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Mars 2016. N°141. Prix 1€ Mars 2016. N°141. Prix 1€ Et nous les femmes, on en est où ? Et nous les femmes, on en est où ?

Et nous les femmes, on en est oùE-mail . . . ... Dans le cadre de la Loi de Refondation et du "toilettage" des statuts des personnels de l’Éducation nationale, le ministère s’est

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Mars 2016. N

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PEF 141 - mars 20162

Sommaire

p. 2 Actualités p. 3 Éditop. 4/5 Premier degrép. 6 Collègep. 7 Lycéep. 8/9 Enseignement professionnel Formation professionnellep. 10/11 Personnels Administratifs Sociaux, de Santé et de Laboratoire : - Catégories B - PPCR - Personnels infirmiers

p. 12 Non-titulaires / ESPEp. 19 Retraité-esp. 20/21 Interpro.p. 22/23 Enseignement privép. 24 Internationalp. 25 Rencontrep. 26 Page pratiquep. 27 Vie syndicalep. 28 RESF

Directeur de publication : Alain Vrignaud - Rédactrice en chef : Pauline SchneggConception de la "Une" : Bertrand Verhaeghe - Maquette : Annie Balbach - Périodicité : bimestrielle

CPPA : 0620 S 07375 - ISSN : 1250 - 4270 - Imprimerie IMPROFFSET - Grigny (91)CGT ÉDUC'ACTION - 263, rue de Paris - case 549 - 93515 Montreuil cedex

Tél. : 01 55 82 76 55 - Télécopie : 01 49 88 07 43 - Mél : [email protected] - Internet : www.unsen.cgt.frSyn

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p. 13 à 18 - Dossier :Et nous les femmes, on en est où ?

À remettre à un-e militant-e CGT

ou à renvoyer à l'adresse ci-dessous

Je souhaite :

Pme syndiquer

Pprendre contact

Mme / M

Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse personnelle . . . . . . . . . . . . . . . . .

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CP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Commune . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Grade ou corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Discipline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Établissement (nom/adresse) . . . . . . . . .

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CP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Commune . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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E-mail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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CGT Éduc'action - 263, rue de Pariscase 549 - 93515 Montreuil cedex

PEF 141

Mobilisation générale contre la loi travail

Après les lois Macron et Rebsamen, le projet de loi travail constitueune nouvelle attaque contre les salarié-es avec une régression socialenous ramenant pour certaines mesures à plus d’un siècle en arrière.(voir l’Édito)

La ministre du travail Myriam El Khomri affirme haut et fort quecette réforme se fait au nom de l’emploi et qu’il n’y aura aucun

recul des droits des salarié-es ! Mais dès que le patron des patronsPierre Gattaz a applaudi des deux mains et que Éric Woerth (Les Répu-blicains) a déclaré : "On aurait pu écrire le texte", nous avons eu la

confirmation qu’il n’y avait rien de bonpour les salarié-es dans ce projet maisqu’au contraire il était taillé sur mesurepour les entreprises.

Les salarié-es, véritables variablesd’ajustement, est-ce cela le progrèssocial pour le gouvernement ? C’estpour quand, le retour à l’esclavage ?

Une telle offensive contre les travailleur-ses mérite une réaction de grande ampleur.La riposte s’organise avec les organisa-tions lycéennes et étudiantes qui ont bien

compris que le monde du travail qu’on leur prépare les enfoncera défi-nitivement dans la précarité et les organisations syndicales CGT- FO-FSU- Solidaires qui elles, ne veulent pas négocier "le poids deschaînes".

Déjà la journée d’action du 9 mars, à l’initiative des organisations dejeunesse, a réuni plus de 500 000 manifestant-es dans toute la Franceavec pour mot d'ordre RETRAIT DU PROJET. Partout des assem-blées générales étudiantes se sont tenues, des lycées ont été bloqués,des arrêts de travail ont été observés et des préavis de grève lancés pourcette première mobilisation réussie. Car personne n’est dupe. Le report de la présentation du texte ne suffitpas, c’est bien le retrait du projet de loi et de vraies négociations pourélaborer un code du travail protecteur du XXIème siècle, qu’il nous fautobtenir par la lutte.

Le mouvement doit continuer et s'amplifier.

Le 31 mars, journée d’action et de grève à l’appel de l’intersyndicaleCGT-FO-FSU-Solidaires et des organisations étudiantes et lycéennesUNEF-UNL-FIDL sera une des dates décisives pour l’avenir du codedu travail et celui des salarié-es.

Toutes et tous ensemble dans la rue pour le retrait de "la loi travail" !

Nadine Castellani Labranche Cou

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3PEF 141 - mars 2016

Éditorial

Patrick Désiré,Secrétaire général

Avec le projet de loi sur le travail qui reprend en grande partie des idées défendues jusqu’ici par la droite, le gou-vernement Valls vient de franchir une nouvelle étape en s’attaquant de façon brutale aux salarié-es.

Ce projet de loi prévoit beaucoup de réformes qui font partie des préconisations et des revendications des organisationspatronales, à commencer par le Medef.

L’accord d’entreprise comme standard est un souhait du Medef qui veut aller dans le sens d’une négociation entreprisepar entreprise. C’est également une proposition de loi présentée par l’UMP en 2014.Le projet de loi El Khomri ouvre la possibilité de conclure des accords individuels sur les horaires dans les entreprisesde moins de cinquante salarié-es, à défaut d’accord collectif dans l’entreprise. Ce projet de loi change aussi les règlesde validité des accords d’entreprise, en supprimant notamment la clause qui permettait à un syndicat majoritaire de s’yopposer, en autorisant des syndicats représentant 30 % des salarié-es à organiser une consultation visant à valider unaccord qui ne l’aurait pas été. Ce texte ouvrirait la possibilité d’abaisser les salaires ou d’augmenter le temps de travailpour faire face à des difficultés en aménageant les horaires et les salaires.

Cette loi érige aussi la primauté de l’accord d’entreprise en matière de duréedu travail, qui devient le principe de droit commun, le temps de travail pour-rait être négocié entreprise par entreprise. Il faut aussi noter la mise enplace de la suppression de l’information de l’inspecteur du travail en l’ab-

sence de représentation du personnel pour les horaires à temps partiel. Ceci constituerait un recul pour les droits desfemmes, très majoritairement concernées par ce dispositif. La rémunération des heures supplémentaires est égalementpotentiellement remise en cause. Les assouplissements du temps de travail prévu par ce texte reviennent, en pratique, àen finir avec les 35 heures en donnant aux entreprises une très large souplesse dans la définition du temps de travail. Dans notre secteur, cela se traduit par une augmentation du temps de travail des apprenti-es de moins de 18 ans qui pour-ront travailler jusqu’à 10 heures par jour, au lieu de 8 heures, et 40 heures par semaine contre 35 actuellement, si des"raisons objectives le justifient".

Le licenciement économique sera assoupli, il pourrait intervenir non seulement en cas de difficultés, comme c’est le casà l’heure actuelle, mais aussi si l’entreprise est confrontée à des "mutations technologiques" ou doit mener une réorga-nisation "nécessaire à sa compétitivité". En cas de licenciement "sans cause réelle", les indemnités que le/la salarié-epourrait réclamer aux prud’hommes seraient plafonnées. On trouve la même proposition, pratiquement mot pour motdans les revendications du Medef.

Ce projet de loi reprend de nombreux points contenus dans les "accords compétitivité emploi" de Nicolas Sarkozyen 2012, dénoncés puis abrogés par François Hollande, devenu président de la République.

Le projet de loi travail constitue une attaque sans précèdent contre les droits des salarié-es et contre le modèlesocial français et constitue une lourde hypothèque sur l’avenir des jeunes. Pour toutes ces raisons, il n’est pasnégociable ni amendable. Dès lors, il est indispensable de construire le plus rapidement et dans la durée unemobilisation interprofessionnelle public/privé pour obtenir son retrait.

Montreuil, le 11 mars 2016

Le projet de loi n’est pas négociable ni amendable

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Premier degré

PEF 141 - mars 20164

Obligations de service du Premier degré : on rase gratis…

En excluant de la discussion le volet indemnitaire, le ministère a affiché savolonté de ne pas traiter tout le monde en même temps et de laisser une fois deplus les personnels travaillant en éducation adaptée et spécialisée de côté.

Au niveau nouveautés, si la notion de "forfait" réapparaît, c’est surtout la glo-balisation des 24 h de préparation des APC avec les 24 h de réunions institu-tionnelles et de rencontres parents qui est à noter. Selon nous, pour que lareconnaissance de la responsabilité des personnels soit complète, le ministèredoit adresser dans les plus brefs délais une note de service aux recteurs-trices etaux DASEN pour éviter tout contrôle de ces heures via l’autoritarisme des ins-pecteur-trices. Surtout, pour la CGT Éduc’action, en globalisant ces heures, leMEN renonce définitivement à aborder la question de la réduction du temps detravail tout en reconnaissant que ce temps de travail effectif des personnelsdépasse largement le cadre horaire obligatoire. Enfin, avec ce texte, le MENvalide la mise à mort de la formation continue (mais aussi celle des animationspédagogiques) en confirmant la formation à distance.

Pour nous, le temps de travail des personnels doit être impérativement revu.Plus que jamais, on doit faire confiance aux personnels, leur donner du tempspour se concerter et travailler collectivement. Nous exigeons toujours la sup-pression des APC qui n’ont aucune utilité à part faire disparaître les RASED.D’ailleurs, la globalisation des heures de préparation de ces activités indique lepeu d’intérêt que porte le MEN à ces dispositifs. Nous exigeons surtout un tempsde travail déconnecté de celui des élèves et revendiquons 18 h en présence desélèves et 6 h de concertation.

En l’état, la CGT Éduc’action dénonce ce texte final qui ne revient pas surles APC (et la réforme des rythmes scolaires) et qui maintient une explo-sion des missions sans diminution du temps de travail. Elle s’y opposeralors du Comité Technique Ministériel d’avril.

Jérôme Sinot

Dans le cadre de la Loi de Refondation et du "toilettage" des statuts des personnels de l’Éducation nationale, le ministère s’est attaché depuis quelques mois à revoir les obligations réglementaires de service (ORS) des person-nels du premier degré. La question de la réduction du temps de travail, des missions et des rémunérations despersonnels n’entrait pas dans cette mise à plat.

Comment rester vigilant-esface aux stéréotypessexistes dans les manuelsscolaires ? Dans le premier degrécomme ailleurs, voir l’article en page 14.

Ànotre grand regret ! C’est pour-tant une urgence pour des col-

lègues fatigué-es de la somme de tra-vail (en perpétuelle augmentation)exigée sans augmentation de salaires.Avec ces négociations, il s’agit avanttout pour le MEN de redéfinir lesfameuses 108 h hors présence élèvesen traduisant la circulaire de 2013 endécret. Si la CGT Éduc’action recon-naît l’importance d’une partie de cesheures pour le travail en équipe et laconcertation, elle continue de dénon-cer les Aides Pédagogiques Complé-mentaires (APC) et un débordementconstant de ce volume d’heures sanscontrepartie.

Réunies une première fois en groupede travail le 5 novembre dernier auministère de l’Éducation nationale,les organisations syndicales s’étaientexprimées sur les propositions demodifications concernant ces ORS etle volet indemnitaire applicables àl’ensemble des personnels (milieuordinaire, enseignement spécialisé etadapté). La CGT Éduc’action avaitalors dénoncé la suppression ducaractère forfaitaire de certainesheures considérant cela comme unreniement de l’engagement de 2013qui reconnaissait le professionnalismeet la liberté pédagogique des col-lègues. Elle s’est opposée aux propo-sitions indemnitaires scandaleuses quivisaient avant tout à acter une perte derevenu pour les collègues travaillantdans les établissements du seconddegré et médicaux-sociaux en harmo-nisant vers le bas ces traitements.

Un dernier groupe de travail s’estréuni le jeudi 11 février au ministèrepour finaliser le projet de Décret des108 h. Cette réunion devait valider(ou non) les dernières propositions duministère suite aux premièresremarques portées par les syndicatsavant que le texte final soit présentéau CTM d’avril 2016.

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Premier degré

PEF 141 - mars 2016 5

À la rentrée 2016, ce sera le troisième anniversaire de la miseen place de la réforme des rythmes scolaires. Pour les premières communes qui l’ont imposée, aumoment de revoir le Projet ÉDucatif Territorial (PEDT), c’estdonc l’heure du bilan. Alors ?Tout va très bien, Madame la ministre !

èÀ Paris, pionnière du sauvetage(raté) du soldat Peillon ? Tout va trèsbien, Madame la maire ! Aucune voixdiscordante ne s’élève. La réformedes rythmes scolaires est un succès.Peu importe si les élèves ne s’yretrouvent plus, s’ils-elles subissentun rythme scolaire dérogatoire à larègle avec des horaires différents qua-siment tous les jours (dont deux joursau-delà des 5h30 préconisées). Peuimporte si tout le monde (sauf laVille et la FCPE) les trouve plus fati-gué-es, moins réceptif-ves auxapprentissages. Peu importe si lesparents parlent des enseignant-es enles confondant avec les animateur-trices. Peu importe si les enseignant-es y perdent financièrement, en tempsde travail, en temps passé dans lestransports, en énergie dépensée poursauvegarder un semblant de cohé-rence. Peu importe si les personnelsde service et d’animation y perdentelles et eux aussi en qualité de travail.Peu importe si tous les projets alter-natifs quelque peu réfléchis ont étébalayés d’un revers de manchemonarchique par le DASEN sous pré-texte qu’il fallait laisser du temps autemps pour démontrer que la réformeadoptée était la bonne. Les élèvesabimé-es par les nouveaux rythmes ?Les salles de classes restituées en vracle lendemain ? Le privé, dispenséd’appliquer la réforme, qui fait leplein des inscriptions chez les parentsqui souhaitent garder la coupure dumercredi ? Tout va très bien, Madamela ministre, Madame la maire ! MerciMonsieur le DASEN !

èAilleurs en France ? Des demi-journées libérées de façon aléatoire,des poignées de minutes retirées desjournées d’école, des ateliers payants,une école privée qui se frotte lesmains ? Tout va très bien… Le coûtde cette réforme est énorme : effetsnuls sur les apprentissages et sur l’al-lègement du temps quotidien et heb-domadaire de l’enfant en collectivité,locaux souvent inadaptés aux loisirs(un milliard d’euros), faible participa-tion de l’État (400 millions d’euros) etrenforcement des disparités territo-riales. Mort et enterré, le caractèrenational et unifié de l’Éducation. À Dijon, le maire a bien compris qu’eninstallant les activités intéressantes àcheval sur le périscolaire, on pouvaitcontourner le cadre de la gratuité. Denombreuses écoles (Alfortville,Antilles…) sont passées de la gratuitéla première année à des activitéspayantes la seconde. Dans d’autrescommunes, rien n’est proposé d’autreque ce qui l’était déjà (Charenton) :parfois, on s’est contenté de réduire dequelques minutes la journée de classepour proposer… deux heures le mer-credi matin (Joinville-le-Pont) ! ÀBordeaux, Marseille… on a libéré unaprès-midi d’école, parfois de façonaléatoire pour que la commune "renta-bilise" ses équipes d’animation : quelintérêt pour les enfants ? Aucun ! Pourles personnels, les conséquencesnéfastes sont multiples : déstructurationdu temps de famille (comme à Mar-seille où, selon l’arrondissement derésidence et celui de travail, leshoraires diffèrent), pertes financières…La vaste enquête de l’UL CGT deCoulommiers indique que 92 % desenseignant-es jugent négatifs les effetsde la réforme et qu’ils sont plus gravesà la maternelle qu’à l’élémentaire. Ona cassé le lien social parents-école etles parents estiment que l’ambiance àla maison s’est dégradée avec une viede famille plus compliquée.

