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Estanislao S Zeballos Conference - Forgotten Books · ui le va—et—vient des émigrations du vieux monde vers les nouveaux continents et du nouveau monde ve rs l ’ ancien. L

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C O N FÉR EN C E

INAUGURAL E DU COURS

FA IT E ' L A FACUL T EDE B L'

E‘

NOh‘

A IRES 2 AVRI L 1902

DROI T INT ERNAT IONALPRIVE

C ON FÉR EN C E

INAUGURAIÆ DU COURS DE DROI T INT ERNAT IONALPRIVÉFAIT E ' L A FACUL T EDE B I

'

ENOS A IRES L E 2 AVRI L 1902

— 6

le s hor i'ons de l act i v i té humaine,n e taient qu

incom

plètement compris dans ce curr i cu lum théorico-pra

t ique .

Je ne doute pas, que connaissant a fond les d i spos i

t ions légales auxquel les sont soumis l es habi tants,

nationaux ou étrangers,rés idents ou domici l i és vous

n’

ayez éprouvé une certaine sat i sfact ion,en presence

d ’ inst itu t ions comme les I nsti tutions argent ines,s i l ar

ges,servies par une l égi slation privée complète sous

certa ins po int de vue ,s ’ insp i rant des conquê tes j urid i

ques du ' onde et j ou i ssant par conséquent du prest ige

de la science et de l ’expérience universe l les,où

,nous

avons du glaner faute de tradi tions et d ’

un dro it propre,

dont on ne saurai t parle r qu’

à tort,pu i sque notre ancien

dro i t n ’éta i t pas autre chose que l e dro it espagnol .

' a i s la connais sance du dro i t publ ic et privé que

vous apportez a ce cours,est—el le suffi sante pour ga

ranti r l’

accomp l issement de la m iss ion de l ’homme sur

la terre,pour assurer son bien-être et son bonheur

pour obten i r son perfectionnement i l l imi té' Suffi t—i l

pour atte indre de s i hau tes des t inée s humaines,de naî

tre soumis ou de se soumettre volonta i rement à des

formes de gouvernement déterm inées , et de vivre sous

l a protect ion de codes,de lo i s

,ou de ju ri sp rudences

orientés su i vant les princi pes fondamentaux,plus ou

moins protecteurs et l i béraux,de l

o rgan i sat ion pol it i

que locale'

'

En atte ignant l’

âge fi xé par la lo i , ou s implement,

en acquérant le développement natu rel qu i vous permet

de penser et de vous occuper personnel lement des rela

tions jurid iques ne trouverez—vous pas en face de votre

dro it,le d ro it de l

étranger' Et s i vous franchi ssez les

l im ites du pays,ne vous trouverez—vous pas au mi l ieu

d ’

une autre pu i s sance,soumis à. un régime pol i tique

étranger,et par conséquent à une légi slation pri vée d i ffé

rente ' L’

organ i sat ion de l ’human i té en nati ons,suppr i

me-t—e l l e par hasard la persona l ité mora le et jurid ique

de l’

homme, qu i se ment et qu i agit , non seulement

sur le terr ito i re de sa patrie,mai s sur le globe ent i e r'

En d’

au tres termes,l

acti v ité jurid ique de l ’homme

es t-el le bornée à sa Patrie , ou b ien,a—t—e l le le monde

pour théâtre'

Le s imple énoncé de ces questi ons nous fa i t com

prendre que le dro i t publ ic et le dro i t privé , sous l’égide

desque ls v ivent les habitants d ’

un pays déterminé,se

raient incomplets,s i une autre branche de la science du

dro it,ne protégeait l

homme hors des front ières où fin i t

leur pouvo i r,et ne garanti s sa i t l ’effi caci té de la solut ion

donnée aux questions qu i intére ssent , la personne , l es

choses et la forme des acte s jurid iques,au delà des l i

m ites de leur au tori té .

