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RB>UBLIQUE FRANCAISE MINISTÈRE DE L'INDUSTRIE. ET DE LA RECHERCHE Délégation Générale à la Recherche Scientifique et Technique D.G.R.S.T. Rf:PUBLIQUE DU MALI MINISTÈRE DU DI1VELOPPEMENT Institut d'l1conomie Rurale Centre de Recherches Zootechniques de SOTUBA MALI Direction Générale de l'aevage Service du Pastoralisme MALI A.C.C. - LUTTE CONTRE L'ARIDITÉ EN MILIEU TROPICAL «ETUDE DE L'EVOLUTION D'UN SYSTEME D'EXPLOITATION SAHELIEN AU MALI» COMPTE RENDU DE FIN D'I1TUDES SUR LES SOLS ET LEUR SUSCEPTIBILITI1 AL 'I1ROSION, LES TERRES DE CURES SALI1ES, LES FORMATIONS DE «BROUSSE TIGRI1E» DANS LE GOURMA par J.C. LEPRUN Maître de Recherches O.R.S.T.O.M. Mai 1978 Groupement d 'l1tudes et de Recherches pour le Développement de l'Agronomie Tropicale G.E.R.D.A.T. Institut d'aevage et de Médecine Vétérinaire des Pays Tropicaux I.E.M.V.T. L.A. 51 . C.N.R.S. Laboratoire d'Anthropologie Sociale du Collège de France et de l'I1cole des Hautes I1tudes en Sciences Sociales Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer O.R.S.T.O.M. Université de Nice Laboratoire d'l1cologie des Régions Arides U.E.R. Domaine Méditerranéen

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RB>UBLIQUE FRANCAISE

MINISTÈRE DE L'INDUSTRIE.

ET DE LA RECHERCHE

Délégation Généraleà la Recherche

Scientifique et TechniqueD.G.R.S.T.

Rf:PUBLIQUE DU MALI

MINISTÈRE

DU DI1VELOPPEMENT

Institutd'l1conomie Rurale

Centre de RecherchesZootechniques

de SOTUBAMALI

Direction Généralede l'aevage

Servicedu Pastoralisme

MALI

A.C.C. - LUTTE CONTRE L'ARIDITÉ EN MILIEU TROPICAL

«ETUDE DE L'EVOLUTION

D'UN SYSTEME D'EXPLOITATION SAHELIEN AU MALI»

COMPTE RENDU DE FIN D'I1TUDES

SUR LES SOLS ET LEUR SUSCEPTIBILITI1 A L'I1ROSION,

LES TERRES DE CURES SALI1ES,

LES FORMATIONS DE «BROUSSE TIGRI1E»

DANS LE GOURMA

par

J.C. LEPRUNMaître de Recherches O.R.S.T.O.M.

Mai 1978

Groupementd 'l1tudes et de Recherches

pour le Développementde l'Agronomie Tropicale

G.E.R.D.A.T.

Institut d'aevageet de

Médecine Vétérinairedes Pays Tropicaux

I.E.M.V.T.

L.A. 51 . C.N.R.S.Laboratoire d'Anthropologie

Socialedu Collège de France

et del'I1cole des Hautes I1tudes

en Sciences Sociales

Office de la RechercheScientifique et Technique

Outre-MerO.R.S.T.O.M.

Université de NiceLaboratoire d'l1cologie

des Régions Arides

U.E.R.Domaine Méditerranéen

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AVANT-PROPOS

Ce rapport clôt les missions qui se sont déroulées durant trois

années consécutives dans le cadre d'une action complémentaire coordonnée

de la D.G.R.S.T. intitulée "Etude de l'évolution d'un système d'exploita­

tion sahélien au Mali". Cette A.C.C~ entre dans le thème plus large de la

lutte contre l'aridité en milieu tropical.

Le volet pédologie de cette action pluridisciplinaire, confiée

à l'D.R.S.T.D.M., associe étroitement d'autres chercheurs et en particulier

des agrostologues maliens dont M. COLILIBALY, des botanistes et écologistes

de l'Université de I\lice (MI..,. BARRY, CELLES et LACDSTEl et G. BOUDET, agro­

stologue de l'I.E.M.~.T.

Le présent rapport concerne le bilan des observations pédologi­

ques dans le Gourma malien, zone dans laquelle la partie agrostologique est

étudiée par G. BOUDET et M. COULIBALY.

Un autre rapport viendra compléter les observations écologiques

de l~quipe du Professeur BARRY dont la zone géographique d'intervention est

limitée au Sud par le fleuve Niger et au Nord par la frontière algérienne

(Adrar des Iforas, Vallée du Tilemsi, Tamesna malien ... l.

Une année supplémentaire d'aide a été demandée pour poursuivre

certaines observations. A l'heure de cette rédaction nous ne savons pas en­

core si elle a été acceptée. D'autre part les analyses pédologiques des é­

chantillons préléves en fin d'année 1977 ne sont pas encore achevées.

Ce rapport mettra donc l'accent davantage sur les interpréta­

tions et conclusions des études, que sur la démonstration scientifique ri­

goureuse et chiffrée. Il sera plus qualitatif que quantitatif de manière à

être explicite au plus grand nombre d'utilisateurs que la masse des données

analytiques rebuterait.

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1 - OBJET DE L'ÉTUDE PÉDOLOGIQUE

La collaboration du pédologue auprès des agrostologues concerne

l'étude des sols steppiques et de leur sensibilité aux différentes érosions.

Initialement cette étude, élaborée par G. BOUDET, devait être

particulièrement orientée vers

1 0) la fragilité des sols

- sous l'action du pâturage,

- sous l'action de l'érosion superficielle,

- sous l'action de l'érosion éoliennè

et les possibilités de régénération des sols dégradés.

2°) la caractérisation des terres de cures salées

3°) la localisation des sites pour l'établissement de réserves

d'eau de surface.

Ce dernier point n'a pas été abordé. Il aurait nécessité d'une part des compé­

tence hydrogéologiques qu'un pédologue ne possède pas, et d'autre part des

moyens techniques pour la réalisation de puits profonds, forages, études de

perméabilité ... que nous n'avions pas.

II - SITUATION ET FACTEURS DU MILIEU INFLUANT SUR LA PÉDOGENtSE

La figure 1 indique la délimitation de la zone de travail.

Le Gourma de la boucle du Niger est une entité géographique ca­

ractérisée par :

1°) un climat sahélien dont les éléments principaux sont:

la pluviométrie (fig. 2) localisée durant une courte pé­

riode estivaIs de 1 à 3 mois, inférieure à 500 m. La

pluviométrie annuelle moyenne est de 421 mm à Hombori et

de 269 mm à Gao durant la période 1920 ou 1922 à 1970

(GALLAIS 1975). Le nombre moyen de jours de pluie est

de 39 à Hombori et de 29 à Gao. Par rapport à l'ensem­

ble du Mali et des pays limitrophes, les isohyètes s'in­

fléchissent vers le SE c'est-à-dire vers le N de la

Haute-Volta et Niamey.

A la même latitude (16° par exemple), le Gourma est plus sec

que la région du Ferlo au Sénégal mais plus arrosé que les

régions correspondant au Niger et au Tchad.

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- 3 -

Les variations interannuelles sont de forte amplitude, BOUDET

(1872) cite des coefficients de variations de 30 %. Des cy­

cles d'années de sécheresse, comme celle qui a sévi de 1868

à 1873, se répètent à intervalles plus ou moins réguliers,

• une température élevée de l'ordre de 29 à 30° à Gao

et Hombori. La période de Décembre à Février est la

plus fraîche, les moyennes des minima descendant à

14°-15°,

• une évaporation moyenne annuelle importante estimée

à 3200 mm à Hombori et 4300 mm à Gao (fig. 2),

enfin, un régime des vents qui s'inverse avec le dé­

placement du front inter-tropical (F.I.T.) :

- de Octobre à Avril à Gao les vents soufflent du N

et de l'E avec une préférence vers le NE. Les fré-

quences, de l'ordre de 30-40 % à la fin de la sai-

son des pluies, diminuent en fin de saison sèche,

- en Mai, le F.I.T. passe au-dessus de Gao, dès le

mois de Juin et jusqu'en Octobre, le vent dominant

souffle du SO avec des fréquences de 20 à 30 %

(données fournies par l'atlas international de

l'Ouest Africain O.U.A. 1874).

L'installation d'un pluviomètre à Gossi en 1975 dans le jar­

din du Commandant et l'assurance de relevés scrupuleux par

ce dernier, permet de se faire une idée plus juste des pré­

cipitations entre Hombori et Gao que l'intrapolation entre

ces deux stations rendait hasardeuse.

Les relevés de Gossi totalisent 182 mm en 1976 et 236 mm en

1977 contre respectivement 177 et 184 mm à Gao. Les relevés

mensuels sont consignés dans le rapport final de G. BOUDET

(1978, p. 12) qui les commente.

2°) des formations géologiques que REICHELT (1972) réunit, dans

la zone qui nous intéresse, sous le nom de "Groupe d'Ydouban"

et qui comprend schématiquement deux grands ensembles de ro­

ches : des schistes argileux incluant des grès et des quar­

tzites, et des schistes argileux comprenant les mêmes ro­

ches mais aussi des calcaires et dolomies intercalés. La sub­

division grossière précédente fait ressortir deux ensembles

de roches à peu près comparables se distinguant par le chi­

misme. Les calcaires et dolomies fournissent des réactions

basiques au sol, alors que les schistes sont neutres ou

acides.

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• HOMBORI

---------- ---~~~,- -~------

... ,...... NIGER ' ......,'" ,....../'TOMBOUCTOU

.,' , ..... ----~-,. ".,. .,'"bl~,. ,."

~t::t' ,.'<••;~~, ,./

16·L-=~/:::::::L~~:::::::::~~-~c=-=:-----~~~-------J:' 300mm, -4\"-"--:~~- __

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FIB. 2 ._ PLUVIOMÈTIUE ET ÉVAPORATION (Moyennes Annuelles en mm)

0' .,ris DUIIEF 1960 in BALLAIS ( 1975 )

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- 't -

Outre ces formations précambrtennes puissantes. une grande

partie de la zone prospectée est recouverte par diverses

formations quaternaires qui masquent le substrat. Apparais­

sent dans l'ordre croissant d'âge:

- des alluvions récentes en bordure du Niger.

un manteau éolien dunaire épais.

- des alluvions anciennes ourlant la vallée du Niger

au N et occupant la ride N.S. de la piste Baouno­

Gossi (RADIER 1959).

3°) le modelé du Gourma central est celui d'un bas-plateau d'al­

titude 250 à 300 m dont la monotonie est rompue par les crê­

tes rocheuses alignées S.S.E.-N.N.W. de grès quartzites et

de schistes cuirassés. (Ainsi de part et d'autre de la piste

GOSSI-GOURMA-RHAROUS par exemple) et par de grands aligne­

ments dunaires orientés ENE-SSW.

L'endoréisme est dominant et conduit à la constitution de

chapelets de mares dont certaines sont permanentes. celle

de Gossi en particulier.

4°) les formations végétales sont étudiées en détail dans les

rapports phytosociologiques et agrostologiques. Signalons

simplement qu'autour du 16ème parallèle (Gossi) se dévelop~

pent. quand le substratum est recouvert de sable des prai­

ries à Cenchrus biflorus3 Schoenfeldia gracilis 3 APistida

mutabilis ... et à strate arbustive constituée d'Acacia

laeta3 A. raddiana3 A. erhenbergiana3 Balanites aegyptiaca3

Commiphora afPicana et Euphorbia balsamifera.

5°) les:formations'pédologiques ont été antérieurement peu ou

pas étudiées. Seulffila carte mondiale des sols au 1/5.000.000°

et celle de l'Atlas de l'Ouest Africain à la même échelle

(BOULET et al. 1971) portent des indications sur la zone

étudiée. Nous avons extrapolé la partie malienne de cette

carte à partir de la connaissance et de l'aspect photo­

interprétatif des sols du Niger. de la Haute-Volta et du

Sénégal.

Dominent au N de Gossi. les sols bruns rouges subarides et

les sols bruns rouges peu différenciés sur sables éoliens.

et au S. les mêmes sols associés à des sols peu évolués

gravillonnaires et à des affleurements de cuirasse.

Les observations de terrain confirment la généralité de ces

sols avec certaines restrictions et limitations qui sortent

du domaine de cette étude.

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- 5 -

III - PLAN DES DIFFËRENTES PARTIES

Plusieurs chaînes de sols ont été réalisées sur les différents

modelés dunaires sableux éoliens d'une part, sur des formations de "brous­

se tigrée" développées sur différents substrats et échelonnés latitudina­

lement d'autre part.

De nombreuses observations ont été relevées sur les principales

terres de cures salées du Gourma.

La figure 3 indique la localisation de ces différents points

d'étude.

Nous subdiviserons l'exposé de nos observations en trois parties distinctes

A. Les formations sableuses dunaires, les sols qui s'y dévelop­

pent et les manifestations érosives qui les affectent.

B. Les terres de cures salées.

C. Les formations de "brousse tigrée".

A. LES FORMATIONS SABLEUSES DUNAIRES, LEURS SOLS ET LES EROSIONS QUI LES

AFFECTENT

Le Gourma malien est recouvert en grande partie par une couverture

sableuse éolienne. Cette couverture est fixée par la végétation mais le sable

est remis en mouvement en diverses positions suivant le modelé.

Ce qui frappe en premier l'observateur qui traverse cette région,

est la présence fréquente. sur toutes les dunes, de plages isolées, dénudées,

de sables battant à surface plane ou faiblement concave de quelques mètres à

une dizaine de m2 d'extension. Déjà en 1959 ROSSETI (1963) avait fait cette

observation.

Plusieurs auteurs ont traité des sables dunaires de la boucle du

Niger. Citons TRICART (1959 et 1965), BLANCK (1968), GALLAIS (1975).

BLANCK (1968), corrélant ses observations avec celles de GAVAUO

(1967) au Niger et de MICHEL (1967) au Sénégal, établit l'existence de deux

ergs au Quaternaire moyene et récent.

Les travaux de BOULET (1967) en Haute~Volta, de LEPRUN (1968) en

Haute-Volta et au Sénégal (1971) établissent l'existence de trois systèmes

dunaires distincts appuyée sur des différenciations pédologiques, biologi~

ques et géomorphologiques.

Le plus ancien serait anté~inchirien (plus de 40 000 ans), le

second ogolien (18 000 - 20 000 B.P.), le plus jeune aurait entre 7 000 et

5 500 années B.P.

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HAUTE

o1

VOL TA

60 Km1

...........-'"L.-.....;~..:;;.---_....."""--&-------.......~---------------- ......--...14°

• Cure salée x S6quences de 80Ia / / / Zone prospeet6e

FIG.3 Situation des points d'étude dans le GOURMA MALIEN et la BOUCLE DU NIGER

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A11

- 6 -

2. Observations morphologiques:

Le modelé dunaire n'apparaî~pas uniforme entre Gossi et Doro.. --(.,et s~r une transversale N-S Gossi-Gàurma~Rharous.

