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Nicolas Flamel, étude historique par E. Canseliet EzoOccult le WebZine d'Hermès -- Alchimie - Etudes -- Etudes Nicolas Flamel, étude historique par E. Canseliet Eugène Canseliet vendredi 23 septembre 2005 EzoOccult le WebZine d'Hermès Page 1/{nb}

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Nicolas Flamel, étude historique par E. Canseliet

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Etudes Nicolas Flamel, étudehistorique par E.Canseliet

Eugène Canseliet vendredi 23 septembre 2005

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Nicolas Flamel, étude historique par E. Canseliet

Comme nul auteur ne l'avait fait avant lui, notre vieux maître Fulcanelli a interprétéet commenté la fraction intensément active de la vie de Nicolas Flamel, laquelle sedéveloppa dans l'agitation et les conséquences temporelles de l'effort opiniâtre.Ainsi a été traitée à fond la question majeure du problème, à savoir l'ésotérismeindéniable d'une biographie savamment détaillée par son héros lui‑même,que mut sa volonté charitable de traditionnelle initiation [1]. Il nous reste à tenter une étude plus générale, un essai qui sera modeste ensomme, et dont il peut sembler difficile qu'il se montre de quelque portée, aprèsl'important travail que l'abbé Villain assit sur les réalités impitoyablement terre àterre, en l'y poussant très loin, mais, il est vrai, dans la morne banalité et la minutiestérile des documents de tabellionnage [2] . Deux principaux motifs nous incitent à reprendre ce sujet en apparence épuisé parle laborieux ecclésiastique. Ils s'attachent à son livre même qui, tout d'abord, vieuxde bientôt deux siècles, n'est pas à la disposition de tous, du fait que, rare et decoût prohibitif, il doive être le plus souvent consulté dans les bibliothèques ; ensuite,conçu dans le parti pris fermement contempteur, il ne saurait présenter toutel'impartialité garante d'une valeur et d'une autorité réelles. C'est bien là ce que souligna, sans ménagement, dans sa préface, Albert Poisson,écrivant, lui aussi, il y a soixante années, une biographie du populaire alchimisteparisien, pleine de mérite et qui vaut assurément d'être complétée : « ... On n'avait sur Flamel que l'histoire de l'abbé Villain, riche en documents,mais mauvaise en ce sens qu'elle est terriblement partiale et que l'auteur s'efforcede démontrer une thèse préconçue : Flamel n'a jamais été alchimiste [3] . » Evidemment encore, l'abbé Villain était dans la plus profonde ignorance desprincipes élémentaires de l'alchimie, démontrée en même temps que sa mauvaisefoi, par le sentiment que, convaincu et péremptoire, il fournit, sans ambages, àl'occasion de sa réponse à dom Pernety, tenant, bien sûr, pour l'opinion contraire : « Un saint homme, auteur de tant de pieuses fondations, ne pouvaitcommettre un acte aussi indélicat, ni se compromettre avec l'enfer en se prêtant àl'initiation hermétique [4]. » Si le distingué prêtre de Saint‑Jacques‑La Boucherie avait su quenombre d'ecclésiastiques de toutes dignités - moines, abbés, cardinaux et jusqu'àcertains papes - s'adonnèrent à l'alchimie du laboratoire, il n'eût pas prononcé aussiinconsidérément une sentence d'interdit à ce point exécratoire. On verra, dans notre

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essai relatif au moine d'Erfurt et à son savant traité, comment nous avons fait justicede cette opinion fausse que l'Eglise eût jamais anathématisé les travauxhermétiques, à la manière d'une hérésie détestable [5]. Albert Poisson a résumé cette lettre de l'abbé Villain, déjà introuvable de son tempssous sa forme imprimée, venue entre ses mains grâce à l'obligeance de Stanislasde Guaïta et que nous avons nous-mêmes vainement recherchée à la BibliothèqueNationale [6]. Cette épître fut suscitée, nous l'avons dit, par celle que Dom Pernety,bénédictin de la congrégation de Saint‑Maur, adressa publiquement àl'auteur de l'Histoire critique et que nous avons trouvée au Département desImprimés, rue de Richelieu [7]. Ce document, en quelques points nettement établis,où la logique s'allie à l'évidence, sape, dès la base, l'ouvrage laborieusement édifié,dans l'unique dessein d'enlever à Flamel sa réputation d'alchimiste. Ainsi, domPernety, envisageant le fatras indigeste des pièces d'archives accumulé par l'abbéVillain, constate‑t‑il non sans vérité et sur le ton plaisant : « Peut‑on raisonnablement s'imaginer qu'un Philosophe Hermétiquedoive s'afficher tel ? Et M. l'abbé V... a‑t‑il pensé trouver FlamelPhilosophe dans les contrats de rentes, les quittances, etc. de Flamel homme privé? Falloit‑il employer plus de 400 pages pour nous accabler du détail minutieuxde ces rentes, de ces quittances, etc. de Flamel se conduisant comme Bourgeoisbon Chrétien ? M. l'abbé V... pour se convaincre que Flamel mérite le nom dePhilosophe, voudroit‑il que dans les contrats qu'il a faits, dans les quittancesqu'il a reçues ou données, il est signé, Nicolas Flamel, Philosophe HermétiqueL'Année Littéraire de Fréron, op. cit. ? » Dom Pernety, né à Rouane (Roanne) dans le diocèse de Lyon, était‑il alorsle chef d'une société secrète d'alchimistes et d'illuminés établie en Avignon ? Ce quiest certain, c'est que l'année suivante, il allait accompagner Bougainville, en qualitéd'aumônier, dans son voyage aux Iles Malouines, avant de devenir bibliothécaire deFrédéric II puis abbé en Westphalie. Il avait embrassé la profession religieuse dansl'ordre de Saint‑Benoît, le 29 juin 1732, à l'abbaye de Saint‑Allire deClermont, dont les supérieurs l'envoyèrent ensuite àSaint‑Germain‑des‑Prés à Paris, où il écrivit ses ouvrages [8].

* * *

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C'est en attaquant l'authenticité du Livre des Figures Hierogliphiques quel'argumentation de l'abbé Villain, contre la personnalité philosophique de NicolasFlamel, semble plus sérieuse et mieux fondée, au moins à première vue. Il ne fautpas oublier, en effet, que le peu qu'on sait de l'activité de l'alchimiste dans laScience, nous est fourni par le texte traduit et édité, vraisemblablement pour lapremière fois, par P. Arnauld sieur de la Chevallerie Poitevin [9]. Celui‑ci, tout d'abord, selon l'érudit prêtre, aura été «quelqu'alchimiste, qui, pour faire valoir un ouvrage hermétique de sa façon, auraprofité de la réputation que les richesses prétendues immenses de Flamel luiavoient acquises » [10]. Un fait indéniable ruine, totalement et sans conteste, cette assertion, dont on verra,d'autre part, qu'elle ne reposait déjà que sur de bien faibles arguments : Trois alchimistes normands, Grosparmy, Valois et Vicot, qui labouraient ensemble àFlers, à la fin du XIVe siècle et dans la première moitié du suivant, possédaient ettenaient en grande estime Le Livre des Figures Hieroglyphiques de Nicolas Flamel. Dans leurs Œuvres restées manuscrites, ils invoquent fréquemment l'autorité deleur confrère parisien en le présentant sous ce dernier vocable : « Par ainsi calcine ton corps en trois jours : ce que le juif par la denotation duparisien figuroit par son livre contenant trois fois 7 feuillets... [11] » Il s'agit d'autant plus sûrement de Flamel, que ces auteurs contemporainsrappellent, dans le même tome, l'épouse modèle échue par grâce à l'alchimiste dela paroisse Saint‑Jacques‑la‑Boucherie, et cela à l'occasionde conseils détaillés pour une installation commode : « Aiez aussi un compagnon fidelle, et en meurs vous ressemblant, si mieuxnaviez une seconde Perrenelle, mais se sexe est hasardeux et a craindre [12].» Le Grand Olimpe, traduit et commenté, « achevé d'escrire ce 26 mars l'an1430 », désigne, clairement, l'alchimiste de Paris, par son patronyme : « Et ses ames qui dedans leurs corps sont remises, voy Flamel en sonarche... [13] » C'est Nicolas Valois qui parvint au but le premier, à un âge relativement jeune, sinous ne le prenons pas à la manière philosophique, c'est‑à-dire compté

