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ES ARBRES ET LES HAIES EN - CAUE 80 - Architecturetout un ensemble d'aménagements destinés à la collecter et en gérer la ressource. Les mares, les puits, les citernes, les fossés

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LES ARBRES ET LES HAIES EN PICARDIE,UN PATRIMOINE RICHE ET VIVANTLES ARBRES ET LES HAIES EN PICARDIE,UN PATRIMOINE RICHE ET VIVANT

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Patrimoine : “Bien commund’une collectivité, d’un groupehumain, considéré comme unhéritage transmis par les ancêtres”. Petit Larousse

Le végétal comme marqueur d’identité

Les plantations, qu’il s’agisse dehaies, d’arbres alignés ou isolés,constituent souvent un patrimoine àpart entière, héritage des temps pas-sés. Depuis des millénaires, l’arbreanime le quotidien, témoin du chan-gement des saisons et de la successiondes générations. Au fil du temps, qu’ilsoit arbre ou arbuste, le végétal a reçudiverses fonctions : cultuelle par lespouvoirs qu’on lui attribuait avant l’a-vènement du christianisme, puis sup-port symbolique ou marque d’un pou-voir politique (tilleuls formant deschapelles de verdures autour des cal-vaires, arbres de la Liberté sur les pla-ces) et toujours, simple matériau unefois exploité : bois de chauffage ou deconstruction.Aujourd’hui élément qualificatif ducadre de vie, il agrémente les espacespublics. Les usages anciens commeles nouvelles attentes se combinentpour donner sa valeur patrimonialeau végétal : il est un élément culturel,une référence collective.

Dans les villages, le patrimoine arbo-ré traditionnel constitue souvent unensemble en harmonie avec le bâti.

Mais il faut aussi compter avec lesapports récents. Ils façonnent et enri-chissent le patrimoine à transmettre,par les nouvelles plantations sur lesespaces publics, dans les jardins aucœur des villages comme dans lesnouvelles extensions urbaines. Del’héritage ancien et des apportscontemporains dépendent la conser-vation de l’identité. Le patrimoinearboré est porteur, dans la relationqu’il façonne entre le village et songrand paysage, d’une forte part del’identité communale. La valorisationde ce patrimoine doit avant tout pas-ser par la redécouverte des spécifici-tés des différents types de paysages dePicardie et de leurs structures végéta-les. C’est ce que propose la premièrepartie de ce document.

Le végétal comme élément d’intégrationpaysagère

Le végétal est un indicateurdans le paysage : il témoi-gne de la nature du climatet du sol, conditionne lesperspectives, les grandes

ouvertures, ponctue les pan-oramas des grandes plaines.Par sa présence, il adoucit et

réduit l’importance de bâtimentsvolumineux, il forme le filtre d’une

intégration de tous les projets debâti ou d’infrastructures dans le pay-

sage. Il n’y a pas de page blanche pos-sible. Nul désert, nul vide en Picardie :l’environnement et le paysage sontriches et porteurs d’identité. Tout pro-jet, communal ou privé, doit s’insérerdans son site.S’insérer, ne signifie pas gommer, sefaire oublier. C’est aussi et surtoutenrichir ce cadre commun, cette iden-tité partagée.Par le choix des végétaux, de leurassociation et de leur gestion, les arb-res et les haies peuvent permettre unemeilleure intégration de la construc-tion dans son environnement. Il fautconcevoir avant tout un projet végétalcomme on conçoit un projet architec-tural. Le végétal est une clé de la réus-site, le garant d’une cohésion préser-vée, d’un lien entre la structure exis-tante et celle que le projet de cons-truction propose.

Le végétal doit bénéficier de condi-tions de vie acceptables. C’est la lon-gévité de certains arbres qui leur adonné leur valeur patrimoniale, leurdroit à être protégés, devenus desmonuments naturels, marquant l’his-toire locale. Haies variées, champêtresou taillées, arbres alignés, disposés engroupe ou isolés, tous méritent d’êtreconsidérés comme un potentiel patri-moine dès la plantation. Parce qu’ilssont vivants, il faut accompagner leurdéveloppement continu et envisagerune gestion adaptée. Gérer ce patri-moine, c’est prendre en considérationcette durée, passer outre les modes etles pressions de l’éphémère, de ladécoration.

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Un patrimoine vivant

p4

p24

p28

p34

SOMMAIRELes arbres et les haies en Picardie, un patrimoine riche et vivant

IDENTIFIER – Végétaux et identités des territoires

Les plaines agricoles

Les vallées

Les espaces forestiers

Les bocages

Le littoral

INSCRIRE – Le végétal dans les projets

GÉRER – Des pratiques adaptées et durablesLe choix et la plantation des végétauxLa gestion et l’entretien d’un patrimoine vivantLa taille dans les règles de l’art

PROTÉGER – Des mesures pour le patrimoine végétalLe droit de l’urbanismeLes mesures de protection

Les paysages de Picardie sont riches d’une diversité modelée par l’homme et ses activités. Ils sonten perpétuelle mutation, évolution, soumis d’un côté aux pressions foncières liées aux exten-sions urbaines et aux infrastructures, modelés de l’autre par l’agriculture et son économie.

A l’échelle d’une cinquantaine d’années par exemple, on peut énoncer les évolutions chronologiquessuivantes :• Création et développement des “châteaux d’eau”;• Agrandissement des parcelles agricoles avec pour corollaire l’arrachage des haies, des vergers et une forte réduction du réseau des chemins;

• Forte réduction des surfaces de prairies permanentes liées à la concentration de l’élevage ;• Développement et modernisation des infrastructures routières avec la suppression de linéaires

d’arbres d’alignement ;• Extension et développement des villages par la création de lotissements ou de pavillons individuels ;• Installations de relais téléphoniques, premières éoliennes en Picardie...

Malgré ces bouleversements parfois profonds, l’identité paysagère demeure et les inventaires réalisésou en cours dans chacun des trois départements picards le prouvent.Cette brochure présente de manière très simplifiée les grandes entités paysagères pour rappeler combien il est essentiel de tenir compte de leurs spécificités pour s’y insérer. Le projet d’aménagementpaysager public ou privé est une étape essentielle qui accompagne éventuellement un projet bâti dontil assure l’insertion. Les opérations d’entretien conditionnent le devenir des plantations, leur réussiteet leur pérennité ; la réglementation encadre les relations entre public et privé, oriente les projets.

La Picardie, des paysages diversifiés

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Ceux-ci assuraient en outre la délimi-tation des voies qu'ils bordaient etleur repérage par mauvaise condi-tion (brouillard...).Les dernièresgrandes plantations d'aligne-ments ont été réalisées aprèsguerre avec le recours fréquentau peuplier dans les zonesdétruites. Aujourd’hui, la replan-tation, possible par en-droits, est dépendantedes problèmes de sécuri-té et de largeur d’accote-ments.

LES PLAINES AGRICOLES, VASTES PAYSAGES OUVERTSLES PLAINES AGRICOLES, VASTES PAYSAGES OUVERTS

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Les espaces de grandes cultures aussi appelés openfields* sont issus de défrichements très anciens etplus récents puisque les derniers, importants en surface, datent de la fin du XIXème dans notre régionavec notamment le développement de la culture de la betterave sucrière. Plus récemment, des défri-

chements ponctuels se sont poursuivis jusque dans les années 1970. Les espaces de grandes cultures sont ponc-tués de bois, bosquets, villages en proportion très variable selon les secteurs, la dominante agricole et l’histoirequi les caractérisent. On trouve ainsi des plateaux où l’arbre, quelle que soit sa forme, est assez peu présent

comme dans le Santerre ou le Soissonnais et des plateaux où sa présence reste assez forte malgré lesdéfrichements et arasements de haies opérés dans ces secteurs lors de remembrements succes-

sifs (cas du Vimeu). Les espaces de grandes cultures sont principalementcaractérisés par une horizontalité du paysage que l’alternance et la suc-cession des cultures animent.

IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires

Les espaces ponctuéspar les bois et bosquets

La fréquente fertilité des sols dePicardie a souvent relégué les bois,bosquets et forêts sur les terrains lesmoins favorables à l'agriculture.Généralement, seuls les grands mas-sifs domaniaux de la couronne pari-sienne ont échappé aux défriche-ments pour des raisons historiques.Plus ces espaces sont dénudés et plusla présence de l'arbre est sensible : lesbois et bosquets sont d'anciennes“remises” à gibier, garennes qui sesont boisées naturellement. Ils occupent une place prépondé-rante dans le fonctionnementhydrologique d’un bassin versant.

Les mouvements du relief soulignés par les rideaux.Édifiés avec les premiers défriche-ments, les rideaux* ou talus ont per-mis la mise en culture de pentes d'im-portance variable et sont devenus deséléments paysagers emblématiquesde Picardie dans la mesure où ilshébergent une végétation arbustiveou arborée qui structure le paysagedes vastes plateaux. Les problèmes d'érosion démont-rent leur utilité et incitent à leurreplantation.

Il s'agit souvent de fermes importan-tes, tournées vers la culture céréaliè-re, betteravière et légumière. La struc-ture carrée du bâti est rarement pro-tégée par des plantations.

Le réseau routier et ses courbes surlignéespar les alignementsLes alignements témoignent d'unehistoire qui remonte à François Ier oùles besoins en bois nécessitaient laplantation d'arbres le long des routes.

Bosquets isolés en plaine

Talus ou rideaux

Les grandes plaines (Soissonnais, Valois…) ponctuées de grandes fermes

- Openfield : terme d'origine anglaisequi évoque les paysages de plaineouverte par opposition aux bocages.

- Le rideau : talus créé par la succes-sion des labours réalisés dans lemême sens et destiné à la fois à limi-ter la pente et les phénomènes d'éro-sion, puis à délimiter les parcelles.Planté naturellement ou artificielle-ment, il joue aussi un rôle paysagercapital.

Lexique

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Les plaines agricoles (en ocre) dominentle paysage picard

Références

• Gestion de Territoires®, Le Cahier Conseil - ChambreRégionale d'Agriculture 2004.

Alignement RD 917

BD CARTO®/©/IGNParis - 2002

L’impact visuel de l'important volumedes nouvelles constructions est sou-vent accentué par des matériaux decouleur claire. L'utilisation de couleurs plus som-bres et la plantation de haies ou debosquets autour du bâti facilite-raient leur insertion paysagère.

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LE VILLAGE BOSQUETLE VILLAGE BOSQUET

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Les villages des plateaux et des plaines agricoles se sont souvent organisés en fonction du réseauviaire (routes, chemins et autres voies de circulation routière ou plus rarement maritime) et durelief. L'absence de cours d'eau proche ou de sources a généré une économie de l'eau et développétout un ensemble d'aménagements destinés à la collecter et en gérer la ressource. Les mares, les

puits, les citernes, les fossés et noues ont été créés et gérés pour que l'eau soit disponible en permanence pour laconsommation humaine et pour abreuver les animaux. Parallèlement, la fréquente exposition des villages auxvents dominants favorisait les structures groupées autour desquelles une ceinture verte protectrice étaitimplantée. Sans contrainte d'implantation, les villages se sont développés le long des axes de communication,et ce dès l'époque romaine. On rencontre donc très fréquemment des structures de villages linéaires, en croix et plus rarement en étoile, lorsque plusieurs voies se croisent.

IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires

Le “tour de ville”, ceinture verte protectriceChemin périphérique, le tour de villefut créé pour assurer la circulation dubétail d'une prairie à l'autre. Leréseau de haies entoure le chemin,délimite les propriétés et assure ainsiune protection aux animaux contreles vents froids et l'humidité, inci-demment aussi celle du village.

Dans les villages rasés après la pre-mière guerre mondiale, le tour deville a souvent disparu. Ailleurs, il subsiste souvent defaçon partielle, amputé par lesremembrements et la concentra-tion de l'élevage ou encore, englo-bé dans les extensions du bourg.

Les mares, éléments utilitaires devenus identitaires du bourgAbreuvoirs, collecte des eaux pluvia-les, réserve d'eau en cas d'incendie,les mares jouaient un rôle prépondé-rant dans l'économie en eau du villa-ge : on trouvait au moins une ou plusieurs mares publiques danschaque village de plateau en plus desmares privées. L'adduction d'eau a provoqué leurabandon ou leur comblement.Toutefois, le rôle paysager, esthé-tique et environnemental (gestionlocale des eaux pluviales, milieurefuge pour des espèces aqua-

Les calvaires, témoigna-ges de l'héritage chrétienHistoriquement, ils symbolisent l'as-sociation entre les croyances animis-tes* et l'évangélisation et associentdonc des arbres à une croix. À ce titre,ils deviennent un élément paysagerremarquable qui ponctue les plaines.Le tilleul est souvent planté parensemble de trois arbres, symbolereligieux de la Trinité. Par sa posi-tion, il marque parfois les limitesanciennes du bourg.

EnjeuRéussir la greffe

Les extensions des villages doiventprendre en compte les éléments pay-sagers existants décrits (courtils,mares, calvaires...) et les étendre auniveau des nouvelles constructions etlotissements pour favoriser l'inser-tion paysagère de ces derniers.

