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ESSAI HISTORIQUE SUR LES VICOMTES DE LYON, DE VIENNE ET DE MACON., IMJ Ir AU XIP SIÈCLE, Par Aug. BERNARD. N Il s Document ltI II I Il III IIIIIIIH tiillO 0000005526925 SAINT-ÉTIENNE CHEVALIER • LIBRAIRE - ÉDITEUR Rue Géretet. 4. J867

Essai historique sur les vicomtes de Lyon, de Vienne et de Macon …bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/72db14379a7f... · 2013. 12. 18. · ESSAI HISTORIQUE SUR LES VICOMTES

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  • ESSAI HISTORIQUE

    SUR

    LES VICOMTES DE LYON,DE VIENNE ET DE MACON.,

    IMJ Ir AU XIP SIÈCLE,

    Par Aug. BERNARD.

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    ltI II I Il III IIIIIIIH tiillO0000005526925SAINT-ÉTIENNE

    CHEVALIER • LIBRAIRE - ÉDITEURRue Géretet. 4.

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    C

    1

  • ESSAI HISTORIQUESUR LES

    VICOMTES 11E LYON, DE VIENNE ET DE MACON,

    DU IX° AU XII' SIÈCLE,

    Par AUG. BERNAi»,

    AVANT-PROPOS.

    Le titre de vicomte u euau moyen âge une fouled'acceptions différentes, suivant les temps et les lieux.Ducange en a fait connaitre quelques-unes dans l'ar-ticle Vicecornes de son Glossaire, et on pourrait l'aug-menter de beaucoup ; mais la chose est sans intérêtpour nous, car, dans la zone territoriale dont nousallons nous occuper, le titre de vicomte n'eut que sonsens le plusnaturel, celui de représentant du comte,spécialement dans ses fohctiôns judiciaires et admi-nistratives. Les vicomtes y furent d'abord. nommég parles comtes; mais peu à peu,. comme ces derniers, ilsdevinrent héréditaires et même territoriaux, c'est-à-dire qu'ils eurent dans le comté un territoire particu-

  • lier, appelé vicomté, ressortissant plus directementd'eux, sans qu'ils cessassent, toutefois, de représen-ter le comte dans les plaids publics, etc. Peu à peu,cependant, leurs fonctions se restreignirent d'elles-mêmes ou furent tout à fait supprimées par la forcedes choses : elles ne paraissent pas avoir survécu auonzième siècle.

    r Le sujet que nous abordons aujourd'hui n'a encoreété l'objet d'aucun travail spécial; nous ne sommespas nous-même fort riche sur la matière; mais nouspensons que la meilleure manière d'appeler les docu-ments, c'est de faire connaitre ceux que nous possé-dons. Nous apportons notre contingent de renseigne-ments, non toutefois sans éprouver quelque regretd'avoir si peu à dire sur un sujet si intéressant, maisavec l'espoir que d'autres feront mieux. Presque toutce que nous savons nous l'empruntons aux chartes deCluny que nous avons recueillies-depuis vingt ans.

    1. Vicomtes de Lyon et de Fez.

    Dès le commencement du neuvième siècle nousvoyons le pagus Lugduncnsis administré par un vi-comte. Dans une lettre adressée à Louis le Débon-naire, vers l'année Si 5,, pour se plaindre de l'inso-lence des Juifs, l'archevêque de Lyon, Agobard, leurgrand adversaire, dit qu'il a reçu, ainsi que le lieute-nant du comte, un diplôme favorable à ces religion-naires, à l'encontre de lui-même, mais qu'il n'ose

  • -3—

    croire émané de l'empereur, quoiqu'il soit signé deson nom et scellé de son sceau

    Ailleurs, le même prélat nous apprend que le comteBertmund, qui vivait vers l'an 830, s'est adjoint unvicomte pour le suppléer dans son,administratioh. Ilajoute que ce dernier se comporte si bien, non-seu-lement par respect pour son seigneur, niais, ce quiest encore plus digne d'éloges, par amour de Dieu etde la justice, qu'on n'a jamais vu dans le pays leschoses marcher aussi promptement, et néanmoinstraitées avec plus de soin (2).

    M. de Gingmns, faisant allusion à ce passage d'Ago-hard (3), prétend que Bertmund fut le premier comtede Lyon qui s'adjôignit un vicomte. Agobard ne dit pas

    (I) « Verticilles itaque prinium Judzei, dedernrit miii indiculum exnomine vestro, et alteruru ci qui pagum Lugduncnsem vice comitisregit, proecipienlem lUi ut auxilium ferret,Judœis adversim me. Qunsindicuks, licol cx soero nomine vestro recitarentur, et vestro annulaessent sigillati, nullatenus tamen credidimus ex jndieio vestro talesprodisse.(S. Agobardi opera, édit. Daluz. t. I, p. 61.)— Ce texte meten défaut les historiens qui prétendent que les vicomtes ne paraissentpas avant la lin du règne de Louis le Débonnaire. (Voyez Vaisselte,Bise. de Languedoc, édit, in-fol., t: 1, p. 692, col. 2).

    (2) « Cognoscat prudens henegnitas vestra ( ilalîredus procerespalatii) liîec â me diol non posse advcrsum comiteni nostrum Borromini-dam. Quippe qui hene salis baDeat urdinatum de justiciis comilatumsaura; co quôd talera virion pro se constituent ad h.e peraeendm quinon solum propter amorem et timorem senionis sut Id strenue goret,vernal eliam, quod sublimius et laudabilins est, propler amorem Dciet amorem ipsius equitatis et justicim, ita ut videalur noNs in bispartibus nusquarn fleri tain diligenter et àllente. o (S. Agob. op., t. t,P. 209.)

    (3) Essai historique sur la souveraineté du Lyonnais, p.

  • -4-cela; au contraire, le premier passage de lui que nousvenons de citer prouve qu'il y en avait eu au moins unauparavant. La chose émit impossible autrement. Lescomtes amovibles étaient de grands personnages quivivaient presque toujours à la cour, comme les gou-verneurs des provinces sous Louis XLV il fallait bienquelqu'un pour administrer le pays pendant leuf ab-sence.

    A cette époque, on le voit, le vicomte remplaçaitle comte, qui, comme on sait, réuhissait alors dansses mains toutes les parties de l'administrationla justice, la gueire, les finances, etc. Certes, c'étaitlà un ehafflp assez vaste; pourtant, pendant long-temps encore, ces fonctionnaires, essentiellement amo-vibles, n'eurent qu'un rôle subalterne, qui ne leura pas donné l'occasion de nous transmettre leur nom.Ce n'est que sous le régime féodal qu'ils commencentà acquérir une certaine importance, et qu'on les voitfigurer nominativement sur les actes, particulièrementdans les procès-verbaux des assises ambulatoires oùse rendait alors ]a justice, assises qu'ils présidaientsouvent aux lieu et place de leurs chefs.

    Du reste, leur rôle était encore fort modeste. Danscertains pays, en Auvergôe par exemple, nous voyonsfigurer jusqu'à quatre vicomtes à la fois, au dixièmesiècle', dans un même acte, ce qui semble amoindrirla fonction. Il se peut toutefois que cette qualifications'applique aux divers membres d'une' même famillevicomtale, qui, elle, aurait conservé l'intégralité de

  • -5---

    cette fonction. C'est au moins ce qui se produisit pourles vicomtes du Velay (autrement dit les vicomtes de.Polignac), et ceut de Narbonne, comme on le voit

    - dans l'Histoire de Languedoc, de dom Vaissette (t. lE,

    p. 548-50). En tout cas, il est certain que le titre devicomte devint bientôt héréditaire, comme celui decomte et tant d'autres. Cette révolution s'opéra d'an-tant plus facilement que le régime féodal, qui ratta-chait tout à la terre, avait attribué à cette fonctionune certaine étendu de territoire avec le titre de vi-

    comté.C'est ce qui ressort, pour le pagus Lugdunensis en

    particulier, de deux actes que nous allons faire

    connaître.Le premier est le procès-verbal d'un plaid tenu le

    24 mars 944, sous la présidence du comte et marquisHugues, vice-régent du roi Conrad, et en présence deLéotalde, comte de Mâcon, de Charles-Constantin,comte de Vienne, de Guillaùme Il, comte Lyon, etc.Cet acte porte que les moines de Cluny comparurentdevant cette assemblée, et se plaignirent d'Adémar,vicomte de Lyon, lequel leur contestait la seigneuriede Toissey et dépendances, prétendant que celte villefaisait partie de sa vicomté (de svo vicecomitatu esse),

    quoiqu'elle leur eût été cédée par le roi Conrad,dont ils exhibèrent le diplôme, daté du 23 avril 943...Adémar, dit l'acte, ayant entendu la lecture des let-tres royales, voyant d'ailleurs que le marquis Hugues,son seigneur, à la prière duquel elles avaient été

  • données l'annéel'année préèédenfe, favorisait les moines deCluny, et enfin n'ayant rien à objecter, renonca àses prétentions. Et, afin qu'aucun des successeursd'Adéniar ne pût revenir contré sa renonciation, ellefut confirmée par Hugues et signée par tous ses fidè-les. Mais les moines ne se contentèrent pas de la re-nonciation d'Adémar, corroborant le diplôme deConrad. Ils prièrent Hugues, duc des Français, Hu-gues, due de Bourgogne, et Léotalde, comte de Mâ-con, d'obtenir du roi de France une donation deToissey, afin d'évitr tout différend dans l'avenir; carce prince prétendait avoir des droits sur tout le pagusLugdu.nensis. Lothaire, 'son successeur, n'y renonçaque longtemps après, lors du mariage de Mathilde,sa soeur, avec Conrad.

