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Septembre 2013 Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes

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Septembre 2013

Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 2 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Première partie :

La pauvreté monétaire en Poitou-Charentes

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Les Nouveaux Géographes 3 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Une photographie de la pauvreté monétaire :

246 700 personnes pauvres en Poitou-Charentes en 2010

Le taux de pauvreté est la proportion d’individus appartenant à des ménages dont le niveau de vie,

c’est-à-dire le revenu disponible (après transferts, impôts et prestations sociales) par unité de

consommation (UC), est inférieur au seuil de 60 % de la médiane du revenu disponible par UC de

l’ensemble de la population. En France en 2010, ce seuil est de 964 € mensuels pour une personne

vivant seule.

Le niveau de vie détermine l’accès des individus aux biens et aux services. En-deçà d’un certain

seuil, on peut considérer que l’accès au minimum nécessaire pour disposer de conditions de vie

décentes et maintenir le lien social n’est plus garanti. Le taux de pauvreté, qui mesure la proportion

de la population d’un territoire dans cette situation, témoigne donc du degré d’incapacité de la

société à garantir le bien-être de tous en limitant les disparités, condition de la cohésion sociale.

Pour des raisons de disponibilité et de fiabilité des données, deux échelons territoriaux sont retenus,

la région et le département. Ils donnent un premier aperçu de la géographie de la pauvreté et de

l’ampleur du phénomène à ces deux échelles. Mais les disparités sont tout aussi fortes entre les

territoires urbains et ruraux, ou même à l’échelle infra-urbaine au sein d’un même département. Une

analyse plus fine à partir de données complémentaires est donc nécessaire à la compréhension du

problème.

Le taux de pauvreté monétaire en Poitou-Charentes en 2010 est de 14,3 %, soit 0,2% de plus que la

France métropolitaine. Il est cependant égal au taux de pauvreté monétaire dans la France dite « de

Province ». Tous les départements de la région ne sont pas égaux face à ce phénomène.

Définitions

Pauvreté monétaire

Un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre lorsqu'il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur

au seuil de pauvreté. Dans une approche en termes relatifs (privilégiée par l'Insee et par Eurostat), le seuil de pauvreté

est déterminé par rapport à la distribution des niveaux de vie de l'ensemble de la population. On utilise en général en

Europe un seuil à 60 % de la médiane des niveaux de vie.

Niveau de vie :

Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de consommation (UC) qui le

composent. Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d'un même ménage.

Unité de consommation :

Les unités de consommation sont calculées selon un standard de l'OCDE qui attribue 1 UC au premier adulte du

ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans et plus, et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans.

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Les Nouveaux Géographes 4 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Figures 1 et 1b. Taux de pauvreté en 2010 dans les régions et départements

Sources : Insee, Revenus Disponibles Localisés 2010

En 2007 la région comptait 241 000 personnes pauvres ; en 2010, ce nombre a augmenté et atteint

dorénavant 246 700 personnes pauvres au seuil de 60 % du revenu médian. On compte ainsi près de

87 000 pauvres en Charente-Maritime, 58 500 en Vienne, 53 000 en Charente, où le taux de

pauvreté est le plus élevé, et 47 800 en Deux-Sèvres, là où il est le moins élevé.

La région Poitou-Charentes est la 10e région où le taux de pauvreté est le plus important, ex æquo

avec la région Auvergne et la France de Province.

Cela tient à plusieurs facteurs : tout d'abord, les salaires et revenus du travail en région comptent

parmi les plus faibles de France : avec un revenu salarial annuel moyen de 18 774 €, Poitou-

Charentes connaît un écart de près de 2 300 € par rapport au revenu salarial moyen national, et de

880 € par rapport à la France de Province. Cette différence est largement le fait de l'écart existant

entre les revenus des hommes et des femmes. Ces dernières touchent en effet chaque année 4 180 €

Taux de pauvreté en

2010 (à 60 % du revenu

médian)

Charente 15.5 %

Charente-Maritime 14.3 %

Deux-Sèvres 13.3 %

Vienne 14.1 %

Poitou-Charentes 14.3 %

France métropolitaine 14.1 %

France de Province 14.3 %

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Les Nouveaux Géographes 5 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

de moins que les hommes, toutes catégories socioprofessionnelles confondues. Selon qu'elles soient

ouvrières non qualifiées ou cadres, la variation de salaire est comprise entre – 2 450 € et – 6 800 €

par rapport aux salaires des hommes

L’étude Compas « Premières estimations des taux de pauvreté des plus grandes communes de France » : la

situation de Poitiers et La Rochelle

La société Compas a rendu public en août 2012 un rapport sur les taux de pauvreté dans 100 communes françaises, sous

forme d'un classement au sein duquel figurent les agglomérations de La Rochelle et de Poitiers. Ce rapport relate une

étude fine à un niveau territorial, la commune, qui n'avait jamais été exploité aussi largement auparavant.

La méthode

Les estimations de Compas relatent les taux de pauvreté à 60 % du revenu médian ; elles sont basées sur les données

fiscales communiquées par l'Insee au niveau de toutes les communes, pour l'année 2009. Cependant afin d'être plus

complètes, ces données fiscales doivent intégrer les différentes prestations reçues par les ménages. Or, ces niveaux de

prestations ne sont pas fournis par l'Insee de manière aussi fine que les revenus. Pour déterminer ces niveaux de

prestations, la société Compas a considéré que l'on pouvait associer aux niveaux de vie locaux l'équivalent de ce qui

était perçu au niveau national. Il s'agit donc d'une approximation qui ne reflète pas réellement perçus par par les

ménages de chaque ville, mais qui serait plus fidèle à la réalité que de se contenter des revenus hors prestations. Ces

prestations varient en effet peu au niveau local. On peut ainsi observer des écarts entre les niveaux de vie réels et les

estimations de Compas, dues notamment à la composition des ménages.

Les résultats

Les calculs de l'Insee donnent un taux de pauvreté à 60 % du revenu médian de 13,9 % en 2009 ; les estimations de

Compas, elles, font ressortir (avec les biais explicités dans le paragraphe ci-dessus) un taux de pauvreté à 15 %.

Cependant, ce taux global n'a, pour les auteurs de l'étude, « pas grand sens pour les habitants au quotidien dans leur

commune. Parmi les 100 plus grande villes, les taux de pauvreté estimés vont de 7 % à 46 % entre Neuilly-sur-Seine et

Roubaix ». La pauvreté se concentrerait ainsi dans les villes les plus importantes, la ville attirant davantage de

personnes démunies que la campagne, notamment en raison des opportunités d'emploi et de logements sociaux qu'elle

offre. Le Compas dresse plusieurs catégories de villes concentrant des personnes pauvres, en raison de facteurs socio-

économiques et territoriaux : les villes des départements d'outremer (St-Denis de la Réunion, Fort de France) ; les villes

en difficulté du fait de leur passé industriel (Roubaix, Mulhouse, Calais) ; les villes périphériques des grandes

agglomérations (Aubervilliers, St-Denis, Vénissieux) ; les villes de grande taille (Montpellier, Lille, Marseille) ;

certaines villes du Sud de la France (Perpignan, Béziers, Avignon, Nîmes). A l'opposé on retrouve notamment les villes

de l'Ouest parisien, parmi les moins pauvres (Neuilly-sur-Seine, Rueil-Malmaison, Versailles) et les villes de taille

moyenne qui ne font pas partie de la banlieue d'une grande ville (Quimper ou Cholet), qui se situent en dessous de la

moyenne nationale.

Bien que La Rochelle et Poitiers entrent dans cette dernière catégorie des villes de taille moyenne relativement

« isolées » ou seuls pôles métropolitains dans leur espace territorial. Les taux de pauvreté calculés par Compas sont

ainsi de 22 % à Poitiers (8 016 ménages pauvres, 39e place sur 100, comparable à St-Etienne, Toulon ou Metz) et de 18

% à La Rochelle (6 526 ménages pauvres, 70e place sur 100, comparable à Colombes, Tours ou Bourges). La situation

de ces deux villes de Poitou-Charentes semble ainsi relativement difficile, puisque les taux de pauvreté sont supérieurs à

la moyenne nationale de Compas. Cependant il faut nuancer cette conclusion. Olivier Bouba-Olga, économiste, avait

réagi lors de la publication du rapport1 en avançant quelques éléments explicatifs : d'une part, l'étude calcule des taux

de pauvreté par commune et non par agglomération. Or à Poitiers de nombreux logements sociaux sont implantés,

contrairement à d'autres agglomérations comme Dijon par exemple, qui ont fait le choix d'implanter leur parc locatif

social dans les autres villes de la périphérie et non dans la ville-centre. D'autre part la composition sociale de la

commune influe également : Poitiers est la ville dans laquelle la part d'étudiants dans la population totale est la plus

élevée de France, on y trouve également davantage d'emplois faiblement rémunérés.

1Sur son blog, http://blogs.univ-poitiers.fr/o-bouba-olga/2012/08/29/22-de-pauvres-a-poitiers/, consulté le 05/08/2013

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Figure 2. Taux de pauvreté en 2010 par région

Sources : Observatoire des inégalités, Insee – Revenus Disponibles Localisés 2010

Les écarts de salaire entre les hommes et les femmes sont moins exacerbés en Poitou-Charentes

qu'en France : ainsi au niveau national une femme cadre touche 10 400 € de moins qu'un homme

cadre, et 2 600 € de moins si elle est ouvrière par rapport à un homme ouvrier.

Les salaires augmentent cependant plus vite en Poitou-Charentes que dans le reste du pays,

conséquence à la fois d'un certain rattrapage régional du niveau de salaire moyen national, mais

aussi et surtout d'un rattrapage des salaires des femmes sur celui des hommes : entre 2009 et 2010

par exemple le salaire féminin moyen en région a augmenté de 1 061 €, surtout à la faveur d’une

reprise de l’activité à temps complet. Les salaires des femmes ont même augmenté plus rapidement

en région qu'au niveau national, puisque à ce dernier échelon les salaires des femmes, toutes CSP

confondues, ont crût de 982 € entre 2009 et 2010. Les salaires masculins des travailleurs picto-

charentais, en revanche, augmentent moins vite que celui des hommes à l'échelle nationale, puisque

l'augmentation entre les deux années a été de 558 €, contre 516 € au niveau régional.

On constate enfin que ce sont les salaires des cadres et des employés qui ont le plus augmenté entre

2009 et 2010. Les premiers ont connu un gain de 988 € par rapport à l'année précédente, et les

seconds un gain de 970 €. Les ouvriers sont ceux qui ont le moins profité de hausses de revenus : +

120 € pour les ouvriers qualifiés, et + 34 € seulement pour les ouvriers non qualifiés.

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Les salaires ne sont pas non plus équitablement répartis entre les territoires infra-régionaux. Au

niveau des départements par exemple, un ouvrier non qualifié en Vienne touche en moyenne 1 000

€ de plus qu'un homologue deux-sévrien.

Charente Charente-

Maritime

Deux-

Sèvres

Vienne Poitou-

Charentes

France

de pro-

vince

France

HOMMES 20 894 20 329 20 777 21 493 20 829 22 206 23 757

Cadres 36 484 37 297 37 467 37 305 37 188 39 509 43 504

Professions intermédiaires 24 771 24 381 24 136 24 617 24 468 25 374 25 770

Employés 16 854 15 723 16 763 16 472 16 300 16 680 16 984

Ouvriers qualifiés 17 896 17 214 17 292 17 619 17 473 18 064 18 157

Ouvriers non qualifiés 13 956 13 698 13 395 14 112 13 764 13 793 13 858

FEMMES 16 523 16 102 16 861 17 293 16 650 16 909 18 155

Cadres 29 012 29 034 30 864 32 331 30 403 30 050 33 113

Professions intermédiaires 21 190 20 827 21 090 21 144 21 036 21 021 21 694

Employées 13 881 13 418 14 118 13 891 13 767 13 667 14 086

Ouvrières qualifiées 14 719 13 723 13 522 14 741 14 149 14 673 14 934

Ouvrières non qualifiées 11 652 10 435 11 031 12 385 11 314 11 244 11 283

TOTAL 18 784 18 239 18 860 19 406 18 774 19 652 21 045

Cadres 33 719 34 051 34 845 35 360 34 547 35 968 39 449

Professions intermédiaires 22 920 22 539 22 552 22 816 22 689 23 126 23 632

Employés 14 663 14 083 14 758 14 616 14 457 14 515 14 944

Ouvriers qualifiés 17 519 16 884 16 843 17 291 17 107 17 686 17 807

Ouvriers non qualifiés 13 069 12 683 12 483 13 488 12 888 12 885 12 951

Figure 3. Revenus salarial annuel moyen en 2010 en Poitou-Charentes, selon le sexe et la catégorie

socioprofessionnelle

Sources : Insee, Dads 2010

Ces écarts de salaires sont « lissés » au niveau départemental ; c'est-à-dire que ces chiffres agrégés

peuvent cacher des disparités locales bien plus grandes, au niveau des agglomérations par exemple,

ou encore plus finement au niveau des quartiers des grandes villes.

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2011 : le taux de pauvreté français à son plus haut niveau depuis 1997

L’Insee a publié le 13 septembre 2013, soit à la fin de la période de rédaction de ce diagnostic, les résultats pour la

France métropolitaine de l’enquête Revenus Fiscaux et Sociaux pour l’année 2011. Nous livrons ici les principaux

enseignements de cette enquête. Le niveau de vie médian s’établit ainsi à 19 550 € annuels en France métropolitaine ; il est stable en euros constants par

rapport à 2010. Les 10 % de personnes les plus modestes ont un niveau de vie inférieur à 10 530 €, quand les 10 % les

plus aisés disposent au moins de 37 450 €, soit 3.6 fois plus. Les inégalités ont ainsi continué d’augmenter en 2011 :

l’année précédente, seules les 5 % de personnes les plus aisées avaient vu leur niveau de vie augmenter, alors que toutes

les autres parts de la population avaient vu le leur diminuer. En 2011, on constate une amélioration de cette situation

dans la moitié haute de la distribution, alors que la situation se dégrade encore dans la moitié basse. Les 10 % les plus

aisés de la population (9e décile) ont vu leur niveau de vie augmenter de 2.1 %, quand les 8e et 7e déciles ont vu leurs

niveaux de vie augmenter plus modérément (moins de 1 %). A contrario les 40 % les moins aisés (4 premiers déciles)

ont vu leurs niveaux de vie continuer de diminuer, entre 0.2 % et 0.8 % de moins par rapport à l’an passé. C’est ainsi la

troisième année consécutive que les ménages les plus pauvres s’appauvrissent encore.

Le taux de pauvreté s’établit en conséquence à 14.3 % de la population, en augmentation par rapport à l’année

précédente et pour la 4e année consécutive, et ce même en prenant en compte les changements méthodologiques qui ont

été mis en œuvre pour le calcul du taux de pauvreté pour l’année 2011. Le taux de pauvreté n’avait pas été aussi élevé

depuis 1997.

8.7 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté monétaire qui s’élève à 977 € par mois en 2011. La moitié de

ces personnes vivent avec moins de 790 € par mois : l’intensité de la pauvreté a ainsi elle aussi augmenté, passant de 19

points en 2010 à 19.1 points en 2011.

La composition de la population pauvre se modifie légèrement : parmi les adultes pauvres, la part des retraités diminue,

quand celle des actifs augmente. Le taux de pauvreté des retraités a en effet baissé de 10 % à 9.3 % entre 2010 et 2011,

quand celui des actifs est passé de 10.2 % à 10.9 %. Plus de la moitié des personnes pauvres sont des actifs occupés,

leur nombre plus important jouant en faveur de leur plus forte présence, même si leur taux de pauvreté ne s’établit

« qu’à » 8 %. Les chômeurs restent la population la plus vulnérable à la pauvreté : 38.9 % d’entre eux vivent sous le

seuil de pauvreté monétaire. Le nombre d’actifs sous le seuil de pauvreté augmente donc fortement, les salariés

pâtissant d’une diminution des bas salaires en euros constants, les seconds de l’augmentation de leur durée de temps

passé en chômage. Ce phénomène s’accompagne d’une légère hausse du nombre de chômeurs qui ne perçoivent aucune

rémunération (46.4 %) et d’une hausse des allocations chômage inférieure à l’inflation.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

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La pauvreté augmente en région comme en France

Poitou-Charentes est dans la moyenne de la « France de Province » en matière de taux de pauvreté.

On ne perçoit pas de décrochage par rapport à la « norme » nationale, qui a vu la pauvreté baisser

aussi bien en région que dans le pays entre 2007 et 2008, sans pour autant que cette baisse soit

pérenne. Dès 2009 le taux de pauvreté avait augmenté en région de 4,5 % par rapport à l'année

précédente, avec une différence toutefois par rapport au niveau national : le taux de pauvreté

monétaire en 2009 restait légèrement inférieur à celui de 2007, alors qu'en France métropolitaine et

en France de province ce taux était supérieur à celui de 2007.

Figures 4. Evolution du taux de pauvreté en Poitou-Charentes entre 2006 et 2010

Les départements ne sont cependant pas égaux face à cette évolution de la pauvreté, et la Charente

est toujours tenante du triste titre de département avec le plus haut taux de pauvreté de Poitou-

Charentes. Cela va même plus loin : la Charente est le département qui a vu son taux de pauvreté,

déjà plus haut que les autres, évoluer le plus fortement à la hausse depuis 2008 (+ 9,7 % cumulés

sur deux ans). C'est deux points de plus que dans les autres départements.

Taux de pauvreté (à 60 % du revenu médian)

2006 2007 2008 2009 2010

Charente 14,40% 14,70% 14,10% 15,00% 15,50%

Charente-Maritime 14,10% 14,10% 13,30% 13,80% 14,30%

Deux-Sèvres 13,00% 13,10% 12,40% 13,10% 13,30%

Vienne 13,10% 13,50% 13,10% 13,50% 14,10%

Poitou-Charentes 13,70% 13,90% 13,20% 13,80% 14,30%

France métropolitaine 13,20% 13,40% 13,00% 13,50% 14,10%

France de Province 13,40% 13,70% 13,20% 13,80% 14,30%

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Un indicateur européen, la privation matérielle sévère

Dans le but d'affiner l'observation des situations de pauvreté basée sur les conditions de vie, l'Union Européenne a

construit un indicateur supplémentaire au taux de pauvreté : le taux de privation matérielle sévère. Il s'agit d'un

indicateur synthétique qui est construit à partir de neuf questions posées aux ménages, concernant :

– des difficultés à payer leur loyer ou les charges locatives,

– des difficultés pour chauffer convenablement leur logement,

– des difficultés pour faire face à d'éventuelles dépenses imprévues,

– des difficultés pour prendre un repas protéiné au moins une fois tous les deux jours,

– des difficultés pour partir en vacances hors de son domicile au moins une semaine par an,

– la non-possession d'un poste de télévision,

– la non-possession d'un réfrigérateur,

– la non-possession d'une automobile,

– la non-possession d'un téléphone2.

Un ménage est dit en situation de privation matérielle sévère (ou aiguë) lorsque 4 items sur 9 sont présents. En Europe

(UE 27), ce taux s'établit à 8,8 % en 2011 (6,1 % dans l'UE à 15 pays, ce qui montre que ce sont les pays de l'Est qui

sont les « moins bien équipés »). La France, quant à elle, connaît un taux de privation matérielle sévère de 5,2 % en

2011. Pour la première année depuis 2007, il est en baisse (de 0,6 points), alors qu'il augmentait depuis 2008. La France

est ainsi dans une démarche inverse de celle de l'Union Européenne : à l'échelle de l'Union en effet ce taux est en

augmentation depuis seulement 2010, après de nombreuses années de baisse continue.

Ces données ne sont pas disponibles à l'échelle des régions.

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

UE-27 10,70% 9,90% 9,10% 8,40% 8,00% 8,30% 8,80%

UE-15 5,20% 5,00% 4,90% 5,20% 5,00% 5,20% 6,10%

France 5,30% 5,00% 4,70% 5,40% 5,50% 5,80% 5,20%

Figure 5 : Taux de privation matérielle sévère en France et en Europe (sources : Eurostat, EU-SILC)

2Les indicateurs de non-possession d'un téléviseur, d'un réfrigérateur, d'une voiture ou d'un téléphone s'entendent

comme non-possession alors que les personnes désireraient en posséder ou en auraient besoin pour leur vie

quotidienne.

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Vivre la pauvreté : une approche par les inégalités et la dispersion des revenus

Une des dimensions les plus intéressantes de l'étude de la pauvreté est la prise en compte de son

caractère relatif. L'habitude, en France, est de l'observer ainsi, alors que dans certains Etats (comme

les Etats-Unis par exemple) on mesure la pauvreté en termes absolus, par rapport à un niveau de vie

« seuil ».

On citera rapidement Young et Willmott, qui dans un essai intitulé « Family and kinship in East

London3 », édité en 1957, faisaient l'observation que la pauvreté était plus « facile » à vivre entouré

de gens qui vivaient selon les mêmes standards de vie qu'en présence de familles plus aisées.

L'apport principal de leur étude a été de montrer que les relations familiales jouaient un rôle central

dans la sociabilité et les pratiques quotidiennes des habitants des quartiers populaires. Cette

conclusion ressortait d'une analyse d'un programme de relogement de familles vivant dans des

quartiers défavorisés, et qui s'étaient vues offrir la possibilité d'intégrer des logements dans un

nouveau quartier socialement plus « mixte » de Londres. Une des conséquences de ce programme a

été, pour les familles pauvres relogées dans ce quartier, de favoriser une désocialisation progressive

des individus, puisque les relations sociales basées sur leur groupe de pairs et leur groupe familial

étaient rompues par la dispersion de cette « communauté des pauvres » à travers la ville. Les

familles vivant ainsi quotidiennement en faisant face à ce qu'ils considéraient comme un mode de

vie opulent de la part de leurs nouveaux voisins, sans possibilité de nouer contact avec leurs

« anciens pairs », évitaient alors de sortir de leurs habitations, craignaient les relations sociales ou

personnelles avec les autres habitants plus fortunés, et finalement intériorisaient une « honte » d'être

pauvres et seuls, alors qu'auparavant leur pauvreté était pour ainsi dire moins « visible », et surtout

vécue de manière partagée.

Ainsi la thématique des inégalités de revenus est-elle importante pour aborder la question de la

pauvreté d'une manière relative. Il est plus difficile, plus violent socialement parlant, de vivre dans

un lieu où se retrouvent de fortes disparités de revenus entre les ménages – à l'exemple du Grand

Angoulême, dont le rapport interdécile des revenus fiscaux des ménages est égal à 6,8 – que dans

un quartier plus homogène – comme par exemple dans la Communauté de Communes Vienne et

Moulière, avec un écart interdécile de 3,2. Attention cependant à ne pas conclure de manière

hâtive : nous verrons que les personnes ayant les mêmes niveaux de revenus tendent à se retrouver à

se retrouver spatialement aux mêmes endroits pour établir leur lieu de vie, d'où la formation de

« quasi-ghettos », formes spatiales ségrégantes ou ségrégées, regroupant des ménages riches ou des

3Publié en français en 2010 sous le titre « Le Village dans la Ville. Famille et parenté dans l'Est londonien », PUF, coll.

Le lien social.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 12 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

ménages pauvres, mais rarement les deux à la fois. La région Poitou-Charentes est relativement

épargnée par ces phénomènes, sauf en quelques lieux très localisés (à l'échelle infra-communale)

que nous détaillerons dans les prochains paragraphes.

La mesure des inégalités de revenus

Ecart interdécile Il s'agit du rapport entre le premier décile des revenus (c'est-à-dire le niveau de salaire touché par les 10 % des

personnes les moins payés) et le neuvième décile des revenus (c'est-à-dire le niveau de salaire au-dessus duquel se

situent les 10 % des personnes les mieux payées). Il s'agit d'un indicateur d'inégalités usuel et assez simple, mesurant

l'écart de revenus entre les 10 % les plus riches et les 10 % les plus pauvres. Il n'a pas de borne supérieure mais ne peut

être inférieur à 0. Plus le ratio est élevé, et plus les disparités de revenus sont importantes.

Indice de Gini

L'indice (ou coefficient) de Gini est un indicateur synthétique d'inégalités de salaires, de revenus ou de niveaux de vie.

Il varie entre 0 et 1. Il est égal à 0 dans une situation d'égalité parfaite où tous les salaires, revenus etc. seraient égaux ;

il est égal à 1 dans une situation la plus inégalitaire possible, celle où tous les salaires, revenus, etc. sauf un seraient

nuls. Entre 0 et 1, l'inégalité est d'autant plus forte que le coefficient de Gini est élevé.

Poitou-Charentes, une région dans la moyenne française

Les régions de France métropolitaine se distribuent, en matière d’inégalités et de dispersion des

revenus, en cinq groupes distincts. L’Ile de France, de par sa composition socio-démographique et

sa place dans l’appareil productif et le marché de l’emploi, constitue un groupe à elle seule – groupe

au sein duquel les revenus médian par UC en 2010 étaient largement plus élevés que la médiane des

revenus métropolitains (le revenu médian francilien est 3 000 € plus élevé que le revenu médian

métropolitain) mais les inégalités étaient également largement pus grandes : le revenu le plus bas

des 10 % les plus aisés était 7.4 fois plus élevé que le revenu le plus haut des 10 % les plus pauvres.

Les inégalités de revenus touchent également les régions méditerranéennes, Corse, Provence-Alpes-

Côte-d’Azur et Languedoc-Roussillon, où les revenus sont plus faibles qu’en moyenne

métropolitaine (à l’exception de PACA) mais où les inégalités sont élevées, l’écart inter-décile

s’échelonnant de 6.7 à 7.1 dans ces régions. Le Nord-Pas-de-Calais est également inclus dans ce

groupe, avec le faible revenu médian de métropole (16 369 €, soit 2 380 € de moins que la moyenne

française) et les inégalités élevées (écart inter-décile de 6.6).

Alsace et Rhône-Alpes font figure d’exceptions dans le paysage français, car elles sont les seules

régions à cumuler à la fois des revenus médians supérieurs à la moyenne et une dispersion des

revenus plus concentrée.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 13 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Pays de Loire et Bretagne se comportent également de manière singulière. Il s’agit des deux régions

françaises qui connaissent la plus faible dispersions des revenus des UC (4.1), ainsi qu’un revenu

médian proche de la moyenne de métropole (respectivement 510 € et 275 € de moins). Ainsi la

pauvreté semble y être plutôt mesurée et surtout, on ne constate d’écarts criants entre les revenus

des plus aisés et des plus pauvres.

La plupart des régions françaises se concentre en réalité dans une situation que l’on peut qualifier de

moyenne, où les revenus sont assez proches de la moyenne française et où les disparités de revenus

sont légèrement moins grandes. Au sein de ce groupe, on pourrait cependant distinguer les

situations des régions Champagne-Ardennes, Picardie, Lorraine, Limousin, Basse-Normandie,

Auvergne, et Poitou-Charentes, où les revenus médians sont plus faibles que dans autres régions du

groupe.

Figure 6. Dispersion des revenus dans les régions de France métropolitaine en 2010

Sources : Insee, RFM 2010

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 14 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

RFM 2010 2ème Quartile

(Médiane) par UC (€)

RFM 2010 Rapport interdéciles

par UC (sans unité)

Ile-de-France 21 791 7,4

Champagne-Ardenne 17 742 5,3

Picardie 17 876 5,3

Haute-Normandie 18 419 5,0

Centre 18 756 4,6

Basse-Normandie 17 627 4,5

Bourgogne 18 222 4,5

Nord-Pas-de-Calais 16 369 6,6

Lorraine 18 013 5,0

Alsace 20 065 5,1

Franche-Comte 18 393 4,7

Pays de la Loire 18 239 4,1

Bretagne 18 474 4,1

Poitou-Charentes 17 743 4,6

Aquitaine 18 623 4,8

Midi-Pyrenees 18 460 5,1

Limousin 17 810 4,8

Rhone-Alpes 19 495 5,1

Auvergne 17 777 4,6

Languedoc-Roussillon 16 918 7,1

Provence-Alpes-Cote d'Azur 18 636 6,7

Corse 17 207 6,7

France métropolitaine 18 749 5,6

Figure 7 . Revenu médian et dispersion des revenus par UC dans les régions de France métropolitaine en 2010

Sources : Insee, RFM 2010

Les EPCI de Poitou-Charentes, inégaux face aux niveaux de vie : la ruralité et les communautés

urbaines plus touchés par la pauvreté que les périphéries.

Les plus hauts revenus de la région se concentrent, sans surprise, dans les grands pôles urbains.

Ainsi La Rochelle, Poitiers et Niort figurent parmi les zones où l’on rencontre parmi les plus hauts

revenus médians par UC en 2010. Cette situation ne connaît que peu d’évolution, et reflète un

phénomène qui touche le monde entier : les villes apportent davantage de solutions de logement, de

travail, concentrent des emplois plus qualifiés qu’en zone rurale, et donc plus fortement rémunérés.

Ainsi, il n’est nullement étonnant d’observer cette répartition des revenus en région.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 15 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Figure 8. Médiane des revenus fiscaux annuels par unité de consommation dans les EPCI de Poitou-Charentes en

2010 (Sources : Insee, RFM 2010)

Les littoraux sont les espaces les plus soumis à de fortes pressions démographiques et à des

phénomènes de concentration de population, ainsi qu’à des problématiques de manque de logement

et de forts coûts du foncier, notamment à cause des phénomènes dits d’héliotropisme et de tropisme

littoral. Sur une carte de France des revenus médians par commune, on peut ainsi observer une ligne

de hauts revenus qui court le long de la côte Atlantique, de Bayonne jusqu’à la pointe du Médoc, sur

le territoire royannais, s’interrompant ensuite pour reprendre sa course depuis La Rochelle jusqu’à

la côte sud de la Bretagne. Le même effet s’observe sur la Côte d’Azur. On aperçoit enfin un second

phénomène qui se couple au premier, à savoir la concentration de revenus beaucoup plus faibles à

proximité directe de cette « bande » de hauts revenus, dans les hinterland et arrière-pays (c’est

notamment un problème en région PACA, mais aussi en Poitou-Charentes où par exemple les

Saintonges, les communes de St Jean d’Angély, Surgères, ou les lieux plus ruraux comme Matha,

concentrent des populations moins aisées, qui travaillent souvent dans les villes littorales – ici, La

Rochelle et son bassin d’emploi – mais qui ne peuvent s’y loger de par les coûts trop importants du

foncier par rapport à leurs revenus).

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Les Nouveaux Géographes 16 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

On est ainsi en présence d’un « littoral à deux vitesses », où les espaces directement côtiers attirent

beaucoup de personnes aisées, qui peuvent acquérir un bien immobilier, et souvent âgées, en retraite

ou proches de la retraite. L’arrière-pays est lui soumis à de plus fortes difficultés sociales, en raison

du mouvement de tropisme littoral, qui voit arriver des populations de l’extérieur disposant des

moyens financiers nécessaires, et amenant les populations moins aisées à se retirer dans les zones

périurbaines voire plus loin encore, suivant le gradient du prix des logements et du foncier.

La Charente-Maritime est ainsi concernée au premier chef par ces phénomènes et les conséquences

socio-économiques qu’ils engendrent. Les zones avec les revenus médians les plus élevés sont la

CDA de La Rochelle, la CARA (Communauté d’Agglomération Royan Atlantique), les deux îles

(Ré et Oléron), la communauté de communes du pays marandais. Ces EPCI cotoient d’autres

territoires moins aisés (la zone comprise entre Royan et La Rochelle, et notamment la communauté

de communes du bassin de Marennes), et même connaissent de grandes disparités internes (nous

aborderons ces disparités dans une partie suivante sur les quartiers des grandes villes).

En Charente-Maritime, et notamment sur son bassin le plus attractif, La Rochelle, les mouvements

de population (mouvement des entrées-sorties) expliquent la majeure partie de l’augmentation du

nombre d’habitants. La dynamique d’attractivité a remplacé le solde naturel (la reproduction des

habitants sur place) comme moteur de la croissance démographique. Cette attractivité joue surtout

sur des ménages et des personnes adultes, c’est-à-dire âgées de plus de 30 ans. Le territoire, malgré

ses atouts, a en effet du mal à retenir ses jeunes qui partent faire leurs études supérieurs ailleurs en

région (pôle universitaire de Poitiers) ou bien en France (notamment Bordeaux, Nantes, Paris).

L’aire urbaine de La Rochelle attire ainsi surtout des personnes cadres, des professions supérieures

ou intermédiaires, et dans une légère moindre mesure des retraités. Ces derniers représentent la

frange de la population des nouveaux arrivants la plus aisée, et vient « modifier » les observations

statistiques, qui laissent apparaître alors une population vieillissante et jouissant de revenus élevés,

alors que la réalité est plus nuancée (voir infra., « Zoom sur les populations des quartiers prioritaires

de la politique de la Ville »).

La Charente s’inscrit dans une problématique différente. Département rural, peu attractif comparé à

son homologue Maritime, la pauvreté y est néanmoins aussi élevée. Ainsi Angoulême échappe à la

logique globale de concentration des plus hauts revenus dans les centres urbains majeurs des

territoires : comparativement aux autres habitants des chefs-lieux de département, les angoumoisins

connaissent un revenu médian d’environ 1 000 € plus faibles par an, même si ce revenu médian

reste supérieur à la moyenne régionale.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 17 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Chef-Lieu Revenu médian en 2010 Ecart au revenu médian régional en 2010

Angoulême 18 000 € + 257 €

La Rochelle 19 806 € + 2 063 €

Niort 19 713 € + 1 970 €

Poitiers 19 162 € + 1 419 €

Figure 9. Revenus médians en 2010 par unité de consommation dans les 4 chefs lieux de Poitou-Charentes et

écart à la moyenne régionale (Sources : Insee, RFM 2010)

Ainsi en Charente, le « modèle » de la géographie des revenus est différent des autres départements.

Quand, en Charente-Maritime, Deux-Sèvres et Vienne, les hauts revenus se localisent plutôt dans

les centres urbains et la périphérie proche, et les revenus les plus faibles dans la « seconde

couronne » et les zones urbaines dégradées, en Charente les hauts revenus se concentrent davantage

entre les deux centres urbains principaux (Angoulême et Cognac), se répartissant ainsi dans un

hinterland ou zone interstitielle entre les centres urbains. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette

répartition singulière de la population, comme la disponibilité de logements et de foncier plus

grand, ou encore des considérations relatives à la qualité de vie.

Figure 10. Premier décile des revenus fiscaux par unité de consommation en 2010 dans les EPCI de Poitou-

Charentes (Sources : Insee, RRP 2010)

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 18 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Inégalités et dispersion des revenus

Deux phénomènes viennent cependant s’ajouter à cette géographie des revenus : la présence en

région d’une façade littorale, et la situation particulière à plusieurs titres du département de

Charente.

Par rapport aux situations régionales, la situation infra-territoriale en Poitou-Charentes en matière

de dispersion des revenus est largement plus contrastée, avec d’assez grandes différences de

revenus entre EPCI (le revenu médian des rétais, habitants de l’ile de Ré, est près de 1.5 fois plus

élevé que celui des habitants de la communauté de communes du pays Charlois, dans la Vienne).

L’écart inter-décile oscille entre 3.2 (communauté de communes du Saint-Varentais) et 7.3 (Grand

Poitiers).

Ainsi on peut distinguer non plus 5, mais 8 groupes de territoires selon la distribution et la médiane

de leurs revenus

Figure 11. Dispersion des revenus dans les EPCI de Poitou-Charentes en 2010 (Sources : Insee, RFM 2010)

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 19 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Groupe A :

Il regroupe des EPCI au sein desquels les revenus sont plus faibles qu’en moyenne régionale, et où

les écarts existants entre les revenus des plus aisés et les revenus des plus défavorisés sont plus

élevés.

EPCI Revenu

médian (en €)

Ecart

interdécile

Ruffec 16 341 5.3

Canton de St Jean d’Angély 16 118 5.3

Pays d’Aigre 15 321 5.6

Pays de Chalais 15 282 5.7

Confolentais 14 742 5.7

Trois Vallées 14 972 5.4

Pays Charlois 14 557 5.1

Canton d’Aulnay de Saintonge 14 835 4.7

Cœur du Poitou 15 021 4.8

Canton de Loulay 15 136 4.7

Pays d’Aubeterre 15 126 4.7

Montorélien 15 301.5 4.9

Pays de Matha 15 578 4.9

Haute Saintonge 15 680 4.8

Groupe B :

Il regroupe des EPCI, nombreux, qui ont des revenus plus faibles que la moyenne régionale, ou des

revenus sensiblement similaires, mais qui présentent la particularité d’être moins touchés par le

phénomène de dispersion des revenus (écarts inter-déciles plus faibles qu’en moyenne régionale).

