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ERASMUS CHANGE DES VIES ET OUVRE DES ESPRITS DEPUIS 25 ANS

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ERASMUS CHANGE DES VIES

ET OUVRE DES ESPRITS DEPUIS 25 ANS

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De nombreuses autres informations sur l’Union européenne sont disponiblessur l’internet via le serveur Europa (http://europa.eu).

Luxembourg: Office des publications de l’Union européenne, 2012

ISBN 978-92-79-21337-3 doi:10.2766/18754Photo de couverture: © Corbis

Union européenne, 2012

Reproduction autorisée, moyennant mention de la source.

Printed in Belgium

Imprimé sur papier blanchi sans chlore

Europe Direct est un service destiné à vous aider à trouver des réponses aux questions que vous vous posez sur l’Union européenne.

Un numéro unique gratuit (*):

00 800 6 7 8 9 10 11(*) Certains opérateurs de téléphonie mobile ne permettent pas l’accès aux

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Avant-propos d’Androulla Vassiliou 3

Avant-propos de Jacques Delors 5

Généralités 6

Témoignages 9

Hugo Marquant 10 Marc Goffart 11

Rumyana Todorova 12 Boryana Klinkova 13

Milada Hlaváčková 14 Tomas Vitvar 15

Connie Væver 16 Nina Siig Simonsen 17

Christiane Biehl 18 Katja Krohn 19

Sirje Virkus 20 Helen Margus 21

Miriam Broderick 22 Jessica Gough 23

Katerina Galanaki-Spiliotopoulos 24 Maria Kaliambou 25

Fidel Corcuera Manso 26 Tomás Sánchez López 27

Nathalie Brahimi 28 Julien Pea 29

Ann Katherine Isaacs 30 Maurizio Oliviero 31

Maria Hadjimatheou 32 Stavroulla Antoniou 33

Aleksejs Naumovs 34 Madara Apsalone 35

Vilma Leonaviciene 36 Tadas Zukas 37

Lucien Kerger 38Matthieu Cisowski 39

Mária Dudás 40 Piroska Bakos 41

John Schranz 42 David Friggieri 43

Bram Peper 44Désirée Majoor 45

Elena Luptak 46 René Kremser 47

Ryszard Zamorski 48 Diana Dmuchowska 49

José Marat-Mendes 50 Filipe Araújo 51

Ion Visa 52Laura Popa 53

Vesna Rijavec 54Jure Kumljanc 55

Jozef Ristvej 56Jana Vitvarová 57

Paula Pietilä 58 Elina Ylipelkonen 59

Hans Åhl 60 Karl-Fredrik Ahlmark 61

Julia Kennedy 62 Kate Samways 63

Katica Šimunović 64 Jelena Simić 65

Mustafa Çoban 66 Begüm Yurdakök 67

Guðmundur Hálfdanarson 68Ása Kjartansdóttir 69

Hansjörg Hilti 70 Gerold Büchel 71

Wolfgang Laschet 72 Frederik Strand Sardinoux 73

Antoinette Charon Wauters 74 Marco Amherd 75

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Conférence inaugurale du 25e anniversaire du programme Erasmus,Bruxelles, Belgique, 30 et 31 janvier 2012

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Avant-propos

Il est remarquable de voir tout ce qui peut changer en 25 ans. En un quart de siècle, l’espace d’une génération, Erasmus a transformé le cadre des études en Europe, devenant ainsi le programme européen le plus connu. Ce programme est la preuve de ce que l’Union européenne peut accomplir grâce à une vision claire, de l’enthou-siasme et la volonté de coopérer. Erasmus a changé la vie de près de trois millions de jeunes et a ouvert les esprits de la première véritable génération d’Européens.

La présente brochure illustre la contribution du programme Erasmus à la vision euro-péenne originelle, à savoir rapprocher les nations en plaçant les peuples au cœur de la construction d’une Europe unie. Les périodes de mobilité passées à l’étranger per-mettent aux jeunes d’enrichir leurs connaissances et leurs compétences, et leur offrent l’occasion de prendre confiance en eux et de devenir autonomes. Cette expérience leur procure un avantage sur un marché du travail de plus en plus compétitif et continue de porter ses fruits tout au long de leur carrière. Les ambassadeurs Erasmus qui racontent leur expérience dans les pages suivantes en sont les meilleurs témoins.

Le dynamisme et l’énergie déployés par les étudiants et par le personnel des institutions d’enseignement supérieur ayant par-ticipé à Erasmus en ont fait le programme d’échange le plus important et le plus populaire au monde. Grâce à cette renommée ainsi qu’à l’engagement et à l’intérêt des établissements d’enseignement supérieur et de leurs étudiants partout en Europe, ce programme ne peut que se renforcer année après année. La Commission européenne partage cet engagement et a récem-ment proposé d’augmenter considérablement les ressources allouées aux programmes consacrés à l’éducation et à la forma-tion au sein de l’Union européenne. Le nouveau programme «Erasmus pour tous», qui sera lancé en 2014, s’inspirera de l’héritage d’Erasmus pour permettre à cinq millions de personnes supplémentaires d’étudier, de se former ou de travailler bénévolement à l’étranger d’ici 2020.

Les récits édifiants des ambassadeurs Erasmus témoignent de l’impact de ce programme sur la vie des jeunes ainsi que des évolutions qu’il a apporté dans la façon de travailler des établissements d’enseignement supérieur. Ces témoignages reflètent le succès rencontré par ce programme en 25 ans.

Célébrons dignement ce quart de siècle!

Androulla VassiliouCommissaire européenne chargée de l’éducation,

de la culture, du multilinguisme, de la jeunesse et des sports

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Conférence inaugurale du 25e anniversaire du programme Erasmus,Bruxelles, Belgique, 30 et 31 janvier 2012

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Avant-propos

Le succès indiscutable du programme Erasmus constitue une des contributions essentielles à l’Europe des citoyens pour laquelle il y a tant à faire.

Marquer, comme il se doit, le vingt-cinquième anniversaire de ce programme, c’est aussi dresser le bilan des actions menées au niveau des études universitaires.

C’est pourquoi je dois rappeler l’importance du processus de Bologne sur l’harmo-nisation des troisièmes cycles et des «Master». Il en est résulté une incitation aux échanges d’étudiants et à une évaluation partagée des cursus.

J’ai inséré mon propos dans le contexte de l’Europe des citoyens car les «enfants d’Erasmus» ont appris à mieux se connaître et à percevoir les réalités d’autres pays que le leur. Bien entendu, d’autres programmes ont été mis en œuvre pour que cette Europe de l’échange et de l’éducation ne se limite pas à ceux qui ont pu béné-ficier d’études supérieures.

Tout doit être tenté pour que l’ensemble de la jeunesse européenne soit concerné par cette soif de connaissances des autres et la participation à l’aventure européenne.

Tout en félicitant tous les artisans de cette politique, je voudrais en souligner deux aspects importants à mes yeux.

En premier lieu, Erasmus contribue à la politique de l’emploi en ouvrant de plus larges possibilités aux étudiants qui ont suivi ce programme.

En second lieu, Erasmus rappelle le rôle – un peu trop oublié – des universités, leurs responsabilités politiques et sociétales, leur contribution au débat d’idées et à la recherche du bien commun.

Comme je l’avais formulé dans le rapport sur l’éducation au XXIème siècle que j’ai présenté en 1996 à l’UNESCO, avec un comité de personnalités internationales: «L’éducation, un trésor est caché dedans». Ce trésor se situe au cœur des traditions et du futur de notre Europe.

Jacques DelorsAncien Président de

la Commission européenne (1985-1995)

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Généralités

Erasmus est le programme phare de l’Union européenne en matière d’éducation et de formation qui permet aux étudiants d’étudier ou d’effectuer un stage à l’étranger. Il offre également au personnel enseignant des établissements d’en-seignement supérieur et aux entreprises la possibilité de donner des cours ou des conférences dans une université d’un autre pays.

Au cours des 25 dernières années, plus de 2,7 millions d’étudiants ont bénéfi-cié du programme Erasmus; actuellement, environ 4 % de tous les étudiants des pays européens participant à ce programme reçoivent une bourse Erasmus pen-dant leurs études pour étudier à l’étranger.

Toute expérience à l’étranger contribue à enrichir les connaissances et les com-pétences des étudiants et du personnel enseignant, à favoriser leur épanouis-sement, à se forger une identité européenne et à faire de la mobilité des citoyens, au cœur du projet européen, une réalité.

Le succès de ce programme a permis de façonner l’enseignement supérieur en Europe et a favorisé:• le lancement du processus de Bologne, grâce auquel un système de diplômes

comparables et compatibles a été instauré;• l’établissement du système européen de transfert et d’accumulation de cré-

dits (ECTS), qui permet aux étudiants d’acquérir des crédits au cours de leur période de mobilité à l’étranger, qui seront comptabilisés pour l’obtention de leur diplôme;

• l’internationalisation de l’enseignement supérieur et des établissements d’en-seignement supérieur (EES); et

• la création et l’amélioration de services et de méthodes d’apprentissage, d’en-seignement et de travail au sein des EES, ainsi que de nouvelles formes de coopération et une meilleure connaissance des systèmes de formation offerts à l’étranger.

Erasmus au fil des ans

Le programme Erasmus a évolué au fil des ans et a connu des étapes successives. • Le programme est adopté en juin 1987. Onze États membres y participent et

3 244 étudiants, lors de la première année, partent étudier à l’étranger, la plu-part d’entre eux découvrant pour la première fois des cultures et des modes de vie différents.

• Au cours des années 90, ce programme est inséré dans un programme européen d’enseignement supérieur bien plus large, appelé Socrates.

17 juin 1987Lancement du programme Erasmus, premiers échanges. Un peu plus de 3 000 étudiants et 11 États membres y participent (Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, France, Grèce, Irlande, Italie, Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni).

1988Le Luxembourg s’associe au programme Erasmus.

1992Six pays de l’Association euro-péenne de libre-échange (AELE) rejoignent le programme Erasmus (Autriche, Finlande, Islande, Norvège, Suède et Suisse).

1994Le Liechtenstein s’associe au programme Erasmus.

1996Introduction des Cours intensifs Erasmus de langues (CIEL).

1997Introduction des échanges Erasmus pour les enseignants.

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• En 2003, la Charte universitaire Erasmus est rédigée: elle garantit la qualité des échanges des étudiants et des enseignants.

• Depuis 2007, Erasmus fait partie du programme européen pour l’éducation et la formation tout au long de la vie; il s’enrichit de nouvelles activités, comme les stages pour étudiants en entreprises à l’étranger.

Trente-trois pays participent actuellement au programme et presque tous les établissements d’enseignement supérieur d’Europe y sont associés.

Résolument tourné vers l’avenir, Erasmus occupera encore le devant de la scène grâce au nouveau programme «Erasmus pour tous» qui proposera plus de pos-sibilités de séjours à l’étranger pour étudier, travailler ou faire du bénévolat, et ce à un plus grand nombre de personnes.

Les avantages d’Erasmus

Étudier à l’étranger permet aux participants au programme d’élargir leurs com-pétences, et notamment d’améliorer leurs connaissances linguistiques, de plus en plus appréciées par les employeurs. Outre les compétences acquises grâce aux études, la compréhension de cultures et de mentalités différentes aide les étudiants Erasmus à devenir plus autonomes, indépendants et favorisent l’ou-verture d’esprit.

Erasmus profite aussi aux étudiants qui souhaitent effectuer un stage en entre-prise. Une expérience professionnelle dans une entreprise à l’étranger est très prisée sur le marché de l’emploi car elle permet à ces étudiants de mieux com-prendre le fonctionnement des autres systèmes économiques et leur offre la possibilité de développer des compétences spécifiques.

Depuis sa création, le programme Erasmus a financé plus de 300 000 échanges de personnel dans le cadre de l’enseignement et de la formation. Outre la mis-sion d’enseignement, le programme s’est élargi pour permettre au personnel, administratif et enseignant, de se former pendant 1 à 6 semaines au sein d’un établissement d’enseignement supérieur ou d’une entreprise dans un autre pays européen.

1998Chypre, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Roumanie et la Slovaquie s’associent au programme Erasmus.

1999 La Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie et la Slovénie s’associent au programme Erasmus.

2000Malte s’associe au programme Erasmus.

2002 Célébration du millionième étudiant Erasmus.

2003 Introduction de la Charte universitaire Erasmus.

2004 La Turquie s’associe au programme Erasmus.

2007 Lancement du programme pour l’éducation et la formation tout au long de la vie, ajout de nouvelles actions au programme Erasmus, comme les stages en entreprises pour étudiants et la formation du personnel enseignant et administratif.

Célébration du millionième étudiant Erasmus, Bruxelles, Belgique, 24 octobre 2002

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Célébration du deux millionième  étudiant Erasmus, Lund, Suède,

5 octobre 2009

Erasmus finance également des programmes intensifs rassemblant enseignants et étudiants pendant 6 semaines maximum. Ces programmes d’étude courts encouragent l’apprentissage multinational de sujets spécifiques et permettent aux étudiants d’acquérir des connaissances difficilement accessibles dans un seul établissement d’enseignement supérieur. Au cours de l’année universitaire 2009-2010, 384 programmes intensifs ont été organisés dans 29 pays.

Ambassadeurs Erasmus

La présente brochure donne un aperçu de l’impact du programme Erasmus sur les participants, qu’ils soient étudiants ou membres du personnel enseignant et admi-nistratif. Soixante-six «ambassadeurs Erasmus» qui ont participé au programme au cours de ses 25 premières années d’existence ont été sélectionnés dans les 33 pays participant à ce programme; ils apportent leur témoignage dans les pages suivantes et relatent ce que cette expérience unique leur a apporté, tant sur le plan professionnel que personnel.

Les ambassadeurs étudiants ont passé entre trois mois et un an à l’étranger pen-dant leurs différents cycles d’études. Ils ont fait l’expérience de ce séjour dans des langues différentes et ont souvent noué de nombreux liens d’amitié durables. Cette combinaison entre la vie universitaire et la vie sociale constitue le cœur de leur expérience Erasmus.

En ce qui concerne les ambassadeurs du personnel enseignant et administratif, leur participation a eu, dans l’ensemble, des répercussions positives tant sur leur carrière professionnelle que sur leur établissement d’enseignement supérieur. Nombre d’entre eux ont encouragé, pendant des années et avec conviction, les études à l’étranger et l’internationalisation de leur établissement. Qu’ils soient coordinateurs, administrateurs, professeurs ou enseignants, tous sont convain-cus des avantages apportés par le programme Erasmus à leur établissement et à leurs étudiants.

Depuis 25 ans, Erasmus est un succès qui a évolué depuis sa création pour deve-nir le programme d’échanges le plus important et le plus connu au monde, grâce à l’engagement, l’énergie et l’enthousiasme de tous les participants.

Aujourd’hui, sur base de ce succès, l’Europe va encore de l’avant avec le programme «Erasmus pour tous» qui sera lancé en 2014.

2009 Célébration du deux millionième étudiant Erasmus. La Croatie s’asso-cie au programme Erasmus.

2009/2010 Trois mille établissements d’ensei-gnement supérieur envoient des étudiants et des membres du personnel (enseignant et administratif) à l’étranger.

2011 La Suisse adhère au programme Erasmus, portant à 33 le nombre de pays participant aujourd’hui au programme Erasmus.

2012/2013 Célébration du trois millionième étudiant Erasmus.

2014 Lancement du nouveau programme Erasmus pour tous.

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Témoignagesdes ambassadeurs

ERASMUS

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Hugo Marquant

Établissement d’origine:Haute École Léonard de Vinci, Belgique

Domaine d’études/Intitulé du poste:Chef du bureau international (retraité)

Année d’activité en Erasmus:1986

Hugo Marquant a derrière lui trente années d’expérience dans l’organisation de pro-grammes européens. Il considère qu’Erasmus a une influence déterminante sur les étudiants et les enseignants qui y sont engagés pour trois raisons: «La première est l’accent mis sur la mobilité fonctionnelle qui permet aux étudiants hôtes d’entre-prendre les mêmes études que celles suivies par les étudiants locaux. La deuxième est l’accent mis sur la citoyenneté européenne et la troisième concerne l’indépen-dance et le développement de la confiance en soi qui permettent de prendre des initiatives et de faire des choix». Pour les étudiants qui l’entreprennent, un «séjour fonctionnel à l’étranger signifie participer, étudier, vivre et suivre les cours comme si on était un étudiant local. C’est l’essence même d’un échange Erasmus».

Avant de quitter son poste de chef du Bureau des relations internationales de son institution il a, avec les représentants de nombreuses autres universités, mis au point un diplôme de maîtrise commun et introduit le système européen de trans-fert et d’accumulation de crédits (ECTS), «un moyen pratique de résoudre les pro-blèmes de reconnaissance, qui tient compte du fait que tout le monde ne fait pas les mêmes choses en même temps». Chacune des initiatives prises par les univer-sités est née du programme Erasmus, à mesure que les institutions partenaires renforçaient leur collaboration. Dès le départ, alors que collègues et étudiants devaient encore être convaincus de la valeur d’une perspective européenne dans les études, la Haute École Léonard de Vinci «a acquis une stature et une réputa-tion internationales».

«Erasmus d’aujourd’hui, c’est l’Europe de demain»

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Marc Goffart

«Je n’avais jamais imaginé que les choses iraient si vite»

Établissement d’origine:Universiteit Gent, Belgique

Établissement d’accueil: Vrije Universiteit Amsterdam, Pays-Bas

Domaine d’études: Langues et littératures germaniques, formation d’enseignant

Durée: 3 mois (1990)

En 1990, Marc Goffart a quitté l’université de Gand pour aller passer trois mois à l’Université libre d’Amsterdam: il était l’un des tout premiers étudiants sélec-tionnés dans le cadre de la participation de son université au programme Erasmus. «J’avais entendu parler du programme juste un an auparavant. J’avais pensé: “comme ce sera bien pour mes enfants”. Je n’avais jamais imaginé que les choses iraient aussi vite et que j’en serais moi-même un des bénéficiaires».

Il a trouvé l’expérience enrichissante. «J’avais imaginé que la Flandre et les Pays-Bas étaient plus unis linguistiquement, culturellement et politiquement que ce n’était le cas. Cela m’a fait réfléchir à ma propre identité de Belge d’origine fla-mande et de langue maternelle néerlandaise». Il a été frappé par certaines diffé-rences majeures dans les méthodes d’enseignement: «Les Néerlandais insistent sur l’étude individuelle, les dissertations, les discussions en petits groupes, etc. alors que le système d’enseignement flamand était, à cette époque surtout, plus théorique et que les cours étaient davantage donnés ex cathedra.»

Revenu à Gand, il a participé à la fondation de la section locale du réseau des étu-diants Erasmus (ESN). Erasmus a été «l’un des atouts principaux qui m’ont permis d’obtenir ensuite un poste dans le département “relations internationales” de l’université». Erasmus lui a aussi ouvert «la porte de l’Europe» et l’a mené au poste qu’il occupe actuellement auprès de la Commission européenne. Il espère qu’un jour viendra où les responsables politiques nationaux seront en majorité des anciens étudiants Erasmus. «Ils seront plus ouverts à une perspective européenne et leur vision de la gouvernance sera plus large».

