nous pourrionsdonc réchauffer le climat demanière bénéfique.

Comment modélise-t-on le climat?� Nous devons utiliser desmodèles « intermédiaires » decomplexité réduite. Autrement,nous n’aurions pas les ordinateurssuffisamment puissants ni lepersonnel suffisant pour analysertoutes les informations sur desdizaines de milliers d’années. Les modèles plus sophistiquéstridimensionnels de circulationgénérale sont en revancheutilisés pour produire desphotographies instantanées du temps. C’est ce qu’expliqueP. Braconnot. Le monde glaciaire montre enplus des changements abruptsspectaculaires.

La perception de cesphénomènes précis est-ellerécente?� Il s’agit d’une découverte trèsimportante, car elle indiqueclairement que le climat peut,pendant un stade glaciaire du moins, varier de manièredramatique (à l’échelle dumonde) en seulement quelquescentaines d’années comme le

montreront J. Jouzel et L. Labeyrie.On a analysé les cailloux au fonddes océans, cailloux originairesdu socle rocheux du Groenlandou du continent nord-américain. Leur grand nombre indique des décharges d’icebergsconsidérables. Quand cette glacefond dans la région de l’océan où les masses d’eau deviennentlourdes et plongent, cela tend àstabiliser les couches océaniqueset empêche les eaux de plongeravec la même force, comme lemontrera D. Paillard. On s’attenddonc à un ralentissement de la circulation océanique (appelée« tapis roulant ») qui amène del’énergie de l’hémisphère Sudvers l’hémisphère Nord et desbasses latitudes aux hauteslatitudes. En diminuant l’apportd’énergie, on peut provoquer un refroidissement du climatenvironnant l’Atlantique Nord.Cet ensemble de phénomènessemble désormais bien cohérent.Précisons que la décharged’icebergs est due à uneinstabilité de la calotte polaire, en particulier quand elle peut sedévelopper sur le Canada et laScandinavie et qu’elle atteint unetaille critique. Ne pouvant plusgrossir, elle se déstabilise etdéverse des quantités impor-tantes d’icebergs. Pour conclure,si l’étude du climat du siècledernier ne fait pas partie de la paléoclimatologie, nousconstatons que, pendant ledernier millénaire, nous avonsprobablement vécu une périodechaude, le moyen âge, suivi d’unpetit âge glaciaire, et que nousallons vers un réchauffement auXXIe siècle. La question de savoirpourquoi le climat a oscillé, entre différentes phases chaudeset froides, et avec une amplitudede l’ordre de 1 °C, sera finalementabordée par C. Bertrand. ■

Propos recueillis par FKJ

Paul Pettré, pendant la campagne 2001-2002, à côté du capteur temps présent installépar l’équipe du CNRM sur le Dôme C, au cœur de l’Antarctique, lors du plus grandcarottage jamais effectué (3 200 m de profondeur). Ce capteur permet d’évaluer les précipitations et l’accumulation de neige, processus important à prendre en comptepour l’interprétation des carottes et en particulier pour les dater.

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Le CNRS a attribué sa médaille d’or 2002 à Claude Lorius etJean Jouzel pour leurs travaux de paléoclimatologues dansl’Antarctique. Grâce à eux, les chercheurs pourront travaillersur 420 000 années de données climatiques.

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LemodèleArpegeest utiliséaussibienpour laprévisiondu tempsque pourlasimulationdu climat.Et il peutcalculeravec unerésolutionélevée sur unerégioncible.

22 Avril 2003 ATMOSPHÉRIQUES

L a traduction à l’échellesous-continentale, cellede l’Europe ou de laFrance en particulier,

de l’attribution des changementsclimatiques récents, ou desévolutions climatiques futures,est encore incertaine. L’objet dela régionalisation du climat estde permettre des études à la foisspécifiques à certains domainesgéographiques, et plus précisesen termes de résolution, afin demieux évaluer les impacts desscénarios de changementsclimatiques. Les simulationscouplées réalisées au CNRM se font à une résolutionatmosphérique à la fois prochede celle du modèle d'océan et,par ailleurs, compatible avecune durée raisonnable desimulation (quelques mois pourun siècle). Cela nous contraint à travailler avec des résolutionsde l'ordre de 300 kilomètres,surtout si l’on veut traiterplusieurs scénarios ou produireun ensemble de simulations. Le seul inconvénient est queces résultats sont, à l'échelle de

l'Europe, trop grossiers pour êtreutilisés dans des expériencesd'impact.

La fonte des neiges n’est pas éternelle

C'est pourquoi tous les centresconfrontés au problème derégionalisation dans le cadre desscénarios du GIEC utilisent desmodèles à plus haute résolutionsur leur domaine d'intérêt. A Météo-France, le modèleArpege est utilisé aussi bien pourla prévision du temps que pour lasimulation du climat. Ce modèlea la caractéristique de pouvoircalculer avec une résolutionélevée sur une région cible. C'est ainsi qu'une versiond'Arpege-Climat, dite « Médias »possède une résolution d'environ60 kilomètres sur la France. Les premiers scénarios, réalisésavec ce modèle, ont consistéà calculer les changementsclimatiques induits par undoublement de la concentrationdu gaz carbonique atmosphérique.L’une des toutes premières

applications de ces scénarios à des études d’impact vient de se conclure dans le cadre duprogramme national Gestion des impacts du changementclimatique (GICC). Il s’agissaitd’évaluer les effets deschangements climatiques,calculés dans des scénarios issusde différents modèlesclimatiques, sur l’hydrologie des bassins du Rhône et de sesaffluents. Cette étude, associantsix laboratoires dont le CNRM, a permis de démontrer que lesréponses varient fortement d’unbassin à un autre, en particulieren raison de leur plus ou moinsgrande sensibilité au processusde fonte nivale. Elle a soulignéque le facteur d’incertitudemajeur est celui qui est lié à la dispersion des scénariosclimatiques servant d’entrée aux modèles hydrologiques.

Des extrêmes difficiles à saisir

L’utilisation de plusieursmodèles et de plusieurs scénarios,ou d’ensembles de plusieurssimulations pour un mêmescénario, a permis d’analyser lesdiverses sources d’incertitudes.Dans le cadre du projet européenPrudence, deux scénarios duGIEC ont ainsi été traités, à savoirle scénario B2 et le scénario A2.Les perspectives de recherchepour les années à venir nousconduisent à nous pencher surl'évolution des extrêmesclimatiques. Ainsi le projetfrançais Imfrex, du programmeGICC, va se concentrer pardifférentes techniquesstatistiques et dynamiques

L’homme agit sur le climat! Telle est la principale conclusion du dernier rapportdu GIEC sur le changement climatique. A l’échelle de la planète, l’essentiel du réchauffement des cinquante dernièresannées est attribuable aux activitéshumaines. Les projections, sur les basesscientifiques actuelles, montrent même une accélération de ces changementsclimatiques. Mais ceux-ci sont loin d’êtreuniformes tout autour de la planète.

Climats sous influence

L’équipe Climat du Centre national de recherches météorologiques.Au premier rang,en l’absence de Jean-François Royer, de gauche à droite : Alain Braun, Fernand Karcher, SergePlanton, Robin Clark et Michel Déqué

LE DOSSIER

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2003 23

Lesdonnéessatellitesgéosta-tion-naireset cellesdesdéfilantsde lasérieNOAAont étéinter-étalonnéeset leursmesurescombinéespourformerdes jeuxdedonnéescouvrantle globe.

D es mesures satellitairessont devenues, au fil des ans, indispensablesaux mesures en réseau,

réalisées depuis le sol. Ellespermettent d’établir diversesclimatologies, de comprendre lavariabilité naturelle du systèmeclimatique sur de longuespériodes, ou encore de surveillerles changements climatiques. Un instrument à bord d’unsatellite – géostationnaire oudéfilant – échantillonne entemps, en espace, en direction et en longueur d’onde le champ de rayonnement sortant del’atmosphère. On peut doncutiliser ces mesures pour déduirecertaines des propriétés del’atmosphère ou de la surfaceterrestre. Il convient dedistinguer le problème direct, estimer le champ derayonnement à partir desparamètres géophysiques, duproblème inverse, par lequel les mesures satellitaires sonttraduites en variablesgéophysiques. Les problèmesinverses en télédétectionreposent sur le fait qu’il existedes longueurs d’onde (ou descombinaisons de longueursd’onde) pour lesquelles lerayonnement est sensible à l’unou à l’autre des paramètresgéophysiques. Ainsi, la mesuredu rayonnement, pour leslongueurs d’onde allant duvisible à l’infrarouge, est trèsutile pour caractériser lacouverture nuageuse. De même,le canal d’absorption de la vapeurd’eau autour de 6,3 millimètrespermet de renseigner sur la quantité de vapeur d’eau dansla haute troposphère. De manièreplus générale, l’analyse durayonnement par les sondeurs,dans une gamme de longueursd’onde allant de 3,5 à20 millimètres, permet d’accéderaux profils verticaux detempérature et d’humidité.

Les programmes satellitaires

météorologiques présententl’avantage d’avoir été poursuivissur de longues périodes. On peutciter la série de satellites défilantsNOAA/Tiros-N, les satellitesgéostationnaires Météosat initiéspar l’Esa puis repris par Eumetsat,ou encore les satellites américainsmilitaires de la série DMSP. Cesséries temporelles se révèlentprécieuses pour caractériser leclimat et son évolution. Eumetsatprocède ainsi actuellement à unretraitement de l’ensemble desdonnées issues des satellitesMeteosat, de 1983 à nos jours, afin de fournir une climatologiede certains de leurs produitsopérationnels. Des observationsplus fines, issues de satellites nonopérationnels, permettent decompléter notre vision du climatdepuis l’espace. Tel est le cas, parexemple, des expériences demesure du bilan radiatif de laplanète ou d’observation desocéans depuis l’espace.

La grande convergence des nuages

Le projet ISCCP concernant la couverture nuageusereprésente, sans doute, l’exemplele plus abouti de climatologiesatellitaire. Les données dessatellites géostationnaires (GOES,Météosat et GMS) et des satellitesdéfilants de la série NOAA ont étéinterétalonnées et leurs mesurescombinées pour former des jeuxde données couvrant l’ensembledu globe, avec des résolutionsallant de 30 à 280 kilomètres.Cette climatologie, de juillet 1983à septembre 2001, est un outil trèsutile pour étudier la variabilitéinterannuelle de la couverturenuageuse ou évaluer le degré deréalisme des modèles de climat,qui pèchent souvent par leurreprésentation des nuages. ■

Marie Doutriaux-BoucherOlivier Boucher

Laboratoire d’Optique atmosphérique,CNRS/USTL

Une clim satellitaireL’apport de l’analyse satellitaire à la météorologieopérationnelle est aujourd’hui bien établi. Une autreapplication des satellites météorologiques est, elle,moins connue : la climatologie.

