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REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier toute l'équipe du IEDECA pour son accueil et sa gentillesse et toutparticulièrement Rosaura, Alejandro et Stephan pour leur aide sur le terrain. Je voudrais remercieraussi les promoteurs qui ont toujours été disposés à m'aider.

Merci à Pascal Podwojewski pour sa gentillesse et pour avoir su m'accorder sa confiancependant toute la durée de mon stage.

Je tiens aussi à remercier Party, Edison et Yann pour leur aide inestimable lors desanalyses de sol.

Merci à Véronique Bruzon pour la patience et la gentillesse qu'elle m'a accordé au coursde la rédaction de mon mémoire.

Merci à François.

Enfin, je voudrais surtout remercier Jérôme et Emmanuelle Poulenard pour leur extrêmegentillesse et le soutien qu'ils ont su me prodiguer pendant toute la durée de mon stage.

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TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION

1 PRÉSENTATION DU PA.RAMO ET DE LA ZONE D'ÉTUDE

1.1 LE PARAMo1.1.1 LE RELIEF1.1.2 LE CLIMAT1.1.3 LE SOL1.1.4 LA FLORE1.1.5 PLACE DES PAuMos DANS L'ENVIRONNEMENT ETLEUR UTll.ISATION1.2 PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE1.2.1 LA PROVINCE TuNGURAHUA ETSACAPITALE AMBATO1.2.2 LA ESPERANZA1.2.3 PROBLÉMATIQUE DEL'ÉTUDE

2 IDENTIFICATION DES DIFFÉRENTS STADES DE DÉGRADATION

5

6

66778

1012121213

15

2.12.22.32.42.4.12.4.22.52.5.12.5.22.5.32.6

CLIMAT ET SOL DU PÉRIMÈTRE D'ÉTUDE

MÉTHODOLOGIEDÉTERMINATION DES UNITÉS VÉGÉTALES

LOCALISATION DES UNITÉS VÉGÉTALES.LOCALISATION PAR RAPPORT AURELIEFLOCALISATION DES UNITÉS VÉGÉTALES DANS LAZONE D'ÉTUDE

FACTEURS DE LA DÉGRADATIONFACTEURS LIÉS À L'ÉLEVAGEFACTEURS LIÉS À L'APPROVISIONNEMENT EN COMBUSTIBLEFACTEURS LIÉS AUX CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES DUSITE

SÉQUENCE DE DÉGRADATION

1516173131323233343437

3 ANALYSES DES UNITÉS VÉGÉTALES 40

3.13.23.2.13.2.23.2.33.2.4

CHOIX DES ZONES TÉMOINRÉSULTATS

ANALYSES DESOLANALYSE FLORISTIQUEBIOMASSE DES PRAIRIES ET CHARGE ANIMALEVALEUR ALIMENTAIRE

3

404040465766

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4 IMPLICATIONS ET CONSÉQUENCES SOCIO-ÉCONOMIQUES

4.1 L'HtRlTAGE HISTORIQUE4.2 LA SITUATION ACTUELLE4.3 L'ENQUÊTE DE LA ESPERANZA CENTRAL4.3.1 RÉSULTATS4.3.2 DISCUSSION

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

BffiLIOGRAPIDE

TABLE DESTABLEAUX

TABLE DESFIGURES

TABLE DESPHOTOS

4

74

747S767783

86

91

94

94

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INTRODUCTION

Le présent mémoire se consacre à l'activité d'élevage et à ses conséquences sur lemilieu naturel dans la Sierra équatorienne. Il fait suite à celui réalisé en 1997 par Eric Viardsur l'utilisation du sol en altitude avec l'avancé du front agricole.

La zone d'étude, La Esperanza, située en tête du bassin versant de la rivière Ambato,entre 3800 et 4200 m d'altitude, connaît une forte dégradation du milieu liée au surpâturage.En effet le pâturage extensif de moutons dans le Pâramo représente l'activité principale deshabitants.

Le terme« Parame » désigne les prairies d'altitude caractéristiques de la zone tropicalehumide du continent américain. Cette végétation, très fragile, possède une valeur fourragèrefaible. Ainsi, dans l'ensemble de la zone, elle a atteint des taux de dégradation extrêmementélevés. Aujourd'hui on assiste à une prise de conscience générale sur l'importance du Pàramodans l'environnement avec notamment un rôle de régulateur hydrique. Sa dégradation segénéralise partout où on l'exploite. C'est ainsi que de nombreuses institutions ont entamé desprogrammes de gestion des Pàramos et des campagnes de sensibilisation et formation despaysans. D'autres se consacrent plutôt à la recherche scientifique car le Pàramo demeure,encore aujourd'hui, un milieu assez mal connu.

Ce stage s'insère entre ces deux optiques car il a été réalisé en partenariat avecl'IEDECA (Institut Equatorien de Développement des Communautés Andines), qui travailleauprès des paysans, et l'ORSTOM (Institut français de recherche scientifique en coopération)qui se consacre essentiellement à la recherche fondamentale.

Cette étude ne fait pas partie d'un programme ORSTOM, mais s'intègre dans lesétudes préliminaires pour un futur programme «montagne» qui devrait démarrer dans lesannées à venir en Equateur.

Trois objectifs ont orienté notre étude avec :

- La caractérisation et la quantification du processus de dégradation du milieu auniveau de ses différentes composantes (sol, flore, productivité des prairies, etqualité fourragère) en déterminant les principaux facteurs de dégradation ~

- L'identification des principales pratiques agricoles de la zone et leur impact sur lemilieu ~

- L'évaluation des conséquences de l'exploitation du Pàramo au niveau socio­économique et environnemental.

Pour ceci, nous avons commencé par élaborer une zonation en répertoriant lesdifférentes unités végétales présentes. Puis, pour chacune de ces unités, nous avons effectuédes analyses floristiques, pédologiques et bromatologiques.

Enfin, nous avons réalisé une enquête sur les systèmes de production pour appréhenderla composante humaine de notre étude et évaluer ainsi l'impact des pratiques agricoles sur lemilieu et la viabilité du système.

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1 Présentation du Pàrarno et de la zone d'étude

1.1 Le Paramo

Le vocable espagnol "Pàramo " se réfère en premier lieu à un endroit inhospitalier.Dans la région tropicale andine, Pàramo, répond à une définition biogéographique. Le paysagedu Pàramo se situe entre la limite supérieure de la forêt d'altitude sempervivente (3000 à 3500m d'altitude) et la limite inférieure des glaces (4800 m). Ce milieu froid et humide subit deschangements brusques de climat et des fluctuations journalières de température trèsimportantes. Les journées sont souvent froides, avec du vent, des pluies fréquentes ainsi quedu brouillard et de la neige pour les zones les plus hautes. De même, les nuits sont très froideset très souvent présentent des gèlées.

Dans un milieu aussi sévère, une végétation très spécifique, particulièrement bienadaptée et de très forte endémie s'est développée.

Physiologiquement dans les Pàramos, s'étend une prairie constituée de graminéespérennes, dominée parquelques arbustes aux feuilles persistantes et ras du sol, de nombreusesbryophytes, lichens et des " plantes à coussins". Contrairement au climat sec de la Puna dansle Sud du Pérou, de la Bolivie et du Nord de l'Argentine, le Pàramo est humide avec unepluviométrie variant de 900 à 3000 mm. Il se situe entre le 110 de latitude Nord et le 80 Sud, ilest présent en Equateur, Colombie, Venezuela, et, d'une manière plus marginale, dans le Norddu Pérou, le Costa Rica et le Panama.

Par la suite, on définira d'une manière plus précise les éléments de cet écosystème ense référant plus particulièrement au Péramo de la région centrale et du Nord de l'Equateur.

1.1.1 Le relief

Au niveau de la région centrale et Nord de l'Equateur, la cordillère des Andes estdivisée en deux chaînes parallèles. Entre les deux se trouve le couloir inter-andin où se sontinstallés la plupart des villes et villages et où la terre a été mise en valeur par l'agriculture.Entre ces deux chaînes, il existe des " nœuds " qui les relient mutuellement. C'est au niveaude ces nœuds et des flancs des chaînes que se situe le Pàramo, au dessus de 3600 m et endessous de la limite des neiges quand celle-ci existe. Si on fait l'addition de ces paysages dePâramo, on estime qu'ils recouvrent en Equateur environ 25000 Km2.

Le relief résulte, d'une part, des dernières glaciations et, d'autre part, de l'émissionpostérieure de cendres volcaniques en provenance, essentiellement pour les plus récentes, duCotopaxi et du Tungurahua. En effet, le Nord des Andes est soumis à une activité volcaniqueactuelle. Ces dernières ont uniformisé le relief en atténuant les accidents topographiques. Ceciexplique l'allure souple, lisse et vallonnée des Pâramos de cette région. Le paysage dePâramo, avec ses prairies herbacées offre un univers d'immensité et de solitude unique, limitéseulement par les nuages ou le ciel et les volcans.

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1.1.2 Le climat

Dans une situation de haute montagne, le climat ne se présente pas d'une manièreuniforme et bien définie spatialement. En effet il existe beaucoup de facteurs qui influencentou modifient le climat d'un endroit à l'autre:

Le niveau altitudinal, qui agit sur la pression de l'air avec l'altitude, la diminution detempérature, l'augmentation de la vitesse du vent et finalement l'augmentation de laradiation directe par rapport à la radiation diffuse.

Le relief, qui conditionne l'exposition et donc l'incidence de la radiation.

L'exposition, qui produit une différence de pluviosité entre le versant qui est face auvent et le versant opposé (Sturm & Mora-Osejo,1995).

Toutefois, on peut quand même énoncer certaines caractéristiques qui définissentd'une manière générale le climat du paramo.

Le Pàramo est soumis à un climat équatorial d'altitude. Il est donc difficile de parler desaisons proprement dites. Cependant, sous l'mfluence alternée des masses d'air océaniques etamazoniennes on distingue deux périodes pluvieuses : la première de février à mai et ladeuxième d'octobre à novembre. Entre ces deux périodes, les précipitations n'existentpratiquement pas. Le total annuel de précipitations fluctue entre 900 et 2600 mm, en fonctiondes zones. Dans certains endroits, il peut dépasser les 3000 mm. L'humidité relative atteintplus de 80 %.

La température moyenne est relativement uniforme durant l'année avec une fluctuationd'environ 3°C. En revanche, les principales variations se produisent au cours d'une mêmejournée, entraînant des changements d'humidité relative d'autant plus fortes avec l'altitude.Ce sont ces fluctuations journalières qui déterminent principalement les conditions de vie desPâramos. La température moyenne se situe autour de 8°C, les minimales s'abaissent endessous de O°C et les maximales s'élèvent à 18°-20°C (Josse M.,1996).

L'humidité de l'air influe aussi sur la limite des neiges. Par conséquent, le versantoriental de la cordillère des Andes, qui bénéficie des vents humides et chauds venant del'Amazonie et donc de la pluie qu'ils dégagent lors de leur ascension apparaît beaucoup plushumide que le versant occidental. La limite des neiges descend à une altitude plus basse, etgrâce aux précipitations plus importantes, la forêt se développe à un niveau altitudinalsupérieur. Le Pâramo se voit donc restreint sur le versant oriental. En revanche sur la chaîneoccidentale, il occupe un étage plus important.

1.1.3 Le sol

Les Pàramos sont recouverts de cendres volcaniques récentes et plus ou moinshomogènes pour la moitié Nord de l'Equateur. Les différenciations pédologiques, pour unemême zone et âge des cendres, sont donc uniquement liées aux conditions climatiques : effetsd'échelonnement altitudinal et variations pluviométriques (Winckell & Zebrowski,1997).

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D'une manière générale, on observe des sols jeunes de type AC. L'horizon A est unhorizon vitrique pour les sols les moins développés et andique pour les sols ayant connu unepédogenèse plus poussée. Cet horizon andique résulte de l'altération des cendres et notammentde l'altération rapide des verres volcaniques. Ces horizons andiques sont définis par laprésence d'un certain nombre de propriétés spécifiques (les andic soil properties de la soiltaxonomy ; (USDA, 1994):

- faible densité apparente (da < 0,9),

- accumulation de matières organiques (C% > 6 %),

- présence de constituants secondaires amorphes (allophane, imogolite, complexe

MO-Al).

Il existe une faible dégradation des substances humiques par l'effet protecteur del'aluminium et des allophanes et par la faiblesse de l'activité microbienne. Ainsi ces solsprésentent généralement une couleur noire due, dans ce cas ci, à l'accumulation de matièreorganique. Ces sols possèdent aussi une capacité de rétention en eau très importante et un pHqui fluctue généralement entre 3.9 et 5.4 à charges variables.

Dans les bas fonds et là où il existe une accumulation en eau, des sols tourbeuxpeuvent se former. Généralement, ces zones sont occupées par une végétation bien spécifique(Distichia; Plantago, Azorella, etc.) et sont appelées" Pantanos ".

Dans les sols de Pàramo avec une couverture végétale naturelle et sans influenceanthropique, on observe une érosion faible. En effet, l'érosion produite par le flux superficield'eau et le vent est réduite au minimum par la présence d'une couche dense de végétation etd'un réseau de racines superficielles.

La sensibilité à l'érosion augmente significativement avec l'intervention humaine carles couches protectrices se dégradent sous l'effet du piétinement (pâturage, sentiers), desbrûlis, de la construction de routes et de la pratique agricole. D'une manière générale laprédisposition à l'érosion augmente avec l'altitude car la végétation est d'autant plus fragile.Cette tendance est plus prononcée dans les régions sèches, à forte pente et là où la couverturevégétale n'est pas continue.

Sous une situation d'extrême dégradation, les zones (désormais sans protectionvégétale), se dessèchent. Ainsi le sol devient pulvérulent et très vulnérable aux facteursérosifs. Nous avons constaté sur notre zone d'étude que lorsque le sol a atteint ce stade, celui­ci devient extrêmement hydrophobe, et la situation apparaît difficilement réversible.

1.1.4 La flore

Le Pàramo, écosystème de haute altitude, se caractérise par des adaptations de savégétation aux conditions extrêmes. Elle se développe sous une basse pression atmosphérique,une intense radiation ultraviolette, des changements très brusques de l'insolation, ce quiproduit de rapides absorptions et pertes de chaleur, sous l'effet desséchant du vent et le froidqui de plus produit une sécheresse physiologique. Il peut paraître surprenant, dans lesconditions humides du Péramo, que l'eau puisse être un facteur limitant. Mais il en est ainsi

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car l'eau du sol présente une pression osmotique tellement importante et se trouve à destempératures si basses qu'il est très difficile pour les plantes de l'utiliser (Josse, 1996).

Toutes ces conditions, ajoutées au fait qu'il n'existe Pas de saison de repos, déterminechez les plantes un ensemble d'adaptations morphologiques et physiologiques qui leurpermettent de survivre. D'une manière générale, les plantes sont basses, aux feuilles épaisses,petites, coriaces et pubescentes. Très souvent les feuilles mortes s'accumulent sur les planteset on trouve beaucoup de plantes à structure xéromorphique qui vise à optimiser l'utilisationde l'eau et à établir des mécanismes pour éviter sa perte.

Certaines plantes de Pâramo, exclusivement adaptées à leur milieu, ne réussiraient Pasà survivre dans des régions plus basses. En revanche, la physiologie des plantes de régionsplus basses serait insuffisante pour survivre dans le Pàramo. Ces adaptations spécifiques ontcontribué à une endémie des espèces. Cet endémisme pourrait atteindre 60% (J. L.Luteyn,1992). En effet, l'origine du Pàramo remonte au plio-pleistocène lorsque, grâce ausoulèvement de la cordillère des Andes jusqu'à une altitude plus ou moins similaire del'actuelle, des îlots de Pâramo sont apparus. Par la suite, sous l'apparition cyclique desdifférentes périodes glacières, les îlots formèrent une frange presque continue. C'est dans cesgrandes extensions de Parame que l'échange d'espèces put se faire. C'est grâce à cettealternance, avec, à chaque fois migration, adaptation et spécialisation des espèces, durant leQuaternaire, que la richesse et la spécialisation de la flore du Pàramo a pu atteindre son stadeactuel.

Le Pàramo représente une des deux plus grandes formations herbacées des Andes, seséléments sont essentiellement dérivés du stock néotropical, holartique et de l'austral­subantartique (Cleef,1981). Il existe différents systèmes de classification du Pàramo, un desplus utilisés est celui d'Hedberg qui identifie cinq catégories:

les rosettes géantes comme l'Espeletia sp (frailej6n),

les touffes, qui sont les formations de graminées cespiteuses,

les rosettes acaulescentes au ras du sol,

les plantes à coussins, formations très caractéristiques et qui peuvent résulterd'associations floristiques,

les arbustes xérophytes comme la Chuquiragua jussieui.

Il Y a eu beaucoup de controverse autour de la définition, de l'emplacement et del'origine du Pàramo. Pour Cleef et Van der Hammen (1986), il est certain qu'aujourd'hui laforêt andine a été, dans de nombreux endroits, remplacée par le Pàramo herbacé etqu'actuellement, les limites du Pàramo sont beaucoup plus basses que ce qu'elles étaientquand il n'y avait pas d'influence humaine. La destruction de la forêt, pour fournir des terreslabourables et des pâturages, ainsi que les feux réguliers sont les principales causes del'abaissement de la limite des Pàramos. Aujourd'hui, il apparaît donc difficile de définir, pourcertains endroits, la limite exacte du Pàramo naturel et du Pâramo anthropogénique.Cuatrecasas (1954, 1958) a divisé le Pâramo en trois zones altitudinales :

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Sub-paramo. Zone de transition arbustive entre la forêt et le Pâramo herbacé quis'étend de 3000 à 3500 m d'altitude et présente une mosaïque d'îlots de forêt et de paramoherbacé avec des arbustes et quelques arbres éparpillés.

Paramo herbacé ou « Pajonal ». Situé entre 3500 et 4100 m d'altitude, cet étage estcelui des étendues de hautes graminées avec surtout les genres Calamagrostis et Stipa. Il estappelé" Pajonal " du mot espagnol paja qui veut dire paille. La végétation est généralementxéromorphique. Entre les touffes de graminées, on observe généralement des rosettesacaulescentes (Valeriana rigida, Paepalanthus ensifoluis, Werneria nubigena ), de finesherbacées comme les GENTIANACEAES, quelques" plantes à coussins" comme l'Azorellasp ou Plantago sp et une grande variété de petits arbustes (d'une hauteur moyenne de 40 à 70cm) comme la Chuquiraguajussieui ou Loricaria ilinissae. Dans les zones plates et saturéesen eau, on retrouve la formation des" Pantanos " occupée presque exclusivement par desplantes à coussins comme le Plantago ou Distichia. En revanche, dans les zones humides etencaissées, souvent le long d'un torrent, on retrouve la formation arbustive comprenantquelques arbres tels le Polilepis et le Gynoxys. C'est aussi dans ce milieu que l'on rencontredes biotopes à rosettes géantes.