Trois ~nsembles peuvent être distingués : des cordons élevés à. .relief juvénile très pentû. des dunes rondes à convexité moyenne. et des

-. .t

ondulations très aplanies. Ces formes. si elles se répartissent quelque~

fois en entités d'une certaine extension. ~ont aussi fréquemment enchevêtrées .

•Les manifestations des différentes formes d'érosion et la réparti-

tion de la végétation étant sensiblement différentes sur ces différents mode­

lés. nous avons réalisé 4 toposéquences comprenant en tout 29 profils de

sols. Chaque toposéquence relie par la ligne de plus grande pente. le point

le plus haut de la formation sableuse au point le plus bas de l'interdune.

a) Caractères des sols et des modelés sableux émoussés :

Nous les avons étudiés au lieu dit Tin Adiourouf sur la piste de

Doro à Gao (localisation: 1001o'30"N - o035'30"W). sur les indications de

G. BOUDET qui y avait révélé cinq années auparavant. une dégradation impor­

tante de la strate herbacée et arbustive.

Environnement : les dunes sont courtes et de faible amplitude. La végétation

est pauvre. El~e consiste en plages d'espèces herbacées hautes (Panicum tur­

gidum~ Aristida mutabiZis~ Cenchrus bifZorus ... ) et basse (HeZiotropium),... .

en juxtaposition avec des plages d'assez grande étendue (10 à 30 m2) entière-

ment dénudées durcies rouges.

Le sommet de la topo~équence ADI II révèle les traces récentes de

campement d'hivernage de pasteurs. A l'endroit du parcage. le sable piétiné

est densément colonisé par des touffes de Cenchrus bifZorus vivaces.

Cette même séquence présente en bas de pente des Acacia erhenber­

ginia morts et de petits Acacia senegaZ en repousse.

La figure 4 résume les principales observations pédologiques re­

levées sur les profils des 2 toposéquences.

Profil type : ADI 2. toposéquence ADI 1.

Aspect superficiel : juxtaposition de plages de 10 à 30 m2 rouges. durcies.

entièrement dénudées et de plages herbacées.

Situation : profil situé à mi-pente de la dune.

Description

0-16 cm : brun rouge à peine grisé (5 YR 5.5/8). Très sableux, Structure

massive à débit à tendance prismatique 15-20 cm par fentes

verticales. Structure lamellaire peu cohésive en surface. Co­

hésion d'ensemble moyenne. Enracinement fin très faible. lo­

calisé surtout dans les fentes.

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FIG.4. SCHÉMAS DES TOPOSÉQUENCES GOSI,ADI I etJI

TOfIOSÉOUENCE GOS I

--l1mSm

10

~

8

~

7

~

6

~

5

~

4

J3

J2

J

3

J

1

J

2 1

J l

~1m

10m

TOPOSÉOUENCE ADI l .~ . NoduhtI ferrugineux....1 0 Dépôts sableux successifs

~... '".... :

FR Horizon A Intact ou tronqult

rm 22Horizon (B) brun rouge J

lITZTI Horizon C matériau sableux rose. :.. : 1-

ITIIll Matériau sableux jaune

t Profil étudié

21

TOPOSÉOUENCE ADI][ J

~'m

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16-50 cm

A12

- 7 -

brun-rouge tendant vers le jaune. Homogène. Structure massive

à cohésion plus faible d'ensemble. Enracinement fin très fai­

ble. Restes d'anciennes racines.

(B)21

(B)22

(B)fe

50-102 cm: jaune beige (6,75 YR 6/8). Homogène. Sableux. Structure mas­

sive peu cohésive. Remontées biologiques jaune safran du bas.

Même enracinement. Passage progressif à

102-160 cm: jaune safran (10 YR 6/8). Peu homogène. Un peu plus sableux

(sables grossiers). Moyennement cohésif. La cohésien augmente

vers le bas par cimentation des grains par des hydroxydes de

fer rouille. Aucune racine.

160-180 cm: les plages indurées par le fer (5 YR 4,5/6) rouille, augmen­

tent, la cohésion aussi, devenant moyenne à forte. Elles s'a­

nastomosent en laissant des plages de sable jaune, fragiles,

entre elles.

Classification : ces sols, les plus évolués de tous les sols sur sables de

la région peuvent être classés comme intergrades (intermédiaires) entre

les sols brun-rouge subarides très différenciés et les sols ferrugineux

tropicaux peu lessivés peu différenciés.

En effet, plus au Sud, vers N'Oacki, les sols ferrugineux sont spécifi­

ques de ces ensablements, alors qu'au Nord de Gossi, les sols bruns sub­

arides sont seuls présents.

Le profil décrit a des caractères des deux sols. Ceux des sols ferrugi­

neux peu lessivés :

faible épaisseur,

- structure à tendance prismatique et cohésion de l'horizon A1,

- cohésion et début d'induration de l'horizon (B) et ceux des sols bruns,

- faible différenciation en horizons,

- homogénéité du haut du profil,.

Caractères analytiques le tableau 1 groupe les résultats des analyses

physico-chimiques.

Caractères granulométriques : de nombreuses granulométries de sables ont été

effectuées sur des échantillons prélevés à 50 cm. Les courbes de fréquence

obtenues à partir des courbes cummulatives en ordonnées de probabilité

sont unimodales. Les médianes se situent à 0,20 mm, le mode à 0,22 mm et

le coefficient de triage So (Sorting Index de TRASK) est de 1,38 ce qui

indique un très bon classement (fig. 6).

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- 8 -

Autres caractères :

La cohésion des horizons augmente vers le bas de pente. Le schéma

de la figure 4 permet de constater du haut en bas du versant dunaire, la

présence :

- en surface, de sables très peu cohésifs, lamellaires, très fragiles, non

humifères, en haut et en bas de pente, avec remontées biotiques fréquen­

tes. Ces sables reposent sur un horizon beige rouge de cohésion faible,

f~aifr ;

- de zones nues cohésives durcies dans la portion médiane de la pente de

part et d'autre du point d'inflexion du S du modelé. Ces zones sont ca­

ractérisées par un horizon supérieur brun rouge à structure massive et une

cohésion plus forte que les précédents. La partie superficielle est gla­

cée avec parfois de petites rigoles vers les parties basses ;

d'un matériau jaune (entre 7,5 et 5 YR 6/8 au code Munsell) vers un

mètre tout le long de la pente. Les ségrégations ferrugineuses n'imprè­

gnent le sable qu'en bas de pente.

Malgré leur topographie différente, les constatations précédentes sont va­

lables pour les deux toposéquences.

En résumé, les dunes de Tin Adiourouf sont peu élevées (entre 3 et 6 m),

peu larges (entre 80 et 120 m pour la dune entière) ; les sols bruns rouges

sont bien différenciés ou intergrades, le matériau sous-jacent est jaune, à

ségrégations ferrugineuses locales. Les plages dénudées sont glacées, com-

pactes, rouges et apparaissent surtout sur la partie médiane d~ versant.

&) Caractères des sols et des modelés moyennement accentués :

Les observations portent sur une toposéquence (GoS 1) située sur

la piste de Gossi à Doro, à 35 km de Gossi, dont les coordonnées sont :

16°00'40"N - 1°03'30"W (fig. 4).

Env~ronnement : les dunes ne sont pas enchevêtrées mais distinctes, d'am-I

plitude moyenne de 200 à 300 m de diamètre pour 6 à 8 m de hauteur. La vé-

gétation est plus fournie que pour la formation sableuse précédente : strate

arbustive constituée de quelques Acacia (raddiana~ senegaZ ... ) sur le som­

met et les pentes et de nombreux BaZanites aegyptiaca concentrés dans l'in­

terdune ; strate herbacée dense par plages (schoenfeZdia~ Aristida~ Bra­

charia~ Cenchrus ... ) ce dernier devenant très dense vers le bas de pente.

Des plag~s nues roses (7,5 YR 6/5) à microrelief ondulé chagriné de quel­

ques m2 parsèment les versants~ La végétation herbacée y est totalement

absente, les arbustes ont des racines déchaussées (Acacia senegaZ) certains

sont morts (Acacia raddiana).

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- 9 -

La végétation herbacée se localise surtout sur des plages sableuses

planes ou en forme de petites rides sableuses.

Les sols sont du type brun rouge subaride modal à profil A - (B) - C.

Le matériau C est un sable rose homogène, sans ségrégations, qui apparaît vers

80 cm. Dans le replat interdunaire se développe un sol brun subaride épais.

Profil type: GoS 3 (fig. 4) (Photo 1. Planche en fin de rapport).

Aspect superficiel: sables déliés jaune rose, au pied d'un Acacia senegaZ.

Situation : profil situé en 1/3 supérieur de la pente.

Description

brun rose (5 YR 5,5/6). Même texture. Structure massive à débit

mamelonné. Cohésion plus forte. Très fines radicelles assez

nombreuses et quelques racines moyennes.

rose brun (6,75 YR 6/8). Même texture, même structure à débit

plus facile. Un peu moins cohésif. Très homogène. Moins de ra­

cines et d'activité biotique.

gris pâle rosé (7,5 YR 5/4). Très sableux. Lamellaire fin,

structure nuciforme moyennement développée. Cohésion d'ensemble

faible. Enracinement faible.

0- 8 cm

A11

8- 35 cm

A12

35- 83 cm

( B)

83-160 cm

C

sables déliés roses, sans argiles ou très peu (5 YR 6/4). Struc­

ture à tendance particulaire, très peu cohésif. Ni racines, ni

activité faunique.

Classification et discussion: c'est un soZ brun-rouge subaride modaZ.

Sont particulièrement caractéristiques

- la structure nuciforme de surface,

l'épaisseur de l'horizon A (A11 + A12) et de la colonisation racinaire

fine (1 m),

l'épaisseur assez faible du sol (après 80 cm on trouve le matériau ori­

ginal- et la teinte brun rouge de l'ensemble.

Caractères analytiques: ils apparaissent dans le tableau 1.

Caractères granulométriques : les courbes de fréquence et les courbes cumu­

latives issues des granulométries de sables de prélèvements entre 50 et

60 cm fournissent les données suivantes

Médiane: 0,22 mm, So : 1,48 mm, mode à 0,24 mm. La courbe de fréquence

est encore unimodale mais ne présente pas l'aspect de "cloche" de la

courbe de gauss des échantillons précédents (fig. 6). Le coefficient

de triage est bon.

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1

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1

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ACIDE PHOSPHORIC UEf}, K. °1\Z. 01 &4 0.'4 .At), i A,oS ..Ad.l_ A,..q·

ANALYSE MECANIC UE

P2 Os total 0/ 00 I~~~

P2 Os ( ) 0/00 .

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....................................................... --1--- ---·1---11---1---1--- ---

Argile % 5,4 ~.I \,'t 'f \ 15Limon Fin % 1_.A~.'-'lIr'--II--IC.A-4•..J-}_ 4'h l A.5 \11Limon grossier "/0 0 , .f " 0, =i t 11. t, "Sable Fin %......................... ~',~ \tA)' 'tA.' ~rlt. '1. I ItSable grossier "/ft S't,1t S'-kt SAd' S!,:}, r,,'l

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COl Ca·oift .

Carbonne °/00 ,...... I--'~~Azote "/00 .C/N ..

. ...CARACT RISTIOUES PHYSIOUES

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Fer libre1Fer total ...........Bases totales ME PClur 100 (1 de sot (

Calcium ...................................Magnésium .............................Potassium....:........................... ---Sodium .....................................

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Calcium .................................... J. ,o\t ..1,10 AI'~ AISD J,J' A,'" ..1•..110/"

Magnésium............................. o,Ao _,D' i 0,0 t D.U 0 1lit o,It( 0, ..,Potassium ............................... 0. "s 0,°1 0,01. .,.S 0,A5 e,o'l t,Of ·,°1Sodium ..................................... 0,0..( °r( o,oi • 0.0 S Q/03 °101 0,0 S,

S ................................................... ..,h 1,.1. Al'o A '0 li" .AI" Âli 1 .A,"}T................................................... \.~'t ~ltS 2; 10 -\'.0'1. '-,U ,AI (.l, A,a.t A1\t-lS/T - V % ...................... &=i ~1 ~., ~z. 11. AA' "7 ,~. BL

ACIDIT~ ALCALINITE -

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1Conductivité mm hos... 1 l' r 1 u 1 1Extrait sec: mg/100 g ~ ~

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- 10 -

Autres caractères :

La cohésion des horizons augmente vers le bas de pente. Sous 160 cm

en moyenne. on touche localement un sable jeune identique à l'oeil à ce­

lui des toposéquences précédentes. Le contact avec le sol est plan. très

distinct et matérialisé par des débris de poteries.

Le schéma de la figure 4 synthétise les observations de cette topo­

séquence et permet de distinguer

- deux zones à sables lamellaires non humifères très peu cohésifs dont une

sommitale. intercalée à deux zones à sables humifères plus cohésifs à

structure médiane. dont une formant le fond de l'interdune. Les zones à

sables lamellaires supportent un couvert herbacé dense. les plages dé­

nudées étant situées plus particulièrement sur les portions cohésives

humifères ;

- sous les sables lamellaires on trouve. sans transition. un horizon (8)

brun rouge peu épais à cohésion un peu plus forte. Sous les sables à

structure massive apparaît en continuité un horizon (8) gris brun épais.

Certains niveaux de cet horizon sont frais à humides.

En résumé sur dune moyennement élevée et large. on peut distinguer

une succession de sols bruns rouges peu différenciés et des sections de pentes

respectivement sableuses fragiles et sableuses cohésives colonisées différem­

ment par la végétation herbacée et présentant une succession différente d'ho­

rizons.

e) Les sols des modelés dunaires très accentués :

Deux toposéquences ont été observées: l'une à proximité de la bi­

furcation de la piste Gossi-Gourma-Rharous (coordonnées 15°56'OO"N - 1°16'40"OL

l'autre au SE de Gourma-Rharous (coordonnées 16°51 'OO"N - 1°37'10"W).

Les modelés dunaires. de formes vives. ont entre 400 et 700 m de

large pour 20 à 30 m de dénivellation et se présentent comme des massifs de

grands cordons successifs orientés NNE-SSO séparés par des interdunes étroits

où se concentre une végétation arbustive haute (Acacia e~henbe~giana3 Ac.

~addiana ... ).

Les versants sont peu exploités par Heliot~opium st~gOSum3 Zo~ia

glochidiata et Alysica~us ovalifolius.

Au sommet de la dune apparaissent,généralement des touffes vivaces

de Paniçum tu~gidum et semi-perennes d'A~stida mutabilis.