EPCI Revenu médian

(en €)

Ecart

interdécile

Rouillacais 16831 4,2

Horte et Lavalette 16091 4,5

Pays Manslois 16032 4,3

Bandiat-Tardoire 17353 3,6

Pays de Villefagnan 14930 4,1

Haute Charente 15331 4,5

Canton de Courcon 17408 3,6

Region de Pons 16766 4,3

Canton de Saint Hilaire de 16102 4,5

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 20 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

EPCI Revenu médian

(en €)

Ecart

interdécile

Villefranche

Charente-Arnoult-Coeur de

Saintonge

17009 4,0

Surgeres 16635 4,3

Pays Savinois 16046,5 4,3

Sud-Charente 17573 3,7

Canton de Gemozac et de la

Saintonge Viticole

16190 4,1

Bassins Seudre et Arnoult 16987 3,8

Bassin de Marennes 16507 4,1

Val de Trezence, de la

Boutonne a la Devise

16224 3,9

Delta Sevre Argent 16534 3,3

Val du Thouet 15897 3,6

Canton de Melle 17198 3,9

Airvaudais 16600 3,6

Pays Sud Gatine 15983 3,5

Lezayen 15501 4,1

Parthenay 16973 4,0

Argentonnais 15063 3,7

Val de Boutonne 16270 3,7

Pays Menigoutais 15160 3,8

Espace Gatine 15451 3,7

Terre de Sevre 16112 3,5

Saint Varentais 16296 3,2

Haute Sevre 15797 3,8

Pays Thenezeen 15316,5 3,9

Thouarsais 16834 4,2

Coeur de Bocage 17112 3,8

Pays Mirebalais 16754 3,9

Region de Couhe 16069 4,3

Pays Melusin 17291 3,7

Montmorillonnais 16014 4,3

Lussacois 17180 3,9

Pays Chauvinois 17551 4,0

Civraisien 15979 4,4

Pays Loudunais 15886 4,0

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et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

EPCI Revenu médian

(en €)

Ecart

interdécile

Vienne et Creuse 17413 3,5

du Pays Genceen 16460 4,2

Lencloitrais 16998 3,8

Vals de Gartempe et Creuse 16689 4,2

Groupe C :

Les 5 EPCI de ce groupe se situent dans la moyenne régionale en matière de niveau et de dispersion

des revenus.

EPCI Revenu médian

(en €)

Ecart

interdécile

Ile d’Oléron 17 985 4.4

Royan Atlantique 18 319 4.7

Pays Santon 18 286 4.9

Cognac 18 349 5.1

Pays Rochefortais 17 449 4.9

Groupe D :

Ce groupe particulier concentre à la fois des revenus similaires ou supérieurs à la moyenne

régionale, et une dispersion des revenus beaucoup plus forte.

EPCI Revenu

médian (en €)

Ecart

interdécile

Grand Poitiers 19 162 7.3

Grand Angoulême 18 000 6.8

Pays Châtelleraudais 17 752 6.3

Groupe E :

Ce groupe, situé non loin de la moyenne régionale, concentre des EPCI au sein desquels les revenus

médian par UC sont légèrement plus élevés qu’en région, et où la dispersion des revenus est moins

forte, sans toutefois diverger grandement de la moyenne.

EPCI Revenu

médian (en €)

Ecart

interdécile

Mable et Vienne 17 856 3.8

Boixe 17 836 3.9

Région de Châteauneuf 17 964 3.9

Arc en Sèvre 18 052 3.9

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 22 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

EPCI Revenu

médian (en €)

Ecart

interdécile

Pays Buriaud 17 860 4.1

Jarnac 18 313.5 4.1

Grande Champagne 18 748 4.1

Pays Vouglaisien 18 110 3.6

Pays Marandais 18 380 3.6

Val de Sèvre 18 316 3.3

Val d’Egray 18 106 3.3

Groupe F :

Ce groupe ne comprend que 2 EPCI qui sont dans une situation « médiane » entre revenus

similaires à la moyenne régionale et revenus beaucoup plus élevés. La dispersion des revenus ne

s’écarte que peu de la moyenne régionale et ce groupe est surtout caractérisé par des revenus plus

élevés que la moyenne, sans toutefois figurer parmi les plus élevés.

EPCI Revenu médian

(en €)

Ecart

interdécile

Niort 19 713 4.6

La Rochelle 19 806 5.1

Groupe G :

Ce groupe concentre des EPCI qui ont pour particularité de connaitre des revenus élevés de manière

plutôt homogène (faibles écarts inter-déciles).

EPCI Revenu

médian (en €)

Ecart

interdécile

Vienne et Moulière 20 897 3.15

Région de la

Villedieu du Clain

20 338 3.3

Charente Boeme

Charraud

19 929 3.2

Braconne et

Charente

19 935 3.2

Vonne et Clain 19 726 3.45

Val Vert du Clain 19 498 3.4

Vallée de l’échelle 19 523 3.4

Neuvillois 19 316 3.3

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 23 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

EPCI Revenu

médian (en €)

Ecart

interdécile

Plaine d’Aunis 19 367 3.4

Plaine de Courance 19 275 3.4

Canton de Celles-

sur-Belle

18 940 3.4

Groupe H :

Ce groupe n’est constitué que d’un seul EPCI, la communauté de communes de l’île de Ré, qui a

des caractéristiques assez uniques dans la région, couplant le revenu médian par UC le plus élevé de

la région et un écart inter-décile très légèrement plus élevé. Il s’agirait donc d’un EPCI qui

concentrerait des populations plutôt aisées, où les inégalités se jouent entre personnes au niveau de

vie généralement plus élevé qu’ailleurs.

EPCI Revenu médian

(en €)

Ecart

interdécile

Ile de Ré 21 718 4.9

La notion d’intensité de la pauvreté

L’intensité de la pauvreté est un indicateur qui permet d’apprécier à quel point le niveau de vie de la

population pauvre est éloigné du seuil de pauvreté. L’Insee mesure cet indicateur comme l’écart

relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté.

Formellement, il est calculé comme suit : (seuil de pauvreté – niveau de vie médian de la population

pauvre)/seuil de pauvreté.

Plus cet indicateur est élevé et plus la pauvreté est dite intense, au sens où le niveau de vie des plus

pauvres est très inférieur au seuil de pauvreté. Cet indicateur est disponible pour les régions et les

départements.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 24 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Intensité de la pauvreté

Niveau de vie mé-dian des per-

sonnes sous le seuil de pauvreté

en €

Charente 19,0 9 363

Charente-Maritime 18,3 9 446

Deux-Sèvres 16,5 9 651

Vienne 19,0 9 369

Poitou-Charentes 18,3 9 448

France de province 19,0 9 369

France métropolitaine 19,3 9 330

Figure 12. Intensité de la pauvreté et niveau de vie médian des personnes sous le seuil de pauvreté en 2010,

France métropolitaine, France de province, Poitou-Charentes

Sources : Insee, revenus disponibles localisés 2010

Le revenu médian des personnes pauvres en Poitou-Charentes est plus élevé qu’en France, et que

l’intensité de la pauvreté est moindre, d’environ 1 point. Cela signifie que comparativement à

d’autres territoires et à la moyenne nationale, les personnes pauvres sont relativement « moins

pauvres » en région, en regard des niveaux de vie médians de la population dans son ensemble.

Figure 13. Intensité de la pauvreté par région de France métropolitaine en 2010 (Sources :

Insee)

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 25 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Qui sont les pauvres ?

On s'attache souvent assez peu à aller finement analyser la population pauvre, se bornant la plupart

du temps à l'appréhender comme un groupe social homogène. Pourtant des disparités existent, et

chaque individu dans la société n'a pas les mêmes conditions de vie ni les mêmes risques de

« tomber en pauvreté ».

L'observatoire des inégalités4 s'est livré à un exercice d'analyse fin sur les composantes de la

population pauvre. En substance, au niveau national, il ressort que5 :

– la moitié des pauvres ont moins de 30 ans. La pauvreté touche en effet en premier lieu les

enfants, les adolescents et les jeunes adultes (20-29 ans), dont plus d'un sur dix est pauvre au sens

monétaire du terme ;

– les plus de 60 ans sont moins souvent concernés : 4,7 % d'entre eux sont pauvres, et ils

représentent 12 % des personnes pauvres. Cela ne signifie pas pour autant que leur situation est

moins grave, souligne l'Observatoire : « une partie de ces personnes, notamment en milieu rural,

survivent avec de très bas revenus. »

– la population pauvre est aussi un peu plus souvent féminine et vit au sein d'une famille

monoparentale : les femmes représentent ainsi un peu plus de la moitié des pauvres (54 %) et une

partie d'entre elles sont à la tête d'une famille monoparentale. Le taux de pauvreté dans ce type de

familles est de 21,7 %.

– les couples avec enfant(s) sont moins souvent pauvres que la moyenne (6,5 %) mais ils sont

très nombreux (1,9 millions) et représentent donc 40 % des personnes pauvres,

– Les non-diplômés sont plus souvent pauvres : le taux de pauvreté chez les non-diplômés est

ainsi de 10,9 % en France, contre 3,3 % pour les titulaires d'un Bac + 2. Cette situation se reflète

dans le paysage social de la pauvreté : 60 % des pauvres vivent dans un ménage dont la personne de

référence est ouvrière, employée ou inactive. 10,1 % des employés, 8,1 % des ouvriers sont

pauvres, contre seulement 1,6 % des cadres,

– ne pas avoir d'emploi fragilise : « compte tenu des faibles indemnités versées aux

demandeurs d’emploi et en particulier aux jeunes et à ceux en fin de droits, le taux de pauvreté

atteint 23,7 % chez les chômeurs. Il est de 16,6 % chez les inactifs mais aussi de 11,6 % - presque le

double du taux moyen (7 %) - chez les indépendants. Inactifs et chômeurs forment à eux seuls la

moitié de la population démunie »

– enfin la pauvreté frappe lourdement les personnes d'origine étrangère : 28,5 % des immigrés

seraient pauvres, leur taux de pauvreté étant ainsi 2,2 fois supérieur à la moyenne.

4http://www.inegalites.fr/spip.php?article1372&var_mode=calcul, consulté le 01/08/2013

5Les analyses qui suivent sont faites à partir d'un taux de pauvreté monétaire à 50 % du niveau de vie médian.

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et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Malheureusement, ces chiffres datent de 2008 et depuis aucune donnée solide n'est disponible sur

cette population.

Lorsqu'on observe le « profil » des personnes pauvres en Poitou-Charentes, on arrive à des

conclusions similaires à celles relevées au niveau national. Ruraux, habitants des grands centres

urbains, pauvreté de la jeunesse, des femmes et en particulier des femmes seules en charge de

familles, tous ces constats se retrouvent en région, à des degrés divers.

Les jeunes NEET dans la population française

En 2013, selon le Conseil d’Analyse Economique (CAE, rattaché au premier ministre), 1.9 millions de jeunes français

entraient dans la catégorie des « NEET », acronyme provenant de l’anglais « Not in Employment, Education or

Training » - Ni en emploi, ni scolarisés, ni en stage ou en apprentissage. Il s’agirait donc de près de 2 millions de jeunes

de 15 à 29 ans « en errance » et sans activité au sens classique du terme. Cela représente 17 % de cette classe d’âge.

Cette forte proportion de jeunes sans occupation représente un défi pour les politiques publiques de formation,

d’emploi, et plus largement d’inclusion sociale. En effet, selon les auteurs du rapport « L’emploi des jeunes peu

qualifiés en France »6, 900 000 de ces jeunes inactifs ne chercheraient pas ou plus de travail, s’excluant eux-mêmes de

la sphère productive de la société, bien souvent après des mois ou des années de recherche d’emploi infructueuse.

Le rapport analyse cette catégorie de jeunes « à la dérive » selon les caractéristiques spécifiques des jeunes qui ont du

mal à s’insérer en emploi ou socialement : faiblement diplômés voire sortis sans diplôme du système scolaire, manque

de moyens financiers et impossibilité de percevoir certaines allocations (RSA, ARE…), manque de mobilité, mais aussi

déficit d’accompagnement de ces jeunes par les organismes en place (Pôle Emploi, Missions Locales, PAIO….). Sont

aussi pointées les politiques de recrutement des entreprises, peu favorables aux jeunes et encore moins aux jeunes sans

qualification ni expérience, ainsi que la « dualité du marché du travail » entre CDI et CDD, qui accentuerait les

inégalités en instaurant un « régime à deux vitesses » entre salariés déjà âgés et protégés par un statut ou un CDI, et

salariés jeunes cumulant les CDD ou les missions d’intérim.

Sur les caractéristiques sociales de ces jeunes, nous avons peu d’informations statistiques. A une échelle régionale, ces

informations n’existent pas par elles-mêmes, et nécessitent d’opérer des recoupages entre les différentes variables

« déterminantes » déjà connues, celles venant accompagner les situations de pauvreté, de précarité ou d’exclusion.

Aucune étude spécifique n’a à ce jour été produite pour ne serait-ce que repérer la part de ces jeunes « NEET » dans les

classes d’âge des différents territoires.

Quelle situation en Poitou-Charentes ?

Au niveau régional comme au niveau national voire européen, les mêmes facteurs jouent sur les

probabilités de connaître des situations de précarité ou de pauvreté : le fait de ne pas avoir de

diplôme ou d’être sortis du système scolaire sans qualification, le fait de ne pas avoir d’emploi ou

de cumuler des contrats de travail très courts, la situation familiale (exemple des femmes en charge

de familles monoparentales) ; d’autres facteurs peuvent venir se surajouter, comme les facteurs

connus de discrimination (selon le sexe, l’origine ethnico-nationale, le lieu de vie, l’âge, le

handicap…) Cependant nous ne traiterons pas de ces facteurs « secondaires » dans le cadre de ce

rapport. Nous nous bornerons à dresser l’état des lieux selon les variables sociologiques les plus

classiques, et à tenter d’en dresser un portrait régional le plus fin possible.

6 P. Cahuc, S. Carcillo, K. F.Zimmermann, « L’emploi des jeunes peu qualifiés en France », Les notes du Conseil

d’Analyse Economique n°4, avril 2013

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Pauvreté selon l’âge : les jeunes plus touchés par la pauvreté que les seniors, mais ceux-ci sont plus

pauvres en Poitou-Charentes.

0 à 19 ans 20 à 24 ans 25 à 29 ans 30 à 64 ans 65 ans et plus

Charente 22,1 % 19,9 % 14,0 % 13,4 % 12,9 %

Charente-Maritime 20,4 % 18,6 % 13,3 % 13,1 % 10,6 %

Deux-Sèvres 17,4 % 16,2 % 11,0 % 13,9 % 11,1 %

Vienne 19,0 % 20,9 % 14,3 % 11,5 % 12,6 %

Poitou-Charentes 19,7 % 18,9 % 13,2 % 12,4 % 12,1 %

France métropolitaine 20,1 % 19 % 13,4 % 12,5 % 9,3 %

France de province 20,4 % 19,2 % 13,8 % 12.6 % 9,8 %

Figure 14. Taux de pauvreté par classe d’âge en 2010 – Région Poitou Charentes

Sources : Insee, revenus disponibles localisés 2010

Figure 15. Taux de pauvreté en 2010 selon l’âge

Sources : Insee, revenus disponibles 2010

La pauvreté décroît avec l’âge : c’est ce qui semble ressortir de l’observation des taux de pauvreté

selon les classes d’âge en région. Cette situation est analogue à celle de la France : si, en-dessous de

l’âge de 25 ans, on compte près de 20 % de personnes pauvres, le taux de pauvreté croît

drastiquement après 25 ans, chutant de 5,7 points en région, et de 5,6 % en France métropolitaine,

pour atteindre environ 13 %. C’est par la suite que les choses vont moins bien en région : on

constate que si pour les adultes en âge d’être actifs les taux en région comme en France sont

d’environ 12,5 %, le taux de pauvreté des personnes de 65 ans et plus (12,1 % en région) est de 2,3

points supérieur au taux de la France de province, et même de 2,8 points supérieur au taux de la

France métropolitaine. Poitou-Charentes est la 5e région dans laquelle le taux de pauvreté des

personnes âgées est le plus fort, derrière la Corse (18,9 %), le Limousin (13,5 %), Midi-Pyrénées

(12,9 %), Languedoc-Roussillon (12,3 %), et à égalité avec l’Auvergne (12,1 %). Ainsi, même si au

prisme de l’âge les 65 ans et plus sont la génération qui est la moins pauvre de toutes, au prisme

territorial il y a une plus forte proportion de personnes pauvres dans cette classe d’âge en région

qu’en moyenne nationale.

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Tous les départements sont concernés par cette plus grande pauvreté des seniors en région qu’au

niveau national. Cependant les quatre départements ne sont pas égaux face à cette sur-pauvreté : la

Charente-Maritime est relativement plus préservée (10,6 %), notamment car les personnes âgées

vivant sur le littoral atlantique ne présentent pas le même profil que dans les autres départements :

ils proviennent davantage de l’extérieur de la région, sont plutôt d’origine urbaine, pouvant acquérir

des biens immobiliers dans cette partie de la région réputée tendue au niveau des prix du foncier.

Les Deux-Sèvres connaissent un taux de pauvreté globalement inférieur, à part pour les actifs, où le

taux de pauvreté est supérieur de 1,5 point par rapport au niveau régional des 30-64 ans, mais où le

niveau de pauvreté des seniors est plus faible. La structure des qualifications, des professions et des

revenus dans le département explique en grande partie cet écart : département plus rural et

industriel, les Deux-Sévriens exercent moins que les autres habitants de la région des professions à

haut niveau de qualification et perçoivent des rémunérations plus basses qu’en moyenne en région.

Ce constat prévaut surtout pour le Nord du département, le Sud étant plutôt irrigué par les activités

financières, d’assurance et d’informatique du bassin niortais. Face au développement de ces

activités et au vieillissement de la population, on peut s’attendre dans le futur à ce que ces profils de

pauvreté des actifs cèdent leur place majoritaire à une situation plus proche de la moyenne, les

travailleurs niortais pouvant d’ici quelques années supplanter en nombre les professions

industrielles du Nord.

C’est en Charente (12,9 %) et en Vienne (12,6 %) que l’on connait le plus de situations de pauvreté

chez les seniors. Deux facteurs différents semblent jouer ici : en Charente, la structure de la

population, où l’on rencontre davantage de personnes âgées en proportion, ainsi qu’une plus grande

part de retraités du régime agricole parmi les personnes retraitées ; et en Vienne, des situations de

précarité plus accentuées dans les villes que dans les zones rurales (15,2 % contre 12,7 %). Cette

situation touche ainsi plutôt les seniors ruraux en Charente, et plutôt les seniors des quartiers

populaires de Poitiers et Châtellerault dans la Vienne.

Les femmes seules, retraitées ou en charge de familles monoparentales, plus touchées par la

pauvreté – les familles nombreuses également

Si la pauvreté des femmes vivant seules a moins augmenté que celle des hommes ces dernières

années, elles restent tout de même 21,3% à vivre sous le seuil de pauvreté en région Poitou-

Charentes, contre 17 % en France métropolitaine. Les hommes vivant seuls sont également 21,3 %

à vivre sous ce seuil, contre 18,1 % au niveau national. La pauvreté des hommes seuls a ainsi

augmenté de 1,7 points entre 2007 et 2010, alors que celle des femmes de « seulement » 0,3 points.

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Les personnes vivant seules connaissent ainsi les plus forts taux de pauvreté ; mais à l’autre

extrême, les familles de quatre personnes ou plus sont les secondes plus fortement touchées : avec

un taux de pauvreté de 16 %, ces dernières sont tout de même 5,3 points derrière les ménages

constitués d’une seule personne (21,3 %).

Figures 16 et 16bis. Taux de pauvreté en 2010 selon la taille du ménage

Sources : Insee, revenues localisés disponibles 2010

La pauvreté des femmes seules, qui a pour ainsi dire stagné entre 2007 et 2010, ne doit pas cacher

une autre réalité, la pauvreté des familles monoparentales. En effet celles-ci sont dans une large

majorité sous l’autorité d’une femme chef de famille. Poitou-Charentes est au sixième rang des

régions françaises pour la pauvreté des familles monoparentales, et en trois ans celle-ci a augmenté

de 1,9 point, passant de 32,6 % à 34,5 % - restant toujours assez éloignée du Nord Pas de Calais,

qui connait une situation autrement plus critique avec 41,7 % de familles monoparentales pauvres.

On compte 48 700 familles monoparentales dont la personne de référence est une femme en 2010

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en Poitou-Charentes. Cela représente 9.5 % des familles de la région, et 82,5 % des familles

monoparentales.

Enfin la pauvreté des femmes seules est, dans les départements ruraux, également liée aux situations

de vie parfois difficiles des retraitées, que l’on retrouve souvent dans la catégorie « femmes vivant

seules » en raison des situations de veuvage fréquentes (rappelons qu’en 2008, une picto-

charentaise avait une espérance de vie à la naissance de près de 85 ans, soit 7 années de plus qu’un

homme). 61 000 femmes vivent seules en Charente, dont la moitié a plus de 55 ans. 22,3 % des

femmes vivant seules sont pauvres dans ce département.

Les familles monoparentales se concentrent, elles, de manière privilégiée dans les centres urbains.

Un tiers d’entre elles (soit 16 212 familles) vivent dans un quartier prioritaire de la politique de la

ville. Dans 8 cas sur 10 le chef de famille est une femme.

Figure 17. Comparaison de la proportion de femmes seules en charge de famille dans l’ensemble des familles, et

évolution de cette proportion entre 1999 et 2010, dans les EPCI de Poitou-Charentes (Sources : Insee, RRP 1999

et 2010)

Tous les centres urbains de moyenne à grande importance connaissent des taux de familles

monoparentales supérieurs à 11 %, alors que la moyenne régionale est de 9.9 %. Les femmes chefs

de famille représentent une part hégémonique de la population des familles monoparentales, et se

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localisent majoritairement dans les pôles urbains, le sud-ouest de la région et, plus singulièrement,

un arc nord-charente/sud vienne autour du confolentais. Plus surprenant, trois EPCI ruraux du sud

Charente sont très touchés par le phénomène, la CC du pays de Chalais, la CC du Montmorélien (11

%). La CC du pays d’Aubeterre, voisine, semble touchée également (6 %), « détonnant » ainsi dans

le paysage local.

EPCI Part de familles

monoparentales

CA Grand Angoulême 14.4 %

CA Grand Poitiers 13.8 %

CA La Rochelle 13.6 %

CC Cognac 12.9 %

CA du Pays Châtelleraudais 12.2 %

CC du pays Santon 11.7 %

CC du canton de St Jean d’Angély 11.5 %

CC du Pays Rochefortais 11.5 %

CC du montmorélien 11.3 %

CA Niort 10.9 %

Figure 18. Les 10 EPCI où la proportion de familles monoparentales est la plus forte en Poitou-Charentes en

2010

Sources : Insee, RP 2010

La concentration des ménages dans les grands pôles urbains ne doit pas cacher un autre phénomène,

celui de la hausse de la part de ces familles monoparentales féminines dans les périphéries et le

milieu périurbain, traduisant une diffusion des pratiques de décohabitation dans tous les types

d’espaces. Le nombre de ces familles n’a diminué que dans les zones rurales, peut-être sous

l’influence de mobilités vers les zones plus proches de l’influence des grandes villes. C’est en effet

dans les EPCI directement périphériques des grandes communautés d’agglomération que leur part

dans le total des familles a le plus fortement augmenté, même s’il faut relativiser cette

augmentation : elles étaient en général peu nombreuses dans les communes périurbaines en 1999.

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Pauvreté selon le lieu de vie : les communes rurales isolées fortement touchées par des situations

de pauvreté, situations dont sont plus épargnées les zones périurbaines

Figure 19. Taux de pauvreté en 2010 selon le type d’aire urbaine

Sources : Insee, revenus localisés 2010

Les communes dites « hors influence des pôles » sont les communes les plus rurales selon la

nomenclature des espaces de l'Insee. En Poitou-Charentes ces communes sont celles qui sont le plus

touchées par la pauvreté : 19,6 % des ménages y sont en situation de pauvreté. A l'autre extrémité

du spectre rural/urbain, les grandes agglomérations urbaines sont un autre type d'espace concentrant

la pauvreté : 15,4 % de leur population est considéré comme pauvre.

Ainsi, en Poitou-Charentes, le taux de pauvreté dans l'ensemble des communes rurales est de 13,9

%, et de 14,6 % dans l'ensemble des communes urbaines. Si le taux de pauvreté en zones urbaines

est moins élevé en région qu'en moyenne nationale, cela n'est pas vrai pour les zones rurales, qui

connaissent un différentiel de 2 points par rapport au national (France métropolitaine et France de

Province).

Les départements de Poitou-Charentes, selon leurs caractéristiques urbaines et la composition socio-

économique de leurs ménages, n’affichent pas une même « résistance » face à la pauvreté. On voit

émerger des problématiques différentes à la fois selon les espaces (ruraux, urbains, périurbains) et

selon le contexte territorial – le département de résidence.

Ainsi en Charente et en Vienne, les taux de pauvreté des communes urbaines sont plus élevés que

ceux des communes rurales ; c’est l’inverse pour la Charente-Maritime et les Deux-Sèvres où l’on

retrouve des situations de pauvreté relativement similaires, que l’on observe les communes rurales

ou urbaines. Il y a donc une fracture plus grande dans les deux départements « Est » de la région

entre espaces urbains et espaces ruraux, la ville jouant un rôle de « catalyseur » de la pauvreté.

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Les Nouveaux Géographes 33 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

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Figure 20. Taux de pauvreté en 2010 dans les départements de Poitou-Charentes, selon le type de commune

Sources : Insee, revenus disponibles localisés 2010

Plusieurs facteurs interviennent dans la sur-représentation de la pauvreté en Charente : le

peuplement de ce département est en effet spécifique sur plusieurs points, de part son ancrage rural

premièrement, puis par sa proportion de personnes âgées ne jouissant que des revenus de leur

retraite, moins élevés que ceux provenant d'un emploi salarié.

Les Deux-Sèvres ont cependant un profil assez similaire à la Charente en matière de peuplement :

personnes âgées, milieu rural, et pourtant le taux de pauvreté y est largement inférieur (de plus de 2

points). Le dynamisme niortais est en partie responsable de cette situation : l'agglomération de

Niort, de par sa spécialisation dans les activités de banque, assurances et mutuelles, regroupe des

salariés qualifiés voire très qualifiés avec des salaires élevés. Cela vient lisser les revenus moyens

du département, alors qu'on ne retrouve pas un tel dynamisme dans l'agglomération angoumoisine,

dont la spécialisation économique (industrielle pour une large part) l'a rendu plus sensible aux

transformations de l'économie ces dernières décennies, notamment lors des périodes de crise

comme celle que l'on a pu connaître à partir de 2008.

Enfin la pauvreté en Vienne est largement le fait de la concentration dans les grands quartiers

d'habitat social des agglomérations de populations pauvres : en effet le taux de pauvreté en milieu

urbain est de 2,6 points plus élevé dans les communes urbaines (15,2 %) du département que dans

les communes rurales (12,7 %). Ce constat vaut également pour la Charente, où l'on observe un taux

de pauvreté de 16,4 % dans les zones urbaines, et un taux de 14,7 % dans les communes rurales.

Ainsi on observe une dichotomie entre les deux types d'espaces en Charente et en Vienne, qui

indique une concentration de populations pauvres dans les agglomérations. Les facteurs

d'explication diffèrent entre les deux départements : en Vienne, il s'agirait à la fois de l'attractivité

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de l'agglomération de Poitiers, notamment auprès de jeunes étudiants qui disposent de faibles

revenus pour vivre, mais également de la situation particulière de l'agglomération de Châtellerault,

dont la population compte parmi les plus plus pauvres de la région. En Charente, les agglomérations

de Cognac et Angoulême concentrent les difficultés, comme des ilots urbains au milieu d'une vaste

zone rurale qui connait moins de difficultés. En particulier, les populations de certains quartiers (à

Soyaux, à Cognac dans le quartier de Crouin) connaissent des difficultés importantes.

Pauvreté selon la profession et la catégorie sociale : agriculteurs et ouvriers restent les

professionnels les moins bien rémunérés en région Poitou-Charentes

L’enquête Revenus Fiscaux et Sociaux 2010 permet de connaître les taux de pauvreté par catégorie

socio-professionnelle détaillée, à l’échelle nationale. On constate que parmi les actifs, les

agriculteurs, les employés de maison et les ouvriers non qualifiés de l'agriculture et de l'artisanat

sont les salariés les plus touchés par la pauvreté.

CSP détaillée Taux de pauvreté

(à 60 % du revenu médian)

Ouvriers non-qualifiés de type artisanal 22,5 %

Ouvriers agricoles et assimilés 22,4 %

Agriculteurs exploitants, artisans, commerçants, chefs d’entreprise

20,9 %

Personnels des services directs aux particuliers

20,1 %

Ouvriers non qualifiés de type industriel 17,3 %

Figure 21. Professions les plus touchées par la pauvreté en France en 2010

Sources : Insee-DGFIP-CNAF-CNAV-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2010

CSP détaillée Taux de pauvreté

(à 60 % du revenu médian)

Chômeurs n'ayant jamais travaillé 48,1 %

Personnes diverses sans activité professionnelle de moins de 60 ans

(sauf retraités, élèves et étudiants)

35,6 %

Personnes diverses sans activité professionnelle de 60 ans et plus

(sauf retraités, élèves et étudiants)

23,8 %

Anciens agriculteurs exploitants 22,3 %

Elèves, étudiants 20,5 %

Figure 22. CSP d’inactifs les plus touchées par la pauvreté en France en 2010

Sources : Insee-DGFIP-CNAF-CNAV-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2010

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Les Nouveaux Géographes 35 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Ces données nationales sont à rapprocher des revenus moyens par catégorie socio-professionnelle,

qui sont eux disponibles de façon détaillée à l’échelle régionale, ce qui n’est pas le cas des taux de

pauvreté. Elles sont également à rapprocher de la structure par CSP de la population active de

Poitou-Charentes, largement constituée d’ouvriers et d’employés (respectivement 25 % et 30 % des

actifs en emploi de la région). Ces travailleurs connaissent des niveaux de rémunération plus faibles

en région, par le biais d’un double « handicap » lié à la moindre qualification de leurs emplois ainsi

qu’à un effet géographique faisant que les salaires (mais aussi le coût de la vie) sont

structurellement moins élevés en Poitou-Charentes, à CSP égale, qu’en moyenne en France

métropolitaine.

Figure 23. Revenu salarial annuel moyen en 2010 en Poitou-Charentes, selon la catégorie socioprofessionnelle

Sources : Insee, Dads

Pauvreté selon l’origine : le sort toujours plus difficile des personnes immigrées

Charente Charente-

Maritime Deux-Sèvres

Vienne Poitou-Charentes

France métropolitaine

Activité de la population de 15 ans et plus

Nb d’actifs de 15 ans et plus 140 611 235 517 154 718 175 656 706 502 26 068 232

Immigrés 5 619 6 790 4 563 6 538 23 509 2 375 176

Non immigrés 134 992 228 727 150 156 169 118 682 993 23 693 056

Français 136 968 231 650 151 870 172 048 692 536 24 706 002

Etrangers 3 644 3 867 2 848 3 608 13 966 1 362 231

Taux de chômage de la population âgée de 15 ans et plus (en %)

11.4 12.3 8.8 10.3 10.9 11.2

Immigrés 22.8 20.9 18.4 26.8 22.3 19.4

Non immigrés 10.8 12.0 8.5 9.5 10.4 10.3

Français 11.0 12.1 8.6 9.7 10.5 10.6

Etrangers 22.8 23.0 20.3 31.8 24.9 21.1

Figure 24. Activité et chômage des personnes issues de l’immigration (Sources : DRJSCS)

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Les Nouveaux Géographes 36 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Les étrangers et les personnes immigrées connaissent des taux de chômage largement supérieurs à

ceux que connaît la population des « nationaux ». En Poitou-Charentes, cette différence entre les

personnes de nationalité française et les personnes de nationalité étrangère est encore plus marquée

qu’en moyenne nationale : un quart des étrangers vit en 2010 sans activité professionnelle, et 22 %

des immigrés, alors que les français et les non immigrés connaissent un taux de chômage aux

alentours de 10.5 %. Les étrangers et immigrés connaissent ainsi des taux de chômage deux fois

supérieurs à ceux de la population nationale. Lorsque l’on sait l’importance d’un emploi pour

bénéficier de revenus et la protection que cela apporte face au risque de pauvreté, on comprend que

les personnes issues de l’immigration ou de nationalité étrangère constituent une population à fort

risque de pauvreté.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 37 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Les bénéficiaires de minima sociaux

Les bénéficiaires du RSA : hausse continue depuis 2008

Fin 2012, près de 56 900 allocataires perçoivent le RSA dans la région. Leur nombre a fortement

augmenté en un an (+4,6 %). Cette hausse est supérieure à celle de l’année 2011. Le nombre

d’allocataires augmente également au niveau national (+4,9 % en France métropolitaine). Rapporté

à la population, il y a plus d’allocataires du RSA en Poitou-Charentes qu’en France (65 ‰ contre

60‰).

Figure 25. Part de la population bénéficiaire du RSA par EPCI en 2010 (Sources : DRJSCS)

Le RSA Socle : 2 400 allocataires de plus en 2012

Au 31 décembre 2012, 41 600 picto-charentais perçoivent le RSA socle, soit 2 400 de plus qu’en

2011. En 2012, le nombre d’allocataires a ainsi augmenté de 6 % en région comme au niveau

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 38 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

national. Cette augmentation révèle la dureté de la crise en Poitou-Charentes ; auparavant, la région

se situait en effet à un niveau d’allocataires largement inférieur au niveau national. Dorénavant ce

taux en région dépasse le taux national.

Figure 26. Allocataires du RSA Socle pour 1 000 adultes de 20 à 59 ans en Poitou-Charentes et en France

métropolitaine (Sources : Direccte)

Malgré cette forte hausse, les Deux-Sèvres demeurent le département où le taux de chômage et la

part d’allocataires du RSA-socle sont, de loins, les plus faibles. Les trois autres départements

concentrent davantage d’allocataires. Avec désormais plus de 50 allocataires du RSA-socle pour

1 000 adultes en âge de travailler, la densité d’allocataires dans ces départements est supérieure au

niveau national (46 ‰).

Figure 27. Allocataires du RSA Socle par département (Sources : Direccte)

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 39 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Faible progression du RSA-activité

La hausse du RSA-activité a été plus faible sur la période : +0,6 %. Au 31 décembre 2012, le Poi-

tou-Charentes compte ainsi près de 15 300 allocataires. En 2011, le nombre d’allocataires du RSA-

activité avait baissé.

Cette dégradation ne concerne pas tous les départements. Ainsi, le nombre d’allocataires a baissé de

façon significative en Charente-Maritime, pour la seconde année consécutive, alors qu’il continue

de croître fortement dans les Deux-Sèvres. En Charente et en Vienne, le nombre d’allocataires croît

également en 2012. Depuis 2010 les Charentes sont les départements les plus touchés de la région :

dans l’un comme dans l’autre, 19 adultes de 20 à 59 ans sur 1 000 touchent le RSA-activité, contre

15 ‰ en Deux-Sèvres.

En Poitou-Charentes, le RSA-activité représente une faible part du RSA « total » : en effet les trois-

quarts des allocataires perçoivent le RSA-socle, et seulement un quart le RSA-activité. Cette répar-

tition marque une légère baisse du nombre d’allocataires du RSA-activité par rapport à l’année

2011. Cependant, les allocataires du RSA en Poitou-Charentes continuent d’exercer plus souvent

une activité professionnelle que les allocataires de l’ensemble de la France. La proportion

d’allocataires du RSA-socle seul, dans la région, est ainsi inférieure de 3 points à celle de la France

métropolitaine (62 % contre 65 %).Il est cependant possible que cette faible progression du RSA-

activité soit à rapprocher d’un phénomène de non-recours élevé, voire croissant, à ce dispositif. Cer-

taines évaluations nationales attestent en effet d’un taux de non-recours au RSA-activité de l’ordre

de 68 %, et le non-recours au RSA toutes composantes confondues, de 50 %.

