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Abdesselam Kadi Essai sur l’histoire des premiers habitants de l’Afrique du Nord

Essai sur l’histoire des premiers habitants · La prise de conscience de chaque peuple humain de prendre à bras le corps sa destinée à travers son chemin historique est une

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Essai sur l’histoire des premiers habitants de l’Afrique du Nord

Abdesselam Kadi

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Abdesselam Kadi

Essai sur l’histoire des premiers habitants de l’Afrique du Nord

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« Le courage c’est de chercher la vérité et de la dire… »

Jean JAURES

Pourquoi cet essai de recherche d’histoire antique de l’Afrique du Nord ?

D’une part Jean COCTEAU disait que l’histoire est du vrai qui se déforme, la légende est du faux qui s’incarne et Max GALLO disait que tout projet pour le futur d’une société dépend dans une large mesure de la manière dont elle regarde et écrit son passé.

Non seulement, il faut décoloniser l’Histoire mais aussi la Science parce que ce sont les présupposés idéologiques qui ont dominé et non l’histoire scientifique sur cette écriture qui a toujours et jusqu’à nos jours, représenté les points de vue de l’Occident. Elle a été instrumentalisée pour la domination de celui qui est à la fois, distant et proche. Autrement dit celui qui a été classé différent sur le plan civilisationnel. Même les catégories d’Aristote ont été récupérées avec une subtilité diabolique pour la classification des hommes de l’humanité. Pour cela, c’est toute la Science y compris la science de l’histoire qu’il faudrait revoir et repenser. Il est temps que les enfants de l’Afrique en général écrivent eux-mêmes leurs histoires. Ils les écrivent pour leurs peuples et non pas comme l’ont fait certains pour plaire aux historiens idéologues de l’Occident. Vivre sans histoire c’est comme un arbre qui n’a point de racines. Cela ne veut en rien dire la confrontation avec celui qui a une histoire différente autrement dit une civilisation différente. L’humanité est Une. Cette unité est aussi une multiplicité. Le nivellement des différences humaines aboutit indubitablement à la dictature de la pensée unique.

Écrire l’histoire d’un peuple pour le dominer et diviser est un

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anachronisme archaïsant. La prise de conscience de chaque peuple humain de prendre à bras le corps sa destinée à travers son chemin historique est une réalité têtue. L’Homme fait non seulement l’histoire mais aussi il la consigne comme il se doit et comme elle s’est faite pour passer le message à sa postérité. Déformer cette histoire est un crime. S’en désintéresser est une faute. Comprendre le passé c’est pour bien améliorer le présent et bien préparer l’avenir. Mais les spécialistes de la lutte idéologique ne voient pas les choses de cet œil. C’est ainsi en ce qui concerne ce sujet. Tous les textes fondateurs de l’histoire antique de l’Afrique du Nord s’appuient exclusivement sur quelques historiens antiques appartenant aux vainqueurs. Les plus illustres sont POLYBE et TITE-LIVE. En dépit de leur savoir historique immense, ces deux auteurs ont manqué de beaucoup d’objectivité scientifique en écrivant l’histoire antique de l’Afrique du Nord. Des centaines d’historiens de l’Occident ont considéré l’écriture de ces deux auteurs comme la Bible incontestée et incontestable. Cela va à l’encontre de la méthode critique en vigueur dans toutes les sciences y compris les sciences exactes qui admettent la critique en ce qu’on appelle la relativité scientifique. Beaucoup de spécialistes de l’Occident de l’Afrique du Nord ne jurent que par POLYBE et TITE-LIVE. A titre de rappel, je signale que POLYBE, grec, a été l’ami intime de SCIPION Émilien celui qui a envoyé l’une des plus grandes civilisations de l’Homme au néant. Quant à TITE-LIVE, latin, il n’a pas caché sa haine et son mépris de l’Orient. Je renvoie le lecteur aux mots très durs qu’il a utilisé en général sur les Carthaginois et en particulier sur la famille BARCA en l’occurrence HANNIBAL le général phénicien vainqueur de Cannes en 216 avant J.C. et dont NAPOLEON BONAPARTE qualifiait du plus grand capitaine du monde.