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f .:.:::., Dépôts sableux successifs

ITlIIIIII Horllon A Intact

rrm Horizon A(e) brun grIs

~ HorIzon C: m01érlau sobleux belge

~ Matériau sobla argUeux brun foncé

t Profil étudié

40

t41

t

~lm

10m

ïOPOSÉQUENCEGOSH

42

J

43

t

"

"

44

t

, '. ,1'

••01 : •

46

t47

t

SCHÉMAS DES TOPOSÉQUEN(;ES KAKI. ET GOSN _ TOPOSÉQUENCE KAK [

---llm10m

FIG.5.

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- 11 -

jaune (7,5 YR 6/5). Très sableux. Structure lamellaire fine bien

visible, très perturbé par l'activité faunique. Débit nuciforme.

Cohésion d'ensemble faible, des mottes encore plus faible.A

Premier Profil type: GOS 42. Toposéquence GOS IV (fig. 5).

Aspect superficiel : sables légèrement encroûtés gris rose entre les touffes

de graminées.

Situation : profil situé en 1/3 supérieur de pente.

Description

0- 33 cm

33- 69 cm

A(B)

beige jaune (5 YR 6,5/8) légèrement grisé. Non lamellaire mais

massif à débit très facile, plan. Cohésion d'ensemble et des mottes

un peu plus forte. Traces d'anciennes racines. Enracinement fin

encore bien développé.

B(C)

69-110 cm

110-200 cm

jaune brunâtre (6,75 YR 6/8). Structure massive à débit plan.

Très sableux. Un peu moins cohésif. Enracinement fin moyennement

développé.

jaune (7,5 YR 6/8). Très sableux. Structure particulaire donnant

un matériau boulant, frais, meuble (sans cohésion). Très peu de

fines racines.

Classification et discussion l'horizon de surface, lamellaire, jaune non

humifère, est un apport sableux éolien plus récent. Les horizons (B) et

(B)C du dessous peu cohésifs, massifs, colonisés très profondément par

les radicelles graminéennes, à très faible différenciation pédologique

déterminent un sol peu évolué à faciès brun rouge subaride. Ces sols sont

fragiles et les reprises éoliennes actuelles sont fréquentes. Ils sont

spécifiques des hauts cordons sableux des régions sahéliennes nord ou

sahélo-sahariennes dont l'extension méridionale s'arrête vers Gossi.

jaune (7,5 YR 6/5), sableux très peu argileux, lamellaire fin

sur 2 à 3 cm en surface~ puis massif à débit facile très peu

mamelonné. Cohésion d'ensemble moyenne à faible, Enracinement

fin moyennement développé.

A

Second profil type GOS 47 (fig. 5). Toposéquence GOS IV.

Aspect superficiel sables déliés gris-brun avec quelques rares plages

légèrement encroûtées grises.

Situation: profil situé dans l'interdune.

Description

0- 24 cm

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24- 43 cm

A(6)

43- 88 cm

(6)21

88-120 cm

(6)22

- 12 -

brun jaune (6,75 YR 6/6). Même texture, même structure mais

débit plus mamelonné. Mêmes cohésion et enracinement.

brun plus soutenu (6,75 YR 5/8). Un peu plus argileux. Même

structure, cohésion un peu plus forte, plages de l'horizon

jaune du dessous remontées par la faune. Même enracinement

fin et quelques racines moyennes.

plus jaune (7,5 YR 5/8). Même texture et structure. Cohésion

moyenne. Passages de termites, traces de poteries et graviers

à la base, alignés.

120-170 cm matériau jaune à taches brunes (10 YR 7/7). Plus sableux.

Cohésion plus faible. Structure massive à nette tendance

particulaire. Ni racines, ni act~vité biologique.

Classification et discussion :

C'est un BOZ brun Bubaride modaZ (et non brun rouge subaride) sur

matériau sablo-argileux de colmatage d'interdune. Ce colmatage s'arrête

à 120 cm comme l'indique le matériau sableux jaune au-dessous et le ni­

veau de discontinuité des poteries et graviers.

La texture un peu plus argileuse (moins de 8 % d'argile) détermine

une cohésion plus forte et une structure à débit mamelonné (il était plan

dans les sols sableux).

Cette texture permet aux termites de construire des canaux qui étaient

absents des sables dunaires.

Ces sols de couleur bien brune, un peu plus compacts sont typiques

des interdunes profonds des grands cordons sableux.

Caractères,analytiqùes : les résultats analytiques des sols GOS 42 et 47 sont

consignés dans le tableau 2.

Caractères granulométriques : les granulométries de sables indiquent un tri

excellent (So = 0,18), un mode unique à 0,18 mm, une médiane à 0,18 mm

également, ce qui donne une courbe de Grauss parfaite (fig. 6).

Les échantillons sous 50 cm fournissent les courbes du genre des cordons

et dunes précédentes: l'acuité du mode diminue, sa valeur se déplace

vers les valeurs grossières (vers 0,20).

Autres caractères :

Les descriptions des profils et le schéma des toposéquences (fig. 5)

indiquent dans tous les cas

- des horizons superficiels sableux lamellaires très fragiles, non humifères

ou très peu dans trois portions du modelé : au sommet et 3/4 supérieur de

pente, sur le 1/4 inférieur et le bas de pente. Les horizons surmontent en

discontinuité dans les portions hautes, soit un sable beige jaune pâle

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FIG.6. GRANULOMETRIE DES SABLES

-COURBES DES FREQUENCES-

0( 4 5 6 7 8 9 10 11 12 0(

0.06 mm

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- 13 -

sans aucune cohésion, boulant, soit un horizon brun rosé fragile. En

bas de pente ces sables lamellaires recouvrent des horizons bruns fon­,cés à taux d'argile beaucoup plus élevé (10 % et plus).

La végétation herbacée lâche est localisée sur ces sables.

- des horizons humifères bruns grisés légèrement compactés, non lamellai­

res, à structure massive et à débit résistant, sur les portions média­

nes et en bas de pente. La succession des horizons sous-jacents et leurs

caractéristiques indiquent que l'on a affaire à des sols peu évolués à

faciès brun rouge subaride de profil A - A(B), C. Les zones sans végé­

tation herbacée et à couverture très faible et basses sont localisées

sur ces portions de sols.

En résumé : Les sables lamellaires non humifères des cordons dunaires

à relief accusé recouvrent plusieurs parties du modelé dont les secteurs hauts

et bas sur des épaisseurs parfois importantes, en haut de dune notamment.

Sur les parties médianes et basses de la pente, on observe des sols

dont la succession des horizons est ordonnée et conforme indiquant des sols

non tronqués. Les interdunes sont constitués en profondeur d'un matériau

sablo-argileux compact. Les sols qui s'y développent sont des sols bruns sub­

arides modaux ou structurés.

IIJ - LES INTERPRÉTATIONS

Les observations précédentes confrontées aux résultats analytiques

conduisent aux interprétations principales suivantes :

1) Les formations sableuses dunaires du secteur étudié peuvent se subdiviser

en trois ensembles

la formation l à petites dunes à modelé émoussé aplani,

la formation II à dunes moyennement ondulées,

la formation III à cordons dunaires épais et hauts et sommet ravivé.

Les sols de ces trois formations sont différents malgré une parenté climatique

et édaphique les groupant autour des sols bruns rouges subarides.

Les sols les plus différenciés sont développés sur la formation 1, les sols

les moins évolués occupent la formation III.

Les distinctions morphologiques et pédologiques militent en faveur de l'exis~

tence de 3 formations sableuses fixées d'âge croissant de l à III. La diffé~

renciation en horizons, la cohésion, la présence de ségrégations étant les

critères indiquant une plus longue pédogenèse.

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- 14 -

2) Les caractères des horizons de surface permettent d'envisager une origine

de dépôts éoliens récents actuels pour les plages de sables lamellaires,

puisqu'elles ne sont pas humifères et sont très peu cohésives. Ils repo­

sent le plus souvent sur des sols tronqués.

Au contraire, les plages durcies, glacées sont des domaines où les sols sont

soit en place non tronqués, soit tronqués, mais non recouverts. Une gradua­

tion apparaît dans le niveau d'apparition de cette troncature suivant les

différents ensembles dunaires. La formation l présente des plages érodées

et battantes qui indiquent une troncature profonde et large des sols jusqu'à

l'horizon (B). Dans la formation II la troncature est moins profonde et peut

même ne pas exister ~ le plus souvent une partie de l'horizon A est enlevée.

Dans la formation III, les zones dénudées glacées conservent l'ho­

rizon A dans son intégralité.

Les plages entièrement dénudées et érodées se manifesteront différemment sur

ces portions durcies différentes.

Par contre, les plages de dépôts sableux recouvrent des niveaux différents

selon l'ensemble dunaire considéré.

Sur la formation III (GoS IV et KAK 1) les sols sous-jacent au

dépôt sableux (amont en particulier) est profondément tronqué. Le matériau

dunaire brut peut même être atteint (GoS IV).

Sur l'ensemble dunaire II (GoS 1) la troncature sous dépôts sa~

bleux est plus haute. Elle dégage l'horizon (B),

Enfin, l'erg l est bien moins raboté encore sous les dépôts

sableux.

Corrélativement, l'épaisseur des dépôts sableux croît avec la

profondeur d'apparition de la troncature.

Les schémas des toposéquences indiquent des épaisseurs de sables

lamellaires récents qui augmentent de l à III.

Pour nous résumer, nous dirons que les portions où manquent les

dépôts sableux (portions nues), sont de moins en moins érodées lorsque l'on

va des formations sableuses l (ergancien) aux formations sableuses III les

plus récentes.

En revanche, l'épaisseur du recouvrement sableux meuble fortement

colonisée par la strate herbacée augmente de la formation l à la formation III,

recouvrant des sols de plus en plus érodés.

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- 15 -

Ces phénomènes fort différents, voire contradictoires en apparence,

peuvent s'expliquer de la manière suivante

- les sols peu différenciés de l'erg III se situent dans une pos~tion septen­

trionale avancée, où l'action du vent est prépondérante et celle de l'eau

mineure du fait des faibles précipitations. La structuration et la cohésion

des sols sont faibles. L'eau s'infiltre rapidement et profondément. Cette

humidité profonde est perceptible plusieurs mois après les dernières pluies

- inversement, les sols de l'erg l occupent une position méridionale où l'ac­

tion du vent est plus faible. En revanche l'eau pluviale plus importante agit

davantage. Les horizons humifères sont peu épais, massifs, les horizons (8)

sont plus cohésifs, moins perméables.

Sur la formation III l'action du vent l'emporte. La déflation éolienne se

manifeste, le matériel sableux qui transite et s'accumule est épais. Les pla­

ges nues correspondent à une battance au sein de l'horizon A dont une partie

peut être enlevée.

Sur la formation l l'action hydrique domine celle du vent. Cette érosion

soustrait un matériel plus important (tout l'horizon A massif par exemple).

L'horizon (6) cohésif forme un niveau d'arrêt qui bloque et canalise l'écou­

lement de l'eau.

On aurait donc du Nord au Sud, c'est-à-dire des formations III à l en passant

par les formations II intermédiaires, les manifestations successives :

- d'une déflation surtout éolienne,

d'une déflation éolienne liée à une érosion hydrique diffuse,

d'une érosion hydrique aréalaire pouvent devenir concentrée et légèrement

incivise.

Les preuves de ces manifestations sont toutes visibles sur le terrain.

Les facteurs vent et eau restent présents dans tous les cas, mais l'érosion

hydrique gagne à mesure qu'un matériau plus ancien, plus cohésif et peut-être

un peu plus argileux s'y prête.

Ces érosions respectives manifestées de l à III, respecteraient donc les zones

médianes non recouvertes de sables, mais auraient sévi sur les parties sous

couverture sableuse lamellaire actuelle.

Ceci pourrait signifier :

1) que le vent agent érosif intense sur certaines portions de modelés d'erg

récent à sols fragiles (III) serait aussi un agent d'accumulation puissant

sur ces mêmes portions mais épargnerait les portions alternes J

2) que l'eau serait un agent érosif efficace sur certaines portions de modelé

d'erg ancien (1) mais que les sols plus cohérents, plus massifs, s'oppo­

seraient à une déflation éolienne importante.

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- 16 -

Il ne faut pas perdre de vue que les observations actuelles ne livrent

que la résultante des récurrences arides et humides antérieures quater­

naires durant lesquelles les deux agents érosifs ont dû se succéder et

s'associer.

Les plages de sol nu. durci. souvent dépressives. ("coup de cuiller")

sans aucune végétation herbacée peuvent être interprétées comme la

conséquence de facteurs érosifs de nature et d'importance différentes

selon que l'on s'adresse à telle ou telle formation sableuse.

3) Si le résultat morphologique des plages : couleur. dénudation. aspect

colmaté. peut sembler le même au sol. quelle que soit la formation sa­

bleuse. il n'en est pas de même des observations micromorphologiques.

L'emploi de résines durcissantes sur le terrain a permis la pri­

se d'échantillons non perturbés. Des lames minces ont été confectionnées.

Sous le microscope les lames issues de la "croûte" d'une plage

dénudée proche du profil GoS 43 (toposéquence GoS IV) montrent de la

surface de la "croûte" vers l'intérieur:

- une zone de 4 à 5 mm d'épaisseur à assemblage porphyrosquellique

(grains quartzeux entourés d'un plasma argilo-ferrugineux presque

continu. très peu de vides. faible porosité). Outre ce plasma con­

tinu. cette zone est caractérisée par une concentration de petits

granules de goethite (hydroxyde de fer). Le plasma est argilasépique

c'est-à-dire sans orientation préférentielle et on ne voit pas de

zonations qui sont la marque d'une illuviation. Il est vrai que ce

plasma est pauvre en volume par rapport au squelette quartzeux et

donc difficilement observable ;

- une zone homogène épaisse à assemblage aggloméroplasmique ou inter­

textique c'est-à-dire discontinue. lache. en ponts. à vides impor­

tants. Les granules de goethite sont disséminés dans la masse du

matériau.

La "croOte" rouge de surface apparaît donc comme une concentratin

plasmique argilo-ferpugineuse fine (pelliculaire) peu poreuse donc

peu perméable.

Sur les plages nues durcies des formations J. les quelques lames minces

dont nous disposons nous montrent une zonation semblable mais beaucoup

plus épaisse en surface. Des argiles zonés illuviales indiquent une mi­

gration et un dépôt par le ruissellement hydrique et en-dessous un as~

semblage quartzeux à plasma plus dense. plus coloré. qui s'apparente

à ceux des horizons (8) de sols différenciés.

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- 17 -

Les interprétations précédentes concernant l'agent érosif et l'horizon

atteint dans le cas des formations l et III se trouvent ainsi confirmées.

4) Sur les sables remobilités des dépôts éoliens récents, la végétation her­

bacée est abondante. Sur les pl~ges durcies encroûtées non recouvertes

des sables précédents, la végétation herbacée est faible ou absente. Les

plages battantes, durcies, dépressives, ne possèdent pas de strate herbacée.