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concernant les fréquences detempêtes et les fortesprécipitations. Le problème n'estpas simple, d'abord parce que lesmodèles ne produisent pas desituations paroxystiques, ensuiteparce que le nombre dephénomènes rares observés est,par définition, trop faible pourdonner lieu à une évaluation defréquence précise. Les progrèsaccomplis en modélisation auxéchelles régionales combinés àceux de la constitution de sériesde données homogènes sur laFrance, ont aussi ouvert denouvelles perspectives dans le domaine de la détection deschangements climatiques. Une étude récente nous permetde conclure à la détection d’unsignal de réchauffement dans les observations de températuresen France dont la répartitiongéographique ressemble à cellequi est simulée dans les scénariosrégionalisés.

La Méditerranée passée au crible

Un travail de plus longuehaleine, amorcé il y a trois ans,est la mise en place d'un modèleocéanique de Méditerranée àhaute résolution (10 kilomètres)couplé au modèle Arpege enrésolution Médias. Un premierscénario, dans lequel le modèlede Méditerranée est forcé par lesflux quotidiens de chaleur, d'eauet de mouvement du scénario B2,montre une évolution différenciéepar bassin. L'étape ultime est demener un scénario de centquarante ans en mode couplélocalement, et en utilisant lestempératures de surface del’océan du projet Prudence sur les autres océans. ■

Serge PlantonResponsable du groupe GMGEC au CNRM

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LE DOSSIER

24 Avril 2003 ATMOSPHÉRIQUES

A u fil du temps, les modèles, en secomplexifiant,représentent de plus en

plus fidèlement les interactionsdans l'atmosphère et dansl'océan. Pourtant, ce n'est pas du côté des scores que les progrèsseront les plus marquants : le futur lointain reste flou et le restera pour longtemps. Les acquis portent, en fait, sur une meilleure connaissancede ce qui peut être prévu et de ce qui reste complètementincertain. Ainsi, nous savonsque la source fondamentale deprévisibilité se situe dans l'océanet que c'est dans les régionstropicales que cette prévisibilitése propage préférentiellement à l'atmosphère. Nous savonségalement qu'une prévisionsaisonnière utile n'est pas unecarte de température mêmemoyennée sur un mois ou unesaison. Il est en revanche utilede disposer de la descriptionstatistique des variations de la saison à venir par rapport à la climatologie de la saison encours. Fort de ces constatations,notre établissement s'est lancé,depuis 1999, dans la productionmensuelle opérationnelle deprévisions à échéance de quatremois. Ce travail avait été bienpréparé par deux projetseuropéens. Le premier, Provost,a montré de manière définitiveet indubitable que les modèlesnumériques ont un potentiel

Le rôleessentielde l’océandans laprévisi-bilité àlongueéchéancejustifie un effortparticulierpouraméliorer la détermi-nation des étatsinitiauxocéaniquesdesprévisions.

Les contours du temps futurAu cours des dix dernières années,d’importants progrès dans le domaine de la prévision saisonnière ont été faits àMétéo-France comme dans tous les grandsservices météorologiques. Toutefois, lesavancées les plus significatives dans cedomaine concernent surtout l’évaluation despotentialités de ce type de prévision. Un domaine où l’océan est appelé à jouer unrôle prépondérant.

saisonnière à trois modèles (Met Office, CEPMMT et nous)tournant au CEPMMT demanière opérationnelle.

L’océan statistique enattendant l’océan modélisé

En ce qui concerne laprévision opérationnelle à Météo-France, nous utilisons le mêmemodèle atmosphérique que dansDemeter, mais avec une prévisionstatistique des températures de surface de l'océan (TSO). Nos études à partir de Provost,corroborées par les résultats duMet Office, montrent que lecouplage avec l'océan améliore la prévision aux latitudestropicales, mais la dégrade auxlatitudes tempérées. Uneduplication de l'expérienceDemeter en mode TSO statistiquenous le confirmera.

L’incontournable prévisionprobabiliste

Un axe important de larecherche au CNRM porte sur la forme probabiliste desprévisions. Les équations dumodèle sont déterministes. Enutilisant plusieurs intégrations,et, mieux, plusieurs modèles, onpeut construire une distribution

de prévisibilité à l'échéance de la saison. Le second, Elmasifa,a pendant deux ans mis en placeune maquette qui est devenueensuite la prévisionopérationnelle.

La course aux banques de données

Cependant, la recherchedemeure nécessaire pouraméliorer le produit.Indépendamment des travauxqui restent à faire de mise enforme et d'évaluation, il fautadapter la matière première issuedu modèle aux spécificités dechaque candidat utilisateur. Dans le cadre du projet européenDemeter, c'est l'utilisation de modèles couplés océan-atmosphère qui est testée, lors d’une expérience de grandeampleur : sept modèles sur trenteans. Le projet Demeter, qui vas'achever à la fin de l'année,laissera une base de données auCEPMMT qui servira de référencepour les trois à cinq années àvenir. On constate en effet quecertains scores, calculés avecseulement les quinze ans duprojet Provost, pouvaient êtretrop optimistes, surtout si l’onavait sélectionné les plus élevés.Il est d'ailleurs prévu deprolonger en temps quasi réel lesprévisions avec les modèles et lesméthodes de Demeter, pour avoirun historique complet de 1958 à nos jours. Ce projet pourraitprendre la forme d'une prévision

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2003 25

partenaires du projet Mercator,qui inscrit l’amélioration desétats initiaux océaniques commel’une des applications de son objectif d’assimilationopérationnelle de données dansun modèle global d’océan. Le projet Coriolis, lui aussiassociant plusieurs organismesdont Météo-France, en est lecomplément nécessaire pour le développement de réseauxd’observations océaniques, letraitement des données et leurdiffusion. A l’échelleinternationale, Mercator etCoriolis regrouperont lacontribution française auprogramme internationalGODAE (Global Ocean DataAssimilation Experiment) qui, de 2003 à 2005, conduira àintensifier les observationsocéaniques et à évaluer lessystèmes d’assimilation desdonnées recueillies dans lesmodèles, tant en mode recherchequ’en mode opérationnel. ■

Michel DéquéResponsable de l’équipe

Arpege-Climatau CNRM

probabiliste. Malheureusementcette distribution est moinsbonne que la distributionclimatologique lorsqu'onapplique un score quadratiquesimple. On peut évidemmentchercher des scores deprévisibilité potentielle quidonnent des résultats plusoptimistes (Relative OperatingCharacteristics) ou plus adaptés à un utilisateur donné(Economical Value). Nouspréférons trouver une méthodequi évite l'hypothèse deperfection du modèle, tout ententant de corriger ses travers. Les méthodes à base d'analoguesd'ensemble donnent d'assez bonsrésultats et nous comptons les valider et les développer.

Partons tous ensemble à la conquête des océans

Le rôle essentiel de l’océandans la prévisibilité à longueéchéance justifie un effortparticulier pour améliorer ladétermination des états initiauxocéaniques des prévisions. Ceteffort dépasse les frontières duCNRM et de Météo-France. Sur leplan national, il s’agit du résultatd’une collaboration avec leCerfacs, en particulier,mais aussi avec l’ensemble des

Le recul des glaciersest un signe stable et visible duréchauffementclimatique, ou au moins d'unchangement du régime desprécipitations nivaleset/ou de la fonteestivale. En Norvège le frontdu Blomstrandbreen a reculé de 2 kilomètres au coursdes quatre-vingtsdernières années.Depuis le milieu du XIXe siècle, les glaciers européensont perdu 30 % de leur superficie et50% de leur volume.

Bien que plus spectaculaire que la lente évolution desglaciers, l'éruption d'un volcan ne perturbe pas durablementle climat. Celle du Pinatubo, en 1991 aux Philippines, a refroidi l'atmosphère globale pendant l'année suivante.

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Réduire letemps dela chaîneassuré-assureur-réassureuren liantdirectementl’indem-nisation àl’intensitéde l’événe-mentclimatique.

26 Avril 2003 ATMOSPHÉRIQUES

LE DOSSIER

Grâce aux données climatiques de Météo-France, le Groupe Benfield Greig a créé pourles compagnies d’assurance, et certainesgrandes sociétés, le concept de protectionclimatique contre les risques extrêmes, à partir d’un indice. Passant ainsi d’uneassurance indemnitaire à une assuranceindicielle.

Jean-Yves Nouy, Directeurgénéral de Benfield Greigà Paris répond auxquestions d’Atmosphériques.

Vous exercez une activitéde conseil, comments’établit la relation entrevous et les compagniesd’assurance?� Les compagnies d’assurancenous consultent pour notreexpertise dans l’évaluation deleur besoin de réassurance, la structuration des protectionset leur placement sur le marché.Ainsi, nous pouvons géocoderleur portefeuille pour étudier sa vulnérabilité au risqueinondation ou utiliser desmodèles tempête pour estimer le montant des dommagespotentiels générés par unetempête.

Combien cela lui coûte-t-il ?� Le prix du risque dépend de lapériode de retour du montant desdommages : une période de retourde cent ans vaut une prime purede 1 %. Si l’assurance est unemutualisation de risqueshomogènes et de même nature, la réassurance consiste à protégerla part non homogène desrisques. Un courtier commeBenfield va structurer laprotection et lancer des appelsd’offres auprès des grandsréassureurs afin de trouver lemeilleur prix avec la meilleuresolvabilité.

En quoi consiste votre projetd’assurance indicielle?� Nous constatons que lescatastrophes naturelles coûtentde plus en plus cher en raison

de la concentration importantedes capitaux. À l’échellemondiale, 80 % des dommageséconomiques résultant decatastrophes naturelles ne sontpas assurés car ils sontdifficilement assurables sur labase de l’indemnité. Par exemple,il est difficile d’indemniser uncentre commercial qui subitindirectement les conséquencesd’une inondation ou uneentreprise du bâtiment en cas de gel extrême. D’autre part la chaîne assuré-assureur-réassureur est longue, d’autantplus qu’un dommage doit êtreexpertisé.