Et que dire du Rapport du Comité desuivi de la réforme des rythmes sco-laires critiquant cette réforme et sesapplications diverses et variées ainsique le mutisme des IA-DASENcontraint-es de taire les incohérencesde la mise en œuvre de la réforme ?

À la différence d’autres syndicats quise réveillent aujourd’hui, la CGTÉduc’action, avec les personnels duterrain, annonçait dès le début ceseffets pervers aux conséquences catas-trophiques pour les enfants et les per-sonnels. La réorganisation desrythmes scolaires doit se faire dans lecadre d’une transformation générali-sée de l’organisation économique etsociale. Tout changement des rythmesscolaires dépasse donc le cadre stricte-ment local et doit faire l’objet d’uncadrage national, en concertation avectous-tes les acteurs-trices concerné-es.Pour réussir une telle réforme, il fautconsidérer le rythme de l’enfant, celuides parents, des enseignant-es (endéconnectant leur temps de travail decelui des élèves), des divers "interve-nant-es" et des personnels territoriauxainsi que la responsabilité de chaquepartenaire sur chaque temps d’inter-vention et aussi les conditions maté-rielles nécessaires (gratuité, locauxadaptés, équipements suffisants…).Aucune réflexion ministérielle n’apermis d’envisager la question del’amplitude de la présence de l’enfanten collectivité ni la pertinence de lasuppression du zonage des vacancesscolaires (alternance stricte 7 semainesde travail 2 semaines de vacances) etencore moins la prise en compte de cequi occasionne vraiment de la fatiguechez les élèves (classes surchargées,temps de transport en zone rurale,APC inutiles…).

Plus que jamais la CGT Éduc’action continue de demanderl’abrogation des décrets Peillon/Hamon et invite les autres organisations syndicales à (re)construire la lutte. Il y a urgence.

Henri Baron

Rythmes scolaires : tout va très bien Madame la ministre…

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Collège

PEF 141 - mars 20166

C’était le principe et la raison d’êtrede cette réforme. C’était l’ur-

gence absolue. Oui, mais ça c’étaitavant… Après avoir concédé le maintiende l’enseignement des langues anciennessous la forme des enseignements decomplément, la ministre de l’Éducationnationale vient donc de faire marchearrière sur les sections bilangues.

¾Égalité ?

Alors que les classes bilangues étaientjugées trop élitistes au printemps der-nier, car ne concernant que 16 % deseffectifs, la ministre a choisi de céder àla frange la plus réactionnaire des oppo-sant-es à la réforme, tout en prenantsans doute acte des suppressions depostes qui en découleraient, en mainte-nant un grand nombre de classesbilangues dans certaines académies. Lediscours pseudo égalitaire de l’Institu-tion n’est définitivement plus tenablealors qu’elle applique elle-même l’iné-galité en sauvegardant toutes les classesbilangues dans l’académie de Paris,qu’elles sont maintenues à hauteur de30 % dans l’académie de Poitiers, Gre-noble, Rouen ou Lyon ou encorequ’elles disparaissent quasi totalementdans l’académie de Caen.

Comment le ministère peut-il encore, àl’épreuve des faits, maintenir un dis-cours égalitaire, alibi ultime de saréforme, pour masquer une volontépolitique et idéologique ? Les faits sonttêtus : dernière pierre de la loi de refon-dation de l’école, la réforme du collège,sous couvert de pédagogies différen-ciées, n’apporte aucune réponse pourpermettre une réelle démocratisation dusystème scolaire et au contraire accen-tuera la sélection sociale.

¾Démocratisation ?

Dans les établissements, l’arrivée desDHG semble confirmer ce que la CGTÉduc’action dénonce depuis l’annoncedu projet de réforme du collège. L’auto-nomie laissée aux chef-es d’établisse-ment pour l’utilisation de 20 % desmoyens horaires, se traduit sur le terrainpar de fortes disparités dans la chargede travail des équipes enseignantes et lafin de l’égalité de scolarité des élèves.Lorsque certaines équipes ont réussi àinstaurer un rapport de forces et à"détourner" les marges au profit detoutes et tous les élèves en imposant parexemple des dédoublements dans cer-taines disciplines, d’autres se sontengouffrées dans la coanimation d’Ac-compagnement Personnalisé (AP) et

d’Enseignements Pratiques Interdisci-plinaires (EPI). La promesse du "tout sera possible"avec les marges se transforme, "prin-cipe de réalité oblige", en d’obscurestractations, au mieux pour sauvegarderdes postes et éviter des sous-services,au pire pour financer ou maintenir lesdispositifs qui étaient condamnés à dis-paraitre avec la réforme.

¾Non, à l’autonomie des chef-fesd’établissement

Il ne faut donc pas s’y tromper ; si lesmarges, créées à moyens constants, per-mettent dans certains établissements degarder un certain statu quo en termes deservices ou de postes, il est à peu prèscertain que cette marge ne perdureraaprès 2017 que pour définitivementancrer dans les esprits l’autonomie deschef-fes d’établissement. On devineaisément qu’après cette date, la fin duservice public d’éducation pour tou-tesles élèves et la mort du collège uniqueseront actées.

C’est bien ça, le "collège égalitaire"…Plus que jamais, la mobilisation pourl’abrogation de la réforme doit s’am-plifier.

Christine Pau

Réforme du collège : le gouvernement n’est plus à un mensonge près !

¾Le mythe des "digital natives"L’APDEN s’emploie à transposer dansl’enseignement secondaire les avan-cées de la recherche en information-documentation afin de construire uneprogression des savoirs permettant auxfutur-es citoyen-nes de s’informer demanière critique. Cette démarcheconteste l’existence de digital natives,ces générations prétendument capablesde comprendre les outils d’informationde manière intuitive simplement parcequ’elles seraient contemporaines desévolutions technologiques.S’opposer à ce lieu commun impliqued’axer l’éducation à l’information etaux médias autour du concept de littéra-

tie (culture informationnelle). L’éduca-tion ne consiste alors pas à inculquerdes compétences que les élèves secontentent d’appliquer : on ne fabriquepas des utilisateur-trices "d’applis", desfutur-es salarié-es -ou des consomma-teur-trices- passif-ves destiné-es à sui-vre des procédures mais des individuscomprenant les mécanismes en œuvreet capables de les interroger.Nous touchons ainsi à l’aspect poli-tique de l’éducation : représente-t-elle une institution vouée à perpé-tuer la société ou un objet à part,capable de se transcender jusqu’àpermettre la remise en cause desmodèles ?

L’éducation aux médias et à l’information :

La CGT Éduc’action a participé au congrès de l’Association des Professeurs Documentalistes del’Éducation Nationale (APDEN,ex-FADBEN). Pas seulement parceque celui-ci avait lieu à Limoges,quelques jours après la commémo-ration de la naissance de la CGT(congrès de Limoges, 23 sept.1895)mais aussi parce que cette organisation professionnelle développe un projet en phase avec le nôtre : celui d’une école de l’émancipation 1.1 Pons, Pascal, Agir pour l’école : à quelprix ?, PEF 140, janvier 2016, p.26

La réforme du collège était censée offrir à chaque collégien-ne français-e exactement le même nombred’heures d’enseignement à raison de 26 par semaine.

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7PEF 141 - mars 2016

Lycée

Bilan des réformes des lycées...

Le ministère a lancé en novembre un grand cycle deréunions visant à dresser le bilan des réformes desLycées Professionnels (de 2009) et des Lycées Générauxet Technologiques (loi Châtel de 2010). Ces réunions,où sont conviées les organisations syndicales, vont s’échelonner sur tout le premier semestre 2016. Or, à la lecture des documents qui nous ont été fournispar le ministère dans ce cadre et suite aux premièresréunions, plusieurs constats s’imposent.

De façon générale, il n’y a aucune remise en question dela réforme dans ses principes. Le bilan porte sur l’orga-

nisation technique du lycée et les problèmes de mise enœuvre, mais les conséquences de l’autonomie des établisse-ments ne sont pas évoquées. Celle-ci, conjuguée à l’assou-plissement de la carte scolaire, produit inévitablement leurmise en concurrence. Cette logique de compétition accentuela ségrégation sociale et les inégalités scolaires qui y sontassociées, comme l’ont montré toutes les études (rappeléesnotamment dans les travaux de Pierre Merle, Michel Pinçonet Monique Pinçon-Charlot) au point que même l’OCDE atrouvé nécessaire de le signaler en 2014. Enfin, même l’Ins-pection Générale pointe le risque d’une accentuation des iné-galités entre les établissements.

Sur quoi le bilan de la réforme porte-t-il ?

La mise en œuvre de l’accompagnement personnalisé : leministère regrette la prédominance de renforcements discipli-naires au détriment des activités d’orientation et d’approfon-dissement et des initiatives de travail collectif entre ensei-gnant-es. Mais comment imaginer autre résultat en l’absencede concertation et l’impossibilité fréquente de travailler engroupes réduits ? Et que dire de l’absence de formation ? Leministère invoque une attitude volontariste sur ce plan... Maisoù sont passées ces formations ? Qui en a bénéficié ? Un

bilan assez similaire est dressé sur les Enseignements d’Ex-ploration (EE), en particulier dans les EE n’étant pas directe-ment arrimés à une discipline scolaire. Mêmes recettes,mêmes effets !

L’une des mesures portait sur la mise en place de passerellesentre séries et l’accès plus facile des élèves de Lycée profes-sionnel aux BTS. Or nous constatons que d’une part, peu demoyens spécifiques sont réellement alloués : parfoisquelques Heures Supplémentaires Effectives, souvent uni-quement dans les disciplines "clefs" de la série. Quelquesheures d’AP en terminale professionnelle qui sont largementinsuffisantes pour permettre une mise à niveau réelle pour leBTS. Le bilan se borne à constater que ces dispositifs restentrares...

Enfin, l’arrivée des épreuves en cours d’année de langue enTerminale n’est pas sans poser les mêmes problèmes queceux que nous avons connus en lycée professionnel avec lesCCF... mais là encore, tout est résumé à quelques difficultésde mise en route.

En tout état de cause, c’est un nouveau "bilan" qui cacheencore une fois les cadavres dans le grand placard de l’Édu-cation nationale, sous-entend que la réussite de cette réformereposera sur l’énergie que sont prêts à y mettre les personnelset nie la souffrance qu’elle a pu produire sur certains d’entreeux, en STI en particulier. C’est pourquoi la CGT Éduc’action ne participera pasaux prochaines réunions de ce pseudo bilan.

Rémy Reynaud

... Une mascarade qui continuera sansla CGT Éduc’action

¾Une mission de plus

Le congrès de la FADBEN réunissaitquasi-exclusivement des enseignant-esdocumentalistes. Pour autant, l’appari-tion d’une Éducation aux Médias et àl’Information (EMI) est présentée dansles textes comme l’affaire de tou-tes lesenseignant-es.Le calcul est très simple. Le ministèrese trouverait devant un programmecolossal de recrutement d’enseignant-es documentalistes si ceux/celles-cidevaient assumer seul-es ce nouvelobjet pour lequel ils/elles sont effecti-vement formé-es.

¾Remplacer les enseignant-es pardes ordinateurs

La signature d’un partenariat entre leministère de l’Éducation nationale etMicrosoft intervient dans un contexteoù la technologie est présentée commeune alternative à l’intermédiationhumaine. La position particulière du/dela professeur-e documentaliste le/lasitue en première ligne pour observerles velléités de casse du service publicd’éducation. Une EMI basée unique-ment sur la maîtrise technique desoutils, préfigure d’un avenir sombrepour les enseignant-es : un modèled’éducation confiée à des machines.

Nous avons été témoins durant cecongrès du foisonnement des questionsinfodocumentaires s’emparant del’école. Au vu des enjeux, il semblesouhaitable que la CGT Éduc’action etl’APDEN approfondissent leurs échan-ges. Nous ne pouvons que nous retrou-ver sur une EMI fondée sur laconstruction d’un esprit critique. Demême, un collectif de professeur-esdocumentalistes s’est crée cette annéeau sein de la CGT Éduc’action afin deréfléchir à ces problématiques suscepti-bles désormais de concerner l’ensem-ble de la profession.

Nicolas Oriol

l’affaire de toutes et tous ?•••

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Enseignement pro.

PEF 141 - mars 20168

Apprentissage : HALTE au matraquage !

Il ne se passe plus une journée sans qu’il y ait de lapart d’un patron, d’un-e ministre ou d’un-e président-ede région une déclaration sur la nécessité de dévelop-per à tout va l’apprentissage.

Cela fait des mois que cela dure et pourtant le nombred’apprenti-es en CAP et en Bac Pro n’a cessé de

diminuer, malgré les aides financières accordées par l’Étatet les Régions. L’apprentissage n’est pas LA réponse auxproblèmes d’emploi, ni aux problèmes de formation pro-fessionnelle. En pourcentage, il y a plus de ruptures decontrats d’apprentissage que de décrochages d’élèvessous statut scolaire. Malgré cette réalité indiscutable,MEDEF et gouvernement continuent de s’attaquer auxformations délivrées dans les LP en les dénigrant parceque soi-disant inadaptées au marché de l’emploi. C’estFAUX. La formation professionnelle n’est pas responsa-ble des millions de chômeur-ses, c’est un problème écono-mique. Ce que veut le patronat c’est reprendre en maintout le processus de formation professionnelle pour mieuxl’adapter à ses besoins immédiats. Pour cela, le choixd’un-e patron-ne de signer ou non le contrat d’apprentis-sage d’un-e jeune fait partie de cette stratégie. Commecelui de mieux contrôler le contenu des diplômes profes-sionnels à travers une mise sous tutelle des CPC, lesCommissions Professionnelles Consultatives.

Devant les difficultés à augmenter le nombre de contratsd’apprentissage et à ouvrir des classes entières d’apprenti-es dans les CFA, les Régions cherchent à imposer dans lesLycées pro des sections mixtes élèves/apprenti-es, en yintégrant aussi des stagiaires de la formation continue.C’est toute la logique des lycées des métiers. En Ile-de-France par exemple, les déclarations de Valérie Pécresse,nouvelle présidente de la Région, devant une assembléede directeur-trices de CFA sont sans ambiguïté, elle veuttout mixer, développer les contrats d’apprentissage au seindes EPLE en mélangeant tous les statuts, y compris endemandant la fusion des contrats d’apprentissage (forma-tion initiale) et des contrats de professionnalisation (for-mation continue).

