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EQUIPEMENTS DE PROTECTION INDIVIDUELLE LES LUNETTES DE PROTECTION Les yeux des personnels sont susceptibles d’être exposés à des risques de nature diverse, en fonction du poste de travail, nécessitant alors le port de protections oculaires. 1. Le risque mécanique : ! Par projection de particules acérées ou possédant une énergie cinétique importante (copeaux métalliques, éclats ou fragments d’outils, eau sous pression…) ! Par présence d’aérosols ou de nuages de poussières ayant une action abrasive au niveau de l’œil. 2. Le risque chimique ! Par projection de poudres, d’aérosols, de liquides, de gaz ou de vapeurs, irritantes, toxiques ou nocives (produits étiquetés), réagissant avec les composants de l’œil. 3. Le risque biologique ! Par pénétration de particules virales, bactériennes, ou fongiques, infectantes, avec risque de contamination du personnel. 4. Le risque lié aux rayonnements optiques (IR, visible, UV, laser) ! Par surexposition de l’œil à des sources d’intensité élevée, qui peuvent provoquer une altération du mécanisme de la vision pouvant aller jusqu’à la brûlure. 5. Le risque thermique ! Risque de brûlures ou de lésions de l’œil par projection de liquides ou solides chauds. 6. Le risque électrique ! Flash ou arc électrique contrôlé sont à l’origine de rayonnements UV, de projection de particules et de chaleur. Plusieurs risques pouvant coexister, une évaluation au poste de travail est nécessaire avec étude des conditions d’environnement et des exigences des tâches à effectuer.

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EQUIPEMENTS DE PROTECTION INDIVIDUELLE

LES LUNETTES DE PROTECTION Les yeux des personnels sont susceptibles d’être exposés à des risques de nature diverse, en fonction du poste de travail, nécessitant alors le port de protections oculaires. 1. Le risque mécanique :

!"Par projection de particules acérées ou possédant une énergie cinétique importante (copeaux métalliques, éclats ou fragments d’outils, eau sous pression…)

!"Par présence d’aérosols ou de nuages de poussières ayant une action

abrasive au niveau de l’œil. 2. Le risque chimique

!"Par projection de poudres, d’aérosols, de liquides, de gaz ou de vapeurs, irritantes, toxiques ou nocives (produits étiquetés), réagissant avec les composants de l’œil.

3. Le risque biologique

!"Par pénétration de particules virales, bactériennes, ou fongiques, infectantes, avec risque de contamination du personnel.

4. Le risque lié aux rayonnements optiques (IR, visible, UV, laser)

!"Par surexposition de l’œil à des sources d’intensité élevée, qui peuvent provoquer une altération du mécanisme de la vision pouvant aller jusqu’à la brûlure.

5. Le risque thermique

!"Risque de brûlures ou de lésions de l’œil par projection de liquides ou solides chauds.

6. Le risque électrique

!"Flash ou arc électrique contrôlé sont à l’origine de rayonnements UV, de projection de particules et de chaleur.

Plusieurs risques pouvant coexister, une évaluation au poste de travail est nécessaire avec étude des conditions d’environnement et des exigences des tâches à effectuer.

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1. PROTECTION CONTRE LES RISQUES

MECANIQUES ET CHIMIQUES (pesticides, peintures)

Services techniques d’entretien et de maintenance (soudeurs, menuisiers, serruriers, peintres, jardiniers…)

Ces risques sont fréquemment cumulés dans les activités des personnels du STEM, et ont donc en conséquence été traités conjointement. Les lunettes de protection doivent être conformes à la norme européenne EN 166 – 166 révisée (protection individuelle de l’œil – spécifications). Cette norme définit les caractéristiques de base auxquelles doivent répondre tous les protecteurs des yeux en ce qui concerne, d’une part, leur résistance minimale et, d’autre part, leurs qualités optiques. Elle comporte des spécifications correspondant à des risques tels que les risques mécaniques, thermiques et chimiques et les rayonnements.

