Etat sanitaire des poissons de la Vilaine€¦ · CILIES PERITRICHES SESSILES Epistylis, Ambiphrya/Scyphidia Glossatella/Apiosoma Ichtyophtirius multifiliis, Cryptocaryon irritans,

Réunion d'expertise sur la Bucéphalose - IAV - 22/09/2008

Docteur Patrick GIRARDVétérinaire halieute

[email protected]

Etat sanitaire des poissons de la Vilaine

Avec une attention particulière pour la bucéphalose lavaire


I°Partie


Les principales maladies des poissons


1 : Les maladies à agents non biologiques (= non parasitaires)

�Les tumeurs�Les désordres nutritionnels�Les maladies associées à une mauvaise

adéquation des paramètres physico-chimiques de l’eau (température, oxygène, pH, sursaturation gazeuse,...)

�Les maladies causées par le stress .


2. Les maladies à agents biologiques

�Les maladies virales

�Les maladies bactériennes

�Les maladies parasitaires :- Maladies à Protozoaires- Maladies à Métazoaires


Sphaerospora

Agent de l’Hépatonéphrite parasitaire

Kudoa

Ceratomyxa

Henneguya

Myxobolus sp.

Myxidium sp.MYXOSPORIDIES

Pleistophora oolyticaMICROSPORIDIES

Trichodina sp. , TripartiellaCILIES PERITRICHES MOBILES

Epistylis, Ambiphrya/Scyphidia Glossatella/ApiosomaCILIES PERITRICHES SESSILES

Ichtyophtirius multifiliis, Cryptocaryon irritans, Chilodonella sp., Tetrahymena

CILIES HOLOTRICHES

Eimeria sp.COCCIDIES

Oodinium

Hexamita (Octomitus)

Cryptobia sp.

Costia necatrix (Ichtyobodo necator)FLAGELLES

ParamoebaRHIZOPODES

Principaux Protozoaires parasites


Saprolegnia sp., BranchiomycesPHYCOMYCETES

GlochidiumGLOCHIDIES

Piscicola geometraHIRUDINES

Argulus sp.CRUSTACES BRANCHIOURES

Nerocila orbignyi, Anilocra physodesCRUSTACES ISOPODES

Tracheliastes polycolpus, Lernea cyprinacea, Ergasilussieboldi, Lepeophteirus salmonis

CRUSTACES COPEPODES

Pomphorhynchus laevis, A.clavula, Acanthocephalus anguillaeACANTHOCEPHALES

Cystidicola farionis, Rhabdochona hellichi, Contracoecum; Anguillicola crassus; Anisakis simplex; Philometra sp.

NEMATODES

Caryophyllidae; Ligula intestinalis; Eubothrium crassum; Trianophorus nodulosus

CESTODES

Bucephalus polymorphusDiplostomum spathaceum; Cryptocotyle;

TREMATODES

Dactylogyrus sp., Pseudodactylogyrus anguillae, Pseudodactylogyrus bini, Neodactylogyrus sp.; Gyrodactylus sp.; Diplozoon sp. (gracile); Diplectanum aequens et laubieri, Furnestinia echeneis, Microcotyle chrysophrii

MONOGENES

Principaux Métazoaires parasites


Les Trématodes


Les Trématodes

Ce sont des vers plats non segmentés, de 0,5 à 2 mm delongueur, pourvus de deux ventouses, l’une buccale, l’autreventrale ou postérieure. Leur cycle biologique fait intervenir au moins deux hôtes,dont un mollusque comme hôte intermédiaire et, commehôtes définitifs, un mammifère, un poisson ou, fréquemment,un oiseau ichtyophage.Parasites polyxènes (i.e. leur cycle fait intervenir plusieurshôtes), ils sont responsables d’affections très variées plus ou moins graves : oculaires, circulatoires, musculaires ouviscérales. On les observe chez quelques salmonidés, dont la truitefario, mais surtout chez la plupart des cyprinidés des régionstempérées et chaudes.


Cycle biologique général des Trématodes


Organisation générale d’un Trématode


La bucéphalose larvaire


Bucephalus polymorphus

L’agent : trématode digène, mesurant de 1 à 2 mm sur 200 à 350 µ.

Espèces sensibles : sensibilité +++ : BAF, BRE, CHE, GAR, ROTsensibilité ++ : ABL, GOU, HOT sensibilité + : PER, BRO, Centrarchidaerésistance +++ : Cottidae, ANG

Epidémiologie :

1- La transmission :- 1°HI : Dreissena polymorpha : héberge les sporocystes - 2°HI, jeunes sandres ou cyprinidés : hébergent les métacercaires,- 3°HD, généralement le sandre , chez qui a lieu la reproduction.