Imaginer une histoire qui ne sort pas de ce cadre est un harcèlement et un acharnement obsessionnels. Que veut-on par là ? Continuer la domination sur tous les plans ? Considérer celui pour lequel on écrit l’histoire un crétin au sens scientifique du mot et qu’un tuteur lui soit indispensable ? Ne pas considérer celui-là comme un être humain à part entière avec ses espérances ?

On a longtemps dit aux Africains que leurs ancêtres sont des Gaulois quand ce ne sont pas des singes ! Au même moment, dans la pratique cet Africain qui pour une raison ou une autre choisit l’Occident

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comme patrie, n’est jamais considéré comme un citoyen normal pouvant jouir des lois de la démocratie en vigueur.

Durant la colonisation française de l’Algérie, ce qu’on appelle « La Grande Kabylie » et « Les Chaouias » ont été les régions les plus meurtrières où la guerre a décimé des centaines de milliers de petits « Kabyles et Chaouis ». Les deux grandes figures de la résistance algérienne à la colonisation ont été AÏT-HAMOUDA Amirouche sur lequel disait le général français FAURE (page 1917 du tome 5 de la guerre d’Algérie, 1972) : « Lui et moi on tient la Kabylie. Mais il n’a pas les pouvoirs civils et ne règne que la nuit », et Mostefa Ben BOULAÏD chef des Aurès, condamné à mort, évadé, recherché partout en France et en Algérie.

André BASSET dans son livre « Le berbère à l’École Nationale des langues orientales vivantes » en 1948 page 251 disait : « Le berbère n’a jamais fourni de langue de civilisation. Celle-ci, en Afrique du Nord, aussi loin que nous remontions, et, dans la mesure où elle a été nécessaire, a toujours été une langue étrangère : punique sans doute, latin, voire grec, arabe surtout et présentement encore parmi les langues européennes, français », dans la même page un peu loin : « Les berbères n’ont jamais formé une nation ». En page 252, il disait : « Ainsi point de langue correspondant à un état de grande envergure et à une culture supérieure mais une langue adaptée à des groupements sociaux minuscules de quelques milliers ou même de quelques centaines d’individus. Aussi s’éparpille-t-elle en une poussière de parlers : deux groupements voisins ne se superposent jamais absolument. Sans doute et, les divergences multiformes s’accroissent avec la distance, il arrive rapidement que l’on ne se comprenne pratiquement plus sans une adaptation préalable à laquelle le sujet, s’il peut faire autrement à la paresse de se prêter : témoin ce Kabyle et ce Chaoui qui préféraient, devant nous, se servir entre eux de l’arabe pourtant médiocrement connu de l’un et de l’autre », « De ces quatre ou cinq mille parlers il en est très peu que nous connaissions convenablement, suffisamment et même médiocrement. Mais toutefois, à la suite de nos enquêtes de géographie linguistique, nous possédons un échantillonnage au moins de quelque 1200 d’entre eux », « Partout ailleurs il n’y a que des faits dialectaux, embrassant chacun un groupement personnel de parlers et nullement superposés ». Page 262 : « Le berbère est une langue de pasteurs et d’arboriculteurs, accessoirement cultivateurs ».

