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Corps malade et corps érotique

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Table des matières

 Avant-propos....................................................................................3

1. Clinique de l’enfant..........................................................................9

Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune

enfant.............................................................................................1!

"e eu # $ coucou %.....................................................................13

"e &ourra'e de l’am&ulance.......................................................1(

"es mara&outs............................................................................1)

*i&lio'raphie..............................................................................+!

milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/...........++

*i&lio'raphie..............................................................................3+

"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le

trian'le : p0re-m0re-&é&é...............................................................33

*i&lio'raphie..............................................................................3

volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant

de 11 ans atteint d’une maladie osseuse.......................................

2iscussion...................................................................................(+

*i&lio'raphie..............................................................................(

+. Clinique de l’adulte........................................................................((

"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu

o&servations de maladie rhumato4de/............................................()

5éance du 1+-+-196....................................................................)!

"a séance suivante 1( ours plus tard/.....................................)+

5éance du +3-1+-196..................................................................)6

7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite

hémorra'ique.................................................................................

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remier cas.................................................................................61

2eui0me cas..............................................................................6(

*i&lio'raphie..............................................................................9)

3. ;echnique.......................................................................................96

2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation

en pschosomatique.......................................................................99

*i&lio'raphie............................................................................11!

ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes...........111

. ;héorie.........................................................................................1+

2es processus de somatisation....................................................1+(

*i&lio'raphie............................................................................11

schosomatique et pschanalse...............................................1+

2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e.. .1(!

>ntroduction..............................................................................1(!

"e culte du héros : un m?le-entendu........................................1(+

@t le masochisme ...................................................................1((

Bpoth0ses et conclusion.........................................................1)!

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 Avant-propos

Ce volume paraît à un moment où la psychosomatique n’en est

plus à ses débuts. Le terme « psychosomatique » a fait carrire sans

qu’on sache tou!ours si cette dernire est liée à l’ouverture d’un

champ d’investi"ation qui o#re des perspectives encore neuves au$

psychanalystes% ou si elle n’est qu’une manire de penser 

con!oncturelle.

 La psychosomatique% donc% inau"ure une clinique et une théorie

qui dépassent le champ classique de la psychanalyse des névroses et

conduisent à l’élar"issement de la pratique analytique. L’&nstitut de

 'sychosomatique% qui a ouvert ses portes à l’()pital de la 'oterne

des 'eupliers% à 'aris% en *+,-% sous la direction de '. arty% permet

en ce domaine de centraliser une importante e$périence clinique.

Ce volume voudrait souli"ner que la /echerche reste au premier 

plan des préoccupations en dépit de ce que l’on pourrait croire%

quant à l’achvement d’une théorie psychosomatique.

0n sait qu’en matire de psychosomatique e$istent de nombreu$

courants cliniques% techniques et théoriques qui vont de la médecine

1dite psychosomatique2 à l’approche psychanalytique des patients

qui sont atteints dans leur inté"rité corporelle en passant par des

pratiques centrées par les « consultations de liaison » dans les

h)pitau$ "énérau$% les "roupes 3alint% la notion de stress% les thses

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 Avant-propos

a"ressolo"iques% le behaviourisme% la psycholo"ie e$périmentale% la

neurophysiolo"ie% voire la neurochimie.

 4u sein de cette pluralité qui occasionne de vi"oureuses

contradictions% dont certaines vont parfois !usqu’à l’anta"onisme% ce

volume limite son territoire au$ approches psychanalytiques et à

elles seules. 5on par manque d’éclectisme mais parce qu’à

l’intérieur m6me de ce territoire e$istent des controverses

nombreuses dont l’en!eu est asse7 important pour nourrir un débat

public.

 &l est peut86tre utile de rappeler% en "uise de préambule% que pour 

les psychanalystes% il n’e$iste pas de maladie psychosomatique% pas

plus que de malade psychosomatique. &l y a des maladies physiques

décrites et répertoriées par la médecine% mais il n’est nullement

question de faire sur des critres psychopatholo"iques un

quelconque parta"e entre celles qui seraient plus psychiques et

celles qui le seraient moins.

 'sychosomatique est plut)t réservé à la dési"nation d’une

approche des patients% d’une technique psychothérapeutique etd’une théorie% qui cherchent à rendre compte de ce qui se !oue

mentalement pour le su!et qui réa"it au$ événements et au$ con9its

en « tombant malade » ou% comme on dit plus techniquement% en

somatisant. :t ceci quelle que soit la "ravité de la maladie physique

en cause ; il s’a"it tout aussi bien de l’infarctus du myocarde que du

cancer du sein% de l’insu#isance rénale que de l’hyperthyro<die. 0u

pour s’e$primer autrement% on peut dire que l’infarctus du myocarde

n’est pas psychosomatique. C’est l’investi"ation qui est

psychosomatique% dans la mesure où elle cherche à analyser 

pourquoi le patient a nécrosé une partie de son muscle cardiaque

plut)t que déclenché une crise de nerfs% une dépression ou un délire.

 =s lors que la notion de psychosomatique est ainsi délimitée% il

devient clair que son champ ne peut 6tre envisa"é sans référence au

reste de la psychopatholo"ie. &l est tout à fait impossible

(

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 Avant-propos

d’entreprendre une approche psychosomatique qui serait coupée de

l’approche psychanalytique des névroses et des psychoses. =e

nombreu$ travau$% depuis une trentaine d’années% ont

particulirement insisté sur ce qui caractériserait% mentalement% les

patients qui sont les plus vulnérables au$ atteintes somatiques ; ces

derniers seraient moins aptes à réa"ir par des troubles

psychonévrotiques. :t si des structures mentales particulires

peuvent 6tre ainsi dé"a"ées par l’investi"ation psychosomatique%

elles se di#érencient des autres par des détails qui concernent la

qualité du fonctionnement psychique.

 ais la nécessité de faire référence au reste de la clinique

psychanalytique apparaît plus évidente encore lorsqu’il s’a"it de

comprendre l’apparition% ou l’évolution% voire la "uérison d’une

maladie somati8que che7 un su!et dont on sent qu’en d’autres

circonstances il réa"it par des sympt)mes névrotiques en épar"nant

alors son corps.

Certains malades sont connus pour réa"ir tant)t par un délire%

tant)t par une maladie somatique. :st psychosomatique l’attitude

qui consiste pour le psychanalyste à considérer que la survenue de la

maladie physique n’est pas seulement le fait d’un processus

biolo"ique étran"er à l’analyse et inanalysable% mais que le

 fonctionnement mental et ses impasses sont impliqués dans la

somatisation d’une manire spéci>que qu’il convient !ustement

d’analyser.

 =e m6me qu’il n’est plus "ure pensable que le psychanalyste

i"nore tout des psychoses% car il risque d’avoir à en découdre avec

des patients qui un !our commencent à délirer et à halluciner sur le

divan% de m6me% il n’est plus possible% d’ores et dé!à% de faire

l’économie de la clinique% de la théorie et des conséquences

techniques qu’implique la psychosomatique.

 'our employer une formule dont on e$cusera le ton un peu

lapidaire% on pourrait dire que  s’il n’est pas possi&le d’tre

)

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 Avant-propos

pschosomati-cien sans tre pschanalste, il est périlleu d’tre

pschanalste sans tre pschosomaticien.

 'eut86tre n’est8il pas inutile de souli"ner qu’il n’y a pas de lutte ni

m6me de concurrence entre la médecine et la psychosomatique pour 

s’approprier le champ des maladies du corps. ?ous les patients ont

un fonctionnement mental et un fonctionnement biolo"ique. @ue l’on

puisse avoir accs par l’analyse à une maladie physique% et in9échir 

son cours D voire son déclenchement% son évolution% ses crises% ou

sa "uérison D n’équivaut nullement à dénier la vérité des processus

biolo"iques qu’ils soient physiolo"iques ou patholo"iques A tout au

plus sur"issent de temps à autre des controverses entre les deu$

spécialistes sur la méthode à utiliser% hic et nunc, avec tel patient. &l

peut arriver que le médecin et le psychosomaticien ne parviennent

pas à un accord sur la conduite à tenir. ais plus souvent les deu$

traitements peuvent 6tre menés paralllement et de faBon

complémentaire.

Cette complémentarité est possible parce que le médecin

s’attaque avant tout à la  maladie en soutenant ou en stimulant les

 fonctions biolo"iques de ré"ulation et de défense% tandis que le

psychosomaticien s’intéresse surtout au malade, à son terrain% à ses

modalités habituelles de réaction ou à son « idiosyncrasie ».

 La psychosomatique% si elle est parfois critique à l’é"ard de la

pratique médicale% reste tou!ours respectueuse en revanche du « roc

biolo"ique ».

 'our ce volume% le Comité de /édaction a choisi de rassembler des te$tes sur le thme ; Corps malade et corps érotique. Ceci a>n

de souli"ner d’entrée de !eu la préoccupation ma!eure de la pratique

psychosomatique ; si du corps malade on a une notion relativement

simple dans une approche descriptive% voire phénoménale% il est

beaucoup plus compliqué d’en donner une dé>nition ou d’en saisir 

les caractéristiques en termes psychanalytiques. Le corps malade ne

donne pas tou!ours lieu à un éprouvé douloureu$% ni à une

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 Avant-propos

perception psychique claire pour le su!et. 0n peut vivre avec une

insu#isance rénale% avec un cancer peu évolué% avec un diabte% sans

m6me le savoir. 4 l’inverse% le corps peut occasionner de redoutables

sou#rances alors m6me que les lésions sont relativement discrtes%

comme par e$emple dans une arthrose% un 7ona ou une mi"raine. Le

corps malade donc% se manifeste psychiquement de faBon tout à fait

insolite et irré"ulire% il fait sur"ir de faBon e$emplaire la place de la

sub!ectivité en tant qu’elle renvoie au su!et% à sa structure% à son

histoire% et à la désor"anisation ou à l’or"anisation de ses pulsions ;

pulsions se$uelles et pulsions d’auto8conservation d’abord% m6me si

la référence à cette premire théorie de reud sur les pulsions peut

paraître à certains désute% voire inutile% hors du champ de la

psychosomatique. La cécité du su!et ou son inquiétude e$cessive sur 

l’état de son corps le conduit à accorder une place inhabituelle à

l’investi"ateur% qu’il soit médecin ou psychanalyste. Car il ne peut

6tre e$clusivement question dans ce cas d’un déchi#rement de

l’inconscient refoulé et représenté. L’arbitraire sub!ectif ici risque

d’alterner entre le non8représenté et le début d’une élaboration

délirante dans le cadre d’une hypocondrie.

 Le psychanalyste se trouve parfois dans une position bien

inconfortable car il travaille dans une ré"ion psychique innommée et

inconnue du patient. C’est comme si ce dernier consultait l’analyste

sans pouvoir le reconnaître comme tel. :t ceci ne relve pas d’un de

ces tours de prestidi"itation que l’on doit au refoulement% mais d’une

position topique de l’analyste dont% précisément% il n’y a peut86tre

pas de réplique dans l’inconscient de ce patient.

 4 l’opposé des manifestations psychiques si étran"es du corps

malade% on pourrait décider de situer le corps "uéri ou le corps sain.

C’est du moins en ces termes que se ferait un repéra"e médico8

biolo"ique. ais dans une telle perspective% le corps sain ne peut

6tre cerné que par une série de variables mesurables qui évoluent

dans la fourchette de valeurs « normales »% ou plus correctement de

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 Avant-propos

« valeurs habituelles % ou « statistiquement les plus fréquentes ».

C’est pour cette raison qu’il est médicalement si di#icile% voire

impossible% de donner une dé>nition de la santé ou de la bonne

santé.

 =ans cette a#aire% la psychanalyse est peut86tre mieu$ armée que

la médecine ou la biolo"ie. Le corps "uéri pour le psychosomaticien

n’est pas seulement un corps non8malade. &l est m6me des cas où le

corps% indemne de toute a#ection actuellement repérable% est

suspect de ne pas l’6tre quand m6me% ou d’6tre en situation ou en

attente de devenir malade. Cette a#irmation% cette suspicion% ou ce

doute peuvent 6tre formulés lorsque le corps% m6me sans sympt)me

somatique visible% est coupé du fonctionnement psychique. 'lus

précisément lorsque le corps ne s’inscrit nulle part dans la parole du

patient comme corps désirant% ni comme corps éro"ne% ni comme

corps support d’une activité fantasmatique or"anisée par les

théories se$uelles infantiles.

 4 l’inverse% le corps peut lé"itimement 6tre supposé sain% ou

mieu$% à l’abri d’une maladie somatique lorsque précisément il se

manifeste dans la parole comme corps érotique% c’est8à8dire lorsque

le corps est représenté psychiquement% comme ima"e du corps%

en"a"ée dans des investissements érotiques  D auto et hétéro8

érotiques  D impliquant une dialectique qui s’enracine dans la

solidité du narcissisme et la qualité des relations ob!ectales.

 :n renonBant au corps "uéri% nous voudrions formuler dans le

thme m6me de ce volume la question de savoir s’il peut e$ister un

autre corps sain que le corps érotique.

Cette question s’avre >nalement cruciale. Le corps érotique

renvoie en e#et à la se$ualité% cette se$ualité tellement malmenée

depuis quelques di7aines d’années. L’interdit qui ré"nait !adis sur la

vie se$uelle a été enfreint par la psychanalyse. 4insi a été révélée

l’importance fondamentale de la se$ualité dans la "ense des

troubles psychonévrotiques. 4lors qu’au!ourd’hui la se$ualité n’est

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 Avant-propos

plus l’ob!et d’aucun tabou% et que la perversion et la porno"raphie

s’e$hibent sans limite dans notre vie quotidienne% il n’est pas inutile

de !eter un re"ard en arrire sur la se$ualité que visait

l’investi"ation freudienne. Cette se$ualité que révle la psychanalyse

dési"ne avant tout la se$ualité psychique% celle qui se construit à

partir du mystre pour l’enfant de la se$ualité de ses parents% de la

scne primitive% des fantasmes ori"inaires et des théories se$uelles

infantiles. La se$ualité renvoie certes au corps% mais au corps

érotique% au corps du désir% et non au corps physiolo"ique ni au

corps du besoin% fDt8il se$uel. La di#érence est fondamentale à

saisir ; le corps du désir appelle l’ob!et d’amour% le corps du besoin

n’e$i"e que la déchar"e é"ocentrique et aveu"le. Ei le désir fait vivre

beaucoup plus que le plaisir% le besoin% en revanche% est plut)t

destructeur par sa violence et son ur"ence A et le corps or"anique

est moins en dan"er aprs la déchar"e de l’e$citation qu’avant. Le

corps érotique s’oppose donc économiquement au corps or"anique%

et la se$ualité psychique est qualitativement d’une autre espce que

la se$ualité physiolo"ique ou « animale ».

 4insi doit8on dé"a"er le parado$e qui veut que la mise sous

tension du corps érotique soit au service de la vie% alors que la mise

sous tension de la se$ualité animale soit plut)t mortifre. C’est de ce

parado$e que dérive la contradiction indiscutable entre l’approche

psychanalytique et l’approche endocrinolo"ique de la se$ualité.

Ei% nombreu$ sont ceu$ qui reprent intuitivement ou

théoriquement cette di#érence% il n’en demeure pas moins dans la

communauté médicale aussi bien que psychanalytique une 7one

obscure sur les relations qui e$istent entre se$ualité psychique et

se$ualité animale% entre corps érotique et corps or"anique.

 L’idée asse7 répandue que la premire dériverait de la seconde

dans une succession naturelle liée au processus d’hominisation% est

en fait asse7 discutable.

1!

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 Avant-propos

 &l n’est nullement évident que la se$ualité psychique soit

l’héritire naturelle de la se$ualité viscérale. &l se pourrait bien

qu’entre instinct et pulsion il n’y ait pas de continuum% mais bien

plut)t hétéro"énéité radicale. Ei la se$ualité viscérale dérive bien de

la maturation et de l’actualisation d’un pro"ramme hérité

"énétiquement% la se$ualité psychique% elle% dériverait plut)t des

relations qu’établit l’enfant avec ses parents au travers d’une

« brume fantasmatique » qui serait déterminante. La di#érence

entre se$ualité viscérale et se$ualité psychique se manifesterait de

 faBon e$emplaire dans le calendrier onto"énétique ; les fonctions

"onadiques ne sont activées qu’entre *F et *G ans d’H"e% alors que la

se$ualité psychique lorsqu’elle advient% est en place entre I et G ans%

aussi bien que le corps érotique J

0r% la clinique psychosomatique su""re pourtant que la santé du

corps or"anique n’est pas indépendante de la se$ualité psychique.

 Le corps érotique et la se$ualité psychique sont au fondement m6me

du fonctionnement psychique sans lequel le corps somatique n’est

plus proté"é des a#ections or"aniques. Le corps érotique serait donc

nécessaire à la santé du corps somatique J Le premier parado$e en

vertu duquel le corps physiolo"ique et le corps érotique naissent et

se développent à partir de deu$ courants éminemment di#érents se

double d’un second parado$e ; le corps physiolo"ique a besoin du

corps érotique pour ne pas se désor"aniser. Ces remarques

conduisent à l’hypothse que si e$istent des relations entre se$ualité

animale et se$ualité psychique% ces relations ne sont pas dans la

succession naturelle qui va de la se$ualité animale à la se$ualité

psychique. &l n’y a pas davanta"e% en dépit de la chronolo"ie dans

l’ordre de l’onto"énse% de succession de la se$ualité psychique vers

la se$ualité animale. La santé serait plut)t le résultat de la

conver"ence à l’adolescence des deu$ courants !usque8là séparés.

0n retrouve ici la question de Kintrication entre instinct de

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 Avant-propos

conservation et pulsion se$uelle et de la période cruciale à cet é"ard

de l’adolescence.

0n ne s’étonnera pas de la contradiction entre la position

analytique qui fait tou!ours référence à la se$ualité psychique et à

ses échecs% et la position médicale% reprise par la péda"o"ie scolaire

qui n’envisa"e et n’ensei"ne que la se$ualité animale% viscérale et

endocrinienne% sans mentionner la se$ualité psychique ou le corps

érotique. 0r% cette position médico8péda"o"ique n’est pas sans

conséquence% car elle o#icialise le cliva"e entre corps or"anique et

corps érotique. 'eut86tre m6me contribue8t8elle à désa"ré"er les

deu$ courants fondamentau$ de la se$ualité adulte% et à "6ner 

l’intrication pulsionnelle dé!à si di#icile spontanément à

l’adolescence% intrication qui% pour se réaliser% a peut86tre besoin%

précisément% d’ambi"u<té et d’équivoque. 'eut86tre en>n le discours

 7ootechnique sur la se$ualité seriné par tous les médecins au nom de

la science ob!ective% favorise8t8il% par la liquidation du mystre% le

déploiement d’une se$ualité désérotisée% qui débouche sur la

se$ualité porno"raphique et bient)t violente.

 /este à savoir% quand on i"nore encore autant de choses sur le

processus de l’intrication% comment manier la se$ualité psychique et

approcher le corps érotique de malades somatisants che7 lesquels

précisément l’érotisme est tellement insaisissable et tellement

vulnérable. C’est poser la question de la technique d’analyse d’une

se$ualité qui n’est pas seulement con9ictuelle mais plus souvent

insu#isamment or"anisée.

 :t à ce su!et% nous renvoyons le lecteur au$ articles de /.

 (er7ber"8'olonieca et de M. de ’N7an sur la technique auprs de

malades hospitalisés dans des Eervices de réanimation% et auprs de

malades s’en"a"eant dans une cure de rela$ation% dont on sait le

"rand intér6t en clinique psychosomatique.

@uant au mouvement qui va de l’absence% ou des aberrations% des

investissements libidinau$ à leur or"anisation dans le corps érotique%

1+

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 Avant-propos

c’est un processus redoutablement comple$e qui reste en "rande

partie à élucider% et qui pourtant sous8tend la pratique et

l’orientation m6me de la psychosomatique. Eur ce processus% peu de

travau$ ont à ce !our été publiés et on a beaucoup plus insisté% ce qui

se comprend aisément pour des raisons lo"iques et historiques% sur 

le processus inverse% c’est8à8dire celui de la somatisation. 6me si la

psychanalyse s’applique plus à comprendre le comment que le

pourquoi et formule ses interprétations et sa théorie dans l’aprs8

coup% il faut bien reconnaître qu’en en"a"eant des cures avec des

malades somatiques on travaille bel et bien avec une technique qui

suppose un processus analysable de réor"anisation  D mentale et

psychosomatique. Ce volume ne fournit pas de réponse "lobale à

cette question% il apporte des embryons de réponse. :t encore

convient8il de souli"ner que ces ébauches soulvent de nombreuses

contradictions.

 4ussi ne s’étonnera8t8on pas de remarquer entre les auteurs des

diver"ences qui pourraient passer pour une incohérence. ais ce

 !u"ement serait in!uste car% de ce processus évolutif on ne propose

pas encore de théorie e$haustive% mais seulement des hypothses.

0n lira avec intér6t l’article de =. Lheritier8Le 3euf qui situe

remarquablement bien le passa"e clinique du corps malade au corps

érotique che7 un enfant% de m6me que celui de C. Oimeray à propos

d’un nourrisson% et celui de /. =ebray% qui insiste plus que les

précédents sur le travail mené auprs des parents autour de

l’inté"ration érotique du corps d’un enfant malade. L’article de L.

 /esare concerne un enfant plus H"é !usqu’à son adolescence. 4. ine

et P. 0badia présentent des cures ou des fra"ments de cures

d’adultes pour soutenir des élaborations théoriques ori"inales% sur le

mouvement qui va du corps malade au corps érotique.

Nn article si"né de . ain est consacré à l’élaboration théorique

d’une série de questions fondamentales sur le fonctionnement

13

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 Avant-propos

mental% questions qui sont directement issues de la clinique et de

l’investi"ation psychosomatique.

 L’article théorique de '. arty vient% en contrepoint% apporter des

précisions sur les derniers développements de sa conception sur les

processus de somatisation.

 4 la suite de cet article% a été placé un te$te de =. 3raunschQei"

qui porte la discussion contradictoire% dans le champ m6me de la

théorie de '. arty% et su""re ainsi que ce volume ne soit pas

compris comme un tout clos% mais comme une invitation à élar"ir le

débat sur la psychosomatique.

C. 2eours

1

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1. Clinique de l’enfant

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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie

chez un jeune enfant 

ar 2. "’Beureu-"e *euf 

Eicolas est amené par ses parents # la consultation pour une

constipation chronique apparue peu apr0s sa naissance. Fn

comportement encopré-sique caractérisé s’est installé depuis l’?'e

de + ans. "’attention de toute la famille est accaparée par ce

smpt=me enfermant l’enfant dans une relation élective, érotisée et

centrée sur la fonction d’élimination, compromettant l’éla&oration

mentale de l’analité. "e pro&l0me du corps malade et du corps

érotique est soulevé au cours de cette o&servation G on sait

l’importance de la phase anale dans la formation de l’ima'e du corps

et dans l’édiHcation des processus mentau.

 A partir de quelques séances de pschothérapie, faites

conointement avec la m0re et l’enfant, ’essaierai de montrer le

mouvement qu’on a pu o&server tant dans la relation m0re-enfant

que dans l’or'anisation pschique de ce petit 'arIon. "a 'rossesse,

la naissance et les trou&les précoces du &é&é, auraient réactivé chez

les parents certains éléments de leur névrose infantile. "es questions

relatives au devenir de cet enfant restent pour moi une

interro'ation.

J@K>LJ@ 5AEC@

1)

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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant

Eicolas est un oli 'arIon de 3 ans 1M+, délicat, les cheveu &londs

et le teint p?le. 2urant la premi0re séance, il reste presque tout le

temps pr0s de sa m0re, son nounours serré dans les &ras. >l ne parle

pas mais écoute, attentif, sa maman me raconter les derni0res

 vacances. Nacances enti0rement accaparées par ce qu’elle nomme la

$ constipation % de Eicolas, son refus acharné d’aller au pot, ses

douleurs, le eu avec les selles. ;out ceci est vécu de faIon

dramatique par les parents. @lle me décrit le rituel qui dure depuis

presque + ans : une ou plusieurs fois par our, quand Eicolas va # la

selle ou essaie d’ parvenir, il s’isole dans sa cham&re, &loque la

porte et s’installe la face contre le sol, appué sur les 'enou et les

fesses en l’air. C’est dans cette position &ien particuli0re, poussant,

en sueur, qu’il fait dans sa culotte.

Kme O. tol0re mal le fait qu’il s’isole pour se livrer # son activité G

sans doute perIoit-elle l’auto-érotisme dans la conduite de son Hls et

le désinvestissement dont elle est l’o&et. @lle re'rette que Eicolas

ne fasse pas appel # elle. >l est arrivé que Eicolas accepte la

compa'nie d’une cousine G le p0re a alors tr0s mal réa'i,

pro&a&lement en raison de l’aspect trop ehi&itionniste et seualisé.

Kme O. rit de la réaction de son mari, complice peut-tre du plaisir

de son Hls ou de la petite Hlle.

arfois Eicolas enveloppe ses selles dans du papier et va les

montrer avec Herté # son p0re. 2’autres fois, il essaie de se nettoer

avec ce qu’il trouve sous la main, en met partout, fait ensuite

disparaPtre sa selle, dans le meilleur des cas au toilettes.

Cette conduite encoprésique se caractérise ainsi : Eicolas 'arde

ses selles plusieurs ours, voire une semaine, sou<re ensuite, puis en

laisse sortir un peu, et recommence # retenir. Qn perIoit un dou&le

plaisir : la rétention volontaire et l’ecitation au passa'e des f0ces,

plaisir que l’enfant ne peut se procurer que quand il est seul et qu’il

dose au cours de défécations fractionnées et douloureuses. $ Qn peut

supposer qu’# une sensation douloureuse s’aoute un sentiment de

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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant

 volupté %, souli'ne Rreud dans les ?rois essais sur la théorie de la

se$ualité S1T,

Kme O. est une olie femme, &londe comme son Hls, réservée,

d’air un peu sév0re. Ue suis frappée par son attitude ri'ide et tendue,

toute droite sur le &ord de sa chaise. @lle dit ne pas comprendre ce

qu’on peut attendre d’une pschothérapie, mais que la situation

actuelle étant intena&le, elle veut tout tenter, &ien qu’un essai

antérieur de pschothérapie ait tourné court.

 Au cours de cette premi0re séance Eicolas fait quelques pas en

direction des ouets, il demande ce qu’il veut en dési'nant l’o&et du

doi't, émettant des sons, ou en &redouillant : $ &é&é veut Ia %. >l a

un comportement et un lan'a'e tr0s ré'ressifs. "a m0re commente :

$ 7uand il fait le &é&é ainsi, c’est comme s’il ne savait plus parler. %

Eicolas choisit d’em&lée parmi les ouets : un &onhomme, une

ta&le, un lava&o et les ca&inets, reprenant dans ce choi d’o&ets les

paroles mme de sa m0re. 5i e m’occupe de lui en disant, par

eemple, ce qu’il fait, il est calme et intéressé. Kais d0s que sa m0re

me parle, il s’a'ite et devient &ruant. "e vacarme est tel qu’on nepeut plus parler, ce que e lui interpr0te. "a m0re conHrme qu’il fait

ainsi d0s qu’elle converse avec un tiers. 5on mari et elle ne peuvent

 amais avoir de conversation en présence de l’enfant. >l sem&le que

la demande, ici l’attention eclusive, la frustration et les con8its ne

puissent s’eprimer que dans l’a'itation et la déchar'e motrice. @lle

est importante et peut passer du simple saut sur place au lancement

de tous les o&ets dans la pi0ce. >l s’a'it d’une $ ecitation non liée

qui dé&orde l’enfant % Rreud/ S+T, 2ans ces cas, Kme O. pense qu’il

est a&solument incontr=la&le et que Ia peut arriver n’importe oV et

dans n’importe quelle circonstance. Chez les encoprésiques, K. Rain

a noté $ cette incapacité de domestiquer les tensions internes dans

des possi&ilités motrices et mentales or'anisées et qui s’échappent #

travers une a'itation motrice % S3T.

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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant

Race # cette $ constipation % et devant ce comportement de leur

Hls, les parents ont une attitude di<érente consécutive de leurs

propres fantasmes, de leur faIon ori'inale de faire face # leur

an'oisse et en référence avec leur propre névrose infantile.

"e p0re a l’impression qu’il s’a'it d’une rétention, que Eicolas

$ fait epr0s, nous fait marcher... % et que sa femme, par son attitude

tolérante et surprotectrice, l’encoura'e. Kais il cache mal sa peur

qu’il soit malade. >l serait pour la méthode forte : $ tu fais caca,

sinon c’est la fessée. % K. O. s’occupe &eaucoup de son Hls et ceci

depuis la naissance. Kme O. me dira plus tard qu’il contr=lait mme

l’heure des &i&erons, la propreté de ceu-ci, etc. Eicolas est tr0s

attaché # son p0re. K. O. a perdu une sWur, morte # l’?'e d’un an

d’une diarrhée, et sa m0re, quand il avait ans, d’une maladie

di'estive. "ui-mme dans son enfance était suet au diarrhées.

Jeconnaissant tre o&sédé par ce pro&l0me de mati0res fécales, il ne

faisait aucune relation entre ce passé et ses inquiétudes pour son

Hls. 5on attitude autoritaire serait un essai de se rassurer contre ses

an'oisses de mort, sa peur étant que Eicolas fasse une occlusion

intestinale.

our sa part, Kme O. pense qu’il s’a'it d’une constipation et d’une

peur d’évacuer # cause de la douleur. @lle avait eu des pro&l0mes

sem&la&les durant son enfance G elle avait ou&lié cette période mais

sa propre m0re la lui a rappelée. Cette constipation était réapparue

d0s le dé&ut de la 'rossesse. Kme O. se sent responsa&le de la

constipation de son Hls. A cause de cette responsa&ilité qu’elle

s’attri&ue, et sans doute aussi par identiHcation, elle est tolérante et

réprouve la faIon $ autoritaire % d’a'ir de son mari. "es disputes #

ce suet entre les épou étant de plus en plus fréquentes : on était au

&ord de la rupture.

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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant

Le jeu à « coucou »

 Au cours d’une séance quelques semaines puus tard, Eicolas se

met # ouer # la cachette avec moi. 2’a&ord en dissimulant son

 visa'e. Ue lui dis : $ coucou %. >l va alors se cacher derri0re unechaise et se montre ensuite en riant. >l est tr0s content que e

m’intéresse # ce eu, mais se met # lancer des o&ets quand sa m0re,

qui ne le re'arde pas, veut parler. Ue dis que Eicolas aime ouer #

$ coucou % et qu’il voudrait que maman oue aussi. "e dé&ut de la

pschothérapie a co4ncidé avec l’entrée di<icile de Eicolas # la

maternelle : il pleure, ne veut pas quitter sa m0re, 'arde ses sucettes

une dans la &ouche, l’autre dans la main/ toute la ournée. Kme O.aoute qu’elle a aussi envie de pleurer, montrant sa 'rande di<iculté

# se séparer de son Hls.

"e eu reprend G lorsque Eicolas se cache derri0re la chaise, pour

réapparaPtre ensuite, e lui dis qu’il part, qu’il revient, reliant ce eu

avec sa crainte et son plaisir en rapport avec le départ et le retour de

maman. Ue pense sans le dire au plaisir et crainte liés # la rétention

et # l’epulsion des selles.Kme O. suit le eu, attentive et étonnée de mes ré8eions.

5oudain, elle s’écrie : $ Kais c’est eactement ce qu’il fait et rép0te #

la maison X Uamais e n’aurais cru qu’un tel eu pourrait avoir un

sens X >l s’est mme fait une cachette dans un placard de la cuisine,

sous le lava&o. Koi, e ne le cherche pas et il reste lon'temps. %

7uand e lui parle de la manipulation de la présence et de

l’a&sence, de la perte et des retrouvailles, dans un tel eu, elle aimmédiatement un mouvement de rapprochement et de rivalité qui

suscite une association avec le con8it qui avait interrompu la

premi0re pschothérapie : $ Ue comprends &ien ce que vous me dites

alors que e ne pouvais pas accepter ce que disait l’autre

pscholo'ue. % "a rupture s’était produite # la suite d’une

interprétation qu’elle aurait faite # l’enfant : $ ;u as peur que

maman te tue comme elle a tué le chat Arselme. %

+!

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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant

@lle me raconte alors l’histoire de ce chat

2epuis son maria'e, Kme O. a un chat qu’elle aime &eaucoup.

@nceinte, elle a pris l’ha&itude de le &ercer et le chat a continué #

aller sur ses 'enou au 'rand déplaisir de Eicolas qui en était alou.

 Arselme avait fait des selles par terre plusieurs fois et s’était ainsi

attiré la col0re du p0re. Fn an auparavant ce chat tom&a malade, on

pense qu’il a été empoisonné. Eicolas se serait-il rendu compte que

le chat était malade ;=t un matin, les parents ont trouvé Eicolas

couché # terre avec Arselme dans ses &ras. Ce qui n’arrivait amais.

"es parents ont conduit leur chat chez le vétérinaire pour tre piqué

sans avertir l’enfant le chat sou<rait de vomissements et diarrhées/.

"a m0re aoute : $ Qn n’a pas epliqué # Eicolas... ’étais si triste...

peut-tre lui a-t-on dit qu’il était mort... >l nous a vu partir avec le

chat dans.une &oPte. Au retour la &oPte était vide. >l n’a posé aucune

question et c’est tout derni0rement qu’il a parlé d’Arselme en

  voant un

chat. % Comment Eicolas a-t-il interprété cette sc0ne, qu’a-t-

il ima'iné

 A l’écoute de ce récit, Eicolas demande ses sucettes et s’allon'e #

terre position qu’on retrouve encore ici/. >l en met une dans sa

&ouche et tient l’autre serrée dans la main. 2evant son an'oisse, il

a une ré'ression orale avec satisfaction auto-érotique par la sucette.

"a m0re fait face # sa propre an'oisse et # celle de son Hls en lui

donnant un o&et $ calmant % plut=t qu’en le prenant dans ses &ras

ou en lui parlant par eemple. @lle répond sans délai par une

compensation auto-érotique. Ue dis alors # Eicolas qu’il prend ses

sucettes parce que l’on parle du chat et qu’il est triste et inquiet. >l

reprend le eu de cache-cache en remettant sa sucette # sa m0re. >l

 oue ensuite # faire disparaPtre et apparaPtre son nounours. >l rép0te,

en u&ilant, le eu dans le miroir. "e eu me sem&le alors une

tentative de maPtriser son an'oisse sur un mode plus or'anisé

pschiquement que la simple déchar'e motrice. Cette variante du

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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant

$ eu de la &o&ine % ST, lui permet de s’assurer de la permanence de

l’o&et et de la maPtrise qu’il peut eercer. KaPtrise que nous pouvons

relier aussi au pro&l0me de la rétention et de l’epulsion de ses

selles.

"’évocation de la présence et de l’a&sence devait conduire # parler

d’un autre deuil, celui du 'rand-p0re paternel. Eicolas était tr0s

admiratif de son 'rand-p0re, dont il était le petit-Hls préféré, et qui

était le seul # le faire man'er sans di<iculté. A la mort du 'rand-

p0re, Eicolas 16 mois/ a fait une 'astro-entérite sév0re qui a

nécessité une hospitalisation. "es parents ont refusé de le laisser

plus d’une nuit sous o&servation, pensant qu’il était mieu avec eu

dans ce moment di<icile. Au cours de la ournée, Eicolas avait été

conHé # une 'ardienne, durant quelques heures, pour permettre au

parents d’aller # l’enterrement. 7ue s’est-il passé Eicolas a-t-il

réa'i ainsi # la séparation d’avec sa m0re U’aurais plut=t tendance #

croire que cette $ ré'ression somatique % Kart S(T/ a été

provoquée par la tristesse immense qu’il a perIue chez son p0re. Ce

qui indiquerait une faIon presque immédiate chez Eicolas de réa'ir

# l’an'oisse ou au fantasmes/ des parents, comme s’il en était mal

proté'é. Qn peut penser # une déHcience de la fonction $ pare-

ecitation % et # la di<iculté de faire le repli autoérotique et

narcissique su<isant pour éviter la patholo'ie somatique.

*ient=t, Eicolas se mit # faire ses selles ré'uli0rement et dans son

pot. "’atmosph0re familiale se détendit considéra&lement. "a

disparition ce smpt=me a soula'é les parents de leur peur commune

et leur a permis de reprendre un contact a<ectif, &eaucoup plus

détendu, avec leur Hls. Ce 'ain est pour Kme O. tr0s important : au

dé&ut des séances suivantes, elle demande # Eicolas de me dire qu’il

a fait $ trois cacas dans le pot cette semaine %. Eicolas ne répond

 amais # cette demande. Au retour de chaque séance, il avait une

selle dont elle me décrit la consistance, l’odeur, etc., non sans

allusion # ses propres pro&l0mes de défécation.

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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant

;oute cette séquence est révélatrice, # travers le eu, d’une

pro&lématique fondamentale : celle de la présence et de l’a&sence.

5elon Yreen : $ l’eécution du eu a permis au fantasme de se

constituer et de se structurer % S)T, le fantasme or'anisant le eu

apr0s coup. "e comportement 'énéral de Eicolas s’est aussi modiHé :

&eaucoup plus calme et coordonné, l’a'itation motrice anarchique,

qui est chez les enfants si'ne du dé&ordement mental et précurseur

du corps malade, a presque compl0tement disparu.

Le bourrage de l’ambulance

Qn est dans le 3e mois de la pschothérapie. Eicolas oue avec

l’am&ulance. 5a m0re raconte qu’il continuait # aller au pot, mais

qu’elle est inqui0te : il n’ est pas allé depuis 3 ours. A ce moment

Eicolas ouvre l’arri0re de l’am&ulance et demande # sa m0re

quelque chose pour mettre # l’intérieur. Celle-ci répond qu’elle n’a

rien. >l s’impatiente. Ue reprend : $ Eicolas veut mettre quelque

chose # l’intérieur de la voiture. Kaman vient de dire que tu fais sur

ton pot, mais pas depuis 3 ours... % Eicolas s’approche : $ ;u me

donnes quelque chose pour mettre dedans la voiture. % Ue déchire un

morceau de serviette de papier. >l le prend, en roule un petit &out

soi'neusement dans sa main, le met # l’intérieur de l’am&ulance et

refait la mme chose usqu’# ce qu’il ait rempli compl0tement

l’intérieur de la voiture.

"a m0re a alors une vive réaction : $ Rais attention X ;u en mets

trop. ;u ne pourras plus les sortir X % U’interviens : $ Eicolas montre

# maman et # moi ce qui se passe avec son caca. % Kme O. est fort

étonnée de la relation faite entre le eu et la rétention des selles.

*eaucoup plus, sem&le-t-il, que Eicolas qui me re'arde de son air

coquin. >l enl0ve alors la &oule qui $ &ouche le trou %, me la donne

triomphant, comme il le faisait autrefois avec ses selles remises au

p0re, puis enl0ve les autres facilement. >l me laisse cette &oule tandis

qu’il continue son eu. Ue lui dis simplement : $ parti D revenu G

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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant

dedans D dehors %, tentant d’introduire apr0s la présence-a&sence,

le dedans-dehors. Qn peut penser que si l’encoprésie est liée # des

pro&l0mes de perte il 'arde aussi une sucette en réserve/, elle

traduit aussi un sentiment d’incertitude quant au limites du corps.

 A la Hn de la séance il ne me réclame pas, comme il le fait

ha&ituellement avec insistance, d’emporter un ouet # la maison.

Kme O. se montre plus souple que e ne l’avais cru lors des

premi0res séances. @lle est dans sa relation transférentielle avec moi

capa&le d’identiHcation, elle tire proHt de ses séances et le reconnaPt

 volontiers. @lle peut avoir des réactions spontanées, comprendre ce

qui se passe, elle est plus détendue.

Fn our que Eicolas essuie avec vi'ueur les fesses de son ourson

apr0s un caca, elle dit en riant : $ >l fait eactement comme moi X %

ar son rire, sa connivence avec son Hls, la m0re reconnaPt ce 'este

au niveau du corps érotique et non seulement comme un soin

opérationnel c’est ce dernier qui domine quand il s’a'it du corps

malade/. Ba&ituellement, par ce dou&le investissement du corps

entier de son enfant, la m0re favorise les propres investissementsli&idinau de l’enfant sur ses fonctions corporelles, ceci sur le mode

de $ l’étaa'e % tel que décrit par Rreud S1T.

5i une telle relation thérapeutique et transférentielle ne peut

apporter de modiHcations profondes au niveau de sa propre névrose

infantile, peut-on penser qu’# travers cette relation avec moi et avec

moi m’occupantZ de son enfant, et qu’avec la levée du smpt=me,

elle a pu réintérioriser certains con8its qui avaient été réactivés vraisem&la&lement au moment de la 'rossesse et plus encore au

moment de la naissance de l’enfant Ces con8its avaient alors

trouvé une issue dans ses propres trou&les somatiques constipation/

et ensuite une voie d’etériorisation # la faveur du trou&le de

l’enfant. Fne telle modiHcation est importante mais limitée. Fn

chan'ement profond, si la m0re en e[t eprimé le désir, n’aurait pu

tre apporté ultérieurement que par une pschanalse.

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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant

Les marabouts

Eicolas s’est mis # dessiner, il a fait son premier &onhomme

devant moi. >l m’apporte des dessins qu’il fait chez lui pour moi,

montrant ainsi une continuité pschique dans sa relation avec moi.Ce our-l#, il me tend un dessin tout noir, disant que ce sont des

a&eilles. >l aoute : $ les a&eilles volent %, refoulant alors les a&eilles

piquent. >l laisse alors ses dessins et écoute sa m0re me raconter une

 visite chez une amie # l’occasion de la naissance d’un &é&é, et au

cours de laquelle il s’était montré a'ressif puis tr0s ré'ressif.

"orsque e relie son attitude # celle du &é&é, et du &é&é qu’il veut

rester pour maman, Eicolas dit : $ le &é&é n’a pas de cham&re %, eteprime un fantasme : il aura un &é&é # la maison, qui prendrait sa

cham&re pour lui $ voler % sa place. Cette nuit-l# il avait fait pipi au

lit G il avait rvé qu’il faisait pipi et ne pouvait réussir, mal'ré ses

e<orts, # sortir du lit.

 Alors Eicolas me raconte une 'rande peur qui l’empche de

s’endormir le soir : la peur des mara&outs. Kme O. me conHrme

cette peur, mais croait qu’elle ne concernait que les mara&outs deson livre d’ima'es ou ceu de cauchemars récents. Eicolas

m’eplique que les mara&outs sont tout noirs. U’aoute : $ comme les

a&eilles de ton dessin % D $ Qui, dit-il, ils sont tr0s 'ros, tout noirs

et méchants G avec de 'rosses ai'uilles au &out des doi'ts, qui

piquent. % >ls sont cachés derri0re les tentures de sa cham&re G il

en a deu dans le corridor, d’autres dans la salle de &ain. $ >ls

piquent le visa'e, quand Eicolas fait pipi, et l’épon'e avec laquellemaman lave le culcul. % >l aoute : $ apa est plus fort que les

mara&outs, il va les tuer. "es mara&outs ne sont pas contents. apa

 va les mettre dans le trou de la salle de &ain, pas dans celui du

ca&inet. %

 Ue ne fais pas d’interprétation. Kais e pense alors au inections

intramusculaires que lui avait faites son p0re autrefois. 2ans l’apr0s-

coup, la perception par l’enfant de l’érotisation des inections ne sera

+(

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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant

 vraisem&la&lement pas sans retom&ée sur son homoseualité. Ue

pense aussi au chat que sa m0re &erIait comme lui et qui a été piqué

par le vétérinaire apr0s avoir déféqué sur le sol.

"a constitution de cette pho&ie avec déplacement de son an'oisse

de castration sur les mara&outs remet, actuellement, les con8its

dans des voies pschiques.

Qn peut se poser la question du contenu des pho&ies, pourquoi les

mara&outs Eicolas n’en a vu qu’une seule fois au zoo et n’a pas eu

alors de réaction. lus tard, il m’apportait son livre d’ima'e avec des

mara&outs. Qn pense, &ien entendu, au lon' cou du mara&out, ima'e

phallique et aussi # la ressem&lance avec les ci'o'nes, ima'e

maternelle. Ue ne le sais pas G c’est son histoire # faire.

arlant des mara&outs, la m0re évoque un 'rand noir africain qui

fréquentait la &outique de ses parents et qui se disait $ mara&out %.

Celui-ci a fait l’o&et de conversations avec son &eau-p0re uif 

é'ptien, tr0s attaché # toutes les traditions. U’apprends # cette

occasion que K. O. s’était &rouillé avec son p0re parce qu’il avait

refusé de faire circoncire Eicolas. "e compromis aant été unecirconcision médicale dans une clinique, qui a été tr0s an'oissante

pour les deu parents, inquiets qu’elle puisse révéler plus tard ses

ori'ines. >ls sont dans la crainte de l’antisémitisme, d’une autre

'uerre, des camps de concentration. C’est depuis peu que K. O. peut

dire qu’il est uif et s’intéresser # ses ori'ines. "a m0re précise son

inquiétude personnelle : celle que son Hls ait un $ \i\i % di<érent des

autres, c’est-#-dire des enfants de ses soeurs, sous-entendant de son

propre p0re. Qn voit l’an'oisse de castration des deu parents

déplacée, # leur faIon, sur le pro&l0me de circoncision.

2epuis quelque temps Eicolas préf0re parler plut=t que de ouer.

>l met alors sa chaise tout contre la mienne et me nommant il dit :

$ Kadame "e *euf, on va parler %, nous isolant alors de sa m0re. >l

me raconte alors ses activités ou des histoires. >l est tr0s Her parce

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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant

qu’il va sur le 'rand ca&inet comme papa. 5a m0re me dit qu’il

n’attache de pri qu’# ce que dit son p0re.

"e p0re de Kme O. vient de mourir. @lle parle peu de ses

sentiments mais les eprime en disant qu’elle n’a plus envie de

présenter sa th0se de doctorat en sociolo'ie. 5on p0re était le seul #

s’intéresser # $ sa th0se et # son Hls %. 5a relation avec Eicolas reste

&onne. Celui-ci n’a pas ré'ressé durant ce moment péni&le. >l a

instauré un nouveau eu : faire un petit trou et un 'rand trou avec la

&ouche.

"es peurs furent passa'0res au cours de cette pschothérapie qui

se poursuivit durant une année avec la m0re et l’enfant, et par

conséquent sans le p0re. Ue n’ai pas interprété le transfert paternel

&ien que la situation thérapeutique fut sans cesse char'ée d’a<ects

et de représentation sur les relations entre le p0re, la m0re et

l’enfant. Kon travail fut moins d’interpréter que d’accompa'ner, de

saisir et de faire des liaisons au cours de ce processus thérapeutique.

Ce cas nous fait constater la 'rande la&ilité entre le trou&le

somatique et le trou&le névrotique chez ce eune enfant. "esa<ections somatiques sont certaines, nom&reuses mais &éni'nes :

eczéma, disparu avec l’apparition de l’encoprésie, otites,

constipation. Fne constipation qui fut tr0s précoce et, selon le 2r

]reislerS3T, il est rare qu’un enfant nourri au sein soit constipé. Cette

constipation a pris # l’?'e de + ans un caract0re d’encopré-sie.

 U’aurais tendance # penser que Ia se passe ici davanta'e dans des

 voies mentales, c’est-#-dire que cette activité érotique anale n’est

pas uniquement un comportement, un a'i, mais est sous-tendue par

des fantasmes. Ue pense alors # la position particuli0re des fesses en

l’air que e ne peu interpréter.

Qn peut penser # un plaisir plus retenu et senti d’une défécation

dans une telle position, # un fantasme de pénis anal, # une

pénétration par l’anus, # un sentiment mé'alomaniaque de vaincre la

loi phsiolo'ique. Qn peut évoquer la position des inections, celle

+

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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant

d’une sc0ne primitive, ou la prostration mahométane qui, comme les

mara&outs ferait partie des traces mnésiques des parents.

Ce cas nous am0ne aussi # considérer comment un trou&le #

epression somatique, ici une constipation, peut avoir une

importance primordiale dans la relation qu’auront le p0re et la m0re

avec leur &é&é. Ceci étant lié # leur névrose infantile, oV les

pro&l0mes de l’analité étaient au premier plan. @t de ce point de vue

Eicolas a été, si l’on peut dire, particuli0rement '?té.

Kme O. qui avait eu, comme son Hls, une période de 'rande

constipation étant enfant s’est retrouvée enceinte avec ce mme

pro&l0me. "a 'rossesse et la naissance d’un enfant sont venues

réveiller chez la eune femme des éléments de sa névrose infantile.

@t c’est dans ce sens qu’elle a été si sensi&le # ce trou&le chez son

&é&é, somme toute assez &anal. 5on inquiétude d’a&ord au suet de

sa propre constipation la renvoant # ses fantasmes infantiles liés #

l’érotisme anal et s’insérant dans la chaPne associative inconsciente :

f0ces D enfant D pénis. Autour de la naissance de son Hls il a une

réactivation de son con8it Wdipien et de sa culpa&ilité en rapport

avec la rivalité avec sa m0re : son Hls est le premier petit m?le de la

famille, sa m0re aant eu cinq Hlles. @t enHn, la maman a &ien

reconnu, dans la conduite encoprésique de son Hls, tout le plaisir lié

# la rétention et # l’epulsion mais qui, # cause de la valeur

sm&olique des f0ces, la ram0ne # l’an'oisse de castration. C’est

donc avec cette réactivation de sa névrose infantile, son an'oisse,

ses fantasmes inconscients que la maman donne naissance # son

&é&é et doit pourvoir # ses &esoins d’tre humain G avec ses carences

mais aussi avec la richesse de sa propre vie fantasmatique, et aidée

par son intuition maternelle.

Jappelons que de son c=té, K. O. avait perdu une petite sWur

d’un trou&le intestinal, et sa m0re morte quand il avait ans d’une

maladie di'estive, quelques mois apr0s avoir donné naissance # un

Hls. 5on attitude autoritaire cache mal son an'oisse de mort en

+6

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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant

partie liée autour de ces événements dramatiques de sa petite

enfance. An'oisse qui se traduit dramatiquement au moment oV il

est question de faire circoncire son Hls.

Qn comprend mieu alors le surinvestissement des deu parents

et la surchar'e li&idinale apportée sur la fonction anale de leur

enfant. 2e son c=té, par son eu de maPtrise, l’enfant 'arde le &esoin

de déféquer touours présent, il érotise la retenue et le eu de $ va-et-

 vient % des selles. arcours # contre-courant de l’étaa'e de la

pulsion seuelle sur une fonction corporelle. "a fonction serait alors

$ pervertie % par la seualité ST et cesserait d’tre auto-érotique : un

sst0me de relation complee avec les parents se noue.

>l convient de discuter de ce comportement anal contre-nature.

2ans leur discussion au suet de l’encoprésie, Rain et 5oulé ont mis

l’accent sur cet aspect de perversion ou de préforme d’acte pervers

qu’il ne faut pas né'li'er.

Rain souli'ne que $ l’érotisme anal partiel et antiphsiolo'ique est

surinvesti alors au détriment d’un érotisme total et phsiolo'ique %,

l’accent étant mis chez ces enfants sur le contr=le et l’aména'ementde la relation perverse plut=t que sur l’érotisme total S3T.

C’est l’éla&oration ultérieure qui constitue l’élément essentiel,

souli'ne Rreud dans les ?rois essais S1T, eut-on penser que cet auto-

érotisme anal antiphsiolo'ique et soumis au eu des pulsions

partielles se $ Hera % sans se déseualiser poursuivant une

évolution autonome, ou au contraire que la pré'énitalité s’articulera

avec une seualité su&ordonnée au primat du 'énital apr0s lesrefoulements et les su&limations de la période de latence. Alors

prendra place le corps érotique, di<érencié et seué.