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Rumyana Todorova

Établissement d’origine:Université de Shumen, Bulgarie Шуменски университет, България

Domaine d’études/Intitulé du poste:Vice-Rectrice responsable des relations internationales et responsable des études en langue anglaise

Année d’activité Erasmus: 2003

Participer à des programmes d’échanges a permis à Rumyana Todorova d’ensei-gner dans de nombreuses universités. Dans chaque cas, l’expérience a été diffé-rente et «même si on pense connaître le milieu culturel qui va nous accueillir, quand on y est plongé, on constate qu’il y a toujours quelque chose de nouveau à apprendre». Ces expériences lui servent d’exemples pour ses étudiants en Bulgarie, en encouragent d’autres à participer à des programmes d’échange tout en enrichissant les cours qu’elle donne.

Son travail à l’étranger constitue à la fois une publicité pour l’université et une occasion de resserrer les liens avec les organisations partenaires. Elle s’était «attendue à ce que les échanges conduisent à des améliorations dans son pays d’origine, mais j’ai été surprise de constater que les normes sont similaires par-tout dans le secteur».

Son travail à l’université inclut la promotion du programme Erasmus auprès des enseignants et des étudiants. Son conseil aux étudiants se résume ainsi: «ce pro-gramme est quelque chose qu’ils ne doivent pas rater car ils n’auront probable-ment pas de seconde chance. C’est aussi une très bonne chose à mettre dans un curriculum vitae car les employeurs sont toujours à l’affût d’un “plus”». D’après son expérience, les étudiants qui participent à un échange Erasmus ont plus de chances auprès des employeurs «parce qu’ils ont démontré qu’ils sont capables de gérer des situations nouvelles et variées».

«Chaque expérience est différente et il y a toujours quelque chose de nouveau à apprendre»

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Boryana Klinkova

«Erasmus a changé ma vie»

Établissement d’origine: Université libre de Burgas, Bulgarie Бургаски свободен университет, България

Établissement d’accueil:Technische Universität Chemnitz, Allemagne

Domaine d’études: Langues étrangères

Durée:3 mois (2001)

Boryana Klinkova a fait partie du premier groupe d’étudiants de l’Université libre de Burgas qui a participé à un échange. En ce temps-là, personne ne savait très bien à quoi s’attendre puisqu’aucun étudiant de l’université ne s’était encore lancé dans un échange Erasmus. Avant de se rendre en Allemagne, elle connaissait l’Eu-rope de l’Ouest surtout par la télévision et la radio. Tout y était différent: les cours à l’université, le logement et la vie de tous les jours dans une ville différente. «J’ai dû tellement compter sur moi-même, sans le soutien de mes amis et de ma famille! J’ai été très fière de ce que j’ai accompli; l’adolescente que j’étais s’est transfor-mée en adulte grâce à ce programme».

À la fin de sa période de mobilité Erasmus, elle s’est vu proposer un poste auprès du Bureau international de son université d’accueil ainsi qu’une bourse en vue d’un second diplôme en Allemagne. Elle s’est engagée de plus en plus dans les affaires internationales et travaille à présent en tant que coordinatrice des pro-grammes internationaux auprès d’une autre université allemande. Dans cette fonc-tion, «J’apporte mon soutien aux jeunes pour leur permettre de partager l’expérience d’études faites à l’étranger. Mon équipe organise des programmes d’échanges pour plus de 700 étudiants par an, dont 400 participent au programme Erasmus».

Le programme d’échanges Erasmus ne l’a pas seulement menée à faire une carrière dans les échanges internationaux, il lui a également fait rencontrer son mari. «Si j’exa-mine l’évolution au cours de ces dix dernières années, je constate avec in térêt que bien des choses ont changé dans l’organisation d’Erasmus et je réfléchis à l’impact que tout cela a eu, tant sur ma vie personnelle que sur ma vie professionnelle».

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Milada Hlavácková

«Erasmus a ouvert des portes en Europe»

Établissement d’origine: Université technique d’Ostrava, République tchèque Vysoká škola báňská – Technická univerzita Ostrava, Česká republika

Domaine d’études/Intitulé du poste: Chargée de cours et coordinatrice Erasmus

Année d’activité Erasmus: 2004

Avant 1995, quelques étudiants étrangers seulement venaient en visite à l’Univer-sité technique d’Ostrava; depuis lors, Erasmus a bien changé les choses et a ouvert des portes pour l’université. Grâce à plus de 30 accords bilatéraux conclus par la faculté d’ingénierie, des étudiants peuvent à présent aller étudier partout en Europe pour compléter leur parcours d’études. En tant que coordinatrice de la faculté, Milada Hlaváčková s’occupe de l’organisation académique des échanges pour les enseignants et les étudiants qui participent à Erasmus. Selon elle, «la meilleure publicité pour la faculté, pour l’université et pour la République tchèque, ce sont les étudiants étrangers». Quant aux étudiants d’Ostrava qui se rendent à l’étranger, ils en reviennent avec «de meilleures connaissances linguistiques et quelque chose de différent qui les distingue des autres diplômés et qu’ils peuvent mettre dans leur curriculum vitae».

Lorsqu’elle a vu revenir en République tchèque des étudiants après leur séjour de mobilité, elle a pris conscience de l’importance de «la compréhension et de la coo-pération entre les pays et les cultures». Lorsque certains de ces étudiants trouvent un travail ou poursuivent leurs études localement, elle y voit «un résultat tangible de l’approche internationale de l’université. Sans le soutien pratique et financier de l’Union européenne, cela ne serait pas possible».

Outre l’aide qu’elle apporte aux étudiants et au personnel enseignant, sa propre participation à des cours intensifs lui a permis de mettre au point un nouveau matériel pédagogique et une version en langue anglaise du site web de la faculté. Elle a aussi acquis une meilleure compréhension des différences culturelles que rencontrent les étudiants lors de leur période de mobilité.

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Tomas Vitvar

Dans le cadre de son programme de doctorat, Tomas Vitvar avait accepté une mis-sion d’enseignement en Irlande. «Enseigner trois heures et organiser quatre séances de travaux pratiques par semaine, cela a été pour moi un travail exigeant qui m’a permis d’améliorer ma connaissance de la langue anglaise, de faire de très nombreuses rencontres et d’apprendre à vivre sans le soutien proche de ma famille et de mes amis».

Grâce à cette expérience à l’étranger, il a trouvé un emploi de consultant en Allemagne et a obtenu plus tard un poste de niveau postdoctoral à l’université nationale d’Irlande. A ce titre, il a dirigé une équipe internationale de chercheurs en provenance d’Europe, d’Asie et des États-Unis d’Amérique. Il a représenté la République tchèque lors des manifestations organisées à Bruxelles en 2002 pour fêter le premier million d’étudiants Erasmus. C’est là qu’il a rencontré son épouse qui représentait la Slovaquie. «Mon premier séjour à Cork en Irlande, en tant qu’étudiant Erasmus, a changé ma vie personnelle et m’a procuré une expérience qui me sert aujourd’hui dans mon travail».

Il continue de travailler auprès de communautés internationales. Après avoir passé trois ans et demi en Irlande, il s’est installé à Innsbruck en Autriche, où il a fait un séjour de trois ans. Depuis l’été 2011, il est devenu cadre technique auprès d’Oracle Corporation et son travail le conduit en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. «Mes dix années d’expérience internationale m’ont permis de constater que la réussite professionnelle dépend fortement de la compréhension et du respect mutuels. Des expériences comme celle du programme Erasmus sont le fondement d’une Europe véritablement intégrée, dans la mesure où elles créent des liens étroits entre les nations et les communautés».

Établissement d’origine:Université technique de Prague, République tchèque České vysoké učení technické v Praze, Česká republika

Établissement d’accueil: Cork Institute of Technology, Irlande

Domaine d’études: Informatique

Durée: 6 mois (2000)

«Le début de mon expérience internationale»

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Connie Væver

«Erasmus vous aide à créer votre propre communauté de spécialistes»

Établissement d’origine:VIA University College, Danemark

Domaine d’études/Intitulé du poste: Chargée de cours en design textile

Année d’activité Erasmus: 2007

Chargée de cours en design textile, Connie Væver travaille dans un domaine par-ticulier où les échanges d’étudiants ne sont pas très fréquents. Toutefois, lorsque s’est présentée l’occasion de travailler à l’étranger, elle a découvert des collègues très accueillants, prêts à échanger idées et connaissances. «Cette occasion de séjourner à l’étranger m’a permis de faire la connaissance de nouveaux collègues qui m’ont inspirée».

Lors de son premier séjour aux Pays-Bas, elle a découvert que beaucoup de choses lui étaient familières mais aussi que beaucoup de choses étaient différentes. «J’ai trouvé intéressant d’observer les méthodes de transmettre des informations aux étudiants, différentes de celles appliquées au Danemark». Le temps passé aux Pays-Bas lui a donné de l’inspiration et des idées pour ses propres étudiants et l’a aidée à «mettre en place des classes internationales». Il lui a aussi permis de mieux comprendre ce que vivent ses étudiants lorsqu’ils participent à un pro-gramme d’échanges.

Ses expériences l’ont également encouragée à envoyer encore plus d’étudiants à l’étranger, surtout pour travailler auprès d’entreprises spécialisées en design. Ainsi, «les étudiants d’un petit pays peuvent acquérir une vision plus globale, étof-fer leur curriculum vitae et devenir plus intéressants aux yeux des employeurs». Elle aimerait que tous ses étudiants saisissent l’occasion dune période de mobi-lité à l’étranger: après leurs programmes d’échanges, ils reviennent «différents, plus compétents, plus engagés. Ils ont souvent des idées et des approches nouvelles».

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Nina

Siig Simonsen

«Grâce à Erasmus, j’ai senti que je faisais partie de l’intégration européenne, politiquement, historiquement et surtout, culturellement parlant»

Établissement d’origine:Université de Roskilde, Danemark Roskilde Universitet, Danmark

Établissement d’accueil: Université Mykolas Romeris, Lituanie Mykolo Romerio universitetas, Lietuvos Respublika

Domaine d’études:Sciences politiques

Durée:4 mois (2009)

Au départ, Nina Siig Simonsen hésitait à aller étudier en Lituanie. Lorsqu’elle est arrivée dans ce pays, le temps était gris, pluvieux et froid. «Le soir du deuxième jour, nous avons rencontré nos mentors lituaniens et du coup, tout a paru plus gai. Ils nous ont dit que Vilnius serait en fleurs dès que le printemps arriverait et c’est ce qui s’est produit».

L’approche lituanienne des études est différente. «Au Danemark, j’avais été encou-ragée à porter un raisonnement critique et à travailler de façon indépendante. J’avais été formée à poser des questions à mes professeurs. J’ai réalisé que d’autres facteurs étaient tout aussi importants et que l’accent était mis surtout sur les connaissances et l’exploitation des informations». Son échange avait eu lieu dans le cadre de son diplôme en sciences politiques mais à son retour au Danemark, elle a changé de cap et a choisi un cursus en études européennes. Son expérience en Lituanie l’a menée à réfléchir à la culture et à l’histoire européennes et à la pos-sibilité de travailler dans un contexte européen.

Selon elle, le changement d’orientation dans ses études et le stage qu’elle a fait ensuite auprès du Bureau régional danois à Bruxelles n’auraient pas été possibles sans le programme Erasmus. «La valeur culturelle d’un échange ne s’acquiert pas par la lecture; il faut le vivre. La Lituanie me tient toujours à cœur. J’ai eu l’occasion de m’y faire de nouveaux amis venant de l’Europe entière et je me sens aujourd’hui plus européenne que je ne l’étais avant d’aller à Vilnius».

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Nina

Siig Simonsen Christiane Biehl

«Je souhaite que chaque génération d’étudiants puisse avoir cette chance»

Établissement d’origine:Universität zu Köln, Allemagne

Domaine d’études/Intitulé du poste: Chef de section pour les pro-grammes éducatifs européens

Année d’activité Erasmus: 1997

Après avoir fait une partie de ses études aux États-Unis dans les années 1990, Christiane Biehl a eu l’idée de faire carrière dans l’enseignement international. «Cette expérience a été extrêmement importante pour moi: elle m’a aidée à réflé-chir à mon mode de vie, à renoncer à de vieilles habitudes et à essayer des choses nouvelles. Je souhaite que chaque génération d’étudiants puisse avoir cette chance».

À l’université de Cologne, elle coordonne le programme Erasmus ainsi que d’autres programmes européens et promeut un réseau international d’anciens étudiants ayant participé au programme Erasmus. «Au fil des ans, l’université s’est servie du programme Erasmus pour créer des structures organisationnelles, reconnaître l’apprentissage des étudiants et faire augmenter le nombre des étudiants et des enseignants qui se rendent à l’étranger». Pour elle, l’augmentation du nombre d’étudiants a fait d’Erasmus «un élément normal de la vie universitaire et non quelque chose qui n’est destiné qu’aux meilleurs étudiants».

Elle a également exercé la fonction d’assesseur externe à Bruxelles pour le pro-gramme Socrates et celle d’expert national auprès du service allemand d’échanges universitaires (DAAD). En cette qualité, elle conseille les universités allemandes dans le cadre d’Erasmus et elle rencontre d’autres experts nationaux pour discu-ter de nouvelles possibilités d’améliorer les expériences Erasmus pour les ensei-gnants et les étudiants. «Pour mon université, Erasmus a normalisé les programmes de mobilité internationale, établi des structures d’appui aux échanges et motivé les étudiants. À maints égards, les enseignants et les étudiants considèrent comme un cadeau ou un privilège le fait de bénéficier de ces possibilités».

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Nina

Siig Simonsen Katja Krohn

Établissement d’origine: Universität Greifswald, Allemagne

Établissement d’accueil: Université d’Oviedo, Espagne Universidad de Oviedo, España

Domaine d’études: Littératures anglaise et américaine

Durée:5 mois (2007)

Étudier à l’étranger a permis à Katja Krohn de se rendre compte qu’elle était à la fois européenne et allemande. Pendant sa période de mobilité, elle a constaté que beaucoup de choses étaient différentes, tant dans les études qu’hors de l’univer-sité. «En Allemagne, j’avais l’habitude de passer des examens en fin de semestre mais en Espagne, j’avais des interrogations écrites toutes les deux semaines. Les différences culturelles étaient nombreuses, y compris l’heure du dîner. Au début, j’ai voulu comparer chaque chose à ce qui se pratiquait en Allemagne mais j’ai arrêté très vite».

«Lorsque je suis retournée dans mon université d’origine, j’ai réalisé combien j’avais changé. Le sentiment de faire partie d’un environnement international a disparu et j’ai souffert d’une sorte de dépression post-Erasmus que seuls ceux qui ont participé à un tel échange peuvent comprendre». Elle s’est alors inscrite à la section locale du Réseau des Étudiants Erasmus (ESN) pour rester en contact avec des étudiants internationaux, entretenir ses connaissances linguistiques et déve-lopper ses compétences en gestion. C’est ainsi qu’elle est devenue vice-prési-dente d’ESN Allemagne pendant un an, puis représentante de son pays lors de réunions internationales.

Elle est à présent installée à Bruxelles où elle exerce la fonction de vice-présidente d’ESN International. Son rôle consiste notamment à «former des étudiants, à venir en aide à d’autres étudiants afin qu’ils puissent se familiariser avec de nouvelles cultures et de nouvelles situations». Elle collabore avec de nombreuses agences nationales et compte visiter cette année la plupart des pays européens avant de réintégrer son université d’origine pour y achever ses études.

«Surmonter la dépression post-Erasmus»

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Sirje Virkus

«Erasmus a élargi nos connaissance en matière d’enseignement et d’apprentissage»

Établissement d’origine: Université de Tallinn, Estonie Tallinna Ülikool, Eesti

Domaine d’études/Intitulé du poste:Maître de conférence, coordinatrice départementale du programme Erasmus Mundus

Année d’activité Erasmus: 1999

Sirje Virkus a participé à des échanges Erasmus dès qu’ils ont été disponibles en Estonie, c’est-à-dire en 1999. La participation des étudiants et des enseignants, lente au début, ne cesse de progresser. «L’un des premiers résultats importants du programme de mobilité a été rapidement perceptible dans la faculté même, qui est devenue de plus en plus internationale». Grâce à des accords de partenariat dans plus de 15 pays, le corps enseignant peut aller donner des cours dans d’autres pays pendant une certaine période. Ces possibilités lui ont permis d’élargir ses connaissances dans de nombreux domaines professionnels et de se familiariser avec les méthodes d’enseignement et d’apprentissage suivies dans des institu-tions partenaires.

«Erasmus est l’un des programmes éducatifs phares de l’Union européenne et ce succès a conduit à de nouvelles collaborations». Pour elle, ce programme s’est traduit notamment par la création d’une maîtrise dans le cadre du programme Erasmus Mundus, une participation à des projets de recherche européens, des publications et des conférences. Parallèlement à une réflexion menée sur l’amé-lioration de l’assurance qualité, elle a contribué, en tant que membre du Conseil pour l’internationalisation de l’université, à intégrer un grand nombre de contacts professionnels à la vision stratégique qui est à la base du travail international à Tallinn.

Cette approche inclut le développement d’une mobilité virtuelle. «Comme la plu-part des étudiants universitaires travaillent tout en poursuivant leurs études, il peut leur être financièrement difficile d’aller étudier à l’étranger. Les séminaires virtuels donnent aux étudiants la possibilité de se faire une idée de cette vie». Quant à ceux qui vont effectivement étudier à l’étranger, elle les voit revenir au pays «plus sûrs d’eux et avec de meilleures connaissances linguistiques et internationales».

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Helen Margus

«Vous vous souviendrez de votre expérience à l’étranger toute votre vie»

Établissement d’origine:Université de Tallinn, Estonie Tallinna Ülikool, Eesti

Établissement d’accueil:Université of Ioannina, Grèce Πανεπιστήμιο Ιωαννίνων, Ελλάδα

Studienfach:Psychologie

Durée:5 mois (2005)

«Erasmus permet aux étudiants d’avoir une vie sociale ou une chance d’emploi sérieuse, ou encore les deux en même temps». Dans son pays, Helen Margus avait choisi de combiner travail et études universitaires. Se rendre en Grèce signifiait étudier à plein temps, apprendre une nouvelle langue, gérer sa vie et s’adapter à de nouvelles méthodes d’étude. «Ce n’est pas tant ce que j’ai appris que ce que j’ai vécu qui a été important. Les connaissances peuvent s’acquérir partout mais c’est l’ensemble de l’expérience qui compte. Je recommande à chacun de saisir cette chance car on s’en souvient toute la vie».

Grâce à sa période de mobilité Erasmus, elle a réussi à mener une vie loin du milieu familial et elle est devenue plus ouverte aux gens originaires d’autres pays. Grâce à ses progrès en langue anglaise, elle a pu se faire de nouveaux amis et résoudre des problèmes dans une autre langue que la sienne.