Super-paramo. Compris entre le Pàramo herbacé et la limite des neiges (4100 à 4800),présente des sols sableux et pierreux. Cette zone a un apparence désertique et présentequelques plantes dispersées comme le Senecium et le Lupinus, qui supportent destemperatures diurnes extrêmement froides avec du gel, de la neige, et une forte radiation.C'est un écosystème de très forte endémie liée à un caractère insulaire car on ne le retrouveque dans les montagnes les plus hautes.

La grande spécificité de la végétation et la marginalité du milieu font du Pâramo unespace extrêmement fragile. La production de biomasse herbacée est faible et le taux derégénération végétative bas. D'après Ferwerda (1987), la régénération d'un Pâramo dePajonal, après la culture de pommes de terre, peut nécessiter plus de 70 ans !

1.1.5 Place des Paramos dans l'environnement et leur utilisation

Les Pâramos ont une fonction hydrique fondamentale. En effet, ils représentent lesbassins primaires de captation d'eau pour des villes comme Quito ou Bogota ainsi que pourl'irrigation des terres basses. La conjugaison de l'activité agricole, et le stockage et régulationde l'eau rendent le Pàramo très important.

Dans des conditions naturelles et sans dégradation, le Pâramo agit comme une éponge(grâce aux caractéristiques de sa végétation et de son sol) où l'excès d'eau est lentement maiscontinuellement rendu aux écosystèmes des niveaux inférieurs. Malheureusement, la présencehumaine et ses diverses conséquences (défrichement des terres pour l'agriculture, abattage desforêts, exploitation des pâturages et brûlis associé, construction des routes, etc...) n'a cesséd'augmenter au détriment des Pâramos qui ne sont plus capables de retenir l'humidité. Auniveau régional, on a souvent constaté que l'activité humaine dans les Pàramos a affecténégativement la qualité de l'eau et la régularité de son flux et a entraîné, par augmentation des

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sédiments emportés, l'envasement des rivières et des lacs des régions plus basses(Luteyn,1992)

D'après Brush (1982) les Pâramos ont connu des économies agro-pastorales depuisplusieurs milliers d'années mais la densité relativement basse de la population l'auraitpréservé du surpâturage contrairement à son homologue Puna du sud. L'arrivée des espagnolsfut à l'origine de la première crise pour les Pâramos, ces derniers s'approprièrent l'ensembledes terres basses cultivées. Devant cette situation et pour échapper au système de laencomienda1

, les tribus indigènes furent obligées de monter en altitude et de se réfugier dansles zones qui étaient auparavant quasiment inhabitées. Par ailleurs, les espagnols, en voulantimposer leur propre agriculture, utilisèrent des techniques qui n'étaient pas adaptées au milieuet imposèrent leurs animaux domestiques inconnus jusqu'alors (bovins, ovins, porcins, etc.).C'est donc à la suite de ce premier événement que le Pàramo commença à être plus peuplé etexploité avec des animaux qui ne lui étaient pas adaptés. La deuxième crise arriva avec lareforme agraire en 1964 lorsque les indiens jusqu'alors huasipungueros accédèrent au droit deposséder des terres. Mais les seules terres redistribuées par la réforme agraire furent celles deszones hautes non cultivées dans l'étage du Pàramo. Finalement cette réforme marginalisaspatialement encore plus le paysannat indien et accrut la pression humaine sur le Pàramo.

Ainsi, il existe actuellement une très importante utilisation agricole du Pâramo. Lessols compacts, de bonne profondeur, présentent une fertilité relativement bonne grâce à unerichesse en humus. Ainsi, ils sont donc très attractifs pour les paysans. De plus, à cettealtitude, il existe peu de problèmes phytosanitaires et il y a une bonne réponse des plantes auxengrais chimiques (Sturm, 1995). On cultive principalement la pomme de terre, le blé, l'orge,les fèves, l'oignon et l'ail.

Toutefois, l'élevage extensif représente l'activité la plus importante dans les Pâramos.Elle est généralement associée au brûlis à fin d'obtenir des repousses de meilleure valeurnutritive appétées par l'ensemble du troupeau. On pratique l'élevage bovin et ovin. Pour laplupart il s'agit de bovins et ovins "criollos ", c'est à dire des animaux arrivés pendant lapériode de colonisation et qui se sont adaptés au milieu sans jamais avoir été manipulés dansun but d'amélioration génétique. L'élevage d'animaux natifs comme le lama est très marginalet ne représente pas véritablement un intérêt économique.

L'exploitation agricole et l'élevage entraînent une dégradation du milieu naturel.Cependant, c'est la première qui, de part son extension spatiale, apparaît comme l'activité laplus nocive.

La population des hautes Andes a triplé, par rapport à avant l'arrivée des espagnols(Baker, 1978). Avec une croissance moyenne de 3 % on peut prévoir une dégradation de lasituation actuelle qui est déjà assez critique à certains endroits. Il apparaît important deprendre des mesures face à cette situation.

1 EnccmiCDda: système mis en place par les espagnols avec lequel tout indien était obligé de travailler pour leshaciendas en tant que huasiplDlgungo (sert).

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Carte No 1 La zone d'étude et ses communautés

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Numérotation des échantillons:

Zonebmük:

Paramo bumide non dégradé

horizon 41.1, 0-15 cm

horizon 41.2, 15- 40 cm

Pantano

horizon 51.1, 0-10cm

horizon 51.2, I040cm

horizon 51.3, 40- ... cm

Végétation de recolonisation

horizon 71.1, 0-20cm

horizon 71.2, 2040cm

Paramo bumide très dégradé

horizon 61.1, 0-15cm

horizon 61.2, 15-40cm

Zone sèche :

Paramo sec non dégradé.

horizon 31.1, 0-15cm

horizon 31.2, 15-40cm

Paramo sec très dégradé.

sur la butte témoin

horizon Il.1, 0-15cm

horizon Il.2, 15-4Ocm

à coté de la butte témoin

horizon 12.1, 0-15cm

Végétation rase des zones planes.

horizon 21.1, 0-7cm

horizon 21.2, 7-40cm

ArenaL

sur la butte témoin

horizon 0-40 cm : racines et apports eoliens

horizon 1.1, 40-60cm

horizon 1.2, 60- ... cm

à coté de la butte témoin

horizon 2.1, 0-20cm

ANNEXE 2

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1.2 Présentation de la zone d'étude

1.2.1 La province Tungurahua et sa capitale Ambato

Notre zone d'étude se trouve dans la région centrale de l'Equateur, dans la province deTungurahua, une des plus peuplées de l'Equateur. C'est une de celles qui possèdent le plusd'indiens ainsi que ses voisines, la province de Bolivar et de Chimborazo. Avec unepopulation essentiellement rurale, l'activité agricole est de grande importance. La villed'Ambato, cinquième ville d'Equateur, est la capitale de la province. Tous les lundis sedéroule un important marché où aftluent les paysans de toute la zone. Ambato, de part saposition géographique. et sa situation par rapport aux axes routiers, occupe une situationd'échange privilégiée au sein de la Sierra (zone andine). En effet la panamericana, principalaxe routier entre le Sud et le Nord passe par Ambato ainsi que quelques voies importantes versl'Amazonie et la côte.

1.2.2 La Esperanza

La Esperanza, notre zone d' étude, se situe au pied du Chimborazo, point culminant del'Equateur, et en amont du bassin versant de la rivière Ambato. Le haut bassin versant de larivière Amabato recouvre en effet plusieurs communautés: Cunucyacu, Atahualpa, Rumipataet la Esperanza. Juste en aval de ces communautés se trouvent celles de Llangahua, Calamacaet Lindero. (cf carte ci contre)

La Esperanza (avec ses trois secteurs : Rio Colorado, La Esperanza central etSanjapamba) est très enclavée à environ 50 km de la ville d'Ambato et se situe au dessus de3600 m d'altitude. La seule route qui la relie à Ambato est l'ancienne route Ambato-Guarandaen très mauvais état, qui a été remplacée, il y plus de 15 ans, par une autre route qui passeencore plus en amont. Pour atteindre la zone de travail, on emprunte donc la première route etil faut au moins une heure à cause de sa forte dégradation. Deux fois par semaine seulement,un bus relie la zone avec Ambato, mais il n'atteint pas les communautés les plus hautes ets'arrête à Llangahua.

Face au dynamisme des régions environnantes, notre zone contraste par son isolementet sa difficulté à se développer et s'ouvrir vers le monde extérieur et notamment vers Ambato.Cet isolement se traduit par une vie précaire des habitants et un taux d'analphabétisme élevée.La plupart des femmes ne parlent que quechua et seules quelques unes ont des notionsd'espagnol. Il existe uniquement des écoles primaires et beaucoup d'enfants sont obligés defaire six heures de marche pour assister aux cours. Le IEDECA (Institut équatorien dedéveloppement des communautés andines) qui a démarré un projet de sensibilisation etreforestation avec toutes les communautés de la zone, rencontre ici beaucoup plus dedifficultés. En effet, les habitants de la zone n'acceptent pas facilement de remettre en causeleurs pratiques agricoles et encore moins facilement de les changer ou de se lancer dansl'innovation.

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L'activité principale de la zone est l'élevage ovin. Les quatre communautés de la zonehaute (Cunucyacu, Atahualpa, Rumipata et la Esperanza) en sont presque exclusivementdépendantes. C'est seulement un peu plus en aval, pour les communautés de Llangahua,Calamaca et Lindero que l'activité d'élevage cesse d'être la plus importante pour laisser placeà l'agriculture, devenue désormais principale source du revenu.

La principale ressource de la zone haute sont les moutons. En général chaque famillepossède un troupeau d'environ 100 têtes (pouvant aller jusqu'à 400). Les moutons, sousalimentés présentent des petits formats (environ 18 à 22 Kg). Ils passent toute la journée dansle Pâramo et à leur retour ils sont enfermés dans une bergerie où ils passent la nuit. C'est làque les fèces vont s'accumuler et c'est la principale richesse apportée par le mouton. En effet,les paysans vendent régulièrement le fumier à des intermédiaires qui viennent le chercher encamion. A leur tour les intermédiaires les vendent aux agriculteurs qui ont des vergers auxniveaux altitudinaux inférieurs autour de la ville Ambato.

C'est cette vente régulière de fumier qui constitue la principale ressource pour lamajorité des familles de la Esperanza. C'est pour cette raison que la santé et l'état nutritionneldes moutons ne compte pas. Le but de l'exploitant étant d'avoir un troupeau le plus grandpossible.

1.2.3 Problématique de l'étude

Plus on va vers l'amont de la rivière Ambato plus le climat est sec. Il existe une grandedifférence entre les paramos de Llangahua, verts, humides et productifs; et les paramos de laEsperanza jaunes, secs et maigres. Entre la limite sud du secteur Rio Colorado et le pied dumont Chimborazo, se trouve «El ArenaI deI Chimborazo », qui est un désert de sable où l'ontrouve seulement quelques restes de végétation. L'érosion est tellement intense dans cesecteur, notamment l'érosion éolienne, que la première couche de sol a été complètementdécapée et il est fréquent d'observer des dunes de sable éparpillées.

Le Sud de Rio Colorado constitue déjà un secteur de transition à El Arenal. Ainsi, lesconditions de pâturage sont alors d'autant plus précaires qu'on se dirige vers l'amont de larivière.

S'il est vrai que plus on se rapproche du Chimborazo, plus le milieu devient sec, cecine justifie pas l'état actuel du Parame. En effet, dans la zone de la Esperanza, Rumipata etAtahualpa, la dégradation du Pâramo a atteint des degrés alarmants. Cette dégradation semanifeste par une forte détérioration de la végétation, l'apparition de zones à nu et donc uneérosion intense. Cette situation semblerait être due à une exploitation abusive du Pàramo. Lapression humaine sur cette zone est importante, L'élevage extensif pratiqué est généralementaccompagné de brûlis. Cette situation additionnée à la coupe de paille et d'arbustes pour lecombustible a sérieusement détérioré le milieu. Par ailleurs, la détérioration est accentuéeavec la sécheresse de la zone haute.

Dans l'ensemble de la zone, la dégradation présente différentes formes. A certainsendroits, la dégradation est tellement forte qu'il ne reste plus que quelques buttes témoinsavec quelques plantes au dessus. Le reste du sol est soumis à une forte érosion qui a creusé des

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ravins de 50 cm à 1 m de profondeur. Au contraire à d'autres endroits, l'érosion hydriqueapparaît peu mais les touffes de graminées hautes ont disparu et il ne reste plus qu'unevégétation basse et très éparse. En général, même si les prairies n'apparaissent pas fortementérodées, la végétation ne recouvre plus entièrement le sol qui d'ailleurs est devenu trèspoussiéreux. L'activité de vente de fumier, propre à cette zone, rend la dégradation encoreplus forte car elle prive l'écosystème d'un retour de nutriments.

Les paysans se plaignent fréquemment de cette situation et disent qu'ils n'ont plusassez de nourriture pour leurs animaux. Généralement, ils savent qu'ils ont une part deresponsabilité, mais très souvent ils se contentent d'annoncer avec fatalité que c'est el Arenalqui avance et qu'il n'y a rien a faire ou que c'est la faute des étés qui sont de plus en pluslongs et secs. Cette attitude est en partie compréhensible car ils vivent au jour le jour; laprécarité de leur situation ne leur permet tant pas de penser au long terme et aux implicationsd'ordre environnemental. Toutefois ils ont pris conscience que leur activité portait atteinte aumilieu, et ils mettent une certaine volonté pour essayer de l'arrêter. Par exemple, le brûlis aété interdit au niveau de la communauté, une mise à feu du Pàramo pouvant être passibled'amende. Cependant ils se retrouvent dans une situation difficile car ils doivent continuer àpratiquer leur activité de survie.

Malgré un meilleur respect de l'environnement, il est certain que le systèmed'exploitation actuel n'est pas viable à long terme, ce qui met en danger la survie de tous leshabitants de la zone dans un futur proche, si on peut croire à une dégradation similaire pourles années à venir.

Les éleveurs du Pàramo ne sont pas les seuls menacés par la dégradation qui peutperturber l'ensemble du système hydrique. Ce point apparaît d'une extrême importance car lebassin versant du Rio Ambato fournit en eau la ville d'Ambato, composée d'environ 280000habitants, et tous les canaux d'irrigation qui desservent le canton Pilahuin, zone très vaste oùil existe des densités rurales qui peuvent s'élever jusqu'à 450hab.1Km2

• Aujourd'hui, lors desgrandes pluies, un canal déborde systématiquement et est gravement endommagé, problèmequi n'arrivait que très rarement autrefois.

Ainsi il devenait important d'essayer de quantifier et de comprendre le processus dedégradation de cette zone du Pâramo. Par ailleurs, il convenait d'identifier les principauxfacteurs de déclenchement ainsi que leur importance respective. Leur impact sur lescaractéristiques du sol, de la flore, sur la productivité de matière végétale et sur la valeurfourragère.

De plus, il convenait d'étudier les pratiques agricoles et d'élevage selon les différentssystèmes de production existants afin de mieux comprendre l'impact des pratiques hwnainessur le Parame.

Enfin, une étude des implications socio-économiques s'imposait car l'exploitation duPàramoest vitale pour de nombreuses familles.

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2 Identification des différents stades de dégradation

2.1 Climat et sol du périmètre d'étude

Notre zone d'étude couvre principalement les Pâramos de la communauté de laEsperanza. Ils représentent environ 5000 ha en s'étendant le long du rio Ambato et se situantentre 3800 m et 4200 m d'altitude. Malgré la relative petite taille de la zone il existe unedifférence climatique nette entre le secteur de Sanjapamba (zone humide) et ceux de laEsperanza central et Rio Colorado (zone sèche).

Si l'on prend en compte l'état d'humidité des sols au cours de l'année: soil moistureregime de la soil taxonomy (soil survey staff, 1994): La zone humide est une zone à régimeudic, et la zone sèche à régime ustic.

Le secteur de Sanjapamba est une zone de transition entre ces deux influences. Pour lazone humide, la pluviosité annuelle s'élève à environ 900 mm (Chuquibanza) et pour la zonesèche à seulement 600 mm (Rio Colorado).

Par ailleurs, leurs saisons humides sont à des époques différentes. Par exemple, aumois d'août, on peut se retrouver sous la pluie et le brouillard à la hauteur de Llangahua etsous le soleil à dix Kilomètres de distance à Rio Colorado. Les deux zones présentent 'unrégime bimodal avec une petite saison sèche au milieu de la saison des pluies.

120 -r-----------------,

100

• 80'3a.~ 60EE 40

20

a +--.----,-----r----,r-or---r----,------.---r-,--....---i

J F M A M J JAS 0 N D

- Oluquibanza, 1990(zone hulride)

- RioColorado, 1974(zone seche)

Figure 2-1Evolution des précipitations de la zone d'étude2

2 Il n'existe pas des stations météorologique à proprement parler, les données que cette figure présententsont: pour Rio Colorado le résultat d'une étude menée au pied du Chimborazo dans les années 70 et pour

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Cette différence climatique apparaît au niveau des sols car la zone humide présente dessols plus évolués que la zone sèche. On retrouve cette division dans la carte pédologiqued'Equateur. Les sols de la zone sèche montrent une teneur en sable plus élevée et avec unecapacité d'échange plus faible.

Sur le terrain, cette différence s'observe grâce à la teneur en eau et la couleur du sol, lacouleur de la végétation, etc. Ainsi, nous avons identifié une limite qui se situe au niveau del'extrême sud de Sanjapamba qui constitue déjà une zone charnière entre les deux influences.

Il est important d'ajouter que les différences entre les deux zones ne dépendent pasuniquement de l'humidité. En effet la zone sèche est soumise à des écarts de températurejournaliers plus importants, au gel plus fréquent et finalement à une radiation et à un vent plusforts. Les températures moyennes de la zone oscillent entre 6° et 8° C.

2.2 Méthodologie

La première étape de l'étude fut de dresser un inventaire des degrés de dégradation del'ensemble de la zone. Ainsi il convenait de déterminer des zones homogènes ayant les mêmescaractéristiques de dégradation et les situer sur une carte, afin d'élaborer une séquence dedégradation. Pour ceci il n'a pas été possible d'utiliser des photographies aériennes car lesdernières de bonne qualité dataient de 1989.

Le zonage fut réalisé directement sur le terrain, en voiture et à pied. Pour situer leszones, nous avons utilisé un altimètre et une carte topographique assez précise de la zone. Deplus, un promoteur' qui connaissait très bien la zone ainsi que les noms des quebradas et despetits sommets nous accompagnait très souvent.

