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1er semestre 2008/2009 SCIENCES-PO PARIS
RICARDO Séance 3 du 15 octobre 2008
David Ricardo (1772-1823)
• Economiste anglais, il définit la valeur d'échange comme étant fondée sur le travail nécessaire à la production des marchandises.
• Selon lui, l'économie tend vers un Etat stationnaire (la croissance n'est pas infinie) et le libre échange suscite une division internationale du travail fondée sur la théorie des avantages comparatifs.
Les théories et leurs hypothèses
Ricardo Heckscher
Ohlin Samuelson
Facteurs spécifiques
Krugman (Modèle à concurrence imparfaite)
Technologie différentes entre pays ?
Oui
Non
Non
Non
Nombre de facteurs ?
1 (L)
2 (L et K)
3 (L, K1, K2)
1 (L) car on s’intéresse au marché des produits et non des facteurs de production
Mobilité intersectorielle des facteurs ?
Oui
Oui
Oui (L) Non (K1&K2)
Oui
Économie d’échelle ?
Non
Non
Non
Oui
L’intérêt à l’échange • Chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la
production pour laquelle il est le plus efficace, afin d’importer les biens qu’il produit moins efficacement
• Avantage absolu (Smith) : réallocation des travailleurs vers le secteur où le pays est le plus productif
MAIS un pays peut avoir un désavantage absolu dans toutes les industries …
• Avantages comparatifs (Ricardo) : il existe un gain à
la spécialisation, même pour un pays qui dispose d’un désavantage absolu dans toutes les productions
Adam Smith la critique du « système mercantile »
• Pour lui, durant le 16, 17 et 18e siècle l’Europe est dans le « système mercantile ».
• La richesse des nations était synonyme de stock d’or : – Un pays cherche à maximiser ses exportations et à minimiser ses
importations – Le commerce international est un jeu à somme nul, aux gains des
uns correspond les pertes des autres • Les pays ne veulent commercer qu’avec ceux qui pourront
générer un surplus, sinon mise en place de restrictions en tout genre.
Smith va critiquer ce système et mettre en avant sa doctrine de libre échange.
Adam Smith la critique du « système mercantile » & l’avantage absolu
1. La richesse des nations est mesurée non pas par le stock d’or, mais par la valeur de la production annuelle.
2. Les restrictions et stimulus aux commerces doivent être jugés en terme d’impact sur la production.
3. Pour Smith, la liberté des échanges, en développant la division du travail, accroît le bien être des partenaires commerciaux …
… mais le monde de Smith est particulier : chaque pays est plus efficace que les autres dans la production d’au moins un bien :
c’est l’avantage absolu
Adam Smith la critique du « système mercantile »
• Le prix du fer est donc trois fois celui du blé en France
• Prix relatif du fer = prix du fer en terme de blé
Si ouverture entre les deux pays, • Les français ont intérêt à acheter du fer en Angleterre, moins cher en termes de
blé • Les anglais ont intérêt à acheter du blé en France, moins cher en termes de fer
(production 1 tonne) France Angleterre Blé 1 8 Fer 3 2
2 leçons : – Spécialisation et Réallocation des ressources,
cad des travailleurs … – Les 2 pays sont gagnants à l’échange (peut-être
qu’un des pays sera plus gagnant)
Qu’arrive-t-il si l’on ne possède pas d’avantage absolu dans au moins un bien ?
Adam Smith la critique du « système mercantile »
Ricardo & l’avantage comparatif
« Même si une nation est absolument plus
productive dans la production de tous les biens, elle a intérêt à se spécialiser dans les biens pour lesquels son avantage de productivité est le plus fort, et à laisser les autres nations offrir les biens restant »
Un exemple d’avantage comparatif
• 2 pays : USA & Inde • 2 biens : Blé & Vêtements • 1 facteur de production : le travail
Des productivités différentes … … mais intérêt à l’échange ?
Un exemple d’avantage comparatif Technologie de production aux USA et en Inde
Pays Production annuelle par personne
Blé Vêtement
USA 12 6
Inde 2 4
Les USA ont un avantage absolu dans les 2 biens
Avec sa productivité on pourrait conclure que l’Inde ne peut rien offrir aux USA …
… or d’après la théorie de Ricardo, malgré une productivité supérieure des USA dans les 2 biens, les USA peuvent bénéficier du commerce avec l’Inde … et vice versa !
Un exemple d’avantage comparatif
• Avantage Absolu des USA, Productivité des USA = 6 fois celle de l’Inde en Blé et 1,5 fois en vêtement …
• Mais en terme « ricardien » les USA ont un AC en blé
• Symétriquement l’Inde a un AC en vêtement
(productivité de l’Inde = 1/6 en blé & 2/3 en vêtement)
• Ils ont intérêt à tirer parti des différences de coûts d’opportunité, cad à se spécialiser
Les gains à l’échange • Sans changement de technologies, nous assistons à une hausse des
ressources dans chacun des pays, grâce à la spécialisation et la réallocation des travailleurs ...