Après avoir obtenu son diplôme, elle a travaillé en tant qu’étudiante en psycholo-gie dans son université d’origine. Sa période de mobilité à l’étranger lui a permis de mieux comprendre les étudiants internationaux. Elle travaille à présent à titre privé en tant que psychologue et psychothérapeute clinicienne dans un centre de consultation. «Je sens que l’expérience d’une vie partagée au quotidien avec des gens différents m’a rendue plus compréhensive; j’ai acquis plus de courage et de confiance dans mon travail et dans ma vie sociale».

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Miriam Broderick

«Erasmus a résolu un grand nombre de nos problèmes»

Établissement d’origine:Dublin Institute of Technology, Irlande

Domaine d’études/intitulé du poste:Responsable du service des lan-gues et des études culturelles

Année d’activité Erasmus: 1989

En tant que spécialiste des langues dans un institut de technologie, Miriam Broderick a dispensé son enseignement pendant plus de 30 ans à des étudiants en ingéniérie, en sciences et en gestion d’entreprise. Avant l’existence d’Erasmus, elle avait déjà organisé de courts échanges et des stages pour les étudiants et fait participer son institut à de nombreux projets européens pour la jeunesse. «L’arrivée d’Erasmus a résolu un grand nombre de nos problèmes: la reconnais-sance des diplômes, une participation des étudiants à différents stades de leur formation et des stages de longue durée qui ouvraient des perspectives d’emploi. Erasmus a été pour nous la première occasion de concilier notre propre travail et une période de mobilité à l’étranger».

Erasmus a aussi offert d’autres possibilités aux enseignants et aux étudiants, par exemple «des rôles d’examinateurs externes auprès d’universités étrangères, la création de diplômes communs de maîtrise dans le cadre d’Erasmus Mundus, la mise en place d’un programme de soutien universitaire aux étudiants et aux ensei-gnants entrants; c’est aussi le début de nombreuses amitiés». Grâce à son enga-gement dans Erasmus, l’Institut de Technologie de Dublin a rapidement acquis une dimension internationale.

Au fil des ans, les échanges ne se sont plus limités à l’ingénierie, aux sciences et à la gestion d’entreprise: ils couvrent à présent un grand nombre de domaines de formation, entre autres le tourisme, les sciences de la nutrition et l’éducation de la petite enfance. «Les étudiants sont à présent bien plus enclins à voyager et grâce à une bonne préparation, ceux qui le font s’adaptent aisément. L’instauration d’évaluations continues et semestrielles a également beaucoup facilité la mobi-lité, à la fois pour les étudiants et pour les universités».

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Jessica Gough

«Je n’ai pas voulu me laisser arrêter par mon handicap»

Établissement d’origine:University of Limerick, Irlande

Établissement d’accueil: Université autonome de Barcelona, Espagne Universitat Autonòma de Barcelona, España

Domaine d’études:Langues appliquées

Durée:5 mois (2009)

Pour les étudiants qui suivent un cursus en langues étrangères appliquées, comme Jessica Gough, faire un stage à l’étranger est obligatoire mais comme elle est atteinte d’infirmité motrice cérébrale, elle pouvait choisir de rester en Irlande. «J’ai décidé d’y aller. Comme je suis quelqu’un qui n’abandonne pas, j’ai voulu relever le défi. Je n’ai pas voulu me laisser arrêter par mon handicap. Je crois qu’en fait, il m’a ren-due encore plus déterminée à faire de mon expérience Erasmus une réussite».

Vivre loin de chez elle pendant cinq mois et devoir engager une auxiliaire de vie pour l’aider dans les activités de la vie quotidienne ont été «des obstacles à sur-monter. J’étais absolument déterminée à faire de cette occasion magnifique un succès». Ayant choisi d’étudier le gaélique, le français et l’espagnol en Irlande, elle a profité de sa période de mobilité à l’étranger pour apprendre le catalan paral-lèlement à ses cours d’espagnol, de français et de traduction. Elle a également fait un stage Comenius dans une école primaire en France. Au cours de ce stage, elle a entendu parler de l’occitan, une des langues régionales de France. Le contact avec les langues catalane et occitane l’a poussée à choisir les langues régionales comme sujet pour son mémoire de fin d’études.

Elle sait qu’elle a «prouvé qu’elle est capable de vivre et d’étudier de manière auto-nome dans un autre pays européen», et elle en a «acquis de l’envergure». «La déci-sion de profiter de l’expérience Erasmus a changé ma vie de nombreuses façons et a eu un impact énorme sur mes parcours, universitaire et personnel». Après avoir obtenu son diplôme en 2011, elle est aujourd’hui assistante de langue anglaise dans une école primaire du sud de la France.

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Katerina Galanaki-Spiliotopoulos

«Mon slogan Erasmus: ayez des ambitions»

Établissement d’origine: Université d’économie et de com-merce d’Athènes, Grèce Οικονομικό Πανεπιστήμιο Αθηνών, Ελλάδα

Domaine d’études/Intitulé du poste:Responsable des relations internationales

Année d’activité Erasmus:1987

Grâce aux nombreux accords de partenariat que Katerina Galanaki-Spiliotopoulos a conclus, l’université d’économie et de commerce d’Athènes est devenue une université véritablement européenne. Au cours de ses années passées dans cette université, elle a vu augmenter le nombre des étudiants inscrits chaque année de 3 à 300. Cependant, établir des partenariats prend beaucoup de temps. «Avant de rendre visite à un nouveau partenaire Erasmus, je rassemble des informations sur l’établissement, sa structure académique, ses programmes d’études, les pro-blèmes linguistiques et les ressources proposées aux étudiants. Mon but est de rassembler autant de renseignements que possible afin de mettre en place un nou-veau dispositif Erasmus qui offre une mobilité de bonne qualité aux étudiants.»

Si Erasmus est bénéfique aux étudiants, elle en a aussi ressenti les effets positifs dans sa propre vie. «J’ai noué d’excellentes relations, je me suis fait de très bons amis et j’ai rencontré des collègues merveilleux dans toute l’Europe. Nous avons toujours de bons contacts et nous nous faisons mutuellement confiance. Nous par-venons toujours à résoudre les problèmes de nos étudiants, dans un esprit de compréhension et d’excellente coopération». Cet élément personnel a été essen-tiel pour faire démarrer le programme d’échanges Erasmus.

Les dispositions entre universités partenaires, souvent standard, ne le sont pas tou-jours: «Nous avons remarqué des différences avec certaines universités, principa-lement dans leur calendrier académique qui peut constituer un obstacle à la mobilité et un problème pour le logement et les habitudes culturelles». Selon Katerina, de bonnes relations personnelles peuvent aider les étudiants à résoudre des problèmes pratiques, tandis que le Système européen de transfert et d’accumulation de cré-dits (ECTS) permet d’accommoder les différences académiques.

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Maria Kaliambou

«Erasmus a changé ma vie»

Établissement d’origine:Université Aristotle de Thessalonique, Grèce Αριστοτέλειο Πανεπιστήμιο Θεσσαλονίκης, Ελλάδα

Établissement d’accueil: Ludwig-Maximilians-Universität München, Allemagne

Domaine d’études:Archéologie/Étude du folklore

Durée:6 mois (1995)

Un échange Erasmus a aidé Maria Kaliambou à choisir le sujet de sa thèse de doc-torat. En Allemagne, «j’ai trouvé une faculté qui proposait une formation n’exis-tant pas dans mon pays. C’est ce qui m’a décidée à retourner en Allemagne après avoir obtenu mon premier diplôme en Grèce». Après son doctorat, récompensé par le Prix Lutz Röhrich en 2006 pour la meilleure thèse en langue allemande sur la littérature orale, elle a poursuivi ses recherches postdoctorales en France. Maria a ensuite achevé sa formation postdoctorale à l’université de Princeton aux États-Unis et occupe aujourd’hui un poste de maître de conférences à l’université de Yale. «Je n’exagère pas en disant qu’Erasmus a changé ma vie».

Ses fonctions actuelles lui permettent de rencontrer de nombreux étudiants qui envisagent d’aller étudier à l’étranger. «Je peux transmettre à la génération sui-vante le message que les avantages personnels et professionnels d’un programme d’échanges universitaires durent toute la vie». Son expérience Erasmus lui a éga-lement permis de mieux comprendre les perspectives européennes, une qualité bien utile puisqu’elle est souvent amenée à parler de l’Europe aux étudiants.

Ce programme d’échanges lui a appris beaucoup de choses sur le plan professionnel mais aussi sur le plan personnel. «Lorsque je suis rentrée, je me suis sentie une per-sonne différente. Je ne pense pas qu’il soit donné à tout le monde de se débrouiller tout seul à l’étranger, sans la sécurité de l’environnement familier. Pour aller vivre à l’étranger, y étudier et, bien entendu, y réussir, il faut prendre une décision en toute conscience, même si au début, on ne sait pas trop dans quoi on s’embarque. Au cours de ce voyage, on apprend à avoir foi, patience et persévérance».

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Fidel Corcuera Manso

«Une importante contribution à l’identité européenne»

Établissement d’origine:Université de Saragosse, Espagne Universidad de Zaragoza, España

Domaine d’études/Intitulé du poste:Professeur/Directeur du départe-ment d’études françaises

Année d’activité Erasmus:1987

«Le développement du Programme Erasmus a été essentiel pour l’édification d’une communauté d’étudiants et d’enseignants. Il a contribué à former une identité commune fondée sur l’éducation et la culture». Pour Fidel Corcuera Manso, l’ins-tauration et le développement du programme Erasmus ont permis d’améliorer non seulement les connaissances académiques mais aussi les compétences linguis-tiques et culturelles des étudiants et des enseignants. Grâce à ce programme, la collectivité de l’enseignement a su «se mobiliser pour mettre des choses au point ensemble, tout en reconnaissant les différences là où elles se trouvent».

Il a toujours existé des passionnés prédisposés à participer à des programmes d’échanges et à des recherches d’envergure internationale. En 1992, le Traité de Maastricht a marqué le début d’une période de développement pour le programme Erasmus. À l’université de Saragosse, l’internationalisme entre alors dans la vie quotidienne. «Ce qui était vu auparavant comme quelque chose d’exotique, c’est-à-dire la présence d’étudiants étrangers, a commencé à faire partie de la vie de tous les jours».

Grâce à son travail auprès du Comité Espagnol Universitaire de Relations Internationales (CEURI) dont il a été membre fondateur, il a contribué à la mise en place d’une stratégie et de politiques communes de mobilité des enseignants et des étudiants dans toutes les universités espagnoles. Au cours de ses 25 années d’expérience dans le développement de programmes européens de mobilité, il a pu constater l’importance du rôle de l’enseignement dans l’édification d’une iden-tité européenne commune. «Erasmus ne permet pas seulement de propager le savoir académique: les étudiants peuvent améliorer leur connaissance des lan-gues et la compréhension d’autres cultures, d’autres modes de vie. Ils apprennent à apprécier cette identité européenne commune, à respecter et à comprendre toutes les différences qui font de l’Europe un continent exceptionnel».

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Tomás Sánchez López

Établissement d’origine: Université polytechnique de Valence, Espagne Universitat Politècnica de València, España

Établissement d’accueil:Université métropolitaine de Sciences appliquées d’Helsinki, Finlande Metropolia Ammattikorkeakoulu, Suomi

Domaine d’études:Informatique

Durée:12 mois (2002)

Tomás Sánchez López a connu le programme Erasmus au cours de sa dernière année de maîtrise. «Sans aucun doute, cette année-là a été la meilleure de ma vie universitaire; j’ai pu profiter de possibilités qui n’existaient pas dans mon université d’origine et me faire de nombreux bons amis. J’ai fait l’expérience de nouvelles méthodes de travail dans une culture différente» et «l’année Erasmus m’a donné une nouvelle vision du monde, au-delà de mon pays d’origine et même de l’Europe».

Au cours de son année passée à l’étranger, il a demandé une bourse pour pouvoir terminer son doctorat en Corée du Sud. Cette expérience internationale lui a pro-curé une place en postdoctorat à l’université de Cambridge au Royaume-Uni. Aujourd’hui, il exerce des fonctions de cadre supérieur auprès d’EADS, un leader mondial dans les secteurs de l’aéronautique et de l’espace. Comme son travail implique une étroite collaboration avec certaines universités d’Europe, avoir fait ses études dans trois pays différents lui procure un réel avantage. «Il n’y a aucun doute dans mon esprit: sans la chance initiale d’aller explorer un autre pays de l’Union européenne en tant qu’étudiant Erasmus, je ne serais pas aujourd’hui là où je suis et mieux, je ne serais pas la personne que je suis».

Le programme Erasmus l’a sans aucun doute aidé à devenir plus mobile. «Je pense que ma carrière internationale va se poursuivre encore un certain temps mais je voudrais retourner un jour en Espagne. Dans l’environnement financier actuel, pouvoir inscrire dans son curriculum vitae quelque chose qui vous distingue des autres candidats est un réel atout. Erasmus en est un».

«Une nouvelle vision du monde»

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Nathalie Brahimi

«Cela “booste” notre manière d’enseigner»

Établissement d’origine:Lycée Ozenne, Toulouse, France

Domaine d’études/Intitulé du poste:Commerce international

Année d’activité Erasmus:2007

«Richesse, partage et plaisir», sont les mots qui viennent à l’esprit de Nathalie Brahimi lorsqu’elle évoque sa période de mobilité Erasmus. Cette expérience a répondu à deux objectifs. «Le premier était de bâtir un partenariat permettant des échanges pour nos propres étudiants. J’ai aussi profité de cette occasion pour donner des cours aux Pays-Bas». Au Lycée Ozenne en France, où elle enseigne déjà le commerce international en anglais, elle voulait que ses étu-diants puissent acquérir davantage d’expérience de cette langue et baigner dans une autre culture. Elle cherchait donc un partenaire anglophone proposant des cours dans le même domaine. Cette recherche l’a emmenée à l’Université Saxion aux Pays-Bas.

«De retour en France, j’ai parlé à mes collègues d’autres sections du lycée et les ai motivés à s’engager dans Erasmus». À présent, trois des sections de ce lycée ont des partenariats avec huit établissements aux Pays-Bas, au Portugal, en Espagne, en Turquie et en Allemagne, auxquels viendra bientôt s’ajouter un par-tenaire Roumain. En deux ans, 21 étudiants et 11 enseignants du lycée ont par-ticipé au programme de mobilité Erasmus qui est une «inépuisable source d’enrichissement». Elle n’hésiterait pas à le recommander à d’autres établisse-ments. «Naturellement, il peut y avoir quelques hésitations au début, du fait du travail à fournir mais les résultats compensent largement l’engagement. Nous découvrons d’autres méthodes pédagogiques et d’autres cultures. Et cela booste notre manière d’enseigner. Cela casse la routine et fait progresser.» Par-dessus tout, Erasmus est apprécié par ses propres étudiants. «C’est véritablement leur enthousiasme et leurs témoignages qui m’ont motivée pour continuer à chercher des partenaires pour de nouveaux échanges».

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Julien Pea

«Erasmus augmente les opportunités et les émotions»

Établissement d’origine:Université de Franche-Comté, France

Établissement d’accueil: University of Birmingham, Royaume-Uni

Domaine d’études:Langues, lettres et civilisation des pays anglophones

Durée:9 mois (2003)

Avant de se lancer dans un échange Erasmus, Julien Pea avait l’intention de deve-nir professeur d’anglais. Erasmus a tout changé. «À mon retour, je me suis rendu compte que je voulais autre chose. Je voulais me rendre utile aux nouveaux étu-diants inscrits dans mon université d’origine». C’est ce qui l’a fait choisir un enga-gement bénévole auprès du Réseau des Étudiants Erasmus (ESN) et lui a valu, en 2006, un poste de niveau national. Avec son équipe, il a organisé l’assemblée générale annuelle de l’ESN en 2008, accueillant ainsi en France plus de 500 repré-sentants d’associations estudiantines.

Pendant sa période de mobilité à l’étranger, il a décidé d’habiter avec des étu-diants locaux plutôt qu’avec des étudiants internationaux. «Cela m’a ouvert une perspective différente sur le mode de vie britannique. Cela m’a aidé à me rendre compte des différences culturelles, à comprendre les accents et à prendre conscience des nombreux problèmes que des malentendus peuvent provoquer.»

Il travaille aujourd’hui auprès d’un centre d’information sur l’Union européenne (Europe Direct) en France. Son expérience Erasmus continue à l’aider dans son travail et dans ses activités bénévoles auprès de l’ESN. Rétrospectivement, il lui apparaît qu’Erasmus a modifié ses plans de carrière et ses aspirations. «Du point de vue social, les bénéfices d’un échange Erasmus, et ils sont nombreux, changent le regard qu’on porte sur les choses. Erasmus m’a poussé à en faire davantage, il m’a offert des possibilités, il a éclairé mon choix de carrière et la perception que j’avais de moi-même».

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Ann Katherine Isaacs

«L’impact d’Erasmus a été énorme»

Établissement d’origine: Université de Pise, Italie Università di Pisa, Italia

Domaine d’études/Intitulé du poste:Histoire/Professeur associé en Histoire des débuts de l’époque moderne

Année d’activité Erasmus: 1989

Ann Katherine Isaacs, professeur d’Histoire et chercheur à l’université de Pise, a coordonné ou contribué à de nombreux projets Erasmus, effectuant elle-même neuf périodes de mobilité Erasmus à titre d’enseignante. Elle a commencé en 1989 en participant au projet pilote de mise en œuvre du système d’unités capitalisables ou «crédits» transférables dans toute l’Union européenne (ECTS); elle y est toujours active puisqu’elle a contribué à la rédaction du nouveau Guide de l’utilisateur de l’ECTS, un système désormais utilisé par des millions de personnes. «J’ai été très privilégiée de pouvoir contribuer à la création de l’Espace européen de l’Enseigne-ment supérieur et de pouvoir le relier à l’Espace européen de la Recherche», recon-naît-elle. «En y repensant, je vois maintenant l’importance de ces premières étapes de l’ECTS et de la mobilité des enseignants dans le cadre d’Erasmus».

Au fil des ans, elle a trouvé les programmes Erasmus intensifs particulièrement ins-tructifs: «Ils étaient comme un laboratoire où l’on travaillait à comprendre les diffé-rents intérêts, les modes de recherche et les styles d’enseignement dans différents pays». De ses observations est sortie une série de projets rassemblés sous le sigle CLIOH (Creating Links and Overviews for a New History Agenda), qui regroupe les réseaux européens académiques pour la diffusion des sciences historiques, CLIOHnet2 (lauréat du prix Erasmus d’or en 2009), CLIOHRES et CLIOHWORLD.