Les critères utilisés pour la classification des zones ont été les suivants :

- Densité et état des touffes des graminées hautes cespiteuses,

- Taux de recouvrement du sol (exprimé en %),

- Degré d'érosion,

- Importance de la pente.

Au début, pour la végétation, la densité et l'état des touffes (critères morphologiques)ont été uniquement retenus. Cependant, au fur et à mesure de l'étude du terrain, il s'avéranécessaire de noter la composition floristique, signe important du degré de dégradation.

Chuquibanza des données prélevées dans une école. Ces courbes ont seulement le but de nous renseigner surl'allure générale de la pluviométrie.

3Promoteur : paysan élu par la communauté et formé par l'IEDECA qui est sensé promouvoir les activités del'IEDECA au prèsdes autres paysans.

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En revanche, nous n'avons pas pris l'âge du dernier brûlis comme critère étant donnéque cela fait plusieurs années qu'il est interdit par la communauté ou pratiqué seulementd'une manière très ponctuelle. Dans nos Pàramos les derniers brûlis remontent à environ 5 ansen arrière.

La zone humide comme la zone sèche ont fait l'objet d'une séquence.

2.3 Détermination des unités végétales

Tout d'abord, nous avons essayé d'identifier le climax originel en tant qu'unitévégétale de référence. Cependant, étant donné que l'ensemble des Pàramos est soumis à unefort broutage, nous n'avons pas trouvé dans la zone un exemple de Pàramo « indemne».Ainsi, nous avons donc choisi comme référence, le Pàramo le moins perturbé pour chaquezone (humide et sèche), à savoir un pâturage avec le minimum de traces de pâturage, sanstraces d'érosion, avec une couverture du sol constante et des graminées hautes et denses.

A partir de là, nous avons identifié des zones avec des caractéristiques similaires puisclassés en fonction de l'unité de référence.

Pour la zone humide nous avons déterminé les unités végétales suivantes:

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• Hl : Pajonal humide non dégradé : unité de référence, pas de traces d'érosion,couverture du sol constante avec deux étages de végétation, une strate basse avecune grande diversité d'espèces et une strate haute et constante de graminéescespiteuses en forme de panache en touffes denses (principalement Calamagostisinterm edia).

Photo 2-1 : Pajonal humide non dégradé

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• H2 : Pajonal humide dégradé: pas de traces d'érosion, couverture du sol constanteavec une végétation non homogène. La couverture de hautes graminées cespiteusesn'est plus constante et régresse au profit d'une végétation gazonnante peudiversifiée (essentiellement de Laehemilla orbiculata et Agrostis breviculmisï .L'aspect des touffes cespiteuses change à leur tour, ces dernières deviennent petiteset taillées en forme échelonnée où chaque niveau identifie un brûlis ou le passaged'un équidé (cheval ou âne) ou d'un bovin, ces derniers pouvant consommerl'extrémité sèche des hautes graminées, à la différence des ovins qui neconsomment que les petites repousses à la périphérie du plateau de tallage.

Photo 2-2 : Pajonal humide dégradé

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• H3 : Paional humide très dégradé: représente le stade de dégradation maximale.Cette formation présente les mêmes caractéristiques morphologiques floristiques dela couverture végétale que l'unité précédente. En revanche, elle couvre plusfaiblement le sol, des terrassettes de surpâturage sont partout et à certains endroits,des traces de circulation hydrique préférentielles sont évidentes. Ce type dedégradation se présente uniquement sur les versants à forte pente.

Photo 2-3 : Pajonal humide très dégradé

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• Hr : Végétation de recolonisation : les graminées hautes disparaissent complètementet la végétation gazonnante gagne tout le terrain. La composition floristique est lamême que celle de H2 et H3 là où les graminées hautes ont disparu. Cette formationcouvre des espaces entiers seulement quand il s'agit d 'un Pàrarno abandonné aprèsmise en culture ou quand il s ' agit d'une zone très intensément pàturé sur pentefaible (par exemple autour des maisons de Sanjapamba).

Photo 2-4 : Végétation de recolonisation

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• Pa : Pantano ; ce sont les tourbières caractéristiques du Pàrarno. Elles se situentpartout dans les Pàramos, là où il existe accumulation d'eau.

Photo 2-5 Pantano

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Pour la zone sèche :

• SI : Pajonal sec non dégradé : unité de référence sans traces d'érosion avec unecouverture au sol constante présentant deux strates végétatives, une basse avec unediversité d'espèces moindre que pour le Paramo humide Hl et l'autre composée dehautes graminées en touffes denses. Toutefois, ces dernières sont relativement pluspetites que celles de la zone humide et un peu plus desséchées.

Photo 2-6 : Pajonal sec non dégradé

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• S2 : Pajonal sec dégradé : la végétation est fortement perturbé avec des touffesbasses et isolées de graminées cespiteuses et la végétation gazonnante (Lachemillassp et Agrostis breviculmis) prend de l'ampleur. Les terrassettes de surpâturage (cfphoto.) sont généralisées et le sol nu peut couvrir 20 à 50 % de la surface. Cetteformation se développe toujours sur une pente relativement forte.

Photo 2-7 : Pajonal sec dégradé

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• S3: Pajonal sec très dégradé qui présente les mêmes caractéristiques que leprécédent (S2) mais avec au moins 50 % du sol dénudé et présentant une très forteérosion hydrique qui forme des ravins d'une profondeur de 30 à 70 cm . Ce paysageest dominé par des petites buttes témoin, seul endroit où la végétation subsiste. Surles zones découvertes, le sol sec est devenu pulvérulent et donc très sensible à uneforte érosion éolienne. L'intensité de cette formation est généralement liée à lapente.

Photo 2-8 : Pajonal sec très dégradé

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• P: Végétation rase des zones planes et des bas fonds ; c 'est une formation qui setrouve partout où la pente s'avère faible . La composition florisitique ressemble àcelle de la végétation de recolonisation de la zone humide (Lachemilla spp. etAgrostis brevicu/mis), en revanche elle est jaune car desséchée. A certains endroitscette formation peut couvrir complètement le sol (Pl), ou seulement 50% (P2).

Photo 2-9 : Végétation de zone plane

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• SA: Fonnation de transition vers El Arenal : Cette unité se trouve uniquement dansles zones à proximité d'El Arenal, Dans ce cas, on observe, ponctuellement deshautes touffes de graminées. Le sol apparaît complètement dénudé car la végétationrase a complètement disparu.

Photo 2-10 : Végétation de transition a El Arenal

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• A: Arenal ; représente la partie de notre zone d'étude qui fait partie à part entièrede El Arenal. Cet espace au Sud de Rio Colorado, présente une végétationdesséchée soumise à un vent très fort. On observe deux groupements végétaux avecdes aires présentant des plantes rases (grasses ou coriaces) et d'autre part des airesprésentant de hautes graminées se développant sur des petits monticulesaccompagnées de Senecium sp. entre les micro reliefs.

Photo 2-11 Végétation de El ArenaJ

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Le tableau suivant (tab. 2-1)fait une récapitulation des différentes unités végétales parrapport à ses caractéristiques principales: Etat érosif, intensité de la pente et état de lavégétation (en distinguant la couche basse constituée de graminées gazonnantes et la couchehaute constituée de graminées cespiteuses).

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Tableau 2-1 : Caractéristiques des unités végétales par rapport à la pente, l'état érosif et l'état de la vegetation

Unité végétale 1 Erosion 1 Couche basse 1 Couche haute 1 Pente 1 Schéma

Hl: Pajonal humide non dégradé

H2 : Pajonal humide dégradé

Hr: Végétation de recolonisation

H3 : Pajonal humide très dégradé

Nulle

Forte

Continue

Discontinue

Continue

Discontinue

Absente

Discontinue

Forte

Faible

Forte

••• e""4'4a0&'O:"MM".,,...mL

- ------------SI : Pajonal sec non dégradé 1 Nulle 1 Continue 1 Continue

S2 : Pajonal sec dégradé1

1

1 Forte

Présente Discontinue

S3 : Pajonal sec très dégrdé Discontinue

P: Végétation de zone plane Absente Faible

~I!I:W' !K4tlh r/l

Forte

A: Arenal 1 Absente Discontinue Indépendant ~~

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2.4 Localisation des unités végétales.

2.4.1 Localisation par rapport au relief

La figure suivante (fig. 2-2) présente la localisation des différentes unités végétales parrapportau relief. Ainsi le Pantano(Pa) se situe dans les bas fonds avec accumulation d'eau. Lavégétation de recolonisation (Hr) et celle de zone de plaine (P) occupent les bas fonds et leszones planes surélevées. Toutes les unités de Pajonal (Hl, H2, H3, SI, S2 et S3) apparaissentsur de zones à pente. En revanche seules les unités de Pajonal sec et humide non dégradées(Hl et SI)apparaissent autant en zone de pente qu'en zone plane. Cependant sur le terrainnous n'avons observé ces deux unités que dans les zones les plus hautes où l'accès est plusdifficile.

HUH ID E11 .J.!,l, .

Figure 2-2 : Schéma de localisation des unités végétales par rapport au relief

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Gu aranda~ - -

Carte No 2 Zonage du périmetre d'étude

Legende:Pajonal h ura id e non dégradé (H1)Pajonal hurn id e dégradé (H2)Pajonal humide tres dégrd é (H3)Vegetation de recolonisation (H r)Pantano (Pa :,Paturages irrigués

Routes goudronnéePiste

Pajonal sec non dégradé (S 1) ~I => =='==!Pajonal sec dégradé (S2) 1

Pajonal sec Ir es dégradé (S3) !III;Vegetation de zone plane (P)Formation de transition vers El arenal (SA)Arenal (A) :== = =i

RiviereCanal d' irrigation

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2.4.2 Localisation des unités végétales dans la zone d'étude

La carte ci-contre restitue le zonage effectué dans la zone.

La limite entre la zone sèche et humide, déterminée grâce aux observations de terrainse situe environ au niveau de la quebrada (torrent) Pimbalo.

La zone humide ne présente pratiquement pas de traces d'érosion. Dans l'ensembleelle est assez homogène. Les Pàramos correspondant à l'unité Hl, se situent tous en directiondu Nord-Ouest et donc dans la situation la plus éloignée des maisons et en même temps dansles zones les plus hautes. Inversement la seule zone très dégradée, H3, se situe à coté del'école de Sanjapamba et au bord de la route. Par ailleurs, cette zone présente une pente trèsprononcée. La dépression dans laquelle se situent la plupart des maisons de Sanjapamba estrecouverte entièrement par la végétation de recolonisation, Hr. Tout le reste des Pâramos decette zone correspondent à l'unité m.

La zone sèche est beaucoup plus hétérogène. Cependant, nous pouvons observer ungradient spatial de dégradation qui part de l'Est avec les zones les plus dégradées à côté de laroute principale, pour diminuer progressivement vers l'Ouest en s'éloignant de l'axe routier etdes maisons et en montant en altitude.

Cette répartition est interrompue par les routes secondaires et les torrents quis'orientent toujours d'Est en Ouest. En fait, tout le long de ceux-là, le Pàramo est très dégradé.Quand la pente est forte pour les vallées étroites, on est en présence de S3. Inversement quandil s'agit de vallées larges, c'est la végétation de zone plane P qui se développe.

La seule zone avec un Pàramo sec du type SIse trouve dans des zones hautes etrelativement éloignées des habitations. En revanche dans la zone de Rio Colorado même leszones hautes et éloignées présentent des traces de dégradation avec une formation de type S2.

Les zones P, se trouvent un peu partout où on est en situation de zone plane, soit unplateau ou soit un bas fond assez large. Le Pàramo P2 se trouve essentiellement en bordure desplateaux occupés par la végétation P.

Enfin c'est uniquement au Sud que l'on retrouve les paysages voisins de El Arenal. Lalocalisation de ces unités végétales semblerait indépendante de la pente, des axes routiers etdes habitations. En effet on remarque que seulement les zones qui sont en contact avec ElArenal à proprement parler, présentent les caractéristiques de SA et A.

2.5 Facteurs de la dégradation

L'ensemble de nos Pàramos sont soumis à la même utilisation. Cependant, certaineszones sont plus ou moins exposées à l'exploitation ou plus ou moins susceptibles d'êtredégradées. C'est ainsi qu'il existe une grande disparité de détérioration du milieu selon lesendroits, dans l'ensemble de notre zone.

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2.5.1 Facteurs liés à l'élevage

Le Pâramo est essentiellement utilisé pour l'élevage extensif de troupeaux ovins d'unetaille de 40 à 400 têtes. Généralement chaque famille possède en plus un âne et un cheval, etcertaines quelques vaches qui utilisent aussi le Pàramo mais au maximum 3 ou 4 heures parjour. Contrairement aux moutons, ces animaux ne s'éloignent jamais de l'habitat. Trèsrarement il arrive que les familles possèdent des lamas. Quand c'est le cas, ce sontuniquement quelques têtes qui paissent avec les moutons.

Ces différents animaux ne dégradent pas le milieu de la même manière. En effet lesovins arrachent et ainsi dégradent particulièrement l'environnement tandis que les autresanimaux coupent l'herbe.

La consommation de matière verte par le mouton est constituée uniquement d'herbefraîche, ce qui fragilise la végétation qui n'arrive pas à se régénérer étant donné que sesrepousses sont systématiquement consommées et d'autre part, détruit particulièrement l'étagede végétation au sol, qui est généralement constituée par des petites plantes vertes et fraîches,beaucoup plus appétées par les moutons. En revanche les autres animaux consommentessentiellement les bouts de paille sèche et ne s'attaquent pas autant à la strate inférieure,permettant ainsi au sol de rester couvert.

Par ailleurs, et ceci est valable aussi pour tous les autres animaux, sauf le lama, ilspossèdent des sabots très durs et coupants. Le piétinement est l'une des conséquences les plusnéfastes du pâturage car il modifie la structure du sol et dégrade la végétation. Ce dernierpoint est particulièrement important dans le Pàramo, car les moutons en se déplaçant,morcellent les mottes de graminées cespiteuses et c'est cette rupture dans l'homogénéité de lastrate supérieure, qui d'une part, démarre la modification floristique et d'autre part, laisse lesol sans protection efficace.

Le brûlis est généralement lié au pâturage. La mise à feu permet le développement dejeunes repousses d'une bonne appétence et de meilleure valeur nutritive pour les animaux.L'ensemble de la zone d'étude connaît depuis toujours les feux périodiques. Aujourd'hui bienqu'ils soient interdits, ils restent encore relativement pratiqués ponctuellement.

La végétation de Pàramo est relativement résistante au feu. Toutefois, la mise à feurégulière des pâturages a été la principale cause du démarrage de la dégradation et de la perted'équilibre du milieu. Verveij (1995) observe que la mise à feu et l'exploitation qui s'ensuivent, ont comme principale conséquence le changement de la végétation haute cespiteusepour une végétation basse constituée essentiellement de Lachemilla ssp et Agrostis sp. Dansnotre zone, nous avons observé la même évolution pour les zones dégradées. Dans la zonesèche, on observe souvent des mottes de paille « fossilisées », complètement sèches avec ledessus carbonisé, la touffe ne réussissant pas à se régénérer compte tenu de l'agressionanthropique et de la sécheresse du milieu.

Même si aujourd'hui nos Pâramos ne subissent plus le brûlis, la végétation a atteint unétat où associée à la quantité d'animaux, elle n'est plus capable de palier au prélèvement dematière verte, et donc une dégradation accélérée du milieu s'en suit.

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Par ailleurs, il ne faut pas oublier l'effet de la vente des fèces qui constitue laprincipale activité productive liée à l'élevage. Le flux d'exportation du Pàramo apparaît doncdeux fois plus important dans la mesure où aucun retour ne s'effectue. Ainsi, les pâturagessont privés du retour de nutriments.

2.5.2 Facteurs liés à l'approvisionnement en combustible

Le Pàramo subit la pression animale et celle liée à l'approvisionnement encombustible. En effet, la plupart de gens cuisinent avec de la paille (touffes de graminéeshautes). Comme le foyer est à l'intérieur de la maison, elle sert aussi de chauffage.

Il y a quelques années, la population utilisait du bois ou des broussailles qu'on pouvaitencore trouver le long des torrents ou sur le Pàramo même. Aujourd'hui la strate ligneuse et.arbustive du Pàramo a pratiquement disparu et les gens sont obligés de cuisiner avec de lapaille. Certains partent chercher du combustible jusqu'au Chimborazo car ils y trouventencore des arbustes. Pour cela, ils partent une journée entière avec un cheval ou un âne. Ilsmélangent alors la paille et les ligneux du Chimborazo, les autres cuisinent uniquement avecde la paille. Seulement quelques uns possèdent des cuisinières à gaz ou au kérosène, car engénéral cela revient cher et il est difficile de se procurer les bouteilles.

Aussi se sont souvent les femmes qui se livrent au ramassage de paille en la coupant ouen l'arrachant au ras du sol. Généralement, elles la prélèvent autour des maisons pour perdrele moins de temps. Très souvent il ne reste plus rien autour et elles sont obligées de partir trèsloin pour s'en procurer.

Cette pratique de ramassage de paille est devenue de plus en plus importante avec letemps étant donnée qu'il n'existe plus du tout de bois de chauffe dans les environs. Parailleurs, le fort prélèvement a fait aussi disparaître les espèces arbustives du Pâramo qui,d'après les habitants, étaient relativement abondantes avec par exemple des « chuquiraguas »et des « piquil ».

2.5.3 Facteurs liés aux caractéristiques physiques du site

La pression exercée sur le Pâramo varie selon les zones et les caractéristiques dechaque endroit.

Le climat représente le premier facteur qui intervient sur la dégradation du milieu.C'est ainsi que pour deux Pàramos, l'un humide et l'autre sec, soumis à une même chargeanimale, ce dernier sera nettement plus dégradé. Le Pâramo qui se trouve dans un délicatéquilibre avec l'eau disponible, dès lors qu'il est exploité, ne peut pas se régénérercorrectement car il doit consacrer d'abord son énergie pour lutter contre la sécheresse. C'est lecas de figure qui se présente généralement dans la zone sèche en saison sèche.

Outre l'humidité, le Paramo sec connaît une température relativement plus basse, avecdes écarts journaliers très importants, le gel est plus fréquent ainsi que le vent. C'est ainsiqu'un Pàramo dégradé, de zone sèche, doit lutter contre une adversité générale du milieu.

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C'est principalement à cause du climat que nous ne retrouvons pas dans la zonehumide des états de dégradation aussi avancés que ceux de la zone sèche, car la végétation serégénère plus facilement mais aussi car le sol se dessèche très rarement.