Le renoncement aux droits sociaux

Selon la Caisse Nationale des Allocations Familiales, fin 2010, plus d’un tiers des éligibles au RSA

socle seul et au RSA socle et activité ne recouraient pas à la prestation. De même, plus des deux

tiers des éligibles au RSA activité seul étaient en situation de non-recours. Parmi les foyers

éligibles, le non-recours concerne davantage les couples, les hommes seuls, ainsi que les foyers sans

enfants. Il est aussi le fait des moins pauvres d’entre eux, plus proches du marché du travail et aux

conditions de vie les moins dégradées. C’est la méconnaissance du RSA (au double sens de non- et

de mauvaise connaissance) qui expliquerait, selon Pauline Domingo et Muriel Pucci7, ce fort non-

recours à la prestation. En revanche, notent-elles, les non-recourants n’évoquent que marginalement

7 P. Domingo, M. Pucci, « Les non-recourants au RSA », L’e-ssentiel, publication électronique de Caisse Nationale des

Allocations Familiales, n°124, juillet 2012.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 40 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

un faible intérêt financier de la prestation ou la peur de perde des droits connexes comme motif au

non-recours. La clé serait ainsi peut-être à recherche du côté de la complexité des démarches pour

pourvoir percevoir la prestation, notamment le RSA activité, mais aussi une certaine volonté d’une

part non-négligeable des non-recourants, de n’avoir « pas envie de dépendre de l’aide sociale » ou

de « se débrouiller autrement financièrement ».

Ces chiffres se basent sur une estimation statistique. Nous présentons ici les résultats pour le France

métropolitaine, aucun chiffre ne pouvant être avance en ce qui concerne ce phénomène en région.

L’enquête sur le RSA 2010-2011 Dans le cadre des travaux du comité d’évaluation du RSA, la Dares a réalisé une enquête auprès de per-

sonnes aux revenus modestes, visant à appréhender la connaissance du RSA et les conditions de vie des

membres des foyers repérés comme éligibles au RSA, à décrire la situation des bénéficiaires de la prestation,

et à étudier le phénomène de non-recours.

L’enquête s’est déroulée en deux phases. La première a été réalisée fin 2010, par téléphone, auprès de 15 000

foyers sélectionnés à partir de leur déclaration fiscale (de revenus et de taxe d’habitation) comme ayant des

revenus faibles en 2008. La seconde, en face-à-face, a été menée début 2011 auprès de 3 300 personnes tirées

parmi les répondants de la première phase repérés comme étant éligibles au RSA.

Un taux de non-recours différencié en fonction de la situation et du statut des personnes

Quelle que soit la composante du RSA considérée, le non-recours est plus important pour les

couples (62 %) que pour les personnes seules. Les couples, en particulier lorsqu’ils n’ont pas

d’enfants, peuvent en effet avoir le sentiment de mieux se débrouiller financièrement (mutualisation

des dépenses, économies d’échelle sur les dépenses de logement, etc.).

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 41 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Parmi les personnes seules (avec ou sans enfants), les femmes recourent davantage que les hommes.

Avoir des enfants fait diminuer le taux de non-recours pour chaque composante du RSA. Ainsi, le

taux de non-recours passe de 52 % pour les ménages sans enfants à 47 % pour ceux ayant un enfant.

L’hypothèse peut être faite, selon les auteures du rapport, que « les familles avec enfants, notam-

ment celles éligibles à la composante socle du RSA, sont pour la majorité déjà en relation avec les

Caisses d’allocations familiales (Caf) et donc probablement mieux informées sur leurs droits ».

Le non-recours au RSA a tendance a augmenter avec l’âge. Enfin, quelle que soit la composante

considérée, le taux de non-recours est plus faible pour les éligibles sans diplôme que pour ceux en

ayant un.

Plusieurs hypothèses peuvent être faites à l’égard de ce constat :

- le moindre lien aux institutions des plus diplômés

- leur croyance plus forte dans le caractère transitoire de leur situation

- leur refus plus grand de dépendre de l’aide sociale, compte-tenu de leur diplôme.

Un foyer éligible au RSA récemment ou sur une courte durée risque davantage de ne pas y recourir.

Ainsi sept foyers sur dix éligibles au RSA au dernier trimestre 2010 mais qui ne l’étaient pas en mai

2009 n’ont pas déposé de demande de RSA : ce n’est le cas que de 45 % des foyers éligibles aux

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 42 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

deux dates. Par ailleurs, une proportion importante des non-recourants en décembre 2010 sont de-

venus non éligibles un trimestre plus tard.

L’instabilité de l’éligibilité peut s’expliquer par des changements professionnels. Une personne éli-

gible au RSA socle retrouvant un emploi au moment de faire sa demande de RSA, peut y renoncer.

De fait, 60 % des personnes seules éligibles au titre des revenus des trois mois précédents et en em-

ploi au moment de l’enquête sont non-recourantes contre 32 % de celles restées sans emploi. Le

taux de non-recours au RSA activité seul est, pour sa part, supérieur lorsque les bénéficiaires poten-

tiels sont en CDI et/ou à temps plein au moment où ils auraient pu déposer une demande de RSA.

Le fait d’avoir retrouvé un emploi récemment, de ne pas avoir de temps à consacrer à des dé-

marches administratives dans une période où l’on investit ou ré-investit un poste de travail, peut

expliquer ce phénomène.

Le non-recours est également plus fréquent lorsque les conditions de vie sont moins dégradées.

Toutes composantes confondues, 48 % des ménages à bas revenus (avant RSA) n’ont pas recours à

la prestation contre 70 % des ménages éligibles au-dessus du seuil de bas revenus. La plus grande

fréquence du non-recours parmi les foyers éligibles les moins pauvres pourrait s’expliquer par au

moins deux facteurs : un intérêt financier moindre de la prestation (dont le montant versé est

logiquement plus faible quand on a des ressources plus importantes), mais aussi leur sentiment

d’avoir moins besoin d’aide que d’autres.

Les raisons déclarées du non-recours

Les résultats de l’enquête qualitative permettent d’étayer cette seconde hypothèse. En effet la

CNAF et la Dares ont demandé à un échantillon de personnes éligibles mais non-recourantes les

raisons pour lesquelles elles ne faisaient pas de demande de prestation. Il ressort que les non-

recourants déclarent davantage que les bénéficiaires qu’ils s’en sortent financièrement, et moins

souvent qu’ils s’imposent des restrictions. En outre, ils ont davantage puisé dans leurs économies

pour s’en sortir. Cela sous-entend qu’il s’agit d’une population qui possède quelque épargne, ce qui

n’est pas nécessairement le cas des bénéficiaires, notamment les plus en difficulté. Enfin, les non-

recourants expriment simplement moins fréquemment le sentiment d’être pauvre (42 % contre 62 %

des bénéficiaires). Le fait de percevoir le RSA, peu importe la composante, ferait ainsi, dans les

représentations sociales, basculer les personnes dans la catégorie de « pauvres ».

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 43 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

En 2011, plus d’un tiers des non-recourants (35 %) connaissent le RSA car ils l’ont déjà perçu de-

puis son instauration en juin 2009. En moyenne, ces non-recourants sont souvent des personnes

seules, notamment des hommes, éligibles au RSA socle. Leurs trajectoires professionnelles sont

davantage marquées par des alternances d’emploi et de chômage les conduisant à être périodique-

ment éligibles au « socle seul » ou au « socle et activité ». Ces changements de situation peuvent

être sources de confusion et favoriser le non-recours.

En revanche, plus d’un non-recourant sur dix (11 %) n’a jamais touché le RSA et ne connaît même

pas son existence. Il s’agit davantage d’hommes seuls, éligibles au RSA socle seul, non diplômés et

sans emploi. Enfin, plus de la moitié des non-recourants (54 %) n’ont jamais bénéficié du RSA mais

connaissent son existence.

Parmi les 35 % de non-recourants qui n’ont jamais bénéficié du RSA tout en connaissant son

existence et sans exclure de pouvoir la percevoir, les deux tiers mentionnent cependant, comme

raison de non-dépôt d’une demande de RSA, la méconnaissance du dispositif et de ses conditions.

En particulier, 30 % pensent que le RSA est destiné seulement aux personnes sans emploi et la

même proportion ne sait pas comment effectuer les démarches.

Figure 29. Connaissance du RSA et raisons déclarées du non-recours (Sources : CNAF)

Les motifs de non-dépôt d’une demande reflétant un manque de connaissance sont davantage évo-

qués par les non-recourants éligibles au RSA activité seul, ayant des enfants, et ceux en couple.

Un peu plus de quatre non-recourants sur dix n’excluant pas d’être éligibles n’ont pas déposé de

demande parce qu’ils déclarent « pouvoir se débrouiller autrement financièrement ». Il s’agit davan-

tage d’hommes seuls et de foyers éligibles au RSA socle et activité.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 44 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Un peu plus du quart des non-recourants interrogés n’ont pas faut valoir leurs droits pour une raison

de principe : ils n’ont « pas envie de dépendre de l’aide sociale, de devoir quelque chose à l’Etat ».

Ce motif va souvent de pair avec le fait de déclarer « ne pas être intéressé par la prestation » et « se

débrouiller autrement financièrement ».

La complexité que représentent les démarches peut parois être un frein au recours. Un cinquième

des non-recourants n’excluant pas d’être éligibles n’ont pas fait la demande au motif que « les dé-

marches sont trop compliquées », sans que l’on puisse pour autant savoir si ce jugement est porté a

priori ou par des personnes s’étant effectivement renseignées sur les démarches à accomplir.

Enfin, le « manque de temps pour faire les démarches » est avancé par 11 % des non-recourants

n’excluant pas d’être éligibles pour expliquer leur absence de démarche. De même, l’anticipation

d’un changement de situation est également peu citée (10 %). En revanche, le faible intérêt finan-

cier de la prestation ou la peur de perdre des droits connexes apparaissent comme des motifs margi-

naux.

Le surendettement des ménages : quelle réalité en Poitou-Charentes ?

La région Poitou-Charentes souffre davantage de situations de surendettement que l’ensemble de la

France métropolitaine. En effet le nombre de dossiers de surendettement déposés dans la région en

2012 (6 500) est supérieur d’un tiers au nombre des dossiers déposés en 2007 (4 900 dossiers). Il a

ainsi été déposé en 2012 auprès de la Banque de France près de 5 dossiers de surendettement pour 1

000 personnes de 20 ans ou plus.

L’éloignement durable du marché du travail pour une partie de la population et le recul du pouvoir

d’achat des français contribuent à maintenir ce taux élevé de ménages surendettés. Même si une part

importante des dossiers de surendettement est en fait constituée de « redépôts » (environ 2 sur 5 en

France), cet état de fait marque également une certaine persistance de situations de précarité ex-

trême chez de nombreuses familles.

Le nombre de dossiers en Poitou-Charentes a légèrement diminué entre 2011 et 2012 (-2,7 %), mais

cette légère amélioration ne marque pas encore un retour à une situation sociale apaisée. En effet au

niveau national le recul du nombre de dossiers déposés a été plus fort (- 5%). De plus, lorsque l’on

observe l’évolution des dépôts de dossiers sur un plus long terme, on s’aperçoit que si aux deux

échelles nationale et régionale le nombre de dépôts a augmenté, ce n’est pas dans les mêmes pro-

portions : nous avons évoqué le chiffre d’un tiers de dépôts en plus entre 2007 et 2012 en Poitou-

Charentes, alors qu’au niveau national l’augmentation est « seulement » de l’ordre de 20 %.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 45 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Figure 30 : Evolution du nombre de dossiers de surendettement déposés dans les départements de Poitou-

Charentes entre 2005 et 2012 (Sources : BdF – Insee)

Un ménage se retrouve en situation de surendettement notamment lorsque la perte d’un emploi la

place dans l’impossibilité de rembourser des crédits contracté. La hausse du surendettement est ain-

si directement liée au contexte économique et à la hausse du chômage. Fin 2012, près de 10 % de la

population active régionale est au chômage. C’est un record sur la décennie. Fin 2007, le taux de

chômage picto-charentais était inférieur à 7 %. Cela coïncide avec le moment dans la décennie où

les dossiers de surendettement dans les départements étaient à leur plus bas niveau.

Un recours relativement élevé au RSA-jeunes

La région Poitou-Charentes représente, fin 2012, 2.8 % des allocataires du RSA de France

métropolitaine, soit le même poids que la population totale (Poitou-Charentes représente 2.8 % des

habitants de France métropolitaine). Parmi ces allocataires du RSA, on remarque que la sous-

population des allocataires du RSA-jeunes est particulièrement élevée en région, puisque 346 jeunes

le perçoivent, soit 4.3 % des foyers bénéficiaires du RSA-jeunes de France métropolitaine.

Poitou-Charentes est la 10e région en termes de poids dans le total du RSA jeunes, derrière des

régions bien plus peuplées comme Ile de France, PACA, Nord Pas de Calais ou encore Midi-

Pyrénées et Aquitaine. On observe que les jeunes allocataires du RSA sont proportionnellement

nombreux en région : Poitou-Charentes est ainsi derrière Pays de la Loire, Bourgogne, et à égalité

avec l’Auvergne en ce qui concerne la proportion d’allocataires du RSA jeunes dans le total des

allocataires du RSA (0.65 %, pour une part nationale de 0.42 %).

Cette observation amène un double commentaire nuancé : d’une part, on constate que les jeunes

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 46 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

semblent relativement plus protégés en région qu’ailleurs, puisqu’ils sont plus nombreux en

proportion à bénéficier du RSA jeune, qui a pourtant des conditions d’accès pour le moins

restrictives (avoir moins de 25 ans, et avoir travaillé 2 ans pendant les trois années précédant la

demande d’allocation). On peut y voir le reflet du fort poids de l’enseignement professionnel en

région, et notamment des formations de niveau V (CAP-BEP) et des formations par apprentissage.

Les jeunes picto-charentais se retrouvent plus rapidement que d’autres sur le marché du travail, à un

âge moins avancé qu’ailleurs où les sortants de l’enseignement supérieur, par exemple, sont plus

nombreux. Une frange non-négligeable des jeunes sortants du système scolaire arrive rapidement à

décrocher un premier emploi.

Le second constat est que, s’ils perçoivent le RSA jeunes (peu importe la composante), c’est qu’ils

ne sont plus en emploi ou bien connaissent une activité professionnelle réduite. Ainsi, si l’on peut se

féliciter d’un recours qui semble pus large qu’ailleurs à la prestation dédiée aux jeunes, on ne peut

pas au contraire se féliciter du fort recours en lui-même puisqu’il dénote des situations personnelles

et professionnelles tendues chez les jeunes picto-charentais. Ce type de constats nuancés se retrouve

également dans d’autres champs, notamment celui de la formation, où le système éducatif de la

région « produit » beaucoup de jeunes diplômés de CAP, BEP ou Bac Professionnels, qui sont

mieux « armés » que d’autres pour entrer rapidement en emploi, mais pas nécessairement pour

garder cet emploi de manière pérenne puisqu’ils travaillent souvent dans des entreprises de type

industriel, plus fortement soumises aux aléas de la conjoncture économique8.

Handicap et dépendance : les allocataires de l’AAH et de l’APA

Charente Charente-

Maritime Deux-Sèvres

Vienne Poitou-Charentes

France métropolitaine

Adultes allocataires de l’AAH au 31/12/2011

6 987 9 805 6 243 5 914 28 849 925 306

Part des allocataires AAH dans la population des 20 à 64 ans

3.5 2.8 3.0 2.4 2.9 2.5

Nombre de bénéficiaires de l’APA au 31/12/2010

8 710 12 997 7 438 7 810 36 955 1 147 760

Bénéficiaires de l’APA pour 100 personnes de 75 ans et +

21.1 17.6 18.3 17.9 18.9 20.6

Figure 31. Allocataires de l’Allocation Adulte Handicapé et de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie en Poitou-

Charentes

Sources : Drees, Insee, CNAF, MSA, DRJSCS

28 849 personnes bénéficient de l’Allocation Adulte Handicapé en Poitou-Charentes fin 2011. Du

fait de son poids démographique, c’est le département de Charente-Maritime qui concentre le plus

de ces allocataires, mais c’est en Charente que leur proportion dans la population est la plus élevée

8 Voir infra., sur l’enquête « Génération 2007 » incluse dans la partie thématique « Parentalité, Education, Formation ».

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 47 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

(3.5 %, soit 1 point de plus que la moyenne française). 2.9 % de la population de 20 à 64 ans

bénéficie de l’AAH en région, ce qui est légèrement supérieur à la situation de la France

métropolitaine.

Un peu moins d’une personne de 75 ans et plus sur deux bénéficie en Poitou-Charentes de

l’Allocation Personnalisée d’Autonomie, qui est versée aux personnes âgées pour les aider à

financer en partie tout acte qui leur permet de se maintenir à leur domicile, dans la plus grande

autonomie possible. Ce taux est légèrement inférieur à la moyenne nationale et cache des disparités

assez grandes selon les départements.

Ainsi en Charente, 21.1 % de la population des 75 ans et plus est allocataires de l’APA, alors qu’en

Charente-Maritime, c’est le cas de 17.6 % de cette population, soit le taux le plus faible de la

région.

Cet indicateur est à la fois l’expression d’une prise en compte par la société du bien-être des

personnes âgées, pour qui le maintien à leur domicile est une donnée importante pour leur qualité de

vie, et l’expression d’une faiblesse des ressources de ces personnes. On peut également voir dans

les disparités départementales un facteur démographique ; la Charente et la Charente-Maritime sont

tous deux des départements à la population vieillissante, mais une différence importante existe entre

eux quant aux ressources financières disponibles des personnes âgées. En Charente-Maritime, elles

sont moins exposées à la pauvreté et ont des niveaux de vie en moyenne supérieurs à ceux des

personnes âgées de Charente.

Les allocataires de l’ASS

La hausse du chômage en France et en région s’accompagne également d’une hausse des sorties du

chômage pour cause d’épuisement des droits. Lorsque les personnes ne peuvent plus prétendre

percevoir une allocation chômage car ils sont allés au bout de la période d’indemnisation prévue

sans retrouver un emploi, elles perçoivent alors l’Allocation Spécifique de Solidarité (ASS), qui

joue un rôle de « palier » pour prévenir la grande pauvreté. En 2012, le montant de l’ASS est de 477

€ par mois pour une personne dont les revenus sont inférieurs à 636 €.

9 399 personnes étaient allocataires de l’ASS au 31/12/2011, soit 639 de plus que l’année

précédente. Même si cela ne représente au final « que » 0.9 % de la population en âge de travailler

(les 15-64 ans), c’est plus élevé que la moyenne nationale (0.8 %), et dans les départements de

Charente et Charente-Maritime, on compte 1 allocataire de l’ASS pour 100 personnes de 15 à 64

ans.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 48 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

2006 2007 2008 2009 2010 2011

CHARENTE 2 281 2 032 1 949 2 196 2 113 2 181

CHARENTE-MARITIME 4 345 3 616 3 219 3 563 3 531 3 838

DEUX-SEVRES 1 498 1 331 1 266 1 449 1 428 1 489

VIENNE 1 840 1 531 1 515 1 700 1 688 1 891

POITOU-CHARENTES 9 964 8 510 7 949 8 908 8 760 9 399

Figure 32 et 32 bis. Evolution 2006-2011 du nombre d’allocataires de l’ASS dans les départements de Poitou-

Charentes

Sources : Pôle Emploi

La Charente-Maritime connaît à la fois le plus fort nombre d’allocataires et la plus forte

augmentation de ce nombre : ce département semble en décrochage du point de vue du chômage de

très longue durée, même si entre 2006 et 2008 une forte baisse du nombre d’allocataires a pu

s’observer. Le département des Deux-Sèvres est quant à lui le territoire le moins touché.

Des disparités infra-territoriales existent cependant, et la part d’allocataires de l’ASS dans la

population des 20-64 ans varie notamment selon le gradient urbain/rural des territoires.

C’est à La Rochelle (884 allocataires) et à Angoulême (823) que l’on rencontre le plus

d’allocataires de l’ASS en nombres absolus, suivis des CA de Poitiers (565) et Niort (464), puis

celles de Royan (453) et Rochefort (375). D’une manière générale les EPCI comportant un centre

urbain de grande ou moyenne importance sont les EPCI qui comptent le plus d’allocataires,

simplement du fait de la démographie de la plus grande concentration de personnes inactives.

Les bénéficiaires et la population couverte par la CMUc

La CMU-C (Couverture Maladie Universelle Complémentaire) est une protection de santé

complémentaire gratuite accordée sous condition de ressources (moins de 8 593 € annuels pour une

personne seule au 1er

juillet 2013, soit environ 716 € mensuels). Si l’intégralité des conditions

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 49 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

d’accès est remplie, alors le foyer de la personne demandeuse peut être bénéficiaire des prestations

liées à la CMU-C (prise en charge du ticket modérateur notamment).

Le nombre de bénéficiaires est un indicateur intéressant, mais dans une observation de la pauvreté,

on s’attachera à observer également le « halo » de la pauvreté ; la population totale couverte par

cette prestation est alors un meilleur indicateur, au sens où l’on considère l’ensemble des personnes

constituant les familles, qui sont supposées, si elles vivent sous le même toit, partager peu ou prou

les mêmes conditions de vie. On considèrera donc les assurés et les ayants-droit.

Ainsi à l’échelle de la région, au 31 décembre 2011, ce sont 49 138 personnes qui sont assurées par

la CMU complémentaire, et 97 502 personnes qui peuvent être considérées comme ayants-droit. La

Charente-Maritime représente un tiers des assurés, la Charente et la Vienne chacune environ un

quart, et les Deux-Sèvres, 16 %.

Nombre de bénéficiaires (assurés + ayants

droit de la CMUC) au 31/12/2011

Part dans la population totale

Charente 23 841 6.8 %

Charente-Maritime 32 974 5.3 %

Deux-Sèvres 15 749 4.3 %

Vienne 24 938 5.8 %

Poitou-Charentes 97 502 5.5 %

Figure 33. Bénéficiaires de la CMUc par département de Poitou-Charentes en 2011

Pour rappel, en France métropolitaine, on comptait 4 386 000 bénéficiaires et ayant-droit, ce qui

représente 7.7 % de la population totale au 1er janvier 2011 (63.1 millions d’habitants en

métropole).

Le taux de non recours a été estimé par le Fonds de Financement de la CMU hauteur de 16 % des

personnes potentiellement éligibles. Nous ne disposons pas d’estimations localisées.

On observe donc que c’est en Charente tout d’abord, et ensuite en Vienne, que la plus grande

proportion de la population est couverte, d’une manière ou d’une autre, par la CMU-C. La

Charente-Maritime, de part son importance démographique, concentre le plus grand nombre de ces

ayants-droits (près de 33 000) et les Deux-Sèvres, le département qui en concentre le moins (près de

15 800). La localisation de ces bénéficiaires et ayants-droit suit, toutefois , une logique différente

selon les départements : plus diffuse en Charente et Charente-Maritime, et plus concentrée dans la

Vienne.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 50 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Figure 34. Part de la population couverte par la CMUc, par EPCI, en 2011

Dans le département de la Vienne, on voit bien sur la carte ci-dessus qu’au 31/12/2011, les

bénéficiaires « totaux » de la CMU-C se concentrent sur quelques EPCI : Grand Poitiers, le

Châtelleraudais, et dans une moindre mesure le Pays Civraisien, le Pays Charlois, et le Pays

Chauvinois, tous trois EPCI voisins, au Sud du département. C’est 10.6 % de la population de

l’agglomération châtelleraudaise qui est ainsi directement concernée, 8.2 % de la population de

Grand Poitiers. Ces deux agglomérations, les plus peuplées de la Vienne, accueillent 7

bénéficiaires/ayants-droit de la CMU-C du département sur 10.

En Charente, la logique est plus diffuse, peu de territoires sont « épargnés » par le phénomène, à

l’exception de la périphérie de l’agglomération du Grand Angoulême (qui enregistre le plus fort

taux de couverture de la région, avec 11.2 % de sa population couverte). Les zones rurales sont,

elles, toutes touchées mais à des degrés divers : on retrouve les plus forts taux dans le Pays de

Chalais (8 %), la communauté de communes de Ruffec (7.1 %), dans le Confolentais (6.9 %), la

communauté de communes du pays d’Aigré (6.6 %) et le Pays Manslois (5.9 %).

La Charente-Maritime est également concernée dans son ensemble, même si la couronne Est de La

Rochelle est moins concernée (moins de 4 % en moyenne dans les EPCI limitrophes), de même que

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 51 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

les îles et l’espace compris entre Rochefort, Marennes et Saintes. Rochefort (7.3 %), Saint-Jean

d’Angély (8 %) et Saintes (7.7 %) sont les EPCI où l’on retrouve le plus fort taux de couverture.

Enfin, les Deux-Sèvres semblent relativement épargnées par le phénomène, hormis dans les trois

villes du Nord du département (Pays Thouarsais, Bressuire et Parthenay) et dans la communauté

d’agglomération Niortaise ; cependant le taux de couverture n’excède jamais 5.7 % (à Niort).

La couverture par la CMU-C semble ainsi un phénomène davantage urbain que rural, y compris en

Charente où, malgré la diffusion du phénomène sur l’ensemble du territoire, c’est dans le Grand

Angoulême que l’on rencontre le plus de bénéficiaires et ayants-droit (11 535, soit un peu plus de la

moitié des bénéficiaires et ayants-droit du département).

Tableau de synthèse

Charente Charente-

Maritime Deux-Sèvres

Vienne Poitou-Charentes

France métropolitaine

Allocataires du RSA au 31/12/2011

11 512 19 864 8 016 13 767 53 159 1 869 687

RSA socle seul 6 872 11 716 4 394 8 739 31 721 1 191 907

RSA socle + activité 1 559 2 412 953 1 579 6 503 216 507

RSA activité seul 3 001 5 601 2 573 3 327 14 502 451 856

Population couverte par le RSA (en %)

7.2 6.4 4.8 6.9 6.4 6.3

Allocataires de l’ASS au 31/12/2011

2 266 4 009 1 495 1 830 9 600 345 300

Allocataires de l’ASS pour 100 personnes de 15 à 64 ans

1.0 1.0 0.7 0.7 0.9 0.8

Allocataires de l’ASV et de l’ASPA au 31/12/2010

3 381 4 564 2 859 3 153 13 957 479 459

Allocataires pour 100 personnes de 65 ans et plus

4.5 3.3 3.9 4.0 3.8 4.5

Bénéficiaires de la CMUc au 31/12/2011

22 569 33 258 15 773 25 639 97 239 3 796 184

Bénéficiaires de la CMUc en % de la population totale

6.4 5.3 4.3 6.0 5.5 6.0

Figure 35. tableau de synthèse des indicateurs sociaux

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 52 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Zoom sur les populations des quartiers prioritaires

de la politique de la Ville

10,3 % de la population des agglomérations comportant des quartiers de la Politique de la Ville

vivaient sous le seuil de bas revenus en Poitou-Charentes au 31 décembre 2009, qui était fixé à 942

€ par mois et par UC (Unité de Consommation). Cela représentait 103 816 personnes. Dans les

quartiers de la Politique de la Ville cette population à bas revenus représentait à la même date 23,4

% de la population totale desdits quartiers, soit 26 890 personnes. Les quartiers eux-mêmes ne sont

pas égaux face à ce phénomène, puisque la part de personnes à bas revenus allait de 3,2 % à Migné-

Auxances (quartier non-ZUS mais inclus dans le CUCS de Poitiers) jusqu'à 43,6 % aux Rentes,

quartier inclus dans le CUCS de Cognac. Les situations vécues divergent donc énormément entre

les agglomérations (cf. tableau de données pages suivantes).

114 908 personnes vivaient dans ces quartiers au 31 décembre 2009 ; ils ont perdu au total 1,9 % de

leurs habitants entre 2007 et 2009. Ici encore les réalités locales diffèrent, puisque le quartier de

Saint-Eloi/Géraniums, à La Rochelle, a perdu 1 habitant sur 10 en deux ans, et que le quartier de La

Garenne à Angoulême est lui plus attractif, gagnant 8 % d'habitants en plus sur la même période.

La situation sociale de ces quartiers, que certains sociologues n’hésitent pas à appeler « de

relégation », est certes moins dramatique que celle d’autres quartiers dans les grandes zones

urbaines de la banlieue parisienne, lyonnaise, marseillaise ou encore que dans certains DOM.

Cependant, il y subsiste des situations de détresse sociale qui sont inacceptables, surtout au

voisinage d’agglomérations et de quartiers qui ne connaissent pas les mêmes difficultés, voire sont

très aisés. Cette inégalité de fait se rencontre notamment dans les quartiers prioritaires des quatre

chefs-lieux de département.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 53 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Nom de la zone Popu-

lation

des

mé-

nages

fin

2009

Evolu-

tion

rela-

tive de

la

popu-

lation

des

mé-

nages

de fin

2007 à

fin

2009

Revenu

par unité

de con-

somma-

tion

médian

2009

Evolu-

tion

relative

du reve-

nu par

unité de

consom-

mation

médian

2007-2009

Premier

quartile

du reve-

nu par

unité de

consom-

mation

2009

Evolu-

tion

relative

du pre-

mier

quartile

du reve-

nu par

unité de

consom-

mation

2007-2009

Part de

la

popu-

lation

à bas

reve-

nus

2009

Evolu-

tion

rela-

tive de

la part

de la

popu-

lation

à bas

reve-

nus

2007-

2009

Part des

jeunes

adultes

sans

di-

plôme

de

niveau

au

moins

égal au

bacca-

lauréat

début

2007

Part

des

mé-

nages

d'au

moins

6

per-

sonne

s fin

2009

Indicateur

de mono-

parentalité

avec

jeunes

enfants fin

2009

Part

des

mé-

nages

loca-

taires

en

HLM

fin

2009

Part

des

mé-

nages

con-

cernés

par

une

allo-

cation

chô-

mage

2009

Evo-

lution

rela-

tive

de la

part

des

mé-

nages

con-

cernés

par

une

allo-

cation

chô-

mage

2007-

2009

Indi-

cateur

d'acti-

vité

des

25-64

ans

fin

2009

SF SF SF SF SF SF SF SF EM SF SF SF SF SF SF

Unité urbaine de Cognac 26593 -0,6 17589 2,9 11633 0,3 9,9 9,9 48,8 1,3 4,2 13,6 16,6 3,1 76,2

CROUIN 2477 -2,3 10026 -11,6 4307 -22,4 30,8 17,4 71,1 2,4 9,8 61,0 25,6 4,5 68,5

Unité urbaine d'Angoulême 104391 0,2 17817 3,7 11465 2,5 11,0 6,0 43,9 1,4 4,1 18,3 16,9 2,2 77,6

BASSEAU GRANDE GARENNE 4281 -5,2 8788 -0,8 3015 -17,2 37,4 3,7 61,4 4,0 6,8 63,1 20,3 -1,3 62,5

BEL AIR, GRAND FONT 2109 -0,2 8272 -4,4 2477 -25,4 40,6 11,7 52,8 3,0 8,9 70,3 21,0 18,4 66,5

MA CAMPAGNE 3975 3,5 12911 -2,0 7051 -2,0 20,1 3,5 50,7 2,0 5,6 58,8 19,7 9,1 71,5

CHAMPS DE MANOEUVRE 4256 -9,6 7608 -3,7 3230 -2,0 38,6 3,6 72,3 4,2 6,7 87,0 23,3 -0,8 64,6

Unité urbaine de Saintes 28827 2,1 17771 5,1 11871 4,6 10,2 6,4 46,8 1,2 4,1 15,8 14,7 8,4 74,1

BELLEVUE 1237 2,2 7403 -3,9 1521 -49,6 42,7 12,7 72,4 2,6 13,2 92,4 27,0 12,5 66,7

Unité urbaine de Rochefort 38323 2,2 16613 4,2 11027 2,6 10,5 7,7 51,7 1,3 4,4 12,3 19,2 9,5 76,0

PETIT MARSEILLE 1061 -2,5 7084 -4,7 2306 12,0 43,3 -0,3 81,4 4,3 13,0 67,5 31,7 26,9 66,5

Unité urbaine de La Rochelle 121749 1,0 18989 5,3 12608 4,6 7,8 1,2 42,4 1,3 3,8 15,7 16,2 3,7 77,3

RESIDENCE PIERRE LOTI (RESI-DENCE KARINE)

1385 -3,6 14205 9,8 8292 0,9 15,9 9,9 62,9 0,6 8,8 64,9 18,4 6,7 76,2

MIREUIL-LALEU-LA PALLICE-LA ROSSIGNOLETTE

16620 -2,2 14062 3,5 8520 4,2 15,3 -0,4 63,9 2,7 5,3 52,8 20,0 5,7 76,9

VILLENEUVE LES SALINES 7157 -3,7 11904 2,0 6163 -4,7 22,5 6,3 66,2 2,7 7,1 67,8 23,4 2,0 71,1

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 54 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Nom de la zone Popu-

lation

des

mé-

nages

fin

2009

Evolu-

tion

rela-

tive de

la

popu-

lation

des

mé-

nages

de fin

2007 à

fin

2009

Revenu

par unité

de con-

somma-

tion

médian

2009

Evolu-

tion

relative

du reve-

nu par

unité de

consom-

mation

médian

2007-2009

Premier

quartile

du reve-

nu par

unité de

consom-

mation

2009

Evolu-

tion

relative

du pre-

mier

quartile

du reve-

nu par

unité de

consom-

mation

2007-2009

Part de

la

popu-

lation

à bas

reve-

nus

2009

Evolu-

tion

rela-

tive de

la part

de la

popu-

lation

à bas

reve-

nus

2007-

2009

Part des

jeunes

adultes

sans

di-

plôme

de

niveau

au

moins

égal au

bacca-

lauréat

début

2007

Part

des

mé-

nages

d'au

moins

6

per-

sonne

s fin

2009

Indicateur

de mono-

parentalité

avec

jeunes

enfants fin

2009

Part

des

mé-

nages

loca-

taires

en

HLM

fin

2009

Part

des

mé-

nages

con-

cernés

par

une

allo-

cation

chô-

mage

2009

Evo-

lution

rela-

tive

de la

part

des

mé-

nages

con-

cernés

par

une

allo-

cation

chô-

mage

2007-

2009

Indi-

cateur

d'acti-

vité

des

25-64

ans

fin

2009

Unité urbaine de Niort 68568 1,4 19213 5,1 12910 4,3 8,0 4,6 39,4 1,2 4,1 17,4 14,8 6,4 81,0

CLOU BOUCHET-TOUR CHABOT-GAVACHERIE

5467 -5,1 9651 -2,7 4110 -9,5 31,8 5,6 74,3 2,0 8,5 74,8 19,6 -0,2 71,9

Unité urbaine de Châtellerault 41318 -0,5 16866 3,5 10645 2,0 12,9 5,4 52,5 1,8 3,9 18,1 16,8 9,6 75,0

OZON, LES RENARDIERES 5818 -2,3 9420 -1,1 2899 -19,3 35,6 6,6 73,7 4,3 6,7 61,3 19,8 12,6 63,9

Unité urbaine de Poitiers 108478 1,8 18374 3,4 11621 1,4 11,2 7,1 30,6 1,6 4,4 22,9 15,7 7,2 81,1

BEL AIR-POITIERS OUEST 3205 -3,9 15193 5,1 7924 3,3 18,8 -2,7 51,6 2,4 5,1 36,8 15,8 3,5 75,5

BELLEJOUANNE-POITIERS SUD 1110 -3,7 11883 6,0 4973 -6,8 28,0 8,8 74,3 2,0 7,0 72,6 20,1 7,6 68,4

Unité urbaine de La Rochelle 121749 1,0 18989 5,3 12608 4,6 7,8 1,2 42,4 1,3 3,8 15,7 16,2 3,7 77,3

Saint-Eloi/Géraniums 399 -10,0 10409 18,9 4824 41,4 29,9 -20,3 3,2 6,3 0,0 22,1 -2,0 68,4

Unité urbaine de Rochefort 38323 2,2 16613 4,2 11027 2,6 10,5 7,7 51,7 1,3 4,4 12,3 19,2 9,5 76,0

Libération 1068 -3,8 9873 4,9 3924 -15,4 32,4 7,1 4,1 7,0 67,4 25,1 0,0 67,9

Sud Avant Garde 3206 -2,3 12187 1,3 6245 -9,1 23,6 15,0 56,6 1,3 6,6 27,5 23,5 5,7 71,7

Centre-ville 2780 2,9 16723 3,2 11666 -0,5 7,3 38,4 50,2 1,1 4,3 1,0 20,1 10,9 78,4