Des espèces souvent frugalesSur le plateau, les arbres sont dépen-dants de la pluviométrie sauf si le solest profond.

- Arbres de grande tailleChêne sessile (Quercus petraea),Châtaignier*(Castanea sativa), Frêne(Fraxinus excelsior), Érable plane etsycomore (Acer platanoides et pseudo-platanus), Hêtre (Fagus sylvatica),Tilleul à petites feuilles (Tilia cordata),Peuplier tremble (Populus tremula),

- Arbres de seconde grandeurHoux (Ilex aquifolium), Charme(Carpinus betulus), Pommiers etPoiriers à fruits ou à fleurs, Érablechampêtre (Acer campestre), Noyercommun (Juglans regia), Cerisier deSainte Lucie (Prunus mahaleb) sursols calcaires secs ;

- ArbustesCornouiller sanguin (Cornus sangui-nea), Cornouiller mâle (Cornus mas),Prunellier (Prunus spinosa), Fusaind'europe, (Euonymus europaeus),Noisetier commun (Corylus avelana),Troène vulgaire (Ligustrum vulgare),Viorne lantane (Viburnum lantana)… * Sous réserve d’être planté sur les solsoù le calcaire actif est absent.

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- Animisme : attitude consistant àattribuer aux choses une âme analo-gue à l'âme humaine.

- Courtil : désigne à l'origine un jar-din. L'arrière des maisons était entou-ré de courtils plantés de vergers cein-turés par un tour de ville. Cet ensem-ble très planté donnait au village unesilhouette de bosquet duquel émer-geait parfois le clocher de l'église.

- Mail : vient du mot maillet, jeu pro-che du croquet. Par extension, le maildésigne un espace, souvent une placeoù l'on joue ou jouait à la balle aupoing, balle à la main, balle au tamiset longue paume. Cela peut aussi êtreune rue, une avenue. Cet espace estdélimité d'alignements d'arbres par-fois taillés et palissés qui sont, enPicardie, souvent des tilleuls.

Les courtils, transitionentre bâti et chemin de tour de villeExtension rurale de chaque maisonou de chaque ferme, le courtil* abri-tait la basse-cour, le potager puis leverger où pâturaient moutons,cochons et vaches. La concentrationde l'économie agricole et l'importantexode des populations rurales, aprèsla seconde guerre mondiale, ontconsidérablement réduit cette micro-activité rurale proche de l'autarcie. Les vergers ont décliné et les prairiesont parfois été retournées pour êtremises en cultures ou encore diviséespour des constructions pavillonnai-res. L'homogénéité de l'ensemblede cette ceinture verte tend à êtreaffectée.

Bassin d’ornement

Chemin encadré de haies

Lexique

Enjeu

Références

Palette végétale indicative

tiques en voie de disparition) n'estplus à démontrer et doit donc êtredéveloppé ou réhabilité.

Réussir la greffe urbaine : Les extensions de village doivent pren-dre en compte les éléments paysagersexistants (courtils, mares, calvaires...)et les poursuivre lors de nouvellesconstructions et lotissements pourfavoriser l'insertion paysagère de cesderniers.

De nombreux calvaires et les arbres qui les accompagnent méri-tent d'être entretenus et valorisés.

Calvaire typique et ses tilleuls

• “Les mares dans le département dela Somme” - Regards et conseils pourleur valorisation - C.A.U.E. de laSomme 1996.• “Les croix et les calvaires, Restaureret mettre en valeur”, Fiche d'informa-tion - C.A.U.E. de la Somme 2003.

Courtil

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Affluent : cours d’eau (rivière, ruis-seau) qui se jette dans un autre.

Biotope : ensemble d’éléments carac-térisant un milieu physico-chimiquedéterminé et uniforme qui héberge uneflore et une faune spécifiques.

Palplanche : ensemble de poutrellesqui s’emboîtent pour former une cloi-son, un mur destiné à maintenir etprotéger les berges.

Ripisylve : boisements naturelssitués le long des cours d’eau, dansles milieux humides.

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LES VALLÉES, DES PAYSAGES ÉTAGÉSLES VALLÉES, DES PAYSAGES ÉTAGÉS

8IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires

Dans le fond de vallée,entre marais et graviè-res, une végétationenvahissante.Si l'eau et la végétation dominent, lapart du travail de l’homme et de lanature est aujourd’hui difficile àséparer. Autrefois, les fonds de val-lées étaient structurés par des prai-ries, des marais envahis de roseauxou des étangs.

Les larris, un milieunaturel particulier enPicardieSur les versants abrupts, en traitd’union entre la vallée et le plateau,là où la craie du sous-sol affleure par-fois, se développent des pelousesrases et sèches, appelées larris enPicardie. Ils constituent des biotopes*particuliers et accueillent une flore etune faune rares : des orchidées et legenévrier en sont les espèces emblé-matiques.Souvent protégés, ils forment unpatrimoine naturel et paysagerfragile.

Les alignements et laripisylve, révélateursdes voies d’eauLes vallées ont constitué depuis desmillénaires les axes de circulationprivilégiés. Parfois difficilement navi-gables, la création de canaux s'estdéveloppée, accompagnée de planta-tions en alignement le long des che-mins de halage (maintien des berges,ombrage du chemin de halage et limi-tation de l’évaporation…). L'Ormechampêtre, le Tilleul d'Europe ou leTremble composaient ces aligne-ments, parfois remplacés par des éra-bles, des peupliers ou le Platanehybride.La ripisylve forme aussi de longues etlarges bandes arborées parfois den-ses et difficilement pénétrables lelong des cours d’eau.Le renouvellement des plantationsle long des canaux conditionne lapréservation de ces grandes lignesdans le paysage de fond de vallée.

Les talus plantés, espaces essentielsL’implantation des villages, des rou-tes et de tous les types de construc-tion sur les versants ont occasionnéla création de talus. Qu’ils soienthauts de moins d’un mètre ou d’une

dizaine, la nécessité de stabiliser leterrain en fait des élémentsincontournables du paysage (talusd’infrastructures), jusqu’au cœur desvillages. Souvent couverts d’unepelouse, parfois de petits boisements(naturels ou plantés), les talus fontpartie de l’identité de ces territoires.

L’entretien et laréalisation de plantations avecdes essences locales seront tou-jours plus adaptés que des solu-tions sophistiquées et coûteuses :murs de soutènement en bacsbéton, en palplanches*, etc.…

Les parcs et jardins,témoins et repères del’histoireRepères géographiques, ils sont liés àun château construit sur les versantsdoux d’une vallée pour bénéficier dupanorama, aux abords ou au centred’un village de coteau ou de vallée.Par leur composition ou leur taille, lesjardins offrent le témoignage de l’his-toire de l’art au niveau local et dontl’eau est une composante essentielle.Entretenus, dénaturés de leuraspect initial ou en friche, leur deve-nir est lié à l’intérêt porté aux bâti-ments dont ils sont les extensionsd’apparat.

Un étagement à l’image desmilieux naturels

Le relief est déterminant pour la com-position des paysages de vallée, lesessences d’arbres et d’arbustes contri-buant à révéler cet état. La disponibili-té en eau dans le sol en fonction durelief induit des variations des milieuxnaturels : les essences forment un éta-gement le long de la pente. Ainsi, lesessences de milieux humides telles que l’aulne ou les différents saules,révélatrices des espaces gorgés d’eau,laissent la place au fil de la pente àd’autres espèces sensibles à cet état :chênes, charmes, érables ou cor-nouillers occupent les pentes douces.Ces différents ensembles d’essencesvégétales forment la physionomie éta-gée parfois peu visible mais importan-te pour tout projet de plantation.

Les paysages de vallées contrastent nettement avec ceux des plaines agricoles. Les vallées peuventêtre humides ou sèches. Les grandes vallées (Aisne, Authie, Bresle, Marne, Somme, Oise,) sontcaractéristiques du premier cas. Elles ont été aménagées et exploitées depuis des millénaires : la

chasse, la pêche, la populiculture, l’activité économique ou l’extraction de matériaux (tourbe comme combusti-ble, graviers) ont parfois influencé leur aspect actuel. Axes majeurs et anciens de communication (canaux,voies ferrées...), elles ont permis l’implantation d’importantes agglomérations urbaines. Les vallées sèchesconstituent un réseau ramifié et relié aux vallées humides, plus profondes. Elles entaillent les vastes plaines

agricoles et sont parfois encaissées ou étroites.La végétation amplifie ce relief, les fonds boisés, riches ou humides se distinguent des versants,

qu’ils soient doux (cultivé ou boisé) ou plus raide (sec où la craie mise à nuest couverte de végétation rase).

Les parcs et jardins sont souvent situés le longdes cours d’eau

Les larris sont des milieuxqui présentent une diversité florale rare.Les vallées sèches

ou humides entaillent lesplaines.

Lexique

Enjeu

Références

• “Milieux humides et populicultureen Picardie”, C.R.P.F. Nord Pas deCalais – Picardie, 2005

• “Les hortillonnages, conseil d'entretien et de sauvegarde”,Association pour la protection et lasauvegarde du site et de l'environne-ment des hortillonnages, 2003

Aux abords des zones urbaines, c'estle maraîchage (hortillonnages) et lescressonnières (cultures du cresson)qui occupaient l'espace. La densifica-tion de la ripisylve* et la disparition dumaraîchage, faute d’entretien, et lesplantations de peupleraies (pour laproduction de bois) ont contribué à lafermeture des paysages des vallées.C'est le développement de nouveauxusages (notamment les loisirs) quipermettra leur reconquête et leurentretien.

Dans les villages de vallées,

la végétation maintient le talus

BD CARTO®/©/IGNParis - 2002

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Essences favorables au maintiendes sols :* : essences à réserver aux fonds

de vallées.# : essences adaptées aux sols

plus secs, sur les versants.

Arbres pour la plantation enisolé, alignement ou groupe :#Érable champêtre (Acer campes-tre),*Aulne glutineux (Alnus glutino-sa), *Frêne commun (Fraxinus excel-sior), *Chêne pédonculé (Quercusrobur), Charme (Carpinus betulus),Érable sycomore (Acer pseudoplata-nus), Érable plane (Acer platanoides),Orme résitant (Ulmus x resista),*Peuplier tremble (Populus tremula),*Saule blanc (Salix alba), #Alisier torminal (Sorbus torminalis), Tilleuld’Europe (Tilia x vulgaris).

Arbustes de base pour haies :Bourdaine (Frangula alnus),#Cornouiller mâle (Cornus mas),Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea),Fusain d’Europe (Euonymus euro-paeus), #Nerprun purgatif (Rhamnuscatharticus), Noisetier (Corylus avella-na), Prunellier (Prunus spinosa),*Saule cendré (Salix cinerea), *SauleMarsault (Salix caprea), *Saule fragi-le (Salix fragilis), Troène commun(Ligustrum vulgare), Viorne obier(Viburnum opulus).

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LES VILLAGES : ENTRE LINÉARITÉ ET ÉTAGEMENTLES VILLAGES : ENTRE LINÉARITÉ ET ÉTAGEMENT

10IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires

Le cœur des villages anciens est com-posé de maisons, corps de fermes etgranges s’organisant sous forme d’uncontinuum bâti le long des rues. Lapente souligne le volume des bâti-ments et les aménagements qu’il aété nécessaire de réaliser pour s’y

Intégrer harmonieusement lesextensions urbaines L’extension récente des villages, sousforme de pavillons ou de lotissements,entraîne de profonds changements.Réalisés dans des espaces inondablesou sur les hauts de versants voire aubord du plateau, l’impact paysager est important en particulier sur leshauteurs. Les terrassements nécessai-res à la construction amplifient l’im-pact paysager : talus raides, motte,arasement des talus et versants.Il faut privilégier la réalisation de profils de pentes raisonnables adap-tées aux plantations. Grâce aux mas-ses arbustives ainsi créées, l’intégra-tion des nouveaux bâtis sera plusnaturelle que la réalisation de muretsou de soutènement surmontés de clôtures.

Les talus dans les rues,éléments identitairesLes rues et les places sont parfois for-tement marquées par le relief : le trai-tement de la pente nécessite la créa-tion de talus. Selon l’espace disponi-ble, les talus sont avant tout des élé-ments techniques qui assurent lemaintien du sol et dont l’aspect esthé-tique en constitue l’attrait : surfacesenherbées et parfois masses d’arbus-

L ’implantation et la morphologie des villages sont fortement contraintes par le relief et par l’eau.Aussi selon le profil de la vallée, les villages se sont développés soit sur un versant ou à la conver-gence de plusieurs vallons affluents, soit au plus près de l’eau. Néanmoins, dans tous les cas,

les centres anciens sont toujours établis hors de la zone inondable. Seules les activités directement liées à l’eautelles que les moulins, scieries ou piscicultures sont au contact direct de l’eau. L’aménagement nécessaire de lapente se fait au moyen de talus, de murs et de soutènements importants dans la physionomie du village. Dansla masse groupée de maisons, fermes et granges, les points forts comme l’église, la mairie ou la place s’inscri-vent le plus souvent sur les points hauts.Aujourd’hui, les villages offrent de plus en plus de grands contrastes entre les cœurs anciens denses et les quar-tiers de pavillons ou d’habitats légers (caravanes, mobilhomes...) parfois implantés dans les zones inondablesou montant à l’assaut des plateaux.

