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REVUE BELGE.. DE. NUMISMATIOUE ET DE. SIG(LLOGRAPHIE PUBLIt::.E. SOUS LES AUSPICES nE LA SOClÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIDUE AVEC LE CONCOURS DU G()UVERNEMENT DIRECTEURS: MM. VICTOR TOURNEUR, MARCEL HOC ET PAUL NASTER 1953 TOME QUATRE-VINGT-DIX-NEUVIÈME BRUXELLES 5, RUE DU MUSÉE 1953

ET DE. SIG(LLOGRAPHIEdailles, de sceaux et des monnaies des Pays-Bas,tome I. Bruxelles, Decq, 1858, p. 390, reproduit le compte de la Recette générale de Brabant qui a payé la gravure

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  • REVUE BELGE..DE.

    NUMISMATIOUEET DE. SIG(LLOGRAPHIE

    PUBLIt::.E.

    SOUS LES AUSPICES nE LA SOClÉTÉ ROYALE DE NUMISMATIDUEAVEC LE CONCOURS DU G()UVERNEMENT

    DIRECTEURS:

    MM. VICTOR TOURNEUR, MARCEL HOCET PAUL NASTER

    1953

    TOME QUATRE-VINGT-DIX-NEUVIÈME

    BRUXELLES

    5, RUE DU MUSÉE1953

  • Denis Waterloos, graveur de sceaux

    (1628-1715)

    Pendant plus d'un siècle, la charge de graveur des sceaux dessouverains des Pays-Bas, qu'ils fussent espagnols ou autrichiens,demeura l'apanage de la famille Waterloos (1).

    Alexandre Pinchart a étudié l'œuvre de ces artistes (2); néan-moins, la notice qu'il destinait à Denis, dernier représentant de lafamille, n'a jamais paru, l'auteur étant mort avant d'avoir puterminer sa tâche.

    Denis Waterloos, fils de Denis l'ancien, naquit à Bruxelles en1628 et mourut en 1715.

    Dès 1651, le jeune homme travailla sous la direction de son oncleAdrien et lui prêta son aide. Ce dernier avait gravé les sceaux dePhilippe IV, roi d'Espagne et des Pays-Bas; à la mort de ce sou-verain, il fut chargé de la fabrication de ceux de son successeur (3).

    Né le 6 novembre 1661, Charles II n'avait que quatre ans à lamort de son père, survenue à Madrid le 17 septembre 1665.

    La tutelle de l'enfant et le gouvernement de ses états furentconfiés à la reine-mère qui, par lettre du 8 octobre, adressa au Con-seil d'État des dépêches ordonnant la suppression des sceaux quiservaient à authentiquer les lettres patentes et les lettres closes etleur remplacement par des scels devant porter le nom et l'effigie de

    (1) Au sujet de la famille Waterloos: Victor TOURNEUR, Recherches sur lesWaterloos, dans Revue belge de Numismatique, 1922, p. 65 et suiv.

    (2) Alexandre PINCHART, Histoire de la gravure des médailles en Belgiquedepuis le XVe siècle jusqu'en 1794 (Mémoires in-4° de l'Académie des scienceset des lettres. Bruxelles, 1870), p. 48 et 49.

    (3) Alex. PINCHART, Recherches sur la vie et les travaux des graveurs de mé-dailles, de sceaux et des monnaies des Pays-Bas, tome I. Bruxelles, Decq, 1858,p. 390, reproduit le compte de la Recette générale de Brabant qui a payé lagravure de ce sceau 6 aen heer Adriaen Waterloos, Segelsnijder ordinarîes vansyne Majesteit, ende aen Danys Waterloos, synen adjoinet. n

  • 92 M. TOURNEUR-NICODÈME

    son fils, ainsi que le collier de la Toison d'or. Elle souhaitait qu'ilsfussent gravés sur le modèle du sceau du Conseil Privé utilisé pen-dant le règne précédent (1).

    De son côté, le 9 octobre, le jeune roi ordonna aux Conseils col-latéraux, au Grand Conseil de Malines, au Conseil de Brabant, auConseil de Gueldre, au Parlement de Dôle, de cesser d'employer lesanciens sceaux et d'en faire tailler de nouveaux portant son nomet son effigie ainsi que le collier de la Toison d' or (2).

    En attendant leur achèvement, l'usage des anciens sceaux devait .être continué. Cette clause devait être insérée à la fin des lettrespatentes.