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depuis le jour où l'artiste se mit a expérimenter au fourneau : « Or, j'avais bien 45 ans quand cela arriva en l'an 1420. Et au bout de 20mois, nous vismes ce grand Roy assis en son trosne royal... »

* * * Reconnaissons avec Sauval [14] que la version latine de Flamel, translatée parArnauld de la Chevallerie, semble n'avoir jamais été trouvée manuscrite ouimprimée, et soulignons nous-même que le gentil‑homme poitevin ne tintpas sa promesse de nous donner aussi les Figures Hierogliphiques « en Latinavec L'Histoire du Iardin des Hesperides, composée par Lorthulaintres‑grave et tres‑docte Autheur » [15]. Qu'il ne l'ait pas placétout de suite en regard du français, comme pour le premier traité de son recueil -celui du tres-ancien Philosophe Arthephius, nous permettant, au reste, d'apprécierson excellent savoir de latiniste -, voilà qui ne laisse pas de surprendre, lors mêmequ'il en fournisse l'explication : « Car il eust esté grossier de mettre les figures en tous les deux textes Latinset François, ou de n'en mettre qu'en un. Et n'en mettant qu'en un, les figuresoccupans l'espace, eussent empesché que le Latin et François ne se feussent pasbien rencontrez aux fueillets, i'ay donc esté contraint de te les bailler enceste‑cy seulement [16]. » Sur la simple constatation qu'il ne demeure aucun exemplaire, ni aucune trace dece latin original, serait‑il prudent de vouloir qu'il n'eût jamais existé ? Nousne le pensons pas, devant cet article du Catalogue de Pierre Borel, docteurmédecin, né à Castres, mentionnant un manuscrit qu'il eut sans doute dans lesmains et qui rappelle un précédent travail de même genre : « Nicolai Flamelli quædam Hieroglyphica, et Carmina quæ in variis Lutetiælapidibus olim visebantur vel quæ adhuc super sunt, alia ab iis quæ in Lucemprodierunt, MS ut et ejus processionnes [17] ». Ne pourrait‑il s'agir de la pièce primitive sur laquelle se bâtit la réputationphilosophique de Nicolas Flamel et de laquelle il faut espérer que, tôt ou tard, elleresurgisse par l'heureuse occurrence de quelque chercheur prédestiné ? Quoi qu'ilen soit jamais, voici la traduction du latin précité : « Certains Hiéroglyphes et certaines Inscriptions de Nicolas Flamel, qu'on

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voyait autrefois sur diverses pierres de Paris ou qui sont encore dessus, autres queceux qui ont été mis en lumière, et, par exemple, ses processions. » Flamel, dans ses Figures, explique ce qu'il entend par procession, et, répétant undistique qui accompagnait l'image peinte au charnier des Innocents, sur l'une desarches de la galerie voûtée, nous indique implicitement qu'il les rédigea en latin : « ... par dedans le Cymetiere, où i'ay aussi mis contre la muraille d'un etd'autre costé, une procession en laquelle sont représentées par ordre toutes lescouleurs de la pierre, ainsi qu'elles viennent et finissent, avec ceste escripturefrançoise : Moult plailt a Dieu procession S'elle est faicte en devotion [18]

* * * Les lignes que nous écrivons contribueront‑elles à l'événement queconstituerait, pour nombre de lecteurs, le double démenti qu'eût été fictif ou que fûtperdu le texte en langue latine du Livre des Figures hieroglyphiques ? D'ores etdéjà, une seconde traduction, différente de celle d'Arnauld de la Chevallerie,confirme nettement que le latin original existe. En effet, les renseignementsbibliographiques produits à son sujet, par deux auteurs de parfaite honnêteté,s'offrent trop précis pour que le moindre doute puisse venir à l'esprit le plusexigeant. Robert Buchère, quelques mois avant que se déchaînât, en 1914, l'effroyabletourmente qui devait aussitôt l'engloutir avec presque toute l'infortunée jeunesse enpantalons rouges, découvrit, chez le docteur 0, à Toulon, cette translation, impriméedont il prit la copie et dont voici la référence : « Le Livre des Figures hieroglyphiques de Nicolas Flamel, écrivain. Traduit dulatin en français par N. Perrot, sieur d'Ablancourt. A Paris, chez Augustin Courbe,en la galerie des merciers, à la Palme, 1660. » Combien il aurait été préférable, vu sa réputa­tion et ses mérites, que c'eût étéRobert Buchère lui‑même qui eût exposé sa sensationnelle décou­verte,plutôt que Fidel Amy‑Sage parlant d'après son ami défunt, tout à faitincidemment, dans une explication préliminaire. Celle‑ci précède la

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tra­duction, par Buchère, de Purissima Revelatio, dans l'un de ces numéros siintéressants de l'ancien Voile d'Isis [19]. Nous ne savons qui était ce « bon Dr O », de la sorte discrètementdésigné par Buchère et que Fidel Amy‑Sage, de son côté, présente comme« un adepte de la Rosée croissante », pourvu d'une « richebibliothèque ». En tout cas, du rarissime exemplaire pris par Buchère sur l'undes abondants rayons, s'échappa une fiche « de la main même du Dr O», tout de suite ramassée, copiée et transmise à son frère en Hermès,collaborateur du Voile d'Isis de la bonne époque : « ... Un sieur Arnauld de la Chevalerie, gentil­homme poitevin... pour seprocurer de l'argent et de la réputation... et pour quelques mystérieuses raisons quinous échappent... se gardant bien, et pour cause, de reproduire le texte latin deNicolas Flamel, a supprimé des passages entiers et, à mon avis, capitaux... pour enajouter d'autres assez nom­breux, de son cru spagyrique Ceux‑ci n'ont serviqu'à embrouiller et à tromper les chercheurs de bonne foi. » Le jugement nous apparaît sévère, qu'il ne serait possible d'apprécier que par laconfrontation du texte d'Arnauld avec celui du sieur d'Ablancourt. Quand FidelAmy‑Sage range, sur le mode péjo­ratif, Eyrenée Philalèthe parmi lesspagyristes, nous aimerions connaître le sens exact que donnait le docteur O àL'adjectif spagyrique, précisant la nature des passages, assez nombreux, ajoutéspar le premier traducteur. Celui‑ci, on l'a vu, translata de façon irréprochablele traité latin d'Artephius. Pourquoi aurait‑il aussi profondément transformécelui de Nicolas Flamel ? Quoi qu'il en soit, les deux versions de la fin du chapitreIII, présentées juxtaposées en manière de spécimens, par Fidel Amy‑Sage,diffèrent notablement, et la trouvaille de Robert Buchère infirme déjà leraisonnement de l'abbé Villain, concluant à un pastiche du sieur a de la ChevalleriePoitevin » [20].