Enjeu

Références

Palette végétale Indicative

Les talus de dénivelé variable sont souvent végétalisés

Le relief amplifie l'impactdes constructions et desplantations formant le seuilde la propriété.

• Milieux humides et populiculture en Picardie - C.R.P.F. Nord Pas deCalais - Picardie 2001

tes en particulier pour les entrées devillage. Ces espaces font partie inté-grante de l’identité du village.Les talus, plantés ou simplementengazonnés, marquent le lien avec lepaysage environnant. Leur entretienest souvent simple (tonte ou taille)mais nécessaire. Le charme du village réside dansla qualité, l’entretien et la sauve-garde des talus, éléments tech-niques et paysagers.

adapter. La façon d’aménager leseuil ou la clôture fermant la proprié-té est donc primordiale. La qualitédes ouvrages, qu’ils soient murets,murs, emmarchements…, par le soinapporté à leur réalisation et leuraspect (brique jointée, enduit, bois,pierre calcaire…), est essentielle à l’identité du village. L’entretien de plantations le caséchéant en pied de façade ou sousforme de clôture doit être à l’échelle de la rue.

Les talus plantés, composante de l'ambiance villageoise.

Les talus de dénivelé variable sont souventvégétalisés et caractérisent l’espace public.

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LES ESPACES FORESTIERS, ENTRE OUVERTURE ET FERMETURE DU PAYSAGELES ESPACES FORESTIERS, ENTRE OUVERTURE ET FERMETURE DU PAYSAGE

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Les forêts, des paysagesfermésPar leur effet de masse et de densité,les forêts créent des paysages ferméset cloisonnés.Les forêts domaniales : Halatte,Laigue, Retz, Saint-Gobain…), vastesdomaines seigneuriaux et royauxinitialement destinés à l’exercice dela chasse sont devenues des forêtspubliques gérées par l’ONF (OfficeNational des Forêts) où sylviculture etchasse cohabitent avec les activitésde loisirs et de détente.Cultivées par leurs propriétaires, lesforêts privées occupent une placeimportante par leur superficie bienqu’elles puissent être parfois très

éparses… Les forêts qui ont sub-sisté aux défrichements massifs

étaient souvent situées sur dessols pauvres, difficile-

ment aptes à la cul-

ture mais nécessaires aux besoinsdomestiques (bois de chauffage,cueillette, gibier). Elles sont deve-nues le refuge d'une faune chasséedes plaines cultivées : le cas du cerfest significatif de cette évolution.Dans certains secteurs, la fortefréquentation de public et l'aug-mentation du gibier (cerfs, san-gliers, chevreuils…) fragilisentl'équilibre forestier. Après une stabilisation et malgré ledéveloppement des espaces bâtis etagricoles, les espaces forestiers sedéveloppent dans les vallées et lescoteaux peu adaptés pour l’agricultu-re actuelle. Par leur masse, ces nou-veaux espaces forestiers ferment lepaysage et les vues.

Perspectives et ouvertu-res créées par l’homme

Par l’Histoire et les aménagementshumains, des ouvertures visuelles etdes perspectives ont été créées et peu-vent être importantes : perspectivesde châteaux, allées royales et de chas-se, carrefours, voiries automobiles(départementales et nationales)essentiellement en ligne droite, parexemple : allée royale à Villers-Cotterêts, Les Beaux Monts et alléesde vénerie en forêt de Compiègne…En prolongement des espaces fores-tiers et dans le continuum forestier,les voiries sont souvent accompa-gnées par des alignements d’arbres.L'élargissement et les déviationsdes voies déstructurent ces espaceset remettent en cause les perspecti-ves et les alignements d'arbres.

Souvent vue comme une “terre fertile et de grandes cultures”, la Picardie dispose d'un patrimoineforestier non négligeable dont les massifs les plus conséquents sont essentiellement regroupés autourde la vallée de l’Oise et ses affluents (Aisne, Ailette, Nonette…). Ils constituent un ensemble

forestier de dimension nationale : Forêts de Chantilly, d’Halatte et d’Ermenonville, Forêts de Compiègne etde Laigue, Forêts de Saint-Gobain et de Coucy-Basse, Forêt de Retz…en continuité avec les régions voisines,

Ile de France et Champagne Ardennes.Un continuum forestier important (bois, forêts, bosquets…) relie entre eux les différents massifs : Bois du Roidans le Valois entre les forêts d’Ermenonville et de Retz, le Clermontois ou encore les collines du Laonnois

depuis les forêts de Saint-Gobain et Coucy-Basse à celle de Vauclair. Seule la forêt de Crécy-en-Ponthieu, unique massif forestier domanial de la Somme, est isolée de

l’ensemble forestier picard.

IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires

Les variations localesLes variations locales des grandstypes de boisement résultent de lanature des sols, du climat et de l'in-fluence humaine puisque ces forêtssont gérées depuis longtemps.Forêt de Chantilly : futaie* peuimportante : plus pauvre en grandsarbres à cause des sols sablonneuxmais densité végétative plus impor-tante du sous-bois.Forêt d’Ermenonville : constituéed’importantes surfaces de rési-neux*(pins sylvestres), suite à lareplantation sur sols sablonneux.Forêt de Saint-Michel : importancede la variété des essences : chênes,Merisier, érables, Hêtre commun, dueà la diversité des influences clima-tiques et des sols qui lui confèrent undegré d’humidité propice au dévelop-pement parfois exubérant de la végé-tation et la constitution d’écosystè-mes caractéristiques des zones mon-tagnardes des Ardennes voisines.Le continuum forestier,

lien entre les espacesforestiersC’est une zone mixte qui mêle, dansdes proportions différentes selon lessecteurs : forêts, bois, bosquets, acti-vités agricoles et les espaces bâtis. Ily a donc une forte interpénétrationentre les espaces forestiers (fermés),les espaces urbanisés et les espacescultivés (ouverts). Dans le continuum,les éléments arborés prédominent etorganisent perceptions et perspecti-ves sur le milieu environnant.

LexiqueForêt d’Halatte

Lisière de forêtContinuum forestier entre les forêts de CoucyBasse et de Saint Gobain

Le continuum forestier (en vert plus clair) relie les espaces forestiers entre eux.

BD CARTO®/©/IGNParis - 2002

La futaie : de façon simplifiée,ensemble d'arbres de même âge issusde semis ou de plantation.

La lisière : limite entre deux forma-tions végétales.

Les feuillus (ou angiospermes) : ils rassemblent les espèces dont lesgraines sont enfermées dans desfruits. Majoritaires, ils comprennentde nombreuses familles dont lesfeuilles sont caduques, c’est-à-diretombent à l’automne.

Les résineux, conifères (ou gymo-spermes) : ils regroupent les espècesà graines nues. Les pinacées (sapins,pins, épicéas, mélèzes, cèdres…) et lescupressacées (thuya, cyprès…) sontles 2 familles qui regroupent l’essen-tiel des résineux plantés en Picardie.

Le taillis : ensemble d'arbres ou d'ar-bustes situés sous la futaie ; ou ensem-ble d'arbres et d'arbustes coupés àrotation assez courte.

Lisière de forêt,transitionavec les autres milieux

Autrefois, il existait une transitionprogressive entre les espaces bâtis etforestiers, transition essentiellementconstituée de vergers, de pâtures, dehaies et de champs. Vouée à la

cueillette, cette mosaïque de milieuxavait aussi un rôle dans la résorptiondes eaux de pluie et de ruissellement. Les lisières régressent souvent,confrontant directement et defaçon plus brutale la forêt aux aut-res espaces (openfields et zonesbâties).

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Les essences dites de “lumière” sontidentiques à celles des espaces agri-coles (page 7). Celles qui supportentdes conditions de relatif ombrage sont :Arbres de grande taille : Hêtre com-mun (Fagus sylvatica), Érable syco-more (Acer pseudoplatanus), Tilleul à petites feuilles (Tilia cordata) et àgrandes feuilles (Tilia platyphyllos)Arbres de seconde grandeur :Charme commun (Carpinus betulus),Érable champêtre (Acer campestris)Arbustes :Houx commun (Ilex aquifolium),Noisetier commun (Corylus avelana),Néflier (Mespilus germanica),Cornouiller mâle (Cornus mas),Cornouiller sanguin (Cornus sangui-nea), Troène vulgaire (Ligustrum vul-gare), Cassis (Ribes nigrum) etGroseillier commun (Ribes rubrum).Espèces tapissantes :Lierre (Hedera helix)Dans le continuum, espèces frui-tières : pommiers, poiriers, pruniers,noyers en variétés.

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Palette végétale Indicative

Enjeu

Références

Le bâti, enfoui en forêt,dans les clairièresLa silhouette des bourgs n'apparaîtqu'une fois franchie l'entrée de la clai-rière ; elle reste donc peu visible. Lesespaces publics sont dominés par unbâti minéral, agrémenté d'un maild’un ou deux alignements d'arbressur la place principale.Le bâti est souvent encadré par desprairies, des vergers, des jardins etpotagers arborés complétés par deschamps qui assurent ou assuraient latransition avec l'espace forestier.Ces espaces de transition sontaujourd'hui convoités et remplacéspar les extensions urbaines, essen-tiellement pavillonnaires, dont ledéveloppement varie selon lesdimensions de la clairière et desespaces libres.

• “Comment gérer mon bois”, C.R.P.F.Nord Pas de Calais – Picardie, 2001

• “Gestion forestière et diversité biolo-gique”, ENGREF, ONF, éd. IDF, 2000

villes. Mais elle y est aussi plus pau-vre qualitativement avec la présenced’essences non locales et banalisées(thuyas, cyprès, lauriers…).Le choix de végétaux se rapprochantplus des essences forestières permet de restituer la transition entre les diffé-rents milieux (haies, bosquets, arbresfruitiers…) et la continuité avec l’exis-tant. Cela participe à la diversité et àla qualité du milieu forestier.

Village de lisière en forêt d’Halatte

Village de clairière en forêt de Retz

LES VILLAGES : ESPACES BÂTIS AU SEIN DES MILIEUX FORESTIERSLES VILLAGES : ESPACES BÂTIS AU SEIN DES MILIEUX FORESTIERS

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Avec la prédominance de l'espace boisé, les silhouettes du bâti émergent parfois de l’écrin végétal.Les espaces bâtis, “imprégnés” par l’espace végétal, sont souvent semi-cachés et leur présence estmarquée par un ou plusieurs édifices (église, château…), ou par une ouverture visuelle (allée,

route…). L'implantation géographique du bâti par rapport aux espaces forestiers diffère d'un village à l'aut-re, ce qui influe sur l’organisation des structures végétales.

IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires

pement, au port taillé ou libre.D'autres espaces publics (une placet-te, un cheminement piéton…), ponc-tuent et structurent le village sansêtre véritablement mis en valeurcomme ils l’étaient autrefois avec unarbre isolé, un alignement.Quelques espaces caractéristiquesexistent aussi comme les jeux d’arcdont les pas de tir et les allées étaient

encadrés par des haies et des aligne-ments d’arbres.Il est important de conserver lecaractère simple et paysager deces espaces en s'inspirant de lanature et en jouant sur des effetsde masse : bosquets, haies, grami-nées… faciles à entretenir et sou-vent peu onéreux.

Au cœur des espaces bâtis,des jardins arborés

Depuis la rue, le caractère minéral dubâti prédomine, composé essentielle-ment de longères*, de granges, ou declôtures érigées dans les mêmesmatériaux que la bâtisse (maisonsbourgeoises, maisons ouvrières…).Dans les parcelles, les jardins sontmasqués par des murs ou à l’arrièrede la bâtisse principale. Ils se compo-sent généralement d’un espace pota-ger et d’un autre arboré avec desessences fruitières.Le terrain ou le jardin peuvent êtreaussi entourés de haies arbustivesd’une seule essence, ou mixtes com-posées d’essences locales qui se rap-prochent essentiellement des essen-ces d’arbres des forêts.Le choix d’essences forestièresfacilite l’insertion de nouveauxpavillons.

Des espaces publics réduitsLes espaces publics (la place de lamairie ou de l’église) ont souvent untraitement végétal simple, mais degrande qualité (mail* ou arbre isolé)et composé d’arbres à grand dévelop-

Le Clermontois

Espace forestier RueHaie arbustive

Bosquets, jardin arboré,

vergers

S'insérer dans l'écrin forestierLe développement et l’impact des lotis-sements et autres extensions urbainesdépendent de la situation de la com-mune dans la forêt.La plupart ne prennent pas en comptel’aspect général du bâti et l’insertiondans le milieu naturel (végétation existante, type de végétation, relief…).La présence de la végétation est plusmarquée visuellement dans la périphé-rie que dans les parties anciennes des

La lisière, décor à l'arrière-plan des villages La visibilité du bâti varie selon sonimplantation en lisière. Sa présenceet sa silhouette sont généralementmarquées par un élément bâti de lacommune : une église, un château, unchâteau d'eau…

C'est un espace de transition entre forêt et espaces agricoles formés depâtures et de vergers, composé dehaies arbustives et de bosquets. Lesextensions urbaines constituent doncune zone sensible et de conflit.Les entrées sont souvent matériali-sées et soulignées par des plantationstelles que des alignements d'arbres.La lisière est un milieu riche etdiversifié, qu’il convient de préser-ver.