    (1) Conseil d'État, carton 802 A (registre relié en parchemin), fol. 2. Il Despe-ches émanées à l'occasion du trespas de Sa Majesté Don Philippe quatriesme deglorieuse mémoire qui mourut à Madrid le 17e de septembre 1665; auquel suc-céda son fils unique Charles deuxième de ce nom, Roy de Castille, de Léon,d'Arragon et qui nasquist le 6e de novembre 1661 o.

    Haviendo la Regna nostra Sm tutriz de la mags deI Rey y Governadora desus Reyno y Estados sida servita escrivirme la corta del Tenor seguinte: MonCousin, Comme par le trespas du Roy monseigneur qui soit en gloire vient àcesser l'usage des seaulx dont scellaient les Patentes, et se cachettoient leslettres closes. Ceste sera pour vous ordonner d'en faire tailler des nouveauxavecq le nom et l'effigie du Roy mon fils, et le collier de la Thoison d'or, sembla-bles aux seaulx qui sont en usage au Conseil privé et les envoyerez au plustôtpar bonne et seure commodité es mains du Secrétaire du Conseil suprême despays de par de là resident en ceste cour - Atant mon Cousin notre Sr vous aiten sa sainte garde.

    Md (Madrid) le 22 de septembre 1665.Transmis au Conseil d'État le 8 octobre 1665.(2) Conseil d'État-carton 802 A, registre, fol. 6.Le texte de cette lettre a été publié par A. Pinchart de façon incomplète

    dans Recherches.... p. 388.Nous le complétons ici : « Et attendant que lesdits seaulx puissent estre

    taillez vous vous pourrez servir de ceulx dont vous vous estes servy jusques apresent: Inserrant néantmoings a la fin des lettres patentes qui se depescherontà l'advenir ceste close.

    Donné en notre ville de M(adrid) soubz le grand seel dont nostre très honoréseigneur et Père que Dieu absolve, a usé pardeça et nous userons tant que lenotre soit faict ... le .... de.•. lan de grace 1665 Et de noz Regnes le premier.Atant Se ,..

    Transmis au Conseil d'État: De Bruxelles le 9 d'octobre 1665.V. de même Conseil privé: lettres de Don fr de Moura et Corte Real, mar-

    quis de Castel Rodrigo du Conseil d'Estat du Roy notre sire, lieutenant gou-verneur et capitaine général des Pays Bas et de Bourgogne à messieurs les gensdu Conseil privé du Roy,

  • DENIS WATEtl.tOOS, GRAVEUR DE SCEAUX 93

    C'est ainsi que la Joyeuse Entrée en Brabant du 12 février 1666fut scellée du grand sceau, pour le Brabant, de Philippe IV.

    Le grand sceau, pour le Brabant, de Charles II, est l'œuvre col-lective de l'oncle et du neveu; il leur fut payé par ordonnance du19 février 1672 (1). De forme ronde, mesurant 11 cm de diamètre,des empreintes de ce sceau sont appendues aux documents surdouble queue de parchemin (2). La cire rouge qui les composeétant de très mauvaise qualité, les reliefs des exemplaires conservésen sont aplatis et ne donnent aucune idée de la valeur artistiquedu sceau. Une seule empreinte (pl. VI), en partie brisée, permetde constater que le jeune roi, âgé de sept ans, était représenté sousles traits d'un enfant à la figure joufflue et souriante encadrée delongs cheveux flottants sur les épaules ca).

    Cette charmante physionomie offre une ressemblance certaineavec l'effigie royale du type enfantin, gravée sur les ducatons com-mandés à Adrien Waterloos en 1668 (4).

    La légende du sceau est inscrite entre un double filet et com-mence en haut, à droite (5): S. CAROL. II (6) . D . G . REG.HISP . VTRI . SICIL . Z. ARCHID . AVST . DVC . BVRG . PRODVe . LOTHA . BRAB . LIM . MAR . S . IMP.

    Dans le champ, Charles II est représenté montant un cheval quise cabre vers la gauche; le coursier est revêtu d'une housse etporte des plumes d'autruche au chanfrein.

    Le prince, coiffé d'un casque conique surmonté de deux longues

    (1) A. PlNCHART, op. cit., p. 362-393.(2) Il en existe une en cire verte sur lacs de soie verte et rouge, appendue à

    une lettre patente du 18 septembre 1705, conservée aux Archives de la villede Bruxelles.