* * * Peut‑on déduire encore que Le Livre des Figures Hierogliphiques soitapocryphe, de ce que son auteur suspecté n'y porta pas correctement une date ?L'abbé Villain opine pour l'affirmative, qui, justement d'ailleurs, fait observer que,jusqu'au milieu du XVIe siècle, l'année commençait avec le jour de Pâques. Parsuite, il n'admet point que Nicolas Flamel, « écrivain accoutumé à copier despièces, et peut‑être à en composer », ait écrit « levingt‑cinquiesme iour d'Avril suivant de la mesme année (1382) » au

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lieu de vingt‑cinquième jour d'avril après Pâques fleuries 1383. La fête de laRésurrection tombant, pour la première, le 6 avril, pour la seconde, le 22 mars [21]. Ce n'est pas là, vraiment, un argument décisif, comme le veut l'abbé Villain, car iln'est pas impossible qu'Arnauld ait rétabli le millésime, dans son français, selon quel'imposait, depuis quelque cinquante années, la loi de son temps. D'autre part,Nicolas Flamel lui‑même n'aurait‑il pas imaginé une premièretransmutation non moins fictive que sa date ? Nous sommes, quoiquemodestement, assez au fait de l'élaboration philosophique, disons même - afin denous mieux faire comprendre par certains - de la synthèse physique, pour ne pasaccepter facilement que le pieux philosophe de l'ancienne rue Marivaux l'ait nonseulement pratiquée en hiver, mais encore l'ait suspendue, non sans gravepréjudice, dans le but d'effectuer une transmutation du mercure ordinaire en argent,fût‑il le plus fin : « Ce fust le 17 de Ianvier ; un Lundy environ midy, en ma maison, presentePerrenelle seule, l'an de la restitution de l'humain lignage mil trois cens quatrevingts deux [22]. » Très vraisemblablement, afin d'instruire, avec sagesse, son lecteur, fils de science,soucieux du travail au fourneau, Nicolas Flamel rapprocha, cabalistiquement, lesdeux planètes Lune et Vénus, en intervertissant à dessein les deux jours de lasemaine, qui leur sont impartis. L'abbé Villain, fort éloigné des méthodesdidactiques familières aux alchimistes, triomphe alors et souligne l'erreur qu'ilcondamne sans réserve : « En 1382, le 17 de Janvier étoit un vendredi, et non un lundi ; et ce ne peutêtre une faute de copiste : car y a‑t‑il quelque ressemblance entreces deux noms vendredi et lundi ? De plus, le sieur de la Chevalerie a présenté lapiece comme une traduction. Le copiste auroit donc lu die lunæ pour die veneris : ladifférence est encore plus énorme, et ne peut s'admettre [23]. »

* * * Certes, le pointilleux abbé n'aurait pas aussi aisément trouvé la faute, délibérée ouinvolontaire, s'il n'avait eu à sa disposition, dans l'édition princeps de 1750, L'Art devérifier les dates ; ce monument d'érudition du à l'opiniâtreté laborieuse desbénédictins de Saint‑Maur, duquel l'imagination a peine à concevoir lacolossale édification, dans l'idée vertigineuse du temps et des efforts nécessaires,impossibles à un seul homme. A l'égard de cette erreur chronologique, par lui

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dénoncée capitale, l'abbé Villain en appelle finalement à l'autorité des mêmes RR.PP. pour la circonstance Dom Tassin et Dom Toustain, de qui venaient de paraîtreles premiers volumes de leur Nouveaux traité de Diplomatique. Il y relève, ausecond tome, page 442, cet argument inductif, qu'une foule de caracteresfavorables ne résisteroit pas à un désavantageux, s'il étoit de nature a ne pouvoircompatir avec une piece vraie, et il en tire discrètement, en note, la conclusiondécisive, chère à son opinion préconçue : « Quelque naïveté qu'il paroisse dans le récit que l'on fait faire à Flamel, desdates si visiblement fausses, sur tout la derniere, doivent décider de toute l'histoire,et la faire regarder comme inventée a plaisir [24]. » Il nous serait loisible d'appliquer à l'érudit ecclésiastique le raisonnement qu'il utilisaavec tant de rigueur, quand nous voyons que se transforma, sous sa plume, la finde la longue inscription de la maison célèbre, sise 51 rue de Montmorency, dans letroisième arrondissement. Nous reparlerons de cette demeure édifiée par NicolasFlamel, sur laquelle chacun peut lire, comme nous l'avons nous‑même trèsbien lue tout récemment encore, au‑dessus des ouvertures inférieures, encaractères gothiques, la curieuse profession de foi, édifiante et collective. Nous enrespectons d'abord l'orthographe et les abréviations et la faisons suivre de sa leçonmoderne : « NOUS HOMES ET FEMES LABOUREURS DEMOURANS OU PORCHEDE CETTE MAISON QUI FU FCE EN LAN DE GRACE MIL QUATRE CENS ETSEPT. SOMES TENUS CHASCU EN DROIT SOY DIRE TOUS LES IOURS UNEPATENOSTRE ET I AVE MARIA EN PRIANT DIEU Q DE SA GRACE FACEPARDO AUS POVRES PECHEURS TRESPASSEZ. AMEN. » « Nous hommes et femmes laboureurs habitant le porche [25] de cettemaison qui fut faite en l'an de grâce mil quatre cent sept, sommes tenus chacun endroit soi dire tous les jours une patenôtre et un Ave Maria, en priant Dieu que de sagrâce fasse pardon aux pauvres pécheurs trépassés. Amen. » Au demeurant, ce que nous allons relever semblera peu de chose ; toutefois nousn'acceptons pas qu'un investigateur aussi vétilleux ait pu voir, comme suit, la partieque nous soulignons maintenant, dans cette épigraphe s'étirant sur une seule ligneet dont il prend soin de nous dire, pour affirmer l'exactitude de son examen,qu'« elle a été nettoyée depuis peu » : « ... en priant Dieu Fils et sa Mère faire pardon aux pauvres pécheurstrespassés. Amen [26]. »

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Quelques lettres étaient frustes, vers le milieu du siècle dernier, mais seulementdans le mot demourans et les quatre qui suivent. Sur la façade, non moinstransformée que la destination première de cette construction, telle quelle restée degrand intérêt, une plaque commémorative nous apprend : « MAISON DE NICOLAS FLAMEL ET DE PERNELLE SA FEMME. POURCONSERVER LE SOUVENIR DE LEUR FONDATION CHARITABLE LA VILLE DEPARIS A RESTAURÉ EN 1900 L'INSCRIPTION PRIMITIVE DATÉE DE 1407.»

* * * Dans les premières années du XVe siècle, la rue de Montmorency se trouvait, àenviron cinquante mètres, passé la vieille porte de Philippe‑Auguste encoredebout parallèlement à la rue aux Oües (maintenant aux Ours), dans ce quartier, ouplutôt dans ce faubourg de la capitale, qui relevait du prieuré deSaint‑Martin‑des‑Champs. Que les moines, tant jaloux de leurs privilèges, aient traité aussi facilement avecFlamel et qu'ils l'aient autorisé à construire une maison importante, d'usagehospitalier, laquelle devait s'appeler le Grand Pignon, nous n'en sommes pointsurpris, puisque nous avons tout lieu de croire que l'alchimie était pratiquée enquelque officine secrète du cloître. Pierre de Montereau, constructeur de leur réfectoire [27], au début du XIIIe siècle,ne devait‑il pas bientôt édifier la Sainte‑Chapelle et l'enrichird'allégories alchimiques, disparues quant aux sculptures, mais dont la meilleurepartie sans doute subsiste dans les merveilleux vitraux s'illuminant au sud. Notremaître Fulcanelli a parlé de ce trésor d'ésotérisme, dont il a même fourni, enspécimen, un fragment, dessiné et peint par Julien Champagne, figurant lemassacre des Innocents [28]. Ajoutons, maintenant, ce que Flamel et notre maître n'ont pas dit et qui découle desopérations par voie sèche au laboratoire. C'est au cours de la partie médiane del'élaboration philosophale, c'est‑à‑dire du second oeuvre, quel'universelle immolation se produit. Les Innocents sont saisis, un à un, en surface, àla manière du pêcheur ferrant les poissons à la ligne. C'est ici le lieu qu'on se penche sur l'image du poêle alchimique de Winterthur, puis,en particulier, sur celle du Mutus Liber, où le couple parfait, renouvelé de Nicolas et