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• “Gestions de territoire”, ChambreRégionale d’Agriculture de Picardie,2004.

• “Les haies en Picardie”, CRPF NordPas de Calais-Picardie, 2005.

• “Schéma de recomposition du bocage de la Thiérache de l’Aisne”,Communauté de Communes de la région de Guise

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LES BOCAGES, UN PAYSAGE MAILLÉLES BOCAGES, UN PAYSAGE MAILLÉ

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L’origine du bocage est très ancienne. Des documents datant du XVème et XVIème siècle révèlent queles haies servaient déjà de limites aux domaines seigneuriaux et monastiques. Durant tout leMoyen Âge, les hommes ont entrepris de défricher les forêts pour s’installer sur ces terres mises à

nu et pratiquer de l’élevage. Aujourd’hui, le maillage des haies, présent en Thiérache et dans lePays de Bray, est le reflet de cet héritage. Les zones de bocage reposent sur

un relief vallonné, ponctué de massifs forestiers de toutes tailles, qui offrent des paysages plus ou moins fermés et un effet de mosaïque.

IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires

Les haies, élémentsidentitaires du bocage

Le bocage est caractérisé par leréseau de haies qui borde les parcel-les, les routes et les chemins. Dans lepaysage de bocage, le maillage deshaies joue un rôle structurant. En évo-luant dans ce paysage, on a le senti-ment d’une organisation rigoureuse.La disposition des haies, ainsi queleurs modes d’entretien (tailleannuelle ou pluriannuelle) créent unmaillage plus ou moins dense. Il exis-te plusieurs types de haies : basses,hautes, mixtes… qui n’ont pas toutesla même utilité en fonction de leurimplantation et des essences qui lescomposent.Le manque d'entretien de certai-nes haies tend à en estomper lesdifférentes structures et leur orga-nisation. Les perspectives dedébouchés en bois pour la produc-tion d’énergie pourraient cepen-dant dynamiser leur entretien. Références

Un paysage en voie desimplification : entreboisement et disparitiondes haiesDans la boutonnière du Pays de Bray,les coteaux abrupts se reboisent pro-gressivement (hêtre et chêne), fer-mant les vues et brouillant les per-spectives sur le fond de vallée. Dansla Thiérache bocagère et la Picardieverte, les phénomènes d’arrachagedes haies et des vergers, lelabour des prairies ten-dent au contraire àouvrir le paysa-ge. Le boca-ge vieillit,c e r t a i n e shaies sed é g a r n i s -sent oud i s p a ra i s s e n t .L’agrandissement des par-celles, un entretien inadapté etcoûteux sont les principaux facteursde cette régression. En limite deszones de bocage, le maillage de haiesse fait de plus en plus lâche et dis-continu, pour progressivement céderla place à l’openfield des grandes cul-tures.Le bocage subit aussi la pressionfoncière, le vieillissement des ver-gers, la plantation de peupleraiesdans les fonds de vallée… Cetteévolution entame peu à peu l’iden-tité du bocage. Préserver et entre-tenir le bocage suppose de maîtri-ser son évolution sans le figerpour autant.

Des prairies omniprésentesLa structure parcellaire est induitepar le mode d’occupation du sol.Ainsi, la prédominance de l’activitéd’élevage explique-t-elle l’omnipré-sence des prairies découpées par leshaies de clôture. Entretenu jusqu’àmaintenant par les agriculteurs, lebocage répond à une fonctionnalitéde l’espace, qui malgré l’évolutiondes besoins actuels (intensificationdes élevages, quotas laitiers…), aencore une utilité avérée.

L’intérêt des haies pour l’agricultureet l’élevage est reconnu (effet brise-vent, drainant, anti-érosif, abri pourle bétail).Le bocage constitue aussi l’imagede marque du terroir, pour valori-ser les productions agricoles loca-les et plus largement, pour déve-lopper le tourisme et dynamiserl’économie locale.Paysage modulé par les haies

et les boisements

Aquarelle extraite de l’inventaire des Paysages de l’Aisne, CAUE 02

La Thiérache et le Pays de Bray constituent les deux grandes zones bocagères de Picardie

Un bocage ponctué de vergersAssociés à la trame de haies, les arb-res fruitiers, en vergers ou isolés, fontpartie de ces caractères forts qui mar-quent le bocage, en particulier enThiérache. Ils ponctuent les herbagesentre les haies en périphérie des fer-mes et des villages et ils assurent latransition avec l’espace bâti.En forte régression à partir desannées 60, des initiatives récentestendent à relancer l’activité cidri-cole.

Les rôles de la haieSelon son implantation, sa structu-re et les essences qui la composent,la haie joue un rôle bien défini :

•L’effet brise-ventC‘est l’un des rôles majeurs de lahaie. L’efficacité de ce dispositifdépend à la fois du degré de « porosi-té » (suivant l’essence) de la haie,mais aussi de sa hauteur. La zoneprotégée peut atteindre 20 fois lahauteur de la haie.

•Un abri pour la fauneLes haies exercent un rôle capitalpour la faune et tout particulièrementvis-à-vis de l’avifaune : la haie fournità la fois un abri pour la nidificationet une source de nourriture (insectes,graines). Une corrélation a été établieentre les essences qui composent lahaie et la diversité des espèces obser-vées.

•Un rôle économiqueJadis, la haie faisait partie de lamicroéconomie agricole (bois pourles bâtiments, le mobilier, pour sechauffer…). Aujourd’hui, même si l’uti-lisation du bois est moindre, la haiepermet des économies d’eau et d’irri-gation car l’effet brise-vent limitel’évapotranspiration des plantes cul-tivées.

Bocage de Haute Thiérache

BD CARTO®/©/IGN - Paris - 2002

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LES VILLAGES : INSÉRÉS DANS UN ÉCRIN DE VERDURELES VILLAGES : INSÉRÉS DANS UN ÉCRIN DE VERDURE

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La Thiérache bocagère est une zone qui se dépeuple progressivement et son bocage tend à disparaîtreau sud de la région au profit des grandes cultures. À l’inverse, le pays de Bray et la vallée de laBresle accueillent de plus en plus de nouveaux habitants, en raison notamment de la proximité de

Beauvais. Cela se traduit par un recul du bocage, principalement le long des grands axes. Ainsi, l’urbanisation,tout comme l’évolution des pratiques agricoles, vont-elles être des facteurs de mutations rapides des zones boca-gères de Picardie.

IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires

Une harmonie entre bâti et végétationLe bocage se caractérise par un bâtidispersé. Les villages sont implantésle long des voies de circulation tandisque de nombreux hameaux et exploi-tations agricoles sont disséminésdans la trame bocagère, en fond devallée ou dans les talwegs.Proportionnellement, le bâti est peuprésent dans le paysage. Marqué parune végétation dense, il se lit parfragments au gré des transparences. des haies.

Une ceinture végétaleautour du bâtiAutour des villages, les vergers, bos-quets, haies, constituent une ceinturevégétale plus ou moins opaque selonles saisons, filtrant les vues sur lesmaisons ou les corps de ferme.L’église et son clocher émergent sou-vent de l’alignement linéaire des toitset constituent un point de repère pourlocaliser le bourg.La disparition progressive de cetteceinture végétale est dommageablepour des raisons écologiques (protec-tion faune, diversité floristique, pro-tection des vents, facteur limitatif descoulées de boue…) mais aussi esthé-tique. La haie permet, bien souvent, d’in-tégrer les constructions récentesau tissu urbain ancien.

L’importance des haies de clôturesdans les villagesLa traversée des villages-rues semblesouvent longue : les maisons et bâti-ments d’exploitation agricole s’égrè-nent le long de la chaussée consti-tuant un tissu urbain peu dense. Leshaies taillées ou les murs de clôture

Haies et pratiques agricoles actuellesL’adaptation des exploitations agri-coles aux besoins et aux techniquesactuelles nécessite des surfaces deterrain plus importantes, occasion-nant une nouvelle découpe du parcel-

Intégration des nouveaux bâti-ments agricolesLa mise aux normes des bâtimentsd’élevage implique parfois leur dépla-cement à l’extérieur de l’aggloméra-tion afin de répondre aux distancesd'implantation réglementaires.Au respect des caractéristiques archi-tecturales locales, s’ajoute très sou-vent la nécessité de procéder à de nou-velles plantations pour réussir l’inté-gration paysagère de ces nouvellesconstructions. La plantation de haieschampêtres à l’aide de plantes localesest la réponse idéale.

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En fonction des types de haiesLe tissu végétal du bocage picard relève de quatre typologies :La haie basse :Hauteur de 1,5 m selon la taille sur 3 faces, le plessage* renforce l'effetclôture. Elle occupe généralement lesbords de route.Certains arbres et arbustes supportentla taille régulière, parmi lesquels :Aubépine épineuse (Crataegus mono-gyna et laevigata), Prunellier (Prunusspinosa), et aussi Charme (Carpinusbetulus), Houx (Ilex aquifolium),Chêne rouvre (Quercus petraea),Troène vulgaire (Ligustrum vulgare).La haie mixte :Composée d’un alignement régulier de grands arbres (têtards ou non) liai-sonnés par une haie basse (taillée ounon), elle se positionne le plus souventperpendiculairement à la voie.La haie moyenne :Elle témoigne de l’abandon de l’entre-tien de la haie basse ou de la recher-che de production de bois de chauffa-ge. On trouve, en plus des espèces dela haie basse :Cornouiller mâle et sanguin (Cornusmas et sanguinea), Fusain d'Europe(Euonymus europaeus), Viorne lanta-ne et obier (Viburnum lantane et opu-lus), Noisetier (Corylus avelana),Sureau noir (Sambucus nigra) et Érable champêtre (Acer campestre).Les arbres têtards :Ils résultent d’un étêtage régulier (7 à 10 ans) de la ramure.Charme (Carpinus betulus), Frêne(Fraxinus excelsior), Saule (Salix alba)et plus rarement Chêne sessile oupédonculé (Quercus petraea etQuercus robur).

Dans le bocage, la perception de l’espaceurbain se résume souvent à la traversée

des villages-rues

La végétation filtre le regard et permet de dimi-nuer l’impact de constructions disgracieuses

Palette végétale Indicative

Enjeu

lexique

Arbre têtard : arbre taillé de manièreà former une touffe au sommet dutronc.Haie : alignement continu de plantesligneuses initialement destinées à cloreune parcelle.Plessage : croisement des branchesdes plantes à la manière d’un tressageafin de rendre la haie infranchissable.

Ces apparitions ponctuelles sontautant de points de repère qui captentle regard. Les combinaisons variéesentre le végétal et le bâti créent unpaysage harmonieux à l’échellehumaine.Les nouvelles implantations dubâti reproduisent les plantationsbanales de lotissement et impor-tent des structures de haies(thuya, cyprès…) sans rapportavec la végétation locale.

en briques sont un fil reliant les habi-tations les unes aux autres. Les accote-ments sont étroits et enherbés.L’espace privatif entre les construc-tions et l’espace public est de petitedimension, voire inexistant.Ici, plus qu’ailleurs, l’introductionde la haie de conifères (monotone,ennuyeuse et fragile), est uneatteinte à l’identité du pays.

laire. Ce changement d’occupationdu sol (de la prairie au champ culti-vé), s'accompagne d'un arrachage dehaies, ce qui modifie radicalement laperception du paysage : le paysagecloisonné devient rapidement un pay-sage ouvert.En Picardie, des exemples récentsmontrent qu’il est possible dereconstituer une trame végétaleen ceinture de ces parcelles,alliant économie, écologie,modernité et respect de l’identitédu bocage.

La haie de conifères occulte la vue sur la maison et altère

la composition de la rue

Les haies constituent un fil conducteur duréseau de routes, de chemins et de sentiers.

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Les boisements de production, des massesartificielles imposantesBoisements aux formes très géomé-triques, ils sont le plus souvent cons-titués de peupliers. Implantés aléatoi-rement à la place de prairies ou dechamps, ils ferment par leur massecompacte le paysage et les vues en

particulier à la belle saison.La suppression ou le dévelop-

pement de ces boisements àvocation économique aura

un impact fort sur lepaysage.