7uel est le poids de cette perversion inscrite par rapport # la

sm&olisation, car il me sem&le qu’il avait modiHcation, # travers

cette sm&olisation de l’a'ir et du faire "e poids des Hations et

des ré'ressions anales sera sans doute important, mais sa capacité

d’instaurer une pho&ie rév0le une évolution essentielle : la possi&ilité

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Corps malade, corps érotique : un cas d’encoprésie chez un eune enfant

d’eprimer et de résoudre les con8its par des voies pschiques dans

une pro&lématique oV le con8it Wdipien et l’an'oisse de castration

sont présents. @lle s’inscrit dans $ l’en-deI# % de la seualité

Wdipienne "e&ovici S6T/.

Cette discussion reste ouverte : apr0s les remaniements ultérieurs

apportés par le complee d’^dipe, la formation du surmoi et la

période de latence, l’intériorisation et la rééla&oration $ apr0s coup %

de la con8ictua-lité constituera alors son or'anisation pschique

ori'inale.

ibliograp!ie

S1T Rreud 5. D ?rois essais sur la théorie de la se$ualité% 19!(.

Yallimard, aris, coll. $ >dées %, 19)+.

S+T Rreud 5. D  &nhibition% sympt)me et an"oisse%  19+), aris,

.F.R., 19)(.

S3 ]reisler "., Rain K., 5o[le K. D  L’enfant et son corps.  .F.R.,

aris, 19.

ST Rreud 5. D Au-del# du principe de plaisir, in ; :ssais de

psychanalyse% 19+!. aot, aris, (-(, 19(1.

S(T Kart . D Les mouvements individuels de vie et de mort%  ;.

1, aot, aris, 19) G L’ordre psychosomatique% ;. +, aot, 196!.

S)T Yreen A. D Jépétition, 2i<érence, Jéplication.  /ev. r.

 'sychanal., )1-(!1,

19!.

ST Rain K., *raunsch_ei' 2. D  &ntervention sur la

communication d’4#ect A. Yreen/, J.R.., tome >N, 11(-63, 19!.

S6T "e&ovici 5. D Japport du OOO>O` Con'r0s des

schanalstes de lan'ue franIaise, aris 199, .F.R.,  /ev. r.

 'sychanal.% 196!.

3!

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Émilie (psychothérapie d’un nourrisson atteint

d’eczéma

par C. imera

Caresse7 un cercle% il devient vicieu$.

Jamond 7ueneau

C’est # partir de la pschothérapie d’@milie, qui depuis l’?'e de +

mois sou<rait d’eczéma atopique, que se sont particuli0rement

imposés # moi les avatars du passa'e de l’érotisme au corps malade.

@milie avait 1 mois lorsque sa m0re a accepté unepschothérapie, devant l’échec des multiples thérapeutiques

entreprises usqu’alors. 5on mari avait lui aussi Hni par s’ rési'ner.

 Ue savais de lui qu’il eerIait un métier # hautes responsa&ilités,

'érant en quelque sorte des vies humaines par électronique

interposée, et qu’il était hostile au traitement. C’est sa m0re qui

m’am0ne @milie, ecusant son mari qui ne peut se li&érer.

 U’ai devant moi une femme épuisée, déprimée, qui lutte contre leslarmes, cherche # faire &onne H'ure G elle porte @milie qui ne

marche pas encore seule.

C’est une enfant qui sem&le ro&uste, emmitou8ée dans une

com&inaison d’oV dépassent le visa'e et les mains. ;out ce qu’on

aperIoit de peau est a&Pmé par la maladie, le visa'e est &oursou8é,

on n’en voit pas les traits G le tour de la &ouche, du nez, les oues

sont une plaie vive.

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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/

@milie est assise sur les 'enou de sa m0re G e pose sur une

petite ta&le &asse # c=té une &oPte de ouets en l’invitant # les

re'arder, # les prendre. @lle me re'arde et me sourit sans &ou'er, sa

m0re essaie de la poser # terre en l’ehortant # re'arder les ouets G

@milie résiste, Kme *. me dit que $ c’est touours ainsi, elle a des tas

de ouets mais ne sait pas ouer %, elle ne veut que rester

cramponnée # elle G elle n’en peut plus.

@lle se met alors # pleurer en me disant qu’elle se fait &eaucoup

de reproches parce qu’elle a touours refusé cette enfant. @lle avait

dé# eu trois Hlles lorsqu’elle s’est retrouvée enceinte, elle ne voulait

pas de cette 'rossesse, mais a espéré donner enHn un 'arIon # son

mari. Kais cette fois, elle a particuli0rement mal supporté de voir

son corps déformé, de se comparer au autres femmes sur la pla'e,

son mari la trouvait a&surde, elle ne pouvait en parler # personne et

a vécu un supplice, dont elle ne voait pas la Hn.

"’accouchement a été tr0s péni&le, et la naissance, pour Hnir,

d’une quatri0me Hlle a terminé de la plon'er dans une dépression

telle qu’elle pleurait toute la ournée, elle était am0re, en voulait # ce

&é&é et s’ est peu intéressée. 2e plus @milie était laide, pleurait

tout le temps. Ce dont Kme *. se souvient le plus, c’est de sa

solitude morale # ce moment de sa vie. Fn a&Pme d’incompréhension

la séparait de sa famille, encore plus que d’ha&itude G elle se

reproche d’avoir alors né'li'é @milie, de n’avoir pas fait l’e<ort de

l’allaiter, mais elle était trop fati'uée, n’avait pas de lait, et n’en

avait d’ailleurs pas la moindre envie. 2e ces premi0res semaines de

la vie d’@milie, c’est tout ce dont elle peut se souvenir, de son

impression que c’était pour elle-mme une période noire.

 A l’?'e de + mois, le lendemain du our oV l’on a installé @milie

dans un nouveau lit, l’eczéma a démarré, d’em&lée intense et re&elle

au traitements. 2e our comme de nuit, il a fallu s’occuper d’@milie

qui pleurait, la &ercer, la calmer, la prendre, tenter de l’apaiser et

surtout l’empcher de se 'ratter, ce qui la fait sai'ner et surinfecte

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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/

les plaies. etit # petit la vie de toute la famille a tourné autour de la

maladie d’@milie, elle-mme n’a pas connu de répit depuis un an.

@lle est totalement esclave. "a nuit, son mari et elle se relaient et

pratiquement chaque nuit, @milie prend la place de l’un d’entre eu

dans le lit conu'al, l’autre va dormir au salon, tous sont Hnalement

épuisés.

@milie n’a amais sucé son pouce, ou ses doi'ts, ou une couche.

 Uamais elle n’a eu d’animal en peluche. Au dé&ut parce qu’elle était

trop petite, ensuite pour la proté'er des aller'0nes. 5a m0re lui a

souvent donné son &i&eron # mme le lit, le calant sur des oreillers

d0s qu’elle a pu le tenir, pour lui permettre de s’endormir aussit=t

apr0s et la maintenir au calme en se reposant elle-mme.

7uant # l’apprentissa'e de la propreté, Kme *. n’a pas pensé # la

mettre sur le pot car elle se 'ratterait, elle l’a mme chan'ée

&eaucoup moins que ses autres enfants $ pour éviter l’irritation %.

@lle trouve le calme lorsque @milie, épuisée par ses nuits,

s’endort, dans la matinée et souvent l’apr0s-midi.

Kme *. ne se risque que tr0s peu # la conHer # des emploées&ien que les quelques fois oV cela arrive, cela se passe tr0s &ien G

@milie n’est pas $ sauva'e %, mais Kme *. n’est pas tranquille, elle

craint qu’elle ne se 'ratte.

endant que Kme *. me raconte tout cela d’une traite, comme on

se soula'e d’un fardeau trop lourd, @milie a Hni par se laisser 'lisser

# terre et re'arde les ouets. ;out en écoutant sa m0re, e ver&alise

les a'issements d’@milie, lui nomme les ouets qu’elle sort. @milie mesourit, émet des slla&es incompréhensi&les. Kme *. me dit qu’elle

ne parle pas, qu’elle n’essaie mme pas, mais qu’elle comprend tout

et sait se faire comprendre, surtout lorsqu’elle veut quelque chose.

"’attitude 'lo&ale de Kme *. est celle d’une petite Hlle prise en

défaut et qui veut se corri'er. endant la séance, elle calque ses

réactions envers @milie sur les miennes. @lle constate : $ A la maison

@milie ne reste amais tranquille comme Ia # ouer %, et e réponds

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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/

qu’# la maison elle-mme ne s’accorde pro&a&lement pas le répit

d’tre un peu tranquille # propos d’@milie et le droit de penser # elle.

 Noil# qu’@milie se met # se frotter les eu de ses poin's fermés.

5a m0re &ondit alors, la prend au &ras, lui écarte les mains du

 visa'e, @milie résiste et pleure. 5a m0re me dit que Ia veut dire

qu’elle a sommeil, quand elle commence # se 'ratter les eu.

C’est d’ailleurs la Hn de la séance, @milie est rha&illée en un tour

de main, cette activité qui crée une diversion l’apaise usqu’au

départ.

"a semaine suivante, d0s la salle d’attente, Kme *. m’annonce la

'rande nouvelle : @milie marche seule. @lle lui tient le doi't pour la'uider dans le couloir de l’h=pital, elles sem&lent aussi H0res l’une

que l’autre. @milie s’asseoit devant les ouets en me faisant des

sourires et Kme *., comme elle le fera # chaque séance, va

commencer par me raconter les mauvaises nuits qu’@milie leur a fait

passer, puis demande # @milie de lui montrer les ouets. @milie lui

tend, puis # moi, une petite poupée de chi<on, au cheveu de laine

rou'e qui sera son ouet d’élection, qu’elle cherchera touours enpremier, mais ne tentera amais d’emporter. Apr0s quoi, Kme *. se

tait quelques minutes et sur mon incitation # continuer # me parler,

comme la semaine précédente, de ce qu’elle voulait, elle me dit que

cela fait lon'temps qu’elle pense avoir &esoin d’une pschothérapie

pour elle, et qu’elle sent &ien qu’elle a des pro&l0mes depuis

touours.

5ans entrer dans le détail, e dirai seulement qu’elle évoque unerelation di<icile et lointaine avec une m0re touours préoccupée

d’elle-mme, et dont elle ne s’est amais sentie aimée, une rivalité

encore actuelle avec une sWur aPnée plus &rillante, plus conforme

au crit0res maternels. 2e son p0re elle était tr0s proche, mais lui

n’avait aucun presti'e # ses eu.

5on discours, aussi &ien dans sa forme que dans son contenu, est

en retrait par rapport # l’intensité émotionnelle et ver&ale qu’elle

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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/

avait manifestée # la séance précédente. @lle m’apparaPt mieu

défendue sur un mode pho&ique.

C’est ainsi que vont se poursuivre les séances oV Kme *. va

utiliser la possi&ilité qui lui est o<erte de faire sa propre

pschothérapie 'r?ce # @milie G @milie pendant ce temps ouant

aupr0s de nous, tandis que e suis attentive # l’une et # l’autre, que e

commente pour @milie ses eu, ses a<ects, ses acquisitions, la

mani0re dont elle retrouve sa poupée préférée D e lui souli'ne

qu’elle est rou'e comme elle quand elle est malade D son humeur du

 our et du moment.

5a m0re l’ha&ille avec plus de coquetterie, sa peau sem&le moins

irritée mais Kme *. se plaint a&ondamment des nuits, touours aussi

épouvanta&les et épuisantes. Autant elle se plaint d’@milie,

eprimant # son é'ard ver&alement une easpération et un reet

eplicites et conscients, autant elle cherche # contenir la violence

phsique qui la su&mer'e parfois # son é'ard pendant la séance,

essentiellement lorsqu’elle tente de la maintenir et de l’empcher de

se 'ratter.

@lle insiste sur le fait qu’elle vient pour @milie, et qu’elle ne le

ferait pas pour elle toute seule, mal'ré le &énéHce qu’elle en retire

pour elle-mme, il lui arrive cependant de venir parfois seule,

 ustiHant l’a&sence d’@milie par le fait qu’elle dormait. Ces ours-l#,

elle se dira plus calme, soula'ée. Cependant, la plupart du temps, e

suis frappée de ce que la présence d’@milie, lorsque Kme *. parle

d’elle-mme, ne la 'ne aucunement G spontanément, sa m0re ne

sem&le pas voir com&ien @milie la re'arde, par eemple lorsqu’elle

pleure, et ne sem&le pas ima'iner que sa Hlle puisse tre suscepti&le

de comprendre, sinon le contenu, du moins l’a<ect de ce qui est

évoqué. U’essaie alors de ver&aliser ce qui peut se passer dans la tte

d’@milie, ne serait-ce qu’en disant : $ 7u’est-ce qu’elle a, maman, de

la peine % ou $ elle est contente % ou $ elle est f?chée %/.

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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/

 Ainsi se déploient simultanément une relation pschothérapique

entre Kme *. et moi, une relation entre @milie et moi, et une relation

sur un mode nouveau de découverte m0re-Hlle.

 Ue terminerai cette présentation clinique par deu séances

particuli0rement éloquentes :

@milie arrive de mauvaise humeur. @lle refuse de dire &onour, ce

que sa m0re lui demande de faire, elle se détourne, 'ro'ne, se frotte

les eu. 5a m0re me dit qu’elle est tr0s enrhumée, qu’elle a passé

une mauvaise nuit, qu’elle dormait dans la voiture et s’est mal

réveillée. @lle a fait $ le cirque % toute la nuit. Qn la couche le plus

tard possi&le pour qu’elle soit &ien fati'uée, parce qu’elle tom&e de

sommeil vers 19 h et que si elle dormait alors, elle se réveillerait

pro&a&lement compl0tement vers 1 h du matin. 2e plus, son p0re

rentre tard, il veut la voir avant qu’on la couche, c’est lui qui la

couche apr0s avoir oué ensem&le, mais elle est si ecitée qu’elle ne

peut pas s’endormir avant +3 h ou minuit. @lle dort ensuite usqu’au

prochaines déman'eaisons.

@milie, qui était assise sur les 'enou de sa m0re et me re'ardait,se laisse 'lisser # terre, se met # re'arder les ouets, sort la poupée,

la pose par terre, sort une petite voiture. 5a m0re me raconte sa

préoccupation d’avoir # chan'er de femme de ména'e.

"e nez d’@milie coule, il est manifeste que cela la 'ne G elle

essaie de s’essuer, n’ parvient pas, s’ reprend # plusieurs fois, son

nez coule de plus en plus fort, elle 'ro'ne, et e lui dis $ tu essaies de

te moucher, @milie %. 5a m0re alors la re'arde, cherche unmouchoir qu’elle ne trouve pas, s’ecuse d’avoir # me demander un

\leene. @milie, le nez propre, marche le lon' du divan en laissant

traPner son &ras dessus. @lle s’arrte au niveau d’un morceau de toile

cirée qui le recouvre en partie, pose sa oue dessus, reste tranquille

ainsi quelques instants les eu mi-clos, puis cherche # 'rimper sur

le divan et n’ arrive pas. Ue lui demande : $ ;u veu monter % et

aussit=t, sa m0re va l’aider en disant : $ @lle n’ restera pas. % @n

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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/

e<et, @milie redescend quelques instants apr0s, 'ro'nant, veut

monter sur les 'enou de sa m0re qui la reprend. @milie &lottit son

 visa'e contre l’épaule de sa m0re qui me dit : $ Nous voez, c’est

parce que ’ai une veste de t_eed, Ia la 'ratte, elle adore Ia X

D @t aussi se faire c?liner

D Qh non X C’est pour se 'ratter, e la connais, arrte, @milie...

D @n tout cas, Ia lui fait plaisir...

D "e plaisir, Ia, si on la laissait faire...

D Qui ...

D @lle se 'ratterait usqu’au san', vous ne pouvez pas savoir, et

elle est comme en etase, c’est... insupporta&le...

D ... ourquoi

D arce que Ia s’infecte, apr0s elle recommence et on n’en sort

plus... et moi e supporte pas, ’ai touours eu horreur du san'...

b ...

D 2’ailleurs heureusement, ’ai eu mes r0'les # 19 ans

seulement, Ia a commencé par m’arran'er, apr0s ’ai Hni parm’inquiéter de ne pas les avoir, ’avais peur de ne pas tre

normale... %

 Ue lui montre alors le lien qu’elle fait entre le san', les r0'les,

l’inquiétude de ne pas tre normale et sa peur du plaisir qu’@milie

éprouve # se 'ratter et qu’elle ne supporte pas.

Kme *. me répond : $ a n’a rien # voir, c’est pour que Ia ne

s’infecte pas, c’est tout. % C’est l’heure de la Hn de la séance."a semaine suivante, @milie est amenée par ses deu parents.

Kme *. paraPt tr0s heureuse de me présenter son mari, qui porte

@milie, en me disant : $ Auourd’hui, il a pu se li&érer et c’est lui qui

nous accompa'ne. %

K. *. me dit &onour, il entre dans le &ureau # la suite de sa

femme qui s’assoit # sa place ha&ituelle. K. *. re'arde autour de lui,

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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/

un sourire un peu narquois au l0vres, et me dit : $ Ue dois vous dire,

la pscholo'ie, c’est pas mon raon. % >l s’asseoit de c=té, sur la

chaise qui fait face # la ta&le, oV il uche @milie de&out. Celle-ci est

tr0s ecitée, tr0s oeuse, pousse des cris, e lui dis : $ ;u es

dr=lement contente que ton papa soit l#. % 5on p0re lui dit $ allez,

saute X % @milie se laisse tom&er dans le vide devant la ta&le, sans la

moindre appréhension, sans non plus prendre d’élan, ni choisir de

point de chute autre que ce qui est devant elle et oV son p0re n’est

pas car lui-mme doit s’avancer pour la recevoir. ;out se déroule en

fait comme si @milie s’en remettait # lui pour faire ce qu’il fallait, ce

qui se produit. "e eu recommence # plusieurs reprises.

Kme *. me dit : $ Ah X il n’ en a que pour son p0re quand il est

l#, c’est touours comme Ia, d0s qu’il ouvre la porte le soir, elle se

précipite et c’est pareil, elle l’accapare, et ils ne font plus attention

au autres X % @n e<et, @milie et son p0re ne nous ettent pas un

re'ard, ils sont 'ais et &ruants. Ue demande comment les autres

Hlles supportent que leur p0re ne s’occupe que d’@milie. $ Qh X dit

Kme *., elles sont contentes, elles adorent leur petite sWur et puis

pendant ce temps elle ne les em&te pas... c’est parce qu’elle est

malade... %

K. *. sem&le ne pas entendre ce qui se dit. Eous nous taisons.

 Apr0s un moment, K. *. dit # @milie $ allez, c’est Hni % et il l’asseoit

sur la ta&le G mais @milie n’est pas prte # a&andonner, il la prend

alors sur ses 'enou, puis la pose # terre G @milie lui tapote les

 am&es, les 'enou qui sont # sa hauteur, puis va vers les ouets.

K. *. s’adresse alors # moi G $ Nous savez, moi, tout ce qui est

ps... Ue veu &ien venir, qu’@milie vienne avec sa m0re si Ia lui fait

plaisir, mais pour ce qui est de sa maladie... enHn on a trouvé une

pommade qui a'it... @lle dort mieu cette coquine... @lle comprend

tout, hein ... mais elle est paresseuse pour parler, hein @milie %

Celle-ci retourne # son p0re qui la remet de&out sur la ta&le, ils

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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/

reprennent leur eu du dé&ut. Kme *. me dit : $ 7uand elle est avec

son p0re, e peu souer X %

>l ne me paraPt pas nécessaire de poursuivre plus avant la relation

de ces moments cliniques su<isamment riches pour soulever toutes

sortes de pro&l0mes au premier plan de ce qui nous occupe, la

relation maladieMérotisme # travers ce qui peut tre pour cette toute

petite Hlle la constitution d’un corps éro'0ne # partir de ses

epériences de satisfaction et ses investissements, # partir aussi de

la constitution de son narcissisme et de ses premi0res relations

o&ectales, de ses capacités de constitution d’o&ets internes

 vecteurs d’ima'os et d’o&ets eternes distincts d’elle-mme.

@milie a d’em&lée été amenée dans une pro&lématique sous-

tendue par les fantasmes de castration maternels, présentés d’a&ord,

d0s la 'rossesse, comme une &lessure narcissique par l’intermédiaire

de son corps déformé G ensuite le see du &é&é, encore une Hlle, puis

de nouveau échec # travers la maladie d’@milie. >l sem&le que les

fantasmes conscients et inconscients aant accompa'né cette

'rossesse aient été particuli0rement actifs, contrai'nants, et que

cette quatri0me Hlle, avec sa maladie de surcroPt, a été vécue comme

un événement traumatique pour le narcissisme de la m0re, sans

doute dans un apr0s-coup qui serait # évaluer.

Kme *. s’est occupée de sa Hlle depuis le dé&ut sans plaisir, dans

un vécu dépressif qui la privait des possi&ilités de vivre une situation

satisfaisante pour les deu, de préoccupation maternelle primaire, oV

satisfaction et érotisme se seraient répondus et tissés ensem&le. Qn

peut penser que sa fonction pare-ecitante a été insu<isante, et

qu’@milie, chan'ée de lit a perdu des rep0res etérieurs qu’elle

percevait comme indistincts d’elle-mme, mais dans une continuité

rassurante.

"e vira'e du $ chan'ement de lit % qui va déclencher l’eczéma

co4ncide avec le moment théorique oV la m0re peut redevenir épouse

et partenaire seuelle, oV les &r0ches ainsi ouvertes dans la relation

39

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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/

m0re-enfant vont permettre, # travers $ la censure de l’amante %

pour reprendre l’epression de *raunsch_ei' et Rain, # la fois la

constitution de la satisfaction hallucinatoire du désir D dont nous

savons qu’il représente le fondement de la vie pschique et de la

constitution de l’o&et interne D et l’introduction fantasmatique du

p0re dans cette relation.

Qr, il sem&le &ien qu’@milie ait eu # faire face de faIon tr0s

précoce # l’epérience de l’a&sence pschique de sa m0re, due # sa

dépression et la conduisant, en particulier, # satisfaire

mécaniquement, voire a'ressivement les &esoins de son &é&é,

entravant toute possi&ilité d’apport li&idinal positif. "a maladie

d’@milie a contraint Kme *. # une préoccupation maternelle

permanente, envahissante, empchant le retour # sa seualité de

femme, en faisant d’@milie un o&stacle au couple de ses parents,

tandis qu’elle rendait impossi&le, pour @milie, la constitution d’une

temporalité fondée sur l’alternance et la frustration.

>l n’est pas dans mon intention d’epliciter ici les raisons sur

lesquelles s’éta&lit la profonde complicité de Kme *. avec la maladie

d’@milie, au re'ard de sa vie conu'ale, pour entretenir cette

situation, voire la créer activement : l’ecitation de l’heure du

coucher par eemple. @lle se montre ici prisonni0re de la mise en

actes de ses fantasmes inconscients # travers les possi&ilités qui lui

sont o<ertes, la maladie d’@milie en étant une.

"a place du désir paternel seué Wdipien apparaPt aussi

con8ictuelle que la place du partenaire seuel dans le couple

conu'al. Kme *. lui reconnaPt un r=le de relai d’elle-mme, une

duplication de sa propre fonction maternelle, c’est $ tant=t l’un,

tant=t l’autre %, c’est ainsi qu’elle dénie au sWurs aPnées la moindre

intension de alousie : $ pendant ce temps, elle ne les em&te pas...

c’est parce qu’elle est malade %. Rinalement, ce qui importe, c’est

que la seualité disparaisse de cette enfant, mme lorsque K. *. oue

avec @milie et que, comme on a pu en tre témoin, leur plaisir

!

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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/

réciproque est indénia&le, leur relation chaude et aimante. Kme *.

ne veut en retenir que le fait qu’elle a $ la pai %, et il a fallu un lon'

travail d’éla&oration pour qu’elle puisse reconnaPtre dans leurs eu

autre chose qu’un contre-investissement # l’auto-érotisme que

constitue le 'ratta'e, et oV apparaPt le con8it maeur qui met au

prises Kme *. et @milie, ou plus eactement avec lequel Kme *. est

au prises # travers @milie.

 Alors nous pouvons nous interro'er sur le sens et la valeur

économique de cette activité si con8ictuelle. @lle constitue pour

@milie l’apaisement d’une ecitation douloureuse, la déman'eaison,

qui sert de support # un plaisir or'astique si on la laisse se 'ratter G

la satisfaction li&idinale qui succ0de # la déchar'e, d’autant plus

complee qu’elle intéresse le corps entier l’eczéma étant atopique/,

# cette réserve pr0s qu’@milie n’a pas acc0s # tout son corps. >l est

aussi important de considérer le r=le de la douleur dans

l’or'anisation de l’auto-érotisme d’@milie G d’apr0s Rreud, cette

$ coecita-tion li&idinale lors de la tension de la douleur et du

déplaisir serait le mécanisme infantile-fondement phsiolo'ique sur

lequel est ensuite édiHé dans le pschisme le masochisme éro'0ne %.

Kme *. nous a, de mani0re éloquente, dévoilé la travée des

fantasmes conscients et inconscients : mastur&ation, culpa&ilité,

castration, #

laquelle la renvoie l’activité d’@milie, fantasmes si pressants dans

leur astreinte qu’apr0s les avoir évoqués Kme *. a éprouvé le &esoin

d’aména'er la présence de son mari # la séance suivante, pour

pouvoir lutter contre les an'oisses évoquées, en particulier

l’an'oisse de castration.

Cette satisfaction auto-érotique masochiste si intoléra&le pour

Kme *.

D et pour son mari pour des raisons sans doute di<érentes, mais

tout aussi coercitives, a pour résultat de voir s’instaurer tout un

sst0me de $ néosatisfactions % telles que *raunsch_ei' et Rain les

1

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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/

ont décrites, néoepériences de satisfaction dont le &ut est de court-

circuiter tout sst0me de déchar'e auto-érotique, dans la visée de

supprimer l’ecitation mais de mani0re # répéter l’epérience de

satisfaction, s’opposant donc en cela # la satisfaction hallucinatoire

du désir, oV apparaPtrait le risque de satisfaction li&idinale, donc

seuelle. Ainsi en est-il des &ercements, constituant par la suite des

néo-&esoins, en un recours permanent # l’o&et.

>l s’a'it l# de satisfactions réelles, dan un &esoin réitéré qui tr0s

évidemment pose pro&l0me quant au capacités ultérieures d’@milie

de pouvoir or'aniser une activité fantasmatique et la constitution de

ses o&ets internes, eternes distincts d’elle-mme, de son Koi, et de

son narcissisme.

>l m’apparaPt ici tout # fait intéressant d’en référer # la notion de

$ 5oi %, telle qu’elle a été proposée par @. et U. ]estem&er' : $ C’est

cet investissement de la dade m0re-enfant au sein du vécu corporel

primaire que nous avons appelé le 5oi. Ainsi l’auto-érotisme ne serait

pas déHni seulement par l’ecitation des zones ero'0nes mais

traduirait une relation préo&ec-tale qui contri&uerait #

l’or'anisation de la relation o&ectale... >l interviendrait donc

économiquement dans l’or'anisation des con8its et de la

fantasmatisation qui les traduit. % @t les auteurs aoutent : $ "e 5oi

ainsi déHni pourrait tre conIu comme le nucléus du Koi corporel et

fonctionnerait comme une instance suscepti&le de continuer #

dé'a'er la spéciHcité du Koi dans sa fonction or'anisante au sein du

principe de réalité... et de souli'ner la continuité entre

l’investissement narcissique et l’investissement o&ectai... %

5i e me suis attardée sur cette déHnition, c’est qu’elle me paraPt

sin'uli0rement éclairer, dans ce cas précis, mais aussi dans

&eaucoup de cas, que la clinique pschosomatique du tr0s petit

enfant nous conduit # voir, les aléas de l’évolution de la relation

d’o&et, de la constitution d’un o&et distinct permettant la

di<érenciation intérieurMetérieur, ne pouvant départa'er du plaisir

+

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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/

ou du déplaisir, de l’ecitation ou de son apaisement, ce qui est de

son fait ou du fait de l’o&et, parce qu’ils sont confondus, et que ce

qui caractérise le narcissisme primaire, c’est-#-dire cette dade,

perdure.

C’est pendant toute sa premi0re année qu’@milie va voir

s’interposer entre ses tensions, &esoins, malaises, désirs, sa m0re ou

son p0re dans une fonction maternelle/ et donc tre entravée dans sa

capacité # dé'a'er ce qui vient d’elle et de l’o&et, l’eterne, sans

loisir d’halluciner désir, plaisir, ni o&et.

;out aussi lié au précédent m’apparaPt tre le pro&l0me de

l’or'anisation interne d’@milie # partir de la motricité. 5a m0re a

raconté comment toute petite, elle laissait # @milie le soin de

prendre son &i&eron seule # mme son lit. "a conqute motrice

prend-elle le pas sur la frustration relationnelle "e con8it entre

@milie et sa m0re se traduit sur le plan moteur, et sur un mode

coercitif, puisqu’il vise # l’empcher de se 'ratter. @st-ce dans cette

perspective qu’il faut comprendre qu’@milie n’ait pas marché plus

t=t C’est-#-dire o&éissant au désir de sa m0re de ne pas la laisser

s’autonomiser par des initiatives motrices Qu la di<iculté

corrélative de s’tre constitué une ima'e rassurante de son corps

Qn peut faire état ici de la séance oV @milie se ette dans le vide

devant son p0re, mais non dans ses &ras, sans appréhension D

stricto sensu D sans appréciation du risque, dans une étonnante

passivité, s’en remettant enti0rement # son p0re pour la maPtrise de

son corps dans l’espace.

>l sem&le que la proection sur ma personne des fantasmes dont

@milie était porteuse ait pro&a&lement permis un désserrement des

liens m0re-Hlle, au &énéHce de l’autonomisation de celle-ci puisque

d’em&lée, # la seconde séance, la marche était acquise, et avec elle

un champ d’action autoérotique mettant en eu le corps en son

entier, les activités d’eploration, la distinction concr0te d’avec

l’o&et.

3

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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/

Kme *. se permet une identiHcation, ou plut=t imitation de moi

ei'ée par son o&éissance surmoique, qui lui permet de voir en

@milie une autre qu’elle-mme. A ce propos, il sem&le intéressant de

remarquer le contraste entre sa vi'ilance lorsqu’@milie essaie de se

'ratter et com&ien # l’inverse elle est peu attentive # la perception

des &esoins propres de sa Hlle qui ne la renvoient pas # ses

fantasmes le mouchoir/. Ce mouvement, qui a permis # Kme *. de

desserrer un peu l’étau qui la maintenait contrainte # empcher tout

mouvement auto-érotique de sa Hlle, peut-il l’aider # se li&érer de

certains contre-investissements par trop éprouvants, sans que pour

autant nous cessions de nous interro'er sur ce qui, de ces toutes

premi0res epériences, pourra tre repris par le Koi d’@milie, et

sous quelle forme

 U’ai tenté de montrer # travers cette illustration clinique une

partie des di<icultés qu’@milie doit surmonter pour pouvoir

or'aniser de faIon satisfaisante les fondements de sa vie pschique,

et ce, depuis sa naissance. ar $ satisfaisante %, ’entends : sans que

soit 'revée trop sév0rement l’assise qui permettra l’instauration d’un

préconscient fonctionnel, messa'er des motions pulsionnelles

inconscientes vers le Koi. Kart nous rappelle que les or'anisations

de &ase, déviées ou défectueuses, restent fra'iles, et que quelles que

soient les possi&ilités de rattrapa'e ou de compensation, les

sst0mes de défense présenteront des failles. Eous voons ici

com&ien, # partir des interdits de la fantasmatique maternelle,

inscrits dans sa propre histoire, peuvent tre o&érées les &ases du

fonctionnement de la vie pschique.

 (is ma!esty the baby% souveraine nue, pourra-t-elle un our, au-

del# des em&[ches de son fallacieu néo-roaume, trouver sa place

la plus di<icile d’acc0s, parce que la plus simple, celle de $ suet %

ibliograp!ie

*raunsch_ei' 2., Rain K. D La nuit% le !our. aris, .F.R., 19(.

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milie pschothérapie d’un nourrisson atteint d’eczéma/

Rain K. D rélude # la vie fantasmatique. /ev. r. 'sychanal.% IG%

+91-3), 191. Rreud 5. D La vie se$uelle% .F.R., aris, 19.

Rreud 5. D ?rois essais sur la théorie de la se$ualité% aot, aris,

191.

Rreud 5. D :ssais de 'sychanalyse% aot, aris, 1961.

]estem&er' @. U. D Contri&ution # la perspective 'énétique en

pschanalse. /ev.

 r. 'sychanal.% IR% (61-13, 19)).

]reisler "., Rain K., 5oulé K. D L’enfant et son corps% .F.R., aris,

19. Kart . D L’0rdre psychosomatique% aot, aris, 196!.

innicott 2. D  =e la pédiatrie à la psychanalyse%  aot, aris,

19)9.

(

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!es "alancements de la symptomatolo#ie

 psychosomatique dans le trian#le : p$re-m$re-

"é"é

par J. 2e&ra

"a naissance de  (is a!esty the 3aby   S1T survenant apr0s une

'rossesse désirée peut apparaPtre comme la réalisation incarnée des

désirs pulsionnels érotiques de chacun des partenaires du couple

parental. 5i tel est le cas, ce &é&é, fruit de la passion amoureuse de

son p0re pour sa m0re et réciproquement, devrait tre détenteur

d’un potentiel li&idinal tel qu’il le mettrait # l’a&ri de toute

smptomatolo'ie somatique pour un temps vraisem&la&lemmet lon'.

C’est ainsi du reste que l’on pourrait comprendre autrement D c’est-

#-dire du point de vue de l’économie pschosomatique du sst0me

complee que constitue la dade m0reMenfant D l’immunité que

présente le &é&é dans les premiers mois de sa vie. Kuni d’un tonus

de vie de haute qualité puisque proportionnel # l’intensité de la

passion amoureuse qui a présidé # sa conception, puis # son &on

développement dans le ventre de sa m0re et proté'é # présent par

un environnement qu’il com&le et qui le com&le, le &é&é ne pourrait

que croPtre et s’éveiller au monde dans l’harmonie, voire la sérénité.

C’est l#, &ien s[r, une vision tr0s idéalisée que les réalités de la

 vie humaine comme celles du fonctionnement mental des individus

s’emploient # modiHer 'randement. >l n’en demeure pas moins que

)

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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-

m0re-&é&é

l’hpoth0se selon laquelle il est nécessaire pour qu’un enfant soit

conIu, puisse se développer, naPtre et vivre qu’il soit d0s l’ori'ine

investi d’une quantité su<isante de li&ido érotique de la part de ses

deu 'éniteurs sem&le pouvoir tre retenue. @t c’est dans cettemme perspective que l’on pourrait comprendre la survenue de

nom&re de fausse-couches spontanées : le fWtus insu<isamment

résistant ou vivant ne parvenant pas # se maintenir dans la paroi

utérine 1.

Chez certaines m0res dont les &é&és vont présenter des trou&les

pschosomatiques précoces et qu’il nous est donné de suivre $ au

lon' cours % # travers des pschothérapies conointes, cette lutte

entre ce qui peut apparaPtre comme des mouvements contradictoires

de la m0re et du fWtus, l’un vis-#-vis de l’autre, va sem&ler eister

tout au lon' de la 'rossesse, annonIant en quelque sorte les

di<icultés qui vont suivre.

C’est ainsi que la m0re de *éatrice a été hospitalisée # deu

reprises pour vomissements incoerci&les et nécessité de cercla'e du

col de l’utérus d0s

+ mois 1M+ de 'rossesse, devant ultérieurement rester couchée

pratiquement usqu’# la naissance de son &é&é en raison de douleurs

a&dominales intenses d0s qu’elle se mettait de&out, ainsi que de la

présence d’une hernie in'uinale qui s’est spontanément réduite

apr0s l’accouchement. Celui-ci, lon' et di<icile, fut précédé #

nouveau de ) heures de vomissements ininterrompus. *éatrice était

cependant une enfant désirée, conIue ans apr0s une Hlle aPnée,

é'alement désirée et pour laquelle les choses ne s’étaient 'u0re

mieu passées.

"orsqu’elle est ?'ée de 6 mois 1M+, sa pschothérapie conointe

avec sa m0re dé&ute dans une atmosph0re dramatique : *éatrice

 vient en e<et de su&ir sa 13e dou&le paracent0se. "es otites avec

paracent0ses ont commencé d0s l’?'e de + mois 1M+ alors qu’elle

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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-

m0re-&é&é

était encore nourrie au sein. as pour lon'temps il est vrai, car la

m0re l’a sevrée &rutalement # 3 mois sous le coup d’une menace

d’a&c0s au sein. C’était répéter l# ce qui s’était dé# passé pour la

Hlle aPnée, sevrée dans les mmes conditions mais # l’?'e de

3 semaines.

2ans ce trian'le : p0re, m0re, &é&é, tout # fait sin'ulier que

constituait *éatrice et ses deu parents, l’intrication entre les

di<érents facteurs : 'énétiques, &iolo'iques, somatiques au sens

lar'e, pourrions-nous dire, et les facteurs environnementau,

relationnels, a<ectifs liés # la pro&lématique personnelle de chacun

des prota'onistes a pu paraPtre particuli0rement serrée. ;ous o<rant

cependant di<érentes voies d’a&ord qui chacune, # leur mani0re,

aurait pu ustiHer d’une eplication causale.

C’est ainsi que la m0re mit d’em&lée l’accent avec moi sur

l’importance des éléments aller'iques chez ses deu enfants, issues

d’une dou&le li'née aller'ique chez leur p0re comme chez leur m0re.

2ans sa famille # elle, on sou<re essentiellement d’aller'ies

dermiques D elle a du reste elle-mme une plaque d’eczéma

transitoire sur la oue D chez son mari, il s’a'it plut=t de mi'raines,

d’otites # répétition dans l’enfance, puis d’aller'ies alimentaires

déclenchant des crises d’urticaire 'éant. ;outefois depuis son

maria'e, ces derni0res manifestations auraient eu tendance #

disparaPtre chez le p0re au proHt de crises d’asthme intermittentes.

2e sorte que l’etrme fra'ilité au infections et les otites 'raves

# répétition dont sou<rait *éatrice pratiquement depuis sa naissance

pouvaient tre rapportées # premi0re vue # ce qui lui venait de son

p0re, a''ravé sans doute par l’hérédité maternelle d’autant qu’elle

présentait é'alement de l’eczéma. Celui-ci évoluera au cours de sa

+e année sous forme de crises 'énéralisées entraPnant surinfection et

furonculose mais # une période oV les otites auront totalement

disparu. Ce n’était pas l# cependant la seule smptomatolo'ie qu’elle

6

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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-

m0re-&é&é

présentait car elle sou<rait aussi d’insomnies précoces et sév0res D

tout comme sa sWur aPnée avant elle D réveillant ses parents par ses

hurlements au minimum trois fois par nuit et pouvant rester éveillée

plusieurs heures d’a<ilée en réclamant la présence de son p0re ou desa m0re. @n dépit de ce qu’ils essaaient de se relaer aupr0s d’elle,

la m0re se disait épuisée par le manque de sommeil et l’inquiétude

que lui procurait sa Hlle.

C’était une &elle eune femme &londe, 'rande, sthénique et tr0s

active, chez laquelle le vécu de crise qu’elle a<rontait depuis la

naissance D et mme depuis la 'rossesse D de son &é&é sem&lait se

traduire # travers un état de tension et de nervosité sensi&le dans

son dé&it de parole comme dans ses 'estes, notamment avec sa Hlle.

20s la premi0re séance elle a pu se montrer tendre et attentive vis-#-

 vis de son &é&é, puis su&itement non disponi&le, l’installant D alors

que *éatrice était manifestement fati'uée et souhaitait tre prise

dans les &ras D face # une mallette ouverte, remplie de couches, de

&i&eron et de '?teau en lui disant qu’elle aurait &eaucoup # faire

pour tout vider et en me racontant alors avec animation comment*éatrice était tom&ée sur la tte deu ours plus t=t de son 'rand

landau an'lais alors qu’elle le tenait le dos au vent D c’est-#-dire

sans voir l’enfant

D pour la proté'er d’un éventuel coup de froid au oreilles.

endant que sa m0re me parlait. *éatrice s’appuait sur le re&ord de

la mallette, sans s’intéresser # son contenu, en lui imprimant une

inclinaison qui me Ht craindre que le couvercle ne se referme

&rutalement sur ses doi'ts... ce qui se produisit e<ectivement.

"’aspect contradictoire de l’investissement maternel se retrouvait

chez l’enfant au niveau mme de son ha&itus, car en dépit de sa

p?leur et de la 'ravité de ses atteintes somatiques répétées, il

s’a'issait d’un &é&é 8orissant quant # son rapport staturo-pondéral.

Comme si la smptomatolo'ie $ somatique % : les otites, et

9

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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-

m0re-&é&é

$ pschosomatiques % : les insomnies, n’avait au total apparemment

que peu de retentissement sur son développement 'énéral. 2e

mme, sur le plan relationnel, ’ai pu tre frappée par ce qui m’a

sem&lé tre sa fati'a&ilité, sa capacité d’entrer en contact avec moi,tout en marquant un temps assez lon' de réserve indiquant qu’elle

me percevait &ien comme non-famili0re, était de &onne qualité.

@n somme, si la m0re de *éatrice, tout comme *éatrice elle-

mme, ne manquait pas de tonus li&idinal, celui-ci sem&lait devoir

répétitivement se déchar'er dans des $ crises % de tpe épreuve de

force, en'a'eant au premier chef le corps, # l’ima'e de ses

 vomissements incoerci&les du dé&ut de la 'rossesse et # nouveau

lors de l’accouchement, la laissant apparemment épuisée mais

Hnalement encore vaillante pour ce qui allait suivre. Ce mme mode

de fonctionnement se retrouvait dans tous les domaines et

notamment en ce qui concernait sa vie professionnelle oV alternait

une &rillante réussite &ient=t suivie d’une &ruante rupture touours

en relation, sem-&lait-il, avec des con8its de rivalité mettant en cause

la alousie. >l apparut tr0s nettement au cours de la pschothérapieque c’était l# une mani0re chez la m0re de *éatrice de répéter, sans

le savoir clairement, un tr0s ancien con8it de son enfance qui visait #

la faire triompher d’une sWur aPnée rivale pour o&tenir l’admiration

de son p0re. "e fait qu’il lui était quasiment impossi&le de ouir de

son triomphe en raison de l’intense an'oisse qu’il entraPnait aussit=t

chez elle, nous a &eaucoup retenu. >l nous sem&le que l’on peut en

e<et voir comme l’ori'ine de ces crises itératives qui surviennentaussit=t que quelque chose qui est de l’ordre de la réalisation des

désirs apparaPt dans la vie de cette eune femme. Ainsi s’éclairent les

particularités de ses relations d’o&ets que celles-ci soient amicales,

professionnelles, sentimentales et mme maternelles. Kais alors que

ses relations d’o&ets dans le monde des adultes si l’on peut dire, se

ré'ulent # travers des sc0nes de séduction puis de ruptures D

entraPnant d’ailleurs le plus souvent un accompa'nement par des

(!

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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-

m0re-&é&é

manifestations somatiques associées D il ne peut plus en aller de

mme lorsqu’il s’a'it de porter, de mettre au monde et d’élever un

enfant, fruit de la réalisation de ses désirs etrmement

contradictoires. 2’oV cette smptomatolo'ie somatique d’em&lée&ruante qui en'a'e le corps de la m0re puis celui de l’enfant tout en

préservant néanmoins la vie de l’une comme de l’autre. 2’oV aussi,

me sem&le-t-il, cette rapidité avec laquelle *éatrice a cessé de faire

des otites, quasiment d0s le dé&ut du traitement pschothérapique,

devenant mme &ient=t plus résistante que sa sWur, sa m0re et son

p0re au a<ections rhinopharn'ées. ar contre, le smpt=me

d’insomnie s’est montré &eaucoup plus re&elle et, nous l’avons dé#si'nalé, l’eczéma s’est installé, évoluant par crises et devenant alors

'énéralisé mais dans un contete con8ictuel qui nous a touours

sem&lé compréhensi&le sinon interpréta&le.

Qn peut s’interro'er pour tenter de saisir pourquoi ce sont les

otites qui ont cessé alors mme que les insomnies vont persister

 usqu’# ce que *éatrice ait plus de + ans. @t ceci d’autant plus que

pour la m0re l’insomnie était secondaire # l’otite qui réveillaitl’enfant en raison de la douleur et de la température élevée qu’elle

entraPnait. our notre part, nous pensons qu’aucune réponse simple

ne saurait convenir car il s’a'it # l’évidence de modiHcations

complees intervenant au sein des deu économies

pschosomatiques de cette petite Hlle et de sa m0re en'a'ées dans

des interactions elles-mmes complees. ;out au plus peut-on

avancer l’hpoth0se selon laquelle le lien transférentiel qui se seraittr0s vite éta&li entre la m0re de *éatrice et moi-mme aurait

contri&ué # lever pour une part le poids trop 'rand des motions

contradictoires qui s’eprimaient vis-#-vis de l’enfant, rendant celle-

ci moins fra'ile, c’est-#-dire éventuellement plus apte # réa'ir

favora&lement au traitement médical spéciHque auquel elle était

soumise.

(1

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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-

m0re-&é&é

"a question des insomnies et de leur persistance nous paraPt

d’une autre nature mme si leur installation a pu tre favorisée par

l’eistence des otites. >l s’a'it en e<et avec les insomnies précoces

d’une smptomatolo'ie qui tr0s vite s’inscrit directement dans lechamp relationnel mettant en cause les trois prota'onistes de notre

trian'le : p0re, m0re, &é&é D mise en cause violente pour peu que

les insomnies soient sév0res et dura&les car le manque de sommeil

répété induit un état d’épuisement et d’easpération di<icile #

maPtriser. >l en résulte le plus souvent, une situation chaotique : les

cris du &é&é entraPnant # plus ou moins lon' terme des réactions

punitives de tpe fessée suivies ou non de tentatives de compromisoV l’enfant peut se retrouver incité # dormir dans le lit avec ses

parents. "e mme scénario avec ou sans variantes, pouvant se

répéter plusieurs fois par nuit.

@n ce qui concerne l’enfant, il nous sem&le que le fait qu’il se

réveille la nuit n’est pas si'niHcatif en soi mais &anal sinon ha&ituel

pour ce qui est en tous cas des &é&és que nous avons pu suivre.

7uand il n’ a pas # proprement parler d’insomnie, l’enfant serendort # l’aide souvent d’une activité autoérotique : suIotement,

&alancement, voire se co'ner la tte, ce qui est le cas d’une enfant

mérciste de + ans. Chez nos petits insomniaques, le réveil entraPne

quasi immédiatement les cris pour faire apparaPtre la m0re ou encore

le p0re et faire cesser un état de solitude ou de vide apparemment

intoléra&le. asser ainsi sans transition aussit=t que cesse le sommeil

# un état d’ecitation avec cris rév0le nous sem&le-t-il # la fois lafai&lesse ou la faillite, éventuellement temporaire, des activités auto-

érotiques et l’ec0s de tension # ce moment précis du sst0me

complee que constitue le &é&é. 5ans doute peut-on évoquer ici ce

que Kart appelle $ la mosa4que premi0re % S+T correspondant au

particularités constitutives de tel nouveau-né et qui, alliée # ses

caractéristiques concernant sa réactivité, son rthme et le stle de

ses déchar'es, permettrait d’apprécier les 'randes li'nes de son

(+

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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-

m0re-&é&é

économie pschosomatique. "es caractéristiques fondamentales de

nos petits insomniaques pourraient comporter alors certains

éléments qui rendraient compte, en partie du moins, de cette tension

en ec0s car, quelles que soient en déHnitive ces caractéristiquesori'inaires, nous savons qu’elles sont tr0s vite reprises dans le

réseau des interactions S3, T, qui va unir le nouveau-né # sa m0re

faisant intervenir du mme coup les particularités de l’économie

pschosomatique du moment de cette derni0re. Qr, et nous l’avons

dé# souli'né ailleurs S(T, ce qui frappe dans la smptomatolo'ie

pschosomatique que présentent les &é&és c’est la précocité de son

apparition, d0s les premi0res heures de la vie pour certainesanoreies S)T, >l en va vraisem&la&lement de mme pour un certain

nom&re d’insomnies précoces mme si on ne peut pas les décrire en

tant que telles avant que le &é&é n’ait atteint + mois, le sommeil

étant tr0s ha&ituellement pertur&é pendant cette toute premi0re

période de la vie ST.

Cette précocité d’apparition de la smptomatolo'ie chez le

nouveau-né nous a conduit # décrire l’eistence d’une $ situation decontrainte % qui dans ces cas-l# préeisterait # sa venue ou en

découlerait. 2es éléments tr0s divers peuvent participer # cette

situation de contrainte et en particulier l’état de la m0re, que celui-ci

soit lié # la réactivation lors de l’accouchement de sa pro&lématique

personnelle antérieure ou que divers facteurs etérieurs

contri&uent dont les particularités constitutives du &é&é ou encore la

déconvenue liée # son see par eemple, l’o&li'eant alors # faire untravail trop co[teu de réaustement entre le &é&é fantasmatique

qu’elle portait et ce &é&é réel qu’elle a mis au monde.

Kais pour *éatrice et sa m0re, nous l’avons dit, cette situation de

contrainte eistait d’ores et dé# durant la 'rossesse, ce qui est loin

d’tre touours le cas. C’est dire que les éléments liés # la

pro&lématique personnelle de la m0re étaient tout # fait pré'nants,

(3

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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-

m0re-&é&é

ce que la suite de la pschothérapie viendra conHrmer. 2e fait, étant

donné le caract0re tr0s contradictoire de ses investissements et ce

qui nous a sem&lé tre son intolérance # voir se réaliser ses désirs, il

paraissait tr0s vraisem&la&le que sa vie sentimentale et enparticulier seuelle n’aille pas sans poser pro&l0me. Comment en

tout état de cause la reprise de relations seuelles heureuses peut-

elle se faire dans un contete de crise intermina&le puisque

entretenue par la &ruante smptomatolo'ie du &é&é Rormulé dans

la terminolo'ie de Rain S6T, c’est dire que $ la censure de l’amante %

ne peut pas se mettre en place chez la m0re, ce qui ne va pas sans

inconvénients pour le développement pschique de l’enfant. Avec lacensure de l’amante éprouvée par la m0re tandis qu’elle s’occupe de

son &é&é, il s’a'it en e<et d’un donné # vivre &ien particulier pour ce

dernier confronté # sa m0re phsiquement présente mais

mentalement a&sente parce que reprise par des désirs érotiques

pour son partenaire et cherchant donc éventuellement # calmer son

enfant pour qu’il s’apaise et qu’il dorme, ce qui aiderait # la

réalisation de ses désirs. "’enfant, face # ce quelque chose quimanque dans la qualité de l’échan'e relationnel qu’il a avec sa m0re,

peut répondre par un état d’ecitation entraPnant par eemple la

mise en route de ses auto-érotismes ou une activation fantasmatique,

 vérita&le $ prélude # la vie fantasmatique % S9T # valeur

compensatoire.

@n somme, si tout va &ien dans le trian'le p0re, m0re, &é&é, apr0s

les austements réciproques que commandent la survenue du &é&éréel touours sensi&lement autre que le &é&é fantasmatique D pour

le p0re comme pour la m0re &ien que di<éremment D et apr0s la

période du tout dé&ut de la vie oV la m0re accaparée par son &é&é

développe ce que innicott a décrit comme la $ préoccupation

maternelle primaire % S1!T, l’investissement maternel doit devenir

pro'ressivement moins constant et permettre le retour des désirs

érotiques et le réinvestissement des relations avec le p0re. C’est #

(

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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-

m0re-&é&é

cette condition que le &é&é, d’a&ord surinvesti, c’est-#-dire com&lé

par son environnement, puis moins investi voire désinvesti d’une

mani0re transitoire, va pouvoir faire l’epérience d’un manque

auquel il cherchera # répondre par ses propres moens, constituantainsi pro'ressivement son propre en-dedans pschique. "es activités

auto-érotiques viennent s’insérer dans ce mouvement 'énéral comme

un temps essentiel favorisant une certaine autonomie de

fonctionnement comme la constitution d’assises corporelles et

narcissiques solides.

