Chem

ins fais

antBu

lletin

8 Au

tomne

2010

D.R

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Chemins faisantSociété des amis de Jacques Lacarrière

Président d’honneur, Ismaïl KadaréPrésident, Gil Jouanard,

Vice-président, Luis MizonSecrétaire général, Jean Guiloineau,

Trésorière, Cécilia Joxe, Déléguée artistique, Sylvia Lipa-Lacarrière

Etre cultivé aujourd’hui, c’est porter en soi à sa mort des mondes plus nombreux

que ceux de sa naissance. C’est s’enrichir et s’agrandir en se tissant,

se métissant de la culture des autres.

Chem

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antA une époque où les dieux peuplaient le monde et où l’Histoire se mêlait encore aux légendes, Zeus, travesti en taureau, avait enlevé la belle princesse

Europe, l’avait déposée sur une plage dans le sud de la Crète et s’était uni à elle à l’ombre d’un platane. Aujourd’hui, on peut voir cet arbre, situé à l’emplacement de l’ancienne ville de Gortyne. Sur son tronc, on lit ceci :C’est sous cet arbre rare et d’un grand intérêt botanique, un Platanus orientalis à feuilles persistantes, que Zeus, transformé en taureau, conduisit Europe avec laquelle il s’unit ici même pour enfanter Minos.Ce court mais instructif fragment n’est pas signé Hésiode ou Pindare comme on aurait pu s’y attendre, mais « Le service forestier de Crète », auquel on ne saurait trop être reconnaissant.A ce propos – et pour rester (quoi qu’on en pense) dans le mythe – qu’est-ce qu’un Platanus orientalis ? Un platane à feuilles persistantes, espèce endogène dans tout le pourtour oriental du bassin méditerranéen. Et pourquoi, demande-rez-vous, est-ce l’unique platane à feuilles persistantes ? Mais précisément parce que son ancien ancêtre ayant abrité les amours de Zeus et d’Europe, le dieu, pour l’en remercier, lui accorda de conserver éternellement son bel ombrage !Cette botanique amoureuse nous a quelque peu éloignés d’Europe. Il est diffi-cile d’établir s’il y eut ou non par la suite une filiation constante entre Minos, le premier roi de Crète, et ceux qui régnèrent sur l’Europe. Quoi qu’il en soit, je pense que la moindre des choses serait d’instituer un pèlerinage – à des dates et selon des modalités qui restent à fixer – au pied du Platane de Gortyne, où fut conçu le roi Minos, ancêtre des Européens !

Jacques Lacarrière

Le Platane

Chem

ins fais

ant

Au fil des Méditerranées

En intitulant le second des « Cahiers Jacques Lacarrière », qui vient de paraî-tre aux éditions Christian Pirot, Méditerranées, et en choisissant d’user de la

forme plurielle, sans doute atypique, nous n’avons pas seulement voulu célébrer cette mer réputée « civilisatrice », ni même signifier qu’elle disposait d’annexes prestigieuses (Adriatique, Egée, Marmara), mais encore, mais aussi, attester la diversité de cet univers en soi qui, durant plus de deux millénaires, dicta sa loi spirituelle, intellectuelle et artistique à l’humanité.Espace dédié à la singularité, qui favorisa l’émergence de la conscience indivi-duelle et qui servit de berceau à une conception moins exclusivement physiolo-gique de l’amour, ce lac où vinrent se mirer les intuitions des trois « vieux » conti-nents servit, durant de nombreux siècles (et malgré la multitude des conflits qui s’y succédèrent), de trait d’union et de laboratoire aux savoirs, aux inventions, aux découvertes, aux spéculations mentales et sentimentales dont notre monde moderne a fait ses références majeures et le canevas machinal de ses mœurs et de ses convictions.Jacques fut, lui le Bourguignon, le Limousin et le quasi Solognot, l’archétype du « Méditerranéen », féru de convivialité, de liberté de pensée, de propos et de comportement, doté de cet esprit critique qui s’accorde à merveille, quoique de façon paradoxale, avec la tolérance et la bonhomie, mais aussi avec la circons-pection dont firent preuve au fil des siècles et des civilisations périphériques les si indépendants, si énigmatiques, si déconcertants, si disparates et si inimitables peuples qui, du détroit des Dardanelles à celui de Gibraltar, s’auto contem-plèrent, dubitatifs et souvent ironiques, dans le miroir de ces eaux faussement impassibles.Pour continuer dans le droit fil du cosmopolitisme dont il fut un parfait et ef-ficace propagandiste et diffuseur, nous avons sollicité quelques uns des écrivains issus de cette même diversité et qui, associant leur talent à leur ouverture d’es-prit (sur une aire où plusieurs réseaux de conflits s’entrecroisent aujourd’hui et depuis fort longtemps), pour nous parler avec passion ou avec sagesse, chacun, de « sa » Méditerranée.