La topographie des zones joue aussi un rôle important. Comme nous l'avons expliquéprécédemment le Paramo est constitué d'une multitude de collines et de vallées. Ainsi, lerelief détermine les lieux de passage des troupeaux à certains endroits et en préserve d'autres.En effet, les moutons prennent logiquement le chemin qui comporte le moins de difficulté,sachant qu'entre le sommet et la base des collines existe souvent un dénivelé de 400m avecune pente qui peut aller jusqu'à 50%. En général, les ovins évitent les sommets. Par ailleurstrès souvent un véritable «toit» de nuages se forme et les sommets ainsi que les têtes desvallées restent sous le brouillard. Ce phénomène crée des micro climats au niveau de la zonesèche qui auraient presque le même taux d'humidité que dans la zone humide, l'évolution dessols, notamment en tête de vallée, en témoigne. C'est ainsi que, très souvent, on observe desflancs complètement dégradés et les sommets en bon état.

Il ne faut pas oublier la pente qui constitue bien sûr un autre facteur important sur ladégradation par l'érosion.

La localisation de chaque zone joue aussi un rôle prépondérant. Plus elle sera prochedes axes de communication et des habitations, plus elle sera dégradée.

Autour des maisons, il n'existe pratiquement plus de végétation, ceci est dû à plusieursraisons. Comme nous l'avons déjà expliqué c'est surtout autour des maisons que se pratique leramassage de paille pour le combustible. Par ailleurs, les moutons qui partent toute la journéepaître dans le Pàramo, reviennent une ou deux heures avant la tombée de la nuit et on leslaisse brouter autour de la maison jusqu'au soir, moment où on les rentre dans la bergerie. Lesvaches, les chevaux et les ânes paissent uniquement autour de la maison. Enfin le ramassageméticuleux des fèces autour de la maison appauvrit d'autant plus le Parame dans cette zone.Ce sont les femmes et les enfants qui ramassent les fèces des grands animaux et des moutons,qui se retrouvent relativement concentrés, étant donné que les troupeaux restent au mêmeendroit environ deux heures parjour.

La situation est la même autour des axes de communication, car souvent les maisons sesituent à proximité. Mais aussi, car tout simplement ils constituent un accès facile vers lePàramo,

Très souvent, c'est le chemin lui-même qui constitue un foyer de dégradation etd'érosion. C'est le cas des chemins des «aboneros », camions qui chargent le fumier auxmaisons mêmes des paysans, et qui tracent leur propre chemin au milieu du Pàramo.

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Photo 2-12 Image de dégradation autour d'une maison

Photo 2-13 Image de dégradation liée au passage des camions dans le Parame

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Photo 2-14 : Image du gradient de dégradation lié à la pente

2.6 Séquence de dégradation

Cette partie ne tente pas de fournir une explication logique et absolue au processus dedégradation, sinon de constater des faits et de les mettre en relation afin de formuler unehypothèse de séquence de dégradation. Toutefois, pour une telle appréciation il aurait falluune étude de longue durée. En effet il aurait été nécessaire d 'i soler des parcelles et d'observerl'évolution de la végétation sur une longue durée (période sèche et pluvieuse), l'effet desdifférentes charges animales, effectuer des bilans érosifs, etc. Afin d 'évaluer les facteurs dedégradation et le seuil d 'équilibre du milieu. Malheureusement nous étions limités dans letemps et notre étude représente seulement un flash de la situation.

Alors que l'évolution de la dégradation semble plus ou moins nette pour la zonehumide il est beaucoup plus difficile de trouver un lien entre les différents types dedégradation pour la zone sèche.

Pour la zone humide, nous avons remarqué que la transformation de la végétationreprésente .e premier signe de dégradation. Quand la perturbation du Pajonal est suffisammentimportante, les touffes de graminées hautes, morcelées par le piétinement et agressées par lefeu , vont laisser la place à une végétation rase ou gazonnante qui sera plus résistante aupiétinement. Ceci réduit la diversité floristique du Pajonal, car la strate de végétation basse,qui dans des conditions normales possède une très grande diversité tloristique, se limitepresque uniquement à Lachemilla ssp. et Agrostis breviculmis. Cette même végétation va sedévelopper d'une manière constante , sur des grandes surfaces, quand le Pajonal est très

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perturbé ou complètement détruit (comme dans le cas de la mise en culture). Cette facilité- derecolonisation indique que ces espèces végétales font preuve d'une plus grande résistance etadaptabilité. C'est donc pour ceci qu'elle prend le dessus dans une situation de dégradation.En revanche, il est important de signaler que nous n'avons pas observé de grandes étendues decette végétation là où une forte pente existe. Le sol reste en général couvert malgré latransformation du milieu. En effet la régénération de la masse végétative est suffisammentrapide pour palier au prélèvement et à la dégradation de la couverture végétale, étant donnél'humidité et le climat relativement clément par rapport à la zone sèche. L'érosion se présentedonc uniquement quand une pente très forte s'ajoute à une pression anthropique intense (laseule zone humide avec des traces d'érosion qu'on ait trouvé, se situait sur une penteextrêmement forte et à côté de plusieurs maisons)

Pour la zone sèche (unités SI, S2, S3, et P), le processus de dégradation est similaire àcelui de la zone humide quoique beaucoup plus accéléré et important à cause des conditionsclimatiques plus extrêmes. Toutefois, nous n'avons pas observé l'équivalent du stade H2 :transformation de la végétation sans traces d'érosion. En effet, on passe tout de suite au stadeS2 où la végétation est modifiée, et où le sol présente déjà au moins quelques traces d'érosion.De la même manière qu'en zone humide la végétation gazonnante (Lachemilla ssp. et Agrostisbreviculmis) se développe fortement alors que les graminées hautes se font rares. Par ailleurs,les touffes demeurent courtes et conservent encore des traces importantes de brûlis car laplante n'a pas pu se régénérer. Dans ce cas le sol est presque immédiatement atteint parl'érosion, car d'une part la végétation rentre en déséquilibre plus facilement et rapidement,mais en plus elle nécessite beaucoup plus de temps pour se régénérer. Le premier signed'érosion à apparaître sont les terrassettes de sur-pâturage, dans ce cas la couverture du sol estgénéralement de 80 %. C'est à partir de ces entailles dans la végétation que l'érosion s'étend.La modification de la végétation renforce le problème car le sol nécessite une couche dense ethaute, constituée dans le Pâramo indemne par les panaches et touffes des graminées hautes,pour être efficacement protégé. Dans une zone sèche dégradée, les touffes éclaircies et lamaigre végétation gazonnante ne constituent pas une véritable protection. Quand la végétationne recouvre plus que 50 % du sol, celui ci est déjà desséché. Les zones de circulation hydriquepréférentielle deviennent des véritables ravins avec des buttes témoins, sur lesquelles il nereste plus comme végétation que Lachemi//a ssp et quelques touffes de graminées hautes.

D'une manière similaire à la végétation de recolonisation (Vr), on retrouve ici l'unitéP, formation de zone plane. Nous nous permettons de faire cette comparaison car leurcomposition floristique est pratiquement la même et, de plus, toutes les deux apparaissentessentiellement dans des zones à pente faible et à forte pression anthropique. Par ailleurs cettevégétation (P et Hr) présente aussi la même composition floristique que la végétationgazonnante qui progresse avec la dégradation en situation de pente.

Ainsi nous pouvons dire que la végétation gazonnante, domine complètement lepaysage en cas de faible pente (Hr et P), en revanche seulement sa fréquence relativeaugmente en cas de pente forte (unités de Pajonal dégradés). L'épanouissement de cettevégétation semblerait donc être lié à un problème topographique, qui peut à son tour cacherdes facteurs d'ordre pédologique ou de dynamique de l'eau.

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3 Analyses des unités végétales

Pour mieux comprendre et évaluer le processus de dégradation, nous avons effectuédes analyses détaillées pour le sol, la flore, la productivité des prairies et la qualité fourragère.Ces analyses ont été faites pour des stades différents de dégradation afin de mettre enévidence les principaux changements dus à la modification du milieu.

3.1 Choix des zones témoin

Pour effectuer ces analyses, nous avons été obligés de choisir parmi toutes les unitésvégétales énumérées dans la partie précédente et d'étudier uniquement les plus extrêmes avecpour la zone humide:

- Hl ~ Pajonal humide non dégradé.

- ID ~ Pajonal humide très dégradé.

- Hr ; Végétation de recolonisation.

- Pa ; Pantano

Pour la zone sèche :

-SI; Pajonal sec non dégradé.

- S3 ~ Pajonal sec très dégradé.

-P.. ; végétation rase des zones planes.

-A ; Arenal.

Pour chaque stade de dégradation nous avons choisi une zone témoin en fonction de lareprésentativité du stade de dégradation qu'elle est sensée définir. Et, en second lieu, enfonction de son accessibilité.

Chaque zone témoin est signalée par un rond rouge sur la carte No 2.

3.2 Résultats

3.2.1 Analyses de sol

L'objectif de ces analyses est d'établir la relation existante entre les caractéristiquesphysico-chimiques du sol et l'état de dégradation du milieu.

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3.2.1.1 Méthodologie

Différents types d'analyses ont été effectuées. Le travail de terrain comprendl'observation des profils pédologiques et le prélèvement des échantillons pour les analyses delaboratoire.

D'une manière générale, nous avons fait des prélèvements pour les deux premiershorizons superficiels, sauf cas particulier. Pour chaque horizon nous avons effectué troisprélèvements, le premier à l'aide d'un tube métallique de volume connu pour le calcul de ladensité apparente (avec trois répétitions), le second, très bien isolé, pour le calcul du pF, et ledernier pour le reste des analyses.

Le travail de laboratoire a été effectué dans le Laboratoire de sols du Ministère del'Agriculture (Tumbaco) et a mesuré :

- La densité apparente (DA).

- La teneur en eau du sol (H%).

- Le pH et pKCl du sol; avec la méthode électrométrique.

- Le potentiel de l'eau du sol (pF 2.5); mesuré à l'aide de la presse à plaques deRichards. Le pF 4.2 n'a pas pu être déterminé car le compresseur présentait unefuite.

- La matière organique (%C) ~ le carbone a été dosé par la méthode de Walldey etBlack.

- L'azote (%N) ; dosé par la méthode Kjehldal.

3.2.1.2 Observation des profils

A l'exception du profil du Pantano, tous les autres profils présentaient une relativehomogénéité. Nous avons défini les horizons en fonction des changements de structure et de laprésence des racines.

La description détaillée des profils ainsi que la numérotation des échantillons setrouvent dans l'annexe 2

3.2.1.3 Résultats de laboratoire

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Tableau 3-1 : Résultat des analyses de sols

Echantillon H% DA H% (PF2.5) PH pHKCI %C %oN C/N

paramohum. ESP 41.1 89.8 0.68 77.61 4.83 4.78 10.074 7.35 13.70

non dégradé ESP 41.2 70.48 4.73 4.69 6.97 5.25 13.27

ESP 51.1 472.71 0.11 399.26 5.65 5.23 17.535 0

Pantano ESP 51.2 206.25 0.36 150.4 5.15 5.1 12.78 10.43 12.25

ESP 51.3 65.07 5.3 5.05 5.23 4.97 10.52

Végétation de ESP 71.1 54.02 0.78 54.02 5.4 5.0 9.53 7.42 12.84

Recolonisation ESP71.2 52.53 52.53 5.4 4.8 6.75 3.71 18.2

Paramo hum. ESP 61.1 31.3 0.8 42.59 5.2 5.08 8.04 5.74 14.00

Dégradé ESP61.2 24.6 0.88 44.48 4.97 4.73 7.74 5.11 15.15

Pàramo sec ESP 31.1 31.31 0.74 31.54 5.3 5.25 7.2 4.13 17.43

non dégradé ESP 31.2 30.89 0.93 32.93 4.95 5 5.8 3.57 16.2~

Paramo sec ESP 11.1 8.1 0.83 9.45 4.8 5.1 3.4 2.31 14.72

Dégradé ESP 11.2 5.9 1.12 8.75 5.7 6 1.2 1.365 8.79

ESP 12.1 11.22 1.11

Végétation de ESP 21.1 10.43 0.99 15.54 5.4 5.8 3 2.59 11.58

zone plane ESP 21.2 14.04 5.55 5.95 1 3.745 2.67

ESP 1.2 7.99 1.21 16.29 5.3 5.25 0.6 0.56 10.71

Arenal ESP 1.3 18.96 1.3 25.72 5.6 5.8 0.4 0.91 4.39

ESP 2.1 18.4 1.28

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3.2.1.4 Discussion

La figure suivante présente l'évolution de la densité apparente et de la rétention d'eaupour notre séquence de dégradation. Pour la suite nous omettrons les données du Pantano dansla mesure où celui-ci ne constitue pas un stade de dégradation.

+---+----!-----!-----+---+--__f-----+O

.,...---------.--------------,- 1.4

0.4

1

0.8

~0.6

1.2

100

90

80

70

% 60";/!.

50II.a. 40

30

20

10

0

·-a--pF 2.5

-+-- Humidité

D.A.

Figure 3-1 : Evolution de la densité apparente, du taux d'humidité des échantillonset de l'humidité à pF 2.5

TI existe une décroissance globale du taux d'humidité des échantillons ainsi quel'humidité à pF 2,5. Inversement la densité apparente augmente. Cette évolution estpremièrement due au gradient d'évolution des sols entre la zone sèche et la zone humide. Defait, plus on avance vers El ArenaI moins nos sols sont évolués et plus la granulométrie estgrossière (observation de terrain). De même, plus on approche El Arenal moins la teneur enmatière organique est importante (cf figure 3-2), de fait la végétation diminue aussi.

Etant donné que la capacité au champ est dépendante du taux d'éléments fins du sol etdu taux de matière organique, il est normal que l'humidité à pF 2,5 diminue dans ce sens là. TI

"conviendrait alors de comparer d'abord les propriétés des sols d'une même zone pour essayerde tirer les effets strictement liés à la dégradation du milieu.

Au sein de la zone humide, on observe, de même, une chute de l'humidité et de lacapacité de rétention en eau accompagnée d'une augmentation de la densité apparente. On

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observe la même tendance entre le Pajonal sec non dégradé et les unités sèches dégradées. Ladégradation semblerait donc agir sur ces propriétés.

Parailleurs, au niveau de l'unité de Pajonal sec dégradé, on observe une différence detassement au niveau des différents niveaux du micro relief. La DA de 1'horizon superficiel desbuttes témoin est inférieur (0.83) à la DA de l'horizon superficiel entre les buttes (1.11).

Cette donnée ainsi que l'augmentation de la DA entre les unités référence et les unitésdégradées, nous montrent qu'il existe un impact de tassement dû à la dégradation.

La diminution de la capacité de rétention en eau serait donc liée à l'augmentation de laDA ainsi que à la diminution du taux de matière organique que nous pouvons constater dans lafigure suivante.

I-:-",c l-.-C/N

2

4

6

8

10

12......----------------------..,... 20

18

16

14

12

10 ~

8

6

4

2

0+----+----+----+----+-----+----+---+0

Figure 3-2 : Evolution du taux de matière organique et du rapport C/N

Le gradient observé pour la matière 'organique est tout d'abord expliqué par le gradientclimatique, la production de matière végétale est d'autant plus faible qu'on s'approche de ElArenal. Cependant, encore une fois, il semblerait que l'état de dégradation influencerait aussicette diminution. De fait, la chute du taux de matière organique est beaucoup plus importantedans la zone sèche que dans la zone humide. Ceci est logique car la dégradation perturbebeaucoup plus vite la végétation en zone sèche qu'en zone humide. Ainsi, la végétation se

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détériore et disparaît plus rapidement (ce qui réduit l'enracinement et le taux de débrisvégétaux arrivant au sol) et le sol dénudé s'installe très vite.

L'irrégularité de la couverture végétale en zone sèche dégradée apporte un autrefacteur. En effet, le sol dénudé se dessèche ~ cette dessiccation s'accompagne d'uneréorganisation structurelle qui produit la formation de petits agrégats stables et durs (de lataille des limons). Le sol devient alors pulvérulent et peut devenir hydrophobe. Cettehydrophobie a été constatée pour le Pajonal sec très dégradé, il a fallu 24 h pour qu'unéchantillon prélevé sec (entre les buttes témoin) puisse se rehydrater.

Le rapport C/N, qui nous renseigne sur l'état de décomposition de la matière organiqueest généralement important dans les sols de Pàramo. Les variations de ce quotient existantentre nos différentes unités ne sont pas suffisamment importantes pour conclure quelquechose à ce sujet.

Dans la figure suivante, on observe l'évolution du pH et du pH KCl. L'ensemble de nossols sont acides avec des pH toujours supérieurs à 4.8. On remarque aussi pour les unitéshumides et non dégradées que le pH de l'horizon superficiel est supérieur à celui de l'horizoninférieur. Cette situation s'inverse pour les unités sèches et dégradées.

4

~ pH horizon1

pH horizon2

___ pH KCL horizon 1

• pH KCI horizon 2

6.15.95.75.5

::c1:1. 5.3

5.14.9

4.74.5 -+--~--""'------r------'----r----"'----'

#'0 i§>~ ~~'0 ~Jb b'0 ~0

~~ ..#'~ &r§$ ~'r/f>J<!J ~~qj ~~o~ qfJ0 .~0 ~~ 4Jv "v# ,..------------,

~00 ~0~ -<::-v~ _(1jV i' ~~0~- u , ~~ .~ i::>0

~-<::-'S ~&' . ~'iJ .o~ q,'iJ ,#• o~qj 'i;-qj q,'1>~ q,~ ~'r/f$

q,~ ~'r/f$

Figure 3-3 : Evolution du pH et du pH KCI pour l'horizon superficiel et ledeuxième horizon

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Comme nous l'avons vu lors de la description de nos différentes unités végétales, lavégétation gazonnante s'épanouit uniquement en zone plane. Il était donc intéressant d'essayerde trouver des points communs entre l'unité végétation de recolonisation, Hr, et l'unité dezone plane, P, pour essayer d'expliquer cette préférence.

Les densités apparentes de Hr et P sont respectivement inférieures à celles des unitésde Pajonal très dégradé correspondantes: H3 et S3. De même, leur humidité à pF 2.5 estsupérieur. Leur capacité de rétention est donc supérieure à celle des zones en pente dégradées.Par ailleurs Hr et P se situent dans des zones planes en contrebas, il existe donc uneaccumulation d'eau à leur niveau. Par ailleurs on remarque aussi qu'elles présentent des pHrelativement plus basiques que leurs unités végétales de référence: Hl et SI.

3.2.2 Analyse floristique

La composition floristique s'est avérée être un facteur très utile pour l'identification dustade de dégradation.

TI est évident que la dégradation modifie la flore. Cependant, il apparaissait importantde vérifier à quel point nos premières impressions sur le terrain s'avéraient pertinentes. Maisaussi, de bien comprendre son évolution, car la végétation constitue un facteur prépondérantpour la conservation des sols (en tant que couche protectrice) et pour l'alimentation desanimaux (au niveau quantitatif et qualitatif).

