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Nouvelle terminologie

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La série de paquets Asylum Le Contrat de Yuggoth introduit de nouveaux termes dans L’Appel de Cthulhu : le jeu de cartes. Vous les trouverez ci-dessous ainsi que leur défi nition.Quand on vous demande dans la description d’un effet de « rendre fou » un personnage, cela signifi e que celui-ci doit devenir dément pour que l’effet en question se produise. Un joueur ne peut « rendre fou » que les personnages qu’il contrôle.

Par exemple, le Pyromane déséquilibré (F5) dispose de la capacité « Action : rendez fou le Pyromane déséquilibré pour choisir et détruire une carte de soutien de type Lieu. » Pour que l’effet ait lieu, le personnage doit devenir dément. On parle également de « changer » des icônes d’un personnage, les transformant en d’autres icônes. Quand on vous demande de changer un type d’icône en un autre, le personnage en question doit disposer du type d’icône d’origine. Un joueur ne peut pas changer

une icône dont un personnage ne dispose pas. Une fois qu’une icône est changée, on considère que le personnage ne dispose plus de son icône d’origine pendant toute la durée de l’effet correspondant.Par exemple, l’Engeance de Yig (F4) a la capacité « Action : payez 1 pour changer une icône @ de l’engeance de Yig en icône # jusqu’à la fi n de la phase. » Pour changer une icône @ en icône #, l’Engeance de Yig doit avoir au moins une icône @ disponible.

Le Contrat de YuggothPremière partie : Orbites Vides

De Nate French

La première chose qu’ils ont faite, ça a été de m’arracher les yeux. Et à partir de là, ça a empiré.

J’ai volé, j’ai tué, et maintenant vous pouvez ajouter l’enlèvement à mon CV, mais je ne vais pas vous mentir. Je ne suis pas ce que vous appelleriez « quelqu’un de bien ». Je mérite tout ce qu’ils m’ont fait, voire pire. Mais vous avez beau mériter ce qui vous arrive, ça ne vous rend pas les choses plus faciles à vivre pour autant. Et on a beau vivre certaines choses, elles n’en sont pas pour autant faciles à croire.

Il y avait de moins en moins de boulot. Le Syndicat prospérait, ses ennemis se cachaient ou ils étaient morts. C’est le problème, quand on est trop doué, dans mon secteur. Comme il n’y avait personne à descendre, Danny O’Bannion me demanda si je pouvais donner un coup de main à un de ses contacts qui recherchait un spécimen humain. « Dans l’intérêt de la science. »

À bien y réfl échir, accepter le job fut ma première erreur. Je suis un tueur. Le genre « ramenez-les vivants », ça n’a jamais été mon truc. Mais la paye était trop belle pour être vraie, et ne pas demander pourquoi fut ma deuxième négligence fatale. O’Bannion me mit sur les traces de la fi lle, je parvins à la trouver et je la lui amenai. Et regardez où ça m’a mené.

Pourquoi ils ont pris mes yeux ? Je crois que c’est parce que je me suis défendu. J’en ai eu un quand ils me sont tombés dessus dans la grotte, et les autres se sont précipités sur moi. La lutte, la brume, cette brume glaciale…

Et puis l’inconscience.

L’atroce douleur.

Mes yeux se sont ouverts et ont été arrachés à l’obscurité bienveillante au moment même où l’un d’entre eux était énucléé par une longue griffe

dentelée. Une griffe ? Ouais, c’est bien ce que je crois avoir vu, mais ç’aurait aussi bien pu être un cintre ou un pic à glace, ou même un crayon cassé. Compte tenu de la situation, j’ai eu un peu de mal à me concentrer. Et ensuite, la griffe est revenue creuser, creuser sous l’autre paupière que je maintenais fermée de toutes mes forces. Et elle m’a arraché l’autre œil.

C’est là que j’ai dû m’évanouir, sombrer dans les ténèbres… À plus forte raison attendu que j’étais aveugle désormais.

***

C’est la douleur qui revint la première, fulgurante et lancinante à la fois, me rappelant que j’étais encore vivant… pour ce que ça me servait…

Et puis il y eut les bruits. Des cris désespérés et féroces à la fois, issus de la gorge d’une créature qui n’était pas de ce monde, et qui faisaient vibrer la table à laquelle j’étais attaché. La chose, cette chose impossible, était proche, et les hurlements étaient puissants. J’imaginais qu’elle devait être immense. Qu’est-ce qui pouvait lui causer une telle souffrance ?