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Je reviens maintenant à l’origine lexique des mots « berbère », « kabylie », « berberie », et « chaouia ». Mhamed FANTAR et François DECRET dans leur livre intitulé « l’Afrique du Nord dans l’antiquité des origines au Vième siècle paru en 1981, écrivent page 14 « parlant de la population du Nord de Libye, c’est-à-dire la contrée que nous appelons aujourd’hui Afrique du Nord, HERODOTE écrit : « Car en Libye, les bords de la mer qui la limite vers le Nord à partir de l’Égypte jusqu’au cap SOLOEIS, qui marque la fin du continent libyen, sont habités d’un bout à l’autre par des hommes de race libyenne divisés en nombreuses peuplades sauf les parties, occupées par des Grecs et des Phéniciens (Histoire II, 32) ». Selon HERODOTE, les AUSES, les NASOMONS les GARAMANTES, les MAXYES, les ZAVECES, les GYZANTES, les LOTOPHAGES, les NUMIDES avec leurs deux rameaux les MASSYLES et les MASSAESSYLES, les MUSULAMES appartiennent tous à la même race libyenne, groupements constitués vraisemblablement sous le poids des besoins de la vie sociale, de la défense, de l’attaque ainsi que par d’autres impératifs dictés par la nécessité de vivre dans l’épaisseur d’une communauté solidaire. Aucun ethnique s’appelant berbère, kabyle ou Chaoui n’a été signalé par le père de l’histoire. Sur les cartes romaines, aucun toponyme ne s’apparente à la kabylie, chaouia ou berberie. Les chaînes de montagne qu’on appelle il n’y a pas longtemps la grande kabylie et les chaouia s’appelaient sur les cartes romaines respectivement FERRATUS MONS et AURASIUS MONS (le mont Ferratus et le mont des Aurès). La question qui se pose c’est comment ces ethniques et ces toponymes ont été désignés pour les habitants de l’Algérie anciennement la NUMIDIE et comment ces toponymes ont remplacé les anciens phéniciens et latins ?

J. MESNAGE dans son livre « La romanisation » page 214 rapporte un mot de CHARVERIAT : « Le kabyle est de la race du chacal, qui paraît se résigner à la servitude, mais ne s’apprivoise jamais ». Je laisse au lecteur son avis sur ce mot.

EL AROUI Abdelmajid qui a sorti un livre en 1996 sur MASSINISSA et SOPHONISBE paru à Tunis reproduit le message qu’a adressé SOPHONISBE à MASSINISSA avant de mourir : « C’est pourquoi je t’adresse un appel pressant : ne rate pas l’occasion de te défaire de cette alliance contre nature, néfaste pour nos pays qui sont de la même souche africaine ». Tous les historiens s’accordent sur le fait que c’est

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MASSINISSA qui a donné la victoire aux Romains contre Carthage dans la bataille de Zama en 202 avant J.C. opposant SCIPION Cornelius dit l’africain pour le compte des Romains et HANNIBAL BARCA pour le compte des Carthaginois (Phéniciens). Pourtant avant Zama, MASSINISSA a été toujours du côté d’HANNIBAL. Pendant le siège de Rome par HANNIBAL qui a duré près de 15 ans et pendant que tout le Sud de l’Espagne actuelle était la base arrière des Carthaginois gardée par les BARCA : HUSDRUBAL et MAGON deux frères d’HANNIBAL, SCIPION Cornelius après la mort de son père qui porte le même homonyme, avait contacté secrètement MASSINISSA qui se trouvait auprès des BARCA en Espagne et lui a demandé son ralliement avec ses troupes numides et en cas de victoire sur HANNIBAL, il le couronnerait Roi de la Numidie. Celui-ci avait accepté la proposition dans la totale discrétion. Sa présence près de SCIPION le jour de Zama avait surpris HANNIBAL qui le cherchait avant la grande bataille mais en vain. SCIPION avait tenu sa promesse mais à condition que MASSINISSA oblige SOPHONISBE à prendre le poison qu’il lui a préparé pour mourir sur ordre du Proconsul romain.