Mais comment raccourcir ce temps de réaction?� Nous faisons presque del’instantané en liant directementl’indemnisation à l’intensité de l’événement climatique. Dans la mesure où l’on connaîtl’exposition d’un assureur, parzones géographiques et parnature de risque, on pourradéduire le montant desdommages selon l’intensité d’un événement.Il restait à trouver unthermomètre pour évaluer cetteintensité. C’est chose faite : lesenregistrements climatologiquesfaits par Météo-France s’avèrentêtre des éléments de mesurepertinents pour calculer unindice. Par exemple, pour unetempête, la vitesse du ventinstantanée maximalequotidienne s’est révélée êtrel’élément adéquat. Quand tout est bien calibré, nous pouvonsdéterminer à 5 % près le montantdes dommages par rapport auxévénements du passé.

Quand Benfield Greig révolutionne la réassurance

Cette démarche est-ellespécifique à Benfield?� Nous avons imaginé lapremière protection fondée surdes indices pour une compagniefrançaise. À cette occasion, nous nous sommes rapprochés de Météo-France. Toute notredémarche a été de sélectionnerles stations ayant des donnéeshomogènes et pertinentes aupoint de vue géographique.L’indice est bâti sur mesure, en fonction de chaque portefeuille(c'est-à-dire les contratsd’assurance en cours). Nous pensons que l’avenir de la(ré) assurance réside dans cemarché.C’est une nouvelle manière de se protéger des conséquenceséconomiques d’événementsnaturels qui, pour l’instant, ne sont pas couverts, commel’inondation dans différents payseuropéens, la sécheresse ou le gelextrême. ■

Propos recueillis par FKJ

Jusqu’à présent de nombreux outils de productionclimatologique avaient fait leurs preuves.

Cependant, certaines technologies, du fait de leurs possibilités d’évolution limitées,

sont devenues obsolètes. Le projet Okapi renouvelle les propositions

de Météo-France dans ce domaine.

Parmi eux, on peut citer lelogiciel Colchique, Lunairs

(l’accès aux images radar et satellite), Euclide (la production climatologiqueen CDM) et Icare (l’interfacede production pour les servicescentraux). Avec le projetOkapi, la Direction de la Climatologie s’attache àintégrer l’ensemble des outilsde production dans unenvironnement convivial. In fine, il s’agit de satisfaireles besoins de différents types

L E S O U T I L S D E P R O D U C T I O NC L I M ATO LO G I Q U E

d’utilisateurs : les utilisateursinternes, les utilisateurscommerciaux et les utilisateursinstitutionnels (recherche ouéducation, principalement).

Le premier service clientissu d’Okapi a été ouvert en 2002 ; il s’agit de la Climathèque. Cetteapplication s’adresse auxclients commerciaux etinstitutionnels, son utilisationnécessite l’ouverturepréalable d’un compte. Un deuxième service client,

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2003 27

Météo-France a décidé en juillet 2002 deprogrammer la rénovation de la chaîned’acquisition et de traitements des donnéesclimatologiques issues des mesures au sol.

ont été rédigés par l’ensemble de la communauté et sont consultables sur l’Intramet. Cette démarche a été validée par le comité de pilotage du projet de façon consensuelle. L’architec-ture du futur système pourraits’articuler autour d’une basecentrale sur laquelle chacunviendrait travailler : les CDMpour contrôler, corriger leursdonnées, insérer les méta-données et les données des postesbénévoles ; les DIR et la DCLIMpour assurer leur rôle desupervision, de mise à disposition et de pérennisationdes données. Parce que lanécessité d’obtenir d’excellentesperformances d’accès auxdonnées est le souci majeur de ce projet, l’architecturecentralisée ne sera déclaréedéfinitive qu’après de nombreuxtests de maquettes par les CDM et les CMIR. ■

Catherine TarrieuResponsable de la division Banques

de données à la direction de la Climatologie

CDM : Centre départemental pour la météorologieCMIR : Centre météorologique interrégionalDClim : Direction de la Climatologie.

ClimSol

L’exploitation climatologique est une tâche complexe, qui implique les trois niveaux de Météo-France, et comporte de nombreuses phases.

Le projet ClimSol entend simplifier ces procédures tout en conservant leurs objectifs.

L ’activité climatologiquedémarre en CDM. Il

participe au choix des sites demesure dans le département ;effectue avec les MIR le suivide la qualité des sites et desréseaux de mesure ; leuroptimisation ; l’acquisition, lecontrôle de premier niveau desdonnées et leur validation ;l’alimentation des bases dedonnées nationales etl’archivage local ; le suiviclimatologique départemental,la gestion des observateursbénévoles…

Le niveau régional assure la gestion et la supervision desdonnées régionales, les contrôlesspatiaux au niveau régional, lesuivi du climat régional, la

D I V E R S I T É E N C L I M AT O L O G I E : J U S Q U ’ O Ù A L L E R ?

coordination et l’homogé-néisation des pratiques.

Enfin, au niveau central, il s’agit de gérer l’acquisitionde l’ensemble des données,l’évolution des bases, la mise à disposition des données,l’archivage pérenne et lesdésarchivages, les outils de contrôle et de correction des bases, l’alimentation horschaîne d’exploitation (le rattrapage des donnéesanciennes), la gestion desréseaux d’observation(métadonnées), la maintenancelogicielle et les spécificationsd’évolution de l’exploitationclimatologique, le suivi duclimat national. A cela il convient d’ajouter

les activités d’archivage desdonnées hors BDClim :modèles, satellites, radar,foudre, et des activités desupport informatique.

Le projet ClimSol entendmaintenir un partage destâches, tout en simplifiant et optimisant les procédures en vigueur. Le CDM restera,quoi qu’il advienne, le servicele plus à même de critiquer lesdonnées départementales, du fait qu’il se trouve au plusprès de la mesure et en raisonde son expertise du climatlocal. L’objectif étantcependant d’aller vers l’unicitéde la donnée, des efforts ontdéjà été engagés et serontpoursuivis afin de retenir dans

OkapiMet, sera bientôtouvert; il doit répondre auxbesoins internes pour laproduction à caractèrestandard. Enfin, un troisièmeservice, OkapiEtudes, est encours de développement ;comme son nom l’indique, il permettra de répondre auxbesoins de type «études»,avec un paramétrage trèsprécis des produits. Lesystème Okapi rend possiblel’élaboration de nombreuxproduits assez novateurs.

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A ctuellement, ces donnéessont insérées, presquesimultanément, aux troisniveaux : le fichier Noé

en CDM*, une base régionale et la base BDClim à Toulouse. Toutcela s’effectue selon des modes de transmission plus ou moinscomplexes, suivant qu’il s’agisse dedonnées synoptiques, des stationsRadome, d’autres types de stationsautomatiques ou des postes duréseau climatologique d’État(RCE). Toutes les mesures sontvalidées par le CDM et superviséespar la DIR et les bases Noé sontalors transmises à la base centrale.Malgré toute la bonne volonté et letemps dispensés par les personnelsen CDM, CMIR* et DClim*, les données ne sont pas toutescorrectement qualifiées.

Le projet ClimSol a pour premierobjectif de simplifier la chaîned’exploitation et d’assurer l’unicitéde la donnée, ensuite d’améliorer lesoutils de visualisation et de contrôlemis à disposition des exploitants,tout en veillant à la pérennité de cesdonnées. Dans une première phase,un bilan des structures existantes et les spécifications générales pourune nouvelle chaîne d’exploitation

la base de référence la«meilleure» valeur entre lesdonnées du CDM et lesdonnées de la BDClim. Leprincipe d’une exploitationclimatologique reposant surune architecture centraliséeest désormais acquis, avec unebase centrale accessible partous. À terme, l’environnement de productionOkapi, branché sur cette basecommune, deviendra l'outil deproduction partagé par tousles climatologues. C’est dire à quel point le projet ClimSoldoit se révéler fédérateur. ■

Pierre Bessemoulin

Par exemple, le produitIrrigation, qui intègre desdonnées climatologiquesrécentes (de J-7) et desdonnées prévues (à J+3). Par la suite, ce systèmeintégrera l’accès aux donnéesradar, satellite et modèles. Il sera donc considérablementétendu. En outre, des fonctionnalitésimportantes pour laproduction, comme desformules d’abonnement, desprocessus d’automatisation,l’intégration de lacartographie, seront ajoutéesau système en 2003. ■

Maryvonne KerdoncuffResponsable de la division Outils de la production climatologique à la direction de la Climatologie

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En hiver,dans lesrégionsextra-tropicalesde l’hémis-phère Nord,la NAOexplique34% de lavariabilitéinterannuellealors quel’Enso enexplique16%.

28 Avril 2003 ATMOSPHÉRIQUES

LE DOSSIER

Le climat sur la façade occidentale de l’Europe est sousl’influence directe de plusieurs acteurs, au premier rangdesquels on trouve bien sûr le Gulf Stream et l’anticyclonedes Açores. Pour autant, en regardant en détail, ces acteursne sont que les éléments médiatisés de phénomènes pluscomplexes du système climatique, où l’on trouvenotamment l’oscillation Nord-Atlantique (NAO), la circulation thermohaline et bien d’autres encore, qui influencent le climat de nos régions.

L a NAO est constituée parles variations conjointesdes hautes pressions au Sud (anticyclone des

Açores) et des basses pressionsau Nord (dépression d’Islande).Son influence s’étend de la côteEst des États-Unis à l’Eurasie et de l’Afrique du Nord et duMoyen-Orient jusqu’à l’Arctique.Sa variabilité domine le climatdu bassin Atlantique et descontinents adjacents. Cetteoscillation se présente commeune alternance de phasespositives (les pressions sontrespectivement plus hautes auSud et plus basses au Nord) et dephases négatives (les pressionssont moins hautes au Sud etmoins basses au Nord). Avec des différences en pression de surface, entre les phasespositives et négatives, quipeuvent typiquement atteindre

des valeurs de l’ordre de 15 hPa.La fin du XXe siècle aura étécaractérisée par une alternanceentre les décennies dominéespar les phases négatives (1940-1970) et positives (1970-2000).