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LE LITTORAL, UNIVERS SINGULIER CONQUIS SUR LA MERLE LITTORAL, UNIVERS SINGULIER CONQUIS SUR LA MER

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Lieu d’imbrication entre les terres et la mer, le littoral picard a la particularité de rassembler surquelques dizaines de kilomètres une grande diversité de formes de côte : falaises, plages de sable oude galets, dunes, basses plaines, estuaires sous forme de baies : Baies de Somme et d’Authie. Cette

diversité géographique créée des paysages variés et fortement imbriqués : dunes plantées en partie de pins ;plaines plus ou moins humides appelées Bas-champs ; marais ou zones humides avec des roselières ; baies

ouvrant de larges panoramas sur la mer et peu à peu colonisées par les mollières*. L’eau est omnipré-sente dans ces paysages. Les contrastes sont néanmoins saisissants et alternent entre une

grande ouverture visuelle ponctuée à l’horizon par les lignes boisées autourde fermes ou de villages et des prairies fermées aux vues cadrées entre leshaies.

IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires

Les marais, de richesespaces ouvertsLes zones humides des marais s’éten-dent entre les foraines* de galets et lafalaise morte* et sont alimentées parl’eau descendant des plateaux. Cesont de vastes espaces ouverts par-courus par un réseau de canaux et demares à huttes.D’apparence sauvage, les maraissont en fait des espaces extrême-ment entretenus dont le devenirest lié à l’évolution des pratiques(chasse, pâturage des chevaux...).

S’adapter aux conditions climatiquesÉléments importants de l’identité deces paysages, les essences d’arbres et arbustes sont les révélateurs de lacaractéristique majeure de ce terri-toire : un climat rude. Ces paysagesrestent dominés par les différentesespèces de saules : de la silhouettepuissante d’un Saule blanc isolé aufoisonnement d’une haie, taillée ounon, mariant des saules roux ou pour-pres. Des essences telles que le peu-plier ou le pin, introduites, elles aussi,ne dérogent pas à la règle d’adapta-tion : l’eau omniprésente, les vents violents, les embruns salés.

Lexique

Enjeu

Autour des villages, des plantations variéesLes plantations, dans et autour desvillages se rencontrent principale-ment sous deux formes : les reliquatsd’anciens vergers (pommiers) et lesjardins. Les plantations des jardinsforment l’écrin du village et sa protec-tion contre les violences climatiques.Le maintien de l’identité des villa-ges dépendra du traitement deslimites des jardins et du choix desvégétaux.

Les fermes isolées sont souvent protégées parune haie brise-vent.

Des haies particulières et identitaires

PeupliersPopulus nigra L “italica”

Saules argentéssalix alba

Haies saules variés, Haie bocagère

Saules têtardsSalix alba

RoseauxPhragmites sp.

Le littoral picard sedéveloppe au-delà dutrait de côte.

Les haies brise-vent, écrin protecteurElles forment des masses compactesà l’image de celle des boisements deproduction. Elles sont l’écrin protec-teur du bâti : fermes, hameaux ouvillages. Les rideaux des haies brise-vent freinent et filtrent les violencesdu vent. Ces haies peuvent prendre laforme de véritables boisements com-posés d’aubépines, d’ormes, de frê-nes et surtout de saules parfois com-plétés ou remplacés par un aligne-ment de peupliers..Elles sont essentielles et doiventcontinuer à être respectées etentretenues.

BD CARTO®/©/IGNParis - 2002

Falaises mortes : ancien trait decôte, elles marquent la limite avec lesplateaux à l’est du littoral (Vimeu etPonthieu). Erodées par la mer durantdes millénaires, elles ont aujourd'huiune pente douce le plus souvent cultivée.

Foraine : Accumulation sous formede bancs successifs le long de la côtede silex arrachés par l’érosion marineaux falaises. Aujourd’hui, recouvertespar les terres cultivées, les forainesforment des élévations plus sèches.

Mollières : mélange de sédiments for-mant des surfaces peu à peu coloni-sées par la végétation du fait de leurfertilité. Endiguées et cultivées, lesmollières deviennent des renclôtures.

Renclôture : espaces gagnés par lacréation de digues et d’un importantsystème de drainage (fossés, canaux)sur la mer par assèchement de maraiset terres partiellement émergées. C’estune forme de poldérisation réalisée aufil des siècles, de l’époque médiévaleau XIXe siècle.

Graphiose : maladie apparue en1917, due à un champignon qui pro-voque le dessèchement de l’arbre. Elle a provoqué la quasi-disparitionde l’orme en France. De nouvellesespèces sélectionnées réputées résis-tantes sont aujourd'hui testées oucommercialisées.

L'eau est omniprésente dans les Bas-Champset les marais du littoral

La forêt dunaire,unevégétation particulièreLa forêt de pins (Pin Laricio de Corse)est une pinède de production et defixation du massif dunaire. Ce paysa-ge boisé tranche avec les Bas-Champsdu Marquenterre par son aspect com-pact, continu et fermé.Le devenir de cette structure végé-tale constituée par l’homme est liéaux choix d’exploitation pour lerenouvellement de ces boise-ments.

Les haies de renclôture*,identités des paysages debas-champs

Élément majeur de composition dupaysage, elles sont souvent liéesau système de drainage : fossés et canaux.Composées d’aubépi-nes, de Prunellier,d'Orme champêtre(décimés par la gra-phiose*), de Frêne, deTroène ou de diversesvariétés de saules (blanc,des vanniers, cendré), leshaies de renclôture alternent avecles alignements de saules tradition-nellement entretenus en têtard*.Le maintien d’une activité agrico-le soucieuse de leur intérêt assure-ra la pérennité des digues et talusnécessaires au drainage de l’eau etau refuge pour la faune et la flore.

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Arbres pour plantation en isoléou alignement :Aulne glutineux(Alnus glutinosa),Frêne commun (Fraxinus excelsior),Charme (Carpinus betulus), Chênepédonculé (Quercus robur), Érablesycomore (Acer pseudoplatanus),Orme résistant (Ulmus x resista), pom-mier, Peuplier tremble (Populus tremu-la), Saule blanc (Salix alba), Tilleuld’Europe (Tilia x vulgaris).

Arbustes pour haies :Argousier (Hippophae rhamnoïdes),Érable champêtre (Acer campestre),Noisetier (Corylus avellana), Fusaind’Europe (Euonymus europaeus),Prunellier épine noire (Prunus spino-sa), Saule cendré (Salix cinerea),Saule marsault (Salix caprea), Sauledes vanniers (Salix viminalis), Saulepourpre (Salix purpurea), Troène(Ligustrum vulgare), Viorne lantane(Viburnum lantana).

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LES VILLAGES : LA MER, L’EAU ET LE VENTLES VILLAGES : LA MER, L’EAU ET LE VENT

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La variété des situations et la complexité de ce territoire entraînent une grandediversité de formes de villages : de la station balnéaire (Fort-Mahon, Quend-Plage),aux ports de baie (Saint-Valery, Le Tréport) jusqu’aux villages sur des points

hauts, au milieu des renclôtures ou situés au pied de la falaise morte. Mais cette même diversi-té s’accompagne de points communs : les villages sont groupés et les bâtiments s’organisent lelong des voies, formant une silhouette massive. Cet effet est renforcé par la présence de jardinsou d’anciennes prairies, fortement arborés en ceinture. La place communale, centrale ou enbord d’eau dans le cas de port ou de station, peut faire l’objet d’une plantation d’arbres enmail. Plus rarement les entrées du village ou un monument tel qu’un calvaire peuvent être plantés.

IDENTIFIER : Végétaux et identités des territoires

Un système hiérarchisé par l’eauLes points hauts naturels des plaineslittorales ont souvent été utilisés pourles cultures réclamant des sols plussecs (céréales). Les fermes sont sou-vent implantées au milieu des surfa-ces endiguées : les renclôtures.Des fossés entourent une surface sur-élevée sur laquelle des bâtimentscompacts sont rassemblés autourd’une cour. Pour maintenir les taluset protéger l’ensemble, une masseboisée (plus importante du côté desvents dominants) englobe la ferme,parfois complétée d’une plantationde production (peupliers).Ces masses boisées participent aupaysage du littoral et doivent,dans certains cas, être renouve-lées dans la durée pour maintenirdes arbres âgés dont les fonctionsécologiques sont importantes.

Palette végétale Indicative

Enjeu

Des rues verdoyantes…sans arbres dans l’espace publicLes arbres se situent dans les jardins,parfois visibles depuis la rue. Dansles rues, c'est l’herbe couvrant sou-vent les bas-côtés qui fait office devégétation. Parfois, des fossés s’insè-rent le long des voies. Seule la placeprincipale est plantée d’un ou plu-sieurs alignements, le plus souventde tilleuls. Les clôtures (murets desilex, clôtures ou haies...) participentau caractère des rues.Le maintien des murs et murets,des haies taillées ou naturelles estle facteur principal de l’évolutionde ces espaces publics peu arborés.

Les jardins autour des nouvellesconstructions, s’insèrent dans unpaysage particulierSouvent réalisées à la périphérie devillages, les nouvelles implantationsdu bâti sont fréquemment des aligne-ments de pavillons. Pour reprendre lacomposition traditionnelle, la limiteavec la rue doit être franche avec uneclôture (haie, mur ou claustra), lesgrands arbres se situant en arrière.La végétation sera choisie dans lesvolumes et le respect d’une paletted’essences locales adaptée aux condi-tions climatiques autant que pour lapréservation de l’identité des lieux.

La rue présente un équilibreentre bâti et végétal.

Bâti renfermé sur une cour

Prairie

Masse boiséebrise-vent

Fossépériphérique

Alignement depeupliers

Canal de drainage

Saules têtards

Fossé colonisépar les roseaux

Trottoir en herbe

Arbres de grandesdimensions

Végétation participantà l’image de la rueVergers

Arbres uniquementsur la place

Fossé

Haies arrièresvolumineuses

Bâti en retraitde la rue

Haie tailléed’essence locales

Arbre de grandes dimensionsen retrait de la limite

Clôture franche

Haie arrièrearborée

Au cœur des villages, des jardins arborés protecteursLes maisons et les dépendances desfermes forment des continuités lelong des rues. Les jardins sont situésen arrière, et parfois dépassent entredeux bâtiments. Ils forment la transi-tion avec les prairies, les haies sontplus volumineuses et plus variées. Par la présence de grands arbres(pins, peupliers, tilleuls) ou de haies,les jardins participent à l’image desvillages. Traditionnellement lesmêmes espèces se retrouvent auniveau des haies de renclôture*.

C’est en fonction de l’équilibreentre ces essences locales et leshorticoles que l’intégration aupaysage des villages sera sauve-gardée.

L'eau et sa maîtrise en réseau est une composante importante

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LE PROJET PAYSAGER DE LA COMMUNE

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Le projet paysager de la commune porte directement sur l’espace public et les équipements publics, indirecte-ment sur l’ensemble du domaine privé. C’est au travers du cadre réglementaire et de l’information des admi-nistrés que la commune agit sur ce domaine privé. Une programmation des interventions d'entretien les plusappropriées confortera une gestion à long terme, nécessaire à la pérennité du patrimoine végétal de la commune.

INSCRIRE : le végétal dans les projets

Références

Aménager l’espace publicRue, place, chemin, square, parc,terrain de sports et de loisirs sontaménagés et plantés pour répond-re aux ambiances recherchées et àdes besoins fonctionnels actuelsou futurs : stationnement, circula-tion, sport…Penser simultanément l’aménage-ment des réseaux (souterrains etaériens) de la voirie et la ges-tion à long terme des planta-tions.La réussite et la pérennité desplantations dans l’espacepublic dépendent des paramèt-res suivants :• la nature du sol et la présencede réseaux enterrés ;• le relief avant travaux et aprèstravaux (déblais, remblais…) ; • la présence de l’eau (fossé,mare…), l’ensoleillement, lesvents dominants, l’écoulementdes eaux pluviales ;• la présence des bâtiments quibordent l’espace public (mai-sons, commerces, bâtimentspublics…) et les édicules pré-sents sur l’espace public (abri-bus, transformateur…) ;• la taille des végétaux à l’âgeadulte et la présence de réseauxaériens ;• la situation dans la commu-ne : en périphérie, choisir desessences et des types de planta-tions assurant la transition avecl'espace agricole ouvert (protectionaux vents, écran visuel) ou le milieunaturel et en cœur de bourg, unepalette végétale éventuellement plusornementale.

Prendre en compte lepatrimoine paysager et arboré dans le PlanLocal d’UrbanismeLe diagnostic, préalable à tout pro-jet, recense les structures végétalesqui forment l’identité et le patrimoi-ne paysager de la commune.

Promouvoir et adopterles démarches contrac-tuelles pour mieux pro-téger et entretenir

Le contrat « Natura 2000 » C’est un outil proposé pour lesmilieux identifiés qui présentent desespèces végétales ou animales de laDirective Européenne. Dans les péri-mètres des sites Natura 2000, lecontrat finance le surcoût ou lemanque à gagner par rapport à lagestion courante, une fois établi leDocument d’Objectifs. Sur les larriscalcaires superficiels par exemple, lepâturage ou pacage des moutons estfinancé pour favoriser le maintiend’une flore et d’une faune rares. Lescontrats Natura 2000 sont établispour une durée de 5 années.