Parfois, je me demandais si les cris n’existaient pas que dans ma tête. Se pouvait-il qu’il s’agisse d’une hallucination ? De brefs éclairs de vision commencèrent à éclater au fond de ma conscience. Au début, c’était juste une lueur d’un vert écœurant, et un mouvement vif, au loin, derrière la

source de la lumière. Au fi l du temps, ces épisodes devinrent plus longs et plus fréquents. Les silhouettes effrayantes et grotesques qui se mouvaient derrière le voile fl ou et verdâtre, et le nouvel univers que je « voyais » sans mes yeux devenaient de plus en plus précis et détaillé. J’aurais voulu fermer les paupières pour échapper à ces visions, mais à ma grande horreur, je ne le pouvais pas. Elles ne s’arrêtaient pas. Une fois, durant une seconde à peine, comme si mon esprit me jouait un autre tour perfi de, je crus voir la fi lle, la victime que j’avais kidnappée pour remplir le contrat, recroquevillée au coin d’une cage. L’hallucination s’estompa bien vite, et ne demeurèrent que les ténèbres. Je n’avais pas la force de penser à ce qu’ils risquaient de lui faire, car je savais que j’en étais responsable.

À suivre dans le deuxième pack Asylum du Contrat de Yuggoth : Les Murmures du Mal.

www.FantasyFlightGames.comwww.CthulhuLCG.EdgeEnt.com

les choses plus faciles à vivre pour

choses, elles n’en sont pas pour

ennemis se cachaient ou ils étaient morts. C’est le problème, quand

À bien y réfl échir, accepter le job fut

plus longs et plus fréquents.

pas. Elles ne s’arrêtaient pas. Une

Preuve d’achat

Chuchotements dans les Ténèbres

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Le Contrat de Yuggoth

J’étais une étudiante sérieuse.Je n’étais pas très sociable, mais je ne me mettais en travers de la route de personne, et je n’avais jamais fait de mal à quelque chose de

plus sensible qu’un insecte. Interagir avec le monde par l’intermédiaire d’une lentille de microscope suffi sait à mon bonheur. Je voyais de loin mes semblables passer en couple sous la fenêtre fendillée de mon labo du département de biologie de Pagan Hall. Je les voyais, mais je me détournais toujours, retournant à mes chères recherches.

Il s’appelait Tyler.

Ce fut moi qui le vis la première alors que je sortais du labo, à trois heures du matin, comme à mon habitude. L’air était vivifi ant et il neigeait. Il se tenait près de la fontaine de pierre noire, au centre de la cour, ses longs cheveux ondulés fl ottant dans le vent froid. Il portait un long trench-coat élégant et un haut-de-forme noir. En m’approchant, je remarquai ses traits réguliers et virils. Une barbe de quelques jours encadrait son visage d’une ombre sauvage. Il avait l’air d’un véritable guerrier, capable de se ruer dans l’action d’un instant à l’autre. Mais il se déplaçait lentement, avec ce qui semblait une grâce précise et calculée. Il leva les yeux sur moi. Il sourit. Puis il disparut d’un pas léger dans la nuit.

Il était là le soir suivant, et je l’observai, debout près de la fontaine noire, depuis la fenêtre du labo. Il semblait attendre quelque chose. Il ne me vint jamais à l’esprit que ce pouvait être moi.

Ainsi s’installa notre rituel, nuit après nuit, pendant presque une semaine. En y repensant, j’aurais dû me demander ce qu’il faisait là, seul, fi xant une fontaine gelée au milieu d’une cour vide en pleine nuit. Ce n’était de toute évidence pas un étudiant. Avait-il remarqué à quel point j’étais isolée ? Voyait-il en moi cette sorte de paria que je croyais être ? Trouvait-il curieux que je sois seule dans le bâtiment des sciences, chaque nuit ?

« Belle nuit. » Sa voix interrompit mes pensées, riche, gutturale et sensuelle, la première avec laquelle je m’entretenais de tout le week-end. J’aurais dû l’ignorer, retourner au labo, continuer à marcher tête baissée,

sans un regard en arrière. Mais il y avait quelque chose… Je m’arrêtai.