Un rôle particulier en hiver

Les effets de cette oscillationsont particulièrement sensiblespendant la période hivernale.Lors d’une phase fortementpositive, le gradient méridien de pression élevé sur l’AtlantiqueNord, qui en découle, correspondà des régimes perturbés généra-lement intenses (donc plus detempêtes). Compte tenu durenforcement des hautespressions au Sud, les régions du bassin méditerranéen sontrelativement protégées, alors quela moitié nord de l’Europe

occidentale reçoit de plein fouetles dépressions hivernales. Outre-Atlantique, des descentesd’air polaire refroidissent leGroenland et le nord-est duCanada. En résumé, pourl’Europe, le climat est doux ethumide au Nord et plutôt sec etfrais autour de la Méditerranée.Au cours d’une phase négative, le gradient méridien de pressionsur l’Atlantique est plus faible, la dépression d’Islande est moinsactive, donc moins de perturba-tions (notamment tempétueuses)et les modifications d’ensembledu champ de pression donnent,en général, des trajectoires dedépressions plus au Sud. Enconséquence, le climat est plusfroid et sec sur l’Europe du Nordet plus humide sur les régionsméditerranéennes. La France setrouve en quelque sorte coupéeen deux.

Mondialisation avant l’heureOn ne peut pas parler du

système climatique sans parler de l’ENSO (El Niño SouthernOscillation). Si des connectionsavec les moyennes latitudesexistent, elles sont principa-lement localisées dans le bassinPacifique. Bien entendu, lesmodifications de la circulationgénérale au niveau des États-Unisne sont pas sans conséquencespour nos régions, mais l’effet

Série chronologique de l’indice NAO calculé pour les mois dedécembre à mars. L’indice est calculé comme la différence des pressions normalisées entre Lisbonne(Portugal) et Stykkisholmur (Islande). La courbe noire lisséecorrespond au filtrage des périodes inférieures à quatre ans.Source : http://www.cgd.ucar.edu/~jhurrell

Différence évaporation – précipitations (E-P) entre les hivers (décembre àmars) correspondant à un indice NAO > 1 et ceux avec un indice NAO < 1depuis 1958. L’intervalle du contour est de 0.3 mm/jours. Les régions vertescorrespondent à un bilan E-P déficitaire (précipitations excédentaires) alorsque les régions en jaune correspondent à un bilan E-P excédentaire(précipitations déficitaires). Source : The North Atlantic Oscillation – J.W. Hurrel, National Academy of Sciences – 12th annual symposium, 2-4 November 2000.

L’Europe sous influence

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2003 29

reste très diffus avec commemarqueur une prévisibilitésaisonnière limitée à l’hiver et à des valeurs faibles. On peutquand même relever unetendance aux hivers doux ethumides sur l’Atlantique Est et l’Europe occidentale lors desévénements El Niño, sans quel’effet soit systématique. Il existe une bonne douzained’oscillations répertoriées dansl’hémisphère Nord, certainessemblent bien corrélées avec le climat en France, tellel’oscillation Est-Atlantique, active en hiver et au début duprintemps, dont l’indice estpositivement corrélé avec nos

Les effets combinés de la NAO et de l’ENSO, sur la températurehivernale des régions extra-tropicales de l’hémisphère Norddepuis 1935, ont été quantifiés. La NAO explique 34 % de lavariabilité interannuelleobservée alors que l’ENSO enexplique 16 %. Mais les sérieschronologiques des températuresmoyennes hivernales se révèlentsans tendance lorsqu’on retire lessignaux liés à la NAO et à l’ENSO.Cela illustre clairement que leréchauffement global pourrait semanifester par une modificationdes caractéristiques de modes de variabilité comme la NAO oul’ENSO. Enfin, des modificationsde la circulation thermohalineentraîneraient à l’évidence des modifications dans lescaractéristiques du Gulf Stream,dont il faut rappeler que la présence près des côteseuropéennes permet, en hiver, un gain de température d’unedizaine de degrés, encomparaison avec des régions de même latitude situées outre-Atlantique. Néanmoins, cettecirculation semble être dans uneconfiguration relativement stablequi justifie, de ce point de vue, un certain optimisme. ■

Jean-Pierre Céronadjoint au directeur de la Climatologie

& Laurent TerrayCerfacs

températures moyennesmensuelles.

Un effet secondaire du réchauffement

Il est intéressant de signalerles effets régionaux duréchauffement global d’origineanthropique. Outre lesévolutions de température et de précipitation sur l’Europe, les phases et fréquences desgrandes oscillations du systèmeclimatique risquent d’êtreaffectées, via les modificationsinduites au niveau de la surfaceocéanique et des grands centresd’action atmosphériques.

La description du climat d'une région ou d'une station ne se résume ni aux valeurs moyennes de paramètres météorologiques ni même à la variabilité de ces paramètres par rapport aux conditions habituelles, elle doit rendre compte

des valeurs extrêmes observées pour ces paramètres.

Q U A N D L E C L I M AT I N Q U I E T E

F ace aux événementsextrêmes, qui se

produisent rarement, il fautêtre en mesure d’assurer la sécurité des personnes et des biens, ou encore savoirdimensionner la constructiond'ouvrages, ou bien calculer le montant de primesd'assurance. L'une des façonsde caractériser ces événementsconsiste à estimer la duréemoyenne séparant deuxapparitions de l'événement enquestion, c'est-à-dire calculersa durée de retour. Le problèmeconsiste à fournir aux usagersles valeurs d'une variablemétéorologique qui sontsusceptibles d'être atteintes ou dépassées, en moyenne, une fois tous les dix, trente,cinquante voire cent ans, et cela à partir de donnéesd'observation qui, en pratique,ne portent au maximum quesur quelques dizaines d'annéesconsécutives.

Des valeurs extrêmescompliquées à calculer

La solution admise pourestimer les valeurs demandéesest de retenir une hypothèsesur la forme de la distributionde grandes valeurs de lavariable : on utilise la valeurmaximale annuelle ou lesvaleurs supérieures à un seuildonné. Il s’agit dès lors de calculer les quelquescoefficients numériques qui

permettent d'estimer cettedistribution. Loi de Gumbel ou méthode dite du« renouvellement», ougénération stochastique de très longues sériestemporelles, ou encoreapproches fractales permettentd’évaluer, a priori, les valeursde très faible probabilitéd'occurrence, ou decaractériser, a posteriori, un événement par sa durée de retour.

Une autre approcheconsiste à caractériserdirectement un événement à partir des intensitésrencontrées, sans faireréférence à leur climatologie.Une étude de ce type a étéréalisée pour le ministère del’Écologie et du Développementdurable (MEDD), dans laperspective de mettre en placeune échelle d'intensité,répartie en cinq classes, pourdifférents aléas. À terme, lesévénements pourront êtrequalifiés à travers ces échelles,et les informations surl'intensité physique desphénomènes pourront êtremises en regard des dégâtsconstatés.

Une première échellemise en place

Associé à d'autrespartenaires, le Cemagreff et le bureau d'étudeGéosciences-Consultants

(titulaire du marché), Météo-France a répondu à l'appeld'offre du MEDD pour les aléasrelevant de sa compétence :neige, verglas, foudre, grêle,tempête, tornade, cyclone. Les échelles d’intensité ont été élaborées en respectantd’abord les caractéristiquesgénérales de ce type deparamètre simples,mémorisables et utilisables.

L'approche «dégâts surenjeux types» a été privilégiéepar rapport à celle, plustraditionnelle, fondée sur lamesure physique de l'intensitédes phénomènes. On espèreainsi accéder à une caracté-risation fine des événements à l'échelle communale quipourra être menée sur place en l’absence de mesures. Quant à l'information desréseaux de mesure, elle resteeffectivement un complémentd'analyse pertinent pour la caractérisation desévénements. Aujourd’hui, des prototypes d'échelles avecguide d'usage ont été soumisau MEDD, qui a assuré ladistribution de ces échelles aux services déconcentrés del'État pour avis et test, ce qui a permis d'élaborer une versiondéfinitive des échellesd'intensité. ■

Jean- Michel VeysseireJean-Marc Moisselin

Changements dans les températures de surface continentales et océaniques (en °C) induits par une valeur positive d'uneunite de l'Index. NAO en hiver (mois de décembre à mars) sur la période 1935-1999. Les contours sont tracés tous les 0,2°C.Les régions ne disposant pas d'un nombre suffisant de donnéesne sont pas contourées. Source : The North Atlantic Oscillation– J.W. Hurrel, National Academy of Sciences – 12th annualsymposium, 2-4 November 2000.

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30 Avril 2003 ATMOSPHÉRIQUES30 Avril 2002 ATMOSPHÉRIQUES

La catastrophe des Corbières de novembre 1999 entre dans plusieurs catégories d’événements :inondation, tempête et surcote. Ici, carte des pluies cumulées du 12 novembre, à 6 heures, au 14 novembre à 6 heures. On a recueilli 200 litres d’eau au m2

sur plus de 7 000 km2 répartis sur 4 départements.

E n effet, malgré larichesse de l’archive des données météo-rologiques issues

de son réseau d’observationscomportant des données clima-tologiques au pas de tempshoraire sur plus de mille sites,des données du RCE, des imagesdes satellites et des radars, etc., il n’existait pas jusqu’à récem-ment d’archive événementielledes phénomènes météo-rologiques. Cette lacune adisparu, en 2001, lorsque Météo-France a créé la BDEMpermettant d’enregistrer desdescriptions qualitativesd’événements météorologiquesayant marqué la mémoirecollective. Le choix est vaste :chutes de neige, avalanches,vagues de froid ou de chaleur,inondations, sécheresses,tempêtes, etc. Les départementsd’outre-mer sont égalementconcernés avec les élémentsdévastateurs que constituent les cyclones. Enfin, les incendiesde forêt ravageurs ou lessituations à forte pollution, aux déclenchements souventliés à une situationmétéorologique particulière,sont aussi archivés.

Des événements répertoriésselon leur dangerosité

La recherche peut s’effectuerpar date, secteur géographique,type de phénomène ou mot-clé.Le lecteur accède à une fichesynthétique décrivantsuccinctement les circonstanceset les conséquences de l’évé-nement. Elle est accompagnéede chiffres pertinents et de nombreuses ressourcesdocumentaires (photos, cartes,tableaux, graphiques, animationsd’images radar, etc.). Deux échelles de sévérité, selonl’ampleur géographique duphénomène ou, le cas échéant,

Testée eninterne,la BDEMserabientôtutiliséesystéma-tiquement pourcommu-niquer avecles acteursinstitutionelsde lagestion du risque,au plus près del’événement.

échelles de sévérité, tant du pointde vue de l’ampleur des dégâtsque du nombre de victimes. La BDEM ne prétend pas êtreexhaustive : elle est alimentée,selon l’importance et l’impactmédiatique de l’événement, par les météorologistes qui l’ontsuivi. Ils apportent ainsi lemeilleur de leurs connaissances.