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de Pérennelle, pêche, à la ligne, le royal Dauphin [29]. L'holocauste rapporté par saint Matthieu, au verset 16 du chapitre II de sonEvangile, s'offre en allégorie de la phase importante du Grand Œuvre, qui est celledes aigles ou sublimations : « Alors Hérode, voyant qu'il avait été joué par les mages, entra dans unegrande colère ; et il envoya tuer tous les enfants qui étaient à Béthléem et dans tousles environs, depuis l'âge de deux ans et au‑dessous, selon le temps dont ils'était enquis auprès des mages. » C'est Nicolas Flamel, lui‑même, qui établit le rapport, en ses FiguresHierogliphiques, à propos du livre singulier qui lui « tomba entre les mains», duquel il dit encore, qu'il se montrait « doré, fort vieux, &beaucoup large », et que ses pages étaient « escriptes avec unepoincte de fer, en belles & tres nettes lettres latines colorées » : « Au dernier revers du cinquiesme fueillet, il y avait un Roy avec un grandcoutelas, qui faisoit tuer en sa présence par des soldats, grande multitude de petitsenfans, les meres desquels pleuroient aux pieds des impitoyables gendarmes, lesang desquels petits enfans, estoit puis apres recueilly par d'autres soldats, &mis dans un grand vaisseau, dans lequel le Soleil & la Lune du Ciel sevenoient baigner. » Notre savant alchimiste, selon son habitude, ne laissa pas de confier àl'iconographie cette phase importante de l'alchimie opérative dont il était ferventdisciple. C'est ainsi qu'au cimetière des Innocents, nous l'avons dit précédemment,sur la quatrième arche, en entrant par la grande porte de la rue Saint‑Deniset tout de suite à main droite, Nicolas Flamel fit sculpter et peindre trois petitscartouches qui figuraient, fort abrégé, le grand massacre de Judée. On pourra compléter encore notre contribution à la mise en pratique de l'allégoriedes saints Innocents égorgés, par le passage que nous empruntons à notre volumeAlchimie et qui vient en similitude avec l'une des circonstances dramatiques de laconquête de la Toison d'Or : « De même voit‑on, au cours du travail alchimique, la partie pure ducomposé se séparer de la masse putréfiée, s'éloigner de tout danger et s'élever à lasurface, véhiculée par un corps nouveau, de complexion subtile et semblable à ellesous le rapport de la perfection. C'est ainsi qu'Hermès, dans sa Table d'Emeraude,s'adresse au fils de la doctrine et lui conseille d'opérer :

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« Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l'épais, doucement, avec grandeindustrie [30]. »

* * * Mais revenons à l'angle des rues Saint‑Martin et du Verbois, puis là, devantla tour à créneaux [31] de l'enceinte médiévale du couvent, examinons la fontainedu Vertbois, dont le bas‑relief original de 1633, dû aux religieux, remplacéen 1832, fut installé, à gauche en entrant, dans la cour du Conservatoire des arts etmétiers, où les intempéries achevèrent de le ruiner suffisamment, pour qu'il fallutl'enlever vers la fin de l'occupation allemande. Il n'est pas inopportun de signaler en ce lieu que l'hermétisme de cette sculpture,également dévoilé par Fulcanelli [32] , fut très fidèlement utilisé pour l'inaugurationde grands magasins à Rouen, avec l'édition d'une médaille qui est l'œuvre dumaître céramiste Pierre Oliver [33]... Sur cette faïence, d'un art parfait, la nef duGrand Œuvre, entourée des lacs d'amour, porte, de surcroît, en poupe, la coquilledes pèlerins de Saint‑Jacques et le vocable CORÉ qui signifie en grecancien : jeune fille, vierge. Ainsi s'affirme, dans la pensée antique qui survit et se propage, la nécessité d'unephilosophie scientifique, seule capable de conjurer les maléfices, mortels pourl'humanité, de la physique et de la chimie imprudemment étendues à ce que lesanciens dénommaient l'œuvre selon le diable, en opposition à celui qu'ilspratiquaient selon Dieu. Du grand poème de Guillaume de Lorris et Jehan Clopinel, dit de Meung, pour lors,nous viennent en mémoire les deux derniers vers qui soulignent la vérité entière etprimordiale : Explicit le Romanz de la Rose 0u toute l'art d'amor est enclose. Un extrait du Roman de la Rose se trouve entre les Remonstrances de Nature àl'Alclymiste errant du même auteur, Jehan de Meung, et le Sommairephilosophique de Nicolas Flamel, dans le petit livre [34] contenant encore LaFontaine des Amoureux de Science de Jehan de La Fontaine, de Valenciennes,en la Comté de Henault, qu'il ne faut pas confondre avec son homonymechampenois, plus jeune de deux bons siècles, c'est‑à‑dire avec le

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bonhomme de génie, le fabuliste exquis au franc parler : I'avoye grand soif et grand faim, Mais parfois avecq moy du pain Qu'avois gardé une sepmaine Lors apperceu une fontaine, D'eaue tres clere, pure et fine, Qui estoit soubs une aubespine. loyeusement empres m'assis. Et de mon pain soupes y fis [35] . On voit bouillonner cette fontaine sur la troisième figure d'Abraham le Juif, au pieddu vieux chesne creux que, laconiquement, Flamel recommande à son lecteur denoter, en terminant le chapitre III du Livre des Figures Hierogliphiques [36],Précisément, il y expose tout au long la portée expérimentale du symbolisme desdeux dragons qu'il fit peindre « en la quatriesme arche du cymetiere desInnocens entrant par la grande porte de 1a ruë S. Denys, et prenant la main droicte[37] ». Il n'est pas sans conséquence de remarquer que l'alchimiste parisien yrappelle son traité versifié, à propos des deux principes mâle et femelle de laPhilosophie, « ces deux spermes masculine et fœminine descriptes aucommencement de mon Sommaire Philosophique », le poème que nousvenons nous‑même de signaler ci‑dessus et dans lequel onretrouve, allégoriquement monstrueux, les deux acteurs protagonistes de l'Œuvreminéral.

* * * Jamais l'exactitude de la reproduction des Figures, dans l'édition du sieur Arnauldde la Chevallerie, en 1612, depuis cette date, n'a été contestée par qui que ce fûtqui eut comparé ces gravures sur bois avec d'autres dessins, ou, mieux, avecl'œuvre originale. Celle‑ci subsista jusqu'à la disparition du charnier, en sibon état de conservation, que l'abbé Villain, l'an 1760, put l'examiner facilement et àloisir. Par la même occasion, il vit aussi la sépulture de Perennelle [38], toujours

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dressée dans le cimetière, vis‑à‑vis de l'arcade historiée devenuel'objet principal d'une controverse assez chaude et non exempte de passion. Venu là en inquisiteur avide de vérité et rempli d'ardeur à confondre le mensonge etl'imposture, comment l'érudit, tant soucieux de documents, de pièces, d'originauxofficiels et incontestables, qui sut exploiter, nous l'avons vu, non sans adresse, ladécision, au reste d'irréfragable logique, de deux illustres bénédictins, commentl'abbé Villain, sur les notes prises attentivement devant le message iconographiquede Flamel, a‑t‑il pu ensuite rédiger les lignes que voici : « Les deux autres tableaux qui sont les deux extrémités, sont très mystérieuxaux yeux des Alchymistes, et sans mystere à quiconque n'y en cherche point. Cesont les symboles des quatre Evangelistes. L'Homme symbole de l'Evangeliste StMatthieu, soutenant le Lion ailé de St Marc, c'est le tableau du côté droit ; dansl'autre à gauche le Bœuf de St Luc et l'Aigle de St Jean, c'est tout ce qu'on doit yvoir [39]. » Au Livre des Figures Hierogliphiques, sur la planche qui se déplie et qui montre,joliment dessiné, le tympan de l'arche, on voit, en effet, cinq compartiments, illustréset distincts, soutenant la scène à grands personnages, développée dans le reste del'ogive. Si l'on y reconnaît, aux extrémités, les deux compositions discutées par lesavant ecclésiastique, on serait bien en peine d'y retrouver, avec lui, réunis en deuxcouples, les attributs animaux des quatre évangélistes. A droite, le clerc vêtu d'une longue robe pourpre, retenant par les pattes un lionpourvu d'ailes, ne ressemble décidément pas à l'ange par qui le peintre eûtsymbolisé saint Matthieu, en ce début du XVe siècle, avec les mêmes ailes et lamême tunique blanche que les célestes messagers, par lui, figurésau‑dessus. A gauche, les deux dragons mythiques qui s'affrontent et dont l'un est aptère, nesauraient, moins encore, offrir une quelconque ressemblance avec le bœuf de SaintLuc et l'aigle de Saint Jean. Avant nous, Albert Poisson avait déjà constaté l'erreur, sans doute involontaire, ducritique aveuglé dans son parti pris, à l'endroit de la description de ces deux petitstableaux [40].