Peu importe l’impossibilité pour un-e enseignant-e à gérerréellement et correctement ces situations, ce qu’il fautc’est arriver à introduire durablement l’apprentissage dansles LP. L’objectif à moyen terme est d’arriver à faire sortirla formation professionnelle initiale du contrôle du minis-tère de l’Éducation nationale. Les Régions se sont déjàdéclarées prêtes à la récupérer entièrement.

Nous devons résister et empêcher de laisser détruire cequi a été arraché par les luttes. La voie professionnelledoit rester sous la responsabilité du ministère de l’Édu-cation, ses élèves comme ses personnels.

Le ministère prépare une nouvelle circulaire sur l’organisation des Périodes de Formation en MilieuProfessionnel (PFMP) dans les cursus CAP et Bac Propour application à la rentrée 2016.

La dernière datait de juin 2000. Cette circulaire repren-dra les dispositions juridiques de la loi du 10 juillet

2014 relative au développement, à l’encadrement desstages et à l’amélioration du statut du-de la stagiaire. Figu-reront en annexe un certain nombre de documents commeune convention-type, l’annexe pédagogique, financière,l’attestation de stage et un document permettant l’évalua-tion par l’élève de sonaccueil dans l’entreprise. Pasde grands bouleversementsvis-à-vis de la pratiqueactuelle. Malgré la demandede la CGT et d’autres organi-sations syndicales, commeSUD ou la FSU, il n’est pasprévu de réduction de cespériodes, le ministère n’y estpas favorable. La durée deformation en lycée resteradonc largement amputée après la réforme du Bac Pro 3ans et les difficultés de recherche de lieux de stage toutaussi prégnantes. Une semaine préparatoire à la premièrePFMP est prévue en classe de seconde Pro et de CAP.Cette semaine pourra être organisée sur le temps scolaireou prise sur la durée de PFMP elle-même, n’aggravant pasainsi, à nouveau, la perte d’heures d’enseignement.Chaque élève se verra attribué-e un-e professeur-e réfé-rent-e dont la signature sur la convention ne devra enaucun cas correspondre à un engagement vis-à-vis de res-ponsabilités pénales. La CGT est fortement intervenue surce point.

Enfin les pôles de stages, créés par la circulaire du 26 février2015, devraient se développer dans les académies. Ils ontpour mission de renforcer l’équité d’accès aux PFMP et d’enaméliorer la qualité. On peut toujours y croire…

L’ONISEP a développé le site "monstageenligne" pour lesélèves, les enseignant-es et des entreprises, devant facili-ter la mise en relation entre offres et demandes de stages.

On peut craindre que ces différents dispositifs ne réus-sissent pas à résoudre les difficultés actuelles deséquipes pédagogiques pour trouver le nombre suffi-sant d’entreprises accueillant, dans des conditionspédagogiques satisfaisantes, les centaines de milliersd’élèves concerné-es.

Articles : Alain Vrignaud

PFMP... rien de vraiment nouveau

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9PEF 141 - mars 2016

Formation pro.

GRETA : retour à la case départ...

À quand un véritable statut pour les personnels ?

Les personnels GRETA sont suspen-dus aux discussions, à la fois sur laloi de déontologie et le projet de loiEl Khomri.

Suite à l’arrêt du Conseil d’État dedécembre 2015, la CDIsation des

formateur-trices GRETA et des CFAn’est plus de droit après six ans d’exer-cice en CDD. En effet, le dernier alinéade l’article 6Bis de la loi 84-16 dit queles formateur-trices mettant en œuvreun programme de formation, d’inser-tion, de reconversion professionnelleou de formation professionnelle d’ap-prentissage sont exclu-es du dispositifde CDIsation.

En réaction à cet arrêt, la CGT

Éduc’action a obtenu de toute l’inter-syndicale GRETA qu’elle signe uncourrier demandant à la ministre del’Éducation de porter un amendementpour la suppression de cet alinéa. Lapossibilité existait dans la loi de déon-tologie en débat au Parlement à cemoment-là.

De son côté, la CGT a sollicité diffé-rent-es sénateur-trices pour porter unamendement identique. Lors de sonexamen au Sénat, l’amendement portépar les sénateur-trices PCF, PS etEELV a été rejeté par la commissiondes finances au motif de l’article 40de la Constitution qui ne permet pasde mettre en place des lois qui aug-mentent le budget de l’État. Mais le

gouvernement a porté le même amen-dement et il est, lui, non soumis auxmêmes règles. Il devrait donc êtreréexaminé en Commission ParitaireMixte fin mars et adopté !

Pour autant, le ministère a profité decette incertitude pour rédiger deuxarticles de loi qu’il veut inclure dansle projet de loi El Khomri.

Précarisation

Si la première partie des articles doitpermettre la CDIsation des agent-esrecruté-es pour la formation continue,le souci vient de la deuxième partiedes articles, qui doit permettre l’em-ploi d’agent-es contractuel-les de caté-gorie B et C en CDI sur des emploispermanents à temps complet, alorsque la loi 84-16 l’interdit dès lorsqu’un corps de fonctionnaire existe.L’extension du dispositif à l’enseigne-ment supérieur est encore plus problé-matique puisqu’il tendrait à un régimedérogatoire en matière d’utilisationd’emplois précaires, potentiellement àtoutes les universités.

Par ailleurs, ce dispositif permettrade faire fonctionner de façon perma-nente les GRETA avec des emploisprécaires de droit public et les rendreplus "compétitifs" dans un système deformation continue concurrentiel.

Cette partie de l’article est donccontraire à l’esprit de la loi 84-16 et àla revendication d’un véritable statutpour les personnels de la formationcontinue, qui est in fine la revendica-tion première que nous portons. Unbel exemple de régression encore unefois pour les salarié-es !

Quand donc l’État admettra-t-ilque la Formation, tout commel’Éducation, ne sont pas des valeursmarchandes et qu’elles doivent êtreassumées de manière pleine etentière par l’État, sur le budget del’État ?

Articles : Catherine Prinz

» Sexisme dans l’enseignement professionnel ?

L’enseignement professionnel présente toujours une morphologie trèssexuée de ses spécialités. Les filles sont moins nombreuses (43,7 %) dans

le baccalauréat professionnel que dans les bacs généraux et technologiques.

L’appartenance de sexe continue de peser sur l’orientation et l’avenir profes-sionnel. Pourtant des études tendent à démontrer que l’élévation du niveau deformation et de qualification a profité aux filles non sans reposer sur un para-doxe : les filles réalisent de meilleurs parcours scolaires et sont plus diplô-mées que les garçons mais elles s’engagent dans des filières moins rentablesprofessionnellement et perdent ainsi une partie du bénéfice de leur meilleureréussite scolaire.

Les filles sont plus présentes dans les secteurs de la santé (93 %), les spécia-lités plurivalentes sanitaires et sociales (89 %), les filières tertiaires et cellesde la coiffure, de l’esthétique et des services à la personne (88 %). Elles repré-sentent 64 % des candidat-es au bac pro dans le secteur des services, contreseulement 14 % dans celui de la production !

Cependant l’inégalité hommes/femmes sur le marché du travail est peut-êtreen passe de s’inverser… Après 5 ans de vie active, les jeunes femmes ontmoins de risque d’être au chômage. L’explication de cette tendance se trouveprincipalement dans la perte massive des emplois dans les grands secteurs del’industrie, mais aussi par le fait que les femmes sortent aujourd’hui plusdiplômées que les hommes (47 % des femmes diplômées du supérieur contre34 % des hommes).

Cependant si les femmes accèdent à l’emploi plus facilement, leurs condi-tions restent en-deçà de celles des hommes, même à diplôme équivalent. Lesécarts se mesurent à la fois dans la quotité, le salaire et la nature du contrat.Elles occupent davantage des emplois dans des professions et des secteurspeu règlementés où la reconnaissance professionnelle est faible !

L’inégalité persiste donc et l’objectif est bien entendu de voir progresserà la fois le taux d’emploi et la qualité de ce dernier pour nous les femmes !

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PEF 141 - mars 201610

Personnels Administratifs Sociaux, de Santé et de Laboratoire

Contre l’accord de "modernisation"PPCR !

Cet accord, imposé aux personnelsavec la complicité de syndicats

minoritaires qui se font les relais syndi-caux de la propagande gouvernementale,se situe dans le cadre fixé par le gouver-nement : 18 milliards d’économies d’ici2017 pour l’État, gel des salaires, écono-mies en personnel, lois de décentralisa-tion, réforme territoriale, ...

Mais cet accord n’aurait pas dû s’appli-quer car les syndicats qui représententmajoritairement les personnels (CGT,FO et Solidaires) ne l’ont pas validé etpour cause.

èRémunérations : des "améliorations" trompeuses

• La CGT ne peut accepter (sous pré-texte d’un saupoudrage pécuniaire déri-soire) que les carrières soient allongéesavec en fait un ralentissement desrythmes d’avancement (on reprend desdeux mains ce qu’on a accordé d’une...).Ainsi, par exemple, une carrière com-plète au premier grade de la catégorie Ase solderait par un gain mensuel de l’or-dre de 40 € !) ... mais au prix d’une car-rière plus longue et d’un avancementréduit.• La CGT ne peut accepter un finance-

ment … renvoyé ... au prochain quin-quennat : les mesures annoncées s’éche-lonneraient entre 2017 et 2020 !• La CGT ne peut accepter et donner sonaccord sur la poursuite du gel du pointd’indice : les mesures contenues dans leprotocole PPCR valent surtout confir-mation de la poursuite du gel du pointd’indice d’ici 2017 et au-delà.

èLes PPCR 1 contre le statut

• La CGT ne peut accepter les disposi-tions PPCR qui préparent une violenteattaque contre le statut général, les sta-tuts particuliers des corps de fonction-naires et qui s’inscrivent comme une tra-duction de l’offensive Valls/Macroncontre la fonction publique (récentesdéclarations de Macron contre les fonc-tionnaires).• La CGT ne peut accepter un manage-ment des ressources humaines qui sefasse contre les règles statutaires de lafonction publique de carrière : à l’op-posé des règles statutaires nationales (etde l’égalité de traitement qui endécoule), le protocole promeut ainsi ...l’individualisation des carrières.1 Parcours Professionnels, Carrières et Rému-nérations

» Catégories B(SAENES 1, Technicien-nes) : application de la nouvellegrille au 1er janvier 2016

En 2018 (deux ans avant la fin globale du plan), le salaire minimum de la catégorie B passera de l’indice majoré 326(1 509 € mensuels bruts) à l’indicemajoré 343 (1 588 € mensuelsbruts).

Le salaire du sommet de la caté-gorie B passera de l’indice

majoré 562 (2 602 € mensuels bruts)à l’indice majoré 587 (2 718 € men-suels bruts). Le gain indiciaire mensuel moyens’établira à 97 € mensuels bruts.Sans être mirobolante, l’améliora-tion est cependant plus significativeque pour la catégorie C. Le sommet du premier grade passede l’indice majoré 486 à l’indicemajoré 503 (17 points), et le som-met du deuxième grade passe de515 à 534 (soit 21 points).Le minimum de la catégorie B étantalors à 343 majoré et celui de lacatégorie C à 330 majoré.

èIntégration des primes dansle traitement

Depuis des années, la CGT reven-dique l’intégration des primes ayantun caractère de complément salarialdans le traitement brut.C’est la première fois que cettedemande est prise en compte depuis40 ans.Mais le niveau de cette intégration(4 points pour la catégorie C, soit18,52 € bruts mensuels, 6 pointspour la catégorie B, soit 27,78 €bruts mensuels et 9 points pour lacatégorie A, soit 41,67 € bruts men-suels) ne répond pas à la revendica-tion CGT.La CGT avait proposé que "cette pre-mière étape" soit portée à 10 pointspour tous et toutes.Il y aura gain indiciaire pour lesagent-es n’ayant pas de régimeindemnitaire et donc un gain net de

pouvoir d’achat. ...

Les syndicats minoritaires dans la fonction publique vantent cet accord pourtantimposé au forceps par Valls et ce en dépit de la loi sur la représentativité syndi-cale. Le gouvernement piétine ainsi la démocratie sociale et ses propres textespourtant issus d’un accord acté par la loi sur la représentativité.

Articles : Magali Giorgetti, Chrystelle Rissel et Geneviève Vaniglia

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11PEF 141 - mars 2016

Personnels Administratifs Sociaux, de Santé et de Laboratoire

... Précisons que pour les futur-esretraité-es, le gain pour une pensioncomplète sera de 14 € mensuels encatégorie C, 21 € en catégorie B et31 € en catégorie A.

èLa durée du plan

Il ne peut y avoir d’ambiguïté :même raccourcie de deux ans parrapport aux propositions initiales(2016 à 2020 contre 2022 aupara-vant), la durée du plan et son caden-cement posent de sérieux problèmeset suscitent de grandes réserves.De fait, les premières mesuresimportantes, concrètes et positivessont renvoyées à 2017, autrementdit après quatre années entièresd’austérité pour les agent-es de lafonction publique. Un gouverne-ment véritablement attaché au pro-grès social et à la fonction publiqueaurait, au plus tard après une longuenégociation, pris des mesures bienavant.Ensuite, une incertitude évidentepèse sur les années postérieures à2017. La négociation PPCR aurait dû êtrel’occasion, comme l’a réclamé laCGT, d’une refonte totale et ambi-tieuse des grilles indiciaires et desdéroulements de carrière. L’aug-mentation de la valeur du point d’in-dice aurait permis de répondre àl’exigence et à l’urgence d’une aug-mentation des traitements dans lafonction publique. Au lieu de cela, le gouvernementpropose des mesures qui sont loinde faire le compte, au regard despertes occasionnées en particulierpar le gel de la valeur du point d’in-dice.

La CGT Éduc’action reven-dique une augmentation uni-forme de 90 points d’indice(soit plus de 400 euros) etaucune rémunération infé-rieure à 2 200 euros (soit 1 800euros net) pour l’ensemble despersonnels.

1 Secrétaire d’Administration de l’ÉducationNationale et de l’Enseignement Supérieur

Ordre infirmier : TRAHISON !

Marisol Touraine, ministre des Affaires Sociales et de la Santé, qui s’était engagéeà rendre facultative l’adhésion à l’Ordre National Infirmier (ONI), a tourné défi-nitivement le dos aux infirmier-ères hostiles à une adhésion à l’ONI.

La ministre a fait volte-face en faisant adopter par les député-es une loi rejetantl’adhésion facultative (la rendant ainsi obligatoire) aux ordres professionnels.