Ce sont ces activités auto-érotiques qu’une m0re intrusive ou trop

constamment présente va entraver et le &é&é devra trouver alors

d’autres moens pour ré'uler son économie pschosomatique : la

smptomatolo'ie pschosomatique pouvant constituer une issue.

"orsque celle-ci eiste et pour peu qu’elle ait une certaine vi'ueur,

l’état de crise s’instaure D notamment lorsqu’il s’a'it d’insomnies

précoces en raison de l’épuisement et de l’easpération réciproque

de nos trois prota'onistes D l’ensem&le du sst0me paraissant

s’auto-entretenir dans un mouvement destructeur.

2u fait, nous sem&le-t-il, que le désir pulsionnel renaPt

constamment chez le &é&é ou le eune enfant, provoquant tr0s

facilement son réveil et ceci avec d’autant plus d’intensité que la

réponse de l’environnement sera plus ecitante : les cris, les sc0nes,

l’éventuel a&outissement dans le lit des parents etc., la diminution,

 voire la sédation de l’insomnie précoce passe nécessairement

d’a&ord dans notre epérience par des modiHcations de l’économie

pschosomatique de la m0re. >l faut en e<et que sa participation # la

smptomatolo'ie de son enfant se transforme pour que celui-ci

puisse sortir du cercle de la répétition et accéder # un autre mode de

fonctionnement oV la capacité d’attendre va pouvoir s’instaurer

pro'ressivement, favorisant du mme coup le réendormissement

dans le calme.

((

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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-

m0re-&é&é

"e caract0re etrémiste des choi concernant l’or'anisation de sa

 vie mettait la m0re de *éatrice dans une situation di<icile : c’est en

e<et # la suite d’un con8it particuli0rement violent sur le plan

professionnel qu’elle avait décidé de renoncer # travailler et de faireun deui0me enfant, estimant qu’alors il lui revenait de se consacrer

enti0rement # sa famille. Ce tpe de choi en tout ou rien, s’avérait

en fait intena&le et entraPnait chez elle une lutte intense contre

l’a'ressivité et les sentiments de reet qu’elle éprouvait mal'ré elle

 vis-#-vis de ses deu enfants et par contre-coup vis-#-vis de leur p0re,

qui du seul fait de leurs eistences la tenaient prisonni0re # la

maison. 2’oV en réponse, les attitudes de surprotection Dn’empchant pas pourtant des conduites de tpe $ actin' % comme

lorsque *éatrice était tom&ée de son landau par eemple D et des

rationnalisations lui interdisant de s’éloi'ner de son &é&é ou mme

de la conHer pour quelques heures étant donné sa fra'ilité

somatique. 2’oV aussi, ce mélan'e chez elle, percepti&le d’em&lée,

de tension, d’insatisfaction, d’easpération, masquant mal des

sentiments dépressifs sous-acents d’intensité proportionnelle etapparemment non éla&ora&les. "a réduction de l’état de crise passait

&ien évidemment par la diminution des sentiments de frustration de

la m0re et par sa capacité de parvenir dans un premier temps # se

séparer mme pour un court moment de *éatrice.

Ce fut un assez lon' cheminement mais *éatrice avait tout uste +

ans lorsqu’au cours d’une séance sa m0re a pu me dire en riant

qu’elle avait mis au total plus d’une année pour $ faire eactementce que e voulais %, # savoir reprendre un travail # mi-temps. 2ans

l’intervalle, sa Hlle 'uérie quasi immédiatement de ses otites, avait

maintenu ses insomnies devenues peu # peu intermittentes, mais

pouvant encore donner lieu # des sc0nes de col0re avec fessées.

C’était devenue une tr0s &elle enfant, 'rande, &ien développée avec

un lan'a'e précoce. "es manifestations aller'iques demeuraient

sous la forme d’aller'ies alimentaires transitoires D peut-tre au

()

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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-

m0re-&é&é

'luten D lui faisant des selles diarrhéiques, ce qui inquiétait

épisodiquement la m0re, de mme que les crises d’eczéma

'énéralisé qui évoluaient par poussée avec surinfection et

furonculose.

"a participation active de *éatrice # son eczéma et # son

éventuelle surinfection s’est avérée # plusieurs reprises tout # fait

évidente. C’est ainsi qu’il lui est arrivé au cours d’une séance oV sa

m0re manifestement m’accaparait trop # son 'ré, de se mettre # se

'ratter d’une faIon de plus en plus compulsive, se faisant sai'ner,

pleurant et étant inconsola&le sur un mode qui rappelait # l’évidence

les états de désor'anisation anieuse qui présidaient # l’ori'ine # ses

insomnies. A l’issue de cette séance, il sem&lait manifeste que

*éatrice avait &esoin d’tre seule avec moi et ma proposition de la

 voir en alternance avec sa m0re é'alement seule fut apparemment

immédiatement acceptée.

2iverses raisons peuvent tre avancées pour epliquer que ce

proet ne se soit pas en fait réalisé. "es plus superHcielles D pas

fausses pour autant D données par la m0re tenaient au impératifs

de son emploi du temps qui, du fait de son travail, l’amen0rent #

espacer les séances, et ceci d’autant plus aisément que ma

proposition intervenait peu avant la lon'ue séparation de l’été.

*éatrice, par ailleurs, allait de mieu en mieu, aant pratiquement

cessé toute insomnie # la rentrée de septem&re. Kais # c=té de ces

eplications contin'entes si l’on peut dire, les vraies questions nous

paraissent liées au aména'ements transférentiels et contre-

transférentiels qui se font dans ces traitements # trois. C’est en

somme la smptomatolo'ie pschosomatique &ruante du &é&é qui

est # l’ori'ine de la prise en char'e pschothérapique, et c’est elle

qui se modiHe, voire disparaPt, souvent trop rapidement, # la faveur

du lien transférentiel et contre-transférentiel qui s’éta&lit entre la

m0re et l’analste favorisant alors éventuellement # travers la fuite

(

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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-

m0re-&é&é

dans la 'uérison smptomatique la fuite du travail d’éla&oration

pschothérapique et l’arrt du traitement. 2ans &ien des cas le &é&é

a paru tre un allié précieu pour la poursuite du traitement en

développant une deui0me smptomatolo'ie # c=té ou en plus de sespremiers smpt=mes qui avaient été # l’ori'ine du traitement.

*éatrice était de ce tpe puisque apr0s les otites c’est l’insomnie

sinon l’eczéma qui a incité sa m0re # poursuivre les séances, lui

permettant en mme temps de nouer un lien transférentiel réel avec

moi, ce qui l’a poussée pro'ressivement # souhaiter me voir seule,

c’est-#-dire # l’a&ri des interférences de sa Hlle.

>l s’a'it l#, nous sem&le-t-il de l’évolution fréquente et favora&le

de ce tpe de prise en char'e oV le &é&é, 'uéri plus ou moins vite,

disparaPt peu # peu des séances au proHt de l’approfondissement du

travail avec la m0re. >l reste que la m0re peut # tout moment le faire

revenir soit parce qu’inqui0te # nouveau elle souhaite que e le vois,

soit encore parce que parvenue # un point délicat du travail

analtique elle se saisisse de cette possi&ilité pour remettre son

enfant entre elle et moi et l’utiliser en quelque sorte défensivementcomme une protection par rapport # un approfondissement qu’elle

redoute.

Qr'aniser l’alternance comme e l’avais su''éré pour *éatrice,

c’est aller # rencontre de tels aména'ements et c’est é'alement

confronter la m0re avec un autre aspect tr0s délicat, me sem&le-t-il,

de ces prises en char'e précoces : la massivité du transfert positif 

que les &é&és et les tr0s eunes enfants peuvent développer vis-#-vis

de l’analste. Celui-ci peut prendre par moments l’allure d’un

 vérita&le $ détournement d’enfant % en dépit du maintien chez

l’analste d’une certaine réserve indispensa&le # notre avis # la

poursuite de la relation. Qutre les manifestations de oie # ma vue et

les éventuels pleurs lors de la séparation # la Hn de la séance, la

rapidité avec laquelle des enfants mme tr0s eunes, ont pu se

(6

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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-

m0re-&é&é

rappeler les lieu, les nommer, me nommer et me réclamer en dehors

des séances, sont des éléments qui m’ont paru d’em&lée frappants et

pro&a&lement di<iciles # supporter pour les m0res comme pour

certains p0res.

5i ces derniers sem&lent apparaPtre relativement peu, encore que

 e les ai pratiquement tous rencontrés, non pas # ma demande mais

$ fortuitement %, c’est-#-dire vraisem&la&lement lorsqu’ils le

souhaitaient ou surtout quand la m0re le désirait, les particularités

de leurs relations avec l’enfant ainsi qu’avec leur femme font l’o&et

de tout un travail pschothérapique qui vise, comme pour chacun des

mem&res de notre trian'le, # une plus claire élucidation de leurs

caractéristiques personnelles. 2ans &ien des cas, la meilleure

compréhension du mode de fonctionnement du &é&é, transmis au

p0re # travers les dires de la m0re et entraPnant chez celui-ci des

modiHcations dans ses attitudes # son é'ard nous a paru tre un

élément décisif pour faire cesser la situation de crise et permettre

l’arrt de la smptomatolo'ie de l’enfant.

>déalement, nous l’avons dit, pour que le tr0s eune enfant puisse

accéder # une certaine autonomie de fonctionnement, il faut que ses

auto-érotismes se mettent en place, dé'a'eant son économie

pschomatique personnelle de celle de sa m0re avec laquelle elle

était usque-l# confondue, et pour ce faire le réinvestissement

li&idinal puis érotique du p0re par la m0re et réciproquement sem&le

en tre le meilleur 'arant en mme temps que le plus heureu

lorsqu’il témoi'ne de la reprise des sentiments amoureu.

ibliograp!ie

S1T Rreud 5. D our introduire le narcissisme 191/, in  La Kie

Ee$uelle% .F.R., aris, 19!.

S+T Kart . D "es mouvements individuels de vie et de mort.

 :ssai d’économie psychosomatique. aot, aris, 19).

(9

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"es &alancements de la smptomatolo'ie pschosomatique dans le trian'le : p0re-

m0re-&é&é

S3T *razelton *. D *ehavioral compétence in the ne_&orn

infant. Eeminars in perinatolo"y% Nol. 3, 1, anv. 199.

ST 5tern 2. D A microanalsis of mother-infant interaction, in

 &nfant 'sychiatry. @d. Jeford, gale Fniversit ress, 19).

S(T 2e&ra J. D >nsomnie précoce chez le eune enfant et

pro&lématique maternelle, Ménitif% *% 3, -11, 199.

S)T ]reisler ". D "e &é&é du désordre, in  La dynamique du

nourrisson. "es éditions @.5.R., 196+.

ST Cramer *. D "a pschiatrie du &é&é, in  La dynamique du

nourrisson. "es éditions @.5.R., 196+.

S6T *raunsch_ei' 2., Rain K. D  La nuit% le !our.  aris, .F.R.,

19(,

S9T Rain K. D rélude # la vie fantasmatique.  /ev. r.

 'sychanal.% IG% +91-3),

191.

S1!T innicott 2. D  'rocessus de maturation che7 l’enfant.

aot, aris, 19!.

)!

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Évolution des fantasmes au cours de la

 psychothérapie d’un enfant de %% ans atteint

d’une maladie osseuse

par ". Jesaré

 Ue vais tenter de tracer l’évolution des fantasmes d’un 'arIon de

11 ans, qui a été hospitalisé entre + ans et 6 ans pour une maladie

osseuse ostéochondrite de la hanche 'auche/. "es ) ans

d’hospitalisation se situent

> avant 19)!, dans un lieu appelé dans ce tete $ l’h=pital %. @n

septem&re 19)+,

# l’?'e de 11 ans, il sera pris en char'e par un éta&lissement

spécialisé, appelé ici $ l’h=pital de our %, d’oV il sort en décem&re

19)3 pour suivre une

i scolarité normale. 20s le dé&ut de son séour # l’h=pital de

 our, il suit une

pschothérapie # un rthme de séances par semaine. "etraitement continue apr0s sa sortie de l’h=pital de our encore

pendant 3 ans mais # raison de + séances par semaine.

ierre a un passé lourd : sa m0re, étant enceinte, fait une

$ fu'ue % mais réapparaPt un peu plus tard/ et il est placé encore

tout &é&é chez une nourrice et, # deu ans, il sera hospitalisé. Fn

fr0re et deu sWurs sont nés pendant son hospitalisation. Considéré

comme su<isamment réta&li pour retourner chez lui, il apprend alors

)1

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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans

atteint d’une maladie osseuse

la disparition déHnitive de sa m0re, qui a quitté la maison sans

prévenir personne et sans laisser la moindre trace. "a m0re est

décrite par le p0re et par l’enfant comme $ énervée %, ce qui laisse

entendre Z un fonctionnement mental dé&ordé et sans 'randespossi&ilités d’inté'ra

tion des ei'eances pulsionnelles.

ar la suite, le p0re s’est remarié, ce qui o<re # ierre un cadre

familial, mais peu sécurisant : le p0re et la &elle-m0re passant par

des états dépressifs et des maladies somatiques.

ierre, qui vient d’tre admis # l’h=pital de our pour son

incapacité # suivre une scolarité normale et pour un comportement

&izarre avec des tendances d’auto-a'ression, se trouve dans un

état d’inor'anisation appa-

rente, accompa'né de smpt=mes somatiques : céphalées,

diarrhées, nausées, et il se plaint souvent de douleurs au am&es,

liées # plusieurs interventions chirur'icales. >l est tr0s lon' #

s’endormir, et son sommeil est pertur&é. "e réveil est lon' et péni&le,

et la di<érenciation entre le our et la nuit n’est pas nette.

"ors d’une discussion # propos de son cas, il sem&lait préféra&le

que son traitement dé&ute comme un $ materna'e % pour le

préparer # une pschothérapie ultérieure. Aant eu l’occasion

d’assister # quelques leIons # l’école de l’h=pital de our, ’ai pu

remarquer com&ien ierre était mal # l’aise en classe. >l était surtout

paniqué d’apprendre qu’il aurait comme tous les autres enfants de sa

classe # préparer une $ conférence % qui serait présentée devant la

classe et soumise # une critique.

2ans le &ut de lui fournir un cadre en créant un lien entre lui, son

maPtre et moi-mme, e lui ai proposé de l’aider dans cette t?che, oV

il s’a'it de faire un devoir réclamé par le $ maPtre %. >l accepte, mais

ses e<orts pour travailler restent vains, car il lui est impossi&le

d’or'aniser sa pensée. >l essaie d’apprendre par cWur quelques

)+

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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans

atteint d’une maladie osseuse

tetes, et mes propositions pour les lui epliquer échouent. 5ans

cette contrainte de travailler, il est envahi par des pulsions

destructrices qui peuvent epliciter son incapacité d’or'aniser sa

pensée. ar contre, il raconte un rve, contrastant avec lescauchemars qui persistent, oV il fait une $ conférence réussie %.

5on lan'a'e est désor'anisé, il ne connaPt pas les epressions

quotidiennes, ni mme les mots qu’il utilise. 5ans confondre les

pronoms personnels, la di<érence des sees n’est e<ectuée # aucun

niveau. Remmes et hommes sont &iseués, &ien qu’il fasse quelque

e<ort pour cacher cette conception. >l se plaint de ne rien savoir, de

ne rien avoir vu, $ mme pas comment est faite la tour @i<el %, et il

ne connaPt rien de aris. Cet état de confusion sem&le le proté'er

contre l’émer'ence d’une an'oisse insupporta&le, ceci au dépens de

l’estime pour lui-mme et sans doute de son sentiment d’identité.

5on identiHcation # moi, étran'0re en Rrance, lui permet de

mieu supporter son sentiment de ne pas tre comme les autres,

d’tre $ étran'er %. >l est tout étonné d’apprendre qu’il est franIais.

Fn rve d’allure $ simple réalisation de désir % D il est à la pla"e et

il fait beau D lui donne l’occasion de raconter qu’une fois, apr0s sa

sortie de l’h=pital, il a passé ses vacances avec sa famille en

*reta'ne. C’est un souvenir heureu, pro&a&lement condensé avec

quelques &ons souvenirs du temps de son séour # l’h=pital, et

su<isamment investi li&idinalement pour lui donner un sentiment

d’identité, car ce our-l#, il se sent sinon franIais, du moins &reton.

ierre vit ses relations # l’h=pital de our sur un mode parano4de.

;out le monde est contre lui, son maPtre, les maPtresses, et 2ieu lui-

mme ne le défend pas. 5elon ses parents, il n’aurait amais $ rien

compris du catéchisme % et il confond 2ieu et son p0re, p0re qui, par

ailleurs, est tr0s dévalorisé puisqu’il $ ne sait rien %. >l n’ a qu’une

&ande de voleurs et de &andits qui l’entoure, et les maPtresses ne

sont pas de vraies maPtresses. >l vient aupr0s de moi pour se

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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans

atteint d’une maladie osseuse

réconforter, mais aussit=t arrivé, il eplose : $ "es autres disent que

 vous tes amoureuse de moi. % réoccupé par l’état de ses am&es et

enfoncé dans ses fantasmes, il oscille entre un sentiment intense de

persécution et un désinvestissement de l’entoura'e, les $ maPtressesqui ne sont pas de vraies maPtresses % rappelant $ les hommes

fa&riqués # la si quatre deu % du résident 5chre&er. ar ses idées

de persécution, il cherche # donner un sens # son malaise, # son état

d’étran-'eté, pour ainsi limiter l’impact des ecitations traumatiques.

5a sWur, qui a su&i une intervention chirur'icale, devient

$ insupporta&le % # la maison, et la &elle-m0re menace de la

renvoer, ce qui déclenche chez ierre une 'rande an'oisse. >lraconte alors une vision e<raante : il voit dans la nuit la lune avec

une &oule noire, la lune tourne vite, vite, mais la &oule reste sur

place, et il est envahi par la peur que la &oule noire ou un morceau

de la lune ne tom&e sur lui. >l s’a'ite en parlant de la lune

tournante : $ @st-il possi&le d’aller dans la lune eut-on la voir pour

de vrai Comment est-elle % Ceci se passe avant la marche sur la

lune./ @t le soleil, il voudrait tant le voir.  >l devient rveur, c’estcomme si l’introduction du soleil dans la folie lunaire apaisait son

a'itation. >l commence # faire des proets de travailler un our dans

un la&oratoire, il lui sera alors possi&le, croit-il, de les connaPtre et

de savoir  ce qui se passe. >l construit ainsi une $ sc0ne primitive %

cosmique # partir de la vision hallucination/ provoquée par

l’opération de sa sWur et l’idée de la disparition de celle-ci avec tout

ce que cela a réveillé en lui en écho des traumatismes précédents.2épourvu de surmoi protecteur, il est envahi par un transfert

massif qui provoque l’an'oisse parostique : $ Ue suis malade avec

 vous. % >l parle &eaucoup de sorci0res D de &onnes et de mauvaises

D qu’il confond avec étran'0res, et quand e lui montre sa peur que

 ’en sois une, il se roule par terre, criant : $ Eon, non, mais vous avez

entendu parler de *lanche-Eei'e Ue suis mort, e suis mort. % 2ans

son identiHcation # *lanche-Eei'e avec les satisfactions

)

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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans

atteint d’une maladie osseuse

inconscientes que cela peut lui procurer, il craint que e lui o<re des

choses dan'ereuses la pomme empoisonnée/ et que e lui arrache ce

qui lui appartient le morceau détaché de la lune/. >l se l0ve pour me

conHer un 'rand secret : dans un placard # l’h=pital, il a vu unsquelette sans am&es, et, $ comme on avait essaé de refaire ses

 am&es sans amais réussir, on avait, dit-il, pris les am&es du

squelette pour les mettre dans les siennes, c’est pourquoi il a

touours mal %. >l ne me sem&lait pas eclu qu’il s’a'issait d’une

perception réelle, et e lui ai dit que ses am&es n’avaient rien # voir

avec celles du squelette et qu’il était si terriHé de voir qu’elles

manquaient au squelette qu’il croait qu’on lui avait pris les siennes.Content d’entendre que ses am&es sont # lui, il passe quelques

séances tranquilles, oV il s’oriente sur un plan de aris, marquant

soi'neusement le chemin qui m0ne chez le médecin qu’il voit

ré'uli0rement pour faire contr=ler l’état de ses am&es.

>l reprend ses eu répétitifs oV il met en sc0ne un squelette qui

 vient me faire peur, me taper sur la tte, m’ordonner de me

désha&iller : $ Nous tes désha&illée, on ne voit plus votre &ite %, enindiquant son propre pénis. Kais plus encore que les squelettes et

les fant=mes, c’est $ l’homme invisi&le % qui lui fait peur, et c’est

d’ailleurs # l’occasion d’une crise apr0s une rencontre prétendue

avec l’homme invisi&le dans la cave, que sa &elle-m0re l’a amené

chez un pschiatre. ;our # tour, c’est lui qui est attaqué et lui qui

attaque. >l fait, entre ces mises en sc0nes, des dessins, surtout des

portraits de moi, mais il n’arrive pas # en faire un sans me déH'urer,m’enlaidir, en somme me transformer en homme # la fois dan'ereu

et dérisoire. >l ima'ine des attaques sadiques contre mon corps, c’est

$ l’homme invisi&le % qui me poi'narde. >l a peur qu’un accident

m’arrive car, sans moi, il ne saura pas faire de $ conférence %. >l se

 vit touours démuni, i'norant et sans autre recours que sa toute-

puissance infantile : $ Ue suis le 'énéral de Yaulle. %

)(

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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans

atteint d’une maladie osseuse

5on élan transférentiel sera interprété comme une reviviscence

de son amour pour sa premi0re m0re avec l’an'oisse que e

disparaisse comme elle, intervention qui le rend d’a&ord tr0s ecité.

2ans un 8euve de paroles, il me parle de sa m0re, com&ien il l’aime,qu’il était son préféré. @lle venait le voir # l’h=pital, et il pense tous

les ours # elle, il ne cesse de se demander pourquoi elle est partie.

Kais, dit-il, comme elle n’aimait pas les Hlles, elle a été tr0s énervée

quand son dernier &é&é est né, puisque c’était une Hlle. $ C’est la

faute des enfants qui n’étaient pas sa'es. @lle s’est &eaucoup

énervée, et elle est partie. %

"es parents de ierre nous ont appris que, pendant son séour #

l’h=pital, il a vécu dans une relation homoseuelle avec un 'arIon

&eaucoup plus ?'é que lui, un adolescent qui lui donnait de l’ar'ent.

ierre disait lui-mme # ses parents que cette liaison avait duré

$ tout le temps % # l’h=pital. A son arrivée # la maison, il essaie de

reproduire cette situation avec son fr0re qui parta'e son lit. ierre

ne me parle pas de sa vie # l’h=pital, mais il dit que $ c’est l# oV tout

a commencé, toutes mes peurs viennent de l# %. @t il raconte lefantasme suivant : une nuit, quand tout le monde dort, la porte

s’ouvre et des hommes-loups entrent G ils s’approchent des ran'ées

de lits, et ils viennent pour lécher les pieds des 'arIons. >l a eu tr0s

peur, mais comme il avait &eaucoup de lits, +(!, et que son lit était

tr0s loin de la porte, ils ne sont pas arrivés # lui cette nuit-l#. >l

eplicite par un dessin : c’est un homme-loup qui tient un os dans sa

'ueule. Ce fantasme sera l’o&et de remaniements tout au lon' dutraitement.

Fne sc0ne primitive, qui se présente plut=t comme une variante

dSNn enfant est battu%  commence # s’or'aniser : les maPtresses

re'ardent sans intervenir comment il est attaqué par les autres.

"e fantasme de la séduction par l’adulte qui prend de loin le pas

sur celui de la sc0ne primitive est situé par lui au temps de son

))

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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans

atteint d’une maladie osseuse

hospitalisation, et eprimé ré'ressivement sur un mode oral : avoir

les pieds léchés par le loup et l’os dans sa 'ueule, l’os qui ne se

trouve pas dans son récit, mais dans le dessin, donc davanta'e

$ refoulé %, et qui, en mme temps, fait allusion # la castration # lafois niée et désirée masochiquement.

;outes ses pho&ies prennent leur source dans ce fantasme. "a vue

du squelette sans am&es était, pour ierre, la preuve de la réalité de

la castration, et il rép0te e<raé : $ ’ai tout compris, moi %. "e

premier temps de la menace de la castration, le messa'e maternel

 ver&al recommandant la prudence, 'lisse vers un messa'e

terrorisant G la disparition de l’o&et d’amour : $ 5i tu n’es pas sa'e,

 e m’énerve, et e m’en vais. Ue disparaPtrai et ton see disparaPtra

avec moi. % Aucune notion du p0re dont la représentation devient

d’autant plus e<raante qu’il ne sem&le pas eister. ;oute l’an'oisse

de la castration a été déplacée sur les am&es # la suite des

interventions chirur'icales et conHrmée par la vue du squelette, ce

qui lie directement la castration # la mort. A l’arri0re-fond,

apparaissent les chirur'iens comme des $ hommes invisi&les %.

Fne telle an'oisse de la castration ne peut que marquer de son

sceau toute epression li&idinale, hétéroseuelle et homoseuelle.

2es compliments du maPtre, faits # un camarade de classe pour sa

conférence, déclenchent des crises de alousie. 5es désirs

homoseuels pour le maPtre du fait de l’impossi&ilité de leur

satisfaction contaminés par sa relation avec son ami de l’h=pital/ se

transforment en &esoin d’tre puni et maltraité par lui : il ne se

contente plus d’ima'iner en séance que le maPtre va le 'ronder s’il

ne travaille pas. >l le provoque en se roulant par terre et en se

mastur&ant en classe. >l se verra interdire par le directeur de

l’h=pital de our de se mastur&er en pu&lic. Ue suis au courant de ce

qui se passe par le maPtre, mais ierre ne m’en parle pas. >l est a'ité

et son a'itation monte usqu’# mettre le feu, au sens propre, dans la

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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans

atteint d’une maladie osseuse

salle de pschothérapie en dépit de mes interdictions. "es

interprétations données n’a'issent que lorsque ’introduis

artiHciellement dans mes interventions, le maPtre comme $ p0re

interdicteur % en me servant des rensei'nements reIus et avecl’interprétation de son comportement/.

eu # peu, il se calme, nous ne sommes plus dans l’a'i. endant

les séances, il dessine &eaucoup, des &atailles de 'uerres et des

caricatures d’hommes. 5on transfert touours vif est plus mania&le,

son sommeil est meilleur, et il ne fait presque plus de cauchemars. >l

raconte un rve : il a dansé toute la nuit avec une petite femme. Au

lieu des hommes qui viennent le tuer dans ses rves précédents, il

danse avec une femme. Aucune allusion # un o&stacle # ce plaisir, et

l’epression $ toute la nuit % souli'ne encore l’insu<isance de

censure. ierre n’indique pas qu’il a eu mal au am&es dans la nuit,

mais l’on sait qu’il a l# une préoccupation permanente,

préoccupation qui le poursuit dans son sommeil. "a douleur niée

dans le rve D tu danses, tu n’as pas mal au am&es, tu peu dormir

D permet l’epression du désir incestueu dé"uisé. >l ne sait pas quiest cette $ petite femme %, marque d’un refoulement, ce qui implique

une certaine acceptation des interprétations portant sur la di<érence

des sees et son an'oisse de la castration. 7uoi qu’il en soit, ses

capacités intellectuelles s’epriment davanta'e, et les acquisitions

scolaires deviennent importantes, le refus d’apprendre fait place #

l’am&ition d’tre le premier. Apr0s un an et demi, il peut quitter

l’h=pital de our pour reprendre une scolarité normale, ce qui ne sefait pas sans di<icultés.

ierre poursuit sa pschothérapie encore 3 ans, mais # un rthme

de

+ séances par semaine. "a disparition de sa m0re et la recherche

d’une représentation d’elle, permettant une ouverture vers la

seualité, est un des th0mes dominants G l’autre est son fantasme

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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans

atteint d’une maladie osseuse

érotique des hommes-loups qui, en fait, concerne autant les hommes

que les femmes. "e contenu manifeste de ce fantasme prend

di<érentes formes et devient de moins en moins menaIant. >l pense

qu’il s’a'issait des hommes dé'uisés qui venaient faire peur auenfants pour Hnalement n’tre que le personnel qui venait #

l’occasion d’une fte distri&uer des &on&ons. "e squelette reste

comme un souvenir, mais sans provoquer la peur. 2ans les dessins,

apparaissent touours des fant=mes et il me demande : $ Comprenez-

 vous % "es fant=mes, en 'énéral, sont considérés comme des

porteurs de vWu et de désirs non accomplis des tres disparus. @n

e<et, # sa sortie de l’h=pital, non seulement sa m0re avait disparu,mais il a é'alement perdu son ami de l’h=pital. 5a premi0re réaction

quand e lui ai parlé de ce 'arIon a été une haine violente et la fuite.

Cette haine ne me sem&le pas tre uniquement une réaction du Koi

contre les fauteurs d’ecitations, mais une mesure de défense contre

une mise en cause supposée du $ séducteur %, o&et d’amour repris

par le Koi. Rreud, dans une note dans Le oi et le Ta% remarque, #

propos de la di<iculté de transformer la culpa&ilité inconsciente enculpa&ilité consciente : $ Qn a une chance particuli0re de réussir

dans les cas oV il s’a'it d’un sentiment de culpa&ilité inconscient qui

est emprunté, c’est-#-dire qui résulte d’une identiHcation avec une

autre personne qui fut adis l’o&et d’une Hation érotique. "e

sentiment de culpa&ilité ainsi emprunté constitue souvent le seul

reste, di<icilement reconnaissa&le, des rapports amoureu

a&andonnés. % >l sera ultérieurement possi&le, apr0s l’analse de sescraintes d’tre condamné et u'é par moi, de lier ses sentiments de

culpa&ilité # ses relations avec l’ami perdu, eprimés # travers la

peur des fant=mes.

>l parlera avec reconnaissance de ce 'arIon, c’était un ami qui le

proté'eait et qui l’aidait dans toutes les circonstances # l’h=pital. @n

fait, il en parle comme d’une m0re, et il est profondément attristé de

ne plus savoir oV il est. >l décide de faire une recherche pour trouver

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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans

atteint d’une maladie osseuse

son adresse. 2’autres souvenirs du temps de l’h=pital sur'issent,

comment et oV les eu étaient or'anisés, les visites de sa m0re et de

son p0re, la directrice qui était 'entille.

7uand sa m0re revient au centre de son discours, son transfert

s`intensiHe et il croit me voir dans la rue, tant=t c’est moi, tant=t

c’est sa m0re, et il est convaincu de nous avoir vues : $ Nous tes

comme elle, vous avez le mme visa'e qu’elle. % >l fait une recherche

administrative sans trouver d’autre trace d’elle qu’un etrait du

divorce qui lui attri&ue tous les torts. >l devient hostile # son é'ard,

et il ne comprend plus ce qu’il fait en pschothérapie puisque, de

toute faIon, il ne pense qu’# elle et ce qu’elle lui a fait. ensée

o&sédante, interprétée comme un moen de la 'arder pour lui, mais

é'alement comme une défense contre d’autres investissements

li&idinau. >l fuit de nouveau, mais revient apr0s quelques semaines

pour m’epliquer qu’il faut faire tr0s attention avec les femmes pour

ne pas avoir tant de malheurs que son p0re, qui n’a plus amais été

un homme apr0s avoir été a&andonné par sa femme.

Certes, il fait un travail considéra&le dans son traitement, mais il

me sem&le peu pro&a&le qu’un enfant ou mme un adolescent puisse

faire le deuil d’une perte aussi traumatique. ;outefois, il a une vie

assez satisfaisante, il ne lui reste qu’une seule peur, la peur de la

mis0re. C’est pourquoi Bitler est devenu son idéal car, si Bitler avait

'a'né il aurait enlevé toutes les mis0res en Rrance, et c’était son

devoir de tuer ceu qui s’ opposaient. 5i Bitler devient ainsi son

héros pour un temps, c’est &ien dans sa recherche d’un idéal, qui

ressem&le plus # l’identiHcation # l’a'resseur. Cette dominante

sadique était dé# décela&le chez les hommes invisi&les et les

chirur'iens qui constituent ses héros masculins. "es chirur'iens

n’ont-ils pas tenté d’enlever ses mis0res Qn sait com&ien les

chirur'iens ouissent de l’admiration de leurs malades et du

!

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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans

atteint d’une maladie osseuse

personnel, spécialement du personnel féminin, alors que ierre

consid0re son p0re comme ra&aissé par sa femme.

>l rve d’tre chirur'ien ou pschiatre, mais trouve le chemin

pour arriver trop lon' et trop di<icile, et il s’oriente vers un métier

plus accessi&le.

 Au point de vue somatique, il va &ien : il ne se plaint plus des

céphalées, ni des diarrhées ou des nausées. >l dort &ien, et il fait des

rves qu’il ou&lie pourtant. Concernant ses douleurs de am&es, on

sait que ierre a eu plusieurs interventions chirur'icales et qu’il

faisait faire des contr=les ré'uliers quant # leur état. "a nature des

douleurs reste hpothétique : douleurs $ réelles % comme séquelles

de sa maladie, hpocondriaques ou Hations conversionnelles Ces

douleurs qui disparaissent peu # peu ont été interprétées dans le

sens d’une représentation de la castration et lar'ement commentées

par ierre, surtout apr0s sa derni0re visite médicale, oV il a été

déclaré 'uéri de sa maladie osseuse. Ce n’est qu’# ce moment-l#

quand la menace est formellement écartée, qu’il a pu eprimer

toutes ses peurs # propos de ses am&es : qu’elles ne tiennent plus,

qu’elles se cassent, ce qui l’a touours 'né dans ses activités

sportives. our se rattraper, il se fait inscrire dans un clu& de sport.

"’or'anisation pschique reste fra'ile, et des ré'ressions devant

les frustrations sont prévisi&les, mais comme il est &ien inté'ré dans

sa famille et dans ses études, nous décidons d’interrompre son

traitement.

ierre revient me voir quelques années plus tard pour me parler

de ses di<icultés avec les eunes Hlles qui l’intimident. 5es amis

'arIons disparaissent d0s qu’ils se trouvent une amie, et il se sent

tr0s seul. >l est choqué par la 'rossi0reté des 'arIons, qui ne parlent

que de strip-tease et de choses o&sc0nes. 2evant moi, il se sent mal #

l’aise, avec des manifestations phsiques de 'ne. Apr0s quelques

séances, il se sent mieu mais revient encore une année apr0s pour

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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans

atteint d’une maladie osseuse

ces mmes di<icultés relationnelles, et nous discutons la possi&ilité

d’entreprendre une pschanalse, démarche # laquelle il n’a pas

donné suite. >l part au service militaire, d’oV il m’écrit pour me

demander un rendez-vous. Cet entretien a lieu 1! ans apr0s notrepremi0re rencontre. Comme il l’a annoncé dans sa lettre, il se sent

&ien. >l a &ien supporté le service militaire, mais pour ne pas perdre

de temps, il a pris des cours par correspondance dans le &ut

d’avancer dans son travail. Qn lui a proposé de rester pour faire un

travail de &ureau, mais il a refusé. >l aime &ien la paperasserie, dit-il,

mais $ la vie militaire est trop contrai'nante %.

Ce n’est que vers la Hn de l’entretien qu’il me parle de ses

relations. >l sem&le avoir pu vivre une homoseualité su&limée, car il

se sent $ li&éré % et il sort maintenant avec des eunes Hlles. 2epuis,

 e n’ai plus de nouvelles de ierre.

"iscussion

ierre a pu proHter d’une pschothérapie 'r?ce # la prise en

char'e dans un éta&lissement approprié et 'r?ce # sa capacité

d’investissement li&idinal mal'ré toute la force des pulsions

destructrices et des désinvestissements temporaires. >l s’est

présenté devant moi comme un enfant en détresse, e le sentais en

dan'er pscholo'iquement, et il éveillait en moi un désir de le

proté'er et de lui apprendre # vivre. @citation et séduction

mutuelles qui déclenchent en moi le &esoin d’un tiers pour donner un

sens intelli'i&le # notre situation. 7uand l’ecitation vient d’un

manque insupporta&le, elle frappe le complee de castration chez

l’analste d’une telle force qu’elle paralse les fantasmes

hstériques. Ue me suis donc en'a'ée dans une situation trian'ulaire

d0s le dé&ut avec le maPtre comme tiers. lus tard, au lieu de

travailler sur le manque de tiers, ’ai d[ me servir des personnes

réelles avec qui ierre avait des liens a<ectifs sans qu’il en parle

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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans

atteint d’une maladie osseuse

dans ses séances pour ainsi essaer de construire des fantasmes

Wdipiens. "’intervention du directeur par rapport # la mastur&ation

en pu&lic a oué un r=le important dans son évolution.

ierre, qui, par son activité auto-érotique provocante, cherchait #

la fois une vériHcation de l’eistence de son see et une interdiction

de ses désirs incestueu, a vécu l’intervention du directeur dans une

an'oisse constructive, et les fantasmes Wdipiens peuvent tre

a&ordés.

"’équili&re des fantasmes ori'inaires témoi'ne d’un &on

fonctionnement mental, et pour devenir e<icients dans l’or'anisation

pschique de l’enfant, ils demandent une cononcture créée par

l’entoura'e. 2ans le cas de ierre, le premier temps de la menace de

la castration a été altéré par sa maladie somatique oV tout

investissement maternel parental/ a été focalisé sur le corps

malade. ;oute l’inquiétude reste centrée sur le corps.

"e deui0me temps de la menace, Hltré apr0s coup par la

 vision du

squelette sans am&es maintient l’an'oisse au niveau des am&es.

"a di<érence des sees est déniée G l’a&sence de pénis se

condense avec la disparition de la m0re, ce qui rend le travail de

deuil impossi&le. 2’un

autre c=té, elle est prise en compte et mme désirée, car elle

maintient un

fantasme d’un acte seuel voluptueu, mais catastrophique."a $ sc0ne primitive % est a&sor&ée par le fantasme de séduction

par l’adulte, et quand elle apparaPt, c’est plut=t en forme d’un

fantasme. Nn enfant est battu : les maPtresses qui re'ardent sans

rien faire quand il est attaqué. "es maPtresses seraient-elles

$ indi<érentes % /. "e passa'e de l’investissement narcissique du

pénis au refoulement du fantasme Wdipien, imposé par le fantasme

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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans

atteint d’une maladie osseuse

de castration n’a pas été e<ectué chez ierre, qui n’a donc pas connu

de période de latence.

ierre s’est senti persécuté # l’h=pital comme # l’h=pital de our.

5on ami l’a proté'é et il lui a servi de personna'e maternel avec un

apport li&idinal important dans une cononcture oV sa vie était

dominée par la déception et les traumatismes. $ "orsque la

déception domine économiquement la vie pulsionnelle, le fantasme

se >$e dans une position où le su!et n’est plus que masochiste.   "a

possi&ilité de dou&le retournement est altérée. >l peut se su&stituer

quelquefois un déni de ce masochisme inconscient avec, pour

résultat, identiHcation # l’a''resseur % K. Rain/. "’apport li&idinal

avec la réalisation érotique sem&le avoir créé chez ierre le

fantasme des hommes-loups qui, &ien que hautement anio'0ne, a

fourni des représentations aptes # lier dans une certaine mesure les

ecitations venant des traumatismes su&is. ;outes les pho&ies de

ierre étaient liées # ce fantasme.

7uand ierre oue tour # tour attaqué et attaquant, s’a'it-il d’un

dou&le retournement de la pulsion ou de l’identiHcation #

l’a''resseur ro&a&lement les deu, mais les réponses positives et

relativement rapides de ierre au mesures thérapeutiques

m’incitent # croire que l’identiHcation # l’a''resseur n’est pas au

premier plan. ierre, qui a été su<isamment réta&li de sa maladie

osseuse pour sortir de l’h=pital # l’?'e de 6 ans 1M+ se plai'nait

encore usqu’# un moment assez avancé dans son traitement de

douleurs au am&es et il avait # su&ir ré'uli0rement des eamens

médicau de contr=le. Ces douleurs disparaissent mais leur sens n’a

pu tre pleinement eprimé et interprété qu’apr0s que la menace

phsique d’une rechute a été formellement écartée par son médecin

qui l’a déclaré 'uéri et n’aant plus &esoin de contr=le médical. >l se

trouvait au dé&ut de sa pschothérapie dans un état $ traumatique %

qui ne faisait qu’empirer, ceci mal'ré le mouvement de

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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans

atteint d’une maladie osseuse

réor'anisation pschique qui allait de pair avec son réta&lissement

somatique qui lui avait permis de sortir de l’h=pital. Qutre ses

douleurs au am&es, il sou<rait de céphalées, de diarrhées et de

trou&les du sommeil.

ar le travail analtique avec l’éla&oration des fantasmes

s’installe pro'ressivement une meilleure or'anisation pschique et,

parall0lement, disparaissent les manifestations somatiques.

Cependant, lorsqu’il revient quelques années apr0s la Hn de son

traitement pour me parler de ses di<icultés relationnelles, liées au

fantasmes homoseuels inconscients, des si'nes de malaise phsique

réapparaissent, si'nes qui me sem&lent tre alors de nature

névrotique. A cette occasion nous avons discuté l’opportunité

d’entreprendre une pschanalse, proet apparemment accepté par

lui mais auquel il n’a pas # ma connaissance donné suite.

 Au retour de son service militaire, 1! ans apr0s notre premi0re

rencontre, il me demande un rendez-vous au cours duquel il me dit

qu’il va &ien, qu’il est content de ses relations sociales et il me fait

part de ses proets pour l’avenir.

ibliograp!ie

Rain K. D Jé'ression dans la cure tpe D 5éminaire dans le

cadre de l’>..5.Q., mai 196!. Communication non pu&liée./

Rerenczi 5. D Confusion des lan'ues.  inal contributions to the

problems and methods of psychoanalysis% 1933.

Rreud 5. D 'ulsions et destins de pulsions. Y. . O., 191(.

D  L’homme au$ loups. Y. . O>>, 1916.

D 0n bat un enfant. Y. . O>>, 1919.

D  Le oi et le Ta. Y. . O>>>, 19+3.

]reisler "., "e&ovici 5. D "’homoseualité chez l’enfant et

l’adolescent. La 'sychiatrie de l’enfant% Rasc. *. Nol. N>>>, 19)(.

(

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volution des fantasmes au cours de la pschothérapie d’un enfant de 11 ans

atteint d’une maladie osseuse

Kart . D Les mouvements individuels de vie et de mort. aot,

aris, $ 5ciences de l’Bomme %, 196!.

)

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#. Clinique de l’adulte

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!e pro"l$me économique des ré#ressions (& propos

de deu' o"servations de maladie rhumatode

par U.. Q&adia

 L’inconscient est certainement le véritable intermédiaire

entre le somatique et le psychique% peut86tre est8il le

« missin" lin » tant recherché.

5. Rreud

"a 'rande variété des formes cliniques que peut revtir la maladie

rhumato4de ainsi que le parallélisme saisissant entre l’évolutivité

rhumatismale et le niveau du fonctionnement mental appréhendé #

la lumi0re de la théorie pschanaltique et selon l’ensei'nement de

. Kart et de K. Rain, renvoie au pro&l0mes complees des

ré'imes économiques divers, le plus souvent massivement

surchar'és, qui soutendent les paliers ré'ressifs liés au

mouvements de désor'anisation pschosomatique.

"’ei'ence de sm&olisation que comporte un équili&re

pschosomatique de &onne qualité met d’em&lée l’accent sur

l’importance fonctionnelle

du sst0me préconscient dont l’évaluation clinique, dans le cadre

d’une séméiolo'ie pschosomatique K. Rain/, devrait nous

permettre de u'er des aptitudes ré'ressives et défensives d’un

individu malade.

6

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

"e préconscient, carrefour privilé'ié du lien sm&olique entre

représentation de mot et représentation de chose, lieu de la

rétention et de l’inhi&ition de la déchar'e de l’ecitation, si0'e de la

mise en latence des pensées, constitue essentiellement l’o&et denotre étude. >l s’a'ira &ien d’apporter au préconscient des chaPnons

intermédiaires, liens interssté-miques, pour fournir au char'es

a<ectives des pulsions, avides de représentations, l’occasion de

liaisons qualitatives nouvelles.

C’est &ien # partir d’opérations préconscientes défensives que

nous pourrons mesurer tant l’in8uence des processus primaires

déplacements, condensations, le plus souvent mal ré'ulées/ que

l’emprise du principe de plaisir.

2ou&le retournement pulsionnel, reet, désaveu, refoulement,

autant de mécanismes en eu, qui nous permettront d’évaluer cette

$ viscosité % si particuli0re de la li&ido liée essentiellement et selon

nous # l’altération traumatique de la onction sm&olique, avec pour

conséquence cette surchar'e éner'étique de l’économie li&idinale,

dont il faudrait savoir, dans une visée pronostique, en mesurer le

poids.

Eous essaierons, selon deu o&servations de cette 'rave maladie

# tr0s nette prédominance féminine qu’est la pol-arthrite

rhumato4de, de situer l’ampleur des désor'anisations

pschosomatiques, # partir des niveau ré'ressifs et des sst0mes de

Hation, en fonction des ratés de $ l’innervation hstérique % que,

dans les meilleurs des cas, nous pouvons espérer voir réapparaPtre.

Z

Z Z

C’est en raison de l’etrme 'ravité initiale de sa polarthrite

d’une part, mais aussi de son aptitude particuli0re # réa'ir de faIon

traumatique au événements de la vie que ’ai choisi l’o&servation de

Kme "efranIai en traitement chez moi depuis ans.

9

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

5ans m’étendre sur l’aspect médical de son cas, l’etrme

intensité des caract0res cliniques et &iolo'iques de la maladie, e

peu dire que d0s le départ, e me suis senti tr0s inquiet pour la vie

de cette patiente.

7uand elle vient me consulter pour la premi0re fois, elle est ?'ée

de 3 ans. C’est une femme tr0s &rune, avec ses 'rands eu noirs et

tristes, sa mai'reur, sa p?leur, sa di<iculté # se mouvoir, sa

sou<rance est telle qu’elle ne peut qu’eciter la pitié. @lle est uive

ori'inaire d’Al'érie, a dé# consulté une multitude de médecins et

plusieurs fois été hospitalisée dans les 'rands 5ervices de

rhumatolo'ie parisiens. "’impuissance des médecins # la soula'er lui

a fait a&andonner tout traitement médicamenteu lorsque,

reconnaissant mon nom comme familier, e<raée par l’intensité de

ses douleurs, la perte de l’appétit et du sommeil et surtout par des

impulsions suicidaires, elle se décide encore une fois $ # tenter sa

chance %.

C’est avec une inHnie prudence que e me suis pro'ressivement

départi, apr0s la mise en place initiale d’un traitement antal'ique et

anti-in-8ammatoire des plus puissants, de mon r=le de médecin

traditionnel pour a&order petit # petit un traitement de fond. Ainsi,

peu # peu, au Hl des ans, ’ai pu reconstituer une histoire.

5on nom m’avait dé# intri'ué. Ue ne peu malheureusement pas

le dire, c’est dans une lan'ue latine l’eact ana'ramme d’une

formule qui dirait qu’elle n’est pas uive. 2’oV le nom de Kme

"efranIai que e lui ai donné. 5on nom de eune Hlle, lui-mme,

avait fait l’o&et des sarcasmes de sa m0re : $ "a seule chose que ton

p0re avait de &ien, c’était son nom. % >l réalise encore un

ana'ramme, cette fois d’un mot 'rossier.

 A 1 ans, elle chan'e de prénom : en secret, elle s’appelle Karie.

6!

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

7uand elle me dira, &ien plus tard, le prénom de son p0re, Uoseph,

 e ne laisserai pas échapper l’opportunité de lui analser son

fantasme inconscient de roman familial.

@lle a tr0s peu connu son p0re, ` Hlle d’une famille de ( enfants,

seul le dernier est un 'arIon, elle ne se souvient que des disputes

 violentes qui éclataient entre ses parents, elle est certaine que sa

m0re, $ une force de la nature %, $ un taureau %, &attait son p0re et

mme, qu’elle l’a chassé de la maison.

;ouours est-il que sa m0re seule a élevé les enfants, en faisant

des ména'es, en travaillant $ comme une forcenée %. 2es Al'ériens,

dont elle parle parfaitement la lan'ue, elle 'arde un souvenir ému et

elle évoquera plus d’une fois sa nostal'ie d’une eune femme stérile

qui l’aimait tant qu’elle priait 2ieu de lui donner une petite Hlle

comme elle. @lle l’emmenait en p0lerina'e # un mara&out et

accomplissait avec elle de nom&reu rites oV, par eemple, elle

devait mettre ses mains sur le ventre de cette femme pour favoriser

une éventuelle 'rossesse.

"es dé&uts de la 'uerre d’Al'érie la déchirent et surtout la

terriHent au point qu’elle ne sort plus de chez elle. "a famille vient

rapidement s’éta&lir # aris oV sa m0re au dé&ut, ne cesse de lui

reprocher sa couardise. 7uand quelques années plus tard elle

retrouve son p0re # aris, elle est inHniment déIue et perd la foi. @lle

fait tr0s spontanément le lien entre ces retrouvailles et sa déception.

Eous verrons que pour l’essentiel c’est la déception qui domine sa

 vie pulsionnelle. "e p0re implore qu’on le reprenne # la maison mais

sa m0re reste intraita&le et le laisse $ mourir dans un hospice %.

Ce retour du p0re ne va pas sans retentissement somatique : elle

dé&ute de tr0s violentes crises d’asthme pour lesquelles elle

entreprendra # l’h=pital 5aint-Uoseph tout de mme un traitement de

désensi&ilisation. "es crises sont tr0s fréquentes, elle a 1 ans, c’est

le dé&ut de la ronde des médecins, mais font place assez rapidement,

61

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

sans que nous aons pu en saisir une raison quelconque, # des

pho&ies massives et paralsantes qui l’o&li'ent momentanément #

cesser son travail de secrétaire sténo-dactlo. A +6 ans, elle n’est

touours pas mariée et sa m0re la harc0le. @lle lui dési'ne un voisin'entil, porteur d’un $ &eau % nom, qui sem&le s’intéresser # elle et la

salue touours aima&lement. @lle l’épousera.

endant un an, mariée, elle refusera tout rapport seuel. "es

propos 'rivois de sa m0re, # cette époque, la mettent hors d’elle. @lle

se demande encore comment elle a pu se trouver enceinte d’une

petite Hlle dont la naissance déclenche, avec une etrme &rutalité,

la premi0re crise de polarthrite. @lle a 33 ans X

@lle s’a<olle d’autant plus alors que sa sWur aPnée, atteinte

depuis 1! ans de la mme maladie, se trouve réduite # un état quasi

'ra&ataire mal'ré les nom&reuses arthroplasties chirur'icales

qu’elle a su&ies.

Jeprise de la ronde des médecins. Qn conseille une +` 'rossesse.

"a naissance d’une deui0me Hlle 3 ans plus tard, qui mettra un

point Hnal # toute tentative de rapport seuel, met le com&le # la

désor'anisation pschosomatique. @lle ne reconnaPt pas l’enfant

comme lui appartenant, ne se souvient pas de l’avoir mis au monde,

éprouve envers lui une totale indi<érence et, apr0s coup s’acca&le de

reproches : $ sans sa m0re # qui elle l’avait conHé, cet enfant

n’aurait pas vécu %.

;el est le contete dans lequel nous dé&utons notre traitement.

7u’apr0s ans, elle ait repris 1! \', que les si'nes cliniques et

&iolo'iques de sa maladie se soient considéra&lement améliorés, que

le traitement médicamenteu, &ien que comportant une dose

modérée de cortico4des Dce qui pose le pro&l0me délicat d’une

ostéoporose iatro'énique fra'ilisant le squelette D que le traitement

donc se soit notamment allé'é, l’aptitude # réa'ir traumatiquement

au événements de la vie reste touours préoccupante.

