enseigne Web viewL’histoire se déroule d’abord du point de vue du lecteur. ... Loup noir d’Antoine Guillopé : ... L’enfant océan de Jean-Claude Mourlevat :

Carnet littéraire

Auteur Yun Dong-jaeIllustrateur Kim Jae-hongTraduction Michèle Moreau

Titre Le parapluie vertMaison d’édition Didier jeunesse

CollectionDate de publication 2008

Clientèle visée 3e cycle du primairePhase 4 niveau 3

Résumé(quatrième de

couverture)

Le vieux mendiant est toujours là, endormi sous la pluie qui tombe à verse. Yeong regarde autour d’elle : personne ne l’observe. Elle ouvre son parapluie vert et le pose doucement aux côtés du vieil homme…Une histoire émouvante, entre réalisme et poésie.

Thèmes l’altruisme, l’entraide, le respect des autres et des différences, l’itinérance

Appréciation de l’œuvre

Le parapluie vert nous a été présenté par Marie Dupin de Saint-André l’an dernier et il ne m’avait pas vraiment marqué. C’est en le lisant lors de notre thème sur la narration et les points de vue que j’en ai réalisé toute la richesse. Entrons dans l’univers de Yeong, une écolière asiatique empreinte d’une grande humanité.

Concepts littérairesTout d’abord, du point de vue du paratexte, la page couverture associée nous présente le parapluie vert grand ouvert où l’on devine Yeong qui s’y abrite. En quatrième de couverture, un extrait de texte fait office de résumé.

Trois personnages sont importants dans le récit : Yeong, le mendiant et le parapluie. Il y a une évolution quant à la place occupée par ces personnages à travers l’histoire. La petite fille, Yeong est très présente au début de l’histoire, sa caractérisation est indirecte, on la comprend empathique, respectueuse, ouverte aux différences et fine observatrice de son environnement. En effet, Yeong est en position d’observation devant les réactions des enfants et de la commerçante devant la présence du mendiant. Elle est témoin des railleries de ces derniers et posera un geste

Travail réalisé par Geneviève St-Maur, UdM 2014

personnel pour signifier au mendiant qu’elle le considère. Son parapluie vert occupe aussi une place dans l’histoire, car il est de toutes les illustrations et il jouera un rôle significatif dans l’interprétation de l’œuvre. Pour sa part, le mendiant devient le personnage principal à partir du moment où Yeong lui donne son parapluie. Il devient le vieil homme et ce terme n’est pas employé comme synonyme, il s’humanise devant les yeux du lecteur.Le système énonciatif est une grande force de ce livre, il y a une variation des points de vue tout en conservant un narrateur externe. L’histoire se déroule d’abord du point de vue du lecteur. Lorsque Yeong sort du cadre, c’est à travers sa vision que nous poursuivons la lecture. Elle reprend part aux illustrations et nous retrouvons le point de vue du lecteur. Ensuite, lorsqu’elle donne son parapluie au mendiant, il disparait des illustrations et on passe au point de vue du vieil homme. Cet aspect sera aussi abordé à travers l’analyse des illustrations.L’histoire se déroule en une journée, entre le départ pour l’école et le retour à la maison de Yeong, le tout à un rythme lent.

Les six traits d’écritureC’est à travers un texte minimaliste d’une à deux phrases par double page que l’auteur réussit à aborder des thématiques touchantes comme l’itinérance, les gestes d’exclusion qui en découlent ainsi que la bonté que cela inspire à d’autre. Les phrases déclaratives décrivent la situation dans un vocabulaire ne venant pas briser la compréhension. La structure du texte est linéaire, deux dialogues sont présents, lorsque la commerçante crie et à la fin quand Yeong se parle à elle-même.On peut lire sur le site de Ricochet que Yun Dong-jae, l’auteur, écrit des poèmes racontant la vie d’enfants dans le monde et leur apportent des messages d’espoir. Cette poésie est bien présente dans le texte, non par les rimes ou autres jeux de mots, mais par la précision et le caractère évocateur des mots choisis. Sa voix apaise et porte à réfléchir.