Elle préside actuellement le groupe «Histoire» du projet Tuning, un processus de mise au point de lignes d’orientation et de repères pour améliorer la qualité de l’enseignement supérieur et elle a contribué à la diffusion de ce projet sur d’autres continents. Selon elle, «l’impact d’Erasmus a été énorme. J’ai eu la grande satis-faction de pouvoir y participer et d’y apporter les changements qui s’imposaient». Quant à l’avenir du programme, son vœu est: «faisons en sorte qu’il fonctionne de mieux en mieux et persévérons».

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Maurizio Oliviero

«Chacun de nous peut contribuer à rendre le monde meilleur»

Établissement d’origine:Université de Pérouse, Italie Università degli Studi di Perugia, Italia

Établissement d’accueil:Université d’Alicante, Espagne Universidad de Alicante, España

Domaine d’études: Droit

Durée:9 mois (1988)

Un échange Erasmus à Alicante, en Espagne, allait ouvrir un monde de possibi-lités à Maurizio Oliviero. Le jeune étudiant en droit de Pérouse s’est mis en route pour aller voir comment ses pairs étudiaient pour devenir juristes et pour «ren-contrer l’Europe en chair et en os».

«J’ai trouvé très facile de vivre dans un autre pays» se rappelle-t-il. «Lorsqu’on est jeune et idéaliste, tout est facile. Si tous les jeunes pouvaient avoir la possi-bilité d’entrer en contact avec d’autres cultures, il y aurait bien moins de pro-blèmes d’intolérance dans le monde».

Son premier contact avec un autre modèle de droit a suscité en lui un profond intérêt pour les divers systèmes juridiques et il a décidé que sa thèse aurait pour sujet la réforme constitutionnelle en Espagne. L’Espagne l’a fasciné pour sa tolé-rance à l’égard des systèmes juridiques, juif, chrétien et islamique, qui existent côte à côte. «L’Histoire montre que nous pouvons vivre ensemble, nous en avons fait l’expérience. Lorsque je suis revenu en Italie, j’ai demandé à mon professeur de me permettre d’approfondir mon étude du système juridique islamique dans des pays arabes et j’ai entrepris d’étudier l’arabe».

Il est à présent professeur de droit comparé à l’université de Pérouse et en tant qu’expert en droit islamique, il fait partie du groupe qui élabore la Constitution palestinienne. Il contribue également à la réforme du système juridique de l’Afghanistan et participe à la formation de juges afghans.

Ses neuf mois passés à Alicante ont été «exceptionnels, essentiels et colorés» dit-il. Ils l’ont aussi confirmé dans son admiration pour Don Quichotte, le héros légendaire qui se lançait à l’assaut des moulins à vent, persuadé d’avoir affaire à des géants. «C’était un bon poste et il l’est toujours. Chacun de nous peut contri-buer à rendre le monde meilleur, à condition de disposer des bons outils et d’une bonne stratégie».

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Maria Hadjimatheou

«Les étudiants reviennent plus positifs, plus confiants et plus indépendants»

Établissement d’origine: Université de Chypre, Chypre Πανεπιστήμιο Κύπρου, Κύπρος

Domaine d’études/Intitulé du poste:Assistante administrative au Bureau des Programmes internationaux d’apprentissage tout au long de la vie, Service Recherche et relations internationales

Année d’activité Erasmus:1999

Pendant 12 ans, Maria Hadjimatheou avait entendu des étudiants raconter leur expérience Erasmus. Comme elle travaillait au service Erasmus de l’université de Chypre, elle n’avait jusque là connaissance des autres universités que par leur site Internet. Lorsque s’est présentée à elle l’occasion de poser sa candidature pour un stage de formation Erasmus, elle a été acceptée et s’est rendue à l’étran-ger pour la première fois de sa vie. Son séjour à Vienne a été «extraordinaire et inoubliable. J’ai eu la chance de vivre une expérience comme celle décrite par les étudiants». Elle a pu ainsi mieux les comprendre: «Être loin de ma famille, me sen-tir étrangère, avoir un sentiment d’insécurité, téléphoner chez moi pour dire que j’étais bien arrivée, toutes ces choses dont parlent les étudiants».

Alors que de très nombreux étudiants de l’université de Chypre habitent chez eux pendant leurs études, elle a réalisé combien le changement était grand pour eux lorsqu’ils devaient apprendre à se débrouiller seuls et à organiser leurs propres finances. Grâce à son expérience, elle comprend beaucoup mieux ce que vivent les étudiants et pourquoi ils reviennent à Chypre «plus positifs, plus confiants et plus indépendants».

Depuis son retour à l’université de Chypre, elle met à profit ce qu’elle a appris de son stage de formation pour aider les étudiants à utiliser les systèmes d’inscrip-tion en ligne à Erasmus et pour améliorer le service au sein de l’université. «J’ai aussi encouragé d’autres membres du personnel à participer à une formation Erasmus: c’est une expérience extraordinaire et inoubliable».

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Stavroulla Antoniou

«Erasmus change la manière dont on voit la vie»

Établissement d’origine:Université de Chypre, Chypre Πανεπιστήμιο Κύπρου, Κύπρος

Établissement d’accueil: Université des Études de Rome Trois, Italie Università Degli Studi Roma Tre, Italia

Domaine d’études:Langue anglaise et études comparatives

Durée:6 mois (2004)

L’Italie est un des pays de prédilection des étudiants Erasmus de Chypre. Stavroulla Antoniou a donc eu l’occasion d’en parler à d’autres étudiants et de compléter ses informations avant d’entreprendre sa période de mobilité. «J’ai eu un certain choc quand j’ai découvert que la plupart des cours se donnaient en italien mais, à ma grande surprise, je suis parvenue au fil du temps à suivre les cours et à prendre des notes». Il ne faut pas seulement se familiariser avec de nouvelles approches: «il faut aussi investir beaucoup de travail personnel: pour faire connaissance avec une nouvelle ville, ses environs, les gens, les condisciples, les colocataires, les professeurs et un nouveau mode de vie».

Elle avait «toujours rêvé de faire un séjour à l’étranger et Erasmus a été l’occasion idéale. Le programme offrait une reconnaissance académique, une bourse appré-ciable, la chance d’apprendre des langues ou d’améliorer les connaissances lin-guistiques et, bien sûr, de faire de nombreux voyages». En dépit de la certitude de prendre part à un programme d’échanges bien établi, «Erasmus est dans une grande mesure un acte de foi, un plongeon dans l’incertain et un voyage dans l’inconnu. J’ai un grand respect pour tous les étudiants Erasmus car ils entre-prennent quelque chose dont d’autres se contentent de parler».

Sa période de mobilité l’a encouragée à terminer sa maîtrise en politique euro-péenne et lui a permis d’obtenir son poste actuel de coordinatrice Erasmus à la faculté de technologie de l’Université technique de Chypre. À ce titre, elle avertit les étudiants: «Erasmus ne changera pas leur vie mais changera indubitablement la manière dont ils la voient. On peut se sentir à l’aise dans presque tous les coins d’Europe grâce au programme Erasmus».

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Aleksejs Naumovs

«Il est important de permettre à nos étudiants de choisir»

Établissement d’origine: Académie des Arts de Lettonie, Lettonie Latvijas Mākslas akadēmija, Latvija

Domaine d’études/Intitulé du poste:Recteur

Année d’activité Erasmus:1999

Aleksejs Naumovs a été surnommé «le père du programme Erasmus» par ses col-lègues de l’Académie des Arts de Lettonie (AAL). Depuis 1999, il travaille inlassa-blement à multiplier les échanges internationaux pour ses enseignants et ses étudiants; déjà près de 70 accords ont été conclus avec des établissements d’enseignement des arts dans toute l’Europe. Chaque semestre, près de 60 étu-diants de l’AAL bénéficient d’échanges avec l’étranger, tandis que 20 à 25 étudi-ants viennent en Lettonie. Désormais recteur de l’AAL, il dit: «Je me suis efforcé d’être très actif en cherchant des moyens d’établir de nouveaux contacts pour l’académie. Rien ne remplace les contacts personnels».

Son but est de promouvoir l’AAL – et son pays – aussi largement que possible et de donner à ses étudiants un plus grand choix de possibilités d’aller étudier à l’étranger. «Il est important de permettre à nos étudiants de choisir» affirme-t-il. «Nous collaborons aussi dans le but d’élargir les échanges de compétences et les projets de coopération» ajoute-t-il.

Parmi les nombreux avantages tirés des contacts établis au fil des ans, on peut citer les expositions destinées aux étudiants hôtes sur le thème des échanges d’étudiants, organisées à Mayence, Nuremberg et Riga L’AAL a également parti-cipé à des festivals culturels à St-Etienne et à Strasbourg en France, ainsi qu’à un programme intensif Erasmus organisé par le conservatoire de musique de Cuneo en Italie.

Il ramène des idées inspirées de ce qu’il observe à l’étranger et encourage ses enseignants et ses étudiants à faire de même. «Je dis à mes enseignants et à mes étudiants que nous avons besoin d’expériences nouvelles, que nous devons savoir comment les choses se passent dans d’autres écoles. Je leur demande de parta-ger leur expérience à leur retour et d’introduire dans notre propre système d’enseignement ce qu’ils ont appris».

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Madara Apsalone

«J’ai appris qu’il ne faut jamais sous-estimer la diversité de l’Europe»

Établissement d’origine:Université de Lettonie, Lettonie Latvijas Universitāte, Latvija

Établissement d’accueil:Copenhagen Business School, Danemark

Domaine d’études: Gestion générale/Économie internationale

Durée: 5 mois (2006)

Récemment rentrée chez elle après avoir obtenu un MBA auprès d’une grande école de commerce de l’État d’Arizona aux Etats-Unis, Madara Apsalone n’oublie pas comment Erasmus – en plus d’une bourse accordée par sa propre université – l’a aidée à entreprendre une carrière internationale. «Sans Erasmus, des études à l’École de Commerce de Copenhague, située dans l’une des villes les plus chères d’Europe, auraient été hors de portée pour moi».

À Copenhague, en 2006, l’étudiante en gestion et en économie a dû s’adapter à une culture d’études en équipe. «En Lettonie, c’est beaucoup plus théorique. Au Danemark, nous n’avions même pas d’examens pour certains cours; nous étions jugés sur les performances de notre équipe. C’était très neuf pour nous; nous devions gérer toutes les dynamiques de l’équipe». Cette expérience lui a «ouvert une perspective plus large sur la vie… J’ai appris qu’il ne faut jamais sous-estimer la diversité de l’Europe». C’est ce qui l’a également poussée à faire une nouvelle demande d’échange, en Californie cette fois.

Désireuse d’aider les autres à tirer le maximum de leur expérience d’échange, elle s’est aussi investie dans le réseau d’étudiants Erasmus (ESN), «sans doute la deuxième meilleure initiative de la Commission européenne en matière d’en-seignement supérieur, outre les programmes de mobilité proprement dits». Elle a contribué à améliorer la structure et le profil de l’ESN, avant de s’associer à cinq autres membres de l’ESN pour diriger le PRIME, un projet financé par la Commission européenne pour résoudre les problèmes de reconnaissance des cours et son successeur, le PRIME II pour lequel elle est conseillère internatio-nale. «Mon expérience de l’ESN m’a appris que les étudiants peuvent eux aussi trouver d’excellents moyens d’améliorer la mobilité internationale et la compré-hension transculturelle.»

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Vilma Leonaviciene

«Je reviens des idées plein la tête»

Établissement d’origine:Université lituanienne des Sciences de l’Éducation, Lituanie Lietuvos edukologijos universitetas, Lietuva

Domaine d’études/Intitulé du poste:Langue et culture lituaniennes/ Maître de conférence

Année d’activité Erasmus:2005

«Erasmus est devenu une bonne part de moi-même, de mon travail et de ma pra-tique» affirme Vilma Leonaviciene, responsable du centre de la langue et de la culture lituaniennes à l’université pédagogique de Vilnius, principal établisse-ment de formation d’enseignants du pays, où elle organise des cours de langues depuis 1998.

Passionnée d’enseignement de la langue lituanienne et auteur de nombreux manuels, elle donne cours aux étudiants Erasmus dans son université depuis l’an-née 2000 et leur fait connaître la langue, la culture et le contexte social de la Lituanie. Depuis 2005, elle organise également des cours intensifs Erasmus de langues (CIEL) pendant l’été, qui sont devenus les cours CIEL les plus populaires de Lituanie. «Après ces cours, je me sens plus forte et plus courageuse» constate-t-elle. «Quand on a fini d’enseigner à un groupe qui rassemble vingt nationalités ou davantage, cela paraît si facile ensuite de donner cours à des étudiants litua-niens seulement».

Elle se rend une fois par an à l’université de Wroclaw, en Pologne, dans le cadre de la mobilité des enseignants, où elle a enseigné la langue et l’histoire litua-niennes en 2004. Elle y observe les différences institutionnelles et affines sa méthode d’enseignement en collectant des informations qui lui sont utiles à son retour dans son pays. «C’est comme un cercle. Sans cesse, je retransmets et répands des idées à mes étudiants ici. Je reviens des projets plein la tête».

Plus récemment, elle s’est engagée dans un nouveau projet en Lituanie: Erasmus pour les écoles secondaires; dans ce contexte, d’anciens étudiants Erasmus se rendent dans des établissements de l’enseignement secondaire pour y retracer leurs expériences et inspirer les élèves. «Erasmus donne la possibilité de mettre en question toute une gamme de stéréotypes, de représenter son propre pays et de partager des idées».

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Vilma Leonaviciene

Tadas Zukas

«Cette expérience m’a ouvert un nouveau monde»

Établissement d’origine:Université Mykolas Romeris de Lituanie, Lituanie Mykolo Romerio universitetas, Lietuva

Établissement d’accueil:Christian-Albrechts-Universität zu Kiel, Allemagne

Domaine d’études: Droit

Durée: 6 mois (2001)

Lorsque Tadas Zukas a participé à un échange Erasmus à Kiel en 2001, son pays de destination lui était quasiment inconnu mais «il était peu éloigné de la Lituanie et c’était un des rares partenariats que nous avions établis». Il a appris que la faculté de droit de cette université jouissait d’une réputation internationale.

Curieux et ambitieux, il a été impressionné par les ressources disponibles. «J’étudiais dans un jeune petit pays qui était en pleine réforme de sa législation et il n’y avait pratiquement pas de livres alors que, quand je suis arrivé en Allemagne, j’ai constaté qu’il y avait 20 livres sur chaque sujet et des centaines d’années d’ex-périence». Il a assisté à autant de cours qu’il le pouvait et a énormément étudié. Ce qui l’a le plus frappé, c’est le contact amical entre professeurs et étudiants. «Les examens ne provoquaient pas cet immense stress que l’on ressent lorsque le professeur cherche à découvrir ce qu’on ne sait pas» se rappelle-t-il. Il a obtenu les meilleures notes puis est rentré chez lui et a terminé ses études en tête de sa promotion. Un an plus tard, il était désigné par la Commission européenne pour représenter le millionième étudiant Erasmus en Lituanie.

«Cette expérience m’a ouvert un nouveau monde» affirme-t-il. Après avoir obtenu son diplôme, il a reçu une bourse qui lui a permis de devenir titulaire d’une maî-trise (LLM) en droit commercial international à Zurich où il a également travaillé au département juridique de la société Siemens. Quelques années plus tard, il a réussi l’examen du Barreau à Vilnius et a obtenu avec la plus grande distinc-tion son doctorat en droit à l’université de Lucerne en Suisse. Il travaille à présent pour un grand cabinet suisse d’avocats et a récemment terminé un stage à New York. «En repensant à ces 10 années, je peux à présent relier tous les points et voir que mon échange Erasmus a constitué la première étape de ma carrière internationale».

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Lucien Kerger

«Il est parfois plus facile d’édifier une nouvelle université que de modifier les structures d’une institution vieille de 500 ans»

Établissement d’origine: Université du Luxembourg, Die Universität Luxemburg, Luxembourg

Domaine d’études/Intitulé du poste:Vice-président (retraité)

Année d’activité Erasmus: 1998

Avec une population d’à peine un demi-million d’habitants, il est naturel que le Luxembourg se tourne vers l’extérieur. De 1998 à 2003, Lucien Kerger a été direc-teur de l’institut supérieur d’études et de recherches pédagogiques et a conclu plus de 40 accords de mobilité étudiante. «Il fallait que les professeurs portent leur regard au-delà des frontières de notre petit pays. Quarante-deux pour cent de notre population étudiante sont d’une autre nationalité; si les professeurs veulent établir un contact avec les étudiants, ils doivent avoir vu d’autres horizons».

Les partenariats lui ont donné un aperçu d’autres programmes universitaires et d’autres systèmes d’enseignement: ces informations se sont révélées bien utiles en 2003 lorsque le pays a créé sa propre université. Il est alors devenu doyen de la faculté des Lettres et, en 2008, vice-président des affaires académiques. Un des principes fondateurs de l’université est que tous les étudiants qui suivent un cursus universitaire de niveau «bachelor» doivent faire une partie de leurs études à l’étranger. «Nous avons estimé que c’était nécessaire pour ceux qui avaient suivi un cursus au Luxembourg seulement. C’était surtout un projet complètement fou: personne ne pensait que ce serait possible». Le résultat a été remarquable: 96 % des étudiants participent à présent à des échanges internationaux dont les deux-tiers sont des étudiants Erasmus.

Les effets d’Erasmus ont été «entièrement positifs» dit-il. «Grâce à nos contacts internationaux, nous avons pu éviter les erreurs commises dans d’autres univer-sités. Nous avons appris par l’expérience comment mettre en place une structure de mobilité et un suivi des étudiants. Il est parfois plus facile d’édifier une nouvelle université que de modifier les structures d’une institution vieille de 500 ans».

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Matthieu Cisowski

«J’ai côtoyé des gens que je n’aurais jamais rencontrés dans d’autres circonstances»

Établissement d’origine:Sorbonne Paris IV, Paris, France

Établissement d’accueil: Universität Bremen, Allemagne

Domaine d’études:Philosophie

Durée:10 mois (2000)

Le Français Matthieu Cisowski était étudiant à la Sorbonne et souhaitait apprendre une langue étrangère tout en vivant dans un environnement nouveau et inconnu. «Ce qui m’intéressait, c’était la dimension personnelle ainsi que la possibilité d’ex-plorer une nouvelle approche de la philosophie».

Son séjour à Brême en Allemagne a duré toute une année académique et a dépassé ses espérances – «de 130 %» – tout en lui permettant d’acquérir une maîtrise de la langue allemande à un niveau professionnel. «J’ai vécu l’Europe dans sa réalité. J’ai découvert que les choses que nous avons en commun sont plus nombreuses que celles qui nous divisent».

L’enseignement à Brême était moins formel qu’à la Sorbonne et les professeurs plus accessibles. Cette différence lui a plu, même s’il estime que c’était davantage «un café philosophique qu’un cours». En fin de compte, il a vraiment apprécié d’avoir fait la connaissance de personnes très différentes. «Il existe une véritable communauté Erasmus et c’est cela qui nous rassemble. J’ai côtoyé des gens que je n’aurais jamais rencontrés dans d’autres circonstances». Cette expérience l’a encouragé à demander un autre échange deux années plus tard, alors qu’il pré-parait son doctorat. Cette fois, il s’est rendu à l’université de Bergen en Norvège pour une période de mobilité de trois mois qui a confirmé l’impression que lui avait laissée Erasmus: «heureuse, professionnellement satisfaisante et person-nellement enrichissante».