Casse aux Prêtres 2611 1,4 15743 2,7 10247 1,6 10,1 -1,0 51,9 1,2 6,2 21,8 19,6 12,8 75,9

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 55 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Nom de la zone Popu-

lation

des

mé-

nages

fin

2009

Evolu-

tion

rela-

tive de

la

popu-

lation

des

mé-

nages

de fin

2007 à

fin

2009

Revenu

par unité

de con-

somma-

tion

médian

2009

Evolu-

tion

relative

du reve-

nu par

unité de

consom-

mation

médian

2007-2009

Premier

quartile

du reve-

nu par

unité de

consom-

mation

2009

Evolu-

tion

relative

du pre-

mier

quartile

du reve-

nu par

unité de

consom-

mation

2007-2009

Part de

la

popu-

lation

à bas

reve-

nus

2009

Evolu-

tion

rela-

tive de

la part

de la

popu-

lation

à bas

reve-

nus

2007-

2009

Part des

jeunes

adultes

sans

di-

plôme

de

niveau

au

moins

égal au

bacca-

lauréat

début

2007

Part

des

mé-

nages

d'au

moins

6

per-

sonne

s fin

2009

Indicateur

de mono-

parentalité

avec

jeunes

enfants fin

2009

Part

des

mé-

nages

loca-

taires

en

HLM

fin

2009

Part

des

mé-

nages

con-

cernés

par

une

allo-

cation

chô-

mage

2009

Evo-

lution

rela-

tive

de la

part

des

mé-

nages

con-

cernés

par

une

allo-

cation

chô-

mage

2007-

2009

Indi-

cateur

d'acti-

vité

des

25-64

ans

fin

2009

Unité urbaine de Saintes 28827 2,1 17771 5,1 11871 4,6 10,2 6,4 46,8 1,2 4,1 15,8 14,7 8,4 74,1

Les Boiffiers 1724 -9,1 10895 5,3 4641 -3,9 30,2 4,5 2,1 8,2 62,6 17,8 7,5 67,4

La Fenêtre 537 -5,0 12947 5,6 6089 -7,1 22,8 9,2 0,0 6,1 70,3 18,2 0,2 64,7

Le Vallon 186 -6,1 18040 10,6 12281 9,3 5,4 77,4 3,4 4,6 1,1 17,2 12,6 78,3

Unité urbaine de Cognac 26593 -0,6 17589 2,9 11633 0,3 9,9 9,9 48,8 1,3 4,2 13,6 16,6 3,1 76,2

Les Rentes 354 5,1 8818 3,4 1518 -37,2 43,6 18,2 4,5 5,1 66,7 23,7 48,0 67,6

La Chaudronne 288 -7,4 11429 -1,0 6319 52,0 23,7 -21,5 77,0 0,6 8,6 43,2 22,8 14,2 74,1

Unité urbaine d'Angoulême 104391 0,2 17817 3,7 11465 2,5 11,0 6,0 43,9 1,4 4,1 18,3 16,9 2,2 77,6

Saint-Martin 820 0,4 19100 8,2 10990 -2,2 12,1 4,9 2,5 1,7 3,7 16,7 -12,4 77,9

Saint-Cybard 822 -1,3 16420 0,3 10668 2,2 12,7 8,7 2,2 3,1 19,3 18,6 -4,5 77,3

L'Houmeau/la Madeleine/la Gare 2478 -4,5 12537 -2,3 6381 -11,9 22,7 15,1 44,0 1,1 5,9 23,6 22,0 -4,5 75,5

Les Ecasseaux 486 -4,8 11789 -8,8 6574 -22,5 20,3 38,0 53,6 1,6 9,8 95,7 22,7 10,3 71,9

La Garenne 407 8,0 17275 11,2 11576 4,1 11,8 38,9 51,1 0,5 4,2 6,1 20,1 -4,2 76,4

Le Treuil 602 -2,3 15607 3,9 10510 10,4 11,2 21,2 56,1 0,8 5,8 51,4 23,6 -3,1 78,7

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 56 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Nom de la zone Popu-

lation

des

mé-

nages

fin

2009

Evolu-

tion

rela-

tive de

la

popu-

lation

des

mé-

nages

de fin

2007 à

fin

2009

Revenu

par unité

de con-

somma-

tion

médian

2009

Evolu-

tion

relative

du reve-

nu par

unité de

consom-

mation

médian

2007-2009

Premier

quartile

du reve-

nu par

unité de

consom-

mation

2009

Evolu-

tion

relative

du pre-

mier

quartile

du reve-

nu par

unité de

consom-

mation

2007-2009

Part de

la

popu-

lation

à bas

reve-

nus

2009

Evolu-

tion

rela-

tive de

la part

de la

popu-

lation

à bas

reve-

nus

2007-

2009

Part des

jeunes

adultes

sans

di-

plôme

de

niveau

au

moins

égal au

bacca-

lauréat

début

2007

Part

des

mé-

nages

d'au

moins

6

per-

sonne

s fin

2009

Indicateur

de mono-

parentalité

avec

jeunes

enfants fin

2009

Part

des

mé-

nages

loca-

taires

en

HLM

fin

2009

Part

des

mé-

nages

con-

cernés

par

une

allo-

cation

chô-

mage

2009

Evo-

lution

rela-

tive

de la

part

des

mé-

nages

con-

cernés

par

une

allo-

cation

chô-

mage

2007-

2009

Indi-

cateur

d'acti-

vité

des

25-64

ans

fin

2009

La Foucaudie 592 2,6 12557 -4,4 7344 -13,2 21,4 19,7 68,6 2,3 8,7 58,1 22,6 1,9 76,3

Sous-les-Vignes 1692 1,0 17115 4,2 11438 3,5 7,5 29,6 50,0 1,1 5,6 25,2 16,9 2,0 79,7

L'Etang aux Moines 1695 -2,5 12967 -1,6 7080 -8,2 20,5 24,5 53,2 2,6 8,1 51,3 21,2 -1,4 74,6

Villement 383 0,1 9376 -1,4 5434 12,8 27,5 -15,8 75,4 0,0 14,4 85,0 23,0 6,4 78,8

Unité urbaine de Poitiers 108478 1,8 18374 3,4 11621 1,4 11,2 7,1 30,6 1,6 4,4 22,9 15,7 7,2 81,1

Couronneries 8386 -0,8 11802 -2,8 4561 -15,6 29,0 10,6 55,0 2,5 6,5 65,0 16,9 6,5 71,1

Trois Cités 4262 1,9 9055 -8,1 3170 -19,1 35,2 11,4 60,2 2,7 9,2 86,2 21,1 20,2 70,9

Buxerolles (Commune) 10006 2,0 20495 3,3 14013 1,2 6,2 4,3 28,2 1,6 4,2 12,5 14,8 5,7 83,1

Migné-Auxances (Commune) 6022 1,7 20744 5,8 15225 7,4 3,2 18,0 32,8 1,3 3,9 7,8 12,9 -12,2 82,6

Unité urbaine de Châtellerault 41318 -0,5 16866 3,5 10645 2,0 12,9 5,4 52,5 1,8 3,9 18,1 16,8 9,6 75,0

Chateauneuf 2944 -0,8 13071 -2,6 6510 -5,3 22,2 1,4 70,9 1,5 6,4 21,8 19,2 13,0 71,3

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 57 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Les revenus dans les quartiers prioritaires et la définition de la nouvelle géographie prioritaire

La géographie prioritaire de la politique de la ville est en passe d’être refondée, avec pour unique

critère discriminant les niveaux de revenus : seront considérés comme prioritaires les zones les plus

pauvres du territoire français, au sens monétaire. Ce resserrement des critères de priorité amènera

sans conteste des changements profonds à la fois dans les zonages mais aussi dans la manière dont

les politiques publiques interviendront sur ces territoires. Alors qu’auparavant les indicateurs étaient

plus nombreux et traduisaient une réalité plus complexe de manière plus complexe, la seule prise en

compte des taux de pauvreté et des bas niveaux de revenus témoigne également d’une volonté de

synthèse de la part du gouvernement, tant il est vrai que là où la pauvreté sévit, on voit

généralement poindre de multiples autres difficultés sociales.

Un travail national et local entre la DIV (Délégation Interministérielle à la Ville) et l’Insee et ses

délégations régionales est en cours afin de délimiter les contours de cette nouvelle géographie

prioritaire, et de mettre en œuvre les indicateurs nécessaires à son établissement. Nous livrons ici

les premiers résultats publiés par l’Insee Poitou-Charentes en décembre 2012, qui analysent très

finement les niveaux de revenus au moyen de données dites « carroyées », allant en cela plus loin

que les niveaux géographiques « standard » comme l’Iris par exemple. Les illustrations qui vont

suivre doivent être considérées comme des étapes dans le travail de définition de la nouvelle

géographie prioritaire, et aucunement comme des propositions finales. Elles ont, pour le propos qui

nous concerne, le mérite de donner une vision très fine des bas revenus dans les grandes villes de la

région, et surtout des inégalités qui subsistent à l’intérieur des quartiers prioritaires mêmes. Elles

seront présentées par département.

Note de lecture : Les couleurs indiquent la médiane de revenu de chaque carreau. Plus le revenu est bas sur le carreau,

plus le carreau est bleu.

Les carreaux des niveaux 1, 2 et 3 ont un revenu médian supérieur à la médiane régionale.

Le revenu médian des carreaux bleu foncé (niveau 6) est inférieur au premier décile des revenus de la région.

Le revenu médian des carreaux rouges (niveau 1) est supérieur au neuvième décile des revenus de la région.

Les revenus médians des niveaux 3 et 4 sont compris entre le premier et le troisième quartile des revenus de la région :

cela signifie que la moitié de la population régionale a un revenu dans ces niveaux.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 58 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Charente : Angoulême et Cognac

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 59 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Charente-Maritime : La Rochelle, Rochefort et Saintes

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 60 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Deux-Sèvres : Niort

Vienne : Poitiers et Châtellerault

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 61 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

On s’aperçoit à la lecture de ces données carroyées que, si la géographie prioritaire de la politique

de la Ville recoupe en général des zones d’habitation de personnes plus pauvres que la moyenne des

autres habitants de l’agglomération effets conduisant à résorber la pauvreté dans ses territoires

d’action. C’est notamment le cas lorsque des opérations de rénovation urbaine ont été menées,

opérations qui ont pu induire des déplacements de populations et des relogements, et ainsi

introduire davantage de mixité sociale dans les quartiers visés.

Dans l’optique d’une refonte de cette géographie prioritaire qui serait, selon les dernières

informations disponibles, guidée par le seul indicateur de pauvreté des habitants, les cartes

carroyées de l’Insee Poitou-Charentes sont éclairantes car elles permettent une vision plus fine et

actualisée de ces territoires concentrant des populations précaires et/ou pauvres.

L’exemple de Poitiers est en ce sens frappant : on observe que la « zone de faibles revenus » du

nord de la commune s’étale sur le quartier des Couronneries et sur celui de Saint Eloi, alors que seul

le premier est inclus dans la géographie des CUCS (Contrats Urbains de Cohésion Sociale). La

construction de nombreux nouveaux logements à Saint Eloi et les difficultés à attirer les populations

originellement visées pour diverses raisons, a conduit à un glissement du curseur de peuplement de

ce nouveau quartier vers un profil moins aisé. Ces phénomènes urbains sont intervenus après la

définition de la géographie des CUCS et il paraît important d’inclure Saint Eloi dans la nouvelle

proposition. De même, le quartier de Beaulieu à Poitiers a vu ses indicateurs sociaux se dégrader

assez considérablement ces dernières années, notamment du fait de phénomènes d’éclatement des

ménages et de « décohabitation ».

On peut également observer dans les communes de Charente-Maritime, un glissement des zones de

peuplement défavorisées, qui impose de revoir la géographie prioritaire qui ne semble plus adaptée.

Si les quartiers prioritaires aujourd’hui englobent des zones défavorisées, d’autres poches de

peuplement se sont développées qu’il convient de prendre en compte.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 62 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Conclusion de la première partie

La situation s’aggrave en Poitou-Charentes comme en France depuis 2008. Le taux de pauvreté

régional est en effet passé de 13,7 % à 14,3 % entre 2006 et 2010 ; la région connaît ainsi le même

taux de pauvreté que la France métropolitaine. Cependant, la pauvreté a augmenté moins rapide-

ment en région qu’au niveau national.

Un de premiers facteurs de pauvreté, si ce n’est le premier, est bien le chômage, induisant une ré-

duction drastique des revenus chez les personnes touchées et leur familles. Le taux de chômage en

Poitou-Charentes est en augmentation constante depuis 2010, après une période de brève et mesurée

accalmie à partir de la mi-2009. Tendanciellement néanmoins le chômage augmente depuis 2007.

Un des premiers facteurs de cette croissance du nombre de chômeurs est, bien sûr, la crise

économique de 2008-2009 qui a durement, et durablement, touché les entreprises et le marché de

l’emploi. Ainsi la région Poitou-Charentes avait été l’une des plus touchées par la crise économique,

avec 20 000 emplois détruits entre le 1er trimestre 2008 et le 3e trimestre 2009, au plus fort de la

crise. Entre le 3e trimestre 2009 et fin 2010, seuls 17 % des emplois détruits ont été recréés, contre

25 % au niveau national. Par ailleurs, la crise avait détruit davantage d’emplois qu’il n’en avait été

créé entre 2002 et 2007 (15 000 emplois). La région est donc dans une situation de fragilité : l’Insee

publie chaque année dans le Bilan économique et social régional une étude des effets structurels et

géographiques, dont il ressort édition après édition que la région souffre, en matière de création

d’activités, d’un effet structurel légèrement négatif qui est compensé par un effet géographique.

Cela signifie que le développement et la croissance sont moins élevés que les tendances nationales,

mais que certaines dynamiques spécifiquement locales viennent contrebalancer cette évolution

négative. L’effet structurel observé est récurrent : situation de crise ou non, la structure par secteur

d’activité fait que la croissance annuelle de l’emploi devrait être inférieure d’environ 0.1 point en

moyenne chaque année à celle observée en métropole. Seul l’effet géographique permet à la région

d’afficher un taux de croissance de l’emploi supérieur le cas échéant.

Ainsi en 2010, si la région a « regagné » 3 500 emplois, cette croissance était bien insuffisante pour

rejoindre le niveau d’activité pré-crise. Pis, la « reprise », qui s’est poursuivie jusqu’à l’été 2011 (+

2 500 emplois créés au 1er semestre 2011) a été stoppée brutalement – 1 700 emplois ont été dé-

truits au 2nd semestre. L’année 2011 a donc vu le solde des emplois augmenter de 800 postes. En

2012 l’essoufflement de la reprise est certain puisque la région a perdu 2 150 emplois sur l’année.

En conséquence, le chômage est reparti à la hausse, avec des taux pouvant atteindre jusqu’à 11 %

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 63 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

(en Charente et Charente-Maritime) – le taux de chômage au 4e trimestre 2012 était en région de

9,8 % et de 10,2 % en France métropolitaine. Si le chômage est un phénomène moins présent en

région qu’au niveau national, son augmentation est préoccupante : il était descendu à 6,8 % au 1er

trimestre 2008, avant que la crise économique ne frappe et fasse remonter graduellement ce taux : +

3 points en 3 ans.

Conséquence du ralentissement de l’activité et de la croissance économiques, le PIB français et ré-

gionale stagne et surtout, le pouvoir d’achat est en recul selon l’Insee. Ainsi la consommation des

ménages français a reculé (-0,4 % entre 2011 et 2012 ; il s’agit de la 1ere baisse observée depuis 20

ans. Cette baisse est en lien avec la faible augmentation du revenu brut disponible des ménages (+

0,9 %) et le pouvoir d’achat a donc reculé de 0,9 % l’an passé. Compte-tenu de la croissance de la

population, le pouvoir d’achat au niveau individuel se replie de 1,5 % : c’est la plus forte baisse,

cette fois, depuis 30 ans. Les ménages ont toutefois quelque peu atténué les conséquences de ce

repli en réduisant leur recours à l’épargne et en puisant dans ces réserves.

En Poitou-Charentes, le revenu brut disponible des ménages a diminué en 2009 (-0,4 %), baisse

largement corrigée l’année suivante (+ 1,7 %). En 2010, ce revenu disponible s’établissait en

moyenne régionale à 19 309 € par habitant. On note toutefois une proportion croissante des presta-

tions en espèce dans la structure du revenu disponible : de 34,7 % en 2006, la part des prestations

serait passée à 37,6 % en 2010, soit 5,3 points de plus que la France métropolitaine et 3,2 points de

plus que la France de province. L’augmentation est également plus spectaculaire au niveau régional

que national : + 2,9 points en 4 ans pour Poitou-Charentes, contre + 2,3 points pour la France mé-

tropolitaine et + 2,6 points pour la France de province.

Les facteurs économiques exogènes expliquent donc une grande part de l’augmentation des

situations de pauvreté et de précarité des picto-charentais comme des français. Egalement, la

structure de l’emploi et de l’activité économique en région rend celle-ci plus fragile que certaines

autres. Ainsi, l’emploi industriel et l’emploi agricole occupent toujours une forte place dans

l’économie locale, et ces activités sont plus chahutées que les services marchands, par exemple, lors

d’événements comme la crise de 2008-2009. La forte proportion d’ouvriers et des personnes sans

diplôme pèse sur les rémunérations et les revenus disponibles des picto-charentais, plus faibles

qu’en moyenne nationale.

A l’échelle infra-régionale, certains territoires sont également plus fragiles ou moins dynamiques

que d’autres, en raison de multiples facteurs : population vieillissante, attractivité moindre, peu

d’emplois ou forte proportion d’emplois faiblement qualifiés, éloignement des pôles d’activité

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 64 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

régionaux .

Nous affinerons en conclusion de la seconde partie de ce rapport ces facteurs annexes, par la

création d’une typologie incluant des indicateurs socio-économiques, de conditions de vie, de

démographie etc.

De nombreux facteurs sont connexes à l’apparition de situations de pauvreté. Il s’agit de phéno-

mène qui apparaissent en même temps, qu’ils soient causes ou conséquences de la pauvreté. Nous

balaierons dans la prochaine partie de ce rapport quelques-uns de ces facteurs parmi les plus impor-

tants : la qualification de la population active, l’éducation et la formation des jeunes et des adultes,

la situation de l’emploi et du chômage, les conditions de vie et notamment les conditions de loge-

ment, l’état de santé des populations. Nous aborderons également dans cette partie certains compor-

tements des personnes pauvres ou précaires, notamment le non-recours aux droits sociaux, qui «

jouent » contre les possibilités de sortir de l’engrenage de la pauvreté.

Cette seconde partie du rapport est basée sur des travaux, statistiques, analyses produits par les

acteurs publics locaux, parmi lesquels la Direccte, la Dreal, la DRJSCS, les DDCS/PP, l’ARS et

l’ORS, le Rectorat de l’académie de Poitiers, le Conseil Régional et les Conseils Généraux, l’Insee.

Nous reproduirons parfois in extenso certaines de leurs analyses.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 65 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Deuxième partie :

Approches thématiques

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 66 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Parentalité, éducation, formation

Le fait de ne pas avoir de diplôme ou d'être sorti sans qualification du système scolaire a un effet

réel sur les risques de pauvreté des personnes. On observe au niveau national qu'une personne sans

diplôme a en effet 4 fois plus de chances d'être pauvre qu'un titulaire d'un diplôme de niveau Bac +

2 (BTS, DUT), ou encore 2 fois plus de chances d'être pauvre qu'un titulaire du baccalauréat. La

région Poitou-Charentes, dont la population est encore aujourd’hui assez peu qualifiée, malgré une

tendance de fond bien perceptible à la hausse du niveau de qualification des personnes non

scolarisées, est dès lors fragile sur ce plan. En effet, un niveau de diplôme moindre engendre dans la

majorité des cas un emploi de moindre qualification, ce qui a des effets sur les revenus des

personnes en activité. Pis, certains diplômes ne sont aujourd’hui plus pertinents pour pouvoir

prétendre à une insertion réussie sur le marché du travail : ainsi les diplômes de niveau CAP/BEP

dans le domaine tertiaire n’assurent pas une meilleure insertion en emploi pour leurs titulaires que

celle des non-diplômés9 : le seuil d’entrée en emploi est monté d’un cran et les jeunes doivent de

plus en plus poursuivre leurs études jusqu’au niveau Bac ou BTS. Ceci n’est qu’un exemple des

évolutions récentes de l’influence du niveau de diplôme sur l’emploi et la qualité des emplois

occupés par les personnes ; il reste que malgré les représentations sociales pessimistes et la valeur

accordée à l’expérience professionnelle par rapport à la durée de la scolarité, le diplôme en 2012

protège toujours autant du chômage et est une valeur d’importance dans l’insertion en emploi des

jeunes.

Une région peu qualifiée : 6 personnes sur 10 disposent au maximum d’un CAP ou équivalent

Figure 36 : Diplôme le plus élevé de la population en âge de travailler (Sources : Insee, RP 2010)

9 Voir Oref Poitou-Charentes, « Absence de diplôme et insertion professionnelle des jeunes : quel s liens ? »,

Convergences n°44, mai 2012

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 67 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

La région se caractérise par une part de non diplômés quasiment égale à la moyenne française (17.7

% contre 17.9 %), une plus forte part de diplômés de niveau V (CAP, BEP, avec un écart de 4.7

points par rapport à la moyenne française), et une plus faible part de sortants diplômés de

l’enseignement supérieur, notamment long (8.8 % en Poitou-Charentes contre 13.1 % en France

métropolitaine).

Cette situation globale connaît des divergences territoriales. Ainsi c’est en Charente que l’on trouve

la plus forte part de la population non scolarisée ne disposant d’aucun diplôme (18.8 %) ainsi que

d’un CAP ou BEP au maximum (28.4 %). C’est aussi le département où la population est en

proportion la moins diplômée de l’enseignement supérieur, à score quasi égal avec les Deux-Sèvres.

La Charente-Maritime ne connaît que peu d’écart à la moyenne régionale, et se comporte

globalement de la même manière.

En Deux-Sèvres, les problématiques sont les mêmes qu’en Charente, avec toutefois une plus forte

proportion de personnes qui ne disposent pas d’un diplôme du secondaire.

Enfin la Vienne est le département qui est globalement le plus qualifié, avec le taux le plus bas de la

région en ce qui concerne les personnes sans aucun diplôme (17 %) et le plus fort taux de diplômés

du supérieur (22.2 % en tout). Malgré tout ce département est encore en dessous de la moyenne

nationale en ce qui concerne l’enseignement supérieur.

Cette répartition de la population selon le niveau de diplôme est à relier à la fois à la structure des

emplois en région, comme on le verra dans la partie consacrée aux problématiques de travail et

d’emploi, mais aussi à sa démographie. En substance, les personnes plus âgées sont moins

diplômées que les plus jeunes, qui ont plus facilement et de plus en plus souvent à un diplôme de

l’enseignement secondaire, voire du supérieur. La baisse de la part des personnes ne disposant

d’aucun diplôme est donc à la fois le reflet d’une tendance de fond, qui est celle de l’élévation du

niveau de diplôme et de qualification de la population française et européenne en général, mais elle

est également le reflet de l’évolution démographique et de la mortalité.

Les non-diplômés et les diplômés du supérieur offrent à voir, dans leurs pratiques résidentielles et

leur localisation en région, presque un négatif l’un de l’autre. Ainsi le Sud de la région est plus

fréquemment moins diplômé et le Nord accueille davantage de haut-diplômés, notamment en

Vienne sur un axe Loudun-Lusignan, couvrant l’Ouest du département et quelques départements

limitrophes des Deux-Sèvres. La Rochelle, l’Ile de Ré, les régions de Saintes et d’Angoulême.

A contrario les communautés de commune du cœur de la région (Confolentais, Haute-Charente,

EPCI au confluent des quatre départements), la Haute Saintonge, le bassin de Marennes ainsi que,

en Vienne, le lussacois et le châtelleraudais comptent parmi leur population entre 22 % et 25 % de

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 68 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

personnes sans aucun diplôme. Cette situation est fortement liée à la démographie vieillissante des

EPCI ruraux, mais également pour le cas de Châtellerault à l’histoire industrielle du territoire. Les

EPCI les « mieux dotés » en termes de population fortement diplômée sont situés aux franges de

territoires dynamiques économiquement et démographiquement, comme l’axe de l’Ouest de la

Vienne peuplé de davantage de ménages diplômés, en emploi, touchant des revenus confortables et

travaillant dans l’aire urbaine de Poitiers. Cet axe en particulier, ainsi que les quelques « poches »

de haut-diplômés de la région, diffuse ensuite dans une couronne plus large englobant la majeure

partie du Nord picto-charentais, les interfaces Niort-La Rochelle et La Rochelle-Rochefort, ainsi

que quelques territoires choisis de l’angoumoisin.

Figure 37. Part de la population sans diplôme / Part de la population disposant d’un diplôme de l’enseignement

supérieur par EPCI, en 2010 (Sources : Insee, RP 2010)

On constate cependant toujours ce mouvement d’élévation du niveau de qualification de la

population globale, qui est une tendance lourde et européenne.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 69 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

2006 2007 2008 2009 2010 Evolution 2006-2010

Sans diplôme 19,70% 19,10% 18,60% 18,10% 17,70% -2,00%

CAP-BEP 26,62% 26,76% 26,91% 27,04% 27,18% 0,56%

BAC 14,45% 14,78% 15,07% 15,37% 15,70% 1,25%

BAC + 2 9,26% 9,63% 9,98% 10,34% 10,67% 1,40%

> A BAC + 2 7,89% 8,18% 8,44% 8,69% 8,83% 0,94%

Figure 38. Evolution du niveau de diplôme de la population en âge de travailler en Poitou-Charentes entre 2006

et 2010 (Sources : Insee, RP 2006 à 2010)

L’illettrisme et la difficulté face à l’écrit

Bien que ne relevant pas directement de la thématique de la pauvreté monétaire, les difficultés que peuvent

connaître certaines personnes face à la lecture, l’écriture mais aussi le calcul relève d’une acception plus

large de la pauvreté et des difficultés sociales que peuvent connaître certaines populations. Ne pas savoir lire

ou écrire, ou bien être en difficulté devant un texte écrit, participe de l’isolement et de l’exclusion d’une par-

tie de la population dite « illettrée ». Néanmoins, au vu des taux de personnes en difficulté sur ces sujets (1

jeune de 16-17 ans sur 10 en Poitou-Charentes ou en France métropolitaine), on ne peut pas conclure que

toutes ces personnes sont désocialisées.

Une étude de l’Oref Poitou-Charentes10

relève que 128 500 personnes de tous âges seraient en difficulté face

à l’écrit dans la région. Cela représente 13 % de la population âgée de 18 à 65 ans. Les personnes les plus

âgées, les moins qualifiées et les hommes sont plus fréquemment dans cette situation. En effet la part de per-

sonnes en difficulté face à l’écrit augmente avec l’âge (6 % des 18-25 ans, 20 % des 50-65 ans), est très for-

tement genrée (17 % des picto-charentais seraient concernés contre 9 % des picto-charentaises), et touche

beaucoup plus fortement les personnes éloignées de l’emploi et les moins qualifiés. L’étude de l’Oref met

bien en exergue le fait que la moitié des personnes en difficulté face à l’écrit est en emploi. Ainsi le phéno-

mène toucherait un quart des ouvriers, 15 % des agriculteurs, 13 % des artisans, commerçants ou chefs

d’entreprise et 8 % des employés.

Cela signifie bien qu’être en difficulté face à l’écrit n’est pas synonyme d’exclusion sociale totale, et qu’une

part non-négligeable de la population dite « intégrée » connaît de tels problèmes, qui pèsent sur leur vie so-

ciale et professionnelle – l’illettrisme est un « handicap invisible ».

L’entrée des jeunes dans la vie active

Si les salariés connaissent des situations variées selon leur niveau de qualification, les emplois

qu’ils occupent et leur ancrage territorial (ou leur non-ancrage, pour les populations les plus

diplômés qui sont plus mobiles), ces situations décrivent le présent et le futur à court terme. Afin

d’adopter une vision plus prospective il est intéressant de se pencher sur la situation des jeunes du

territoire régional, et notamment de leur rapport à l’éducation, la formation et à la période d’entrée

dans la vie active. Entre inégalités et reproduction sociale, accès difficile au marché du travail pour

les uns et accès rapide pour d’autres, élévation du niveau de qualification globale mais en même

temps prévalence accrue des sortants du système scolaire sans aucun diplôme, l’étude des résultats

de « Génération 2007 », vaste enquête sur les conditions de vie des jeunes entrants dans la vie

active, apporte une vision d’une réalité complexe et productrice de la société de demain.

10

Oref Poitou-Charentes, « Etat des lieux de l’illettrisme en Poitou-Charentes », Convergences n°42, mars 2012

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 70 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Une hausse des sorties du système scolaire sans diplôme, en parallèle d’une élévation du niveau de

qualification de la population et des jeunes

L’enseignement principal de Génération 2007 est que les sorties sans diplôme du système scolaire

ont fortement augmenté entre 2007 et 2004, année de la dernière étude du Céreq sur le sujet. Ce

constat s’applique partout, aussi bien en Poitou-Charentes qu’en France métropolitaine. En 2004,

18 % des jeunes sortants du système scolaire n’avaient obtenu aucun diplôme ; en 2007 ils étaient

21 %. Au niveau national cette augmentation s’est également fait sentir, mais de manière bien plus

pondérée : de 18 % de non-diplômés en 2004, on est passé à 19 %.

Figure 39. Plus haut diplôme obtenu par les jeunes ayant quitté le système scolaire picto-charentais en 2007

(Sources : Céreq, région Poitou-Charentes)

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 71 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

L’enquête Génération 2007 du Céreq

A la fin des années 1990, le Céreq a mis en place un dispositif d’enquête original qui permet d’étudier

l’accès à l’emploi des jeunes à l’issue de leur formation initiale. Tous les trois ans, une nouvelle enquête est

réalisée auprès de jeunes qui ont en commun d’être sortis du système éducatif la même année quel que soit le

niveau ou le domaine de formation atteint, d’où la notion de « génération».

L’enquête permet de reconstituer les parcours des jeunes au cours de leurs trois premières années de vie ac-

tive et d’analyser ces parcours au regard notamment du parcours scolaire et des diplômes obtenus. Certaines

cohortes sont interrogées plusieurs fois pour suivre les débuts de carrière.

En s'appuyant sur un calendrier qui décrit mois par mois la situation des jeunes et sur des informations plus

précises concernant le premier emploi et l'emploi occupé au bout de trois années passées sur le marché du

travail, ce dispositif permet non seulement d'analyser les trajectoires d'entrée dans la vie active mais aussi de

distinguer, d'une génération à l'autre, les aspects structurels et conjoncturels de l'insertion.

En 2004 et 2007 le Conseil Régional et la Direccte ont financé la mise en place d’extensions régionales de

cette étude. Les informations recueillies révèlent précieuses pour comprendre les mécanismes d'insertion des

jeunes dans la vie active. Elles donnent des informations sur l'état des qualifications des jeunes de la Région,

leur situation trois ans après leur sortie de formation... Elles permettent d'appréhender le lien entre formation

et emploi de manière précise et complète, puisque l'enquête fonctionne comme un « calendrier » détaillé,

mois par mois et pendant 3 ans, du parcours des jeunes sortants du système scolaire. L'enquête permet de

définir des typologies de trajectoires d'entrée dans la vie active, d'avoir un regard sur des catégories de pu-

blics (les jeunes non-diplômés, les femmes, les diplômés du supérieur, d'apprentissage) en fonction de leur

insertion et des emplois qu'ils occupent à la suite de leur formation.

62 % de la Génération 2007 en Poitou-Charentes détiennent un diplôme égal ou supérieur au

baccalauréat, lorsque cette proportion est de 66 % pour la France métropolitaine. Enfin, la

proportion de diplômés du supérieur est plus importante au niveau national (42 %), différence

surtout accusée au plus haut niveau : 14 % de tous les sortants sont titulaires d'un diplôme de 3eme

cycle ou d'une grande école, contre seulement 11 % en Poitou-Charentes, et ce malgré le

dynamisme des universités régionales.

Les filières de formation restent très marquées selon le genre. En effet, dans les spécialités tertiaires,

les filles sont largement majoritaires (77 % au niveau V, 68 % au niveau baccalauréat et 74 % au

niveau bac + 2), alors que dans les spécialités industrielles, la proportion de garçons est plus

importante (92 % au niveau V, 88 % au niveau baccalauréat et 83 % au niveau bac + 2).

C'est en moyenne à 21 ans que les jeunes entrent sur le marché du travail, en France comme en

Poitou-Charentes. Bien sûr, l'âge auquel les jeunes quittent l'école pour entrer dans la vie active

varie en fonction du niveau d'études, allant de 18 ans pour les jeunes sans diplôme, à 25 ans pour les

titulaires d'un Master, Doctorat ou les diplômés d'une grande école.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 72 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Figure 40. Plus haut diplôme obtenu par les jeunes ayant quitté le système scolaire picto-charentais en 2004 et

2007 (Sources : Céreq, région Poitou-Charentes

On constate une hausse importante de la proportion de jeunes sortant sans diplôme du système

scolaire ( + 3,5 points de pourcentage par rapport à 2004). C'est en réalité la seule catégorie, avec

les titulaires d'une Licence ou d'un diplôme de niveau bac + 3 (2 points de plus qu'en 2004), qui

connaît une augmentation de sa représentation dans la structure des sortants. Pour la première fois,

le nombre de jeunes non-diplômés dépasse le nombre de jeunes titulaires d'un CAP-BEP ; cela est

valable à la fois pour la région Poitou-Charentes et pour la France métropolitaine.

Sans constater de réel changement de structure, on aperçoit tout de même une large baisse de la

proportion de sortants au niveau Baccalauréat (- 3,4 points par rapport à 2004, ce qui équivaut à une

baisse d'un quart des effectifs) et au niveau Bac + 2 (- 1 point, soit 18 % des effectifs en moins).

Cette chute est à relativiser, la génération 2007 comptant moins de sortants que la génération 2004 ;

elle est certainement le reflet à la fois de la hausse du nombre de non-diplômés et de la hausse du

niveau de qualification, qui est une tendance lourde de l'enseignement et de la formation – les

jeunes sortiraient moins à des niveaux baccalauréat ou infra, et auraient tendance à poursuivre leurs

études plus longtemps, ce qui explique la chute du nombre de sortants en dessous du niveau II. On

peut aussi voir dans cette hausse de la proportion de niveaux II l'attrait des Licences

Professionnelles, dans une région qui développe beaucoup la formation professionnelle et

l'alternance.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 73 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Des inégalités sociales dans l’accès aux filières les plus « prestigieuses »

Plus de la moitié (52 %) des enfants de cadres sort avec un diplôme de niveau I ou II, contre 14 %

des enfants d'ouvriers. A contrario, ces derniers ont 5 fois plus de risques de sortir du système

scolaire sans diplôme que les premiers.

La situation professionnelle du père a un effet en partie déterminant sur la scolarité de ses enfants,

et donc participe de la définition du niveau de diplôme que ceux-ci atteindront11. Ainsi 28 % des

enfants d'ouvriers sont sortis sans diplôme, contre seulement 5 % des enfants de cadres ; la moitié

des enfants d'ouvriers quitte l'école avec un niveau de diplôme inférieur au baccalauréat, alors que

ce n'est le cas que de 11 % des enfants de cadres. Le fait de suivre un cursus par apprentissage dès

la sortie du collège est lui aussi influencé par la CSP du père : 16 % des enfants d'ouvriers ont été

orienté vers l'apprentissage après la troisième, contre 2,6 % des enfants de cadres.

L'origine nationale des parents du jeune sortant semble jouer de manière contrastée sur le niveau de

diplôme atteint. En effet on observe une structure des niveaux de diplôme quasiment analogue entre

les enfants de parents tous les deux nés en France et les enfants dont au moins un parent est né à

l'étranger (40 % de jeunes sans le baccalauréat, y compris les non-diplômés, mais une différence

aux plus hauts niveaux : 30 % de diplômés du 2eme ou 3eme cycle chez ceux dont au moins un

parent est né à l'étranger, contre 22 % dont les deux parents sont nés en France).

Cette structure, chez les enfants dont les deux parents sont nés à l'étranger, est perceptiblement

différente : on constate moins de sorties sans diplôme qu'en moyenne tous profils confondus (14 %),

et à l'autre extrémité de l'échelle, près de 4 jeunes sur 10 (38 %) qui sortent avec un diplôme du

2eme cycle universitaire ou plus.