Les illustrationsTout d’abord, les couleurs sont plutôt sombres, dans des teintes de taupe et de gris. C’est un jour de pluie et cela est bien servi par la technique de l’illustrateur Kim Jae-hong. En effet, ses peintures mettent l’accent sur certaines parties des illustrations en donnant une impression floue au décor. La pluie traverse toutes les toiles en traits verticaux blancs. Deux couleurs viennent éclairer la grisaille, soit le jaune et le vert. Des fleurs jaunes se trouvent devant la fenêtre en page de garde et en première page de l’album. Le chandail de Yeong ainsi que le cerceau dans ses cheveux sont aussi jaunes. Il n’est pas surprenant de retrouver cette couleur vive et gaie en la personne de Yeong. Le jaune symbolise aussi la douceur et l’intelligence et comme il se rapproche de l’or, il fait aussi référence à la richesse. Yeong est riche de ces qualités et elle possède davantage que le mendiant à qui elle donnera son parapluie. Ce dernier est vert tout comme la conserve vide près du vieil homme et le pantalon de Yeong, couleur qui symbolise pour sa part l’espoir, la protection et la séparation. On remarque aussi la transparence du parapluie tout au long de l’histoire. Il y a un jeu d’ombre et de lumière à travers les couleurs employées par l’illustrateur et cela vient servir la narration. Effectivement, lorsque le point de vue change, c’est le reflet vert du parapluie sur le sol qui l’annonce. Nous sommes tantôt sous le parapluie avec Yeong, tantôt avec le vieil homme. Les couleurs deviennent plus vives à la fin de l’histoire, il ne pleut plus et il y a davantage d’accent jaune et vert au niveau du sol, de la végétation et du ciel.

L’illustrateur a employé plusieurs types de mise en page : elle est en dissociation sur quelques doubles pages (2-3, 8-9, 10-11, 20-21, 30-31, 32-33), en association pour d’autres (4-5, 6-7, 12-13, 14-15). Sur la majorité des pages en association, le sixième est occupé par le texte et le reste par l’illustration à fond perdu, soit à la verticale ou à l’horizontale (16-17, 22-23). Cela donne du rythme à la lecture. Aux pages 18-19 et 24-25, le texte, écrit sur la


page de gauche, est en conjonction avec l’image sur la double page et les pages 26-27 sont sans texte. De plus, lorsque le point de vue change (20-21), le texte se trouve sur les pages de droite alors qu’il était sur celles de gauche en début d’album.

Ensuite, différents plans sont utilisés dans le cadrage de l’album. Le plan général, au début et à la fin (3 et 32), montre le personnage principal qui descend au village et qui remonte chez elle. Le plan moyen suit (4-5) et quand Yeong observe (6-7, 12-13), elle est représentée à mi-cuisse en plan américain alors que les passants sont en plan moyen. Le mendiant est en plan rapproché à la page 9 et sa conserve est en gros plan à la page suivante. Sur plusieurs pages, il n’y a pas de personnages, on n’y voit que le sol et cela semble être en plan rapproché dans la perspective du mendiant, puis Yeong apparait à mi-corps à partir des pieds. Quand elle regagne le portail de l’école (26-27), le plan d’ensemble nous la montre s’éloigner. Gros plan aussi sur le parapluie adossé au mur en page 30. Un angle de vue normal est majoritairement utilisé. La contre-plongée aidera le lecteur à comprendre le changement de point de vue lorsque le reflet vert du parapluie se trouve en haut de la page 20 et que les détails du sol sont plus gros en bas de la page. La visée subjective nous fait regarder Yeong s’éloigner à travers les yeux du vieil homme aux pages 26-27.

Pour ce qui est des cadres, encore ici l’illustrateur a varié ses choix. Il y a surcadrage en page de garde et en première page lorsque la fenêtre rectangulaire est encadrée par le mur rectangulaire. Comme la plupart des illustrations sont à fond perdu, il y a absence de cadre sur plusieurs pages. On retrouve Yeong hors cadre aux pages 13 et 28 alors qu’elle observe ses compagnons. Elle est aussi hors champ à la page 15 où l’on aperçoit son reflet sur la vitre de la boutique. Elle reprend part au récit à la page 16 où elle est à moitié hors cadre.