Un outil vite apprécié en interne

La BDEM a rapidementrencontré un grand succès. Elle est désormais utiliséesystématiquement pourcommuniquer en interne, au plusprès de l’événement. Il n’est pasrare qu’une rubrique soitconstituée dès le lendemain d’un phénomène climatologique.Après deux ans de vie, ce sontsurtout des dérèglements récentsqui y figurent. Aussi, unimportant travail historique etbibliographique est actuellementen cours, afin de remonter letemps. Des fiches détaillées des catastrophes de Vaison-la-Romaine ou de Nîmes, de la cruede la Seine de 1910 ou dufantastique « aïguat » sur leRoussillon d’octobre 1940 et biend’autres encore sont d’ores et déjàdisponibles. Accessibleuniquement par l’Intranet deMétéo-France, la BDEM pourraitêtre prochainement rendueaccessible aux acteursinstitutionnels de la gestion du risque. ■

Valérie JacqResponsable du service climatologiquede la Direction interrégionale Sud-Est

Chacun d’entre nous garde en mémoire un épisodeclimatique dont la nature paroxysmique l’a marqué. Crue d’une rivière, inondation fatale ou chute de neigeinopinée, événements restés frappants dans notreimaginaire pourtant Météo-France ne pouvait les comptabiliser, jusqu’en 2001, qu’au même titrequ’une banale variation journalière.

Les empreintes du tempsLE DOSSIER

Port-la-Nouvelle :trois cargoss’échouent le 14 novembre 1999à la suite d’une de ces violentestempêtes quigénèrent les pluiestorrentiellescaractéristiques de l’arcméditerranéen.

le nombre de victimes, sontdisponibles. Ainsi, une crue duRhône peut provoquer de largesdégâts sans victime alors quel’avalanche d’Ortiporio du4 février 1934, en Corse, neconcerne qu’un village, mais y provoque trente-quatre morts.Les récentes tempêtes de fin 1999sont au maximum des deux

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INTERNATIONAL

climatique (CCNUCC/UNFCCC).Le rôle de l’IPCC consiste,essentiellement, à évaluerl’information scientifique,technique et socio-économiquepertinente pour la compréhensiondes risques de modification duclimat par les activités humaines.L’IPCC publie tous les cinq ans unrapport sur l’état des connaissancesen la matière, en particulier des prévisions de l’évolution dusystème climatique sur le XXIe siècle, en réponse à diversscénarios socio-économiques. Pour sa part, le PMRC co-sponsorise avec la CIUS, le PNUEet la COI, le Système globald’observation du climat (GCOS),qui comprend à la fois un volet sol(GSN), altitude (GUAN) etocéanique (GOOS). Parmi les autresprogrammes reliés au PMRC, il faut noter CLIVAR (ClimateVariability and Predictability), qui s’intéresse principalement àl’étude de la variabilité du climatet à l’identification de la part du changement climatiqueattribuable aux activités humaines.Enfin GEWEX (Global Energy andWater Cycle Experiment), qui se focalise sur l’étude du cycleglobal de l’eau et ses modificationsliées à l’augmentation des gaz à effet de serre.

Le changement climatique à l’étude

Outre le PMRC, la coopérationinternationale pour l’étude du

P armi ces instances, on citera en premier lieul’Organisationmétéorologique

mondiale (OMM/WMO), au travers du Programmeclimatologique mondial (voir lesadresses informatiques ci-dessous),qui comprend à la fois des aspectsopérationnels et un fort voletrecherche. Le Programmemondial de recherches sur le climat du PCM (PMRC/WCRP) a été lancé en 1980, avec laConfédération internationale desunions scientifiques (CIUS/ICSU)et la Commission océano-graphique intergouvernementale(COI/IOC) de l’UNESCO. Le PMRC s’intéresse aux sourcesd’incertitude dans notreconnaissance du climat, commele cycle de l’eau et son maillonnuageux, l’effet des nuages sur le transfert radiatif, le transport et le stockage de chaleur par les océans, etc.

Experts sans frontièresCes activités découlent des

priorités identifiées par le Groupeinternational d’experts sur le changement climatique(GIEC/IPCC), créé en 1988 par l’OMM et le Programme desNations unies pour l’environ-nement (PNUE). Elles servent debase pour apporter une réponseaux problèmes soulevés par la Convention Cadre des Nationsunies sur le changement

Par définition, le climat concerne la Terre dans sa globalité. Aussi, en toute logique, les programmes climatologiques se doivent d’être internationaux. En pratique, il existe de multiplesinstances de coordinationinternationale comportant un voletclimatologique, en particulier celles affichant des objectifs reliés au développement durable.

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Météo-Franceparticipeactive-ment àcertainspro-grammesclimato-logiquesinter-nationaux.Ainsi, il ajoué un rôlede pionnierpour définiret réaliserlespremièrescampagnesde typeHAPEX.

ATMOSPHÉRIQUES Janvier 2003 31

changement climatique comprendle Programme internationalgéosphère-biosphère (PIGB/IGBP)et le Programme international surles dimensions humaines duchangement de l’environnementglobal (PIDH/IHDP). Le PIBGcomprend de nombreuses facettes,traitant par exemple des fluxocéaniques (JGOFS), des inter-actions continents-océans en zonecôtière (LOICZ), des climats passésreconstitués à partir d’archivespaléoclimatologies (PAGES), del’évolution des écosystèmes dansle contexte de changementclimatique (GCTE), du rôle de labiosphère dans le cyclehydrologique (BAHC) et de chimieatmosphérique globale (IGAC), etc.Ample dessein ! Météo-Franceparticipe activement à certains deces programmes. L’établissement a même joué un rôle de pionnierpour définir et réaliser lespremières campagnes de typeHAPEX (Hydrologic-AtmosphericPilot Experiment) dédiées auxéchanges sol-végétation-atmosphère. Au niveau européen,on citera les programmes derecherche climatique financés parl’Union européenne dans le cadredes PCRD et les activités au seind’EUMETNET coordonnées par l’ECSN (European ClimateSupport Network), qui regroupeles services climatologiquesopérationnels. ■

Pierre BessemoulinDirecteur de la Climatologie

Des programmessans frontières

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2003 31

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32 Avril 2003 ATMOSPHÉRIQUES

Le système

Depuis vingt ans, l’Organisationmétéorologique mondiale soutient les programmes de numérisation des données climatologiques et leurintégration dans des banques dedonnées. En effet, cette technologierend leur contrôle et leur utilisationincomparablement plus faciles.

C ’est à la demande de laconvention Climat quepour la première foisl’observation systéma-

tique du climat faisait l’objetd’un rapport. Pour la France, la mission interministérielle del’effet de serre (MIES) a pris encharge ce rapport qu’elle a remisen novembre 2001. Laconvention Climat est à l’originedu programme de Systèmemondial d’observation du climat(SMOC, GCOS en anglais) engagéen 1992 sous la responsabilité de quatre organismes: l’OMM, le Programme des Nations uniespour l’environnement, laCommission océanographiqueintergouvernementale et leConseil international des Unionsscientifiques. Le chapitre«Recherche et observationsystématique» du rapportfrançais fait la revue desprogrammes de recherche etd’observation de la France sur le

Évolution de la températuremoyenne del'hémisphère Norddepuis l'an mil.Elle a étéreconstituée à partirde différentessources de données. En noir : à partir des cernes desarbres, des coraux,des carottesglaciaires et desdonnées historiques. En rouge : à partirdes donnéesmesurées. D'aprèsMann et al (1999).

Depuis quelques années, la prévision saisonnière à interannuelle a clairement démontré son potentiel,

en particulier dans la ceinture intertropicale. Ces résultats prometteurs ont incité la communauté

internationale à organiser, et promouvoir, ce type de production, notamment dans divers

domaines socio-économiques.

C LIPS (CLimate Informationand Prediction Services) est

un projet mis en œuvre dans lecadre du Programme mondialdes applications et des servicesclimatologiques del’Organisation météorologiquemondiale (OMM). Celui-ci constitue, en lui-même, un sous-programme duProgramme climatique mondial. Le projet CLIPSentend promouvoir l’utilisationsimultanée de l’informationclimatique contenue dans les bases de donnéesclimatologiques, et desproduits de la prévision pourdes échéances saisonnières à interannuelles, dans lesapplications pour lesquellesl’information climatiqueconstitue généralement un des éléments décisionnels pourles utilisateurs finaux.

Quand prévoir le climat devient utile

Les principaux objectifs du projet CLIPS sont de faire la preuve de la valeur del’information et de la prévisionclimatique, et des éventuelsbénéfices que l’on peut enretirer. Ensuite, il s’agit dedévelopper une infrastructuresur le plan international pour améliorer et promouvoircette information, incluant la publication des critèrespermettant de mesurer la qualité des prévisions, etd’utiliser de façon conjointeles modèles de prévisions.

Il faut aussi encourager le développement de prévisions opérationnelles et faciliter l’établissement, le développement et lerenforcement d’un réseau

L E T E M P S D E S S A I S O N S

mondial de centres climatiquesrégionaux/nationaux.

Pour mener à bien ceprogramme, on doit concevoirdes méthodes qui permettentd’évaluer les effets du climat,de sa variabilité et de sonévolution possible sur les différentes activités socio-économiques. Enfin, le projetentend aider les États membreset les utilisateurs finaux, par l’entremise de stages de formation, de forums et deséminaires, à accroître leursconnaissances et capacités enmatière de prévision climatique.À cet égard, il a été demandé à chaque serviceclimatologique national dedésigner un point focal CLIPS,et un réseau de points focaux a été mis en place. Des modules communs deformation, accessibles parInternet, sont aussidisponibles.

Un vaste champd’application

Les domaines d’applicationsprivilégiés sont l’agriculture et la sécurité alimentaire, les ressources en eau, l’énergie,la santé humaine et lesressources animales. Météo-France joue un rôle actif dansCLIPS, en particulier par sonimplication dans le groupe de travail de la Commission de climatologie de l’OMM en charge des applications, et au travers d’uneparticipation régulière auxforums régionaux commePresao (Prévision saisonnièresur l’Afrique de l’Ouest). ■

Pierre BessemoulinDirecteur de la Climatologie

La largeur variable des cercles annuels des arbres informent sur les températures et les précipitations de l’année.

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2003 33

changement climatique. Dans lecadre du GCOS, il s’agit devérifier que le système françaisest adéquat pour la surveillancedu climat (résolution spatiale,fréquence temporelle, état defonctionnement) et s’intéresse àdes aspects spécifiques liés à laconvention Climat (Rio, 1992) etau Protocole de Kyoto (1997).