    En conséquence, Louis d'Outremer donna, leter juillet 948, un précepte royal portant cession auxmoines de Cluny, sur leur demande, d'une petite ville(villulam) de la vicomté de Lyon, située dans le pagusLugdunensis et sur les bords de la Saône. Cette dona-tion avait en réalité si peu d'importance pour le roide France qu'on ne prit pas même le soin d'y nom-mer Toissey. -

    Cet acte n'en est pas moins d'un grand intérêt pournous, car il corrobore le précédent, en affirmant denouveau l'existeûce de la vicomté de Lyon et sa situa-tion sur la rive gauche de la Saône. Mais quelle étaitl'étendue de cette circonscription? Quand fut-ellecréée? C'est ce que nous ignordns complètement. Sur

  • - L

    ce sujt, comme sur beaucoup d'autres, nous n'avonsque justement assez de renseignements pour constaternotre ignorance. Il semble pourtant, à en juger prun acte postérieur de près d'un siècle à celui quenous venons de citer, que la vicomté s'étendait surtoute la petite contrée qu'on appela depuis le pays deDombes, d'un nom dont on ignore l'origine commel'étymologie. L'acte dont je veux parler est une doua-(ion du château de. Montmerle faite à l'abbaye deCluny au onzième siècle par un vicomte Guy, qui ditle posséder héréditairement. Nous en reparlerons plus

    loin.Si nous ignorons l'étendue de la vicomté de Lyon,

    nous sommes certains du moins qu'elle était située surla rive gauche de la Saône, puisque Toissey en faisaitpartie. Il est également certain que le titre de vicomte.de Lyon devint héréditaire au commencement du on-zième siècle, s'il ne l'était déjà au dixième. Nous avonsplusieurs actes qui, sans le prouver d'une manière.positive, le font entrevoir. D'ailleurs, les vicomtés duVelay, del'Auvergne, de Mâcon, de'Viennç, etc.,étanthéréditaires alors, nous en pouvons conclure par ana-logie que celle de Lyon était aussi l'apanage d'unefamille. Mais de quelle famille? La réponse à cettequestion n'est pas facile à faire. 5f l'on en croit la tra-dition, c'est la famille connue plus tard sous le nom dei.avieu qui aurait possédé héréditairement la vicomtéde Lyon; mais son nom même semble donner undémenti à la tradition, car Lavieu est bien loin du

  • -8---

    pays de Bombes, où nous avons vu que se trouvait ledomaine vicomtal. Toutefois, on peut supposer qu'àla suite des guerres qui eurent lieu entre l'archevêqueet le comte, et qui forcèrent celui-ci à transférer lechef-lieu de son fief à Montbrison le vicomte, suivantla même fortune, quitta les environs de Lyon pour,ceux de Montbrison. C'est une question qui pourraitêtre facilement résolue si nous avions un bon travailsur la maison de Lavieu; malheureusement nous nepossédons rien de semblable. On ignore même le nompatronimique de cette famille. Nous croyons cependantque C'était celui de Ronins (1), qu'on retrouve quel-quefois dans les actes des Xii0 et XllJ0 siècles. Il pa-rait, au reste, que ses membres portient aussi celui dePalatins (2).

    Quant à l'histoire même des vicomtes de Lyon,elle nous est tout aussi inconnue. C'est à peine si nouspossédons une liste bien incertaine de ces fonction-naires. No-us allons néanmoins la donner ici tellequelle, afin de faciliter des recherches ultérieuresauxquelles d'autres personnes pourraient se livrer.

    Après Àdémar, que nous avons déjà nommé, noustrouvons un Arnuiphe, qui assista à un plaid tenu parle comte Giraud, à Itiotier, en 970, et dans lequel

    (I) Il y aurait peut-être un rapprochement â faire entre ce nom, quele1a Mure attribue aux Lavien, et celui de Reneins (Saint-Georges-deReneins), qui parait avoir appartenu aux vicomtes de Lyon, comme onle verra plus loin, cl dont le nom ancien était Ronincum.

    (2) Vdy. Dela Mure, Histoire du dioc. de Lyon, p. 304.

  • s—9--une darne Aïlmodis fit donation dé quelques terres àCluny. Peut-être la présence d'Arnulphe fut-ellejugée nécessaire à cause de la situation de plusieursde ces terres, qui, se trouvant sur la rive gaucheS dela Saône et dans les paroisses de Juifs, d'Ars, etc.,.pouvaiént faire partie de la vicomté de Lyon, aussibien que Toissey.

    Après Arnulphe, nous_ne trouvons plus rien, jus-qu'à l'an 1020 environ, si ce n'est la mention assezvague de deux vicomtes dans l'obituaire de l'église deLyon, que vient de publierM. Guiguc (1). L'un deces vicomtes, appelé Artaud, est inscrit dans l'obi-tuair&à la date du VHII des calendes d'avril (24mars),comme ayant donné Lucenay (Lucennacum) à l'églisede Lyon ;i'autre, appelé Eruipho, est mort le xvii descalendes de décembre (45 novembre). Suivant l'usage,on a négligé de relever les millésimes sur l'obituaire;mais il n'y a pas de doute que ces vicomtes ont vécudans le dixième siècle. Nous les placerons approxima-tivement le premier vers l'an 980 et le second vers l'an1000, en attendant que quelque autre document nouspermette de! leur assigner leur véritable place.

    Sous le comte Giraud, nous trouvons un Gay se-nior (Wigo senior) que nous mettons sans hésiter aunombre des vicomtes de Lyon, quoique ce titre ne luisoit as donné positivement. Notre opinion se fondesur ce que ce personnage approuve immédiatement

    (1) ln-4°, 1867, librairies de N. Scheurinj et de Cathabar.

  • Ara

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    après le comte une donation de l'église de.. Saint-Saturnin d'Amas faite à l'abbaye de Savigny vers1020, pour le repos de l'âme d'un nommé Fredelan,par ses fils Hugues et Bernard, et par sa soeur Adze-une, abbesse (du monastère de Péloges?). Le titre desenior qu'il prend ici indique qu'il avait déjà un hé-ritier, voire même un associé du même nom; proba-blement son neveu (1). En tout cas, nous voyons unGuy vicomte (Wigo vicecomes) approuver peu detemps après la cession de la moitié de l'église d'Amasfaite à l'abbaye de Savigny $r Astrude (qui avait suc-cédé à Adzeline dans les fonctions d'abbesse), aprèstoutefois que la fille de Fredelan, Raimonde, et sonmari, Guy, seigneur de Belmont (mites de Belmon te),eurent aussi cédé leur part sur cette église. Ce dernieracte, qui est de 1033 environ, fut passé pardevant lesarchevêques de tyon etde Vienne,l'évêque de Grenoble,le vicomte Guy et beaucoup d'autres grands person-nages principes qui de plus le signèrent. (Voyez leCarwlaire de Savigny, ch. 644 à 648.)

    Nous avons plusieurs chartes de Cluny approuvéeset signées par ce vicomte (l'une d'elles avec la date de

    (I) C'est ainsi que, dans plusieurs chartes de Cluny, nous voyonsdonner le litre do. senior à Guillaume le Pieux, comte d'Àuvergne, pour ledislinguer de Guillaume son neveû, comte d'Auvergne après lui, et quiest qualifié de junior. Dans cocas, senior ne veut pas dire vieux, mais lepremier. C'est ainsi encore qu'on appelle parfois dans les mêmes docu-ments seniores les principaux moines de l'abbaye de Cluny, ceux qui la

    t dirigeaient.

  • —li-

    1O2); mais il est inutile de sen occuper en présenced'actes bèaucoup plus importants émanés de lui-

    même.Le plus intéressant de tous est une donation qu'il

    fit, vers l'an 1030, à l'abbaye de Cluny pour le reposde son àme, de celle de son père Bérard, de sa mèreBlismode, de sa femme Eufémie,de son frère Guichard,'4e ses enfants et de tous ses parents.

    Cette donation consistait en deux héritages : l'un àReneins en Lyonnais (Sain t-Gewges-de-Reneins), joi-gnant la rivière de Saône d'orient) la terre de Saint-Martin (l'abbaye de Savigny, à laquelle nous venonsde voir qu'on avait donné l'église d'Amas) de midi, legrand chemin (la toute de Bourgogne) d'occident, etla rivière la Vauonne de nord; l'autre à la Celle-Neuve (la Maison-Neuve?) en Mâconnais, provenantd'Aldon et d'Arnulphe, son fils, qui l'avaient cédé àNardouin vicomte (de Mâcon) et à Euférnie, sa fille,femme de Guy. On voit par là que les familles vicom-tales s'alliaient entre elles. Elles s'élevaient mêmequelquèfois plus haut, car les comtes héréditaires deMâcon descendaient d'un vicomte de Narbonne quiavait épousé la fille du dernier comte amovible, pré-cédemment vicomte lui-même.