L ’human i té a touj ours été voyageuse,c ’est là un

phénomène qu i remonte à la plus haute antiqu i té . Le

flux et le re' ux des populations , moins encore d’

un

pays a un autre, que de rég ion a région ,

de continent

cont inent,s

’est produ i t avec ce tte même énergie q ui ani

me auj ourd’

hui le va—et—v ient des émigrat ions du vieux

monde vers l es nouveaux continents et du nouveau

monde ve rs l’

ancien . L e s moyens de transport,les l ieux

et la durée de s voyage s on t varié su i vant l es moyens

et les l i eux,ma i s la tendance huma ine est re stée la

même . L a no tion du peup lement de l’

Europe par des

immigrat ions de peuples qu i abandonnèren t l’

A s ie ,

accep tée par la sc ience,trouve son fondement rat ionnel

e t expérimenta l,dans de s néces s i tés pol i t iques

,écono

mique re l ig i euses e t c l imatériques,et dans d

autres

ci rcons tances mora l es et physiques bien déterminées .

Et s i nous poussons plus lo in l’

observat ion nous au rons

la con fi rma tion de la tendance,régu l ière comme le s

lo i s qu i gouvernent le mouvemen t de s astres, qui

pous se l’human i té de l

Orien t vers l’

Occ ident e t v ice

versa . En effet ' toute l’

attent ion de s c ivi l i sat ions occ i

denta le s es t auj ourd’

hu i fi xée sur le s régions orienta

les,où leurs in térêts sont engagés

,et dont e l le s mêmes

proviennent .

Le flux et le re' ux de s races,te ls a travers de s pé

r iodes de s iècle s , un mouvement incessant d’

ém igra

t i on de s peup les d’

0 r ient vers l’

Occ ident e t v ice versa ,

portent avec eux ,les coutume s , le s trad it ions ,

les lo i s

le s langue s,le s princ i pe s , la sc ience et l

’ex pé rience de

la pol i tique ,du commerce

,de l

industri e de toute l’

ac

t iv i té soc ia le . Ce là produ i t natu re l lement,des confu

s ions de d ro i ts , analogue s à la confus ion des races et

des inté rêts matérie ls,amenée s par les modi fi cat ions

que l’ immigrat i on apporte dans la natu re des peuple s .

La sc ience du d ro i t a en à s’

occupe r de ces graves phe

nonu‘

mes humains pour les soum ettre à des règle s dé

_ 9 _

terminées de just ice et d é qu i té,de même qu

e l le 5 I n

téresse aux faits et aux facteurs locaux pour les

soum ettre aux règle s du dro i t ci v i l,du dro it commer

c ial,du dro i t pénal

,et des au tre s branches de la lég i s

lat ion .

Les hommes qu i qu i ttent leur pays d’origine

, qu i

sortent du terri to i re auquel i ls appartiennent pol it i

quement,ou qu i se trouvent hors de la jurid icti on

du dro i t pri vé auquel i l s éta ient soumis,éprouvent

en se trouvant au se in d’

une autre pu i ssance , en con

tact avec une l égi slat ion publ ique et pr ivée nouvel le,le

besoin imméd iat de résoudre une série de ques t ions

très graves,fondam entales

,et qu i se présentent à cha

que pas .

La prem ière de ces quest ions dans l’

ordre pol it ique

est de savo i r dans que l le cond i tion se trouve leur natio

nal ité la seconde de connaître la s i tuati on de leur per

sonne , au po int de vue de s relati ons soc iale s et j urid i

ques d’

ordre privé . Les que sti ons du dro i t de cité sont

cap itales . Je ne pourra i s cependant pas les expl iquer

dans ce cours parce que malgré sa très grande impor

tance,cette matière est malheureusement exclue de no

tre programme provi so i re .