Ces faits nous semblent liés à plusieurs causes convergentes dont

la plus importante est l'alimentation en eau. Le durcissement de l'horizon

atteint par l'érosion, son colmatage (les taux d'éléments fins sont de quel­

ques % plus importants dans la croûte de surface) empêchent l'eau de pluie

de pénétrer. Celle-ci ruisselle et va alimenter les plages sableuses meu­

bles avales. D'autre part, le vent balaie les surfaces nues et évacue les

graines qui ne peuvent s'y maintenir. Ces graines se piègent préférentiel­

lement dans les zones sableuses meubles alentour.

Ce sable a une capacité de rétention assez élevée pour l'eau

puisqu'il est constitué de sable plus fin préférentiellement déplacé par

le vent, et qu'il repose sur un horizon tronqué plus cohésif qui arrête

l'eau.

D'autre part, l'évaporation de ces sables est réduite du fait

du manque de capillaires fins capables de remonter l'eau jusqu'en surface.

Ces sables meubles peuvent être comparés alors à un dépôt de sucre fin

sur du sucre en morceau, ce dernier figurant le substrat tronqué durci.

L'expérience montre que si l'on dépose le tout dans une soucoupe contenant

un liquide coloré celui-ci va monter rapidement dans le sucre en morceau

mais très peu à la base du tas meuble supérieur. Piégeant les graines,

conservant l'humidité, ces sables meubles permettent la germination.

La végétation arbustive peut se maintenir sur des plages nues.

Mais mal, puisque l'eau qui ruisselle est perdue pour l'arbre. Dans des

zones septentrionales comme celles de l'étude, où les espèces se trouvent

à la limite latitudinale N de leur aire, un déficit hydrique quelconque

est préjudiciable au végétal ligneux. Si celui-ci se répète, si l'érosion

hydrique du ruissellement ou éolienne déchausse les racines et diminue

encore l'alimentation en eau, l'arbuste peut mourir.

Au co~traire, les graines d'espèces ligneuses dont celle de

l'Acacia senegaZ par exemple qui semble avoir un pouvoir régénateur impor-

tant, peuvent germer dans les sables humides. Mais lorsque le sable est

dégagé par le vent, les conditions d'alimentation hydrique changent et

l'arbuste peut péricliter. De même le vent sur les sommets des ergs III

peut ensevelir sous les sables des arbustes qui ne subsisteront pas.

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- 18 -

Si l'action du bétail sur la végétation est bien visible autour

des mares permanentes, des cures salées, sur les parcours menant à ces si­

tes, l'absence de végétation, herbacée notamment, sur les plages durcies

de toutes les formations quelle que soit leur situation géographique, em­

pêche d'attribuer à la surpSture cette "dégradation".

Les pacages et les trajets du bétail peuvent même présenter une

prolifération de certaines graminées, Cenchrus bifZorus par exemple.

SJ Déterminisme du déclenchement des plages nues.

Les observations indiquent en outre que les plages nues sont plus

nombreuses

- au Nord de la zone qu'au Sud,

- sur les versants au vent que sous le vent,

- au pied des arbres.

Cela signifie que l'action du vent est primordiale.

Au pied des arbres, le phénomène est fréquent, surtout dans les zones septen­

trionales, sur les dunes des formations III et II. Le vent recouvre l'obstacle

du tronc, tourbillonne (végétation herbacée couchée, traces circulaires des

tiges sur le sol ... J. Une petite dépression se forme, s'amplifie, les racines

de l'arbre sont déchaussées, celui-ci végète et meurt.

De plus, la base des arbres apparaît comme un milieu très favorable

à la prolifération de la faune, de la mésofaune en particulier (insectes : tiques,

termites hypogées, fourmis ... J. On ne peut approcher d'un arbre sans observer

les tiques se ruer vers soi.

Plusieurs fosses pédologiques creusées à ce niveau confirment l'a­

bondance de la faune et indiquent les changements morphologiques dont elle

est responsable :

- l'horizon humifère sableux est homogène et non lamellaire comme partout

ailleurs. Il est poreux, aéré

- la présence de pseudomycelium calcaire d'origine biologique donne une

structure légère, "soufflée"

- les remontées biologiques de matériel sableux en surface sont fréquentes.

Tous ces caractères augmentent la sensibilité à l'érosion éolienne et hy­

drique. L'horizon humifère peut rapidement être déblayé.

6J Evolution des plages nues.

Plusieurs observations faites fin 1977 font apparaître une évo­

lution des plages nues (érosion en "coup de cuiller"J.

Cette évolution se manifeste par un mince décapage de la zone de

bordure amont par une érosion hydrique ténue.

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"- 19 -

En effet, l'impact des gouttes de la dernière pluie était quel­

quefois encore visible et avait dégagé des grains de sable (LEPRUN 1976).

Ce sable s'épand à l'aval de' la plage nue et se termine par de fines rides

sableuses de quelques centimètres de haut.

Un examen attentif de la plage nue sans recouvrement sableux

indique la présence de très~fines'~e~tes sinueuses de moins de 1 mm de~'

large rarement colonisées par' des~petites repousses de Tephposia puy.purea.v

Ces fentes se re1rouvent sous le recouvrement sableux mais plus

béantes (2-4 mm de large) et affectent alors le sable supérieur lui-même.

Les graines bien reconnaissables d'APistidae et de SchoenfeZdia en parti­

culier sont piégées dans ces fentes (photo 2, planche en fin de rapport).

Accumulation de sable aval, fentes et piégeage sont visibles dans la mise

en défens de Gossi, sur la toposéquence GoS IV au niveau du profil GoS 46

(cf. contrôle continu du Km 6, p. 47 et 49 du rapport de BOUDET 1978).

Ce piégeage explique la prolifération préférentielle de

SchoenfeZdia gpaciZis et d'Apistida mutabiZis sur la partie aval recou­

verte de sable. La germination est alors favorisée par l'apport supplémen­

taire de l'eau ayant ruisselé sur l'impluvium amont de la plage nue.

Ces plages nues ne sont donc pas statiques mais évoluent dans le

temps et l'espace et avec elles le couvert végétal.

Il faut faire remarquer que ces plages nues ne sont pas apparues

brusquement après la période de sécheresse des années 1970 ou après une pé~

riode de surpâturage. ROSSETTI (1963) les cite déjà après les avoir observées

dans le Gourma en 1959.

7) Comparaison avec le Ferlo sénégalais et la Haute-Volta septentrionale

(Oudalan) •

Le phénomène d'érosion en "coup de cuiller" n'existe pratiquement

pas au Sénégal et est présent mais peu étendu en Haute-Volta.

Il convient de fournir les éléments justifiant cette comparaison.

Le Ferlo, l'Oudalan et le Gourma présentent le même substrat sa­

bleux dunaire fixé d'ergs l, II et III (BOULET 1967, LEPRUN 1969 et 1971).

Le Ferlo et le Gourma sont situés à une latitude analogue, mais

climatiquement le Gourma se trouve décalé vers l'aride.

Ce décalage peut s'exprimer par ces chiffres

FerloSaint-Louis

Oahra

376 mm/an

511 mm/an GourmaGao

Oouentza

260 mm/an

494 mm/an

Le Ferlo et l'Oudalan seraient par contre soumis au même régime climatique

si ce n'est que le Ferlo bénéficie du fait de sa position littorale atanti­

que de précipitations occultes (rosée) non négligeables (MASSON 1948).

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- 20 -

L'action du vent est plus prononcée dans le Gourma : les sommets

des dunes hautes sont vifs. Ce phénomène apparaît aussi à Oursi dans l'Ou­

dalan, mais il est d'origine authropique sûre. Il ne s'observe. pas au Séné­

gal. Autres différences importantes :

- le couvert végétal herbacée et arborée est bien moins dense dans le Gour­

ma que dans les deux autres régions,

- la pédogenèse y est moins avancée : le sol moyen est le sol brun rouge

subaride alors c'est le sol ferrugineux peu lessivé qui domine dans le

Ferlo et l'Oudalan.

Les plages nues semblent donc être spécifiques de la zone nord­

sahélienne continentale, caractérisée par des sols peu évolués, un couvert

végétal arborée lâche, des pluies peu abondantes et un régime éolien pro­

longé et puissant.

IV - CONCLUSIONS

Les conclusions importantes suivantes peuvent être dégagées :

- Dans le Gourma malien sableux éolien, trois formations dunaires peuvent

être distinguées. Elles diffèrent par le modelé, les sols, le matériau

sableux.

- Tous les reliefs dunaires présentent des zones à surface durcie, planes

ou légèrement affaissées, encroûtées à végétation rare, relayant des zo­

nes de sables meubles à relief ondulé ou ridé. La position de ces zones

respectives est ordonnée sur le modelé en fonction des trois formations

distinguées. Les sables recouvrent les parties hautes et basses de la

dune, les sols non recouverts occupent la partie médiane.

- Les formes d'érosion en "coup de cuiller" dégageant des plages nues, dur­

cies, battantes peuvent se faire aux dépens des deux sortes de section

précédentes mais bien plus souvent sur les zones encroûtées non recou~

vertes.

- L'importance des facteurs érosifs est inégale: l'érosion hydrique gagne

vers les formations sableuses basses, la déflation éolienne domine sur

les cordons juvéniles.

Les plages nues sont dues à une érosion suivie d'une concentration plas­

mique argilo-ferrugineuse pelliculaire imperméable.

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- 21 -

- Elles sont abondantes sur les versants au vent. au pied des arbres. sur

les formations III et II. au Nord de la zone d'étude.

Elles évoluent en se régénérant à l'amont et en se colonisant en aval

par apport de sable meuble.

- Elles sont spécifiques de la zone du Gourma malien.

- La végétation herbacée et les repousses arbustives colonisent abondamment

les zones sableuses et disparaissent des zones durcies.

Paradoxalement. plus la déflation éolienne de saison sèche. re­

mettant les sables en mouvement,est importante. plus la végétation herbacée

aura de possibilités de se développer à l'hivernage suivant.

Paradoxale est ici la relation : déplacement de sables vifs~ désertifi­

cation~ régénération végétale.

Par contre cette remise en mouvement peut déterminer la mort des arbustes

et des arbres.

La régénération des pâturages herbacés est donc favorisée par l'extension des

sables vifs peu épais. Elle est stationnaire sur les sols climatiques tronqués

ou non.

On a l'impression que les sols en place supportent mal la couverture végétale

actuelle. ne sont plus "climaciques". Peut-être nous trouvons-nous devant un

signe de la péjoration du climat actuel.

Quoi qu'il en soit. après le maintien durant plusieurs années consécutives

d'Une sévère sécheresse dans tout le sahel. nous avons été agréablement

surpris d'observer la belle allure des pâturages du Gourma malien dès 1975

et le maintien,vDire l'amélioration du couvert herbacé en 1976 et 1977.

Il est possible. et visible dans certains cas. que cette régénération ne soit

due qu'à l'abaissement important du nombre de bêtes après la sécheresse. Mais

la belle allure des pâturages tout autour des mares permanentes. à Gossi en

particulier. interdit de n'envisager que cette cause.

Il semble. d'après les expériences réalisées au champ à Oursi et GoromrGorom

que les plages nues puissent régénérer leur couvert végétal. Un griffage

superficiel à l'aide d'un instrument à dents briserait la pellicule imper­

méable de surface. ameublissant l'horizon. stoppant le ruissellement, pié­

geant les graines.

L'année d'aide supplémentaire demandée est en grande partie destinée à la

poursuite des études sur les sols sur sables et en particulier sur les mé~

canismes érosifs. Les données qui précèdent montrent que le phénomène est

complexe.

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- 22 -

B. LES TERRES DE CURES SALEES

1. Introduction:

La mission préparatoire au projet D.G.R.S.T. d'aoOt 1975 prévoyait

de préciser les caractéristiques de diverses terres de cures salées dont en

particulier celles de Tin Ahara, Karouassa et Amniganda (localisation fig. 3).

Durant les premiers mois de la saison des pluies, en juin si celles­

ci sont précoces, en juillet et août et quelquefois en octobre, l'une des prin­

cipales activités traditionnelles des éleveurs et du cheptel est la transhu­

mance vers les lieux de cures.

MACHER (in BOUDET et al. 1971) rapporte que l'urgence du déplace­

ment à la cure est signalée par un comportement anormal des animaux qui dé­

laissent alors le fourrage pour les cendres et les débris ménagers des cam­

pements.

La première cure serait en général une cure purgative pour cet

auteur. GALLAIS (1975) écrit que les séjours aux cures durent une à deux

semaines et que le natron purge les animaux et leur redonne de l'appétit.

BOUDET (in BOUDET et al. 1971) réduit l'importance de l'apport

en sodium des cures qui en possèdent peu, et avance qu'"il semblerait ce r

pendant que la pratique des cures salées ne soit que l'indice d'une faim

de sodium qui pousse les animaux à lècher les sols légèrement enrichis en

minéraux solubles •.. ".

Les cures salées sont connues et'ont été répertoriées depuis de

nombreuses années par les différents services d'élevage en Afrique de l'Ouest

mais n'ont jamais fait l'objet d'études chimiques et pédologiques précises,

Mentionnons entre autres ouvrages ceux de DOUTRESSDULE (1952) au Mali et de

GROSMAIRE (1957) au Sénégal.

Notons que certaines cures sont hydrothérapeutiques et se fQnt

alors à partir de l'eau de certains puits dont la charge en sels est élevée,

et que les cures d'herbes sont également recherchées par les éleveurs, ainsi

celle de Merinaghem au Sud du lac de Guiers au Sénégal, et les abords du lac

Tchad.

Les principaux inconvénients de la pratique de ces cures sont la

dégradation importante des pâturages le long des parcours traditionnels de

transhumance, et celle d'une vaste aire autour des cures.

Les avantages retirés de ces longs périples sont aux dires des

éleveurs, un appétit du cheptel recouvré, un nouveau poil plus brillant

et plus dru, et certaines autres qualités qu'il conviendrait de préciser.

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- 23 -

2. Les observations morphologiques

a) La cure de Tin Ahara (1°51'50"W - 16°39'30"N) :

Située à 30 km au S de Gourma-Rharous, sur la piste menant à Gossi,

elle est constituée de petites excavations de faible profondeur situées au­

tour du puits qui culmine à 258 m d'altitude absolue, au sommet d'un relief

convexe à pente faible inférieure à 1 %.

La formation géologique environnante, recoupée par le puits est

la formation Y III de la carte de REICHELT (1972) composée de schistes argi­

leux, grès, quartzites, calcaires et dolomies lenticulaires. L'ensemble est

attribué au Précambrien supérieur. L'eau du puits atteinte à 59,S m est lé­

gèrement alcaline au goOt.

A proximité des excavations exploitées et surmontant celles-ci,

un affleurement de cuirasse ferrugineuse à nodules violets, en cours de dé­

mantèlement est visible. Plusieurs profils ont été rafraîchis dans les ca­

vités exploitées.