3.2.2.1 Méthodologie

Dans un premier temps, l'identification des espèces existentes dans le Pâramo de laEsperanza a été faite. Bien sÛT, compte tenu de la diversité existante dans les Pâramos, nousn'avons pas pu effectuer une identification exhaustive, mais nous avons identifié lesprincipales espèces végétales de la zone.

L'identification des plantes a été faite grâce à l'herbier de l'Université Catholique deQuito, avec la précieuse aide de Susana Leon, spécialiste des Pâramos et chercheur à cettemême institution, sans laquelle notre tâche se serait avérée beaucoup plus longue et difficile.

Une fois l'identification faite, la composition floristique de chacune de nos unités dedégradation a été étudiée. Pour ceci nous avons procédé de deux manières.

Premièrement nous avons utilisé la méthode du carré lancé au hasard (avec troisrépétitions), ainsi nous définissions une aire d'un mètre carré où la fréquence (exprimée en %)de chaque type de plante était relevée. Pour ceci nous étions toujours deux, à fin de réduire lasubjectivité de l'observation.

L'autre méthode utilisée a été celle des transects, avec trois répétitions. La longueurvariait en fonction de l'unité étudiée, car par exemple pour El Arenal, il fallait un transectd'au moins 20 m afin d'observer les variations.

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3.2.2.2 Résultats

Dans les tableaux suivants nous trouverons la composition floristique de chaque unitévégétale exprimée en fréquence d'apparition par rapport au total des plantes présentes dans lemètre carré observé.

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La zone humide (tableau 3-2) présente la plus grande diversité floristique. On observede nombreuses plantes, comme les Valérianaceae ou les Gentianaceae n'apparaissant que danscette unité végétale. Aussi, un certain nombre de formations semi-arbustives, que nousn'avons pas répertoriées apparaissent d'une manière très ponctuelle et se développentuniquement dans cette unité.

Tableau 3-2 : Composition f10ristique du Pajonal humide non dégradé

% NOM SCIENTIFIQUE NOM COMMUN

55 Ca/amagrostis intermedia POACEAE4 Paja

3 Stipa tenu POACEAE

3 Festuca sp. POACEAE Pajilla

3 Agrostis brevicu/mis POACEAE

10 Lachemilla orbieu/ata ROSACEAE Cunucchaqui

Lachemilla vu/canica ROSACEAE Cunucchaqui

5 S8tweja nubijena LAMIACEAE Sunto

3 Azorella pedoncu/ata APIACEAE Tumbuzo

3 Geranium diffusum GERANIACEAE San Pedro

Geranium mu/tipartitum GERANIACEAE San Pedro

2 Gentianella umuaGENTIANACEAE

2 Ha/enia wedeliana GENTIANACEAE Cachode venado

2 Gentianella cerastoldes GEN11ANACEAE Tamoreal

2 Hypochoris sessi/iflora ASTERACE.A.E Achicoria

2 Erimigium humi/e APIACEAE

5 Wiphogeten disseta APIACEAE Urkuzanahoria

Wemeria nubigena ASTERACEAE

Va/eriana rigida VALERANIACEAE

Corex tristicha CYPERACEAE Navajilla

Orois sp. OXALIDACEAE Trebel de campo

Tripolium sp. FABICEAE Trebel de campo

Pastomilin

Autres

Sol à nu 0%

4 Calamagrostis intermedia domine les graminées hautes dans toute notre zoned'étude. Cependant quelques autrespoaceaes très similaires poussent avec elle. Le pourcentage donné dans tous les tableaux suivants pour Calamagrostisintermedia est en effet le % du mélange de graminées.

48

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En milieu de Pajonal humide dégradé (tableau 3-3) toutes les plantes, caractéristiquesdu Pajonal humide naturel (Gentianella umua. G. cerastoïdes, Valeriana rigida, etc.)disparaissent automatiquement comme nous pouvons le voir dans le tableau précédent. Ceciest sûrement lié d'une part à la perte d'humidité du milieu (le taux d'humidité du Pajonalhumide dégradé avoisine celui du Pajonal sec non dégradé) et d'autre part au fait que cesplantes sont très appétées par les moutons. De même on constate l'absence de Stipa ichu, liéecertainement aussi à un manque d'humidité du sol car nous ne l'avons observé que dans deszones avec accumulation d'humidité (Par exemple le long des torrents).

Par ailleurs on observe que Lachemilla spp. et Agrostis breviculmis prennent unegrande importance en situation de dégradation. L'addition des fréquences des deux plantesévolue de 13 % à 42 %. Ceci semble être dû au développement de la végétation gazonnantequi n'est composée pratiquement que de ces deux espèces. La composition floristique de cettevégétation est exactement la même que celle de la végétation de recolonisation.

Hydrocotile bonplandei et Geranium multipartitum sont encore présentes, en revanchenous avons observé qu'elles n'apparaissent plus que entre ou sous les touffes de paille. Onremarque aussi l'augmentation de la fréquence d 'Ordis sp. et Tripolium sp. (qui se retrouventtoujours ensemble) qui passe d'environ 1% à 5%. Hypochoris sessiliflora persiste et présentela même fréquence (2%). Ces plantes ont souvent tendance aussi à se réfugier près des touffesde paille.

Tableau 3-3 : Composition floristique de Pajonal humide dégradé

% NOM SCIENTIFIQUE NOM COMMUN

45 Ca/amagrostis intermedia POACEAE Paja

27 AgrosUsbmWcwm~POACEAE Pajilla

15 Lachemilla orbieu/ata ROSACEAE Cunucchaqui

Lachemi/la vu/canica ROSACEAE Cunucchaqui

5 Azom/la pedunculta APIACEAE Tumbuzo

Orois sp OXALIDACEAE Trebol de campo

4 Tripolium sp FABICEAE Trebol de campo

2 Hypochoris sessi/iffora ASTERACEAE Achicoria

1 Hydrocoti/e bonp/andei APIACEAE

1 Geranium mu/tipartium GERANIACEAE San Pedro

Sol à DU 0-30%

49

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La végétation de recolonisation, décrite dans le tableau suivant, est très peu diversifiée.De fait en dehors de ses trois principales espèces végétales, Lachemilla spp., Agrostisbrevtculmis et Azorella, on observe seulement Ordis sp., Tripolium sp. et Hypochorissessilif/ora.

Tableau 3-4 : Composition floristique de la végétation de recolonisation

% NOM SCIENTIFIQUE NOM COMMUN

60 Agrostis brevieu/mis POACEAE Pajilla

33 Laehemilla orbieu/ata ROSACEAE Cunucchaqui

5 Azorella peduneu/ata APIACEAE Tumbuzo

2 Oroissp. OXALIDACEAE Trabol de campo

Tripo/ium sp. FABICEAE Trabol de campo

Traces Hypochoris sessi/iflora ASTERACEAE Achicoria

Sol à nu 0%

Le relevé floristique du Pantano (tableau 3-5) a été fait à sa périphérie car le centrepeut être marécageux et les moutons ne s'y rendent jamais. Dans le cas contraire ils attrapenttrès souvent une maladie respiratoire appelée «coscojo » par les paysans. Pour notre étudeseule cette partie du Pantano avait donc un intérêt.

11 convient de signaler que les pantanos peuvent être très fortement dégradés par lesporcs. En effet, ceux-ci mangent les vers de terre qui sont dans la tourbe. Pour ce faire, ilscreusent avec les pattes en retournant la végétation. 11 est arrivé que des pantanos soientasséchés pour cette raison. Aujourd'hui il est interdit d'envoyer les porcs dans ce milieu.

Tableau 3-5 : Composition floristique du Pantano

% NOM SCIENTIFIQUE NOM COMMUN

90 Azorella spp. APIACEAE Tumbuzo

Xenophylium eressum ASTERACEAE Tumbuzo

4 Agrostis brevicu/mis POACEAE Pajilla

4 Laehemilla orbieu/tata ROSACEAE Cunucchaqui

2 Oroissp. OXALIDACEAE Trabol de campo

Ca/amagrostis intermedia POACEAE Paja

Sol à nu 0

50

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Le tableau 3-6 décrit la composition floristique du Pajonal sec non dégradé. Ce milieuprésente pratiquement les mêmes plantes que le Pajonal humide dégradé. Ce qui pourraitconfirmer le fait que l'apparition des plantes comme les Gentianaceae dépend du tauxd'humidité.

Par ailleurs, et de la même manière que pour le Pajonal humide non dégradé, lepourcentage de graminées hautes est au dessus de 50% tout en recouvrant entièrement le sol.

Tableau 3-6 : Composition floristique du Pajonal sec non dégradé

% NOMSCIENTIFIQUE NOMCOMMUN

70 Ca/amagrostis intermedia POACEAE Paja

5 Festuc sp POACEAE Pajilla

10 Lachemi/la orbieu/ata ROSACEAE Cunucchaqui

Lachemilla vulcanica ROSACEAE Cunucchaqui

3 Azore/la peduncu/ta APIACEAE Tumbuzo

3 Hydrocoti/e bonp/andei APIACEAE

4 Geranium mu/tipartium GERANIACEAE San Pedro

Orois sp OXALIDACEAE Trebol de campo

3 Tripolium sp FABICEAE Trebolde campo

Traces Mousse

1 Hypochoris sessi/iflora ASTERACEAE Achicoria

1 Agrostis brevicu/mis POACEAE Pajilla

Sol à DU 0%

51

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Le tableau suivant présente la composition floristique du Pajonal sec dégradé. Onobserve que le Pajonal sec se transforme avec la dégradation. De fait, Hydrocotyle bonplandeiet Geranium multipartitum disparaissent car elles se développent principalement sous lestouffes de graminées hautes. Or en milieu dégradé les touffes se font de plus en plus rares etne présentent plus leur forme caractéristique en panache, forme qui permet de protéger lespetites plantes et de les maintenir sous un environnement humide. De la même manière quedans la zone humide dégradée, Agrostis breviculmis et Lachemi//a spp. se développentfortement.

Azore//a pedonculata conserve la même fréquence d'apparition (4%). Cependant, pourcette unité, on ne l'observe plus que sous ou contre les graminées hautes. Ordis sp. etTripolium sp. présentent désormais le même comportement et on ne les retrouve qu'entre lestouffes de graminées. Il est important de signaler l'apparition de Senecium teretifo/ius, plantecaractéristique de El ArenaI.

Tableau 3-7 : Composition ftoristique du Pajonal sec dégradé

% NOM SCIENTIFIQUE NOM COMMUN

40 ~~~gros~mœ~~~POAC~E Paja

40 Laehemi/la orbieu/ata ROSAC~E Cunucchaqui

Laehemi/la vu/canica ROSAC~E Cunucchaqui

10 Agrostis brevieu/mis POAC~E Pajilla

4 Azore/la pedunculta APIAC~E Tumbuzo

4 Festuca sp.POAC~E Pajilla

2 Ordis sp.OXALlDAC~E Trabol da campo

Tripolium sp.FA8IC~E Trabol de campo

Traces Hypochoris sessi/iflora ASTERAC~E Achicoria

Traces senecium teretifo/ius ASTERACEAE Romerillo

Traces Agrostis brevicu/mis POAC~E Pajilla

Sol à nu 20-50%

52

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La végétation de zone plane, décrite dans le tableau 3-8, présente comme composanteprincipale Agrostis brevicu/mis. et Lachemi/la spp., soit les mêmes espèces que celles de lavégétation de recolonisation. Cependant, elle présente plusieurs différences. Azore/lapedonculata; Ordis sp. et Tripo/ium sp. sont complètement absentes car le milieu est sec et iln'existe pas de plantes hautes qui pourraient les protéger leur faisant bénéficier de l'humiditéretenue par les feuilles.

En revanche une flore nouvelle relativement diversifiée apparaît ici. Parmi celles-cicertaines plantes sont grasses comme Geranium equatoriense. Par ailleurs, on distingue aussiBidens humile et Li/a/eopsis sessi/iflora. Il est important de signaler que la plupart de cesplantes apparaissent aussi dans El Arenal. Enfin Hypochoris sessi/iflora se développe aussidansce milieu.

Tableau 3-8 : Composition floristique des zones planes

% NOM SCIENTIFIQUE NOM COMMUN

40 Agrostis brevicu/mis POACEAE Pajilla

40 Laehemilla orbieu/ata ROSACEAE Cunucchaqui

5 Geranium equatoriense GERANIACEAE

5 Bidens humi/e ASTERACEAE

3 Hypochoris sessi/iflora ASTERACEAE Achicoria

3 U/a/eopsis sehaffneria ASTERACEAE

4 Autres

Sol à nu 10-50%

53

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El Arenal (tableau 3-9) se compose de deux formations végétales différentes. On passede l'une à l'autre en l'espace de 20 ou 30 mètres. La première est dominée par les hautesgraminées cespiteuses qui se développent sur des petites buttes. Azorella pedonculata s'ytrouve toujours collée. Généralement, à ces mêmes endroits, on trouve beaucoup de Seneciumteretifolius. La deuxième formation est composée par des plantes basses, très éparses tellesBidens humile, Lilaleopsis schaffneria, Geranium equatoriense et Hypochoris sessiliflora sontparmi les plus importantes.

Agrostis breviculmis est absente et Lachemilla spp. apparaît très rarement dans cemilieu et seulement à côté des touffes cespiteuses.

Tableau 3-9 : Composition floristique de El Arenal

% NOM SCIENTIFIQUE NOMCOMMUN

36 Ca/amagrostis interrnedia POACEAE Paja

40 Senecium teretifo/ius ASRERACEAE Romerillo

4 Festuca POACEAE Pajilla

5 Bidenshumi/e ASTERACEAE

2 Azorella peduneu/ta APIACEAE Turnbuzo

2 Geranium equatoriense GERANIACEAE

2 Hypochoris sessiliflora ASTERACEAE Achicoria

5 U/a/eopsis schaffneria APIACEAE

2 Laehemilla orbieu/ata ROSACEAE Cunucchaqui

1 Chocho

1 Autres

Sol à nu très variable, environ 80%

54

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3.2.2.3 Discussion

Pour l'ensemble de la zone d'étude, la strate supérieure représentée par les hautesgraminées de Ca/amagrostis intermedia domine une strate inférieure composée de Lachemillaspp. et Agrostis breviculmis. Au sein de cette dernière, on observe des plantes secondairestelles que Ordis sp., Tripolium sp., Hypochoris sessiliflora, Azore//a pedoncu/ata, Ha/eniawedelania, Gentiane//a umua, etc.

Dès que la dégradation apparaît, les hautes grammees régressent au profit deLachemilla spp. et Agrostis breviculmis (figure 3-4). Quand on se retrouve en situation depente, les hautes graminées ont tendance à diminuer mais ne disparaissent jamaiscomplètement. En revanche quand la zone a une pente faible, Lachemilla spp. et Agrostisbreviculmis colonisent la zone et les hautes graminées disparaissent.

80 --r---------------------,70605040302010O-l----==;==..L-----r----r----r------.,...----i

-Agrostis sp

- Lachemilla ssp

Ca/amagrostis ssp

Figure 3-4 : Evolution des graminées hautes (Calamtzgrostis spp.) et de lavégétation gazonnante (Agrostis sp.; Lachemilla spp.)

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Le classement des unités végétales selon le degré d'humidité du milieu fait apparaîtrel'évolution des espèces secondaires (fig 3-5).

IJ Hydrocotyle b.

• Ordis -Tripolium

.Geranium m.

• Gentaniaceae

Figure 3-5 : Evolution des pla.tes secondaires avec la dégradation

Ainsi, les premières à disparaître sont les Gentianaceae (que nous avons pris commeexemple pour la végétation spécifique du Pajonal humide non dégradé).

Ensuite, Geranium multiparttum et Hydrocotyle bonplandei régressent au niveau de lavégétation de recolonisation ou du Pajonal sec dégradé. Dans le premier cas elles disparaissentmalgré la forte humidité car il n'existe pas de graminées hautes pour les protéger. Dans ledeuxième cas, l'humidité n'est désormais plus suffisante, malgré la présence de graminéeshautes.

Au niveau de la végétation de zone plane, Ordis sp. et Tripolium sp. ainsi qu'Azorellapedonculata disparaissent. Ces trois espèces végétales sont absentes car l'humidité du soln'est plus suffisante. Cependant, leur évolution apparaît différente. Avec l'augmentation de ladégradation Azorella pedonculata se développe , d'ailleurs elle est souvent associée àLachemilla spp. et Agrostis breviculmis, jusqu'à la végétation de zone plane ou elle disparaîtsubitement pour réapparaître très ponctuellement au niveau d'El Arenal où elle retrouve à seloger sous la paille. En revanche, Ordis sp. et Tripoltum sp. ne cessent de diminuer jusqu'àdisparaître.

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Finalement il semble qu' Hypochoris sessiliflora soit une espèce ubiquiste enprésentant une fréquence relativement constante.

Par ailleurs nous avons essayé de mettre en évidence les plantes qui apparaissentlorsqu'un stade de dégradation précis est atteint.

El Arenal possède un ensemble d'espèces qu'on ne retrouve pas dans l'ensemble de lazone. En effet El Arenal est une formation végétale relativement ancienne et malgré son passéincertain, on peut affirmer aujourd'hui qu'il a atteint un équilibre (Winkel & Zebrowski,1997). Elle a donc développé sa propre flore en accord avec les conditions extrêmes dumilieu. Cette flore peut provenir, pour les zones plus basses, des migrations des plantes dusuper Paramo' du mont Chimborazo. Dans tous les cas, ces plantes font preuve d'une extrêmerésistance à la sécheresse, à une forte radiation et à un vent très intense.

Certaines espèces de El Arenal apparaissent dans l'unité végétale de zone plane tellesLilaleopsis schaffneria, Bidens humile et Geranium equatoriense et dans le Pajonal sec trèsdégradé: Senecium teretifolius. Ce fait nous indique que la dégradation en zone sèche auraittendance, à rapprocher l'environnement de celui d'El Arenal.

D'une manière générale et pour l'ensemble des milieux la dégradation entraînerait:

La diminution de la diversité de la flore.

La modification des fréquences d'apparition de certaines plantes.

Le développement de la végétation gazonnante (Lachemilla ssp et Agrostisbreviculmis) en situation de pente, au détriment des graminées hautes.

La disparition complète de la strate haute au profit de la végétation gazonnante, ensituation de pente faible;

Elle permetrait le succès de certaines plantes d'El Arenal dans les unités végétalesdégradées de zone sèche.

3.2.3 Biomasse des prairies et charge animale

Nous avons voulu mesurer le potentiel productif fourrager de nos différentes zones afinde le mettre en relation avec la charge animale. Ainsi, ces données nous permettent demesurer l'impact de la dégradation sur le potentiel productif des paysans, étant donné quel'activité principale de notre zone est l'élevage et que cette activité est directementdépendante de la productivité de biomasse végétale des prairies.