' a i s en abordant d i rectement l e tnde du dro it p ri

vé,ne verrons—nou s pas souvent se présenter le ca s ,

de l’

homme qu i , ses 2 I ans révolus , sort de son pays

certa in d ’

être maj eur,et pénétrant dans une autre où

l’

on n’

acqu iert cet état qu’

à 22,23

,24 on 25 ans

,se

trouve tout a coup dans une s i tuation d iffi ci le,obl igé

_ 10 _

de résoudre le problème personnel qu i cons i ste a savo ir ,s

i l est a l ien i j uris , s’ i l est incapable et s ’ i l doi t—se sou

mettre a l ’

autori té d’

un étranger,ou s ’ i l est un homme

capable,ayant qual i té pour se condu i re

,d

après la pre

m i ère lo i,c

’est—à—d i re su i j uris .

Cons idérez d ’autre part un ménage qu i qu i tteune

j urid ict i on déterminée,conformément aux l o is de la

quel le le mariage a été consacré .

Ce ménage qu i se croi t const i tué d’

une fa'on légit i

me et ind i ssoluble, qu i de plus a été bén i par la nai s

'

sance d’

un ou plus i eurs enfants ' et qu i’

a l’

im prov iste ,

se voi t exposé,par le fai t seul d ’avo i r ém igré

,par le

changement de jurid i ct ion pol it ique et de la loi pri vée,

à voi r son mariage di scuté on annul é,cons idéré comme

un s imple concubinat , ses enfants regardés comme en

fauts nature l s ' les d ro its hérédi tai res mod i fi és ' en un

mot à souffri r une profonde .perturbat ion dans les rela

tions de fam i l le .

Cet exemple ne suggère-t- il pas une série de problè

mes qu i peuvent deveni r effrayants pour les intérêts pn

b l ics et ind i viduel s '

I l do i t y avoi r,cependant

,une branche de la sc ience

qui , de même que la pol i t ique déterm ine la s i tuat ion

juri dique , les dro i ts et les devoi rs des ci toyens vis-à-vis

de la patrie,et que le dro i t privé défin it sa s ituation

dans la souveraineté protège l ’homme cons idéré comme

étant en mouvement sur la planète,et lu i donne l es ar

mes nécessai res pour conserver ses d ro its,pour sauve

garder l ’ordre social,par la stabi l ité de l ’organisation

_ 11 _

de la fam i l le,la protection de la propriété , une ju st ice

prompte et effi cace,une procédure rationnel le et en pré

venant le dél i t ou en le poursu i vant . En un mot,i l

do it ex is ter une organisation jud ic iai re, qu i , appl iquant

de s loi s déterminées , s’

occupe de l ’homme en mouve

ment a travers l ’

Univers,de même que les lo i s locales

protègent l ’homme qu i habi te le pays où i l a établ i son

domici le,en reconna i ssant en lu i une personal i té parfai

te au point de vue moral et ju rid ique qu i ne peut être

d im inuée ni supprimée par le seul fai t de changement

de jurid ict ion ou de franch ir les quelques mètres d’

eau

qu i peuvent séparer deux pu i ssance s .

Vous remarquerez alors que la grande di fférence qu i

exi ste entre les d roits locaux, que vous avez étudiés , et

le Droi t International privé,v ient de ce que les pre

m iers ne s ’occupent que de l’

homme soumis aux lo is

d’

une pu i s sance déterm inée ,tand i s que ce dern i er le

su it dans ses pérégrinat ions a travers le monde,sur le

théâtre un i versel que Cicéron appel le magna rep ubl ica

gent ium ' le cons idérant comme un membre de la

grande société humaine où nous vivons et où nous de

vons auss i avo i r des dro its .

I l a fal lu i l est vrai que l’

human ité se subd i v i se et

qu’

el le se const itue en nat ions 'mai s ce tte organ i sat i on

de l ’humanité,do i t-el le changer ou d im inuer la con

ception que nous nous fai sons de l’

homme ' ou au con

tra i re la forti fi er '