* * *

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A cette différence près que l'un est en prose et l'autre en vers, les deux traités deNicolas Flamel, à savoir : Le Livre des Figures Hierogliphiques et Le Sommairephilosophique, révèlent une évidente parenté de science et d'expression. Ladoctrine alchimique y resplendit dans toute sa pureté traditionnelle, tant à l'égard dela discipline philosophique que pour le symbolisme et la pratique physique àlaquelle il se rapporte. Voilà pourquoi nous sommes encore très près du sentiment d'Albert Poisson, quandil décide que les deux autres petits ouvrages imprimés, qu'on attribuecommunément à Flamel, ne furent pas composés par lui. Il s'agit du GrandEsclairsissement de la Pierre Philosophale, à Paris, chez Louys Vendosmes,Marchand‑Libraire, ruë de la Harpe, à la Roze rouge, 1628, puis du Thresorde Philosophie, ou Original du Desir Desiré [41] à Paris, chez Pierre Billaine, ruë S.Iacques, à la Bonne Foy, devant S. Yves, 1629. Pour le premier, d'ailleurs daté de Paris, le 7 juillet 1466, alors que Nicolas Flamelétait officiellement mort depuis 48 ans, la note de Pierre Borel ne nous étonnera paset renforcera, tout au contraire, notre impression de lecture : « Il n'est pas vrai que ce livre soit de Flamel, mais simplement une partie dulivre de Christophe de Paris [42] publiée sous ce titre ; librum istrum, non Flamelli,genuinum esse, sed esse tantum portionem libri Christophori Parisiensis, sub hoctitulo editam [43]. » Quant au deuxième, « Livre tres‑excellent contenant l'ordre et la voyequ'a observé le dit Flamel en la composition de l'Œuvre Physique, comprise sousses figures hierogliphiques, extraict d'un ancien Manuscrit », nous ne saurionsfermement décider, comme le fit Albert Poisson, qu'il fût apocryphe, lors même quenous soyons d'accord avec lui, afin de bien mettre en garde qu'on ne le confondepas, selon qu'il est fréquent, avec Le Livre des Laveures, parce que celui‑cirépète le titre de celui‑là, dans son incipit curieusement allitéré : « Le Desir Desiré et le prix que nul ne peut priser, de tous les philosophescomposé et des livres des anciens prins et tiré [44]. » Le Livre des Laveures offre ceci de particulièrement important qu'il est du XVesiècle, calligraphié sur vélin avec, immédiatement après l'explicit, les lignessuivantes : « Ce present livre est et appartient à Nicolas Flamel, de la parroisse SaintJacques de la Boucherie, lequel il l'a escript et relié de sa propre main. »

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Si le remplacement de la reliure originale - vraisemblablement au début du XVIIesiècle - a entraîné le rognage fâcheux des feuillets, il est toujours possible de lirel'indication finale, dans laquelle il est plus malaisé de concevoir pour quelle raisonfurent jadis grattés et surchargés, les nom et prénom de l'alchimiste, distingués,néanmoins, par l'œil exercé, grâce à la pénétration profonde de la graphie première.Ce qui est certain c'est que, lorsque Borel dressa son catalogue, le grattagen'existait pas, qu'il n'eut pas manqué de signaler, à la suite de sa brève mention desLaveures : « Ancien manuscrit, exécuté (comme on le pense) de la propre main deFlamel ; MS. antiquum, propria Flamelli manu (ut existimatur) exaratum [45]. » Le livre est élégamment écrit en lettres de forme et proclame l'habileté de l'écrivain,dont on sait que Nicolas Flamel s'appliqua tant à répandre qu'il faisait profession.Certes, en dehors de ce petit manuscrit, on ne connaît pas d'autre ouvrage qui aitété le fruit de son exercice de copiste absorbant, au Moyen Age, presque toutel'activité de l'écrivain‑juré. Ce dernier joignait parfois à son talent decalligraphe celui d'enlumineur, qui consistait à enrichir de lettrines et de miniaturespeintes, les textes, par lui magistralement reproduits sur le papier ou sur le vélin. C'était là, plus sûrement, le métier de Jehan Flamel qui fut le frère cadet de notreprudent philosophe et qui, en revanche, laissa plusieurs chefs-d'œuvre enluminés [46]. Il travailla à la somptueuse librairie du duc de Berry et pour le compte de Louis,duc d'Orléans, premier du nom, selon que le révèle, tout spécialement pour ceprince, une quittance autographe également conservée rue de Richelieu [47].

* * * Nicolas Flamel n'aurait donc que très peu copié lui-même, sans doute trop absorbépar ses travaux chimiques, et par l'emploi du numéraire qu'il en retirait, suivant lasage mesure d'une production limitée à la seule fortune bourgeoisement possible eten rapport, non moins obligé, avec la discipline traditionnelle des frères en Hermès.A cette époque, de même qu'à la notre, il n'était pas bon de paraître trop fortuné,comme on en jugera par ce qu'il advint au charitable écrivain, quand la caisseroyale se trouva en pressant besoin d'argent : « Aussi vint‑elle (sa richesse) aux oreilles du Roy, qui envoya chez luyMonsieur de Cramoisy, Me des Requestes, pour sçavoir si ce qu'on luy en avoitraconté estoit veritable ; mais il le trouva dans l'humilité, se servant mesme devaisselle de terre. Mais pourtant on sçait par tradition, que Flamel se declara a luy,

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l'ayant trouvé honneste homme, & luy donna un matras plein de sa poudre,qu'on dit avoir esté conservé long‑temps dans cette famille, qui l'obligea agarantir Flamel des recherches du Roy » [48]. Il nous est arrivé de nous appliquer, autant par nécessité que, nous l'avouonsvolontiers, par amour, à l'art des écrivains du Moyen Age, à nous plier à leursrègles, à rechercher leurs procédés et à percer leurs secrets, dans le but de nousapprocher le plus possible de la perfection à laquelle ils élevèrent leur noble métier.A qui voudrait goûter les intimes délices de l'exercice du copiste, si naïvementsenties par Jean‑Jacques Rousseau, nous recommandons ici l'inappréciablecompilation de Jean Le Bègue, laquelle fut le fruit, vers 1410, de ses enquêtes et deses investigations jusqu'en Italie [49].Voilà pourquoi, en tout cas, nous sommes àportée de supputer assez justement le temps que pouvait réclamer l'exécution d'unmanuscrit enluminé, du vivant de Flamel, quand la calligraphie et l'ornementationdes livres étaient poussées à un degré d'excellence et de luxe inouï. Du Cange nerapporte‑t‑il pas (vide ejus Glossarium in voce illminatio) que, troissiècles plus tôt, l'année de l'Incarnation du Seigneur 1097,- annus ab Incarn. DominiMXCVII- deux volumes furent terminés, pour lesquels il avait fallu quatre ans detravail sans discontinuité et pourtant avec minutie -continuatim et tamen morosius. Les deux petites échoppes que possédaient Nicolas Flamel et Pérennelle, «de leur acquisition et propre conquest » sur le côté nord de l'égliseSaint-Jacques‑de‑la‑Boucherie, tout près du petit portail bâtiet décoré par eux, n'avaient ensemble, d'après Sauval, que « cinq pieds delong et deux de lez » [50], Il est difficile de concevoir que, dans un espaceaussi exigu, générateur d'extrême incommodité, un écrivain, si habile et si peuexigeant qu'il se soit montré, ait pu exercer son art d'une manière à la foisabondante et lucrative. Ces réduits pouvaient‑ils mieux abriter l'activité deNicolas Flamel, même ramenée à l'office banal du comptable, lorsqu'il nous confieavec une ostentation aussi évidente que voulue : « Je gaignois ma vie en nostre Art d'Escriture, faisant des Inventaires,dressant des comptes & arrestant les despenses des tuteurs et mineurs [51]» Tout cela répond fort mal aux moyens financiers considérables de l'alchimiste qui,dans le « Ms de chimie d'Almazatus au Roy de Carmassant, cité par Borellus [52] , fait une déclaration les dévoilant sans retour. Nous avons retrouvé cette copie certainement unique, que ni l'abbé Villain, nil'infortuné Albert Poisson ne remarquèrent, de laquelle on doutait même qu'elleexistât et qui, commençant au recto du folio 40, sous le titre : Via Flamelli sive