2- Les conditions : la maladie se déclare quand la température atteint 20 à22°C.




Sandre

Cycle de la bucéphalose larvaire

�

�

�Oeufs

Cercaires

Ingestion Bucephalus adultes

Sporocystes

Miracidium

�

Dreissena polymorpha

�

Cyprinidé (gardon)

Métacercaires

�


Impacts et conséquences

Symptômes et lésions :

1°: la bucéphalose intestinale des carnassiers : adultes dans l’intestin de HI (en général : SAN). Signes bénins

2°: la bucéphalose génitale des dreissènes �� stérilisation 3°: la bucéphalose larvaire des cyprinidés due à pénétration

massive dans la peau puis l’enkystement dans les nageoires, les muscles, l’œil, le cerveau de cyprinidés de métacercaires d’environ 600 à 700 µ. Signes : congestion , hémorragies et nécroses sous-cutanées (bouche, nageoires).

Mortalités : Maladie gravissime, fortes mortalités de poissonssauvages

Diagnostic : Aisé, par microscopie optique


Métacercaires enkystées dans rayons de nageoire


Adultes de Bucephalus polymorphus photographiéesau microscope optique (photo : P. GIRARD)


II°Partie


« Evaluation de la condition sanitaire de fractions de populations de poissons de la Vilaine avec une

attention particulière pour la Bucéphalose chez le Sandre »

Résultats de l’étude réalisée en mai 2008


Position du problème

Depuis l’automne 2007, de nombreusesobservations sur la Vilaine ont montré :- une raréfaction des populations de Cyprinidés,- un amaigrissement significatif des sandres.

Pour expliquer ce phénomène, plusieurshypothèses ont été émises, dont celle de laBucéphalose larvaire , une maladie parasitaireredoutable.


Matériel et méthodes

Des prélèvements de sandres ainsi que des poissons de plusieurs espèces deCyprinidés ont été effectués sur deux secteurs de la Vilaine

Prélèvements et échantillonnagesAval de Redon :Les captures ont été réalisées à l’aide de filets et de verveux (anguilles) Amont de Redon :Les captures ont été réalisées à l’aide de filets et par pêche électrique

Les engins de pêche ont été posés par monsieur MACE, pêcheur professionnel, et lapêche électrique a été effectuée par les agents de l ’ONEMA.

Examens et analysesSur chaque poisson échantillonné ont été entreprises les investigations suivantes :- l’identification de l’espèce - les mesures biométriques : longueur totale, poids e t indice de condition (Ic) - des examens macroscopiques externes et internes- des examens parasitologiques externes et internes.


Résultats et commentaires (1)

84Amont Redon

28Aval Redon

ΣΣΣΣ = 112Stations

�� Résultats relatifs aux échantillonnages

15512661930N/Esp : amont Redon

05001110110N/Esp : aval Redon

TANSANROTPERGARBREBRBANGABLEspèces

112 poissons, représentant 9 espèces



0,723 (N = 5)0,766 (N = 5)Ic moyen

Amont RedonAval RedonStations

�� L’indice de condition (Ic) des sandres

Ces valeurs de l’Ic sont globalement équivalentes entre les lots aval et amont (0,766 # 0,723)

En revanche, elles sont significativement inférieur es à celles calculées sur des sandres échantillonnés sur 3 stations de la rivière Tarn lo rs d’une étude similaire réalisée en 2005 (GIRARD, 2006):- Ic moyen calculé pour l’ensemble des 58 individus éc hantillonnés = 0,811- Icm respectifs/N ind. : 0,806/29; 0,802/23 ; 0,867/6

Pour les sandres, l’Ic moyen calculé pour les 10 individus capturés est égal à 0,744

Cette différence pourrait traduire l’effet négatif du parasitisme à B. polymorphus sur les sandres de la Vilaine alors que ceux du Tarn n’ étaient pas ou que très peu parasités.