Voici la description de l'un d'eux

ARA 1 :

0- 6cm Brun rouge (5 YR 5/6), sablo-limoneux à argileux. Environ 20 %

de terre fine emballant des nodules ferrugineux de 1 à 3 cm,

rouille et lie-de-vin. Structure polyédrique fine bien dévelop­

pée à cohésion d'ensemble moyenne. Porosité tubulaire assez

faible, bulleuse, localement bien développée.

6-22 cm : Brun-jaune à ocre (2,5 YR 5/6), même texture un peu plus argi­

leuse. Plus de terre fine à même structure mais cohésion plus

faible. Quelques revêtements blanchâtres non effervescants sur

les nodules, légèrement salés au goOt.

22~32cm Rouge (6,75 YR 4,5/6) argilo-sableux. Nodules ferrugineux moins

durs et éléments ferruginisés lithiques en amas qui, cassés,

laissent apercevoir les fantômes de minéraux fins très altérés.

Structure polyédrique plus large, peu friable.

32cm idem, plus argileux. La densité des nodules diminue. Argiles ba­

riolées jaunes, ocres, rouges et grises.

Les niveaux préférentiellement exploités sont ceux de 10 à 30 cm, d'après

les éleveurs questionnés sur place. Localement on trouve en surface des

débris de croOte calcaire très dure, saumon, incorporant des nodules fer­

rugineux. Certaines faces de ces débris présentent des structures en nids

d'abeille donnant un aspect de meulière. Ces trames en relief ne font pas

effervescence à l'acide et semblent être constituées de silice.

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- 24 -

b) La cure de Karouassa (approximativement 16°29'N - 1°19'W)

Elle se stiue à environ 80 km à vol d'oiseau au SE de Gourma

Rharous. Elle s'étend entre deux ensembles dunaires et une grande étendue

plane, gravillonnaire, d'où émergent quelques chicots de cuirasse ferrugi­

neuse. La formation géologique est la même que celle de la cure précédente.

Une excavation profonde de 2-3 m permet la description suivante :

0- 15 cm

15- 33 cm

33- 50 cm

50-250 cm

Brun rouge, sablo-argileux et graveleux. Très perturbé par l'homme

et les animaux. Structure prismatique mal développée à massive.

Cohésion assez forte. Nodules ferrugineux durs, lie-de-vin.

Bariolé de jaune, gris, rouge vermillon, argilo-graveleux. Nodules

ferrugineux moins durs, moins nombreux, moins bien individualisés,

fortement liés à l'emballage argileux. Structure polyédrique moyen­

nement cohérente.

Argiles bariolées à amas ferrugineux rouges lie-de-vin, friables.

Succession de bancs de schistes altérés mauves, jaunes, vert-clair,

argileux, et de bancs siliceux fins blancs. La schistosité à un

pendage moyen de 50° SW. Certains niveaux stratifiés de 3 à 4 cm

d'épaisseur, de couleur brun ocre, très argileux, renferment à la

cassure des cristaux aciculaires fins, non effervescents à l'acide,

de pH 7 à 7,5.

Certains autres niveaux, durs en lamelles de 2 cm, font vivement

effervescence à HCl et se présentent comme des encroûtements calcaires gris

ou roses. L'ensemble de l'horizon de 50 à 250 cm est frais à humide.

C'est cette dernière couche stratifiée de 2 m d'apaisseur environ

qui est exploitée. La surface et les niveaux inférieurs à 250 cm ne sont pas

favorables. Les bêtes elles-mêmes vont lècher et mordiller sans distinction

les passées argileuses a~paremment sans sels et les intercalations salées

de cette couche.

Une fosse, distincte de l'excavation décrite en 1975, a été creu­

sée en 1976. En voici la description succincte:

0,30 cm

30 - 70 cm

horizon noduleux et gravillonnaire ferrugineux, débris de

quartz. Terre fine brune pulvérulente, limono-argileuse en

surface, à structure polyédrique large dessous.

altération argileuse beige, blanc, gris-ocre, entourant les

nodules ferrugineux non durcis. Pas d'efflorescences salines,

pas d'effervescence au HCl 1/2. Structure polyédrique plus fine.

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70-100 cm

100-200 cm

200-220 cm

220-275 cm

275-350 cm

350-450 cm

- 25 -

même altération, succession de passées argileuses mais de cou­

leurs plus vives, safran, jaune, beige et de bancs durs obli­

ques quartzeux. Les passées argileuses présentent des efflores­

cences fines et denses blanches, à aspect de mycelium, non ef­

fervescents ou peu. Ces niveaux sont consommés préférentielle­

ment par le bétail.

idem, mais présence de plages argileuses gris-beige saumon

présentant des nodules calcairs durs, ronds ou allongés, sans

quartz, sans septaria, faisant vivement effervescence à HCl

1/2 entre les passées de schistes violets très altérés et non

calcaires.

idem, plages calcaires et non calcaires dans lesquelles se dis­

tinguent des cristallisations radiées en pelote d'aiguilles

blanches de 2-3 cm' de long, très fragiles, non effervescents à

l'acide mais solubles dans l'eau.

schistes altérés argileux mieux retonnaissables à individuali­

sations calcaires, à bancs siliceux obliques rares, sans ef­

florescences salines.

schistes altérés non argilifiés, non effervescents à HCl 1/2,

sans efflorescences, à filon de quartz orientés 30-40° SW.

roche plus dure, moins altérée.

c) La cure salée d'Amniganda (15°14'N - 1°10'W) :

Elle s'étend en bordure d'un chapelet de mares temporaires entou­

rant en gouttière le massif d'Amniganda constitué des quartzites de la forma­

tion d'Hombori-Oouentza, à une soixantaine de km au S de Gossi.

Les formations pétrographiques de la cure sont des calcaires, do­

lomies, schistes argileux et grès intercalés de la série La Irma (REICHELT

1972).

Les cures sont séparées des mares par un relief cuirassé peu éle­

vé sur le versant externe duquel se placent deux séries d'exploitation, l'une

en amont, l'autre 300 à 400 m plus en aval.

Observation amont : AMI 1 :

0- 6 cm : sabla-argileux à nodules ferrugineux violets, durs. Structure

massive à cohésion assez forte.

6-35 cm argiles bariolées à nodules ferrugineux violets et amas ferrugi­

neux, lie-de-vin moins durs. Structure polyédrique centimétrique et

sous-structure millimétrique moyennement développée. Cohésion d'en­

semble moyenne à faible.

Au-delà de 35 cm : argiles bariolées rouges, ocres, safran, grises à bancs

plus ou moins indurés ou nodulaires ferrugineux rouges et revê-

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- 26 -

tements de cristaux blancs aciculaires et recourbés faisant en

partie effervescence à l'acide. Ph variables de 6 à 8 selon le

point de prélèvement.

Observation avale : AMI 2 :

0- 1 cm

1- 7 cm

gris brun, limoneux, lamellaire, fragile.

brun foncé à reticulum rouge, argileux, structure en colonnettes

à sommet arrondi. Cohésion très forte à excessive.

7-20 cm brun, argileux, structure cubique fine, très bien développée,

efflorescences de cristaux aciculaires en amas ne faisant pas

effervescence. pH 7,5 à B. Cohésion d'ensemble plus faible.

Au-delà de 20 cm : brun beige, argileux, massif, très compact.

Les niveaux consommés sont ceux sous 35 cm dans le premier cas et de 10 à

20 cm dans le second.

dl La cure salée de Drougama (approximativement 15°1B'3D"N-2°12'Wl

Comme dans le cas de la cure salée d'Amniganda (15°14'N - 1°1D'Wl

la formation géologique est la série Ial de la Irma définie par REICHELT

(1972l et constituée de calcaires, dolomies, schistes argileux et grès in­

tercalés. La cure occupe un versant qui borde une zone dépressive maréca­

geuse et sur lequel se distinguent des niveaux cuirassés isolés fortement

démantelés.

Les fosses d'exploitation sont très peu profondes, le niveau

argileux sous 30 cm étant préférentiellement recherché.

La présence des sels est visible par des efflorescences blanches

non calcaires "bourgeonnant" les surfaces structurales et dans les fissures

des argiles tachetées polyédriques.

el Les autres cures salées :

Ont été également étudiées, sur la piste entre Tin Ahara et

Bambara Maoundé, les cures de Ikarkaraten (16°26'30"N - 2°06'30"Wl et

Tin Asseyfi (16°15'45"N - 2°15'15"wl.

La première se situe autour d'un puits profond creusé dans les

schistes dolomitiques IIII de REICHELT. La cure consiste en des grattages

de surface et prélèvements d'altérites latéritiques kaoliniques à efflo­

rescences salines locales.

La configuration de la seconde se rapproche beaucoup de celle

de Tin Ahara. La cure est placée entre un sommet cuirassé aplani recouvert

par des sables éoliens et une mare temporaire boisée. La roche-mère est

également la série IIII' Les fouilles sont plus profondes que dans le

cas précédent. Sous la surface constituée de "gravillons" ferrugineux sont

exploitées des argiles bariolées polyédriques fines où se décèlent de rares

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- 27 -

Différentes remarques intéressantes sont à formuler :

- Si les cures les plus connues sont situées à des emplacements

fixes et sont préférentiellement exploitées, il existe une multitude de pe­

tites cures employées par les éleveurs itinérants sur les trajets et à pro­

ximité des stations de transhumance. Ainsi, les éleveurs groupés autour du

chef Marechat, utilisent des petites fouilles autour de la mare de Banzena,

entre Bambara-Maoundé et Douentra et en connaissent un grand nombre.

- Il existe des "trouveurs" de cures salées au pouvoir un peu

swrnaturel, très respectés et payés en nature. Ce pouvoir nous a même été

prêté au cours de nos études. Il semble en fait que toute localisation de

cuirasses ferrugineuses démantelées sur les séries à intercalations dolo­

mitiques soient susceptibles de fournir des terres de cures exploitables.

3. Les analyses :

Un grand nombre d'analyses a été effectué. Quelques-unes sont

citées. Elles concernent :

des analyses des éléments majeurs à l'attaque fluorhydrique,

- des analyses totales des éléments majeurs et des traces (fusion alcaline),

- des analyses d'extraits au 1/10 fournissant la détermination des sols so-

lubles des sols,

- des analyses d'argiles aux rayons X.

Cure Niveau: :%:% :%:%: %:%:%:%---------- --------------- ----- ----- ----- -----

ARA 1.1

1.2

: TIN AHARA: ARA 2.12.3

ARA 3-20 cm

ARA 4-20 cm

. . .: 9,75:13,28:, , .:14,75:14,08:

: 4,17: 8,80:

:22,18:14,72:. , .; 14,42; 14,40;

:19,89:16,48:

0,23:

0,38:

0,26:

0,69 :

0,38:

0,53:

d 66:, .0,71:

0,44:

0,35:

1 63', .0,49:

1,05 :

° 31', .0,72:

0,89~

0,47:

0,41:

° 59', :

1 ,91 :

1,84:

1 ,91 :

° 81', :

0,98:

0,75:

1,27:

1,27:

1,15 :

0,05:

1,00 :

0,04:

0,07:

0,07:

0,06:1 ----,--------- 1 '- 1-- ' 1_- ' 1 ' ,. . .: KARoUASSA: KARA argiles : 9,96:13,44: 0,15: 0,48: 0,33: 0,50: 0,77: 0,07:

: ~ KARA schistes :15,14~ 6,56: 0,30: 0,26: 0,29: 0,74: 0,94: 0,03:

: AMI\JIGANoA: AMI 1.12.2

~19,54;12,96: 0,79: 0,60; 0,57: 0,93; 0,53: 0,05:

:13,78:13,92: 1,26: 0,55: 1,00: 1,11: 1,34: 0,07:

Tableau 3 - Résultats des analyses à l'attaque FH.

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- 28 -

:~erte:

: Si02 :A1203 : Mgo CaO ;Fe203 :Mn 304 : Ti02 : Na20 K20 à :Somme:: : : 1000°:---------- ----- ----- ----- ----- ----- ----- ----- ----- ----- ----- -----

pYM 1 52,2: 16,3:' 2,18 : 5,0 5,5 :0,022: 0,71 : 0,55: 1,03:11,36:94,74:

o 87: · . o 77:. .

KARA 7 63,7: 17,3: ' . 2,8 3,4 :0,014: ' . 0,61 : 1,48: 8,02;98,95;· .KARA 6 62,4: 18,1 : 0,50: 0,3 7,7 :0,022: 0,73: 0,65: 0,85 : 7,54:98,97:

:0 039: o 51:. .

AMI 11 54,2: 21,8: 0,58: 0,5 : 11 ,4 1,06 : 0,54: 8 22'99 86'.' . ' . ' : ' :· .ARA 22 48,1: 23,5: 0,84: 0,7 :12,3 :0,063: 0,83: 1,34: 1,43:10,78:99,88:

Tableau 4 - Résultats des analyses totales en %.

: Sr : Ba V: Ni :

Co : Cr B: Zn :

Ga: Cu

:Pb

: : : : : : : : : : :---------- --- --- --- --- --- --- --- --- --- --- ---

DYM 1 :281 :278:185: 83 : 12 : 90 : 54 : 78 : 21 : 58 : 30 :

KARA 7 :109~595:128: 40: 15 :112:100: 38: 28: 32 : 36

KARA 6 : 83 :430:159: 48: 22 :117: 84 : 64: 31: 37 : 38

AMI 11 :123:167:278; 39; 11 ;155; 72 : 38 ~ 32 : 31 ~ 48

ARA 22 :121 :198:136: 44 8 :106: 54 : 34 : 30 : 40 : 47

Tableau 5 - Résultats des analyses des traces en p.p.m.

les analyses totales des majeurs du tableau 4 ne bouclent pas

toujours à 100. Ces déficits sont dus à la présence de sulfa­

tes (5 %) liés à Ca et Mg dans l'échantillon DYM 1 et de sul­

fate de Ca (1 %) dans KARA 7.

On considère qu'un sol est salé lorsque la conductivité de son

extrait 1/10 est supérieure à 1000 micromhos (tableau 6). Les

balances ioniques sont mal équilibrées. Il y a moins d'anions

car la quantité de cations concorde en général avec la conduc­

tivité. Un certain nombre d'anions n'a donc pas dO être dosé

(P04 ' NO; ... ).

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- 29 -

Cations (mé/l)

Echantillons pHCond.(IVjm Cl

Anions (mé/l)

++Ca

++Mg

+K

+l'la

Somme

Ca­Anions tions

ARA 1.1

ARA 1.2

ARA 1.3

ARA 2.1

ARA 2.2

ARA 2.3

KARA arg.

