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On ne peut évoquer la médecine traditionnelle ou familiale en Haïti sans rappeler ses racines et son pouvoir (surnaturel ?) qui a permis à une population déracinée - issue de différentes ethnies, pays et cultures qui ont beaucoup souffert, de construire son histoire et de traverser les âges en créant son identité et sa culture propres, l’haïtianité. La médecine traditionnelle est évidemment liée au vaudou, elle est même l’un de ses plus beaux témoignages  : la volonté de soulager les douleurs et de renforcer les âmes contre les attaques extérieures. A l’heure actuelle, cependant, et malgré une adhésion importante des Haïtiens, la médecine traditionnelle ne suscite que peu d’intérêt de la part des classes dirigeantes dans le pays. Ses avantages sont pourtant indéniables  : elle est facile à utiliser, disponible sur tout le territoire, bon marché, elle n’a que peu d’effets secondaires et surtout ... Elle est infiniment haïtienne. 1 Newsletter - Hiver/Printemps 2018 Bulletin d’information Douleurs Sans Frontières L’ethnobotanique, mot combinant les termes ethnologie et botanique, se définit comme l’étude des relations entre les plantes et l’homme. C’est une sous-discipline de l’ethnobiologie, discipline qui a émergé dans la seconde moitié du xxe siècle et qui étudie les relations entre l’homme et le reste du monde vivant. L’ethnobotanique repose à la fois sur la connaissance fondamentale des plantes et sur celle des sociétés humaines. Elle fait donc appel aux outils de la systématique botanique (flores locales, clés d’identification...) et à ceux des ethnologues pour connaître les usages des plantes dans les sociétés traditionnelles (observations des modes de vie, enquêtes auprès des populations locales...). Ethnobotanique : Les médicaments issus des plantes VERNISSAGE DE NOTRE EXPOSITION « 2O ANS D’ACTIVITES EN PHOTOS » Le 14 novembre, était présent notre parrain Enki Bilal qui s’est tout spécialement déplacé pour le vernissage de notre exposition ainsi que le Professeur Alain Serrie, Président de notre Association. Enki Bilal a pu à cette occasion, dédicacer une dizaine d’exemplaires du dessin qu’il a spécialement réalisé pour DSF. Nous le remercions tout particulièrement ainsi que toutes les personnes présentes à cet événement. Merci également au Centre de la Tour des Dames qui nous a accueillis tout le mois de novembre. LES MEDICAMENTS ISSUS DES PLANTES .2 L’ACTION DE DSF - HAITI .3 ACTUALITÉS & ÉVÉNEMENTS .4 Hélène Branco, Directrice Nationale de l’antenne DSF à Haïti. ÉVÈNEMENTS & ACTUALITÉS Douleurs Sans Frontières recherche des bénévoles pour un appui à la réalisation d’événements ponctuels et au siège de l’association. N’hésitez pas à nous contacter pour avoir plus d’informations et nous rejoindre. Il n’y a pas de différence entre théine et caféine car c’est en réalité la même molécule ! Mais elles n’agissent pas de la même façon dans notre corps. Deux raisons à cela : La quantité. il y a de trois à quatre fois moins de caféine dans une tasse de thé que dans une tasse de café. Une assimilation par le corps différente : dans le café, la théine est complètement biodisponible, c’est à dire qu’elle passe immédiatement dans le sang. Dans le thé, la théine est associée aux tanins du thé, qui retardent son assimilation dans l’organisme, et a ainsi des effets plus lissés dans le temps que le café. C’est pour cela qu’on parle d’un effet stimulant de 3 à 6 heures pour le thé et d’un effet excitant «coup de fouet» plus court pour le café. é, café - Quelle différence ? BÉNÉVOLAT RÉDACTRICE EN CHEF : Anne-Gaël Roure SECRÉTAIRE DE RÉDACTION, MAQUETTE ET CONCEPTION : Mehdi Redissi CRÉDIT PHOTO: DSF

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Page 1: Ethnobotanique : Les médicaments issus des plantes · l’étude des relations entre les plantes et l’homme. C’est une sous-discipline de l’ethnobiologie, ... cas en Chine

On ne peut évoquer la médecine traditionnelle ou familiale en Haïti sans rappeler ses racines et son pouvoir (surnaturel ?) qui a permis à une population déracinée - issue de différentes ethnies, pays et cultures qui ont beaucoup souffert, de construire son histoire et de traverser les âges en créant son identité et sa culture propres, l’haïtianité. La médecine traditionnelle est évidemment liée au vaudou, elle est même l’un de ses plus beaux témoignages   : la volonté de soulager les douleurs et de renforcer les âmes contre les attaques extérieures. A l’heure actuelle, cependant, et malgré une adhésion importante des Haïtiens, la médecine traditionnelle ne suscite que peu d’intérêt de la part des classes dirigeantes dans le pays. Ses avantages sont pourtant indéniables   : elle est facile à utiliser, disponible sur tout le territoire, bon marché, elle n’a que peu d’effets secondaires et surtout ... Elle est infiniment haïtienne.