Il travaille à présent au Luxembourg où il exerce la fonction de responsable des ressources humaines auprès d’une société multinationale industrielle. D’après lui, c’est grâce à ses échanges Erasmus qu’il se sent aussi à l’aise dans un envi-ronnement international. «Erasmus m’a fait découvrir que j’étais adaptable et m’a rendu plus ouvert, plus tolérant. J’ai acquis de la confiance en moi et appris à prendre de plus grandes responsabilités».

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Mária Dudás

«L’âge n’est pas une barrière, juste un état d’esprit»

Établissement d’origine: Université d’Óbuda, Hongrie Óbudai Egyetem, Magyarország

Domaine d’études/Intitulé du poste: Coordinatrice institutionnelle pour Erasmus

Année d’activité Erasmus:1997

Depuis 15 ans, Mária Dudás se consacre à un travail européen. Elle a fêté il y a peu son 65e anniversaire, devenant ainsi la coordinatrice la plus ancienne et la plus expérimentée de Hongrie. «C’est pour moi un grand plaisir car j’apprécie chaque minute de mon travail dans le cadre d’Erasmus. J’essaie de partager cela avec tous».

Sa plus grande satisfaction est l’impact d’Erasmus sur les étudiants. Ce pro-gramme «les aide à acquérir des connaissances, à accroître leur confiance en soi et à nouer de nouvelles amitiés. Il les aide aussi à se voir comme des Européens et leur offre plus de choix sur le marché de l’emploi». Avec plus de cent accords de partenariat, les possibilités de se rendre à l’étranger sont nombreuses pour les étudiants. Pour faciliter la vie aux étudiants entrants, elle a encouragé l’université à proposer des cours en allemand et en anglais.

Elle a reçu de nombreuses félicitations et de nombreux prix pour son travail inter-national mais pour elle, certains succès comptent plus que d’autres: «J’ai été très fière lorsqu’Erasmus a fêté son deux millionième étudiant et que j’ai appris que le représentant hongrois venait de mon université». Sa plus grande satisfaction est d’avoir aidé les étudiants et son université à acquérir une envergure internatio-nale. Des activités comme celles d’une association d’anciens étudiants, des sys-tèmes de parrainage, des programmes de diplômes doubles et des renseignements précis offerts aux participants ont contribué à promouvoir la mobilité. Bien qu’il ne soit pas possible de «convaincre tout le monde, les premiers étudiants Erasmus savaient bien que voyager est essentiel – cette philosophie est toujours d’actualité».

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Piroska Bakos

«Il est bon de garder toutes les portes ouvertes»

Établissement d’origine:Université de Pécs, Hongrie Pécsi Tudományegyetem, Magyarország

Établissement d’accueil:Europa-Universität Viadrina Frankfurt/Oder, Allemagne

Domaine d’études: Langue hongroise et communication

Durée: 6 mois (1998-1999)

En tant que membre du premier groupe d’étudiants hongrois participant à Erasmus, Piroska Bakos a pu choisir des matières qui n’étaient pas proposées par l’univer-sité dans laquelle elle étudiait. «En étudiant les médias de masse et la communi-cation en Allemagne, j’ai pu me familiariser avec de nouveaux modes de pensée. J’en ai été très impressionnée. J’ai pu améliorer ma connaissance des langues et m’ouvrir à de nouvelles expériences».

Après avoir obtenu son diplôme, elle a trouvé, grâce à son expérience Erasmus, un emploi dans l’industrie des médias. «Après une série de stages en Allemagne, j’ai fait mes débuts à la télévision publique en tant que présentatrice du journal télévisé et journaliste couvrant les pays germanophones».

Ses séjours à l’étranger ont également été utiles quand elle a été porte-parole au cours de la première présidence hongroise de l’Union européenne en 2011. «Les communications interculturelles, la diversité culturelle et la migration sont deve-nus des sujets importants – ce sont des sujets que j’ai abordés au cours de mes études il y a plus de dix ans». C’est pourquoi elle encourage les étudiants à pas-ser une période de mobilité à l’étranger. «Dans le contexte financier actuel, il est bon de garder ouvertes toutes les options et d’avoir l’esprit large. Erasmus aide à mieux comprendre les différentes cultures, la façon dont elles coexistent et les changements qui s’opèrent dans le monde.»

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John Schranz

«Faites-le pour votre propre satisfaction et rien d’autre»

Établissement d’origine:Université de Malte, Malte Università ta’ Malta, Malta

Domaine d’études/Intitulé du poste: Études théâtrales

Année d’activité Erasmus:2000

Pour John Schranz, chargé de cours en études théâtrales, la collaboration inter-nationale était depuis longtemps essentielle dans son étude des facteurs qui favo-risent la créativité. Lorsque Malte s’est jointe à la famille Erasmus, il s’y est donc «glissé comme dans un gant» et a ainsi pu renforcer sa collaboration avec des gens de théâtre et des chercheurs dans ce domaine, des spécialistes en sciences neurologiques et en psychologie cognitive, des philosophes et des scientifiques spécialistes du sport dans toute l’Europe. «Erasmus vous fait vivre au sein d’un réseau caractérisé par la pensée et la recherche» résume-t-il.

Dans les nombreux échanges d’enseignants, ce sont les rencontres qui définissent le mieux «ce que sont l’Union européenne et le programme Erasmus» dit-il. «La facilité avec laquelle vous vous trouvez, dès votre arrivée, immergé dans un milieu fait de collègues professeurs, de gens de théâtre et d’étudiants, est fabuleuse. Cela va bien au-delà des rencontres que vous pourriez faire si vous n’étiez qu’un dilet-tante. Il y a un sentiment d’appartenance, un sentiment que tout est possible.»

Une page s’est tournée en 2001 lorsque lui-même et des enseignants de quatre autres universités ont obtenu avec succès un subside Erasmus de développement de programme d’études pour un nouveau curriculum interdisciplinaire. Le résul-tat a été une maîtrise conjointe en science de la créativité innovante. Ce cours, lancé en 2007 et dispensé principalement à l’université de Malte, étudie la faculté de créativité – qui distingue le cerveau humain de celui des autres espèces – en explorant les contextes qui l’inhibent et ceux qui la déclenchent. Voici ce qu’il conseille à tous ceux qui songent à participer à un échange Erasmus: «Faites-le pour votre propre satisfaction et rien d’autre. Faites-le pour l’amour de la recherche et de la pédagogie et sautez dedans».

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David Friggieri

«Bien mieux que vous ne pouvez l’imaginer»

Établissement d’origine:Université de Malte, Malte Università ta’ Malta, Malta

Établissement d’accueil: Université de Rennes, France

Domaine d’études:Droit

Durée: 7 mois (2000-2001)

En 2001, le programme Erasmus était ouvert pour la première fois à des citoyens maltais. David Friggieri en a profité pour se rendre à Rennes avec cinq autres étu-diants en droit de l’université de Malte, des pionniers de leur pays. «Nous avons eu la chance de nous y rendre au tout début. Depuis un certain temps déjà, je sou-haitais faire un séjour dans un pays étranger et y étudier».

Il n’a pas été déçu. Ce voyage lui a offert «un nouveau mode de vie et l’air frais d’une nouvelle expérience d’apprentissage». Comme il travaillait déjà à sa thèse de doc-torat, il a passé beaucoup de temps à la bibliothèque et s’est étonné du style fran-çais de présentation d’un texte académique. «Ils abordent tout dans un esprit cartésien et ont pour habitude de couper les cheveux en quatre. C’est un système mental très différent».

Son séjour Erasmus ne devait durer que trois mois mais il est parvenu à rester sept mois et à nouer de bonnes relations d’amitié qui durent encore aujourd’hui. «À Rennes, quatre d’entre nous avaient l’ambition de poursuivre leurs études au Collège d’Europe à Bruges. Nous discutions souvent de nos chances d’y entrer. Étonnamment, nous y sommes tous parvenus et avons poursuivi notre vie univer-sitaire ensemble.» Tous les quatre – deux Maltais, un Polonais et un Hongrois – y ont partagé un logement et ont pu faire des stages auprès d’institutions euro-péennes où ils travaillent actuellement.

Au cours de son séjour Erasmus il a établi un réseau de contacts dans différents pays. «Certains étudiants hésitent à participer: ils craignent de perdre leur temps ou d’avoir des problèmes de reconnaissance de leurs diplômes. Moi, je leur dis: n’hésitez pas, allez-y et préoccupez-vous plus tard des conséquences. Ce sera sans doute bien mieux que vous ne pouvez l’imaginer».

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Bram Peper

«Voir travailler ensemble des étudiants qui parlent des langues différentes, c’est gratifiant»

Établissement d’origine: Erasmus Universiteit Rotterdam, Pays-Bas

Domaine d’études/Intitulé du poste:Sociologie/maître de conférence

Année d’activité Erasmus:1992

En 1992, Bram Peper a participé à un programme intensif Erasmus organisé par la faculté de sociologie de sa propre université à Rotterdam. Ce cours de huit jours a rassemblé des étudiants et des professeurs de divers pays. La rencontre a été informelle mais intense. «C’était bon de rencontrer les autres étudiants et de pou-voir parler avec eux, et cela m’intéressait, à titre personnel, de discuter des diffé-rents systèmes de sécurité sociale» explique-t-il.

Il a poursuivi ses études et est devenu maître de conférence en sociologie; depuis 2005, il est coordinateur académique à l’université Erasmus de Rotterdam pour le programme intensif en sociologie. Ce programme remporte un franc succès (sa 21e édition sera organisée en 2012): il rassemble des enseignants et des étudiants de 13 établissements. «Chaque année, nous avons l’heureuse surprise d’accueillir de 50 à 60 étudiants qui se réunissent pour travailler très dur et très bien» dit-il.

Les sessions annuelles ouvrent grand la porte aux échanges d’idées et elles ont abouti à la publication de quatre ouvrages académiques. Pour les enseignants, ces sessions sont utiles parce qu’elles permettent d’observer d’autres styles d’en-seignement. «Il est bénéfique d’observer comment les autres collègues donnent cours» dit-il. «Les professeurs d’université sont en général très autonomes et ne savent habituellement pas comment les autres présentent leurs cours».

Même si l’organisation d’un programme intensif demande beaucoup de travail, il en est un chaud partisan: «On en retire le double du travail qu’on y investit, tant pour les professeurs à titre personnel que par la mise en place d’un réseau uni-versitaire de nouveaux collègues; voir les étudiants collaborer alors qu’ils parlent peut-être huit ou neuf langues différentes, c’est gratifiant et très amusant».

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Désirée Majoor

«Le programme Erasmus a lancé ma carrière»

Établissement d’origine:Universiteit Utrecht, Pays-Bas

Établissement d’accueil: Université de Bologne, Italie Università di Bologna, Italia

Domaine d’études:Théâtre

Durée:6 mois (1987)

Désirée Majoor, qui a été parmi les premiers étudiants Erasmus, a passé six mois à l’université de Bologne; pour sa thèse de maîtrise, elle a analysé les réactions du public confronté à des spectacles de théâtre futuriste. Quelques mois plus tard, elle participait à une rencontre d’évaluation Erasmus à Gand lorsque la discussion s’est portée sur la façon de résoudre les problèmes pratiques auxquels étaient confrontés de nombreux étudiants. Le résultat de cette discussion a été la créa-tion du Réseau des étudiants Erasmus (ESN). «Nous avons pensé que le plus facile serait que des étudiants aident d’autres étudiants. Le réseau de parrainage a été alors mis en place. J’habitais relativement près de Bruxelles, c’est donc moi qui ai rédigé le projet de proposition».

Elle a créé une section ESN à Utrecht, pendant que d’autres participants à la ren-contre en faisaient de même dans leur propre ville. Un an plus tard, les 22 sections tenaient la première assemblée générale annuelle du réseau et elle en est deve-nue la première présidente. «Cela a toujours été un idéal, jamais un travail. Nous l’avons fait à titre bénévole». En 2010, l’ESN a fêté son 20e anniversaire à Utrecht. Aujourd’hui, il compte 370 sections dans 35 pays.

«Erasmus a lancé ma carrière» affirme-t-elle. Après ses études, elle a voyagé et à son retour, elle a souhaité travailler pour un organisme international. «Grâce à mon expérience Erasmus, j’ai obtenu un poste auprès de la Nuffic (organisme néerlan-dais de Coopération internationale dans l’enseignement supérieur). C’est ce qui m’a amenée à la gestion de l’enseignement supérieur». Dans sa fonction actuelle de doyenne du département des communications et du journalisme à la faculté des sciences appliquées de l’université d’Utrecht, elle veille à ce que ses étudiants profitent au maximum des possibilités d’échanges. «C’est une formidable expé-rience personnelle. Il y a tellement à apprendre».

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Elena Luptak

«L’idée de voyager doit s’intégrer à la vie estudiantine normale»

Établissement d’origine:Konservatorium Wien  Privatuniversität, Autriche

Domaine d’études/Intitulé du poste:Professeur de danse et coordina-trice du département Erasmus

Année d’activité Erasmus:2004

Chargée de cours dans une université relativement nouvelle, Elena Luptak sou-haitait se rendre à l’étranger pour voir comment les cours étaient organisés dans d’autres établissements d’enseignement. «J’ai trouvé utile d’envisager de nou-velles façons de faire les choses et je me suis fait une meilleure idée des systèmes et des méthodes pratiqués dans d’autres pays. J’ai également pu ramener de nou-velles idées applicables à mon université».

Voyager a toujours représenté une partie importante de sa vie d’étudiante. Ce n’est toutefois pas ainsi que tous les étudiants voient leur cycle d’études supé-rieures. «Pour que l’idée de voyager s’intègre à la vie estudiantine normale, il faut la soutenir et l’entretenir régulièrement». Pour permettre aux étudiants en art de la danse de tirer un maximum de profit de leur période de mobilité à l’étranger, deux d’entre eux, «l’un plus compétent en technique et l’autre plus doué du point de vue artistique», sont désignés pour faire le voyage ensemble. Les échanges profitent aussi à ceux qui ne se rendent pas à l’étranger car les étudiants reviennent avec une perspective différente de leurs études, ce qui est bénéfique à tous.

Elena ne se contente pas d’organiser des échanges d’étudiants: elle a établi de nombreux contacts avec d’autres universités. Ces contacts «… représentent une partie importante de ma vie universitaire. Il est intéressant de rencontrer de nou-veaux collègues et de nouveaux étudiants; j’ai hâte de voir arriver le temps où ce sera considéré comme normal».

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Elena Luptak

René Kremser

«Les obstacles sont là pour être surmontés»

Établissement d’origine:Fachhochschule Vorarlberg, Autriche

Établissement d’accueil: Université des Sciences appliquées VAMK, Finlande Vaasan ammattikorkeakoulu, Vamk, Suomi

Domaine d’études:Travail social

Durée: 5 mois (2005)

Avant de se rendre en Finlande, René Kremser avait toujours vécu auprès de ses parents ou en pensionnat. Le programme Erasmus lui a donné la chance de mener une vie indépendante. Aveugle et en chaise roulante, il savait que des disposi-tions spéciales devraient être prises. Heureusement, sa famille et les universités organisatrices avaient la volonté de faire de ce stage un succès. Pour lui, «il était important d’essayer, même si je pensais que je n’y arriverais pas. Cela vaut la peine d’essayer quand on veut vraiment faire quelque chose».

Pour pouvoir aller à l’étranger, il lui fallait engager un auxiliaire de vie à temps plein. Une annonce publiée dans le journal local lui a fait faire la connaissance d’un assistant originaire d’Autriche qu’il a engagé pour l’accompagner en Finlande. Il a dès lors pu mener pour la première fois une vie indépendante. Bien qu’il ait eu de nombreux obstacles à surmonter, il recommande à tous les étudiants ayant un handicap de passer une période de mobilité à l’étranger pour «apprendre à lutter pour certaines choses et connaître d’autres pays et d’autres cultures».

En Finlande, il a combiné études universitaires et stages pratiques. «J’ai ainsi pu entrer en contact avec de nombreux représentants d’établissements d’enseigne-ment et avoir un large aperçu de l’approche finlandaise du handicap». Comme la présence d’auxiliaires de vie est rare en Finlande, son expérience lui a fourni un thème pour son mémoire et a documenté son travail sur le soutien à apporter aux personnes ayant des difficultés d’apprentissage.

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Ryszard Zamorski

«Si Erasmus était le seul programme proposé par l’Union européenne, il serait une raison suffisante à l’existence de celle-ci»

Établissement d’origine: Université de Technologie et de Sciences vivantes de Bydgoszcz, Pologne Uniwersytet Technologiczno-Przyrodniczy, Polska

Domaine d’études/Intitulé du poste:Biochimie végétale/Vice-doyen

Année d’activité Erasmus:2000

Adepte enthousiaste d’Erasmus depuis le début de la participation de la Pologne à ce programme, Ryszard Zamorski est à l’origine de 50 des 54 accords institution-nels conclus par sa faculté avec d’autres universités et il a effectué 40 visites de mobilité des enseignants pour préparer le terrain à des échanges d’étudiants et d’enseignants. «Erasmus est l’un des meilleurs et des plus spectaculaires pro-grammes de l’Union européenne, dont les avantages sont innombrables pour la vie académique présente et encore plus pour la vie académique future».

En tant que vice-doyen de l’enseignement et des affaires étudiantes auprès de la faculté d’agriculture et de biotechnologie de 1999 à 2001 et à nouveau depuis 2008, il a entrepris de mettre en place des partenariats grâce à ses contacts avec des scientifiques. Il a noué de nombreuses amitiés au fil des ans et est devenu en quelque sorte un expert en systèmes d’enseignement dans l’Union européenne et en Turquie. «Je suis toujours à la recherche de solutions comme celles appliquées aux Pays-Bas. Nous sommes occupés à reconstruire notre faculté et je peux y discer-ner l’influence de mes visites».

Ses visites se composent en général de sessions de cours pour les étudiants et les enseignants qui s’intéressent à son domaine, la biochimie; au fil de ses ren-contres, de nouvelles collaborations scientifiques ou pédagogiques sont analy-sées; des activités de découverte de la ville et de la région sont également organisées. «J’ai toujours appris plus que je ne l’espérais et toujours été très impressionné par l’hospitalité dont j’ai bénéficié» dit-il.

«Je commence ma présentation aux étudiants en leur disant: “si Erasmus était le seul programme proposé par l’Union européenne, il serait une raison suffisante à l’existence de celle-ci”. Il est bon d’investir dans les jeunes: ceux qui partent, enseignants ou étudiants, reviennent toujours heureux et enthousiastes».