KARA schistes

AMI 1.1

AMI 2.2

KARA 6

KARA 5 - 1 m

KARA 5-1,5 m

KARA 5 - 2 m

6,9 750 0,7

4,5 710 0,6

7,0 2000 1,0

4,4 2500 3,2

7,8 3900 6,2

7,2 2500 4,0

6,8- 1600 2,0

7,0 1900 2,4

6,9 2000 3,0

6,5 3000 4,5

6,8 1450 2,0

7,4 800 0,8

500 0,3

12,4

0,4 10,4

0,4

18,0 25,2 25,3

ARA 3 - 20 cm

oYM 1

6500 6,9 0,5

0,5

10,2

3,1 4,0

Tableau 6 - Analyses des extraits 1/10°.

L'examen de ces analyses permet de dégager les particularités suivantes

- les différentes valeurs sont variables d'une cure à l'autre, au sein d'une

même cure et même dans les différents horizons d'un même profil.

Ainsi les teneurs en alcalins et alcalino-terreux peuvent être plus élevées

en ce qui concerne Na et Ca en ARA 2 et 3 KARA 6 et AMI 2, plus élevées en

Mg pour oYIVj 1 et AMI 2 ... . Mais en général les teneurs en bases sont faibles

(entre 2 et 8 % du totall comparées aux taux de Si02

, A12

03

, Fe2

03

.

Surtout si on se réfère aux teneurs de la roche saine (50 % de Cao et 1 à 2 %

de Mgo dans le cas de oymamou).

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- 30 -

Tableau 7 - Déterminations minéralog~ques.

Les valeurs en sesgnioxydes (Fe2D3 , A1203) indiquent que ces altérations

sont de nature latéritique. La dominance des argiles kaoliniques (tableau 7)

et les observations de terrain confirment ce diagnostic.

- les renseignements fournis par les analyses des extraits au 1/10 indiquent

que les sols sont peu salés, le maximum étant atteint par le prélèvement

ARA 3 avec 6500 Mmhos.

- outre la kaolinite qui domine tous les autres minéraux argileux, il faut noter

la présence fréquente de gypse et de calcite néoformés, Ces cristaux consti­

tuent une partie des efflorescences blanches à goOt salé observées sur le

terrain.

la moyenne des valeurs des éléments majeurs et des éléments en traces (oligo­

éléments) des échantillons de cure Gst- largement supérieure à celle des sols

sableux qui portent l'essentiel des pâturages du Gourma.

Le tableau suivant permet de les comparer.

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- 31 -

Sols sur sables Cures salées:-----------------:-----------------:

;A1203 % 0,1 -2 1ô,ô

;Fe203 % 0,5 -2,5 11,3

;Ti02 % 0,02-0,2 0,6

:CaO % 0,1 -D,ô 1,05

'M 0 % 0,1 -0,25 0,72, g

;Na2O % 0,05-0,15 0,94

'K 0 ~ 0,15-0,35 1,00: 2 0

;Mn02 % 0,01-0,03 0,11

:Cu ppm 6 40

'Co ppm 0,6 15

'Zn ppm 0,7 -1,5 50

Tableau ô - Comparaison des teneurs en éléments chimiques.

4. Les interprétations

Les observations morphologiques précédentes et l'examen des résul­

tats analytiques appellent les commentaires suivants :

- les cures étudiées se situent toutes dans des formations géologiques schis­

teuses comprenant des intercalations dolomitiques ;

- le contexte géomorphologique et pédologique est dans tous les cas celui

d'un cuirassement ayant affecté le sommet des altéraions des formations

pétrographiques partiellement dolomitiques sous-jacentes, et dont la cui­

rasse largement démantelée ne subsiste plus que sous forme de lambeaux

de certains points hauts. Les "gravillons" et les nodules ferrugineux

de surface diminuent alors en profondeur à mesure que l'on pénètre dans

dans les niveaux d'altération argileux bariolés.

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- 32 -

Les stratifications et la schistosité permettent dans les meilleurs

cas, lorsque les fosses sont profondes, de constater que les altérations sous

cuirasse se sont faites dans un matériel lithologique en place.

- les efflorescences et les revêtements de cristaux généralement aciculaires

sont situés dans des niveaux peu épais, à distance relativement faible de la

surface topographique. L'effervescence à l'acide est rare.

- les déterminations diffractométriques indiquent :

. une quasi dominance de minéraux argileux de type kaolinite et une

faible proportion d'illite ou de micas,

une présence constante de gypse (sulfate de Ca) et quelquefois la

présence de calcite (carbonate de Ca) et une absence totale de

sels de Na décélables.

Des constatations qui précèdent, nous interprétons ainsi la forma­

tion de ces cures salées :

La différenciation d'une cuirasse ferrugineuse se fait par l'inter­

médiaire d'horizons d'altération à structure conservée de la roche de départ,

où la filiation des nodules ferrugineux aboutissant à la cuirasse peut-être

suivie (LEPRUN 1972).

L'altération latéritique ou ferrallitique responsable durant de

longues durées géologiques de cette différenciation conduit à une accumu­

lation relative de fer et à l'élimination hors des profils des alcalins et

alcalinoterreux (Ca, Mg, K, Ka ... ) et de la silice. Elle aboutit à des

argiles kaoliniques sous et à l'intérieur de la cuirasse,

Dans le cas de roches à intercalations dolomitiques, la structure

schisteuse fine empêche l'exporation totale des ions basiques des bancs

calcaro-magnésiens,

Lorsque la cuirasse se démantèle, phénomène omni-présent actuel­

lement, la destruction des niveaux indurés supérieurs libère des nodules

et donne aux eaux pluviales l'accès aux altérations argileuses sous-jacentes.

L'altération météorique des niveaux dolomitiques non totalement altéré peut

alors se faire.

Le climat sub-aride et la faible quantité de précipitations ne

permettent pas l'évacuation des ions basiques par le drainage interne.

Ces derniers, du fait de l'évaporation intense qui suit les pluies, remon­

tent en surface dans les niveaux poreux gravillonnaires où ils cristallisent.

Enfin, comme le montre l'observation à Amniganda (AMI 2), les'

sels peuvent se trouver en cristallisations dans un sol solonetzique dé­

veloppé à partir de matériaux d'altération sous cuirasse et d'apports

de ruissellement.

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- 33 -

5. Conclusions

Si l'on restreint le terme salé à l'usage du chlorure de sodium

(CINa) et du natron en forte quantité comme c'est le plus souvent le cas

dans l'esprit de ceux qui l'emploient, les cures du Gourma ne peuvent

être appelées "salées".

En effet, ce sont alors des cures à faible teneur en sulfates

et carbonates de calcium, sodium et magnésium. La comparaison analytique

avec le natron du Tchad (BOUDET et al., 1971, p. 93) est probante.

Ces mêmes auteurs indiquent qu'à Karouassa, bien qu'appréciable,

la teneur en sodium ingérée durant la cure n'assurerait la ration en Na

que pour une semaine.

Il apparaît donc évident, que la fréquentation de ces cures

annuellement par les troupeaux n'a pas pour conséquence un apport substan­

ciel en sodium capable de réduire le déficit des rations de saison sèche.

Plusieurs raisons peuvent alors expliquer cette fréquentation

assidue, certaines pouvant évidemment s'associer

- des raisons sociales et ethniques qui poussent l'éleveur à un périple

annuel qui lui permet de prendre contact avec d'autres éleveurs venus

d'autres régions dans une période de vie facile qu'est l'hivernage;

- un besoin de purge ressenti par le bétail après la longue saison sèche.

L'ingestion de sulfate aboutit à ce résultat puisque la cure est tou~

jours suivie à 1 ou 2 jours par une diarrhée violente, abondante et

assez brève

- l'ingestion d'argiles pourrait constituer un pansement digestif ou sim­

plement l'assouvissement d'un pica allotriophagique ;

- des raisons physiologiques non évidentes pouvant provoquer, favorisé par

le goût salé des sulfates, le besoin d'ingérer du calcium facilement

assimilable (22 % du S04Ca l'est) ou des oligoéléments indispensables.

La géophagie est un phénomène fréquent chez les mammifères en

général et les ruminants en particulier.

Un grand nombre de publications traite des carences en oligo­

éléments, métalliques le plus souvent, chez les ruminants. Ainsi LAMAND

(1970) diagnostique par des dosages les carences en cuivre, cobalt, ma­

nifestées par la coexistence de la perte d'appétit, du pica, du poil

piqué, de la maigreur '" Le symptôme de l'anémie serait, de même, lié

à une carence en fer, et celui du trouble du pelage à la carence en zinc.

Ceci nous remet en mémoire les avantages attendus par les éle­

veurs transhumants.

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- 34 -

Il faut remarquer alors que tous ces éléments en traces, sont

fortement représentés dans les cuirasses et les niveaux argileux sous­

jacents. En effet, l'altération latéritique qui a éliminé les bases et

la silice, a concentré non seulement le fer et l'aluminium (celui-ci

est stoqué en partie dans le réseau des kaolinites), mais aussi les ca­

tions métalliques Cu, Co, Mn, Ti, Zn ... et d'autres oligoéléments moins

étudiés comme le vanadium.

BOUDET et al. (1971) sur la base des analyses de végétaux secs

appetés, prélevés dans le Gourma, considèrent que l'apport en oligo­

éléments indispensables à l'équilibre alimentaire du bétail est assuré

par le fourrage. Encore faudrait-il que celui-ci soit toujours suffisant

en quantité et qualité. Au fur et à mesure de l'avance de la saison sèche

la ration journalière diminue alors que le trajet augmente. Le fait que

les cures aient lieu en Juin ou début Août, au moment où les symptômes

du bétail apparaissent et que ces symptômes soient ceux des principaux

troubles carentiels d'oligoéléments est troublant.

En résumé, la pratique des cures salées pourrait donc, favo~

risée par la saveur des sels de certains niveaux du sol, apporter au

bétail :

du calcium, sodium et magnésium en petites quantités, mais dans un

contexte sableux qui n'en possède pas ou peu,

- l'effet bienfaisant d'une purge sulfatée,

- et surtout un apport en oligoéléments indispensables.

Des prélèvements de sang ont été effectués sur du bétail de Gossi avant

et après la cure de Karouassa. Des analyses minérales totales après

calcination sont en cours et permettront peut-être de renforcer l'hypo­

thèse déjà ettayée en faveur de l'action des oligoéléments métalliques.

Dès à présent il convient de préconiser, à un moment où est envisagée

la fabrication à Gao de pierres à lécher, l'addition à ces pierres

des différents oligoéléments indispensables.

C. LES FORMATIONS DE BROUSSE TIGREE

1. Introduction:

Ce terme a été créé par CLOS-ARGEDUC (1956) pour traduire

l'aspect singulier sur photos aériennes de formations végétales concen­

trées en bandes parallèles sombres alternant avec des bandes dénudées

claires évoquant le pelage d'un tigre.

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- 35 -

De nombreux travaux traitent de la description de ces formations,

de leur extension, de leur composition floristique et te~tent d'expliquer

leur genèse. Citons en Afrique de l'Ouest ceux de AUDRY et ROSSETI (1962)

en Mau~itanie,de BOULET, GAVAUD, BOCQUIER (1964) au Niger central,de

G~VAUD (1965) au Niger occidental,de GALAIS (1967) au Mali,de WHITE au

Niger (1970),de BOUDET (1972) au Mali ...

Ailleurs en Afrique, les anglo-saxons décrivent des "végétations

patterns" dans toute la zone sahélienne et sahélo-sahérienne : WORRAL au

Soudan en 1959, BOALER et HODGE (1962) en Somalie, suivi de HEMMING (1965),

WICKENS et COLLIER (1971) au Soudan ..•

Différentes causes ont été reconnues responsables de la formation

de ces bandes de végétation alternées. On a successivement incriminé l'ac­

tivité termitique, le dessèchement progressif de la zone sahélienne, le

surpâturage, le drainage, les conditions édaphiques

Ces formations végétales se suivent de Timbedra en Mauritanie du

SE jusqu'au Niger oriental avec un maximum au Niger occidental.

Dans la boucle du Niger, les photos aériennes et les cartes IGN

au 1/200.000 indiquent une extension importante de la brousse tigrée dans

une bande latitudinale située entre le 160 et le 140 N.

2. Observations morphologiques :

a) Les témoins les plus septentrionaux : se trouvent à proximité

de Gossi. C'est là que nous avons étudié les sols qu'ils recouvrent grâce

à deux toposéquences, l'une GaS II à 17,5 km de Gossi vers Dora, l'autre

GaS III à 2,6 km de Gossi, vers Hombori (situations respectives:

15°16'10"N - 1°1D'40"W et 15°49'N - 1°17'10"W).

Ces toposéquences sont résumées dans les figures 7 et 8. La ré­

partition de la végétation a été figurée pour rendre ces schémas plus

explicites .

. ~~_§~9~ê~~~§_~9~_~~ est située sur les formations géologiques

Y II de REICHELT (1972) qui sont constituées de schistes argileux multi­

colores souvent zonés, pendant d'environ 400 vers le SW.

Elle est orientée NE-SW et comprend

- une microdune sableuse alignée en cordon qui forme le relief dominant,

- un haut de versant sabla-limoneux à sabla-argileux à sols peu évolués

à faciès brun subaride,

- une zone basse formant collature à matériau limona-sableux à argilo·­

sableux développant des sols peu évolués à faciès hydromorphe et même

des microsolonetz.

L'ensemble est peu accidenté puisque entre le point le plus bas et le

point le plus haut il n'y a qu'une dénivellation de 1,3 m.

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A- S.S.O

B...C o Chicots raclnalres E

_.-~~--_c-~------ ~.~.~__N.N.'

.:.:;1~j.:::m:....- t10cm

FIG.7. CHAINE DE SOLS GOSJIL Cl BROUSSE TIGRÉE»

39

~

J

38

~ 37

~36

~

35

~

34

~

argileux

33

~

32

~

31

~

30

~

r'/

+

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~4

S.WA

• 4

20

~ 21

~

22

~

FIG.8.

•c..

10m

Chaine de sols gOSn:: cc Brousse Tigrêe

...0 .. fN. E

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- 36 -

Les nodules et concrétions ferrugineuses se forment dans l'al­

tération peu épaisse des schistes mais incorporent la frange inférieure

du matériau partiellement sableux sus-jacent.

Si l'on subdivise la séquence en 5 parties, on constate que la

partie AB est formée uniquement de sables éoliens récents, aucune diffé­

renciation en horizons ne se manifestant dans ce matériau dont on distin­

gue bien les apports lamellaires successifs de sables.

La partie BC est constituée d'un matériau dont la texture sa­

bleuse dominante et la discontinuité avec les schistes durs sans l'inter­

médiaire d'une zone d'altération, suggèrent une zone de colmatage prove­

nant pour partie des sables éoliens et pour partie d'éléments fins dé­

placés.

La partie CD dont les sols sont bien différenciés et structurés

comporte un taux d'éléments fins élevé (argile + limons) et semble en

grande partie dériver de l'altération des schistes.

La portion DE est le symétrique de la microdune A'B mais le

sable éolien s'appuie sur une butte de matériaux issus de la destruction

de grandes termitières encore présentes. A la verticale de cette butte

apparaît une proéminence schisteuse. La partie EF est le symétrique de

la portion A'A : la superposition de matériaux semblables y est relevée.