Elle a choisi délibérément de défendre cette structure rétrograde contre l’intérêt destravailleur-ses en justifiant, lors du débat parlementaire : "Il serait par ailleurs para-doxal de supprimer l’ordre des infirmiers alors même que la loi de modernisation denotre système de santé crée un exercice en pratique avancée et que notre paysaccueille de plus en plus d’infirmiers étrangers dont l’authentification du diplôme nepeut être validée que par l’ordre des infirmiers. Les députés ayant rejeté l’amendementde suppression de l’ordre des infirmiers qui lui était soumis en deuxième lecture duprojet de loi de modernisation de notre système de santé, la pérennité de l’ordre estacquise". Faux ! Le Haut Conseil des Professions Paramédicales (HCPP) a pour mis-sion de promouvoir une réflexion interprofessionnelle sur les conditions d’exercice,l’évolution des métiers, la formation et les diplômes, la place des professions para-médicales dans le système de santé. L’ordre infirmier a vocation à devenir un repré-sentant de la profession et un interlocuteur pour les pouvoirs publics. En même tempsqu’elle renforce les ordres, la loi porte un mauvais coup aux organisations syndicales,en affaiblissant considérablement la démocratie sociale.

Ce revirement scélérat met en difficulté les 80 % des infirmier-ères à qui laministre avait assuré que l’adhésion ne serait pas obligatoire et qui n’avaientpas intégré "les ordres" !

Dans la foulée, le code de déontologie est présenté le 4 février 2016 au HCCP et ledécret devrait être publié d’ici l’été.

Didier Borniche, président de l’ordre national infirmier, se félicite : "Chaque infir-mière devra prêter serment sur le code. En d’autres termes, attester qu’elle en a prisconnaissance et qu’elle s’engage à le respecter dans sa vie professionnelle. C’est unélément moral très fort qui existe pour toutes les professions réglementées" ... Et pour-quoi pas nous remettre la cornette sur la tête !

Ce code s’inscrit également dans le cortège des dispositions liberticides : "L’infirmiers’abstient, même en dehors de l’exercice de sa profession, de tout acte de nature àdéconsidérer celle-ci. En particulier, dans toute communication publique, il doit fairepreuve de prudence dans ses propos et ne mentionner son appartenance à la profes-sion qu’avec circonspection". Sera-t-on hors la loi si, dans quelques semaines, nouscontinuons à dénigrer et à se battre contre l’ordre national infirmier ?

Les infirmier-ères demandent plutôt, et avec raison, une véritable reconnais-sance de leur profession par une revalorisation salariale, une hausse des effectifset une augmentation des moyens, garantes de l’amélioration de leurs conditionsde travail.

La CGT, fortement mobilisée contre la mise en place de l’ONI, considère l’insti-tution inutile et illégitime, notamment en matière de déontologie. Pour répondreaux besoins de représentation et de réflexion sur la profession infirmière, il fautrenforcer les pouvoirs du HCPP.

Soulignons toutefois que le Conseil d’État, dans son arrêt n°381203 du 3 février 2016confirme que l’inscription sur les listes ADELI (Automatisation DEs Listes) 1 n’estpas conditionnée par l’adhésion à l’ordre national infirmier.

Une petite étincelle pour continuer à lutter, avec la CGT, contre toutes les organisa-tions ordinales.

Sandrine Sconamiglio1 Les professionnels de santé actifs, ayant une autorisation d’exercice légal de leur professionsont recensés dans le répertoire ADELI

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PEF 141 - mars 201612

Non-titulaires / ESPE

Ce diplôme sera celui qui sera désormais exigé pour lerecrutement des personnels qui accompagnent les

élèves en situation de handicap (AESH). Il permettrad’être embauché-e en CDD ou en CDI AESH. Rappelonsque la CGT Éduc’action revendique la création d’un véri-table métier statutaire sur ces missions.

Ce diplôme est de niveau V (CAP-BEP), contre l’avis dela CGT qui militait pour un diplôme de niveau IV (Bac).Le niveau de rémunération restera donc très faible.

Ce diplôme ne concerne pas que les élèves en situation dehandicap puisque les titulaires de ce diplôme pourrontintervenir auprès d’adultes ou personnes vieillissantes.

De fait, il est en réalité lafusion des diplômes existantsde niveau V : DEAMP 1 etDEAVS 2 . Trois terrains d’interventionsont donc prévus :

• accompagnement de la vie à domicile,• accompagnement de la vie en structure collective,• accompagnement à l’éducation inclusive et à la vieordinaire.

Le diplôme peut s’obtenir par la voie de la formation oupar la voie de la Validation des Acquis de l’Expérience(VAE). Les candidat-es seront soumis-es à des épreuvesd’entrée, organisées par les établissements de formation,avec une épreuve écrite d’admissibilité et une épreuveorale d’admission. La formation en elle-même comporte

504 h de formation théorique,une période de choix de sa spé-cialité (7 h) et des temps devalidation de l’acquisition decompétences (14 h). Elle com-prend 378 h en commun et147 h de spécialités. Enfin, laformation comprend 840 h deformation pratique. L’amplitudede la formation est de 12 à 24mois selon l’expérience profes-sionnelle et les diplômes déjàdétenus par les candidat-e-s. Lavoie de la VAE est plus particu-lièrement destinée aux person-nels actuellement en CUI.

Les titulaires actuel-les d’unDEAMPou d’un DEAVS aurontun certain nombre de dispenses,les diplômes étant proches. Lespersonnes actuellement enga-gées dans la préparation de cesdeux diplômes poursuivront leurformation. Des formations com-plémentaires pourront être pro-posées afin de les rapprocher dunouveau diplôme.

1 Diplôme d'État Aide Médico-Psycho-logique2 Diplôme d'État Auxiliaire de VieSociale

» Formiris : les années se suivent et se ressemblent

Formiris est la Fédération des Associations pour la Formation et la promotionprofessionnelles dans l’Enseignement catholique.

Extrait de l’intervention de Charlotte Matyja, co-secrétaire générale du SNEIP-CGT, lors de l’AG de Formiris en février 2016 :

"Cela fait maintenant trois ans que la CGT [dénonce] la part insuffisante dédiée à laformation au regard des subventions globales allouées par le ministère. Trois ans quenous demandons, et l’an passé d’autres syndicats l’ont fait aussi, que les rembourse-ments de frais des stagiaires (hébergement et déplacement) soient davantage et plusrapidement faits. Et depuis trois ans, nous constatons que Formiris thésaurise, placede l’argent public à hauteur de 12 millions.Cette année, les remboursements de frais des stagiaires ont baissé de 100 000 euros,alors que dans le même temps les postes d’appel au personnel externe, sous traitance(une nouveauté dans les comptes cette années), réparations et maintenance explosent ! L’association Gabriel, qui l’an passé suscitait notre inquiétude, fait l’objet d’uneconvention de plus de 150 000 €, sans parler de la créance passée de 123 000 € à195 000 € : à quoi a servi cet argent ? Aucun bilan réel n’est fait dans le rapport d’activité. Cet annuaire géant est-il opéra-tionnel ? Pourquoi coûte-t-il si cher ? Etait-il réellement justifié pour Formiris ? Enquoi la fédération chargée par le ministère de la Formation initiale et continue des per-sonnels enseignants a-t-elle besoin d’un tel outil ? […]Bien que Formiris n’y ait pour le moment pas de billes (mais tout est possible au vu del’exemple de Gabriel), je dirais tout de même un mot de l’application Phare mise enplace récemment par le SGEC car cela entre pour nous dans une même logique demarchandisation. L’enseignement catholique n’est pas là pour traiter les enseignant-es, les élèves et leurs familles ou l’enseignement public comme des "atouts" pour lespremiers, "cibles" ou "marché" pour les seconds, "menace" enfin pour le troisième.Est-ce cela qui va être insufflé dans les formations et les établissements ? Est-ce cettevision de l’école qui va être diffusée par Formiris ?L’enseignement et la formation sont des sujets bien trop importants pour être traitéscomme des marchandises. […]". Page : Matthieu Brabant

AESH : enfin le diplôme !

Le décret 2016-74 et l’arrêté correspondant du 29 janvier 2016 créent le diplôme d’État d’accompagnant éducatif et social.

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13PEF 141 - mars 2016

D o s s i e r . . .

Et nous les femmes, on en est où ?

Ce titre un peu provocateur vise à interpeller tous les lecteurs et toutes les lectrices du Perspectives. Bien souvent dans notrelangue, le masculin est utilisé pour désigner les femmes et les hommes. Les rédactrices de ce dossier inversent ce phéno-mène d’invisibilité langagière pour interroger nos représentations. D’abord, elles identifient la réalité des inégalités sala-riales pour en analyser les causes (p. 13 et 14). En ce qui concerne nos métiers, elles se demandent comment changer l’école(p. 17), notamment dans les manuels scolaires (p. 14), quelles pourraient être des pédagogies féministes (p. 16) mais encoreen quoi l’éducation à la sexualité est politique (p. 15). Les rédactrices situent aussi la question dans le cadre de la vie syn-dicale et témoignent d’expériences et d’analyses en tant que militantes CGT. (p. 18). En bénéficiant des avancées obtenues notamment par les institutrices qui, les premières, se sont battues contre le "salaireféminin" (salaire de soutien), mais aussi des luttes de toutes les organisations féministes, jusqu’à celles de la collective, ausein de la CGT Éduc’action, à la CGT, nous voulons toutes et tous que cessent toutes les formes de domination, pour unmonde plus juste.

Pauline Schnegg

Dans l’Éducation nationale et dans la fonction publique en général, l’idée répandue est qu’il y a forcément égalité salarialeentre les femmes et les hommes puisque les statuts des personnels sont cadrés par des textes qui n’instaurent aucune dis-

crimination. Les salaires sont définis par des grilles de rémunérations et les règles de déroulement de carrière sont identiquesentre les hommes et les femmes. Pourtant, il existe bel et bien des inégalités de revenus, de déroulement de carrière et deconditions de travail entre les femmes et les hommes.

Inégalités de revenus

Ainsi chez les personnels enseignants, le salaire net moyen des hommes est supérieur environ de 10 % à celui des femmes etde 35 % % chez les autres personnels.Le régime indemnitaire est défavorable aux femmes, ce qui explique une partie des écarts de rémunérations : par exemple leshommes perçoivent en moyenne 29 % de primes de plus que les femmes dans le second degré et l’écart de primes est de59 % entre les hommes et les femmes pour les professeur-es des écoles. Les femmes sont également pénalisées dans leur carrière : seulement 3,7 % des professeur-es des écoles (contre 22,9 % desPLP ou 19,9 % des certifié-es) atteignent la hors classe alors qu’il s’agit d’une profession féminisée à 82 %. Mais les femmes dans l’Éducation nationale sont aussi victimes du fameux "plafond de verre". Elles représentent 70,6 %du personnel et pourtant elles sont sous-représentées dans les postes les plus rémunérés (seulement 27,4 % parmi les secré-taires généraux-ales et recteurs-trices ! mais 86 % dans la catégorie C).Enfin elles sont plus souvent soumises à des contrats précaires (près de 2/3 des personnels d’assistance éducative sont desfemmes sur des contrats mal payés et limités dans le temps) et le temps partiel plus ou moins choisi les touche prioritairement(19,3 % des femmes et 9,9 % des hommes travaillent à temps partiel).

Toutes ces inégalités s’accentuent tout au long de la carrière et ont des incidences sur le pouvoir d’achat et la pension deretraite.

La CGT Éduc’action a pu faire un état des lieux sur tous ces thèmes et avancer des propositions pour revendiquer l’égalitésalariale lors de sa journée d’étude à Montreuil le 10 décembre. Parmi les revendications déjà portées par la CGT Educ’action : l’intégration des primes et indemnités dans le traitement indi-ciaire, la suppression de la hors-classe remplacée par une grille de quatorze échelons, la prise en compte du congé maternitédans le déroulement de carrière.La réflexion se poursuit afin de permettre aux militant-es de la CGT Éduc’action de prendre en compte cette question et d’in-tervenir syndicalement à tous les niveaux.

Nadine Castellani Labranche

¾ La CGT Éduc’action revendique l’égalité salariale !

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PEF 141 - mars 201614

Dossier

¾ Les stéréotypes dans les manuels scolaires

Certes, des progrès ont eu lieu depuis la recherche desannées 80 intitulée : "Papa lit et maman coud". Mais,

en 2012, Marie Curie, deux prix Nobel tout de même, estprésentée ainsi dans une légende de photo 1 : "Marie Curiea longtemps été associée aux travaux de son mari, PierreCurie". Dans les ouvrages de lycée étudiés entre 2011 et2013, 5 % des auteur-es de textes littéraires sont desfemmes et seulement 3 % des biographies historiques leursont consacrées.

La dernière publication 2 du Centre Hubertine Auclert por-tant sur vingt-deux manuels de lecture en CP, publiésentre 2008 et 2015, montre combien le chemin vers l’éga-lité est encore long. À moins d’être une princesse ou une sorcière (pas unereine ou une magicienne), la sous-représentation desfemmes est criante (39 %). Le genre masculin considérécomme universel gomme leur existence. Les métiersféminins ne sont pas conçus comme des réalités profes-sionnelles, mais comme des exemples grammaticaux,puisqu’ils sont construits à partir du métier masculin parl’ajout d’un préfixe. Les filles restent le plus souvent cantonnées à la sphère •••

¾ "Pourquoi les femmes sont-elles moins bien rémunérées que les hommes dans les trois fonctions publiques ?"

Pour les titulaires de la Fonction Publique : "les agents masculins per-çoivent, en moyenne, en 2010, une rémunération mensuelle totale nette

(indemnités, primes comprises) supérieure de 18,9 % à celles de leurshomologues féminins, soit 365 euros de plus par mois". - 22,7 % dans laFonction Publique d’État (FPE), 17,5% Fonction Publique Territoriale(FPT), 6,6% dans la Fonction Publique Hospitalière (FPH).

La ségrégation professionnelle est notée comme la "première source del’écart de rémunération au sein de la FPE et de la FPT", qu’elle soit hori-zontale (entre ministères) ou verticale.

L’attribution des primes et indemnités, dans la FP "renforce le poids de laségrégation professionnelle dans l’écart de rémunération entre femmes ethommes". Les différences de temps de travail constituent l’une des deuxprincipales sources de l’inégalité salariale. Enfin, "à âge égal, localisationdu poste, temps de travail, grade et primes identiques, les hommes perçoi-vent encore des salaires supérieurs à ceux des femmes (35 euros/mois dansla FPE)".

Même si l’axe 2 du protocole d’accord Parcours Professionnels, Carrièreset Rémunérations (PPCR), intitulé "Améliorer la politique de rémunéra-tion de la fonction publique", prévoit de conduire une action "afin de cor-riger les écarts constatés" et de "clarifier le paysage indemnitaire…notamment au regard de l’égalité entre les femmes et les hommes", ilconvient surtout de supprimer tout acte discriminatoire.

Pour la CGT qui n’a pas signé le protocole :"Parmi les causes identifiées des écarts de rémunérations entre les femmeset les hommes, figure le fait que femmes et hommes n’occupent pas lesmêmes emplois pour la grande majorité d’entre eux. Dans la Fonctionpublique, des filières, des corps et/ou des cadres d’emplois sont effective-ment à prédominance féminine (ou masculine). Or, globalement, cesemplois/filières à prédominance féminine sont sous-valorisées, y com-pris à qualification, et diplôme égaux. C’est ce qu’il convient de démon-trer et de supprimer".

Marie Buisson et Nadine Castellani Labranche

¾1972 - La loi prévoit "un salaire égalpour un travail de valeur égale" (et pas seu-lement "à travail égal, salaire égal").