    Quoi qu'il en soit, on voit que les possessions duvicomte de Lyon dans le Mâconnais étaient parfai-tement justifiées. On ne sera donc pas surpris devoirce même vicomte et sa femme Eufémie donner àSaint-Vincent de Mâcon, vers le même temps (1020-

  • - (2 -

    1030), quelques biens situés dans le Mâconnais..(Voyez •Cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon, eh.113.)

    Nous venons de voir que Guy 1 er avait des enfants.L'un d'eux, portant le même nom, lui succéda vers1038. Ce vicomte, dont nous avons déjà parlé, etque nous appellerons Guy li, épousa une dame Er-messinde, avec l'agrément de laquelle il donna àl'abbaye de Cluny, vers 1039, le château de Mont-merle et ses dépendances, qui lui appartenait pardroit héréditaire (juro lierèdisario), un manse à Liver,et toutes les condamines qu'il possédait au même titreâ Rèneins (Saint-Georges-de-Reneins). L'acte est signépar Hugues et Théobald, comtes de Châlons; amis etparents du donateur, commeon l'apprend des termesmêmes employés par ce dernier dans la souscription:a Manu mea firmavi manibusque amicorum et pro-'a pinquorum meorum tradidi roborandum. » Cettedonation ne parait pas cependant avoir reçu son effet,car nous allons voir que le château de Montmerle étaitencore aux mains d'une branche cadette de cette fa-mille en 1096.

    De la Mure mentionne également un vicomte Guy(Wigo), dont il avait trouvé l'indication dans l'obi-tuaire d'Ambierle, aujourd'hui perdu, et sur lequelil était porté à la date du xi des calendes de février(22 janvier). Selon cét auteur, le personnage en pies-'Lion était de la famille de Lavieu,et épousa Rotulphe,

  • fille aînée de Giraud Il, comte de Forez (1). Nous nefaisons pas de difficulté d'admettre ce vicomte,quoiquenous n'ayons pas de renseignements particuliers surlui. Quant au nom de Lavieu, que De la Mure luidonne, il faut l'entendre, suivant nous, en ce sensque ce fut le premier membre de la famille des vi-comtes qui vint se fixer à Lavieu, près de Montbrison,où les comtes avaient établi leur résidence depuis leursquerelles avec l'archevêque au sujet des droits régh-lien dans la ville de Lyon. Sang doute les comtesavaient' jugé convenable d'établir les vicomtes près deleur résidence féodale, et le mariage de Rotulphe putaider à la chose. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'on

    • ne voit plus les vicomtes agir dans l'ancien vicomté àpartir du milieu du onzième siècle. Bien mieux, nousvoyons alors le château de Montrnerle aux mains d'unefamille qui en portait le nom, suivant l'usage quicommençait à s'introduire. Or cette famille était unebranche cadette de la maison des vicomtes, qui paraitêtre restée cri possession d'une portion du fief de cesderniers. Voici sur quoi je fonde cette opinion.

    Le 12 avril 1096, Achard de Montmerle, fils de

    (I) Dans son Histoire des ducs de Bourbon, 0e la Mure Cité encore unvicomte Àrcliambaud, mentionné dans l'obituaire d'Ambierle; mais cepersonnage ne peut être qu'un vicomte de Mâcon, de la famille desLe Blanc, à laquelle appartenait encore Anibierle en 1180, comme nousJeverronsen son lieu. Les éditeurs de DelaMure font mourir cet Archam-baud 3e 23 des nones de mars. De la Mure n'a pu écrire cela; il savait,comme tout le monde, qu'aucun mols n'avait de 25 des nones. il nousest impossible aujourd'hui de rétablir cette date, les manuscrits de Dela More ne se trouvant plus dans la bibliothèque de Montbrison.

  • - 14 -

    Guichard (qui et ipso dictus est deMonte?nerùlo), vou-lant 'aller à la croisade (ad belligerandum contra pa-ganos et sarracenos pro Deo), donna en gage à l'abbéde Cluny tout ce qu'il possédait à Luroy (in villaLuherciaco), près de Montmer]e, pour deux millesous lyonnais et quatre mules, à la condition que per-sonne autre que lui ne pourrait reprendre le gage en

    - remboursant les avances, et que même, dans le cas oùil reviendrait, s'il mourait sans enfant légitime, lesmoines resteraient nantis et c'est ce qui -arriva, carLurcy appartenait déjà à Cluny dès le treizième siècle,et lui appartenait encore au dix-huitième, comme onpeut le voir dans les pouillés du diocèse de Lyon quenous avons publiés à la suite dû Cartulaire de Savigny.

    Nous -venons de voir qu'Achard se dit fils de Guichard de Montmerle. Or ce Guichard, qui, ]e 19 avril1066, donna à l'abbaye de Romans (Gartul. eh. 60)l'église de Saint-Didier de Vendonissa, autrement ditde Forrnans,sur les bords de la Saône, n'est pasautre,

    • suivant nous, que Guichard, frère de Guy Jer, men-tionné précédemment, et à qui on avait doné lechâteau de Montinerle comme apanage particulier.

    Nous terminerons notre liste des vicomtes par Gau-cerand de Lavieu, sur lequel, dit-on, fut confisquéla vicomté, dans les circonstances que nous allonsraconter. Au reste, l'existence de ce dernier est incon-testable. Nous ayons une charte antérieure h 1106où il agit comme lieutenant du comte, sans prendreaucun titre cependant c'est un acte de donation de

  • églises d'Afioux et de Longes-Saignes, faite à l'abbayede Savigny par un certain Guillaume, et approuvé parGaucerand en ces termes « Hoc etiam laudavit Gau-

    « ceranus de Laviaco, et banc cartam firmari jussit et

    CI scribi (I)»

    Suivant la tradition', ce seigneur avait pour épouseune daie d'une grande beauté. Le comte Guillau-me IV, en étant devenu amoureux, lui fit plusieursdéclarations qu'elle repoussa. Un jour que le vicomtede Lavieu était absent, notre jeune prince vint voir lavicomtesse et lui renouvela ses instances. Mais iléprouva de nouveaux refus. Irrité peut-être de cetterésistance, et se confiant à son rang, il osa arracherpar la violence ce qu'on refusait à ses prières. A sonretour, le vicomte apprend de sa femme éperdue cequi s'était passé pendant son absence. Il se résoutaussitôt à laier son injure dans le sang du coupable,et se rend pour cela au château de Montbrison. Lesdevoirs de sa charge lui donnant accès à toute.heureauprès du comte, on le laissa parvenir sans défiance -dans la chambre de ce dernier. Trouvant le comte en-dormi, il le poignarde dans son lit, et se retire sansrien dire à personne. Mais quelques serviteurs, ayanten occasion d'entrer dans la chambre du comte, dé-couvrirent le crime. Aussitôt l'alarme est donnée. Oncourt après le meurtrier; il est atteint et tué-près dela grande porte du château, sur une place qui porteencore le nom de Barrière. Suivant une autre version,

    (1) Cartulaire de Savigni, cli. 836.

  • 46 -

    le vicomte parvint à s'échapper, grÛce à hi vitesse d'uncheval qu'il avait fait tenir tout prêt sur cette mêmeplace. Mais les deux versions s'accordent à dire que lavicomté fut confisquée. Ce qu'il y a de certain, c'estque nous ne retrouvons plus aucune trace de cetteinstitution, et que le château de Lavicu, qui conserveencore le titre de vicomté dans les terriers, fit dès lorspartie du domaine* des comtes, et n'eut plus que lerang de simple châtellenie.

    Voici la filiation probable des derniers vicomtes deLyon: -

    Bérard-Blismode.

    Cuy jar, vicomte de Lyon,Guichard de Monimerle.mari dEufémie, (1030-1070.)

    fille de Nardouin, vicomtede Mâcon..AchardCirberge,

    (1020-1038.)

    de-femmeMontmerle.de Bernard

    Guy Il, vicomte de Lyon, (1070-96.) dcChaicheo,1096mari d'Ermessinde. (ou de Chachez,! 106.)

    •(103-1060.)Achard

    Guy 111, vicomte detavieu,-.de Chachez,mari de Rotuiphe, enfant en 1106.

    fille de Giraud Il, comte(le Forez.

    (1060-1095.)

    Gaucerand de Lavieu,vicomte.

    •(1095-1107.)

  • - 17 -

    § 11. Vicomtes de Vienne.