' uel que soi t le régime pol i t ique de la nati on que

nous p rendrons pour exemple,quel les qu

a ient été les

_ 12 _

transformations subie s par le princi pe national depui s

les temps les plus reculés jusqu ’à nos j ours ' i l e st logi

que de conven ir , que les nations se sont organ i sées,

pour sati sfai re une nécess i té suprême du bien—être et

du bonheur de l ’homme,pour assurer sa v ie

,sa pro

priété et ses dro its , au moyen de lo i s et d’

autori tés pro

tectrices . De même qu’ i l e st malaisé de gouverner des

territo i res auss i é tendus que ceux du B rés i l , e t qu’ i l a

été diffi ci le d ’organ i ser et de gouverner la Républ ique

Argent ine,a lors que leurs habitants séparés par des

grandes d istances n ’avaient que des moyens de commu

n ication défectueux . De même i l serai t impossi ble de

gouverner l ’human ité toute enti ère,en la soumettant

aux mêmes lo i s sans teni r compte des ambit ions pro

pres a chaque région et en ass ignant un s i ège un ique

au gouvernement . Ne voyons—nous pas auj ourd’hu i

même se renouveler au B rés i l la questi on qu i agita pen

dant c inquan te ans le s États Un i s 'Ne voyons-nous pas

les habi tants de la région chaude rés i stant aux tarifs

votés par le cong rès pour la rég ion tempérée , parce que

les intérêts économiques de la première fai saient naî tre

des asp irations d’

une nature d i fférente, qu i ne pour

raient s ’

accorder avec cel les des autres régi ons que par

l’

ad 0 ption de lo i s spéc iales d’équ i l i bre

,et des sacrifi ces

réci proques' Et s i des d i scuss ions auss i graves se pro

duisent dans les l im i tes d ’

une même pu i ssance,n

écla

tera ient—el les po int à plus forte rai son entre les régions

de tendances s i d ifférentes qu i composent l’human ité '

La monarch ie un i versel le es t une utop ie auss i i rréa

l i sable que l’

amb i t ion de soumettre tous les hommes a

des lo i s comune s .

On croya i t autrefoi s qu I l fallai t attri buer au cl imat

à la langue,a la rel igion

,a la s i tuation géographique

,

la nécess i té de d iv i se r l ’human i té en Nations . La science

moderne repousse cette théorie,en reconnai ssant que

les peuples se condensent,san s ten i r compte de ces ci r

constances,e t qu

i l s n ’

obé issent qu ’au dés i r d ’

atte indre

le bonheur sou s une forme déterm inée en rapport avec

les doctrines qu i sont communes aux masses qui cons

t ituent les Nat ions . L ’esprit moderne doi t s’

opposer â la

concepti on de la Nation considé rée comme le produ i t

de la communauté de race,de langue

,de rel ig ion

,e tc .

,

pu isqu’

i l se trouve en présence du type évolut if des

nati ons moderne s . T els le s États—Un i s et la Républ ique

Argent ine,où toutes les races

,toutes les langues

,toutes

le s rel igions,toute s les tradi ti on s pol i tiques

,ju rid iques

,

soc ia les et économ iques se confondent,pour corriger

la pol i t ique européenne qu i depu i s sep t s iècle s trava i l

la i t les nat iona l i tés d ’

une fa'on bien plus arti fi ciel le et

mil i tai re que nature l le et scient ifi que .

Et ce nouveau type de société,la société pol i t ique

moderne formée de la confus ion des fou les qu i s’

affran

chis sent du rég ime féodal du terri to i re,et qu i acceptent

comme base la communauté des aspi rat i ons huma ines,

a ex igé à plus forte rai son le développement (I I I Droi t

Interna tional Privé, qu i a pour but jus tement de résou

dre les d iff icu l tés,d

adouc ir les angles,de supprimer les

obstacles insurm ontables que l’

on aurai t rencontré dans

la vie prat ique,pou r accorder les intérêts privés av ec

l ’ intérêt col lect if,ce qu i aurai t été imposs i ble aréa l i ser

en appl iquant la théorie anc ienne de la jurid ict ion dé

term inée par le terri to i re,hors duque l la lo i n ’avait

p lus de v aleur et abandonnai t l ’homm e ' « L ea' non

va let eœtra territorium

Lorsque nous cons i dérons,la société féodalement

organ i sée,dont le princi pe fondam ental est la prépon

dérance du te rr ito i re sur l ’ indi vi du,où l ’on donne une

s i grande importance à la communauté d ’origine,de

langue et de rel igion,à côté de la nat ion organ i sée con

formément aux principes démocratiques améri cains,

d ’après lesque ls nous fai son s abstraction de tous les

antécédents régionaux,pour n ’