¾1983 - La loi affirme : "sont considéréscomme ayant une valeur égale les travauxqui exigent des salariés un ensemble com-parable de connaissances professionnellesconsacrées par un titre, un diplôme ou unepratique professionnelle, de capacitésdécoulant de l’expérience acquise, de res-ponsabilités et de charge physique ou ner-veuse".

¾2001 - La loi du 9 mai oblige à introduirel’égalité dans toutes les négociations, ycompris dans les négociations de branchesur les classifications professionnelles.

¾2013 - Le protocole d’accord du 8 marsentend "mener une politique volontariste desuppression des inégalités salariales entreles femmes et les hommes", dans la FP :"...la situation des filières fortement fémi-nisées et des écarts de rémunérations quipeuvent être constatés avec des filièresplus mixtes ou plus fortement masculinessera examinée à situation juridique égaleet qualification égale".¾2014 - Le conseil économique, social etenvironnemental préconise que : "le prin-cipe de traitement égal pour travail devaleur égale soit appliqué dans les grillesde rémunération et le régime indemnitairede la Fonction publique".

C’est ainsi que le CEE (Centre d’Études de l’Emploi) a intitulé son étude rendue en janvier 2016. Le constat estsans appel : "les inégalités de salaire ne se sont pas réduites au cours des années 2000", malgré les lois ou accordsqui se sont succédés (voir encart) pour y remédier.

Loin de promouvoir la culture de l’égalité entre lesfemmes et les hommes, toutes les études montrent queles manuels scolaires véhiculent toujours de nombreuxstéréotypes et invisibilisent les femmes.

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Dossier

¾ La prévention des violences sexistes pour changer de société

Au début du siècle dernier, elleavait la forme d’une information

dans l’école dans sa version morali-satrice, préconisant l’abstinencesexuelle et la préparation à la mater-nité pour les jeunes filles. Pendantdes décennies, les cours d’éducationsexuelle (orientés sur la biologienotamment celle de la reproduction)vont évoluer suivant les progrèsscientifiques, et parallèlement auxconquêtes sociales pour les droits desfemmes. C’est en 1967, avec la loiNeuwirth, que l’éducation à la sexua-lité dans les écoles sera envisagéedifféremment. La circulaire Fontanetde 1973 précise qu’il s’agit de contri-buer à l’éveil de la responsabilitédans le domaine de la sexualité.L’éducation à la sexualité s’inscritalors dans un contexte d’évolutiondes mentalités, de liberté sexuellepour les hommes comme pour lesfemmes et de remise en question desvaleurs morales traditionnelles ; ellereste toutefois facultative. Les années80 sont marquées par l’apparition duSIDA et vont mettre en évidence unrecul des mentalités ; sont pointéesdu doigt l’homosexualité, la multipli-cation des partenaires sexuel-les quiaugmentent le risque de contamina-tion. Dès lors les partisans d’unevision moralisatrice de la société

n’auront de cesse de reclure lesfemmes dans leurs rôles ances-traux.

La loi du 4 juillet 2001 rend l’éduca-tion à la sexualité obligatoire dansles établissements scolaires. La circu-laire de 2003 l’inscrit dans unedémarche éducative qui réponde àdes questions de santé publique."Tous les personnels, membres de lacommunauté éducative, participentexplicitement ou non, à la constructionindividuelle, sociale et sexuée desenfants et adolescents. (…) Ces pra-tiques éducatives impliquent une néces-saire cohérence entre les adultes parti-cipant au respect des lois et des règlesde vie en commun qui s’exercent aussibien dans le cadre de la mixité, de l’éga-lité, que de la lutte contre les violencessexistes et homophobes contraires auxDroits de l’Homme". L’éducation à lasexualité doit ainsi faire réfléchirles élèves à l’importance desnotions de dignité, d’égalité, de res-pect mutuel et leur faire prendreconscience que les propos sexistesinstaurent un rapport de force quipeut conduire à d’autres formes plusgraves de violences.

Les actions d’éducation à la sexualitéservent à la déconstruction des stéréo-types, elles mettent en avant l’idée queles comportements et violences

sexistes découlent de représentationsstéréotypées des femmes et deshommes. Elles permettent égalementd’envisager un autre rapport entre lesfemmes et les hommes dans la société.Pourtant, force est de constater queles décennies (siècles ?) de lutte pourvoir évoluer les droits en faveur del’égalité entre les femmes et leshommes n’ont pas vu évoluer lesmentalités à la même vitesse. Est-cela peur de voir s’inverser les rap-ports de domination ?

La sexualité touche à l’intimité del’individu et structure l’organisationde la vie sociale. La célèbre anthropo-logue Gayle Rubin disait : "Le domainede la sexualité définit des interactionspolitiques, des formes d’inégalité etd’oppression qui lui sont propres.Comme c’est le cas pour les autresaspects du comportement humain, lesformes institutionnelles concrètes quirégissent la sexualité, en n’importe quellieu et à n’importe quelle époque, sontdes produits de l’agir humain. Elles sonttraversées par des conflits d’intérêt etdes manœuvres politiques, tant délibé-rés qu’accidentels. En ce sens, le sexeest toujours politique" . Comment nepas mieux souligner l’importanceque revêt l’éducation à la sexualitédans l’évolution de la société ?

Sandrine Scognamiglio

••• privée et aux tâches domestiques, tout en faisant atten-tion à leur apparence. Les garçons occupent l’espace, leshommes sont docteurs ou chirurgiens, pirates ou monstres.Hormis quelques exceptions -on trouve une aventurière-, cesmanuels, outre la lecture, apprennent des rôles stéréotypés.

Il serait grand temps de mettre en œuvre la conventioninterministérielle pour l’égalité filles-garçons signée en2013 qui prévoit "une réflexion avec les éditeurs pouréviter les stéréotypes sexistes dans les manuels etouvrages scolaires", et d’aller au-delà de la réflexion.

Fabienne Bodin1 G.Barussaud, I.Baudet, L.Breitbach, P.Dutarte, D.Laurent. Bac profes-sionnels Groupements A et B, Foucher, 2011.2 Manuels de lecture du CP : Et si on apprenait l’égalité ? Etude desreprésentations sexuées et sexistes dans les manuels de lecture du CP,2015, Centre Hubertine Auclert

L’éducation à la sexualité a suivi l’évolution de la société.

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Dossier

¾ Pédagogies féministes

"Pauline était vêtue de brun avecune petite collerette d’un blanc

scrupuleux et d’une égalité de plisvraiment monastique. Ses beaux che-veux châtains étaient lissés sur sestempes avec un soin affecté ; elle selivrait à un ouvrage classique,ennuyeux, odieux à toute organisationpensante : elle faisait de très petitspoints réguliers avec une aiguilleimperceptible sur un morceau debatiste dont elle comptait la trame fil àfil. La vie de la grande moitié desfemmes se consume, en France, à cettesolennelle occupation" écrit GeorgeSand vers 1832 dans le petit romanPauline. De cette solennelle etennuyeuse occupation aux libertés depenser, d’agir et d’enseigner revendi-quées par les femmes, il y a des luttesféministes, syndicales et politiques etla volonté affirmée de vouloir chan-ger le monde. C’est ce que mettent enœuvre les pédagogies féministesgrâce aux chercheuses qui s’y inves-tissent, les développent et les fontévoluer à l’université en premier lieu,mais aussi à l’École, ou encore par lebiais de l’éducation populaire.

Les pédagogies féministes

Il n’y a pas une mais des pédagogiesféministes, puisqu’il y a des fémi-nismes. Le féminisme est entendu icicomme la perspective politique (théo-rique et pratique) fondée sur l’idéeque les femmes subissent une injus-tice spécifique en tant que femmes, etqu’une lutte est nécessaire pour ymettre fin. Voici deux d’entre elles.

Les pédagogies féministes libéralessont celles que nous connaissons lemieux. En effet, ces pédagogies fontle constat que l’égalité de droits entrefilles et garçons à l’école ne parvientpas à garantir une égalité de faits,dans l’évaluation, l’orientation, laréussite scolaire. En réaction, ellesproposent des aménagements et desstratégies dans la classe pour pallierces injustices. Pour autant, le fait quel’organisation et la conception des

savoirs, à l’origine élaborées par deshommes pour des hommes, soientandrocentrées, c’est-à-dire, soumisesà une subjectivité masculine, n’est pasmise en question : on ne bouleversepas l’ordre des choses, des pensées etde l’institution en place. Ces pédago-gies, d’ailleurs, revendiquent rare-ment le nom de pédagogies fémi-nistes, mais affirment plutôt luttercontre le sexisme. Ce que les femmesgagnent, c’est l’accès à "l’école desgarçons", quoiqu’il soit mis en ques-tion par ceux (sociologues notam-ment) qui déplorent que la réussitedes filles mette les garçons en échec.

Les pédagogies critiques féministes"se soucient des pratiques d’exploita-tion par lesquelles de tels bénéficessont produits et leurs effets pour lesfemmes en tant qu’êtres sociaux prisdans le genre et la classe. Ainsi leurprojet éducatif vise à mettre fin à lacomplicité de l’éducation dans lareproduction de ces rapports sociauxcomplexes que sont la classe et legenre (...) [et] parfois la "race" (Ken-way & Modra), qui de plus s’inter-sectent".Ces pédagogies s’inspirent largementde celle de Paulo Freire 1. Il s’agitnotamment, par les procédés de"conscientisation" d’identifier lesprocessus de socialisation de la sou-mission et de la domination pour lesdéconstruire et mettre en place des

processus de collaboration et d’élabo-ration en commun des connaissances.En France, ces pédagogies se nourris-sent aussi des travaux d’AlbertMemmi 2 qui, analysant la conditiondes colonisé-es, établit un lien entreéducation, savoir et peuple opprimé.

Les chercheuses, enseignantes, mili-tantes, qui mettent en œuvre cespédagogies, font sans cesse des allers-retours entre théorie et pratique. Ellesprivilégient surtout les aspects dialec-tiques suivants : "silence/parole,passivité/participation active, impuis-sance/prise de pouvoir, omission/mémoire" 3. Elles favorisent l’expres-sion du conflit et de la colère, qui sontdes émotions souvent interdites auxfilles, partant du principe que lorsque"la personne infériorisée refuse laplace qu’on lui réserve elle provoquele conflit, [et que] la colère est uneréponse au racisme et au sexisme" 4.Elles favorisent aussi la constructioncoopérative des savoirs (et non laconcurrence et la performance). Ils’agit de prendre toujours en comptele développement cognitif des étu-diantes. À la fois constructivistes etcritiques, ces pédagogies visent tou-jours la praxis, c’est-à-dire la relationentre théorie et expérience dans le butdu changement social. C’est une desdimensions essentielles de l’éduca-tion : elle est politique. Et, dans cessimilitudes et ces points communs, lesluttes féministes et syndicales ont unchamp très important à partager, lesmilitantes de la collective de la CGTÉduc’action en sont convaincues.

Pauline Schnegg1 Freire, P. (1970/1974) Pédagogie des oppri-més suivi de Conscientisation et révolution.Paris: Maspero2 Memmi. A., L’Homme dominé, éd. Galli-mard, Paris, 19683 Solar, C., Dentelle de pédagogies fémi-nistes1www.csse-scee.ca/CJE/Articles/Full-Text/CJE17-3/CJE17-3-02Solar.pdf 4 idem

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Dossier

¾ Nous pouvons changer le monde...

Impossible depasser à côté

d’un petit bou-quin qui se ter-mine par cettephrase : "Nouspouvons changerle monde".Isabelle Collet,u n i v e r s i t a i r erépond à la ques-tion : l’écolea p p r e n d - e l l e

l’égalité des sexes ? Mais elle ne s’entient pas uniquement au constat -non,l’école ne distille pas une culture éga-litaire- puisque l’auteure nous proposedans cet ouvrage de "battre enbrèche les idées reçues et affirmationsarbitraires sur les différences suppo-sées d’aptitudes scolaires entre lessexes", d’observer "les points de vigi-lance" et "les pistes" pour construireune égalité réelle, termes ô combienprisés au plus haut niveau de l’État cesderniers temps...

La volonté de mettre à profit plusde quarante ans de recherche

L’essai adopte une construction ensept chapitres courts qui abordent lesgrandes questions qui agitent -ou quidevraient agiter...- l’école face à l’éga-lité des sexes. Les concepts de basesont très simplement expliqués tels lamenace du stéréotype, le genre, l’effetPygmalion. L’ouvrage est destiné àtou-tes les professionnel-les qui vou-dront participer autrement à cet objec-tif d’égalité, mis à mal par la questionéconomique et sociale. Et c’est à l’in-térieur de cette question que s’inscritcelle de l’égalité des sexes.

L’égalité des sexes : un principerépublicain à réaliser enfin...

La posture n’est pas idéologique maisprofessionnelle : travailler à l’égalité,

c’est répondre à l’objectif républicainassigné à l’école qui est de rendre lesenfants, futur-es citoyen-nes, auto-nomes et libres de leurs choix. Maiscomment être libres quand tout nousdicte comment devenir un garçon,comment devenir une fille puis plustard un homme et une femme ? Car ils’agit bien de l’émancipation desdeux sexes dans cette quête d’égalité :le poids des normes sur ces rôles desexe pèse sur tout le monde.

...et une question de culture

L’auteure ne préconise pas une énième"éducation à", à laquelle la question del’égalité des sexes est souvent assimi-lée, à tort ; il ne s’agit en effet pas d’unphénomène lié aux circonstances :l’égalité des sexes, affirmée à maintesreprises par la loi, n’a encore jamaisété réalisée. Cette éducation égalitaires’applique à tous les aspects del’école : avons-nous par exemple uneexplication sur le fait que les fillessont meilleures que les garçons enfrançais ? L’argument de la nature estéculé. Donc si ça n’est pas du ressortde la nature ?.. Soulignons d’ailleursque sur le binôme nature/culture, leparagraphe sur les chimpanzés vs lesbonobos est particulièrement savou-reux, et très éclairant !

Et nous, les profs, qu’est-ce qu’onpeut y faire ?

Entre autres, observer notre usage dela langue, choisir des manuels nonsexistes, proposer des documentsvariés, permettre à tou-tes de prendrela parole, etc, etc.En effet, c’est une lapalissade de direque le corps enseignant est constituéd’hommes et de femmes. Mais ce n’estpas un détail : nous appartenons touteset tous à ce système qui dicte lesnormes et qui hiérarchise le masculinet le féminin (devinez lequel des deux

est considéré comme supérieur...).La langue et son usage illustrent cettehiérarchie. I. Collet cite notamment unessai, qui est déjà un classique, d’E.Viennot : Non, le masculin ne l’em-porte pas sur le féminin ! On y redé-couvre par exemple que N. Beauzée,dans sa Grammaire générale de 1767a écrit : "Le genre masculin est réputéplus noble que le féminin à cause de lasupériorité du mâle sur la femelle".Comment donc continuer à fairecomme si la règle était immuable ?Est-il si difficile de remplacer "le mas-culin l’emporte" par "les plurielsmixtes s’accordent au masculin" ?Pour celles et ceux qui considèrentcela comme des détails, pourquoi alorsne pas tolérer les propos racistes ? Pré-cisément parce qu’on sait que lalangue véhicule des valeurs, notam-ment sur le féminin et le masculin.Sur la question des manuels, noussavons qu’ils doivent être en cohé-rence avec les valeurs de la Répu-blique. Or, nombre d’entre eux sontsexistes, y compris ceux qu’on nesoupçonne pas comme les manuels demathématiques, où les scientifiquesfemmes sont absentes, ou assistantesde leur mari... Faisons-en un "point devigilance", dont l’auteure parle dansson avant-propos.