Le SMOC comprend quatrecomposantes qui obéissent à deslogiques différentes mais serecouvrent parfois. L’observationmétéorologique, elle, se réfère à la mission générale d’observationde Météo-France. Cependant,l’aspect composite du SMOC enfait un système où certainsopérateurs proviennent d’autresinstitutions : laboratoiresdépendant du ministère chargéde la Recherche, du ministèrechargé de l’Environnement,institutions océanographiques(Ifremer) et Outre-mer (IRD).

Quatre axes d’observationsLe réseau météorologique de

surface (GSN, pour GlobalSurface Network) comprend,depuis 1999, six stations enFrance métropolitaine etquatorze outre-mer. Le réseaumétéorologique d’altitude(GUAN, pour Global Upper AirNetwork) qui fait la mesure enaltitude par radiosondagecomprend neuf stations outre-mer dont une dans l’océan Indienmais aucune en Francemétropolitaine. Enfin le réseauGAW (Global AtmosphereWatch) mesure la physico-chimiede l’atmosphère (acidité desprécipitations, rayonnement,ozone et CO2). Il est implanté enFrance métropolitaine et regroupequatre stations outre-mer.

La contribution française à l’observation océanographiquepour le climat se décline sous le système GOOS (Global OceanObservation System), qui comprend des naviresd’observation volontaires etoccasionnels, des marégraphes,des bouées météorologiquesdérivantes et ancrées, et, enfin,des flotteurs de sub-surface(projet Coriolis). Les sept agencesfrançaises concernées parl’océanographie (CNES, CNRS,

Ifremer, IFRTP, IRD, Météo-France et SHOM) unissent leursefforts pour développer unsystème complet et cohérentd’océanographie opérationnelleportant sur trois axes : l’altimétriesatellitaire (Jason), la modéli-sation numérique globale avecassimilation (Mercator) et lesmesures in situ (Coriolis).

Le réseau d’observationsterrestres (GTN) comprend desobservations de glaciers demontagne, le suivi à long termedes gaz à effet de serre (Ramces)et, enfin, des mesures de flux decarbone en lien avec lesécosystèmes terrestres (Fluxnet).Les glaciers de montagne sontainsi étudiés par le LGGE, l’IRD etle Cemagref. Le réseau Ramcesvise à comprendre le cycle des gazà effet de serre et à en établir lebilan au plan régional. La Franceparticipe également activementaux mesures de flux de carbonedans les écosystèmes terrestres,effectuées dans le cadre duprogramme internationalFluxnet et de la grappe de projetsCarboeurope. Les écosystèmes

forestiers font également l’objetd’observations systématiques parl’Inventaire forestier national(IFN).

Enfin, dans le domaine del’observation spatiale, le CNES aété l’un des organismes pionniersde l’observation spatiale de laTerre. Il le conduit encoopération internationale, dansun cadre bilatéral, mais aussi enparticipant de façon importanteaux projets de l’Agence spatialeeuropéenne (Esa). Ce programmes’organise en filières – observa-tion terrestre, observationmétéorologique et recherche –qui ont contribué de manièrecroissante à la connaissance duclimat.

En outre, la France contribue,à un niveau élevé, à l’agenceeuropéenne des satellitesmétéorologiques Eumetsat, quigère les satellites Météosat, ainsique la future plateforme enorbite polaire Metop. ■

Régis Juvanon du VachatChargé de mission Effet de serre,

Météo-France et missioninterministérielle de l’effet de serre

mondial d’observation du climatUninventairede lacontri-butionfrançaise au systèmemondiald’obser-vation duclimat a été réalisé.

Depuis vingt ans, l’Organisation météorologique mondiale soutient les programmes de numérisation des données climatologiques et leur intégration

dans des banques de données. En effet, cette technologie rend leur contrôle et leur utilisation incomparablement plus faciles.

C L I S Y S , D E S P Y R A M I D E S À L A C O N Q U Ê T E D U M O N D E

Ce programme de numérisation àdestination des pays en voie de

développement s’est concrétisé à la fin desannées quatre-vingt par le développementet la distribution du logiciel Clicom. Lui-même étant le fruit d’une collaborationinternationale associant Américains,Russes, Français, Algériens et Britanniques,parmi d’autres, ainsi que le centre Acmaden Afrique.Hélas, l’obsolescence atteint peu à peuClicom, encore lié au monde DOS et à dessystèmes de gestion de bases de donnéesanciens. Or les forces de développement ne se bousculent pas pour le sauver… Pour toutes ces raisons l’OMM a fait appel à différents pays afin de présenter auxutilisateurs de Clicom des perspectivesd’avenir. Dans ce cadre, Météo-France a misen avant la plate-forme Clisys, issue d‘unsystème développé dans le cadre d’une

offre au service climatologique égyptien.Clisys s’appuie sur les composantsinformatiques les plus récents et proposeun nouveau cœur de gestion de donnéesbénéficiant de l’expérience de Météo-France en la matière, accumulée depuisplus de dix ans. Par ailleurs, son systèmede production valoriserait les investis-sements déjà réalisés sur notre propresystème Okapi.Au cours de l’année 2003, Météo-Franceet MFI vont s’attacher à faire de Clisys un système complet et ambitieux, afin de répondre aux besoins des centresclimatologiques de tous les SMN concernés.Une des configurations proposées seranotamment compatible avec les attentes de l’OMM et permettra de remplacer le système Clicom. ■

Marc PayenChargé de mission auprès du directeur de la D2C

INTERNATIONAL

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PROXIMITÉS

Passage obligédes dépenses

Décon-centrer lagestionfinancièreet comp-table,mettre enplace la qualité et renforcerle dispositifdu contrôlede gestion.

34 Avril 2003 ATMOSPHÉRIQUES

Bérenger Vergues, adjoint au directeur financier de Météo-France, dirige le service chargé d’inscrire

les dépenses de fonctionnement et d’investissement de l’établissement dans le cadre strict des règles

édictées par la comptabilité publique.

N otre service a pourmission d’offrir uncadre réglementaire etfinancier satisfaisant

à l’exécution des dépenses deMétéo-France. La dépense d’unétablissement comme Météo-France, c’est l’ensemble desachats publics liés à son activité,que ce soit en matière d’inves-tissement et de mise en œuvrede nouveaux programmes(construction d’un radar…),qu’en terme de fonctionnementcourant (électricité, téléphone,fournitures…). La principalecaractéristique de cette dépenseest que celle-ci doit s’inscriredans le cadre rigoureux etcontraignant des règles de lacomptabilité publique. Des règles strictes qui visentnotamment à préserver lesdeniers de l’État en encadrantsévèrement l’utilisation del’argent des contribuables. La Cour des comptes veille à labonne application de ces règles.

Notre expertise réside principa-lement dans la maîtrise desditesrègles financières et comptablesqui nous permet, par la mise enœuvre de procédures et decontrôles appropriés, d’inscrirela satisfaction des besoins deMétéo-France au sein d’un cadrelégal. Le respect de ce cadre metl’acheteur à l’abri de toute miseen cause de sa responsabilité.

Nous sommes onze à travaillerau sein du département Gestion/Dépenses de la direction financière.

Notre activité commenceaprès le vote du budget par leconseil d’administration. Cebudget, éclaté par services et parcomptes budgétaires, est saisidans le progiciel comptable. Encours d’année, et après chaquedécision modificative du conseild’administration nous procédonsaux divers ajustements de cetterépartition initiale. Les créditsainsi mis en place sont ensuiteengagés auprès du contrôleurfinancier central. Cette autorité

Entre leur approbation par le Conseild’administration dans

le cadre du budget de l’établissement et leurpaiement ou leurrecouvrement par l’agencecomptable, les dépenses et les recettes de Météo-Francesuivent un cheminementcomplexe, balisé par laréglementation applicable aux établissements publics.Engagement comptable,engagement juridique etpassation d’un bon decommande ou d’un marché,liquidation, mandatement,émission d’une facture ou d’untitre de recette… sont autantde termes incompréhensiblespour beaucoup d’entre nousmais ils correspondent à desopérations indispensables pourla bonne marche de Météo-France, réalisées plusieursdizaines de milliers de foisdans l’année par les agents des services financiers etcomptables de l’établissement.C’est à trois d’entre eux que larubrique «Proximités» a renduvisite ce mois-ci au momentoù une évolution profonde de la réalisation de toutes ces opérations est engagée.Avec la déconcentration de la gestion financière etcomptable décidée par la direction de Météo-France, le circuit de la dépense sera en effet entièrement réalisé au niveau local à l’horizon2004, avec la mise en placed’agents comptablessecondaires à proximité desservices ordonnateurs.Réduire nos délais de paiement,répondre de façon plus réactiveaux besoins des servicestechniques tout en assurantun meilleur contrôle de nosopérations, tels sont les objectifspoursuivis par cette réforme.

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En haut, de gauche à droite : Paul Doncarli, Véronique Ganteille, Pascal Fouquereau, Françoise Baysset,Michèle Marlot, Sylviane Deternoz, Annie Mahieux, Pascal Priou.En bas : Béatrice Baumert, Bérenger Vergues, Colette Lataix.

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Comment passe-t-on de l’Éducation nationale à la météorologie?� Catherine Walterski : C’est unedémarche personnelle. J’avais suivi une formationadministrative interministérielle(Ira) avant d’occuper mon premierposte de gestionnaire d’un Institutuniversitaire de formation desmaîtres. Et après ce poste, j’ai doncété secrétaire générale de l’Ensam(Ecole supérieure des arts etmétiers). Enfin, lorsque j’aisollicité à Metz un poste àl’Aviation civile, ma candidature a directement été transmise à laDIR Nord-Est de Météo-France.

Quelles ont été vospremières impressions?� Météo-France est une petitestructure, comparée à l’Educationnationale, mais elle possède uneorganisation assez compliquée.J’ai été surprise par l’écart quiexiste entre la performance desmoyens techniques del’établissement et la faiblesse deses outils de gestion, cela sembletrès paradoxal.

Un rôle de proximitéResponsable de la division administrativeet financière à la Direction interrégionaleNord-Est depuis un an, Catherine Walterskiest une nouvelle venue à Météo-France.Son précédent poste ? Secrétaire généraled’une école d’ingénieurs pendant cinqans… Son expérience croisée del’administration lui permet d’avoir unregard ouvert sur l’établissement.