Enfin, le rapport texte-image est d’abord redondant puis entre en collaboration vers le milieu de


l’album quand les illustrations décrivent le point de vue du mendiant. Il y a beaucoup d’inférences à faire pour le lecteur à partir de ce moment.

Intérêts pédagogiquesen lien avec la

lecture

La résistance de cette œuvre réside dans son interprétation. Même si le texte est simple, le travail d’inférence permettra d’en dégager tout l’implicite. L’analyse des illustrations est essentielle à une compréhension approfondie du message de l’auteur.

1. Une lecture interactive de l’album est faite par l’enseignante en projetant l’album sur le TNI. (voir la planification en annexe)

2. Une discussion en éthique suivra en lien avec les thématiques exploitées, les réactions et le vécu des élèves.- « Que penses-tu du geste que Yeong a fait

envers le mendiant? Aurais-tu agi de la même manière? Pourquoi? »

3. Une séance de journal dialogué permettra aussi de travailler l’interprétation. Les élèves écrivent à propos des questions posées ici-bas et un pair leur répond. L’enseignante aura ainsi deux traces pour évaluer les élèves, soit leur première réponse et leur réaction à un autre élève. Un modelage et des pratiques doivent précéder une évaluation.- « Pourquoi le parapluie est-il vert? Quelle

est la signification du parapluie dans cette histoire? Que symbolise-t-il? »

4. Prolongement en écriture : Écrire l’histoire selon différents points de vue :- Yeong, le mendiant, le parapluie- Écrire à la première personne du singulier

afin de raconter l’histoire d’une manière plus personnelle.

Un extrait Elle ouvre son parapluie vert et le pose doucement aux côtés du vieil homme.

Liens avec d’autres livres

Sur le thème de la narration et du point de vue, il est intéressant de travailler en réseau littéraire :

Le chat assassin d’Anne Fine : le narrateur est un chat et il n’a pas le même point de vue que ses maitres face à ses actes.


Une histoire à quatre voix d’Anthony Browne : La même promenade au parc est racontée par quatre narrateurs différents.

Loup noir d’Antoine Guillopé : Dans cet album sans texte, l’histoire peut être racontée du point de vue du garçon, du loup ou du hibou.

L’enfant océan de Jean-Claude Mourlevat : Un roman épistolaire où l’histoire évolue à travers les chapitres racontés par des acteurs ou des témoins des événements.

En lien avec les thématiques abordées dans l’album : L’ogre de Karim Ressouni-Demigneux : La

perception qu’ont les enfants du voisinage par rapport à leur voisin qu’ils croient être un ogre amène la discussion sur la différence et le respect.

Allumette de Tomi Ungerer : L’indifférence des autres face à Allumette et l’implication de cette dernière pour faire changer les choses sont des points en commun avec Le parapluie vert. Prendre conscience que l’entraide et la générosité peuvent avoir un effet positif sur la société. (Livres ouverts)

La carie de Avi Slodovnick : Marissa remarque un mendiant dans la rue et elle lui remet sa dent lorsqu’elle sort de chez le dentiste. Comparer les gestes de deux jeunes filles et discuter de l’indifférence dont souffrent les sans-abris.

Le vieux qui avait un grain dans la tête de Dorothée Piatek : Ce livre permet de s’ouvrir aux différences sociales. Le vieil homme de l’histoire réussit à entrer en relation avec les enfants. Discuter du vide laissé par son départ ainsi que des préjugés qui sont véhiculés par la société.

Reconnaissance de l’oeuvre

Le parapluie vert a fait partie du Jury Jeunes Lecteurs 2009.

Note 4.5 /5Date de la lecture Février 2014


Annexe 1Parapluie vert

Lecture interactiveNiveau: 3e cycle Phase de préparationTitre : Le parapluie vertAuteur : Yun Dong-jaeIllustrateur : Kim Jae-hong


Présenter le livreObserver et lire la page couverture et la quatrième de couverture(Cacher le 2e paragraphe sur la 4e de couverture)en association

Que voit-on sur la page couverture ?Qu’est-ce qu’on peut en déduire sur le climat ? Sur l’atmosphère ?Qui est sous la pluie ? Sous le parapluie ?Qui sont les personnages ?