Je le regardai dans les yeux et un frémissement d’excitation inattendu me parcourut l’échine.

Je tremblai. « Il fait un peu froid. »

Il sourit. « J’aime bien ça. »

Ne sachant que répondre, incapable de croiser son regard, je baissai les yeux au sol. Une de ses mains était enfoncée dans la poche de son manteau, et je crus un instant qu’il était sur le point d’en sortir un pistolet. Mais il se contenta de se retourner et de regarder le ciel.

« Cela vous ennuie, si je fais un bout de chemin avec vous ? »

Cela ne m’ennuyait pas et nous marchâmes ensemble cette nuit-là et la suivante, et la suivante encore. Il était spirituel, charmant et courtois, et s’intéressait vivement à la biologie. J’étais impatient de le revoir chaque soir. Une nuit, il n’apparut pas à la fontaine, et je fus irritée toute la journée suivante. Je savais qu’il s’agissait là d’une amourette irrationnelle, et j’en savourais chaque minute. Tyler était le premier homme à s’être jamais intéressé à moi, et tout en lui était réellement fascinant, depuis sa personnalité insouciante jusqu’à sa virilité sauvage en passant par toutes ces histoires qu’il racontait au sujet des O’Bannion. Quand je le vis debout près de la fontaine le soir suivant, je fus transportée de joie. Je descendis

immédiatement à sa rencontre. C’était la première fois de tout le semestre que je quittais le labo avant le coucher du soleil.

« Si tôt ? » demanda-t-il en me voyant traverser la cour.

« Il y a un orage qui se prépare.

– Je peux vous déposer si vous le voulez. Ce soir, j’ai la camionnette. »

Je le revois maintenant, en me replongeant dans ce souvenir. L’éclat menaçant de ses yeux, qui semblait indiquer que quelque chose allait de travers. Mais honnêtement, quelle expérience avais-je des hommes ?

« OK… »

Je me tus. Il commença à s’éloigner et je me hâtai de le rattraper tandis qu’il s’approchait du véhicule.

Je ne réalisai même pas qu’on était en train de m’enlever avant qu’on ne soit arrivés à la grotte.

À suivre dans le troisième pack Asylum du Contrat de Yuggoth : Alliance Tacite.


Deuxième partie : les Yeux dans les YeuxDe Nate French

comme à mon habitude. L’air était vivifi ant

longs cheveux ondulés fl ottant dans le vent froid. Il portait un long trench-coat élégant

visage d’une ombre sauvage. Il avait l’air d’un véritable guerrier, capable de se ruer

près de la fontaine le soir suivant, je fus transportée de joie. Je descendis

première fois de tout le semestre que je

– Je peux vous déposer si vous le voulez. Ce

Preuve d’achat

Les murmures du Mal

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Le Contrat de YuggothTroisième partie : le Spécimen

De Nate French

il a suffi d’un sourire, de quelques mots gentils et d’une promenade ensemble pour que nous soyons amis. Une semaine plus tard, elle montait dans ma camionnette et j’eus l’occasion de lui servir le baratin que j’avais répété avec Danny.

« Dites-moi Erin, êtes-vous déjà allée dans la Grotte de la Colline ?

– Non. De quoi s’agit-il ?

– Un site local. Certains disent qu’une météorite s’est écrasée là il y a des années. Les gens du coin affi rment que le ciel est zébré d’éclairs aux couleurs étranges, presque écœurantes, quand l’air nocturne s’y prête.

– Vraiment ? Cela se produit-il souvent ? »

Elle semblait fascinée.

« Ces derniers temps, les éclairs sont de plus en plus fréquents. Il n’y en a pas toutes les nuits, mais presque.

– C’est loin d’ici ? »

C’était trop facile.

Nous avons continué à parler et j’ai conduit jusqu’à la Grotte de la Colline. Les pâles éclairs verts tremblotaient au-dessus de nous, ce n’était pas du pipeau. Nous sommes sortis du camion et nous avons gravi la colline pour mieux y voir. À un moment, j’ai réalisé que je lui tenais la main. Marrant,

les choses qui se produisent quand on ne s’y attend pas. Ensuite, nous nous sommes dirigés vers la caverne.