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Almasati-La Voie de Flamel ou d'Almasatus, termine le recueil au folio [53]. Le volume, qui est relié en demi‑parchemin, fut transcrit, au XVIe siècle, parplusieurs mains françaises, et, en 1598, il était la propriété de d'Hardencourt. Donc, au recto de la page 43 et en français dans le texte latin, l'artiste de la rue desMarivaux parle du livre invraisemblable qui « n'estoit point en papier ouparchemin, comme sont les autres [54] ». et qu'il importe beaucoup de bienconsidérer, parce qu'il fut, évidemment, l'inépuisable source de richessesabondantes : « Lequel livret, par la grande grâce de Dieu, m'a donné tant de biens, que j'ayacquis la Seigneurye de six parroisses autour Paris, sans reproche a Dieu. Car enluy est la louange, non pas a moy. Et tant en ay fait qu'en mon testament j'ay laisséen piteuses aulmosnes plus de quatre mil escus d'or. » (Bibl. Nat., fonds latin,n° 14 013). Envisageant ce livre fermé comme le symbole de la première matière « dontse servent les alchimistes et qu'ils emportent au départ », l'auteur desDemeures Philosophales n'hésite pas à identifier, avec le sujet des sages, le livreenluminé que Nicolas Flamel acquit « pour la somme de deux florins ». Certes, le prix était modeste, lors même que le florin d'or, des règnes de Charles Vet de Charles VI, se montrait de fort bon aloi et correspondait, au moins, à la valeurmarchande de 300 nouveaux francs actuels. En numismatique, le cours de cettepièce de monnaie est devenu, sous notre République, parfaitement inestimable. Au demeurant, voici ce que Fulcanelli observe, au lumineux chapitre de L'Hommedes Bois : « Le fameux manuscrit d'Abraham le Juif, dont Flamel prend avec lui unecopie des images, est un ouvrage de même ordre et de semblable qualité. »(Dem. Phil., tome I, p. 316).

* * * Quoique Flamel, en excessive humilité, nous dise n'avoir « appris qu'un peude latin, pour le peu de moyens, précise‑t‑il, de mes parens »,il composa, dans la langue savante, la prière que tout fils de science aura grandavantage à méditer, sinon à prononcer, et que nous avons traduite à l'intention de

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tous : Omnipotens, æterne Deus Pater cælestis luminis, a quo etiam omnia bona etperfecta dono proveniunt. Tout‑Puissant, éternellement Dieu, Père de lacéleste lumière, de qui viennent aussi tous les biens et tous les bons parfaits. Rogamus infinitam tuam misericordiam, ut nos æternam tuam sapientiam quæcontinuo circa tuum chronum est, et per quam omnia creata factaque, sunt atqueetiamnum regentur et conservantur, recte agnoscere patiaris. Nous implorons ton infinie miséricorde, afin que tu nous permettes de connaîtreparfaitement ton éternelle sagesse qui environne ton trône et par laquelle toutes leschoses ont été créées et faites, et sont, à présent encore, conduites et conservées. Mitte illam nobis de sancto tuo cælo, et ex throno tuæ gloriæ, ut una nobiscom sit,et simul laboret, quoniam magistra est omnium cælestium occultarumque artium,etiam omnia scit et intelligit. Envoie‑nous la de ton ciel saint et du trône de ta gloire, afin qu'elle soit ettravaille avec nous, puisqu'elle est la maîtresse de tous les arts célestes et occultes,et qu'elle sait et comprend toutes les choses. Fac moderate nos comitetur in omnibus nostris operibus, ut per illius spiritum verumintellectum, infallibilemque processum nobilisimæ hujus Artis, hoc est, sapientummiraculosum lapidem, quem mundo occultasti, et saltim electis tuis revelare soles. Fais lentement qu'elle nous accompagne dans toutes nos œuvres, afin que, par sonesprit, nous obtenions la véritable intelligence, et la pratique infaillible de cet Art trèsnoble, c'est-à‑dire, la pierre miraculeuse des sages, que tu as cachée aumonde et, du moins, que tu as coutume de révéler à tes élus. Certo, et sine ullo errore discamus, et ita summum opus, quod heic nobisperagendum est. Que certainement et sans aucune erreur, nous apprenions l'Œuvresuprême qui, par nous, doit être ici, poursuivi sans relâche. Primum recte et bene inchœmus, in eo, ejusdemque labore constanterprogrediamur, et tandem etiam beate absolvamus, illoque æternum cum gaudiofruamur, per cælestem illum et ab æterno fundatum angularem miraculosumquelapidem. Tout d'abord, que nous l'entreprenions convenablement et bien ; que nousprogressions constamment dans ce travail : enfin que nous le terminions

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bienheureusement et en jouissions avec joie pour toujours, par cette pierre célesteet fondée de toute éternité, angulaire et miraculeuse. Jesum Christum qui tecum, ô Deus pater, unacum spiritu sancto, verus Deus, in unaindissolubili divina essentia, imperat et regnat. Jésus‑Christ qui, avec toi, ô Dieu le Père, ensemble avec l'Esprit-Saint,véritable Dieu, dans une indissoluble et divine essence, commande et règne. Triunicus Deus, summe laudatus in sempiterna secula. Amen. Dieu triple en un,extrêmement loué dans les siècles sempiternels. Ainsi soit‑il [55]. Avec quelle ferveur, certainement, Nicolas Flamel et sa femme Pérennelle devaientréciter cette vibrante oraison ! L'idée qu'en eut sans doute, ainsi que nous-même, l'Adepte omniscient58 du MutusLiber, le conduisit à figurer le couple sur les 2e, 8e et 11e planches de son belalbum. On y voit le ménage philosophal, sous le vase du Grand Œuvre physique,lequel est transparent, luté à la lampe et montre ses phases internes. L'homme et la femme sont agenouillés, encadrant l'athanor en pleine activité. Lui,se tient les mains jointes, dans le calme et la concentration ; elle, ouvre et tend lesbras, dans le geste rituel de la projection fluidique. C'est la lune qui rend, en abondance, ce que le soleil lui a dispensé. Aucun artiste, ou amateur de science, ne pouvait inspirer, mieux que Flamel, en sonandrogynat et sa persévérance, l'impératif conseil dont Le Livre Muet souligne sapénultième composition et que tout étudiant, ès sciences hermétiques, doitconserver à la mémoire et suivre avec fidélité :

ORA, LEGE, LEGE, RELEGE, LABORA ET INVENIES

Prie, lis, lis, relis, travaille et tu trouveras EUGÈNE CANSELIET. Les Ouvrages de Nicolas Flamel :

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Le Désir Désiré Le Sommaire Philosophique De Nicolas Flamel. Le Livre desFigures Hiéroglyphiques De Nicolas Flamel.