Critères normatifs de performance

1. Résistance aux impacts Risques couverts Vitesse maximale Symbole Impacts haute énergie 190 m/s A Impacts moyenne énergie 120 m/s B Impacts faible énergie 45 m/s F Solidité renforcée 12 m/s S

Pour les ouvriers des HCL, il est nécessaire d’avoir au minimum un symbole F (vitesse maximale de 45 m/s pour les impacts de faible énergie) qui garantit également une protection vis à vis des risques courants tels que chute du protecteur sur un sol dur, vieillissement à la lumière, exposition à la chaleur et corrosion (symbole S de solidité renforcée). L’oculaire en polycarbonate résiste le mieux aux chocs mécaniques, ainsi qu’à l’abrasion.

2. Autres spécifications particulières Liquides 3 Grosses particules de poussière 4 Gaz et fines particules de poussière 5 Arc électrique de court-circuit 8 Métal fondu, solide chaud 9

3. Spécifications optionnelles Risques couverts Symbole

Résistance à la rayure K Résistance à la buée N Ces deux critères, bien qu’optionnels, sont importants à respecter si l’on veut optimiser le port des lunettes chez les utilisateurs.

4. Qualité optique de l’oculaire Tolérances de la puissance optique Symbole

± 0.06 (port permanent) 1 ± 0.12 (port occasionnel) 2 ± 0.25 (port exceptionnel) 3

Pour les ouvriers des HCL, le port de lunettes est soit occasionnel (classe 2), soit exceptionnel (classe 3) pour une très brève durée.

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Marquage

Critères de sécurité et de confort

1. Branches latérales des lunettes réglables en longueur ± face inclinable,

bonne protection sus- et sous orbitaire, et protection latérale intégrée dans les branches.

2. Intérêt d’un système embout de branche réglable au niveau des oreilles. 3. Répartition du poids du protecteur. 4. Etui individuel de protection et cordelette associée. 5. Périodicité et modalités d’entretien à définir : quel produit à utiliser ? 6. Absence de mousse autour de l’oculaire souhaitée (pour nettoyer la lunette sans

difficulté) et nécessité d’un joint souple et large sur les lunettes masques. 7. Couleur de la monture à préciser. 8. Compatibilité avec des oculaires de correction de la vue. Les personnes

nécessitant une correction de la vue, peuvent porter par dessus leurs lunettes correctrices, certains modèles de lunettes, à oculaire unique ou lunettes masques. Ces surlunettes monobloc ne sont pas réglables.

9. Absence de latex, que ce soit dans les liens ou les constituants des lunettes.

Lunette masque si risque de projection de liquides chimiques toxiques

L’exemple type aux HCL est l’exposition par pulvérisation aux produits phytosanitaires (pesticides), aux peintures, à des projections de produits toxiques très dangereux (par exemple : soude et javel concentrées pour la cuve de la chambre P4 de l’Hôpital de la Croix-Rousse). L’exposition au risque phytosanitaire nécessite également le port d’un masque protecteur contre gaz et vapeurs (cf. fiche « Masques) La lunette masque assure une protection maximale. Elle n’est à utiliser que lorsqu’il y a de gros risques de projection. L’oculaire en acétate résiste le mieux aux solvants ou aux produits chimiques, mais moins bien aux chocs mécaniques (contrairement au polycarbonate). !"Demander un traitement anti-rayures (K), un traitement anti-buée (N),

et l’absence de bord mousse (risque de contamination immédiate de la mousse en cas de projection chimique, sans possibilité de nettoyage).

!"Possibilité de garder ses verres correcteurs sous la lunette masque.

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Masques et cagoules de soudage

EN 166 : protection individuelle de l’œil. EN 169 : filtres pour le soudage et les techniques connexes. EN 175 : Equipement de protection des yeux et de la face pour le soudage et les techniques connexes (à l’exclusion des cagoules). EN 379 : Spécifications concernant les filtres de soudage.

L’annexe de la norme EN 169, relative aux filtres de soudage, permet de choisir directement les filtres appropriés à partir de la connaissance du procédé de soudage et de l’intensité du courant. Dans le cas des filtres de soudage, il est à noter que le numéro d’échelon ne comporte que la classe de protection. Selon les conditions d’utilisation, il est possible d’utiliser un filtre de numéro d’échelon immédiatement supérieur ou inférieur, mais il peut être dangereux d’utiliser des filtres de numéro d’échelon trop élevé (trop foncé), ce qui conduirait l’opérateur à se rapprocher de la source de rayonnement et à respirer des fumées nocives.