admettre comme base de

de l ’État que l’

ldéa l commun auquel asp i rent les hom

mes,nous nous trouvons en présence de la plus grosse

d i ffi cul té du Droi t Pol iti que et du Dro it Internacional

Pri vé ' c’est un problème qu i peut s

énoncer en ces

mots ' l’État ou l ’homme' L ’État réclamant le dro it de

juger en dern ier ressort,san s qu’aucun pouvo i r ne

pu i s se revoi r ses décis ions ' l’homme en face des pu i s

sances ex igeant que sa s i tuati on j ur i d ique pri vée , soit

respectée,sans qu ’aucun pouvoi r ne pu i sse la mod ifi er

après qu ’e l le a été i rrévocablement acqu i se .

'u i est-ce qui prédomine ' Est—ce l’État const itué

pour assurer le b ien-ètre,le déve loppement et le bon

heur moral et phys ique de l’

homme , et faussant sa

m iss ion en rédu i sant celu i-ci au rôle d’

instrument'

Est—ce l ’homme,prem ie r rôle de la création , qu i l

em

offre aux uni vers i tés américaines la glo i re de le présen

te r et de l’

imposer au monde par la lo i suprême de la

nécess ité , même par la force i rrés i sti ble de l’échange

des intérêts moraux e t matérie l s,e t devant les mani fes

tat ions encore imparfai tes duquel l’

Europe commence

a s’

incl iner,en reconnai s san t que certains caractères

uni verse l s de la démocra ti e,ne peuven t plus être mé

connu s n i repou ssés parce qu ’ i l s sont humainement

i rrévocables .

Je réclamerai touj ours pour moi l’

honneur d’

avo i r

inaugu ré à l’

Un ivers i té de Buenos Ai res , dès 1892 , l’

ex

p l ication du Droit Internat ional Privé au point de vue

des formes de gouvernement,en présentant à mes élèves

le para l lèl e entre les tendances et le s solut ions du droi t

autocrat ique e t monarch ique , e t les soluti ons admise s

par le dro i t démocratique , où l’

homme l’

emporte sur

le terri to i re et sur les forme s de gouvernement . Je re

grette seu lement que ,comm e i l ne m

a pas été donné

de pouvo i r consacrer ma vie a ces études , i l me so it

imposs i ble d’écri re le p rem ier ouvrage fondamenta l

qu i orien te le Dro i t Internat i onal Privé vers l’

i déa l

améri ca in de rédemp t ion humaine que nou s pour

suivons .

' ais j espére que ,des générations d ’étud iants qu i se

succèden t dans notre pays et que j e remerc ie des preu

ve s d ’amour e t de respect pou r ce tte branche de la

science qu’ i l s m ’ont prod iguées , sorti ra un j our le cer

veau pui ssan t qui abordera l’

entrepri se scient i fique , la

plus originale peut—être chez nou s , dans le sens

d ’

une tendance inéd i te qu i attend avec de sédu i santes

promesses son commentateur défin i tif.

De cette double concepti on de la souveraineté nat io

nale nai ssent des d iffi cul tés de Droit Internati onal Privé,

au point de dénaturer son nom e t de lu i fa i re donner celu i

de Confl i t des lo i s . Pourquo i' parce que le dro it européen

par ses organes al lemands,fran'ai s , i tal iens , etc .

,sou

t ient que le dro i t privé nat ional sui t et rég it la personne

quel que soi t le l ieu de la terre où e lle se trouve . C ’est

ains i que les pouvoi rs et le s au teurs européens preten

dent que le s enfants de leurs conc i toyens nés à l’

étran

ger ne son t pas étrangers ' c’

es t-é -d ire par exemple, que

les enfants d ’

al lemand s,de fran'a i s , d

ital iens ,d ’angla i s

,

d’

espagno ls , etc .