    (3) Nous devons la connaissance de cette empreinte à la grande complaisancede Mlle M. Martens, archiviste de la ville de Bruxelles.

    (4) A. PINCHART, op. cil. p. 387; A. DEWITTE, Histoire monétaire ... de Bra-bani, t. III, Anvers, 1894, p. 185.

    (5) L'empreinte que nous étudions ici étant en partie brisée, nous en com-plétons la description au moyen de l'empreinte appendue sur double queue àune charte du 28 décembre 1689 (A.G.R., chartes de Brabant).

    Nous décrivons le contre-sceau de cette dernière.(6) A. PINCHART, op. cit., p. 391, écrit, par erreur, CAROL VS III, au lieu de

    CAROLVS: II. Remarquer cette curieuse partie de la légende duels Burgun-diae pro ducatibus Lotbarinqiae, Brabaniiae etc. Bien que ne possédant plusla Bourgogne, le souverain en conserva le titre en se référant aux autres duchésqui s'y trouvaient rattachés autrefois.

  • 94 M. TOURNEUR-NICODÈME

    plumes d'autruche, est revêtu d'une armure recouverte d'un man-teau qui déploie ses plis jusque sur la croupe du cheval. Il porteau cou le collier de la Toison d'or, tient les rênes de la maindroite et, de la gauche, verticalement, une épée.

    Autour de la représentation, les écus couronnés de Lothier, Bra-bant, Limbourg, Luxembourg, marquisat d'Anvers.

    La légende du contre-sceau (pl. VII) est semblable à celle dusceau (1). Dans le champ, un écu couronné aux armes d'Espagne,entouré du collier de la Toison d'or et tenu par deux lions léopardés.

    Charles II fit usage, pour le Brabant, d'un scel secret de formeronde et de 45 mm, plaqué en hostie à un acte du 6 février 1681.

    (1) On y lit REG. HISP et non REX comme l'écrit Pinchart.

  • DENIS WATERLOOS, GRAVEUR DE SCEAUX 95

    Il porte l'écu d'Espagne, couronné, entouré du collier de la Toisond'or. De chaque côté de la couronne on remarque, en haut et àgauche la lettre C, à droite la lettre B (Conseil de Brabant) (1).

    La formule d'annonce du sceau en indique la nature: «alduesgedaen onder het secret cachet van sijne Majesteit in Brabant» (2).

    Le 5 décembre 1684, Denis Waterloos entra en possession de lacharge de graveur juré et ordinaire des sceaux royaux, avec salairede 24 sols par jour, salaire établi de façon définitive sans espoir depouvoir prétendre à aucun payement supplémentaire pour lesouvrages qui lui seraient confiés et qui consistent à renouveler«( les cachets de tous les comptoirs, de nos conseils et collèges de pardeça, lesquelles sera tenu de renouveller si souvent que besoingsera » (3).

    Précisément, la fabrication de nouveaux sceaux en argent pourl'Espagne et les conseils des Pays-Bas, avait été prévue par or-donnance du 24 juillet 1686 ; elle s'avérait nécessaire, le roi étantreprésenté sur les sceaux gravés par Adrien Waterloos, sous lestraits d'un enfant de six ans (4).

    Le manque de matière d'argent, caractéristique du règne deCharles II, rendit la réalisation de ce projet impossible. Après uneattente de quatre ans, Denis Waterloos adressa -une requête auConseil. des Finances pour obtenir payement d'une année de sesgages afin de pouvoir acheter lui-même l'argent que le maître desmonnaies était dans l'impossibilité de lui fournir.

    Le receveur général de Brabant ayant d'autrespayements plusimportants à effectuer rejeta la demande que lui avait transmise leConseil des Finances. Ce fut en vain que le graveur demanda paye-ment de deux autres années de ses gages, sur la recette de Wijns,receveur de Brabant au quartier de Louvain, pour pouvoir acheterla matière destinée à la gravure des sceaux du Roî en son Conseilde Flandre à Madrid et supplia ensuite le Conseil des Finances d' or-

    (l) A.G.R., chartes de Brabant.(2) Cette formule se traduit: ainsi fait sous le cachet secret de Sa Majesté

    en Brabant.(3) A.G.R., Chambre des Comptes, reg. 588, f. 146~47vo. a Commission de

    Graveur juré des sceaux pour Denys Waterloos. l) 5 décembre 1684.(4) Lettre de Denis Waterloos aux trésorier général et commis des Finances

    de Sa Majesté - en annexe A.G.R. (ancienne liasse 22 de la Jointe des Mon-naies, ce fond faisant l'objet d'un nouveau classement).