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Newsletter - Hiver/Printemps 2018Bulletin d’information

Douleurs Sans Frontières

L’ethnobotanique, mot combinant les termes ethnologie et botanique, se définit comme l’étude des relations entre les plantes et l’homme.

C’est une sous-discipline de l’ethnobiologie, discipline qui a émergé dans la seconde moitié du xxe siècle et qui étudie les relations entre l’homme et le reste du monde vivant. L’ethnobotanique repose à la fois sur la connaissance fondamentale des plantes et sur celle des sociétés humaines.

Elle fait donc appel aux outils de la systématique botanique (flores locales, clés d’identification...) et à ceux des ethnologues pour connaître les usages des plantes dans les sociétés traditionnelles (observations des modes de vie, enquêtes auprès des populations locales...).

Ethnobotanique : Les médicaments issus des plantes

VERNISSAGE DE NOTRE EXPOSITION « 2O ANS D’ACTIVITES EN PHOTOS »

Le 14 novembre, était présent notre parrain Enki Bilal qui s’est tout spécialement déplacé pour le vernissage de notre exposition ainsi que le Professeur Alain Serrie, Président de notre Association.

Enki Bilal a pu à cette occasion, dédicacer une dizaine d’exemplaires du dessin qu’il a spécialement réalisé pour DSF.

Nous le remercions tout particulièrement ainsi que toutes les personnes présentes à cet événement.

Merci également au Centre de la Tour des Dames qui nous a accueillis tout le mois de novembre.

LES MEDICAMENTS ISSUS DES PLANTES .2

L’ACTION DE DSF - HAITI .3

ACTUALITÉS & ÉVÉNEMENTS .4

Hélène Branco, Directrice Nationale de l’antenne DSF à Haïti.

ÉVÈNEMENTS & ACTUALITÉS

Douleurs Sans Frontières recherche des bénévoles pour un appui à la réalisation d’événements ponctuels et au siège de l’association. N’hésitez pas à nous contacter pour avoir plus d’informations et nous rejoindre.

Il n’y a pas de différence entre théine et caféine car c’est en réalité la même molécule ! Mais elles n’agissent pas de la même façon dans notre corps.

Deux raisons à cela : La quantité.il y a de trois à quatre fois moins de caféine dans une tasse de thé que dans une tasse de café.

Une assimilation par le corps différente : dans le café, la théine est complètement biodisponible, c’est à dire qu’elle passe immédiatement dans le sang.

Dans le thé, la théine est associée aux tanins du thé, qui retardent son assimilation dans l’organisme, et a ainsi des effets plus lissés dans le temps que le café. C’est pour cela qu’on parle d’un effet stimulant de 3 à 6 heures pour le thé et d’un effet excitant «coup de fouet» plus court pour le café.

Thé, café - Quelle différence ?

BÉNÉVOLAT

RÉDACTRICE EN CHEF : Anne-Gaël Roure

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION, MAQUETTE ET CONCEPTION :

Mehdi Redissi

CRÉDIT PHOTO: DSF

Page 2: Ethnobotanique : Les médicaments issus des plantes · l’étude des relations entre les plantes et l’homme. C’est une sous-discipline de l’ethnobiologie, ... cas en Chine

Les morphiniques (Morphine, codéine, papavérine… etc), substances destinées au douleurs intenses, sont extraits de l’opium qui lui-même est un produit du pavot blanc pour les plus actives d’entre elles.

Les pavots, genre Papaver, font partie de la famille des Papaveraceae. Un représentant très connu du genre papaver est le coquelicot (Papaver rhoeas) mais i l en existe de nombreux autres.

Les pavots contiennent des alcaloïdes et leur nom peut évoquerl’opium ou l’héroïne (matière transformée) mais il ne faut pas oublierl’importance des propriétés analgésiques et sédatives de la morphine,de la codéine et de la thébaïne qui sont aussi issus de ces plantes.