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Diana Dmuchowska

«Erasmus m’a donné une nouvelle orientation»

Établissement d’origine:Université médicale de Bialystok, Pologne Uniwersytet Medyczny w Białymstoku, Polska

Établissement d’accueil: Universität Duisburg-Essen, Allemagne

Domaine d’études:Médecine

Durée: 1 an (2005)

Diana Dmuchowska suivait sa cinquième année de médecine quand elle s’est ren-due à Essen à la recherche de «nouvelles idées» et de «quelque chose sortant de l’ordinaire». Elle avait choisi l’Allemagne parce qu’elle en connaissait la langue et voulait pouvoir parler aux patients sans l’aide d’un interprète.

«Mon séjour a dépassé de loin mes espérances les plus folles. J’ai fait de nouvelles connaissances, j’ai tiré un maximum de mon expérience et surtout, j’ai rencontré une dame, professeur docteur en ophtalmologie. Son enthousiasme pour la recherche et la chirurgie s’est révélé contagieux».

Sa vie a dès lors radicalement changé. Elle passait ses soirées et ses week-ends à travailler au laboratoire ou à lire des ouvrages de littérature scientifique. «J’étais parfois tellement absorbée par mon travail que je ne remarquais pas que le jour s’était levé».

À la fin de l’année, elle est retournée en Pologne pour terminer ses études de méde-cine, tout en préparant un doctorat en Allemagne supervisé par son professeur d’ophtalmologie. Elle a défendu en anglais sa thèse qui a ensuite été reconnue en Pologne. «Erasmus a eu une influence considérable sur ma vie. Il m’a donné une nouvelle orientation» conclut-elle.

Elle a passé ces trois dernières années à se spécialiser en ophtalmologie en Pologne. L’an dernier, elle est retournée à Essen pour y suivre une formation de trois mois. Plus récemment, grâce à une bourse octroyée par la Société européenne d’ophtalmologie, elle a fait un stage auprès du célèbre «Moorfields Eye Hospital» de Londres. «Je crois que pouvoir aller visiter des centres étrangers est essentiel pour mon développement professionnel. Tout comme j’ai ramené à Bialystok ma passion pour la recherche, j’espère pouvoir en faire de même aujourd’hui et rame-ner des idées et des expériences nouvelles.»

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José Marat-Mendes

«Mon but principal a été d’apprendre aux gens à devenir des citoyens européens»

Établissement d’origine: Nouvelle Université de Lisbonne, Portugal Universidade Nova de Lisboa, Portugal

Domaine d’études/Intitulé du poste:Sciences des matériaux/physique/chimie/ingénierie/Maître de confé-rence (retraité)

Année d’activité Erasmus: 1987

Ancien maître de conférence, désormais retraité, José Marat-Mendes s’est engagé dans Erasmus dès le tout début. En 1986, alors qu’il séjournait à Aberdeen grâce à une bourse octroyée par le British Council, il a rencontré des professeurs origi-naires d’Allemagne qui lui ont parlé d’Erasmus. «Je n’en avais jamais entendu par-ler et je suis devenu enthousiaste». Il en est résulté un projet commun qui rassemblait les universités d’Aberdeen, de Mayence, de Bonn, de Séville et de Lisbonne pour proposer des cours de perfectionnement à des étudiants en chimie aux niveaux de la maîtrise et du doctorat. Il se souvient d’une rencontre à Mayence avec un représentant du Bureau Erasmus de Bruxelles: «Nous avions le sentiment qu’une nouvelle ère était en train de s’ouvrir».

De retour à Lisbonne, il a été un coordinateur Erasmus enthousiaste pendant près de 25 ans et a effectué 10 missions pédagogiques Les étudiants faisaient la queue devant sa porte pour s’inscrire au programme! «Mon but principal a été d’apprendre aux gens à devenir des citoyens européens» conclut-il.

Dans son domaine, la physique, il a lancé un projet de recherche qui a abouti à la mise au point d’un programme de cours Erasmus et d’un programme intensif avancé rassemblant des enseignants et des étudiants de huit universités pour des cours annuels. «Je constate encore aujourd’hui que même des années après que les étudiants aient terminé leurs études universitaires et entrepris une carrière, les amitiés subsistent». Lors d’un de ses derniers cours à l’université de Valladolid en Espagne, une cérémonie spéciale a été organisée en son honneur. Il a reçu une plaque commémorative qu’il expose fièrement. On peut y lire: «A José Marat-Mendes, en remerciement d’un travail bien fait – Erasmus 1992-1997».

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Filipe Araújo

«Erasmus m’a donné une forte identité européenne»

Établissement d’origine: Université catholique du Portugal, Portugal Universidade Catolica Portuguesa, Portugal

Établissement d’accueil: Université LUMSA, Italie Libera Università Maria SS. Assunta, Italia

Domaine d’études:Médias

Durée: 10 mois (1999)

Inspiré par un mois d’échange passé en France lorsqu’il avait 13 ans, Filipe Araújo a eu la chance de goûter à la vie d’étudiant Erasmus lors d’une visite à des amis à Rome et il n’a pas tardé à suivre leur voie dès qu’il l’a pu. Il a quitté Lisbonne en 1999 pour aller suivre des cours sur les médias pendant cinq mois à la LUMSA.

Ces cinq mois ont passé très vite et il a prolongé son séjour. Avec l’aide d’un de ses professeurs, directeur de la télévision italienne publique RAI qui savait qu’Araújo avait travaillé en tant que journaliste au Portugal, il a pu, pendant son second semestre, faire, auprès de cette entreprise, un stage qu’il qualifie d’«excellente chance de m’immerger dans la culture italienne et de comprendre ses particularités».

Une occasion en entraînant une autre, il est ensuite devenu correspondant pour des médias portugais avant de découvrir, lors de la visite d’un plateau de tour-nage, que sa véritable vocation était le cinéma. En 2005, il a fondé une société indépendante de production basée à Lisbonne et à Madrid, avec un bureau à Tallinn. Son projet actuel est un documentaire inspiré par le programme Erasmus. Le film montre un étudiant qui cherche à revoir d’anciens amis à tra-vers l’Europe 15 ans après ses études, ainsi qu’un jeune étudiant qui se rend en Scandinavie pour son premier échange à l’étranger.

«Erasmus a en grande partie fait de moi ce que je suis maintenant. Ce programme m’a donné une forte identité européenne et une profonde confiance dans les gens et dans l’avenir. Je suis profondément convaincu qu’un des meilleurs moyens de faire naître une conscience européenne, c’est de commencer quand on est jeune. Il n’existe pas de meilleur moyen de comprendre l’Europe que de la vivre, dans sa joie et dans sa diversité. Erasmus, c’est ça».

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Filipe Araújo

Ion Visa

«Erasmus est très important pour changer les mentalités dans nos universités»

Établissement d’origine:Université transylvanienne de Braşov, Roumanie Universitatea Transilvania Braşov, România

Domaine d’études/Intitulé du poste: Génie mécanique/Recteur

Année d’activité Erasmus:1997

Un certain scepticisme régnait en Roumanie lorsque le programme Erasmus y a fait son apparition mais Ion Visa n’a eu aucun doute quant à ses avantages. «Certains n’étaient pas d’accord pour envoyer des étudiants à l’étranger: ils crai-gnaient qu’ils ne reviendraient pas en Roumanie. Je leur ai dit que c’était une bonne occasion pour nous tous d’élargir nos activités et d’ouvrir nos esprits et nos universités; je leur ai dit aussi que nous n’avions pas d’autre solution».

Ce professeur en ingénierie a coordonné – et promu – les échanges d’étudiants et d’enseignants à l’Université Transylvania de Braşov depuis 1997 jusqu’au moment où il a été nommé recteur de cette institution en 2004. Il a mis en place plusieurs partenariats et lancé de nombreux projets Erasmus, tout en créant des programmes de cours destinés à encourager la mobilité et la recherche interna-tionales dans les domaines de la conception industrielle, la conception de pro-duits et les systèmes à énergies renouvelables. «Grâce au programme Erasmus et à nos échanges d’enseignants et d’étudiants, nous avons pu mettre au point notre propre programme» dit-il. Son but est maintenant d’«offrir de nouvelles possibilités de collaboration à nos étudiants et à nos enseignants» pour amé-liorer l’enseignement, la coopération et la recherche.

Grâce à la dimension internationale du Programme Erasmus, ses étudiants reçoivent une formation capitale. «Dans notre domaine, nous travaillons à pré-sent en équipes complexes, réparties géographiquement. Nous devons prépa-rer les jeunes à travailler dans ce nouvel environnement», explique-t-il.

«Il y a huit ans, nous recevions de trois à cinq étudiants par an. Aujourd’hui, nous en accueillons près d’une centaine. C’est un réel plaisir de coopérer et de créer ainsi une très bonne dynamique, ce qui est très important pour changer les men-talités dans nos universités».

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Filipe Araújo

Ion Visa

Laura Popa

«La valeur ajoutée, c’est qu’on bâtit sa carrière à partir de là»

Établissement d’origine: Académie des Études économiques de Bucharest, Roumanie Academia de Studii Economice Bucureşti, România

Établissement d’accueil: Université d’Istanbul, Turquie İstanbul Üniversitesi, Türkiye

Domaine d’études: Gestion

Durée: 10 mois (2008/2009)

Déterminée à sortir de sa vie confortable, Laura Popa a quitté Bucarest pour aller à Istanbul et y passer sa troisième année de licence en gestion. Elle a appris assez de langue turque pour pouvoir se débrouiller. Cette époque a été «le meilleur moment de ma vie» se souvient-elle. Elle a également trouvé un mentor académique en l’un de ses professeurs: «Je n’étais pas certaine de mon choix de spécialisation pour ma maîtrise et il m’a guidée vers le sujet qui me conviendrait le mieux ». Sur ses recommandations, elle s’est inscrite à un pro-gramme de maîtrise en stratégie et en direction d’entreprise à l’école de com-merce de l’université de Nottingham.

À Istanbul, elle a fondé la section turque de la Ligue des étudiants roumains à l’étranger. De retour chez elle, elle a été choisie pour représenter en Roumanie le deux millionième étudiant Erasmus. Elle a alors eu envie de prendre une année sabbatique avant de se rendre au Royaume-Uni et elle a fait le tour des universités de Roumanie pour faire part de son expérience. «Je voulais pro-mouvoir le programme Erasmus. Cela a exigé beaucoup d’efforts de ma part mais je les ai vus comme un investissement». Elle a également veillé à parler tant des avantages que des inconvénients des études à l’étranger. «Nombreux sont ceux qui disent qu’il faut y aller mais peu disent comment se préparer en termes de compétences, de budget et de premiers pas à faire pour enclencher le processus d’adaptation à une nouvelle culture». Outre la dimension sociale du programme, «la valeur ajoutée, c’est qu’on bâtit sa carrière à partir de là».

Aujourd’hui, son diplôme de maîtrise en poche, elle est prête à se lancer dans le monde professionnel. «Je suis déterminée à continuer à promouvoir Erasmus et je veux lancer une initiative pédagogique dont le but sera d’améliorer les performances dans les universités de Roumanie.»

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Vesna Rijavec

«Erasmus a apporté une bouffée d’air frais à tout le monde, pas seulement à moi»

Établissement d’origine:Université de Maribor, Slovénie Univerza v Mariboru, Slovenija

Domaine d’études/Intitulé du poste: Droit

Année d’activité Erasmus:2000

Vesna Rijavec observait depuis longtemps les avantages d’une collaboration transfrontalière. Dès que l’occasion s’est présentée, elle a fait appel à ses contacts pour établir des partenariats Erasmus entre sa faculté de droit à Maribor et d’autres universités en Europe. «Certains des principes qui régissent le droit sont universels. Mon opinion est que vous ne pouvez pas réellement comprendre votre droit national si vous ne le comparez pas au droit d’un autre pays».

Depuis 2008, elle a participé à huit échanges de professeurs en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Pologne et en Espagne. Elle a pu ainsi en observer les multiples incidences sur sa manière d’enseigner et ses activités de recherche. «J’ai acquis davantage de confiance en moi et j’ai intégré de nouveaux éléments, substantiellement meilleurs, à mes cours et à mes recherches». Les moteurs de sa démarche, comme les échanges de documents, la collaboration à des articles et la mise au point de nouveaux programmes de recherche ont eu un excellent effet sur ses étudiants, dont certains travaillent auprès de la Cour européenne de Justice.

L’afflux d’étudiants étrangers à Maribor a aussi été bénéfique à sa faculté. «Il a poussé mes collègues à travailler plus activement à un niveau international puisqu’ils ont dû adapter leurs cours aux étudiants Erasmus. Je pense que cela a apporté une bouffée d’air frais à tout le monde, pas seulement à moi. Rester confiné dans une petite société est très différent d’être ouvert au monde et de voir comment les choses fonctionnent ailleurs».

Ses visites lui ont également appris à être fière de son université. «Nos équipe-ments sont aussi bons que ceux de certaines facultés renommées et nos profes-seurs donnent le meilleur d’eux-mêmes. Bien sûr, nous sommes une jeune université qui n’a que 50 années d’histoire mais il n’y a pas autant de différences que je ne croyais».

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Jure Kumljanc

«Cette année a été la plus inoubliable de ma vie»

Établissement d’origine:Faculté des Études touristiques de Portorož, Slovénie Turistica-Fakulteta za turistične študije Portorož, Slovenija

Établissement d’accueil:University College Birmingham, Royaume-Uni

Domaine d’études: Gestion d’entreprises touristiques

Durée: 5 mois (2007)

Pour Jure Kumljanc, sa période de mobilité à Birmingham a été une sorte de choc culturel. «Je n’avais pas l’habitude d’habiter dans une grande ville et de rencon-trer des gens de nationalités et de races différentes». Il a aussi trouvé difficile le cours de gestion d’entreprises touristiques et a dû trouver un travail rémunéré pour pouvoir couvrir ses frais de subsistance.

En dépit de ses craintes initiales, il a été heureux de découvrir que dans une ville multiculturelle, les gens étaient amicaux et avaient l’esprit ouvert. Il y a trouvé un emploi et est resté sur place pendant les vacances de Noël, alors que la plupart des autres étudiants Erasmus rentraient chez eux. Il a été surpris de constater que les professeurs ne faisaient preuve d’aucune indulgence envers les étudiants Erasmus («il y avait plus de travail et d’examens qu’en Slovénie») mais il a appré-cié la liberté laissée aux étudiants de choisir leur projet de recherche et de «faire preuve d’imagination», tout autant que le fait de recevoir des commentaires et des corrections, et non pas une simple notation de son travail.

Si tout a si bien fonctionné, c’est en grande partie grâce aux efforts du coordina-teur Erasmus local à qui il rend hommage: «Il était disponible pour nous sortir de n’importe quel problème. C’était bon de savoir que nous pouvions compter sur ce robuste soutien».

Actuellement responsable du marketing en ligne pour LifeClass Hotels & Spa, la plus grande chaîne d’hôtels de Slovénie, il a tiré profit des compétences acquises pendant sa période de mobilité. «J’ai acquis de l’assurance pour parler en public et j’ai appris à connaître les différents aspects de la vie des étudiants dans toute l’Europe. Cela a été un grand événement pour moi».

«Cette année a été la plus inoubliable de ma vie» dit-il. «Elle a changé ma manière de penser, ma manière d’approcher les gens et ma manière de travailler».

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Jozef Ristvej

«Mes séjours internationaux m’ont encouragé à travailler encore plus dur»

Établissement d’origine:Université de Žilina, Slovaquie Žilinská univerzita, Slovensko

Domaine d’études/Intitulé du poste: Gestion de crises/Vice-doyen pour le développement et les relations internationales

Année d’activité Erasmus:2003

Une période de mobilité de cinq mois à l’université de Linköping en Suède en 2003 a poussé Jozef Ristvej à adopter une nouvelle méthode d’étude et à pour-suivre à un niveau plus élevé ses recherches en gestion de crises. «Le niveau d’enseignement était encore plus élevé que je ne l’imaginais, les étudiants et les professeurs entretenaient des relations étroites et on insistait davantage sur l’étude individuelle en bibliothèque».

Après son doctorat en 2007, il est devenu chargé de cours spécialisé dans les systèmes informatiques qui soutiennent les prises de décision dans la gestion de crises. Il est également vice-doyen pour le développement et les relations internationales et il transmet à ses étudiants les bénéfices d’une expérience qui lui a tant appris. «J’ai acquis de nombreuses compétences au cours de mes séjours internationaux, qui m’ont toujours poussé à aller de l’avant, qui m’ont motivé et encouragé à travailler encore plus dur».

Grâce à d’autres visites Erasmus dans le cadre de la mobilité des enseignants, il a eu l’idée de contribuer à améliorer les structures d’enseignement en Slovaquie et il participe actuellement à un projet Erasmus multilatéral de moder-nisation de l’enseignement supérieur, aujourd’hui dans sa troisième année. «Notre faculté a été la première, en Slovaquie, à intégrer la gestion de crises et elle n’a que 12 ans. En Italie, en revanche, cette discipline est bien établie tan-dis qu’au Portugal, il y a 10 ans, la situation était la même que la nôtre aujourd’hui. Nous pouvons comparer notre évolution à la leur».

Outre les contacts qu’il a établis et les partenaires qu’il a rencontrés dans le do -maine de la recherche, il a apprécié ses périodes de mobilité Erasmus, principale-ment pour les idées nouvelles qu’il en retire. «À chaque fois, pendant une semaine, je peux voir les choses dans un environnement différent et d’une autre manière».

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Jana Vitvarová

«Erasmus vous donne des ailes»

Établissement d’origine:Université de Žilina, Slovaquie Žilinská univerzita, Slovensko

Établissement d’accueil: Institut National des Télécommunications, France

Domaine d’études: Télécommunications

Durée:5 mois (2000)

«Mes parents ont été mes ambassadeurs du programme Erasmus», nous dit Jana Vitvarová. «Les contacts internationaux étaient importants dans leur profession à tous deux: mon père était chercheur dans le domaine de l’informatique et ma mère professeur de français. Je n’ai donc pas eu besoin d’une autre personne pour m’expliquer les avantages d’un séjour d’études à l’étranger».

À Paris, elle a apprécié l’accent mis sur les activités commerciales à l’Institut national des télécommunications. Au cours des exercices de simulation, les étu-diants travaillaient, pendant d’intenses sessions de trois jours, à mettre au point des propositions de projets pour différentes sociétés. «J’ai pu constater que bon nombre de mes camarades qui avaient déjà fait des stages avaient fort déve-loppé leur intuition».

Elle a également apprécié l’obligation de faire une présentation orale de son travail plutôt que de simplement le remettre par écrit. Grâce à cette expérience, il lui a été plus facile, dans la spécialisation en réseaux de nouvelle génération qu’elle a choisie plus tard, de présenter son travail devant des groupes de per-sonnes. «Les aptitudes de présentation que j’ai acquises ont amélioré mes méthodes d’enseignement, de recherche et de travail pour les entreprises».