On remarque alors deux profils différents chez ces jeunes « issus de l'immigration » ; des jeunes

français dont au moins un parent est né à l'étranger, et qui suivent un parcours analogue à celui des

français de parents tous deux nés en France, profil qui diverge de celui des jeunes nés de parents

étrangers tous les deux, et qui sont majoritairement des étudiants étrangers venus poursuivre des

études de haut niveau dans la région.

Plus de la moitié des enquêtés (56 %) était dans une classe de l'enseignement professionnel, tous

11

L'enquête Génération est ici incomplète ; en effet, elle ne considère comme variable d'origine sociale que la seule profession du père, comme c'est

traditionnellement l'usage dans les enquêtes sociologiques depuis qu'elles existent. Néanmoins, au vu des changements sociaux qui ont affecté la

sphère familiale ces dernières décennies, cet indicateur est de moins en moins pertinent si on l'observe seul. En effet, le cas fréquent des familles recomposées peut le rendre obsolète, puisqu'il a été institué en tant que « profession du père = profession du chef de famille », et que dans le cas

de divorces par exemple, on sait que ce sont les femmes qui obtiennent dans la majorité des cas la garde des enfants, et donc qui prennent ce rôle

de chef de famille.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 74 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

niveaux confondus, pendant l'année scolaire 2006-2007. Parmi eux, on comptait 35 % d'enfants

d'ouvriers et 9 % d'enfants de cadres.

La proportion d'enfants de cadres augmente dans l'enseignement professionnel à mesure que le

niveau de diplôme augmente : ainsi, les enfants de cadres représentent 16 % des étudiants dans

l'enseignement professionnel supérieur court (BTS, DUT) et les enfants d'ouvriers ne sont plus que

29 % de ces étudiants. Si on ajoute aux enfants d'ouvriers les enfants d'employés (ce qui forme la

catégorie des CSP “populaires”), on atteint 50 % des effectifs du supérieur court professionnalisant.

Ce n'est pas le “professionnel” en lui-même qui repousse les étudiants issus de milieux socio-

économiques plus favorisés, mais plutôt le faible niveau de qualification qui est généralement

attaché à ce type de formations.

Ouvrier Employé Technicien, profession

intermédiaire

Cadre, profession

libérale, ingénieur

Commerçant, artisan,

chef d'entreprise

Moyenne régionale

Seconde Générale ou

Technologique

45% 49% 66% 85% 51% 57%

Apprentissage 16% 13% 7% 2,6% 14% 11%

CAP-BEP par voie scolaire ou seconde

professionnelle

30% 37% 25% 25% 30% 29%

N'a pas suivi de classe de 3eme

3,5% 1,4% 1,4% 2% 2,6% 2,3%

Figure 41. Orientation scolaire après la 3eme selon la profession du chef de famille des jeunes picto-charentais,

en 2007 (Sources : Céreq, région Poitou-Charentes)

L'orientation est différente en fonction de la CSP du chef de famille, ici le père ; après la troisième,

57 % des jeunes scolarisés en Poitou-Charentes ont été orientés vers une seconde générale ou

technologique. Si l'on observe CSP par CSP, les enfants d'ouvriers ne se sont orientés qu'à 49 %

vers une telle classe de seconde, contre une écrasante majorité d'enfants de cadres (85 %) ; les

enfants d'ouvriers sont aussi les plus représentés dans les classes d'apprentissage de niveau V : 16 %

d'entre eux ont suivi cette orientation, contre seulement 2,6 % des enfants de cadre, et 11 % de

l'ensemble des jeunes scolarisés.

Un accès au premier emploi plus difficile en temps de crise

89 % des sortants de la génération 2007 ont eu au moins un emploi au cours de leurs trois premières

années de vie active. Il subsiste 2 100 individus qui n'ont jamais trouvé de travail : ils forment le

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 75 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

“noyau dur” des jeunes éloignés voire exclus de l'emploi.

30 % des sortants accèdent à un emploi à durée indéterminée (EDI) dès leur première embauche (31

% au niveau national). Cette proportion est plus élevée que pour la génération 2004, où 26 % des

sortants accédaient à un EDI dès leur premier emploi, et rapproche la région Poitou-Charentes de la

situation de la France métropolitaine, alors que lors de la dernière enquête l'écart entre les deux était

de 4 points en défaveur de la région.

Cet état de fait est certainement en rapport avec la hausse du niveau de qualification des jeunes

sortants, phénomène constaté aussi bien en région qu'à l'échelle nationale. Les plus diplômés

accèdent plus souvent que les autres à un EDI dès le premier emploi : c'est le cas d'un diplômé de

troisième cycle universitaire ou de grande école sur deux, et d'un tiers des diplômés de Licence ou

Maîtrise. Cependant l'accès rapide à l'emploi stable s'observe également dans les spécialités

industrielles de l'enseignement professionnel : ainsi 37 % des diplômés de niveau V (CAP, BEP,

MC), dans une spécialité industrielle, accèdent directement à un EDI, tout comme 32 % des

diplômés de bac pro industriel. Les sortants de bac pro d'une spécialité tertiaire tirent eux aussi leur

épingle du jeu, en accédant à un EDI dès leur premier emploi dans 35 % des cas.

Les catégories de sortants qui comptabilisent le plus d'EDI dès la première embauche sont aussi

celles où l'accès à l'emploi est le plus rapide : ainsi, pour tous les diplômés que nous venons de citer,

exceptés les titulaires d'une licence ou d'une maîtrise, le temps médian d'accès au premier emploi

est de moins d'un mois (deux mois pour les licences et maîtrises). Cela signifie que la moitié des

sortants a trouvé un premier emploi dès la fin de la formation. Pour tous les diplômés confondus, ce

temps médian d'accès au premier emploi est d'un mois.

68 % des jeunes de Poitou-Charentes ont accédé à leur premier emploi dans le cadre d'un contrat de

travail temporaire, catégorie réunissant contrat à durée déterminée, contrat aidé et statut

d'intérimaire. Au niveau national, 65 % des jeunes accèdent à leur premier emploi par ce type de

contrat, taux plus bas car on comptabilise au niveau national plus de jeunes qui “se lancent” en

indépendant (4 % contre 2 % des sortants en Poitou-Charentes), ou qui accèdent à un premier

emploi à durée indéterminée.

Le niveau de formation a une incidence sur le type de contrat de travail en début de vie active, mais

la spécialité (industrielle ou tertiaire) joue aussi un rôle en la matière. Globalement, la part de

contrats temporaires décline à chaque niveau de formation, allant de 81 % des premiers contrats de

travail pour les non-diplômés, à 49 % pour les diplômés de Master, doctorat ou grande école. Les

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 76 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

non-diplômés, par ailleurs, sont plus nombreux à commencer par un contrat temporaire ou par

l'intérim en Poitou-Charentes qu'au niveau national ; pour l'ensemble de la France métropolitaine on

constate en effet que les non-diplômés sont 6 % à débuter en tant que non-salarié, et 20 % en EDI,

des taux supérieurs à ceux que l'on connaît en région.

Les missions d'intérim représentent un sixième des premiers contrats de travail. Ici encore tous les

sortants ne sont pas égaux : 30 % des titulaires d'un baccalauréat ou d'un Bac + 2 industriel ont

débuté en intérim, forme d'emploi traditionnellement très liée aux métiers de la production. Les

non-diplômés eux aussi ont accédé fortement à leur premier emploi par ce biais, dans 28 % des cas.

A l'autre extrémité du spectre, seuls 7 % des diplômés de niveau I ont débuté leur vie

professionnelle par la voie de l'intérim.

La même logique sous-tend le recours aux contrats aidés pour entrer dans la vie active : les sortants

sans diplôme et les titulaires d'un diplôme tertiaire de niveau V ont commencé deux fois sur dix par

ce type de contrat, dont on voit que la part diminue de niveau en niveau.

2 jeunes sur 10 ont débuté leur vie active dans le cadre d'un emploi à temps partiel. Ce phénomène

touche surtout les titulaires d'un diplôme tertiaire de niveau V (près de quatre sortants sur dix), les

sortants sans diplôme (27 %), mais aussi les titulaires d'un diplôme de niveau II (26 %) et les

sortants titulaires d'un bac général ou technologique (un sur quatre).

L'échelle des salaires suit l'échelle des niveaux de formation ; au premier emploi, le salaire net

médian est de 1 110 € mensuels en Poitou-Charentes, contre 1 170 € mensuels pour l'ensemble de la

France métropolitaine. Cet écart n'est pas si important qu'on aurait pu le penser, au vu des écarts

existants entre les salaires régionaux et les salaires nationaux (globalement, les salariés picto-

charentais touchent en moyenne 17 457 € par an, contre 19 806 € pour la France métropolitaine).

On ne constate que des différences modestes entre le niveau régional et le niveau national et, si les

salaires picto-charentais sont moins élevés que les salaires nationaux moyens, l'écart n'excède

jamais 50 € nets mensuels. Même, l'enquête laisse apparaître que les sortants de niveau I en Poitou-

Charentes sont mieux payés qu'en moyenne nationale lors de leur premier emploi (1 750 € contre 1

710 €). C'est sur une durée plus longue que des différences plus nettes se font ressentir en matière

de salaire12.

Enfin, l'évolution des niveaux de salaire se fait sentir à la fois en France et en Poitou-Charentes. Les

salaires en début de vie active ont augmenté en même proportion en région qu'en France

12

Voir l'analyse de l'évolution professionnelle des sortants en emploi, infra.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 77 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

métropolitaine (le salaire médian a augmenté de 6 % aux deux échelles, entre l'enquête génération

2004 et l'enquête génération 2007).

Figures 42 et 42bis : Statut d’emploi des jeunes sortants du système scolaire en Poitou-Charentes en 2007, et

salaires médians mensuels nets à l’embauche par diplôme obtenu (Sources : Céreq, région Poitou-Charentes)

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 78 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Les trajectoires d’entrée dans la vie active des jeunes sortants du système scolaire : une insertion

rapide et durable plus difficile en temps de crise, un « noyau dur » de jeunes exclus du marché du

travail

Figure 43. Trajectoires d’insertion professionnelle des sortants du système scolaire en Poitou-Charentes en 2007

(Sources : Céreq, région Poitou-Charentes)

54 % des sortants de la Génération 2007 en Poitou-Charentes ont accédé à un emploi

rapidement et durablement après leur sortie du système éducatif. Cette proportion est

moindre qu'au niveau national (57 %). Pour information, en 2007 (pour les sortants de la

Génération 2004), l'accès rapide et durable à l'emploi concernait 56 % des sortants de Poitou-

Charentes, pour 57 % au niveau national. Les sortants qui s'inscrivent dans cette trajectoire ont

accédé à l'emploi majoritairement en moins d'un an (60 % en emploi dix mois après la sortie). Le

taux de chômage de ce groupe est toujours resté modéré, culminant à 14 % en novembre 2007, soit

un an après le début de la période considérée dans l'enquête. Le taux d'emploi atteint 98 % dès juin

2008, et culmine à 99 % en fin de période.

11 % des jeunes sortants ont connu un accès dit « différé » à l'emploi, à savoir qu'ils ont soit

connu une période de chômâge, d'inactivité et/ou de formation entre le moment de leur sortie

du système scolaire et le moment où ils ont décroché leur premier emploi. Cette catégorie

recouvre donc des situations variées, qui peuvent être subies ou choisies.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 79 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Après une période de chômage

Cette classe affiche en fin de période (juillet 2010) un taux d'emploi de 94 % et un taux de chômage

de 5 %. L'accès à l'emploi de manière “massive” par les ressortissants de cette classe est plus

tardive, et passe par des aléas, périodes de chômage notamment, qui peut concerner plus de 7

sortants sur 10 (pendant le premier semestre 2008, cette classe a beaucoup connu le chômage). A

partir de l'été 2008, la courbe de l'emploi est remontée pour ne plus redescendre, atteignant donc le

quasi plein-emploi à la date de l'enquête.

Après une période d'inactivité ou de formation

Après un pic d'activité en septembre 2007 (soit dix mois après la sortie des premiers jeunes

interrogés) qui se prolonge pendant l'hiver, où 22 % des jeunes de cette classe sont en emploi, cette

classe connaît une forte proportion d'inactifs et de jeunes en formation, notamment sur la période

novembre 2007/novembre 2009. Les taux d'inactivité peuvent atteindre 42 % (en septembre 2008),

et 43 % étaient en formation en avril 2008. Sur cette période “printemps-été 2008”, les jeunes en

emploi ou au chômage ne représentaient que 15 % de la classe.

2 jeunes sur 10, dans cette classe, sont toujours au chômage en juillet 2010, lors de l'enquête.

11 % des jeunes ont connu une situation de « décrochage de l'emploi ». Cette catégorie est

particulière en ce qu'elle regroupe des jeunes souvent diplômés, qui ont travaillé au début de

leur vie active mais ont pu connaître un licenciement ou une fin de contrat de travail après

une période assez longue en emploi, sans jamais réussir à se réinsérer par la suite sur le

marché du travail.

Les situations de décrochage de l'emploi concernent des jeunes qui ont travaillé lors des premières

années de leur vie active, mais qui connaissent un chômage de longue durée en fin de parcours

étudié. Près de 85 % des jeunes de cette catégorie étaient en emploi à la fin 2008, lorsque leur taux

d'emploi se met à chuter, d'abord de manière peu sensible (ils sont toujours plus des trois quarts à

être en emploi au début de l'été 2009), puis de façon vertigineuse (71 % en juillet, 56 % en

septembre, 40 % en décembre 2009), pour arriver à un taux d'emploi de 12 % à la fin de la période.

Le chômage augmente proportionnellement, pour atteindre un taux de 73 % en juillet 2010, et on

n'observe que très peu de retour en études ou de périodes de formation (moins de 2 % de ces

sortants). On observe également une inactivité grandissante, surtout à partir du mois d'août 2009.

Les inactifs représentent 14 % de cette catégorie à la date de l'enquête.

Les situations de chômage persistant ou récurrent concernent 9 % des jeunes sortants, qui

n'ont jamais connu de réelle insertion dans l'emploi, restant en situation de chômage ou bien

dans le « halo du chômâge » (activité partielle, très fragmentée, ou bien aucune activité).

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 80 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Cette catégorie est caractérisée par un chômage de masse. On remarque quelques poussées de

l'emploi, à deux périodes distinctes et éloignées. La première a lieu à partir de l'été 2007 et court

jusqu'à la fin de l'année 2008 ; il concerne 18 % des jeunes de cette classe au maximum.

On retrouve cette poussée de l'emploi, plus ou moins forte, dans toutes les trajectoires étudiées.

L'emploi revient à partir d'octobre 2009 et dure jusqu'à la fin de la période d'enquête. Là, près de

trois jeunes sur dix dans cette classe sont en emploi.

En juillet 2010, sept jeunes sur dix sont au chômage, et depuis trois années, jamais le taux de

chômage n'est repassé en dessous de la barre des 50 %.

Le taux d'emploi des jeunes s’inscrivant dans la catégorie « inactivité durable » n'a jamais

dépassé les 20 % sur toute la période étudiée. L'inactivité de ces jeunes est déclarative : ainsi 3

% de l'ensemble des sortants ne s'est déclaré, pendant les 3 années de référence, ni en emploi,

ni au chômage, ni en formation. On postule donc que leur situation est très précaire même s'il

ne faut pas écarter, parmi eux, quelques choix marginaux de non-activité volontaire (par

exemple, le travail bénévole dans une association peut être compris dans cette catégorie,

puisqu'il ne s'agit ni de formation, ni de salariat...)

L'inactivité, dans cette catégorie, peut représenter jusqu'à 98 % des jeunes. C'est-à-dire que la

totalité des jeunes de cette classe a été sans emploi, ne s'est pas déclarée en tant que chômeur, et n'a

pas repris d'études, si ce n'est en proportion infinitésimale. Le taux d'emploi, dans cette classe, n'a

jamais dépassé les 20 %, mais cependant le chômage reste lui aussi faible.

L'inactivité est ici déclarative, elle renvoie à une situation où l'enquêté ne déclare ni travailler ni être

au chômage, ni en formation. Le chômage étant dans l'enquête Génération une catégorie

déclarative, une grande partie des jeunes déclarant une ou des périodes d'inactivité peut être

considérée comme au chômage, mais non inscrite en tant que demandeur d'emploi de manière

“officielle”. On peut aussi penser à des épisodes de maternité par exemple ; le taux de personnes en

trajectoire d'inactivité durable étant légèrement plus élevé chez les femmes que chez les hommes.

5 % des sortants sont passés par la « case emploi » avant d'entrer dans une formation

professionnelle, à la faveur d'un licenciement ou d'une fin de CDD, période d'intérim... Ce

taux est plus élevé que la moyenne nationale et laisse à penser que l'effort de formation des

adultes est une force de la région Poitou-Charentes.

Cette trajectoire regroupe des jeunes ayant travaillé à leur sortie du système éducatif, et qui, à la

faveur d'épisodes de non-emploi (fin de CDD, chômage...) se sont massivement dirigés vers la

formation afin d'acquérir des compétences et des savoirs leur permettant un retour en emploi à la fin

de l'épisode.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 81 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

6 jeunes sur 10 étaient en emploi, dans cette catégorie, en mars 2008. A la fin de l'été de cette même

année, on assiste à une chute assez spectaculaire du taux d'emploi, qui passe à 40 % début 2009.

Ce qui change par rapport à des trajectoires de type “chômage” ou “décrochage de l'emploi”, c'est

bien l'entrée massive en formation des jeunes, qui vient « compenser » la chute de leur taux

d'emploi ; le taux de chômage reste ainsi stable pour cette catégorie de jeunes. On constate deux

périodes de formation : d'août 2008 à juillet 2009, et d'octobre 2009 à juillet 2010, la date d'enquête.

Ce qui distingue cette trajectoire de la suivante (la reprise d'études), c'est bien ce caractère

épisodique, bien identifié, à deux périodes distinctes et, en réalité, aux deux temps forts de la crise

économique de 2008-2009.

De manière générale, la reprise d'études ou les épisodes de formation hors emploi concernent plus

les femmes que les hommes ; 14 % d'entre elles s'inscrivent dans ces trajectoires, contre seulement

9 % des hommes. Ce sont les sortants de Licence ou de Maîtrise qui ont le plus eu recours à la

formation hors emploi.

7 % des sortants ont repris des études ou entrepris une formation de longue durée au cours de

leurs trois premières années de vie active. Ces sortants sont majoritairement des sortantes :

plus enclines à se former que les hommes, les femmes représentent 56 % de ces reprises

d'études.

Lorsqu'un épisode de formation de courte durée ne suffit plus pour espérer revenir sur le marché du

travail, de nombreux jeunes entament un parcours plus long : la formation de longue durée et/ou la

reprise d'études, permettant d'accéder à une diversification de son “portefeuille de compétences”,

via l'acquisition d'un diplôme dans un domaine différent de sa formation initiale, ou bien permettant

d'acquérir un niveau de qualification supplémentaire pouvant ouvrir d'autres opportunités d'emploi.

Cette trajectoire connaît deux « vagues ». Les premiers jeunes à entrer en formation le font tôt, dès

la fin de l'année 2007, où 2 jeunes sur 10 de la catégorie reprennent leurs études ou une formation.

Ce taux reste stable jusqu'à ce qu'une seconde vague de jeunes décide d'emboîter le pas aux

premiers : à la rentrée 2008, 9 jeunes sur 10 sont en formation ou en reprise d'études, et ils ne sont

plus que 5 % à avoir un emploi.

Les jeunes qui composent cette classe sont assez réactifs, en témoigne le taux d'inactivité qui

grimpe en flèche à la rentrée 2008, passe de 21 % à 27 % de la classe par rapport au mois

précédent. Quatre mois plus tard, le taux d'inactivité était de 7 %, la différence ayant été absorbée

par la formation ou la reprise d'études. Ce sont les sortants de niveau Bac ainsi que les non diplômés

qui ont eu le plus recours à ces types de contournement du marché du travail. Ainsi, un jeune

bachelier sur dix a repris des études dans les trois années qui ont suivi sa sortie du système éducatif,

et quinze non-diplômés sur cent.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 82 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Une insertion différente selon les niveaux de diplôme atteints

Les sortants de niveau III et de niveau I sont les plus nombreux à accéder rapidement et

durablement à l'emploi. Pour les sortants du secondaire, l'accès et le maintien en emploi dépendent

du diplôme et de la spécialité de formation. Il est à noter qu'un quart des sortants sans diplômes

s'insèrent rapidement et durablement en emploi.

Quel que soit le climat économique dans lequel les jeunes s'insèrent, le diplôme conditionne

largement l'insertion professionnelle. Ainsi, 67 % des diplômés du secondaire et 81 % des diplômés

du supérieur accèdent rapidement et durablement à l'emploi contre seulement 25 % des non-

diplômés. Ces derniers sont les plus démunis sur le marché du travail : un quart d'entre eux s'inscrit

dans une trajectoire de chômage persistant ou récurrent, 10 % de décrochage de l'emploi, et 9 %

d'inactivité durable, pendant leurs trois premières années de vie active. Ils sont ainsi plus nombreux

à connaître des situations de difficultés ou de non-emploi (43 %) que d'emploi (37 %, accès rapide

et différés mêlés).

Parmi les diplômés, les trajectoires de décrochage de l'emploi, ou celles éloignées de l'emploi,

concernent plus souvent les sortants de l'enseignement secondaire. Les titulaires d'un niveau V

(CAP-BEP-MC) sont ainsi 15 % à décrocher13, et presque autant à être dans une situation

d'inactivité ou de chômage durable. Leur insertion rapide et durable en emploi est cependant

supérieure à la moyenne tous niveaux de diplôme confondus. Les sortants de niveau baccalauréat

sont également 10 % à décrocher, et 6 % à s'inscrire dans une trajectoire d'éloignement de l'emploi.

Un critère vient se surajouter au faible niveau de qualification des titulaires d'un CAP ou BEP par

exemple : la spécialité de formation. Selon que les jeunes sortent diplômés d'un diplôme de niveau

V d'une spécialité tertiaire (de services) ou industrielle (de production), les chances d'accéder

durablement et rapidement à l'emploi ne sont pas les mêmes. Moins de la moitié des sortants de

niveau V tertiaire sont dans cette trajectoire, et ils sont deux fois plus à connaître un chômage

persistant ou récurrent que les niveaux V industriels. C'est la proportion de jeunes en chômage

chronique la plus élevée parmi les diplômés. Et, même si 7 % d'entre eux entrent en formation hors

emploi pendant leurs trois premières années de vie active, ils comptent parmi les jeunes qui

reprennent le moins leurs études, alors même que gagner un niveau de qualification pourrait leur

permettre de mieux s'insérer.

13

C'est-à-dire qu'ils ont travaillé pendant au moins un an et demi avant de connaître un chômage de longue durée en fin

de période étudiée, dans lequel ils sont toujours à la date d'enquête.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 83 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Les sortants de baccalauréat technologique ou professionnel tertiaires, même s'ils connaissent plus

de difficultés que leurs homologues de spécialités industrielles, ne sont plus que 4 % à s'inscrire

dans une trajectoire de chômage persistant ou récurrent. 12 % d'entre eux décrochent de l'emploi

(contre 19 % des niveaux V tertiaires, et 9 % des bacs pro/techno industriels).

Au niveau national, les inégalités d'accès au marché du travail jouent de la même façon pour les

titulaires d'un diplôme tertiaire de niveau V, mais de manière moins accentuée. Ainsi, si ces jeunes

sont toujours moins de la moitié à accéder rapidement et durablement à l'emploi (42 %), l'écart

existant avec les spécialités industrielles est moins élevé (17 points contre 26 en Poitou-Charentes).

Le pourcentage de “décrocheurs” est le même (12 %) entre spécialistes de la production et des

services, alors qu'en Région il y a six points de différence, à l'avantage des premiers. L'appareil

productif picto-charentais, qui s'appuie encore beaucoup sur les industries manufacturières et la

construction, peut expliquer cet écart dans l'insertion des jeunes selon leur spécialisation. L'industrie

attire moins les jeunes, tout en continuant à offrir des possibilités d'emploi, notamment aux niveaux

les plus faibles de qualification ; alors que les services, drainant plus de jeunes formés, offrent

moins d'insertion à ce niveau, et concentrent leurs recrutements plutôt sur du niveau IV

(baccalauréat) voire supérieur.

Les sortants du supérieur tirent beaucoup mieux leur épingle du jeu, avec cependant une exception :

les sortants de niveau Bac + 4, qui sont également nombreux à décrocher de l'emploi (14 %) ; la

différence avec les sortants de CAP-BEP-MC réside dans le fait qu'ils ne connaissent pas le

chômage persistant ou récurrent, et très peu l'inactivité durable (4 %). Ils sont, en proportion, moins

nombreux à entrer rapidement et durablement en emploi que la moyenne régionale.

Les sortants de Bac + 2 (BTS, DUT, formations sanitaires et sociales) sont ceux qui accèdent le plus

massivement à l'emploi de manière rapide et durable (75 %), ne connaissent pas l'inactivité durable

et quasiment pas le chômage persistant ou récurrent. Ils sont en revanche 9 % à s'inscrire dans une

trajectoire de décrochage de l'emploi. C'est moins que la moyenne régionale tous niveaux

confondus ; cependant on remarque que les titulaires d'un Bac + 3 connaissent le même taux de

décrochage, et qu'ils se situent juste en dessous du taux des non-diplômés (10 %). Les réalités de

ces situations sont différentes pour les diplômés et les non-diplômés : on voit cependant qu'une part

non négligeable des jeunes diplômés a pu être confrontée assez durement aux difficultés

économiques conséquentes à la crise économique de 2008-2009, au sens où ils ont perdu leur

emploi dans les derniers mois de la période étudiée, sans en retrouver par la suite.

7 % des jeunes de la Génération 2007 en Poitou-Charentes connaissent une trajectoire marquée par

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 84 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

des retours en formation de longue durée ou des reprises d'études. Ce taux est plus important que

pour les jeunes de la Génération 2004, même si la comparaison n'est pas immédiatement possible

entre les deux, du fait de la construction de la typologie des trajectoires d'insertion. La proportion de

jeunes reprenant des études ou entreprenant une formation de longue durée est plus élevée en

Poitou-Charentes qu'au niveau national (5 %). On fait la même observation en ce qui concerne les

épisodes de formations courtes, hors emploi : en Poitou-Charentes, 5 % des jeunes s'inscrivent dans

une trajectoire de ce type, contre 4 % au niveau national. Là encore, ce taux est plus élevé pour la

Génération 2007 que pour la Génération 2004.

L'éducation primaire et la parentalité

Des facteurs « annexes » à l’éducation influent également sur le risque des pauvreté des personnes ;

non plus ici pour l’avenir des jeunes scolarisés, mais pour les conditions de vie de leurs familles.

Ainsi avoir la possibilité ou non de placer son enfant dans une structure d’accueil de la petite

enfance influe directement sur la reprise d’activité ou l’inactivité professionnelle des femmes. Ne

pas être en mesure d’accéder à une structure publique, ou ne pas avoir les moyens financiers de

recourir à des modes de garde privés, joue ainsi en défaveur du retour des mères en emploi, ces

dernières assurant majoritairement la garde et le soin aux enfants en bas âge, plutôt que les pères.

Cette problématique est d’autant plus aigüe quand ces mères sont seules en charge de famille

monoparentale.

Les structures d’accueil de la petite enfance en Poitou-Charentes

La prise en charge de la petite enfance est un enjeu social important. En 2010, sur le territoire

national, le nombre de places en crèche est de 362 000 et le nombre d'assistantes maternelles est de

855 000. Le tableau ci-dessous illustre la répartition du nombre de places en accueil collectif en

Poitou-Charentes.

NOMBRE DE PLACES EN ACCUEIL COLLECTIF 201114

Crèches

collectives

haltes gar-

deries

Jardins

d'enfants

Multi-

accueil

TOTAL

Charente 271 258 0 598 1 127

Charente-Maritime

126 213 0 1 355 1 694

Deux-Sèvres 173 95 14 709 991

Vienne 9 36 0 1 327 1 372

Poitou-Charentes 579 602 14 3 989 5 184

Figure 44. Nombre de places en accueil collectif en 2011 (Sources : région Poitou-Charentes)

14

Sources : Insee, Conseils généraux, Drees, Ircem

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 85 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Des grandes disparités existent entre les départements, en ce qui concerne les formes d’accueil

(jardins d’enfants en Deux-Sèvres, choix de la Vienne de privilégier le multi-accueil, situation plus

équilibrée pour la Charente…) mais aussi le taux d’équipement en accueil collectif :

Charente Charente-Maritime

Deux-Sèvres

Vienne Poitou-Charentes

Taux d’équipement en accueil collectif pour 1 000 enfants nés au cours des 3 dernières années

106 91 78 92 91

Figure 45. Taux d’équipement en accueil collectif par département, pour 1 000 enfants de moins de 3 ans

(Sources : Insee)

On constate que les Deux-Sèvres sont moins équipées que les autres départements, mais que les

investissements réalisés ces dernières années contribuent à réduite cet écart : rien qu’entre 2010 et

2011, 110 places nouvelles ont été ouvertes permettant de faire monter le taux d’équipement de 9

points. Cette croissance du taux d’équipement est également palpable en Charente (de 102 places

pour 1 000 enfants de moins de 3 ans en 2010, à 106 en 2011, avec 38 places supplémentaires) et en

Charente-Maritime (87 places nouvelles, 3 points de plus).

Seulement en Vienne constate-t-on une baisse du taux d’équipement (- 2 points) malgré le gain

d’une place d’accueil. La croissance démographique et la relative jeunesse de la population de ce

département, surtout dans les grandes villes, expliquent ce recul. La demande est structurellement

plus forte que l’offre, et l’on observe en plus un accroissement de la demande encore supérieur à

celui de l’offre. La situation pourrait alors se révéler potentiellement tendue dans les prochaines

années si la Vienne confirme son rôle de pôle attractif pour des couples avec enfants – ce qui

semble être une tendance lourde, puisque à la fois les soldes naturels (accroissement de la

population due à des naissances) et les soldes migratoires (accroissement dû à l’apport de nouvelles

populations venues de l’extérieur du département) sont positifs depuis plusieurs décennies, que la

Vienne connaît le plus fort taux de natalité (11.3 naissances vivantes pour 1 000 habitants) de la

région, et que le nombre d’enfants de moins de 3 ans est en augmentation.

Les professionnels de l’accueil de la petite enfance en Poitou-Charentes

Selon l’Observatoire Régional Emploi-Formation15

, 9 657 assistant(e)s maternel(le)s exerçaient leur

profession en région en 2009, dont la plus large part dans un service, une association ou une

entreprise d’accueil de jeunes enfants (7 896, soit 8 professionnels sur 10), les autres se répartissant

dans des secteurs d’activité connexes, notamment l’aide à domicile et l’action sociale sans

hébergement. C’est donc l’accueil collectif qui « capte » la plus large part et de l’offre et du travail

15

ARFTLV-OREF, Portrait du secteur sanitaire et social en Poitou-Charentes, Convergences n°49, décembre 2012

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 86 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

dans ce secteur.

Conclusion

L’Insee, au moyen du recensement de la population 2010, a dénombré 75 733 enfants de 3 ans et

moins en Poitou-Charentes. Même si tous n’ont pas besoin d’un mode de garde collectif

(notamment grâce aux réseaux familiaux de solidarité pour la garde, aux congés parentaux…) on

perçoit le décalage existant entre le nombre de places, le nombre de professionnels et le nombre

d’enfants. Développer le collectif permettrait non seulement d’inclure les enfants jeunes très tôt,

leur apprenant la vie en collectivité, mais aussi libèrerait du temps pour des parents, des mères la

plupart du temps, qui désireraient retourner en emploi ou qui auraient besoin de retourner en emploi

même pendant la période préscolaire de leur(s) enfant(s), faute de moyens financiers suffisants pour

pallier à tous les besoins de la cellule familiale. Le nombre de mères élevant des enfants seules est à

ce sujet préoccupant, et l’accueil collectif permet à beaucoup d’entre elles de maintenir un niveau

de vie et une inclusion sociale pour elles et leurs enfants, en poursuivant une activité professionnelle

ou en évitant les retraits trop longs de la vie professionnelle, et en permettant à leurs enfants

l’apprentissage de la vie en collectivité, un éveil et une sociabilité bénéfiques pour leur avenir.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 87 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Travail et emploi

Etre en emploi ou ne pas être en emploi, c’est la question centrale qui influe sur de très nombreux

autres facteurs de risque de pauvreté. En effet, les revenus provenant de l’activité professionnelle

(les salaires) représentent en France 63.5 % du revenu global des personnes, et 57.1 % en Poitou-

Charentes. Ainsi privés d’une source majeure de revenus, les personnes sans emploi sont-elles plus

sujettes au risque de pauvreté.

Etre en emploi, mais quel emploi ? De grandes différences subsistent entre les métiers, en matière

de salaire, de niveaux de vie et de revenu disponible notamment. Plus encore que les métiers, ce

sont les types d’emploi qui vont avoir une grande influence sur le revenu des personnes : activité à

temps partiel, travail intérimaire, travail saisonnier, contrats à durée déterminée ou indéterminée, la

qualité de l’emploi occupé joue grandement sur de nombreux facteurs, les revenus, la possibilité de

mobilité, la protection sociale face au risque ou à la maladie, etc.

Toutes ces variables seront observées ici, à commencer par un panorama régional de la structure des

emplois, qui est singulière en Poitou-Charentes à plusieurs titres.

Structure par CSP de la population

Poitou-Charentes se distingue d’autres régions françaises par sa structure de l’emploi. La région

connaît par un exemple une forte proportion d’ouvriers (industriels, artisanaux et agricoles),

d’employés (notamment dans les services) et la place de l’agriculture en région, même si elle est

décroissante, reste relativement élevée. Les faibles niveaux de qualification de la population active

ne jouent pas en la faveur de salaires plus élevés pour les travailleurs, d’autant plus que les salaires

sont déjà moins élevés en région qu’en moyenne en France métropolitaine. Poitou-Charentes

connait un déficit structurel de postes d’encadrement et d’encadrement intermédiaire, ce qui pèse

sur sa structure en catégories socio-professionnelle et en niveau de qualification des actifs. Même si

la part des non-diplômés se réduit, lentement mais de façon continue et tendancielle, elle reste

relativement élevée et traduit pour une très large part la démographie vieillissante de la région et

l’effet de la mortalité (les plus âgés étant souvent qualifiés).

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 88 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Charente Charente-Maritime

Deux-Sèvres

Vienne Poitou Charentes

Agriculteurs exploitants 5 652 8 136 6 736 5 064 25 588

Artisans, commerçants, chefs d'entreprise

9 932 20 759 9 156 9 626 49 473

Cadres et professions intellectuelles supé-

rieures

14 392 23 842 17 556 22 616 78 406

Professions intermé-diaires

30 903 51 950 34 481 42 972 160 306

Employés 40 764 72 173 43 953 53 444 210 334

Ouvriers 40 070 53 643 43 527 39 615 176 855

Ensemble 141 712 230 504 155 409 173 337 700 962

Figures 46 et 46 bis. Structure par CSP de la population picto-charentaise en 2010 (Sources : Insee)

Poitou-Charentes souffre d’un déficit structurel de cadres et de professions intermédiaires, qui se

ressent à la fois quand on observe le plus haut niveau de diplôme de la population non scolarisée et

la structure par CSP de la population active. Le caractère rural de la région est affirmé par

l’importance (relative) des agriculteurs exploitants dans la population active (deux fois plus élevé

qu’en moyenne française, 1.4 points de plus que la France dite de province), notamment en Deux-

Sèvres et en Charente. Ce dernier département connaît en outre une proportion d’ouvriers de plus de

trois points supérieure à la moyenne régionale, elle-même bien plus élevée que celle de la France

métropolitaine. C’est dire combien ce département, rural, agricole et ouvrier, peut connaître des

difficultés sociales en cas d’événements comme la crise bancaire de 2008, étant composée plus

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 89 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

largement de populations plus fragiles que des zones urbaines dynamiques.

Le département des Deux-Sèvres est à ce propos particulier, puisqu’il concentre sur un territoire

deux dynamiques distinctes, liées notamment au dynamisme de l’agglomération de Niort. Ce

département connaît à la fois le taux d’agriculteurs exploitants le plus haut et un fort taux de cadres.

La partition du territoire en Sud et en Nord-Deux-Sèvres permet d’éclairer ce phénomène.