Les gains ?
• Si les USA exportent leur 12 extra blé contre les 8 extra vêtement de l’Inde : Alors USA augmente sa consommation de 2 vêtements et l’Inde sa consommation de blé de 8 unité.
• On pourrait également faire en sorte de gagner dans les 2 biens, Ainsi, if USA exportait 8 blé contre 7 vêtement, chaque pays verrait
sa consommation augmenter de 4 blé and 1 vêtement.
Les gains à l’échange
• Soit un mouvement de travailleurs USA (+1) vers le secteur du blé, et un mouvement de travailleurs Indiens (+2) vers l’autre secteur.
Technologie de production aux USA et en Inde
Pays Production annuelle par personne
Blé Vêtement
USA + 12 - 6
Inde - 4 + 8
+1
+2 Monde + 8 + 2
Ricardo : Hypothèses du modèle • Un facteur de production (travail)
– Plein emploi des facteurs – Pas de mobilité géographique des facteurs (migration)
• Travail parfaitement mobile entre secteurs • Deux biens dans l’´economie (équilibre général) • CPP + mobilité parfaite = même salaire dans les deux industries • Technologies : chaque pays diffère au moins par la productivité de ses
travailleurs dans chaque secteur (productivités ou besoins unitaires en travail)
• Même salaire dans chaque secteur, w = w1 = w2
• Contrainte de ressources : L – L’offre de travail disponible est exogène et fixe – La demande de travail est une demande « dérivée » de la production
Ricardo : la frontière de production a1 est la quantité de travail L1 nécessaire pour produire une unité Y1 du bien 1.
aL1 = L1/Y1 et aL2 = L2/Y2 •
enfin L1 + L2 = L, donc L = a1 Y1 + a2 Y2
(plein emploi des facteurs de production)
Le rapport des prix est déterminé par la technologie (productivité)
En autarcie, on est en Q : on produit et consomme q1 et q2
Q
q1
q2
L2
L1
Ricardo : la frontière de production
• Le Taux marginal de Transformation (TmT) • CPP & minimisation des coûts • Les prix relatifs sont déterminés par les
conditions relatives de production
• Une double égalité sur la frontière de production
• En autarcie, les frontières de Consommation et de production sont confondues
Ricardo & le Libre Echange
• Quel va être l’effet de la libéralisation si les technologies restent identiques ?
• Les pays font face aux termes de l’échange, un nouveau prix des biens (π)
• Un mouvement vers la spécialisation
Ricardo & le Libre Echange (p π)
Z’
Z B1
B2
Z’’
π
p
Frontière de production (p) Frontière de possibilité de consommation (π)
Choix des combinaisons de production La valeur totale des achats des consommateurs domestiques est égale à la valeur totale de la production nationale, lorsque ces C et P sont évaluées au prix internationaux (π). Un pays ne peut acheter plus qu’il ne produit. C’est le respect de la contrainte budgétaire. π1C1 + π2C2 = π1Y1 + π2Y2
A
B
C
D
E
F
G
exp
imp C’
K
Ricardo & le Libre Echange
Z’
Z B1
B2
Z’’
π
p
A
B
C
G
exp
imp
Maximisation du bien être en (ZZ’’), en G : • Production de B1 [OZ] • Pas de production de B2
• Exportations [G1Z] & consommation [OG1] • Importations [OG2]
Nous voyons concraitement ici que l’on exporte pour pouvoir importer … et π1.[G1Z] = π2.[OG2]
G1
G2
0
Ricardo & le Libre Echange
Ricardo-Mill demandes et détermination des termes de l’échange
• Comment se détermine π ?
– Ricardo a seulement postulé entre p et p* – John Stuart Mill introduit les différentes
demandes mises en jeu et apporte une solution au problème
Ricardo-Mill demandes et détermination des termes de l’échange
Z
Z’
Uc’ Uc
Ua
A
Z’’
A est le point qui maximise le bien être en Autarcie Ui sont les courbes d’indifférences
0
Amélioration des termes de l’échange Les courbes de demande réciproque
On relie les différents points de consommations optimale, correspondants aux différents termes de l’échange possibles (π)
B1 B1
B2 B2
P
P*
π
0
A* R*
A
R
R
M
N L
L’
Ricardo Extension du modèle : les rigidités du travail
Z’
Z B1
B2
Z’’
π
p
B
A
Q
C
exp
imp
D
0 Q1
Q2
Hypothèse : une partie seulement des travailleurs de l’industrie du bien 2 peuvent quitter leurs emplois. Nouvelle frontière de production : Z’QQ1
[QQ1] signifie que les travailleurs du B2
qui n’auraient pas encore quitté cette industrie seraient au chômage plutôt que d’aller travailler dans le B1. Gains ?