  • 96 M. TOURNEUR-NICODÈME

    donner au maître particulier de la Monnaie 'tSertevens (1) de livrerquarante-sept onces d'argent pour la fabrication de ces sceaux.Les demandes d'argent réitérées de Waterloos restèrent sans effetet les sceaux du type enfantin gravés par Adrien ne furent pasrenouvelés (2).

    En 1698, Denis Waterloos réclamait toujours le payement decent florins pour un grand sceau en plomb avec contre-sceau, qu'ilavait gravé par ordre du Conseil d'État «qui devait s'en servir dansune occasion pressante» (3).

    Néanmoins, à la fin de son règne,' Charles II a utilisé les servicesd'un autre graveur: Fabien Jean Borduno qui a porté le titrede graveur du Roi jusqu'à la mort de Charles II; après le 2 dé-cembre 1700, il n'apparaît plus que sous le titre de graveur FoppeJ. Borduno (4).

    Il avait fabriqué un petit cachet et un grand sceau ainsi que sixgrands cachets destinés au service de la secrétairerie de la dépêcheuniverselle, ces derniers envoyés en Espagne et payés respective-ment le 28 août et le 20 décembre 1700 (li). Ces sceaux étaient déjàexpédiés quand, le 13 décembre 1700, le Conseil des Finances avertitla Chambre des Comptes que, par décret du 5 décembre, la Beine etles gouvernants du royaume ordonnaient de ne rien innover con-

    (1) Cette lettre n'étant pas datée, nous pouvons néanmoins la situer après1697. 't Sertevens ayant exercé sa charge de maître particulier des monnaies,de 1697 à 1702. v. DE WITTE, op. cit., t. III, p. 205-206.

    (2) A. PINCHART avait remarqué la disproportion existant, sur les sceaux demajesté de Charles II, entre la dimension du fauteuil et celle du personnagequi s'y, trouvait assis, aux sceaux gravés par Adrien Waterloos en 1666 pourle Conseil suprême établi à Madrid et en 1670 pour le Conseil Privé: op. cit., p.388 et 389.

    (3) Jointe des Monnaies, ancienne liasse 22.(4) Ce graveur, originaire de Frise, vint se fixer à Gand où, après un an ou

    deux de séjour, il s'inscrivit comme apprenti chez l'orfèvre Philippe Lenoir(10 juin 1679). En 1684, il obtint le droit de bourgeoisie et, en 1685, fut reçumaître après six années d'apprentissage réglementaire. En 1690, il fut élu pri-seur: «waardeerder a,

    On ignore la date de son décès. On sait qu'il grava des sceaux et des cachetspour Charles II et Philippe V et porta le titre de graveur du Roi. v. CH. GIL-MAN, Notice, dans les Mélanges de la RBN, 73, 1921, p. 79-80.

    (5) V. TOURNEUR, Note dansRBN, 75, 1923, p. 98-99, relate le payement deces sceaux, en faisant remarquer que, avant la mort de Charles II, Bordunos'intitule maître graveur de S.M.; après le décès de celui-ci, il se dénommesimplement «le graveur Foppe jans Burduin ».

  • DENIS WATERLOOS, GRAVEUR DE SCEAUX 97

    cernant les sceaux des dépêches, jusqu'à nouvel ordre, bien que leroi vînt de mourir (1).

    Par testament, Charles II avait désigné comme héritier dela couronne d'Espagne et des Pays-Bas, son neveu Philippe Vd'Anjou, petit-fils de Louis XIV, roi de France (2). Le grand Roiconvoitait la possession des Pays-Bas; il s'était entouré de servi-teurs fidèles tout disposés à favoriser ses desseins et avait trouvé enBedmar (3) et en Bergeyck (4) des collaborateurs dévoués.

    Par édit du 2 juin 1702, les conseils collatéraux supprimés avaientété remplacés par un conseil unique: le Conseil du Roi, véritableministère dans lequel le premier rôle appartenait au superintendantgénéral des Finances, le ministre de la guerre Bergeyck. C'est parordre de celui-ci que Borduno grava, à une date non mentionnée,un cachet pour deux pistoles, deux grands sceaux pour cinq pis-toles et un petit cachet (5).