Lorsqu’elle a été désignée comme représentante slovaque du millionième étu-diant Erasmus en 2002, elle était peu préparée aux changements importants qui allaient intervenir dans sa vie. Pendant les fêtes qui se sont déroulées à Bruxelles, elle a rencontré celui qui allait devenir son mari, un ancien étudiant Erasmus originaire de la République tchèque. Le couple a habité en Irlande après un séjour en Autriche et il est maintenant installé en République tchèque avec ses deux enfants. «Erasmus vous donne des ailes. À vous de décider si vous choi-sissez un vol au long cours ou juste un aller-retour».

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Paula Pietilä

«Erasmus est ouvert à tous»

Établissement d’origine:Université de Turku, Finlande Turun yliopisto, Suomi

Domaine d’études/Intitulé du poste: Coordinatrice des services aux personnes handicapées

Année d’activité Erasmus:2010

Ouvrir l’enseignement supérieur à tous signifie aussi trouver des solutions pour venir en aide aux étudiants ayant des handicaps physiques. Pour Paula Pietilä qui a un handicap, «il est difficile de s’imaginer comment cela peut se faire sans une coopération internationale». Pour se familiariser avec les méthodes appli-quées dans les pays nordiques, elle a fait un séjour au Danemark, ce qui l’a aidée dans son travail en Finlande «où les systèmes et les processus en étaient à leurs débuts et où beaucoup restait à faire pour assurer aux étudiants handicapés un accès égal à l’enseignement supérieur».

Après ce séjour, elle a exploré divers moyens de proposer des services de conseil et de soutien aux étudiants ayant des troubles mentaux ou des handicaps phy-siques. Ce séjour lui a permis d’«adopter une approche plus globale et d’envi-sager des changements dans toute l’université». Il lui a aussi permis de réfléchir à la manière dont le matériel pédagogique pouvait être revu, à la manière de concevoir des pages web et aux moyens d’adapter l’environnement physique aux étudiants ayant un handicap pour faciliter leurs études. À cette époque, elle a aussi participé à la mise au point de l’enseignement inclusif au niveau natio-nal et avec les coordinateurs du réseau nordique pour le handicap (Nordic Network for Disability).

Peu d’étudiants ayant un handicap ont jusqu’ici participé à des programmes d’échange. Elle est toutefois convaincue qu’ «Erasmus est ouvert à tous» parce que le programme donne la possibilité de voir les choses sous un angle diffé-rent et de faire de nouvelles expériences.

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Elina Ylipelkonen

«Cette expérience m’a aidée à décider quelle carrière je voulais entreprendre»

Établissement d’origine:Université des Sciences appliquées de Seinäjoki, Finlande Seinäjoen ammattikorkeakoulu, Suomi

Établissement d’accueil: Evangelische Fachhochschule Berlin, Allemagne

Domaine d’études: Travail social

Durée:3 mois (2006)

Ayant précédemment habité à Berlin, Elina Ylipelkonen savait que cette ville offre de nombreuses possibilités d’étudier le travail social. Sa période de mobi-lité Erasmus combinait deux jours d’études académiques par semaine avec des stages pratiques dans un service de probation pour jeunes le reste de la semaine. «À Berlin, j’ai eu souvent l’occasion d’observer des lieux et des méthodes de tra-vail qui sont rares en Finlande. J’ai beaucoup appris et pu observer des façons nouvelles d’accomplir le travail social».

Cette expérience l’a confortée dans son choix professionnel et a renforcé son intérêt pour les problèmes multinationaux. «Elle m’a aidée à décider quelle car-rière je voulais entreprendre». Son stage pratique à Berlin était surtout axé sur des communautés migrantes. En plus d’un travail à plein temps pendant trois ans au centre d’accueil pour demandeurs d’asile d’Helsinki, ce stage l’a aidée à trouver son travail idéal: faire partie de la police de l’immigration.

Elle suit actuellement en Finlande une formation d’officier de police et est convaincue que cette orientation ainsi que sa formation professionnelle d’as-sistante sociale vont lui ouvrir la porte vers une carrière idéale. «Je recommande à tous les travailleurs sociaux d’aller séjourner à l’étranger. Erasmus s’adresse à tout le monde et si vous avez cette possibilité, profitez-en».

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Hans Åhl

«Le dernier jour des cours, on pleurait»

Établissement d’origine:Université de Suède Centrale, Suède Mittuniversitetet, Sverige

Domaine d’études/Intitulé du poste:Coordonnateur des CIEL

Année d’activité Erasmus:1999

De 1999 à 2010, Hans Åhl a coordonné, pendant un trimestre, les Cours inten-sifs Erasmus de Langues (CIEL) à l’université de Suède Centrale, parallèlement à son travail d’enseignement du suédois comme langue seconde. Lors de ces cours intensifs d’été, les étudiants Erasmus sont préparés à leur séjour d’échange en recevant un apprentissage de base de la langue suédoise et un aperçu de la culture de ce pays.

Aujourd’hui retraité, Hans Åhl se rappelle qu’au début, il s’attendait à ce que les cours à Härnösand soient des cours de langue «normaux». «J’ai bientôt réalisé qu’ils étaient bien plus que cela». Il ne s’était pas attendu à l’ampleur des échan-ges culturels auxquels il a assisté. Outre l’étude de la langue suédoise, les diver-ses activités organisées dans le cadre de ces cours ont rapproché les étudiants: des parties de canoë, de pêche, et des randonnées dans la forêt. «Le dernier jour des cours, on pleurait», se souvient-il.

Il rit quand il évoque le nombre d’amis qu’il s’est fait sur Facebook grâce aux cours CIEL et il est fier d’avoir vu s’établir de bons contacts entre les étudiants. «J’ai même un mariage à mon actif! Ce couple a à présent deux enfants.»

Grâce à ces cours, il a élaboré un bon matériel pédagogique qu’il utilise pour ses étudiants le reste de l’année. Ils ont également conféré une bonne visibilité à l’université dans les médias locaux et nationaux.

Au regard de son expérience, il regrette que trop peu d’étudiants suédois pro-fitent des occasions d’échanges Erasmus. «Nous avons moins d’étudiants qui partent que d’étudiants qui arrivent. Les premiers craignent peut-être de ne pas réussir. Personnellement, je recommande cette expérience. De ce que j’ai observé à propos de ces cours, faire l’expérience d’étudier à l’étranger est utile pour toute la vie et la carrière».

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Karl-Fredrik Ahlmark

«J’ai appris que je n’ai pas de limites pour aller où je veux et faire ce que je veux»

Établissement d’origine:Université de Göteborg, Suède Göteborgs universitet, Sverige

Établissement d’accueil: Loughborough University, Royaume-Uni

Domaine d’études: Études européennes

Durée:6 mois (2008)

La plupart des étudiants qui font des études européennes ont le souhait d’aller étudier à l’étranger un jour ou l’autre. Pour Karl-Fredrik Ahlmark, les choses étaient très difficiles en raison de son handicap visuel. «J’ai dû préparer mon voyage avec grand soin pour être certain que tous les dispositifs seraient en place avant mon arrivée».

À Loughborough, il a reçu tout le soutien d’une équipe d’enseignants et de volontaires dévoués, même si la situation était différente de celle en Suède et qu’il lui a fallu payer pour certains services. Il a également appris à adapter sa méthode d’étude à la structure de l’enseignement: en Suède, les cours sont donnés l’un après l’autre tandis qu’au Royaume-Uni, ils sont donnés en par-allèle. «Cela m’a fait prendre conscience de mes possibilités et de mes limites que j’ignorais jusque là, par rapport à mon handicap visuel. J’ai appris que je n’ai en tout cas pas de limites pour aller où je veux et faire ce que je veux».

Après ce voyage, il a souhaité prolonger son séjour hors de son pays. Il est parti étudier dans un institut de recherche à Istanbul puis a fait un stage à Bruxelles, à la Représentation permanente de la Suède auprès de l’Union euro-péenne. «Ils m’ont dit qu’une des raisons pour lesquelles j’avais été choisi était que j’avais séjourné à l’étranger et m’étais spécialisé dans des sujets que j’avais étudiés à Loughborough».

Dans son pays, il est devenu un modèle à suivre pour les étudiants ayant un handicap visuel. «J’encourage vivement les gens à faire comme moi. La seule chose très importante à laquelle il faut veiller, c’est que tout doit être mis en place avant l’arrivée. Les problèmes pratiques sont inévitables.»

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Julia Kennedy

«Je ne m’attendais pas à cette camaraderie»

Établissement d’origine:Robert Gordon University, Aberdeen, Royaume-Uni

Domaine d’études/Intitulé du poste:Coordinatrice internationale pour Erasmus

Année d’activité Erasmus:1996

Après avoir travaillé pour le programme Erasmus pendant 13 ans à l’université Robert Gordon d’Aberdeen, au Royaume-Uni, Julia Kennedy cherchait des idées nouvelles. Or, en 2007, le programme Erasmus avait été élargi à la mobilité du personnel non enseignant. Elle avait reçu de nombreuses demandes de parte-naires souhaitant passer avec elle une semaine de formation mais elle n’avait pu y répondre favorablement, étant le seul membre du personnel à être respon-sable Erasmus au niveau institutionnel et de ce fait, incapable de consacrer une semaine entière à une seule personne. Elle a donc décidé d’organiser sa propre semaine Erasmus pour le personnel administratif et d’y inviter ses partenaires. Pour s’y préparer, elle a participé à une «Semaine internationale» pour le per-sonnel administratif, organisé par l’université des sciences appliquées Campus de Vienne. «J’y suis allée pour voir comment c’était organisé, ce qui fonctionnait bien et aussi pour y puiser des idées qui me permettraient d’organiser ma propre semaine», explique-t-elle.

Grâce à cette expérience «édifiante, stimulante et très agréable», elle a fait des constatations très importantes, notamment que travailler en anglais est très fatigant pour ceux dont l’anglais n’est pas la langue maternelle et qu’il est donc essentiel de prévoir des pauses dans le programme. Un autre élément, des plus intéressants à ses yeux, fut l’occasion d’entendre les points de vue émis par des collègues d’autres pays. «Un des problèmes au Royaume-Uni est que nous rece-vons plus d’étudiants que nous n’en envoyons à l’étranger alors que d’autres pays connaissent le problème inverse».

Elle a particulièrement apprécié l’occasion de parler avec des personnes dont le travail est semblable au sien. «Je ne m’attendais pas à rencontrer des gens animés d’un même esprit de camaraderie, de la même volonté d’échanger des idées, pas uniquement concernant les meilleures pratiques mais aussi concer-nant tout ce qu’ils pouvaient améliorer».

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Kate Samways

«Mon employabilité a été multipliée par dix»

Établissement d’origine:Cardiff University, Royaume-Uni

Établissement d’accueil: 2iSA-Institut informatique Sud Aveyron, France Université Ca’ Foscari de Venise, Italie Università Ca’ Foscari Venezia, Italia

Domaine d’études: Français et italien

Durée:10 mois (2008)

En 2008, Kate Samways se préparait à suivre à l’étranger sa troisième année d’études supérieures d’italien et de français. Elle a alors décidé de faire un stage Erasmus et a trouvé un poste d’assistante pour enseigner l’anglais dans un ins-titut d’informatique pour personnes handicapées. «Je m’attendais à ce que ce soit dur» dit-elle. Habiter dans une résidence en compagnie d’une soixantaine d’hommes et de quelques femmes seulement, sans cuisine et devoir partager tous les repas, c’était «totalement hors de ma zone de confort mais très bon pour mes capacités de communication».

Après ce stage, elle est partie étudier à Venise. Tout comme en France, elle s’est investie dans la vie locale en écrivant des critiques artistiques pour un maga-zine en ligne et en rencontrant des «partenaires de tandem» pour des échanges linguistiques. «J’ai trouvé là un outil extrêmement utile, non seulement pour apprendre la langue mais aussi pour aborder la culture des jeunes dans la ville».

Un des effets de cette année est, selon elle, que son «employabilité a été mul-tipliée par dix». Elle a ensuite décroché un post-graduat en journalisme de télé- et radiodiffusion qui lui a permis d’obtenir, à l’été 2011, un stage de deux mois auprès d’Eurosport à Paris. Entretemps, en 2010, elle a été choisie pour repré-senter le deux millionième étudiant Erasmus au Royaume-Uni. «Erasmus m’a appris à saisir toutes les chances qui se présentent à moi. Si j’ai un doute, je me dis: “allez, vas-y”». Le programme Erasmus l’a aussi poussée à réaliser ses ambi-tions journalistiques. «Savoir que je suis capable de me débrouiller seule dans une petite ville de France et de m’y plaire m’a montré qu’il était probablement à ma portée de couvrir un événement à l’étranger et même d’y vivre un jour».

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Katica Simunovic

«Apprendre à travailler dans quatre langues»

Établissement d’origine:Université J. J. Strossmayer d’Osijek, Faculté d’Ingéniérie mécanique de Slavonski Brod, Croatie Sveučilište Josipa Jurja Strossmayera u Osijeku, Strojarski fakultet u Slavonskom Brodu, Hrvatska

Domaine d’études/Intitulé du poste:Ingéniérie/Professeur associé

Année d’activité Erasmus:2010

Lorsque le programme Erasmus a été introduit en Croatie en 2009, il a donné à Katica Šimunović l’occasion de faire «quelque chose d’inédit». Elle a spon-tanément «pris la décision d’y participer, même si je ne savais pas encore grand-chose de ce programme. J’ai fait appel à des contacts établis aupara-vant et je suis parvenue à obtenir une mission d’enseignement en Hongrie».

Pendant sa période de mobilité à l’étranger, elle a enseigné en anglais tout en continuant à s’exprimer en hongrois, croate et allemand. Cette occasion de travailler dans un contexte international l’a aidée à évaluer le contenu de divers diplômes, de faire la promotion de sa propre université et de sa propre faculté, d’organiser des stages pour enseignants et étudiants et d’inviter des étudiants et des enseignants hongrois à se rendre en Croatie. «Comme la Croatie reçoit pour la première fois des enseignants et des étudiants Erasmus en 2011-2012, mon séjour a été une occasion d’encourager la mobilité et de comprendre com-ment elle peut être organisée». Elle est aujourd’hui coordinatrice Erasmus des échanges d’enseignants; la gestion des programmes pour les enseignants et les étudiants entrants et sortants est donc un aspect important de son travail.

Sa courte période de mobilité à l’étranger lui a confirmé la valeur d’études internationales. «J’ai pu comparer les techniques d’enseignement et les qua-lifications, l’amélioration des compétences et la qualité de la recherche, consta-ter aussi la valeur de la mobilité par rapport à un aperçu global du savoir; bref, voir tout ce qu’on peut retirer d’une coopération dans l’enseignement et dans la recherche».

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Jelena Simic

«Tout était parfait»

Établissement d’origine:Université de Rijeka, Croatie Sveučilište u Rijeci, Hrvatska

Établissement d’accueil: Université de Wroclaw, Pologne Uniwersytet Wroclawski, Polska

Domaine d’études: Philologie croate

Durée:4 mois (2010)

Avant de participer au programme Erasmus, Jelena Simić avait travaillé pour une station radio destinée aux étudiants. Dans le cadre d’une émission hebdomadaire sur les échanges d’étudiants, elle avait déjà pu rencontrer de nombreuses per-sonnes dont les cultures et les expériences d’apprentissage étaient différentes. C’est ce qui l’a poussée à faire une demande de bourse Erasmus. «Je voulais que l’expérience Erasmus fasse partie de ma vie; j’ai donc fait tout ce que j’ai pu pour y arriver. Erasmus m’a ouvert des portes en Europe».

Un élément important de son programme a été la recherche d’un sujet pour son mémoire. «Le but principal de mon séjour à l’étranger était d’avoir des entretiens avec mon mentor et de suivre des cours supplémentaires de langue polonaise.» Cet échange fut plus que la simple rédaction d’un mémoire: l’occasion d’apprendre d’autres langues, de participer à des cours donnés par des experts internationaux, de pouvoir rencontrer des gens venus des quatre coins du monde et parler de la Croatie, tout cela a enrichi son séjour en Pologne. Entretemps, elle travaillait aussi pour une station radio étudiante et envoyait dans sa ville natale des rapports sur ses expériences. «J’ai également enregistré des émissions pour mes collègues de l’université de Rijeka dans le but d’aider les étudiants qui envisageaient de poser leur candidature au programme».

Grâce à sa période de mobilité Erasmus, elle a renforcé son intérêt pour l’ensei-gnement de la langue croate aux étrangers et pour une collaboration étroite avec des gens venus d’ailleurs. «La Croatie reçoit son premier groupe d’étudiants Erasmus en 2011-2012 et c’est un domaine qui m’intéresse. Je voudrais pouvoir mettre à profit mes expériences positives acquises en Pologne pour mieux accueil-lir les étudiants qui arrivent en Croatie».

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Mustafa

Çoban

«Notre programme d’études s’en est trouvé complètement modifié»

Établissement d’origine:Université Akdeniz, École universitaire professionnelle de Soins de Santé, Turquie Akdeniz Üniversitesi, Türkiye

Domaine d’études/Intitulé du poste: Soins aux personnes âgées

Année d’activité Erasmus:2007

En 2007, Mustafa Çoban a participé à une période de mobilité Erasmus auprès de l’université protestante des sciences appliquées de Berlin. En tant que chargés de cours en travail social donnant un nouveau cours de type professionnel sur les soins de santé aux personnes âgées à l’université Akdeniz en Turquie, ses collè-gues et lui-même souhaitaient bénéficier de la longue expérience allemande dans ce domaine. «Nous souhaitions nous inscrire à des cours auprès d’institutions dis-pensant des soins aux personnes âgées, comme des établissements de soins pal-liatifs et des maisons de repos et de soins».

Ces six jours ont été intenses et édifiants. Les membres de l’équipe ont non seu-lement rencontré leurs homologues responsables de l’administration des soins aux personnes âgées, mais ils ont également visité des établissements de soins et pu entrer en contact avec des représentants d’organisations non gouvernemen-tales locales. Ils ont établi de nouveaux contacts, ont eu un aperçu d’une culture différente en matière de soins prodigués aux personnes âgées et ont pu discuter de la situation dans leur propre pays.

«Notre programme d’études en a été complètement modifié» explique-t-il. Leur cours a été adapté de manière à le rendre plus pertinent et la structure révisée sert aujourd’hui de base à 12 nouveaux programmes relatifs aux soins aux per-sonnes âgées dans d’autres universités turques. Les résultats de cette visite ont «amélioré l’intérêt de ce domaine d’études», nous dit-il. Ils ont également débou-ché sur d’autres projets en matière d’enseignement professionnel et de formation continue et sur d’autres échanges d “étudiants Erasmus. Vu le nombre croissant de personnes âgées d’origine turque soignées en Allemagne, ils ont également pu donner à leurs hôtes des renseignements utiles sur la culture en matière de soins en Turquie.

Quiconque a l’occasion de participer à une période de mobilité Erasmus a «beau-coup de chance» dit-il. «Posez toutes les questions que vous voulez et acceptez que les autres vous posent des questions. Tout le monde veut apprendre».