    M. de Cingins a donné, à la suite des Hugonides,une généalogie des vicomtes de Vienne; mais cettegénéalogie n'est pas exacte, et ne fait d'ailleurs connai-tre qu'une partie des vicomtes de Vienne. Nous allonsen donner ici une liste moins incomplète, en nousaidant surtout des chartes de Cluny qui font partie denotre collection. Ainsi qu'on le verra plus loin, lesvicomtes de Vienne, comme ceux de Lyon, eurent àune certaine époque l'adihinistration spéciMe d'unpetit territoire qui portait le titre de vicomté, et quiétait situé au nord-est de Vienne, puisque Serpaize enfsait partie. M. de Gingins (1) prétend que les vi-comtes de Vienne étaient chargés d'administrer lescantons du comté situés à la droite du Rhône, c'est-à-dire ceux d'Annonay, de Qnintenas, de Bourg-Argentai, etc. Mais il n'appuie son assertion surrien. Il n'est pas impossible toutefois que ls vicomtesaient eu des fiefs particuliers dans cette partie ducomté. Nous, verrons en effet les vicomtes de Mâconposséder (les terres vicotales en différents endroits duMâconnais.

    Quoi qu'il en soit, le premier vicomte de Vienneque nous fasse connaître nos chartes de Cluny est tu -nommé Angilboton, qui figure dans un plaid tenu à

    (I) Besonides,p. Hi.2

  • - 18 -

    Vienne, au mois d'avril 870, par k fameux Gérardde Roussillon (comte pour l'empereur Louis Il), l'ar-chevêque Adon, et un concours extraordinaire dejuges, de vicaires, de bonshommes, etc. Ce documentest des plus curieux, niais h un autre point de vue quecelui qui nous occupe en ce moment; nous n'en par-lerons donc pas ici.

    11 est probable que les fonctions d'Angilboton ces-sèrent même temps que celles de Gérard de lions—sillon, son chef, qui fut, co'rnme on sait, forcé delivrer Vienne à Charles le Chauve, la veille de

    - Noël 870.Ce prince nomma aussitôt comte de Vienne, pour

    remplacer Gérard de Iloussillon,. son beau-frèreBoson, et celui-ci prit pour vicomte un nommé Et-luinus ou Erlulfus, mentionné dans la notice d' unplaid qu'il tint à Vienne nÇême avec l'archevêqueMon, vers l'an 876. Cette notice est tirée du cartu-laire de l'église de Vienne, et débute ainsi e Veniens

    Vuitfredus, ecclesia^ sancti Mauricii advocatus, pu-* blice in Viennam civitatem, in pnesentia domini

    Ardoini (Àdçnis), ejusdem cccleske venerahilisarchiepiscopi, et Erluini (Erlulfi?), vice-comitis,

    « missi illustris i3osonis, comitis, vel judicum qui ibi« adherant, » etc., (t).

    (I) D'Aehery. SpiciL, édit, in-4, t. XII, p. 151. Voyez aussi Ducange,Gioss., r Viceco,nes. Cette charte se trouvait dans le cartulaire deSaint-Maurice de Vienne, aujourd'hui détruit et auquel, par conséquent,il n'est pas possible de recourir pour rectifier des erreurs de trans-cription évidentes.

  • - 19 -

    Nous ne savons rien de plus sur ce personnage,dont nous n'avons pas même le nom certain. On voitqu'il remplaçait le comte Boson, qui se fit roi un peuplus tard dans ces contrées.

    On ignore si Erluinus était parent de Berlion (1),qui suit, mais la chose est possible; en tout cas, il estcertain qu'à partir d'ici la vicomté fut héréditaire.

    Beriion J, vicomte de Vienne dèsl'année 889, sui-vont M. de Gingins, reçut de Louis l'Aveugle, par undiplôme du xv des calendes de mai (17 avril) 902,quelques portions du fisc royal situées (jans le Vien-nois, c'est Ù savoir villas Poritianam et Caban.nacurn,que M. de Gingins droit être Chavannay et Ponsas, si-tués au-dessous de Vienne, sur la rive droite duRhône. L'acte porte que la donation est faite à titrehéréditaire (jure /uereciilario) à Berlion, qualifié irre-vocabili fideli nostro ().

    (I) Suivant certains auteurs, Berlion serait fils de Tirihaut, comted'Arles, et frère de iiuguei comte de Provence, puis roi d'Italie; mais.cette généalogie est tout-5-fait problématique.

    (2) De Giugins, Eosonides, p. 153. Après la date d'année (902), Eacteporte 'rEliam imperii D. nosiri liludovici Âug. • M. de Gingins proposede ]ire (erflo air lieu d'ctiarn., qui n'a aucun sens, c'est-à-dire « l'antrois (le l'empire de Lorries l'Aveugle'., 'ce qui nous reporterait au 17avril OOl'irouveau style. L'année 002, ancien style, s'étendit en effetjusqu'au li avril 003. Reste à savoir si'ce mode de comput était déjà -admis alors. J'ajoutérat que M. de Terrebasse m'a communiqué unecopie portant XI et non XV des bal, de niai, cc qui rend la propositionde M. de Gingins inadmissible, car alors il s'agit non du 17, mais du21 avril, qui ire pcuvaitétr'e compris dans l'an 902aneien style.—Enplu-sieurs endroits de ses lioionides, )YL de Gingins dit Berlion parent deBagnes, roi d'Italie en 92G; mais il n'en fournit pas la preuve.

    M

  • - 20-

    Berlion épousa : i°Girberge, fille d'Hector, dontla famille est inconnue; 2 0 Ermengarde de Lorraine;

    De Girberge, il eut:j0 Ratburne, qui lui succéda;20 Hector, évêque du Puy (924-27) 3 ainsi nommé

    sans doute du nom de son aïeul maternel.D'Ermengarde, il eut:50 Sobon,.arcbevôque de Vienne (931-52);40 Engilbert ou Ingilbert, que M. de Gingins qua:

    lifie de vicomte de Vienne et de comte en Italie de 954à 943, mais qui ne perte aucun titre dans les actes delui ou relatifs à lui pie nous possédons. Ces actes sontles suivants : 1 0 un diplôme de Louis ]'Aveugle, datéde 920, par lequel ce prince donne à Ingilbert, sonfidèle, sur la rèqdète du comte et marquis Hugues,un curtit et une vigne tenant ensemble, in villa Sal-patia, in page Viennensi, lesquelles propriétés dépen-daient de la vicomté de Vienne, dans le comté duditHugues (ex iebus de comitatu ipsius qu.pertinent Sviccmeomitatum). Ce document est de la plus grandeimportance, car il nous apprend que Hugues, vice-gérant du roi Louis ]'Aveugle, avait le titre de comtede Vienne, que reçut après lui Charles-Constantin,fils de ce dernier, et qu'il y avait une vicomté dontSerpaize faisait partie. Or cette vicomté, dont Berlion,frère. d'Engilbert, était alors pourvu, se trouvait,comme l'indique le villagenommé, au nord de Vienne.

    2° Par un autre diplôme, du 25 décembre 923 (2),• Louis l'Aveugle donna à Ingilbert, son fidèle, et à sa

  • - 21 -

    femme Nonia (Nonianse), quelques propriétés à Ter-nay, etc. (surit veroipsx Tes in cornitattt Vienrtensi senet in Lugdwnensi, - villa qvœ nun.eupatur taderniaco.)

    - 50 Engilbert est nommé, ainsi que son frère Rat-hume, vicomte, dans un acte du mois de mai 955, àpropos de donations faites à Cluny de propriétés si-tuées à Brcost, et qui confinaient à celles des deuxfrères. - 4° Dans un acte de juillet 941, par lequel ilfait à Cluny donation de terres en divers lieux, et par-ticulièrement à Ternay et sous les murs de Vienne,Engilbert nomme son fils Berliort, sa mère Ermen-garde, son frère Sobon, archevêque de Vienne, sesdeux premières femmes Emmeit et Nonia, et son fils

    • Teutbolde, qui doit appartenir à l'une d'elles et non àune troisième femme. Teutherge, que lui donne M. deGingins en 941 (1), mais qui n'est pas nommée ici.L'acte est signé. par Bathurne, qui ne prend aucuntitre, mais qui ne peut être que soi frère le vicomte.

    Suivant M. de Gingins, le ifis d'Engilbert fut mar-grave de Spolète et de Comerino, de 99 à 955, épo-que de sa mort; il aurait épousé une dame (anonyme)remariée en 940 au comte Sarillon (ou Sar]ion). Nousne pouvons rien dire à ce sujet; seulement, nousvoyons en mai 976 un Teudbodils signer avec un Ber-

    (1) Suivant M. de Gingins, Boson f des, p. 226, Engilbert serait mort

    en 942, et sa veuve aurait épousé Charles-Constantin, comte de Vienne,fils de l'empereur Louis [Aveugle. Dans les Hugonides, P. 92, il faitd'Engilbert un comte, mais sans en fournir la preuve, car une simili-tude dc nom n'est pas une preuve.

  • - -

    lion sans qualification un acte de donation à Cluny depropriétés situées à Vienne. Nous pensons qu'il s'agitdes deux cousins de la famille des vicomtes.

    M. de Gingins donne encore à Berlion un cin-quième enfant, Ratfred (de lit inconnu), abbé de Farfade 929 à 935.

    Baluze lui donne, de son côté, une fille Causberge,•qui aurait épousé Gérard de la Tour-d'Auvergne.