À nous d’utiliser la pléthore d’outilsévoqués dans ce passionnant petitbouquin, qui paraît dans une collec-tion récente de Belin, "Egale à égal",très bien conçue si nous voulons, nousaussi, changer le monde.

Karine Bertrand

... dixit Isabelle Collet dans un essai de 2016, L’école apprend-elle l’égalité des sexes ? Belin, Coll. Egale à égal, Février 2016

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PEF 141 - mars 201618

Dossier

¾ CGT : où sont les femmes ?

Si le taux de femmes syndiquées(37 % en 2015) est encore infé-

rieur à celui d’autres confédérations,notre syndicat est le seul à avoir misen place une charte égalité. Celle-ci aété adoptée par le CCN (ComitéConfédéral National) en 2007 puisannexée aux statuts depuis le 50ème

congrès. Cependant, ce chemin n’estpas achevé : si la direction confédéraleest paritaire depuis 1999, les femmesne représentent que 30 % en moyennedes dirigeant-e-sdes organisationsdu CCN. Il n’estpas si évident depasser de l’énon-ciation de prin-cipes à leur miseen œuvre effec-tive…

À la CGTÉduc’action, desmilitantes ontcréé en 2012 laCollective (col-lectif féministenon-mixte) pourdeux raisons prin-cipales : la néces-sité de prendre enconsidération laquestion des inégalités femmes/hommes dans le monde du travail et del’éducation, mais aussi le constat qu’iln’est pas si facile pour les femmes detrouver leur place dans nos syndicatset leurs directions. En effet, si onlaisse faire "la nature", nos collectifsmilitants reproduisent les inégalitésd’une société qui depuis des siècles alaissé le champ de la vie publique,politique et sociale très majoritaire-ment aux hommes. Commentconstruire et porter l’égalité dans unesociété dans laquelle les femmes pas-sent deux fois plus de temps auxtâches ménagères que les hommes,dans laquelle seulement un quart desdéputés et des sénateurs sont des dépu-

tées et des sénatrices, dans laquelle lesalaire des femmes est de 25 % infé-rieur à celui des hommes… ?! L’atten-tion portée à la parité de nos directionssyndicales est une condition néces-saire mais pas suffisante pour permet-tre aux femmes de se sentir à leurplace à la CGT. En effet, lors de nosinstances (Commission ExécutiveNationale, Conseil National del’Union, Congrès) même quand il y aun nombre important de militantes le

nombre de prise deparole et le tempsde parole desfemmes sont trèsinférieurs à celuides hommes. Cesont donc nos pra-tiques et nos fonc-tionnements quenous devons inter-roger afin de luttercontre des stéréo-types et des repré-sentations forte-ment ancrés dansnotre société.Notre CommissionExécutive Natio-nale s’est dotéerécemment d’un

règlement intérieur qui instaure l’alter-nance femme/homme pour les prisesde parole, en limitant le temps d’inter-vention…afin d’essayer de compenserles déséquilibres constatés.

Au syndicat, comme au travail, iln’y a pas de solution unique etimmédiate pour remédier aux iné-galités, nous devons collective-ment trouver des modes de fonc-tionnement qui permettent àtoutes et tous, non seulement demiliter à la CGT mais aussi de lareprésenter et de la faire vivre.

Marie Buisson

» Journée du 8 marsen Saône-et-Loire

Le collectif "Égalité profession-nelle" de l’Union Départementalede Saône-et-Loire a organisé toutela journée du 8 mars 2016 autourde la question de l’égalité profes-sionnelle entre les femmes et leshommes.

• Le matin, les syndicats sont appe-lés à distribuer le tract départementalet à aller à la rencontre des salarié-es, à organiser une heure d’informa-tion mensuelle ou des assembléesgénérales pour recueillir les revendi-cations des femmes salariées.

• L’après-midi l’Union Locale (UL)de Chalon-sur-Saône organise untemps de travail pour mettre en rela-tion les syndicats qui ont déjà desaccords "égalité professionnelle" etceux qui sont en négociation. L’as-sociation FETE-Femmes ÉgalitéEmploi, qui travaille pour faireavancer l’égalité professionnelle,sera présente pour conseiller lessyndicats.

• À partir de 17 h, la réunion s’ouvrelargement à toute la population ainsiqu’à d’autres partenaires pour unéchange sur les droits des femmes.La LDH et le Planning Familial, quifête son 60ème anniversaire, ontrépondu présents.

L’UL de Mâcon participe active-ment à un collectif de dix associa-tions qui a axé cette journée sur lethème "Violences faites aux femmesau travail comme dans la vie".

• De 17 h à 20 h, la population estinvitée à un ciné-débat avec la pro-jection de deux films : "Anna" et"Tom et Léna".

Pour cette journée, en plus du tractdépartemental, cinq flyers sont àdisposition des syndicats : "Unesemaine pour se rappeler", cinq thé-matiques : les femmes et la résis-tance, le droit de vote, l’IVG, laparité en politique et l’égalité pro-fessionnelle. Une façon originaled’organiser un rétro planning et derappeler que certains droits sontencore très récents.

èDocuments sont en ligne sur lesite de l’UD71 : www.ud71.cgt.fr

Sandra Gaudillère

La CGT a toujours lié la bataille pour l’émancipation des femmes au travail et dans la vie, à celle de l’égalité dans la CGT.

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19PEF 141 - mars 2016

Retraité-es

Depuis janvier 2016, dans le cadrede l’Accord National Interpro-

fessionnel (ANI), une complémen-taire-santé est mise en place par lesemployeur-es du privé, financée enpartie par les employeur-es et l’autrepartie par les employé-es. Les retraité-es et les fonctionnairesn’entrent pas dans le cadre de cetaccord.

Dans le cadre d’une campagne natio-nale de sensibilisation des agent-espubliques, des employeur-es publi-ques, des décideur-euses publiques etdes parlementaires, la MutualitéFonction Publique (MFP) édite unebrochure téléchargeable sur le site :mfp.fr

èAgent-es publiques, notre protection sociale

est-elle menacée ?

Par courrier du 8 février 2016 àMadame Lebranchu, ministre de laFonction Publique, huit organisationssyndicales de la Fonction Publique,dont la CGT, et la MFP interpellent laministre sur la protection complémen-taire des agent-es publiques.

De son côté, la MGEN propose augouvernement une mesure innovante :un "crédit d’impôt santé" pour touset toutes les agent-es publiques ayantsouscrit une complémentaire santé.

Thierry Baudet, président du groupeMGEN écrit :"Les fonctionnaires souffrent d’uneinégalité de traitement flagrante dansl’attribution des aides publiques àl’acquisition de la complémentairesanté. Mesure efficace de justicesociale, le crédit d’impôts santé per-mettrait le rétablissement d’une équitéréelle entre les salariés du secteurprivé, les indépendants et les fonction-naires".

Concrètement, chaque personne pour-rait déduire une partie du coût de sacomplémentaire santé du montant deson impôt sur le revenu. Un "créditd’impôt" est une somme soustraite dumontant de l’impôt. Contrairement àd’autres dispositifs, il est versé danstous les cas, que le montant dépassecelui de l’impôt ou que son bénéfi-ciaire ne soit pas imposable. Il estainsi plus équitable et plus solidaire.

Cette proposition s’inscrit dans ladémarche de la Mutualité Française.Son président, Étienne Caniard écrit :"Il faut unifier les aides et redonnerdu pouvoir d’achat en étudiant uncrédit d’impôt qui pourrait se substi-tuer aux aides existantes".

Notre Confédération n’est pas absentede la bataille des Mutuelles.Mais pour nous, adhérent-es de laCGT, la première revendication doitêtre la défense de la Sécurité socialequi couvre les besoins de toutes ettous en fonction de leurs moyens.

Articles : Roland Pacoutet, Trésorier national de la SNR

Protection sociale complémentaire des agent-es publiques

» Loi pour l’adaptation dela société au vieillissement

Non-assistance à personnes en danger

La loi pour l’adaptation de lasociété au vieillissement est

entrée en vigueur le 1er janvier, vingtans après les premières réflexions surl’urgence de reconsidérer le finance-ment de la perte d’autonomie.

Nous pensions que la mesure desenjeux, souvent rappelés, avait étéprise. Il n’en est rien. Comment par-ler d’une "loi du XXIème siècle"sachant que le financement annuelde la réforme s’élèvera à 700 mil-lions d’euros, portant à 22 milliardsla contribution publique, alors que laDirection de la Recherche, desEtudes, de l’Evaluation et des Statis-tiques (DREES) évalue les besoins à35 milliards d’euros en 2060 ?

Comment présenter la revalorisa-tion de l’Allocation Personnaliséed’Autonomie (APA) comme unevictoire alors que le plan d’aided’un quart de ses bénéficiaires necouvre pas leurs besoins et quecertains départements, exsangues,annoncent ne plus être en mesurede la verser à terme ?

De surcroît, le texte laisse de côté laquestion des Etablissements d’Hé-bergement des Personnes AgéesDépendantes (EHPAD).

La CGT a proposé de financer cetteloi par la création d’une cinquièmebranche de la Sécurité sociale.Cette revendication s’imposaitcomme la plus légitime en termes deprincipes, et comme la plus perti-nente en termes économiques.

La situation est trop grave pour que,demain, nous ne leur demandionspas des comptes.

» Les mauvais coups de la MGENLa mutuelle MGEN, à l’instar du gouvernement actuel, n’hésite pas à "faire les poches" des gens les plus modestes.Elle se désengage de sa mission mutualiste. Elle n’a évidemment pas l’intention de s’opposer aux marchés financiersqui sont dans les starting-blocks dans l’attente d’une privatisation complète de notre système de Sécurité Sociale. Mercipour les retraité-es et ceux et celles qui ont un lourd handicap. Ils et elles sont doublement pénalisé-es.

Françoise Gaillard, Section Régionale Retraité-es de Bordeaux

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Campagne CGT pour les 32 heures

Interpro.

L’objectif de cette journée étaittout d’abord de faire un bilan

des 35 heures avec des témoignagesde camarades ayant participé auxnégociations et de donner des outilsdans les syndicats pour gagner laréduction du temps de travail avec despropositions concrètes.

Les 35 heures suscitent beaucoup dedoutes chez les salarié-es et ces der-nières sont devenues le bouc émis-saire des gouvernements successifs.Jusqu’à présent, sans revenir sur ladurée légale du travail, tous n’ont eude cesse de vouloir la contourner endétricotant le code du travail ou envoulant déroger par accord d’entre-prise. Récemment la ministre du Tra-vail Myriam El Kohmri va jusqu’àproposer une déréglementation totalemettant à mort les 35 heures (p. 2-3).

Aujourd’hui comment convaincreles salarié-es que la RTT sera fac-teur de progrès social ?

• La réduction du temps de travailsauvera et créera des emplois : eneffet, le passage aux 32 heures pourracréer 4 millions d’emplois avec unfinancement assuré par la réorienta-tion des exonérations de cotisationssociales et des aides publiques, maisaussi la dynamique de croissance quisera ainsi engendrée.

• La réduction du temps de travailcontribuera à la résorption de la pré-carité : aujourd’hui 20 % des salarié-es sont à temps partiel et 60 % d’entreeux-elles le subissent. Passer aux32 heures permettra à des millions desalarié-es d’accéder enfin à un tempsplein.

• La réduction du temps de travailaméliorera les conditions de travail etla santé des salarié-es : cela ne pourrase réaliser que si le passage aux32 heures est assorti d’une nouvelleorganisation du travail évitant touteintensification du travail.

Comment la CGT Éduc’actionpourrait-elle s’inscrire dans cette campagne ?

èTravailler toutes et tous

La précarité dans l’Éducation natio-nale a explosé depuis plusieursdécennies avec des contrats souventà temps partiel imposé. La CGT Éduc’action exige la titu-larisation sans conditions deconcours et de nationalité de tous-tes les personnels précaires.

èTravailler mieux

Explosion des tâches annexes,conditions de travail dégradées. La CGT Éduc’action lutte pourl’amélioration des conditionsd’exercice de tous et toutes les per-sonnels.

èTravailler moins

Les personnels de l’Education natio-nale n’ont pas été franchementconcerné-es par le passage aux 35 h. La CGT Éduc’action revendiqueune réduction du temps de travailsans perte de salaire avec unehausse immédiate de tous lessalaires (400 euros nets par mois).

» Réduction du temps de travail et égalité femmes/hommes

Le premier facteur d’inégalité femmes/hommes est le temps de travail.En effet, 30 % des femmes travaillent à temps partiel, 80 % des salarié-es à tempspartiel sont des femmes, les femmes ont souvent des carrières discontinues. Cela permet d’expliquer en grande partie les 27 % d’écarts salariaux et les40 % d’écart de pension.

Réduire le temps de travail, c’est mieux le partager entre les femmes et leshommes mais c’est aussi permettre de mieux répartir les tâches de la vie pri-vée : 80 % des tâches ménagères sont assumées par les femmes, les aidant-esfamiliaux-ales sont souvent des femmes, ...

La RTT doit donc être facteur de réduction des inégalités entre les femmes etles hommes dans l’articulation vie professionnelle/vie privée.

Campagne de la CGT en faveur de la RTT et des 32 heures : travailler toutes et tous,

travailler mieux, travailler moins !

Le 3 février 2016, la CGT a organisé une journée d’étude à Montreuildans le cadre de sa campagne pour les 32 heures, décidée par la Commission Exécutive confédérale et le CCN.

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21PEF 141 - mars 2016

Interpro.

Goodyear : un procès antisocial, une justice de classe !

Michael Wamen, syndicaliste CGT, fait partie des huit ex-salariés de Goodyearcondamnés en janvier 2016 à vingt-quatre mois de prison dont neuf mois

fermes avec cinq années de mise à l’épreuve pour avoir retenu pendant 30 h, deuxcadres de l’entreprise quelques jours avant sa liquidation.

De la prison ferme alors que "Goodyear est un groupe faisant 2,5 milliards de profit,verse 800 millions d’euros de dividendes aux actionnaires et met 1 170 personnesà la rue, avec douze suicides depuis la fermeture de l’usine, et ça personne n’enparle !" précise le porte-parole CGT.

C’est une justice de classe qui a frappé, menée par le gouvernement, car c’est leprocureur de la République en personnequi a décidé de poursuivre l’action devantles tribunaux contre les huit militantsCGT, alors même que la direction a aban-donné toutes procédures judiciaires.