Les choses menaçantes ont immédiatement surgi des ombres autour de nous. Erin s’est mise à crier et a tenté de se cacher derrière moi. Mon instinct me poussait à la protéger, mais je suis un professionnel : je savais ce que j’avais à faire. Je l’ai saisie par les bras et je l’ai menottée tandis que les monstres cauchemardesques s’approchaient de nous. Je ne savais pas de quoi il s’agissait, mais je n’avais pas l’intention de le découvrir. Ils l’ont emmenée, le visage congestionné par la rage et la trahison.

Et ensuite, ils sont venus me chercher.

Pris au dépourvu, je n’ai pas eu le temps de dégainer mon pistolet. Mon poing a atteint le monstre le plus proche, masse d’ailes, d’antennes et d’appendices à la texture de champignon. La chose s’est pliée en deux et s’est effondrée sur le sol de la caverne. Un éclair d’espoir m’a traversé l’esprit quand un autre hideux monstre s’est approché de moi, mais avant que je puisse réagir, je me suis retrouvé enveloppé d’une brume effrayante et glaciale. Tout s’est mis à vibrer et à tourbillonner, et ensuite, il n’y a plus rien eu d’autre que le froid.

À suivre dans le quatrième pack Asylum du Contrat de Yuggoth : Les Gémissements des Profondeurs.


Elle s’appelait Erin Moirai.

Étudiante à l’Université de Miskatonic, elle passait ses journées sans dire un mot et ses nuits toute seule, fantôme inoffensif dans

un bâtiment vide.

La première fois que je la croisai, c’était pendant une reconnaissance sur le campus. Je remarquai du premier coup d’œil qu’elle n’était réellement proche d’aucun autre étudiant. Cet isolement en faisait une proie facile. Timide, discrète et craignant d’être rejetée, elle faisait tout ce qu’elle pouvait pour se fondre dans la foule et éviter qu’on la remarque. C’était parfait comme ça : personne ne remarquerait sa disparition.

D’après ce que j’avais compris, c’étaient ses recherches qui hérissaient le poil des contacts de O’Bannion, et ils voulaient que je la leur amène pour l’interroger. Je ne m’intéressais pas vraiment au pourquoi de la chose : quand on travaille pour les O’Bannion, mieux vaut éviter de poser trop de questions.

Je passai les quelques semaines qui suivirent à l’observer, apprenant à « sentir » ma cible, notant ses habitudes, ses préférences, les chemins qu’elle empruntait, et évaluant les scénarios d’enlèvement les plus favorables.

Avec une coupe de cheveux à la mode et quelques vêtements de style, certaines fi lles sont potables. Pas Erin Moirai. Même sur son trente-et-un, elle aurait eu l’air d’une brebis égarée. Cette grande asperge aux bras et aux jambes anguleux, trop longs pour son corps, avait des cheveux raides et quelconques encadrant une tête de souris dissimulée par d’immenses lunettes. Pas étonnant qu’elle soit la fanatique de l’annexe de biologie. Elle était motivée, précise et perfectionniste. Elle faisait des tests, les refaisait, et les refaisait encore. Au bout du compte, ces longues nuits qu’elle passait au labo, associées à son désir naturel mais réprimé de contact humain, en faisaient une victime facile.

Règle numéro 1 du kidnappeur : on n’utilise la violence qu’en tout dernier recours.

Je m’étais préparé à une lutte, une course-poursuite, peut-être, où j’aurais dû la plaquer au sol et la ligoter de force. Mais on n’en est pas arrivés là. La nuit où j’ai fi ni par lui parler, près de la fontaine du bâtiment des sciences,

dans la foule et éviter qu’on la remarque. C’était

de O’Bannion, et ils voulaient que je la leur

travaille pour les O’Bannion, mieux vaut éviter

Je passai les quelques semaines qui suivirent

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Alliance Tacite

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Ils étaient dans ma tête. C’était une intrusion malveillante, la curiosité froide et tâtonnante d’un scientifi que qui découvre un nouveau spécimen. Ils étaient intrigués par mes recherches, par

ma propre approche de la vivisection. Ils voulaient s’approprier mes techniques et les faire leurs.

J’étais emprisonnée dans une sorte de grande ménagerie à extra-terrestres. Ma cage, en tant que telle, n’était pas si mal que ça. J’avais droit à plus de confort que le « chien-ver » (c’est ainsi que j’appelais la chose située de l’autre côté de la salle) dans sa fosse pentue, ou les curieux « oiseaux » enchaînés par des colliers barbelés à une structure centrale semblable à un arbre. Moi, au moins, j’avais un lit.