S Type de Pâramo qui se trouve au niveau le plus haut, juste en dessous de la limite des neiges. Cf 1.1.4flore.

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3.2.3.1 Méthodologie

C'est pour cette partie de l'étude que nous avons rencontré le plus de difficultés. Eneffet pour mesurer rigoureusement la biomasse végétale des prairies, il aurait fallu mettre endéfens des parcelles, effectuer plusieurs coupes en tenant compte des saisons, déterminer lapériode végétative, etc.

Malheureusement, ces conditions n'ont pas pu être réalisées car la durée du stage étaittrop courte pour mettre en place ce protocole. Par ailleurs le manque de stationspluviométriques dans la zone de travail nous priva d'un certain nombre de donnéesclimatiques qui auraient pu être très utiles. Nous ne pouvions pas non plus nous servir desdonnées des stations voisines, car le milieu montagnard Andin étant caractérisé pour êtreextrêmement variable d'un endroit à un autre.

Il est important de préciser que nous avons prélevé un seul échantillon d'herbacéespour le Pajonal humide. En effet, pour cette étude, nous avons voulu prendre le plusreprésentatif au lieu de prendre les cas extrêmes comme précédemment. Cette modificationétait nécessaire dans la mesure où ces analyses avaient comme but final d'être mises enrelation avec la population animale de la zone. De fait, nous avons observé le Pajonal trèsdégradé (ID) uniquement sur une étendue d'environ un hectare. De même le Pajonal humidenon dégradé (Hl) est très restreint et il se trouve uniquement dans des endroits où les moutonsaccèdent rarement. Par conséquent, le Pajonal humide le plus représentatif est un Pajonalintermédiaire entre le Pajonal humide non dégradé (Hl) et le Pajonal humide dégradé (H2), etc'est pour celui ci que nous avons prélevé un échantillon.

Les unités végétales étudiées, pour la mesure de biomasse, sont les suivantes:

Pajonal humide

Végétation de recolonisation (Hr)

Périphérie de Pantano (P)

Pajonal sec non dégradé (Sl)

Pajonal sec très dégradé (S3)

Végétation rase des zones planes (P)

Arenal (A)

La coupedes herbacées:

Les prélèvements ont été effectués en octobre, juste avant le début des pluies pour lazone sèche et juste à la fin de la saison pluvieuse pour la zone humide. Tous les prélèvementsd'herbe ont été faits dans les zones témoins étudiées précédemment qui étaient soumisesconstamment au pâturage. Par ailleurs, nous avons prélevé uniquement ce que les moutonsconsomment, les repousses vertes en périphérie des touffes de hautes graminées, les petites

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herbes rases, etc. Pour ceci nous avons au préalable suivi des troupeaux. et observé leurshabitudes alimentaires. Nous avons demandé aussi aux. bergers ce que leurs moutonsconsommaient. Ainsi, l'herbe a été coupée de manière à laisseren place seulement la base dela plante, en imitant les habitudes alimentaires du moutons qui prélèvent à la base voire mêmearrachent.

Le poids sec de chaque échantillon a été rapporté à la surface qui avait été nécessairepour l'obtenir (mesurée lors du prélèvement). Nous avons donc obtenu la biomasse en matièresèche par ha., pour chaqueunité végétale, à l'instant t, soit en octobre 1997.

Calcul de la charge animale:

Avec la biomasse végétale/ha, nous pouvons calculer l'adéquation entre le milieu et lacharge animale à l'instant t, afin de voir s'il existe suffisamment de fourrage pour entretenirtous les moutons de la zone.

Adéquation du milieu = ~(Biomasse/ha * «100-% rejet)/lOO) * surfacetotale)

Nombre total de moutons • besoinjournalier

Avec:

-biomasse/ha pour chaqueunité végétale.

-surface totale: mesurée pour chaque unité végétale sur la carte élaborée dans lapremièrePartie de l'étude à l'aide d'un planimètre.

-% rejet: il existe toujours environ 200/. de rejet de fourrage au niveau des habitudesalimentaires des moutons en zone sèche et 25% en zone humide (suite aux. observations deterrain).

-Le nombre total des moutons a été estimé grâce aux. réunions communautaires et aux.différentes enquêtes élaborées dans la zone.

-besoin journalier en matière sèche pour un mouton de 20 kg (moyenne de la zone) enentretien: 0,7 kg (Livestock feedsand feedings, D.C. Church,1991).

Avec les données que nous avons il est difficile de calculer la charge théoriqueannuelle bien que celle-ci intéressait particulièrement l'IEDECA. Ainsi nous avons utilisé leprotocole suivi par le plan de gestiondes Paramos de Cayambe".

6 Cayambe représente la deuxième zone où l'IEDECA travaille. En 1995 lUI plan de gestiondes paramosa étémisenplacesuite à l'étude d'un consultant allemand, Pal ButchaM.

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Pour ceci, il fallait exprimer la biomasse par ha et par rapport à une unité de temps. Ilétait difficile d'attribuer une unité temporelle à nos données dans la mesure où nous neconnaissions pas la vitesse de régénération des prairies, d'autant plus qu'elles sontconstamment soumises au pâturage. Nous n'avons pas pu trouver des renseignements dans lalittérature car aucune autre étude similaire avait été faite. La seule information dont nousdisposions était un entretien verbal avec les responsables du projet: «Manejo de pastosnaturales de altitud a' de l'Ecole Supérieure Polytechnique de Chimborazo (ESPOCH). Pourleurs parcelles expérimentales en Pàramo non dégradé, situées un peu au Sud de Cunucyacu(carte N°l) dans la zone humide, ils ont déterminé, à partir d'une coupe et jusqu'au stade defloraison, 160 jours pour la période de régénération. Ils nous conseillèrent alors de prendre unan dans notre cas compte tenu de la dégradation et du pâturage constant. Plus tard lors d'unatelier de travail avec les membres de l'IEDECA, il fut considéré plus juste d'attribuer un anpour la zone humide et le paramo sec non dégradé et deux ans pour la zone sèche dégradée.

Ensuite avec la biomasse exprimée par rapport à la surface et au temps nous pouvionseffectuer les calculs suivants :

Charge théorique/unité végétale/ha = biomasse/ha/an ·((100-% rejet)/lOO)

besoins annuels d'un mouton

= (moutons/ha)

avec:

-biomasse/ha/an pour chaque unité végétale.

-% rejet: il existe toujours environ 20% de rejet de fourrage au niveau des habitudesalimentaires des moutons en zone sèche et 25% en zone humide (suite aux observations deterrain).

-besoins annuels d'un mouton : besoin journaliersêëâ

Charge théorique totale = L(charges théo./unité vég./ha • surface totale/unité vég.)

= (moutons)

La surcharge ou l'excédent fourrager peuvent être calculés par la suite en soustrayantla charge théorique totale au nombre total de mouton de la zone.

7 Projetde gestion des pâturages naturels

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3.2.3.2 Résultats

Nous calculerons d'abord l'adéquation entre la biomasse végétale et la charge animaleà l'instant t (tabl. 3-10).

La charge animale a été déterminée lors des réunions communautaires. Cependant, ilfaut savoir que les paysans craignant les impôts, réduisent toujours l'effectif animal. Lenombre total de têtes pour Sanjapamba est de 1500, pour La Esperanza Central de 4250 etpour Rio Colorado de 5750.

Tableau 3-10 : Biomasse végétale pour chaque unité végétale et calcul del'adéquation à la charge animale à l'instant t

Biomasse Superficie Biomasse lunitéen t/ha (ha) vég.

Pajonal humide 2.12 1002.5 1590.96

Végétation de recolonisation 1.15 360 310.65

Pantano 2.28 38.3 65.40

Pajonal sec non dégradé 1.63 402.5 492.73

Pajonal sec dégradé 0.94 1597.5 1198.86

Végétation de zone plane 0.72 842.5 484.37

Arenal 0.38 562.5 168.95

Total 4805.8 4311.91

Total des besoins animaux pour2938.25

11500 têtes (t)

Ainsi ces 11500 têtes d'ovins doivent pouvoir disposer de 2938.25 t de fourrage(0.7*365*11500). Avec un disponible fourrager de 4311.91 t, il existe un important excédentde biomasse végétale par rapport aux besoins animaux. Cependant, étant donné que lesanimaux ne sont pas répartis de manière uniforme dans la zone, cette valeur ne peut êtrequ'indicative. Il convient alors de refaire ce calcul en séparant Sanjapamba (où l'activitéd'élevage est moindre et concentrée en zone humide) de deux autres secteurs, Esperanzacentral et Rio Colorado (il apparaît très difficile de séparer ces deux secteurs car il n'existepas entre eux une frontière nette). Pour ce faire, nous avons procédé à une redistribution dessurfaces car une petite partie du Pajonal humide se trouve sur le secteur de la Esperanza. Letableau 3-11 présente les résultats après redistribution.

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Tableau 3-11 : Calcul de l'adéquation entre la biomasse disponible et la chargeanimale pour les ZODes humide et sèche

Superficie BiomasseBiomasse

Biomasse Besoin animal(t/unité Différence

(ha) (t Iha)végétale).

totale (t) total en t.

Cf) Pajonal humide 777.5 2.12 1233.88Q)

.2. Végétation deQ)360 1.15 310.64cr recolonisationQ)

CTQ)

38.5 2.28 65.736 1610.27 408 1202.27Pantano

;;c m Pajonal humide 225 2.12 357.75cS" Ul

"'Co CD

Pajonal sec non0 Dl 402.5 1.63 492.725" ::::1 dégradéDl NQ)

a.Pajonal0 sec 1597.5 0.94 1198.86dégradé

Végétation de 842.5 0.72 484.37zone plane

Arenal 562.5 0.38 168.95 2702.65 2524.5 178.15

Ainsi, nous avons une vision plus proche de la réalité. Nous pouvons voir qu'il existeun excèdent fourrager important au niveau de Sanjapamba (1202t). Ceci est du à l'humidité dumilieu, mais aussi à la faible dégradation par rapport aux autres secteurs. En effet àSanjapamba les gens pratiquent peu l'élevage car de part l'humidité du milieu et la moindrealtitude ils vivent aussi de l'agriculture (pommes de terre et oignons).

En revanche, pour les deux autres secteurs la différence entre la disponibilité et laconsommation est très faible (+178t). Avec un milieu sec et froid l'agriculture estimpraticable et les habitants dépendent presque exclusivement de l'élevage. Mais, pour cemilieu la végétation est faiblement productive en fourrage. De plus avec une constante et fortepression ovine, nécessaire à la survie des paysans, les parcours se dégradent et la productionvégétale chute encore plus. Ainsi, dans cette zone haute et sèche, nous sommes en face d'uncercle «vicieux» qui compromet sérieusement la durabilité du système.

A cause des limites exposées dans la méthodologie, le calcul de la charge théoriqueservira plus comme un outil comparatif entre nos différentes unités végétales que comme unevaleur absolue d'estimation de surcharge animale.

Comme nous pouvons le voir dans le tableau suivant, nous sommes en présence decharges théoriques faibles pour toutes les unités végétales. Cependant, il existe des différencessignificatives entre leurs valeurs respectives. Pour l'ensemble de la zone on observe un

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excédent global car la capacité maximale de la zone s'élève à 12992 têtes et la charge réelle à11500 têtes d'ovins.

Tableau 3-12: Charge théorique des différentes zones exprimée entêtes d'ovins

BiomasseCharge

SuperficieCharge théorique

théorique (ovins/par unitét/halan

(Ovins /ha)(ha)

végétale)

Pajonal humide 2.12 6.2 1002.5 6215.5

Végétation de recolonisation 1.15 3.3 360 1188

Pantano 2.28 6.6 38.3 252.78

Pajonal sec non dégradé 1.63 4.7 402.5 1891.75

Pajonal sec dégradé 0.93 1.4 1597.5 2236.5

Végétation de zone plane 0.71 1.1 842.5 926.75

Arenal 0.37 0.5 562.5 281.25

Total théorique 4805.8 12992.53

Total réel 11500.00

Différence +1492.53

Il convient cependant, de la même manière que précédemment de détailler le calculselon les secteurs (tabl. 3-13).

Tableau 3-13: Charge théorique pour la zone humide et la zone sèche

Charge théorique Charge réelle totale Différencemaximale

Sanjapamba 6262 1600 +4662

Rio colorado 6731 9900 -3169

Esperanza

On observe la même tendance que précédemment avec un excèdent en zone humide etune situation plus compromise pour la zone sèche. En effet, la surcharge apparaîtextrêmement importante pour Rio Colorado et la Esperanza. Cependant, comme nous l'avonsmentionné, ces données sont à prendre avec beaucoup de précaution. Il existe de nombreusessources d'erreur: la saison du prélèvement végétal, le fait que c'est une donnée ponctuelle de

63

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biomasse et pas une productivité, l'estimation du temps de régénération (qui a divisé par deuxla biomasse/ha/an de unités sèches dégradées), etc. D'ailleurs, c'est sûrement le dernierfacteur qui influence le plus les résultats. Comme nous l'avons vu lors du calcul del'adéquation (tabl. 3-10 et 3-11) il n'existe pas de surcharge globale, sans quoi les moutons neseraient pas encore vivants. Donc, il semblerait que la période de régénération choisie pour leszones sèches dégradées (2 ans) soit trop longue, un an et demi semble donc une estimationplus juste. Dans tous les cas, cette situation confirme l'importance de la détermination exactede la période de régénération pour les différentes unités végétales.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le prélèvement fut effectué en fin de saisonsèche pour la zone sèche. De plus l'année 1997 fut d'après les paysans, particulièrement sècheavec beaucoup de gelées. Alors qu'en zone humide nous sommes en fin de période des pluies.La période de mesure de la biomasse peut ainsi, expliquer en partie, le fort déficit de la zonesèche par rapport à la zone humide. Nous sommes alors en situation de surcharge animalesaisonnière pour les parcours de zone sèche, surcharge qui est certainement continue pourcertaines zones bien spécifiques comme celles atour des maisons.

La mesure de la biomasse herbacée et le calcul des charges animales théoriques pourles différentes unités végétales est très intéressant pour évaluer l'impact de la dégradation surla végétation. De fait, cela nous permet de quantifier l'effet de l'évolution floristique, de lasurface du sol dénudé et du dessèchement du milieu sur la production de biomasse végétale etdonc la capacité des prairies à nourrir les animaux présents. Ainsi nous avons mis en relation(fig. 3-6) la biomasse végétale/ha avec et la capacité de charge théorique par rapport auxdifférentes unités végétales.

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7CD." 6."ft!E0 5:cCD

" 4-c 3.!!ft!oC

2-."C'>

10

Q+-----..----r------.----r---.-----.-----l

~

~r§:l..--------,-+-Biormsse (tJha)

_ Olarge théorique

(ovinslhalan)

Figure 3-6 : Biomasse et charge théorique pour chaque unité végétale

La dégradation autant pour la zone humide que pour la zone sèche entraîne une baissede la production végétale du milieu.

Entre le Pajonal humide et la végétation de recolonisation, on observe un importantécart de biomasse herbacée présente (2.12 t/ha contre 1.15 t/ha). De même on observe unechute entre la Pajonal sec non dégradé et les autres unités sèches dégradées (1.63 t/ha contremoins de 0.94 t/ha).

Le Pajonal humide (2.12 t/ha) et le Pajonal sec non dégradé (1.63 t/ha) présentent lesbiomasses les plus importantes, abstraction faite du pantano.

La capacité de charge suit la même tendance. On passe d'une capacité d'environ50vinslha/an pour le Pajonal sec non dégradé à moins de 1 ovin/ha/an pour la végétation dezone plane. Le potentiel herbacé est divisé par 5, ce qui joue sur la capacité productive defourrage des Pàramos et donc sur le revenu des paysans.

6S

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3.2.4 Valeur alimentaire

Cette analyse présentait un double objectif avec d'une part l'évaluation de la valeur del'alimentation des moutons et d'autre part l'évaluation de l'impact de la dégradation sur laqualité fourragère par le biais du changement floristique.

3.2.4.1 Méthodologie

Les échantillons prélevés lors de la mesure de la biomasse herbacée ont servi à réaliserles analyses bromatologiques. Nous avons donc analysé les mêmes unités végétales queprécédemment et, de la même manière le stade végétatif du parcours se trouvait en fin desaison sèche pour la zone sèche et en fin de saison humide pour la zone humide.

Les analyses ont été faites dans le laboratoire de nutrition animale de l'ESPOCW. Pourl'analyse de la valeur fourragère, nous avons utilisé la méthode américaine, méthode utiliséeen Amérique Latine. Avec les résultats des analyses, nous avons calculé le TDN (TotalDigestible Nutrients) selon la méthode de l'Institute ofFood and Agricultural Sciences, Centerof Tropical Agriculture, Departement of Animal Science de l'université de Floride, USA(1974). La formule pour les ovins sur prairies naturelles est la suivante:

%TDN == -26.685+1.334(FB)+6.598(EE)+1.423(ENL)+2.371(Pr)+O.O17(FB)2.1.023(EE)2+0.012(FB)(ENL)-O.096(EE)(ENL)-Q.550(EE)(Pr)+O.051(EE)2(Pr)

Avec:

FB : Fibre brute

EE: Extrait d'éther

ENL : Extrait d'azote libre

Pr : Protéines brutes

Ensuite nous avons calculé l'énergie métabolisable selon la formule de Morgan(1974) :

EM (Kcal) =TDN (g)*4.4 KcaIJg*0.82

8 ESPOCH : EscuelaPolitecnica de Chimorazo.

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Pour évaluer la valeur nutritive, nous avons comparé l'énergie métabolisable et lesprotéines, de chaque unité végétale, par rapport aux besoins d'entretien des ovins. Les besoinsont été estimés pour un ovin de 20 kg en entretien, dans les tables du livre Livestock feeds andfeedings, D.C. Church (1991) à 1411 kcal/jour/ovin et 60.9 g de protéines/jour/ovin.

3.2.4.2 Résultats

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Tableau 3-14: Résultats des analyses bromatologiques pour les différentes unités végétales

Pajonal humide

%hum.Totale

46.11

%hum.Higroscop.

6.01

%Cendres

10.39

%Matièreorganique

89.61

%Extraitd'eter

2.07

%Proteinebrute

5.18

%Fibrebrute

36.57

%Extraitlibre de N

45.79

TDN~'

54.28

, -.Energie> .••.m~tabQlleable .

(k~likg)~'. " .i,

, :1958.34.,r, ".. .' . ~ . ," :,':'. ,

:"

", ,,; ...:. ~" ,; .