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extérieure à l’établissementsurveille toutes nos dépenses etpeut même en apprécier l’oppor-tunité. En cas de désaccord oud’incompréhension, le contrôleurfinancier peut refuser le visa desengagements comptables que luiprésentent les directions et lesservices de l’établissement, et leur interdire ainsi l’utilisationdes crédits alloués. Deuxpersonnes du département sontdonc exclusivement chargéesd’apporter des réponses à sesinterrogations et assurent uneinterface permanente entre sesservices et les nombreux servicesgestionnaires de Météo-France(onze directions interrégionaleset cinq directions techniques).

Une équipe de cinq personness’occupe du mandatement et desopérations qui lui sont associées.Le mandatement est l’acte juri-dique par lequel l’ordonnateurconstate l’existence d’une dette à l’encontre d’un fournisseur etdonne au comptable l’ordre depayer. Mon service mandatel’ensemble des dépenses de ladirection générale et de toutes les directions techniques. En tantqu’ordonnateur, par délégationdu PDG, je dois signer environ27 000 mandats par an (sur les32 000 émis par les servicesmétropolitains de Météo-Franceet centralisés par notredépartement). En outre, la cellulemandatement contrôle la qualitédes dossiers transmis à l’agentcomptable en vérifiant leurconformité avec la réglemen-tation, conseille et assiste lesservices gestionnaires dans leuractivité financière et assure laliaison entre ces derniers etl’agent comptable. La séparationde l’ordonnateur et du comptableest un des principes fondamen-taux de la comptabilité publique.A ce titre, le comptable peutsuspendre tout paiement qui lui semble non conforme à laréglementation. D’où l’importancecapitale de l’interface assurée parle département de la dépense.

Trois personnes s’occupent de l’organisation des missions de la direction générale, de laliquidation des missions àl’étranger et de la gestion dumarché national de transport.

Une personne, enfin, estchargée de la gestion des créditsde la direction générale. A ce titre,

elle passe commande auprès des fournisseurs pour les besoins de l’équipe dirigeante.

Tout ce que je viens d’évoquersouligne combien le départementGestion/Dépenses occupe uneplace incontournable dans l’organi-sation financière pyramidale deMétéo-France. Cette centralisationexcessive induisant certainesdifficultés et lourdeurs, unmouvement de déconcentration

a été entrepris en janvier 2003,mouvement qui devrait setraduire pour notre service parune diminution progressive desactivités de production au profitd’un renforcement des fonctionsd’assistance et conseils auprès des gestionnaires où notreconnaissance globale des circuitsfinanciers sera davantage mise à profit. » ■

Propos recueilllis par FKJ

Comment l’expliquez-vous?� Un manque de cultureadministrative normal dans uneentreprise où la techniqueprédomine. Cela se ressent dansl’organisation et dans la gestion de l’établissement.

Pourquoi faut-il, en 2003,plus de compétencesadministratives?� Il fallait mettre en place lesdifférentes nouvellesréglementations et donc remédierà cette faiblesse. La gestion secomplexifie : si le nouveau codedes marchés publics a étésimplifié pour les entreprises,il n’en a pas été de même pour lesadministrations. Météo-France est un jeune EPA qui a bien besoind’étoffer ses compétences dans ce secteur.

Comment s’est passée votrearrivée?� Il m’a d’abord fallu mefamiliariser avec lefonctionnement complexe etexcessivement centralisé deMétéo-France. Cependant, la volonté de la direction

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36 Avril 2003 ATMOSPHÉRIQUES

Nous sommes trois agentspolyvalents dont le rôle consiste

à recouvrer les recettes financières deMétéo-France. Pour les recettescommerciales, nous émettons des titresde recettes à partir des factures émises.Le titre de recette est l’acte qui constatela créance qu’il appartient à l’agentcomptable de recouvrer. Nous ordonnançons également d’autresrecettes telles que les subventionsversées par des organismes publics ou privés et des redevances. Ainsi, par exemple, le protocole avec laDirection générale de l’Aviation civile :cette administration nous reversechaque trimestre une part desredevances de navigation aérienne en contrepartie de prestations météo. Les factures commerciales portentdiversement sur des prévisionsmétéorologiques, des donnéesclimatologiques, des certificatsd’intempérie… Normalement,

les factures de moins de 1 500 eurosétablies par les centres départementauxou les directions interrégionales dites factures « régie», car encaisséeslocalement par les régisseurs, font l’objet d’un titre global mensuel. En revanche, les factures de plus de 1 500 euros, encaissables par l’agentcomptable, sont établies par nosservices.

En effet, nous validons lespropositions de factures émanant desdirections interrégionales et desdirections techniques après les avoircontrôlées. Ces factures font ensuitel’objet d’un titre de recette individuel.

De même, les factures « régie» quin’ont pas été recouvrées dans le délaide trois mois font l’objet de titres derecettes individuels. Ces facturesreprésentent un volume de travailimportant pour une très faible part des recettes. Nous traitons égalementles réclamations clients, qui peuvent

Véronique Jean-Charles est assistante administrativeau bureau des recettes de la Direction financière, à Paris, depuis trois ans.

D E S T I T R E S E S S E N T I E L S

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contester telle ou telle prestation.La déconcentration va quelque peu

modifier la répartition actuelle de nosattributions. En effet, il appartiendraaux directions interrégionales et auxdirections techniques d’ordonnancerleurs propres recettes. La Directionfinancière continuera cependant à recouvrer les recettes concernantl’établissement dans son ensemble,mais elle pourra surtout se consacrer à des tâches de suivi, d’analyse et de contrôle qu’elle ne pouvait assurerjusqu’ici faute de temps.» ■

générale de déconcentrer un certainnombre de responsabilités à l’échelondes directions interrégionales est trèsmarquée, notamment pour la gestionfinancière.

Quelles sont exactement vos fonctions?� Je suis responsable du service quiregroupe les ressources humaines et le service financier, j’assure égalementun rôle d’expertise juridique.

Comment s’organise votreservice?� La partie ressources humainescomprend trois personnes, et le servicefinancier se compose de quatre autrespersonnes avec en plus un régisseurd’avances et de recettes.

L’aspect ressources humaines est-il important?� C’est à mon sens l’un des domaines les plus importants pour notreétablissement. Il s’agit de mettre enadéquation les profils des personnelsavec les compétences requises. L’essentiel de la gestion du personnel se fait à la direction générale mais nousavons un rôle de proximité, avec unaspect formation continue important.Celle-ci, assez développée à Météo-Francepour le personnel technique – organiséepar l’ENM – doit être développée dans ledomaine administratif. Nous en assuronsla mise en œuvre au niveau régional par l’intermédiaire du plan régional de formation et cela à partir de lasynthèse des entretiens individuels de formation.

Quel est le rôle du servicefinancier?� Nous élaborons le budget de la DIRNEà partir des dotations de crédits qui noussont notifiées par la direction générale et nous en assurons l’exécution tout aulong de l’exercice budgétaire. Pour êtreplus explicite, nous rédigeons les bons decommande, assurons la liquidation et lemandatement des factures. Le paiementdes créances se fait par l’agencecomptable à Paris.

Quels sont les changementsannoncés?� La nomination d’ordonnateurssecondaires et de personnes responsablesdes marchés publics devraient simplifierles circuits. Les relations entre nous, le contrôleur financier et l’agencecomptable s’effectueront directement.Enfin, il est prévu qu’il y ait descomptables secondaires en 2004. Cela permettra de raccourcir les délais de paiement.

Il est également question égalementd’affiner le contrôle de gestion. La déconcentration devrait porter sesfruits à l’horizon 2004-2005. ■

Propos recueillis par FKJ

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PROXIMITÉS

Séminaire des gestionnaires de Météo-France à Toulouse sur le thème de la déconcentration.

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P révue initialement pourclôturer les manifes-tations lors du vingtièmeanniversaire de la

Météopole, cette exposition desplasticiens de Météo-France –

peintres, photographes ousculpteurs – s’est finalementtenue en janvier, faute de salled’exposition libre à la bonnepériode. « Jean-MichelWermelinger, le promoteur decette manifestation, a obtenuun espace au Forum desCordeliers, une très belle salleavec des plafonds voûtés et des murs en briques rosestypiquement toulousains »,apprécie Rose May Thépenier,chargée de la partie artistique.« L’exposition a eu lieu en pleincentre de la ville alors que le sitemétéo est assez éloigné du vieuxToulouse », indique EmmanuelCelhay. Inaugurée le 9 janvier2003 par Jean-Pierre Beysson,l’accrochage est resté en placejusqu’au week-end suivant.« L’invitation avait été adresséeà tous les peintres et plasticiensdu site de la Météopole, précise-t-il, quelle que soit leurperception de la peinture ; et c’était très agréable de se retrouver tous là. »

Emmanuel Celhay intervientdans les domaines de météo-

rologie générale et des fluidesgéophysiques, après avoirparticipé à l’encadrement detravaux pratiques en analyse etprévision, il a participé autransfert de l’ENM à Toulouse.Mais son besoin de peintre est plus ancien et remonte à ses dix-huit ans. « Je travaille sur le mouvement,la turbulence. Ce n’estcertainement pas un hasard,l’expression artistiquecorrespond à quelque chose quiest tributaire de la constructionde soi et de son environnement.Ma peinture est à l’interfaceentre figuration et non-figuration, des éléments enmouvement conjugués avec des forces plus telluriques. Un travail avec le temps oùj’introduis une profondeurvisuelle par la perspective. »

S’il est peintre depuis plus de trente ans, il s’occupe ausside l’Espace Météo à Toulouse,un lieu d’expression mis à ladisposition de l’association dupersonnel de Météo-France(Apem). « La salle d’exposition

Les artistes de Météo-France ont réuni leurs œuvres pour exposer en public à Toulouse. Peintre et enseignant à l’ENM, Emmanuel Celhay était l’un d’entre eux.

BLOC-NOTES

Les plasticiens du Capitole

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Emmanuel Celhay dans son atelier.

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38 Avril 2003 ATMOSPHÉRIQUES

BLOC-NOTES

D.R.

L es auteurs de ce livre ont voulupartager leur admiration pour les effets de la lumière, et les

couleurs qu’elle donne à la nature. Ils nous démontrent à quel point noussommes incapables de voir lesmodifications que la lumièrechangeante lui fait subir. Son titre original, «Color and Light in Nature», est un hommage au livrede référence «The Nature of Light andColor in the Open Air », de MarcelGilles Jozef Minnaert qui a transmisaux auteurs cette passion pour les phénomènes optiques dansl’atmosphère, il n’est malheureu-sement pas repris dans la traductionfrançaise.