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Les médicaments issus des plantes L’action de DSF à Haïti

L’objectif de l’étude consistait à déterminer les connaissances et les pratiques des familles haïtiennes en matière de prise en charge des symptômes et/ou des pathologies douloureuses par les plantes. Elle nous a également aidé à mieux comprendre la logique du recours aux soins des populations locales dans un contexte où la médecine conventionnelle et les médicaments sont souvent inaccessibles, indisponibles et leur coût bien trop élevé.Les données récoltées ont mis en évidence la place prépondérante qu’occupe la médecine traditionnelle et familiale pour les symptômes et les pathologies douloureux identifiés

dans l’étude : rhumatisme, lombalgie, drépanocytose et dernière douleur ressentie.Enfin, ce travail a permis de voir l’étendue des remèdes utilisés, d’identifier les plantes et aliments présentant un intérêt tout particulier pour des recherches plus approfondies et d’envisager d’éventuelles complémentarités entre médecine traditionnelle et médecine conventionnelle pour la prise en charge de certaines douleurs. Cette articulation entre les deux médecines pourrait alors, comme c’est le cas en Chine et à Cuba, faire progresser l’offre et la qualité de la santé publique haïtienne.

Très pratiquée dans le milieu paysan haïtien, la médecine traditionnelle constitue généralement le premier réflexe en cas de maladie ou de prévention. Certains habitants qui n’ont pas la possibilité de payer les soins médicaux s’accrochent solidement aux recettes des plantes avec lesquelles ils se croient moins exposés aux effets secondaires. La richesse de la flore haïtienne permet d’espérer trouver des moyens de soulagement efficaces à base de plantes avec un maximum de bénéfices thérapeutiques et un minimum de risques, sachant que, si beaucoup de plantes n’ont pas d’effets secondaires lorsqu’elles sont utilisées à des doses connues et normalisées, certaines ont des effets toxiques pouvant être graves, même à faible dose. Ces constats soulignent encore une fois l’importance de la connaissance sur les plantes médicinales et le rôle des monographies* dans l’utilisation à bon escient de |

| substances médicamenteuses d’origine végétale.Les travaux de recherche doivent se poursuivre, notamment les études chimiques permettant d’identifier les principes actifs des plantes. La mise en place de formations universitaires spécifiques et d’un laboratoire national permettrait de développer cette recherche au niveau du pays, d’assurer un contrôle de la qualité et la validation de protocoles d’usages.

On considère actuellement que près de 60% des médicaments chimiques présents sur le marché sont issus ou dérivés de substances naturelles, généralement d’origine végétale.

Les plantes ont, de tout temps, été utilisées pour leurs propriétés antidouleurs et leurs principes actifs ont d’ailleurs inspiré nombre de médicaments antalgiques de référence. En voici quelques exemples.L’aspirine, l’un des médicaments les plus utilisés au monde et qui possède de nombreuses propriétés antalgique (contre la douleur), antipyrétique (contre la fièvre), anti-inflammatoire à forte dose et antiagrégant plaquettaire (fluidifiant du sang) est issue du saule et de la reine-des-prés.

C’est un des médicaments les plus anciens. Les Grecs utilisaient déjà l’écorce de saule blanc, qui contient le principe actif de l’aspirine, pour soulager fièvres et douleurs.

C’est au XIXe siècle que plusieurs chimistes s’attèlent à la synthèse de l’acide acétylsalicylique.

La production industrielle est mise au point par Bayer qui dépose la marque « Aspirin » en 1899. Aujourd’hui, son utilisation s’est élargie à la prévention des maladies cardiovasculaires et ne se limite plus au traitement de la fièvre et de la douleur.

La quinine est un alcaloïde (molécule aux propriétés pharmacologiques) utilisé pour traiter le paludisme (malaria), combiné à un autre médicament.

On l’emploie aussi pour soigner les crampes musculaires et réguler le rythme cardiaque. La quinine provient d’un arbuste (quinquina) que l’on trouve en Amérique du Sud, dans la cordillère des Andes.

Une enquête e thnobotanique a é té menée en 2015 par D ouleurs S ans Frontières (DSF) et la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL) auprès de la populat ion de Mar t i ssant , quar t ier de Por t au Pr ince en Haït i .

*Monographie : Etude détaillée sur un projet précis et limité* Alcaloïde : Molécule organique d’origine végétale ayant des propriétés thérapeutiques ou toxiques

Groupe d’étude à Haïti, formé et dirigé par DSF

La Reine-des-Prés

La Quinine

Pavot sous forme de coqueliqot

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