L’heure des repas était le pire moment. Une des étranges silhouettes tordues émergeait de l’ombre de temps à autre pour faire glisser un bol de « ragoût » brun et bouillonnant par un panneau dans ma cage. Ensuite, je mangeais, et ils étaient là, dans mon esprit, à observer mon dégoût tandis que j’avalais péniblement l’ignoble substance.

Périodiquement, ils venaient et m’emmenaient dans leur complexe souterrain jusqu’à une nouvelle chambre, un nouveau spécimen et de nouveaux instruments. Un rongeur écailleux, pourvu de piquants et d’yeux disposés le long de son échine. Une immense limace huileuse aux poils hérissés, dotée de pattes avant et d’une tête qui rappelait presque celle d’un loup. Une créature semblable à une chauve-souris, aux ailes de cuir d’un mètre vingt d’envergure et dont la queue se terminait par trois pointes. Les créatures étaient effrayantes, extra-terrestres et diverses : un vrai rêve de biologiste. Je les disséquai toutes tandis que mes ravisseurs observaient, fascinés par ma technique et ma psychologie, mais totalement indifférents à mes résultats.

Après chaque dissection, on me ramenait dans ma cage où je pensais à Tyler. Je ne parvenais pas à le chasser de mon esprit. Sa trahison me faisait voir rouge. J’avais été honteusement naïve. Pourquoi un homme fort, séduisant et doté d’un tel charisme désarmant se serait-il intéressé à une scientifi que gauche et solitaire comme moi ? Et pourtant… il m’avait parlé, il m’avait écouté et il avait tenu ma main tandis que nous gravissions la colline.

Ils ne parvenaient pas à percer mes émotions, si tant est qu’ils puissent se rendre compte que j’en avais. Tyler devint un bouclier pour mon esprit, un objet auquel je pouvais amarrer mes pensées et mes sentiments dès que je voulais repousser les intrus. Ils étaient à leur aise dans mon esprit tant qu’il leur restait familier, quand j’étais la scientifi que froide et calculatrice qu’ils s’attendaient à voir en moi. Quand je pensais à Tyler et que je laissais libre cours au tourbillon émotionnel qui l’accompagnait, ils s’enfuyaient. Cette défense m’aidait à dormir dans la cage, où je rêvais au moment où j’avais croisé pour la première fois ses captivants yeux sombres.

Les dissections se poursuivirent pendant des jours, peut-être des semaines. Je cessai de compter les créatures que j’avais ouvertes, et je m’habituai peu à peu à leurs instruments inhumains mais étrangement sophistiqués. J’étais seule, sans personne à qui parler, mais ma nouvelle existence était-elle vraiment pire que l’ancienne ?

La dernière expérience commença comme toutes les autres. Une des créatures vint dans la ménagerie et ouvrit ma cage. Je sentis à nouveau leur présence dans ma tête. Une autre journée au labo. Faisant de mon mieux pour rester aussi loin que possible de la puanteur de mon geôlier tout en suivant ses longues enjambées, je fus tirée par le collier

le long d’un couloir tortueux. Nous passâmes devant plusieurs ouvertures et arrivâmes à ce qui ressemblait à un entrepôt, puis nous entrâmes dans l’un des nombreux petits labos.

De l’autre côté de la pièce, attaché à une étrange table d’opération, les orbites vidées de leurs globes oculaires, était étendu Tyler Scindere.

À suivre dans le cinquième pack Asylum du Contrat de Yuggoth : Les Hurlements du Prisonnier.


Quatrième partie : Dans la CageDe Nate French


curieux « oiseaux » enchaînés par

glisser un bol de « ragoût » brun et

pendant des jours, peut-être des

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Les Gémissements des Profondeurs

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Le pire dans tout ça, c’est que je ne pouvais même pas fermer les yeux. On aurait pu croire que dans ma situation, la cécité aurait été une vraie bénédiction. Ce n’était pas le cas.