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Begüm Yurdakök

«On en est réellement changé de l’intérieur»

Établissement d’origine:Université d’Ankara, Turquie Ankara Üniversitesi, Türkiye

Établissement d’accueil: Université de Bologne, Italie Institut Karolinska de Stockholm, Suède Università di Bologna, Italia Karolinska Institute, Sverige

Domaine d’études: Pharmacologie et toxicologie vétérinaires

Durée:9 mois (2004) et 10 mois (2008)

Begüm Yurdakök préparait son diplôme de médecine vétérinaire à Ankara quand elle s’est rendue en Italie en 2004 pour un échange Erasmus. «J’ai voulu voir comment je pouvais me débrouiller toute seule dans la vie. J’ai eu l’im-pression que quelque chose frappait à une porte à l’intérieur de moi et voulait sortir». Elle a acquis de l’expérience pratique à la clinique vétérinaire ratta-chée à l’université de Bologne. «Pour la première fois, j’ai pu participer à des applications cliniques.» Elle a apprécié l’aide des professeurs de son univer-sité d’accueil, qui ont organisé pour elle des visites sur le terrain pour lui per-mettre de suivre des cours d’aquaculture et d’apiculture (obligatoires en Turquie mais non proposés à Bologne) dans d’autres universités italiennes.

Entretemps, elle s’est sentie attirée par l’apprentissage des langues. «L’étymologie est devenue pour moi un grand centre d’intérêt. La manière dont un peuple nomme les choses en dit long sur sa mentalité et sa culture». Après l’italien, elle a entrepris d’apprendre l’espagnol, le néerlandais puis le sué-dois. «À présent, j’apprends le japonais. C’est pour moi un sport cérébral, comme le sudoku». Elle est convaincue que ses connaissances linguistiques et ses contacts internationaux ont été des éléments déterminants pour son engagement comme assistante de recherche auprès de sa faculté, après son doctorat.

En 2008, elle est repartie pour un nouvel échange Erasmus, à Stockholm cette fois. «J’ai appris toutes les nouvelles techniques auprès d’une des meilleures équipes de pharmacogénéticiens au monde; c’était vraiment passionnant!».

Aujourd’hui, elle observe avec bonheur les effets d’Erasmus sur d’autres per-sonnes: «Je suis heureuse lorsque j’accueille dans mon bureau des étudiants désireux de participer à Erasmus. Après leur séjour de mobilité, ils reviennent avec de la lumière plein les yeux. On en est réellement changé de l’intérieur.»

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Gu mundur Hálfdanarson

«Erasmus donne aux petites universités l’occasion de devenir internationales»

Établissement d’origine:Université d’Islande, Islande Háskóli Íslands, Íslands

Domaine d’études/Intitulé du poste: Professeur d’histoire

Année d’activité Erasmus:1992

Lorsque l’Islande est entrée dans le programme Erasmus en 1992, l’engagement de Guðmundur Hálfdanarson a été déterminant dans la promotion des échanges d’étudiants dans le domaine de l’Histoire. «Il a aidé à convaincre les étudiants qu’ils pouvaient et devaient faire une partie de leurs études universitaires dans un autre pays».

Si les avantages des échanges d’enseignants ou d’étudiants varient selon les dis-ciplines étudiées, ces avantages sont, selon lui, indéniables: «Vous êtes confron-tés à des idées nouvelles, comme par exemple la manière dont différentes communautés abordent les choses».

Un des grands avantages pour les universités est qu’Erasmus propose un moyen de «mettre en place une coopération structurée autour de programmes spéci-fiques». C’est ainsi que dans sa discipline a été créé le CLIOHnet (un réseau Erasmus médaillé d’or), relatif à l’histoire dont font partie 60 universités. Il a été, avec Anne Catherine Isaacs, professeur et ambassadrice du personnel Erasmus italien, un des coordonnateurs principaux de divers programmes intensifs Erasmus pour étudiants et enseignants de plusieurs universités. Ces programmes sont «un moyen excellent de mettre les gens en contact d’une manière intensive, dans le but de confronter des expériences historiques différentes».

Selon lui, le Système européen de transfert et d’accumulation de crédits (ECTS) est capital: «il a été extrêmement bénéfique pour la qualité de l’enseignement en Europe». Il poursuit: «Erasmus n’est pas élitiste. Les plus grandes universités sont déjà internationales mais pour les petites universités ce n’est pas aussi évident; Erasmus leur donne l’occasion de devenir réellement internationales».

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Ása Kjartansdóttir

Gu mundur Hálfdanarson

«Erasmus fait toujours partie de mon emploi du temps quotidien»

Établissement d’origine:Université d’Islande, Islande Háskóli Íslands, Íslands

Établissement d’accueil: Université d’Umeå, Suède Umeå Universitet, Sverige

Domaine d’études: Sciences de l’éducation

Durée:5 mois (1997)

Ása Kjartansdóttir a spontanément pris la décision d’aller étudier à l’étranger lorsque ses professeurs à l’université l’ont persuadée, elle et une autre étu-diante, d’aller étudier en Suède, à l’université d’Umeå qui jouit d’une bonne réputation dans le domaine des sciences de l’éducation.

Elle-même et 150 autres étudiants internationaux ont reçu un accueil chaleureux à l’université d’Umeå. Elle a été surprise des différences entre les programmes de cours donnés en Islande et en Suède où les cours étaient donnés consécuti-vement selon un système de modules et non simultanément. «Nous suivions un seul cours à la fois, ce qui était commode». La plupart des cours étaient donnés en langue suédoise et on y insistait davantage sur le travail d’équipe et la réso-lution de problèmes qu’en Islande.

Comme bien d’autres anciens étudiants Erasmus, elle se souvient avec nostal-gie de la vie sociale: «on ne s’ennuyait jamais». Après son séjour d’étude en Suède, elle est restée en contact avec ses camarades, se tenant au courant de leur vie professionnelle et sociale.

Cette expérience de cinq mois a modelé son attitude dans la vie: «je suis deve-nue plus indépendante, ouverte et orientée vers l’international».

Elle a travaillé pour la Commission européenne en tant qu’expert national dans le domaine de l’enseignement supérieur et du programme Erasmus. Aujourd’hui conseillère en éducation, sciences et culture à la Mission d’Islande auprès de l’Union européenne à Bruxelles, elle suit avec attention l’évolution de ce programme.

«Je pense que l’expérience Erasmus a pas mal influencé ma vie et les programmes européens, dont Erasmus, font toujours partie de mon emploi du temps quotidien».

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Hansjörg Hilti

«C’est un système de contrôle de la qualité»

Établissement d’origine:Die Universität Liechtenstein, Liechtenstein

Domaine d’études/Intitulé du poste:Architecture

Année d’activité Erasmus:2005

«J’avais déjà passé près de dix ans de ma vie hors de mon pays et je voulais conti-nuer à nouer des relations internationales. Nous vivons dans un monde globalisé et nous avons l’obligation de former nos étudiants et nos enseignants à agir au niveau international». Étudiant à la faculté d’architecture de l’université du Liechtenstein, Johann Georg Hilti a considéré sa période de mobilité Erasmus comme «un système de contrôle de la qualité». Il a effectué de courts séjours dans des écoles et des facultés universitaires d’architecture dans un certain nombre de pays. À chaque fois, il a dû évaluer le travail de 20 à 40 étudiants de différents niveaux. «Il s’agissait très souvent de projets de thèse. Une évaluation consiste à enseigner, conseiller, comparer et discuter de manière très fructueuse avec les étu-diants et les enseignants. En architecture, il faut constamment se mettre au cou-rant de ce que font les autres. Cela signifie aller dans d’autres établissements d’enseignement et les comparer au mien.»

Les différences dans les méthodes d’enseignement qu’il a constatées sont prin-cipalement dues, selon lui, à la taille des établissements. «La plupart de ces uni-versités sont beaucoup plus grandes que la nôtre». Malgré sa petite taille, l’université du Liechtenstein est très cosmopolite. Ses 700 étudiants réguliers viennent de près de 40 pays.

Il recommanderait «sans hésiter» la mobilité Erasmus au personnel enseignant de tout établissement d’enseignement supérieur. «J’estime que c’est essentiel. De nos jours, nous envoyons tous des étudiants à l’étranger; notre personnel a donc besoin lui aussi d’une formation internationale». Prié de résumer en trois mots son expérience Erasmus, il a répondu: «J’ai beaucoup aimé».

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Gerold Büchel

Hansjörg Hilti

«J’aurais voulu rester plus longtemps»

Établissement d’origine:Die Universität Liechtenstein, Liechtenstein

Établissement d’accueil: Université catholique de Lyon, France

Domaine d’études: Systèmes informatiques pour les entreprises

Durée:6 mois (2001)

Après une période d’apprentissage de 4 ans, Gerold Büchel a obtenu son diplôme en cours du soir et a combiné travail et études. Grâce à un échange Erasmus de six mois, suivi d’un stage Leonardo da Vinci de huit mois en entre-prise, il a pu se concentrer exclusivement sur ses études. «Mon plan était de suivre tous mes cours en anglais mais j’ai fini par suivre les cours de gestion d’entreprise en français, ce qui m’a forcé à apprendre cette langue. J’ai bien fait car après avoir obtenu mon diplôme, j’ai travaillé pour le centre de recherche et de développement situé dans la partie francophone de la Suisse». En dépit de sa réticence à l’égard de l’apprentissage des langues, «j’ai dû utiliser l’an-glais pour le centre d’affaires américain, l’allemand pour le siège social et le français pour l’équipe en Suisse».

Cette expérience lui a permis de se sentir plus à l’aise pendant ses voyages à l’étranger et l’a aidé à acquérir les compétences nécessaires à un travail au sein d’équipes interculturelles. «Pendant ma période de mobilité, le contenu des cours était similaire mais les façons de travailler étaient différentes. Nous avons souvent travaillé en équipes mixtes, utilisant des langues et des approches différentes pour résoudre des problèmes. Aujourd’hui, je suis res-ponsable d’une équipe internationale auprès d’un des plus grands départe-ments d’une entreprise européenne spécialisée en hautes technologies». Si l’échange en lui-même n’a pas débouché sur un emploi en particulier, il l’a cependant encouragé à chercher quelque chose de différent et l’a rendu «plus ouvert» par rapport au marché de l’emploi. Il aurait voulu rester plus long-temps en France car les amitiés et les contacts qu’il y a noués il y a dix ans l’ont aidé dans le poste qu’il occupe aujourd’hui, celui de parlementaire au Liechtenstein, poste qu’il considère comme un grand honneur.

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Wolfgang Laschet

«De nombreux rêves se sont envolés à cause d’une bureaucratie inutile»

Établissement d’origine:Université norvégienne de Science et de Technologie (NTNU), Norvège Norges teknisk-naturvitenskapelige universitet, Norge

Domaine d’études/Intitulé du poste: Coordination des programmes de l’Union européenne

Année d’activité Erasmus:1992

Né en Allemagne, Wolfgang Laschet, coordonnateur du programme Erasmus à l’université norvégienne des sciences et des technologies (NTNU), a vécu en Suède et en Belgique avant d’aller s’installer en Norvège. Aujourd’hui, il prend plaisir à aider les autres à tirer les leçons d’une expérience internationale. «Pour les étudiants, c’est une chance de spécialisation qu’ils n’auraient pas chez eux; pour les enseignants, c’est une occasion d’aller observer une autre méthode d’enseignement et de créer des liens qui pourront mener à d’autres projets».

Une de ses priorités a été de réduire la paperasserie administrative pour les étu-diants candidats à un échange. Pour ce faire, il a mis en place des procédures simples, accessibles en ligne. «Je crois que l’approche de la NTNU de ce pro-blème nous a aidés à ce que la Norvège devienne la destination la plus deman-dée des étudiants candidats.» Il déplore ce qu’il considère comme une tendance dans certains établissements: une diminution de la flexibilité par rapport aux partenariats Erasmus, ce qui fait obstacle à la mobilité des étudiants. «De nom-breux rêves se sont envolés à cause d’une bureaucratie inutile» regrette-t-il.

Il a joué un rôle prépondérant dans la mise en place du réseau ATHENS des uni-versités techniques, dont le programme intensif d’ingénierie, lancé il y a quinze ans, est à présent entièrement autofinancé. Ce réseau regroupe quinze établis-sements et organise deux semaines internationales par an. Il propose entre 70 et 90 cours d’ingénierie et d’architecture à près de 1 800 étudiants. Wolfgang Lachet également lancé des cours d’été de langue norvégienne, qui accueillent jusqu’à 180 étudiants. Le thème en est principalement la nature et la promotion du travail d’équipe. «Nager dans un lac glacé est très bon pour l’esprit d’équipe!» affirme-t-il en riant. Prié de résumer l’expérience Erasmus en trois mots, il répond: «Privilège. Introspection. Joie».

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Frederik Strand Sardinoux

«On peut tout reprendre à zéro»

Établissement d’origine:Institut National des Sciences Appliquées français, Toulouse, France

Établissement d’accueil: Université norvégienne de Science et de Technologie, Norvège Norges teknisk-naturvitenskapelige universitet, Norge

Domaine d’études: Acoustique et télécommunications

Durée:6 mois (2008)

Fils d’une mère norvégienne et d’un père français, Frederik Strand Sardinoux a grandi en France. Il a fait ses études à l’INSA, une école d’ingénieur située à Toulouse, jusqu’à ce que, inspiré par des étudiants étrangers qu’il avait ren-contrés, il décide de profiter de l’occasion offerte par Erasmus et retourne pour sa troisième année d’études dans le pays qui l’a vu naître. «Je voulais amélio-rer mes connaissances des langues norvégienne et anglaise, voir aussi s’il fai-sait bon vivre en Norvège». Son échange est devenu un aller simple. La vie en Norvège lui a tellement plu qu’il a déménagé pour aller terminer ses études à l’université norvégienne des sciences et des technologies (NTNU).

Il s’est intégré sans difficulté à la culture locale et a tellement apprécié l’envi-ronnement international qu’au terme de ses six mois, il s’est engagé dans un volontariat auprès de la section locale du réseau des étudiants Erasmus (ESN), accueillant les étudiants dans la ville et dans l’école et organisant des excursions pour leur montrer le pays. Il est devenu membre du conseil d’ad-ministration, puis président, puis représentant national de l’ESN Norvège. Il a également coordonné deux Cours intensifs Erasmus de langues (CIEL) en été. «Au moment même, je n’ai pas pensé aux avantages que ce volontariat m’apportait mais au fur et à mesure, j’ai réalisé que j’apprenais tellement: du leadership à la collaboration internationale». Aujourd’hui, il lui reste six mois à étudier et son objectif est de faire une carrière internationale.

Peu importe le pays où l’on se rend pour un échange Erasmus, il l’explique: «de tous ceux avec qui j’ai discuté, 90 % disent qu’Erasmus a été le meilleur moment de leur vie». Pour lui, l’élément le plus précieux a été «la liberté, s’éloi-gner de tous ceux qui vous connaissent et ainsi, tout reprendre à zéro».

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Antoinette Charon Wauters

«Entretenir le rêve Erasmus»

Établissement d’origine:Université de Lausanne, Suisse

Domaine d’études/Intitulé du poste:Directrice des relations internationales

Année d’activité Erasmus:1991

En vingt années d’expérience acquise en projets internationaux, Antoinette Charon Wauters a noté bien des changements dans la participation de la Suisse au programme Erasmus. Pour pouvoir entretenir le rêve des possibilités d’échanges d’étudiants pendant tout ce temps, il lui a fallu de la patience et une vision nette de la mobilité et de l’internationalisation. Elle a travaillé à «faire connaître le système suisse d’enseignement supérieur». Son engagement auprès d’associations internationales ainsi que le fait de s’être «tenue au courant de l’évolution européenne» lui ont permis de «répandre la bonne nouvelle» auprès d’autres universités suisses.

Grâce à une première initiative pilote de mise en place, à la faculté de médecine, du système européen de transfert de crédits (ECTS), le nombre d’étudiants se rendant à l’étranger est passé, en 10 ans, de 5 à 90. Nommée «Coordinateur ECTS pour la Suisse» en 1992, elle a poursuivi son travail dans ce domaine pen-dant les années 1990, tout en assurant la vice-présidence puis la présidence de la European Association for International Education (EAIE). Elle a ensuite été invi-tée par la Banque mondiale à collaborer avec l’université du Monténégro à des programmes européens de mobilité.

Le premier effet pour l’université a été «d’intégrer l’internationalisation. La phase suivante est de gérer au mieux les nombreux enseignants et étudiants qui viennent à Lausanne». Avec 25 % des étudiants et plus de 30 % des enseignants et des équipes de recherche venus d’autres pays, cette université offre aux étu-diants de nombreuses possibilités d’étudier dans un environnement véritable-ment international.

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Marco Amherd

«Bien plus que de changer d’université»

Établissement d’origine:Zürcher Hochschule der Künste, Suisse

Établissement d’accueil: Centre d’Études supérieures Musique et Danse, Toulouse, France

Domaine d’études: Musique

Durée:10 mois (2011)

Il a fallu beaucoup de temps à Marco Amherd pour sélectionner une université. «Pour moi, le tuteur est plus important que l’université. Je suis musicien, ma for-mation est donc surtout assurée par des cours particuliers et non par des cours ex cathedra». Pour être certain de faire le bon choix, il a envisagé toutes les possibi-lités en Europe, visité plusieurs universités et demandé conseil à des amis. Son choix s’est porté sur Toulouse pour sa première année de maîtrise, tant par la répu-tation internationale de ses tuteurs que par le répertoire de musique d’orgue dis-ponible en France.

En parallèle avec sa formation spécialisée, il suit des cours en compagnie d’autres étudiants internationaux. Pour ceux qui apprennent à jouer de l’orgue, «il est important d’établir un réseau de spécialistes. Il aura un rôle essentiel dans ma future carrière». Avant son échange Erasmus, il avait combiné des études d’économie et de musique. L’année qui vient sera différente et lui donnera sa «pre-mière chance de me concentrer sur ma musique. Vivre loin de chez moi pendant une si longue période m’aidera aussi à devenir indépendant et à mieux m’affirmer – quelque chose qui compte aussi beaucoup dans une profession musicale».

Il a commencé sa période de mobilité Erasmus en septembre 2011 et a vite cons-taté des différences entre la France et la Suisse, tant dans l’enseignement que dans la vie quotidienne. «Il me faudra un certain temps avant de me sentir chez moi. C’est une chance magnifique; pourtant, je suis certain que je remarquerai des différences culturelles, même s’il n’y a pas de barrière de langue mais si on veut que tout soit comme chez soi, alors, il faut rester chez soi».

Page 78: ERASMUS - CHANGE DES VIES ET OUVRE DES ESPRITS DEPUIS 25 ANS

Bruxelles, Belgique, 30 et 31 janvier 2012

Conférence inaugurale du 25e anniversaire du programme Erasmus

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Commission européenne

Erasmus change des vies et ouvre des esprits depuis 25 ans

Luxembourg: Office des publications de l’Union européenne

2012 — 80 p. — 21 × 21 cm

ISBN 978-92-79-21337-3 doi:10.2766/18754

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