    Revenons à l'aîné.Ratburne, fils aîné de Berlion I, lui succéda dans

    la vicomté de Vienne, vers l'an 912 (Ilugonides, p.• - 20 et 34). 11 signa, le 18 novembre an 927, une

    charte de donation faite par une dame Ermengardeà l'église de Vienne, et transcrite dans le cartulairede cette église (fol. 44). 11 est nommé, ainsi que sonfrère Engilbert, dans un acte de Cluny du mois demai 935, portant donation de propriétés situées dansle village de Bracost (in villa Bracosto, in pago Vien-.nensi). On y voit que les propriétés données étaientconfinées d'un côté par celles du vicomte et de sonfrère (terra Ralburni vicecomitis et Ingeibcrli). -Le 1" octobre 942 (?), de concert avec sa femme,Vualda, il donne à l'abbaye de Cluny l'église de Saint-Martin située in villa qux norninatur Landadis, inpago Viennensi. - Au mois-de mars 945, Rathurnesigne un acte par lequel un nommé Sicherius se donnelui-même àl'abbaye de Cluny, en remplace'tnent d'unserf de ce monastère qu'il . avait tué. - En mai 945,Ralburne et sa femme Vualda renouvellent et ampli-

  • - 23 -

    fient leur donation du lier octobre 942. —Le 22 sep-

    tembre 976 (0 , Ratburne, d'accord avec sa femme

    Vuilla, qui n'est probablement pas autre que Vualda,donne à l'abbaye de Cluny l'église de Chandieu, prèsde Vienne, qui est dite in pago Lugdunensi. Dans cetacte, Ratbur'ne nomme son aïeul rnaterne1) Hector,a mère Girberge, son frère Hector, évêque du Puy,

    et son fils Berlion. - Le 1" mars 977, Ratburne,étant à Vienne, fit encore à l'abb'aye de Cluny, enprésence de Teutbalde, archevêque de Vienne, lacession de tout ce que lui et sa femme Vilia préten-daient sur une terre qui avait appartenu jadis à unnommé Bernon, et qui était située in villa Camponica

    (Chaponnay ?).M. de Gingins a fait deux individus de ce Rat-

    burne le premier marié à Vualda (927-942); lesecond, fils du premier, marié à Vuilla (976-978).Les détails dans lesquels nous venons d'entrer met-tent à néant cette distinction. Le prétendu Ratburne Ilnous apprend qu'il était fils de Girberge et non deVualda, et frère d'Hector, évêque du Puy. Les deuxfemmes de Ratburne, Vualda et Vuilla, n'en fontprobablement qu'une. À la vérité, cela donne unelongévité peu ordinaire, mais non pas impossible, àRatburne. En supposant qu'il fÙt né en 896, il n'au-rait eu que 82 ans en 978.

    (I) Baluze, qui n publié cet acte au tome Il de sonHistoire de la mai-son d'Auvergne, lui donne une date bien antérieure, par suite d'unemauvaise lecture. Il a cru voir Ànno ViConradi regis, taudis qu'ila fluo XL.

  • - 24 -

    Quoi qu'il en soit, on voit que Chorier et les autreshistoriens qui ont fait Vualda fille de Conrad le Paci-fique étaient dans l'erreur ; ce prince n'avait quequinze ans environ en 931, et ne pouvait avoir unefille mariée en 94.

    Rathurne eut deux fils10 Ratburne, qui mourut probablement avant son

    père, ou n'était pas l'aîné, car on trouvait naguèredans le cartulaire de Vienne un acte de donation oce personnage ne prend pas le titre de vicomte, maisoù il se dit neveu de l'archevêque Sobon. Par cetacte, Ratburne donne à l'église de Vienne une pro-priété située in villa Areto, en Viennois, propriétéqu'il dit tenir de son oncle Sobo (quam dominusSobo, archiepiscopus et avunculus (I) meus, mihi con-Mit). L'acte est daté du règne de Conrad (937-993),et probablement antérieur à 978 ;-.il est signé ])rBerlion, frère de Ratburne, sans doute signun Bo-rillonis, sans qualification.

    20 Berlion, qui suit.Berlion II succéda à son père après l'an 977

    (J) .Rigoureusement, ce mot semblerait indiquer gué le second Rat-borne n'était pas le fils du pemier, mais d'une de ses soeurs, attenduqu'en bon latin avuncuhis veut dire oncle maternel, à la différence depafruus, qui désigne l'oncle paternel; mais on n'était pas si rigoureuxsur la valeur de ces deux mots au moyen âge, et le mot avunculusétait employé dans les deux cas, ainsi qu'on peut le voir dans le Glos-saire de Ducange ; c'est pourquoi nous n'avons en français que lemême mot (oncle, dérivé d'dvuncuius) pour exprimer les deux degrésde parenté.

    u

  • M

    - -

    mais il figure déjà comme témoin, avec son cousinTeudbolde, dans l'acte d'une donation faite à l'abbayede Cluny au mois de mai 976, acte dans lequel onvoit aussi paralire un comte Humbert dont ne parlepasl'Àrt de vérifier les dates, et que M. de Ginginscroit la souche de la maison de Savoie (Bosonides,

    P. 231).M. de Gingins dit que Berlion II épousa une dame

    appelée Leutgarde, d'après un titre de Cluny quenous ne possédons pas. II nomme ensuite

    Beri-ion il (fihius Berillonis et Leu(gardœ), quiépousa Ildegarde en '1032, toujours d'après le mêmetitre de Cluny; et enfin les fils de Berlion 111

    Albert et Artaud, cités également dans cet acte de1032.

    M. de Cingins pense que la famille des vicomtesde Vienne fut la souche des seigneurs de Cbandieu,en Viennois. - Nous n'avons pas à nous occuper decette prétention: Nous dirons seulement que la vi-comté parait avoir été supprimée -au onzième siècle,car nous n'en voyons plus trace au douzième.

    n

  • - 26 -

    g iii. Vicomtes de Mâcon.

    ri

    Comme 'ès comtés de Lyon et de Vienne, le comtéde Màcon eut une vicomté territoriale, mais la dé-marcation de cette vicomté est aussi indéterminée quecelle des deux autres. Sa situation est toutefois indi-quée d'une manière générale dans un acte publié parextrait dans la Chronologie des évêques de Mâcon, de•Severt ( p. 118). On voit dans cet acte, daté de Mâconet du règne de Philippe P", que le vicomte Hugues leBlanc donna, du consentement du comte Guy, sonseigneur (seniorimco), à l'églie de Saint-Pierre, quiétait située hors des murs et à l'occident de la ville,une chapelle dédiée à saint André, apôtre, avec saverchère , lesquelles choses, dit-il, sont situées dansma vicomté (sunt autem ex res de vicecomitatu quemteneo). Or cette chapelle de St-André ne peut être que

    n

  • - 27 -

    Saint-André de Villers, canton de Charlicu (Loire), laseule église de ce nom, située dans le diocèse deMâcon, qui dépendit jadis du chapitre de Saint-Pierrede Mâcon. (Voyez le pouillé du diocèse de Mâcon quenous avons publié à la suite du Cartulaire de l'abbayede Savigng, t. II, p. 1046.)

    'Peut-être la vicomté embrassait-elle toute cette por-tion . du comté de Màcon dont Chkrlieu êLait le chef-lieu (1), et (lui, formant une châtellenie royale sousPhilippe-Auguste, longtemps avant l'acquisition parlacouronne du comté même de Mâcon, fut détachée de -bonne heure de ce comté, et rattachée au Lyonnais,dont elle ports le nom sur ]il de Cassini. Lamain-mise de Philippe-Auguste indiquerait la sup-pression dé la vicomté, qui en effet ne paraît plusaprès 1180. Nous reviendrons plus loin sur cesujet.

    Le premier vicomte de Mâcon que nous connaissionsest Racul[e (2), qui succéda comme comte (vers 905)à Léotalde, sous lequel il avait rempli ses fonctionsvicomtales. Raculfe, ainsi qu'on l'apprend du cartu-laire de Saint-Vincent de-Mâcon (ch. 7), maria sa fille p

    (1) La charte 183 du cartn]aire de Saint-Vincent de Mûcon signaleaussi l'existence d'une terre vicomtale dans la banlieue de i%lieon, surles bords de la Saône et près de la terre du comte.

    (2) Une charte du cartulaire- de Saint-Vincent de tdàcon (n' 152), de880 environ, mentionne iila Léotalde, comme nissus d'un comte Gui1laume; mais ce lifte est-il l'équivalent de vicomte? C'est ce que nous necroyons pas.

  • - 28 -

    Tolosaneou Etolanah un vicomte de Narbonne appelé• Albéric, qui fut comte après lui (1), vers 920, suivant

    l'Art de vérifier les dates, ou seulement après la mortde l'évêque Bernon (c'est-à-dire eh 937), suivant le

    • cartulaire cité plus haut; mais on a.des actes qui•prouvent qu'il était en exercice longtemps avant ces• deux dates. Alhéric fut la souche des comtes hérédi-

    taires de .Màeon. Son introduction n'eut as lieu tou-tefois sans contestation, si l'on en juge par les expres-sions du cartulaire c Albericus Narihonensis, qui,« accipiens flliam Raculfivicecomitis, post mortem

    domini Bernonis, Matiscensis episcopi, comitem se« fecit. » Il se fil comte après la mort de Bernon, cequi semble dire qu'il profita de la mort de l'évêquepour s'installer. Sans doute les évêques de Mâcon,comme beaucoup d'autres prélats, aspiraient à s'em-parer des droits régaliens dans leur ville épiscopale,et regrettaient de n'y pouvoir parvenir.