    Denis Waterloos ne semble pas avoir travaillé pour Philippe Vet Borduno est vraisemblablement l'auteur du grand sceau demajesté de ce souverain (6).

    (1) Jointe des Monnaies, ancienne liasse 22.(2) Pour ce qui concerne la fin du régime espagnol et le « régime Anjouin 1),

    voir Henri PIRENNE, Histoire de Belgique des origines à nos jours, édition illus-trée, in-4°, Bruxelles, Renaissance du livre, t, III, p. 35-64.

    (3) Le marquis de Bedmar, grand-maître de l'artillerie des Pays-Bas sousCharles II, devint commandant général des Pays-Bas en 1701, lors du départd'Emmanuel-Maximilien de Bavière pour ses états. Bioqraphie nationale, t. II,1868, p. 77-81.

    (4) Jean de Brouchoven, comte de Bergeyck (1644-1725), déjà très apprécié etfréquemment écouté par les gouvernements espagnol et hlspano-trançais, devintsurintendant des Finances, ministre de la guerre et administrateur des Pays-Bas au nom de Philippe V d'Anjou, de 1702 à 1706. H. PIRENNE, op. cit., p. 42.

    (5) V. TOURNEUR, notice citée, donne deux extraits non datés de la Recettegénérale des Finances et des Acquits de la Chambre des Comptes, liasse 70, fo173: u Den onderghescreven graveerder van zijne Maiesteit verclaert ghemaeckten ghelevert te hebben, door order van mijn heer den Grave van Bergeyck, tendienste vanden selve Majesteit de naervolgende segels ende cascietten &. Lefait que Bergeyck a donné ordre de graver ces sceaux indique que ceux-ci ontété faits sous le régime angevin.

    (6) Nous remercions sincèrement M. J. Boisée, conservateur aux Archivesgénérales du Royaume, d'avoir bien voulu nous signaler ce grand sceau dePhilippe V, qui authentique une charte du 15 février 1703, conservée dans lesarchives privées du comte d'Arschot : Patente de chanoinesse à Andenne, pourMarie-Thérèse d'Argenteau, fille de Charles-Ernest et d'Anne-Marie de Schoon-hoven. A.G.R., moulages nO 32620-21.

    REv. BELGE DE NUM., 1953. - 7.

  • 98 M. 'Ï'OUmmUR-NICOnÈME

    Le sceau (pl. VIII) est rond, de 12,5 cm, en cire rouge, très endom-magé, ayant subi des réparations. La légende est presque entiè-rement effacée; on peut lire ... R}EX. H ISPAN [. .. . ... B] VRG.BRAB.COMES.FLANDRIAE. Z. Sceau du type de majesté;le Roi paraît jeune, son visage est entouré de longs cheveux, ilporte la couronne ducale, est accompagné à droite et à gauchede deux écus aux armes d'Espagne ayant sur le tout un écu d'An-jou et entourés du collier de la Toison d'or.

    Le contre-sceau est en meilleur état (pl. IX), il permet de lireune partie de la légende: PHILIPPVS.V. D: G. REX. HISPA-NIE DV BRAB , .CO AND. Z. Dans le champ,l'écu d'Espagne ayant sur le tout un écu d'Anjou: de France à labordure, entouré du collier de la Toison d'or et timbré d'une cou-ronne royale. La charte, datée du 15 février 1703, troisième durègne, n'a pas de formule d'annonce du sceau.

    Le sceau pour le Brabant, utilisé par le nouveau souverain desPays-Bas, n'est autre que celui de son oncle Charles II dont il faisaitusage en attendant que le sien propre fût gravé (I). La formulede corroboration des actes auxquels il est appendu en fait foi.

    La courte durée de son règne et les événements ne permirent pasà Philippe de faire renouveler son sceau pour le Brabant.

    Le 12 octobre 1711, Charles III ceignit la couronne impérialed'Autriche sous le nom de Charles VI. La guerre de la successiond'Espagne terminée, les traités d'Utrecht et de Rastatt (11 avril1713 et 6 mars 1714) firent passer les Pays-Bas catholiques sous ladomination autrichienne (2).