-Observer la page de garde: point de vue intérieur sur la pluie

Intention de lectureTravailler les différents points de vue dans la narration et dans l’illustration : Pourquoi, selon toi, l’auteur et l’illustrateur changent les points de vue dans l’histoire?

Il pleut !C’est la grisaille.Transparence du parapluie: on voit un personnage au travers

Pendant la lecture-p. 1 Confirmer qui est sous le parapluie

-p. 2-3: Observer le milieu : Où se passe l’histoire?

-p. 4-5 « Juste avant d’arriver, » Faisons une prédiction en regardant l’illustration : pourquoi la phrase n’est pas complète?

-p. 6-7 On confirme nos prédictions

-p. 8-9-10-11 Pourquoi le mendiant garde-t-il sa boite de conserve remplie d'eau?

-Yeong-fleurs à l’intérieur-boite de conserve-jaune et vert

-village (sol de terre)-Asie

-l’image se poursuit-il y a de l’agitation, les passants réagissent à la vue du mendiant-le mendiant avec sa boite

-réponses multiples

Comprendre

Comprendre

Interpréter


-p. 12-13 Observation du point de vueOù se trouve Yeong?Pourquoi n’est-elle pas dans l’image?

-p. 14-15 Observation du point de vueoù se trouve Yeong?Est-elle dans l’image?

-16-17 Observation du point de vueOù se trouve Yeong?Pourquoi est-elle à moitié dans l’image?

p. 20-21 Observation du point de vueOù se trouve le mendiant ? (il est toujours LÀ)-importance des couleurs, on voit le reflet vert du parapluie dans le haut de l’image

-p. 22-23 Faisons une prédiction : pourquoi Yeong vérifie-t-elle que personne ne l’observe ?

-Faire remarquer que le mendiant l’observe : comment se sent-il?

-p.24-25 On confirme nos prédictions

p. 26-27 Quels indices nous donnent les couleurs?

-p. 28-29 Que voit Yeong?

-hors du cadre-elle observe, comme nous, un peu en dehors de la scène et nous l’observons

-reflet dans la vitre (hors champs)-le lecteur est au même plan que la petite fille

-elle est à moitié hors champs-elle reprend part au récit

-faire remarquer qu’on est à ses côtés, on ne le voit pas (observateurs)-changement : point de vue du mendiant

-elle va poser un geste et ne veut pas se faire voir

-crainte, curiosité, indifférence, espoir…

-le reflet du parapluie protège le mendiant

-Faire remarquer la sortie de cadre et les enfants qui s’amusentFaire remarquer le parapluie

Interpréter(comprendre)

Interpréter(comprendre)

Interprétation(comprendre)

Interprétation(comprendre)

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Comprendre

Comprendre


-p. 30-31 Hypothèses : Où est le mendiant? Pourquoi a-t-il laissé le parapluie?

-p. 32-33 Le ciel est clair, pourquoi a-t-elle son parapluie ouvert?

-réponses variées (en lien avec les textes)

-réponses variées (en lien avec les textes)

Interpréter

InterpréterPhase d’intégrationRetour sur l’intention de lecturePourquoi, selon toi, l’auteur et l’illustrateur changent les points de vue dans l’histoire?

-retour sur les interprétations tout au long de la lecture : se trouver dans la peau du mendiant (l’exclu) et dans la peau de la petite fille qui aide et ne prend pas part aux moqueries

Comprendre

-Que penses-tu du geste que Yeong a fait envers le mendiant ? Aurais-tu agi de la même manière? Pourquoi?

- Pourquoi le parapluie est vert? Quelle est la signification du parapluie dans cette histoire? Que symbolise-t-il ?

-réactions sur la marginalité, l’exclusion et le vécu des élèves

-réponses par écrit – journal dialogué :Vert = espoir, protection, séparation

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Travail réalisé par Véronique Lefebvre et Geneviève St-Maur, dans le cadre d’un codéveloppement en évaluation de la lecture, CSDM, 2014


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