L’agglomération de Niort, de par sa spécialisation dans des activités de services hautement

qualifiées (mutuelles, assurances, banques, activités informatiques), concentre des populations

fortement diplômées et qualifiées, population que l’on retrouve en bien moins forte proportion dans

le Nord du département, qui connait des logiques territoriales différentes, articulées autour de la

ruralité et de plusieurs pôles urbaines de taille moyenne, amenant un développement urbain et

périurbain équilibré.

Figure 47. Part des ouvriers dans la population active occupée en 2010, par EPCI

Sources : Insee, RP 2010

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 90 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Figure 48. Part des emplois salariés industriels dans l’emploi salarié total au lieu de travail en 2010, par EPCI

Sources : Insee, RP 2010

La Vienne concentre elle aussi des populations qualifiées : chef-lieu de région, elle concentre

l’activité administrative régionale, générant en cela un flux d’emplois plus qualifiés. La présence du

pôle universitaire, attirant des étudiants qui, pour une part, restent ensuite sur le territoire lorsqu’ils

entrent dans la vie active, joue également en la faveur de la plus haute qualification de la population

de la Vienne.

Enfin, le fait saillant en Charente-Maritime se rapporte à la forte présence des artisans,

commerçants et chefs d’entreprise, près de 3 points plus élevée qu’en France métropolitaine. Deux

phénomènes se conjuguent ici, d’une part la position géographique de ce département, générant un

plus fort flux de tourisme notamment, amenant l’installation de nombreuses entreprises de services,

d’hôtellerie-restauration notamment ; d’autre part la Charente-Maritime concentre en 2010 plus de

40 % des entreprises artisanales régionales.

Cette structure de la population active influe sur les niveaux de salaire. En effet le salaire moyen

d’un picto-charentais est moins important qu’en moyenne en France à profession similaire, à la fois

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 91 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

d’un point de vue global en raison de la plus forte proportion d’ouvriers et d’employés, mais

également au sein de chaque CSP, par un effet géographique : toutes les professions touchent un

salaire moins élevé qu’en France. En retour, le coût de la vie est également moins élevé en Poitou-

Charentes qu’en moyenne nationale, ce qui vient équilibrer le « déficit salarial » , ne nuisant pas ce

faisant à la qualité de vie en région pour la majeure partie de la population, surtout celle ayant un

emploi.

Géographie du chômage : Poitou-Charentes en situation médiane, les départements des

Charentes plus exposés

Figures 49, 49 bis et 49 ter : Taux de chômage au 31/03/2013 dans les régions et les départements de France

métropolitaine, et dans les zones d’emploi de Poitou-Charentes

Sources : Insee, Direccte

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 92 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

On comptait au 31/03/2013, 80 537 demandeurs d'emploi de catégorie A en Poitou-Charentes. Cela

représente une hausse de 10,7 % par rapport à fin mars 2012.

L'augmentation a été la plus forte dans le département de Charente-Maritime (+ 12 %), qui

concentrait 31 284 demandeurs d'emploi de catégorie A – soit quatre demandeurs d'emploi

régionaux sur dix.

A une échelle infra-territoriale, les disparités départementales se vérifient et s’affinent. Ainsi l’on

perçoit bien les difficultés de la zone d’emploi d’Angoulême (en réalité l’entièreté de l’Est

charentais) ainsi que du département de Charente-Maritime dans son ensemble, quoique les plus

hauts taux de chômage se localisent dans les zones de Rochefort-Oléron et Royan. Châtellerault,

enfin, dans le département de la Vienne, reste une zone en difficulté, notamment du fait de sa

spécialisation dans les activités industrielles, dans un contexte économique national de poursuite de

la désindustrialisation.

Figure 50 : Demandeurs d’emplois (catégorie A) inscrits en fin de mois à Pôle Emploi, situation à fin mars 2013

Sources : Direccte

Le nombre de chômeurs de catégories A,B,C était lui de 128 685 au 31/12/2013, soit une

augmentation de 11,5 % sur un an.

C'est en Deux-Sèvres que l'augmentation annuelle a été la plus forte pour les demandeurs d'emploi

de catégories A,B,C (+ 10,3 %) ; cependant c'est encore en Charente-Maritime que l'on observe le

plus fort nombre de ces demandeurs d'emploi (48 224, soit 37,5 % des demandeurs d'emplois A,B,C

de la région). Il est à noter que l'accroissement entre mars 2012 et mars 2013 en Charente-Maritime

est juste inférieur à celui des Deux-Sèvres – 10,2 %.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 93 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Figure 50 : Demandeurs d’emplois (catégorie A,B,C) inscrits en fin de mois à Pôle Emploi, situation à fin mars

2013

Sources : Direccte

Parmi les nouveaux « entrants » en chômage, les populations les plus touchées à la date du 31 mars

2013 étaient les seniors (personnes âgées de 50 ans et plus), et notamment les femmes. A titre

d’exemple, entre mars 2012 et mars 2013, 2 176 femmes 50 ans ou plus se sont inscrites à Pôle

Emploi, ce qui représente un peu plus de 8 personnes par jour ouvrable, rien que dans cette

catégorie de population. A l’autre extrémité de la pyramide des âges, on observe également une

dynamique différente entre les jeunes de moins de 25 ans selon leur sexe : ainsi l’on compte 7.4 %

de jeunes chômeurs en plus par rapport à la situation l’année précédente, les hommes en

représentent 7 nouveaux jeunes chômeurs sur 10 en catégories A,B,C. Lorsque l’on observe les

nouveau jeunes chômeurs qui n’ont pas du tout eu d’activité dans le mois, la différence est encore

plus nette et si les hommes ne représentent plus que la moitié des nouveaux entrants de moins de

25 ans, on observe une variation de + 13 % par rapport à l’année précédente. Ainsi, les femmes

semblent « tenir » grâce à une activité professionnelle réduite (d’où leur plus forte présence dans le

regroupement de catégories A ,B,C) ; les hommes, eux, semblent moins sujets à avoir ce type

d’activité.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 94 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Figures 51 et 51bis : Taux de chômage des jeunes et des seniors au 31/12/2012, par bassin d’emploi SPEL de

Poitou-Charentes

Sources : Direccte

Les jeunes représentent une plus large part des demandeurs d’emploi en Deux-Sèvres (exception

faite de Parthenay) et dans le Sud Vienne. Les seniors, quant à eux, sont proportionnellement plus

nombreux dans les zones au cœur de la région, Nord Charente, zones de Rochefort-Royan et de

Saintes-St-Jean d’Angély.

L’évolution du chômage

La hausse du chômage, et notamment du chômage de longue durée, ainsi que les difficultés que

connaissent les travailleurs privés d’emploi pour en retrouver un ne sont pas des particularités de la

région Poitou-Charentes. Ces phénomènes concernent la France entière et sont le reflet d’un marché

du travail qui semble fonctionner aujourd’hui au ralenti. Les offres d’emplois ne parviennent pas à

« absorber » le nombre de demandeurs d’emploi, qui connait une hausse tendancielle depuis janvier

2011, avec quelques périodes d’accalmie. On ne peut imputer aux caractéristiques des personnes

l’essentiel des facteurs de risque de pauvreté. Le fait d’avoir un emploi est le premier facteur qui

permette d’accéder à des revenus réguliers et décents, et ainsi de ne pas tomber en pauvreté ou en

précarité (encore que, sur ce dernier point, des données sur les travailleurs pauvres en Poitou-

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 95 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Charentes sont manquantes). Ainsi, lorsqu’il semble n’y avoir pas assez d’emploi pour tous ceux

qui désireraient en avoir un, les situations de tension sociale et de difficultés financières et

matérielles des personnes et des familles se font ressentir de manière exacerbée.

Ainsi en Poitou-Charentes, les indicateurs socio-économiques sont « au rouge » depuis plusieurs

années maintenant. En fait, il semble que la crise économique de 2008 ait laissé des traces durables

dans le paysage économique à toutes les échelles, mondiale, occidentale, européenne, française et

régionale. L’économie picto-charentaise n’a ainsi toujours pas retrouvé la totalité des emplois

détruits au plus fort de la crise. Selon le bilan économique et social de Poitou-Charentes, établi

annuellement par l’Insee, en 2009 la région a perdu 12 000 emplois. Fin 2010, malgré une timide

reprise de l’activité, seuls 17 % de ces emplois avaient été recréés. Cette tendance s’était poursuivie

en 2011, puis en 2012 l’économie picto-charentaise a de nouveau détruit plus d’emplois qu’elle

n’en a créé (- 2 150 emplois en 2012). Ainsi, même si des signes positifs peuvent parfois éclaircir le

panorama socio-économique global en région, ces signes restent encore timides et la situation

instable. Ainsi c’est un sentiment de relative insécurité sociale qui peut s’emparer des individus et

des entreprises.

Figure 52 : Evolution 2007-2012 des taux de chômage trimestriels dans les départements de Poitou-Charentes

Sources : Insee, Direccte

C’est en Deux-Sèvres que le taux de chômage est le plus faible en Poitou-Charentes. Ce constat est

tendanciel, et ce département reste toujours celui le moins exposé au chômage.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 96 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

La Charente-Maritime est à l’autre extrémité du spectre ; elle reste en effet la zone où le taux de

chômage est le plus élevé, bien qu’elle soit rejointe depuis le dernier trimestre 2011 par le

département de Charente, qui « décroche » par rapport aux autres départements et connaît une

hausse bien plus importante du chômage ces dernières années.

La Vienne, quant à elle, se positionne en position médiane, légèrement en-dessous de la moyenne

régionale.

Il est important de noter que les tendances départementales, régionale et nationale se rejoignent, et

suivent à peu de choses près la même ligne et la même évolution. Ainsi tous les départements et la

région ont connu la même hausse fin 2009, et une période de courte baisse début 2011, avant que

les taux de chômage ne repartent à la hausse sous le coup d’un ralentissement global de l’activité et

de mouvements importants de destructions d’emplois.

Qui sont les chômeurs ?

Aucune tranche d’âge, aucun sexe n’est épargné par la hausse du nombre de chômeurs. Cependant,

on note des différences d’intensité de cette augmentation. Les seniors sont ainsi les personnes les

plus touchées par l’augmentation de leur taux de chômage (+ 14 % en un an), même si c’est la

population des « adultes en âge de travailler », les 25-49 ans, qui reste numériquement la plus

nombreuse en chômage (76 000 demandeurs d’emploi au 31 décembre 2012).

Figure 53 : Demandeurs d’emploi de catégorie A,B,C selon le sexe et l’âge au dernier trimestre 2012

Sources : Direccte

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 97 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

4 demandeurs d’emploi sur 10 sont inscrits depuis plus d’un an à Pôle Emploi

Parmi la population des demandeurs d’emploi, ceux qui sont inscrits sur les listes de Pôle Emploi

depuis plus d’une année constituent une frange particulièrement fragile des chômeurs. C’est le cas

de 4 d’entre eux sur 10, inscrits depuis plus d’un an et s’éloignant progressivement de l’emploi.

Cette sous-population connaît une fragilité et des besoins spécifiques, par exemple en matière de

formation. Le chômage de longue durée concerne en région près de 51 200 personnes, et est en

augmentation de 12 % par rapport au 31 décembre 2012.

Loin de s’infirmer, cette tendance se poursuit en 2013. Au 31 mars, 53 220 personnes étaient au

chômage depuis plus d’un an, soit une augmentation de 3.9 % entre décembre 2012 et mars 2013,

portant la part du chômage de longue durée dans le total du chômage à 41.4 %.

Figures 54 et 54 bis : Situation des demandeurs d’emploi de longue durée en Poitou-Charentes (Sources :

Direccte)

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 98 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Le cœur de la région est ainsi davantage touché par ce phénomène, suivi par le nord Vienne et nord

Deux-Sèvres (exception faite de la zone de Bressuire), ainsi que la zone d’Angoulême (Est

charentais).

Le marché du travail en Poitou-Charentes en 2012 : davantage de demandeurs que d’offres

d’emploi

En 2012 Pôle Emploi a enregistré 80 300 offres d’emploi. Ce chiffre est en baisse par rapport à

l’année passée, où 10 600 offres de plus avaient été déposées. Mais, plus que de calculer une

évolution, ce chiffre est à rapprocher du nombre de demandeurs d’emploi en région. Au 31

décembre 2012, ce sont 9 900 personnes supplémentaires qui étaient inscrites par rapport à la même

date en 2011, portant le nombre des demandeurs d’emploi (catégorie A,B,C) à 125 750 personnes.

On perçoit dès lors le déséquilibre existant sur le marché du travail : en 2012, il y a eu davantage de

demande que d’offre d’emploi. Cette situation joue pour beaucoup dans la précarisation d’un

nombre croissant d’individus et de familles, incapables mécaniquement de faire leur retour en

emploi de par ce qui semble bien avoir été une pénurie d’emplois l’année passée.

Les travailleurs pauvres en Poitou-Charentes

Les données sur les travailleurs pauvres n’ont pas été mobilisables dans le cadre de ce diagnostic.

Une étude de l’Insee, menée conjointement avec la Direccte Poitou-Charentes, et à paraître

prochainement, s’intéressera aux formes d’emploi dites atypiques, et au sein de laquelle des

éléments sur les travailleurs précaires et les travailleurs pauvres seront mobilisés. Elle viendra

compléter une première étude nationale menée en 2006 et portant sur une vision comparative de la

pauvreté et de la précarité dans les régions et les départements16

.

Cette étude comptabilisait alors 1.7 millions de travailleurs pauvres en France métropolitaine, soit 7

% des travailleurs. Cette situation peut regrouper deux phénomènes non exclusifs l’un de l’autre :

des revenus du travail trop faibles, provenant d’une activité à temps partiel ou de périodes d’activité

entrecoupées de périodes de chômage ; ou une famille nombreuse au sein de laquelle un seul

membre perçoit des revenus du travail. La part des travailleurs pauvres s’élevait en effet à 14 % en

France chez les familles monoparentales, et à 20 % chez les couples ayant un ou des enfant(s) et

dans lesquels un seul conjoint travaille.

La « pauvreté laborieuse » est également plus fréquente en début de vie professionnelle, 12 % des

personnes ayant commencé à travailler depuis moins de 3 ans pouvant être considérés comme

16

Insee, La France et ses régions, édition 2010

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 99 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

travailleurs pauvres.

En dernière analyse, trois profils de personnes sont particulièrement concernés :

- des jeunes en phase d’insertion sur le marché du travail et accumulant des contrats précaires,

courts et discontinus ;

- des mères de familles monoparentales, quadragénaires, travaillant à temps partiel ;

- des pères de familles nombreuses, ouvriers, uniques pourvoyeurs de ressources du ménage.

La faible qualification constitue le dénominateur commun à ces profils-types : seuls 13 % des

travailleurs pauvres avaient en 2006 un diplôme supérieur au baccalauréat, contre 30 % de

l’ensemble des travailleurs.

En région Poitou-Charentes, l’Insee estimait à 50 000 le nombre de travailleurs pauvres, soit une

proportion égale à la moyenne nationale. La région connaît effectivement une proportion encore

forte de personnes peu ou pas qualifiées, ce qui peut amener des difficultés pour les personnes pour

se maintenir en emploi ou accéder à l’emploi dans des périodes difficiles sur le marché du travail.

Les ouvriers sont les premiers touchés par les baisses récentes du pouvoir d’achat ou des niveaux de

vie ; aussi, même si le Poitou-Charentes était dans la moyenne nationale en 2006, la prochaine étude

de l’Insee permettra sans doute d’actualiser ces connaissances, et d’observer les évolutions du

phénomène de la pauvreté laborieuse.

Les bénéficiaires de contrats aidés

La politique de l’emploi utilise largement les emplois dits « aidés » pour permettre aux personnes

éloignées de l’emploi de s’y maintenir ou bien d’y retourner. Ces emplois aidés permettent à leurs

publics-cibles de garder un niveau de revenus suffisant pour ne pas tomber en pauvreté, ou ne pas

tomber plus avant dans la pauvreté.

Les données mobilisées ici sont issues de la publication « Les chiffres clé 2013 » de la Direccte

Poitou-Charentes. Elles concernent les personnes en CAE, CIE, ainsi que le jeune dispositif des

Emplois d’Avenir.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 100 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Les emplois aidés dans le secteur marchand

1 754 entrées en contrat unique d’insertion ont été réalisées en 2012 dans le secteur marchand.

Celui-ci est toujours moins développé en matière de contrats aidés que le secteur non-marchand, il

est même en recul par rapport à l’année 2011 qui avait enregistré 1 902 entrées en CUI. Le public

concerné est plutôt masculin, et un tiers des entrées concernait des demandeurs d’emploi de très

longue durée, ce qui est cohérent avec le but de ces emplois, à savoir bénéficier d’abord aux

personnes éloignées de l’emploi.

Les secteurs d’activité qui engagent le plus de personnes en CUI sont le commerce, l’industrie, la

construction et l’hébergement-restauration ; autant de secteurs qui constituent l’ossature de

l’économie locale. Les secteurs d’activité des personnes en CUI reflètent ainsi la structure par

secteur d’activité de l’emploi global en Poitou-Charentes.

C’est en Charente-Maritime que le plus grand nombre de contrats aidés a été signé (728, soit 4

contrats sur 10), toutefois avec la plus faible part régionale de chômeurs de très longue durée (31.3

%). Toutefois, cela reste beaucoup plus élevé que la moyenne nationale, qui s’établit à 24.4 % de

chômeurs de très longue durée parmi les entrées en CUI dans le secteur marchand. Autre différence

notable, la forte part d’entrées en contrat dans le secteur des activités de soutien aux entreprises

(16.5 %, soit la seconde plus importante participation), part qui ne se retrouve pas dans les autres

territoires.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 101 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Les emplois aidés dans le secteur non-marchand

Le secteur non-marchand est le principal recruteur d’emplois dits aidés ; il représente 8 entrées en

CUI sur 10.

Ainsi 6 731 personnes, parmi lesquelles un tiers de chômeurs de très longue durée, ont bénéficié

d’une entrée en contrat unique d’insertion dans le secteur non-marchand en Poitou-Charentes en

2012. Il s’agit ici, et contrairement au secteur marchand, majoritairement de femmes (62 %), et

davantage de jeunes (26 % des contrats contre 21.8 % dans le secteur marchand, alors que les

seniors représentent 27.1 % des entrées dans le secteur marchand et moins de 20 % dans le non-

marchand).

Les associations et les fondations ont accueilli la moitié des personnes en contrat aidé en 2012.

Cette part est très stable dans le temps. Les établissements sanitaires publics et les communes en ont

accueilli chacun près de 13 %.

C’est en Charente-Maritime, encore une fois, que les entrées ont été les plus nombreuses : 2 766 sur

l’année, soit 4 entrées en contrat sur 10, soit la même proportion que dans le secteur marchand. Les

personnes recrutées sont moins souvent des femmes que dans le reste de la région, et même qu’en

France métropolitaine, et sont aussi moins souvent chômeurs depuis plus de 2 ans (31.4 %, contre

34.2 % en moyenne régionale).

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 102 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Enfin, début mai 2013, on dénombrait 658 personnes dans le dispositif des Emplois d’Avenir (600

dans le secteur non marchand et 58 dans le secteur marchand). C’est en Charente que le dispositif

accueille le moins de personnes (18 % des contrats signés en région) alors que ce département

connait un taux de chômage et un taux de pauvreté bien supérieurs à la moyenne.

Conclusion

Le fait d’être en emploi réduit le risque pour les personnes de tomber en pauvreté. Générateur de

revenus, ainsi qu’à certains degrés d’insertion et d’inclusion sociale, l’emploi est généralement

protecteur des personnes. Néanmoins, il ne suffit pas à lui seul à protéger totalement de la pauvreté.

Que faire, dès lors, quand les indicateurs sont « au rouge », comme c’est le cas aujourd’hui en

région mais également ailleurs, en France comme en Europe ? Le marché du travail est soumis à de

fortes pressions depuis la crise économique de 2008, et en 2012 il y a eu moins d’offre que de

demande d’emploi en Poitou-Charentes. La difficulté pour les jeunes d’accéder à l’emploi, pour les

personnes éloignées de l’emploi d’en retrouver un, pour les travailleurs précaires de garder leur

emploi, génère des situations de potentielle tension sociale. Ainsi s’il ne nous a pas été possible

d’estimer le nombre de travailleurs pauvres en région, on sait en revanche que le niveau de vie des

personnes les moins aisées se dégrade depuis quatre années consécutives, et que parmi ces

personnes, on compte de nombreux travailleurs peu ou pas qualifiés.

La politique de l’emploi basée sur les contrats aidés (notamment), joue bien un rôle de « tampon »

permettant à une part de la population éloignée de l’emploi de revenir dans les entreprises ou les

associations, collectivités, etc. Misant à la fois sur l’emploi et la formation, via le dispositif Emplois

d’Avenir, le gouvernement a mis en place une solution pour les jeunes les moins qualifiés, souhaitée

comme durable, et dont le but est de faire sortir définitivement ces jeunes du « halo du chômage ».

Ce dispositif étant encore jeune, le nombre d’entrées en Emploi d’Avenir est encore faible à ce jour,

mais ses objectifs sont ambitieux. Dans une région où, selon le Céreq17

, 2 jeunes sur 10 sont sortis

du système scolaire sans diplôme en 2007, et que l’on sait les difficultés que rencontrent ces jeunes

lorsqu’il s’agit de trouver un emploi pérenne et de qualité, on comprend alors l’enjeu de la mise en

place de politiques d’emploi et de formation en direction de la jeunesse, mais pas uniquement , en

région comme en France.

17

Céreq, Enquête Génération 2007 sur les sortants du système scolaire en région Poitou-Charentes, exploitation Conseil

Régional de Poitou-Charentes.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 103 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

La géographie de la pauvreté suit largement les contours de la géographie du chômage. Pour s’en

persuader, il suffit d’étudier comparativement les cartes présentées en page 5 et celles présentées en

page 71. Force est de constater ainsi que le fait, pour un territoire donné, de connaître un fort taux

de chômage, induit logiquement un plus fort taux de pauvreté, ainsi que des efforts supplémentaires

(financiers, humains) pour remédier aux situations dramatiques que peuvent connaître certaines

personnes sans emploi.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 104 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Logement – Hébergement

La suroccupation des logements, une problématique peu saillante à l’échelle régionale

En Poitou-Charentes 2.7 % des logements sont considérés comme suroccupés, selon l’Insee18

. Ces

logements abritent un peu plus de 50 000 personnes. Cette proportion est moindre qu’au niveau

national, et elle a fortement baissé depuis 1999. Dans la région, sept logements suroccupés sur dix

sont situés dans les communes urbaines et concernent davantage des locataires que des

propriétaires.

L’étude de l’Insee est basée sur le degré d’intimité, qui rapproche le nombre de pièces du logement

et le nombre de personnes habitant ledit logement. Comme on ne peut pas considérer qu’une

personne vivant seule, quel que soit le nombre de pièces du logement, peut manquer d’intimité,

l’étude ne porte que sur les ménages composés d’au moins deux personnes. Pour qu’un logement ne

soit pas considéré comme suroccupé, il faut qu’il dispose d’au moins une pièce de séjour, d’une

pièce pour chaque couple, d’une pièce pour les autres adultes de 19 ans ou plus, d’une pièce pour

deux enfants s’ils sont de même sexe ou ont moins de 7 ans, et sinon d’une pièce par enfant. Ces

standards de confort définissent le degré d’intimité.

Ainsi selon ces critères 14 334 logements sont considérés comme suroccupés, abritant 50 000

personnes. Ainsi 2.7 % des logements seraient suroccupés, et 3.5 % de la population vivrait dans ces

logements (en France métropolitaine, 7.4 % des logements sont considérés comme suroccupés, et

abritent 9.5 % de la population). Le phénomène est donc bien moins important en Poitou-Charente

qu’à l’échelle nationale. C’est le caractère rural de la région qui expliquerait cette sous-

représentation des logements suroccupés, les logements étant plus souvent de grande taille et les

ménages y résidant étant pus souvent propriétaires. La corrélation entre suroccupation et présence

de petits logements (studios par exemple) est faite, lorsque l’on observe les taux de suroccupation

très élevés en Ile de France, PACA et Corse, tous supérieurs à 10 %.

A une échelle infrarégionale, les logements suroccupés se concentrent en Charente-Maritime,

département qui accueille 40 % de la population vivant dans de tels logements. La Vienne quant à

elle abrite 25 % de la population vivant dans un logement suroccupé. En effet, la suroccupation des

logements est largement plus présente dans les communes urbaines et dans les zones touchées par la

rareté et la cherté du foncier. Ainsi à La Rochelle près de 9 % des logements sont suroccupés, 8 % à

18

Insee Poitou-Charentes, Nathalie Dupas, « En 2010, peu de logements suroccupés en Poitou-Charentes », e.decim@l

n°34, juin 2013.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 105 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Poitiers, 5.4 % à Angoulême et 3.6 % à Niort.

Les deux plus grands pôles urbains de la région, La Rochelle et Poitiers, accueillent de nombreux

étudiants et jeunes en formation, et sont également des grands pôles pourvoyeurs d’emploi. La

pression foncière y est plus grande, comme l’indiquent par ailleurs les différentes études portant sur

l’offre et la demande de logements sociaux.

Enfin, depuis 1999 le taux de suroccupation est passé de 5 % à 3.5 % en 2010. Cela représente

20 000 personnes de moins. Cette baisse, note l’Insee, provient en partie de la diminution du

nombre de personnes par ménage, liée d’une part à des facteurs démographiques comme le

vieillissement des personnes, mais également aux modifications des modes de vie qui engendrent

des phénomènes de décohabitation (éclatement des familles lié aux divorces, mises en couples plus

tardives et même régression de la vie en couple). Ainsi la taille moyenne des ménages est passée de

2.33 personnes en 1999 à 2.15 en 2010 en Poitou-Charentes, tendance identique au niveau national.

Les logements sociaux et leurs locataires en Poitou-Charentes

Le parc HLM concentré dans les agglomérations urbaines

Le parc locatif des bailleurs sociaux en Poitou-Charentes comprend près de 78 300 logements au 1er

janvier 2011, réparti à 30 % en Vienne, 30 % en Charente-Maritime, 20 % en Charente et 20 % en

Deux-Sèvres. Grand Poitiers et la communauté d’agglomération de La Rochelle concentrent à deux

un tiers des logements sociaux.

Sur ces 78 300 logements, près de 1 500 ne sont pas proposés à la location.

Figure 55 : Situation du logement social dans les départements et communautés d’agglomération (Sources :

Dreal)

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 106 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

La progression annuelle de 0.8 % du parc régional locatif est assez faible, moitié moins que celle de

la France métropolitaine. En 2010, 1 365 logements ont ainsi été « mis en service » en région. Près

de la moitié de ces logements sont de type individuel, et viennent s’ajouter à un parc déjà

conséquent en région, atteignant 28 % du parc. A l’inverse, 737 logements sont sortis du parc, dont

568 démolitions dans le cadre du PNRU (Programme National de Rénovation Urbaine). La vacance

instantanée, c’est-à-dire le nombre de logements vacants observé à une date fixe, est de 4.4 %. C’est

un taux plus élevé qu’en moyenne en province (3.5 %).Ce phénomène s’accompagne d’une

mobilité importante des locataires de logements sociaux, 13.2 % des logements sociaux ayant fait

l’objet d’un emménagement en 2010, nettement plus qu’en moyenne nationale.

Près de 30 % du parc a été construit depuis 1990. Le parc régional est constitué à 71 % de T3 ou T4

et compte peu de grands logements. Les loyers moyens pratiqués, avec 4.71 € par m² de surface

habitable en moyenne comptent parmi les cinq plus bas de métropole.

Figure 56 : Densité du parc social par EPCI au 1

er janvier 2010

(Sources : SOeS, Dreal Poitou-Charentes – RPLS )

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 107 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

L’offre de logements sociaux reste concentrée sur les sept communautés d’agglomération de la

région, qui totalisent 67.5 % du parc régional.

Sur l’ensemble du Poitou-Charentes, 28 % des logements sociaux sont des maisons individuelles.

Cette proportion varie fortement selon les départements, de 18.4 % en Charente à 49 % en Deux-

Sèvres. Cette part des logements individuels dans le parc locatif social place la région à la 3e place

française. C’est avant tout un indicateur de la mise en œuvre des plans de renouvellement urbain qui

ont substitué en région de nombreux quartiers à l’habitat très vertical à des formes plus planes

d’urbanisme, dans un souci notamment d’ouverture des quartiers d’habitat social sur le reste de

l’agglomération d’appartenance. C’est aussi le reflet du caractère rural de la région.

En dehors des communautés d’agglomération en effet, plus de la moitié des logements sociaux sont

de type individuel. Dans la communauté d’agglomération de Niort par exemple, le taux de

logements individuels dans le parc social s’élève à 34.3 %, notamment du fait de l’étendue de cet

EPCI, qui s’ouvre notamment au sud-ouest sur la partie picto-charentaise du marais poitevin. Dans

les autres communautés d’agglomération, la part des logements individuels s’échelonne de 9.6 %

dans la CA du pays rochefortais, à 20.3 % dans la CA du pays châtelleraudais.

La région, malgré ces bons indicateurs, notamment en matière de qualité de vie des locataires de

logement sociaux, garde un certain retard en matière de taux d’équipement. En effet la part du

locatif social dans les résidences principales est inférieure à 10 %. Ainsi Poitou-Charentes se place

en avant-dernière position dans les régions de métropole (16 % en moyenne métropolitaine). Le

pourcentage du parc locatif social atteint son niveau maximal en Vienne (12.3 %) et son niveau le

plus bas en Charente-Maritime (8.2 %) ; la Charente avec 9.6 % et les Deux-Sèvres avec 9.2 % se

situent dans la moyenne régionale.

A l’échelle infra-départementale, de fortes disparités locales se font percevoir : les communautés

d’agglomération du Grand Angoulême et du Grand Poitiers ont le parc le plus développé

(respectivement 20.1 % et 20.7 % des résidences principales), et la communauté d’agglomération

Royan Atlantique le parc le moins développé avec seulement 2.5 %.

Ce faible taux d’équipement en région est équilibré par les caractéristiques de la population

régionale et du marché de l’immobilier ainsi que des coûts du foncier. En Poitou-Charentes, le taux

de propriétaires est par exemple l’un des plus élevés de France. La part du locatif est donc plus

faible qu’ailleurs et explique en partie la faible présence des logements sociaux. Ainsi malgré moins

de 10 logements locatifs sociaux pour 100 résidences, les indicateurs de tension et de pression sur le

parc HLM restent modérés.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 108 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Figure 57 : Schéma des dynamiques du marché du logement social en Poitou-Charentes

Sources : IAAT

Qui sont les locataires du parc social et quelles sont leurs difficultés spécifiques ?

En 2009, 63.2 % des picto-charentais pouvaient prétendre occuper un logement social, c’est-à-dire

qu’ils répondaient aux critères d’attribution d’un logement à caractère social. Cependant, tous ne

demandent pas à pouvoir bénéficier d’une telle solution locative. Quelles sont les particularités, les

traits communs aux personnes demandeuses de logement social et qui les distinguent de la

population générale19

?

19

Cette partie se base essentiellement sur un travail de l’Observatoire Régional de la Demande et des Attributions

(IAAT-AROSH Poitou-Charentes, juin 2012).

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 109 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Les demandeurs de logement social sont majoritairement en activité ; 56 % des demandeurs

exercent une activité professionnelle, qu’ils soient salariés ou travailleurs indépendants et peu

importe le statut de leur emploi (CDD, CDI…) En Poitou-Charentes la demande est donc plutôt du

fait de travailleurs percevant peu de rémunération, en tout les cas assez peu pour pouvoir prétendre

à une attribution de logement social. Cependant, on observe des divergences flagrantes entre le Sud

et le Nord du département :

Les demandeurs sans activité

(étudiants, retraités, chômeurs,

personnes sans activité

professionnelle) sont ainsi sur-

représentés en Charente-Maritime et

en Sud-Deux-Sèvres (espace du Pays

Mellois), et dans une moindre mesure

dans quelques EPCI de Charente,

Vienne et de l’Ouest Deux-sèvrien.

Ainsi en Charente-Maritime 52.3 %

des demandeurs de logement sont

sans activité, avec une prédominance

des « inactifs autres que chômeurs,

retraités et étudiants », c’est-à-dire

des personnes « au foyer ».

Figure 58 : Demandeurs en sur-représentation par rapport à la situation régionale

Sources : AFIPADE, IAAT

A contrario le Nord de la région (axe Poitiers-Châtellerault, Nord Deux-Sèvres) est plutôt concerné

par des demandes émanant de personnes en activité. A ce titre 69 % des demandeurs de la Vienne

sont en activité.

Le logement est, au même titre que l’emploi, un fort vecteur d’inclusion sociale ; ainsi les

organismes gestionnaires de HLM sont très attentifs à la composition sociale de leur parc.

L’indicateur d’activité ou non-activité des demandeurs est très important pour la mixité sociale.

Les personnes seules et les familles monoparentales sont prédominantes dans la demande régionale

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 110 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

d’attribution de logement sociale. Ainsi les ménages de personnes seules représentent 42.1 % de la

demande, alors qu’elles représentent environ un tiers des ménages régionaux ; les familles

monoparentales représentent, elles, 26.1 % des demandeurs, alors qu’elles ne « pèsent » qu’à peine

10 % des ménages totaux de la région. Le parc social est globalement moins attractif pour les

couples, avec ou sans enfant(s).

Dans la Vienne, l’importance des

personnes seules est une caractéristique

commune à la population et à la

demande. Rien d’étonnant donc à ce

que l’on retrouve ces personnes seules

en forte proportion dans le parc social.

Le même phénomène se retrouve en

Deux-Sèvres avec toutefois une plus

forte représentation des couples sans

enfant.

En revanche en Charente-Maritime, les

familles monoparentales sont nettement

sur-représentées parmi les demandeurs,

tout en ne l’étant que très modérément

dans l’ensemble des ménages. En

Charente enfin, c’est la représentation

des couples avec enfant(s) qui fait la

spécificité départementale.

Figure 59 : Type de ménages en sur-représentation par rapport

à la situation régionale (Sources : AFIPADE, IAAT)

Les familles monoparentales sont sur-représentées dans la demande de logement dans les zones

périurbaines (périphérie de Poitiers et de La Rochelle), parfois rurales (sud Charente-Maritime).

Cette caractéristique concerne une grande partie des EPCI de ce dernier département. Cette forte

part correspond à un nombre important de demandeurs sur les communautés de communes du pays

santon, du canton de St-Jean d’Angély ou la communauté d’agglomération Royan Atlantique.

Hormis Royan, la composition familiale des ménages demandeurs reste dans la moyenne régionale

et ne connaît pas de spécificités.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 111 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Les moins de 30 ans représentent un quart des demandeurs, les moins de 40 ans près de 50 %, alors

que plus de 55 % des ménages de la région ont plus de 50 ans.

La pyramide des âges est pour ainsi dire

« inversée » entre le peuplement global

de la région et les caractéristiques des

demandeurs de logement social.

Dans la Vienne, marquée par la jeunesse

de sa population, près d’un tiers des

demandes sont formulées par des

personnes âgées de moins de 30 ans, ce

Figure 60 : Age des ménages demandeurs de logement social

Sources : ORDA, Insee, IAAT

qui est cohérent avec le peuplement, notamment, des EPCI de Grand Poitiers et limitrophes. En

Charente-Maritime, département caractérisé au contraire par une population âgées, ce sont les 50-64

ans qui sont sur-représentés dans la demande (24 %), alors que les plus de 65 ans sont, eux, plutôt

caractéristiques des Deux-Sèvres (11 % des demandes enregistrées).La Charente quant à elle

n’affiche pas de spécificité départementale quant à l’âge des demandeurs.

De manière schématique, les demandeurs de moins de 30 ans se localisent préférentiellement dans

les zones urbaines (Grand Poitiers, ou dans une moindre mesure Cognac et les villes du Nord Deux-

Sèvres), quand les plus de 65 ans sont plus présents dans la demande rurale (Nord et Sud Vienne,

Gâtine et Sud-Deux-Sèvres). Les 50-64 ans sont plutôt caractéristiques de la demande

maricharentaise (CA Royan Atlantique incluse) et du Sud-Ouest de la Vienne, même si la demande

dans ce dernier espace est sans commune mesure avec les niveaux enregistrés dans le département

littoral.