Pour HERODOTE qui a le premier utilisé le terme barbare qui a été transformé improprement après en berbère, cela ne veut nullement désigner un ethnique ou une race. Barbare en grec barbaros veut dire pour les Grecs celui qui ne parle pas grec et c’est tout. Depuis HERODOTE jusqu’à la colonisation française, ce mot a un sens strictement linguistique et non pas ethnique comme je l’ai signalé. Chez HERODOTE, barbarizo littéralement veut dire je barbarise autrement dit je parle une langue non grecque. Pour HERODOTE et les Grecs, les barbares sont les peuples qui ne parlent pas le grec qui entourent la Grèce : l’Égypte, la Perse, la Libye avec ses nomades (HERODOTE veut dire par Libye, l’Afrique du Nord, LACARRIERE Jacques, « HERODOTE, 1981 »).

Ernest RENAN le grand savant français écrit dans son tome 1 « œuvres complètes de RENAN, écrites en 1859 » page 955 : « L’Islam miné par les sectes et tempéré par une espèce de protestantisme (ce qu’on appelle le Mutazilisme) est bien moins organisé et moins fanatique qu’il ne l’a été dans le second âge, quant il est tombé entre les mains des races tartares et berbères, races lourdes brutales et sans esprit ». A la page 551 du tome 2 parlant de la langue berbère il dit : « Cette langue se retrouve sur les anciens monuments du

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pays ». Je laisse cette réponse pour le moment opportun. Un peu plus loin dans la même page il dit « le nom de berbère paraît, à l’heure présente, le meilleur pour désigner ce rameau du genre humain ». Dans son tome 2 page 554, il confirme qu’Ibn KHALDOUN est berbère et fait son éloge pour son œuvre historique sur les Berbères, traduite par M. Le Baron DE SLANE. Toutefois, il ne cite aucun contenu de l’œuvre d’Ibn KHALDOUN qui est catégorique en ce qui concerne l’origine des « Berbères » de l’Afrique du Nord.

Pour ce travail par lequel je ne vise que la lumière et dont l’historiographie a été une falsification préméditée, je m’astreigne à la méthodologie scientifique basée sur la démonstration. Après 1962, l’Administration française a fait un virage de 180° au sujet de ce que ses stratèges appellent volontairement la Kabylie, les Chaouias, les Berbères et les Berberies pour toute l’Afrique du Nord (Maroc, l’Algérie surtout et dans une moindre mesure la Tunisie) qui sont des anciennes colonies françaises. Par contre la Libye n’est pas concernée par cette question et pourtant toute l’Afrique du Nord s’appelait la Libye au temps de MASSINISSA. Comment la France qui a donné les pleins pouvoirs au Général CHALLE à partir de 1958 pour mettre à feu et à sang le Djurdjura, les Babors, l’Akfadou, les Aurès, les Nememcha, a-t-elle changé d’une borne à une autre contraire en se posant le très grand défenseur des populations de ces mêmes lieux précités ? Comment se fait-il que le « Kabyle » et le « Chaoui » qu’on qualifie de brutal de chacal de race lourde qui ne constitue pas une nation et dont la langue n’est qu’un amas de dialectes archaïques devient soudainement l’homme à la grande Histoire depuis GAÏA père de MASSINISSA et dont la langue possède un alphabet distinct et dont on a retrouvé des vestiges encore intacts ?

Ce sont là des questions auxquelles chacun de nous doit se poser. Naturellement je n’ai ni la naïveté ni la prétention de répondre catégoriquement sur un sujet qui commence avant l’histoire ou à la limite à la protohistoire.

METHODOLOGIE

La recherche de sources croisées assure la mise en évidence d’une méthodologie générale. La base de ce travail sera :

– L’archéologie dans la mesure du possible,

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– L’onomastique qui est l’étude des noms de lieux (toponymes) et de personnes (anthroponymes),

– La linguistique comparative qui est un secours pour l’historien antique inestimable. Elle permet à partir d’un groupement de langues à remonter à la langue commune pré-dialectale même si cette dernière n’est pas exactement la mère langue originelle. Cela autorise quand même une classification linguistique géographique regroupant plusieurs langues aujourd’hui apparemment étrangères les unes aux autres comme c’est le cas du français, de l’italien, du belge, de l’espagnol et du portugais qui ont eu pourtant le latin comme langue mère à un moment donné de l’histoire.