    (1) Ville de Bruxelles. Ce sceau est appendu sur double queue de parcheminà une série d'octrois accordés à Bruxelles par Philippe V d'Anjou. C'est lesceau pour le Brabant du roi d'Espagne Charles II. Nous avons décrit en sontemps l'empreinte permettant de discerner les traits du monarque enfant.Cette empreinte authentique une charte du 16 janvier 1702 dont voici la for-mule de corroboration : ~ Want ons alsoo gelieft conde des t' oirconde hebbenwij hier aen doen hangen de groote Segel die wijlen onsen heeren ende oudt-oom van glorieuse memorie Karel de Tweede die Godt genadich sij gebruycktheeft binnen onsen lande van herrewaerts over en wij gebruycken selIen tot datde anse sal gesneden wesen h.

    Nous exprimons toute notre reconnaissance à Mlle M. Martens, archiviste dela ville de Bruxelles, qui a bien voulu nous communiquer ces documents, ainsiqu'à Mme Bonenfant;archiviste de l'Assistance publique, qui nous a signalé unecharte de Philippe V, du 4 septembre 1705, portant le sceau de Charles II.Fonds de l'Infirmerie (H. 2801).

    (2) H. PIRENNE, Histoire de Belgique, éd. illustrée, t. II, p. 76-77.

  • DENIS WATERLOOS, GRAVEUR DE SCEAUX 99

    Notre nouveau souverain fit aussitôt renouveler la titulature deses actes aux Pays-Bas et Denis Waterloos, en sa qualité de gra-veur des sceaux des souverains des Pays-Bas, fut chargé de dessinerles modèles des nouveaux sceaux (1).

    Le gouvernement autrichien donna des ordres pour que ceux-cifussent gravés d'après les modèles utilisés par l'empereur CharlesQuint, ce qui amena des conflits entre Denis Waterloos et les roisd'armes Van der Leen et van Ursel qui voulaient faire adopter dessceaux «crayonnés 1) par eux (2).

    Le Conseil des Finances mit les parties d'accord en adoptant lesmodifications apportées à la couronne impériale exigées par les roisd'armes.

    Si nous examinons le sceau pour le Brabant, œuvre de .1. de laCourt, nous constatons que l'écu du contre-sceau est bien celui deCharles Quint: les armes d'Espagne brochant sur la double aigle.

    Un changement a été apporté au port de l'épée du cavalier:Charles VI, comme Charles Quint est représenté à cheval, brandis-sant son épée au-dessus de la tête, derrière le casque, tandis quePhilippe IV et Charles II la tenaient verticalement, devant eux.

    La couronne est fermée, rappelant ainsi celle qu'utilisait Phi-lippe Il.

    Notons pourtant une variante introduite dans le sceau de Bra-bant sous le règne de Philippe II. La représentation du souverainsur le sceau utilisé, pour le Brabant, par Charles Quint était en-tourée des écus de Lothier, Brabant, Limbourg, Luxembourg etGueldre; sous le' règne de Philippe II (3), ce dernier est remplacé

    (1) M. TOURNEUR-NICODÈME, Jean de la Court, graveur de sceaux, dans REN,92, 1940-46, p. 107 et suiv.

    (2) Ibid., p. 107.(3) Ce changement a été indiqué par Olivier VREDIUS, Siqilla Flan-

    âriae.i. Brugis, t. II, 1639, p. 172. A la suite de la description du sceaude Charles Quint pour le Brabant, Vredius écrit: Insignia tam in Regie quamin Caesareo Brabantîae Sigillo, sunt ejus, nt arbitrer, in Belgio Ducatuumvidelicet; a dextris: Lotharîngiae et Brabantiae; a sinistris vero Limburgiet Luxemburgi, in Ima 'parte Geldriae. In cujus locum posthac successit S.Imperii Marchionatus.

    Charles Quint, qui s'était assuré la possession de la Frise (1523), d'Utrecht etOverijssel (1528), de Groningue, des Ommelanden et de Drente (1536) et enfinde la Gueldre et de Zutphen (1543), ne possédait pas de sceaux particulierspour ces provinces. Leurs écus figurent parmi ceux qui entourent le souverain

  • 100 M. TOURNEUR-NICODÈME

    par les armes du marquisat du Saint-Empire que nous voyons gra-vées sur le sceau de Charles VI.

    Denis Waterloos, qui nous a laissé quelques belles médailles,n'a pas vu sa carrière de graveur de sceaux couronnée de succès.