Mes yeux étaient toujours là… dans un bocal. Je n’ai pas encore réussi à appréhender cette situation dans toute sa réalité et je n’y parviendrai sans doute jamais. Par quelque inexplicable manipulation due à une sinistre technologie, ces yeux pouvaient toujours voir, transmettant l’horrible spectacle auquel ils étaient soumis à mon esprit qui se fi ssurait.

Le bocal était rempli d’un liquide vert qui luisait faiblement. Il était posé sur une étagère dans un long couloir, parmi un nombre infi ni d’autres bocaux contenant tous des paires d’yeux désincarnés. Depuis combien de temps ces scientifi ques déments rassemblaient-ils nos organes pour les étudier ? À en juger par la taille de l’entrepôt, ça ne datait pas d’hier.

L’entrepôt n’était éclairé que par l’étrange fl uide luminescent des bocaux. Le liquide en lui-même était apaisant. Flottant là, esseulé et dément, je parvenais plus ou moins toujours à contrôler mes yeux. Je pouvais les mouvoir de part et d’autre du bocal, où je pouvais voir les autres paires d’yeux qui me rendaient toujours mon regard. Effroyable. Parfois, on aurait dit que ma vision ne m’appartenait plus. Quand un des monstres traversait en claudiquant le couloir, mes yeux se fi xaient sur lui comme on aurait fait d’un accident sanglant sur le bas-côté de la route.

Mes rêves me plongeaient dans le désarroi. Je dormais les yeux ouverts, naturellement. Les songes se mêlaient à ma conscience en une hallucination démente. Une fois, je rêvai de mon propre corps, au visage stigmatisé par ses deux orbites énucléées et sanguinolentes, vacillant dans l’entrepôt, les bras tendus, trébuchant et cherchant le bocal à l’aveuglette. Ce fut à la fois le cauchemar qui marqua pour moi le paroxysme de la démence et le rêve le plus heureux de ma vie.

Par moments, les choses venaient et agitaient le bocal, et le mouvement troublant suscitait une profonde nausée, ma vision s’obscurcissant et le paysage s’agitant en tous sens. Le liquide qui m’entourait moussait et bouillonnait. Les créatures semblaient ne faire cela que dans un but d’observation scientifi que. Alors que j’étais sanglé à ma couchette et qu’on me donnait de petits coups, ma vision n’était plus qu’un chaos tourbillonnant.

Je subis leur expérience la plus cruelle quand ils retirèrent un œil du bocal, le séparant de l’autre. Ma vision s’obscurcit quand les deux globes oculaires furent éloignés l’un de l’autre, et les deux images se chevauchèrent comme lorsqu’on s’approche de plus en plus d’un livre tout en fi xant un point éloigné. Il s’ensuivit une sensation de désorientation, des migraines et des nausées, et il me fut impossible de fermer les yeux pour éviter ce bouleversement.

Telle était ma vie, mon abjecte torture, jour après jour. Les expériences se poursuivaient sans discontinuer, plus troublantes les unes que les autres.

Et un jour, j’entendis sa voix…

À suivre dans le sixième et dernier pack Asylum du Contrat de Yuggoth : La Cacophonie


Cinquième partie : Que les Yeux pour PleurerDe Nate French

organes pour les étudier ? À en juger par la taille de l’entrepôt, ça ne

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Les Hurlements du Prisonnier

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« Tyler ? »

Son visage était défi guré par ses orbites vides. Lui aussi avait donc été dupé et enlevé, et ils avaient déjà entamé la dissection que je devais achever. Les cruels scientifi ques extra-terrestres s’arrêtèrent dans le couloir pour observer tandis que j’entrais dans le labo.

Sur un présentoir près de la couchette de Tyler avaient été disposés plusieurs objets : des bandages ensanglantés qu’on avait retirés récemment, une petite éponge humide fl ottant dans un bol du liquide vert et luminescent qui leur servait de conservateur, et un ensemble des longues lames fi nes qu’ils utilisaient comme scalpels. Je sentais la présence des choses dans mon esprit. Elles voulaient savoir si j’aurais le cran de disséquer un de mes congénères.

« Erin ?

– Chut. »

Je ramassai l’éponge d’une main et humectai les orbites de Tyler. Les émotions incontrôlables m’assaillirent à nouveau et je sentis les créatures qui luttaient contre elles.