La convention de gestionElle est adaptée aux milieux qui pré-sentent une richesse potentielle ouréelle sur les plans floristiques et/oufaunistiques. La commune ou le par-ticulier soucieux de maintenir ou derestaurer un patrimoine remarqua-ble, par exemple les larris ou lesmilieux humides, peuvent signer uneconvention avec une association deprotection de la nature qui se chargede l’entretien et le cas échéant, de larestauration du site avec des finance-ments publics.

Promouvoir les outilsréglementaires oucontractuels à disposi-tion des professionnels

Différents outils sont proposés auxpropriétaires forestiers privés : lePlan Simple de Gestion, le Règlementtype de Gestion et le Code de BonnesPratiques Sylvicoles concernent diffé-rentes catégories de propriétairesselon l’importance de leur surface.Ces outils engagent le propriétaire àgérer véritablement et durablementson bois tout en respectant la biodi-versité. La dimension paysagère estrarement prioritaire pour les proprié-taires forestiers privés sauf à proximi-té des sites et monuments classés oùdes règles de gestion s’imposent àeux.Le Contrat d’Agriculture Durable(CAD) s’adresse aux agriculteurs. Ilfavorise la mise en place ou le main-tien de mesures en faveur de l’envi-ronnement telles que : la plantationet l’entretien de haies, la création demares, la réduction d’intrants(engrais…) dans les parcelles.

Le Projet d’Aménagement etde Développement Durable(P.A.D.D.) fixe les orientationsgénérales en matière de pro-tection, de valorisation, dedéveloppement et de gestiondu territoire communal. Ainsi,la préservation, la valorisa-tion ou la création de certai-nes structures végétales de lacommune (tour de ville, haies,bocage, bosquets...), la protec-tion des vues et perspectivespeuvent être prioritaires. Lezonage et le règlement spé-cifique doivent être adaptésaux caractéristiques urbaines,agricoles et naturelles de lacommune. Le règlement du

P.L.U. précise, tant surle domaine privé quepublic, les conditionsd’aménagement, deplantations, de terrasse-ment des sols, d’arra-chage d’arbres, d’arbus-tes ou de haies (cf pages34-35).

Mettre en œuvre une ges-tion durable et une pro-grammation cohérente

Le Plan de paysage et la Charte depaysageIl s’agit de démarches volontairesissues de collectivités privilégiantl’engagement des partenaires autourd’un projet partagé de mise en valeurdu paysage. Ces démarches visent àréguler les évolutions à venir et réin-troduire une qualité paysagère dansdes paysages quotidiens en péril oudéstructurés.Ces démarches définissent, sur labase d’une analyse de l’identité pay-sagère du territoire et d’un projet àlong terme, un programme d’actionset des règles d’interventions cohéren-tes, réglementaires et opérationnel-les.

Le guide de gestion du patrimoinearboréC’est un outil adapté à toutes leséchelles comme à tous les acteurs. Ilcomporte :•un diagnostic qui analyse l'état dechaque arbre, état sanitaire (mal-adies, dépérissements...) et l’étatmécanique (présence éventuelle decavités, nécroses, localisation etimportance...). •un programme opérationnel établisur une période limitée (10 à 20 ans)et pour chaque arbre ou ensemblesd'arbres, les interventions nécessai-res pour conserver une unité à l'en-semble arboré. Ces interventions peu-vent être par exemple une taille adap-tée (enlèvements de bois morts, tailled'éclaircie de houppier...) ou l'abat-tage suivi de replantation.

Entretenir et valoriser les structures végétalesqui caractérisent la commune

Limiter l'extension de la commune

Préserver les pénétrations du paysage en cœur de bourg

Entretenir et valoriser les référents architecturaux quicaractérisent la commune

Limiter l'impact de l'urbanisation sur les entrées de ville

Entretenir et valoriser les milieux naturels sensibles

Impact fort dans le paysage, protection du paysage

PROJET D'AMÉNAGEMENT ET DE DÉVELOPPEMENT DURABLE DU P.L.U.

De nombreuses compétences profes-sionnelles et de nombreux métiersinterviennent dans un projet paysager,soit au stade du recensement, du dia-gnostic, du conseil, de la conception etde la réalisation (écologue, paysagis-te, horticulteur, pépiniériste…). Pour s’y retrouver et savoir à qui s’adresser, les CAUE, le CRPF, et lessites Internet spécialisés fournissentles renseignements demandés. (cf adresses en dernière de couverture).

Réalisation d’un projet de traverse d’agglomération

Reconstitution d’un “tour de ville”

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LE PROJET PAYSAGER DU PARTICULIERLE PROJET PAYSAGER DU PARTICULIER

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Dans les villes et villages, le bâti domine associé aux jardins, parcs et espaces verts des particuliers. Pour cer-tains quartiers récents ou lotissements, les jardins et les clôtures forment une des principales caractéristiques del’identité communale contemporaine.Chaque propriétaire peut aménager son terrain comme il le veut à condition de respecter les contraintes régle-mentaires. Il a aussi intérêt à offrir les meilleures conditions de vie à ses plantations et favoriser la biodiversité.

INSCRIRE : le végétal dans les projets

Se protéger du vent

Adapterles végétaux au sol

Domaine agricoleou naturel

Domaine privé

Domaine public

Domaine privé

Attention au volume adulte des arbres plantés

Ouvrir des vues sur les paysages

environnants

Pour le choix des végétaux, tenir compte de l’exposition au soleil, aux vents...

Veiller aux transitions entre les différents domaines

S’intégrer en respectantl’harmonie de la rue

Préférer les feuillus quiévoluent avec les saisons

L’aménagement de la parcelle ne doit pas porter préjudice aux parcelles

voisines et à l’espace public

S’insérer dans le paysa-ge en respectant le codecivil et le réglementd’urbanismeLa plantation d'arbres ou de haiesobéit à des règles générales décritesdans le Code Civil (articles 667 à673) et dans le Règlement Nationald’Urbanisme (RNU) ou, si la commu-ne en possède un, dans le Plan Locald’urbanisme (P.L.U.). Ces règlesimposent la prise en compte de l’en-vironnement existant (paysager, bâti

et arboré) pour tout projet afin d’enfaciliter l’insertion et assurer unecontinuité paysagère.

Les plantations de haies ou d’aména-gement, ainsi que l’abattage de plan-tations existantes peuvent être sou-mis à autorisation. Il faut étudier leséventuelles servitudes d’urbanismeappliquées à la parcelle, liées soitaux réseaux aériens (électricité ettéléphone), souterrains (cavités,réseaux, gaz…) soit à une protectionparticulière : une zone de protectionspécifique (ZPPAUP), aux abords demonuments historiques ou dans unsite classé (se renseigner en Mairie).Le Code Civil s’attache au respect duvoisinage : éviter par exemple d’oc-culter totalement le terrain riverainde l’ensoleillement par des planta-tions de grande hauteur.Les règles du Code Civil sont différen-tes pour les végétaux âgés de plus de30 ans ou si la faible distance résulted'une division de parcelle postérieureaux arbres. Pour les arbres, on auraintérêt à prévoir le développementadulte et donc une distance de plan-tation de l'ordre de 6 m vis-à-vis de lalimite de la propriété.

Les végétaux plantés sur la limiteséparative sont considérés commemitoyens et les frais d'entretien sont àpartager. On peut contraindre un voi-sin à couper les branches qui dépas-

sent mais seul le propriétaire réaliseles travaux nécessaires. En revanche,les racines envahissantes peuventêtre coupées par le riverain.

Le “volet paysager” dupermis de construireDans le cadre du permis de construi-re, la description des plantationsexistantes avant travaux (abattues ouconservées) et des plantations futuresest obligatoire. Elle est mentionnéedans le «volet paysager» qui com-prend : la note écrite, le plan demasse, sur les photographies et lesperspectives avant/après travaux.

Favoriser le maintiend’une faune diversifiéeet variéeUn paysage vivant dépend aussi de ladiversité et de l'importance de lafaune naturelle. Certains gestes sim-ples favorisent la biodiversité à l’é-chelle de la parcelle individuelle :- la plantation de haies mixtes plusfavorables à la biodiversité qu’unehaie mono spécifique.

Concevoir simultané-ment l’aménagement dela parcelle, l’implanta-tion des bâtiments et lagestion à long termeL’aménagement d’une parcellerépond aux ambiances de vie recher-chées par le propriétaire : jardin, bos-quet, potager… et à des besoins fonc-tionnels : stationnement, desserteautomobile, stockage, espace dejeux…

Pour garantir les conditions de vie etde développement à long terme desplantations, il faut tenir compte del’ensemble des paramètres :- la nature du sol et du sous-sol,- le relief avant travaux et après tra-vaux (déblais, remblais…),- la présence de l’eau, l’ensoleille-ment, les vents dominants,- la présence de bâtiments à proximi-té soit sur la parcelle soit sur les par-celles voisines ou l’espace public,- la taille des végétaux à l’âge adulte.

- la pose de nichoirs adaptés à diffé-rentes espèces, densifie les sites denidifications potentiels,- le maintien du lierre sur le tronc desvieux arbres nourrit la faune enpériode hivernale grâce aux baiesproduites par l'espèce et augmenteles potentialités de nidification,- le stockage de branches issues desproduits de taille ou d'élagage servi-ra de refuge à des espèces comme lehérisson,- le compostage des déchets végétauxproduira un compost riche avec unefaune du sol abondante (vers deterre...) qui nourrira la faune verté-brée (oiseaux et mammifères).

La pose de nichoirs adaptés aux différentesespèces renforcera la biodiversité

A couper par le propriétaire

2 m

2 m0,50 m

• “Pour ceux qui veulent construireune maison – Étudier avant de déci-der”, C.A.U.E. de la Somme, 2003

• "Plantons dans l'Oise", CAUE del'Oise

• Site internet juridique Légifrance :http://www.legifrance.gouv.fr

• Cultiver son espace de vie”, CAUE de l’Aisne, 2003.

• “Nichoirs & Cie” - B. Bertrand et T. Laversin, Editions de Terran.

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Références

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LE CHOIX ET LA PLANTATION DES VÉGÉTAUXLE CHOIX ET LA PLANTATION DES VÉGÉTAUX

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Un bon choix de plantation, nécessite avant tout l’analyse des références locales que le projet viendra prolon-ger, conforter ou réinterpréter (voir pages 3 à 24). Il évitera ainsi l’emploi de végétaux et la constitution destructures végétales en totale opposition avec les caractéristiques identitaires du paysage. Pour constituer uncadre végétalisé pérenne et facile à entretenir, le choix des végétaux est donc primordial. Les essences doiventêtre choisies en fonction de différents critères, sinon le végétal risquerait de mal se développer ou de subir destailles inadaptées entraînant des mutilations.

GÉRER : Des pratiques adaptées et durables

Références

(homogènes, champêtres, fleuries,brise-vent…). Une composition peutassocier des arbres, arbustes, rosiers,plantes vivaces et sa réussite dépendde quelques principes : pour les viva-ces et petits arbustes, planter ensem-ble plusieurs pieds de la même espè-ce ; utiliser des essences localescomme base de composition, éviterles essences trop horticoles…). Lechoix des essences pourra être aussifonction de l’aspect des feuillages,des couleurs (feuilles et fleurs), desvariations au fil des saisons et de lavitesse de croissance…Pour des raisons sanitaires (ma-ladies, insectes), planter plusieursespèces quel que soit le projet.Tenir compte du tempérament de cha-cune des espèces notamment vis-à-visdes besoins en lumière : le Houxdemande ombre et humidité pour sedévelopper, le Fusain d'Europe exigebeaucoup de lumière par exemple.

Réussir sa plantationLe stress de la plantation doit êtreréduit par un soin particulier apportéaux opérations de préparation du ter-rain et de plantation:• ameublir le sol en profondeur encréant une fosse de plantation consé-quente adaptée à la taille du plant et àses dimensions à l'âge adulte. D'unefaçon générale, ouvrir un volume aumoins équivalent à 3-4 fois le volumeracinaire du plant : prévoir une fossede plantation de 9 à 15 m3 pour lesarbres et 1 à 3 m3 pour les arbustes.L'apport de terre végétale se justifiesurtout lorsque la nature de la terre estpeu favorable aux végétaux arborés(sol calcaire superficiel).• travailler le sol en conditions sèchesou ressuyées et pour les sols argileux,la préparation doit être commencéel'été qui précède la plantation pour queles intempéries (gel, pluies…) ameu-blissent les parois de la fosse.• apporter du compost en surface et lecas échéant, sable et graviers si l'argiledomine.

Choisir des plants dequalitéLes plants sont aujourd’hui vendussous différents modes de conditionne-ment : racines nues, mottes ou contai-ners (pot). Les racines nues, moins chè-res, réduisent la période de plantationpar rapport à une motte ou un pot. Lorsde l’achat, il faut :• Vérifier que le tronc et les branchesdu plant ne présentent pas de grossesblessures. Les plaies de taille doiventêtre bien cicatrisées ;• Contrôler l’absence de parasites etmaladies (larves, champignons…) ;• Pour les arbres, veiller à ce que latige soit droite (éviter les sujets visible-ment étêtés) et la ramification présentebien équilibrée ;• Les racines nues doivent être mainte-nues fraîches entre l'arrachage et laplantation du plant ;• Éliminer les plants dont le systèmeracinaire s'enroule dans le pot ougodet.