    EtiSne vient après Rahulfe. Il figure comme signa-taire dans un acte du cartulaire de Saint-Vinèent deMâcon (eh. 354) antérieur à 923, car il est daté durègne de Charles le Simple. Mienne exerça sans douteses fonctions sous le comte Raculfe.

    • Mageul parait avoir succédé à Etienne; toutefois•nous ne le voyons pas figurer dans lewactes datés

    (1) Ces exemples de vicomtes devenant comtes ne sont pas rares dansles premiers temps de linstitution. Lambert, premier comte héréditairede Ch Mon, était dis de Robert, vicomte d'Àntun.

    s

  • - 29 -

    avant 936(1) .. 11 est mentionné deux fois dans les actesdu cartulaire de Saint-Vincent. Dans le premier(eh. 185), de date incertaine, il préside, à Màcon,.unplaid public dans lequel fut réglé la question d'héri-tage entre la femme et les enfants d'un certain Lan-dry; dans le second (eh. 356), qui doit être de 936(car on y mentionne l'évêque I3ernon, mort en 937,et le roi Louis d'Outremer, qui ne commença à régnerqu'en 956), il parait comme simple. témoin. - Aumois de mai 956 Mayeul signe après le comte Léo-laIde un acte portant donation, en faveur de Cluny,de biens situés à Farenx, sur la rive gauche de laSaône. - Le 24 mai de la mêmemême année il assisteFévéqueMaimbode dans un plaid publie tenu â Mâcon,et où un certain Rainaud fit une restitution à Cluny.- Le ]endeman il signe deux actes de donationfaites àla même abbaye par Hubert ou Humbert, prévôtde Saint-Vincent de Màcon. - Le 8 octobre il as-siste le comte Léotalde dans un plaid tenu par lui àI1àcon, et dans lequel une dame Vandelmonde faitrestitution à Cluny de biens situés à Sennecé. -Aumois de juin 949 il signe aprèsle comte une donationfaite à Cluny, par Nardoin et sa fehsme Aya, d'unmanse situé à Belmoni (Loire). L'original de cette

    (I) On voit paraltre dans nu acte du cartulaire de Saint-Vincent deMâcon (eh. 50[),de 028 environ, tin cerlain Âr)gerdus. (lu aliflé de rnisszçsd'uncomte Guillaume; mais, nous le répétons, rien ne prouve que letitre de missus ddsioc un vicomte. Voyez plus loin l'article du vicomteGautuier, qualifié en outre de ,nissus du comte Léotalde.

    n

  • - 30 -

    pièce, que nous avons encore à la bibliothèque impé-riale, est daté c mense junio, anno XIII! regnanteHludovico rege. » Cette date semble en oppositionavec celle d'un autre acte inscrit dans le cartulaire deSaint-Vincent (n' 48), et ôà on voit paraitre commesignataire, sous l'an XII du même règne, un vicomteGuillaume; mais la date de cette transcription estsans doute erronée. La lecture du nom de Guillaumen'est même pas bien certaine; car, au lieu de Wiliel-mus, Se-vert a lu Walterius (Chronol. episc. ]Ilatisc.,p. 36). Cauthier parait en effet avoir succédé àMayetil.

    Nous voyons aussi vers le même temps (niai 948)paraître deux vicomtes ensemble, Léotba]deetRobert,comme signataires d'un acte de Cluny portant dona-tion de biens situés dans le Mâconnais; mais commecet acte est signé également par le comte Giselbert,pourl'àme duquel la donation est faite, il nous sembleque ces vicomtes étaient du duché ou du comté deBourgogne et non du Màconnais. Robert, par exem-ple, pourrait être le vicomte d'Autun, père de Lam-bort, comte de Châlon.

    Gaviliier nous.semb)e avoir succédé à Mayeul. Nouscroyons même qu'il était fils de ce dernier, ce quiexpliquerait pourquoi on le voit figurer dans des actescoutempôrains de celui-ci. Nous trouvons en effet,dans les chartes de Cluny, une donation du 20 avril950, faite par un Gauthier (sans qualification, il -estvrai) à sa femme Raimode, de terres situées à Davayé,

    C

    I

  • - 31 -

    et acquise jadis par son père Mayeul (Magiolo) et samère Landrade.

    Q 'uoi qu'il en soit, il tint à Mâcon, avec le comteLéotalde., le 4 mai 948, un plaid dans lequel un cer-tain Cauthier fut forcé de restituer aux moines deCluny des propriétés qu'il avait usurpées à Verche-son, etc. - En septembre 98 et le 8 juin 949 ilsigne des actes de donation en faveur de Cluny. - Le20 avril 950 il signe le procès-verbal d'un plaid tenutrois jours avant à Mâcon par le comte Léotalde etl'évêque Maimbode,et dans lequel fut reconnu le doitde l'abbaye de Cluny sur certaines propriétés situéesà Verchesoï, etc. - Le 12 février 951 il tient avecle comte Léotalde un plaid dans lequel les moines deCluny obtinrent gain de cause contre les prétentionsde Bernard et Gislafl. - Le 13 octobre 9551F assistele comte dans un acte analogue. - Le 4janvier 958il signe un acte de donation du comte Léotalde à 1' ahbaye de Cluny. - Le 20 août 960 il ti±nt i Mâcon,avec le comte Albéric, un plaid dans lequel Warulfeest condamné à restituer certaines propriétés à l'ab-baye de Cluny. Le 16 juin 961 il tient à Mâcon,avec les délégués du comte Léotalde et son fils Aihéric,un plaid dans lequel les droits des moines de Clunysont reconnus sûr des propriétés situées à Vinzelles.

    Le- cartulaire de Saint-Vincent d Mâcon nous aaussi conservé quatre actes où le vicomte Cauthierjoue un certain rôle. Ces actes sont de datés incer-taines, mais renfermées dans l'intervalle de 950 à 961.

    E

  • - 32

    Le premier (eh. 103) est un acte solennel donné par lemarquis Hugues et le comte Léotalde en faveur del'église Saint-Vincent. Le vicomté signe après Albéric,fils du comte. - Le second (eh. '186) est le procès-verbal d'un plaid tenu à Mâcon par le vicomte Cau-Ihier, comme déléglié du comte Léotalde (missi dominiLeotaldi comitis). - Le troisième (eh. 292) est leprocès-verbal d'un autre plaid tenu dans la mêmeville, en présence du comte Léotalde, et danslequelle vicomte Cauthier fut lui-même pris à partie parles ' chanoines de Saint-Vincent, au sujet d'une coloniesise à Sennecé, qu'il restitua.— Le quatrième (eh. 420)est le procès-verbal d'un plaid tenu par le comteLéotalde et le vicomte Gauthier, et dans lequel l'églisede Saint-Martin de Lixi fut restituée aux chanoines deSaint-Vincent.

    On trouve encore dans le cartulaire de Saint-Vincentun acte de date incertaine (n' 71, répété n' 157), maisqui n'est pas postérieur au 17 septembre 962 (1), caron y voit comparaitre l'évêque Maimbode avec quel-ques chanoines de la cathédrale, qui viennent récla-mer t Léotalde, qualifié comte impérial (irnpera(oriicornitis), parce qu'il avait un fief dans l'empire (2),

    - (I) L'Art de vérifier les dates cite cette pièce û l'a dicte de Uotald N,comte de Mûcon, comme tirée des archives de Cluny. Par son objet,on voit quelle no pouvait se LLôuver que dans le cartulaire de Saint-Vincent. -

    (2) lUcher qualifie ce comte princeps vrbis Vesontii. (nia. lib. li ,-cap. 98.) -

    r

  • la restitution de propriétés qui leur avaient été sous-

    traites par diverses personnes. L'acte est souscrit par Tdeux vicomtes, Gauthier et Albdric. Je pense que ce

    • dernier était le fils de Gauthier, qui l'avait associé àson gouvernement sur la fin de ses jours. Au reste,

    • Albéric ne parait plus nulle part, et il est probàble, sison existence est réelle, qu'il ne survécut pas à Gau-thier, Nous voyons au contraire paraître après cedernier tin nouveau vicomte appelé Nardoin.

    Ce Nardoin est sans doute celui que nous voyons.figurer comme assistant du comte dans presque tousles plaids tenus dans le Mâconnais vers cette époque.Il fut probablement choisi à ce titre comme vicomte,en supposant qu'il ne fùt pas de la famille de Gau-thier.

    Quoi qu'il en soit, nous le voyons figurer à côté ducomte Albéric et avant les, scabins et les bonshommes

    • dans un plaid tenu le l er juin 964. - Deux ans après(mars 966) il signe un acte de donation fait au nom

    • du comte Albéric en faveur de l'abbaye de Cluny.•Nardoin maria sa fille Eufémie . à Guy Jer, vicomte

    • de Lyon, comme nous l'avons vu précédemment.Le cartulaire de Saint-Vincent (ch. 542) fait con-

    naître 'un 'vicomte du nom d'Erlebàldus, lequel donna• à cette église, au mois de juillet ait la moitié de

    l'église de Saint-Genis (sur Menthon), in pago Lugdw-Izensi.