,nés dans la Républ ique Argentine

,ne

son t pas Argent ins de par le dro it supérieur de la na tu

re,ma i s al lemands

,fran'ai s , i ta l i ens , anglai s , espagnol s ,

etc .

,en vertu du dro it ar ti fi c i el créé par le s convenan

ces pol i t iques , économiques et mi l itai res des pu i ssances .

' ue lques—uns , prétendent même que la fami l le que leu rs

nat ionaux n ’ont pas const i tuée en Europe e t qu i s’

orga

n i se en Amérique ou a l’

ét ranger,sans rempl i r toute s

les formal i tés requ i ses par les d ites loi s , n’

e st pas une

famil le dé lin i tivement fondée et que les sui tes même du

mariage,sont suj ettes a des débats de revi s i ons et de

nouve l les formal i tés ' tandi s que nous,nous proclame

rons touj ours le princi pe démocrat ique, que le mariage

cé lébré dans n ’ im por te que l pays conformément aux lo is

loca les es t immuable ' parce que cela a pour résu ltat la

stab i l i té sociale et le bien—être des hommes et que c’e s t

18

la source du bonheur et de la prospéri té pour ceux qu i

émigrent .

Vous voyez par ces exemples,combien les so luti ons

et les doctrines de Dro i t Internationa l Privé nées des

théories terri toriales e t féodales,son t incomplètes

,et

quel le largeur de vues on trouve,dans ce lle s qu i décon

lent du dro it démocratique des peup les d ’

Europe et d’

A

mérique ,basé sur l

égal i té ci vi le entre étrangers e t na

tionanx .

L ’ idée féodale est s i extraordinai rement fausse en

ce qu i concerne le Dro i t Inte rnati onal Privé , que l’

ém i

nent profe sseur ' ei ss de la Facu l té de Pari s,fai sant son

cours,d i sa it dans une conférence que j

a i en l ’honneur

d ’écouter, que le Dro it International Pri vé est la science

des sacr ifi ces,parcequ ’ i l exige de la souvera ineté qu ’el le

cède un peu de sa vigueu r , de son autor ité,de son abso

lu t i sme au profi t de l’homme .

Voi là une doctrine erronée qu i ménera it les nati ons

à l ’ i solement,a la d iffi cu l té du commerce général

,à la

décadence,parfoi s même à l ’host i l i té réc i proque . On

ne peut , en effet,sou ten i r que la souve raine té pol i t ique

fasse un sacri fi ce quand el le reconnait les dro its fonda

mentaux des ind iv idus . Du moment qu ’el le ne cède

rien qu i lu i appart ienne,du moment qu ’e l le rend à

l ’homme ce qu ’ i l délégua à l’État

,pou r assurer la dé

fense et le respect de ses dro its pol i t iques et pri vés .

Le Dro it Internati onal Pri vé n ’est donc pas la sci ence

des sacri fices,c ’est la sc ience de l

équ i l i bre et de l’

har

moni e,la sc ience ratione l le par excel lence . C ’est la

— 19

sc ience qu i reconna i t la nécess ité de l’

ex i stence de

l’

État et qu i en même temps l imi te ses d ro its pour le

bien de l’homme

,de sorte que l

’organe ne détrui se ja

mai s l ’organ i sme . Lo in d’

être la science des sacr ifices,

c’

est au contrai re cel le qui fourn it les fondements l es

plus nature l s e t les plus s imples pour défendre l ’ex i s

tence de l’

État .