35,3% 32,0%

Prévalences gobales des lésions externes

Aval

Amont

24/75 = 32%Amont Redon

6/17 = 35,3%Aval Redon

P% globaleStations

�� Les « codes patho » externes

�� Sandres : la plupart présentent un état de maigreur * caractérisé. Sinon :- Aval de Redon : absence de lésions externes chez les 5 ind.- Amont de Redon : lésions chez 4/5 : NEQ (1) ; UHC (1) ; PCC (1) : COY (1)

�� Autres espèces : sur 82 poissons (ANG non incluses) :Nature et nombre de lésions : Erosions* (7); Hémorragies* (7); Nécroses* (10); Ulcères hémorragiques* (4); Déformations (1); Points noirs* (1).* En relation possible ou probable avec la bucéphalose avec surinfection bactérienne de seconde intention


Interprétation des données « Codes patho »

Les « Codes pathologie » permettent deux sortesd’interprétation :

1- l’une rend compte de la condition sanitaire des populations de poissons,2- l’autre rend compte de la qualité de l’eau et de l’habitat.

L’une et l’autre se basent sur les niveaux de prévalence des altérations ou des infestationsparasitaires à l’échelle des populations ou desfractions de populations.


1- Interprétation permettant de rendre compte de la

condition sanitaire des poissons

> 5%> 2 - 5%0 - 2%Prévalence des individus avec une ou plusieurs des anomalies externes suivantes : Déformations, Erosions, Lésions et Tumeurs

précairedétérioréebonneCondition des poissons �

Grille en vigueur au Québec et aux USA (d’après KARR et al., 1986) :

�� En se référant à cette grille, la santé des poissons de la Vilaine est considérée comme précaire puisque la prévalence des lésions observées est très nettement supérieure à 5%.


2- Interprétation permettant de rendre compte de la

qualité de l’eau et de l’habitat

mauvaiseHCtrès forte> 35 %

médiocre3forte20-35 %

moyenne2moyenne5-20 %

bonne1 Bfaible1-5 %

excellente1 Anon significative0-1 %

Qualité de l’eau Classes Agence PerturbationPrévalences

Correspondance entre taux de prévalence et classes de qualité« Agences de l’Eau » (GIRARD, 1998)

En se référant à cette grille, la qualitéde l’eau de la Vilaine apparaît médiocre , voire mauvaise ��

24/75 = 32%6/17 = 35,3%Classe qualité

Amont RedonAval RedonStations


Quelques illustrations…


Déformation de la colonne vertébrale d’un chevesne

�


Chevesne : nécrose et amputation partielle du pédoncule caudal


Ulcère hémorragique chez une carpe


Hémorragies généralisées sur des carpes communes


Erosions et hémorragies cutanées chez une brème


Points noirs chez un gardon


Métacercaires de Trématodes dans la chambre intérieur d’un œil



� Chez les sandres:Il a été observé au niveau de la muqueuse interne de l’intestin chez 9sandres / 10 : chez les 5 sandres capturés à l’aval et chez 4 sandresde l’amont. L’abondance parasitaire est trtr èès fortes forte 8 fois sur 9, faible une fois. NB: le sandre indemne est le plus gros individu capturé (820mm/4425g).

� Chez les dreissènes:Des Dreissènes - 1°hôte intermédiaire dans le cycle d u parasite - ont faitl’objet d’une surveillance de 12 heures destinées à vérifier l’émissionéventuelle de cercaires.1 seule cercaire a pu être mise en évidence dans une moule, etl’examen de l’eau du bocal dans lequel elles ont été entreposées n’arévélé la présence d’aucune forme parasitaire.

�� Le trématode Bucephalus polymorphus


Discussion

-Prévalence globale d’infestation par Bucephalus polymorphus = 90%(9 poissons / 10), -Abondance parasitaire très forte : plusieurs centaines d’adultes dansl’intestin chez 8 sandres / 9,-Pas d’influence de la taille des sandres : parasite observé chezindividus > 600mm et chez individus < 500 mm.

Chez les cyprinidés, les impacts de la bucéphalose ne sont pas encoreau maximum à cette période de l’année, les conditions thermiques dumilieu n’étant pas suffisamment favorables au développement optimaldu parasitisme.

De ce fait, la reproduction des adultes de B. polymorphus dans le TDdes sandres ne s’est pas encore pleinement réalisée. C’est pourquoi 1seule cercaire a pu être décelée chez les Dreissènes stabulées pendant12 heures dans une eau à température ambiante.