6+

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

C’est ainsi qu’apprenant l’an dernier une liaison de son mari # qui

elle refuse, e le rapelle, toute vie seuelle commune, faisant une

chute de sa hauteur il faut croire qu’elle tom&ait de haut/, elle se

fracture le col du fémur. Rort heureusement fracture en'renée sous-capitale qu’il a su<i d’enclouer et qui n’a laissé aucune séquelle

fonctionnelle.

$éance du 1#%#%1&'...

@lle a rvé la nuit derni0re. @lle est # O..., son villa'e natal, il a

plein de Eoirs. @lle se prom0ne avec un Eoir dans l’indi<érence

'énérale.

C’est tout, elle sourit, sem&le amusée. @lle ne voit pas du tout de

sens # ce rve et le rép0te : $ plein de Eoirs partout, partout et e me

prom0ne avec un Eoir %.

2’avoir répété le rve l’amuse encore plus, elle rit et se déclare

mme en tr0s &onne forme en ce moment. Ainsi hier, elle a reIu la

 visite d’une voisine de son villa'e. C’est une femme &eaucoup plus

?'ée qu’elle qui a rencontré récemment au cimeti0re une parente de

qui elle a o&tenu son adresse et son téléphone. @lle est donc venue

hier lui rendre visite et n’en revenait pas de la voir si &ien installée.

$ Alors tu t’es tout de mme mariée % lui a-t-elle dit. $ Qui, tout de

mme %, elle insiste avec ironie sur ce $ tout de mme %. Kais, &ien

qu’elle ait savouré une 'rande revanche, Kme ". s’est sentie irritée.

Cette femme se disant si contente de la voir &ien mariée ne l’a amais

aimée, c’est une curieuse, une méchante femme... $ Eous étions si

pauvres petit moment discret de dramatisation hstérique, les eu

em&ués/... % @nHn, on a parlé de O le villa'e/ &ien s[r et c’est peut-

tre pour cela que ’en ai rvé % Koi : $ Qui, &ien s[r, mais les

Eoirs ... Nous sem&liez amusée en me racontant votre rve. %

@lle rit de nouveau et enchaPne : $ U’avais tr0s peur des Eoirs

quand ’étais petite. % @lle se souvient en particulier des processions

63

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

rituelles des Yuinéens, elle redit le mot en Ara&e $ Ynaouah %, qui

promenaient le taureau sacré, animal de sacriHce, en dansant, ouant

de la 8[te autour de l’animal ornementé, faisant la qute.

Eous retrouvons avec plaisir des souvenirs $ @otiques %

communs et e lui demande si, selon elle, il s’a'issait d’un taureau ou

d’une vache dans ces processions. @lle reste d’a&ord un peu

interloquée par ma question puis répond qu’elle n’en sait rien, $ l’un

ou l’autre %... @lle pense alors que l’animal était noir aussi... peut-

tre un taureau.

 Ue lui rappelle alors que c’est ainsi qu’elle nomme sa m0re, un

taureau, quand elle veut me dire com&ien elle la redoute. @t elle

d’enchaPner : $ Ue n’avais pas peur de ma m0re, ’étais la seule # lui

tenir tte, mais qu’est-ce que ’ai pu recevoir comme 'i8es X %

eut-tre a-t-elle eu l’impression hier, en recevant sa vieille

 voisine, de lui rendre une 'i8e, lui dis-e et, nous laissant le soin

d’éla&orer respectivement ce rve et ce qu’il s’en est dit, e mets Hn

# la séance. >l s’a'it d’une malade qui rve tr0s peu, c’est dire le soin

avec lequel nous retiendrons celui-ci.

endant des années, en place de rves remémorés et pouvant

faire l’o&et d’un récit, Kme ". s’est surtout plainte d’hallucinations

diurnes : on l’appelait par son prénom Karie, dans la rue, on

chuchotait # ses oreilles des fra'ments de discours

incompréhensi&les qui mettait la patiente dans un état d’inquiétude

et d’an'oisse insupporta&les ou encore d’hallucinations acoustiques

nocturnes : on marchait dans sa cham&re, elle entendait craquer le

parquet et se réveillait dans un état de terreur. "es premi0res ima'es

oniriques rapportées étaient tr0s fra'mentaires, des immenses

étendues d’eau, un incendie, un trem&lement de terre, ou encore

tr0s violentes, on é'or'eait des moutons et des poulets, il avait du

san' partout, un individu vivant se faisait dévorer par des chiens.

;ant &ien que mal, alors, nous commencions # chercher du sens, h

6

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

 fournir  du sens en utilisant quelquefois un sm&olisme onirique des

plus &anal pouvant néanmoins lui permettre de faire de moi un

nouveau Uoseph, celui cette fois qui interprétait les son'es.

Kais revenons au rve. Eotons qu’# l’énoncé de son contenu

manifeste s’est imposée # moi l’ima'e de la 5ulamite : $ Ue suis noire

mais e suis &elle % en mme temps que m’apparaissait la premi0re

tentative de Kme ".

de réaliser le rve tpique nj 1 de nudité. Eous en discuterons les

atpies mais il importe de noter que ce rve a dé# réussi sa fonction

essentielle de 'ardien du sommeil. our tre tpique, dit Rreud, le

rve de nudité doit s’accompa'ner d’un a<ect de honte spéciHque

auquel s’aoute une sorte de paralsie. "a représentation de nudité

n’est pas H'urée dans le rve, pas plus l’a<ect de honte qui, au

contraire, s’eprime sous forme inversée : elle est H0re quand elle

raconte son rve. "a paralsie aussi s’eprime par son contraire G elle

se prom0ne G les douleurs articulaires &ien que tr0s modérées

peuvent constituer une source somatique du rve, # c=té de

l’ecitation de la pulsion partielle ehi&itionniste, se montrer nue

devant des spectateurs indi<érents, activée la veille par la visite de

cette vieille curieuse. "’ehi&ition eprime encore le souvenir

traumatique d’une sc0ne de castration $ nous étions si pauvres %/

ainsi que les mécanismes de déni qui s’immiscent dans le tete

mme du rve $ plein de Eoirs %, utaposant le plein, au sens d’une

multiplicité et d’une plénitude, au vide du noir. 2u noir, pho&ie

primaire de l’enfant, certes, mais tr0s certainement du noir pu&ien

de sa m0re, noir animal de sacriHce, authentiHant le deui0me temps

de la castration.

$ Ue n’avais pas peur de ma m0re %, en contrepoint, peut

s’entendre comme un déni de la castration : $ Ue n’avais pas peur du

noir de ma m0re %, mieu encore, $ Ka m0re est noire mais elle est

6(

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

&elle. % Cliva'e du moi sur le mode du $ e sais &ien mais quand

mme %.

"’ecitation pulsionnelle voeuriste, alors, va s’eprimer par une

réalisation de désir homoseuelle dans un contete sado-masochiste

sous forme de 'i8es échan'ées entre femmes. Kon interprétation

$ Ee croez-vous pas que vous lui avez rendu une 'i8e %/ avalise

cette représentation d’un souhait Wdipien inversé réalisé.

"’ehi&ition du rve condenserait ainsi le maimum du désir

seuel que la patiente pourrait assumer si l’on tient compte de la

dominante homoseuelle de sa seualité.

7ue dire, enHn, de l’association au Yuinéens Qr pur du veau

d’or Barmonique si'niHante d’une pro&lématique anale totalement

occultée, ou &ien tentative d’éla&orer, # partir de traces mnésiques

phlo'énétiques réactivées par une telle manifestation sociale, un

crime primitif Ue ne le pense pas. Eous savons amplement, en e<et,

que l’idéal du Koi, classiquement héritier du narcissisme infantile,

n’a 'u0re laissé de place # l’instauration d’un 5urmoi # valeur

fonctionnelle apprécia&le.

2’ailleurs, son roman familial n’a pu s’éla&orer de faIon

personnelle et s’est calqué sur le mthe christique tout préparé lui

permettant # 'rand peine de maintenir refoulé dans l’inconscient la

représentation violente d’un p0re sadique et cruel.

La séance sui(ante )1* jours plus tard+

@lle s’ecuse d’avoir manqué la séance précédente, sa Hlle a eu la

'rippe, avec une H0vre # !j et elle n’avait pu la quitter et puis sa

m0re, son fr0re et sa &elle-sWur sont arrivés chez elle # l’improviste

de province : sa &elle-sWur s’est &r[lé l’Wil avec son fer # friser. >l

s’a'it d’une &r[lure de la cornée qui, tout compte fait n’est pas si

'rave, on va pouvoir lui faire une 're<e. @lle sourit ironiquement et,

devant mon attitude interro'ative elle poursuit : $ Ue souris parce

6)

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

qu’il a des années dé#, ’avais dit # ma sWur : $ celle-ci Hnira &ien

par se &r[ler les eu avec son fer # friser.

D Alors vous tes une voante

D Com&ien de fois e sens les choses # l’avance elle sem&le tr0s

H0re/. Nous pourriez croire que e lui ai fait le mauvais Wil parce que

 e ne l’aime pas @lle a plusieurs fois parlé de cette &elle-sWur

qu’elle n’aime pas en e<et parce qu’$ elle est &te % et parce que,

touours selon elle, cette femme n’aime pas son fr0re : $ C’est une

coquette qui passe son temps devant la 'lace. %/ Eon, poursuit-elle,

 e savais qu’il lui arriverait malheur.

D Nous saviez qu’elle prenait trop de plaisir toute seule devant

la 'lace et qu’elle serait un our punie %

@lle laisse passer quelques instants, son'euse, puis elle poursuit :

$ Kon fr0re me fait de la peine et mme si e me dis qu’il ne rend pas

sa femme heureuse, c’est pour lui que ’ai de la peine. %

 Ue lui rappelle alors que son fr0re lui a touours fait de la peine et

 ’évoque un de ses souvenirs d’enfance oV elle le voit immo&ile dansle soleil, seul et triste dans un coin de la cour de sa maison.

 U’enchaPne sur le fait plusieurs fois rapporté dans la cure que les

petits 'arIons lui faisaient touours de la peine. U’évoque encore un

autre souvenir-écran que e tiens en réserve depuis lon'temps, celui

d’un petit 'arIon a<amé et couché sous la nei'e, recouvert d’un sac,

sur le seuil de sa maison. @lle est tr0s émue et ses eu s’em&uent de

larmes... elle laisse passer un silence et : $ Ka Hlle dit que parfois,

quand e la re'arde, e lui fais peur... et ma m0re aussi, quand ’étais

petite, me 8anquait des 'i8es et me disait : kEe me re'arde pas

comme Ia. %

 Ue lui demande si elle pense que ’ai peur d’elle ou si parfois e lui

fais peur.

@lle me He alors 'ravement dans les eu et, sans transition, me

relate le rve de la nuit précédente : $ 5a Hlle aPnée est tr0s malade,

6

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

tr0s 'ravement G elle a une leucémie. uis elle est morte. Kais tr0s

curieusement, elle n’éprouve aucune peine et fait les préparatifs

d’enterrement. @lle est au cimeti0re, elle voit la tom&e ouverte, on

enterre sa Hlle, il a &eaucoup de monde. %

 Noez comme e ne vous crains pas, sem&le-t-elle me dire dans

une sorte de déH, puisque ’ose de nouveau vous relater un rve,

mais qu’elle l’ait réservé pour la Hn de la séance alors qu’elle sait

tout l’intért que ’ porte montre &ien qu’elle ne souhaite pas

toucher, que les interprétations du rve précédent l’ont certainement

a<ectée. >l serait peut-tre mme possi&le de mettre l’infection

fé&rile de sa Hlle sur le compte de son ha&ituelle réponse

traumatique # ce qui l’a<ecte ou, tout au moins, déceler sous cette

relation la formulation préconsciente d’un reproche # peine voilé du

tpe $ voez ce que font vos interprétations %.

Kais ce qui importe le plus, c’est de l’entendre, # travers l’histoire

de sa &elle-sWur, continuer d’éla&orer le fantasme de castration avec

ses deu temps :

D U’avais prévenu ma sWur qu’il arriverait une catastrophe, ’ai pu

la contaster de mes eu, $ c’était donc vrai %.

ar mon intervention : $ elle prenait trop de plaisir devant la

'lace % miroir de la relation $ auto %, temps $ & % du dou&le

retournement pulsionnel/, elle serait punie %, e tente de relier la

castration # l’auto-érotisme, de mme qu’# travers les souvenirs-

écran, de réactiver le fantasme inconscient 0n bat un enfant%  aveu

de la mastur&ation infantile, # quoi elle répondra sur un mode plus

$ évolué % : $ ma m0re me 8anquait des 'i8es % temps $ c % du

dou&le retournement pulsionnel/. Eotons au passa'e que le mauvais

Wil, représentation-mme de la castration, rappelle, en rapport avec

la séance précédente, sa pulsion voeuriste, son sst0me de pensée

ma'ique qui tente peut-tre de reprendre le complee de castration

dans le principe de plaisir.

66

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

7uant au rve, c’est encore par l’intervention de l’a<ect de peine,

a<ect spéciHque, dit Rreud, du rve tpique nj +, mort d’un parent

aimé, qu’il rate sa tpicité. Comme l’atteste le contete de la séance,

s’éta&lit &ien le rapport décrit par Rreud dans 4u8delà du principe de

plaisir  entre névrose traumatique et &lessure or'anique. Kme ". ne

connaPt certainement pas le thé?tre de 5ophocle mais elle retrouve,

par &elle-sWur interposée, la 'rave &lessure que s’in8i'e ^dipe,

&lessure qui, circonscrivant la source d’ecitation, empche la

survenue d’une névrose traumatique.

eut-on tout de mme penser, mal'ré l’atpie a<ective du rve,

que la patiente tente d’éla&orer le deuil d’un o&et pulsionnel Ue ne

le crois pas. "e cimeti0re, outre qu’il assure un pont avec la séance

précédente c’est au cimeti0re que la veille voisine avait o&tenu son

adresse/ pourrait condenser mort et castration et H'urer le $ Koi %

de la rveuse en tant que $ cimeti0re des amours du a %, ce moi

 vidé, quasi mélancolique.

"a leucémie du rve, &lanc contre-point du noir de la séance

précédente, atteste encore ce vida'e li&idinal du moi, vampirisé et

évoque le verti'e de la castration conIue de faIon si terriHante

qu’elle s’eprime par une métaphore mortelle : $ Qn le p0re/ sai'ne

# &lanc un enfant en le ch?trant pour ouir de lui dans un co4t

déla&rant. %

"a source d’ecitation et de la castration, que la coecitation

seuelle ne parvient pas totalement # épon'er, si'nant une certaine

in8ation li&idinale du masochisme inconscient et du corps

douloureu, ne condamne-t-elle pas Kme ". en e<et, # une telle

dépense en contre-investissements qu’il est possi&le, dans le

contete du rve, de la séance, et de la cure, d’évoquer une

incoerci&le hémorra'ie li&idinale.

*ien loin d’éla&orer le deuil des o&ets Wdipiens, conséquence du

deui0me temps du complee de castration, il est alors possi&le

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

d’entendre la tom&e ouverte du rve comme une prise en compte de

la castration aussit=t contre-investie par le $ &eaucoup de monde %,

représentation du manque par son contraire. "’enterrement de sa

Hlle vient si'ner la réalisation du désir incestueu m0re-Hlle.

 Ainsi, dans les deu séances rapportées, les rves échouent dans

leur tentative de réaliser des rves tpiques, nous montrant d’une

certaine faIon la limite actuelle au-del# de laquelle l’appareil

pschique de Kme ". s’av0re incapa&le de maPtriser des quantités

d’ecitation qui ei'ent d’tre liquidées.

>l reste remarqua&le qu’elle accomplit dé# depuis plusieurs mois,

sans que ’aie pu en saisir précisément le déclenchement, peut-tre #

partir de sa fracture de hanche, un formida&le travail mental, témoin

croons-nous d’une vérita&le mutation qualitative de l’ecitation,

attestant d’une nouvelle or'anisation du pré-conscient capa&le

d’éla&orer peut-tre enHn un a<ect d’an'oisse si'nal d’alarme.

"e cliva'e du moi entre la représentation de la castration

deui0me temps/ et son déni, H'e l’an'oisse de castration dans ce

compromis  fétichique  si particulier, si concret, si mstérieu que

réalise la maladie somatique elle-mme. >l témoi'ne d’une

insu<isante éla&oration en son temps du fantasme ori'inaire de

castration, en déséquili&re Rain/ avec les autres fantasmes

ori'inaires. A l’orée d’une période de latence, dont l’eistence mme

reste des plus discuta&le, s’est imposé le fantasme de séduction par

l’adulte, nullement médiatisé, avec son cort0'e de représentations

terriHantes d’une sc0ne primitive e<roa&le aant pour conséquence

le maintien de la patiente dans le rapport homoseuel passionnel #

sa m0re que l’on sait.

Eotre deui0me cas nous l’appellerons Aurore, nous a été

adressée par un confr0re rhumatolo'ue d’un 'rand h=pital parisien il

  a 16 mois, pour une polarthrite tr0s in8ammatoire lui posant un

pro&l0me inha&ituel, celui du refus de toute thérapeutique

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

médicamenteuse. Ee sachant qu’en faire, il lui conseille de venir me

consulter # l’B=pital de la oterne de eupliers.

C’est une 'rande femme de 3( ans mince, &londe et fort &elle qui

a été un mannequin tr0s prisé dans la haute couture, le prt-#-porter

et mme les maillots de &ain l’ehi&itionnisme, le voeurisme,

l’investissement moteur sont au cWur de la question/ durant les

quelques années qui ont précédé sa premi0re et unique 'rossesse #

l’?'e de ++ ans, 'rossesse qui a mis Hn # sa carri0re et qu’il sera

possi&le de considérer dans l’apr0s-coup comme une rupture

traumatique de sa taille mannequin. Apr0s quelques années d’une vie

mouvementée avec un mari violemment détesté, avec qui elle s’est

souvent &attue, elle s’en sépare # la naissance de son Hls sans pour

autant 'arder l’enfant qu’elle conHe # sa m0re.

 Au cours de ces derniers 16 mois de pschothérapie # la oterne,

traitement tr0s scrupuleusement suivi, les vacances donnant lieu #

des moments di<iciles dans la cure, elle a pu me &rosser le ta&leau

d’une enfance pieuse et malheureuse au sein d’une nom&reuse

famille : ( enfants, + 'arIons aPnés, 3 Hlles, elle est la entre deu

sWurs.

 Au premier plan, les disputes familiales entre deu parents tr0s

contrastés : au col0res clastiques du p0re, dont la violence, d’autant

plus impressionnante que rendu impotent par une polarthrite sans

doute tr0s sév0re, il a passé les derni0res années de sa vie dans une

chaise roulante ne marchant qu’# l’aide d’une canne an'laise Ah X

ces coups de canne X/, s’oppose une m0re douce et passive, la mater 

dolorosa.

"a relation des ch?timents corporels in8i'és par le p0re qu’ont

su&i ses fr0res et elle-mme le clan des 'arIons/ revient tr0s

ré'uli0rement dans son discours. C’est dans l’année qui suit la mort

de son p0re qu’Aurore dé&ute sa polarthrite, nous posant avec

acuité le pro&l0me de ses deuils impossi&les.

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

2ans les tous premiers mois de sa pschothérapie, la pression

douloureuse et invalidante des arthrites des mains et des 'enou

m’am0ne # lui faire accepter, non sans mal, un traitement par les sels

d’or mis en route # l’h=pital, mais tr0s souvent interrompu ou suivide mani0re tout # fait anarchique, sans pratiquer les contr=les

san'uins et urinaires ha&ituellement de ri'ueur.

Fne rupture des tendons du lon' a&ducteur du pouce droit et de

l’etenseur de l’inde droit survenant alors, restera plusieurs mois en

attente d’une réparation chirur'icale Hnalement acceptée. ApparaPt

d0s lors le th0me lancinant du co&&ae sur lequel les médecins

 veulent faire des epériences, lui servant de prétete au oppositions

réitérées de toute thérapeutique médicamenteuse. Au 1!e mois de

notre traitement, # la veille des vacances de l’été 1961, apr0s une

amélioration nota&le du sndrome rhumatolo'ique, dans un contete

clinique un peu &izarre dépassant l’ha&ituelle ori'inalité, sans que la

pschothérapie n’ait donné lieu # quelqu’interprétation dnamique

ou $ profonde % que ce soit, mon r=le ne s’étant &orné qu’# une

écoute vraiment &ienveillante et # la mise en place ferme et aussitranquille que possi&le du cadre thérapeutique, cadre dont nous

 verrons l’incapacité relative # mettre la patiente # l’a&ri de

l’ecitation et de la haine, me faisant l’avocat d’un consensus

médical de &on aloi, l’encoura'eant par eemple # la reprise d’une

activité $ saine % de dessin, la &lamant de son refus médicamenteu,

# la veille des vacances donc, coup de tonnerre dans un ciel qui

sem&lait s’éclaircir, alors qu’elle venait de renouer $ amicalement %ses relations avec son mari, sa m0re et son Hls, Aurore se met

&rutalement # délirer : on l’espionne, on la suit dans la rue, on veut

faire des epériences sur elle, on veut l’envoer faire la putain en

 Afrique, on veut la vider de son san'... ce qui m’am0ne # la faire

hospitaliser en milieu pschiatrique. @lle sera traitée par des

neuroleptiques pendant tout le mois d’ao[t sans prendre le moindre

antal'ique. 20s sa sortie, elle cesse ce nouveau traitement et sem&le

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

se rasséréner avec la reprise évolutive de sa polarthrite

qu’apparemment elle cultive, si l’on ose dire, tant le moindre

médicament lui fait horreur.

Fne liaison avec un ournaliste d’un périodique satirique,

 ournaliste qui porte le mme prénom que son fr0re aPné, se solde

par des coups échan'és et un coquard assez spectaculaire de l’Wil.

"es hommes sont tous des salauds, il n’ a rien # attendre d’eu, elle

les déteste tant, dit-elle, qu’elle se &rouille de nouveau avec son mari

et qu’elle se décide # refuser la pension qu’il lui verse. @lle cherche

alors du travail et, apr0s &ien des péripéties, entre # U:ncyclopedia

Nniversalis  comme démarcheuse-vendeuse. Apr0s 3 mois sans une

seule vente, dans ce monde pourri oV les 'ens ne s’intéressent qu’#

l’ar'ent et au see, elle est mise # la porte. @t de conclure :

$ @ncclopedia Fnivers 5ali %. Car moi aussi, e suis un salaud, e

savais &ien qu’elle ne serait pas capa&le de 'a'ner sa vie et e l’ai

laissée volontairement s’en'a'er dans cette histoire dé'ueulasse

pour ouir de sa sou<rance et de sa défaite, e veu la démolir et

faire des epériences avec son corps. @lle me téléphone alorsquelques fois au milieu de la nuit pour m’insulter et me prévenir

qu’elle a&andonne son traitement usqu’# ce que e lui interpr0te sa

compulsion # répéter avec moi le ccle de violence &ien connu des

sévices, c’est son mot, paternels, des disputes avec son mari, des

coups échan'és avec son ami ournaliste. Ue la préviens que e ne

supporterai pas une telle déviation du traitement auquel, si elle

continue, e mettrai Hn moi-mme.

C’est dans ce contete que e choisis une séance particuli0rement

éloquente.

$éance du #,%1#%1&'...

 Ue la reIois donc tr0s froidement et elle me tend, avec un sourire

d’enfant 'rondé qui veut se faire pardonner, un tr0s &eau livre :

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

$ C’est pour vous, c’est un cadeau. % >l s’a'it du catalo'ue de

l’eposition de photo'raphies de Kan Ja qui se tient alors au centre

*eau&our' et que e me proposais d’aller visiter.

5ur la couverture 'lacée, un assem&la'e photo'raphique

surréaliste : une tte penchée de femme en larmes, une tte

d’homme en pierre scultée, deu mains coupées, un &il&oquet, une

ampoule électrique, du rou'e.

 Au dos du catalo'ue, un tete de Kan Ja qui mérite d’tre

rapporté :

$ 7u’est-ce qu’une &elle photo

7u’est-ce qu’une &elle femme Ue ne sais pas

7u’est-ce qu’une peinture a&straite

7u’est-ce qu’une peinture H'urative Ue ne sais pas

 U’ai touours envié ceu pour qui une Wuvre est un mst0re... %

2ans le catalo'ue mme, de nom&reuses photo'raphies de nu

féminin avec des eu d’om&re et de lumi0re quelquefois # la limite

de la porno'raphie, femmes qu’il ne faut pro&a&lement pasconfondre avec des mannequins de mode. Comme nous le verrons,

elle pose d’em&lée tr0s précisément sa 'rande question, l’éni'me des

éni'mes : qu’est-ce-que c’est que ce see/ ce see de femme

 Aurore donc, tr0s émue me sourit 'entiment tandis que e la

remercie et elle laisse passer un lon' silence. $ Ue suis la muette...

7uand ’étais enfant ma m0re me disait : kQn n’entend amais le son

de ta voi... usqu’# +! ans e suis restée tr0s silencieuse elle

sourit/, mais non licencieuse. Ue vais &eaucoup mieu... 2epuis (

 ours ’ai cessé de prendre tout traitement et re'ardez mes mains

elle ouvre et ferme ses mains tr0s facilement, fait les marionnettes.

"es articulations des poi'nets et des mains sem&lent en e<et tout #

fait désen8ées/. U’ai décidé une fois pour toutes que e suis 'uérie,

que e ne prendrai plus amais un seul médicament. Je'ardez ma

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

cicatrice celle de la suture tendineuse sur le dos du poi'net droit/,

 e suis marquée pour la vie elle s’attriste/. A la 5aint-Eicolas elle

s’était rendue chez sa m0re/ mon &eau-fr0re a s[rement re'ardé mes

mains... qu’est-ce qu’il a d[ penser eut-tre que ma m0re lui atout dit @t si e n’avais pas de polarthrite, hein @lle est tr0s

tendue et sem&le &rusquement tr0s irritée./ U’ai plut=t un urticaire,

un urticaire 'éant... ;iens, Alain son mari/ est au Caire en ce

moment et RranIois son Hls/ est toqué, non pas toqué mais Q] elle

rit/. Ah X e m’amuse, mais on peut faire la 'uerre avec des mots.

 Nous savez, e ne désesp0re pas de trouver du travail, ’ai répondu #

une annonce pour un &oulot # mi-temps, e suis allée voir la dame etelle m’a dit que ce n’était pas du travail pour moi coudre des

corsa'es de soie peints # la main/, mais elle a été tr0s 'entille, elle a

mme pris mon adresse au cas oV elle trouverait quelque chose qui

me conviendrait, tr0s 'entille... Au fait, e crois mme qu’elle m’a

dra'uée, oui, d’ailleurs, tout le monde me dra'ue en ce moment, les

hommes aussi &ien que les femmes. Alain disait que les hommes

s’intéressaient # moi pour mon cul... Koi, e voudrais travailler pourrien, dans un \i&&outz par eemple ou alors, vivre dans un

monast0re, sur les hauts-plateau de l’Bimalaa....Ka m0re est

 vénale, pas moi, elle 'arde RranIois pour l’ar'ent, e la déteste, elle

m’a touours alousée, toutes les femmes me alousent... Ue lui ai

téléphoné # la 5aint-Eicolas et e lui ai dit qu’elle était une ordure

elle m’a aussi traité d’ordure au téléphone/ et ’ai retéléphoné le

lendemain mais e suis tom&ée sur RranIois :$ D C’est vrai que tu as dit que *onne-Kaman est une ordure,

m’a-t-il demandé

$ D Qui, c’est vrai, c’est une ordure, ce n’est pas ma m0re.

$ D Bé &ien, tu n’es pas ma m0re non plus, m’a-t-il répondu, et Ia

m’a soula'ée comme elle a été soula'ée de ma fermeté au

téléphone/.

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

$ Eon, RranIois n’est pas mon Hls, c’est le sien... ;iens, ’ai rvé

cette nuit qu’elle était en face de moi elle avait du san' sur la tte et

Karc son fr0re/ était l# aussi, il avait du san' sur les mains cf. la

photo de l’al&um de Kan Ja/, ’ai dit # ma m0re : kC’est toi qui astué papa et e lui ai pris sa tte que ’ai plon'ée dans un lava&o oV il

  avait des tas de chaussures et e lui disais kcr0ve, cr0ve, cr0ve

elle est au &ord des larmes et tr0s ecitée/.

$ U’ai horreur de ma m0re, c’est elle qui est responsa&le de notre

malheur # tous. 7uand elle prépare de la nourriture, par eemple,

c’est plein de maléHces et de mauvais messa'es. Ue ne m’en aperIois

pas sur le coup, alors e man'e, mais apr0s ’ repense et c’est alors

trop tard... Ainsi, pour la 5aint-Eicolas, elle avait fait des c=telettes

de porc comme pour nous dire kvous tes tous des porcs, de la

purée passée avec des chou, ce qui veut dire kvous étiez mes petits

chou dans le passé, maintenant vous tes de la merde. A Ueanne

sa sWur/ qui est si 'rosse, elle lui fait une 'rosse tarte :

ktu es une tarte. Ue sais que Karc son fr0re/ aussi n’attend

qu’une chose, qu’elle cr0ve pour qu’il s’en li&0re et qu’il reprenne

son métier de marin. C’est une femme mauvaise et sale, elle pue,

tout est 'ras chez elle, son fourneau, son lava&o, tout est crasseu.

Chez moi, il a de la poussi0re mais ce n’est pas sale. @lle a voulu

faire de moi une limace, Alain lui, oh X ils s’entendent &ien tous les

deu sur mon dos, il voulait faire de moi un escar'ot, toute seule

dans ma cham&re-coquille, d’ailleurs il aime les escar'ots de

*our'o'ne, il les &ou<e, il les &ou<e... tr0s ecitée/. C’est une

sali0re, vous savez, les sali0res oV la mer sta'ne pour qu’on laisse se

déposer le sel... Kais non, comment dit-on, pas une sali0re, des

salins... ce salaud d’Alain... Alors que moi ’aime la mer mouvante, la

 vraie, la &onne mer oV on se &ai'ne. Ue ne retournerai plus la voir.

@lle 'arde RranIois pour l’ar'ent et RranIois ose dire :

kBeureusement qu’on a papa sinon on serait tous dedans... dedans,

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

dedans elle rit et pleure # la fois/. @lle m’a démolie, elle dit que ’ai

le derri0re trop &as alors que ’ai de lon'ues am&es... U’étais si

mince, et quand RranIois poussait dans mon ventre, e ne m’en

rendais mme pas compte. Ue ne suis pas vénale, moi. Qh X cettepschothérapie... Nous aussi vous me démolissez, e ne viendrai

  plus. %

@lle part en pleurs et, sur le pas de la porte, ironique dans ses

  larmes :

$ Alors, vous ne me faites pas hospitaliser chez les fous avant les

 vacances % Ue lui réponds $ non % en lui souriant aima&lement, mais

 e n’ose évidemment pas lui souhaiter de &onnes vacances et e me

sens inquiet. @lle a donc consulté la pthie, Kan Ja, photo'raphe et

po0te sur le nom duquel nous pourrons nous interro'er # loisir, dont

la parole oraculaire, &ien mstérieuse il est vrai, réactive ses propres

interro'ations quant # la question de la di<érence des sees dont

nous verrons que fondamentalement elle n’en veut rien savoir

mme si, tel est l’e<et du

cliva'e du moi, elle en tient tout de mme compte.

7u’est-ce donc qu’une &elle femme 5ois muette, sois &elle et tais

toi Kais que faut-il taire Noez ma cicatrice d’em&lée, d’entrée

de séance, l’entendu et le vu/, voez les sti'mates des pires tortures

que ’ai su&ies 7u’a d[ penser son &eau-fr0re # qui

momentanément elle m’assimile Ue si'nale que des deu fr0res

aPnés, l’un est homoseuel, celui qui l’a touours poursuivie quand

elle était enfant, dont elle a &eaucoup parlé dé#, reconnaissant

d’une certaine faIon une période de seualité infantile qu’elle a

mme pu éri'er en séduction réelle, nous donnant # voir un cliché

photo'raphique d’une sc0ne oV, # quatre ans, elle est nue sur une

pla'e du Eord en compa'nie de son 'rand fr0re qui lui met le doi't

dans le derri0re, conHrmant, comme c’est souvent le cas chez elle, la

nécessité oV elle se trouve de H'er les formes # des Hns de maPtrise

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

narcissique G souvenir-écran auquel nous n’avons évidemment pas

$ touché % pour le moment. "’autre fr0re, le marin, est touours

céli&ataire # 36 ans. Kais revenons # la séance, l’urticaire, en lieu et

place de la polarthrite, vient accréditer le fantasme masochisteinconscient de l’enfant &attu, fouetté, écorché, fournissant par la

mme l’aveu de la mastur&ation infantile, le 'éant de l’urticaire

'éant/ condensant aussi &ien le p0re que l’énorme pénis qu’elle

s’attri&ue.

Kais le masochisme inconscient a &eaucoup perdu de sa valeur

li&idinale et ne parvient pas # u'uler la montée de l’ecitation, les

 eu de mots $ au Caire, toqué, Q.]. %, epriment sans retenue, e

 veu &ien dire dans la faillite des auto-érotismes primaires de

rétention, une déchar'e immédiate et tous azimuts de l’ecitation,

déchar'e motrice par des mots liés # des perceptions et non plus des

représentations, vérita&le poussée maniaque le contenu des

représentations désinvesties est proeté # l’etrémité perceptive

comme le dit Rreud # propos des paraphrases/. Ue m’amuse, dit-elle,

et, s’il est permis d’en douter, nous pouvons touours déceler uneHation en son temps $ & % du mouvement pulsionnel s’épuisant dans

sa tentative de se retourner masochiquement en une passivité

érotique # quoi l’invite $ on pourrait faire la 'uerre avec des mots %

pourrait faire penser.

"e fantasme de séduction par l’adulte, lui-mme, est tr0s mal

or'anisé : ou &ien tout le monde la dra'ue, hommes et femmes

mlés, ou &ien, et c’est ce qui prédomine ha&ituellement, les

hommes sont des salauds qui ne pensent qu’# &aiser-ch?trer-démolir

les femmes.

Eous la verrons tout de mme dans la séance tenter de freiner la

montée de l’ecitation dans un appel au idéau du moi, elle aimerait

travailler dans un \i&&outz discret élément de transfert/, vivre dans

un monast0re sa derni0re sWur est reli'ieuse/, nous voons ces

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

représentations &alaées et céder vivement la place # sa passion

homoseuelle pour sa m0re. K0re vénale, anale, ordure, m0re

ecitante et ha4e en tant que $ fauteuse d’ecitation %. "’amour

transformé en son contraire e l’aime en e la hais/ sera proeté en :$ @lle me hait, elle me alouse % et reviendra # la faIon d’un retour

du refoulé, ou mieu, comme le dit Rreud de 5chre&er $ a&oli au

dedans, revient du dehors %. 5eul un mécanisme défensif utilisant le

déni de réalité pourra momentanément stopper le cours ré'ressif et

&rutal de l’ecitation et quelque peu soula'er la patiente : $ Eon, ce

n’est pas ma m0re % venant occulter le déni plus spéciHque de la

perception traumatisante, celle de l’a&sence de pénis de la m0re,contemporaine du deui0me temps du complee de castration.

Cliva'e du moi donc, s’o&ectivant en ce que K. ]lein nommerait

# coup s[r un cliva'e de l’o&et : la &onne m0re mouvante dans

laquelle on se &ai'ne et la m0re sta'nante, la sale m0re, la m0re

salée.

2ans ce contete proectif le rve qui, selon Rreud, constitue &ien

$ une etériorisation d’un processus interne % vient montrer une fois

de plus que les éléments traumatiques dominent chez elle le travail

du rve. 7u’en dirons-nous sinon qu’il tente d’éla&orer # 'rand peine

et dans l’etrme vivacité des représentations sensorielles le

fantasme d’une sc0ne primitive particuli0rement violente et si peu

déseualisée.

"a tte ensan'lantée, la main coupa&le, nous font associer,

déplacement du &as vers le haut, # une représentation de la

castration G les tas de chaussures représentant le manque par son

contraire G c’est toi qui as tué papa, pour c’est papa qui t’a ch?trée.

Kécanismes de retournement et de déplacement propres au travail

du rve.

$ Cr0ve, cr0ve, cr0ve % de mme souli'ne par sa répétition le

caract0re traumatique du rve, mais encore # la mani0re des

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

contines enfantines, tente d’eorciser toutes ces horreurs ou, pour

mieu dire en termes métaps-cholo'iques, tente de désinvestir une

réalité trop an'oissante, non sm&olisée.

Eous ne prétendons pas ainsi # une vérita&le interprétation du

rve qui se rapprocherait en e<et plus d’un décoda'e, celui-l# mme

qu’Aurore tente dans la reconstruction délirante qu’elle fait des

repas maternels. Eous comprenons mieu pourquoi l’an'oisse si'nal

d’alarme dont l’or'anisation tient # un &on équili&re entre

investissements et contre-investissements ne puisse 'u0re

fonctionner chez notre patiente. @n référence # la premi0re

théorisation de l’an'oisse chez Rreud, nous pensons que

$ l’accumulation de tension seuelle somatique % ne pouvant se lier

pschiquement et ainsi se di<érencier en a<ects qualiHés, ne peut

que se déchar'er en an'oisse, en quantité d’an'oisse.

Eous voons donc notre patiente osciller entre les deu parties

clivées du moi :

D celle qui reconnaPt $ la castration % la m0re anale/,

D celle qui la refuse $ @lle dit que ’ai le derri0re trop &as alors

que ’ai de lon'ues am&es... Ce n’est pas moi qui suis sale, c’est

elle %/, pour se cantonner derechef dans une position que nous

dirions hermaphrodite en référence # la limace, # l’escar'ot dont la

Hne coquille en outre pourrait H'urer la minceur du pare-ecitation

personnel qu’elle a pu édiHer. Eous pouvons mesurer ainsi la

fra'ilité, la pi0tre qualité pschique de ce qu’on n’ose # peine

nommer &iseualité pschique.

Kais la réalité déniée n’en continue pas moins d’eister et de se

situer topiquement en dehors des limites du moi. "ors de son

hospitalisation en pschiatrie, alors que ’étais allé lui rendre visite,

elle m’avait fort impressionné en m’epliquant comment, dans

l’an'le supérieur droit de sa cham&re par rapport # son lit, elle

m’avait 'ardé dans un médaillon, avec ma pipe et en costume marin,

1!!

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

témoi'nant d’une utilisation de ma personne # des Hns

fantasmatiques son $ narcissisme % ne serait donc pas tout # fait

$ détaché des o&ets %/. Ue rappelle que son fr0re Karc et son oncle,

le fr0re de son p0re, sont des marins, ce dernier capitaine au lon'cours et qualiHé d’homoseuel comme le fr0re aPné déplacement,

donc, # peine voilé, si'nant ainsi sa fai&le or'anisation économique,

mais déplacement tout de mme/. Ainsi ce médaillon représente-t-il

 vraisem&la&lement, dans une tentative de retour de la li&ido, le

séducteur, l’adulte pervers situé topiquement hors des limites du moi

et de ce fait revenant sous forme d’hallucination o&sédante en ce

sens qu’elle constitue une source permanente d’ecitation entrantalors en concurrence avec la source d’ecitation somatique. Eous

savons l’alternance chez elle, comme chez &on nom&re de malades

somatiques 'raves, du délire et de la maladie somatique.

 Autrement dit, la ré'ression du moi # partir d’un maintien

acon8ictuel du sens de la réalité qui pourrait se résumer par le déni

de la di<érence des sees, s’est-elle transformée en ré'ression

li&idinale pouvant aller usqu’# la perte de la réalité. 7uand elleeprime son désir inconscient d’tre dévorée les escar'ots, il les

&ou<e/ par sa m0re-Alain-moi indi<érenciés, elle nous laisse

entrevoir tout ce que ce souhait qui s’eprime comme dit Rreud dans

le lan'a'e de la pulsion orale, rec0le d’un potentiel ré'ressif,

marqué, comme nous l’avons vu, par la prédominance inconsciente

du fantasme de séduction par l’adulte, sur lequel K. Rain fait porter

l’accent que l’on sait, avec pour corollaire l’insu<isante inté'rationde l’ecitation émanant du fantasme de sc0ne primitive.

5ans 'rand risque d’erreur, nous pouvons considérer que les

capacités de liaison tant du masochisme primaire que des auto-

érotismes primaires, ont d[ tre lar'ement dé&ordés, voire qu’ils ont

perdu de leur valeur li&idinale. "a partie clivée de son moi qui

reconnaPt la di<érence des sees ne peut la concevoir que comme la

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

conséquence d’un co4t 'randiose au cours duquel un séducteur

&rutal et sadique a tranché le pénis du petit 'arIon pour en faire une

petite Hlle ch?trée. "e fantasme $ on ch?tre un enfant % impose sans

nuances l’ima'e d’un séducteur &rutal et s’oppose ri'oureusement,dans une inhi&ition du fantasme de castration au fantasme $ on &at

un enfant %, fantasme a'i dont elle nous a donné maintes preuves,

qui témoi'nerait donc, # l’inverse, de la masculinité érotique

d’Aurore, identiHée tant au p0re qui &at qu’au 'arIon &attu et

surtout déniant la di<érence des sees et mme le con8it Wdipien.

 Avec *raunsch_ei', nous évoquerions # ce propos un masochisme

masculin de la femme.

"e complee d’^dipe dont l’or'anisation s’est trouvée

particuli0rement altérée, loin d’avoir été $ détruit % pour laisser

classiquement place au surmoi, dont on rechercherait en vain

quelque trace dans la séance relatée et dans l’ensem&le de la cure, a

éclaté en morceau épars dont nous pouvons eaminer quelques

fra'ments qui, eu-mmes, reviennent du dehors. 2ans son versant

positif, la parole de son Hls : $ Beureusement qu’on a papa sinon onserait tous dedans %, ou encore la m0re salée, m0re morte, que nous

transformerons en statue de sel laissant au Hlles de "oth tout le

loisir de procréer avec leur p0re. 2ans son versant inversé, l’ima'e

d’@pinal, ardin des délices de la &onne m0re oV l’on se &ai'ne.

@nHn, qu’elle ait cité trois fois 5aint-Eicolas nous permet

d’entrevoir la petite lueur d’espoir d’une pensée ma'ique

em&ronnaire que résume &ien la lé'ende de ce saint ressuscitant

les trois enfants, pro&a&lement trois petites Hlles ch?trées, Aurore et

ses deu sWurs, qu’un horri&le &oucher sadique et cruel avait

cachées dans un saloir touours le sel, apr0s les sels d’or et la mer

de sel/, lé'ende que nous pouvons entendre comme ce qui témoi'ne

du plus évolué du fonctionnement mental de la patiente quand elle

oscille entre les deu temps du complee de castration, un $ Ia va

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

pousser % s’opposant # un $ c’était donc vrai %. Fn saint moderne,

Kan Ja, l’homme-femme, le thérapeute, possédera-t-il les mmes

 vertus curatives que 5aint-Eicolas 2ans la séance qui suivra, # la

rentrée, nous la verrons tenter d’éla&orer son complee decastration, ou plut=t de le ouer, dirons-nous en paraphrasant Rreud,

tout entier au niveau de son front, se plai'nant de ce que son front

$ plisse % et se déforme, de mme qu’elle tentera d’appréhender tr0s

confusément le pro&l0me de son identiHcation inconsciente nous

savons que des ( enfants, elle est la seule # hériter de la polarthrite

du p0re, peut-tre mme de sa parano4a/.

Kais pour conclure sur la séance rapportée, le déséquili&re

économique entre les trois fantasmes ori'inaires Rain/, le cliva'e du

moi avec la coeistence de ses positions inconcilia&les, l’altération

des processus de sm&olisation, le déni du masochisme inconscient

ou peut-tre mme sa faillite li&idinale, la reseualisation des liens

homoseuels # la m0re dont nous pouvons mme nous demander s’ils

ont été amais quelque peu déseualisés, l’échec de la constitution

des idéau et des liens sociau, témoi'nent d’une 'rave altération dela période de latence, dont l’eistence mme reste des plus douteuse,

enHn la mauvaise or'anisation des processus primaires, tout cet

ensem&le laisse émer'er un complee d’̂ dipe tellement

inconsistant, tellement fra'ile qu’une pschothérapie, mme si elle

est dé# &ien investie, &ien enclenchée une névrose de transfert

pourra-t-elle amais s’éta&lir / qu’une pschothérapie donc, au

prises avec de si formida&les tensions d’ecitation, quand &ien mmenous pensons que c’est l# sa chance, risque fort de se perdre dans

des méandres d’autant moins contr=la&les que la ré'ression dans

son ensem&le, apr0s 16 mois de traitement, sem&le nous mettre en

rapport avec une pschose infantile qui pourrait &ien situer $ la

pointe évolutive % Kart/ # laquelle notre patiente soit amais

parvenue.

1!3

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

@n contre-point de ce pronostic pessimiste, nous pouvons

considérer qu’un préconscient, pour altéré qu’il soit, fonctionne

encore : $ Nous ne m’envoez pas chez les fous % est une pensée mise

en latence au cours mme de la séance, peut-tre mme depuis lesderni0res vacances. Aussi, n’est-il pas interdit d’espérer $ redonner

de la 8uidité # des choses qui paraissent dé# pétriHées % Rreud/.

Z

Z Z

 Au terme de ces deu o&servations choisies en 'rande partie en

raison de leur caract0re spectaculaire, la ré8eion théorique en étant

d’une certaine faIon facilitée, nous espérons n’avoir pas fui les

'randes questions qui demeurent encore &ien mstérieuses et,

principalement, la question de la spéciHcité pschosomatique. Fne

lon'ue pratique de la pschothérapie des malades somatiques nous

aant solidement convaincu du chan'ement et de la réor'anisation

du fonctionnement pschique et somatique, reste # déterminer le

comment et le pourquoi de cette nouvelle distri&ution éner'étique,

de cette vérita&le $ mutation qualitative % de l’ecitation, dans

l’économie li&idinale.

>l est certain que nous assistons dans les désor'anisations

pschosomatiques # l’e<acement de &on nom&re de fonctions et que

nous sommes constamment o&li'és # une étude smptomatolo'ique

né'ative, # la recherche de ce qui aurait pu tre et qui n’a pas été,

en référence # un fonctionnement pschosomatique normal ou

névrotique, en tenant compte $ du r=le prépondérant, presque

démesuré, des fonctions mentales par rapport au autres fonctions

&iolo'iques % et $ de l’érotisme de haut niveau qui impr0'ne

l’activité mentale % Kart/. >l ne su<it cependant pas de mettre en

évidence, pour essentiels qu’ils soient, le dsfonctionnement des

processus primaires, l’altération traumatique du lien sm&olique, la

surchar'e éner'étique de l’économie li&idinale, les $ 'ou<res %

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"e pro&l0me économique des ré'ressions # propos de deu o&servations de

maladie rhumato4de/

ré'ressifs, l’$ hpo'énésie % du préconscient... autant de

$ malformations % qui peuvent se rencontrer dans la patholo'ie

humaine en l’a&sence de la moindre atteinte somatique, pour en Hnir

avec l’ancien cliva'e sché-5oma.

Qui, la maladie est une aventure qui se vit sur plusieurs sc0nes

qu’il serait illusoire de croire séparées par des cloisons étanches,

mais dont les éni'mes restent encore &ien opaques et nous

promettent encore &ien du travail. @t, pour terminer par des

questions, pourquoi, par eemple, la position pho&ique de Kme

"efranIai ne l’a-t-elle pas proté'ée d’une telle désor'anisation

pschosomatique Comment l’épisode délirant d’Aurore e<ace-t-il

de si 'raves désordres somatiques

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)uelques ré*e'ions et interro#ations autour de la

recto-colite hémorra#ique

par A. Rine

7u’est-ce qui donne # la J.C.B. son proHl de maladie vedette pour

les pschosomaticiens qui ont &eaucoup pu&lié # son suet

2’étiolo'ie médicale encore inconnue, elle laisse plus de champs

au hpoth0ses et mme les médecins insistent sur l’importance des

trou&les pscho-a<ectifs dans son déroulement.

"a J.C.B. se présente succinctement sur le plan somatique

comme une atteinte en continuité mais d’étendue varia&le des

  muqueuses et sous-

muqueuses du rectum et du c=lon avec découverte

  endoscopique d’une

muqueuse fra'ile, érosive ou ulcérée, qui $ pleure le san' %,

muqueuse souvent surinfectée, qui fa&rique des pseudo-polpes.

C’est une maladie dont la 'uérison totale ne peut amais trea<irmée G le plus souvent chronique, # évolution varia&le et

imprévue, alonnée de possi&les complications que nous ne décrirons

pas, et dont l’atteinte va d’une localisation peu étendue et a minima%

au drame recto-colique qui peut faire poser l’indication invalidante

d’une colectomie, voire d’une colo-proctectomie.

"es suets atteints de J.C.B. sont souvent ré'ressés et déprimés G

l’intrication et la profondeur de ces deu param0tres la situent pour

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

de nom&reu auteurs vers une or'anisation qui rappelle les

processus mélancoliques, plus d’ailleurs dans leur versant structurel

que clinique.

Cette proimité, associée parfois # des raptus pschotiques la

positionne par rapport # la pschose, en conti'u4té pour certains,

comme

dernier rempart contre la pschose, pour d’autres.

@nHn certains auteurs l’ont étudiée en termes de pscho'én0se,

d’autres de conversions pschosomatiques.

2e tout cela nous allons nous interro'er, sans prétendre a&order

toutes les théories d’une mani0re ehaustive, tout décrire ni faireune présentation statistique.

Eous si'nalons toutefois une lon'ue coha&itation avec cette

maladie aussi &ien dans son versant médical formation de 'astro-

entérolo'ue/ que pschosomatique nom&reu cas étudiés par

investi'ations en milieu hospitaliers ou institutionnels, plusieurs

suivis en pschothérapie, 6 ces derni0res années/.

Eous présentons, comme entrée en mati0re, la J.C.B. dans uneesp0ce de proHl-ro&ot sur lequel nous reviendrons &ien s[r/ de

suets adultes, eprimant en 'ros leur personnalité.

>l eiste souvent une immaturité a<ective ou un &loca'e avec une

certaine insta&ilité, des di<icultés relationnelles oV pointe

l’am&ivalence qui demande parfois # tre découverte derri0re une

faIade sta&le. @lle oue en cours d’investi'ation, et souvent, derri0re

la communication détaillée des smpt=mes, parfois d’allure o&sessive

avec désir de contact relationnel, pointent la réticence, l’a'ressivité

mme.

 Am&ivalence retrouvée aussi dans la description des contacts avec

les médecins. @nHn am&ivalence plus profonde, plus latente # l’é'ard

des proches, vérita&le param0tre structural, qui se découvre au

cours de la pschothérapie.

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

"’a'ressivité est souvent manifeste, témoi'nant d’une haine de

tout o&et déclenchant un con8it ou une simple mise en tension,

d’une ecitation forte. 2erri0re ces manifestations se cache un

&esoin d’amour refoulé ou inapte # satisfaire, en référence # un idéal

ei'eant, inattei'na&le ou perdu.

2’autres fois, au contraire, l’a'ressivité est profondément

refoulée surtout contre les proches. ;out con8it est # éviter au pri

d’un appauvrissement relationnel. Cette recherche acon8ictuelle,

souvent idéalisée, ali0ne le suet # ses o&ets d’amour et masque un

fort désir de rupture des liens que rév0le la pschothérapie.

*ien s[r l’am&ivalence, manifeste ou latente, est un mode de

fonctionnement fréquemment retrouvé, mais dont la profondeur dans

les J.C.B. interro'e les pschosomaticiens nous reviendrons/.