GiL Jouanard

Méditerranées

Embarquement pour Cythère

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antCe que j’emporte de la Grèce sur l’île déserte de la mémoire

Les cannelures des colonnes de marbre parentes de celles, naturelles, de certains rochers Les chapelles byzantines et leur seuil ouvragé Le tourment des oliviers tordus sous l’immobile tempête du soleil Les aires de marbre pour le battage du grain Les murets de pierre sèche recouverts d’une pincée de chauxLes agencements cyclopéens des murs antiques, roches immenses encastrées sans mortierLes cubes blancs des cabanons devant la mer La chaux aveuglante des chapelles aux portes ourlées d’outremer sur la mer Les reposoirs au bord des routes Les chandeliers dans les églises de campagne Les mosaïques de Délos Les pigeonniers de Mykonos Les marches peintes des escaliers dans les Cyclades, ce que le poète Elytis appelle « les marches de pierre du mois d’août »Les alignements et dessins de galets à Siphnos et à Spetsai Les vieilles demeures de Joannina avec les grands balcons vitrés Les auvents de bois ouvragés du Magne et du Pilion Les tavernes choriatikès - champêtres - avec leurs toits de feuilles de maïs ou de vigne séchées Les talismans des ânes et des mulets contre le mauvais œil Les caïques en construction en pleine terre L’ombre des tables en fer sur les terrasses en chaux Les filets ocre des pêcheurs près des coupoles bleues Les balcons des archontika, des maisons de notable Les dessins naïfs ornant les murs des tavernes provinciales Les grandes mains peintes sur les murs et montrantla direction du Vrai

L’Eté grec, « Cahiers 2 » Méditerranées

Notre éditeur et vagabond, Christian Pirot, celui qui transformait les livres en des continents, l’ami et le compagnon fidèle des chemins de mémoire et de connaissance, vient de nous quitter brutalement.Avec générosité et talent, tout à « l’estuaire de son désir », il avait mis à la disposition de Chemins faisant sa passion et son immense savoir faire. Grâce à lui les « Cahiers Jacques Lacarrière », Naissances et Méditerranées, ont pu voir le jour. Nous unirons tous nos efforts pour que, dans son sillage, le travail entrepris puisse continuer.

Le «Cahiers Jacques Lacarrière 2» est disponible en librairie et sur le site www.che-minsfaisant.org. 20 euros

Le groupe « Cythère», en 1983 à Sacy, pendant la préparation du livre «Errances» édité aux éditions Le Vagabond. De gauche à droite, Pascal Dibie, Eloïse, Jacques Lacarrière, Charlotte, Sylvia Lacarrière et Christian Pirot

Chemins faisantBoîte postale n°29

89270 – Vermentonchemins.faisant@yahoo.fr - www.cheminsfaisant.org

Programme prévisionnel2010 – 2011

NoVeMBre

Paris, mardi 16 novembre, Espace Krajcberg / Musée du Montparnasse, à partir de 19h

Rencontre-lecture autour du « Cahiers Jacques Lacarrière 2 », Méditerranées

JANVier-féVrier

Paris, date à préciser, Concert-lecture, Le mariage sacré (textes sumériens)

Centre Mandapa

Assemblée générale, date à préciser

MArSBulletin 9

« A l’orée du pays fertile », Anthologie personnelle des poèmes de Jacques Lacarrière

aux éditions Seghers/Laffont. Plusieurs manifestations prévues dans le cadre du « Printemps des Poètes »

« Dans la forêt des songes », épisodes 1 et 2. Reprise du spec-tacle de Michel Boizot. Dates et lieux seront précisées ultérieure-