Les dimensions des essences sontclassées selon la taille adulte :• Les arbres dits de première gran-deur (20 à 35 m de haut) comme lepeuplier ou le hêtre…• Les arbres dits de seconde gran-deur (15 à 25 m de haut) avec l’éra-ble champêtre…• Les arbres dits de troisième gran-deur (8 à 15 m de haut) pour lesquelsla différence avec les grands arbustesest faible : pommiers et poiriers ;• Les grands arbustes (7 à 12 m dehaut) avec le houx, le cornouillermâle, le noisetier ou le lilas commun.• Les petits arbustes : moins de 7 mde haut où l'on trouve les fusains,hortensias, spirées…

Quelles associations ?Suivant l’ambiance et l'aspect recher-chés, différentes associations sont àenvisager pour former des aligne-ments (homogène ou diversifié), desbosquets, des massifs, des haies

Des essences adaptées etbien associées entre ellesQuelle forme ?La forme est avant tout un choixesthétique : • Les formes naturelles des végétauxsont issues de leurs caractéristiques,de leur adaptation au milieu (sol,lumière, climat). Les silhouettes desvégétaux adultes peuvent être trèsspectaculaires ou particulièrescomme dans le cas de formes pleu-reuses ou colonnaires. • Les formes architecturées résultentd’un choix de taille qui est aujour-d'hui principalement d'ordre esthé-tique : arbres têtards, alignementstaillés en marquise, topiaires, etc.…

Quelle place prévoir ?Certaines réflexions préalables sontnécessaires• Apprécier les exigences clima-tiques et techniques : type de sol,ensoleillement, vent, humidité… cfespèces de la palette végétale indica-tive.• Imaginer le développement adultedes plantations (densité des feuilla-ges, ombre portée) évitera les fré-quentes erreurs vis-à-vis de l'environ-nement bâti ;• Évaluer les contraintes du site :réseaux aériens ou enterrés, servitu-des… ;• Définir l’espace disponible : proxi-mité des façades, stationnements,distances réglementaires.

Des problèmes généralement moinsgraves peuvent survenir avec certai-nes espèces épineuses, problèmesd'allergies également avec principa-lement le pollen de certaines espè-ces…

Eviter d’introduire desplantes invasives : L'introduction, volontaire ou non, deplantes non autochtones issues d'aut-res pays ou continents a provoqué desdégâts dans les écosystèmes car cer-taines de ces plantessont vite devenuesenvahissantes aupoint d'être quali-fiées de pestes végé-tales. Outre la modi-fication des écosystè-mes, la présence deces plantes entraîned'autres risques pourl'homme tels queallergies, brûlurespar contact avec lasève, coûts d'entretien… Les cas lesplus problématiques concernentnotamment les jussies pour les zoneshumides, les renouées du Japon et deSakhaline, le Buddléa pour les zonesremblayées le Cerisier tardif enmilieu boisé et l'Ailanthe du Japon enmilieu dunaire et sableux.

•"Petit guide de quelques plantesinvasives aquatiques et autres du nordde la France", ConservatoireBotanique National de Bailleul ;•"Espèces invasives : infrastructureset urbanisme", DIREN Picardie, 2005•"Le Grand livre des haies", DenisPépin, Ed Larousse, 2005•"Cultiver son espace de vie - planterun arbre, planter une haie, fleurir sonlieu de vie, son lieu de travail", CAUEde l'Aisne 2003•Le jardin, une source inépuisabled'inspiration - T. Conran et D. Pearson- Gründ 1998•Jardins à visiter en Picardie,Association des Parcs et jardins dePicardie - Manoir des Fontaines,60300 Baron - Tél. : 03 23 82 62 53 e.mail : [email protected]

Alignementsimple

5 à 8 m minimum

Alignementdouble

Alignementdouble

Haie clôturetaillée

Haie arbusivelibre

Haie à 2 strates de végétation

8 à 10 m minimum

8 à 10 m minimum

1,50 m à 8 m de haut selon les espèces et l’entretien

1,50 m à 8 m de haut selon lesespèces utilisées

8 m à 15 m de haut selon lesespèces utilisées

8 à 10 m minimum

0,5 à 0,75 m

1,50 m minimum

1 m à 1,50 m

Arbre ou grandarbustes

Arbustes

5 à 6 m minimum8 à 10 m minimum

Des plantes introdui-tes envahissent nos

milieux naturels ici laRenoué du Japon

Nommer les espècesavec précisionPour éviter les confusions entre lesespèces, un code international dési-gne chacune des espèces qui possèdeainsi un nom botanique ou scienti-fique. Il secompose d'unnom de genresuivi d'unnom d'espè-ce. D'autresinformationspeuvent s'yajouter : nomde variétéentre guillemets et nom d'hybrideprécédé d'un X. À vocation scienti-fique, le nom botanique évite leserreurs lors de la commande auprèsdu pépiniériste : par exemple, planterdu chêne peut conduire à un échecavec le Chêne rouge d'Amérique(Quercus rubra) en présence de cal-caire alors que le Chêne sessile(Quercus petraea) s'épanouiraitmieux sur ce même sol.À l'achat, préciser le nom scienti-fique. Pour s'y retrouver dans lanomenclature, des ouvrages spéciali-sés décrivent et identifient les diffé-rentes espèces. La visite d'un arbore-tum (collection d'arbres) permet devisualiser les espèces et de découvrirl'étendue de la palette végétale.

Etre vigilant avec lesplantes toxiques :Bien que la très grande majorité desvégétaux ne soit pas toxique, il estconseillé de s'assurer de sa non-toxi-cité auprès de votre pharmacienavant de consommer tout ou partied'un végétal. Les cas d'intoxicationmortelle les plusfréquents résultentde la consomma-tion de branchesd'if ou de laurierr é c e m m e n ttaillées, déposéesdans des pâturagesoù se trouvent desbovins et équidés.

Le nom scientifique identifiel’espèce avec certitude

Le laurier (Prunus lau-rocerasus) fait partiedes plantes toxiques

1,50 m à 8 m de haut selon les espèces et l’entretien

1,50 m à 8 m de haut selon lesespèces utilisées

8 m à 15 m de haut selon lesespèces utilisées

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• Guide des bonnes pratiques d'em-ploi des produits phytosanitaires -Groupe Régional Eaux et ProduitsPhytosanitaires Picardie 2004

• Des formations sont proposées aux personnels des communes parle Centre National de la FonctionPublique Territoriale.

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LA GESTION ET L’ENTRETIEN D’UN PATRIMOINE VIVANTLA GESTION ET L’ENTRETIEN D’UN PATRIMOINE VIVANT

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La plantation réalisée, un travail constant et régulier de surveillance, d’accompagnement du développement duvégétal s’impose sur une durée minimale de 3 à 5 années : il est toujours préférable d’anticiper les opérations detaille par exemple. Une intervention tardive pour tenter de modifier la forme ou d’éliminer des branches tropdéveloppées risquerait alors de provoquer des désordres susceptibles de contrarier la pérennité de l’arbre ou de lerendre dangereux à moyen ou long terme. D’une façon générale, les arbres supportent mal les interventionsbrutales ou excessives et s’accommodent beaucoup mieux, si besoin, de soins réguliers et raisonnables.

GÉRER : Des pratiques adaptées et durables

Références

Les entretiens des 2-3 premières années visent à assurer la reprise et la croissance des végétaux. Il est donc recommandé desuivre les conseils suivants :

• Les apports de fertilisants detype engrais sont inutiles :

ils perturbent la reprise des plants.L'apport de matière organique en sur-face sera beaucoup plus efficace etlimitera l'évaporation de l'eau du sol.

• Mettre en place un paillage sur1 m2 autour de chaque plant pour limiter la concurrence herbacéeprincipalement graminée. Le pailla-

ge limite l'évaporation de l'eau du solet réduit les entretiens. Limiter lesdésherbages chimiques car le dosagecorrect des produits est difficile et lesplants absorbent les émanations.

• Raisonner l'arrosage car un excès est aussi néfaste auvégétal qu'un manque d'eau : les tech-niques décrites ci-dessous (binage,paillage) seront souvent plus effica-ces en complément aux arrosages.

• Surveiller les tuteurs et colliers qui risquent d'étrangler, frotter et fra-giliser la pousse du jeune arbre. Lestuteurs seront enlevés généralementaprès trois années et cinq au maxi-mum.

Les 3 premières années : assurer la réussite de la plantation

Pourquoi tailler ?Si la taille n'est pasnécessaire au dévelop-pement de l'arbre, elle est parfois sou-haitable pour répondre à des objectifsprécis tels que:• Préparer une forme, une silhouettearchitecturée (arbre têtard, topiaire,rideau…);• Éliminer des défauts tels que les écor-ces incluses qui pourraient rendre l'ar-bre dangereux;• Favoriser la floraison des arbres ouarbustes à fruits et à fleurs ;• Sous certaines conditions, la taillepermet de rajeunir un végétal ;• Supprimer le bois mort, entretenirune forme, limiter le développement dela tête (houppier de l'arbre)…

Utiliser une technique adaptéeSur les jeunes plantations, les scies àdouble denture et les sécateurs sontpréférables à la tronçonneuse qui serautilisée pour les coupes plus importan-tes. (voir page 32 et 33).

Quand tailler ?Si l'hiver est la période la plus propiceà l'élagage parce que l'absence defeuilles facilite ces interventions, il estbiologiquement préférable de taillerpendant la période de végétation endehors de la montée de sève, soit demars à fin juin : la présence de la sèvefavorise la cicatrisation de la plaie.

Pour les arbres têtards en revanche,l'objectif de faciliter la production denombreux et vigoureux rejets, supposede tailler plutôt de janvier à fin mars.

• Les tailles ne sont généralementpas nécessaires la première annéesur les arbres. Sur les autres plants(arbustes, haies…) on pourra rabatt-re les pousses les plus vigoureusesdans une proportion de 1/3 à 50% dela hauteur.

C'est essentiellement les taillesde formation qui vont êtremises en œuvre pour donneraux jeunes arbres plantés lasilhouette prévue. Ces taillesde formation seront régulièreset réfléchies. Les schémas ci-dessous illustrent lesrecommandations detailles pour lesprincipales formes.

La taille de formation des jeunes sujets, pour obtenir la forme souhaitée et éliminer les défauts, de 3 à 15 ans après la plantation

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LA TAILLE DANS LES REGLES DE L’ARTLA TAILLE DANS LES REGLES DE L’ART

32GÉRER : Des pratiques adaptées et durables

Références

Comment intervenir à bon escient sur lesarbres adultes :Trop souvent, les arbres adultes sontmutilés en raison de la méconnais-sance des règles biologiques qui pré-sident au fonctionnement de l'arbre :les coupes sont réalisées sans discer-nement, pour répondre à un besoin.La taille et l'entretien d'un arbre adul-te réclament des précautions élémen-taires.

Diagnostiquer précisément les raisonsde l'élagage ou de lataille :• Évaluer le volume des branches àcouper et la façon dont ce volumepourra être éliminé en une ou plu-sieurs fois pour préserver l'arbre et nepas le rendre dangereux ;• Éviter tous travaux susceptibles deperturber le fonctionnement racinai-re et le bon ancrage de l'arbre : creu-sement de tranchées, enterrement ducollet, dérasement de la couche végé-tale ou tassement excessif des hori-zons superficiels par le piétinement.

Selon les objectifs de taille définis ci-dessus, on choisira la taille appropriée

Les principales tailles d'entretien des arbres adultes :

•Tailler modé-rément et régu-lièrement enenlevant 20%du volumefoliaire à cha-que passage etjamais plus de40 % ;

•Respecter lebourrelet dec i c a t r i s a t i o nsitué à la basede chaque bran-che ;

•Lorsque lesbranches sontpar t iel lementcoupées, main-tenir un tire-sèvequi irriguera laplaie et éviterala dégradationdu bois mis ànu ;

• La taille des arbres d'ornement, dupourquoi au comment - ChristopheDrénou - IDF Éditions 1999

• "L'arboriculture urbaine", L. Maillet,C. Bourgery, IDF Éditions

• La taille et le palissage - DavidJoyce - Éditions Nathan

• Taille et entretien des arbres dupatrimoine - guide des bonnes pra-tiques, CRPF/ Conseil Général de laSomme 2001

L'ensemble des feuilles constituent, avec les charpentières, le houppier de l'arbre. Il assure le développementde l'arbre. Toute intervention qui vise à supprimer des branches affaiblira l'arbre si le volume de branches éli-minées est trop important. Tailler ou élaguer un arbre impose le respect de règles simples au mépris desquel-les on fragilise l'arbre et on le rend dangereux.