Discussion, suite

De ces observations découlent les conclusions suivantes :

� La bucéphalose est bien réelle sur la Vilaine ;

� Elle affecte à la fois la population de sandres et plusieurs espèces descyprinidés (= bucéphalose larvaire) ;

� Les impacts parasitaires risquent d’être encore plus sévères chez lescyprinidés en été (températures de l’eau optimales);

� Son impact chez les sandres se traduit par un Ic faible, un état de maigreur(observé chez plusieurs sujets), une entérite mucoïde importante et, chezcertains individus, par des lésions externes. Ces dernières peuvent être laconséquence soit directe du parasite (par exemple, les problèmes oculairesdus à la migration des cercaires relarguées dans le milieu par les dreissènes),soit indirecte par affaiblissement et stress des poissons qui, alors, deviennentplus sensibles et réceptifs à diverses contaminations à agents biologiques(bactéries, parasites) ou chimiques (micropolluants)


1. Le succès du parasitisme dépend étroitement de la probabilité de rencontre entre l’hôte et le parasite, le principal facteur de rencontre étant la densitérespective des hôtes et des parasites (COMBES, 1995).

Discussion, fin

� Or, sur la Vilaine, les populations de Dreissènes, 1°hôte intermédiaire obligatoire du cycle parasitaire de B. Polymorphus, de cyprinidés et de Sandres semblent être (ou avoir été ?) particulièrement abondantes.

2. Le parasitisme est maximum chez les Dreissènes de 2-3 ans et de taille supérieure à 10-15 millimètres (TUFFERY, 1977 ; WALLET & LAMBERT, 1986).

� Or, de nombreuses Dreissènes sont de taille supérieure à 10-12 mm.

Aussi, on peut considérer que, dans les conditions d’observation de cette étude, le parasitisme a pu se développer de façon maximale au cours des mois précédents (fin d’été et automne 2007), et l’on peut s’attendre désormais, dans un premier temps, à une diminution significative des populations de cyprinidés et, consécutivement à cette première étape et à plus ou moins long terme, àune diminution de la population de sandres par raréfaction de la ressource trophique.


Conclusion (1)

Cette étude apporte un certain nombre de renseignements :

1. La qualité de l’eau de la Vilaine , évaluée à partir d’un indicateur biologique pertinent (« les Codes pathologie »), est moyenne à médiocre.

2. Le bilan sanitaire fait état de perturbations des populations pisciaires relativement importantes. Ces perturbations sont essentiellement d’origine biologique (parasitaire et, éventuellement, bactérienne par surinfection), et vraisemblablement corrélées à la médiocre qualité de l’eau

3. La bucéphalose larvaire , appréciée via la densité des sandres et leur parasitofaune interne, la forte densité de Dreissènes et la raréfaction des cyprinidés (« poisson fourrage »), est un problème endémique bien réel sur la Vilaine.


Conclusion (2): mesures visant à limiter le développement de la bucéphalose

-Actions sur le milieu :� augmenter les débits et la vitesse du courant: ???� pH acide� pollution (!) � limiter les déplacements des embarcations (barques des

pêcheurs) + traitements «antifouling»� non rejet dans la rivière de l’eau ayant servi au transport des poissons (vifs par exemple) car elle peut contenir de grandes quantités de larves véligères…

-Actions sur l’hôte définitif (Sandres):� limiter les populations et privilégier autres carnassiers� empoissonnements avec garanties sanitaires� vaccination (?)

-Actions sur le I°HI (Dreissènes) :� prédateurs éventuels (mais risque éco-biologique) : poissons, rats, canards, foulques, écrevisses Orconectes, éponges et l’Amphipode Corophiumcurvispinum� molluscicides (lesquels : chlore ? Acide cyanurique ?) � à tester


Conclusion (3)

Enfin, dans le but d’optimiser les connaissances en matière d’écopathologiedans le bassin de la Vilaine, il serait intéressant de poursuivre cette étudeselon deux axes de recherche principaux :

1. Mettre en place un réseau d’épidémiosurveillance visant à suivre defaçon spatio-temporelle l’évolution de la bucéphalose larvaire et à en évaluerles impacts sur les populations piscicoles du BV de la Vilaine, en réalisant deséchantillonnages et des examens :

� complémentaires sur la partie amont du BV pour déterminer le gradient d’infestation amont-aval ;� plusieurs années consécutivement et au cours de 2 saisons - printemps et automne - pour suivre l’évolution saisonnière de l’intensité du parasitisme chez les sandres, mais également chez l’ensemble des autres carnassiers (brochets, perches, silures) ainsi que chez les cyprinidés et les Dreissènes.

2. Apprécier la qualité toxicologique des individus selon des méthodes semiqualitatives, en recherchant notamment les effets réciproques du parasitisme etdes niveaux de contamination chimique (minérale et organique) à l’échelle despeuplements.


Merci pour votre attention !

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