    Nous voyons aussi figurer un 'vicomte Eldober tuscomme signataire d'un acte de donation, faite en 1022

    • 3

  • - 34 -

    à l'abbaye de Cluny par un abbé Adémar, d'une églisesituée en un lieu appelé Testorins, in aice subdionense;mais comme nous n'avons pu déterminer la situationgéographique de cette église, nous ne pouvons dire àquel comté appartenait ce vicomte. Seulement noussommesconvaincu qu'il n'était pas du Mâconnais.

    Le cartulaire de Saint-Vincent mentionne deux fois,sous les noms de Hugo et 11go, un vicomte qui n'estpas autre que Guy ou Wigo, mentionné dans une bulledu pape Benoît VIII, publiée dans le Builaritern Glu-niacensc(p. 6). En effet clans l'un et dans l'autre bu-nage il est question d'un frère du vicomte appelé

    • Guillaume. C'est aussi le nom de Wigo que Severtdonne à ce vicomte dans l'un des actes qu'il a publias(Gitronol. epise. Matisc., p. 90). Ceci admis, nouspouvons citer plusieurs actes rappelant ce vicomteGuy, dont l'administration dût s'étendre de l'an 1015

    • ài'an 4030 enviroû. L'un d'eux se trouvé page 109de l'ouvrage de Se-vert; nous avons également troischartes signées par lui parmi nos actes de Cluny. 11•signe encore en 1019 une donation faite àl'abbaye deCluny par l'évêque d'Auxerre. Son nom est écrit Ugb

    • dans cette dernière pièce; mais nous ferons remarquerque ce n'est qu'une copie insérée au cartuldire B., etil est facile de s'expliquer la confusion des deux noms,lorsqu'on se rappellequ'il n'y avait jadis- qu'une seulelettre pour exprimer l'LJ et le V. Or Vgo et Vigo -nediffèrent guère. Ce vicomte est, encore rappelé dans

    -- - tibacte-de'Clunyde:1093, oùondonne pour limite

    t

  • -

    un champ la terre qui fut autrefois au cuisinier du

    vicomte Guy (terrain illain quw fuit- olint coq'ui vice-

    CO??2itS Wigonis).Ârchirnbaud parait avoir succédé à Guy; mais il était

    d'une autre famille, ou du moins.d'une autre branche,car dans une charte de Cluny, del'an 1037, dont nousparlerons plus bas, il nomme son père Artaud et songrand-père Hugues. Ce dernier vivait vers 984, etdonna cette année même à l'abbaye de Cluny, deconcert avec soi\ fils Artaud, qui devait être fortjeune alors, un curtil situé à Montmelas, donationconfirmée plus tard par Archimbaud. Celui-ci, aumoment de faire le voyage de Jérusalem, donna à l'ab-baye de Cluny une église dédiée à Saint-Laurent(c'est Saint-Laurent de Cote, un peu au nord-est deCluny) et une forêt appelée Plana Cassanea,, dans, leMàcoiinais; de plus, il mit en gage aux mains desmoines un manse situé .à Vigousset, mais à la condi-tion de pouvoir le reprendre s'il revenait deson voyageet si cela lui plaisait. Etant de retour en 1037, il re-nonca à son droit sur ce manse, ' et de plus confirmala donation faite précédemment par son grand-père etson père du curtil de Moutmelas. En 1039, il con-firma ses donations précédentes, et les accrut d'unmanse vulgairement appelé Virwole. La femm3 d'Ar-chiinbaud, qui s'appelait Béatrix, et qui était proba-blement du Lyonnais, donna aux moines de Cluny,dans un lieu appelé Saizeto (le Sauzet?), in pago Lug-

    dunensi, un manse et ses appartenances, peu après la

  • - 36 -

    mort de son mari (ArcMm.baldi vicecômitis, nuper de-,functi). Nous ignorons l'année de cette mort maiselle ne peut être de beaucoup postérieure à 1040.Quant au jour, le néchrologe de l'église de Saint-Pierrede Mâcon, qui se trouve à la Bibliothèque impériale(fonds M. 5254), la fixe au vin des ides (6 du mois)d'août.

    Àrcjiimbaud laissa deux fils(1go (ou Vigo), qui lui succéda et aura son ar-

    ticle ci-après;20 Artaud, qui fut l'un des principaux bienfaiteurs

    de l'abbaye de Saint-Rigaud, où il fut enterré, sousle nom.d'Artaud de Néronde (Artaldus Nerondiensis),sans doute parce qu'il avait la plus importante de sespropriétés à Néronde en Forez. Dans les actes de fon-dation de Saint-Rigaud qu'ont publiés Se*rt (Chron.epise. Matisc.) et M. Cueherat (Abbaye de Saint-Rigaud, in-80, 1853, Artaud rappelle son père, As-chimbaud,' et l'un de ses aïeux, Boson (fihius giton-dam Boionis). Quel est ce Boson? On l'ignore; mais ilfallait que ce fût un grand personnage pour qu'on aitcru devoir le mentionner. Après la mort d'Artaud, safemme Etiennette se remaria et négligea de remplirles engagements de son premier mari; mais étanttombée malade gravement, à Roanne, où elle résidait;elle envoya prier Drogon, évêque, de Mâcon, de venirl'assister à son lit de'mort, et elle répara amplement safaute entre les mains de ce prélat, qui n'avait pas hé-sité à se déplacer Four elle, ce qui semble indiquerqu'elle avait une haute position.

  • - 37 -

    Hugues (Ugo, Hugo, Vigo, car son nom est écrit deces diverses manières dans les chartes de Saint-Rigaudmentionnées ci-dessus) est surnommé Io Blans (leBlanc, Albus), surnom qui était sans doute déjà • celuide son père (i) et que garda depuis sa famille. Cevicomte figure comme témoin d'un acte de donationfaite à Cluny par Guillaume et sa femme Aimeruz, le17mai 1007, et rédigé dans le cloitre del'abbaye le 24août seulement. Jacques Severt donne de lui, dans saChronologie des'évéques de Mâcon (p. 118), l'extraitd'un acte beaucoup plus important pour nous. Par cetacte, Hugues donne au chapitre de, St-Pierre de Mâconune chapelle dédiée à saint André, et qui faisait partiede sa vicomté. Voici les ternies mémés de l'extraitdonné par ScvertSacrosunctœ. Dei ecclesim in

    suburhio Matisconensis oppidi ah occidentali partefundatœ, in honore apostolorum Petri et Pauli di-catœ, ego vicecomes Ugo dono capellam B. Andreœapostoli cum vicaria (lisez vircaria) sibi adjacente. -Sunt autem etc res de vicecomitatu quem teneo, quas

    « prœdictœ eccleshn et canonicis ihi degentibus proe-sentibus et futuris concedo, consentiente Widone,comité, seniori mcd, etc. Actum Matisconi publice,

    c régnante Philippe, etc. » Cet extrait est corroborépar le nécrologe original de l'église de Saint-Pierre,

    (t) Nous avons dans nos chartes de Cluny un acte sans date que Lam-bert de Barive a fixé à 1050 environ d'après l'écriture, cl dans lequel onvoit figurer lin linge AIbus sans qualification, qui pourrait bien êtrenotre vicomte Bogues Io filons, avant sa- promotion.

  • - 38 -

    que possède la Bibliothèque impériale, dans lequelon lit à la date du 25 octobre « viii (ka]. nov.) obiitx Ugo, vicecomes, qui reddidit huic ecc1ei capellam« .sancti Andjea3 cum vercaria (et non pas vicaria),

    annuente Widone comite.Malhêureusement ces deux extraits-sont sans date;

    mais l'acte de donation rentre forcément dans l'inter-valle qui s'est écoulé entre 1065 et ioiS, lequel com-prend tout le temps du gouvernement du comte Guy,dont lingues obtint le consentement, comme on a. vu.Nous avons démontré au commencement de ce para-graphe que la chapelle de Saint-André, donnée parHugd'es à l'église de Saint-Pierre, ne pouvait être queSaint-André de Villers, près de Charlieu, et qu'elleindiquait approximativement la situation et l'étenduede la vicomté de M%con.

    Hugues laissa deux fils1 0 Artaud qui lui succéda, et qui aura son article

    ci-après;2° Archimbaud ou Amblard, comme on l'a écrit

    dans les actes de Saint-Bigaud déjà cités, et qui laissaun fils appelé I ugues, comme son oncle. Cet ilugtiesest peut-être le même que Hugo Albus qui donna,vers 1450, à l'abba ye de Saint-Vivant, ressortissant àCluny, tout ce qu'il avait « in territorio de Menchangeset de Vergeio » (Vergy, près de Saint-Vivant, diocèsedé Dijon).