[1] Cf. Les Demeures philosophales, Paris Jean Schemit, 1930, p. 169 et suivantes. Tome I, p. 311 et suiv., de 1'édition parue

chez Jean-Jacques Pauvert, à Paris, 1965. Ce deuxième ouvrage de Fulcanelli vient en suite logique du Mystère des

Cathédrales dont il se montre, par surcroît, le développement abondant et précieux, dans le double domaine spirituel et

physique du Grand Œuvre. Il apparaît plus actuel aujourd'hui qu'en l'année 1930, lorsqu'il sortit, à son tour, dans l'indifférence,

quasi générale, à l'égard de l'alchimie dont il était la voix venue du fond des âges en même temps que la voie conservée par

l'unanime tradition.

[2] Histoire critique de Nicolas Flamel et de Pernelle sa femme, recueillie d'Actes anciens qui justifient l'origine et la médiocrité

de leur fortune contre les imputations des Alchimistes. On y a joint le Testament de Pernelle et plusieurs autres Pièces

intéressantes. Paris, G. Desprez, 1761.

[3] Nicolas Flamel. Sa vie - ses fondations - ses œuvres. Suivi de la réimpression du Livre des Figures hiéroglyphiques et de

la Lettre de dom Pernety à l'abbé Villain. Bibliothèque Chacornac, 1893, p. X.

[4] Lettre à M... sur celle de dom Pernety, Paris, 1762, in‑ 12.

[5] Frère Basile Valentin, de l'Ordre de Saint‑Benoit. Les douze clefs de la Philosophie, Traduction, Introduction, Notes

et Explication des Images par Eugène Canseliet. Editions de Minuit, 1956 et 1969, p. 38.

[6] Nicolas Flamel, op. cit., in fine.

[7] Fréron (Elie‑Catherine). L'Année littéraire, 1762. tome III, Lettre, p. 24 à 35.

[8] Histoire littéraire de la congrégation de Saint‑Maur Paris, 1770, pp 690 et 691.

[9] Dans Trois traitez de la Philosophie Naturelle non encore imprimez, Paris, 1612 : Les Figures Hierogliphiques de Nicolas

Flamel ainsi qu'il les a mises en la quatriesme arche qu'il a bastie au Cimetiere des lnnocens à Paris, entrant par la grande

porte de la rue S.Denys, et prenant la main droite, avec l'explication d'icelles par iceluy Flamel. Pages 47 à 93, avec gravures

sur bois dont une grande, en hors texte, qui se déplie.

[10] Histoire critique, op. cit., p. 5.

[11] Bibliothèque Nationale, ms français N° 12 298, p. 54.

[12] Bibl. Nat., ibidem, p. 147.

[13] Bibl. Nat., ms. fr. 12 299, p. 77.

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[14] Sauval (Henri), Histoire et Recherches des Antiquitez de la ville de Paris, Paris, 1724, tome III, p. 57.

[15] Figures Hierogliphiques, dans Trois Traitez, op. cit., p. 48.

[16] Ibidem.

[17] Bibliotheca chimica seu Catalogus Librorum philosophicorum hermeticorum, authore Petro Borellio, Castrensi, medico

doctore, Parisiis, 1654, p. 95.

[18] Fig. Hierogl., dans Trois Traitez, op. cit., p. 55.

[19] N° 111, mars 1929. Fidel Amy‑Sage est le pseudonyme, quelque peu naive­ment tarabiscoté, de Sage qui

fut un assidu collaborateur du Voile d'lsis et qui est décédé depuis environ vingt années. Nous tenions ce renseignement de

notre vieil ami Louis Marchand, qui, lui aussi, a regagné ce monde ignoré où le passé et l'avenir sont confondus et qu'il visitait

en voyance, avec tant d'honnéteté, par le truche­ment de l'astrologie. Vétéran de l'occultisme de la fin du siècle dernier et du

début de celui‑ci, il connut très bien Robert Buchère, entre autres nombreux personnages, singuliers ou de réelle

valeur, comme Jobert, le docteur Rozier, Sédir, Papus, Barlet, Paul Vulliaud, P‑V Piobb, etc. ; en somme, à peu près

tous les personnages qui sont décrits par René Schwaeblé, dans son livre : Chez Satan.

[20] Histoire critique... op. cit., pp 5 et 31.

[21] Nous avons nous‑même contrôlé dans L'Art de vérifier les dates dont un exemplaire se trouve parmi les usuels à

la Bibliothèque Nationale (casier H).

[22] Fig. Hierogliphiques, op. cit., p. 57.

[23] Hist. crit., op. cit., p. 31.

[24] Hist. critique, op. cit., p. 31.

[25] Porche avait, à cette époque, le sens d'hôtel, de logis séparé pour une réunion de personnes « domus pluribus

membris distincta »... en certain hostel ou Porche, où il avoit plusieurs louages en la rue de Saint‑Séverin à Paris

». Vide in Glossario Cangii, vocabulum Porchetus.

[26] Essai d'une Histoire de la Paroisse de Saint‑Jacques‑ de‑la‑Boucherie. Paris, 1758, page

305, en note.

[27] Restauré par Léon Vaudoyer, cet élégant édifice abrite, depuis 1880, la bibliothèque du Conservatoire des Arts et Métiers,

ouverte au public.

[28] Le Mystère des Cathédrales, Paris, Jean Schemit, 1926, p. 97, et chez Jean‑Jacques Pauvert, 1964, p. 154 :

« La Sainte‑Chapelle, chef‑d'œuvre de Pierre de Montereau merveilleuse châsse de pierre élevée, de

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1245 à 1248, pour recevoir les reliques de la Passion, présentait aussi un ensemble alchimique fort remarquable. Aujourd'hui

encore, si nous regrettons vivement la réfection du portail primitif, où les Parisiens de 1830 pouvaient, avec Victor Hugo,

admirer « deux anges, dont l'un a sa main dans un vase, et l'autre dans une nuée », nous avons, malgré tout, la

joie de posséder intactes les verrières sud du splendide édifice. Il semble difficile de rencontrer ailleurs une collection plus

considérable, sur les formules de l'ésotérisme alchimique que celle de la Sainte‑Chapelle. Entreprendre, feuille à

feuille, la description d'une telle forêt de verre, serait une besogne énorme, capable de fournir la substance de plusieurs

volumes. Nous nous bornerons donc à en offrir un spécimen extrait de la cinquième baie, premier meneau, et qui a trait au

Massacre des Innocents dont nous avons donné plus haut la signification (pl. XXXII). Nous ne saurions trop recommander aux

amateurs de notre vieille science, ainsi qu'aux curieux de l'occulte, l'étude des vitraux symboliques de la chapelle haute ; ils y

trouveront largement à glaner, de même que dans la grande rose, incomparable création de couleur et d'harmonie. »

[29] L'Alchimie et son Livre Muet, (Mutus Liber), réimpression première et intégrale de l'édition originale de La Rochelle

(1677). Introduction et commentaire par Eugène Canseliet F.C.H. disciple de Fulcanelli, à Paris chez Jean-Jacques Pauvert,

1967. Voir à l'Index les vocables marquants qui se rapportent au présent propos.

[30] Alchimie. Etudes diverses de Symbolisme hermétique et de Pratique philosophale, chez Jean‑Jacques Pauvert,

1964, p. 144.

[31] Ce beau vitrail fut sauvé de justesse, en 1876, d'une vandale entreprise de soi‑disant embellissement.

L'intervention de Victor Hugo fut alors décisive, qui prononça, dans sa manière puissante obéissant à l'antithèse : «

Démolir la tour, non ; démolir l'architecte, oui... »

[32] Les Demeures Philosophales, chez Jean‑Jacques Pauvert, 1965, tome II, p. 34.

[33] Un exemplaire signé de ce petit bas‑relief vernissé de couleur rouge et sorti de l'atelier des Beaux‑Arts de

Rouen, nous fut offert par notre ami Alex Bloch, qui se penche, lui aussi, avec passion, sur les problèmes soulevés par

l'hermétisme, dans l'iconographie, civile ou religieuse, de sa région normande. M. Robert Bonnet, architecte, eut la grande

amabilité de nous apporter ce médaillon, à la faveur d'un départ en vacances.