L’interdisciplinarité est le seul moyen aujourd’hui, d’écrire une histoire de ce genre, très proche de l’objectivité scientifique.

– Les sources écrites qui sont très difficiles malgré leur nombre assez important. La linguistique comparative, l’onomastique et l’archéologie sont plus sûres que les sources écrites. Je ferai appel à la tradition orale qui peut apporter un plus aux autres méthodes.

La communication a pour base les langues et les langages. Les anciens ne communiquent-ils pas avec nous par l’archéologie ? On ne peut imaginer à quoi ressemblaient les langues du paléolithique ? Mais nous avons une certaine idée du parler très ancien du chamito-sémitique ou de l’indo-européen car leur morphologie et leur lexique en dépit de maintes transformations survivent dans les langues qui en sont issues. Plus on remonte dans le passé d’une langue, plus on y découvre de complexité.

L’anglais, le français, l’espagnol et l’italien sont plus simples que le latin. Le syriaque et l’arabe moderne sont moins compliqués que l’araméen qui est la langue mère pour les deux. La simplification d’une langue est nécessaire pour sa modernisation. Mais parler sa langue c’est avant tout, pour un peuple, être libre, par et à travers elle, de produire à tous les niveaux.

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« Chaque langue est une âme »

Aristote

1. LA LINGUISTIQUE COMPARATIVE

L’Histoire de l’Afrique est mieux connue et ce depuis l’expansion du Christianisme. L’écriture est largement utilisée dans tous les domaines du savoir. Cette Histoire est appelée antique et par la suite classique. Le grec, le latin et le syriaque étaient des langues très évoluées au niveau du vocabulaire, de la grammaire et de la syntaxe. Elles étaient les langues des lettres et des sciences qui consignaient par écrit les idées de l’époque dans différentes parties géographiques. Cela ne veut pas dire qu’il n’y avait que ces langues qui s’écrivaient. Mais j’ai pris l’exemple de ces trois langues du fait qu’elles étaient les plus développées, les plus pratiquées dans le bassin méditerranéen et souvent au même moment comme c’est le cas dans l’Empire romain de Byzance. Trois grands groupes de dialectes sont connus de nos jours : les ZENATA, les SANHADJA, et les MASMOUDA autrement dit ce que les historiens de l’Occident appellent le berbère. J’insiste encore une fois que scientifiquement cette appellation n’a strictement aucune valeur ethnique. C’est à la limite une signification lexique. Les habitants originels de l’Afrique du Nord, préfèrent le mot Amazigh comme le prouvent leurs revendications actuelles notamment en Algérie. Pour citer les résultats des différents travaux en majorité de l’Occident, je reprends à ce titre seulement le mot berbère. Le respect de la citation des sources m’y oblige. Ces groupements précités sont voisins à d’autres qui vont jusqu’à l’équateur au Sud et transversalement de l’Atlantique jusqu’au Moyen-Orient. Je voudrai signaler au lecteur un fait qui est connu et confirmé par l’Histoire, la Sociologie et l’expérience. Quand

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une langue écrite et parlée cesse progressivement d’être pratiquée, elle s’altère et peut à un moment de l’histoire soit disparaître complètement comme c’est le cas du Phénicien de Carthage, soit devenir un dialecte (cette langue) qui ne respecte ni la grammaire ni la conjugaison. Les exemples de cas sont légion.