Note : les zones grisées ci-dessus correspondent aux domaines où les procédés de soudage ne sont pas habituellement utilisés dans la pratique actuelle du soudage

Il est nécessaire d’avoir un masque tenu à la main ou une cagoule de soudage maintenue par serre-tête, équipée de verre teintés.

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2. PROTECTION CONTRE LES RAYONNEMENTS LUMINEUX Les lunettes de protection doivent être spécifiquement adaptées à la longueur d’onde du rayonnement lumineux.

Une série de normes européennes traitent de la protection contre les rayonnements. Chacune comporte, dans une annexe informative, une aide au choix des filtres appropriés en fonction de la nature de la source de rayonnement et de leur puissance. Les caractéristiques de transmission des filtres vis à vis des rayonnements sont désignées par un numéro d’échelon qui est composé d’un numéro de code suivi de la classe de protection.

Les rayonnements nocifs pour l’œil Zone UVC UVB UVA Lumière bleue Infrarouge

Longueur d’onde (nm)

100 à 280 280 à 315 315 à 380 400 à 480 780 à 2 000

Environnement Environnement industriel Soudure à l’arc

Lumière solaire Environnement industriel

Lumière solaire Travaux en extérieur

Environnement industriel Ecrans ordinateurs Installations électriques

Soudure électrique Fusion du verre ou de l’acier Lumière solaire

2.1 Appareils de photothérapie utilisés en néonatologie et en maternité

La teinte de l’oculaire doit être choisie en fonction de la longueur d’onde émise. Compte tenu des plaintes des utilisateurs (picotements oculaires, céphalées, larmoiements), il serait souhaitable de les protéger avec des filtres spécifiquement adaptés à la longueur d’onde 460 nanomètres, et surtout de revoir les conditions d’utilisation de l’appareil de photothérapie.

2.2 Lampes à ultraviolets utilisées pour les tuberculoses multirésistantes

Utilisation du pouvoir germicide des UV C pour réduire le risque de transmission nosocomiale de mycobacterium tuberculosis Rayonnement de longueur d’onde = 254 nanomètres. Lorsque les lampes à UV sont correctement installées (appareil en position haute à 2 mètres du sol), les effets secondaires (rougeur cutanée ou conjonctivale) sont extrêmement limités et le port de lunettes n’est donc pas nécessaire.

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2.3 Utilisation de rayonnement laser Le port de lunettes protectrices est l’élément primordial de la sécurité des personnes travaillant avec des lasers. « Toutes les personnes séjournant dans des zones où l’on utilise le laser doivent porter simultanément les mêmes lunettes de protection laser » (cf. EN 207).

Ces lunettes doivent présenter un certain nombre de caractéristiques précisées dans les normes EN 207 / A1 et 208 / A1 d’octobre 2002 : !"Elles doivent protéger complètement chaque œil, notamment sur le côté

pour éviter une réflexion sur la face interne du verre.

!"Elles doivent être adaptées à la longueur d’onde ou à la bande de longueur d’onde de l’émission laser utilisée, ces valeurs devant être explicitement mentionnées sur chaque paire de lunettes.

!"Elles doivent atténuer convenablement l’énergie du faisceau, tout en

permettant une vision correcte du poste de travail. La densité optique du protecteur oculaire pour la longueur d’onde correspondant doit être portée sur chaque paire de lunettes.

!"Elles ne doivent subir aucune dégradation sous l’effet du rayonnement

direct.

!"Elles doivent être solides, ventilées et confortables.

!"Enfin, il faut contrôler régulièrement leur efficacité.

Laser CO2

Il ne pénètre pas dans les milieux du globe oculaire, il est absorbé superficiellement et n’affecte que la cornée. Tout type de lunettes protège, à condition qu’il y ait des protections latérales pour empêcher une pénétration accidentelle latérale du rayonnement laser.