Fn autre fait descriptif important, et si'nalé par presque tous les

auteurs, est l’importance du mouvement dépressif : dépression qui

dé&orde lar'ement la dépression dite $ somato'0ne % des désordres

somatiques. @lle est si'nalée 11 fois sur 16 cas par *onHls et 2e

K’Fzan S(T, 11 cas sur +1 chez *esanIon ST.@lle se manifeste parfois dans le cadre de la dépression

essentielle décrite par . Kart 3 cas sur nos 6 cas/ préludant mme

# la maladie ou # ses rechutes.

2ans d’autres cas, elle s’apparente au manifestations pscho-

névroti-ques souvent en rapport avec l’a&andon ou la mésestime

avec les sentiments de culpa&ilité di<use, manifeste ou latente. Cette

dépression charriée dans un 8ot ré'ressif massif est su<isammentimportante pour que certains auteurs *esanIon ST proposent une

chimiothérapie antidépressive associée # une prise en char'e

anaclitique que récusent d’ailleurs d’autres auteurs comme K.

5perlin' qui la dénonce comme accentuant la dépendance.

@lle peut prendre l’allure de dépression pschotique de tpe

mélancolique 3 cas : *onHls et 2e K’Fzan, 1 de mes cas/. Cette

corrélation fondamentale entre la J.C.B. et les états dépressifs est

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

un pivot essentiel des essais d’interprétation pschanaltique de

cette maladie pour la plupart des auteurs. Eous reviendrons. @lle

n’eclut d’ailleurs pas d’autres manifestations telles les traits

o&sessionnels, les pho&ies d’impulsions, les névroses d’an'oisse...

@nHn, il faut si'naler fréquemment des trou&les de la seualité.

Ce fait est rapporté par la plupart des auteurs. Cette pertur&ation

dé&orde la simple asthénie seuelle due # la maladie. @lle su&siste

d’ailleurs plus souvent chez la femme que chez l’homme en dehors

des poussées de J.C.B. *ien souvent la dimension de la seualité est

occultée en cours d’investi'ation et mme de pschothérapie.

;el patient qui se morfond sur l’aspect invalidant de sa maladie

n’a eprimé aucune plainte sur sa &aisse de li&ido. ;el autre a pu

parler seulement apr0s + ans de pschothérapie de sa peur des

femmes, au point d’avoir fui tout rapport seuel pourtant ei'é par

sa partenaire G an'oisse et fuite qui ont été des facteurs

déclanchants de sa J.C.B. lus tard et 'r?ce # la pschothérapie, il a

pu se laisser investir par une eune Hlle, apr0s plusieurs mois, tenter

infructueusement des rapports seuels, et lorsque la pénétration a

été enHn possi&le, or'aniser une éaculation précoce et déclencher

en retour chez sa partenaire un va'inisme. Fne femme acceptant

passivement les rapports seuels, nettement améliorée de sa J.C.B.

pendant une 'rossesse, a rechuté massivement apr0s son

accouchement avec or'anisation d’un reet de toute seualité.

Fn homme enHn, décrit tr0s &ien sa seualité comme &esoin

impérieu, &estial presque, avec une nette dissociation entre le

courant tendre et le courant sensuel, et nostal'ie d’une seualité

'lo&ale.

 Aucun des patients n’a pu ou voulu a&order la seualité infantile :

suet ta&ou >mportant refoulement >nor'anisation de toute

pschoseualité infantile

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

"es circonstances déclenchantes d’entrée dans la maladie ou de

rechute/ sont retrouvées par la plupart des auteurs. ar eemple 16

cas sur + chez *onHls et 2e K’Fzan S(T, ) sur 6 de mes cas.

@lles peuvent paraPtre fortuites lors d’une premi0re investi'ation,

mais se modiHer en cours de pschothérapie au fur et # mesure de

l’émer'ence des contenus latents.

Eous nous sommes d’ailleurs demandé fu'itivement, devant la

trop &elle eemplarité de certains cas s’il ne s’a'issait pas d’une

reconstruction, apr0s coup, de l’un ou des deu prota'onistes

analste et analsant/, dans le &ut d’eorciser l’insaisissa&le et

l’inquiétant du somatique X X X X

Kais si, comme nous le pensons, des maladies or'aniques arrivent

souvent dans un $ ciel serein % sans qu’intervienne une pertur&ation

pschique évidente, ni mme une importante irré'ularité du

fonctionnement mental D failles dans lesquelles s’en'ou<re le

somatique D nous devons &ien constater qu’il en va autrement dans

la J.C.B.

Eous retrouvons aussi et les vi'nettes cliniques en apportent lapreuve/ des vécus de perte o&ectale, de &lessure narcissique avec

sentiments de dévalorisation, d’autodépréciation, d’impossi&ilité

d’assumer des responsa&ilités nouvelles.

Eous disons &ien vécus, c’est-#-dire issus de la réalité pschique

du suet G car les situations peuvent tre réelles ou fantasmées, au

niveau de fantasmes patents ou ramenés # la conscience par la

pschothérapie."es causes, plus que dans d’autres patholo'ies, orientent vers une

désor'anisation de l’équili&re narcissique, qui dépasse l’insta&ilité

relationnelle inhérente au $ &ruit somatique avec dépression du

somatique % et orientent vers un $ ae narcissique % de la dépression

dans la J.C.B. Josolato S19T/.

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

2e K’Fzan et *onHls S(T écrivent # propos de ces facteurs

déclenchants, une phrase que nous faisons n=tre : $ "e trait commun

# ces facteurs est la faculté de provoquer chez le malade une perte

d’estime de lui-mme dans la mesure oV il ne se croit pas aimé, ou se

sent incapa&le de surmonter une di<iculté. %

Eous voulons maintenant illustrer notre présentation par deu

 vi'nettes cliniques, + cas choisis pour leur eemplarité # des titres

divers, plut=t que nos 6 cas qui auraient été trop schématisés pour

cet article.

-remier cas

>l s’a'it d’un patient ?'é de + ans, lorsque e le vois pour la

premi0re fois en milieu hospitalier. 5a J.C.B. est connue depuis

19). Apr0s une premi0re hospitalisation et une amélioration

transitoire, il fait une rechute importante qu’un traitement médical

intensif n’arrive pas # stopper. Fne colectomie totale avec

réta&lissement de la continuité iléo-rectale est pratiquée. Apr0s

l’intervention, au trou&les inhérents # la colectomie s’aoute

l’atteinte rectale persistante. Kais en cours de pschothérapie ils

s’atténueront nota&lement et ne feront plus partie du discours du

patient.

 U’ai pu le voir deu fois avant son intervention et ’ai été frappé

par son apathie, son refus d’éta&lir le moindre contact, son univers

clos, tapissé seulement, si ’ose dire, de photos de coureurs

automo&iles. 5on refus d’éta&lir tout contact avec moi s’est

transformé apr0s la convalescence, peut-tre par prise de conscience

d’un con8it pscho-a<ectif dont e reparlerai.

"e dia'nostic de névrose de comportement avec dépression

essentielle m’a paru évident, et fait demander un aména'ement de

sa pschothérapie sans qu’il ne se soit a'i pour autant de prise en

char'e anaclitique.

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

>l avait évoqué cette intervention sans aucun a<ect d’an'oisse,

sans revendication, comme si son corps ne lui appartenait pas, était

désha&ité. Qn avait l’impression d’un au-del# des instincts vitau,

d’une proimité presque matérielle de l’instinct de mort, d’un désir

inconscient d’etinction comme résolution des pro&l0mes sous-

 acents qu’apr0s de lon's mois, la pschothérapie am0nera

partiellement # our/.

"a ré'ression narcissique me paraissait massive et inapte # toute

restauration. ourrait-on évoquer ici le narcissisme né'atif de Yreen

S13T, et sa possi&le articulation avec la dépression essentielle

C’est un patient qui a des allures d’adolescent de 1) ans, assez

mou, au re'ard fuant et comme désha&ité, au départ, sans curiosité

ni participation au séances. our le réveiller il m’a fallu une

présence de tous les instants, un aména'ement technique avec

interro'ations, constructions transitoires pour rétrécir les mailles de

son histoire et servir d’ancra'es au souvenirs.

5es récits sont pauvres, souvent répétitifs, sans relief a<ectif 

mme lorsqu’il évoque des sc0nes traumatiques G il reste au niveaudu factuel, la fantasmatisation et les rves étaient a&sents D ’écris

$ étaient % car apr0s + ans le fonctionnement mental s’est amélioré.

>l n’a retrouvé aucun souvenir en-deIa de 13 ans, mal'ré ses

tentatives, ce qui commence seulement # lui poser pro&l0me au point

qu’il a interro'é sa m0re. ;r0s eune il aurait été tr0s malade et

fra'ile, suscitant une surprotection, une inquiétude parentale avec

aména'ement acon8ictuel, qui or'anisent encore ses relations avec

son entoura'e familial.

>l est le e de ) enfants G les 3 aPnés ont rapidement fondé un

foer, le (e est mort noé nous reviendrons/, le )`, encore eune,

 vit aussi chez les parents, mais il est dé# plus émancipé que lui.

"e patient paraissait nettement Hé # cette or'anisation

ré'ressive, sans aucun désir d’autonomisation, isolé, et fuant toute

relation vécue par lui comme con8ictuelle et destructrice. >l se

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

 A l’occasion de départ du fr0re aPné de la petite entreprise

familiale, oV travaillaient aussi le p0re et le patient, celui-ci a d[ se

placer ailleurs. Cette responsa&ilité nouvelle, hors protection

familiale, a déclenché an'oisse, détresse, vérita&le traumatisme

&rutal, sans éla&oration pschique, suivi de la premi0re crise de

J.C.B.

ar la suite il a été décidé que l’entreprise serait mise # son nom

et que le p0re l’aiderait G la crise a diminué.

"a deui0me crise est survenue # cause de la demande

intempestive des parents de sa Hancée d’une date de maria'e. >l faut

dire que les HanIailles duraient depuis 3 ans, dans un climat passif 

dont le moins qu’on puisse écrire était l’a&sence d’@ros. >l décrit

pratiquement + viols avortés que lui aurait fait su&ir sa Hancée. >l a

 vécu cette ei'ence comme un forIa'e, une irruption morcelante de

toute son or'anisation fra'ile dans laquelle le maria'e, qui

matérialisait pour lui l’o&li'ation de l’acte seuel, et l’a&andon de la

compétition voiture, n’était qu’une va'ue possi&ilité lointaine. "a

crise massive de J.C.B. fut sa réponse, suivie de la rupture des

HanIailles.

Kais e pense qu’il faut évoquer aussi la mort du fr0re puiné.

endant l’adolescence et usqu’# l’?'e de 16 ans, le patient partait

l’été avec le fr0re aPné faire de la plon'ée sous-marine. Cet été-l# il

tom&e malade, le fr0re le remplace et se noie.

"e patient parle de tristesse et de dépression sans pourtant

pouvoir évoquer son fr0re, leurs relations, leurs con8its. ar contre,il est o&nu&ilé par la peur de l’ou&lier et lutte pour 'arder son

ima'e. 2é# les autres l’ont e<acé et il en est pertur&é. Fne va'ue

culpa&ilité plane sur cette mort, puisque le fr0re a pris sa place.

5erait-il mort lui A-t-il # paer d’tre encore en vie "e deuil, dont

le travail ne se fait pas, paraPt &loqué sur le mode nostal'ique : fr0re

comme dou&le, mort, qui doit continuer # le hanter sous peine

d’e<ondrement narcissique.

11

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

5a J.C.B. survenue ans apr0s cette mort tra'ique est articulée

par le patient lui-mme # sa premi0re crise de J.C.B., le deuil, en

quelque sorte mis en latence, a été ravivé au moment de sa possi&le

autonomisation par le travail, avec peur que cet en'a'ement dans la

 vie active n’e<ace l’ima'e du fr0re mort. >l m’a &ien si'nalé com&ien

les o&li'ations du présent mo&ilisant trop les pensées, atténuent et

ra&otent les souvenirs, empchent le retrait sur soi et les

retrouvailles avec les o&ets perdus.

"a pschothérapie lui a permis de sortir de sa massive passivité G

il a pris quelques initiatives professionnelles sans la couverture

paternelle G il a moins peur de l’$ étran'er %, comprenant timidement

que l’a<rontement des points de vue di<érents, le con8it,

n’entraPnaient ni l’annulation des liens, ni la destruction de soi.

Kais l’essai de réor'anisation comportementale et mentale a &uté

sur sa peur profonde de la seualité # l’occasion d’échan'es

amoureu acceptés, voire suscités par les deu familles.

"e fantasme d’acon8ictualité inHltre sa relation de couple. >l veut

la vivre, plut=t la su&ir, comme &lanche de toute érotisation puis detout a&outissement seuel 'énital. "e désir est am&ivalentiel, décrit

davanta'e comme peur et désir inconscient de possession, que

comme plaisir parta'é. "’acte seuel pourrait déclencher un rapport

de force destructeur G dans cette or'anisation, le courant tendre

occulte le courant sensuel vécu comme trans'ression. 2erri0re ce

niveau manifeste se dessine &ien s[r une su&version du fantasme de

sc0ne primitive et une peur massive du see féminin dans ce qu’il a

d’inquiétant et d’e<raant.

"a peur de posséder, de faire mal, paraPt la forme inversée d’tre

pénétré. Rantasme refoulé de pénétration souli'né par Cain ST et

Yutton

S1T dans les J.C.B. d’enfants.

ar la suite, dans l’acceptation toute relative de l’accouplement, si

le partenaire prenait la position dnamique et active, pointait

11(

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

l’oscillation entre l’activitéMpassivité, virilitéMféminité sans pourtant

avoir pu articuler cette oscillation avec les di<érentes positions dans

la trian'ulation Wdipienne dans le Katériel.

 Apr0s maints échecs de pénétration, il a or'anisé un

comportement d’éaculation précoce et induit chez sa future femme

un va'inisme.

"euième cas

>l s’a'it d’un homme de 33 ans adressé sur sa demande epresse

par son médecin, # l’>..5.Q.

>l vient pour une aide pscholo'ique dans sa lutte pour ne pastre opéré. "’indication d’une colectomie totale avec protectomie a

dé# été posée # plusieurs reprises, devant une atteinte assez sév0re

de l’hémi-c=lon 'auche et du rectum sans cédation nota&le, aant

dé# entraPné de nom&reu trou&les hématolo'iques, méta&oliques et

nécessité une alimentation enté-rale, des trou&les circulatoires avec

phlé&ites, des trou&les ostéoporotiques.

Kal'ré toutes ces complications invalidantes, l’intervention,souli'née comme salvatrice, est vécue par lui comme une déchéance

insupporta&le, plus dure que la mort. >l a accepté une fois de

rencontrer une colectomisée réinsérée socialement, pour aussit=t en

faire un o&et de moquerie et de reet.

>l faut si'naler par ailleurs sur le plan somatique la notion

d’eczéma des etrémités tr0s précoce et aant duré fort lon'temps.

Crises déclenchées uniquement lors de retrouvailles avec la famille,et pas en position d’éloi'nement qui était son lot ’ reviendrai plus

loin/. >l a eu de nouvelles poussées importantes d’eczéma + ans avant

la premi0re crise de J.C.B., déclenchée par une altercation avec ses

parents avec disparition des crises apr0s la poussée de J.C.B. Cet

eczéma pose le pro&l0me de l’aller'ie dans l’or'anisation

pschosomatique du patient, et le pro&l0me plus vaste d’un possi&le

11)

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

param0tre immunolo'ique dans la J.C.B. et d’une possi&le

conti'u4té avec la structure aller'ique.

Bistoire personnelle. D Ramille provinciale d’ori'ine pasanne ou

plut=t terrienne. arents peu contrastés, décrits touours comme une

entité sans que l’un des deu apparaisse comme privilé'ié, comme

p=le plus ou moins. >l a une position touours défensive lorsqu’il en

parle, sans a<ect, sans tendresse, avec un vécu persécutoire et de

reet. >l est l’aPné de deu sWurs. 2’em&lée il aurait été reeté de la

cellule familiale, élevé d’a&ord par des 'rand-parents puis par un

couple nourricier, voant tr0s peu ses parents et envoé en colonies

de vacances au lieu d’tre récupéré dans la cellule familiale. A tr0s

mal vécu cette séparation. @lle est le traumatisme fondamental,

 vérita&le pivot de toute son or'anisation ultérieure, toutes les

eplications de son vécu, tous ses traits de caract0re, voire tous ses

proets ultérieurs sont inhérents # ce reet, # ce traumatisme

indépassa&le.

ar eemple, en'a'ement précoce dans l’armée G proet avorté de

travailler comme pétrolier o# shore% proet actuel de trouver un petit

commerce, loin de ses parents.

Cette parentectomie a or'anisé un roman familial dans lequel son

p0re ne serait pas son vrai p0re, avec reet maternel pour éloi'ner

l’o&et de sa culpa&ilité. Ce roman défensif l’a aidé # surmonter la

profonde &lessure narcissique, sans cesse rouverte par le traitement

di<érent des deu sWurs et surtout de leurs enfants respectifs.

 Au départ, rationalise-t-il, il proetait son a'ressivité sur lesparents nourriciers, essaant de proté'er les parents. Kais dans son

discours pointe l’am&ivalence et l’or'anisation des con8its en

privilé'iant les moindres actes des parents, vécus comme un reet

sans cesse renouvelé.

"a reprise de l’eczéma est survenue lorsque les parents n’ont pas

pu, ou voulu, prendre leur Hls en vacances.

11

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

"a premi0re crise de J.C.B., lorsqu’il a osé vraiment s’a<ronter

de face # eu avec essai de rupture. Au moment aussi oV, amateur de

&ateau, il donne des arrhes pour l’acquisition d’un petit voilier, et

pense aussit=t qu’il ne serait pas capa&le d’assumer cet achat, en

fait, pas capa&le de se faire ce 'rand plaisir vécu selon moi comme

une trans'ression possi&le/, achat décrit comme a<rontement au

parents incompréhensifs et alou de sa réussite.

Qn peut souli'ner comme circonstance déclenchante de cette

J.C.B., # la fois le ravivement de la &lessure narcissique, un vécu

or'anisé par lui, mais indépassa&le et am&ivalentiel, de possi&le

perte o&ectale par a<rontement direct au parents, enHn une

impossi&ilité d’assumer des responsa&ilités nouvelles, accentuant

aussi la &lessure narcissique # un autre niveau.

Kais ici, le &astion le plus solide du retrait narcissique est la

permanence de l’inté'rité corporelle mal'ré les remaniements de la

maladie : l’or'ane sou<rant et le corps comme entités sont pris dans

une relation con8ictuelle, vérita&le métaphore du con8it

intrapschique.

2’autre part, le patient a pu or'aniser une cellule familiale solide.

Karié avec une femme de la ré'ion en con8it aussi avec la famille

de la femme/, partie prenante dans la maladie, l’accompa'nant

partout, le maternant sans trop le lui faire sentir, essaant de

dédramatiser la maladie, n’aant apparemment déclenché aucun

mécanisme dépressif ou hostile mal'ré sa frustration. >mpression

que Y. a pu or'aniser avec sa femme une zone neutre, acon8ictuelle,

le proté'eant contre le monde etérieur vécu comme dan'ereu. "e

déplacement sur sa femme, accepté par elle, d’une prise en char'e,

de holdin', voire de nursin', # certains moments de 'rande détresse

pscholo'ique, a permis la création de certains &énéHces

secondaires.

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

>l a 3 enfants, dont il parle, qui sont &ien investis. >l essaie de ne

pas leur montrer sa détresse corporelle, de ne pas tre en position

de p0re déchu de sa force et dont il faut avoir pitié.

Qr'anisation et fonctionnement pschique. D "e discours de Y.

est répétitif, surtout lorsqu’il parle de ses trou&les, mais il en a

conscience et pense qu’il a des di<icultés d’évasion car il est envahi

# tous moments par les smpt=mes, par l’o&li'ation de prise de

médicaments, par les précautions alimentaires, par l’échec des petits

travau # cause de la fati'ue.

Kais mme lorsqu’il se permet un autre discours, celui-ci est peu

inHltré de fantasmes, surtout au niveau du factuel G mais le mode du

discours est vivant, riche en résur'ences d’a<ects, en en'a'ements,

et suscite la curiosité et de possi&les identiHcations.

2e sa relation au faits ressortent des en'a'ements massifs peu

maléa&les, peu médiatisés, souvent proches d’Actin's. ar eemple :

l’en'a'ement dans l’armée sur un coup de tte, chez les paras pour

tre un homme G certaines &a'arres décrites G un accident de voiture

'rave apr0s un état de tension important et dont il était responsa&le.Kais apr0s son insertion professionnelle en usine, comme ouvrier

spécialisé, il est sta&le, &ien inséré, &ien noté.

2ans sa relation avec autrui pointe l’am&ivalence. >l a eu des

relations et des amis, a pu éta&lir de &ons contacts, mais au moindre

mouvement de retrait de l’autre, # la moindre a'ressivité vraie ou

supposée, il rompt &rutalement la relation et 'arde une rancune

irréversi&le sans possi&ilité de retrouvailles pour ne pas porteratteinte # son inté'rité narcissique.

2erni0rement il a tr0s &ien montré comment il avait l’impression

que les autres avaient peur de lui, de sa maladie comme

possi&lement transmis-si&le, et le reetaient inconsciemment. Au lieu

de les inviter chez lui et de continuer l’échan'e, il induit une

 vérita&le isolation avec retrait inté'ral dans la cellule familiale pour

se défendre contre le désarroi provoqué par sa fai&lesse.

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

Ces mouvements, # la limite de tpe persécutoire, se retrouvent

au niveau de son contact avec le milieu médical. "es éléments donc

de reet et de persécution sont proetés sur les équipes médicales,

trop cavali0res # son suet, lors des hospitalisations. >l se décrit

comme co&ae, vivant les di<icultés thérapeutiques, les hésitations

dans les indications d’eamens complémentaires, etc. comme une

atteinte, comme un morcellement de sa personnalité, sans amais

pouvoir tenir compte de la cononcture.

2erri0re les rationalisations descriptives de ses trou&les se cache

un fantasme de malédiction, de destin, or'anisé sur les restes de son

importante névrose infantile.

Qn assiste dans le hic et nunc  # la résur'ence des ima'es

parentales vécues comme destructrices, tant au niveau du corps que

de l’or'anisation narcissique.

"ors de son hospitalisation pour une anémie, il a montré # la fois

l’indispensa&le des transfusions mais tout aussit=t la rechar'e

transfusion-nelle comme trop massive, mal adaptée, aant déclenché

d’importantes hémorra'ies rectales, avec critiques et acrimoniecontre les médecins peu avertis, peu attentifs.

ar ailleurs il ne rve pas, non seulement # cause de la prise de

médicaments, mais aussi par peur de rver et de se trouver en

contact avec son inconscient, cette formulation théorisée par moi

n’est qu’une traduction de son discours. 2epuis quelques temps, il a

pu a&andonner les hpnotiques et il est content # la fois d’tre

maPtre de ses smpt=mes D auparavant il se réveillait souillé de san'D et de retrouver ses capacités oniriques &ien qu’il ne se souvienne

pas de ses rves.

 Ue pense qu’on peut parler, chez lui, de névrose de caract0re, avec

une certaine disponi&ilité de l’appareil mental, mais irré'ularité de

ce fonctionnement # la moindre alerte mettant en dan'er ce qu’il

pense tre son inté'rité narcissique. U’ai retrouvé aussi chez lui les

di<icultés d’intériorisation et de rétention o&ectale dont parle Kart

1+!

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

ST. "e fonctionnement mental n’est pas tr0s riche, mais on peut

parler chez lui de pensées opératoires, de relation &lanche. >l n’ a

pas de vérita&le o&turation entre le préconscientMconscient et

l’inconscient, mais les passa'es sont di<iciles et doivent tre induits

par le thérapeute.

 Au niveau de la deui0me topique, le moi est fra'ile, mais mal'ré

tout structuré, plut=t avec des matériau pré'énitau. "a position

Wdipienne n’a pas été ressaisie mal'ré un an et demi de

pschothérapie. Qn a l’impression qu’il s’a'it d’un encrptement du

couple parental # partir d’un secret qui empche l’or'anisation, du

fantasme ori'inaire de la sc0ne primitive, mais non celui de la

castration, vécu lui sur un mode archa4que, persécutoire.

>ci il sem&le plut=t s’a'ir d’un surmoi d’emprunt dont l’archa4cité

recouvre celui issu de la liquidation du complee d’^dipe, et

s’étaant sur un idéal du moi fra'ile lui-mme, fait d’oripeau et non

d’identiHcations secondaires sta&les.

*ien s[r cette formalisation met &ien en eu l’or'anisation

narcissique de Y., fra'ile, insta&le, déchirée, dont le dernier rempartest l’inté'rité corporelle # tout pri, qui l’aide # retrouver l’estime de

soi et # ne pas &asculer dans un processus de mélancolisation.

osition pschothérapique. D C’est donc Y. qui a demandé une

intervention pschothérapique en opposition mme avec les

médecins, pour l’aider contre l’avis de son 'astro-entérolo'ue qui

indiquait l’intervention.

"’aména'ement de l’espace pschothérapique s’est fait sur lemode du respect complet de sa position quant # l’intervention, seul

'arant de la diminution de ses capacités am&ivalentielles.

>l m’a vécu d’em&lée comme &on o&et narcissisant.

>l m’a investi, e pense, sur le monde de l’identiHcation

narcissique, sans aména'ement de tpe hstérique.

1+1

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

>l n’a pas manqué de séance, sauf contraint et forcé par la

maladie, et ce mal'ré une 'rande fati'ue et l’o&li'ation de venir en

am&ulance, accompa'né sauf ce dernier mois/ de sa femme.

"a di<iculté D surmontée D a été de maintenir une &onne

distance entre un trop 'rand rapproché du pschothérapeute étaé

sur les capacités d’identiHcations, mais qui aurait pu induire par

peur de ce rapproché, l’oscillation vers la suspicion, le reet par

incapacité d’intériorisation, de rétention o&ectale du mouvement

transférentiel et une mise # distance, une neutralité orthodoe mais

froide qui aurait pu induire un transfert né'atif vécu sur le mode de

reet parental.

 Ue n’ai pas oué le eu de la complicité au niveau de ses plaintes

somatiques, qui derri0re le paravent des &énéHces secondaires

aurait, # mon avis, entretenu la &lessure narcissique, tout en laisant

paraPtre des possi&ilités identiHcatoires.

 U’ai essaé de transformer sa position d’assueti par la maladie,

formalisant les complications, comme eneu de sa lutte et non comme

fatalité du destin au sens de névrose de destinée/ avec commecorollaire la passivation et la &aisse de l’estime de soi, polarisée sur

le morcellement de son schéma corporel.

 U’ai surtout pratiqué une analse caractérielle, avec lorsque c’était

possi&le, des interprétations plus profondes : par eemple lui

montrer la répétition de ses mouvements persécutoires comme

protection contre l’autre étran'er, mais en relation avec son vécu

infantile par rapport au parents. U’ai pu lui montrer com&ien il acceptait trop facilement ce qu’il

croait tre un reet des autres par peur de sa maladie par eemple

et qui pourrait correspondre # la hantise de montrer un corps

sou<rant captant le reet ou l’a'ressivité des autres avec fantasmes

d’infériorisation insupporta&le, voire de destruction par l’autre, ou

&ien de le montrer comme une donnée de la réalité surmonta&le

dans la relation.

1++

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

 U’ai essaé mal'ré la maladie de lui faire retrouver des proets, un

avenir dans lequel les idéau peuvent retrouver leur place, au lieu de

rester H'é dans un idéal du moi, indépassa&le, rouvrant sans cesse la

&lessure narcissique et le mouvement dépressif.

>l sem&le donc &ien eister une parenté entre les états dépressifs

de la J.C.B. rappelons notamment les travau de 5perlin' S++T,

"inderman

S1(T, Keer S16T et, en Rrance, Cain ST, *onHls et 2e K’Fzan et

Yutton notamment/. Cette parenté paraPt d’ailleurs autant d’ordre

structurel, si l’on veut, que sémiolo'ique. "a dépression, comme

nous l’avons vu, ne serait pas simple retom&ée pschique du

désordre somatique, mais participerait et mme annoncerait ce

désordre. Certains auteurs parlent mme de $ mélancolie d’or'ane %,

de suicide or'anique, de dramatisation somatique de la mélancolie.

"a relation m0re-enfant est prévalante mais dans une sin'ularité

telle que le cliva'e m0re-enfant ne s’est pas constitué de faIon

disons normale G la relation dite sm&iotique avait été surtout

centrée sur la survie &iolo'ique du suet, aurait mme ei'é pourcertains 5perlin'/ qu’il f[t malade pour réactiver le souci maternel

or'anisant alors chez le suet un pré-fantasme de pénétration

Yutton, Cain/. Cette théorisation va dans le sens de ce que décrit

5earles de l’e<ort thérapeutique du patient pour permettre # la m0re

de devenir vraiment une m0re, si on aoute les retom&ées

somatiques : $ le suet devient plut=t ce qu’on pourrait appeler un

thérapeute sm&iotique. "’inté'rité de son moi est sacriHé, de

mani0re continue et avec un dévouement vérita&lement altruiste, #

la nécessité de compléter le moi incomplet de la personne

maternante et de celles qui, par la suite, auront dans son inconscient

la mme si'niHcation a<ective de m0re incompl0te dont le

fonctionnement du moi ei'e que l’enfant fasse constamment

partie. %

1+3

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

"es soins maternels centrés surtout sur le somatique seraient

donc peu li&idinalisés et peu aptes # or'aniser le corps éro'0ne de

l’enfant et # éveiller la fonction paternelle dans le re'istre du

sm&olique. Qn peut rapprocher de cette description trop

schématique et peut-tre aléatoire, ce que *raunsch_ei' et Rain S9T

écrivent de la m0re des futurs mélancoliques : $ "a m0re du

mélancolique, en raison de ses sst0mes de déni, ne reporte pas sur

l’enfant du our l’an'oisse si'nal d’alarme qu’aurait d[ éveiller la

perception du &é&é de la nuit... et, plus loin... la menace est

orpheline de toute inquiétude maternelle concernant le corps

éro'0ne du suet G l’inquiétude est remplacée par un déni maternel

a<irmant que l’enfant est e<ectivement son pénis auquel rien ne

peut arriver...

$ "e suet, contraint par ce déni de s’identiHer au pénis halluciné

de sa m0re, voit s’e<ondrer cette hallucination quand s’impose la

prise de conscience, # retardement, de la di<érence de soi # l’autre

qui ravive le traumatisme de la perception de la di<érence des

sees. %

Cette lon'ue citation a aussi le mérite, sans le dire eplicitement,

d’évoquer Hation et identiHcation narcissiques, ainsi que la fra'ile

omni-potence du Koi idéal, que l’on retrouve tr0s souvent dans les

cas de J.C.B.

 Ainsi, il sem&le que ces suets n’auraient pu constituer et

développer un espace pschique oV ils auraient pu se trouver, en

trouvant d’autres o&ets que l’o&et primaire auquels ils se sentent

tr0s liés, ineora&lement et souvent con8ictuellement.

>l nous a sem&lé, # travers nos di<érents cas étudiés, que le p0re

n’est pas aussi carencé qu’il n’est décrit ha&ituellement par déc0s,

a&sence, carence a<ective etc./ mais qu’il n’a pu, su, ou voulu

or'aniser souvent # cause d’un discours et comportement maternel

déniant ou occultant sa fonction/ une fonction paternelle apte #

ori'iner une trian'ulation Wdipienne e<icace, des identiHcations

1+

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

narcissiques, et notamment celles qui or'anisent le 5urmoi et

l’entrée dans le re'istre du sm&olique.

Eous pensons qu’il serait fastidieu de faire une étude plus

poussée de ce parall0le avec la mélancolie et qu’il vaut mieu

s’interro'er non pas tant sur sa validité réalité ou illusion théorique

trop construite / que sur ses retom&ées.

 A notre avis, cette proimité a induit di<érentes hpoth0ses

concernant la J.C.B., notamment celles de maladie pscho'énétique

et celles de maladie, comme dernier &astion défensif contre la

pschose.

5perlin' écrit par eemple : $ "a J.C.B. représenterait ladramatisation somatique du mme con8it, avec moins de sou<rance

pschique, qui se trouve eprimée dans la mélancolie... comme

l’o&et est incorporé sadiquement sadisme oral/, il représente un

dan'er intérieur et doit tre éliminé sadisme anal d’epulsion/. "es

féc0s et le san' pourraient tre cet o&et dan'ereu. %

>ci, la théorisation \leinienne reprise par d’autres auteurs/

soutient l’eplication G il s’a'it de la mauvaise ima'o maternelle, et lamaladie est une vérita&le mise en acte de l’or'anisation mentale et

ses con8its, sm&olisés et orientant vers une pscho'én0se.

5i le parallélisme décrit plus haut est validé, on peut &ien s[r

concevoir que tout déséquili&re réel ou fantasmé, mettant en dan'er

l’o&et narcissique primaire D ou un $ personna'e-clé % "inderman/,

o&et de proection narcissique Josolato/ D Hant et le Koi idéal, et

les idéalisations aliénantes, crée une onde traumato'0ne que lefonctionnement mental n’arrive pas # endi'uer. "a ré'ression

narcissique sadique orale # visée incorporative, avec ce qu’elle a

d’am&ivalentiel, peut s’opérer e renvoie # l’article de Rreud : =euil

et mélancolie mais aussi 'our introduire le narcissisme S1+T/.

Kais c’est occulter le désordre somatique que de le ra&attre sur

une simple réiHcation du con8it et des ima'os.

1+(

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

"a ré'ression pour intense et pertu&atrice qu’elle soit, ne

représente pas le désordre somatique et e renvoie l# au travau de

Kart S1T/. >l faut certainement un $ en moins % pschique, et un

$ en plus % somatique G sinon ces suets &asculeraient dans la

mélancolie et non dans la J.C.B., deu facteurs qui charrient # notre

avis encore pour lon'temps, les inconnus des articulations profondes

pschosomatiques. C’est d’ailleurs ce qu’écrivent 2e K’Fzan et

*onHls : $ les éléments pscholo'iques retrouvés ne sont pas en eu

spéciHques et ne créent pas # eu seuls la J.C.B... >ls déHnissent

cependant un terrain assez particulier sur lequel certains facteurs,

encore inconnus, sont capa&les de provoquer une réaction dont le

si0'e, la nature, et l’évolution constituent la J.C.B. %

 4lors X Jevenir # cette onde traumato'0ne, issue des profondeurs

du suet, li&érant l’instinct de mort, dé&ordant la ré'ression pourtant

massive et créant le désordre somatique, est plus proche de nos

 vues, d’autant qu’elle a&orde toute l’économie pschosomatique,

mais nous renvoie # nos interro'ations et en pose d’autres. Eous

si'nalons qu’il s’a'it l# plus d’un proc0s lo'ique ou paralo'ique, que

d’avancées métapscholo'iques. 5i'nalons aussi que les irré'ularités

de fonctionnement mental comme &r0ches dans l’équili&re

somatique, ou le comportement défensif opératoire inapte #

l’assurer en cas de crise/ sont insu<isants comme eplications,

d’autant que tous les suets atteints de J.C.B. n’en p?tissent pas. "e

désordre somatique, en terme économique déqualiHé, dési'niHe le

smpt=me ce qui nous paraPt uste par rapport au

pscho'énéticiens/, mais nous éloi'ne aussi de l’articulation

dépressionMJ.C.B.

5i la désor'anisation pschosomatique atteint en quelque sorte un

médaillon somatique fra'ile fra'ilité constitutionnelle, endo'0ne ou

eo'0ne/ apte # déclencher le désordre somatique, pourquoi telle

désor'anisation particuli0re atteint-elle ustement le c=lon

1+)

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

@t si l’on oppose des Hations particuli0res, sur un or'ane

particulier, aant induit des fantasmes ou pré-fantasmes comme

celui de pénétration, d’e<raction anale etc./, on reste dans la sph0re

mentale avec attraction sur tel or'ane, mais non sur son atteinte

somatique.

*ien s[r, on peut comme Aleander S+T pourtant ap=tre de la

spéciHcité/ critiquer la pscho'én0se de la J.C.B., voir dans les

facteurs pschodnamiques une ori'ine plus élémentaire et moins

conceptuelle, et ne voir dans l’eplication des smpt=mes qu’une

éla&oration sm&olique secondaire. Kais la secondarisation n’est que

reconstruction et n’a pas valeur eplicative sinon dans ses retom&ées

fantasmatiques.

 4lors X Alors il faut nous ra&attre encore sur le versant pschique

du pschosomatique.

Eous pensons qu’il faut rester tr0s prudent pour ne pas verser

dans des ec0s de théorisation qui ne pourraient tre que

schématiques, d’autant qu’ils feraient l’impasse du &iolo'ique, dont

l’éloi'nement, pour la plupart d’entre nous les ditpschosomaticiens/, ne devrait pas seulement prendre valeur

$ d’inquiétante étran'eté %.

"’hpoth0se de la structure pschosomatique que nous ne

développerons pas/ qui en'lo&erait tous les cas d’esp0ce, est

a&andonnée dans sa ri'idité, et dans les J.C.B. étudiées elle éclaire

seulement certains cas par eemple : celui de la névrose de

comportement/. ar contre, la notion du dé&ordement dufonctionnement mental par des situations dites traumato'0nes pour

le suet, reste opérante sinon su<isante. >l sem&le que, pour ces

suets atteints de J.C.B., la valeur traumatique de l’événement soit

induite comme nous l’avons vu/ par un fort déséquili&re de

l’or'anisation narcissique, plus que par les vicissitudes pulsionnelles

&ien que celles-ci soient en'a'ées et con8ictuellement par rapport #

cette or'anisation/.

1+

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

 &l faudrait s’interro"er à plusieurs niveau$ ;

D Earcissisme et prééminence des identiHcations narcissiques

avec fortes Hations et fai&le investissement o&ectai théorisation de

 =euil et mélancolie2%  avec déséquili&re entre les identiHcations

narcissiques et identiHcations hstériques qui donnent plus de

malléa&ilité au fonctionnement mental, et notamment au sst0me

préconscient.

D @n rapport s[rement avec ces Hations, archa4cité pro&a&le

de Hations infantiles et notamment du noau d’omnipotence du Koi

idéal, lui-mme induit par de fortes Hations maternelles avec

occultation inconsciente et préconsciente voire mme consciente/

du tiers G mauvaise or'anisation de sa fonction de parecitation et de

sa fonction de censure 1SCensure de l’amante%  Rain/, mauvais

aména'ement de l’espace m0reM enfant, donnant peu de eu de e,

de self X/ # l’enfant dans la création de son espace dit

$ transitionnel % fonction de l’espace entrant aussi dans la

constitution du Koi idéal, Kart S1T/.

5i nous acceptons le concept de Koi idéal, en 'ardant faute demieu/ tout son coe<icient d’incertitude, nous pensons qu’il est

partie prenante dans les ratés de l’équili&re pschosomatique des

suets atteints de J.C.B., peut-tre par décala'e entre le Koi idéal et

la réalité, l’idéal du moi ou le moi G écart soit par eacer&ation du

Koi idéal, soit par défaillance réelle ou ima'inée devant l’o&et ou

l’idéal du moi.

D "es idéalisations constitutives aussi du narcissisme dontl’instance serait le Koi idéal pour Josolato/, se retrouvent aussi dans

de nom&reu cas étudiés de J.C.B., leurs caract0res souvent massifs

en font un sst0me antipulsionnel, peu trophique et inopérant #

certains moments, lourd alors de situations traumato'0nes.

"’hpoth0se de certains auteurs qui font de la J.C.B. un rempart

défensif contre la pschose nous apparaPt illusoire. "a proimité,

disons plus de certaines li'nes de forces pschiques que structurales

1+6

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

que nous avons trouvées entre les J.C.B. et les mélancolies, ne nous

permet pas cependant de suivre Kélita 5perlin' et d’autres/ qui voit

dans la manifestation somatique une simple représentation de la

mélancolie, mieu, une défense contre elle. Ainsi pour elle, si une

menace apparaissait de la relation m0reMinfans, l’infans chercherait #

récupérer l’o&et perdu par la maladie somatique, vérita&le défense

contre les pulsions destructrices qui, elles, or'aniseraient la &r0che

pschotique.

2’autres auteurs epliquent certaines maladies par un noau

pschotique qui se serait réfu'ié dans un or'ane Josenfeld S+!T/,

prenant ainsi la métaphore de $ l’om&re de l’o&et qui tom&e sur le

Koi % Rreud/, pour une réalité su&-anatomique.

"e smpt=me pschosomatique serait une défense du moi précoce

face au sentiments de destructions primitifs et une protection du

self contre un dé&ordement des dérivés de l’instinct de mort. Ces

Plots pschotiques seraient clivés du pschisme du suet, installés

dans l’or'ane corporel. Ce mur n’eisterait qu’envers la pschée,

mais une in8uence préudicia&le pour l’or'ane corporel se

déploierait # partir de ces Plots pschotiques tr0s destructeurs. Cet

ensevelissement dans l’or'ane serait donc une défense contre la

pschose.

Eous sommes &ien s[r déformants et partiau parce que hostiles

# cette conception. Conception qui pourrait se concevoir mais dans

un cadre purement mental qui a&outirait, selon nous, # une

hpochondrie et non # une maladie somatique, donc # un raptus

pschotique et non # une défense contre la pschose G et nous savons

com&ien le c=lon, or'ane souvent hautement li&idinalisé, peut tre

une &onne ci&le hpochondriaque. Kais dans la J.C.B., le c=lon ne

sem&le pas assurer le r=le d’un or'ane seuel, comme l’écrit Kélita

5perlin'.

7ue certains suets atteints de J.C.B. fassent des &ou<ées

délirantes ou des raptus pschotiques transitoires ne nous paraPt pas

1+9

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

un ar'ument allant dans le sens d’une défense dé&ordée, mais plut=t

d’un autre mode de désor'anisation.

Eous pensons que ces controverses, loin d’tre épuisées, un

auteur tel que Redida S11T est revenu derni0rement dans  La

question de la théorie somatique dans la psychanalyse2  pourraient

faire l’o&et d’une étude plus poussée.

7u’en est-il du corps éro'0ne chez les suets atteints de J.C.B.

Eous avons dé# si'nalé, au niveau descriptif, des trou&les de la

seualité, trou&les qui ne recouvrent pas toute la question.

 Avant la maladie, de nom&reu suets ont une seualité dite

normale, ce qui n’implique pas forcément une &onne construction ducorps éro'0ne. "es trou&les &ien s[r s’inscrivent dans le re'istre de

la ré'ression narcissique défensive et é'o4ste décrite par Rreud dans

 'our introduire le narcissisme% au suet des maladies or'aniques G

mais # notre avis, ils la dé&ordent, s’étaant aussi sur cette

ré'ression narcissique décrite dans =euil et mélancolie Rreud/ avec

 visée incorporative de l’o&et qui vise aussi # dénaturer les motions

pulsionnelles et # occulter le désir de nature incestueuse, l’en'luantdans l’or'anisation narcissique décrite plus haut. C’est peut-tre l#

oV oue le raté du passa'e de l’idéal du Koi au 5urmoi et une des

di<érences entre J.C.B. et mélancolie.

Cette ré'ression pourrait aussi raviver cette construction

inachevée du corps éro'0ne.

"es auteurs qui se sont occupés de J.C.B. chez l’enfant insistent

sur cet aspect notamment 5ichel et Ralsa S1!T/. Kais on peut penserque chez l’adulte il a été mis en quelque sorte en latence :

D >l aurait pauvreté de manifestations auto-érotiques souvent

inHltrées de masochisme conscient.

D our 5perlin' S++T, il aurait mme un mécanisme de

seualisation ecessive de l’a'ression dans la lutte contre les

13!

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

pulsions destructrices, apparentant ce mécanisme # celui de la

perversion et sans que la pschoseualité n’émer'e X X

Comme nous l’avons évoqué, il pourrait avoir une dstrophie

initiale de parecitation maternelle, suivie d’une insu<isance de

censure impré'née par la loi paternelle.

2ans le discours maternel la préoccupation serait au niveau des

&esoins, voire de néo-&esoins, plus qu’au niveau de la satisfaction de

la li&ido. "e souci maternel irait vers la résolution la plus totale des

tensions et non vers une or'anisation li&idinale.

"’insu<isance de cliva'e m0reMenfant &loquerait le développement

du corps éro'0ne. Celui-ci, insu<isamment investi, donc construitdans les premiers mois, se trouverait refoulé.

Cette 'rande fra'ilité du corps éro'0ne aurait ainsi pour cause un

surinvestissement maternel du corps &iolo'ique.

$ ;out se passe %, écrit Yutton S1T, $ comme si entre les

si'niHants maternels et le corps &iolo'ique de l’enfant, il se trouvait

un passa'e direct sans la défense du fantasme maternel du c=té de

la m0re/, sans la défense du corps éro'0ne du c=té de l’infans/."a J.C.B. précoce serait comme l’epression d’une faille dans les

intrications pulsionnelles et le développement du corps éro'0ne G

corps éro'0ne qui pourrait néanmoins or'aniser un certain nom&re

d’activités aHn d’échapper au refoulement maternel dont il serait

l’o&et avec la complicité d’un p0re trop peu li&idinalisé X/. Cet

inach0vement, &eaucoup plus poussé que normalement voir :  La

naissance e$orcisée, de *arande S3T/ n’empcherait pasl’or'anisation seuelle, mais dans un re'istre etrme oV $ l’o&scur

o&et du désir % est en perspective de fuite, en relation d’inconnu

avec l’o&et incestueu, ou la pschoseualité se dé'a'erait mal de la

'an'ue narcissique décrite.

131

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

>nutile de répéter que ces constructions pour connues et

évocatrices qu’elles soient, nous laissent insatisfaits dans l’a&ord

d’un désordre somatique important.

ibliograp!ie

S1T A&raham E., ;oro\ K. D >ntroecter D >ncorporer.  5ouv.

 /ev. 'sychanal., V% 111-11+, 191.

S+T Aleander R. D  La édecine 'sychosomatique. aot, aris,

19(+.

S3T *arande J. D La naissance e$orcisée. 2enol, aris, 19(.

ST *esanIon Y. D "e corps présent D Jé8eions sur une sériede rectocolites hémorra'iques. /ev. 'sychosom.% *+% nj +, 19.

S(T *onHls 5., de K’Fzan K., "am&lin' A. D @tude

pschosomatique de 16 cas de rectocolites hémorra'iques. Eem.

 ()pitau$% IW% +FF8+F-% 19(6.

S)T *raunsch_ei' 2. D "a faIon de travailler de Rreud : la

théorie de la li&ido. A paraPtre./

ST Cain U. D  Le sympt)me psychosomatique. riv?t, ;oulouse,

191.

S6T Cain U., 5arles J., *eretti R. D Aspects pschosomatiques de

la rectocolite hémorra'ique. :ncéphale% WW% 19((.

S9T Rain K., *raunsch_ei' 2. D  La nuit% le !our% Collection le Hl

rou'e, .F.R., aris, 19+.

S1!T Ralsa R., 5ichel U.. D "a recto-colite hémorra'ique chezl’enfant. 'sychiatrie de l’enfant% 19(.

S11T Redida . D "a question de la théorie somatique dans la

pschanalse. 'sychanalyse à l’Nniversité% ;ome 3, nj 1+, septem&re

196.

S1+T Rreud 5. D  'our introduire le narcissisme  191/. "a vie

seuelle, .F.R., 61-1!(, 19)9.  =euil et mélancolie  191(/.

Kétapscholo'ie, Yallimard, aris, 1-1, 19)6.

13+

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7uelques ré8eions et interro'ations autour de la recto-colite hémorra'ique

S13T Yreen A. D Fn, autre, neutre.  5ouv. /ev. 'sychanal.% *I%

3-9, 193.

S1T Yutton . D "a colite ulcéreuse de l’enfant G données

cliniques et recherches pschanaltiques. :vol. 'sychiatr.% I+% nj 3,

19.

S1(T "inderman @. D KodiHcations in course of ulcerative

colites in relationship to chan'es in life situations and reactions

patterns. 4n. /ev. 5eur. mental. =isorder procs.% F+% !), 19(!.

S1)T Kac 2ou'all U. D "’interprétation de l’irreprésenta&le.

 :tudes reudiennes% *,% 16, 1961.

S1T Kart . D  ouvements individuels de vie et de mort.aot, aris, 19). L’0rdre psychosomatique. aot, aris, 196!.

S16T Keer *. D 7uelques aspects pschiatriques de la colite

ulcéreuse chronique. ;ete dactlo'raphié pour l’>nstitut de

schanalse, aris, mars 19((.

S19T Josolato Y. D "’ae narcissique des dépressions. 5ouv. /ev.

 'sychanal.% **% (-3, 19(.

S+!T Josenfeld B. D 2es smpt=mes pschosomatiques au

états limites latents. ;ete dactlo'raphié pour l’>nstitut de

schanalse, aris, 1961.

S+1T 5earles B. D Le contre8transfert. Yallimard, aris, 1961.

S++T 5perlin' K. D schoanaltic stud of ulcerative colites in

children. 'sychoanal. 7uaterl, *G% 3!+, 19).

 

133

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,. Tec!nique

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+iérentes modalités d’interprétation dans la cure

de rela'ation en psychosomatique

par Y. de K’Fzan

"ors d’un colloque récent, 5trauss et Cahen ont présenté une

rétrospective des concepts et des techniques de la relaation S1T, Ue

partirai de S+T la notion $ d’epérience tonique % de Auria'uerra sur

laquelle ces auteurs ont particuli0rement insisté pour étudier les

relations qui unissent la relaation # la pschanalse.

C’est ce dernier développement qui permet de comprendre les

rapports entre relaation et analse.

 Ue diviserai mon eposé en deu parties. 2ans la premi0re, e

rappellerai les points essentiels de la technique que ’utilise. 2ans la

seconde, ’eposerai le développement d’une cure aHn d’illustrer ce

qu’il a, dans cette technique, de spéciHque.

Kais tout d’a&ord, e veu rappeler deu faits qui me serviront

d’introduction. Chaque analste a eu plus d’une fois l’occasion de

faire deu epériences inverses. "a premi0re a trait # la disparition

de smpt=mes somatiques au cours d’une analse classique. "a

seconde a trait au contraire, # l’apparition &rutale d’une

smptomatolo'ie somatique au cours de l’analse d’un suet

apparemment névrotique. Qn verra pourquoi il n’est pas inutile de

souli'ner com&ien l’ordre du $ mental % et l’ordre du $ somatique %

se recoupent souvent en certains points.

13(

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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en

pschosomatique

"e deui0me fait concerne la ré8eion noso'raphique # laquelle

ont conduit les travau des pschosomaticiens de l’école de aris et

en particulier ceu de Kart. "e champ de la patholo'ie, toutes

entités mor&ides comprises, peut tre 'rossi0rement divisé en 3secteurs. Fn secteur # proprement parler $ mental %,

essentiellement celui des névroses, mais aussi de certaines

patholo'ies pschotiques. Fn second secteur comprenant ce qui a

été nommé névroses de comportement. "#, tensions et con8its ne

sont pas éla&orés au niveau pschique # travers la $ construction %

de smpt=mes, formation de compromis ou fantasmes. *ien au

contraire, c’est au comportement qu’est réservé un travailélémentaire, dominé par une ei'ence économique presque pure, de

déchar'e par eemple. @nHn, il est un troisi0me secteur, celui des

névroses dites de $ caract0res %, et dont Kart avance qu’il en'lo&e

une &onne part des personnes considérées comme $ normales % S3T,

>l a été éta&li que les névroses de comportement étaient

particuli0rement menacées de $ désor'anisation % oV s’enracine la

fra'ilité somatique. 2e leur c=té, dans les névroses de caract0re, siles patients n’échappent pas enti0rement au dan'er de voir se

déclencher des désor'anisations, ils disposent mal'ré tout de

capacités de ré'ression au sens classique, c’est-#-dire vers des

points de Hation aant un pouvoir restructurant.