    Obligé, dans sa jeunesse, de se contenter du rôle d'aide de sononcle Adrien jusqu'à la mort de celui-ci,il vit son activité entravée,sous Charles II, par le mauvais état des finances qui caractérisace règne et qui l'empêcha de se procurer la matière d'argent néces-saire à son travail et, sous Philippe V, par la guerre de la successiond'Espagne. D'autre part, la disgrâce semble s'être attachée à ses pas,les deux souverains lui ayant préféré le graveur Foppe J. Borduno,qui cependant n'était pas le graveur patenté des souverains desPays-Bas.

    Il aurait pu réussir sous le régime autrichien si son grand âge etsa santé délicate, puis sa mort, survenue en 1715, ne l'avaient tem-pêché de réaliser, en gravure, les nouveaux sceaux dont il avaitdessiné les modèles.

    M. TOURNEUR-NICODÈME.

    ANNEXE (v. p. 86 note 1).

    A Messeigneurs les trésorier général et commis des finances deSa Majesté.

    Remonstre très humblement Denis Waterloos, graveur des sceIsde sa Majesté que vos Seigneuries illustrissimes ont esté servies d'or-donner au remonstrant de faire nouveaux scels l'ayant jugé convenirpour le service de Sa Majesté, veu qu'elle y estoit encor représentécomme un enfant de six ans et ce tant pour envoyer en Espaign eque pour les conseaux de ce pays en suitte de l'ordonnance du 24 dejuillet 1686 et commis pour graver iceux Sa Ma] esté a chaqu e foisfurnij l'argent nécessaire par le maîstre particulier de la monnoye,lequel n'ayant seu furnir la susdite matière se disant trop chargé,le remonstrant a présenté requeste a vos seigneuries illustrissimes

    rendant la justice, représenté sur les sceaux pour le Grand Conseil de Malines. v.VREDIUS, op. cit., p. 160. Il eut néanmoins un sceau particulier po ur la Gueldre(v. p. 174), mais il faut attendre le règne de Philippe II pour voir apparaitredes sceaux différents pour le comté de Hollande, la Gueldre-Zutphen et Utrecht.VREDIUS, op., eit., p. 213-14.

  • DENIS WATERLOOS, GRAVEUR DE SCEAUX 101

    moyennant quelles fussent servies d'ordonner qu'au remonstrantseroit payé un an de ses gages escheu le quatriesme de decembrequatre vingt cinq, pour de cet argent achepter la matlére conve-nable pour le seel de Sa Majesté pour tant plus ... faire servirensuite de quelle présentation vos seigneuries illustrissimes ont or-donné au receveur général de Brabant de payer au remontrant laditte année de ses gages pour quel payement il a fait toutsdebvoirs possibles sans l'avoir sceu obtenir non obstant différentsordres de vos seign euries illustrissimes que le susdit receveur auraita payer cette année les gages en préférence de toutes autres assigna-tions sur quoy le remonstrant ayant présenté requeste à vos seigneu-ries illustrissimes veu quil estoit impossible davoir aucun payementdu susdit receveur, vos seigneuries illustrissimes ont été servies d'or-donner au maître particulier de la monnoye de Bruxelles de Sa Ma-jesté de payer au remonstrant autre année de ses gages et cincquanteescus pour la modelle du ducaton fait par ordre de vos Seigneuriesillustrissimes vu que le remonstrant n'a saeu obtenir aucun paye-ment de sorte qu'il est réduit à une impossibilité de satisfaire auxordres de vos seigneuries illustrissimes données passé quatre ansayant jugé qu'il convenait pour le service et l'honneur de Sa Ma-jesté que nouveaux scels seroient faits veu que Sa Majesté y est en-cores représenté estant enfant avec des cottes et comme au remon-strant sont encore éch eus trois autres années de ses gages il se retirevers vos seigneuries illustrissimes suppliant très humblement qu'ellesfussent servies de donner une autre ordonnance de deux années deses gages sur la recepte de Wijns, receveur de Brabant au quartierde Louvain afin qu'ayant obtenu payement, il puisse a mesme in-stant achepter le matière convenable pour commencer à travailleret satisfaire aux ordres de vos seigneuries illustrissimes. quoy fai-sant...

    Sur un brouillon qui suit, on lit: remontre très humblement DenisWaterloos, graveur des scels de Sa Majesté comme les Seigneuriesillustrissimes Iuy ont ordonnées de faire nouveaux scels tant pour leconseil de Flandre en Espagne que pour les conseaux des Pays-Bas,ensuite de l'ordonnance de juillet 1686.