Le message envoyé est clair : les salarié-es n’ont plus le droit de se défendre, n’ontplus le droit de s’exprimer !

Mais la CGT entend organiser la riposte.L’État d’urgence ne peut justifier qu’on piétine les droits et libertés des salarié-es, des citoyen-nes jusqu’à l’emprison-nement !

Plusieurs rassemblements ont eu lieu le 4 février dans toute la France, partout des comités locaux de défense des droitset libertés se sont organisés pour se retrouver en réunion nationale le 12 mars et préparer une grande mobilisation.

"Si le gouvernement veut déclarer la guerre au syndicalisme CGT, il devra en assumer les conséquences". 1

1 Extrait du communiqué de presse CGT suite à la condamnation des huit militants

¾ À voir : Comme des lionsFilm réalisé par Françoise Davisse, sortie nationale le 23 mars 2016

Pendant plus de deux ans, cette réalisatrice a filmé le combat mené pardes ouvrier-ères de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois pour empêcher la

fermeture du site. Du dévoilement par la CGT du plan stratégique de la direction de Peugeotqui prévoit la fermeture de l’usine au protocole de fin de conflit, elle nousmontre comment les "camarades" (syndiqué-es ou non) ont établi leur pro-pre stratégie pour essayer d’empêcher la direction de mettre à exécution sonplan.

Ils et elles ont mené une "grève digne", rappelant à chaque action qu’ils etelles sont "des ouvriers et pas des casseurs".

Ils et elles témoignent que pendant la lutte ce qui a été important "ce n’estpas ce que l’on a acquis mais ce que l’on a appris" car "le truc qu’on aensemble, c’est la fierté".

"La violence est d’abord de perdreson emploi", c’est ainsi queMickaël Wamen répond à la question d’une journaliste deCanal + : "Est-ce que la violencefait partie de la lutte syndicale,jusqu’à la séquestration ?"

Double page : Nadine Castellani Labranche

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Tri social au nom de la mixité ?

Enseignement privé

PEF 141 - mars 201622

Pour la rentrée 2016, des fermetures d’établissements scolaires publics sont d’ores et déjà prévues : collèges de

Commana (29), de Kerichen (Brest 29) et de Montaigne (Vannes 56).

Les motivations exprimées par les responsables (élu-es de la République comme administration du Rectorat) ne seraient

pas "financières" mais "relatives à la mixité sociale". Ces établissements seraient composés d’élèves de CSP (Catégories

SocioProfessionnelles) trop défavorisées dont les résultats seraient "insuffisants".

Au-delà du fait que le lien entre "CSP défavorisées" et "mauvais élèves" est très discutable, il est intellectuellement dif-

ficile à comprendre que supprimer un collège conduit à une meilleure réussite des élèves.

Par contre, il est clair que cette situation conduit à augmenter les distances entre quartiers défavorisés et établissements

scolaires publics et à laisser un choix draconien aux familles :

èinscrire leur enfant dans des établissements publics de centre-ville aux CSP ++ (dans lequel l’intégration n’est pas

aisée),

èinscrire leur enfant dans des établissements publics de périphérie aux CSP équivalentes mais aux effectifs déjà

lourds,

èinscrire leur enfant dans un établissement privé proche non soumis à la carte scolaire.

Choisir entre Privé et Public n’est donc plus un choix.

Bien au contraire, on peut même constater qu’élu-es et administration nous disent considérer que ces deux réseaux sont

complémentaires.

La CGT s’oppose fortement à cette idée.

On ne peut admettre que les établissements de l’enseignement privé sous contrat soient les bénéficiaires de la suppres-

sion d’établissements publics. C’est d’autant plus évident que cette concurrence est clairement déloyale.

Ainsi, le réseau privé n’est pas contraint d’appliquer la charte de la Laïcité, de se soumettre à une carte scolaire et de

mettre en place les rythmes scolaires. En revanche, localement, ces établissements bénéficient des infrastructures com-

munales (transport, gymnase…).

Surtout, les établissements privés sous contrat existent grâce

aux deniers publics (subventions, rémunération des ensei-

gnants, forfaits d’externat…).

Il est essentiel que la CGT soit unie face à ces attaques.

Le rapprochement entre la CGT Éduc’action et la CGT

Enseignement Privé doit nous permettre de défendre la

qualité du Service Public d’Éducation nationale, d’obtenir

l’intégration des établissements privés dans ce grand ser-

vice public rénové et la fonctionnarisation sur place des

personnels qui y travaillent.

Pascale Picolacadémie de Rennes

Du choix de l’académie de Rennes de faire disparaître les établissements publics de proximité dans les quartiers défavorisés...

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23PEF 141 - mars 2016

Enseignement privé

PHARE : nouveau VRP de l’enseignement catholique ?

Mise en place d’un outil de "diagnostic" des établissements

¾ Vous pensiez être enseignant-e ou surveillant-e ? Non, vous êtes une

"ressource-clé" de l’établissement pouvant être (évidemment si vous êtes

dans les petits papiers de la direction) "un des arguments de la différencia-

tion commerciale de l’école" ! Et ce, au même titre que les locaux ou les

sorties scolaires. Dans le cas inverse vous rentrez dans la catégorie "qualité

des ressources humaines menacée".

¾ Vous pensiez que le privé était une forme de concurrence avec le

public ? Pas du tout, c’est bien le contraire : c’est le public qui est une

"menace". Rendez-vous compte : certains établissements "perdent réguliè-

rement des familles au profit de l’école publique" ! Quel scandale !

Mais pas de panique, l’outil PHARE peut aider votre patron-ne, pardon le ou

la chef-e d’établissement ayant reçu une délégation de service public du

rectorat, à améliorer son "offre", et ce, avec les bonnes vieilles recettes des

entreprises du CAC 40 : "limiter ou réduire les coûts", profiter des

"opportunités d’externalisation", "augmenter les frais d’inscription"…

¾ Et vous pensiez (encore) être dans l’enseignement catholique, porteur

de ce qu’il nomme projet d’espérance ?

Pour beaucoup de personnels, qui ont vu les négociations dans leur établissement sur leur temps

ou leurs conditions de travail, pour beaucoup d’enseignant-es qui subissent les pressions du

directeur ou de la directrice parce qu’ils ou elles ne sont pas dans la ligne, les implications de

PHARE sont déjà une réalité.

Une question demeure : que fait le ministère dans tout ça ? Lui qui accepte de déléguer une

mission de service public, peut-être la plus importante, l’éducation, aux "marchands du temple".

Qui organise et subventionne un système parallèle en concurrence directe avec le sien ? Qui

ferme les yeux sur les entorses au Code de l’Éducation et les atteintes aux conditions de travail

des enseignant-es, agents publics ? Qui l’exonère de l’application des réformes ?

Avec PHARE, l’enseignement catholique ne se cache même plus de ses visées entrepreneuriales.

Pourquoi le faire ?

La CGT Enseignement Privé rappelle sa revendication d’un seul service public d’éducation gratuit, laïc.

Et ce notamment, afin d’éviter que l’école ne devienne une marchandise comme une autre.

Charlotte MatyjaBureau National

Toutes les expressions entre guillemets sont des citations du mode d’emploi ou de l’outil Phare en lui-même.http://www.enseignement-catholique.fr/phare/

"Arbitrages stratégiques", "relationnel client", "cibler des segments" ou "prioriser sesactions"... Ces expressions toutdroit sorties d’un cours de management font partie du mode d’emploi d’un nouvel outil proposé par l’EnseignementCatholique, PHARE (pour Prévoir Hiérarchiser AnimerRenforcer faire Evoluer).Destiné aux chef-es d’établis-sements, cet "outil d’autodia-gnostic" devrait permettre à l’Enseignement catholique de"poursuivre son rayonnement"(en clair de se développer).

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International

PEF 141 - mars 201624

Portugal, loi contre le harcèlement de rue

Le 27 décembre 2015, le Parlementa voté en faveur d’un amendementà l’article 170 du Code Pénal afind’y intégrer le harcèlement de rue,et plus spécifiquement les proposinfamants à caractère sexuel, désormais passible de 1 à 3 ans deprison. Étrangement, cette mesureest passée relativement inaperçue àl’international.

Transposition locale de la Conven-tion européenne d’Istanbul contre

les violences faites aux femmes, rati-fiée par le Portugal, caractérisant de"harcèlement sexuel" : "tout comporte-ment non désiré à connotation sexuelle,sous forme verbale, non verbale ouphysique, avec pour but ou pour effetde violer la dignité d’une personne, enparticulier lorsqu’il crée un environne-ment intimidant, hostile, dégradant,humiliant ou offensant", cet amende-ment avait parfois été qualifié d’exces-sif, d’atteinte à la liberté d’expression,d’entrave à la séduction et mêmed’hystérie féminine ! Écho à unesociété encore très culturellement mar-quée par le machisme et dans laquellela drague excuse beaucoup de compor-tements inacceptables, le texte avaitété rejeté plusieurs fois. En 2014, leparti Bloc de gauche -qui fut fondé parquatre féministes- a porté le débat surle harcèlement verbal au Parlement.

Un argument a finalement fait pen-cher la balance : celui des adoles-centes qui peuvent se retrouver dému-nies face à ce genre de propos. Toutesles femmes, sont maintenant proté-gées, pourvu qu’elles dénoncent ceharcèlement, ce qui n’est pas encorecomplètement gagné !

Plusieurs autres pays ont adopté desmesures similaires pour remédier auproblème de l’agression sexuelle ver-bale. La Belgique a interdit lesinsultes sexistes en 2014 et depuisl’année dernière, au Pérou, le harcèle-ment dans la rue constitue un délitpassible de douze années de prison.Pendant ce temps, l’Argentine est surle point d’introduire une loi interdi-sant les sifflements admiratifs, avecdes amendes pouvant aller jusqu’à775 USD. En France, l’ancien minis-tère du droit des femmes a préférés’interroger sur les causes et mettrel’accent sur l’éducation, notammentavec l’ABCD de l’égalité. Noussavons aujourd’hui ce qu’il en est !

Si la pénalisation du harcèlementverbal ne règle pas tout, elle pourranon seulement protéger les femmesmais également être un moyen deprévention de crimes plus sérieux àl’encontre des femmes, mais aussicontre le fléau du sexisme extrême.

Au-delà de cette loi,les droits des femmesau Portugal, sont au cœur des affron-tements droite-gauche. Ainsi, le 22juillet dernier, les députés de droite etdu centre-droit votent une loi restrei-gnant gravement l’accès à l’IVG.Depuis les élections législatives du4 octobre 2015, la droite n’a plus lamajorité absolue. Le 20 novembre, unmois après la prise de pouvoir del’union de la gauche (PS, PC, lesVerts et le Bloc de Gauche), la nou-velle Assemblée de la Républiquevote l’annulation des mesures anti-IVG, à savoir le déremboursement del’IVG, l’imposition des quatre consul-tations (au lieu d’une précédemment)pendant le court délai de dixsemaines, l’inclusion de médecinsanti-IVG dans le parcours IVG. Ellevote aussi l’adoption par les coupleshomosexuels, l’ouverture de la PMAaux femmes célibataires et aux cou-ples de femmes.La droite, tout comme l’Église catho-lique et des associations proches del’institution catholique restent mobili-sées contre toutes ces propositions.Les prochains mois nous dirons si lagauche saura faire front et garantir lesdroits des femmes gagnés grâce à lamobilisation féministe.

Ana Macedo

Marche mondiale des femmes 2015Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous serons en marche!

C’est le 17 octobre 2015 à Lisbonne, au Portugal, que s’est clôturée la quatrième marche mondiale des femmeslancée le 8 mars 2015.

Tous les 5 ans depuis l’année 2000, les féministes du monde entier unissent leurs forces pour marcher ensembleavec l’objectif commun de construire un monde basé sur la Paix, la Justice, l’Égalité, la Liberté et la Solidarité.

(Voir article dans le PEF n°138 octobre 2015).Elle lutte contre toutes les formes d’inégalités et de discriminations vécues par les femmes et veut donc rompreavec le patriarcat, le capitalisme et le racisme, les trois systèmes d’oppression qui contrôlent la vie desfemmes dans le monde entier.

èRetrouvez plus d’infos sur le site : https:/marchemondialedesfemmes2015.wordpress.com

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PEF 141 - mars 2016 25

¾ Peux- tu présenter ton parcours pro-fessionnel et ton parcours syndical ?

J’ai intégré l’Éducation nationale, en1983, à une époque où la formation desenseignant-es durait 2 ans : un an enENNA (École Normale Nationale d’Ap-prentissage), avec des stages en situationet un an sur le terrain. Si sans doute cen’était pas parfait, l’État mettait alors desmoyens pour la formation. J’ai donc prismon premier poste de titulaire de Lettres-Histoire à Étampes (91) avec des progres-sions dans mon cartable !

C’est à L’ENNA que je me suis syndi-quée… mais au SNETAA qui était unsyndicat de la FEN. J’ai quitté cetteorganisation après le mouvement de 1986contre la loi Devaquet : les élèves du LPdans lequel je travaillais y avaient beau-coup participé. Quelques temps après,grâce à la rencontre de militant-es, j’airejoint la CGT.

Je me suis vraiment investie syndicale-ment une fois ma mutation pour Brestobtenue et 3 enfants plus tard, c’est à direvers les années 2000, où j’ai commencéà prendre des responsabilités, d’aborddans mon établissement, puis dans le syn-dicat départemental (SDEN). Avec lemouvement de 2003, j’ai rencontré l’in-terpro. Je me suis engagée dans l’UnionLocale (UL) de Brest. Cela fait plusieursmandats que je suis en charge de la for-mation syndicale. Je suis également élueà la Commission Exécutive (CE) de monUnion départementale.

¾ Tu es impliquée dans le mouvementféministe ? Peux-tu nous en dire plus ?

J’ai le sentiment d’avoir toujours étéféministe, en tout cas d’avoir toujoursressenti comme une injustice le fait queles filles n’étaient pas traitées de la mêmefaçon que les garçons et qu’ellesn’avaient pas la même liberté. Très tôt,

j’ai milité pour la contraception libre etgratuite et pour le droit à l’avortement.Étudiante, j’ai fait partie d’un groupe defemmes où se discutaient entre autreschoses, les questions de l’oppression spé-cifique des femmes et du rapport dedomination. Je suis militante du Mouve-ment pour le Planning Familial depuislongtemps, un investissement concretd’accueil, d’écoute et d’accompagnementdes femmes sur les questions de contra-ception, d’avortement, parfois hors délaiset de violences.

¾ Le mouvement féministe a évolué ;quels sont aujourd’hui ses combats ?

Le Planning a évolué depuis sa création (ilfête ses 60 ans cette année) grâce àl’écoute de la parole des femmes. Les pre-miers combats ont été ceux de la libre dis-position du corps. On disait "Avoir unenfant, quand je veux, si je veux". Si celareste toujours d’actualité à cause des diffi-cultés d’accès notamment à l’avortement,la réalité des violences a émergé posant defaçon nette les rapports de domination deshommes sur les femmes : on saitaujourd’hui qu’en France, une femmemeurt tous les 2,5 jours sous les coups deson compagnon ou ex-compagnon.