Végétation derecolonisation

51.86 4.81 13.35 2.92 10.6 34.47 37.66 56.991 ·»,~056.23'.<

Pantano 62.94 7.96 9.38 90.62 2.08 8.11 30.45 49.981 ". 58.531 :.. 2111.85

Pajonal sec nondégradé

Pajonal secdégradé

Végétation dezone plane

36.45

26.75

28.76

5.29

5.53

5.01

10.11

11.57

25.3

89.89

88.43

74.7

1.71

1.2

0.97

4.26

3.56

5.23

37.91

41.26

29.98

46.01

42.41

38.52

53.161;1918.05... ;..... " ~

50.481.:,.·.~'~~1$21~2,1

46.831 . "':: ;,1689.70.·:,',\tf:<;' '.

Arenal 43.38 4.97 10.24 89.76 3.19

68

4.41 38.09 44.07 54,11 ·:'Y;:;:·:~.S2~·2.3

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3.2.4.3 Discussion

En zone humide, l'herbe qui se trouve en fin de saison des pluies est déjà en fin depériode végétative, sa valeur nutritionnelle se trouve déjà a un niveau relativement bas. Enzone sèche la saison des pluies n'avait pas encore commencé, la végétation atteignant un étatde dessèchement maximal.

Sur le plan énergétique, l'offre a été exprimée pour la ration journalière d'un ovin de20 Kg soit 0.7 Kg de matière sèche et comparée aux besoins journaliers en entretien d'unmouton de 20 Kg soit 1411 Kcal. En comparant l'énergie métabolisable selon les différentesunités végétales (tabl. 3-14).

Tableau 3-15: Offre en énergie métabolisable pour chaque unité végétale,comparée aux besoins journalien d'un ovin de 20 Kg

Offre (kcal) deOffre en kcallkg la ration Besoin % de l'entretien

de MS journaliere(0,7 journalier (kcal)Kg)

Pajonal humide 1958.34 1370.84 97.17

Végétation de recolonisation 2056.23 1439.36 102.03

Pantano 2111.85 1478.30 104.79

Pajonal sec non dégradé 1918.05 1342.64 1411 95.17

Pajonalsec dégradé 1821.21 1274.85 90.37

Végétation de zone plane 1689.70 1182.79 83.84

Arenal 1952.23 1366.56 96.87

Il apparaît que les besoins énergétiques des ovins son couverts uniquement dans lazone humide, à l'exception du Pajonal humide. Pour la végétation de recolonisation et lepantano, la marge est néanmoins très faible.

Dans la zone sèche, toutes les unités sont en dessous des besoins journaliers de1411kcal. La végétation de zone plane présente le déficit le plus important (20%). Le Pajonalsec dégradé présente un déficit de 10% alors que le paramo sec non dégradé et El Arenal, avecdes valeurs à peu près équivalentes, présentent seulement 5% de déficit.

Sachant que la végétation de recolonisation et le pantano offrent des faiblessuperficies, on peut dire que d'une manière générale les moutons ne satisfont pas leurs besoinsénergétiques d'entretien. Ceci veut dire que pendant les saisons défavorables, comme celleque nous étudions actuellement, les animaux sont obligés de vivre sur les réserves faites au

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début des deux saisons des pluies. Nous sommes en présence de moutons «accordéon »,capables de perdre du poids et de le récupérer d'une manière cyclique.

Pour la zone humide le changement floristique dû à la dégradation (végétation derecolonisation) a un effet positif sur la valeur énergétique des pâturages (fig 3-8).

1600

1500

1400

ii 1300~

1200

1100

1000 -\------r----,---.,.---.,-----,---.,.-----,

-+- Offre de la rationjoumaliere (0,7 Kg)

--Besoin journalier

Figure 3-7 : Offre en énergie métabolisable en fonction du stade de dégradation

Au contraire, en zone sèche, plus la dégradation est importante, plus la valeurénergétique s'avère faible. Toutefois, cette tendance ne se vérifie pas au niveau de El Arenal.Ce fait est intéressant, car El Arenal présente environ le même intérêt énergétique que lePajonal humide non dégradé et sec non dégradé. Sachant que toutes les unités ont environ lamême valeur en énergie brute (3000 Kcal), nous pouvons penser que ceci doit être du à sacomposition floristique particulière qui rend El Arenal aussi digestible que des milieuxbeaucoup plus humides.

Par ailleurs, si l'on compare la valeur énergétique entre la végétation de recolonisationet celle de la zone plane, on constate une différence de 19%, malgré une relative similitudefloristique. Dans ce sens on peut croire que cet écart provient essentiellement de l'étatd'assèchement de l'herbe présente (51.86% d'humidité pour la végétation de recolonisation et28,76 pout la zone plane) et de leur différence d'état végétatif Cette constatation pourrait

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aussi expliquer les écarts de la valeur énergétique métabolisable entre le Pajonal sec nondégradé et le Pajonal sec dégradé, qui présentent des degrés d'humidité différents(respectivement 36.45% et 26.75%).

Sur le plan protéique, l'offre est toujours exprimée pour une ration journalière deO,7Kg pour un ovin de 20 Kg et est comparée aux besoins journaliers du même ovin enentretien soit 60.9 g (tabl. 3-15.).

Tableau 3-16 : Offre protéique (protéines brutes) pour chaque unité végétale,comparée aux besoins d'un ovin de 20 Kg

Offrede la Besoins% protéique ration journaliers % de l'entretien

journaliére

Pajonal humide 5.18 36.26 59.5

Végétation de recolonisation 10.6 74.2 121.8

Pantano 7.11 49.n 93.2

Pajonal sec nondégradé 4.26 29.82 60.9 48.9

Pajonal sec dégradé 3.56 24.92 40.9

Végétation de zone plane 5.23 36.61 60.1

Arenal 4.41 30.87 50.7

Comme pour l'énergie métabolisable, la zone humide présente les meilleures valeurspour la végétation de recolonisation (74.2 g) et celle du pantano (49.8 g).

Dans la zone sèche l'apport protéique est de seulement la moitié des besoinsd'entretien. Le Pajonal sec dégradé, avec le taux le plus bas satisfait seulement 40 % del'entretien, le paramo sec non dégradé et El Arenal apportent tous les deux environ la moitiédes besoins protéiques. On peut constater qu'El Arenal (unité très sèche) ne se situe pas tropmal par rapport aux autres unités dégradées. Mais c'est la végétation de zone plane quiprésente le meilleur taux de la zone sèche, avec 60 % de l'entretien.

D'une manière générale, les moutons sont largement en dessous de leur besoinsprotéiques, autant en zone humide qu'en zone sèche. Ceci ne leur empêche pas les moutons decontinuer à vivre mais explique leur pauvre constitution. Il serait intéressant de connaître lestaux d'azote en début de saison humide.

L'évolution du taux protéique en fonction de l'état de dégradation (figure 3-9) montredeux pics. Le premier correspond à la végétation de recolonisation et le second, beaucoup plusfaible, à la végétation de plaine. Ces deux pics par rapport aux autres unités végétales, peuventêtre en partie dus à la composition floristique de ces deux unités qui n'est pas la même que

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pour le reste des unités. La différence d'importance entre les deux pics est certainement due àla différence de stade végétatif et d'humidité entre les deux ùnités.

80 ....-------------------------,7060

C)SO4030

20100+---......---...,.....--...,----...,----.....,....--.....,....---1

--Besoins journaliers (g)

_ Offre de protéines (g)

Figure 3-8 : Offre protéique des différentes unités végétales

Pour une composition floristique similaire, la valeur protéique décroît légèrement,entre les unités Pajonal humide, Pajonal sec non dégradé et Pajonal sec dégradé. Donc parrapport à un gradient d'humidité et de dégradation.

En conclusion nous pourrions dire que la valeur fourragère baisse avec le stade dedégradation et la diminution d'humidité du milieu. Toutefois, la végétation de recolonisation,constitue une exception à cette constatation. En effet cette unité bénéficie tout d'abord d'unecomposition floristique particulière constitué par de 1'herbe basse et donc plus rapide derégénération, en suite d'un taux d'humidité suffisante pour que cette régénération ait lieu sansproblèmes et finalement d'une exploitation constante qui assure la croissance et leremplacement ininterrompu de l'herbe par des jeunes repousses, ayant toujours une meilleurevaleur nutritive. Dans ce cas on est en face d'un système d'auto-entretien du pâturage, eneffet, c'est l'exploitation même qui permet le maintient de la qualité fourragère. Cettesituation idéale est possible seulement grâce à un taux d'humidité suffisamment élevé. De faitla végétation de zone plane qui présente les mêmes caractéristiques que la végétation de

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recolonisation ne constitue pas un aussi bon support fourrager. En effet entre ces deux unitésvégétales la teneur en.eau du sol représente 48 % pour la végétation de recolonisation ets'abaisse à 28 % pour la végétation de plaine.

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4 Implications et conséquences socio-économiques

Le Pàramo abrite de nombreux habitants. Il constitue la base de leur subsistance. Parcet fait le Pàramo a un rôle humain prépondérant. Malheureusement, c'est justement cetteprésence humaine qui est la cause de sa dégradation.

Il était donc important d'étudier de manière plus approfondie cette composantehumaine pour appréhender les pratiques agricoles et donc mieux comprendre leur effet sur lemilieu. Enfin, il était important d'évaluer la situation socio-économique de ces familles pourcerner le système dans sa globalité.

4.1 L'héritage historique

Pendant la période pré-coloniale, Tungurahua" fut une zone de sédentarisation detribus indigènes diverses. Les Incas amenèrent à leur tour, pour installer leur organisationpolitique, des indiens en provenance de Cusco, Collasuyo et l'Araucania (des régions qui setrouvent respectivement au Pérou, en Bolivie et au Nord de l'Argentine). C'est ainsi qu'onexplique la présence dominante des quechuas dans la région (Aquiles Perez, 1962).

Plus tard, avec l'arrivée des espagnols tous ces indiens qui habitaient de préférence lesétages plus bas migrèrent vers les hautes terres. Si par ce procédé, ces indigènes échappèrent,à la situation de huasipungueros, un peu plus tard avec les systèmes d' «otorgamiento detierras » et « composicion de tierras » (procédés légaux pour s'approprier des terres soit disantdémontrés être vides...) ils furent expropriées de leur terres mais cette fois ci par des métis.

C'est à ce moment là, que les haciendas de La Esperanza, Llangahua, Rumipata etautres se formèrent. Elles eurent une grande importance dans la production de laine,centralisée dans les métiers de San Idelfonso, dans la proche vallée de Patate (FedericoAcuilo).

Etant donné que l'activité principale des haciendas était l'élevage et que les culturesreprésentaient uniquement une activité secondaire de part les conditions écologiques, lesystème de huasipunguo (caractéristique de la sierra équatorienne) ne fut pas adopté àl'inversse de celui de 1'« arrendamiento » et celui des journaliers libres. Dans le systèmed'arrendamiento, le paysan devait payer à l'hacendado l'eau utilisée, le bois de chauffage, lespâturages et le sol auxquels ils avait eu accès. Ce système constituait une exploitation difficilepour les indiens.

En 1964, la loi de réforme agraire fut promulguée, et reconnaissait le droit de propriétédes huasipungueros sur les parcelles qu'ils cultivaient. Toutefois, cette réforme oublia lesdroits que les paysans avaient sur les pâturages et les jachères de l'hacienda, ce qui laissa lesarrendatarios et les journaliers en dehors du processus.

9 Province où se situeLa Esperanza

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C'est seulement en 1972 que la réforme agraire serra effective à la Esperanza. Les ex­arrendatarios et ex-journaliers eurent librement accès aux pâturages dans le Pàramo et serepartirent quelques terres dans la vallée de la rivière Ambato, mais d'une façon trèsinégalitaire. En même temps naquit l'Associacion de la Esperanza avec 75 fondateurs.

Les associations sont des organisations paysannes qui représentent, en général, lacommunauté au niveau juridique et qui participent aux projets communs comme la demandede crédit, l'assistance technique, etc. Etant donné que c'est une structure plus ou moinsconfondue à la communauté, les litiges internes sont souvent réglés au sein de l'association.Elles fonctionnent toujours par le moyen d'assemblées générales où tous les intégrantsassistent.

Il ne faut pas oublier le poids de la communauté dans les sociétés andines. C'est ellequi régit le mode de vie (elle peut même aller jusqu'à régler des affaires de ménage). Ungrand esprit de solidarité règne car par exemple, la notion de propriété privée n'existe pas etc'est ainsi qu'ils partagent le Pàramo et l'eau, d'une manière naturelle et sans véritablementdéfinir des limites.

4.2 La situation actuelle

Au lendemain de la réforme agraire le système d'exploitation resta plus ou mois lemême. L'élevage extensif de moutons demeura l'activité principale sur les Pâramos désormaiscommunaux. Les quelques familles privilégiées qui récupérèrent les terres au fond de la valléede la rivière Ambato installèrent aussi des petites parcelles irriguées avec de l'herbeaméliorée, exploités par 3 ou 4 vaches.

L'activité productive s'organise de la manière suivante pour la communauté de laEsperanza qui se divise en trois secteurs : .

Le premier secteur Rio Colorado, la zone la plus haute, se situe autour de deuxaftluents de la rivière Ambato. Ici il n'existe presque pas de pâturages irrigués car ils poussentavec difficulté à cette altitude mais aussi car la zone est peu aménagé avec des canauxd'irrigation.

Le deuxième secteur est la Esperanza central qui se trouve de part et d'autre de larivière Ambato. C'est dans cette zone que la plupart des parcelles irrigués avec de l'herbeaméliorée se trouvent, elles se localisent au dessus de la rivière et sous deux canauxd'irrigation qui la longent de part et d'autre.

Le dernier secteur, Sanjapamba qui au niveau altitudinal est le plus bas. Ce derniersurplombe la rivière et donc ne possède pas de pâturages irrigués. En revanche la culture depommes de terre est possible grâce à l'altitude plus faible et une humidité plus importante(cependant un haut risque de perte liée au gel existe malgré tout).

Malgré les différences entre les trois secteurs, l'activité principale reste l'élevage ovin.Généralement ce sont .les paysans de Rio Colorado qui possèdent les troupeaux les plusimportants, ils peuvent aller jusqu'à 400 têtes. A la Esperanza et Sanjapamba les troupeaux

75

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sont plus petits et oscillent entre 200 et 60 têtes. Nous sommes toujours en présence demoutons criollos très mal entretenus.

4.3 L'enquête de la Esperanza central

Une enquête de la zone était nécessaire pour bien comprendre les différents systèmesde production et la gestion de ses différentes composantes. L'IEDECA ne voulant pas tropdéranger la population (tant qu'il n'aurait pas trouvé du financement pour proposer une actioneffective) et faute de temps et de moyens, on a pu réaliser seulement une petite enquête.Devant cette situation, nous avons préféré nous concentrer sur un seul secteur, en l'occurrencecelui de de la Esperanza central. Ce secteur était celui qui avait le plus grand intérêt car ilprésentait différents systèmes de production représentatifs de l'ensemble de la zone.

Par ailleurs, nous étions particulièrement intéressés par la gestion des pâturagesartificiels irrigués, présents essentiellement dans ce secteur, car pendant la réalisation de monstage la communauté mis en place la redistribution de l'ensemble de terres, qui avaient ététrès inégalitérement reparties lors de la réforme agraire. En décembre, la nouvelle répartitionfut finie et elle fit en sorte que les habitants des trois secteurs possèdent une parcelle sous eau,une parcelle où la culture des pommes de terre est possible et une parcelle haute de Pàramo.Cet accès à l'eau pour tout le monde représente véritablement un bond en avant pour lacommunauté. C'est pour ceci qu'il était si intéressant d'avoir un aperçu de la gestion actuelledes parcelles sous eau.

Bien évidement cette enquête reflétera la situation d'avant la nouvelle répartition, cettedernière étant trop récente pour observer quoi que ce soit.

Le secteur de la Esperanza compte environ 35 familles. Etant donné que notre objectifétait d'identifier les différents systèmes de production, nous avons essayé d'à avoir unéchantillon le plus diversifié possible.

Les deux ingénieurs de l'IEDECA qui travaillent sur notre zone et les promoteurs ontaidé à la détermination des familles enquêtées.

Nous avons enquêté 16 familles. L'enquête a été réalisée par un promoteur du secteuret moi-même. Nous avons utilisé une enquête ouverte pour laquelle nous passions environ 1 h- 1h30 avec chaque chef de famille. Les principaux points de l'enquête étaient les suivants:

- Gestion des troupeaux ovins

- Gestion des bovins

- Gestion des pâturages irrigués

- Autres animaux

- Culture de l'ail

- Sources de revenus

- Main d'œuvre

- Combustible

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4.3.1 Résultats

4.3.1.1 Les différents systèmes de production du secteur La Esperanza

1) Ovins, bovins avec parcelle irriguée. 90% des familles vivent grâce à ce système deproduction. L'exploitation possède en moyenne d'une part 100 moutons qui sontdans le Pàramo (production de fumier et vente d'animaux) et d'autre part 5 à 10têtes de bovins toujours dans la parcelle irriguée et quelques fois en alternanceavec le Pàramo (les vaches sont utilisées pour le lait et les mâles pourl'engraissement). De temps en temps, ce système introduit la culture d'ail semédans l'aire de la parcelle irriguée. Toutes fois cette dernière est rarement continuéedeux années de suite. En revanche chaque année au moins la moitié desexploitations la pratiquent.

2) Ovins, bovins ou non et mise en location de terres irriguées. En effet, très souvent,dans la communauté, il existe des familles qui ayant un troupeau bovin n'ont pasassez d'herbe pour toute l'année. Ils sont donc obligés d'acheter du fourrage. Cecise fait par le moyen de la location d'une parcelle où ils ont le droit de parquer leurstroupeaux jusqu'à ce que l'herbe s'épuise. La location de terres est vraiment uneactivité qui rapporte beaucoup tout en ne demandant pas beaucoup de travail.Environ 5% des personnes renoncent même à avoir des bovins et louent la totalitéde leur terres.

3) Ovins et éventuellement quelques têtes de bovins sur des terres louées et sur lePàramo. Dans ce système le troupeau ovin s'élève à environ 300 têtes. Les bovins,s'ils existent, passent plus de temps dans le Pàramo que dans les parcellesirriguées, ce qui est le contraire de ce qui se passe dans les systèmes de productionprécédents.

La gestion des différentes productions est pratiquement la même pour tous lessystèmes. Nous les décrirons donc un à un par la suite.

4.3.1.2 Gestion des troupeaux ovins

Les troupeaux d'ovins de race criolla, sont en moyenne de 100 têtes. Leur nuritureprovient uniquement du Pâramo. Ils partent vers 6h du matin et reviennent vers 1~ puis ilsrestent autour de la maison jusqu'à la tombée du jour. Vers 18h30 ils sont enfermés dans labergerie où s'accumulent les fèces.

Etant donné qu'ils sont obligés de revenir à la maison, tous les jours, ils ne s'éloignentjamais trop. Généralement ils parcourent 2 Km selon un trajet circulaire. Le parcours changetous les jours mais les moutons restent toujours dans le même périmètre. En effet, le troupeauavance très lentement s'arrêtant souvent pour manger.