Qn comprend donc que, dans ces cas, il ait place, # c=té du

processus de relaation proprement dit pensanteur, chaleur, etc./

pour une activité d’interprétation tout # fait compara&le # celle qui

déHnit les pschothérapies analtiques G le pro&l0me maeur étant de

repérer les moments oV l’on doit recourir.

7uoi qu’il en soit, tous ces patients sou<rent dans leur corps et la

relaation, ainsi comprise, o<re # ces patients une voie d’acc0s

thérapeutique &eaucoup plus facile dé#, en ce qu’elle est rassurante.

13)

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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en

pschosomatique

@tant donnée la sensi&ilité toute particuli0re du malade

somatique au ecitations, réduire celles-ci autant qu’il est possi&le

est une nécessité. "es conditions mme de la cure répondent

silence, demi-o&scurité, position allon'ée/. 2e mme l’attitude duthérapeute, qui se fonde avant tout sur une compréhension de ce qui

se passe en lui, doit répondre # cette ei'ence en étant ni trop

neutre, ni trop frustrant, ni trop intrusif. Yarder ce cap est une

nécessité, si l’on pense qu’il faut encore éviter de donner droit # une

éventuelle tendance fusionnelle du patient, tendance o&scurément

niée et souhaitée. C’est ainsi qu’a des chances de se réaliser

pro'ressivement une réelle acceptation du thérapeute. Raute dequoi, le processus tournerait court, car il n’est pas possi&le en

relaation de travailler e<icacement et cela pendant lon'temps dans

un transfert né'atif. "e thérapeute a donc # proté'er son patient de

tout vécu de perte ou de toute ecitation ecessive.

 Ue préciserai maintenant quelques-unes des directives techniques

données au patient qui s’en'a'e dans une cure de relaation.

 Ue conseille, en 'énéral, une séance par semaine avec le

thérapeute, d’une durée d’1M+ h # 3M d’heure, et un entraPnement

personnel de 3 séances quotidiennes d’une durée de 1! # 1( mn

chacune, pratiquées chez lui et dans les mmes conditions de

confort, c’est-#-dire dans une pi0ce calme, dans une semi-o&scurité,

allon'é sur le dos, un coussin sous le creu des 'enou. >l est

recommandé de se proté'er du froid etérieur.

 Ue commence alors l’induction au calme en procédant de la faIon

suivante : e demande au patient de se plon'er dans un souvenir

a'réa&le, un moment durant lequel il s’est senti heureu, &ien dans

son corps.

ar cette proposition, e place d’em&lée le patient dans un

contete de répétition et de remémoration d’un moment vécu avec

une partie &onne de l’o&et qu’il poss0de s[rement, mais dont il ne se

13

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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en

pschosomatique

sert pas. 5urtout e le place dans un moment de plénitude

narcissique. uis, e passe # la recherche de détente musculaire sur

un mem&re, droit ou 'auche, selon la latéralisation. Ue l’avertis qu’un

contr=le aura lieu en Hn de séance, aHn de vériHer ensem&le lerésultat o&ectif de la détente avec les sensations su&ectives

ressenties au cours de l’eercice. "a premi0re séance est touours

courte, aHn de limiter des réactions anieuses, soit parce que le

patient n’o&tient pas ce qu’il recherche, soit parce que la détente

envahit trop vite son corps, risquant de provoquer des phénom0nes

de dépersonnalisation.

*ien que la premi0re séance soit tr0s courte, e veille, cependant,

# ce que le patient éprouve, d0s cette premi0re séance, une amorce

de la sensation de détente, utilisant mme pour ce faire D si cela est

nécessaire

D d’autres techniques G celle de Uaco&son, par eemple ST, Kais

comme e m’en tiens personnellement # éviter, autant que faire se

peut, le recours # la su''estion, ’oriente le patient &eaucoup moins

 vers une sensation qu’il faudrait o&tenir # tout pri, que vers

l’apparition possi&le de cette sensation, la pesanteur, par eemple.

Ceci, dans le &ut de limiter l’an'oisse.

"a Hn de la séance doit tre marquée par une reprise, c’est-#-dire

des 8eions et des etensions du mem&re qui s’est détendu. Jeprise

qui permet de supprimer lés sensations inha&ituelles qui

accompa'nent la détente et de contr=ler personnellement la qualité

de cette détente.

"a recherche de la détente doit se faire dans une attention

8ottante, sans concentration ea'érée, les pensées ne devant pas

tre réprimées. Apr0s la recherche des muscles # contraction

 volontaire &ras, am&es, épaules, dos, fesses, nuque, visa'e, eu/,

 e passe # la recherche de la chaleur en suivant la mme

pro'ression, poursuivant par la détente respiratoire, le

136

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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en

pschosomatique

ralentissement du rthme cardiaque, la détente au niveau du pleus

solaire, pour terminer par la recherche d’une sensation de fraPcheur

au niveau du front S(T,

 Au fur et # mesure de la pro'ression de la cure, mon intervention

au niveau du corps se limite de plus en plus, aHn que le patient

acqui0re une autonomie plus 'rande et surtout que la prise en

char'e ne soit pas ecessive. >l est alors conseillé au patient

d’introduire les eercices dans d’autres positions, plus ha&ituelles :

assis, de&out, seul, en compa'nie, dans toutes les situations actives

de la vie.

"e contr=le cesse d0s que le patient prend lui-mme conscience

de sa détente 'lo&ale.

"e premier o&ectif est donc constitué par une recherche

pro'ressive d’une détente totale du corps. "es consi'nes se situant

au niveau phsiolo'ique.

"a détente qui est un o&ectif # atteindre occupe une place #

certains é'ards compara&le # l’o&et transitionnel. Ce

rapprochement, &ien s[r, ne doit pas tre pris au pied de la lettre. Ue

 veu surtout marquer que l’utilisation de cette détente occupe vis-#-

 vis d’un soi pschosomatique imparfaitement inté'ré une place

compara&le # celle occupée par l’o&et transitionnel vis-#-vis des

o&ets etérieurs, c’est-#-dire qu’il m0ne # l’inté'ration. Autrement

dit, de la mme mani0re que l’o&et transitionnel m0ne # l’o&et,

l’instrument que le patient acquiert est orienté narcissique-ment vers

une &onne relation avec le soi.

20s lors, le patient dispose d’une capacité personnelle de

maintenir une distance correcte face au menaces de fusion ou de

reection. "a capacité de ré'la'e de la distance acquise par le

patient lui permet d’investir li&idina-lement son thérapeute sans que

la relation soit trop érotisée. Qn se trouve alors, comme e le disais

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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en

pschosomatique

plus haut, dans un re'istre d’allure névrotique. Ainsi deu notations

illustrent ce tpe d’évolution :

D Fn patient soumis # une ecitation non éla&ora&le sur le

mod0le névrotique, c’est-#-dire ne conduisant pas # la construction

d’un scénario ou d’un smpt=me mental, est menacé de

désor'anisation, il trouve dans la relaation un recours

particuli0rement propice. >l nous dit : $ Ue fais &eaucoup mes séances

de détente en ce moment, e m’ accroche comme # quelque chose

de mécanique, de cadré, Ia me rassure énormément. % Ailleurs, un

patient me dit : $ C’est &on de se sentir &ien dans son corps,

maintenant e peu penser. %

D "a cure de relaation peut a<ecter plusieurs modalités

évolutives.

2ans certains cas, en particulier dans les névroses dites de

$ caract0re %

et présentant parall0lement des manifestations somatiques

patholo'iques, on note l’eistence d’un moment important. @n e<et,

apr0s ce temps dominé, comme on vient de le voir, par un climat

rassurant et l’acquisition d’une technique, on est frappé de voir

apparaPtre spontanément des remémorations, des rves, des

fantasmes. >l convient alors de prendre en considération qu’une

nouvelle voie s’est ouverte et que corrélativement l’activité du

thérapeute doit évoluer. arall0lement # la poursuite de la détente, il

convient d’introduire des interventions ver&ales qu’on peut

considérer comme analtiques et qui en'a'ent le patient dans la

sph0re de la mentalisation. ar l#, e veu dire que les éléments

traumatiques au lieu de provoquer des désor'anisations,

mo&iliseront plut=t une ré'ression éventuellement restructurante.

@n fait, il n’ a pas de su&stitution d’une modalité # une autre,

mais, # partir du moment que nous venons de pointer, s’instaure une

alternance entre deu tpes de fonctionnement, les uns oV une

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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en

pschosomatique

réduction transféren-tielle est possi&le et les autres oV il est

nécessaire de revenir avec le patient # la pure recherche de détente.

Kais il est d’autres cas oV cette évolution ne se produit pas G e

pense en particulier au névroses de comportement chez lesquelles

la mentalisation de tpe névrotique ne sem&le pas s’opérer. >l

convient alors de tenir compte de la carence et de s’en tenir au

résultats positifs du premier temps de détente.

Fn eemple clinique va illustrer ces di<érents modes d’approche

dans la cure et pointer la di<érence d’avec une approche plus

eclusivement analtique.

Kme *. est ?'ée de +6 ans au moment oV elle nous consulte. @lle

est machiniste # la J.A.;.. Fn asthme sév0re a commencé dans sa

toute petite enfance. "es crises ont disparu entre 1 et +3 ans pour

reprendre il a ans quand son ami lui fait part de son intention de

retourner dans son pas d’ori'ine. 2epuis un an, la 'ravité et la

fréquence des crises se sont accentuées au point de nécessiter

plusieurs hospitalisations. résentement, les crises sont quotidiennes

et résistent au thérapeutiques ha&ituelles. >l est # noter qu’elles ne

se produisent pas quand elle est au travail mais seulement quand

elle est chez elle. "’asthme est dia'nostiqué sans am&i'u4té par les

pneumolo'ues. 7uand nous la voons # l’h=pital, la ventoline, la

théophlline, les anti&iotiques et la cortisone sont les médicaments

utilisés par la patiente.

"ors du premier entretien, nous avons noté que traits et

smpt=mes se distri&uaient selon + aes :

D Fn ae situé # un niveau archa4que et qui sur le plan clinique

s’eprimait par la sensi&ilité de la patiente face au pertes o&ectales

un deuil et une modiHcation du statut socio-professionnel/ et qui

reprenaient sous forme de répétition des ruptures relationnelles

 vécues pendant son enfance, une carence de la représentation

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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en

pschosomatique

paternelle Hant davanta'e la relation avec une m0re défaillante et

source de frustration.

D Fn second ae se situait # un niveau plus évolué. @n e<et, on

repérait dans le discours des évitements, des refoulements, mais il

sem&le que la pro&lématique Wdipienne, si elle a eisté, a toutefois

capoté # cause d’un manque d’ancra'e maternel sta&le, ce qui nous

renvoie # une Hation # une m0re décevante. Fne relation positive a

eisté avec un su&stitut maternel certes intermittent/, la sWur de la

m0re.

5’il a superstructure névrotique, de tpe pho&ique, cette

superstructure reste tr0s fra'ile.

"a cure va durer 13 mois # raison d’une séance par semaine et

d’un entraPnement personnel ournalier.

Kme *. arrive # sa premi0re séance tr0s oppressée, toute

occupée par l’an'oisse respiratoire D an'oisse sans doute

provoquée par la perspective d’un contact avec un o&et inconnu.

2ans ce premier temps, nous avons cherché # sécuriser la patiente, #

la calmer. Eous l’avons installée conforta&lement sur le divan en la

relevant # l’aide de coussins, nous avons mis la pi0ce dans la

pénom&re et calmement nous lui avons communiqué la premi0re

consi'ne : la recherche de détente dans le &ras droit. eu de mots

ont alors été échan'és, mais plut=t des 'estes marquant notre

présence, notre attention, notre protection. A ce moment-l# nous

sommes tr0s pr0s d’elle, mais d0s que l’an'oisse s’estompe, que

l’essouement diminue, nous reculons notre si0'e et nous restons

silencieu dans cette am&iance de calme. @n Hn de séance, le

siement a totalement disparu, la respiration est normale. 2e&out,

au moment de nous quitter elle nous remercie en nous

communiquant son étonnement et sa oie.

"a &onne distance a été respectée, un rapprochement positif a été

possi&le. "a relaation sinon le relaateur/ a eu pour elle un e<et

1+

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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en

pschosomatique

ma'ique. "e thérapeute a permis de faire face # l’an'oisse.

ro'ressivement la détente des deu &ras a été o&tenue sans

di<iculté.

 Au cours des séances suivantes, Kme *. s’est sentie &ien, peu

d’essouement tant chez elle qu’# son travail. Comme touours elle

est peu locace : elle s’installe sur le divan, se détend tant chez elle

qu’ici avec nous dit-elle, et se tait : les résultats o&tenus permettent

alors d’aouter la recherche de détente de la am&e droite.

*rusquement ses eu s’ouvrent, elle montre une certaine

a'itation : respiration accélérée et siante, mouvements des am&es.

5ollicitée # nous dire ce qui se passe, elle nous décrit un malaise,

une impression de &ascule en arri0re. @lle n’a pu maPtriser une

détente qui a envahi 'lo&alement son corps. "# encore, elle constate,

elle transmet une sensation, montre un a<olement mais ne va pas au-

del# dans la ver&alisation.

Qn peut se demander si la détente de la am&e droite entraPnant

une détente du &assin, n’a pas provoqué une ecitation érotique trop

forte qui a menacé quelque chose dans son inté'rité corporelle. "e

sentiment de &ascule en arri0re peut évoquer un smpt=me

hstérique, la superstructure névrotique chez 1 asthmatique étant

souvent plus importante que dans d’autres a<ections somatiques,

mais il va sans dire que le trou&le, par son ampleur, son caract0re

di<us et l’an'oisse qu’il déclenche laisse penser # une modiHcation

de l’ordre de la dépersonnalisation. Eous avons alors l#, epliqué #

notre patiente ce phénom0ne de dé&ordement comme une non-

maPtrise et nous lui avons donné des conseils pratiques pour mieu

diri'er la détente, pour mieu la contr=ler : en faisant des séances

courtes, en 'ardant les eu ouverts, ce qu’elle a fait en notre

présence.

"a relaation par la maPtrise qu’elle représente a oué l# le r=le de

contre-investissement. Eotre intervention sur le comportement a eu

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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en

pschosomatique

pour &ut de faire o&stacle # l’éventuel acc0s de représentations

inaccepta&les mais, comme nous allons le voir, elle a permis, dans un

second temps, un acc0s # la ver&alisation de ses souvenirs et # la

récupération d’un o&et homoseuel &on. Ainsi, au séancessuivantes, aant pu proHter d’une ré'ression &énéHque, elle peut

dire qu’elle $ ressent un 'rand &ien-tre et durant ses séances elle

retrouve le plaisir qu’elle a lorsqu’elle fait la planche, se laissant

porter par l’eau, ou encore ce souvenir de &ien-tre et de plénitude

alors qu’elle se dorait au soleil dans un pré chez sa tante &ien-

aimée %.

Eous avons l# un eemple de ces moments oV une remémoration,

qui a été induite d’a&ord par la seule recherche de la détente, est

l’indice d’une possi&ilité d’introduire, quand il le faudra, des

interventions qui ne se distin'ueront en rien de celles qu’on a en

analse.

 Ainsi quelques mois plus tard, elle part # l’étran'er avec son ami,

aupr0s de la famille de celui-ci. "es crises réapparaissent et vont tre

permanentes durant tout le séour. @lle s’est sentie en opposition

avec sa &elle-m0re et sa &elle-sWur, tr0s choquée par l’attitude de

cette derni0re face # son Hls. Comportement qu’elle qualiHe de fai&le

et de démissionnaire. Ue lui dis alors : $ @n fait, ce que vous cherchez

# me faire comprendre, c’est que votre &elle-sWur s’est comportée

devant vous comme votre m0re s’est comportée avec son Hls. % @t

alors qu’elle associe sur ce fr0re cadet, un 'arIon e<éminé, pourri

par la m0re, elle dit tre tr0s contente de reprendre ses séances.

Eouvelle intervention de ma part : $ ;r0s contente d’tre # nouveau

seule avec moi. % 20s lors, elle est # mme de reprendre ses séances

de relaation, ce qu’elle avait né'li'é lorsque le contact avec une

m0re frustrante co4ncidait avec l’a&sence du thérapeute. 2ans un tel

moment, la relaation tend # se rapprocher d’une pschothérapie

 ver&ale, c’est-#-dire que se trouve animé un processus qui utilise les

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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en

pschosomatique

capacités transférentielles du patient. 2ans la premi0re phase de la

cure, les interventions du thérapeute se font aussi pr0s du corps que

possi&le, apprenant au patient # faire un trait d’union entre le

phénom0ne somatique et l’a<ect, ce qui le prot0'e des ecitations etlui permet d’instaurer un nouvel équili&re situé # un niveau plus

évolué. Alors peu # peu l’a<ect ne s’eprime plus uniquement par

des modiHcations du tonus musculaire, mais 'a'ne des chances de

s’articuler au niveau du C5 avec des représentations.

"a poursuite de la recherche de détente se déroule relativement

facilement. "a détente des fesses et du dos n’a pas présenté, ici, de

di<iculté particuli0re. Qn remarque seulement que la patiente est

touours peu 'énéreuse dans la description des sensations

éprouvées : $ c’est a'réa&le, c’est calme, c’est lourd, c’est détendu %,

ou alors, # d’autres moments de la cure, ce sera l’inverse : $ une

sensation de contracture % impossi&le # faire céder, un refus

d’entraPnement, une an'oisse.

2eu mois apr0s son retour de l’étran'er, elle nous annonce une

'rossesse dont le dé&ut se situe uste avant son retour en Rrance.

2urant ces + mois, deu di<icultés se sont rencontrées dans

l’o&tention de la détente :

D Au moment de la recherche de détente des épaules. Kme *.

nous dit prendre conscience de son attitude, les épaules touours

enroulées en avant et nous dit $ détendre les épaules, c’est

s’eposer %. U’interviens alors $ les rel?cher ici devant moi, c’est

s’ouvrir %, et en mme temps e me l0ve, m’approche d’elle, lui prend

le &ras, lui donne des conseils pratiques pour aider # trouver la

détente. Ce que e veu monter l# et ce qui me sem&le important,

c’est que parall0lement # cette intervention ver&ale, dont on a le

sentiment qu’elle pourrait, isolée, déclencher une an'oisse, voire

une amorce de dépersonnalisation, il convient d’associer une attitude

et des 'estes qui appartiennent en propre # la relaation.

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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en

pschosomatique

D "’autre moment di<icile a été l’o&tention de la détente de la

nuque.

Cette détente entraPne # nouveau une sensation de &ascule en

arri0re, mais cette fois, Kme *. fait + associations : une sensation

d’évanouissement, &asculer dans un trou noir sans Hn/ G une

remémoration d’un rve # répétition dans lequel par une force

centrifu'e, elle est $ collée # la paroi eterne d’un escalier en

colimaIon et 'lisse le lon' de cette paroi dans une chute sans Hn %.

@lle se réveille alors dans un 'rand état d’an'oisse. *ien que la

remémoration d’un rve se situe dans la traectoire d’une

éla&oration, mon intervention ne sem&le pas ici avoir en'a'é un

processus &eaucoup plus avant. Kais il faut souli'ner qu’il a été

néanmoins possi&le d’aller plus loin dans la détente et on note que

les phénom0nes de dépersonnalisation ne se sont plus reproduits. "#

encore, et comme précédemment notre approche corporelle, le

toucher et les conseils pratiques ont eu lieu.

ar la suite, il a été de moins en moins nécessaire d’avoir recours

# une réassurance, d’eercer des contr=les concernant la détente,

tout se passant comme si la patiente s’était réellement approprié

quelque chose, comme si elle avait commencé # avoir un instrument

personnel # sa disposition. aradoalement, il lui est arrivé par la

suite de se servir de ces capacités nouvelles pour me tenir #

distance.

Fn our, la patiente arrive &ouleversée, déprimée. @lle s’allon'e et

me dit tout de suite qu’elle vient de passer quelques ours chez une

cousine hippie, dans une maison insalu&re et sale. @lle si'nale

qu’elle a eu une &rusque et violente crise d’asthme alors qu’elle se

'lissait dans des draps souillés.

Cependant qu’elle me rapporte tout cela, elle pleure et cette fois,

il ne sera pas question de détente. "’échan'e se situe sur le plan

 ver&al. Ue lui dis alors : $ ;out se passe comme si, auourd’hui, vous

1)

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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en

pschosomatique

aviez apporté toute cette saleté ici. % @lle évoque alors la mort de la

tante, retrouvée 3 ours apr0s sa mort, tom&ée # c=té de son sceau

h'iénique renversé, et son remord de l’avoir si peu aidée # ce

moment-l#.

Fne autre étape de la cure se situe un peu plus tard au moment

de la recherche de la sensation de chaleur dans un &ras. Kme *.

éprouve une di<iculté. Ce n’est pas de la chaleur qu’elle éprouve,

mais une sensation de &r[lure qui lui fait penser au &r[lures

d’estomac dont elle sou<re présentement. U’ai le sentiment qu’il a

quelque chose de particulier dans la référence au mot &r[lure. Ue le

reprends donc sur le mode interro'atif. 5a réponse est encore une

fois pauvre, &analisante : $ C’est touours comme cela, ’ai du mal au

dé&ut de toute nouvelle recherche. %

Comme on aura l’occasion de le voir, ’ai alors recours # mes

propres associations, celles qu’elle aurait pu avoir elle-mme. A 

certains é'ards, pour emploer une ima'e, mon appareil pschique

e<ectue le travail qu’elle serait presque capa&le d’opérer, mais

devant lequel elle échoue. Ue lui dis alors $ qu’elle doit se souvenir

qu’elle a connu une chaleur a'réa&le, celle qu’elle a ressentie alors

qu’elle se dorait au soleil dans un pré chez la tante &ien-aimée %.

2ans la pro'ression du processus, on arrive # la recherche de la

sensation des pulsations et de leur ralentissement. Cela se situe

alors qu’elle est enceinte de plusieurs mois. Qn remarque au passa'e

que cette 'rossesse ne m’a été annoncée qu’avec un certain retard et

que, &ien qu’elle soit tr0s importante pour elle, la patiente en parle

fort peu. Au reste, en ce moment comme en d’autres, les sensations

éprouvées ne suscitent que peu d’associations # l’inverse de certains

patients mieu mentalisés et &eaucoup plus proches des névroses de

caract0re. 2ans le cas de la recherche des pulsations, elle les sentira

tout de suite au niveau du cWur, sans que cela déclenche d’an'oisse

et elle n’est alors capa&le que d’un rapprochement analo'ique avec

1

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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en

pschosomatique

les mouvements du fWtus. A ce moment de la cure elle nous dit :

$ Ces séances, e les fais + ou 3 fois par our, elles me détendent

&eaucoup, e me sens de mieu en mieu G maintenant, e suis

heureuse d’avoir ce &é&é. %

"a smptomatolo'ie de la patiente étant l’asthme, on a&orde en

dernier la phase correspondant # ce secteur, # savoir la détente

respiratoire. Cette détente est di<icile # o&tenir et peut-tre d’autant

plus que nous devons nous a&senter pour les vacances de ?ques. Au

retour, elle annonce qu’elle a été 'née par sa respiration, qu’elle a

été un peu infectée, ce qui a nécessité la prise d’anti&iotiques, mais

qu’elle n’a pas ressenti l’étou<e-ment des crises d’asthme. @lle n’a

cependant # aucun moment trouvé, au cours des séances faites

pendant cette période, la vérita&le détente respiratoire. A propos de

cette incomplétude, elle nous dit avoir surtout peur de ne pas donner

su<isamment d’air # son enfant. Qn se demande alors si elle n’est

pas hantée par une identiHcation # une m0re frustrante comme la

sienne, c’est pourquoi ’interviens en lui disant : $ Comme si vous

aviez peur de faire # votre &é&é, ce que vous pensez que e vous aifait en m’a&sentant : ne pas vous en avoir donné assez %.

Kalheureusement on peut dire que cette amorce d’identiHcation que

 e lui donnais est déIue. "’orientation vers une attitude

pschanaltique, comme on la voit s’a<irmer dans d’autres cas,

tourne court. Ce n’est pas qu’elle désinvestisse # proprement parler

la cure, mais elle en limite les secteurs au aspects les plus

étroitement fonctionnels : elle attend de moi que e lui faciliteseulement l’accession # la détente a'réa&le, rassurante, ce qu’elle

nous conHrme par la suite par toute une série de déclarations

concernant son &ien-tre et son plaisir # faire ses séances

personnelles.

Qn est en droit tout de mme de se demander si l’évolution dans

le sens d’un développement des pro&lématiques dans le re'istre

16

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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en

pschosomatique

mental ne s’est pas e<ectué dans la direction d’une résistance et

qu’elle utiliserait l’accession # cette détente &ienheureuse pour qu’il

ne soit surtout pas question de mettre d’autres pro&l0mes sur le

tapis. Ainsi, elle me dit qu’alors qu’elle est en parfaite détente, si ellesent # ce moment-l# une lé'0re contracture se produire, c’est parce

qu’elle pense que ’attends qu’elle parle, alors qu’elle n’a rien # dire.

Jefuse-t-elle d’en dire plus ou &ien n’a-t-elle rien # dire

Qn hésite touours # conclure # une carence. our le thérapeute, il

serait &eaucoup plus réconfortant de miser sur une résistance et sur

les chances d’une thérapie qui deviendrait # proprement parler

analtique, ce qui se voit avec d’autres patients de relaation au

cours du développement de la cure.

"a semaine avant l’accouchement, elle arrive anieuse. Kal'ré la

décision de l’accoucheur de lui faire une péri-durale, elle a peur.

2’a&ord parce que son ami ne veut pas assister # l’accouchement, il

trouve cela sale, et puis parce que lui revient constamment en tte

cette phrase &ien connue dans son milieu : $ tu accoucheras dans la

douleur %. Accouchement lui fait penser # déchirure. Ue lui dis alors :

$ Comme s’il vous était plus facile, ici, devant moi, de penser # la

douleur, la déchirure, qu’au plaisir que vous pourriez ressentir au

passa'e du &é&é tout 'lissant sur la muqueuse. % Ke revenait l#

dans mon intervention une phrase de Rreud que le 2r Ravreau

rappelle souvent et qui me sem&le touours fort importante : $ "e

pénis, l’enfant et le &?ton fécal sont des corps durs qui, par leur

entrée ou leur sortie, ecitent un canal muqueu. % Kais en toute

ri'ueur, e dois avouer que mon intervention avait pour &ut de lui

montrer que dans le transfert, elle me vivait peut-tre comme un

o&stacle au plaisir, et qu’elle préférait me donner des 'a'es

masochiques. @lle termine la séance en trouvant une &onne détente

et me demande en me quittant si elle pourra par la suite venir # ses

séances avec le &é&é, ce que d’ailleurs nous lui avions dé# proposé.

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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en

pschosomatique

"a terminaison de la cure va me laisser perplee.

@n e<et, elle reste presque + mois sans donner de ses nouvelles

apr0s l’accouchement et elle revient avec son &é&é. @lle use alors de

tous les moens pour me tenir # distance aussi &ien d’elle que du

nouveau-né. @lle a<irme une nouvelle fois le &ien-tre auquel elle a

accédé mais nous informe en mme temps de sa décision de mettre

un terme # sa cure.

@lle n’a plus de crise d’asthme, mme depuis l’accouchement qui

s’est fort &ien passé, consciente au moment de l’epulsion, elle ne se

sent plus contractée ni tendue, ses relations avec ses parents se sont

considéra&lement améliorées, avec son p0re surtout, qu’elle peut

aimer maintenant. 5i elle n’a plus de crise, elle veut penser que c’est

l’enfant qui a eu cet heureu e<et, mme quand elle conc0de,

spontanément, que e dois avoir un autre point de vue.

*ien entendu, la 'rossesse, tout au dé&ut de la cure a retenu

notre attention. >l s’a'issait l# en l’occurence d’un déH qu’elle nous

lanIait pour nous diminuer tout en continuant # nous demander

notre concours. "a 'rossesse, tout comme la détente # certain

moment de la cure, a été utilisée pour me tenir # distance. "e

&énéHce qu’elle a tiré du travail e<ectué lui su<it. @lle ne veut pas

s’en'a'er plus avant.

 Ue crois donc l# davanta'e # une interruption de la cure qu’# un

 vérita&le ach0vement. 5on &rusque désir d’interrompre la cure,

imprévisi&le pour nous, nous fait penser qu’il s’a'it d’un phénom0ne

comportemental, mode ha&ituel de réaction de ce tpe de patient.

5’a'it-il d’une an'oisse o&scure s’étant &rusquement développée et #

laquelle seule une fuite o&ective permet de faire front Qu s’a'it-il,

quand on connaPt la facilité de chan'ement d’o&et de l’asthmatique

que l’essentiel des capacités d’investissement se soit déplacé

@n pareil cas, et étant donné la structure de la patiente, il nous a

sem&lé préféra&le d’accéder # sa demande aHn de lui laisser la

1(!

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2i<érentes modalités d’interprétation dans la cure de relaation en

pschosomatique

possi&ilité de revenir éventuellement nous voir : elle me remercie

alors de mon accord et m’assure le cas échéant qu’elle m’écrirait.

2ans ce travail sur la clinique de la relaation, ’ai eu surtout pour

o&ectif de montrer comment deu voies d’approche apparemment

aussi éloi'nées : l’ordre sensori moteur et l’or'anisation de la vie

pschique, peuvent tre unies de faIon cohérente. C’est mme de

cette liaison que dépend souvent le succ0s thérapeutique.

ibliograp!ie

S1T 5trauss K.A., Cahen K. D *ref historique de la relaation

selon Auria-'uerra. Apport de la schanalse # cette méthode,

Colloque sur le corps en pschothérapie de relaation et dans les

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ress, 1936.

S(T 5chultz U.K. D  Le trainin" auto"ne  19()/. ;raduction

franIaise, .F.R., aris, 19(6.

1(1

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ériple en psychosomatique a la lumi$re des

sympt.mes

ar J. Berz&er'-oloniec\a

C’est la fréquentation en tant que pschanalste de patients

atteints de maladies somatiques, souvent de maladies somatiques

'raves, qui est # l’ori'ine de ce travail. "’eneu est important dans la

mesure oV les smpt=mes phsiques entravent la vie quotidienne et

peuvent en'a'er l’inté'rité corporelle, voire le pronostic vital.

Kon epérience de plus de 1( ans vient de plusieurs 5ervices

hospitaliers parisiens : B=pital >nternational de l’Fniversité de aris,

B=pital 5aint-Antoine, B=pital des 2iaconesses, du Centre de

Consultations de la rue Ral'ui0re, de l’B=pital de la oterne des

eupliers.

@n écrivant ces li'nes, e pense surtout # des patients atteints de

maladie de Cr=hn, de rectocolite hémorra'ique, d’asthme cortico-

dépendant aant présenté des états de mal asthmatique, de dia&0te

insulino-dépendant aant fait des comas, et de nom&reu malaises

hpo'lcémiques G ces patients étaient hospitalisés ou venaient en

consultation.

Ces smpt=mes nous interro'ent sur leur survenue et leur

développement d’une part, sur leur accalmie, leur disparition et leur

remplacement éventuel d’autre part ou encore sur leur association #

des smpt=mes névrotiques, voire leur remplacement par des

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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes

smpt=mes névrotiques. Ces smpt=mes nous interro'ent é'alement

sur l’intért que nous leur portons, sur le souci qui nous anime de les

 voir s’améliorer, de les voir 'uérir. A travers leur eistence, la

sou<rance et l’inquiétude qui sont liés, le pronostic est présent. "es

souhaits d’amélioration ou de 'uérison, le pronostic, ne peuvent pas

tre éludés, ils sont le terrain sur lequel le patient et l’analste ne

peuvent pas ne pas se rencontrer, un terrain tr0s ancien, souvent

défaillant, celui des liens maternels précoces.

Ces liens maternels précoces ne comportent pas seulement les

divers liens # la m0re et de la m0re/ a<ectifs, pschiques et

phsiques mais aussi du p0re # travers le vécu que la m0re a de lui,

de sa présence, de son a&sence et selon la sin'ularité de chaque

situation, mais aussi dans la varia&ilité dans le temps # l’intérieur

d’une situation, de la relation de la m0re au p0re D : $ Censure de

l’amante % décrite par Kichel Rain et 2enise *raunsch_ei' D

ressentie par l’enfant G et aussi &ien s[r sem&le-t-il de plus en plus

souvent, de la place du p0re en tant que personne propre proche tr0s

t=t de l’enfant, prenant soin tr0s t=t de lui sur un mode qu’avant

$ 196 % on aurait appelé $ maternel %. 2iverses autres personnes

s’occupant de l’enfant ou aant un r=le important pour la m0re ou

pour le p0re prennent aussi une place dans ces liens maternels

précoces.

5’il n’ a pas trop de con8it de personne dont l’enfant est plus ou

moins l’o&et m0re-nourriceMm0re-sa propre m0reMm0re-autre

personne/ la m0re tiendra un r=le prépondérant, et mme s’il ne l’est

pas dans le temps qu’elle passe avec l’enfant, elle sera 'arante d’une

continuité au moins souhaita&le d’avec le temps de la 'rossesse et

des deu, trois premi0res années de la vie, l# la $ prématurité % de

l’enfant est si 'rande, rendant si fra'ile tous les équili&res que les

'randes fonctions et les divers stades de développement se mettent

en place.

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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes

5i e 'arde ces termes de liens maternels précoces, qui peuvent

paraPtre un peu plus, qui ne s’articulent pas clairement # la

métapscholo'ie freudienne, c’est parce qu’ils rendent compte des

présences proches de l’autre et de l’importance du temps de la toute

petite enfance et mme s’ils ne recouvrent pas toutes les strates,

tous les champs, toutes les personnes en cause mais dont le 8ou

mme et le pluriel laissent ouverts la compleité humaine, celle aussi

des premiers mois de la vie. Ces termes de liens maternels précoces

tendent # eprimer dans le lan'a'e de la secondarisation, et apr0s

toutes les reprises Wdipiennes, la compleité d’avant le lan'a'e. Ce

faisceau de relations se forme en mme temps ou recouvre

partiellement les prémices du narcissisme secondaire et du

narcissisme primaire dans certaines approches théoriques post-

freudiennes.

>l ne s’a'it ni de $ la 'uérison de surcroPt % ni de $ l’analse de

surcroPt %. "es aspects de fonctionnement mental d’un patient ou

d’un processus analtique puisqu’il a pschanalste et patient/ et

l’amélioration ou la 'uérison des smpt=mes sont intimement liés. >l

est désormais admis qu’un nourrisson n’est ni un tu&e di'estif, ni un

ensem&le de sensations et d’a<ects, mais les deu # la fois,

intimement liés. "a 'énétique, la &iolo'ie, la vie intra-utérine, et les

liens maternels comprenant aussi l’entoura'e de la m0re et de

l’enfant : p0re, autres personnes, lieu, choses/ des premiers temps

de la vie, eercent conointement et de faIon interdépendante leur

action.

"es smpt=mes : d’une faIon quelque peu schématique, leur

intensité, leur 'ravité, leur mode d’évolution, sont pour un individu

donné comme un papier de tournesol révélateur du fonctionnement

mental, et réciproquement les aléas du fonctionnement mental,

indiquent par avance, telle une autre lecture du réactif coloré, une

amélioration ou une rechute prévisi&le des smpt=mes, avec un

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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes

certain temps de latence varia&le d’un individu # l’autre et d’un

moment # l’autre chez un mme individu.

5i dans ce travail le eu des smpt=mes prend la premi0re place,

c’est # la fois &ien s[r parce qu’il n’est pas possi&le de le né'li'er,

mais aussi parce qu’il oue un r=le révélateur, voire de loupe

'rossissante en tant que mode d’appréhension du fonctionnement

mental. "e vécu quotidien du pschosomaticien se déroule souvent

dans une situation d’ur'ence. "e vécu de cette ur'ence renforcé par

la connaissance du pronostic possi&le créé une attitude d’opposition

a<ective plus ou moins lon'ue # toute esp0ce de théorisation, en

raison de la prévalence accordée au pulsions d’auto-conservation

par rapport au pulsions seuelles su&limées.

Ce premier temps consiste # écouter, voir, s’intéresser et

recommencer. Ce n’est qu’apr0s ces lon's moments d’approche,

quand un certain nom&re d’éléments a pu tre recueilli, quand

l’étonnement des premiers mois a été dépassé, qu’alors, une

tentative de théorisation personnelle peut se faire : néanmoins ce

premier temps s’est déroulé avec la référence # une attitude

pschanaltique classique.

 Ue voudrais préciser et insister sur le fait qu’en aucune faIon le

smpt=me n’est privilé'ié dans le travail analtique e reviendrai sur

l’emploi de cet adectif &ien qu’il s’a'isse le plus souvent de

pschothérapies/ G il est question du smpt=me comme du reste, de

tout ce qui vient, il n’est ni privilé'ié ni éludé, il fait partie du patient

comme ses rves, ses désirs, ses sst0mes d’identiHcation. arfois

c’est l’analste qui revient au smpt=me, alerté par une inquiétude

personnelle, inquiétude D si'nal d’alarme devant une insu<isance

d’eistence et de réaction des sst0mes d’auto-conservation du

malade. Cette inquiétude n’est pas dite la plupart du temps

spontanément mais d’une faIon secondarisée. C’est ainsi dans le eu

transfert-contre-transfert il s’a'it souvent et pendant lon'temps

plus de la possi&ilité pour le patient d’éta&lir une relation avec

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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes

l’analste, de s’ intéresser, de sentir l’intért de l’analste, que d’un

transfert proprement dit, dont plus tard des éléments pourront se

développer/ : on se rend compte de l’insu<isance, répétée dans

l’actuel des liens autrefois éta&lis avec la m0re par l’insu<isance

d’inquiétude du patient # son propre é'ard, alors que le dan'er est

manifeste. Cette insu<isance peut se manifester notamment par un

'rand retard # consulter retard qui est d’autant plus 'rand, selon

des auteurs américains, que le processus patholo'ique est plus

'rave, au cours de maladies # smptomatolo'ie eterne équivalente :

tumeurs &éni'nes et cancers du sein/, soit par la di<iculté, voire

l’impossi&ilité d’émettre une plainte. 2u smpt=me souvent, et mme

quand il persiste, il n’est pas ou peu question. "’a&sence mme de

plainte prend une certaine valeur dans l’économie pschique du

malade. Ces insu<isances d’auto-conservation auraient # leur ori'ine

une insu<isance des relations précoces avec la m0re et de la m0re/.

>l s’a'irait l# d’une insu<isance des sst0mes d’étaa'e-'érance.

Eous nous interro'eons s’il serait possi&le, dans les aléas des

relations précoces # la m0re, de di<érencier ce qui, dans ces aléas

des diverses modalités de mise en place des sst0mes de pare-

ecitation, donnerait soit un versant de trou&le somatique, soit plut=t

pschique chez l’enfant, compte tenu des facteurs 'énétiques,

&iolo'iques, intra-utérins.

 g aurait-il un destin plus particulier pour l’enfant quand les

trou&les essentiels seraient ceu d’un manque ou d’un en trop de

pare-ecitation de la m0re, ou &ien de l’impossi&ilité chez elle

d’éla&orer un con8it pschique ourrait-on par eemple l#,

envisa'er de di<érencier les passa'es de la m0re # l’enfant qui se

font directement par l’intermédiaire du toucher, de ceu qui se font

par l’odorat, la vision, et l’ou4e, et selon que le fonctionnement de ces

fonctions s’équili&re ou se con8ictualise avec le souci des instincts

d’auto-conservation. "’essai d’appréhender tout cela se fait

ultérieurement # travers la superposition et les chevauchements des

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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes

divers stades de développement # travers toute la secondarisation,

dans les pschothérapies, soit dans les thérapies m0re-enfant mais

avec le 'auchissement de la présence du thérapeute et les pi0'es de

l’o&servation directe, c’est dire que l’etrapolation du précoce et du

quelque peu simple # travers la compleité ultérieure reste touours

quelque peu au moins aléatoire.

5i les pulsions d’auto-conservation ne sont pas assurées ou ont été

empchées partiellement d’tre assurées, les pulsions seuelles n’ont

pas la possi&ilité de s’étaer sur les pulsions d’auto-conservation, et

toute une partie du refoulement lié au pulsions seuelles ne se

mettra pas en place en mme temps que toute série de défenses

mentales ne se mettra pas en place. Qn sait dans l’Wuvre de Rreud la

proimité des notions de défense et de refoulement.

Eous avons fait allusions au fait qu’il s’a'it le plus souvent de

pschothérapies, pourquoi des pschothérapies plut=t que des

analses Eous n’allons pas traiter ici cette question qui maintes

fois a été traitée et développée par . Kart : essentiellement notion

de structure # travers les modes de fonctionnement ou de

dsfonctionnement des deu topiques freudiennes. "# aussi ce n’est

pas le smpt=me qui détermine le mode d’a&ord, mais la structure.

Qn sait comment les possi&ilités de supporter les frustrations

a<ectives doivent tre su<isamment fortes dans le cadre d’une

pschanalse, ce qui suppose un surmoi su<isamment en place et

une certaine mo&ilité # l’intérieur des deu topiques freudiennes. "es

possi&ilités de supporter les frustrations a<ectives sont amoindries

chez ces patients oV les modalités de sst0me de pare-ecitation #

l’intérieur des liens maternels posent pro&l0me.

2es frustrations trop 'randes par rapport # celles qui peuvent

tre éla&orées pschiquement peuvent ouer alors elles-mmes par

l’écho de frustrations précoces, elles non plus n’ont pas pu tre

éla&orées, un r=le de traumatismes pouvant amener # une

désor'anisation somatique chez ces patients, d’oV la nécessité de

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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes

manier tr0s prudemment les frustrations tout en 'ardant le

maimum de neutralité/ tant dans le cadre du face # face, que du

maniement prudent du silence et des niveau des interventions.

"es patients nous sont adressés par des confr0res médecins

a<rontés au limites des traitements classiques. "a demande vient

parfois directement du patient ce qui ne correspond pas

nécessairement # une demande telle qu’elle est décrite en

pschanalse, mais soit # une sensation 8oue de &esoin de parler

avec quelqu’un, soit plut=t # travers des rensei'nements recueillis,

par les médias et qui passent par un &esoin d’un certain consensus

social/. @lle est médiatisée par le smpt=me. @n fait, les médecins

nous adressent des patients qu’ils consid0rent comme $ pschiques %

ou quand une situation est etrmement inquiétante, voire

catastrophique : quelle mise en question de tant d’années d’étude et

de pratique ri'oureuse oV il a été si peu question de l’aspect

pschique de la maladie, dans cette décision d’adresser un patient

dont la maladie somatique a été dia'nostiquée/ chez le

pschanalste pschosomaticien X C’est ainsi que nous recevons des

malades qui présentent des pro&l0mes pscholo'iques, ou &ien une

maladie admise comme pschosomatique rectocolite hémorra'ique,

asthme, eczéma/, mais cette situation est en train de se modiHer, ou

&ien encore des maladies dont le pronostic est franchement 'rave,

telles que les maladies cardiovasculaires ou des cancers. 2e tels

patients nous arrivent adressés par des coll0'ues plus avertis et

souvent sont de leur entoura'e.

5i l’eistence du smpt=me somatique nous donne un écho

particulier du fonctionnement mental, elle complique sin'uli0rement

les aspects transfé-rentiels, contre-transférentiels, dans la mesure oV

chacun attend plus directement quelque chose de l’autre. Cette

attente souvent plus a<ective que raisonnée soins, intért, 'uérison

plus qu’éla&oration, interprétation/ sera touours au moins eprimée

sur un mode relationnel puisqu’elle devra passer par des mots

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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes

di<érence des relaations strictes/ porteur d’un certain proet

évolutif, et sera soutenue par un intért théorique.

 Aussi arrive-t-il que le récit d’une pschothérapie et de son

matériel apparaisse comme $ simple % sinon simpliste telle une

peinture a&straite dite enfantine pour certains/ &ien que l’analste se

serve d’une référence complee : l’or'anisation Wdipienne au stade

'énital, et mme si par moments il peut lui aussi fonctionner en

processus primaire ou tout au moins en processus apparemment peu

secondarisé. "a souplesse de son travail est d’tre, dans ces

moments apparamment peu secondarisés, particuli0rement proche

du patient et il est nécessaire cependant d’avoir en mme temps le

référant théorique pschanaltique en tte. Cela lui permet

d’appréhender les di<érences par rapport # ce référant dans ce

dialo'ue faussement anodin. C’est en pensant # ce référant Wdipien

nécessaire, inhérent au fonctionnement de l’analste, que ’ai parlé

tout # l’heure de travail pschanaltique mme si le cadre utilisé

n’est pas celui d’une pschanalse classique. "a souplesse consiste

aussi # accorder un intért réel # l’activité la plus investie du patient,

mme si c’est souvent une activité sociale, intért qui doit tre

parfois manifesté directement par des questions ou d’autres

marques.

"a connaissance du fonctionnement mental concomitant d’une

or'anisation Wdipienne structurée, la neutralité respectant la

sin'ularité des patients, l’utilisation autant que faire se peut des

mots utilisés par le malade ou si l’on veut, l’aptitude # repérer les

aspects les plus évolués des mécanismes pschiques, sont

nécessaires. "’incompréhension d’une intervention dans le fond, la

forme, le voca&ulaire ou la perception d’un trop 'rand écart dans le

mode de fonctionnement interne du patient d’avec celui de l’analste

écart que l’on peut et doit montrer mais.usqu’# un certain point

comme possi&ilité de fonctionnement/ peut tre ressenti par le

patient comme incapacité de sa part # comprendre # penser, comme

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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes

une &lessure narcissique et se sentir tre mis en question dans la

construction fra'ile et importante de son idéal du moi. ;out cela fait

du travail pschothérapique des patients aant une maladie

somatique un travail de pschanalste.

Qn aura # essaer de repérer les répétitions, le retour au

situations de plus 'randes intensités a<ectives dans les liens

maternels moments d’autant plus importants que les vécus de

manques ont été 'rands/. Ces situations $ privilé'iées % sont

recherchées mme si elles ont été insu<isantes, di<iciles, péni&les,

frustrantes, voire insupporta&les pour l’enfant, car elles témoi'nent

sur un fond de ressenti de manque ou d’insu<isance, que quelque

chose d’intense s’est au moins passé entre la m0re et l’enfant. >l

s’a'it en fait d’une activité tr0s évoluée, en dépit de l’apparente

simplicité, compleité due au référants nécessaires de l’analste et

au non-dits du patient, activité qui met en mouvement &ien plus de

matériel qu’il n’ paraPt.

"es patients en question sont souvent dans la plus 'rande

détresse somatique. >ls sont hospitalisés $ &ranchés % de toute part

quelques fois, une intervention chirur'icale peut tre envisa'ée, un

pronostic 'rave est en eu. 2ans la lutte, tout le monde se trouve

en'a'é, le médecin qui passe outre les usa'es de son métier, en

faisant appel # l’analste, l’analste qui n’a 'u0re l’ha&itude comme

tel de fréquenter les cham&res d’h=pital ni les 5ervices de

réanimation, le malade enHn, pour lequel parler ne sem&le pas facile,

utile ou di'ne d’intért et oV il doit l# prendre un r=le actif. "a

$ &a'arre % si elle n’est pas ha&ituelle en pschanalse, est pourtant

nécessaire ici, il faut faire vite étant donné la situation. Aller vite ce

n’est pas aller n’importe comment. C’est donc aller dans le corpus

théorique et # partir de la technique pschanaltique mme si elle

est modiHée/ c’est, entre autre, repérer rapidement les 'rands points

charni0res de la pro&lématique du patient deuils, a&andons,

manques, impossi&ilités ou di<icultés d’identiHcation qui n’ont pas

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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes

pu tre éla&orés ni parfois mme a&ordés/ et donner la possi&ilité de

$ parler autour %, $ d’ouvrir %. >l s’a'it d’un moment sem&la&le au

premier entretien et au toutes premi0res séances d’une

pschanalse, # la di<érence pr0s qu’il a cette fois un eneu

immédiat, alors qu’en analse on a relativement le temps et on

n’intervient pas ou peu au dé&ut le plus souvent. >ci les interventions

non pas les interprétations au sens pschanaltique du terme/, les

marques d’intért seront nom&reuses s’il le faut pour soutenir les

dires du patient. 2ans ce premier temps qui peut tre lon', une

histoire est reconstituée, une trame tissée, un travail de &roderie est

commencé. "e travail de l’^dipe, le déploiement d’une tapisserie

familiale s’il peut se faire, ne viendra que &ien plus tard. >l faut s’en

tenir # un démla'e, # un défricha'e, envisa'er une possi&ilité de

reprise sur un mode ver&alisé, et dans une relation de tout ou partie

de ce qui a achoppé et autour de quoi les smpt=mes se sont

construits. @t c’est avec étonnement D dans la mesure oV l’on n’en

est qu’au moment de la relation et de la parole autour d’une histoire

D que l’on voit des smpt=mes 'ravissimes s’améliorer, céder. *ien

s[r ce résultat est fra'ile et tout reste # faire. Ce moment

dramatique et privilé'ié fait appel # l’analste en particulier dans

ses possi&ilités rapides d’identiHcation liées # ses possi&ilités rapides

de refoulement/ mais on ne peut réduire cela # l’aspect le plus

évolué de l’hstérie, il s’a'it aussi d’une motivation # s’occuper de

l’autre, # le soi'ner, # le sauver mme G étaa'e des pulsions

seuelles sur des pulsions d’auto-conservation.

arce que les pulsions d’auto-conservation sont défaillantes chez

le patient, défaillance qui serait liée # celle du lien maternel soit

directe, constitutionnelle de la m0re issue par eemple d’une

défaillance des liens maternels avec sa propre m0re, ou &ien

indirecte comme en période de deuil ou par suite d’une dépression

de la m0re lors de la 'rossesse ou des premiers mois de la vie de

l’enfant/, l’étaa'e des pulsions seuelles ne peut se faire

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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes

correctement sur elles, ce qui rend le travail du thérapeute plus

di<icile, faisant appel chez lui # une visée de reprise des pulsions

d’auto-conservation. >l se peut d’ailleurs que cet appel réponde # des

motivations personnelles liées # l’histoire du $ soi'nant %, il faut se

méHer alors du r=le que peuvent prendre de telles motivations en

raison mme du r=le repris par les pulsions d’auto-conservation et de

la nature $ actuelle % de l’étaa'e. "e risque serait, étant donné les

satisfactions personnelles d’ordre narcissique de l’analste, d’éviter

l’émer'ence et l’éla&oration d’un con8it mental chez le patient et

l’acc0s # l’^dipe.

Fn autre moment di<icile est celui oV parfois survient une

rechute de la maladie G que de questions se posent alors # nous X

7u’en est-il de ce lien maternel $ retravaillé % 7u’en est-il alors de

nos possi&ilités de reprise par rapport au défaillances des pulsions

d’auto-conservation du patient @n prenant de tels patients en

traitement, nous prenons le risque d’une confrontation directe #

notre propre idéal du Koi, voire # notre Koi-idéal mettant en échec

la fra'ile construction de nos ei'ences modelées, voire $ moulées %

sur les théories seuelles infantiles. "’un des facteurs de rechute

serait peut-tre la protestation du patient vis-#-vis de l’emprise de

l’analste sur lui # travers le mouvement des pulsions d’auto-

conservation, alors que l’éla&oration des con8its mentau n’est pas

possi&le D mais il s’a'irait &ien l# d’un des facteurs seulement D la

non possi&ilité d’éla&orer des traumatismes eternes et internes

 venant, elle, au premier plan.