Ce moment m’appartenait. Saisissant le plus long des scalpels, je fi s glisser la lame sur l’un de ses liens, coupant le tissu à la texture de cuir d’un geste vif et assuré. Tyler sentit ses entraves se desserrer et leva la main vers son visage, surpris. Les deux extra-terrestres du couloir se ruèrent à l’intérieur tandis que je coupais le lien de l’autre bras de Tyler, puis ceux de ses jambes. « Par ici ! » criai-je en me jetant sur la plus proche des créatures qui chargeait, tendant le scalpel devant moi. Le féroce gaillard fut immédiatement sur la chose, véritable tempête humaine de poings, de coups de tête et d’adrénaline, et la créature fut bien vite réduite à un tas de membres brisés, recroquevillée sur le sol. L’autre monstre s’empara frénétiquement d’un des étranges appareils émetteurs de brume que les choses gardaient par précaution dans chaque labo, tentant de viser Tyler. Je bondis sur le dos de la bête, hurlant son nom. La chose agita ses bras et laissa tomber son arme. Je tombai à terre, mais Tyler était là, plaquant la créature au sol. Même aveugle, ses instincts de combattant lui permirent de ne faire qu’une bouchée du monstrueux scientifi que.

Un instant plus tard, il se dégageait du cadavre et je m’approchai de lui, pris sa main dans la mienne et le fi s se relever. « Il y en a d’autres ? » demanda-t-il.

« Je ne crois pas, mais nous devrions sortir d’ici. Il y a d’autres… choses.

– Il faut que je reprenne mes yeux, ils… ils fonctionnent toujours. Ils sont dans une sorte d’entrepôt. »

Je connaissais cet endroit où les monstres conservaient chacun des organes prélevés lors des dissections.

« Suivez-moi. » Guidant Tyler en le tenant par la main, je me précipitai dans le couloir. Nous arrivâmes à l’entrepôt, immense et stupéfi ant. Chaque allée était bordée de bocaux contenant différents types d’organes conservés : cœurs, foies, reins, oreilles, cerveaux et oh, bien sûr, yeux.

Quand nous commençâmes à parcourir l’allée, des centaines, voire des milliers de paires d’yeux se retournèrent dans leurs bocaux pour nous regarder. Je frémis en me demandant ce qu’il était advenu de leur corps. Tyler s’interrompit, la bouche grande ouverte, dans une expression de confusion qui se mua en un affreux sourire. Je réalisai que ses yeux venaient de se poser sur son corps. Il me lâcha la main et s’avança maladroitement parmi les étagères, les mains tendues devant lui pour garder l’équilibre. Sa vision le guidait de loin. Je n’étais qu’à quelques pas derrière lui.

Tyler s’arrêta et se tourna vers l’une des étagères. Ses bras se tendirent vers un des bocaux au-dessus de sa tête, et je fus témoin de cette réunion démente entre le corps d’un homme et ses yeux. Il souleva le bocal de son présentoir et le serra dans ses bras, dans un geste d’amour protecteur, comme on tient un nouveau-né. « Allons-y, » dit-il, et il me tendit le bocal. « Vous devriez le porter. Si nous en rencontrons d’autres, il faudra que j’aie les mains libres. Tenez-le de manière à ce que je voie où je vais. »

C’est ainsi que nous quittâmes les labos situés sous la Grotte de la Colline. Lentement, nous traversâmes les couloirs tortueux de la caverne et nous fi nîmes par émerger dans la vive lumière de l’aube. Combien de temps avions-nous été prisonniers, je l’ignorais, mais j’avais l’impression de ne pas avoir vu le soleil depuis une éternité.

Une fois sorti de la caverne, il se tourna vers moi, tendant les mains pour prendre le bocal. Pas un mot de soulagement, d’excuse ou même de gratitude. Je plongeai la main dans le liquide et saisis l’un des globes oculaires.

« Pas un pas de plus. » Je pressai juste un peu. Il le sentit et je m’arrêtai.

« Bien. Il faut que nous trouvions… Disons un terrain d’entente… »

Et maintenant, nous sommes ensemble, liés par un contrat bien plus solide que tout ce que pourraient concevoir les O’Bannion et les étranges scientifi ques extra-terrestres.

Tyler Scindere a volé mon cœur. Mais moi, j’ai ses yeux.


Sixième partie : le ContratDe Nate French

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Et ensuite, la griffe est revenue creuser, creuser sous l