Enfin en 2011 en Poitou-Charentes 77.2 % des demandeurs disposaient d’un plafond de ressources

inférieur à 60 % du plafond PLUS (1 798 € par mois pour une personne seule). Cette situation

concerne plus des trois quarts de la population des demandeurs dans chaque département. C’est en

Charente que les demandeurs à faibles ressources pèsent le plus : 80 % d’entre eux ont un niveau de

ressources inférieur à 60 % du PLUS ; en Charente-Maritime, ils représentent 76 % de la demande.

Ainsi alors que la population picto-charentaise vieillit, le parc HLM est attractif pour des

populations jeunes, ce qui confirme l’importance du rôle du parc social comme première étape dans

le parcours résidentiel pour toute une catégorie de jeunes.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 112 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Si les demandeurs sont globalement plus jeunes que la moyenne, ce sont aussi en majorité des

personnes seules (avec ou sans enfant(s) à charge) et qui disposent généralement de faibles

ressources.

Ces constats sont à relier au phénomène de décohabitation et de desserrement des ménages mais

peuvent aussi s’expliquer par la difficulté pour un foyer ne disposant que d’un seul revenu

d’assumer un loyer dans le parc privé. Un couple dont les deux personnes sont en emploi aura

davantage la capacité d’assumer un loyer « libre », voire dans la plupart de la région d’accéder à la

propriété.

Cette évolution du peuplement du parc locatif social est à relier à l’état de l’offre de logements : en

effet, construits dans les années 1960/1970, et initialement prévus pour accueillir des publics

familiaux, les logements les plus anciens ne sont plus tous à même de répondre aux demandes et

aux besoins d’une population plus jeune, plus seule, qui est aujourd’hui un profil dominant et

appelé à s’étendre dans la demande et dans les attributions de logements sociaux en région.

Le Parc Privé Potentiellement Indigne (PPPI) : 48 000 logements concernés, près de 7 % du parc

résidentiel privé

Charente Charente-Maritime

Deux-Sèvres

Vienne Poitou-Charentes

Nombre de logements potentiellement

indignes 10 138 18 397 6 186 13 286 48 007

Part dans le parc résidentiel privé

7.2 7.1 4.3 8.2 6.8

Figure 61 : Répartition du parc locatif privé potentiellement indigne dans les départements de Poitou-Charentes

Sources : Dreal

Le PPPI serait constitué en Poitou-Charentes de 48 007 logements précisément, abritant 92 200

personnes (soit 5.7 % de la population régionale), et notamment localisé dans les zones rurales (en

Vienne et Charente-Maritime notamment) ainsi que dans quelques pôles urbains (Rochefort,

Angoulême, Châtellerault, Saintes et Cognac qui sont les grandes villes connaissant un taux de

logement potentiellement indigne supérieur à la moyenne régionale).

Au sein des 92 200 personnes concernées, près de la moitié ont plus de 60 ans. Même si ce taux est

en baisse d’année en année (les personnes âgées représentaient 52 % des habitants du PPPI en

2005), cette situation reste insoutenable pour ces personnes, souvent propriétaires d’un logement

ancien, et dans l’incapacité financière d’entreprendre des travaux de rénovation, par exemple. Les

jeunes sont beaucoup moins concernés (ils représentent 5.8 % des ménages vivant en logement

indigne, soit 2 800 ménages), notamment du fait de leur plus grande mobilité.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 113 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Figure 62 : Part du parc privé potentiellement indigne dans les résidences principales privées, par commune en

2010

Sources : Dreal

Le département des Deux-Sèvres affiche un taux de logement potentiellement indigne nettement

inférieur aux autres départements et à la moyenne régionale. En effet, ce département compte

environ 6 000 logements susceptibles d’appartenir à la catégorie du PPPI, alors que la Charente-

Maritime, par exemple, en présente trois fois plus.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 114 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Figure 63 : Evolution du nombre de logements potentiellement indignes par département, entre 2005 et 2010

Sources : Dreal

On constate que, à l’instar de la dynamique nationale et dans le cadre des actions mises en place à la

suite de la loi MOLLE du 25 mars 2009, la part du logement potentiellement indigne dans le parc

résidentiel privé décroît régulièrement, perdant 1 point entre 2005 et 2010. Cette décroissance, à la

fois interprétable comme amélioration des conditions de logement et amélioration de la

connaissance du parc indigne, a été la plus forte en Charente-Maritime et en Vienne, les deux

départements les plus touchés par le phénomène.

La situation du département de Charente est plus inquiétante : la part du PPPI y a baissé moins

rapidement qu’ailleurs, au point même d’afficher en 2010 un taux de logement potentiellement

indigne légèrement plus élevé qu’en Charente-Maritime. Ce constat est lié à la présence plus forte

du phénomène dans les zones rurales.

Figure 64 : Situation du logement potentiellement indigne selon la localisation en milieu urbain ou milieu rural

en Poitou-Charentes en 2010

Sources : Dreal

8.2 % des logements privés ruraux seraient frappés d’indignité selon l’enquête Filocom, contre 5.6

% des logements privés urbains. C’est en Vienne que la part de logements indignes serait la plus

forte (plus d’un logement sur dix en zone rurale). Le phénomène est surtout concentré à l’Est

montmorillonais, dans le sud du dpéartement, ainsi que une zone nord s’étendant entre Loudun et

St-Gervais-les-trois-clochers.

La raison de la présence plus forte du PPPI dans ces zones rurales tient notamment à une plus forte

ancienneté des logements, à un moindre revenu disponible pour les personnes y habitant, le plus

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 115 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

souvent propriétaires d’une maison individuelle ; ces facteurs influent également dans l’exposition à

la précarité énergétique, comme on le verra dans la sous-partie suivante.

La prédominance rurale de ce phénomène ne doit pas écarter son observation dans les zones

urbaines : on y observe en effet de grandes disparités, et parfois des taux de logement indignes très

élevés.

Ainsi dans la ville de Rochefort, plus de 10 % des résidences principales privées seraient frappés

d’indignité. Il s’agit de loin de la commune la plus touchée par le phénomène.

Figures 65 et 65 bis : Part du logement potentiellement indigne dans le parc résidentiel privé par ville et aire

urbaine en 2010 en Poitou-Charentes

Sources : Dreal

Les communes d’Angoulême, Châtellerault, Saintes et Cognac sont également au-dessus de la

moyenne régionale en matière de logement indigne. Ces cinq villes constitueraient des zones

d’intervention privilégiées en matière de repérage et d’action pour le relogement des personnes ou

la rénovation des logements.

La Rochelle apparaît comme étant peu touchée, malgré un taux important de logement indigne en

Charente-Maritime : cela renforce le double constat de la concentration de ces logements dans l’aire

de Rochefort et dans les zones rurales.

Enfin, toutes les catégories de personnes ne sont pas également touchées par le logement indigne.

Près de la moitié des occupants de ces logements a plus de 60 ans ; les jeunes, de par leur mobilité

plus grande, sont le public le moins concerné. Les personnes propriétaires de leur logement sont

également plus souvent concernées, mais les locataires restent tout de même 47 % des occupants de

logement indigne.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 116 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Figures 66 et 66 bis : Situation des habitants du parc locatif potentiellement indigne selon leurs caractéristiques

(type de ménage, type d’occupation) en 2010 en Poitou-Charentes

Sources : Dreal

La précarité énergétique : un enjeu crucial pour l’avenir

L’Insee Poitou-Charentes a publié en octobre 2012 une étude sur la précarité énergétique en région,

en collaboration avec l’AREC (Agence Régionale d’évaluation Environnement et Climat)20

. Il

ressort de cette étude, cherchant à quantifier le phénomène en région, que 113 000 ménages, soit

15 % des ménages picto-charentais, seraient exposés à la précarité énergétique. Quelles sont les

réalités que recouvre ce concept ?

La précarité énergétique a une définition légale, inscrite dans la loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010

(dite Grenelle II), qui modifie la loi n° 90-449 du 31 mai 1990 visant à la mise en œuvre du droit au

logement. Ainsi, est en situation de précarité énergétique un ménage « qui éprouve dans son

logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la

satisfaction de ses besoins élémentaires en raison notamment de l’inadaptation de ses ressources et

de ses conditions d’habitat ».

L’Insee mobilise également un indicateur complémentaire pour mesurer les personnes « aux portes

de la précarité énergétique », également appelé «vulnérabilité énergétique ». Un ménage est

considéré en situation de vulnérabilité énergétique lorsqu’une hausse des tarifs de l’énergie à court

terme l’exposerait à une situation de précarité énergétique, c’est-à-dire une hausse de son taux

d’effort énergétique dépassant le seuil des 10 %21

.

L’importance de connaître les situations de précarité énergétique découle de deux constats :

premièrement, le prix de l’énergie, entre 2001 et 2011, a augmenté en moyenne de 5 % par an pour

le gaz de ville et le chauffage urbain, de 6 % pour le gaz en bouteille ou en citerne et de plus de 8 %

20

Insee Poitou-Charentes, AREC, « La précarité énergétique dans les logements de Poitou-Charentes : 15 % des

ménages concernés », Insee Décimal n°321, octobre 2012 21

Le taux d’effort énergétique est la part du revenu disponible consacré par un ménage à ses dépenses d’énergie pour un

usage domestique. Le seuil d’un taux d’effort énergétique supérieur à 10 % est communément utilisé pour qualifier la

précarité énergétique d’un ménage, et c’est le seuil utilisé par l’Insee dans son étude d’octobre 2012.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 117 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

pour le fioul domestique, dépassant en cela de loin l’inflation (2 % par an en moyenne sur la

période). Deuxièmement, la difficulté à se loger et se chauffer participe de la pauvreté. En cela, un

indicateur de la précarité énergétique élevé constitue un signal d’alarme à intégrer aux diagnostics

socio-économiques des territoires. Si la précarité énergétique est une question socio-économique,

elle renvoie aussi aux spécificités des modes de vie des ménages d’un territoire, ainsi qu’aux

performances énergétiques de leurs logements et équipements. Par la variété et l’articulation des

enjeux qu’elle soulève (sociaux, sanitaires, économiques, territoriaux et écologiques), elle est au

cœur de la réflexion sur les économies d’énergie et le développement soutenable.

15 % des ménages picto-charentais concernés

En 2008, 113 000 ménages consacreraient plus de 10 % de leur revenu disponible à leurs dépenses

énergétiques domestiques, soit 15 % d’entre eux. La région Poitou-Charentes aurait ainsi un taux de

précarité énergétique supérieur de 2 points à la moyenne française, estimée à 13 % de l’ensemble

des ménages du pays par l’enquête ENL (Enquête Nationale Logement).

Les ménages les plus pauvres sont logiquement les plus touchés : 55 % des ménages ayant les 10 %

de revenus disponibles par UC les plus faibles de la région sont en situation de précarité

énergétique. Pour ces ménages, les dépenses d’énergie liées au logement représentent en moyenne

18 % de leur revenu disponible, alors que l’on a vu que le seuil de précarité était fixé à 10 %, et

qu’en moyenne les personnes en situation de précarité énergétique y consacrent 14.5 % de leur

revenu disponible.

Figure 67 : Nombre de ménages exposés à la précarité énergétique et aux portes de la précarité énergétique dans

les départements de Poitou-Charentes en 2008 (Sources : Insee – Arec)

C’est en Charente-Maritime que le nombre de ménages exposés à la précarité énergétique (34 000)

est le plus élevé, de même pour le nombre de personnes (47 500). Néanmoins en proportion ce

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 118 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

département reste celui qui est le moins exposé (inférieur à la moyenne nationale).

La situation de la Vienne est plus problématique : avec 17 % des ménages en situation de précarité

énergétique, il s’agit du département où la pénétration de ce phénomène est la plus importante :

32 000 ménages et 43 500 personnes. C’est là que la précarité énergétique est la plus prégnante.

Figure 68 : Géographie de la précarité énergétique en Poitou-Charentes en 2008 (Sources : Insee – Arec)

Compte tenu des caractéristiques moyennes plus énergivores des logements ruraux (en particulier,

des surfaces plus grandes et des logements plus anciens), et de revenus disponibles plus faibles des

ménages les occupant, les zones rurales sont plus touchées par la précarité énergétique. Ainsi la

zone la plus exposée se concentre au cœur de la région, en se déportant sur le sud Vienne et le nord

Charente. Poitiers se distingue nettement en raison d’un nombre de personnes seules et de ménages

sans activité professionnelle (étudiants notamment) plus importants, ainsi que d’une couronne

périurbaine où les habitants disposent de revenus disponibles plus élevés. Le département des Deux-

Sèvres est également concerné, mis à part un halo autour de la communauté d’agglomération de

Niort. Enfin, la pointe sud de la Charente est davantage concernée que le pourtour d’Angoulême.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 119 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Une personne vivant seule sur trois exposée

En proportion, l’exposition des ménages à la précarité énergétique est plus forte que celle des

personnes. 9 % de la population est concernée, soit 157 000 individus. Cet écart résulte d’une

proportion plus grande de ménages exposés composés d’une ou de deux personnes tandis que les

ménages de taille supérieure à 3 personnes seraient proportionnellement moins touchés.

Figure 69 : Répartition des ménages selon l’exposition à la précarité énergétique et leur mode de cohabitation en

2008 (Sources : Insee – Arec)

Tous les types de ménage sont ainsi concernés, à des degrés cependant très divers, que ce soit en

proportion ou en « volumes ». L’enseignement principal est que près d’une personne vivant seule

sur trois est en précarité énergétique. Ces personnes seules représentent 71 % de l’ensemble des

ménages exposés en région, et la moitié des personnes. Il s’agit donc de la première population en

importance sur cette problématique. Le phénomène de décohabitation, grandissant ces dernières

années, mais aussi le vieillissement de la population, rend ce mode d’habitation de plus en plus

fréquent. Ainsi les ménages composés d’une seule personne représentent le tiers des ménages de la

région, chiffre à comparer à sa sur-représentation dans la population exposée à la précarité

énergétique.

Les jeunes, les personnes âgées, et les inactifs plus sévèrement touchés

Le mode d’habitation n’est pas la seule variable à observer : l’Insee note que l’exposition au

phénomène connait des expressions variables selon les âges de la vie. Ainsi les jeunes de moins de

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 120 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

25 ans vivant seuls et les personnes de plus de 60 ans vivant seules sont les populations les plus

touchées par la précarité énergétique, pour des raisons différentes.

Figure 70 : Répartition des ménages selon l’exposition à la précarité énergétique, l’âge de la personne de

référence et le mode de cohabitation en 2008 (Sources : Insee – Arec)

Proportionnellement, ce sont les jeunes et les personnes âgées vivant seules qui sont les plus

exposées. 41 % des plus de 60 ans vivant seuls sont concernés, et plus de la moitié des moins de 25

ans vivant seuls. 7 ménages sur 10 en situation de précarité énergétiques sont ainsi composés d’une

seule personne. Le phénomène s’explique pour les deux populations (jeunes et âgés) par une plus

grande faiblesse des revenus disponibles, mais il faut ajouter pour la population âgée l’inadéquation

de la taille de leur logement par rapport à la taille de leur ménage. En effet, les jeunes ont plutôt

tendance à avoir de petits logements, de type studio ou T2, alors que les personnes plus âgées, plus

souvent propriétaires d’une maison avec un plus grand nombre de pièces, ont des difficultés liées à

la taille et l’ancienneté de leur logement. Plusieurs facteur se cumulent même : dans les zones

rurales, le revenu disponible est plus faible, les logements plus anciens encore, et la population

vieillit, ce qui accroît d’autant plus la précarité énergétique dans ces zones.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 121 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

La catégorie socio-professionnelle du référent du ménage joue aussi un grand rôle dans l’exposition

à la précarité énergétique. Tout comme le fait de ne pas avoir d’emploi joue sur le risque de

pauvreté, les inactifs et les retraités sont en proportion les personnes les plus touchées par la

précarité énergétique. 53 % des « autres inactifs » consacrent ainsi plus de 10 % de leur revenu

disponible à leurs dépenses d’énergie domestique, et près d’un quart des retraités.

A contrario on observe que les professions intellectuelles supérieures, les cadres et les professions

intermédiaires, les agriculteurs exploitants, sont marginalement touchés (entre 1 % et 3 %).

Figure 71 : Répartition des ménages selon l’exposition à la précarité énergétique et la CSP du référent du

ménage en 2008 (Sources : Insee – Arec)

Plusieurs facteurs se combinent donc, couplant les effets à la fois des caractéristiques des personnes

et des ménages et les caractéristiques des logements.

Les caractéristiques des logements, un autre facteur de précarité énergétique

La taille du logement occupé par les ménages ainsi que son ancienneté, mais aussi le mode de

chauffage ou encore le statut (locataire/propriétaire), jouent un rôle fort dans l’exposition à la

précarité énergétique. Nous balaieront rapidement ces thématiques.

Les petits ménages, composés de deux personnes ou moins, se retrouvent plus souvent dans des

situations de précarité énergétique du fait d’une éventuelle inadéquation de la surface du logement

occupé au regard de leurs revenus. Exemple parlant, lorsque le logement dépasse 150 m², quatre

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 122 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

personnes sur cinq y vivant seules paient plus de 10 % de leur revenu disponible en consommation

d’énergie. Cette situation se retrouve le plus souvent chez les personnes âgées occupant toujours le

logement qu’elles occupaient durant leur vie active, même après le décès éventuel du conjoint.

Plus le logement est énergivore, plus les ressources du ménage doivent pouvoir compenser cette

augmentation des dépenses énergétiques pour ne pas basculer au-dessus du seuil des 10 %. Cette

compensation se réalise effectivement pour la plupart des catégories

socioprofessionnelles « actives », pour lesquelles la taille des logements est plutôt en adéquation

avec les ressources du ménage. A l’inverse, les personnes sans activité professionnelle et les

retraités ont des ressources disponibles moins adaptées. Pour les surfaces inférieures à 100 m² les

personnes les plus concernées par la précarité énergétiques vivent seules, et n’ont pas d’activité

professionnelle (étudiants, retraités). Au-delà des 100 m² les besoins énergétiques sont tels que les

ménages de deux personnes sont aussi touchés : près d’un sur trois pour les logements de plus de

150 m². Cette situation renvoie à celle de familles dont le couple se retrouve seul après le départ des

enfants, alors même que les revenus disponibles sont plus faibles que ceux perçus pendant la vie

active et que les besoins énergétiques sont eux restés constants, et enfin que les prix de l’énergie

augmentent, comme on l’a vu, de 5 % à 8 % par an depuis dix ans.

Les propriétaires de leur logement, lorsqu’ils vivent seuls, représentent de loin la part la plus

nombreuse des ménages exposés à la précarité énergétique en Poitou-Charentes (50 %), suivis par

les personnes sans activité professionnelle locataires d’un logement non HLM (16 %). Les ménages

propriétaires possèdent leur logement et peuvent décider et réaliser librement des travaux dont la

vocation serait de réduire se dépense énergétique. C’est à première vue un avantage. Cependant,

l’effort financier que demande l’acquisition d’un logement lorsque l’on est seul rend également le

ménage moins mobile et accentue la pression sur le revenu, dont une part sert pendant de

nombreuses années à rembourser un éventuel crédit immobilier. Ainsi plus d’un retraité sur trois vit

dans un logement de plus de 100 m² ; 22 % des propriétaires d’un logement de cette surface sont en

précarité énergétique.

Enfin, en matière de mode de chauffage, les personnes utilisant le fioul domestique sont les plus

exposés, même si les sources d’énergie les plus chères sont le gaz en bouteille ou en citerne, suivies

par l’électricité et ensuite par le fioul. C’est que les caractéristiques des personnes dont le logement

est chauffé selon ce dernier mode jouent en leur défaveur : les logements chauffés au fioul sont en

général plus anciens, les surfaces sont plus grandes et les ménages y vivant disposent de moins de

ressources monétaires. 21 % des ménages picto-charentais sont chauffés au fioul (33 % à

l’électricité et 25 % au gaz de ville). Ainsi, même si en réalité les personnes les plus exposées, à

caractéristiques de logement égales, les ménages les plus exposés seraient ceux qui se chauffent à

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 123 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

l’électricité, les logements utilisant ce mode sont plus récents et leurs surfaces sont plus adaptées, ce

qui implique une moindre déperdition d’énergie.

Deux profils-type de population bien identifiés

L’Insee conclut son rapport en montrant que deux profils de ménages représentent un quart des

personnes exposées à la précarité énergétique. Il s’agit d’une part des retraités de plus de 60 ans

vivant seuls où à deux, propriétaires de la maison individuelle qu’ils occupent, maison construite

avant 1975, de grande taille (supérieure à 100 m²), équipée au fioul domestique et située dans une

commune rurale. Ils constituent 15 % des ménages en précarité énergétique, et comptent 17 000

ménages.

Le second profil-type regroupe les ménages dont le référent est sans activité professionnelle, vit

seul et est locataire d’un appartement de petite taille (inférieur à 40 m²), équipé à l’éléctricité ou au

gaz de ville, et résident dans une commune urbaine. Au nombre de 11 700 ménages, ils représentent

10 % des ménages en situation de précarité énergétique. Pour cette population, il s’agit davantage

d’une problématique de faiblesse des revenus que d’adéquation à la taille du logement.

La problématique spécifique des personnes sans abri et des centres d'hébergement sociaux

La question du logement va aussi de pair avec la question du non-logement. En Poitou-Charentes, la

population des personnes sans-abri, à la rue ou vivant dans des abris de fortune, est plutôt bien

connue grâce au travail des équipes de terrain du samu social, des associations et du 115. Pour ces

personnes en grande précarité, les réalités sont contrastées et les expériences de vie font que les

facteurs individuels jouent autant que les facteurs sociaux et économiques dans leur parcours, leurs

situations et leurs perspectives.

Les sans-abris en Poitou-Charentes

Le nombre de personnes vivant de façon habituelle sans domicile fixe ni hébergement sur le

département est estimé dans les départements à partir de diverses sources non homogènes (données

du 115, du SAMU social croisées avec les données des associations) ce qui rend l’analyse difficile :

- en Charente : une quarantaine de grands marginaux sont repérés sur les 2 principales

agglomérations du département mais selon le 115, près de 400 personnes alternent régulièrement les

modes d’hébergement (cohabitation, squats, structure sociale, médicosociale ou sanitaire) et des

prises en charge familles sont assurées (130), notamment des personnes victimes de violence

conjugales.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 124 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

- en Charente Maritime : une centaine de personnes en squat

- dans les Deux-Sèvres : une dizaine de personnes vivant dans des squats dans la ville de Niort

dénombrées par les équipes de maraudes durant l’hiver 2007/2008

- dans la Vienne : une vingtaine de personnes sans solution, des jeunes adultes en majorité auxquels

s’ajoute une population étrangère en attente de statut, essentiellement des hommes seuls (une

vingtaine) pour lesquels il n’existe pas de réponses adaptées ; et une centaine de personnes en squat.

De manière générale, il apparaît que cette population en errance est de plus en plus jeune (- de 25

ans), sans qualification, sans ressources, en rupture familiale, toxico dépendantes, avec des

problèmes de santé, accompagnés de chiens… en galère depuis quelques mois ou plusieurs années.

Ces personnes présentent de telles problématiques que la construction de réponses est très difficile à

mettre en place. Elles ont d’ailleurs le plus souvent déjà été prises en charge au moins une fois par

les structures. Les jeunes de – de 25 ans représentent environ 20% des appelants du 115. Une

augmentation du nombre des femmes ainsi que des personnes faisant l’objet de souffrance

psychique est également constatée. Par ailleurs, le 115 a noté en Charente pour 2007 une

augmentation du nombre d’appelants allocataires des ASSEDIC. Près de 15% des appelants ont des

revenus du travail ou de la retraite.

L’état du dispositif d’hébergement existant au regard des besoins dans les territoires

La région disposait en 2010 de 1 000 places d’hébergement en CHRS (Centres d’Hébergement et de

Réinsertion Sociale) ; leur taux d’occupation au 15 décembre 2012 (à nombre de places identique)

était de 97 %, ce qui est en augmentation par rapport au 15 décembre 2008 (date de l’enquête

précédente) mais laisse encore des marges de manœuvre, certes serrées mais réelles, pour les

CHRS.

Suite au PARSA, 47% du parc d’hébergement d’urgence ont été transformés par la création de 86

places de stabilisation et 12 places d’insertion avec un impact inégal entre les départements. Pour 3

départements, on constate un recul important de l’hébergement d’urgence hors CHRS au profit de la

création de places de stabilisation (Charente et Deux-Sèvres) et la création en supplément dans la

Vienne de places d’insertion. Pour le département de Charente Maritime, l’impact a été plus réduit,

ce dernier ne souhaitant pas se départir de ses places d’hébergement.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 125 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Figure 73 : Etat des lieux de l’hébergement social et de l’hébergement d’urgence dans les départements de

Poitou-Charentes au 31/12/2010

Sources : DRJSCS

Tous les départements sont attachés à maintenir des places en hébergement d’urgence et font état de

certaines insuffisances sur le plan quantitatif. Avec le recul, il apparaît aujourd’hui que la répartition

du nombre de places en CHU/stabilisation/insertion issue du PARSA nécessiterait des abondements

et des ajustements :

En Charente : insuffisance de places de CHRS (besoin identifié dans le cadre du schéma d’une

quarantaine de places dont les caractéristiques seront travaillées collectivement d’ici la fin du 1er

trimestre 2009 ; à priori sur le sud et le nord Charente). D’après l’enquête SOLEN sur l’activité

2007, 83% des refus d’admission en CHRS ont pour motif l’absence de places disponibles,

indisponibilité observée également sur les places d’hébergement d’urgence et de stabilisation.

En Charente Maritime : insuffisance de places de stabilisation (en attente du financement de 23

places de stabilisation avec un projet d’extension de 7 places à la Rochelle et Royan + besoin de 5 à

10 places à Rochefort et à Saintes)

Dans les Deux-Sèvres : insuffisance de places de CHRS et de stabilisation (une quinzaine de places

supplémentaires) et de places d’accueil de jour (dans 8 cantons) afin de parfaire la couverture

territoriale des besoins.

Dans la Vienne : absence de places en milieu rural (concentration de toutes les places en milieu

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 126 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

urbain), peu de places offertes aux couples, peu de structures accueillant des animaux, pas de

dispositif spécifique pour l’accueil de femmes enceintes ou de mères isolées de moins de 3 ans. O

On note également un projet de création de places de CHRS à Châtellerault et Montmorillon.

Pour les opérateurs des 4 départements, les places de stabilisation répondent à un réel besoin.

Figure 74 : Localisation des maisons relais, CHRS et CADA de Poitou-Charentes au 31/12/2010

Sources : DRJSCS

Les premiers résultats des évaluations réalisées au niveau local sont positifs : souplesse

d’utilisation, en fonction au contexte local, création d’un « pallier » permettant de franchir une

étape… les acteurs jugent ce dispositif intéressant pour un public loin de l’insertion sous réserve

toutefois d’avoir des locaux adaptés.

Les éléments transmis par les Deux-Sèvres font apparaître que la population est en grande majorité

masculine, et répartie à part égale entre les différentes tranches d’âge. Le taux de sortie vers le

milieu ordinaire serait significatif (23% en appartement).

Est souligné également l’intérêt que représente l’ALT à condition toutefois que son financement soit

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 127 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

assuré dans de meilleures conditions (nécessité de revaloriser le montant de la subvention, prise en

compte des frais de gestion, financement de l’accompagnement social spécifique).

Conclusion

Le mal-logement participe de la pauvreté, et la pauvreté participe du mal-logement. En effet les

personnes les plus démunies ont moins de ressources financières à consacrer au logement, et se

retrouvent par conséquent plus souvent « bloquées » dans le parc privé potentiellement indigne.

Inversement, les conditions de vie dans ce PPPI induisent d’autres facteurs de pauvreté, notamment

la mauvaise santé, l’inconfort, qui jouent sur ce que l’on pourrait appeler la pauveté « en conditions

de vie », dans une acception plus large que la seule pauvreté monétaire.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 128 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Santé et accès aux soins

L'Observatoire Régional de la Santé (ORS) Poitou-Charentes a livré en mars 2012 les résultats

d'une vaste analyse sur les liens entre santé et précarité en région. Partant du constat que « au-delà

de la simple dimension pécuniaire, la précarité recouvre plusieurs domaines (vie sociale et affective,

logement, travail, alimentation, accès aux soins...) pouvant conduire à des situations d'insécurité et à

un état de santé dégradé », l'Observatoire propose un état des lieux régional objectif des inégalités

de santé et des déterminants majeurs, ainsi qu'une illustration de l'action des nombreux acteurs

publics intervenant sur ce champ22

.

Etat des lieux de santé en Poitou-Charentes

Profils de santé issus de l’exploitation du Baromètre Santé Poitou-Charentes 2010

Les liens entre pauvreté, précarité et santé ne sont plus à démontrer dans la littérature sociologique,

médicale et épidémiologique. L’ORS Poitou-Charentes, sur la demande de l’Agence Régionale de

Santé, a défini des typologies de publics, sur la base du Baromètre Santé, qui permettraient de cibler

des publics prioritaires pour la mise en place de mesures de prévention en matière de santé. Il en

ressort que les personnes vivant seules ou seules en charge de famille, dans des conditions

matérielles et financières difficiles ou de privation, sont plus exposées aux risques sanitaires

(surmortalité, addictions, troubles psychiques et/ou physiques etc.)

Près de 4 personnes sur dix (dans l’échantillon du Baromètre) seraient ainsi concernés par une santé

physique dégradée, accompagnée ou non de troubles psychiques, de difficultés à se déplacer, ou

encore de problèmes de consommation de produits psychoactifs. Il s’agit en fait de quatre groupes

de la typologie établie par l’ORS, qui connaissent deux caractéristiques communes majeures : le fait

d’avoir plus de 60 ans (70 % de l’échantillon « mauvaise santé ») ou bien de connaître de graves

difficultés financières (30 % de l’échantillon « mauvaise santé »). Ainsi l’âge joue un rôle

prépondérant sur l’état de santé, mais les conditions sociales d’existence ont une grande influence

sur l’état de santé. On peut adjoindre à ce « groupe » une classe de la typologie qui concerne

majoritairement des femmes seules en charge de famille et qui connaissent des difficultés

financières, et des troubles psychiques ainsi qu’une plus forte dépendance au tabac, malgré une

bonne santé physique. C’est dire si le fait d’avoir des revenus suffisants pour vivre et ne pas

22

Les analyses reproduites dans cette partie proviennent du Bulletin Observation Santé de mars 2012, rédigé par

Béatrice Bouffard et Julien Giraud et disponible au téléchargement sur le site internet de l'ORS à l'adresse

http://www.ors-poitou-charentes.org/publications.php ,ou sur la Banque de données en santé publique à l'adresse

http://www.bdsp.ehesp.fr/Base/449732/

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 129 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

connaître de situation d’isolement relatif influent sur l’état de santé des personnes.

Les inégalités sociales de santé

Si les données objectives permettant d’apprécier les inégalités de santé entre individus sont

relativement rares, voire quasi inexistantes à l’échelle régionale, certains indicateurs mettent

cependant en évidence l’existence d’un gradient social de santé ne concernant pas uniquement les

personnes les plus défavorisées. Ainsi la France fait partie des pays pour lesquels les écarts

d’espérance de vie entre catégories socioprofessionnelles sont parmi les plus importants. Le lien

entre l’état de santé d’une personne et sa position dans la hiérarchie sociale résulte de déterminants

multiples parmi lesquels on peut compter les comportements individuels, mais aussi et surtout des

facteurs dits structurels (politiques publiques, culture, éducation, origine sociale…) et des facteurs

dits intermédiaires (logement, pouvoir d’achat, environnement professionnel, facteurs psycho-

sociaux…)

Figure 75 : Espérance de vie à 35 ans par sexe et CSP en France métropolitaine de 2000 à 2008

Sources : ORS Poitou-Charentes

L’espérance de vie présente d’importantes différences selon le sexe et la catégorie sociale de réfé-

rence des individus. Les données de l’échantillon démographique permanent de l’Insee permettent

d’appréhender ces différences. Ainsi, à 35 ans, dans les conditions de mortalité observées en France

métropolitaine sur la période 2000-2008, une femme cadre peut espérer vivre en moyenne 52 ans

alors que l’espérance de vie d’une femme ouvrière n’est que de 49 ans (soit la même qu’une femme

cadre dans les années 1980) et 47 ans pour une inactive non retraitée. Chez les hommes, les inégali-

tés sociales sont encore plus fortes que chez les femmes (6,3 années d’écart d’espérance de vie entre

un cadre et un ouvrier contre 3 années entre les femmes de ces deux mêmes catégories).

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 130 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Des informations sur l’état de santé ressenti selon la catégorie socioprofessionnelle sont disponibles

à l’échelle régionale. Elles proviennent des trois centres d’examens de santé de Poitou-Charentes

(Poitiers, Angoulême et Niort) et sont donc à prendre comme des informations partielles, en se sou-

venant qu’elles sont également déclaratives.

Plus de 24 600 personnes ont ainsi consulté les trois centres en 2010. Chaque personne venant con-

sulter est invitée à s’attribuer une note de santé comprise entre 0 et 10, cette auto-évaluation consti-

tuant un indicateur synthétique reconnu. Si les données régionales n’ont pu être standardisées selon

l’âge et le sexe, ce qui peut accentuer, pour certaines catégories, la part de personnes ayant une per-

ception négative de leur santé (cette perception négative étant plus marquée chez les plus âgés et

chez les femmes), les résultats sont de même nature que ceux du niveau national. Ainsi, la propor-

tion de cadres ayant une perception négative de leur santé (score inférieur à 7) est deux fois moins

importante que chez les ouvriers.

La santé perçue et la satisfaction de la vie des enfants scolarisés

L’ORS relate également, dans son Bulletin Information Santé de mars 2012, les résultats de

l’enquête HBSC (Health Behaviour in School-aged Children, Comportements de santé chez les

enfants en âge d’être scolarisés) qui a été menée en 2007 sur un échantillon de 2 230 élèves de

l’académie de Poitiers (qui recouvre les limites géographiques régionales) et âgés de 11, 13 et 15

ans. Cette enquête déclarative abordait plusieurs dimensions parmi lesquelles l’état de santé ressen-

ti, la satisfaction de la vie ressentie (mesurée à partir de l’échelle de Cantril, allant de 0 pour « la

pire vie possible » à 10 pour « la meilleure vie possible ») et l’aisance financière familiale perçue

(de « très à l’aise » à « pas à l’aise du tout »).

Les résultats de l’enquête font apparaitre un gradient en fonction de l’aisance financière perçue pour

les indicateurs de qualité de vie et d’état de santé déclarée. Ainsi, plus l’aisance financière de la

famille du jeune décroît, plus la part des jeunes ayant un état de santé ressenti ou une satisfaction de

la vie moindre ou dégradée est importante. Ces mêmes différences significatives sont observées

concernant les plaintes somatiques dont les proportions déclarées croissent quand le niveau

d’aisance financière de la famille diminue.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 131 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Figure 76 : Etat de santé ressenti, satisfaction de la vie et aisance financière déclarée chez les élèves de 11, 13 et

15 ans de l’académie de Poitiers en 2007

Sources : ORS Poitou-Charentes

Une typologie socio-sanitaire des cantons de Poitou-Charentes : les territoires ruraux plus fragiles

du point de vue des indicateurs de santé

En 2007, l’ORS Poitou-Charentes a mené, à la demande et avec le financement du groupement

régional de santé publique, une étude visant à identifier les territoires présentant un profil sanitaire

et social plutôt moins favorable.

Cette approche a permis un premier ciblage des territoires prioritaires (cantons des classes 1 et 2

cumulant des indicateurs de mortalité et des indicateurs socio-démographiques moins favorables) et

la mise en évidence de profils différents selon que les territoires soient ruraux, périurbains (classes 5

et 6) ou urbains (classes 7 et 8). Enfin, des spécificités spatiales ont pu être identifiées à l’intérieur

même des sous-espaces urbains et ruraux. Ainsi par exemple, les territoires ruraux des Deux-Sèvres

(classe 4) présentent des indicateurs de précarité et de mortalité plutôt favorables (à l’exception des

cancers de l’intestin), tandis que les cantons ruraux de la classe 1 sont en situation de surmortalité

globale et ont des indicateurs socio-économiques moins favorables. Au final, il semble que les

caractéristiques socio-économiques expliquent en partie les différences géographiques de mortalité,

mais l’influence de certains facteurs reste à étudier (environnement, conditions de travail, habitudes

de vie…)

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

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et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Figure 77 : Typologie socio-sanitaire des cantons de Poitou-Charentes (Sources : ORS Poitou-Charentes)

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Les Nouveaux Géographes 133 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Les dépenses de santé à la lumière des spécificités des territoires

Les dépenses de santé traduisent largement les réalités démographiques, sociales et sanitaires des

populations, voire les conditions d’accès aux soins dans les territoires. Ce sont donc autant de fac-

teurs à prendre en compte pour mettre en lumière les réalités locales en matière de santé, ainsi que

pour mettre en place des politiques de santé appropriées à chaque territoire.