De façon plus générale, la lutte contre lesstéréotypes de genre, la mixité, la parité,l’égalité, en particulier au travail, sontaujourd’hui portées par le mouvementféministe.

¾ Penses-tu que la CGT investisse suf-fisamment ce champ ?

Je me suis longtemps sentie bien seulesur ce terrain, dans le SDEN et dans l’in-terpro. Mais depuis plusieurs années, leschoses ont évolué positivement. Eninterne, avec la parité au niveau confédé-ral par exemple et le travail sur les sté-réotypes sexistes. Par ailleurs, les cam-pagnes initiées par la CGT pour l’égalité

salariale et contre les violences au travailpermettent de poser clairement les ques-tions d’égalité et de donner des outilspour agir sur le terrain.

Aujourd’hui, les femmes sont majoritai-rement en responsabilité dans mon syndi-cat : cinq sur sept membres du bureau,dont deux co-secrétaires générales et unetrésorière. À l’UL de Brest, les femmesprennent également toute leur place aubureau et dans les différents collectifs(formation syndicale, juridique, vie finan-cière, retraité-es…)

L’union départementale du Finistère estdirigée par une femme, la CE est à paritéet le dernier congrès a voté la créationd’un collectif égalité professionnelle.

Il ne faut surtout pas lâcher ce combat,pour gagner l’égalité entre les femmes etles hommes à tous les niveaux et pourconvaincre les salariées de se syndiquer àla CGT.

¾ La CGT Éduc’action a créé la Col-lective et tu en fais partie. Pourquoi ?

Pour toutes les raisons déjà évoquées etparce que la question des femmes esttransversale. Gagner l’égalité signifieagir sur ce qui se passe évidemment surnos lieux de travail, mais aussi dans notrepropre organisation car les stéréotypes ontla vie dure. La Collective permet d’initierla réflexion et de proposer des actions àtoute l’UNSEN. Depuis sa création, ellefait un travail précieux pour l’égalité entreles filles et les garçons à l’école, pourl’égalité professionnelle dans notre sec-teur et pour l’égalité militante.

Entretien réalisé parNadine Castellani Labranche

Fabienne Bodin

Secrétaire départementaledu SDEN 29

R e n c o n t r e . . .

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De graves reculs pour les agent-es public-ques

Page pratique

PEF 141 - mars 201626

Il en est notamment ainsi :• de l’obligation de réserve qui, enl’absence de toute référence à la posi-tion hiérarchique, pourrait conduire àdes atteintes à la liberté d’expressiondes fonctionnaires (article 1er),• du classement parmi les sanctionsdiscrétionnaires, c’est-à-dire sanspassage en conseil de discipline, dela mise à pied sans traitement de un àtrois jours (article 13),• de la réintroduction de trois joursde carence en cas d’arrêt maladie(article 24 AA), • du recrutement de salarié-es dedroit privé dans les Groupementsd'Intérêt Public (GIP) administratifs(article 23),• de la restauration de l’intérim dansla Fonction Publique de l’État (FPE)et la Fonction Publique Territoriale(FPT) (article 18 bis).

Ainsi, à l’initiative du groupe socia-liste et malgré un avis défavorable dugouvernement, l’obligation de réserve

pourrait se voir inscrite dans le statut.De même, malgré l’avis défavorabledu gouvernement, des groupes degauche mais aussi de la commissiondes lois du Sénat, la possibilité d’unemise à pied de trois jours sans examendu conseil de discipline a été confir-mée. Cette disposition, qui n’existaitauparavant que dans la FPT et quidevait être supprimée par le projet deloi, avait été étendue à la FPE et laFonction Publique Hospitalière (FPH)en première lecture à l’Assembléenationale. Le Sénat a en outre réintro-duit trois jours sans traitement en casd’arrêt maladie, réouvert la possibilitéde recruter des salarié-es de droitprivé dans les GIP administratifs etrestauré le recours à l’intérim dans lestrois versants de la Fonction publique.

Il serait difficilement compréhensibleque, 30 ans après l’adoption de la loidu 13 juillet 1983, le seul texteconcernant le statut des fonction-naires examiné pendant la mandature

ouvre des suspicions de manquementdes agent-es public-ques à leurs obli-gations et marque des reculs sur leursdroits, au moment même où, à l’occa-sion des événements dramatiquesqu’a connus notre pays en 2015, ilsont une fois de plus montré leur enga-gement sans faille au service de tousles citoyen-nes.

Jean-Pierre Devaux

Le projet de loi relatif à la déontologie et aux droits et obligations des fonctionnaires comprend, dans sa versionadoptée par le Sénat le 27 janvier, un certain nombre de mesures qui, si elles étaient adoptées, marqueraient degraves reculs pour tou-tes les agent-es public-ques.

C’est pourquoi, la CGT Fonctionpublique a demandé aux parle-mentaires, à l’occasion de l’exa-men mixte paritaire puis lors del’adoption définitive du projet deloi, de refuser les évolutions néga-tives aux droits et obligations desfonctionnaires qui vont être pro-posées.

» La CGT lutte contre les idées de l’extrême-droite !

• La FERC-CGT vient d’éditer une brochure intitulée"Petit manuel de combat contre l’extrême droite"donnant des outils pour lutter contre les idées de l’extrême-droite et propose une formation syndicale d’une journée.N’hésitez pas à contacter la FERC ([email protected]) si vous sou-haitez organiser cette formation dans votre académie ou votredépartement.

• De même, la CGT propose sur son site (www.cgt.fr) desfiches argumentées sur le fond du programme de l’extrêmedroite. Elle propose aussi des témoignages de camarades.

• Un numéro spécial de la NVO a été édité, il peut être com-mandé en ligne.

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Pour la CGT Éduc’action ce sontdix-huit délégué-es actif-ves et

deux retraité-es qui porteront les déci-sions de leur syndicat et les mandatsqui leur ont été confiés. Au-delà durapport d’activité, du rapport finan-cier, il s’agira de définir le projet syn-dical nous permettant de faire aboutirnotre objectif de transformation de lasociété en construisant des luttesgagnantes et des mobilisations enmesure de faire reculer toutes lesmesures régressives que le gouverne-ment tente de nous imposer dans uncontexte de crise et d’austérité.

è Les documents du congrès

Les défis à relever sont d’une extrêmeimportance pour construire la réponseaux transformations profondes que lasociété et le salariat, livrés en pâtureau capitalisme effréné connaissent etla direction actuelle a fait le choix deconstruire le document d’orientationautour de cinq thématiques (ladémarche syndicale et le rapport auxsalarié-es, la construction des luttes,le rapport aux autres organisationssyndicales, le politique et le mondeassociatif, notre place dans le syndi-calisme mondial et européen, ladémocratie dans la CGT), ce qui n’estpas une démarche habituelle, mais quis’explique par les récentes difficultésrencontrées par notre organisation à lafois en interne mais aussi en externe.

Chaque syndicat appréciera ce projetà l’aune de ses propres réflexions etpourra amender ce document enconséquence. Les orientations serontdéfinies après l’adoption du rapportd’activité et du bilan financier qui euxne sont pas amendables !Le document ouvre également laréflexion sur l’adaptation de notre outilsyndical aux récentes réformes territo-riales et la nouvelle organisation del’État. Mais ce débat-là ne fait quecommencer et ne trouvera pas sonaboutissement à l’issue de ce congrès !

è Qui dit congrès dit aussi nouvelle direction !

A l’issue du congrès, une nouvelledirection sera embarquée pour mettreen œuvre les orientations définies parles mandaté-es et leur syndicat.Selon la proposition de la CE (Com-mission Exécutive) Confédérale, lanouvelle direction comportera entre46 et 50 membres, 7 pour la commis-sion financière de contrôle. Le nom-bre de candidat-es mis-es à disposi-tion est de 88 dont 25 femmes. Le res-pect de la parité voudrait donc quetoutes les candidatures fémininessoient retenues sur la liste qui doitêtre validée par le CCN (ComitéConfédéral National) et que la CEconfédérale soit fixée à 50 membres.

Enfin les délégué-es auront à se pro-noncer sur deux modifications statu-taires à l’ordre du jour de ce congrès.La première porte sur l’affiliation à laCGT des confédérations des départe-ments d’Outre-Mer dont la représen-tativité est remise en cause dans lesconventions collectives nationales etau niveau interprofessionnel sanscette affiliation.La deuxième concerne les retraité-eset doit voir enfin l’aboutissement dela réflexion menée sur leur prise encompte dans notre organisation. Ils’agit de leur permettre d’être pleine-ment acteur-trices de leur organisa-

tion conformément à la modificationde leurs propres statuts en passantleur cotisation au même taux quecelui des actif-ves c’est-à-dire 1 %.De cette façon le calcul de leurs voixau congrès confédéral sera aligné surcelui des actif-ves, ce qui est déjà lecas dans nos instances pour lesretraité-es de la CGT Éduc’action,depuis 2013, date à laquelle le proces-sus d’alignement engagé en 2009 lorsde la conférence nationale des retraité-es à Guidel a pris fin.

Les enjeux de ce congrès sontdonc d’importance et les débatsne seront sans doute pas toujours d’un "calme plat", maisespérons que l’intérêt des syndicats et des mandaté-es pournotre outil syndical permettra de remettre le paque-bot CGT sur les flots de la luttegagnante et le mener à bon port !

Rendez-vous donc très bientôtsur le Vieux port à Marseille, là où commencent de très nombreuses manifestationspopulaires !

Vive le 51ème ! Vive la CGT !

Catherine Prinz et Claude Cadot

Embarquement pour le 51ème congrès confédéral

Vie syndicale

PEF 141 - mars 2016 27

Après les multiples rebondissements de la dernièremandature, notre confédérations’apprête du haut de ses 120ans à tenir son 51ème congrès. Du 18 au 22 avril 2016 près de1 000 mandaté-es se réunirontà Marseille afin de d’établir lanouvelle feuille de route de laconfédération, non sans avoirfait le bilan de la période passée.

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La brutalité s’installe comme méthode de gouvernement, qu’ils’agisse de s’en prendre au Code du travail, de détruire la " jungle" de Calais ou d’expulser un lycéen de Haute-Savoie...

Le ministre de l’intérieur, Cazeneuve, avait promis une "résorption"du camp de réfugiés à Calais "progressive" et "dans le respect despersonnes". Débutée le 29 février au matin, la destruction brutale de

la "jungle" de Calais a été au contraire dénoncée par de nombreuses per-sonnalités et organisations : "Plusieurs compagnies de CRS ont investi leslieux, qui ont dévasté des cabanes encore occupées, lancé des grenadeslacrymogènes et usé de canons à eau contre des réfugiés grimpés sur lestoits de leurs abris. Des centaines de personnes ont été jetées dans un froidglacial sans rien d’autre que les vêtements qu’elles portent sur elles, sanssavoir où aller". 1

En plus d’être inhumaine, cette opération violente n’a rien résolu. Elle nefait que disperser les réfugié-es dans la peur, déplacer le problème et l’ag-graver, comme ce fut le cas lors de la fermeture du centre de la Croix rougepar Sarkozy pour marquer son quinquennat en 2007. Depuis, on a vu lerésultat ! Parmi les réfugié-es, figurent des centaines d’enfants. Qu’a faitl’État pour remplir son devoir d’assurer leur droit à la scolarité, à la santé,bref pour respecter "l’intérêt supérieur de l’enfant", protégé par la Convention internationale de 1989 ?

Qu’est-ce qui pousse inlassablement ces réfugié-es à tenter de passer en Grande-Bretagne au péril de leur vie ? Beau-coup ont des proches qui y résident. Pourquoi ne pas demander l’asile en France ? C’est que l’autoproclamé pays desDroits de l’Homme est parmi les derniers à respecter le droit d’asile en Europe. Répétons-le : la France est le seul payseuropéen où le nombre de demandeur-euses a baissé en 2014 : - 5 %. La même année, il a augmenté de 50 % en Suèdeet de 60 % en Allemagne. Parmi ces demandes, le taux d’acceptation du statut de réfugié-es a été de 77 % en Suède,47 % en Allemagne, 39 % au Royaume-Uni... et 22 % en France 2. Pas étonnant que beaucoup d’exilé-es préfèrent tra-verser la Manche.

La brutalité, c’est aussi la façon dont Genci, un élève de CAP du LP Porte des Alpes de Rumilly (74) a été expulsé versl’Albanie, à la faveur des vacances scolaires. Il est interpellé le 7 février dans un abribus alors qu’il n’a pas encore depapiers, puis enfermé en centre de rétention. Malgré le soutien de son lycée, une pétition ayant réuni plus de 800 signa-tures, de multiples interventions, dont celle de la CGT Éduc’action, le 25 février il a été conduit à l’avion, pieds et mainsmenottées. Voici des extraits du témoignage qu’il a fait parvenir depuis l’Albanie : "Ils m’ont forcé et tapé aussi.(…) Ils m’ont dit : "Tu ne peux pas refuser parce que c’est un avion privé". (…) Il y avait six policiers [au départ du CRA]… Ils m’ont mis par terre. Ils ont appuyé sur moi et m’ontdit "ferme ta gueule !". Ils m’ont mis la pression. Ils m’ontmis des claques... Du centre, ils m’ont emmené à l’aéroport[où] il y avait douze policiers. Un policier a dit : "Quirefuse"? J’ai dit "moi". Il m’a tiré par l’oreille. Il m’a mispar terre et m’a tapé [avec des coups de pied]. Et trois fois,je leur ai dit "lâchez-moi". Ils m’ont mis la main sur lagorge et m’ont dit "ta gueule !" .3

Pourtant, la préfecture pouvait parfaitement régulariser celycéen de 18 ans en appliquant l’article L313-15 duCESEDA. Ce n’est pas grâce à la loi Cazeneuve, quin’améliore en rien la situation des lycéens sans-papiers,c’est un article qui date… d’Hortefeux. Mais, apparem-ment, l’intérêt supérieur de l’État exigeait son expulsion.La politique du chiffre continue.

Pablo Krasnopolsky

1 Mediapart : A Calais, l’Etat tombe le masque2 Chiffres 2014 publiés par Eurostat en mai 2015.3 Plus de détails sur http://www.librinfo74.fr/

Aminata, grévistedu 57 bd de Stras-bourg, entourée deses camarades.Malgré la lutte vic-torieuse contre lamaffia du quartierChâteau d’Eau àParis, qui a débou-ché sur leur régulari-sation (Perspectives

n° 133), le jour où Aminata se présente à la Préfecturepour retirer son titre, elle est placée en garde-à-vuepuis convoquée en correctionnelle pour le 17 juin,accusée d’avoir volontairement usé d’un faux passe-port. Pour plus de détails, voir et signer la pétition : https://www.change.org/p/marilyne-poulain-pour-qu-aminata-puisse-vivre-librement-en-france

Bulldozers à Calais Tabassage d’un lycéen pour l’expulser...Welcome !

Le RESF78 fête son 10ème anniversaire, samedi 16 avril 2016, au Centre Huit de Versailles :

"D’une loi à l’autre, 10 ans après, nous sommes toujours là !"