L’étude linguistique de groupes de langues ou de dialectes repose beaucoup sur la tradition orale notamment en ce qui concerne les dialectes. Les dialectes sont des moyens de communication rapide, pratique et locale. Ils n’ont aucun support linguistique sinon on les aurait appelés langues. Toutefois cela n’empêche pas l’étude linguistique comparative pour remonter à l’origine autrement dit à la langue mère. Pour cette raison les savants linguistes ont commencé à partir du 17ième siècle à faire des regroupements de langues voisines même si elles sont apparemment différentes. La linguistique comparative autorise la reconstruction de l’histoire d’un groupe de langues et son développement progressif. Elle débouche sur l’histoire de la culture des peuples.

Les écritures alphabétiques offrent pour chaque signe une succession de lettres, bien séparées dans les textes imprimés et que l’École a appris à reconnaître. Les signes du langage humain sont en priorité vocaux. Chacune de ces unités de première articulation présente un sens et une forme vocale ou phonique. Un énoncé comme « j’ai mal à la tête » s’appelle un signe linguistique. Tout signe linguistique comporte un signifié (j’ai mal à la tête) et un signifiant qui est « mal ». Ces unités s’appellent un monème. Le monème est une unité à deux faces, une face signifiée et une face signifiante qui la manifeste sous forme phonique et qui est composée d’unités de deuxième articulation. Ces dernières sont nommées des phonèmes. Dans un mot comme travaillons, il y a deux monèmes « travaill » qui désigne un certain type d’action et « ons » qui désigne celui qui parle et une ou plusieurs autres personnes. Chaque langue articule à sa façon aussi bien les énoncés que les signifiants.

Vers la fin du 17ième siècle apparaissent les premiers essais de classification génétique des langues. Cette classification est un exercice logique consistant à descendre l’arbre généalogique des langues actuelles qui sont considérées comme les plus fines branches pour retrouver les plus grosses qui sont souvent rattachées à des branches maîtresses qui mènent

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au tronc originel exactement comme on descend de la cime d’un arbre vers ses racines. Ce tronc est la langue mère d’où sont issues, par différenciations successives, les langues filles puis les dialectes.

En 1950, GREENBERG J, distinguait 16 familles linguistiques qu’il réduisit au fil des ans en premier lieu à 12 puis à quatre familles. Parmi les quatre familles retenues les groupes suivants :

– L’AFRO-ASIATIQUE, – LE KOÏSANE, – LE NIGER-CONGO, – LE NILO-SAHARIEN. Au milieu du 19ième siècle, des conclusions se confirmaient de la

classification de GREENBERG et certaines sont valables jusqu’à nos jours. – Le groupe sémitique. Il désigne les langues arabe, araméen, syriaque,

phénicien, hébraïque et d’autres développements du proto-arabique ainsi qu’une branche éthiopienne (guèze, amharique, tigrina). En 1855, c’est RENAN qui a vite reconnu et donc avant 1962, date de départ de l’Administration française de l’Algérie, l’appartenance du berbère au groupe sémitique nommé par RENAN lui-même dialectes chamitiques (chamitique est pareil que hamitique). On leur a donné le nom de subsémitique et par la suite chamito-sémitique qui veut dire la famille de langues dont le domaine s’étendait anciennement depuis la Mésopotamie et l’Arabie, à travers l’Afrique du Nord, jusqu’à l’Atlantique et, en Afrique orientale jusqu’à l’équateur avec des changements dans la répartition interne.

– Le groupe khoï-khoï, san et bantu en Afrique centrale et méridionale. – Le niger-congo depuis l’Atlantique jusqu’au môle éthiopien. – Le malayo-polynésien comprenant le mérina. LEPSIUS R. a retenu deux grands groupes de cette dernière

classification. – Les langues bantu, langues à classes nominales. – Les langues chamito-sémitiques, langues à genres qui sont plus

développées que les bantu et qui se rapprochent de l’indo-européen en ce qui concerne la structure, la syntaxe et la grammaire.

En 1947, COHEN Marcel publia ses travaux intitulés « Essai comparatif sur le vocabulaire et la phonétique du chamito-sémitique ». Ces travaux ont vu le jour grâce à l’appui considérable de l’École allemande de