"e smpt=me n’est pas lors d’une rechute réor'anisateur en tant

que tel, parfois si tout se passe au mieu milieu médical et

hospitalier ouvert, attentif, e<icace, milieu familial su<isamment

inquiet et montrant sa tendresse/ et encore plus s’il a une

possi&ilité de reprise pschothérapique, la survenue et l’eistence du

smpt=me permet des possi&ilités de ré'ression qui n’eistaient pas

auparavant, encore faut-il qu’# d’autres moments le patient puisse

1)+

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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes

revenir. arfois un 'rand dan'er fait ressortir des possi&ilités

relationnelles avec l’entoura'e, permet la mise en mouvement de

pulsions d’auto-conservation qui ne se manifestaient pas, l# encore il

faudrait que ce chan'ement puisse $ tenir % dans une nouvelle

économie personnelle. Qn peut tre amené lors d’une rechute # voir

avec le patient com&ien il ne lui a pas été possi&le d’tre son propre

soi'nant, son propre thérapeute, son propre parent, celui qui

s’occupe de l’enfant malade. endant un certain temps, et touours

dans le souci d’éviter une &lessure narcissique porteuse de risques

de désor'anisation/ on ne parlera que de comment le patient ne

s’occupe pas su<isamment &ien de lui-mme sur le plan somatique,

sans faire le lien eplicite avec son sentiment que sa m0re, par

eemple, ne s’occupait pas su<isamment &ien de lui dans cela sont

incluses &ien s[r les séparations précoces/. A travers le re'ard et

l’attention, l’intért prolon'é que nous lui portons, le patient peut

retrouver les moments satisfaisants de ce lien dans son enfance, et

un certain $ mod0le % auquel il pourrait s’identiHer pour tre apte lui

aussi # s’occuper de lui-mme.

"’apparition dans un moment ultérieur du travail de smpt=mes de

la li'née névrotique concrétise les dé&uts du retour de la li&ido vers

un corps qui devient éro'0ne &ien que le con8it ne soit pas encore

éla&oré. Eous en parlerons ultérieurement. Ce moment particulier

du dé&ut permet aussi de voir l’etraordinaire intrication des

smpt=mes somatiques et du fonctionnement mental. "’intért

intellectuel pulsion partielle épistémophilique/ permet de m?tiner

m?ter/ les mouvements a<ectifs de l’analste dans un mouvement

de secondarisation.

 Apr0s ce temps initial, le travail prend un rthme plus lent. "#,

l’o&servation des smpt=mes et de leurs aléas, de leur résur'ence

éventuelle, des choses dites autour, de leur transformation,

permettra une sémiolo'ie plus Hne et toutes sortes d’interro'ations

notamment sur ce qui s’est passé dans le premier temps du

1)3

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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes

traitement : moment de survenue du smpt=me, temps de latence

entre le traumatisme déclenchant écho des traumatismes, et des

manques plus anciens, souvent dé# eu-mmes répétés/ et

l’apparition du smpt=me. >l sem&le que la durée du temps de

latence entre la survenue du smpt=me et le traumatisme

déclenchant soit inversement proportionnelle # la qualité de

l’or'anisation mentale or'anisation mentale voulant dire l#

or'anisation des deu topiques freudiennes et en particulier fonction

du préconscient et point de vue économique et non pas qualités

intellectuelles/.

>l est pro&a&le cependant qu’interviennent d’autres facteurs

comme l’intensité du traumatisme, l’intensité de l’écho qu’il

provoque étant donné les traumatismes antérieurs et les facteurs

d’environnement du moment internes et eternes/. >l faut aussi

s’entendre sur ce que l’on appelera la survenue du smpt=me :

s’a'it-il du dé&ut, moment présumé du dé&ut du processus

patholo'ique somatique ou des premiers si'nes patholo'iques

eprimés par le patient ou découverts lors d’un eamen médical "a

concordance n’est pas aussi nette que dans les cas oV les smpt=mes

névrotiques sont clairement liés # l’échec mental devant un con8it

pschique.

Qn s’interro'era sur ce qui fait qu’un traumatisme n’a pu tre

repris sur un mode mental fut-il patholo'ique/ et que s’est

déclenchée # la place une désor'anisation somatique. Eous nous

interro'eons aussi sur le choi du smpt=me : pourquoi telle ou telle

maladie pour tel patient "a réponse reste encore parcellaire faute

de connaissances et d’informations pschanaltiques et purement

scientiHques.

2e K’Fzan a dit que $ le smpt=me est &te %. Cette formule

incisive des premi0res approches pschanaltiques en

pschosomatique, mme si par la suite elle a été remise en cause par

son auteur, s’insur'eait sem&le-t-il contre les toutes premi0res

1)

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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes

descriptions apparemment simpliHcatrices de Rrench, Aleander, et

Yarma &asées sur des proHls et sur des sens socio-réducteurs. >l faut

reconnaPtre # ces auteurs toutefois leur r=le de défricheurs car ils

ont ouvert une approche pscholo'ique des smpt=mes somatiques

dont la simplicité a séduit les médecins et les patients eu-mmes et

permis # travers les échan'es des améliorations cliniques. Fne

impulsion en a aussi résulté pour l’étude pschanaltique des

maladies somatiques. Cette formule $ le smpt=me est &te % doit

tre maintenant nuancée. >l n’est 'u0re possi&le d’assimiler le

porteur du smpt=me et le smpt=me : la sensi&ilité, l’intelli'ence de

soi-mme et des autres, se rencontrent tout autant avec des patients

dits $ pschosomatiques % qu’avec des patients névrosés, mme si

l’eorescence du fonctionnement mental, délice du pschanalste

comme les larmes d’azur du po0te/ n’ prend pas ha&ituellement la

mme importance. Ue n’a'réerai pas non plus enti0rement avec cette

formule parce que les facteurs héréditaires, em&rolo'iques,

&iolo'iques, immunitaires et identiHcatoires de l’histoire d’une

famille sur plusieurs 'énérations, peuvent avoir une place que nous

ne savons pas encore évaluer dans l’apparition de tel ou tel

smpt=me. our tenter d’éclaircir cette question, il faudrait par

eemple éta&lir une carte tr0s précise de l’em&rolo'ie des divers

sst0mes humains et, parall0lement éta&lir la liste des traumatismes

eternes et internes chose quasiment impossi&le pour la datation

des traumatismes et di<icultés de la m0re pendant la 'rossesse et les

premiers mois de la vie de l’enfant/, voir la concordance de l’époque

de maturation d’un sst0me et du traumatisme de la m0re avec les

smpt=mes somatiques, qu’ils surviennent dans l’enfance ou # l’?'e

adulte. Ce travail devrait donc tre # la fois scientiHque 'énétique

em&ro'én0se &iolo'ie/ et pschanaltique les traumatismes

eternes et internes de la m0re et leur fonction/. Collecter seulement

les informations sur une ou deu 'énérations avec une certaine

homo'énéité paraPt, avec nos moens actuels d’approche quasiment

impossi&le G le pro&l0me doit cependant tre soulevé.

1)(

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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes

Ce n’est pas parce qu’un travail demanderait # tre fait sur un

mode inter-disciplinaire oV le pschanalste aurait une place comme

l’em&rolo-'iste, le 'énéticien ou le &iolo'iste, qu’il faut

compl0tement l’écarter comme une hérésie pschanaltique. ar

eemple, le smpt=me n’est pas si &te si nous lui retrouvions une

$ mémoire de sst0me % : ainsi ce patient qui déclenche une recto-

colite hémorra'ique # +( ans, a eu une diarrhée du nourrisson, une

appendicite # 13 ans, deu épisodes a&dominau # l’adolescence

étiquetés intoication alimentaire mais survenus respectivement lors

d’un départ en voa'e et des épreuves du &accalauréat. 2ans

d’autres, on peut évoquer $ une vérita&le mémoire d’identiHcation de

famille % : chez tel malade, tous les trou&les or'aniques se sont

passés # 'auche, lui qui a été un enfant de remplacement d’une sWur

morte en &as ?'e d’une appendicite, # 'auche, compliquée

d’occlusion et péritonite. lusieurs années ont été nécessaires pour

que ce rapprochement simple se fasse tant du c=té du patient que du

c=té de l’analste : réalité ou reconstruction "a question &ien s[r

se pose. >l nous faudrait, par une analse su<isamment poussée,

nous interro'er sur la part hstérique dans la détermination de

certains smpt=mes somatiques compte-tenu de la fra'ilité des

sst0mes familiau.

5i le premier entretien nous donne une idée sur des facteurs

traumati-ques déclenchants, cette idée s’enrichira, se compliquera

lors de la pschothérapie. @t c’est seulement par ce travail que l’on

pourra se faire une idée de l’économie du smpt=me, lors des aléas.

 Ainsi, # tel moment, alors que tout sem&le &ien aller sur le plan

phsique, c’est un 8échissement du fonctionnement mental avec une

moindre 8uidité associative, un recours plus 'rand # l’actuel et au

factuel, un intért moindre # soi-mme, ou au contraire une tr0s

'rande ecitation # tout stimulus eterne sans possi&ilité de reprise,

qui fera craindre, et parfois précédera une rechute G nous nous

interro'eons alors &ien s[r sur ce $ 8échissement % du

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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes

fonctionnement mental et trouvons par eemple un rappel non

éla&ora&le encore par le patient, d’un deuil non fait, et dont

cependant il a été dé# question parler autour de/ dans le premier

temps de la pschothérapie, avec de rapides résultats

smptomatiques. Ce rappel peut tre lié # un personna'e su&stitut

de l’entoura'e disparu et qui était encore resté dans l’om&re. "#

encore, la rapidité des possi&ilités de reprise du patient et de

l’analste/ est 'arante de la rapidité de l’amélioration des

smpt=mes nouvellement réapparus. >l n’est pas possi&le ici de

$ laisser aller % comme on peut le faire en analse de la reprise de

smpt=me névrotique.

arfois il est &esoin d’un traitement pharmacolo'ique d’appoint

rapidement mis en place pour pallier un temps une désor'anisation

somatique et ses dan'ers, surtout si les points de Hation sont

fai&les : ne pas communiquer ou que tr0s eceptionnellement avec

les médecins traitants des patients. Ce principe pourrait tre plus

souple au dé&ut avec des patients aant des maladies somatiques

'raves. @n e<et le médecin traitant, le personnel inHrmier, le

pschanalste font partie, en tout cas dans les premiers temps du

travail pschothérapique, d’un mme $ pool % de soi'nants au

di<érents visa'es, divers su&stituts des liens maternels. "es émois

Wdipiens ont assez peu de place, de sorte que les communications

entre les diverses personnes de ce $ pool % ensem&le et piscine D

eau délimitée sans trop de remous D/ peuvent avoir un r=le de liens.

Ces communications doivent aller dans le mme sens de mani0re

# éviter les con8its dont le patient serait l’o&et. lus tard, ces

mmes relations du dé&ut pourront servir de relais # la mise en place

d’une trian'ulation. Cependant nous nous heurtons # la di<iculté de

sem&ler vouloir nous immiscer conseiller, en savoir plus/ dans les

traitements pharmacolo'iques des confr0res &ien qu’un

8échissement du fonctionnement mental et une non possi&ilité de

reprise pschothérapique de celui-ci est vu souvent par le thérapeute

1)

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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes

avant la survenue du smpt=me, et peut appeler si le smpt=me ou si

la maladie est 'rave, une mise en attente, une 'érance par

pharmacolo'ie/. Ce dialo'ue souhaita&le dans les cas 'raves entre

médecin et thérapeute demande une compréhension, une conHance,

une humilité de part et d’autre, rarement rencontrées.

2ans un &on nom&re de cas, parall0lement # un meilleur

fonctionnement mental oV le préconscient est plus en éveil et plus

souple par eemple un dé&ut de travail de deuil, ou d’identiHcations

ou reconnaissance des manques profonds/ les smpt=mes

s’améliorent, disparaissent souvent.

"e travail n’en est pas Hni pour autant, il devrait tre mené aussi

loin que possi&le dans la poursuite de l’éla&oration des deuils et des

con8its usqu’# la conH'uration Wdipienne. Cependant il faut

quelque fois laisser le patient interrompre un peu ou tr0s

prématurément son traitement en lui laissant la possi&ilité de revenir

quand il le souhaitera ou en aura &esoin, ou # la moindre rechute,

pour ne pas répéter une des situations d’emprises anciennes,

auquelles le patient revient comme par eemple le manque

d’intért pour ce qui est son propre souhait/ et qui ne sont pas

encore éla&ora&les.

 A ce moment se posent de nouveau des questions importantes :

 usqu’oV peut-on aller avec telle ou telle structure, mais cette

question, et mme surtout la réponse du thérapeute # cette question,

ne risquent-elles pas de rétrécir les potentialités

Qn doit aussi se demander si le stle d’approche du premiertemps de la pschothérapie, stle quelque peu de $ sauveta'e %

mettant en eu des pulsions d’auto-conservation de part et d’autre ne

risque pas de restreindre dans l’esprit de l’analste et parce que

cela $ l’arran'erait % lui-mme/ les possi&ilités d’étaa'e des

pulsions seuelles du patient attitude inqui0te du parent de l’enfant

malade ne dépassant pas, # l’adolescence, lors de la poussée

pu&ertaire, la menace de castration/, freinant ainsi le passa'e d’un

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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes

corps malade # un corps éro'0ne # un certain compromis : le corps

sans smpt=mes. "# encore un certain nom&re d’interruptions un

peu prématurées des traitements sont un compromis a'i de part et

d’autre donner la permission d’interrompre de la part de l’analste,

 vouloir interrompre, de la part du patient/ de ces pro&l0mes. 5ans

que cela se passe dans une linéarité vers le mental, c’est la

possi&ilité d’éla&oration d’un con8it mental qu’il s’a'ira de repérer.

aradoalement pour l’entoura'e et le malade parfois, alors que les

smpt=mes somatiques ont disparu ou se sont améliorés, on peut

 voir des smpt=mes névrotiques apparaPtre pho&ies, traits de

caract0re, an'oisses/, en mme temps. "e patient consulte son

médecin-traitant s’entend dire alors $ c’est dans votre tte que Ia se

passe % ou que $ c’est nerveu % alors que le smpt=me

apparamment est le mme. C’est une ima'e indirecte que des

niveau névrotiques ont pu tre atteints et nous sommes confortés

dans le déroulement de la pschothérapie.

2e nom&reu cas de H'ure de passa'e d’une smptomatolo'ie #

l’autre sont possi&les, suivant d’une faIon plus ou moins serrée ou

plus ou moins intriquée, l’émer'ence et parfois l’éla&oration du

con8it mental. Ainsi en prenant l’eemple de malades atteints d’une

maladie de Cr=hn, au lieu de crises a&dominales ai'us avec tout

leur cort0'e de complications et de dan'ers, quand les

pschothérapies ont permis de reprendre par eemple des con8its de

l’enfance, des identiHcations au parents, le travail d’a&andon et de

deuil, il peut se manifester des smpt=mes di<érents aller'iques

asthme, rhume des foins/ puis hstériques an'oisse, conversion

mme/ et pho&iques pho&ies des ascenseurs ou des 'randes

surfaces par eemple/ souvent intriqués les uns au autres.

Eous avons vu mme, touours lors d’une maladie de Cr=hn,

$ unité de lieu %, le passa'e de crises 'ravissimes de la maladie, #

des épisodes tr0s courts + h/ de diarrhée motrice spasmophilie

di'estive / survenant # des moments con8ictuels.

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ériple en pschosomatique a la lumi0re des smpt=mes

"es divers aspects de la douleur peuvent aussi nous interro'er. "a

sensation de douleur varie &eaucoup d’un malade # l’autre, # lésions

apparemment é'ales : seuil di<érent de la douleur : telle patiente qui

ne s’était quasiment pas plainte d’avoir mal pendant des crises

douloureuses a&dominales avec des lésions pourtant importantes, se

plaindra des années plus tard de dsménorrhées apr0s une

aménorrhée de plusieurs années lors de la 'rande période de

maladie. 5euils di<érents, douleurs di<érentes, attention di<érente #

soi-mme et # sa sou<rance, autant de questions ou de smpt=mes.

Qn peut aussi rappeler cette question importante et non résolue

mme si elle l’est partiellement dans les ulc0res/ : la douleur est elle

touours consécutive # la lésion ou &ien a-t-il auparavant des

phénom0nes de tpes conventionnels éla&orés dont la persistance et

l’importance provoquent la lésion en mme temps que se fait la

désor'anisation

"es questions sont plus nom&reuses dans ces quelques pa'es que

les réponses, cette forme est le re8et de notre moment actuel,

encore que de se poser une question peut tre une é&auche de

réponse. U’esp0re pouvoir répondre mieu plus tard # au moins

quelques-unes des questions que e me suis posées et donc #

continuer # me poser de nouvelles questions.

"a question de 'en0se, de forme, de développement,

d’amélioration, de 'uérison des smpt=mes apparaPt d0s que l’on a #

faire # eu. "’intrication de ce qui est mental et de ce qui est

somatique, est aussi complee et intéressant que ce qui est de la

théorie et de la technique.

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/. T!éorie

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+es processus de somatisation

par . Kart

"’histoire de la médecine montre que la responsa&ilité premi0re

des maladies a, tour # tour été attri&uée selon les époques, soit # des

facteurs eo'0nes qui rendaient l’individu malade, soit # des facteurs

endo'0nes constitutifs d’une personnalité qui se prtait au mal.

"a médecine pschosomatique met avant tout l’accent sur les

facteurs endo'0nes des maladies, s’attachant cependant, au moins, #

préciser les divers temps de la conu'aison des a'ents réputés

eo'0nes avec les multiples éléments fonctionnels internes dont

l’ensem&le hiérarchisé constitue la personnalité, la structure des

malades.

2ans un mouvement parall0le qui nous paraPt avant l’heure

familier, la médecine contemporaine, et spécialement les travau qui

portent sur la 'énétique et sur l’immunolo'ie, tendent # souli'ner la

fréquence d’une complicité patho'0ne entre les facteurs que l’on

considérait surtout comme etérieurs # l’individu, et divers aspects

de la personnalité, de la structure &iolo'ique des malades.

"a médecine pschosomatique dépend de l’éta&lissement

pro'ressif d’une science pschosomatique. Cette science

pschosomatique se fonde # la fois maintenant :

D sur l’o&servation directe des adultes sains et malades,

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2es processus de somatisation

D sur les hpoth0ses, émises a posteriori%  qui concernent le

développement, pendant leur enfance, des adultes sains et malades,

D sur l’o&servation directe des nourrissons et des enfants sains

et malades.

"a science pschosomatique, dont l’ampleur tient # ce qu’elle

contient la pschanalse, dont elle est par ailleurs issue, en'lo&e

aussi les connaissances de la médecine, de la phsiolo'ie, de la

&iolo'ie. Eéanmoins elle insiste d’a&ord sur les particularités

individuelles de structuration évolutive, d’or'anisation économique,

de dnamiques fonctionnelles.

*ien que le point de vue pschosomatique ait touours lieu d’tre,mon proet d’auourd’hui n’envisa'e pas d’a&order certains

pro&l0mes de la patholo'ie et en particulier :

D ceu dans lesquels de lourdes tares con'énitales ont marqué

l’individu # son départ,

D ceu dans lesquels une infestation ou une intoication

massive a imposé tout # coup une char'e écrasante au moens

ha&ituels de défense de l’or'anisme,D ceu enHn oV des traumatismes phsiques ont directement

détruit des sst0mes fonctionnels maeurs.

C’est ainsi le pro&l0me de l’or'anisation, de la désor'anisation et

de la réor'anisation des diverses formes de personnalités qui va

occuper le premier plan de cette étude des processus de

somatisation.

Qn consid0re comme or'anisation, pendant l’enfance, l’état du

développement de l’enfant au moment oV il est eaminé, en tenant

compte au maimum des fonctions en $ pointe évolutive % dans sa

structuration.

Qn hésite naturellement, le plus souvent, # qualiHer l’état

structural d’un enfant, comme a fortiori% celui d’un nourrisson, voire

d’un nouveau-né. Au déterminisme qu’implique la notion de

13

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2es processus de somatisation

structure, chacun préf0re l’espoir, insensé parfois, des innom&ra&les

enrichissements fonctionnels auquels Wuvre le développement.

Cependant, des crit0res dont nous verrons la teneur actuelle se

dé'a'ent pro'ressivement, qui si'nalent certaines tendances

élémentaires, tpiquement structurales et relativement mesura&les,

dans l’or'anisation fonctionnelle et dans le comportement des

nourrissons et des nouveau-nés S3T.

"es raccordements qui ne manqueront pas de s’e<ectuer entre la

nature phsiolo'ique des nouveau-nés, leurs tendances élémentaires,

l’évolution de ces tendances pendant le développement, et les

a&outissements structurau de l’?'e adulte, permettront sans doute

de concevoir, point par point et phase par phase, le r=le des

interactions enfant-entoura'e, et enfant-m0re en particulier, dans

l’évolution fonctionnelle des individus, usqu’# la constitution de leur

structure d’adulte. "es études impliquées permettraient de

comprendre par eemple les diverses formules de vie des

insu<isances d’or'anisation, des névroses, des pschoses, des traits

de caract0re qui accompa'nent ces formules, de leurs composantes

aller'iques, hstériques ou $ anales %. @lles permettraient é'alement

d’envisa'er de mani0re précoce les mesures prophlactiques

convena&les.

"es désor'anisations sont le fait de mouvements contre-évolutifs

qui déstructurent l’individu plus ou moins profondément et plus ou

moins lon'temps.

"es réor'anisations s’éta&lissent sur certains sst0mesfonctionnels complees, dits de ré'ression, qui arrtent les

mouvements contre-évolutifs de désor'anisation. Ces sst0mes de

ré'ression correspondent 'lo&alement # d’autres sst0mes,

é'alement complees, dits de Hation, installés # di<érents niveau

évolutifs pendant le développement du suet au cours de sa

structuration.

1

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2es processus de somatisation

Chaque individu se constitue # la fois selon les pro'rammes

évolutifs 'énérau de sa race et de sa culture, et selon une

succession de particularités évolutives propres. "es pro'rammes

évolutifs 'énérau comprennent des pro'rammes d’acquisitions qui

Hnalement se trouvent plus ou moins réalisés.

Qn peut aussi &ien considérer comme pro'rammes évolutifs

'énérau les 'randes li'nes de la 'énétique, de l’em&rolo'ie et du

développement que, dans un autre ordre de réalités, les $ fantasmes

ori'inaires % dési'nés par Rreud.

"a réalisation des pro'rammes évolutifs 'énérau, qu’il s’a'isse

de 'énétique, d’em&rolo'ie, de développement, ou de $ fantasmes

ori'inaires %, se trouve quelquefois entravée, altérée ou aliénée par

certaines particularités évolutives propres # l’individu.

2es aventures ou des hasards de l’hérédité, de la 'rossesse, de la

naissance, peuvent donner lieu on le sait # des anomalies parfois

irréversi&les de l’or'anisation pschosomatique. 2’autres aventures

ou hasards précoces des interactions avec la m0re, aoutés ou non

au précédents, et ouant principalement sur la qualité des Hations,sont suscepti&les de 'auchir l’évolution élémentaire de l’enfant dans

ses or'anisations fonctionnelles, d’ordre sensorio-moteur, perceptif 

ou di'estif par eemple.

C’est ainsi que dans les névroses de comportement, l’insu<isance

des représentations préconscientes et de leur éla&oration,

insu<isance souvent issue des tpes d’aventures précédemment

si'nalés, conduit l’individu # vivre directement, sans représentationsous-acente, sans autre ima'e que celle de la réalité immédiate, des

événements considérés du dehors comme autant d’epériences des

$ fantasmes ori'inaires %.

our qu’un individu réalise au moment voulu un pro'ramme

évolutif 'énéral, il ne s’a'it donc pas seulement qu’il rencontre les

conditions etérieures propices, il s’a'it aussi qu’il ait dé# acquis,

1(

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2es processus de somatisation

dans son développement, les instruments fonctionnels appropriés #

la réalisation en cause.

"es particularités évolutives propres # l’individu peuvent se

manifester dans :

D la mosa4que premi0re,

D les rassem&lements successifs et la hiérarchisation des

fonctions,

D l’or'anisation mentale, laquelle va souvent témoi'ner de

l’or'anisation 'énérale.

Qn s’intéresse par-dessus tout, en pschosomatique, #

l’or'anisation ha&ituelle et # l’état actuel de la premi0re topique,c’est-#-dire au sst0me >cs.-cs.-Cs. "’or'anisation de la deui0me

topique, c’est-#-dire le sst0me a-Koi-5urmoi, renvoie surtout au

pro&l0mes internes des névroses classiques. @lle n’intéresse

Hnalement la pschosomatique qu’en tant que lieu d’incomplétude ou

de fra'ilité structurale.

 Ue vais # présent circonscrire un certain nom&re de points que e

 viens d’évoquer.

"e nouveau-né représente un 'roupement de fonctions dont la

hiérarchisation ne se trouve assurée que d’une mani0re relative.

"’état du prématuré s’av0re particuli0rement démonstratif de ce que

 ’appelle $ la mosa4que premi0re %. Qn est en e<et o&li'é d’assurer

artiHciellement, chez le prématuré, la &onne marche d’une douzaine

de fonctions. Cela en mme temps, mais séparément pour chaque

fonction. "’autonomie respiratoire sera plus tard témoin de

l’accomplissement d’une premi0re individuation, et permettra de

supprimer les di<érents soutiens fonctionnels auparavant

nécessaires. 2es pro&l0mes identiques se retrouvent chez le

nouveau-né puis chez le nourrisson, qui doivent compter sur leur

m0re ou sur un su&stitut de celle-ci, pour réaliser sans trop de

di<icultés la succession des 'roupements et des hiérarchisations

1)

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2es processus de somatisation

fonctionnelles nécessaires au franchissement, les uns apr0s les

autres, des stades ultérieurs du développement inscrits au

pro'ramme.

2ans ce développement, certaines or'anisations fonctionnelles

ont une évolution relativement courte dans le temps avant

d’atteindre leur maturité : la plupart des or'anisations viscérales par

eemple G d’autres, une évolution plus lon'ue, par eemple la

fonction visuelle dont l’ach0vement se situe vers l’?'e de ( ans, ou

les fonctions motrices et d’équili&ration qui s’ach0vent dans la 1+`

année. 2e toutes, c’est l’évolution des fonctions mentales qui prend

le plus de temps, puisque l’or'anisation terminale idéale D e veu

parler de l’or'anisation 'énitale Wdipienne D ne peut s’instaurer

qu’apr0s la pu&erté G et encore des modiHcations peuvent-elles

intervenir pendant l’adolescence. Ue si'nale tout de suite l’intért,

pour la pschosomatique, des évolutions fonctionnelles lon'ues dont

la li'née mentale est l’eemple le plus représentatif. lus une li'ne

évolutive fonctionnelle est lon'ue dans le temps, plus elle a de

chances d’installer des sst0mes de Hations, lieu ultérieurs de

ré'ressions qui serviront d’autant de paliers d’arrt, puis de

réor'anisation, lors des désor'anisations contre-évolutives.

Qr, il faut savoir que les diverses or'anisations fonctionnelles que

nous venons d’évoquer, et &ien d’autres encore, n’ont pas été l’o&et,

le plus souvent, d’une évolution simple, linéaire, et relativement

indépendante de celles des formations fonctionnelles voisines. @lles

se sont en réalité chevauchées et com&inées entre elles, certes sur le

mod0le du développement classique, celui qui correspond au

pro'rammes 'énérau de la race et de la culture, mais aussi d’une

mani0re personnelle et ori'inale. Cela selon les aléas des rencontres

et avant tout selon les aléas des interactions avec la m0re,

personna'e sur lequel Rain et *raunsch_ei' se sont lon'uement

penchés S1T. Chaque m0re ou son su&stitut, aména'eant et 'érant #

sa mani0re les sst0mes d’ecitations et de pare-ecitations vis-#-vis

1

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2es processus de somatisation

"’essentiel des relations m0re-enfant rel0ve de la conu'aison

permanente des phénom0nes dont nous venons de parler chez

l’enfant, et des phénom0nes encore plus complees qui se produisent

chez la m0re.

"a locution classique qui s’adresse au $ fantasmes de la m0re %

re'roupe en e<et, d’une mani0re qui mérite analse selon les

moments de la vie de la m0re et selon les stades évolutifs de l’enfant,

# la fois des comportements de la m0re presque directement issus

des diverses formations de son inconscient et le fruit de

représentations tr0s diversement éla&orées par elle.

Qn conIoit dans ces conditions la multiplicité inHnie des

structures terminales, &ien qu’on puisse en déHnitive reconnaPtre,

au di<érents niveau évolutifs, des traits communs qui permettent

d’éta&lir une classiHcation noso'raphique communica&le.

our illustrer les aléas des rencontres avec la m0re en fonction

des stades du développement des enfants, e vais donner l’eemple

particuli0rement percepti&le des nanismes pscho'0nes.

Cette forme de nanisme, l’arrt de croissance qui l’installe donc,peut se produire # n’importe quel ?'e entre la naissance et la

pu&erté. "’arrt de croissance est d[ # l’arrt de sécrétion interne de

l’hormone de croissance. "a sécrétion de cette hormone somatotrope

a des pics d’activité prévalents pendant les phases de sommeil lent

de l’enfant. @lle diminue pendant les phases de sommeil paradoal.

"es nanismes pscho'0nes attei'nent des enfants dont les conditions

d’environnement familial sont hautement patho'0nes, voisines, sinonanalo'ues, # celles qui entourent les enfants victimes de sévices

corporels. "e nanisme pscho'0ne est en e<et caractérisé de

mani0re 'énérale :

D 2u point de vue de l’environnement, par la permanence des

ecitations traumatiques, par leur violence, par le reet de l’enfant.

19

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2es processus de somatisation

D 2u point de vue de la personnalité, par un état de mauvaise

or'anisation 'énérale, pscho-a<ective en particulier. >l s’a'it avant

l’heure de névroses de comportement.

D 2u point de vue du sommeil, par des trou&les 'raves de

l’or'anisation hpnique portant aussi &ien sur le sommeil paradoal

que sur le sommeil lent. Qn trouve fréquemment des conduites de

déam&ulations nocturnes.

Cependant, l’arrt de croissance se produit en un moment donné,

di<érent d’un enfant # l’autre. ]reisler, # qui e dois non seulement

ces rensei'nements mais aussi &eaucoup de mon instruction

pédiatrique, a remarqué que le nanisme pscho'0ne se produisait

 ustement au moment oV la m0re, peut-tre en raison d’un état ou

d’un niveau de développement de l’enfant particuli0rement

insupporta&le pour elle, était devenue spécialement haineuse #

l’é'ard de celui-ci. Au autres moments du développement, la

situation etérieure, &ien que 'lo&alement la mme, n’avait pas eu

l’e<et d’un traumatisme désor'anisateur.

Fne derni0re caractéristique des nanismes pscho'0nes : saréversi&ilité si l’on soustrait l’enfant au conditions défavora&les

dans lesquelles il s’est déclenché. @n e<et, et ceci ouvre encore # de

nouvelles interro'ations, l’enfant en question, lorsqu’il est placé

dans un milieu convena&le, aima&le et cependant étran'er, reprend

immédiatement sa croissance, et rattrape mme souvent et

rapidement la taille due # son ?'e.

>l est évidemment nécessaire, pour approfondir les divers champsde cet immense domaine évolutif # peine défriché, et dont les

compleités individuelles ne sont sans doute pas toutes envisa'ées

actuellement, que les di<érentes sciences humaines confrontent et

relient pro'ressivement entre eu leurs travau. Qn se heurte

cependant ici au phénom0ne de la spécialisation scientiHque, comme

# la peine qu’éprouve chacun # dé&order de ses vocations.

16!

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2es processus de somatisation

@n ce qui nous concerne, ’ai si'nalé que la science

pschosomatique, dans son aspect le plus lar'e, était issue de la

pschanalse. Ainsi nous intéressons-nous &eaucoup # la constitution

du préconscient, espace périlleu et décisif du développement de

l’appareil mental.

"e préconscient constitue une pi0ce maPtresse de la théorie

comme de la clinique pschosomatique.

2ans la théorie, le préconscient représente un lieu de onctions

fonctionnelles d’ordres des plus di<érents, qui s’e<ectuent pendant

le développement, ainsi qu’un réservoir dont les contenus sont plus

ou moins prts # aeurer la conscience. >l se manifeste en

particulier comme lieu de onction entre la sensorio-motricité qui

met en place les représentations de choses, et les lan'a'es qui

installent les représentations de mots.

"e préconscient est aussi un mode tr0s stratiHé, dont les couches

profondes touchent # l’inconscient, au instincts, au pulsions, au

soma, et dont les couches supérieures reoi'nent Hnalement la

conscience+."a qualité du préconscient dépend # la fois de l’épaisseur

d’ensem&le de ses stratiHcations, de la mo&ilité intérieure des

formes de représentations qu’il assure entre ses di<érentes couches,

de la permanence enHn de son fonctionnement.

2ans la clinique, la qualité fonctionnelle du préconscient

rensei'ne # chaque eamen des suets sur la présence, l’a&sence, la

disparition ou le retour de la hiérarchisation fonctionnelle pluslar'ement pschosomatique de ces suets. @lle en est le témoin.

arfois faut-il tre attentif, d’un our # l’autre, au variations de cette

qualité. @ncore convient-il de se méHer de l’erreur que peut

introduire l’e<et ranimant sur le préconscient des suets, de leur

relation immédiate avec l’interlocuteur3.

 Ue vais maintenant faire quelques remarques :

161

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2es processus de somatisation

*2 >l faut savoir que de nom&reu individus, sans doute plus d’un

quart de notre population occidentale, n’ont pas une or'anisation

convena&le de leur premier sst0me topique : >cs.-cs.-Cs. ar

conséquence, ils n’ont pas une or'anisation convena&le de leur Koi.

C’est dire que ces individus qui constituent le 'roupe des $ névroses

de comportement %, appellation maintenant passée dans le

 voca&ulaire de la pscholo'ie et de la pschanalse, ne peuvent

aucunement éla&orer les quelques représentations qui parfois

émer'ent chez eu. Qn considérera en particulier leur impossi&ilité

de mise # distance des événements D ils sont soumis # la réalité

immédiate des pertes de leurs o&ets sans possi&ilités d’en faire le

deuil D, et la fra'ilité de leur homéostase, sans possi&ilités

ré'ressives d’ordre mental.

 F2  "a plupart des 'ens considérés comme $ normau %

poss0dent une or'anisation mentale souple, mais fra'ile. @lle est

souple en ce qu’elle s’adapte le plus souvent au divers tpes

d’événements etérieurs. @lle est fra'ile en ce que cependant,

certains de ces événements etérieurs, de ce fait traumatisants,

désor'anisent et interrompent plus ou moins lon'temps le

fonctionnement de leur appareil préconscient. Fne telle

désor'anisation ne donne pas lieu # une quelconque maladie mentale

au aspects smptomatiques marqués. @lle donne seulement lieu #

une dépression, &aisse du tonus vital sans plus, vérita&le dépression

essentielle. Celle-ci ouvre la porte au désor'anisations somatiques

qui constituent le prolon'ement de la désor'anisation mentale.

5eules, en e<et, les patholo'ies mentales sstématisées et

soutenues, qu’elles soient d’ordre névrotique ou pschotique,

résistent dans la r0'le au désor'anisations somatiques.

I2  "’évolution mentale, nous l’avons dit, s’éta&lit en partie sur

des dnamismes somatiques individuels innés, puis modiHés avec la

m0re. Eous avons cité ceu que représentait la sensorio-motricité.

2’autres assises fonctionnelles eistent sans doute, d’ordre

16+

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2es processus de somatisation

immunolo'ique par eemple, qui sont suscepti&les d’apporter de

nouvelles particularités # la construction mentale. U’en veu pour

témoin les caractéristiques personnelles de certains suets que ’ai

décrits en 19(, et qui sont auourd’hui reconnus comme

$ aller'iques essentiels %.

 W2  "orsque les onctions fonctionnelles ne s’e<ectuent pas au

moment opportun dans l’harmonie de l’évolution individuelle et du

développement, un défaut fondamental s’inscrit dans la personnalité.

2es sst0mes de $ rattrapa'e % se mettent alors le plus souvent en

place, qui tendent # esquiver le défaut, # permettre # l’ensem&le de

la personnalité de dépasser le manque. 5eul un eamen approfondi

de cette personnalité, # l’occasion de quelque maladie somatique

souvent, permet alors d’identiHer le défaut initial. C’est ainsi qu’une

insu<isance visuelle, en rapport avec une vision monoculaire de

touours, peut tre apparemment dépassée par une compensation

auditive, pour une appréciation spatiale ha&ituelle de la profondeur.

Kais souvent le défaut ori'inel demeure au niveau des

représentations. C’est ainsi, par ailleurs, que des personnalités

apparemment tr0s riches cachent parfois, 'r?ce # un intellectualisme

développé, une insu<isance des relations avec leur propre

inconscient. Kais cette insu<isance est nota&le lors d’un eamen

approfondi.

G2  2’une mani0re 'énérale :

 La forme des somatisations dépend :

D de l’hérédité,D de la con'énitalité vie intra-utérine et naissance/,

D du passé pschosomatique,

D dans l’actualité, d’a'ents etérieurs eceptionnellement dotés

eu-mmes d’un poids considéra&le/.

 Le déclenchement et l’entretien des somatisations, ré'uli0rement

en rapport avec la rupture d’investissements a<ectifs importants

163

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2es processus de somatisation

pour l’individu en cause, dépendent de déséquili&res économiques de

divers ordres homéos-tatiques immunolo'iques par eemple/.

"a rupture de ces investissements conduit rapidement # la

patholo'ie somatique dans les névroses de comportement, en raison

de l’insu<isance de l’or'anisation préconsciente des suets. @lle

provoque d’a&ord une désor'anisation mentale dépression

essentielle/ dans les névroses de caract0re dont le fonctionnement

mental est fra'ile.

"orsqu’aucun sst0me ré'ressif d’ordre mental ou d’ordre

somatique qui tous deu donnent lieu # des manifestations

patholo'iques/ ne pare # la désor'anisation, celle-ci se poursuit

dan'ereusement dans le domaine somatique. >l s’a'it alors d’une

désor'anisation pro'ressive constituée d’une succession de

dissociations et d’anarchisations fonctionnelles.

V2  Fne maladie somatique déterminée, répondant # la

noso'raphie médicale classique un asthme &ronchique, par

eemple/ peut se présenter dans des conditions économiques

di<érentes d’un individu # l’autre, parfois di<érentes aussi chez unmme suet selon les moments. "a connaissance de la structure d’un

suet ainsi que l’appréciation des variations actuelles de cette

structure, sont nécessaires # chaque instant pour fonder un

dia'nostic, pour estimer un pronostic, pour décider d’une

thérapeutique.

,2  U’ai dit que la qualité du préconscient était un témoin de la

santé somatique des suets. >l faut que ’aoute que certainesmaladies présentent un déroulement, une évolution qui leur sont

propres, mme si le préconscient du patient D supposé défaillant

lors du dé&ut de la maladie D s’est réta&li spontanément ou 'r?ce #

la pschothérapie, pendant la maladie. A ce suet, # l’B=pital de la

oterne des eupliers, nous posons les premiers alons dans le &ut

d’évaluer les di<érents délais qui concernent les rapports entre les

traumatismes désor'anisateurs du préconscient et le déclenchement

16

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2es processus de somatisation

ré'ressions, partielles et profondes qui, touours liées # des a<ects,

parfois # des a<ects déterminés pour un individu donné, reoi'nent

des fonctionnements anciens, voire archa4ques de l’onto'en0se, voire

mme des fonctionnements que l’on retrouve dans le r0'ne animal. >l

s’a'it de l’epression somatique d’émois divers de l’inconscient. "es

pédiatres ont l’ha&itude de constater # tous les ?'es des réponses

automatiques de cet ordre. 2eu eemples de telles manifestations

se rencontrent fréquemment chez l’adulte : des hpertonies

musculaires striées, des diarrhées &anales.

"es hypertonies musculaires% d’une intensité souvent iné'ale d’un

suet # l’autre, mais suscepti&les d’atteindre le stade de

contractures, peuvent tre considérées # l’ori'ine comme la

préparation # un e<ort phsique qui ne s’accomplit pas. arfois les

hpertonies musculaires, particuli0rement sensi&les en raison des

manifestations al'iques qui les si'nalent au niveau du rachis en

particulier/ deviennent un vérita&le si'nal d’alarme, presque au

mme titre que certaines an'oisses. arfois, la représentation des

con8its qui les déclenche, et son éla&oration mme, atténue ces

hpertonies. @lle ne les supprime pas touours pour autant. "es

hpertonies musculaires et les varia&les de leur cort0'e

smptomatique représentent l’un des sndromes les plus répandus

de la clinique.

Certaines diarrhées  accompa'nent immanqua&lement, chez

quelques personnes, des a<ects plus ou moins précis qui tiennent de

la peur. 2e tels trou&les, presque ré8ees, qui ne concernent

cependant que des individus déterminés, peuvent d’ailleurs servir,

dans certains cas, de support # des constructions patholo'iques

ultérieures plus complees, dans lesquelles la patholo'ie en cause,

intriquée # l’évolution mentale, survient # l’occasion de con8its

représenta&les, # des colites spasmodiques par eemple. "# encore,

l’éla&oration des con8its ne supprime pas forcément l’impulsion

diarrhéique initiale.

16)

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2es processus de somatisation

@ntre les ré'ressions 'lo&ales et les ré'ressions partielles, toutes

les formules intermédiaires peuvent se rencontrer puisque l’aspect

'lo&al ou partiel des ré'ressions dépend en déHnitive de la part que

prend la li'née somatique en cause dans l’évolution mentale. Cette

part est quelquefois importante, quelquefois nulle.

 Avant de donner un eemple des di<érences possi&les d’une

participation somatique # l’or'anisation mentale, e tiens # souli'ner

le dou&le intért de la distinction entre ré'ressions 'lo&ales et

ré'ressions partielles.

"e premier intért de la distinction concerne le dia'nostic dont

dépend la forme immédiate de la thérapeutique.

"e second intért de la distinction concerne la recherche, laquelle

met # our pro'ressivement les diverses modalités qualitatives et

quantitatives des onctions fonctionnelles dans la construction

individuelle. Ces diverses modalités de onctions se trouvent sans

doute liées au mises en place di<érentes des sst0mes de Hations.

Qn peut trouver des eemples montrant la diversité des

participations d’une or'anisation fonctionnelle somatique # laconstruction mentale dans de nom&reu domaines, et

particuli0rement ceu de di<érents secteurs sensoriels et moteurs,

ceu aussi de la 'énitalité, ou des parties haute et &asse du tu&e

di'estif qui ont viscéralement participé # l’or'anisation des zones

éro'0nes. Ue 'arde l’eemple de l’aller'ie, l’un des secteurs les plus

anciennement connus du domaine immunolo'ique. U’ai parlé dans

mes ouvra'es de $ li'nes latérales % lorsque les li'nes évolutivessomatiques ne participent pas pleinement # l’évolution mentale, et

de $ li'nes parall0les % lorsqu’elles n’ participent pas du tout.

"e maimum smptomatique apprécia&le dans l’or'anisation

mentale des aller'iques est composé :

D Au environs de 6 mois, de l’a&sence d’an'oisse # la vue d’un

 visa'e étran'er # celui de la m0re.

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2es processus de somatisation

@t plus tard, prenant valeur # partir de la période de latence :

D 2’une 'rande et permanente familiarité des suets avec leur

processus primaire.

D 2’une indistinction entre soi et les autres auquels les suetss’intéressent a<ectivement. Cette indistinction, et la familiarité avec

le processus primaire, donnent parfois au suets une étonnante

faculté d’empathie.

D 2’une 'rande facilité d’éta&lir des relations avec les humains

en particulier, mais aussi avec les animau, les plantes, les o&ets

inanimés.

D 2’une 'rande aptitude # remplacer l’investissement d’uno&et par celui d’un autre o&et, quelles que soient les qualités, fort

di<érentes pour les étran'ers, des o&ets successivement investis.

D 2’une a&sence d’a'ression envers les autres. 5eule une

séparation rapide du suet avec les o&ets primitivement investis a

lieu lorsque ces o&ets primitivement investis se montrent par trop,

et trop lon'temps, di<érents du suet.

D 2’une esp0ce de représentation, que l’on pourrait ima'inercomme celle de la m0re idéale, dont les qualités sont attri&uées #

n’importe quel o&et investi.

D 2’une mani0re de vivre oV l’on s’occupe des autres qui sont

considérés comme des tres chers, mais qui s’av0rent néanmoins

interchan'ea&les.

2e ces caractéristiques découlent des traumatismes particuliers

au aller'iques essentiels, dont le plus spéciHque est celui de la

désor'anisation des suets devant l’incompati&ilité ouverte et

prolon'ée entre deu o&ets é'alement investis a<ectivement.

Qr, on peut ne rencontrer que tr0s partiellement ces traits du

caract0re aller'ique, traits directs d’une or'anisation profonde, qui

ne rentrent pas dans la caté'orie des contre-investissements.

166

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2es processus de somatisation

Qn peut, par eemple, ne trouver chez certains aller'iques que

l’indis-tinction de soi et des autres, alors qu’il n’eiste 'u0re de

proimité ha&ituelle avec le processus primaire. Qn peut aussi ne

rencontrer que l’incompati&ilité traumatisante entre deu o&ets

é'alement investis, alors que les o&ets ne s’av0rent nullement

interchan'ea&les.

Qn a tout lieu alors de supposer que la participation de la li'née

évolutive aller'ique # l’évolution mentale s’est e<ectuée, au 'ré des

Hations, d’une mani0re di<érente et plus ou moins puissamment

selon les individus. Qn a&orde ainsi l’un des o&ets de la recherche.

"ors des traumatismes a<ectifs chez les suets puissamment

alimentés par la li'ne évolutive aller'ique, les ré'ressions seront

'lo&ales, autant mentales que somatiques, et comporteront # coup

s[r une smptomatolo'ie somatique, un asthme &ronchique par

eemple. 2e cet asthme, le malade sortira du fait de l’utilisation des

mécanismes de défense spéciHques qu’il poss0de et que e viens de

si'naler.

"ors des traumatismes a<ectifs chez les suets dont l’évolutionmentale a été marquée, de mani0re relative seulement, par la li'née

aller'ique il s’a'it alors le plus souvent de névroses de caract0re

hstéropho&ique/, les ré'ressions ne s’e<ectueront que

partiellement au niveau somatique, et partiellement aussi au niveau

mental, sans correspondance touours nota&le entre les deu ordres

de manifestations. "’asthme &ronchique dans ces cas ne se

présentera pas automatiquement # chaque traumatisme désor'anisa-

teur. "’incertitude de la réponse asthmatique sera plus 'rande que

dans l’eemple précédent, ce qui ne si'niHera pas que la maladie soit

plus lé'0re. 2e cet asthme en e<et, le malade se dé'a'era parfois

moins facilement, du fait de la marque produite par une situation

traumatisante en rapport avec son or'anisation névrotique.

5i'nalons # ce suet que l’étude analtique de l’évolution d’un

asthme pendant la pschothérapie d’enfants qui ne présentent pas

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2es processus de somatisation

une or'anisation aller'ique essentielle 8a'rante, o<re touours

&eaucoup d’intért.

Eous savons aussi que les réponses par une smptomatolo'ie

somatique d’ordre aller'ique peuvent parfois correspondre au seul

ec0s d’aller'0nes, sans qu’un en'a'ement a<ectif des suets soit en

 eu. C’est alors la cessation d’une ecitation produite par les

aller'0nes qui verra le malade se dé&aras-ser de la smptomatolo'ie

somatique.

 Ue ne saurais a&andonner ce schéma des ré'ressions qui

comportent une participation somatique sans dire quelques mots des

conversions hystériques.  >l s’a'it de ré'ressions partielles dans la

mesure oV l’apparition des smpt=mes de conversion D une

paralsie de fonctions aant eu antérieurement une valeur éro'0ne,

par eemple D ne modiHe que partiellement l’or'anisation mentale

des individus. 5i les représentations refoulées, qui sous-tendent de

mani0re précise le smpt=me, constituent en e<et une zone muette,

le reste du fonctionnement mental demeure la plupart du temps

convena&le, et ne se trouve pas forcément en état de ré'ression.

2ans les meilleurs cas D spontanément ou 'r?ce # la pschothérapie

D l’émer'ence préconsciente, puis consciente 'r?ce # la

 ver&alisation des représentations refoulées, voit disparaPtre la

smptomatolo'ie somatique, sm&olique et ré'ressive.

>l sem&le que les conversions s’ins0rent dans une chaPne évolutive

de Hations &eaucoup plus vaste qu’on ne la consid0re souvent. Qn

ne met en 'énéral en avant que deu stades, il est vrai fascinants, de

cette chaPne : le smpt=me sans doute le plus profondément situé,

ré'ressivement/ et la représentation refoulée. "’epérience tend #

montrer que le smpt=me comme la représentation sont

surdéterminés, ce qui reoint la conception freudienne des

conversions mais qui ternit le presti'e du fameu $ saut du

pschisme dans l’innervation somatique %, l’ensem&le conversionnel

trouvant ses sources disséminées sur un lon' temps de l’évolution du

19!

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2es processus de somatisation

suet. "es phénom0nes en cause correspondent # mon sens au 'el

électif de moments de pro'rammations liés # la seualité infantile,

'el caractéristique des structurations hstériques.

 U’ai parlé précédemment d’hpertonies musculaires striées ou

lisses. Celles-ci poss0dent une valeur sm&olique de par leur liaison

# des a<ects. "eur eemple est suscepti&le de servir de mod0les

premiers # ce qu’on peut qualiHer de $ conversions pré'énitales %.

2e tels phénom0nes peuvent marquer le dé&ut de chaPnes de

Hations qui donne un our lieu # des conversions classiques, les

représentations refoulées reoi'nant dans l’inconscient D et l’on

trouve l# un e<et des condensations D les formations et les

epressions plus primitives, plus $ nucléaires % de celui-ci.

"es désor'anisations pro'ressives, dont le dia'nostic, le pronostic

et la thérapeutique sont pour une maladie donnée tr0s di<érents de

ceu des ré'ressions, ont pour caractéristique commune de ne pas

 voir su<isamment s’arrter le vaste mouvement contre-évolutif qui

les sous-tend. Eous savons que seuls, des mécanismes ré'ressifs

mentau ou somatiques seraient suscepti&les de provoquer l’arrt de

ce mouvement.

"’a&sence de mécanismes ré'ressifs au niveau mental, et

l’a&sence conointe de fonctionnement du préconscient, rendent

compte de la dépression essentielle et de la vie opératoire des suets.

 U’ai souvent et lon'uement décrit ces éléments essentiels du

dia'nostic. Ue ne vais pas revenir sur eu.

"es désor'anisations pro'ressives en'a'ent théoriquement unmorcellement et une anarchisation de fonctions de plus en plus

archa4ques, le processus de désor'anisation se déroulant # l’inverse

de celui de l’évolution, constitué de 'roupements et de

hiérarchisations fonctionnels successifs.

@n réalité, dans la plupart des cas, le processus de

désor'anisation se présente de mani0re chaque fois ori'inale.

191

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2es processus de somatisation

immunolo'iques concernées. Qr la dépression essentielle et la vie

opératoire peuvent avoir disparu au moment du dia'nostic du

cancer. Celui-ci, dans une certaine mesure, poursuit une évolution

autonome qui n’est pas soumise immédiatement au modiHcations

favora&les du dnamisme préconscient des suets.

2e cet ensem&le qui s’adresse au désor'anisations pro'ressives,

ressort la nécessité d’avoir recours au pschothérapies qui seules,

en dehors de hasards de la vie, peuvent mettre un terme au

épisodes de dépression essentielle. >l en ressort aussi la nécessité

d’avoir recours # ces pschothérapies, mme en l’a&sence d’une

smptomatolo'ie somatique.

*ien entendu, dans tous les cas de désor'anisation pro'ressive,

lorsqu’une smptomatolo'ie somatique a été mise # our, les

pschothérapies ne peuvent qu’accompa'ner les thérapeutiques

médico-chirur'icales appropriées. @lles se doivent cependant

d’accompa'ner ces derni0res le plus rapidement possi&le G elles se

doivent é'alement de leur succéder et de prendre alors la premi0re

place dans les traitements.

2e toute mani0re, la vi'ilance du pschothérapeute # l’é'ard d’un

patient qui a été touché par une dépression essentielle doit tre

maintenue, surtout lorsqu’une maladie somatique a eu lieu, mme si

le malade s’est trouvé dé&arrassé de sa maladie.