Les microdunes sableuses sont colonisées par une végétation de

Graminées éphémères (Schoenfeldia gracilis 3 Aristida mutabilis3 Cenchrus

biflorus ... ).

Toute la partie BC et la première moitié de la portion CD sont

entièrement nues, gravillonnaires, puis glacées à croOte blanche limoneuse.

La zone qui forme collature [pl"ofils 23 à 2gb) et qui s'appuie

aux deux chicots du socle schisteux (profils 23 et 2gc), reçoit les eaux

de ruissellement en sa partie basse (fosses 27 et 2ga). C'est dans cette

zone basse que se développe la formation de brousse tigrée boisée. Cette

bande de végétation dense est orientée perpendiculairement à la direction

de la toposéquence, et est composée de Graminées (Panicum laetum3 Schoen­

feldia gracilis3 Andropogron gayanus ... ) et d'arbustes hauts (Acacia

erhenbergiana3 Grewia bicolor3 Acacia ataxacautha3 Boscia senegaleusis .•. ).

Il faut remarquer :

que cette zone boisée correspond à l'approfondissement maximum de la

roche,

qu'une érosion hydrique légèrement ravinanteaffecte la partie amont

de la portion CD (profils 24 à 27 où des rigoles de chenaux d'écoule­

ment sont observées),

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- 37 -

- qu'en amont de cette zone, sur la surface nue précédant la ride sableuse,

les fosses et les observations superficielles montrent les traces d'une

ancienne et intense activité biologique (vieilles racines, nids de ter­

mites ... l,

- que la frange à individualisations ferrugineuses en contact avec les

schistes suit fidèlement la topographie de la zone dépressive, c'est-à­

dire celle où l'eau persiste. Elle apparaît également au-delà de la

microdune, en aval de la portion AA',

- que la formation désignée limono-sableuse à argilo-sableuse apparaît

issue en grande partie de l'altération in situ des schistes mais en

mélange avec des sables éoliens et des matériaux termitiques en BC et OF.

L'ensemble de la séquence apparaît donc comme une suite de forma­

tions ordonnées symétriquement par rapport à la zone dépressive centrale .

. ~~_§~g~~~~~_~~~_!!! se répartit sur la formation Y 1b de REICHELT

qui comprend des schistes argileux, des quartzites et grès lenticulaires.

Cette formation plonge d'environ 30° vers le NE. La séquence est orientée

NNE-SSW.

Très aplanie, elle joint deux "points hauts" qui sont des crêtes

rocheuses imprégnées par le fer, comprend deux zones basses sablo-argileuses

à argilo-sableuses à sols peu évolués bien structurés séparées par un cordon

sableux sans différenciation pédologique.

La végétation arbustive dense (Acacia erhenbergiana, Ac. senegal,

Grewia flavescens ... l et herbacée (Panicum laetum, Aristida faniculata ... l

se localise dans la partie dépressive du versant sous le vent de la micro­

dune.

Le sommet des sables et le versant au vent regardant vers le NE

de la ride sableuse supportent des graminées annu~lles (Schoenfeldia gra~

cilis, Aristida funiculata ... l et quelques rares repousses d'Acacia senegal.

Des vestiges de racines et de termitières dont il apparaît quelque­

fois en surface des chicots ou de petits dômes arrasés argileux sont obser­

vables dans la portion DE, c'est-à-dire dans la seconde zone dépressive

argilo-sableuse à surface entièrement dénudée gravillonnaire ou blanchâtre

encroûtée.

bl Les topo séquences sur formations de brousse tigrée en position

latitudinale médiane :

. ~ê_~~e~§~g~~~~~_~Q~ (16°34'4D"N - 1°DD'3D"Wl est située à 43 km

de Gossi, sur la piste menant à N'Daki à quelques centaines de mètres de la

borne astronomique 303 IGN. Le profil en long est matérialisé par la figure 9

La roche mère est la formation Y 1b de REICHELT (schistes argi­

leux quartzites et grès lenticulairesl, le pendage d'environ 20° vers le SSW.

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ABC 0 EES E ......t__----.~ .......t__--------t.~ ......t__-------------------_... _..------l.~ WHW

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3

l2

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. X{xxxx., >- >. .• x x

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x x )( v

1

FIG. 9. Chaine de sols NDA ccBrousse Tigrée»

FIG.1 O. Chaine de sols KER cc Brousse Tigrée Il

HHW

1: .... ::.; J Hori zon sableux

~ Horizon argilo-sableux et nodules ferrugineux

l1IllII Horizon Iimono sableux

~ Cuirasse ferrugineuse

o Horizon Iimono argileux

~ Roche_mère (Schistes)

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L'examen du profil schématique de la figure 9 indique

- que la topographie du schiste en place monte vers le NW,

- que les sols supportant les bandes boisées sont assez épais, bien dif-

férenèiés (sols bruns subarides solonetziques - profil 1 - ou modaux à

calcaire exprimé en (B) - profil 4 -Jet frais,

- que la bande nue BC se compose de sols moins épais,

- que sous les sables à strate graminéenne annuelle dense on retrouve un

sol épais à peu près semblable à ceux supportant les bandes boisées.

On peut'avancer que la troncature des horizons limono-sableux

par des phénomènes d'érosion hydrique visibles en surface (en BC) déter­

mine la reprise par le vent de la fraction sableuse libérée et son dépôt

en CD. Par contre, les éléments fins se déposent sur la surface des sols

érodés et la colmatent (profil 2).

finement pelliculaire blanc dessus (10 YR 6,5/3) limoneux,

puis brun clair (10 YR 6/3). Limono-argileux. Structure pris­

matique 5-8 cm, assez bien développée. Sous~structure polyé­

drique centimétrique cohésive. Les prismes sont arrondis sur

le dessus (colonnettes) et entourés d'un cortex bulleux assez

fragile. Cohésion d'ensemble moyenne, des mottes forte à

excessive. Enracinement fin moyen.

brun (10 YR 5/3). Même texture, plus limoneuse. Structure cu­

bique fine bien développée. Cohésion des mottes beaucoup

plus faible. Porosité très bien développée. Vers la base

débris granuleux de roche ferruginisée et cuirasse déman­

telée. Enracinement moyen et fin bien développé.

brun beige (8,75 YR 5/4). 80 %des débris précédents. La roche

est un schiste gréseux. Terre fine sableuse très faiblement

argileuse. Structure polyédrique fine très bien développée.

Cohésion moyenne. Porosité excellente. Enracinement assez

bien développé, bien réparti. Activité biotique forte (canaux

termitiques). Vers la base les débris de roche augmentent.

(B)

(C)

(B)C

8-21 cm

21-75 cm

Profil type: NDA 1.

Aspect superficiel fentes délimitant des polyèdres de 5 à 10 cm de lar­

geur, à surface pelliculaire écailleuse blanchâtre.

Végétation : formation arbustive haute et dense à Grewia bicoZor et Gr.

fZavescens ~ ziziphys~ Acacia Zaeta et Ac. macrostachya. Strate herba­

cée graminéenne dense à Panicum Zaetum.

Modelé: faiblement ondulé. Grandes termitières vivantes de 1 à 1,5 m de

hauteur.

Description

0- 8 cm

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- 39 -

Classification et discussion : ce sol est un soZ subaride stpucturé à fa­

ciès soZonetPique sur matériau de recouvrement au-dessus et pour par­

tie issu de schistes gréseux cuirassés.

Le faciès soloné~ique est déterminé par les colonnettes, le cortex

bulleux et la cohésion très forte des prismes.

La forte teneur en éléments fins (argiles + limons) favorise le déve­

loppement des structures et des cohésions.

L'horizon humifère manque fréquemment.

A(B)

(B)21

(B)22

4-18 cm

18-40 cm

40-90 cm

Autre profil type : NDA 3.

Aspect superficiel : encroGté à gravillons épars et saupoudrage de sables

éoliens formant des microbourrelets.

Végétation : sur les sables : SchoenfeZdia graciZis, Cenchpus bifZorus,

Apistida mutabiZis, BZepharis •.. , ailleurs: dénudé.

Modelé : décrochement de microdune sabeluse en amont de la bande boisée

(NDA 1). Profil creusé dans la zone nue à la limite de la microride

sableuse.

Description :

0- 4 cm : beige-jaune (7,5 YR 6/4). Argilo-sableux et gravillonnaire.

Lamellaire donnant une structure massive à débit polyédrique

plat. Cohésion d'ensemble moyenne, mottes moyenne à faible.

Enracinement nul.

beige clair (7,5 YR 6/5). Sable limoneux à sablo-argileux.

Gravillons assez nombreux épars. Structure massive à nette

tendance polyédrique 2-3 cm mal développée. Cohésion d'en-

semble moyenne à faible, des mottes plus faible. Ancienne

activité biologique visible, enracinement nul.

brun jaune (7,5 YR 5,5/5). Même texture sans gravillons.

Structure polyédrique à cubique 1-2 cm assez bien développée.

Cohésion d'ensemble moyenne, des mottes très forte. Quelques

vieilles racines et activité biologique ancienne (nids termi­

tiques).

brun pâle tirant sur l'olive (10 YR 6/4). Argilo-sableux.

Structure polyédrique fine bien développée à sur-structure

prismatique lâche. Cohésion d'ensemble faible, des mottes

forte. Pseudo-mycellium calcaire biologique donnant une

vive effervescence à HCl 1/2. Cohésion des mottes forte.

Quelques fines racines. Activité biologiqe moyenne : termites.

au-delà de 90 cm : on touche une cuirasse ferrugineuse peu démantelée.

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- 40 -

Classification et discussion : ce sol brun subaride modal correspond aux

zones nues situées en amont de la dépression boisée. Par troncature

des deux premiers horizons. le profil NDA 1 s'est développé è partir

du matériau des horizons (B)21 et (B)22 (cf. fig. 9) ..

Un peu plus en amont. sur la microride. ce sol tronqué se trouvera re­

couvert par 20 ou 30 cm de sables peu cohésifs. peu humifères. On aura

alors deux sols superposés : un sol peu évolué sableux sur un sol brun

subaride modal .

• ~~_~~~~~~g~~,::!~~_~~~ C14°58'4D"N - D2°39'3D"W) : l~ brousse'ti­

grée concernée est encore plus méridionale que la précédente. La roche-mère

est un schiste micacé difficilement discernable en raison de la présence

quasi-générale de la cuirasse ferrugineuse qui le recouvre.

Elle borde le Seno Mango sableux au Sud de la piste Hombori

Douentza. au Sud du village de Kerano. è proximité du campement peul de

Boulay.

La topo séquence est en tous points comparable è la précédente

comme l'indique le schéma synthétique de la figure '10.

- même orientation du vent. des rides sableuses. des bandes boisées.

- mêmes emplacements des bandes boisées nues et graminéennes. et même

supports pédologiques de ces bandes.

- même troncature érosive en contre-bas des micro-dunes sableuses.

- même pente générale du substrat rocheux cuirassé vers le NO.

c) Les toposéquences sur formations de brousse tigrée méridionales

Un certain nombre de toposéquences de brousse tigrée en position

méridionale extrême ou orientale ont été étudiées.

La plupart sortent de la zone du Gourma. Elles concernent le

Séno-Mango. la région d'Ansougo-Ménaka et le Nord de la Haute-Volta.

Les observations en territoire voltaique ont pu être relevées

durant une mission DGRST dans l'Dudalan autour de la mare d'Dursi CLEPRUN

1977.1978).

Les échantillons de sols de ces topo séquences sont en cours d'analyse.

Les profils en long schématiques de ces chaînes de sols résument

bien l'ensemble des observations. Les dénivellations de la surface topo­

graphique sont fournies par un niveau è bulle.

~ê_~~~~ê~9~~'::!~~_I~~ CSéno-Mango. Sud de Douentza ~ Coordonnées

14°25'3D"I'J - 2°36'DD"W - fig. 11) : la roche sous~jacente atteinte

est constituée par les grès du continental terminal cuirassés.

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4

~

FIG. 11.

3

~

Toposéquence TE N

TEN1

~

20m

1 :"-;"":.: 1 Voile sableux

~ Horizon Iimono-sableux

o Cuirasse démantelée

~ Cuirasse ferrugineuse

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- 41 -

La bande boisée habituelle se réduit ici à un bosquet dense à

Combretum micranthum3 Acacia ataxacantha3 Boscia senegaleusis 3 Grewia

bicolor3 Ptérocarpus luceus3 Bauhinia reticulata ... La strate herbacée

comprend : Andropogon gayanus 3 Eragrostis tremula3 Pennisetum pedicella­

tum et quelques Panicum laetum.

Cette végétation est concentrée dans la dépression circulaire

où est située la fosse TEN 1.

Un petit voile sableux dense porte (TEN 3) Loudetia togoensis3

Schoenfeldia gracilis 3 zornia3 Eragrostis ...

h~_!~eQ§~g~~~~~_~~~_~_~!_~~(Dudalan de Haute-Volta au N d'Dursi ­

14°46'2D"N - D0 3D'1D"W - Fig. 12) : la roche-mère fait partie de

la formation des grès de bordure (DUCELIER 1963) qui annoncent la grande ex­

tension du sédimentaire vers le N. Ces grès sont cuirassés. Cette cuirasse

peut-être mise à nu sur les bandes de brousse qui s'élargissent beaucoup.

Les bourrelets et voiles sableux persistent encore (ZAM 8). Les

sols qui supportent les bandes boisées peuvent être épais. La strate ligneu­

se de ces bandes comprend : Combretum micranthum3 Boscia senegalensis et

angustifolia3 Acacia ataxacantha3 Balanites aegyptiaca3 Maerua crassifolia3

Commiphora africana3 Pterocarpus lucens3 Grewia bicolor3 Guiera senegalensis

Les Graminées principales sont Aristida longifloPa3 Andropogon gayanus 3 Penni­

setum pedicellatum.

Les grandes termitières épigées (BeZi~ositermes) sont nombreuses.

Sur les voiles sableux prolifèrent Cenchrus biflorus3 Aristida mutabilis 3

Zornia gZochidiata3 peu de Schoenfeldia mais quelques repousses de ligneux

légèrement vers l'aval.

3. Les analyses

Elles sont trop nombreuses pour figurer dans ce rapport. Elles

paraîtront dans des publications ultérieures. Le tableau 9 regroupe toute­

fois les analyses des deux sols décrits de la topo séquence NDA.

4. Les ~ntexprét~tions :

a) Les toposéquences septentrionales (GoS II et III) : la compa­

raison des deux séquences de sols orientées NE-SW. sur schistes argileux.

à l'aide des éléments donnés précédemment et des schémas des figures 7 et

8 permet de dégager un certain nombre d'analogies et de différences. si

l'on prend soin de comparer la portion AD de la séquence II au segment CE

de la séquence III. Dans les deux cas on examine alors la partie du cordon

sableux située au vent. la zone dépressive et sa remontée.