•Intervenir surdes branches defaible diamètresachant que lavitesse de cica-trisation d'uneplaie se situeautour de 1 cmpar an sur lerayon ;

•Ne jamais cou-per de branchede diamètre pro-che de celui dutronc ;

•Éliminer prio-ritairement lesécorces inclusesdont les bran-ches s'effond-rent très facile-ment lorsqu'el-les se dévelop-pent.

La technique du grim-per, préférable à l'utili-sation de la nacelle

Dans les arbres adultes, la techniquedu grimper est particulièrementrecommandée car on intervient surl'ensemble du houppier à la différen-ce de la nacelle qui accède unique-ment à la périphérie et génère sou-vent des tailles sévères.

Quel type de taille ?

Taille d'éclaircie de houppier

Cette pratique est peu connue dansla mesure où elle requiert des com-pétences particulières, en particulierla technique du grimper. Elle permetde visiter et d'intervenir sur l'ensem-ble du houppier de l'arbre qui seraallégé du bois mort, les branchesdangereuses peuvent être allégées,haubanées et l'éclaircie peut amélio-rer l'éclairement d'une façade occul-tée par le houppier de l'arbre.

Taille de maintien desformes architecturéesCes tailles, régulières, veillent aumaintien de la forme réalisée lors destailles de formation (arbre têtard,arbres palissés…).

Taille de mise en sécurité :Il s'agit essentiellement, dans leslieux fréquentés par le public, d'éli-miner le bois mort et toutes branchessusceptibles de présenter un dangerpotentiel en raison de la dégradationde son bois .

La taille ne peut être improvisée : la connaissance du fonctionnement biologique est indispensable pour éviterde traumatiser l'arbre et le rendre dangereux à moyen terme. Il n'est pas question ici de présenter toutes lestechniques de taille, mais de rappeler simplement celles qui sont recommandées pour les arbres : chaque espèce,chaque forme font appel à une ou des tailles spécifiques.

Choisir une entreprisequalifiée pour les tra-vaux à réaliser

Planter, abattre et tailler un arbresont des opérations distinctes quirequièrent des compétences différen-tes. C'est la raison pour laquelle desqualifications ont été créées depuis1970. Qualipaysage est une associa-tion qui définit et octroie les qualifi-cations correspondantes aux diffé-rents travaux auxquels ces entrepri-ses sont confrontées. Pour l'élagage,les qualifications sont référencéesE140 et E141, la qualification E141concerne les grimpeurs élagueurs. Lechoix d'entreprises qualifiées ne doitpas être exclusif car de nombreusesentreprises non qualifiées possèdentun savoir-faire et une expérience quivalent qualification.

Tous travaux de taille et d'élagagespeuvent faire référence au Cahier desClauses Techniques Générales, fasci-cule 35 qui définit les règles des pro-fessionnels de l'arboriculture, il esttoujours possible pour une commune,de compléter cette référence par unCahier des Clauses TechniquesParticulières (CCTP) qui précisera lesrègles spécifiques auxquelles l'entre-prise devra se soumettre pour labonne conduite du chantier.

Règles de taille et d’élagage

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LE CADRE RÉGLEMENTAIRE DE LA PROTECTIONLE CADRE RÉGLEMENTAIRE DE LA PROTECTION

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La prise en compte du végétal dans les projets d'aménagement et de planification est obligatoire, qu'ils soientmenés à l'échelle communale ou celle de la parcelle privée. Le type et le niveau de la protection choisie serontdifférents selon la nature et le degré d’intérêt du patrimoine arboré.

PROTÉGER : Des mesures pour le patrimoine végétal

La protection au titre des sites etmonuments naturels

La loi définit deux niveaux de protec-tion basés sur l'intérêt artistique, his-torique, scientifique, légendaire oupittoresque des sites : l'inscription etle classement. Peu fréquente, la pro-tection de sujet ou ensemble de sujetsvégétaux remarquables peut êtreenvisagée. Leur destruction et lesmodalités de gestion ou d’interven-tion, hors entretien courant, sontencadrées par un régime d’autorisa-tion spéciale ministérielle ou préfec-torale. La protection des sites peutêtre assortie d’un document de ges-tion spécifique.L’inscription concerne des sites dontl’intérêt est suffisant pour mériterune maîtrise raisonnée de son évolu-tion.Le classement est réservé aux sitesplus exceptionnels dont l’intérêt justi-fie une politique rigoureuse de pré-servation.

La protection au titre de la riches-se écologique

Reconnus pour leurs qualités écolo-giques exceptionnelles ou pour la pré-sence d'une espèce animale ou végé-tale patrimoniale identifiée dans unpérimètre défini, les RéservesNaturelles, Arrêtés de Biotope ou Sitedu réseau « Natura 2000 » s'accompa-gnent de documents de gestion défi-nissant les modalités d'entretien et degestion à long terme de ces milieux.

La protection au titre du patrimoi-ne architectural urbain et paysa-ger (ZPPAU)

Couvrant un espace plus vaste que lepérimètre de 500m autour des monu-ments historiques, la ZPPAUP affirmeune vocation paysagère et un intérêtparticulier pour les structures végéta-les, composant l’espace. Dans lecadre des dispositions réglementai-res ou du cahier de recommanda-tions, des préconisations relatives àla mise en valeur des structures végé-tales peuvent être édictées. LaZPPAUP est une servitude d’utilitépublique annexée au PLU. Elle estinstituée par la commune en accordavec l’Etat (Service Départemental del’Architecture et du Patrimoine).

La protection dans le cadre de l'aménagement foncier et du droitrural

La protection du végétal est prise encompte dans le cadre d'opération d'a-ménagement foncier. Boisements,haies ou alignements peuvent ainsiêtre identifiés lors d'un remembre-ment comme structures végétales àconserver, voire à reconstituer ouconstituer. Leur destruction est alorssoumise à autorisation du Préfet. Unedisposition du Code Rural prévoit enoutre la protection de ces mêmesstructures en dehors d'une démarched'aménagement foncier (articleL.123-8 du Code Rural).

La protection dans le cadre de laplanification urbaine

Selon sa taille et les enjeux de protec-tion, ou de développement, une com-mune, ou un regroupement de com-munes, peut se doter d’un documentd’urbanisme sous forme soit d’unecarte communale, soit d’un P.L.U. .

•La carte communale est un docu-ment d’urbanisme simple qui organi-se le développement de la communeet indique le périmètre de constructi-bilité. Les éléments paysagers à pro-téger ou à mettre en valeur peuvent yêtre mentionnés. Il ne comporte pasde règlement spécifique, leRèglement National d’Urbanismes’applique dans toute la commune.Une palette végétale pour les planta-tions peut être indiquée en référencesous forme de recommandations.

•Le Plan Local d’Urbanisme est undocument de planification urbainespécifique à la commune, établi dansle respect des principes de développe-ment durable sur l’intégralité du ter-ritoire communal.Il comprend un rapport de présenta-tion, un Projet d'Aménagement et deDéveloppement Durable (P.A.D.D),un règlement et des documents gra-phiques qui définissent le zonage etles conditions qui s’y rapportent ; desannexes mentionnent l’ensemble desservitudes s’appliquant dans la com-mune. Le P.L.U. est opposable à toutepersonne publique ou privée pourl'exécution de travaux d’aménage-ment, de constructions comme deplantations.

Parmi les différents documents quiconstituent le P.L.U., certains enca-drent plus particulièrement le projetpaysager et arboré :

Le Projet d'Aménagement et deDéveloppement Durable (voir page 24)

Les orientations d'aménagementElles précisent les dispositions néces-saires à l'évolution d'un secteur ou àun aménagement particulier (créationd'un tour de ville, d'un espacepublic…). Dans ce cadre, elles peuvent identifierles structures végétales à conserver, àrenforcer, voire à créer pour recompo-ser la trame végétale du secteurconcerné.

Le zonage et le règlementLe zonage délimite notamment despérimètres N (espaces Naturels et

Forestiers) ou A (Agricole) propices aumaintien du caractère agricole ounaturel du territoire.

À l'intérieur des périmètres U (espaceUrbain) et AU (A Urbaniser), le règle-ment définit les règles de plantationsnotamment en terme de clôtures végé-tales. L'édification de clôture (haie)est soumise à autorisation sauf pourles clôtures nécessaires à l'activitéagricole et forestière.Les structures végétales caractéris-tiques de l'identité communale (bois,alignements, réseau de haies, arbreremarquable isolé…) pourront êtreprotégées au titre des “éléments pay-sagers remarquables” ou, quandl'intérêt est majeur, au titre desEspace Boisés Classés. La destruc-tion de ces éléments est alors soumiseà un régime d'autorisation et lesmodalités de leur gestion sont défi-nies dans le règlement et dans lesorientations d'aménagement.Cette disposition ne concerne pas lesbois soumis au Régime Forestier, ceuxdont les coupes entrent dans le cadred'une autorisation par catégories défi-nies par arrêté préfectoral après avisdu Centre Régional de la PropriétéForestière et ceux qui sont dotés d'unPlan Simple de Gestion agréé dumême CRPF.

• "Les droits de l'arbre", aide-mémoiredes textes juridiques, Ministère de l'Écologie et du DéveloppementDurable - juin 2003. Accessible surhttp://www.environnement.gouv.fr

• "Pour un urbanisme attentif auxpatrimoines de la commune - étudier avant de décider", CAUE de la Somme, 2005

• Site internet juridique Légifrance :http://www.legifrance.gouv.fr

• Arbres remarquables de l’AisneCpie Merlieux: 2005

• Paysages de l’AisneCAUE de l’Aisne, 2002

• Atlas des paysages de l’Oise,DIREN de Picardie/Atelier 15, 2005

• Atlas des paysages de la Somme,DIREN de Picardie/Atelier Traverses, 2006

Les outils de protection du patrimoine arboré

Références

Les inventaires du patrimoine végétal

L’Atlas des paysages départementauxCe document de connaissance décritl'état des lieux des réalités géogra-phiques, sociales et culturelles du ter-ritoire. Il identifie également les dyna-miques d’évolutions des paysages denotre quotidien et recense les paysa-ges les plus emblématiques de nos ter-ritoires. Chaque département picardest doté d'un Atlas de paysage.

L’Inventaire des arbres remarquablesCe recensement des arbres remarqua-bles de chaque département donneune lecture de la richesse du patrimoi-ne végétal. Les arbres recensés sontdécrits sous l’angle de leurs dimen-sions, de leur spécificité et de la valeurhistorique ou légendaire qui leur sontassociés.

Les Zones Naturelles d'IntérêtEcologique, Faunistique et Floris-tique (ZNIEFF)C’est un inventaire des espaces natu-rels dont l'intérêt repose soit sur l'é-quilibre et la richesse des écosystè-mes, soit sur la présence d'espèces flo-ristiques ou faunistiques rares etmenacées. Une ZNIEFF n'est pas en soiune mesure de protection mais un élé-ment d'expertise qui signale, le caséchéant, la présence d'habitats natu-rels ou d'espèces remarquables proté-gées par la loi.

Tracés urbains

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Adresses utiles

• Conseil Régional de Picardie11 Mail Albert Ier 80026 AMIENS Cedex 1 Tél : 03 22 97 37 37Courriel : [email protected]

• Direction Régionale de l’Environnement – Picardie (DIREN)56 rue Jules Barni 80040 AMIENS Cedex Tél : 03 22 82 90 40 Fax : 03 22 97 97 89

• Centre Régional de la Propriété Forestière Nord Pas de Calais – Picardie (CRPF)96 rue Jean Moulin 80000 AMIENS Tél : 03 22 33 52 00 Fax : 03 22 95 01 63 Courriel : [email protected]

• Conservatoire des Sites Naturels de Picardie1 place Ginkgo, Village Oasis 80044 AMIENS Cedex 1 Tél : 03 22 89 63 96 Fax : 03 22 45 35 55mél : [email protected]

• Conseil d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement (CAUE) de la Somme 5 rue Vincent Auriol 80000 AMIENS Tél : 03 22 91 11 65 Fax : 03 22 92 29 11Courriel : [email protected] et Site internet : caue80.com

• Conseil d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement (CAUE) de l’Aisne34 rue Serurier 02000 LAON Tél : 03 23 79 00 03 Fax : 03 23 23 47 25Courriel : [email protected] et Site internet : caue02.com

• Conseil d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement (CAUE) de l’OiseLa Cabotière – Parc du Château – BP 439 – 60635 CHANTILLY CedexTél : 03 44 58 00 58 Fax : 03 44 57 76 46Courriel : [email protected] et Site internet : caue60.com

Crédit photos : CAUE de l’Aisne, de l’Oise et de la Somme ; Conservatoire des Sites Naturels de Picardie (photo p.8), CRPF

Crédits illustrations : CAUE de l’Aisne, de l’Oise et de la Somme , CRPF et Grand Nørd

Ont contribué à la rédaction de cette brochure : Jacques Barret, Bertrand Bès, Joël Byé, Claire Coulbeaut, Thérèze Rauwel, Gérald Reman, Bruno Stoop, F-X Valengin

Avec le soutien financier du Conseil Régional de Picardie et de la DIREN - Picardie

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