 U’ai présenté quelques li'nes de ma pensée, issues de mon

epérience et de l’epérience de ceu qui m’ont entouré ou qui

m’entourent.Qn connaPt peu de choses de la pschosomatique. Eotre travail de

pschothérapeute est ainsi souvent empirique, découlant du principe

selon lequel les meilleures défenses or'aniques vont de pair avec le

meilleur fonctionnement préconscient des malades impliqués,

quelles que soient les maladies, quel que soit l’état des malades.

"’approfondissement des connaissances sémiolo'iques, cliniques

et théoriques, est touours nécessaire # la mise au point des

193

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2es processus de somatisation

techniques thérapeutiques, ustes répliques au processus de

somatisation.

ibliograp!ie

S1T *raunsch_ei' 2., Rain K. D La nuit X le !our% .F.R., 19(.

S+T Cramer *. D 7uoi de neuf *é&é  La dynamique du

nourrisson. @d. @.5.R., 196+.

S3T ]reisler ". D  L’enfant du désordre psychosomatique. riv?t,

1961.

ST Kart . D  Les mouvements individuels de vie et de mort%

;ome 1. aot, aris, 19).  L’ordre psychosomatique. Lesmouvements individuels de vie et de mort% ;ome >>. aot, aris,

196!.

 4rticles critiques ;

Rain K. D Nne conqu6te de la psychanalyse ;  les mouvements

individuels de vie et de mort. /..'.% WR% 1-((, 19).

Rain K. D Ners une conception pschosomatique de l’inconscient.

 /..'.% WG% +61-+9+, 1961.

Jouart U. D "’ordre pschosomatique. /..'.% WG% 1-+, 1961.

19

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sychosomatique et psychanalyse

ar 2. *raunsch_ei'

 A ma connaissance, l’appareil théorique de la pschosomatique,

tel que le conIoit Kart, soul0ve fréquemment chez les

pschanalstes des di<icultés de compréhension. A lire ses livres, ’ai

moi-mme ressenti un respect et une admiration certains pour sa

recherche o&stinée et vi'ilante d’une théorisation quasi-ehaustive

apte # rendre compte d’une lon'ue epérience d’o&servation et de

traitement des maladies dites pschosomatiques. Ue n’ai amais

douté, &ien au contraire, de l’e<icacité thérapeutique de sa pratiqueni de celle qu’il ensei'ne. Eéanmoins, en dépit de ce respect et de

cette conHance, auquels s’aoute &eaucoup d’amitié, ’éprouve # le

lire un malaise, sans doute parta'é par plus d’un, dont ’ai mis

lon'temps, l’en'a'ement a<ectif ouant # l’évidence son r=le, # me

préciser un certain nom&re de motifs. 2ans les dé&uts, sensi&le # la

conviction qui impr0'ne ses écrits, e me disais seulement que Kart

construisait un édiHce eplicatif # partir d’une patholo'ie qui m’étaitétran'0re et qu’il connaissait parfaitement et que e n’avais qu’# le

croire sur parole, d’autant plus qu’il avait pris le plus 'rand soin de

témoi'ner en toute occasion d’une Hdélité en apparence du moins

inattaqua&le, au corpus théorique freudien. C’est pourquoi e suis

reconnaissante # Kart d’avoir fait di<user en perspective de la

 ournée d’études 1963 de l’>nstitut de pschosomatique, un tete

 qui résume succinctement ses idées et ses positions, et qui se prte

19(

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schosomatique et pschanalse

ainsi plus clairement # la mise en lumi0re de ce qui cause mon

malaise,

c’est-#-dire un 'lissement, voire quelquefois un dérapa'e, plut=t

qu’une su&version, de concepts communément utilisés dans la

théorie pschanaltique. Kon eposé s’annonce donc comme

critique. U’esp0re que Kart ne m’en tiendra pas ri'ueur et qu’il

s’ensuivra une discussion féconde permettant # notre auteur de se

faire mieu comprendre.

Fne remarque liminaire s’impose : l’évolution de la pensée de

Rreud, disons pour Her des limites commodes entre 1911 et 19+),

pensée sensi&le au aléas de la di<usion et des déviations, mais aussi

au enrichissements apportées par des adeptes, n’est pas eempte

d’incohérence. Ce fait représente pour ses successeurs # la fois une

sérieuse di<iculté, une 'rande ouverture, et aussi quantité de

possi&ilités de se mettre # poursuivre une li'ne de pensée # partir

d’un état ponctuel de la théorie dans l’Wuvre de Rreud, en

méconnaissant les tenants et les a&outissants historiques de tel ou

tel moment de son éla&oration. Ainsi le passa'e, pour ne pas dire la

&ascule, d’une topique # l’autre, aurait &esoin me sem&le-t-il d’tre

mieu compris avant que nous puissions suivre Kart dans l’usa'e

conceptuel qu’il en fait. Ue le cite : $ Qn s’intéressera par dessus tout,

en pschosomatique, # l’or'anisation ha&ituelle de la premi0re

topique, c’est-#-dire au sst0me >cs.cs.Cs. "’or'anisation de la

deui0me topique, c’est-#-dire le sst0me a-Koi-5urmoi, renvoie

surtout au pro&l0mes des névroses classiques. @lle n’intéresse la

pschosomatique qu’en tant que lieu d’incomplétude ou de fra'ilité

structurale. % Noil# dé# de quoi porter le trou&le dans l’esprit d’un

pschanalste $ classique % ha&itué # considérer la seconde topique

comme alourdie de toute la pesée du &iolo'ique contenu dans le a,

source des pulsions non seulement de vie mais aussi de mort.

"a 'rande découverte de la pschanalse, celle que Rreud tentera

sa vie durant de sauve'arder en dépit de nom&reuses résistances,

19)

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schosomatique et pschanalse

c’est celle de l’étiolo'ie seuelle, pscho'0ne, des maladies

mentales. 5a premi0re topique qui dési'ne des sst0mes purement

pschiques lui a permis pendant plusieurs années de rendre compte

des mécanismes de la névrose, surtout hstérique, de l’interprétation

des rves, des actes smptomatiques, et mme des névroses

actuelles neurasthénie et névrose d’an'oisse/ qui s’accompa'nent

de trou&les somatiques G enHn, cette conceptualisation premi0re n’a

pas été mise en défaut par l’etension de la théorie seuelle # la

seualité infantile dont les retours du refoulé se retrouvent

immanqua&lement liés # des reetons d’époques plus récentes dans

les smpt=mes comme dans les rves. Cependant, les années

passant, la pratique de Rreud se multiplie en se diversiHant et ses

idées se répandent. 2eu ordres de faits vont l’amener # formuler

des concepts théoriques complémentaires. 2’une part il est

confronté # des cas de patholo'ie plus 'rave certaines névroses

o&sessionnelles par eemple/, d’autre part, quelques adeptes, Adler

et Uun' en particulier, cherchent # recentrer sur le Koi, représentant

des fonctions d’adaptation # la réalité, l’intért déplacé par Rreud

sur le refoulement de la seualité, c’est-#-dire sur l’inconscient.

Jésolu # conserver l’ori'inalité comme la spéciHcité de la

pschanalse, c’est-#-dire le seuel le pschoseuel/ comme

or'anisateur, par le con8it pschique qu’il suscite et entretient, du

fonctionnement mental, il sera peu # peu conduit, via l’introduction

du narcissisme et des identiHcations qui en dépendent, ainsi que la

spéculation sur la pulsion de mort, # redistri&uer les instances de

l’appareil pschique selon les termes de la seconde topique : a-Koi-

5urmoi. our résumer mon em&arras devant l’usa'e conceptuel fait

par Kart des deu topiques freudiennes, e dirai que si la seconde

apparaPt # une époque tardive dans l’éla&oration théorique de Rreud,

ce n’est pas pour autant qu’elle me sem&le plus évoluée dans le

développement de l’individu, elle cherche au contraire # rendre

compte de patholo'ies plus ré'ressives névrose o&sessionnelle

'rave, mélancolie, pschose/. "’équivoque tient # ce qu’elle isole de

19

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schosomatique et pschanalse

éro'0ne. "’auto-érotisme se développe par coecitation li&idinale et

dans une opposition, au moins relative, avec le pro'r0s des fonctions.

Cette opposition devient manifeste quand la seualisation d’une

fonction en trou&le l’eercice cf. Rreud : un trou&le pscho'énétique

de la vision/. 20s 1699 Rreud écrit : $ réalité-réalisation

hallucinatoire d’un désir, telle est la paire contrastée d’oV émane

notre pschisme % et aussi : $ ce sont des epériences &iolo'iques

défenses primaires/ qui entravent 'énéralement le processus

primaire %.

Certes, on reproche souvent # Rreud le solipsisme de ses

premi0res conceptualisations. @lles n’en sont pas invalidées pour

autant et il ne les a pas reniées, il les a complétées ainsi que

d’autres apr0s lui/ en inventant de nouveau concepts : ceu du a,

du Koi, du 5urmoi, par eemple, ne redou&lent pas ceu des

sst0mes inconscient, préconscient, et perception-conscience, ils

représentent une autre mani0re, plus totalisante, de penser

l’appareil pschique. 2ans L’interprétation des r6ves chapitre sur la

pscholo'ie du rve/ l’eistence du sst0me préconscient est déduite

de la mise en évidence des désirs et des modes d’activité du sst0me

inconscient : $ Eous avons vu qu’il nous était impossi&le d’epliquer

la formation du rve, si nous ne voulions pas admettre déli&érément

deu instances pschiques dont l’une soumet l’activité de l’autre # sa

critique, ce qui a pour conséquence de lui interdire l’acc0s # la

conscience. % Rreud accompa'ne sa démonstration d’un premier

schéma de l’appareil selon lequel, au cours de la vie éveillée, le traet

de l’ecitation parvient au préconscient char'é de contr=ler l’acc0s #

la motilité.

 Ainsi dans les premi0res années, en ce qui concerne la névrose

surtout hstérique/ et le rve, phénom0ne normal, ainsi que la

pschopatholo'ie de la vie quotidienne et le mot d’esprit, Rreud n’a

&esoin d’identiHer comme termes de l’opposition intersstémique

que le refoulé d’une part primaire et secondaire, surtout secondaire

199

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schosomatique et pschanalse

au dé&ut de ses travau/, c’est-#-dire l’inconscient, mémoire du

seuel infantile qui cherche le chemin de la conscience, et le

refoulant d’autre part : sst0me préconscient et perception-

conscience, le premier des deu surtout étant porteur des contre-

investissements. Ce refoulant, encore trop peu distancié par lui de la

pscholo'ie traditionnelle de l’époque, ne l’intéresse pas encore

&eaucoup. "es smpt=mes, dit-il cependant, ne peuvent éclore que

s’ils conoi'nent # une réalisation de désir inconscient traitée par

les processus primaires de l’inconscient/ la satisfaction d’un contre-

investissement préconscient. 2ans le rve, c’est le désir de dormir

conscient-préconscient/ qui, sous la surveillance de la censure,

permet # une hallucination de désir inconscient, travaillée, de

parvenir # la conscience.

Ce n’est que 1( ans apr0s  L’interprétation des r6ves

Kétapscholo'ie de 191(/ et un an apr0s l’introduction du

narcissisme dans la théorie que Rreud assi'nera au préconscient le

lieu de la liaison des représentations de mots avec les

représentations de choses lesquelles eistent seules dans

l’inconscient/. >l conservera cependant la notion de &arri0res qui

limitent le sst0me préconscient # la fois du c=té de l’inconscient et

du c=té de la conscience, ainsi que celle de ses activités de contre-

investissement. our toutes ces raisons historiques, le concept de

sst0me préconscient reste lié dans la théorie freudienne # l’idée

d’une mentalisation tr0s riche.

Cela eplique pourquoi l’emploi que Kart propose de ce concept,

# propos de patients qu’il décrit lui-mme comme mal mentalisés,

peut sem&ler surprenant # des pschanalstes alors mme qu’il se

rév0le utile dans sa pratique. @n fait, ce qui &rouille les idées c’est

que le préconscient de Kart est di<érent de celui de Rreud, et que

Kart ne le précise pas. $ 2ans la théorie, dit-il, le préconscient

représente le carrefour d’une onction entre deu sst0mes

considéra&les. Celui de la sensorio-motricité qui met en place les

+!!

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schosomatique et pschanalse

représentations de choses accompa'nées des a<ects qui les ont

marquées/ G celui des lan'a'es et des a<ects qui les ont marqués

sm&oliques de communication avec les autres comme avec soi-

mme, &ases de la pensée/, e parle l# des représentations de mots. %

7ue faire alors en restant dans les termes de la premi0re topique, de

l’idée de Rreud selon laquelle les a<ects, séparés des représentations

au cours de l’acte pschique de refoulement, sont # la qute de

nouvelles représentations @t que deviennent les censures veillant

au portes du préconscient si, de sst0me interposé au sens fort/, il

se mue en sst0me de onction @t si l’inconscient s’élar'it usqu’#

tre le sst0me de la sensorio-motricité mme s’il met en place les

représentations de choses accompa'nées des a<ects qui les ont

marquées/, qu’en est-il de sa spéciHcité comme lieu du refoulement

de la seualité infantile des auto-érotismes/ 7u’en est-il de l’envoi,

soumis # allers, retours et remaniements des reetons de ce refoulé

dans le préconscient @t oV, comment se di<érencie le $ pscho-

seuel %, propre # l’tre humain et de premi0re importance pour

l’équili&re psché-soma

 Ue sais que Kart pense ne rien né'li'er de ces aspects et e ne

mets en question ici ni vraiment sa théorie, ni son ensei'nement,

mais sa terminolo'ie empruntée # la pschanalse et qui entretient

des malentendus. Ue 'arderai pourtant ce mode d’epression, faute

d’en trouver un autre, et e lui demanderai pourquoi, plut=t que de se

référer # cette premi0re topique, si mentale et si peu somatique, et

au concept de préconscient en particulier, il n’envisa'e pas les

processus de somatisation comme maladies du Koi. >nstance de la

seconde topique, le Koi est en e<et une instance évolutive et

fonctionnelle, # la fois corporelle et constituée par les identiHcations

narcissiques, son r=le, asmptotique et lourd de con8its, est de

tenter de satisfaire # la fois des ei'ences du #, du 5urmoi, de la

réalité. Cette instance qui est par déHnition de liaison et de relation

+!1

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schosomatique et pschanalse

théories de Kart de celle de Rreud. 7uand Kart déclare que la

pschosomatique en'lo&e la pschanalse dont elle est par ailleurs

issue, e lui demande : comment pense-t-il que les pschanalstes

$ classiques % vont pouvoir s’ prendre pour concilier sa construction

théorique, d’un monisme évident, avec le dualisme rétro'rade

divisant l’homme entre un corps mortel et une ?me immortelle, mais

d’un con8it amais éteint sauf par la mort, pschique ou totale, entre

le $ fonctionnel % et l’$ érotique %. 5i e suis &ien Kart, dans le court

tete du moins qu’il a soumis auourd’hui # la discussion, c’est # la

m0re, # chaque étape de l’évolution, d’arran'er $ Ia % pour que

l’harmonie se fasse. >l est vrai, comme Kart le rappelle

aima&lement, que nous avons, avec Rain, &eaucoup écrit # propos de

l’incidence des attitudes de la m0re conscientes et inconscientes/

sur le fonctionnement mental de son enfant, de nuit incestueu/, et

de our, inscrit dans la li'ne de la Hliation. Ue ne crois pas cependant

que nous aons amais soutenu la possi&ilité d’eistence d’une

évolution quasi uniment lon'itudinale de la personnalité compte-

tenu de la complication naturelle du parcours que n’eclut

évidemment pas Kart/, évolution constituée d’inté'rations

fonctionnelles successives. Eotre travail, et e pense #  La nuit% le

 !our  en particulier, a tendu # souli'ner l’essentielle discontinuité de

la vie pschique et l’anta'onisme pulsionel qui la caractérise.

;out # fait # l’insu de son auteur, la théorie pschosomatique de

Kart me sem&le s’apparenter # celle que Rreud n’a pu admettre

chez Uun', évolutionniste lui aussi # sa mani0re. Jefusant, apr0s une

acceptation am&ivalente, la théorie de la seualité infantile et le

concept de li&ido comme seuelle, Uun' reportait # la nuit des temps

la nature primitivement seuelle du pschisme. 5imultanément il

déHnissait la li&ido comme force évolutive, instinct de pro'r0s,

l’homme tom&ait malade quand une force d’inertie s’opposait en lui #

ce pro'r0s.

+!3

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schosomatique et pschanalse

>l faut &ien reconnaPtre que, plusieurs années apr0s sa rupture

avec Uun', Rreud fut rattrapé par ces idées G il n’a cependant renoncé

ni # la seualité infantile refoulée, ni # la qualiHcation seuelle de la

li&ido, il a seulement étendu cette derni0re # une échelle qui dépasse

lar'ement l’individu, et pour lui opposer alors un anta'oniste tout

aussi 'i'antesque : la pulsion de mort. @ros et ;hanatos, le a était

né.

Cette conception tardive, qu’on s’ ran'e ou non, ne peut tre

e<acée du corpus freudien ni a&straite des travau qui ont suivi son

introduction. @lle s’appuie sur un concept clinique dont Kart fait un

important usa'e, mais l# encore autrement que Rreud et e n’ai pas

l’intention d’en discuter ici, e veu parler d’une tendance 'énérale #

retourner # un état antérieur, mme au-del# du principe de plaisir, #

l’etrme # l’état inanimé. Ue note seulement, pour Hnir, que Kart

ne parle pas de la pulsion de mort &ien qu’aant intitulé l’un de ses

livres ouvements individuels de vie et de mort% il parle par contre

de mouvements évolutifs et de mouvements contre-évolutifs. Ue crois

comprendre, en le lisant, que pour lui évolution est snonme

d’or'anisation, donc de liaison, au sens d’@ros, et que lorsque

l’évolution-or'anisation s’interrompt, la désor'anisation tend #

s’installer, donc déliaison, action de la pulsion de mort selon Rreud.

Ee pourrait-on pas dire alors, nous situant résolument en

pschosomatique dans la deui0me théorie des pulsions de Rreud,

que lorsqu’une désor'anisation est stoppée par une ré'ression # un

palier Hation/ ainsi que l’o&serve indiscuta&lement Kart, on peut

enre'istrer un match nul entre @ros et ;hanatos et reprendre la

partie. C’est &ien s[r ce que e nous souhaite # tous.

+!

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+u corps érotique au corps malade comple'ité de ce

 passa#e

par K. Rain

0ntroduction

E’attend-on pas de l’homme malade une aspiration au repos

7ue serait un repos qui ne satisfairait pas un &esoin essentiel de

mettre en latence les activités érotiques et sociales

Ces questions se posent avec acuité en dépit du fait que cette

aspiration reste a&sente du pschisme de &ien des malades, des

or'anisations caractérielles particuli0res s’opposant # cette

disposition favora&le au défenses de l’or'anisme.

2e faIon fort succincte, Rreud a décrit la modiHcation des

investissements li&idinau causés par l’état de maladie. A vrai dire,

les réponses mentales # l’atteinte du soma l’ont moins occupé que le

rve au sein du sommeil ou que les mouvements a<ectifs

caractérisant le deuil ou l’état amoureu.

5elon Rreud, le point commun de tous ces états : maladie,

sommeil, deuil, amour, est un détachement de l’investissement des

o&ets avec concentration des intérts sur la personne propre selon

des a<ects et des &uts di<érents. @n dépit de son allure hautement

altruiste, l’amour fut décrit par Rreud comme faisant suite, entre

autres, # la proection sur un o&et, des intérts é'o4stes./ A propos

+!(

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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e

de la maladie, en quelques mots, Rreud apparente les mouvements

pschiques # ceu que suscite le &esoin de dormir :

désinvestissement des o&ets eternes et internes, repli sur la

personne propre des investissements li&idinau. "’état de maladie

suscite une mo&ilisation des visées réparatrices.

$ 7ue les autres ne se préoccupent que de ce corps malade % en

est l’epression pschique(.

"e rve est le produit d’un refus du désinvestissement ei'é par le

&esoin de dormir : son eistence marque l’action d’un compromis

entre le désir de rester attaché au o&ets, et le &esoin de se replier

sur soi. "e rve, solution du con8it, devient ainsi le 'ardien du

sommeil au service de la conservation. "’insomniaque occasionnel ou

chronique ne peut pas se dé'a'er D pour des raisons complees D

de sa relation avec ses o&ets. 2e la mme faIon, # la survenue de la

maladie, un 'rand nom&re d’individus échoue # satisfaire ce &esoin

de ré'ression nécessaire au défenses or'aniques.

Cet aspect des choses fut, autrefois, romancé, notamment pour la

tu&erculose pulmonaire, &ien que toutes les phtisiques ne furent pas,de loin, Kar'uerite Yauthier, la dame au camélias. Eéanmoins,

l’o&servation la plus superHcielle repérait l’inaptitude de certains

tu&erculeu pulmonaires # suivre correctement leur cure de repos.

"e milieu sanatorial distin'uait ainsi trois caté'ories de patients :

D Ceu qui réussissaient leur ré'ression, &énéHciaient de la

cure.

D "es ecités qui ne la supportaient pas, soit en la refusant, soiten s’ contrai'nant activement.

D "es déprimés asthéniques qui su&issaient la cure. @n fait, ils

réa'issaient dépressivement # la perte de relations avec leurs o&ets,

survenue apr0s l’isolement en sanatorium.

"’eemple de la tu&erculose d’autrefois prend sa force dans les

opinions populaires qu’elle suscitait, opinions concernant le corps

+!)

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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e

malade et le corps érotique. Allant au-del# de la passion triste de

"annec, elles faisaient de cette maladie le sti'mate honteu de la

dé&auche et de l’auto-érotisme. A l’opposé de cette opinion, mais

aussi corrélativement, les phtisiolo'ues cré0rent le cadre sanatorial.

"e &ut curateur ne pouvait tre atteint que par l’aptitude du patient

# opérer la ré'ression discutée plus haut.

Ee paraPt-il pas nécessaire, # la faIon du sommeil qui ne peut se

priver du rve, que cette ré'ression trouve une solution de

compromis, autorisant sur un certain mode l’impression d’un

maintien de contact avec les o&ets, autrement dit que se constitue

un "ardien de la ré"ression.

Qn dit de ces malades incapa&les d’a&andonner momentanément

leurs en'a'ements eternes qu’ils &r[lent la chandelle par les deu

&outs.

"’o&servation courante de patients atteints d’a<ections fé&riles

montre l’eistence transitoire d’activités mentales proches du rve.

 Nécues dans un état de semi-conscience, elles sont ou&liées d0s la

'uérison, retrouvées au cours d’une maladie su&séquente. E’est-cepas l’état Hévreu lui-mme qui provoque ces manifestations "e

terme $ fé&rile % ne dési'ne-t-il pas un état d’ecitation visi&le >l

est vrai que la H0vre, peu ou prou, entraPne une certaine coecitation

seuelle et renforce l’orientation vers un o&et. "a nécessité de

trouver un compromis-'ardien de la ré'ression n’en est que plus

nécessaire.

Fne distinction s’éta&lit ainsi entre les personnes qui, 'r?ce # uneactivité mentale semi-hallucinatoire réussissent # opérer une

ré'ression favora&le # la 'uérison et ceu, contraints, # orienter leur

ecitation vers l’etérieur qui ne peuvent faire autrement que

ressentir le repos comme une contrainte insupporta&le 'énératrice

de dépressions larvées.

+!

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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e

E’est-il pas alors question de ce con8it si souvent mentionné dans

la littérature américaine traitant de la pschosomatique, con8it

opposant les tendances actives au passives )

Qui et non. Qui, parce que les individus a'ités l’a<irment, $ ils ne

tiennent pas en place %. Eon, des événements complees issus de

carences de l’environnement sont responsa&les de l’inaptitude #

satisfaire les tendances passives-réceptives. >l s’a'it donc d’une

situation de manque, manque qui s’inscrit dans le pschisme :

chaque fois que les tendances passives sont sollicitées, le manque est

péni&lement revécu et 'énérateur d’ecitations, il provoque le &esoin

d’activité. >l en résulte, quelquefois seulement, des attitudes

compensatrices de mépris pour les passifs. >l a, # premi0re vue,

réduction des satisfactions possi&les au seules découlant de

comportement actif. A premi0re vue seulement, car l’activité devient

le sm&ole mme du manque qu’elle cherche # dissimuler, sm&ole

relanIant une activité sans Hn : la chandelle &r[le par les deu &outs.

 Ainsi, l’opinion de Rreud sur le repli li&idinal de la li&ido sur le

Koi au cours d’une maladie décrit une situation idéale loin d’tre

constante. "a vie amoureuse active, si elle n’est pas sous-tendue par

une potentialité ré'ressive apte # la muter en cas d’accidents

somatiques en une activité mentale proche dans sa nature de celle

du rve, peut transformer un corps érotique en corps malade.

Le culte du !éros un m2le%entendu

2e l’aperIu schématique précédent il sem&le qu’un &on malade,

celui qui fait ce qu’il faut pour 'uérir, puisqu’autrefois fut fait pour

lui ce qu’il fallait, ne peut pas tre un héros au sens populaire du

terme.

"e 'rand Rerrand, héros médiéval pourfendeur d’An'lais, ne

pouvait s’empcher apr0s chaque eploit, étant alors en 'rande

chaleur, de &oire de l’eau froide. >l en tom&a malade. "’An'lais étant

revenu, Rerrand touours Hévreu, n’en alla pas moins # nouveau le

+!6

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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e

2ans quelle mesure, ce tpe de ré'ression est-elle di<érente de

celle # l’ori'ine du rve elle-mme apparentée # celle qui

accompa'ne l’état de maladie

our éta&lir la comparaison, précisons d’a&ord que l’irrésisti&le

&esoin d’eau froide doit tre considéré comme un smpt=me, une

compulsion.

Rerrand, rentrant suant du com&at a une éclipse de conscience, il

perd le souvenir du dan'er que représente la coeistence de la suée

et de l’eau froide G l’éclipse permet l’intrusion de la compulsion.

ourquoi "es raisons qui vont suivre sont spéculatives D de la

mme faIon e ne 'arantis pas l’histoire de Rerrand : c’est ainsi

qu’elle m’est revenue # la mémoire./

2eu raisons concourent # former l’éclipse, en premier l’an'oisse

de castration, sa femme l’attend mais Rerrand est impuissant, en

second une déception premi0re survenue au contact de sa femme ou

d’une autre a entraPné une ré'ression vers le con8it Wdipien et le

complee de castration. "e désir D tre en chaleur D se déplace sur

un su&stitut défendu $ l’eau froide %, &oire devieIt le su&stitut del’auto-érotisme refoulé dans l’enfance $ froide % peut aussi faire

allusion # la déception # l’ori'ine de sa ré'ression : la fri'idité de sa

partenaire/.

"a manie de se désaltérer dan'ereusement a, Hnalement,

l’or'anisation d’un smpt=me névrotique. 5’il en est ainsi, Rerrand,

apte # faire une ré'ression, aurait d[ avoir en conséquence toutes

les chances de 'uérir. >l put en tre autrement : le travail de censureopéré sur son histoire ne vint pas de lui mais d’autres char'és d’en

faire un conte édiHant, raconta&le au enfants. 5a mort par maladie

serait plus conforme # une toute autre histoire : incapa&le de se

reposer apr0s les ri'ueurs de la 'uerre, Rerrand courut la ri&aude

avec autant d’éner'ie qu’il avait pourfendu l’An'lais. Noil# une

 version romancée. Fne autre, plus prosa4que, malheureusement plus

+1!

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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e

fréquente, le verrait reprendre un la&eur acharné sans la moindre

perte de temps.

@n acceptant l’idée, vraisem&la&le, que l’histoire de Rerrand fut

censurée aHn qu’elle ne contienne aucun élément choquant pour les

auditeurs qui l’écouteraient, ce désir de Hltrer l’information tout en

maintenant une partie essentielle, correspond au &esoin de favoriser

une ré'ression permettant une détente tout en savourant une vision

héro4que.

>l s’a'it donc d’un plaisir dont les héros qui le fournissent sont

privés. >ls en sont privés, entre autres, parce qu’ils n’ont pas vécu

l’eistence d’un cadre aussi prévenant. "#, se trouve le malentendu :

l’homme eté dans une action qui reste son seul moen d’inté'ration

pulsionnelle est un héros pour ceu qui ont vérita&lement vécu un

con8it, si heurt il eut, entre leurs tendances actives et passives.

Fn individu dit $ normal % a des tendances caractérielles qui le

spéciHent. 2’une faIon 'énérale, quand une tendance seuelle

irréalisa&le est sollicitée, un mouvement ré'ressif s’op0re

introversion de la li&ido/, l’o&et de la tendance frustrée emportéepar la ré'ression devient l’or'anisateur de fantasmes plus ou moins

conscients. 5’il s’a'it l# d’un processus identique # celui dans lequel

le rve ou l’activité mentale d’un malade se fonde, sa particularité

est d’tre vi'ile, de durée limitée. Autrement dit, la vie mentale est

discontinue. Ce n’est pas le cas des 'ens incapa&les de renoncer #

l’action. "’individu &anal capa&le de ré'resser devant l’émer'ence

d’une di<iculté o&ective ou su&ective i'nore que le héros a le pied

d’ar'ile.

Fn tel malentendu entraPne des envies réciproques, l’un envie,

tout en le niant, les aptitudes ré'ressives de l’autre G l’autre

désirerait posséder le coura'e nécessaire pour rester Hé sur l’action

# accomplir. >l en résulte une incompréhension qui fait que ces

di<érences de personnalité, importantes quant au pronostic, ne sont

'u0re prises en considération.

+11

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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e

3t le masoc!isme 4

Fn &esoin d’inté'rer toute sou<rance # la notion de masochisme,

fait de ce dernier un envahisseur. Kme au niveau du lan'a'e

commun ce mouvement est actif. $ >l est maso % est devenu unelocution &anale. 7ue dési'ne-t-elle

@n premier lieu, un comportement qui n’a rien de pervers au sens

seuel du terme. @n second lieu, une attitude oV un individu

$ sacriHe % une partie de soi au proHt d’une ou plusieurs autres.

 Ainsi, le concept de masochisme moral introduit par Rreud est

devenue partie prenante dans le lan'a'e populaire.

C’est # propos de ce mme masochisme moral que Rreud Ht uneautre ré8eion sur l’état de maladie : il constata la disparition de

certaines névroses d’échec, trou&les oV le masochisme moral prend

son plein développement, lors de l’apparition d’une 'rave maladie.

our Rreud, il ne s’a'issait que d’une su&stitution, la douleur

autrefois entretenue par la provocation sstématique de l’échec était

remplacée par la maladie. Qn peut eprimer # ce propos, une toute

autre opinion : la maladie somatique provient de la désor'anisationdu comportement d’échec, désor'anisation dont l’ori'ine peut tre

multiple.

Ces quelques li'nes d’introduction viennent de parler d’un

comportement qualiHé de masochique entretenu par la sou<rance

somatique.

Jevenons-en # la ré8eion &anale : $ @h &ien, en faisant cela, tu

es un rien maso. % @lle sous-entend que l’énonciateur estime qu’un

tel comportement ne devrait pas eister, le respect d’une certaine

norme devant s’imposer. "e terme $ maso % maintient et contient #

l’arri0re-plan le phénom0ne premier, la perversion sado-masochique,

conduite seuelle particuli0re menant # la ouissance or'astique.

"’accusation $ d’tre maso % pointe un reproche concernant une

forme de ouissance a<ective n’a&outissant pas # l’or'asme cette

+1+

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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e

accusation est, en derni0re analse, de nature complee :

l’accusateur, sous couleur de la défense d’une norme, satisfait son

sadisme envers celui qu’il qualiHe de maso. @n fait c’est touours par

le &iais d’une su&tile provocation que le $ maso % réussit # se faire

traiter de $ maso %/.

7ue répondrait l’énonciateur de l’accusation ei'eant le maintien

d’une norme s’il lui était rétorqué que l’o&servation de la dite norme

peut tout autant satisfaire le masochisme inconscient d’un individu

5ans doute répondrait-il que la soumission # cette norme se doit de

ne pas dépasser un certain de'ré.

"a vo$ populi dési'ne donc comme masochiste quelqu’un qui se

laisse passivement faire, travaillant par eemple trop au compte d’un

autre.

@n fait, cette accusation pose le pro&l0me de la su&limation du

masochisme, pro&l0me épineu s’il en est puisqu’il s’attache #

l’aptitude # reconnaPtre la réalité .

"a reprise par le consensus du terme masochisme succ0de # une

locution am&i'u : $ se faire &aiser %. @tre dépossédé par un autrequi trouve son plaisir, en est la si'niHcation principale, &ien que ne

soit nullement éliminée l’idée que le &aisé n’ait pas oui aussi # sa

faIon.

Ce tpe de masochisme appelé moral, eaminé de plus pr0s, met

en eer'ue le r=le provocateur fréquent du masochiste dans

l’événement qui, apparemment l’humilie. >l s’a'it d’une forme de

séduction. "’accusation de $ maso % est ainsi ustiHée &ien quel’aspect de séduction, perIu, soit refoulé.

2ési'ner péorativement le masochiste valorise les tendances

actives a<irmées viriles au dépens des passives considérées comme

féminines. >l s’a'it de la persistance chez l’adulte de la théorie

seuelle infantile assimilant le see féminin # la castration./

7u’en est-il du masochisme pervers proprement dit

+13

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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e

2ans la métapscholo'ie de 191(, Rreud parlant des pulsions

partielles et notamment du sado-masochisme décrit le mécanisme du

dou&le retournement. Ce dernier se déroule en trois temps. "e temps

$ a % est celui de l’investissement de la pulsion sadique sur un o&et.

"e temps $ & % est la voi moenne ré8échie e me/, retirée de

l’o&et la pulsion est retournée sur la personne propre premier

retournement/. "e temps $ c %, l’o&et réinvesti devient le porteur de

la pulsion active sadique, le suet le su&it passivement et en tire un

plaisir masochique il me/.

Cette description a donné et continue # donner lieu # &ien des

discussions G cependant, sans équivoque le plaisir masochique est

lié # la passivité. ar la suite la personnalité s’or'anise sous la forme

du temps $ & % e me/ en intériorisant les préceptes venant des

ta&ous et de l’éducation. @n quelque sorte, schématiquement

parlant, une certaine ré'ression du temps $ c % au temps $ & % oue

un r=le dans la formation de la personnalité.

"e masochiste moral réactive le temps $ c %. Au $ e me % il

su&stitue une situation $ il me % dont il tire un plaisir amer. 7u’enserait-il, si selon ce qui a été eposé au dé&ut de cet article, aucune

satisfaction passive, masochisme compris, ne pouvait tre inté'rée

"a névrose d’échec appelée aussi névrose de destinée se produit

chez des 'ens apparemment normau. "eur désir de réussite, d’tre

heureu est a<irmé, mais ils paraissent la proie d’une malchance

chronique. "eurs liaisons amoureuses tournent mal, leur carri0re est

marquée par une série d’échecs uniquement dus, disent-ils, aucirconstances. A travers ces récits si quelque amertume perce, c’est

le facteur déveine qui est mis en avant, déveine non interprétée en

tant qu’action maléHque de quelques autres, ce qui la distin'ue des

intuitions parano4aques. Fn si'ne quasi-patho'nomo-nique de cette

névrose apparaPt au cours de l’entretien : l’eaminateur au &out d’un

moment se sent las de cette entrevue, il l’écourterait volontiers. >l

s’aperIoit ainsi, qu’# son tour il va renvoer ce pauvre homme. 5’il

+1(

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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e

s’intéresse # cette idée de rupture il percevra qu’elle a été induite

par le patient dont le discours est une provocation constante G en

tant que déveinard chronique, il souli'ne la position inustement

favorisée des autres.

Rreud voit # l’ori'ine de cette névrose de comportement le

refoulement d’un sentiment tourmentant de culpa&ilité issu des

con8its seuels infantiles. Ce sentiment de culpa&ilité, échappant au

refoulement, viendrait entretenir dans la vie quotidienne un &esoin

d’auto-punition qui trouverait sa résolution dans la névrose de

destinée. "a chose paraPt simple. ourtant elle ne résiste pas # un

eamen plus approfondi. "a compleité de la structure de ce trou&le

n’avait nullement échappé # Rreud : puisque le mécanisme dominant

la formation du smpt=me était d’une part le refoulement, d’autre

part le retour du refoulé, sous une forme modiHée par la censure, il

rattacha cette névrose # l’hstérie. "e smpt=me, l’échec chronique,

était ainsi le résultat de la seualisation des échan'es fonctionnels

qui ré'issent la structure Koi-5urmoi.

"a di<érence avec la névrose o&sessionnelle fut notée : dans ce

dernier cas le sentiment de culpa&ilité, tourmentant en dia&le,

oppose caricaturale-ment Koi et 5urmoi. >l n’est pas refoulé. "a

seualisation du fonctionnement Koi-5urmoi n’est pas moindre dans

la névrose o&sessionnelle : il n’est pas dissimulé./

"e refoulement du sentiment de culpa&ilité par un sst0me de

censure oppose deu instances devant en principe fonctionner en

concordance, le 5urmoi-idéal du Koi d’une part, la censure d’autre

part. "e pro&l0me de l’or'anisation morale de la psché, au sens le

plus populaire du terme se pose. Au cours de la vie éveillée, la

censure devrait $ moralement % se mettre au service des idéau

 vi'iles et, en conséquence ne pas intervenir sur l’émer"ence de

sentiments de culpabilité. 5inon elle a'it immoralement, reprenant

de our la fonction qu’elle assume au cours du sommeil. Au cours de

l’assouplissement, la fonction idéale de la censure est le maintien du

+1)

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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e

sommeil. 5on action diurne dans la névrose d’échec est

d’$ endormir % la conscience morale 9.

2isons-le clairement, la névrose d’échec, en dépit de la pitié

qu’elle peut inspirer, est tr0s proche de la perversité : le retour vers

la conscience des sentiments de culpa&ilité refoulés se traduit par un

&esoin d’auto-punition e<ectif proche de la perversité. >l se fait une

mise en acte du temps $ c %, du dou&le retournement du sado-

masochisme : le 5urmoi est proeté transféré/ sur des personna'es

du monde etérieur qui font fantasmatiquement su&ir des sévices au

suet qui les vit dans une situation passive de ouissance. "a névrose

d’échec est un état caricatural.

2es ré'ressions courtes au sado-masochisme, érotisées, sont

constamment en action chez des personnalités normales. "a

déseualisation du masochisme a-t-il été dit plus haut, concourt # la

perception de la réalité en ce qu’elle a de péni&le. 7ui dit péni&le, dit

déception, a'ent reseualisa-teur de premi0re 'randeur.

@n conclusion de cette &r0ve évocation, pour avoir quelque clarté

sur le passa'e du corps $ sado-masochique % au corps malade, lemasochisme n’est totalement lui-mme que dans la mesure oV il se

sert d’une position passive, ou du moins quand cette aptitude lui est

encore accessi&le Z Z.

7u’en est-il alors de ces individus décrits plus haut dont les

conditions de vie précoces les ont menés # ne tolérer que tr0s

insu<isamment des positions passives

Fne pertur&ation du dou&le retournement de la pulsion peut treenvisa'ée : le mouvement $ a % voi active e/ serait conservé ainsi

que le temps $ & % dit voi ré8échie e me/. Ce premier

retournement n’implique nullement la passivité du $ me %. "e temps

$ c % il me/ entravé dans son développement entraPnerait une

distortion dans la constitution du moi. Qn connaPt le r=le important

que oue dans cette formation l’identiHcation # l’o&et : au $ il me %

succ0de un nouveau $ e me % dans lequel non seulement le $ me %

+1

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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e

de cette ré'ression au temps $ & % ressem&le # $ il % du temps $ c %

mais qui en fait s’éta&lit selon une dnamique complee. "e $ e me %

nouvelle mani0re ne renonce amais # redevenir un $ il me %

reseualisé utilisant pour cela le rve, le fantasme inconscient.

Cela survient # la suite de di<icultés diverses, la maladie pouvant

tre considérée en tant que di<iculté.

Cette mentalisation, dans ce cas particulier, fait accepter la

passivité et e me repose, on me soi'ne/ va de pair avec les défenses

de l’or'anisme Z.

"a discussion précédente sur le sado-masochisme concerne les

pulsions partielles en 'énéral. arlant du destin des pulsionspartielles, Rreud les comparant # une coulée de lave, avait postulé

que la trace des temps $ a %, $ & %, $ c % pouvait constamment se

retrouver. Chez des individus n’aant pu or'aniser la position passive

spéciHque du temps $ c %, que peut-il se produire

>l a dé# été mentionné les conséquences néfastes sur les

identiHcations futures su&séquentes # l’identiHcation # l’o&et d’un

non repéra'e de ce dernier.Fne chose est s[re : la perception de cette faille dans leur

personnalité entretient les e<ets d’un traumatisme ancien, e<ets se

traduisant par une ecitation chronique.

"e masochisme, souvent invoqué, d0s qu’apparaissent des

comportements d’auto-destruction sem&le dans ces cas non pas

ineistant mais inachevé. Cet inach0vement atteindrait toutes les

pulsions suscepti&les de dou&le retournement et, en dernier lieu,entraPnerait une désor'anisation de l’équili&re de la &iseualité1!.

56pot!èses et conclusion

"e corps érotique &anal paraPt plus aisé # cerner que ceu

qu’animent les 'rands amoureu. Qn ne peut le détacher du destin

qui l’a<ecte quand, atteint d’une maladie, il se rév0le alors apte # se

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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e

dé'a'er des investissements d’o&et pour su&stituer une ei'ence

de soins.

"e maintien d’une certaine relation au o&ets permet cette utile

ré'ression selon un mode non univoque souvent proche du rve.

"e corps érotique qui &r[le par les deu &outs ne fait

qu’au'menter sa comsomption si une maladie vient en au'menter

l’ecitation. Fn retrait ré'ressif, de nature di<érente, témoin d’une

perte d’o&et, se solde par l’émer'ence d’état asthénico-dépressif qui

se présente comme une complication.

>l n’empche que la perception interne par ces individus de leur

inach0vement les m0ne # vivre quelquefois des violentes passionspour des o&ets décevant par déHnition, puisque incapa&les de

mettre Hn au sentiment de manque qui sous-entend ces terri&les

passions.

Ces élans ehi&és sans entraPner le plaisir d’tre vus, font de ces

personna'es des héros ou des héro4nes qui s’i'norent en tant que

tels. 5’ils sont fréquents dans la littérature D qui &ien s[r ne les a

pas inventés D on ne les o&serve pas couramment."es individus qui $ ne savent pas se reposer %, pris dans des

activités a<ectivement plus ou moins investies, souvent pi0tres

amoureu, sont lé'ion. >ls fournissent la maorité des trou&les dits

$ pschosomatiques %.

Qn peut distin'uer deu ru&riques :

*2  Ceu dont l’inach0vement du destin pulsionnel se centre sur

un $ e me % du temps $ & %. >ls ne sont pas aussi fréquents qu’on

 veut &ien le dire. Ce sont eu qui développent des comportements

aant, en plus de l’hperactivité, des idéau apparents d’auto-

su<isance.

"a notion de caract0re parano4aque a été prononcée # leur

propos, # tort car ils n’ont d’autres issues que la maladie somatique

quand leur sst0me s’alt0re. >ls posent le pro&l0me des

+19

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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e

$ fantasmes archa4ques % ce qui revient # dire que le $ il % de $ il

me % eiste proeté dans le monde perceptuel/ 1+.

7ue si'niHe ce 'lissement, opéré au cours de cet article, des

amours romancées vers la pauvreté comportementale de certains

malades somatiques

"es héros ou héro4nes/ de roman nourrissent les fantasmes des

personnalités aptes # accomplir des ré'ressions provisoires ou

dura&les. >ls n’ha&itent 'u0re les individus privés, en raison d’une

carence précoce, des possi&ilités de se laisser saisir par le retour des

représentations.

Ce 'lissement a conduit du comportement seuel de certainsmalades au comportement tout court. Ce dernier n’est pas eempt de

seualité proprement dite.

"e pro&l0me est l# : quelle est cette seualité qui ne se dou&le pas

d’aptitudes # s’eprimer autrement

Ee pose-t-elle pas les mmes questions que celles a&ordées plus

haut # propos de l’identiHcation

Qn serait tenté de penser # une ré'ression, évolutive, celle-l# quiconférait # cette seualité un aspect plus instinctuel 13.

Cette ré'ression s’appuierait fai&lement/ sur la né'ation par le

consensus du con8it Wdipien : la seualité serait $ &analement %

instinctuelle.

 U’en resterai l#. Cette introduction limitée dans sa mati0re

dé&ouche sur plus de questions que d’éléments de réponse1.

"es pro&l0mes posés par la seualité humaine restent, pour les

pschanalstes, insépara&les des racines infantiles de la seualité.

"’aspect adulte de cette derni0re, seul aspect admis en fait, n’atteint

sa pleine évolution que dans la mesure oV elle donne tout son sens #

la seualité infantile.

++1

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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e

 Ainsi est étendu # la seualité ce qui fut une découverte de Rreud

en ce qui concerne l’hstérie. Eous pressentons maintenant que

l’érotisme adulte puisse tre orphelin de son sens enfantin.

1

C’est une hpoth0se qui ne contredit pas les connaissances

&iolo'iques actuelles selon lesquelles l’utérus secréterait des

éléments de tpe $ reet % par rapport au fWtus qui devrait tre

su<isamment résistant pour réaliser les processus de la nidation en

dépit des réactions maternelles $ né'atives %.

+

2e l’inconscient vers le préconscient, comme du préconscient versla conscience, comme entre les di<érentes couches qui

pro'ressivement constituent le préconscient, se déroulent des

mouvements évolutifs qui, ainsi qu’# l’ha&itude, répondent au lois

de l’évolution. >l convient en particulier de souli'ner que le pouvoir

or'anisateur d’un sst0me fonctionnel nouvellement promu qui

prend souvent, entre autres aspects, celui d’une censure, disparaPt

avec les ré'ressions parfois tr0s rapides qui touchent ce sst0me.Qn doit considérer au moins, lors d’une mo&ilisation du

préconscient :

D la nature des divers niveau fonctionnels intéressés G

D les temps évolutifs de l`or'anisation de ces niveau G

D l’o&ecta&ilité et la communica&ilité potentielles des

éventuelles représentations en cause G

D le sort évolutif des a<ects primitivement liés au su&strats de

ces représentations.

3

"a structure d’un suet peut se déHnir par :

1/ "es modalités de son or'anisation fonctionnelle maimale.

+/ "e rthme automation-pro'rammation de ses fonctions

pschosomatiques spécialement Hées et de ses sst0mes

+++

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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e

spécialement investis il s’a'it, 'lo&alement, de sa smptomatolo'ie

au sens 'énéral du mot/.

"es modalités individuelles d’une or'anisation fonctionnelle

maimale dépendent # la fois du tpe mental de cette or'anisation

névrotique, pschotiquee,aller'ique, ou marquée d’insu<isances,

par eemple/ et du niveau évolutif atteint mental, de caract0re, de

comportement, par eemple/. Ces modalités résident, avant toute

autre dimension, dans les trois qualités fonctionnelles du

préconscient que nous venons de si'naler épaisseur, dnamisme

interne, permanence.

Cliniquement, pour résumer l’état d’un suet en un moment, il

convient de confronter les divers éléments de sa structure ha&ituelle

# leur modiHcation actuelle.

$ 2es processus de somatisation % cf. p. 1!1 et sq./ "e tete

présenté ici a été proposé par l’auteur pour discuter l’article précité

de Kart # la ournée d’étude de l’>5Q février 1963/.

( Nu sous l’an'le de la métapscholo'ie, le &esoin de dormir

entraPne le désinvestissement des trois sst0mes composant

l’appareil mental, l’inconscient, le préconscient, le conscient. Au

cours de la maladie, selon le schéma théorique de Rreud, l’ei'ence

a&solue de soins concentrés sur le corps tendrait # mo&iliser les trois

sst0mes de l’appareil mental. Cette ei'ence violente est la plupart

du temps refoulée. @lle n’apparaPt au niveau du préconscient et duconscient que selon des formes remaniées aant quelquefois une

apparence seuelle.

)

 Aleander R., La médecine psychosomatique% aot, aris, 19(+.

++3

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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e

*raunsch_ei' 2., schanalse et réalité, /ev. r. 'sychanal.% nj

(M), 191.

6

K’Fzan K. de, Fn cas de masochisme pervers, in  La Ee$ualitéperverse% aot, aris, 19+.

9

"a collusion de l’inconscient refoulé avec la censure, fait patent

de la névrose d’échec, eiste plus ou moins dans toutes les

or'anisations mentales. 5elon une perspective a&straite et théorique

utopique/, la censure vi'ile ne devrait tre qu’au service des idéau

 vi'iles.@n vérité, la fréquence des ré'ressions li&idinales survenant # la

suite de di<icultés quotidiennes, entraPne chaque fois l’action d’une

censure identique # celle qui ré'it le rve. @lle vise plus alors la

formation de compromis entre les contenus inconscients et les

défenses qu’# assurer la discrimination nécessaire au

fonctionnement pschique diurne.

1!

"a constitution &iseuelle de l’tre humain est # l’ori'ine des

con8its qu’opposent chez un mme individu des tendances actives et

passives. Assimiler activité # virilité et passivité # féminité est une

opinion marquée par les théories seuelles infantiles.

articuli0rement a'issantes pendant la période de latence,

période déHnie par le déclin du complee d’^dipe d’une part, et au

cours de l’émer'ence de la pu&erté d’autre part, ces théories

seuelles sont # l’arri0re-plan des attitudes a<ectives des enfants des

deu sees. Autrement dit, les enfants qui n’ont pu inté'rer leur

passivité # l’or'anisation de leur personnalité peuvent tre

cliniquement décelés.

11

++

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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e

>l n’est pas rare que ce tpe de personnalité se réf0re D

consciemment ou non D # un tiers représentant un idéal. >l s’a'it

presque touours d’un mort. ersonne de vivant ne peut tre

comparé # ces suets. Cette relation intérieure avec un mort, non

connu dans sa matérialité mais reconstruit sur un mode autodidacte

rappelle l’état de deuil.

1+

"a discussion sur ces notions $ traumatisme D fantasmes

archa4ques inté'rés # la perception du monde etérieur % est en

 vérité le re8et de la di<iculté de di<érencier le champ de la

pschosomatique de celui de la pschose.

Kart, consid0re que la folie rentre dans le cadre d’un équili&re

pschosomatique pleinement évolué alors que les trou&les

pschosomatiques montrent une ré'ression a<ectant le soma, alors

que le comportement reste $ opératoirement % Hé sur des mod0les

sociau.

13

Cette ré'ression de seualité humaine vers des attitudes plusinstinctuelles est connue au niveau des perversions : le complee de

castration inhérent au con8it Wdipien D sous sa forme directe et

inversée D est dénié 'r?ce au surinvestissement d’une pulsion

partielle. "’o&et de la pulsion partielle n’est attirant que dans la

mesure oV il complémente la pulsion en question.

2iscutant du masochisme, la possi&ilité de dou&le retournement a

été souli'née sadomasochisme/. "a question peut se poser :n’eiste-t-il pas au niveau des conduites perverses des formes

comportementales se déro&ant devant le dou&le retournement

 Autrement dit des formes actives inaptes # se renverser

Cela si'niHerait que le déni de castration ne serait opérant que

selon une forme réduite, une perversion inachevée en quelque sorte.

1

++(

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2u corps érotique au corps malade compleité de ce passa'e

"e pro&l0me des ré'ressions mentales souhaita&les suscitées par

des trou&les ne mettant que partiellement en cause la disponi&ilité

or'anique n’a pas été a&ordé, pas plus que celui des al'ies de la

douleur phsique/.

>l eiste # ce propos toute une sémiolo'ie # éta&lir, celle du destin

de l’attachement au o&ets tel qu’il peut varier selon les cas. *ien

entendu, la réduction préala&le de ce destin est un facteur de

trou&les.