L’I nsee Poitou-Charentes a produit en juin 2013, conjointement avec l’Agence Régionale de Santé,

une étude sur les dépenses de santé dans les départements et l’échelle des « territoires de santé »

régionaux, qui sont des zones dédiées à l’organisation des soins et dont la définition a été arrêtée

dans le cadre de la loi HPST du 21 juillet 200923

.

Dans son étude, l’Insee constate qu’en moyenne en 2010, les dépenses de soins de ville se sont

élevées à 1 070 € par habitant en Poitou-Charentes, et les soins hospitaliers à 675 € par habitant. Il

s’agit d’une situation différente de la France métropolitaine : en effet les dépenses de soins de ville

sont plus élevées en moyenne en France (1 133 € par an t par habitant) et les dépenses de soins hos-

pitaliers moins élevées (650 €).

Les disparités ne concernent pas seulement la région entière par rapport à la France, mais également

les départements et les territoires entre eux. Ainsi les charentais-maritimes sont les habitants de Poi-

tou-Charentes qui dépensent le plus pour leur santé et les habitants de la Vienne sont ceux qui dé-

pensent le moins.

France métro-

politaine Poitou-

Charentes Charente Charente-

Maritime Deux-Sèvres

Vienne

Soins de ville

1 133 € 1 070 € 1 055 € 1 169 € 1 039 € 964 €

Soins hospi-taliers

650 € 675 € 638 € 725 € 649 € 656 €

Figure 78 : Les dépenses de santé en France, en région et dans les départements en 2010

Sources : Insee, Dépenses de soins de ville (SNIIR-AM), dépenses de soins hospitaliers (PMSI)

« Pour appréhender les dépenses de santé en Poitou-Charentes et les écarts entre territoires, il est

nécessaire d’en identifier les principaux déterminants en matière démographique, sociale, sanitaire

et d’offre de soins », note l’Insee. Ainsi le fort écart existant en Charente-Maritime, interprété

comme une « surconsommation » de soins, est en réalité entièrement dû au vieillissement de la po-

pulation de ce département.

23

Insee Poitou-Charentes, « Les dépenses de santé à la lumière des spécificités démographiques et territoriales »,

Décimal n°327, juin 2013

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Les Nouveaux Géographes 134 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Un facteur explicatif primordial est donc l’âge moyen de la population, qui explique notamment

l’écart perceptible entre la Charente-Maritime et la Vienne, par exemple. Une population âgée est

plus consommatrice de soins qu’une population composée d’une large part de jeunes adultes.

Figure 79 et 79 bis : consommations de soins de ville par tranche d’âge et population par tranche d’âge en 2010

(Sources : Insee)

En Charente-Maitime, la part des plus de 65 ans est élevée (22 ,2 %) et le facteur démographique

explique plus de la moitié du total des effets susceptibles d’expliquer l’écart entre les dépenses dé-

partementales de soins de ville et la moyenne nationale. Cet effet est encore plus grand (84 %) en

matière soins hospitaliers. Le facteur démographique et l’age de la population tendrait ainsi, en

Charente-Maritime, à faire augmenter mécaniquement les dépenses de soins de ville de 133 € par an

et par habitant par rapport à la moyenne nationale.

L’état de santé des habitants de Poitou-Charentes est plutôt bon, si l’on en croit les indicateurs

usuels (à savoir la prévalence des affections de longue durée et l’indice comparatif de mortalité).

Ces deux indicateurs permettent de mesurer si la mortalité de la population est plus élevée

qu’ailleurs et si elle souffre plus ou moins de longues maladies dans un territoire plutôt que dans un

autre, à âge et genre similaire.

En effet, meilleur est l’état de santé des personnes, et moins les dépenses sont importantes. Le fac-

teur sanitaire est ainsi le deuxième contributeur à l’écart des dépenses départementales en soins de

ville à la moyenne nationale. Un état sanitaire plus favorable dans les quatre départements agit sys-

tématiquement à la baisse sur les dépenses. Il en est de même pour les soins hospitaliers même si ce

facteur, où l’effet sanitaire joue à la modération des dépenses, selon des degrés variables en Cha-

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Les Nouveaux Géographes 135 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

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rente-Maritime (où le facteur démographique est écrasant) et en Vienne par exemple, où le bon état

de santé des personnes explique pour moitié le recours plus faible aux soins hospitaliers.

Figures 80 et 80 bis : écarts de l’indicateur d’ALD (Affection de longue durée) et d’ICM (Indice comparatif de

mortalité) à la moyenne métropolitaine pour la période 2003-2008 (Sources : Insee)

Pour le propos qui nous concerne, à savoir l’étude des effets des dynamiques sociales sur la pauvre-

té, l’effet des conditions sociales d’existence des personnes joue un rôle complexe dans la modéra-

tion ou l’accentuation des dépenses de santé des habitants. Le niveau de chômage dans un territoire

donnée, le revenu médian de la population et la part de personnes bénéficiant de la CMUc influent

sur les écarts constatés de dépenses de santé.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 136 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

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Figure 81 : Ecart de la part de bénéficiaires de la CMUc à la moyenne métropolitaine en 2009 (Sources : Insee)

Globalement, le facteur social agirait à la hausse sur les dépenses en soins de ville en Charente-

Maritime mais à la baisse dans les autres départements. Ce facteur contribue à expliquer environ 40

% de l’écart constaté entre les dépenses de soins de ville en Deux-Sèvres et en France métropoli-

taine.

Ainsi en Charente-Maritime le taux de chômage est légèrement supérieur au niveau national (0.84

point). Il en est de même pour la part de chômeurs de longue durée (0.26 points). Dans ce départe-

ment, le surcoût associé serait ainsi de 37 € par an et par habitant. Les individus au chômage sont

dans une situation sociale parfois difficile qui peut engendrer une consommation de soins plus éle-

vée (accès à la prévention plus difficile, recours plus tardif aux professionnels de santé donc traite-

ments plus longs et plus coûteux, davantage de risque de dépression…) Dans les autres départe-

ments, la situation sociale entraînerait plutôt la dépense moyenne par habitant à la baisse (- 58 € en

Charente et dans la Vienne et – 127 € dans les Deux-Sèvres). Cependant, les raisons de ces écarts

négatifs ne sont pas les mêmes dans tous les territoires.

En Vienne par exemple, un taux de chômage inférieur à la moyenne nationale et une part de chô-

meurs de longue durée proche de celle de la France métropolitaine semblent compatibles avec une

baisse de la demande de soins de santé.

En revanche en Charente, la situation sociale est moins satisfaisante : le taux de chômage y est plus

élevé que la moyenne nationale, mais surtout la part de chômeurs de longue durée y est de presque

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 137 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

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cinq points supérieure. Ceci est donc contradictoire avec un effet sur la baisse de la demande de

soins. Le spectre du renoncement aux soins apparaît alors.

Si le chômage a tendance à entraîner une consommation plus élevée de soins, le chômage de longue

durée amènerait en réalité l’inverse. Les personnes concernées sont dans un état de fragilité morale

et financière qui les inciterait à renoncer plus souvent que les autres à se faire soigner. Dans les

Deux-Sèvres, les deux phénomènes s’ajoutent : la moindre consommation résulte à la fois d’un taux

de chômage plus faible mais d’une forte part de chômeurs de longue durée parmi les demandeurs

d’emploi. Plus loin, les personnes en fin de droit à l’allocation chômage et percevant l’ASS consti-

tuent également une population fortement exposée au phénomène du renoncement aux soins et à la

pauvreté.

Le renoncement aux soins

Selon le Baromètre Santé Poitou-Charentes 2010, à la question « Au cours des 12 derniers mois,

avez-vous dû renoncer à des soins de santé pour des raisons financières ? » près de 9 % des 15-85

ans ont déclaré qu’ils avaient renoncé à des soins pour des raisons financières. Chez les personnes

ayant un emploi, cette proportion représente 9,4 %, elle est de 7,4 % pour les étudiants, de 6,5 %

pour les retraités, 13,7 % pour les autres inactifs, et 14,2 % pour les chômeurs.

Le phénomène semble encore plus accru pour les bénéficiaires de la CMU-C. D’après une enquête

menée fin 2010 par le Fonds CMU et le CETAF, dans les centres d’examen de santé de l’assurance

maladie sur les renoncements aux soins de cette population, il ressortait que 36.6 % des personnes

enquêtées avaient renoncé à se soigner faute de moyens financiers suffisants au cours des 12

derniers mois. Cette observation semble paradoxale, alors que les bénéficiaires de la CMU-C sont

pris en charge par l’assurance maladie pour l’intégralité de leurs dépenses de santé. Dès lors on peut

se questionner sur la pauvreté ressentie et la pauvreté réelle, sur le niveau d’information de la

population bénéficiaire quant à ses droits réels, et sur d’autres facteurs de renoncement aux soins

(manque de temps, peur des actes médicaux, poids de certaines valeurs et de certains

comportements traditionnels, forme de « honte » possible devant la maladie ou certains troubles et

affections…)

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 138 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Conclusion

Les personnes pauvres sont en plus mauvaise santé que les autres, et les personnes en mauvaise

santé sont souvent plus pauvres que les autres. Voilà l’enseignement principal de cette étude des

relations entre santé et précarité. Les études de l’ORS notamment nous apprennent que les

personnes pauvres sont plus sujettes à la maladie, aux troubles psychiques, à la dépression, ou

encore aux addictions au tabac, à l’alcool ou encore aux produits psychoactifs. La pauvreté est

également un problème sanitaire public. Les personnes pauvres renoncent davantage que les autres

à se faire soigner, ont moins accès à la médecine préventive : de là résulte des prises en charge

tardives, le plus souvent par la médecine hospitalière ou les soins d’urgence. Les personnes

subissent ainsi des risques bien plus grands, en même temps qu’ils doivent, lorsqu’ils sont pris en

charge par des professionnels de santé, suivre des traitements plus longs et plus coûteux. Il s’agit

d’un triple problème de santé publique, du point de vue social et du point de vue économique.

Les personnes touchées par la pauvreté ont ainsi une mortalité supérieure et une espérance de vie

moins longue que les personnes jouissant de revenus aisés. C’est ainsi toute une frange de la

population qui est en risque sanitaire. Des facteurs annexes, comme le mal-logement, expliquent

aussi en grande partie la résurgence ponctuelle de cas de maladies comme le saturnisme, ou de

troubles respiratoires, etc. Les personnes pauvres cumulent ainsi les handicaps sociaux et les

« circonstances aggravantes » et sont ainsi plus exposées à la maladie, aux affections de longue

durée, mais aussi à une diminution de leur espérance de vie.

Les soins de ville représentent un budget relativement conséquent pour des familles qui ne

disposent de peu ou pas de revenus. Ainsi le phénomène de renoncement aux soins est-il lié à la

présence de populations défavorisées. Pis, cet état de fait entraîne en plus des risques sanitaires pour

les personnes, des risques d’appauvrissement dus à des dépenses de soins élevées ou non prévues.

La CMUc joue un rôle de régulateur, et assure à beaucoup de familles, notamment dans les centres

urbains, moyennes et petites villes, un rôle « d’amortisseur » des dépenses, et en ce sens la CMUc a

certainement un impact positif sur la décision de consulter pour ces personnes démunies.

Enfin, le phénomène de renoncement aux soins ou le fait de différer le recours aux soins entraîne

des dépenses de santé supplémentaires qui pèsent sur le déséquilibre financier des comptes de

l’assurance maladie. On ne peut évidemment retenir seulement ce critère pour justifier d’une action

en matière de santé publique, mais il reste un élément à prendre en compte et qui vient appuyer la

nécessité pour une société de ne laisser personne démuni face à la maladie ou l’incapacité.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 139 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Un essai de typologie des EPCI au regard des indicateurs de risque de pauvreté recensés dans

l'étude

L’étude des facteurs associés à la présence de pauvreté nous a montré qu’à des échelles locales,

plusieurs phénomènes se conjuguent et viennent fragiliser certaines populations, et partant, certains

territoires qui concentrent les populations les plus fragiles.

Parmi ces facteurs, on a pu noter :

- Le fort taux de chômage et d’inactivité ;

- La proportion de travailleurs dits « pauvres » ou à bas revenus ;

- La part de la population vivant dans une commune très rurale (dite « hors influence des

pôles urbains ») ;

- La part des retraités dans la population ;

- La part des familles monoparentales dans l’ensemble des familles ;

- La part des plus de 15 ans sans diplôme ou sans qualification

S’ajoutent à ces variables, modélisées par l’Insee, différents phénomènes qui se conjuguent

localement, comme la proportion de retraités anciens agriculteurs, qui touchent des pensions plus

faibles que la moyenne des retraités ; l’exposition à la précarité énergétique et à l’indignité des

conditions de logement ; l’état de santé et donc les dépenses plus ou moins grandes supportées par

les personnes… Ces phénomènes peuvent jouer autant le rôle de facteur « déclenchant » et de

facteur « conséquent à » la pauvreté. Les phénomènes sociaux sont en effet davantage dialectiques

qu’univoques, et leur étude se doit de mobiliser une vision dynamique, qui dépasse la « simple »

vision des « causes et des conséquences ». La problématique du logement indigne entre

particulièrement bien dans ce cadre, puisque vivre dans un logement indigne peut à la fois être un

marqueur de pauvreté (une personne pauvre connait des difficultés pour se loger et donc se retourne

vers le « marché indigne ») et découler de situations de pauvreté (la moitié des personnes vivant en

logement indigne sont propriétaires de leur habitation, et l’indignité découle d’une baisse des

revenus lors du passage à la retraite par exemple).

Les méthodes d’analyse statistique du monde social ont depuis longtemps été confrontées à cette

complexité des phénomènes sociaux et ont donc dû trouver des moyens d’exprimer cette complexité

dans leurs outils, afin de retranscrire et expliquer le plus fidèlement possible les phénomènes

observés. Parmi ces outils complexes, la méthode d’analyse multivariée propose un premier niveau

de lecture :

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 140 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

« L’analyse multivariée, au sens large, désigne l’ensemble des méthodes d’analyse statistique qui traitent simultanément

plus d’une variable. C’est à l’analyse multivariée que l’on recourt notamment pour :

- Mesurer le degré d’association entre deux ou plusieurs variables

- Estimer les paramètres d’une relation entre deux ou plusieurs variables

- Evaluer à quel point les différences entre deux ou plusieurs groupes d’observations sont significatives

- Tenter de prédire à quel groupe appartient un individu, à partir de ses autres caractéristiques

- Essayer de discerner une structure dans un ensemble de données »24

Pour tenter de modéliser le risque de pauvreté à l’échelle des EPCI de Poitou-Charentes, nous

avons utilisé les méthodes dites d’Analyse en Composantes Principales et de Classification

Ascendante Hiérarchique.

La première méthode d’ACP permet de déterminer quels sont les axes déterminants d’un modèle

d’analyse. Lorsque l’on fait entrer de nombreuses variables qui tentent d’expliquer un phénomène,

lesquelles d’entre elles influent véritablement sur le phénomène observé ? C’est à cette question que

permet de répondre l’ACP. Ainsi ce sont surtout les caractéristiques de l’emploi, du logement, la

composition familiale qui influent plus précisément sur le modèle.

La seconde méthode (CAH) permet, une fois les axes primordiaux déterminés, d’opérer non pas une

classification ou une hiérarchisation des EPCI, comme le nom de la méthode le laisserait penser,

mais plutôt un rapprochement de territoires qui se « ressemblent », qui ont des caractéristiques

voisines. On est plutôt sur un mode « qui se ressemble s’assemble » et non sur un mode « qui est

meilleur que l’autre ».

24

LEMELIN A., Méthodes quantitatives des sciences sociales appliquées aux études urbaines et régionales, Institut

National de la Recherche Scientifique – Urbanisation, Culture et Société, Montréal, 2004

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 141 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

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Les variables prises en compte dans le modèle

Les variables sont issues du recensement de la population de 2010 mené par l’Insee.

Le modèle proposé ici comprend 18 variables parmi les plus significatives dans l’étude des

déterminants de pauvreté.

Part des non-diplômés dans la population de plus de 15 ans et qui n’est pas scolarisée

Part des ménages imposés dans l’ensemble des ménages fiscaux

Evolution du nombre d’emploi au Lieu de Travail 1999-2010

Part des diplômés de l’enseignement supérieur dans la population de plus de 15 ans et qui n’est pas scolarisée

Part des 15-19 ans vivant seuls dans

la population des 15-19 ans

Taux de chômage

Part des logements d’une seule pièce dans les résidences principales de l’ECPI

Part des 65-79 ans vivant seuls dans

la population des 65-79 ans

Part des inactifs dans la population

Part des logements de 5 pièces et plus dans les résidences principales de l’EPCI

Part des 80 ans et plus dans la

population des 80 ans et plus

Part des ouvriers dans la population

active occupée

Part des propriétaires de leur résidence principale

Part des femmes seules en charge de

famille dans l’ensemble des familles

Part des cadres dans la population

active occupée

Part de la population emménagée dans l’EPCI depuis moins de 2 ans

Part des ménages constitués d’une

seule personne dans l’ensemble des

ménages

Part des couples avec enfants dans

l’ensemble des ménages

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 142 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 143 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

6 « classes » ou « groupes » d’EPCI se distinguent alors. Volontairement, nous ne leurs avons pas

donné de nom afin de garder une objectivité maximale ; en effet catégoriser revient parfois à

stigmatiser, ce qui n’est aucunement le but de l’exercice. En revanche nous avons pu catégoriser les

EPCI selon qu’ils entraient dans des catégories aux indicateurs « plus favorisés » et « moins

favorisés » que la moyenne régionale. Toutes les analyses produites dans le cadre de cette typologie

s’entendent ainsi « par rapport à la moyenne régionale ».

Les EPCI au profil plus favorisé

Classe n°6 : des territoires en transition

Les 13 EPCI de cette classe ont en commun d’être situés en périphérie d’une grande agglomération

(Pays Vouglaisien, Pays Marandais) , ou d’être une agglomération de taille moyenne (Châtellerault,

Royan, Angoulême).

Leur population est dynamique : elle croît, notamment sous l’influence de nouveaux arrivants qui

sont plus présents ici qu’en moyenne dans les EPCI de la région. Ces populations, en général,

travaillent, comme l’atteste une plus forte présence de croissance de l’emploi au lieu de travail

qu’en moyenne, ainsi qu’une plus forte proportion de ménages imposables.

On peut dissocier cette classe en 3 sous-groupes : les agglomérations urbaines, les couronnes

d’agglomération urbaines, le littoral charentais-maritime, qui s’ils se ressemblent d’un point de vue

statistique, dessinent en fait des logiques différentes appelant à la même conclusion statistique.

Ainsi les deux agglomérations urbaines présente dans cette classe, Châtellerault et Angoulême (et

dans une moindre mesure Saintes), entrent dans une logique de diversification de leur peuplement –

à savoir qu’elles comptent de larges parts de populations précaires qui vivent dans des espaces

urbains particuliers et plutôt non-mixtes (quartiers prioritaires de la politique de la ville par

exemple). Cependant la part de ces populations s’amoindrit au fil des années, à la faveur soit de

déménagements, soit de l’arrivée de nouvelles populations moins défavorisées venant

mathématiquement faire baisser la proportion de ménages en difficulté, soit finalement par une

hausse du niveau de vie général.

Les couronnes urbaines de cette classe obéissent à des logiques « d’entre-deux » périurbain. Il s’agit

de territoires dont les caractéristiques sociales se situent entre celles que l’on retrouve dans les

banlieues aisées et celles que l’on retrouve dans le rurbain, accueillant des populations aux revenus

modestes accédant à la propriété par exemple. Les ménages vivant dans ces territoires ont des

revenus proches de la moyenne régionale, et se situent dans une interface entre les ménages

modestes recherchant un coût du foncier moindre en s’éloignant des centres, et les ménages aisés

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 144 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

occupant les premières couronnes de ces centres, au foncier élevé.

Enfin Royan Atlantique, l’Ile de Ré, le pays Marandais et l’EPCI Sud Charente, obéissent à des

logiques relativement similaires à celle des agglomérations « en rattrapage », à savoir qu’on observe

surtout une diversification de leur peuplement. La différence avec les agglomérations réside surtout

dans une plus grande attractivité de ces territoires (attractivité du littoral, proximité de La Rochelle

et des îles picto-charentaises), notamment auprès de personnes relativement âgées arrivant en fin de

carrière professionnelle. Cette attractivité des espaces littoraux vient se coupler à une autre logique,

moins idyllique, de « fuite » des ménages modestes des territoires les plus attractifs (La Rochelle

notamment) où ils ne peuvent plus supporter les charges liées à la propriété foncière ou au prix des

locations immobilières. En s’excentrant de ces grands pôles attractifs ils chercheraient un cadre de

vie plus « rural » ainsi qu’un moindre coût du foncier. On serait ainsi en présence, sur le littoral

charentais-maritime, d’une double logique de « gentrification-périurbanisation », résultant d’une

plus forte pression sur l’immobilier (la gentrification est un mouvement social marqué par le

réinvestissement des hyper-centres urbains par les populations les plus aisées, amenant les plus

modestes à entrer dans une logique d’éloignement de ces centres, occasionnant une part de la

périurbanisation croissante).

Classe n°1 : des territoires de première couronne urbaine, au profil plus aisé

Les EPCI de cette classe, au nombre de 7, regroupent des ménages davantage aisés que la moyenne

des ménages de la région, et sont situés en proximité directe des grandes agglomérations urbaines

de Charente et de Vienne. Les ménages vivant dans ces EPCI sont plus fréquemment en emploi et

plus fortement diplômées que la moyenne. On constate une sur-représentation forte des couples

avec enfants, des ménages imposables et des cadres, alors qu’au contraire les ouvriers, chômeurs,

personnes âgées vivants seules et les personnes sans diplôme sont fortement sous-représentés.

Il s’agit « typiquement » d’EPCI de première couronne, au foncier cher, dans lesquels les ménages

disposant d’assez de revenus peuvent jouir d’une proximité de l’urbain et du cadre de vie d’un

périurbain préservé. L’est de Poitiers (EPCI de Val Vert du Clain, Vienne et Moulière, Région de la

Villedieu-du-Clain) et la première couronne angoumoisine (Braconne et Charente, Charente Boeme

Charraud et Vallée de l’échelle) accueillent ainsi des ménages plus aisés que la moyenne régionale

(hormis les hyper-centres des grands agglomérations urbaines) ; sans les qualifier d’attractifs outre-

mesure, on peut dire que la structure du logement et le coût du foncier influencent largement le

profil démographique de ces territoires.

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Les Nouveaux Géographes 145 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

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Classe n°4 : les grandes agglomérations urbaines et leur voisinage proche

Ces EPCI, au nombre de 11, regroupent les agglomérations urbaines principales de Poitou-

Charentes (La Rochelle, Poitiers, Niort, mais pas Angoulême) et certains des EPCI limitrophes,

ainsi que Cognac. Ils ont peu ou prou les mêmes caractéristiques socio-démographiques, de

logement et d’emploi que les EPCI de la classe précédente (première couronne aisée) à la différence

que la population y est généralement plus jeune, les logements plus petits, et la part des personnes

vivant seules plus grande qu’en moyenne régionale. Ainsi les habitants sont moins souvent

propriétaires de leur logement malgré le fait qu’ils disposent de revenus plus élevés que la

moyenne. Une population jeune et en mobilité, typiquement des cadres en début de carrière

professionnelle, peuple ces territoires.

Il ne faut cependant pas, ici, généraliser à l’ensemble de la population : en effet la situation des

chef-lieu de département est spécifique au sens où ils concentrent à la fois des populations aisées et

des populations défavorisées. Quartiers « de relégation » et quartiers aisés se côtoient dans un

espace réduit, ce qui peut parfois être synonyme de tensions sociales et de véritables fractures, au

sein d’un même quartier. Ainsi même si ces EPCI sont catégorisés en tant que « plus favorisés » la

réalité sociale de terrain ne doit pas passer derrière l’interprétation de résultats statistiques qui

restent à interpréter en termes d’écarts à la moyenne régionale.

Les EPCI au profil moins favorisé

Classe n°2 : des territoires ruraux et vieillissants

18 EPCI composent cette catégorie, essentiellement des territoires éloignés des centres urbains ou

structurés autour de petits pôles locaux (Canton de St Jean d’Angély, Pays Montmorillonais,

Loudunais, Haute Saintonge…)

Ces territoires sont âgés et peu dynamiques : la part des plus de 65 ans vivant seuls dans une maison

dont ils sont propriétaires est plus élevée que la moyenne, de même que ces territoires ont perdu des

emplois entre 1999 et 2010. Les ménages sont plus souvent non-imposables, le chômage et la

proportion d’ouvriers dans la population étant plus élevés qu’ailleurs en région.

Cette classe de territoires a une grande spécificité, celle de concentrer des indicateurs de risque de

pauvreté des personnes âgées. En effet malgré la forte proportion de personnes vivant seules, on ne

rencontre que peu de familles monoparentales et peu de jeunes, ce qui laisse à penser que la

problématique-phare dans ces territoires serait bel et bien la pauvreté, la précarité énergétique et le

mal-logement des personnes âgées.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 146 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Classe n°3 : le « rurbain » des ménages modestes et ses contrastes

25 EPCI composent cette catégorie qui se distingue surtout par son implantation géographique, en

grande périphérie des villes, dans un espace que l’on peut qualifier de « rurbain », aux limites

externes du périurbain et à la frontière avec les espaces très ruraux.

Les personnes vivant dans ces territoires ont sensiblement les mêmes caractéristiques que ceux de la

classe précédente mais leurs EPCI affichent une image plus dynamique : la proportion de ménages

nouveaux arrivants et de ménages avec enfants est plus élevée qu’en moyenne. Il s’agit ici d’EPCI

« d’interface », assez éloignés des centres urbains et ce faisant, proposant des coûts du foncier

accessibles à des ménages aux revenus modestes qui pourraient y accéder à la propriété. La part des

propriétaires est cependant encore statistiquement légèrement moins importante qu’ailleurs en

région, mais Poitou-Charentes compte une très forte proportion de personnes propriétaires de leur

logement. Relativement peu dynamiques du point de vue de l’emploi ou de la démographie, on

retrouve en co-présence des personnes âgées et des jeunes ménages, signe que la morphologie

sociale de ces lieux est en train de changer.

L’enjeu pour le futur porterait sur les conditions futures d’existence de ces ménages aux revenus

modestes, moins mobiles que les personnes plus aisées, et qui connaissent dès aujourd’hui un risque

de pauvreté : les budgets familiaux sont serrés et un accident (perte d’emploi, etc.) peut venir

fragiliser l’équilibre précaire dans lequel vivent beaucoup de ces familles. Egalement, il faudra se

questionner sur les conditions de vie de ces ménages lorsqu’ils vieilliront, avec une augmentation

possible de la part des personnes âgées vivant dans des logements qui auront mal vieilli, et des

revenus de retraite faibles du fait de carrières professionnelles moins rémunératrices ou bien

entrecoupées de périodes de chômage.

Classe n°5 : les territoires très ruraux les plus exposés au risque de pauvreté

19 EPCI composent cette dernière classe, qui regroupe les territoires parmi les plus fragiles et qui

sont majoritairement très ruraux (espace central de la région du Confolentais au Mellois, sud

Charente, région autour de Parthenay…) Les indicateurs socio-économiques et démographiques

sont systématiquement moins favorables qu’ailleurs en région : le chômage, la part des inactifs, des

ouvriers, sont plus élevés, ainsi que la part des personnes âgées vivant seules ; la part de ménages

imposables est largement inférieure au reste de la région. L’isolement et le vieillissement de la

population, ainsi qu’une moins grande formation initiale et des emplois moins qualifiés, fragilisent

grandement les personnes ; la moins grande part de personnes imposables fragilise les collectivités.

Ces territoires seraient donc ceux où le risque global de pauvreté serait le plus important du modèle.

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 147 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Table des matières

Une photographie de la pauvreté monétaire : 246 700 personnes pauvres

en Poitou-Charentes en 2010……………………………………………………………...…….p. 3

La pauvreté augmente en région comme en France…………………………………………...p. 9

Vivre la pauvreté : une approche par les inégalités et la dispersion des revenus………..….p. 11

Poitou-Charentes, une région dans la moyenne Française…………………………………….p. 12

Les EPCI de Poitou-Charentes, inégaux face aux niveaux de vie : la ruralité et les communautés

urbaines plus touchés par la pauvreté que les périphéries…………………………………….……. P. 14

Inégalités et dispersion des revenus …………………………………………………….………….p. 18

La notion d’intensité de la pauvreté……………………………………………………………..….p. 23

Qui sont les pauvres ?..................................................................................................................p. 25

Quelle situation en Poitou-Charentes ?.........................................................................................p. 26

Pauvreté selon l’âge : les jeunes plus touchés par la pauvreté que les seniors, mais ceux-ci sont plus

pauvres en Poitou-Charentes……………………………………………………………………….. P.27

Les femmes seules, retraitées ou en charge de familles monoparentales, plus touchées par la

pauvreté – les familles nombreuses également ……………………………………………………p. 28

Pauvreté selon le lieu de vie : les communes rurales isolées fortement touchées par des situations

de pauvreté, situations dont sont plus épargnées les zones périurbaines………………………p. 32

Pauvreté selon la profession et la catégorie sociale : agriculteurs et ouvriers restent les

professionnels les moins bien rémunérés en région Poitou-Charentes……………………..…..p. 34

Pauvreté selon l’origine : le sort toujours plus difficile des personnes immigrées…………..p. 35

Les bénéficiaires de minima sociaux……………………………………………………………p. 37

Les bénéficiaires du RSA : hausse continue depuis 2008 …………………….……….…………..p. 37

Le RSA Socle : 2 400 allocataires de plus en 2012 ……………………………………………...p. 37

Faible progression du RSA-activité …………………………………………………………….….p. 39

Le renoncement aux droits sociaux ……………………………………………………….…....p. 39

Un taux de non-recours différencié en fonction de la situation et du statut des personnes ……..p. 40

Les raisons déclarées du non-recours ………………………………………………………..……p. 42

Le surendettement des ménages : quelle réalité en Poitou-Charentes ? ………………………p. 44

Un recours relativement élevé au RSA-jeunes…………………………………………………p. 45

Handicap et dépendance : les allocataires de l’AAH et de l’APA………………………………p. 46

Les allocataires de l’ASS……………………………………………………………………………..p. 47

Les bénéficiaires et la population couverte par la CMUc………………………..………….p. 48

Zoom sur les populations des quartiers prioritaires de la politique de la Ville …………...…..p. 52

Les revenus dans les quartiers prioritaires et la définition

de la nouvelle géographie prioritaire…………………………………………………………..….p. 57

Charente : Angoulême et Cognac………………………………………………………………….….p. 58

Charente-Maritime : La Rochelle, Rochefort et Saintes………………………………………....p. 59

Deux-Sèvres : Niort……………………………………………………………………………………p. 60

Vienne : Poitiers et Châtellerault……………………………………………………………….….p. 60

Conclusion de la première partie…………………………………………………………………….p. 62

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 148 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

Deuxième partie………………………………………………………………………………….p. 65

Parentalité, éducation, formation……………………………………………………………..p. 66

Une région peu qualifiée : 6 personnes sur 10 disposent

au maximum d’un CAP ou équivalent……………………………………………..………….p. 66

L’entrée des jeunes dans la vie active …………………………………………………….……p. 69

Une hausse des sorties du système scolaire sans diplôme, en parallèle d’une élévation du niveau de

qualification de la population et des jeunes………………………………………………….……p. 70

Des inégalités sociales dans l’accès aux filières les plus « prestigieuses »…………….……..p. 73

Un accès au premier emploi plus difficile en temps de crise………………………………….…p. 74

Les trajectoires d’entrée dans la vie active des jeunes sortants du système scolaire : une insertion

rapide et durable plus difficile en temps de crise, un « noyau dur » de jeunes exclus du marché du

travail…………………………………………………………………………………………..………p. 78

Une insertion différente selon les niveaux de diplôme atteints…………………………………p. 82

L'éducation primaire et la parentalité…………………………………………………….…..p. 84

Les structures d’accueil de la petite enfance en Poitou-Charentes………………………….…p. 84

Les professionnels de l’accueil de la petite enfance en Poitou-Charentes…………………....p. 85

Conclusion……………………………………………………………………………………….……p. 86

Travail et emploi……………………………………………………………………………..…p. 87

Structure par CSP de la population……………………………………………………………p. 87

Géographie du chômage : Poitou-Charentes en situation médiane, les départements des

Charentes plus exposés ……………………………………………………………………..…..p. 91

L’évolution du chômage…………………………………………………………………..…………p. 94

Qui sont les chômeurs ?.................................................................................................................p. 96

4 demandeurs d’emploi sur 10 sont inscrits depuis plus d’un an à Pôle Emploi…..………..p. 97

Le marché du travail en Poitou-Charentes en 2012 : davantage de demandeurs que d’offres

d’emploi ………………………………………………………………………………………p. 98

Les travailleurs pauvres en Poitou-Charentes…………………………………………………..p. 98

Les bénéficiaires de contrats aidés……………………………………………………………p. 99

Les emplois aidés dans le secteur marchand…………………………….………………….……p. 100

Les emplois aidés dans le secteur non-marchand………………………………………………..p. 101

Conclusion……………………………………………………………………………………………p. 102

Logement-Hébergement………………………………………………………………….…..p. 104

La suroccupation des logements, une problématique peu saillante à l’échelle régionale……p. 104

Les logements sociaux et leurs locataires en Poitou-Charentes……………………………p. 105

Le parc HLM concentré dans les agglomérations urbaines…………………………….……….p. 105

Qui sont les locataires du parc social et quelles sont leurs difficultés spécifiques ? ………..p. 108

Le Parc Privé Potentiellement Indigne (PPPI) : 48 000 logements concernés, près de 7 % du parc

résidentiel privé…………………………………………………………………………….….p. 112

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Etat des lieux de la pauvreté en Poitou-Charentes Septembre 2013

Les Nouveaux Géographes 149 Direction Régionale de la Jeunesse des Sports

et de la Cohésion Sociale Poitou-Charentes

La précarité énergétique : un enjeu crucial pour l’avenir………………..………………..p. 116

15 % des ménages picto-charentais concernés…………………………………………..……..p. 117

Une personne vivant seule sur trois exposée……………………………………………..……..p. 119

Les jeunes, les personnes âgées, et les inactifs plus sévèrement touchés…………..………..p. 119

Les caractéristiques des logements, un autre facteur de précarité énergétique……………p. 121

Deux profils-type de population bien identifiés……………………………………………..….p. 123

La problématique spécifique des personnes sans abri et des

centres d'hébergement sociaux………………………………………………………………p. 123

Les sans-abris en Poitou-Charentes………………………………………………..………..p. 123

L’état du dispositif d’hébergement existant au regard des besoins dans les territoires…..p. 124

Conclusion…………………………………………………………………………………………..p. 127

Santé et accès aux soins………………………………………………….…………………….p. 128

Etat des lieux de santé en Poitou-Charentes……………………………………….………..p. 128

Profils de santé issus de l’exploitation du Baromètre Santé Poitou-Charentes 2010………..p. 128

Les inégalités sociales de santé………………………………………………………………..….p. 129

La santé perçue et la satisfaction de la vie des enfants scolarisés ……………………….………p. 130

Une typologie socio-sanitaire des cantons de Poitou-Charentes : les territoires ruraux plus fragiles

du point de vue des indicateurs de santé…………………………………………………………..p. 131

Les dépenses de santé à la lumière des spécificités des territoires ……………………………p. 133

Le renoncement aux soins………………………………………………………….…………..p. 137

Conclusion……………………………………………………………………………………….…….p. 138

Un essai de typologie des EPCI au regard des indicateurs de risque de pauvreté recensés dans

l'étude…………………………………………………………………………………….…..…p. 139

Les variables prises en compte dans le modèle ………………………………………..…..…….p. 141

Les EPCI au profil plus favorisé…………………………………………………….……….p. 143

Les EPCI au profil moins favorisé…………………………………………………..………p. 145