Autres lasers (YAG, KTP, à colorants, ARGON KRYPTON…)

Ils pénètrent plus ou moins dans les milieux oculaires suivant leur longueur d’onde (en nm) et leur énergie (en W/m²). Les lunettes doivent être spécifiques et adaptées à la longueur d’onde et à l’énergie de chaque laser (inscription de la longueur d’onde et de la densité optique sur la monture des lunettes). Attention : pour le laser YAG, utiliser des lunettes différentes si le faisceau est continu ou à impulsion. En conséquence, chaque lunette doit être spécifique en fonction du rayonnement laser (à voir avec le fabricant de laser). Les lunettes de protection sont proposées systématiquement par le fabricant lors de l’achat d’une source laser. Nous préconisons un achat groupé : source laser et lunettes ainsi qu’un renouvellement des lunettes cassées selon leur référence initiale. #### A l’exception de la protection contre les rayonnements lumineux,

il nous semble indispensable de faire tester toutes les autres lunettes par les futurs utilisateurs.

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3. PROTECTION CONTRE LE SANG, LES LIQUIDES BIOLOGIQUES

ET LES PRODUITS CHIMIQUES (cytostatiques, détergents désinfectants) Services de soins et laboratoires

Les lunettes de protection doivent être conformes à la norme européenne EN 166 définissant les caractéristiques de base auxquelles doivent répondre tous les protecteurs des yeux.

Critères normatifs de performance

Parmi les critères normatifs de performance déjà détaillés page 2, on peut retenir :

1. Résistance aux impacts

Risques couverts Vitesse maximale Symbole Solidité renforcée 12 m/s S

2. Autres spécifications particulières

Liquides 3

3. Spécifications optionnelles

Risques couverts Symbole Résistance à la rayure K Résistance à la buée N

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Critères de sécurité et de confort

1. Branches latérales des lunettes réglables en longueur ± face inclinable, bonne

protection sus- et sous orbitaire, et protection latérale intégrée dans les branches. 2. Intérêt d’un système embout de branche réglable au niveau des oreilles. 3. Répartition du poids du protecteur. 4. Etui individuel de protection et cordelette associée. 5. Modalités d’entretien à définir : quel produit à utiliser ? 6. Absence de mousse autour de l’oculaire souhaitée (pour nettoyer la lunette sans

difficulté) et nécessité d’un joint souple et large sur les lunettes masques. 7. Couleur de la monture à préciser. 8. Compatibilité avec des verres correcteurs (surlunettes) : C’est un problème

essentiel compte tenu de l’âge moyen des soignants qui très souvent portent des lunettes correctrices. L’utilisation de surlunettes n’est pas compatible avec un travail de haute précision visuelle (chirurgien par exemple). Pour les spécialistes de bloc, l’idéal serait de les orienter vers des lunettes de protection correctrices, avec verres adaptés à la vue de chacun. Pour les autres activités, le confort maximal doit être recherché (traitement anti-buée et anti-rayures, écran panoramique, grand champ de vision, polycarbonate, poids minimal)

9. Absence de latex, que ce soit dans les liens ou les constituants des lunettes. 10. Matériau constitutif des lunettes : le polycarbonate est à préférer. Il résiste aux

chocs et se raye moins que l’acétate.

Le port de lunettes de sécurité dans les milieux de soins, à forte exigence relationnelle, impose pour une acceptation des utilisateurs, un maximum de discrétion, d’efficacité et de confort. Quant aux chirurgiens, le critère « acuité visuelle optimale » est fondamental pour la sécurité du patient. #### Il nous paraît essentiel de faire participer les utilisateurs au choix de

ces lunettes et / ou surlunettes. Docteur Marie-Françoise FORISSIER Docteur Claudine VOLCKMANN Médecine et Santé au Travail Médecine et Santé au Travail Centre Hospitalier Lyon Sud Hôpital de la Croix-Rousse Docteur Marie-Agnès DENIS Madame Christine CHEMORIN Médecine et Santé au Travail Unité d’Hygiène Hôpital Edouard Herriot Hôpital Edouard Herriot Mademoiselle Monique BOURJAULT Unité d’Hygiène Hôpital de la Croix-Rousse

Septembre 2002