[34] La Métallique Transformation. A Lyon, chez Pierre Rigaud rue Merciere, à l'Enseigne de la Fortune. 1618. Cette édition

est rarissime et plus recherchée que celle de 1561 (in‑ 8° ) qu'elle reproduit exactement.

[35] Ibidem, f. 5 v°.

[36] Dans Trois Traitez de la Philosophie naturelle, op. cit., p. 73.

[37]

Le cimetière des Innocents, qui fut entouré, vers 1397, d'une galerie couverte, ou charnier destiné à recevoir, au fur et à

mesure, les ossements exhumés des fosses communes, occupait le vaste rectangle formé par les rues Saint‑Denis,

de la Ferronnerie, de la Lingerie enfin la rue aux Fers. Cette dernière et la partie nord du cimetière sont aujourd'hui couvertes

par la rue Berger.

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Nicolas Flamel, étude historique par E. Canseliet

L'enclos funèbre fut supprimé en 1780, et les marchands qui, depuis quelques années, s'étaient installés sous les arcades,

sans souci du voisinage des macabres dépôts furent chassés par la démolition. On transporta les ossements dans les

carrières de Montrouge, plus exactement dans les galeries qui s'étendent sous la capitale et qui changées en immense

ossuaire de ses cimetières désaffectés, prirent le nom de catacombes.

Dont plusieurs hommes de science

Ces deux spermes‑là sans doutance,

Ont figurez. par deux dragons,

Ou serpens pires se dict‑on.

L'un ayant des aisles terribles

L'autre sans aisles, fort horrible.

La Métallique Transformation. Op. cit., f. 60 v°.

Pour ces poèmes alchimiques et leurs auteurs, on verra utilement les extraits annotés par Claude d'Ygé, dans son Anthologie

de la Poésie hermétique. Editions Montbrun, Paris, 1948, pp. 34 à 62.

[38] En conséquence, si tant est qu'elle soit jamais décèdée, le crâne de l'épouse modèle, de la bien‑aimée Pérennelle

est‑il peut‑être, parmi le nombre immense de ceux qui tapissent étagés, les galeries souterraines où se

pressent les fournées de visiteurs attirés par l'idée d'horrifiques sensations, et descendus jusque‑là par l'entrée de la

barrière d'Enfer.

Etes‑vous aux catacombes, Pérennelle, ou continuezvous de vivre auprès de votre époux, en quelque lieu secret et

béni de ce monde, où l'humain est fixé dans la grâce et le charme d'un passé, pour nous, irrémédiablement défunt et

nostalgique ? Mais laissons ce langage aux poètes dont il se pourrait que nous fussions un peu. Pérennelle ! Prénom singulier

pour lequel nous adoptons à dessein l'orthographe du Bréviaire (nous verrons ce volume plus loin), très voisine de celle des

alchimistes de Flers et du texte des Figures, parce qu'elle donne le qualificatif de l'ancien français, avec le sens d'éternité de

perpétuité, si parfaitement idoine à la matière. Certes nous n'irons pas ainsi jusqu'à vouloir que Flamel ait personnifié, dans

une compagne fictive, le sujet féminin de ses travaux secrets, bien qu'il ne soit pas impossible qu'il ait doté son épouse du

prénom évoquant le souverain privilège du chaos primordial et universel. Notons, à ce propos, à l'intention des amateurs de

science, que Pérennelle, de qui l'abbé Villain « ne trouva en aucun titre le nom de famille, se maria trois fois », tout

comme la femme minérale dans le Grand Œuvre physique.

[39] Histoire critique de Nicolas Ftamel et de Pernelle sa femme. Paris, 1761, p. 108.

[40] « Que le lion ait des ailes et que l'ange n'en ait pas, passe encore, mais avouons qu'un taureau sans cornes et

qu'un aigle pourvu d'oreilles, de pieds fourchus et d'une queue de serpent, sont des animaux bien curieux. Que l'abbé Villain

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leur refuse un sens hermétique, c'est son droit, de notre côté, nous refusons énergiquement de voir un taureau et un aigle là

où il n'y a que deux dragons. », Nicolas Flamel. Chacornac, Paris, 1893, p. 77.

[41] Celui‑ci vient tout de suite après un opuscule de 17 pages, intitulé L'Œuvre royale de Charles VI, Roy de France,

dans le recueil comportant encore Cosmopolite, De l'Admirable Pouvoir et Puissance de l'Art et de la Nature, de Roger

Bachon et L'Art transmutatoire du pape Jean XXII de ce nom.

[42] Christophori Parisiensis Elucidarium Chimicum Artis transmutatoriœ in Theatro Chimico. Argentorati ab anno 1659 ad

annum 1661, volumen VI (Editio ultima, qua non altera melior).

[43] Bibliotheca Chimica seu Catalogus Librorum philosophicorum hermeticorum, Authore Petro Borellio, Parisiis, 1654, p. 96.

[44] Bibl. Nat. ms. fr. N° 19 978.

[45] Bibliotheca Chimica seu Catalogus. Op. cit., p. 96.

[46] Nous connaissons à la Bibliothèque Nationale, les manuscrits français : N° 9221, sur parchemin avec miniatures et

portant la signature du duc de Berry. N° 3431 (nouv. acquisitions) : Quelques feuillets d'une bible.

[47] « Sçachent tuit que je Jehaln Flamel congnois et confesse avoir eu et receu de Guillaume Lemoine Receveur du

demaine de Monseigneur le Duc d'Orléans, la somme de dix livres cinq solz quatre deniers parisis. Pour cause de l'escripture

de certains fiefs par moy faicte en parchemin par l'ordonnance de Messeigneurs de la Chambre des comptes de mon dit

Seigneur le Duc. Contenans iceulz fiefs et aucuns denombremens du duchié d'Orléans sept vins quatorze fueillez en vint

kaiers. Dont pour chascun fueillet a esté tauxé par mes diz seigneurs de la chambre, rabatu le parchemin qu'ilz m'avoient fait

livrer pour ce faire, seize deniers parisis qui font la ditte somme de X.I.V. s. IIII dr p... De la quele je me tiens pour content et

en quitte le dit Receveur et tous autres a qui il appartient. Tesmoing ceste quittance escripte de ma main et signée de mon

seing manuel, le XXVe jour de Juing, l'an mil quatre cens et un. » Bibl. Nat. ms. nouvelles acquisitions françaises

N° 3640, pièce originale N° 384. Tuit est une vieille forme de tous. Voyez le Dictionnaire de Godefroy, au mot

tout. Nous lisons bien Jehain, avec la petite barre abréviative qui permet peut-être de dégager Jehanin.

[48] Tresor de Recherches et Antiquitez Gauloises et Françoises, par P. Borel, Conseiller et Médecin ordinaire du Roy, Paris,

1655, p. 161.

[49] Bibl. Nat. fonds latin, ms, N° 6741. Ce recueil, qui a été écrit en l'année 1341 (Is codex anno 1431 exaratus est)

contient cinq autres traités des couleurs.

[50] Histoire et Recherches des Antiquités de la ville de Paris, Paris, 1724, t. III, p. 257 ; De lez, c'est‑à‑dire de

côté, de large.

[51] Le Livre des Figures Hierogl. op. cit. p. 50.

[52] Tresor des Recherches, op. cit. supra, p. 162. Dans sa Bibliothèque chimique ou Catalogue des Livres

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philosophiques‑hermétiques, Pierre Borel précise page 9 : J'ai vu ce manuscrit - Illum vidi Ms.

[53] Le Livre des Fig. Hier.., ouvr. Cité, p. 50.

[54] Le Livre des Figures Hierogliphiques, ouvr. cité ci‑dessus, p. 50.

[55] Vide in Musæo Hermetico, reformato et amplificato, continente tractatus chimicos XXI præstantissimos, Francofurti, 1677

- Vois dans le Musée hermétique, revu et augmenté, contenant vingt et un très excellents traités de chimie, à Francfort tome

III, p. 140 et 141 : Hydrolithus sophicus seu Aquarium Sapientum - L'eau‑pierre sophique ou la Citerne des Sages.

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