Il y est évidemment questiond’aurores (polaires), de mirages etd’éclipses, mais aussi de tous lesphénomènes qui peuvent se produirelorsque la lumière du soleil joue avecles gouttes de pluie, les cristaux deglace, les gouttelettes de brouillard oude nuage, les aérosols et les moléculesd’air. Cela donne un vaste champ dephénomènes très spectaculaires, plusou moins rares, mais clairement ceuxque nos auteurs privilégient sont ceuxque l’on peut rencontrer quoti-diennement, pour peu que l’on fassel’effort de lever les yeux.

C’est ainsi qu’ils consacrent lepremier chapitre du livre aux ombres.Si nous avons peu de chanced’observer un spectre du Brocken –encore que les auteurs indiquent unefaçon d’en produire artificiellement –ou notre ombre colorée en bleu parla lumière diffusée par le ciel, enrevanche, la gloire qui entoure l’ombred’un avion sur un nuage ou la formeparticulière de l’ombre d’une montagne au coucher du soleil sontfacilement observables. Les auteursdéveloppent un passage intéressant sur les éclairages dus aux changements de la couleur du ciel aufur et à mesure que le soleil descendvers et sous l’horizon ; ils nous invitentà prendre le temps de regarderl’alpenglühn, la montagne éclairée parl’arche crépusculaire après le coucherdu soleil, dont la lumière pourpre offreun spectacle flamboyant.

La partie consacrée aux mirages estaussi l’occasion pour les auteurs demontrer que l’on peut en rencontrerdans la vie courante, par exemplecontre un mur chauffé (fortement) par le soleil. Et d’ajouter que le rayon

vert, ou du moins l’arc vert au-dessusdu soleil se couchant sur la mer, estbeaucoup plus fréquent qu’on le dit.

Des photos rares illustrent cetouvrage, comme celle d’un arc-en-cielbrisé, dû à la fois à la pluie et auxembruns – comme les indices deréfraction de l’eau de pluie et l’eausalée sont différents, les deux arcs ne se raccordent pas.

Sur les halos, l’information est toutà fait complète. En particulier, latransformation du halo circonscrit(constitué par les arcs tangentsinférieur et supérieur) en fonction de la hauteur solaire y est très biendécrite.

Aurores, mirages, éclipses …DAVID LYNCH ET WILLIAM LIVINGSTON

Dunod, 2002

L U P O U R V O U S

a été refaite l’année dernière.Nous prévoyons une expositionpar trimestre, avec priorité pourle personnel météo. La premièreexposition s’est tenue en 1987,lors de l’inauguration officiellede la Météopole. Ce lieu est trèsagréable car il peut être ouvertsur le site extérieur tout enlaissant le regard disponiblepour découvrir les œuvresproposées. A Toulouse, peud’établissements bénéficientd’une telle structure à leurdisposition : c’est une chance ».

Ayant débuté la peinture parle biais du monde associatif,Emmanuel Celhay a un atelieren ville pour son propre travail.Il a exposé dans de nombreusesvilles en France et à l’étranger,de la côte basque, d’où il estoriginaire, à des salons à Parisen passant par Toulouse. Mais ilreconnaît qu’il est « difficiled’accéder aux circuits de distribution sans agent ni galerie, du reste, même sireconnaissance il y a, la plupartde mes amis peintres sontobligés d’avoir une autreactivité rémunératrice : le statutd’intermittent, combienmenacé actuellement, n’a aucunéquivalent pour lesplasticiens… ».

Une des raisons pourlesquelles l’Espace Météos’efforce de tout mettre enœuvre pour faciliter le travaild’exposition des artistes qui yont accès. ■

Aurores, mirages, éclipses …par David Lynch et William LivingstonDunod, 2002, 262 pages.

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Grâce au souci pédagogique desauteurs, peu de connaissances sontnécessaires à la lecture de ce livreabondamment illustré de photo-graphies et de schémas. Cela autorisePierre Léna, qui a assuré laprésentation et l’introduction del’édition française, à dire de cetouvrage qu’il est «un exceptionnel outil et de travail pour les professeurs…dans l’esprit de La main à la pâte…»Un très grand nombre d’expériences à réaliser, de sujets d’observation et de conseils pour la photographiecomplète ce texte déjà très riche.

Et comme tout excellent ouvrage,celui-ci se termine par un importantglossaire, une bibliographie abrégée et un index. ■

Michel RochasInspecteur général de l’aviation civile

et de la météorologie

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ATMOSPHÉRIQUES Avril 2003 39

En 1982 et 1994, la ville deSaintes a connu deuxinondations graves. Celles-ci

ont fait l'objet d'une largemédiatisation, surtout le deuxièmeépisode, du fait de la visite duPrésident de la République, touchédans ses racines ancestrales, puis dela publication d'un sympathique petitouvrage, « L'inondation», œuvre d'unede nos plumes les plus brillantes et lesplus prolixes, trempée par la rivière encrue avant de l'être de nouveau dansun encrier.

François Mitterrand a parfaitementcompati au désarroi des populationstouchées par la montée des eaux.«L'eau des mers et des rivières, l'eau despluies et des étangs est la source de toutevie. Mais parfois, elle détruit… Mais ellepeut aussi provoquer la détresse. Après lacatastrophe de 1982, Saintes, une nouvellefois encore est la victime d'une graveinondation. J'ai tenu à m'associer quelquesheures à l'épreuve de ses habitants.»

Par-delà la qualité de son écriture,l'ouvrage de Madeleine Chapsal poseun certain nombre de questions sur lacause et les origines de ces inondations.Il ne s'agit donc pas ici de reprendre lesétudes et ouvrages écrits sur ces deuxcatastrophes, mais simplement desouligner en quelques lignes des pointssaillants.

La douceur des paysages et duclimat charentais fait qu'il estsurprenant d'y associer l'image d'unecatastrophe naturelle. D'ailleurs lesdégâts, certes considérables, ne furentque matériels. La montée des eaux n'apas été un phénomène brutal ettorrentiel ; elle fut lente et régulière.

En fait, les crues de la Charente nesont pas un phénomène rare. Bien queSaintes soit à 40 kilomètres del'estuaire, l'altitude est de 2,5 mètresau-dessus du niveau de la mer, le fonddu lit de la rivière y est déjà en dessousdu niveau de la mer. Saintes, fondéepar les Romains, fut construite à unresserrement de la vallée de la Charenterendant son franchissement plus facile.Le pont romain fut reconstruit auXIXe siècle. Mais à l'époque romaine laville, centrée sur les hauteurs actuelles,échappait aux crues.

L'analyse des données pluvio-

métriques disponibles à Météo-Francemontre que dans les deux cas lapluviométrie sur le bassin de laCharente a été très supérieure à lanormale. Des données sont disponiblespour Saintes, mais également LaRochelle et Cognac lors des deuxépisodes pluvieux ayant généré descrues. En revanche, les moyennes surtrente ans ne sont disponibles quepour La Rochelle et Cognac. Pour cesdeux stations, qui encadrent Saintes, la pluviométrie moyenne sur trente ansde chacun des quatre mois d'octobre àjanvier est très proche de 80mm d'eaupar mois. Comparés à cette moyenne,les chiffres parlent d'eux-mêmes:

1982/1983 1993/1994octobre 199,2 154,6novembre 126,9 51,4décembre 03,9 222,6janvier 39,4 171,8

Les chiffres par décade sont encoreplus parlants, dans la mesure où, en1993/1994, l'essentiel de la pluviométrieest concentré sur la dernière décade de décembre et la première décade de janvier. La pluviométrie du bassin dela Charente est donc en fait supérieureau triple de la normale saisonnière.Dans ces conditions, le débordement au niveau de ce resserrement qu'est la ville de Saintes est inévitable.

Quelles leçons peuvent être tirées de ces données? L'ouvrage deMme Chapsal est alors précieux par les indications volontaires etinvolontaires qu'il fournit, enparticulier à travers les propos d'unpersonnage présenté comme adjointau maire de Saintes.

Le phénomène était-il prévisible ?L'histoire montre que le phéno-

mène est récurrent et n'est donc pasforcément le résultat des actionsmodernes de l'homme artificialisant lemilieu naturel. De semblables

inondations ont déjà été observéesau XVIIIe siècle. Il semble même quele niveau constaté en 1779 n'ajamais été atteint depuis. Celan'empêche pas Mme Chapsald'écrire: «…le mouvement desnuages, la vapeur – ce composé d'eau– échappe à la prévision des

scientifiques. Qui nous a prévenus qu'ilpleuvrait sur les Charentes 29 jours sur 30en novembre?», puis de citer ce bonM. Tillaud «Il pleuvait depuis trois mois,mais c'est seulement le 3 janvier que nousavons été avertis par les services del'hydrologie, situés à Rochefort, que nousallions vers une crue sérieuse».

Quelles en sont les causes ?M. Tillaud se fait péremptoire

«…ce qui gêne, c'est qu'il n'y a plus de boisen campagne, comme autrefois, leursracines retenaient les eaux, les arbres aussipompent. A cause du remembrement, onles a coupés et on a creusé d'énormes fossésqui rassemblent les eaux et les conduisentdroit au fleuve déjà surchargé».1

Un retour sur les donnéespluviométriques montre que lespériodes pluvieuses se sont succédé en deux temps, une première phasecaractéristique, en octobre 1993, de pluviométrie très supérieure à lanormale qui a conduit à une saturationdes sols, suivie d'une deuxième phaseau cours de laquelle, avec ou sansfossés, l'eau de pluie arrivant sur dessols saturés ne peut plus que ruisseler,quel que soit l'état de surface, donc va «droit au fleuve» et provoquel'inondation.

Il convient de conserver la mémoirede l'inondation de façon à ne pas êtresurpris et pouvoir prendre desdispositions adaptées, quandl'inéluctable survient, une à deux foispar siècle. C'est un problème de«publicité foncière». Un texte de loi en cours va désormais introduire cetteinformation dans les faits. ■

Georges-André MorinIngénieur général

du Génie rural des eaux et forêts

1 On retrouve la recherche du bouc émissaire.Dans son ouvrage «Nationalisme, antisémitismeet fascisme en France » (Seuil), Michel Winockcite, (p.79 et suivantes), l'horrible Drumont quitente d'utiliser les inondations de Paris en 1910pour étayer ses délires antisémites.

I L Y A 2 1 A N S

Les inondations de Saintes en 1982 et 1994« Que d'eau, que d'eau »

Patrice de Mac-Mahon, Président de la République

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