Partie 2
Where Ricardo and Mill Rebut and Confirm Arguments of Mainstream Economists Supporting Globalization (Paul A.
Samuelson)
The Journal of Economic Perspectives, Vol. 18, No. 3. (Summer, 2004), pp. 135-146.
Les Etats-Unis doivent ils craindre la Chine et l’Inde ?
• La théorie des AC est l’argument fondamental des défenseurs du libre échange qui concluent que l’ouverture des frontières apporte à long terme des avantages pour tous les pays
• Des groupes peuvent perdre, mais ces pertes sont compensées par des gains de pouvoir d’achat de l’ensemble des agents économiques
• Mais, face à l’accélération de la mondialisation et l’émergence économique de pays comme la Chine ou l’Inde, des pays apôtre du libéralisme commencent à douter des bienfaits du libre échange … à raison ?
Une idée ancienne …
« (…) aussitôt outillée la Chine utilisera la plus incomparable et la plus avantageuse des mains d’œuvre; elle emploira l’ouvrier chinois; elle le payera cinq sous, tandis que nous payons les nôtres, en Europe et en Amérique, jusqu’à 5 francs et davantage. Mais elle ne se contentera pas d’écarter nos produits, elle nous vendra les siens. De la défensive, elle passera promptement à l’offensive (…) »
Paul d’Estournelles de Constant, diplomate et député français, XIXe siècle
Les Etats-Unis doivent ils craindre la Chine et l’Inde ?
« Yes, good jobs may be lost here in the short run. But still total U.S. net national product must, by the economic laws of comparative advantage, be raised in the long run (and in China, too). The gains of the winners from free trade, properly measured, work out to exceed the losses of the losers. This is not by mysterious fuzzy magic, but rather comes from a sharing of the trade-induced rise in total global vectors of the goods and services that people in a democracy want. Never forget to tally the real gains of consumers alongside admitted possible losses of some producers in this working out of what Schumpeter called "creative capitalist destruction »
Argumentation recently used by Alan Greenspan, Jagdish Bhagwati…
Impact de chocs exogènes sur les gains du LE
• Et si les gains n’étaient pas nécessairement supérieurs aux pertes ?
• Plusieurs cas passés en revue : – Situation de base en autarcie – Situation de base en libre échange – Hausse de productivité dans le bien exporté chinois – Hausse de productivité dans le bien importé chinois
Données de bases
• Nombre de travailleurs : – USA : 100 – CHINA : 1000
• Productivité aux USA – π1 = 2 – π2 = ½
• Productivité en Chine – π*1 = 1/20 – π*2 = 2/10
Situation de base en Autarcie
• USA : – 50L1 = 100 B1
– 50L2 = 25 B2
• CHINA – 500L*1 = 25 B1
– 500L*2 = 100 B2
• Coût d’opportunité
– US : Production d’une unité de B2 est de 4 unité de B1
– CH : Production d’une unité de B2 est de ¼ unité de B1
Des différences qui constituent les Avantages Comparatifs
250 (125+125)
US PIB/tête = 0,5 & CH PIB/tête = 0,05
Situation en Autarcie
200
50
50
200
Condition de demande à la MILL : partage consommation 50/50
Pays domestique (USA) Pays étranger (CHINA)
B1 B1
100
100
25
25
Situation de base en Libre Echange
1. Quels Avantages Comparatifs ?
2. Spécialisation ?
3. Gains ?
Gains par rapport à l’autarcie, pour les 2 pays
Libre échange, cas de base (à la MILL)
200
50
p
B1
200 B2
USA
CHINA
Egalisation des prix relatifs (p)
100
100
P = 200/200 = 1
Hausse de productivité du bien exporté par les chinois
• Productivité du B2 x4 (ceteris paribus) π2 = 2/10 devient π’2 = 8/10
• Avantage comparatif ? • Gains ?
Seuls les Etats-Unis sont gagnants
Hausse de la productivité CH en B2
200
50
p
B1
200 B2
Hausse production chinoise
100
400
P = 800/200 = 4
800
Hausse de productivité du bien importé par les chinois
• Productivité du B2 x4 (ceteris paribus) π1 = 1/20 devient π’1 = 8/10 Rq: malgré cette hausse, la CH est toujours moins riche que les US
• Avantage Comparatif ? • Gains ?
Seule la Chine est gagnante
Hausse de la productivité CH en B1
200
50
B1
200 B2
Haus
se p
rodu
ctio
n ch
inoi
se
P = 200/800 = 1/4
800
Conclusions
« Acts I and II have demonstrated that sometimes free trade globalization can convert a technical change abroad into a benefit for both regions; but sometimes a productivity gain in one country can benefit that country alone, while permanently hurting the other country by reducing the gains from trade that are possible between the two countries »