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2

~

FIG. 12. Toposéqu~nce Z AM ::I

'1--,10m

FIG.12. Toposéquence ZAM II

\:.':':':': :,1 Horizon sableux

~ Horizons S.A à sablo_limoneux

~ Horizon argi\o- sableux

:.~0:: Gravillons de cuirasse ferrugineuse

démantelée

~ Cuirasse ferrugineuse

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0,10,*

'00,4

-

Aso AS

-.l.J...L O,S

ls

o,t

ANALYSE MECANIC UE~. ) A, ~ Â. f r.".i,} A, , 0, ~ 1; Ao,t o,t 0,-1 0,'1.

4.,1 4b,) "t,A 4't,1\il, ~ li ~. + +-0. ~ lj r,1I

Jo ~ •

o,t. _0-J-

A,'.1.10,'1

t'r,o4-1, 8

N° Echantillon ..Profondeur cm ..Couleur ( ) ..Refus 2 mm 0/0 ..Humidité % .

CO", Ca °/_ .

Argile % ..

limon fin °/° ..li . 0/mon grOSSIer ° .Sable fin % .

Sable arossier °/° .

T.ab \e,.)v 9 FICHE ANALYTIQUE

:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::.:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::: I·r-N-o -P-RO-F-IL-:..G-QS-..,*-.~..-.~.r-~-r.""".......................................................................................................................................................... . .

,.......-:-,,----------,-----,-----r------.- . -..:.;M:-:-:-A..:,:T..:..:IE=IR=Ec....::O:::..;Rr:-::G::.:..A.:.:...:N:..:..:IQ::!.;Ur=-E----,----,-------,-_Mat. org. totale %......... (J,A Q,A 0:"Mat. Humiques ()~.... _~I_--=-_I_--=- __--=-_11_ o,l[

--- ---1---- ----J1---1---1---1---

....................................................... 1----::--1---1----1----11--- --- ---1----'--Carbonne °/00 I_O::.,j,c.J,'lL\_1 __o~....:..I'~'_1 0, "

~~te °/00 0/ A 'li 0: ,411 --=1),-,-,...:..~ ~~ 1.--'''--- --=--I--=---C,N........................................... 'i" s.~ lot,)

ACIDE PHOSPHORI( lUEP2 Os total °/00 1_-=-<o'l....!'+....!.'_I_~O.L:,4LJ}L O,\U Q,iT o,z.~ 1 O,~S 1 P,U' 1 o,lrP2 05 ( ) °/00 ..

------

100 d

FER

bl MEéchB

..,CARACT RISTIOUES PHYSIOUES

Poids spéc. r..I ................Poids SpK. appar............Porosit' 0/0........................... ~412- -~ll - - 'H'," l't,' 'U ,l 't 5'. rpF3 ............................................pF4,2 ....................................... °1 ~, .A,'" If 0,' i 0,5' .A.O A,Y~ 2,1 ~ ..1,$"1=pF2,1 ....................................... 1, r If 2., Ai Al~.}. .A to '1.04 ~, Sl \t~ U tir"•Eau utile % .........................

Instabilit' structural. IsPerméabilité Kcm/h ........

F2 03 libre °/00 ................. (lI,l' A,o, - 0,([ 0," D,rO 0,' 8 J,a O,S"

F2 03 total °/00 ................ A,J' A,SIf' ), \f 1- .A,o' .A. }" A, ~ 1. .A,n 0, B'libre/Fer total ...........

.Fer

Bases totales ME pour 100 g de sol (Calcium ...................................Magnésium.............................Potassium................................ ---Sodium .....................................

ases an gea es pour g esoCalcium .................................... A/le ),\It 0) 'l' 0,61 "L,o, .AU ~,8' A,S 1.

Magnésium ............................. 0,1. a 11; li 0, l. n tl 0,)0 0,)1) '0/$\ 0, sr.Potassium ............................... O,l! t P103 0.0"" 0.01. o,,1f o.,J't 01'01/: 0,01• 1

Sodium ..................................... §;, 0, °04 " ft .. .A o.oA 0,0-1 01'0' l-i

S ................................................... A,S~ ··Li' A,l ; o,'Ir lillY Ain tH 'L, A '1.• •

T................................................... AI 1.'1 0," A.3" A rr y.o} 2.,&11 \t.[- 1., Z. 0

S/T V% .......................

.= ... IOD ... 1O • cH '1 n " Kt

'"ACIDIT[ ALCAUNIT~ -

~.~ ......::~..::::::::::::::::::::::::::::::::: l ,. ls T. Ô. l "ts Il. l ° ~ l= 1 40 ~.1 S 1111

S PlO?]__---.-_~.~SOLUTION DU SOL==-----_

1Conductivité mmhos'''I_-r 1 1 - -1 1Extrait sec: mg/100 g ~

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- 42 -

Sont mis en évidence :

~~~_§~~~!~~~~~ de la topographie, de la succession des sols et des maté­

riaux, du modelé du front des schistes durs et de celui de l'horizon

nodulaire ferrugineux.

Ainsi, avec un léger décalage possible vers le SW, à la verticale du

dépôt de la ride sableuse, correspond une remontée du substratum schisteux.

Plus exactement, un môle rocheux, sépare dans les deux cas les dépôts

superficiels sableux aux matériaux argilo ou limono-sableux de la dé­

pression.

De même, ce sont les mêmes portions de front schisteux qui sont ourlées

·d'individualisations ferrugineuses.

La composition floristique est à peu près la même.

L~s bandes nues sont gravillonnaires en amont, glacées à encroûtement fin

à l'aval. Des traces d'érosion hydrique semblables marquent les zones dé­

nudées qui présentent,enterrés,des vestiges racinaires et biotiques intenses.

- ~~~_~!ii~~~~~~ dans la répartition de la bande de végétation dense. Alors

que pour GoS II celle-ci se trouve éloignée du cordon sableux édifié pour

GoS III, elle apparaît en contre-bas du versant doux de la microdune. Il

y a un décalage des zones boisées actuelles.

Curieusement, ce décalage s'observe aussi pour les zones boisées et biolo­

giques anciennes dont il ne reste que des traces. Il y a substitution terme

à terme, c'est-à-dire que la végétation concentrée actuelle d'une topo­

séquence se situe topographiquement et édaphiquement à l'endroit de loca­

lisation de la zone boisée ancienne de l'autre toposéquence et inverse­

ment. En outre, les largeurs des bandes nues et boisées sont différentes

dans les deux chaînes de sol.

Les apports superficiels juvéniles de sables lités du cordon

sableux, la composition floristique de graminées éphémères, les signes

évidents de l'érosion en nappe du glacis au vent supportant les sables,

la présence de bandes anciennes de végétation et d'activité termitique.

la position apparemment opposée de la végétation arbustive concentrée,

nous font opter pour les interprétations suivantes :

- sous l'action des vents de saison sèche soufflant du NE, le matériau

meuble issu de l'érosion hydrique des zones dénudées, est remis en

mouvement et alimente le cordon sableux qui gagne alors vers le SW.

Il combe ainsi, peu à peu, la dépression, modifie le régime hydrique

des sols et détermine la mort de la frange arbustive dense, Cette mort

est suivie d'une prolifération des Termites lignivores ou champignonistes

(nous avons récolté plusieurs individus qui, déterminés, se sont révélés

être des Bellicositermes bellicosus).

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- 43 -

La destruction des termitières, lorsque la nourriture devient

ins~ffisante et les conditions hydriques et édaphiques trop sévères, ali­

mentent en matériaux fins le glacis dénudé.

La bande arbustive dense suit donc le mouvement dans la dépres­

sion qui se déplace en avant du versant sous le vent du cordon sableux.

L'approfondissement des sols et des altérations sur les zones

dépressives et la présence dans les deux chaînes de sols de l'amas sa­

bleux au-dessus de la remontée des schistes, pourraient constituer les

premières preuves d'un déplacement rapide de la végétation d'une zone

dépressive à l'autre, ies sables avançant rapidement sur la surface gla­

cée des sols à texture fine mais se bloquant sur les crêtes rocheuses

saillantes. /

Cette hypothèse expliquerait à la fois l'orientation rigoureu­

sement parallèle sur le terrain : du cordon sableux, des alignements des

crêtes rocheuses et des bandes de végétation.

Elle expliquerait aussi la présence des vestiges de bandes boi­

sées en un seul endroit et non sur toute l'étendue' des bandes dénudées.

Elle expliquerait enfin la disposition inversée des bandes boisées vivantes

et mortes dans les deux toposéquences étudiées.

Une partie de nos observations sont en accord avec celles avan­

cées par nos prédecesseurs : AUDRY et ROSSETI (1962). GAVAUD (1965),

BOUDET (1972). Cependant n'ont jamais été mis en évidence avec précision

et démontrés :

- la dynamique du phénomène.

- le rôle des sols, du modelé interne du front rocheux. du pendage de la

roche.

D'autre part, les causes initiales du déclenchement de la forma7

tian des bandes alternées aboutissant à la "brousse tigrée" ne sont pas sa­

tisfaisantes. que l'on fasse intervenir de manière trop abusive, l'action

des Termites. le volume de prospection des racines. la sécheresse ou le

surpâturage.

b) Les toposéquences médianes (NDA et KER. fig. 9 et 10)

Les faits militent en faveur d'une interprétation globale des processus

évolutifs et dynamiques. semblable à celle des brousses tigrées septen­

trionales.

Cependant, plusieurs remarques importantes s'imposent lorsque

l'on descend vers le Sud:

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- 44 -

- les différentes bandes prennent une extension beaucoup plus grande.

Ainsi. l'espacement entre deux bandes boisées peut atteindre 100 m

et plus. alors qu'à la latitude de Gossi il n'est que de 20 ou 3D m

en moyenne

- aux débris ferruginisés et nodules diffus (GoS II et III) du Nord

correspondent des formations cuirassées généralisées (KER) sur des

roches sédimentaires proches (schistes argileux)

- la taille des strates arborées et arbustives des bandes boisées aug­

mente et les espèces végétales se diversifient :

- l'érosion hydrique et la déflation éolienne ont des actions à peu près

égales sur la formation des bandes nues et des microdunes sableuses.

c) Les toposéquences méridionales (TEN et ZAM. fig. 11 et 12) :

La dynamique de l'avancement des bandes perpendiculairement à la direction

du vent dominant du NE si elle se poursuit encore (ZAM) diminue puis s'ar­

rête plus au Sud (TEN. environs de la mare d'Dursi). Les causes en sont

diverses :

- ralentissement de l'action éolienne (à TEN seul un léger voile sableux

est mobile)

- changements ou transformation du substrat lithologique : vers le Sud

les formations sédimentaires cèdent la place au socle granito-gneissique

et les cuirasses sur continental terminal prennent un modelé très ondulé

convexo-concave ;

passage d'un réseau hydrographique endoreique à un système organisé.

hiérarchisé,exoreique ;

- augmentation de la densité. de la variété et de la taille de la strate

ligneuse ; accroissement du nombre de graminées permanentes aux dépens

des annuelles ...

5. Conclusions :

Il semble donc qu'autour de Gossi. c'est-à-dire en position sep­

tentrionale. la brousse tigrée soit une formation végétale à dynamique de

transformation rapide. située hors des zones dunaires. planes dans l'en­

semble. à substratum rocheux proche. Le microrelief est ondulé à l'échelle

du mètre par des crêtes sableuses. rocheuses et des dépressions à texture

fine.

Trois éléments importants sont à rapprocher

- la direction des vents dominants de saison sèche.

- l'orientation des crêtes rocheuses affleurantes.

- l'orientation des cordons sableux et des bandes boisées perpendiculaire~

~ la direction du vent.

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.----------------------.,14"

o 100 Km11-------11

FIG.13.

Extension de .Ià Brousse Tigrée par

rapport aux formations Géologiques

(d'après schéma géologique de J. GAlLAIS 13"

modifi~ )

0"

~-----.-:.:;-'-=~--_.._--_._-1"

L1PTAKO

BAMBA

2"4"

m Socle ~ Série d' Ydouban ~Séried'Ism•

ITIIIIl Grès de Firgoun ~ Série d' Hombori_ •• BrousseDouentza tigrée

D Orthogneîss t Bourré) g Primaire. .. ....

.~ Seriè d'Ansongo ~ C. terminal '\Limite du

--- seuil deHombori_- Série de Lab'zang8 0 Ouarternalre Goundam: '. ':,'.<

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- 45 -

En descendant vers le Sud, l'action du vent décroît, l'érosion

hydrique devient prépondérante, le substrat cuirassé se généralise, la

végétation augmente et se diversifie. La dynamique assez rapide au Nord

se trouve donc ralentie, puis stoppée.

Les brousses tigrées méridionales extrêmes passent progressive 7

ment aux formations à bosquets, à la savane arborée ponctuée et enfin à

la savane arborée homogène en zones non cultivées.

L'importance du facteur sol longtemps ignorée est évidente,

liée à celle de la roche-mère.

Celle-ci est toujours une formation sédimentaire, gréseuse en

particulier (fig. 13), excepté au S où elle déborde sur le socle.

La sécheresse ou le surpâturage ne nous semblent pas avoir

transformé des régions entièrement boisées en brousse tigrée, Mais ils,

sont certainement à l'origine des changements floristiques, arbustifs

notamment.

Le pâturage animal intensif a des effets néfastes. Celui qui

passe par la main des éleveurs est définitif et irréversible.

Ainsi la toposéquences GoS III située à proximité de Gossi a

été entièrement détruite par les machettes en 1976, un an après les pre~

mières observations. La bande boisée saccagée avait perdu son aspect vert~

touffu, humide, pour devenir un véritable "paillasson" aux arbres mutilés,

Son état avait empiré en 1977. Cet exemple malheureux éclaire

sur l'action prépondérante de l'homme dans la "désertification" actuelle

du Sahel.

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B 1 B LlO GR A PHI E

, AUDRY P. et RDSSETI Ch. (1962) - Observations sur les sols et la végétation

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PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE

1 - Le profil pédologique GoS 3. Toposéquence GoS 1.

Description dans le texte.

2 - Fentes de plages nues à léger voile sableux piégeant les graines

de graminées CSchoenfeZdia gpaciZis en particulier).

3 - Excavation due à l'exploitation de la cure salée de Karouassa.

Les "gravillons" ferrugineux supérieurs et les bancs dolomi­

tiques ou calcitiques sous-jacents sont bien visibles.

4 - La formation de brousse tigrée de la topo séquence GoS III en

1975. Le véhicule est placé à la limite de la bande nue et

des ensablements colonisés. La bande boisée est visible à

droite et au fond.

5 - La formation de brousse tigrée de la toposéquence GoS II.

La vue est prise du bourrelet sableux et montre la zone colma­

tée nue puis la bande boisée et ses termitières.

6 - Toposéquence GoS II. CroOte blanche, écailleuse, limoneuse,

de la portion CD au niveau du profil 26.

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