    Artaud le Blanc (Albus) succéda à son père Huguesvers 1076. Severt a publié (Chron. ep. Mat., p. 116)

  • - 39 -

    un acte pdr lequel on apprend que le comte Guy etle vicomte Artaud remirent à l'église de Saint-Pierre

    de Mâcon toutes les coutumes qu'ils levaient dans sesterres,justement ou injustement (omnes consuetudines,censum et debitum quod in quibusdam terris ejusjuste aut injuste habemus). Cet acte est sans date,mais il ne peut être postérieur à 1.078, année où lecomte Guy, poussant plus loin la dévotion, se retiradans l'abbaye de Cluny avec trente gentilshommes sesvassaux. (Leurs femmes, imitant leur exemple, se re-tirèrent, de leur côté, au monastère de Marcigny, dé-pendant de Cluny.)

    On trouve aussi dans le cartulaire de Saint-Vincentde Mâcon (1) une donation faite par Artaud le Blanc,mais il n'y prend pas le titre de vicomte. Par cet acte,

    il restitue .frcddidit à ce chapitre la part de propriété.qu'il avait sur l'église de Saint-Amour (au midi deMâcon), sans en rien retenir, et fait approuver cettedonation par son neveu Hugues ([Igo, nepos ejus), qui

    donna probablement aussi la part qu'il tenait de son

    père Are.hirnbaud.Artaud laissa deux fils1° Artaud, qui lui succéda et aura son article ci-

    après;° Archimbaud, qui donna en aleu à Cuichard de

    Beaujeu (1120-1130?) le .châteah de Cavaycru (Che-vanisset?) et la montagne où il se trouvait, avec tout

    (1) Ch. 25. Voy. encore Setert, Chron. ç. Mat., p. 116.

    19

  • ce qu'il possédait depuis la vallée de Murcy et de Dunjusqu'à la Bussièré, I1arcilly et Sainte-Marie-du-Bois (1). Plus tard, sur Te point de faire le voyage4e Jérusalem, il céda à Humbert de Beaujeu (1137.1140?) tout ce qu'il avait au-delà de]aLoire, s'il mou-rait sans enfant (2), circonstance qui ne se réalisa pas,car Archimbaud eut un fils appelé EtiennQ, avec le-quel et sa propre femme il fonda le monastère d'Ai-gueperse en Beaujolais vers l'an 1100..

    Artaud II le Blanc épousa une fille du seigneur deMiribel, qui lui àpporta en dot le chàteàu de Riotier,près de Trévoux. Il céda la moitié de ce château àGuichard de, Beaujeu (1120-1130?). Dans L'acte, passéà Beaujeu même, il nornuk son beau-frère Bonifacede Mirihel (3). 11 fit encore d'autres cessions â Hum-hert de Beaujeu (1137-1 ,140?), et dans l'une d'elles onvoit paraitrc comme témoin Etienne le Blanc, sonneveu.

    Artaud laissa (rois fils10 Artaud, qui lui succéda, et aura son article ci-

    après;.20 Archimbaud, qui viendra ensuite;30 Bernard le Blanc (Biancus), cité dans un acte

    du cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon (eh. 627), del'an 1167, dans lequel il se dit cousin d'Etienne (leBlanc).

    (t) Aubret, 41dm. pour sWvir à l'Hist. de Dombes, p. 980.(2) Ibid., p. 324.(3) ibid., p. 277.

    El

  • -

    Artaud III le Blanc se montra d'abord très-mal-veillant à l'égard des-gens d'église. Pierre le Vénérable,abbé de Cluny, parlant du retour d'Ilumbert de Beau-jeu de la Terre-Sainte (vers 110?), s'exprime ainsi« Il atterra tellement le vicomte de Mâcon., ce loup,• qui le matin, le soir et la nuit, ravageait nos terres,

    • qu'il pouvait dire avec Job :Je briserai les mâchoi-• i'es du méchant, et j'arracherai la proie de ses

    • dents (1).. »Artaud s'amenda surla fin de ses jours. Nous avons

    de lui un acte solennel dans lequel, reconnaissantqu'il a fait beaucoup de mal à l'abbaye de Cluny, ilcède à l'abbé Thiébaut la garde d'Ambierle, tout son

    fief (toto honore) dudit lieu, ainsi qu'une foule d'autres

    droits dans les environs, avec menace d'excommuni-cation contre ses héritiers et successeurs s'ils suscitent.aucune querelle à l'abbaye pour cela. L'acte est datéd'Ambierle, le ler setembre 1180(2). On n'y voitfigurer aucun membre de sa famille. II n'avait sans.

    doute pas d'enfants.Ârchirnbaud II, frère cadet d'Artaud III, lui suc-

    céda dans la vicomté. Nous ne mentionnons ce vicomteque par induction, car nous n'avons point d'autre té-moignage de son existence que la vague inscriptiond'un vicomte Archimbaud sur l'obituaire d'Anibierle

    (I) D#bt4otlz. Ciun. col. 925.(2) Artaud figuré aussi comme témoin dans un acte sans date (1161-

    1184) du cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon (eh. 622).

    Il

  • - —42-

    h la date du .... (:1) des nones de mars. Mais le nonde ce vicomte, et sa mention sur l'obituaire en ques-tion, ne nous laissent pas douter qu'il s'agisse d'unmembre de]a famille des le Blanc. Seulement,le rangque nous lui donnons dans la nomenclature desvicomtes de Màcon est contestable. Ce qui nous dé-termine à adopter ce système, c'est q ue l'acte solennelde donation fait par Artaud III, en 1180, en faveurde Cluny, semble prouver qu'il n'avait pas d'enfant;or, le dernier vicomté, quel qu'il soit, en eut au moinsdeux.

    Ces enfants sont IlainaS et Hplrie, qui,en octobre1220, cédèrent spontanén.cnt; au comte de Forez, toutce qu'ils possédaient encore au-delà de la Loire, etspécialement Crozet et ses appartenances, qui se trou-vent près d'Ambierle.

    La charte qui constate cette donation étant très-im-portante U très Lcourte, nous n'hésitons pas àlarepro-duire ici d'après l'original conservé aux archives del'empire (titres du Forez, pièce 158):

    « Rainaudus, Dei gratia Lugdunensis ecclesie ûi-c nister humilis, omnibus in perpetuotu. Universitati« veste notum facimus quod Rainaudus et Hulricus,« fratres, filii quondam vicecornitis Matisconensis,« quitaverunt et guerpiverunt sponte nobili viro Gui-« goni, comiti Forisiensi, nepoli nostro, in presentia« nostra, quidquid habebaut ultra Ligerim, et spe-

    (t-x Voyez cc que nous avons dit à propos de cette date au paragraphedes comtes de Lydn, p.13, note.

  • - 43 -

    • cialier Croset, cum suis perlinentiis, et omnis• querela inter eosdern fratres et comilem predictum.c quittata fuit panier et sopita. Unde nos, ad precem• et mandatum dictorum Rainaudi et Huirici, pre-• sentes litteras scribere fecimus in testimonium ve-

    nitatis, et sigilli nostri munimine roborari. Actuin• anno Domini M° CC0 XX0 , mense octobri. » (J)

    On se demandera pourquoi Rainaud et J-Iulric sedisent seulement fils du vicomte défunt (filii quonda1nviceconiitis), et non pas vicomtes eux-mêmes. Il noussemble qu'il n'y a joint d'autre conclusion à tirer deces expressions, sinon que la vicomté s'était éteinteen la personne d'Arehimbaud. Et cette explication estd'autant plus naturelle, quelle s'accorde avec ce quise passait aux environs, c'est-s-dire avec la suppres-sion des fonctions de vicomte à Lyon et à Vienne,pour ne parler que des pays qu'embrasse notre étude.Déjà, depuis longtemps, les vicomtes de Mâcon n'a-vaient plus rien dans l'ancienne vicomté des environs.deCharlieu. De même que ceux de Lyon étaient venuss'établir à Lavieu, ceux de Mâcon s'étaient installés àAmbierle, qui n'était pas même du comté de Mâcon (2).

    (I) pela Mure cite cette pièce dans son histoire des ducs de Bourbon,livre Il, chap. 17, mais il dit par inadvertance flamand et Ulric fils ducomte de Mâcon, et s'étonne de ne pas les voir mentionnés dans la chro-nologie des comtes de Mâcon par Duchesne.

    (2) Un fait assez corieux, c'est que les deux petites contrées quiavaient dépendu successivement des vicomtes de Mâcon furent debonne heure rattachées au Lyonnais, quoique rossoi3issant â des dio-cèses différents, et font aujourd'hui partie du département de la Loire.

  • -447—Les circonstances qui avaient amené cette petite révo-lution nous sont inconnues, mâTs les faits sont Pi.Nous ne pousserons donc pas plus loin nos invéstiga-lions.

    coNcLusioN.

    On voit que dans les trois pays que nous avonspris pour but de nos recherches actuelles, c'est-à-diredans trois comtés bourguignons limitrophes , lesvicomtes, institués dès le neuvième siècle, étaient leslieutenants des comtes, que comme ceux-ci ils devin-rent héréditaires, qu'ils eurent une vicomté territo-riale hun moment doflné, et enfin que vicomtes etvicomtés disparurent du onzième au douzième siècle,lorsque les grands fiefs étant définitivement consti-tués, une lieutenance héréditaire devenait une entraveau lieu d'être une aide.

    D

    SL-Eiieni,e, .1p. V' Théoller e C.