C ’est la science d’

équ i l i bre e t d’

harmonie entre l ’

in

d i v idu et l’

Éta t,parce q u’el le soutient l

ex i stence de

ce lui -c i comme base du bonheur du prem i er,et cel le

des dro its privés des nat ionaux e t de s étrangers , comme

source de so lid i té et de prospé ri té de l’

État .Par conséquent , le Dro i t Internat iona l Privé doitlu tter pour donner à l

homme dans l ’ord re un iversel

une s i tua t ion juridique éga le à ce l le que l e d ro i t nat io

nal lu i o ffre dans l’ordre local . Ains i quand un ind iv id u

est majeur à 2 l ans , quand i l e st légalem ent marié

dans un l ien ,quand d

’après sa l o i personnel le il est fi l s

lég i t im e , quand i l a la capac i té d’

héri ter ou de te ster

su ivant sa lo i l i brement acceptée,ce s dro i ts do ivent

être regardés comme i rrévocab lement acqu i s , c’

e s t-à

d i re , suivre l’homme dans n

’ importe q ue l le part ie. du

monde où i l i ra,et i l ne do i t pa s y avoi r de lég i s lat ion ,

de souvera ineté , n i de tri buna l pou r le déclarer mineur ,

en état de concub inage , fi l s natu re l , dé shéri té , ou inca

pable de tran sme ttre mort is causa . L’

État doi t remp l i r

v i s-à-v i s de l ’homme des fonct i ons loca le s et un i ver

se l les .

Au ss i , mess ieurs , que l bonheur pour les étrangers

qu i arrivent dans notre pays e t y trouvent des lo i s qu i

les défendent,les élè vent et les honorent . 'ue l le humi

l iat ion ,d ’autre part

,pour celu i d

entre nous qui arri

van t dans un pays féoda l , rc' cum-i,avec des ti tre s pro

fes s ionels , avec tous le s honneurs de la sc i ence et de

l ’ intel l igence,se voi t à l

imp rov is te arrêté par un juge

de paix qui lu i refuse se s dro i ts privés et sa capac ité

ju ridique .

C’

e st que le dro it , mess ieurs , a beaucoup de pro

grès à fa i re encore,e t malheu reusement le s un ivers i tés

argent ines , pétr i fi ées . n’

é largissont pa s les horizons de

leur ense ignement autant qu’

i l le faudra i t , pour s’

en

rô ler,dans le s éco le s et le s progrè s , qu i cherchent à

arracher l’

homme aux v ieux code s,savants sans doute ,

ma i s saturé s de dro i t roma in ou de dro i t féoda l , comme

s i l ’

human i té n’ava i t po int changé de type

,de be so ins

,

d’

acti v ité ' comme s i ce qu i lu i éta i t appl i cable i l y a

qu inze s ièc les l’

éta i t encore,comme s i le s codes paren ts

,

de Justin ien et de Napol éon,n

éta ient pas déjà des ana

ch ron ismes .

C ’es t à vous d ’ imposer dans nos Uni vers ités l etude

des nouve l les tendances du droi t,d

essayer,de créer

,

pour vo tre propre honneur , pour la glo i re de cette mai

son, qu i est la nô tre

,e t que nous devons aimer comm e

on a ime le fo'e r avec tous ses défauts e t se s in li rm ités,

d ’e ssayer , d i s—je ,de fonder un nouvel en seignement du

d ro i t, qu i con tri bue à mo bi l i ser et à transformer notre

l égi s lat ion , a donner de l’

éclat et de l’

élan sc ient i fi que

à l ’

é tude du d roi t , a fin que l’

Univers ité ne reste pas

muette et impu i s sante,en présence des plus graves

quest ions pol i t iques et jur id iques qu i occupen t l’

huma

n i té et la Républ ique,sans qu

el le ai t même une in

fl uence sur la réforme sociale ou la moral i sati on de s

peuple s e t des gouvernements .

Avec ces idées essentie l les,avec ce programm e

d’

étude s,sous les ausp ices d

une science augus te ,pu i s

que c’

es t la sc ience qu i pro tège la personnal i té humaine

en défendant l’ in tégral ité j urid ique de l

’homm e sur la

planète,j e fa is appel a votre amour pour l

étude et a

v o tre d i sc ipl ine pour les recherches scient ifiques et j’ai

l’

honneur,me s s i eurs

,de déclarer inauguré le neuvième

cou rs de Dro i t International Pri vé de la Facu lté de

Dro i t et des Sc i ences Sociales de Buenos A i res .