La mise bas a lieu une fois par an et par femelle (généralement entre septembre etnovembre). Le taux de mortalité des agneaux s'élève à 50%, les principales causes étant en

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ordre d'importance: l'absence de lait maternel, le froid, le manque de bonne nourriture et lesmaladies respiratoires.

Apparemment chez les adultes la mortalité semble basse. Le poids des animaux varieentre 17 et 22 Kg. Aucun traitement sanitaire ne leur est accordé.

Les moutons produisent du fumier et de la laine (500g laine/mouton/an). Desanimaux, d'environ 3 ans, sont vendus régulièrement pendant l'année (de 5 à 10 têtes). En casde besoin monétaire les familles vendent toujours les moutons.

4.3.1.3 Gestion des troupeaux bovins

Les troupeaux de bovins, généralement de race criolla, peuvent aller de 3 à 15 têtes. Lamoyenne est de 5 têtes. Tout dépend de la disponibilité de terres irriguées des familles. Ils sonttoujours nourris avec de l'herbe améliorée qui pousse dans les parcelles irriguées. Toutefois,le complément de fourrage est obtenu dans le Pàramo. La moitié des familles qui possèdentdes bovins les envoient dans le Pàramo autour de la maison environ deux heures parjour.

Les femelles mettent bas une fois tous les 18 mois. La mortalité des veaux et desadultes est basse.

Apparemment pour que la production de lait soit bonne il faut que les animauxmangent dans les parcelles irriguées et le moins possible dans le Paramo.

Les fèces sont ramassées pour la vente : on les récupère dans les parcelles irriguées etdans les environs de la maison.

Les familles qui ne possèdent pas ou peu de parcelles irriguées sont obligées de laisserleurs bovins au moins une demie journée dans le Pàramo. Très souvent, pendant la périodesèche, les agriculteurs sont obligés d'acheter du fourrage.

Les femelles sont utilisées pour le lait qu'elles. produisent pendant seulement 6 mois àun rythme de 7 à 81 par jour.

Les veaux sont engraissés et vendus au but de 2 ou 3 ans. Très souvent, les paysansachètent les veaux pour les engraisser. D'après les techniciens de l'IEDECA et certainséleveurs l'engraissement n'est pas rentable. Cependant il représente une bonne solutiond'épargne et par conséquent les paysans continuent de le pratiquer. Seulement quelquesagriculteurs possèdent des taureaux, et normalement ils le prêtent pour inséminer les femellesdes autres paysans.

La plupart des exploitants leur donnent régulièrement un apport de sel à l'ensembledes bovins ou a certaines catégories. Cependant, les éleveurs indiquent que principale causede mortalité des veaux apparaît quand ils mangent de la terre (certainement en recherche desels mais aussi dû au manque de nourriture).

Les seuls traitements sanitaires dont bénéficient ces animaux sont dus aux rarescampagnes de vaccination du Ministère de l'Agriculture.

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4.3.1.4 Les autres animaux

Généralement chaque famille possède environ 20 cuys ou cochons d'inde, élevés dansdes cages. Ils sont nourris strictement avec de l'herbe fraîche provenant des parcellesirriguées à raison d'un sac (50 Kg) par jour. Ils sont élevés uniquement pourl'autoconsommation qui se fait généralement lors des tètes.

Chaque famille possède aussi au moins un cheval et au mieux deux qu'ils utilisent lorsdes déplacements. Les équidés sont nourris dans les parcelles irriguées en paissant seulementlà où les bovins sont déjà passés et dans le Pàramo autour de la maison.

Les lamas sont des animaux rares dans cette zone. Seuls quelques personnes enpossèdent plus dans un but anecdotique que productif. Le problème est que les lamas ont unevaleur commerciale intéressante uniquement dans le marché de Guaranda qui est loin de larégion. Par ailleurs, il paraîtrait (d'après les enquêtés) qu'un troupeau de lamas est très dur agérer car ce sont des animaux très indépendants, et si on ne les accompagne pas, ils partent ouse perdent dans le Pâramo. TI faut donc les mettre dans la parcelle irriguée et ce n'est pasintéressant économiquement. Mais la principale raison du refus des lamas est une sorte degalle qui les attaque, parasite très difficile et chèr à soigner. Généralement, quand ils sont peunombreux, ils restent sur les terres irriguées et quand le troupeau avoisine les 15 têtes, ilspartent dans le Pàramo avec les moutons.

Les moutons améliorés (corriedale) sont rares aussi, car très chers sur le marché etceux que les paysans possèdent proviennent d'un ancien projet de la zone. Ces ovins pâturentseulement sur les terres irriguées car, apparemment, leurs dents s'usent très rapidement quandils mangent l'herbe naturelle. Généralement, l'élevage de moutons améliorés est seulementnaisseur. Les agneaux au bout de trois mois sont vendus, ainsi les exploitations restenttoujours avec un effectif qui ne surpasse jamais 3 ou 4 têtes. Il est très avantageux de vendreun agneau amélioré car il coûte 120000 SIO, soit plus du double qu'un mouton adulte criollo(50-60000S), mais en plus il ne faudra plus le nourrir. Leur laine est uniquement utilisée enautoconsommation.

Enfin, le fumier de tous ces animaux est récupéré pour la vente.

4.3.1.5 Le combustible

Toutes les familles utilisent la paille comme combustible. Toutefois, ils possèdent ensupplément une bouteille de gaz ou du bois qu'ils ont acheté ou ramassé.

Les femmes vont chercher la paille à pied à une heure maximum de la maison.Généralement, elles utilisent, par jour, un «tour de bras»; la quantité de paille qu'ellespeuvent porter sur le dos et qui pèse environ 15 kg. En revanche, le bois est acheté à 18000Sle m3 et il faut 3 m3 pou le mois par famille. Sinon il faut ramasser celui-ci vers le montChimborazo en utilisant des chevaux. En général il faut une journée entière. Enfin les gensachetent le gaz au marché de Llangahua et la bouteille coûte 6500S.

\0 s: Sucre, monnaie nationale d'Equateur. 6OOOS=10 F

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4.3.1.6 Gestion des parcelles irriguées

Les parcelles irriguées sont des terres où l'on a mis des espèces fourragères amélioréestels le trèfle ou le ray grass.

Généralement les paysans repiquent le ray grass adapté à la zone (ils se l'offrent entreeux) et ils essayent de le reproduire le plus possible, car les variétés que l'on peut semer nedurent que deux ans.

Les tours d'eau (la rotation de l'accès à l'eau pour l'ensemble des usagers d'un canal)sont très variables mais généralement les parcelles ne manquent pas d'eau.

La gestion de l'eau est mal conçue, ainsi, il existe des pertes importantes d'eau. En faitle canal d'irrigation, qui se trouve dans la partie supérieure de la parcelle, est tout simplementouvert et l'eau s'écoule de manière gravitationnelle, dans la même direction que la pente etérode la surface. A certains endroits, le sol est tellement saturé en eau qu'il se détache etglisse en bloc comme s'il y avait eu un gros coup de cuillère.

Ces pâturages améliorés, sont très mal gérés et sont donc largement en dessous de leurcapacité potentielle de production. La plupart ont été semés il y a 20 ans et depuis on n'a faitque jeter un peu de semence aux endroits où le sol un apparaisait. Tous les paysans étaientd'accord pour dire que leur production s'était au moins divisée par 4. Ainsi il faudraitressemer entièrement la parcelle. Ce n'est pas fait car d'une part, la semence est chère etd'autre part car les paysans s'habituent à avoir des parcelles produisant peu.

Par ailleurs, on ne fertilise pas ces pâturages. Les paysans ramassent tout le fumierqu'ils peuvent et ils ne laissent que le minimum ou ce qu'ils n'ont pas pu récupérer. De plus iln'existe pas de rotation proprement dite. En effet les paysans attachent les animaux à unendroit bien précis et quand 1'herbe est finie ils l'attachent à côté et ainsi de suite. C'estseulement quand ils jugent que la repousse est satisfaisante qu'ils remettent un animal dessus.C'est pour ceci qu'il a été très difficile de connaître la période d'exploitation et de repos del'herbe. Les parcelles améliorées peuvent être exploités environ tous les deux mois, ce qui neleur laisse pas vraiment le temps de se régénérer.

Dans ces conditions là il n'est pas étonnant que la production d'herbe ait chuté. Onpeut même observer certaines parcelles fortement érodées à cause du piétinement, del'érosion liée à l'irrigation et du manque de régénération de la végétation par manque defertilisation et de semence.

C'est sur ces mêmes parcelles que l'ail est semé, généralement quand les parcellesfourragères sont dégradées. Après une culture d'ail il faut laisser, apparemment, reposer laparcelle au moins 3 ou 4 ans.

4.3.1.7 La culture d'ail

Elle est pratiquée par la moitié des exploitants, de façon irrégulière. En effet cetteactivité comporte beaucoup de risques car d'une part la récolte peut très facilement être

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détruite par trop de pluie ou trop de gel et d'autre part car le prix de l'ail est extrêmementvariable d'une saison à l'autre. Généralement, les personnes qui la pratiquent ont un minimumde capital afin de palier les risques.

La culture d'ail est toujours réalisée en partageant les frais de mise en place. Lespaysans de la Esperanza fournissent la terre tandis que les semences, d'un coût élevé sontfournies par les négociants de Pilahuin (des indiens chibuleos qui traditionnellement gèrent lavente de l'ail et l'oignon dans la région). Les frais d'engrais et de pesticides sont partagés parles exploitants et les négociants, mais la récolte et le transport sont assurés seulement par leschibuleos.

Pour ce faire, il faut retourner la terre au tracteur, il faut semer, fertiliser et appliqueres pesticides. Seul pour la culture d'ailles exploitants souvent font appel à une main d'œuvreexterne.

4.3.1.8 Le revenu

Pour toutes les personnes du premier système de production (ovins, bovins avecparcelle irriguée) et du troisième (ovins sur Pàramo) la vente de fumier représente la premièresource de revenu et la vente des animaux la deuxième.

Pour celles du deuxième système de production le premier est la location des parcellesirriguées et le deuxième éventuellement la vente de fumier.

Le revenu de la production d'ail s'avère très variable selon les années.

La vente des fèces :

Avec un troupeau de 50 moutons et de 5 bovins, on peut obtenir 5 t de fèces tous lesdeux mois soit le contenu d'un camion (l00 sacs de 50 Kg). Le prix d'un camion s'élève àenviron de 200000S. Ce qui représente un gain de 1200000S/an.

La composition des fèces influe sur le prix. Plus il y aura de fumier de vache mieux ilsera payé. Les intermédiaires viennent chercher le fumier directement chez les paysans avecun camion et ce dernier est vendu dans les zones de basse altitude.

La production des ovins :

Nous détaillerons la production ovine pour un troupeau de 50 têtes.

-50 moutons produisent 70 sacs de fèces tous les deux mois. Donc 420 sacs de 50 kgpar an, ce qui est l'équivalent de 4.2 camions et donc de 840000S.

-Environ 5 moutons sont vendus par an, à 60000S la tête soit 300000S par an.

-50 livres de laine sont produites par an, à 3000S la livre soit 150000S par an

-Si on estime qu'il y autant de femelles que de mâles dans le troupeau, il y auraenviron 25 agneaux nés par an. Avec une mortalité infantile de 50% il ne restera plus que 12.Si l'on tient compte de la vente d'animaux adultes et de l'autoconsommation (environ 2têtes/an), la croissance nette du troupeau par an avoisine 10 %.

-Il n'existe aucun coût associé aux ovins.

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Le total de la vente lié aux ovins sera de 1290000S/an. Sachant qu'en moyenne lestroupeaux ovins s'élèvent à 100 têtes à la Esperanza centrale, le bénéfice lié aux ovins est de2580000S/an.

La production bovine:

Pour un troupeau type de 2 femelles et de 3 mâles en engraissement, nous avons :

-5 bovins produisent 30 sacs de fèces/2 mois ce qui fait 1.8 camion donc 260000S.

-La production de lait (généralement une seule femelle a du lait à la fois), avec 7 litrespar jour pendant 6 mois à 700 S le litre, ce qui fait un total de 882000S/an.

-La vente, avec en moyenne un bœuf par an, vendu à 1000000S.

-Les dépenses pour les bovins sont: le sel et les vaccins, très difficiles à estimer car ilsne sont pas pratiqués régulièrement (environ 4500S de vaccin /tête/an *5 + le sel 100000S/ an= 122000S/an). La dépense en herbe est aussi très difficile à estimer car la parcelle irriguéeexiste généralement depuis 20 ans et seulement quelques apports irréguliers de semence sontfaits. 2 ha sont nécessaires pour entretenir 5 têtes. Environ 10 livres de semence sontrajoutées/ha fan ce qui fait au total 60000 s (en considérant que la mise en place de la parcelleà déjà été amortie et que le paysan n'est pas obligé d'acheter du fourrage). La valeur dufourrage n'est donc pas contabilisée.

-Le bénéfice est de 1960000s.

4.3.1.9 Le différents flux de biomasse

Le flux de fèces

D'après Luis Carrera de la Torre, déjà en 1983 la vente de fèces était une activitéimportante depuis 15 ans. Ce qui voudrait dire que cette activité existe depuis plus de 30 ans !

Nous avons essayé de quantifier cette exportation du milieu pour l'année de notreétude.

Seul la production des moutons a été prise en compte car le fumier de vache neprovient pas du Pàramo (du moins sa composante principale).

Avec l'hypothèse que 50 moutons produisent 70 sacs de fèces tous les deux mois,(hypothèse établie grâce à l'enquête et à la bibliographie), nous avons calculé le flux total paran pour 11500 moutons (population ovine de la communauté) sur une superficie d'environ4800 ha.

nexiste une production de: 96600 sacs/an

=4830000 Kg/an

=4830 tian

Le taux de matière sèche des fèces des petits ruminants en zone tropicale passe de 25%en début de saison des pluies à 55% en saison sèche (Lhost et Landais, 1992). Etant donné quenous avons la valeur annuelle, nous prendrons la moyenne des deux taux : 40%.

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Le flux de fèces secs est de 1932 tian.

Le flux de paille pour le combustible

Comme nous l'avons vu précédemment toutes les familles utilisent de la paille pourcuisiner et elle est prélevée dans le Pàramo.

Il existe environ 30 familles à Sanjapamba, 35 à La Esperanza Central et 60 à RioColorado.

Si l'on considère que chaque famille consomme en moyenne un «tour de bras» depaille par jour nous pouvons calculer le flux total soit:

15 Kg *125*365=684375 Kg/an

=684.375 tian

En considérant un taux d'humidité de 15 % pour la paille, le flux en matière sècheavoisine : 581.71 tian.

Le flux de bois du Chimborazo n'est pas quantifiable car les voyages sont trèsirréguliers.

Le flux de biomasse végétale pour le fourrage

Le flux de biomasse végétale pour le fourrage a déjà été calculé pour les partiesprécédentes et ils représente, pour 11500 têtes de mouton, 2932.5 tian de matière sèche.

4.3.2 Discussion

Les paysans de cette zone possèdent une logique très particulière. En effet le paysan vitdans une situation écologique tellement marginale que sa stratégie de survie est celle de lalimitation des risques. Par exemple, il pourrait essayer de planter des pommes de terre mais àce moment là il aura au moins une chance sur deux de tout perdre avec le gel. Autre exemple,il pourrait remplacer ses 50 moutons criollos par dix améliorés mais si deux moutonsmourraient il perdrait 20 % de son capital. Ainsi, dans ces deux cas il prendrait trop de risqueset il préfère avoir 100 moutons même si quelques uns meurent à cause du mauvais entretien.

Par ailleurs, le troupeau est la seule source d'épargne afin d'acheter du matérielscolaire, de financer les soins médicaux, etc. La taille du troupeau représente aussi une sourcede prestige au sein de la communauté. Le troupeau est peut être l'un de seuls biens auquel lespaysans rattachent un sens de propriété privé.

Cette logique est illustrée dans la figure suivante par le schéma du système deproduction des éleveurs de moutons.

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Figure 4-1 : Système de production des éleveurs de moutons

environnement naturel3600-4000

CLIMAT AUSTEREGELEES FREQUENTES

main d'oeuvreFAMILIALE (restreinte à 5-8 pers.)

capitalCAPITAL FAIBLE

(restraintaux moutons)

environnement économiqueDEMANDE IMPORTANTE DE

foncierPARAMO COMMUNAUTAIRE

Grandes extentions

MINIMISER LESRISQUES

Maximiser le revenu / main d'oeuvre/ contraintesclimatiques

MOUTONS

Elevage extensifAucuncoût associé

FLUX DE TRESORERIE :CAPITALISATION

CULTURES

Abcentesou marginales

CONSOMATIONFAMILIALE

Revenu régulieravec la vente des fèces

Revenu ponctuel avec la vente des moutons

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Par ailleurs, l'élevage ovin dans le Pàramo, activité essentielle de la vie de ceséleveurs, est très attachée à leur culture. Ils la pratiquaient déjà d'une manière importantedepuis l'arrivé des espagnols, quand eux mêmes, dans un premier temps, furent obligés des'adapter au milieu de haute altitude et de trouver un moyen de survie.

Les autres activités restent donc marginales. La seule autre activité intéressante dans lazone est l'élevage bovin sur des parcelles irriguées. Jusqu'à maintenant cette activité étaitréservée aux privilégies qui avaient reçu une parcelle dans la vallée de la rivière Ambato lorsde la reforme agraire. Même si la gestion des pâturages artificiels et des troupeaux bovinslaisse à désirer, il est certain que c'est une activité lucrative. L'homme le plus riche de lacommunauté possédait 17 ha sous eau, et elles étaient exploitées quasiment entièrement pardes bovins améliorés (Brown Suiss) et aussi quelques ovins améliorés (Corriedale).

C'est pour cette raison que la nouvelle répartition des terres a autant d'importancedans la communauté. Reste à savoir maintenant, si cette reforme va véritablement changerquelque chose, car il est très possible que les terres soient vendues ou louées à cause d'unproblème de main d'œuvre, d'investissement ou tout simplement d'éloignement (carquelqu'un qui habite a Rio Colorado et qui a reçu des terres à Sanjapamba passerait toute sajournée rien que pour faire l'aller retour).

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CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

L'analyse des aspects pédologique, floristique et humain apportent quelques reponsesaux questions soulevées lors de la prise de conscience de la population face à l'ampleur de latransformation du Pàramo pour certaines zones d'Equateur.

Plus précisément nous avons essayé de comprendre le processus de dégradation,l'impact de ce dernier sur le milieu en évaluant l'éventuelle avancée de El Arenal. Enfin, nousavons fait une approche socio-économique liée à l'exploitation du Pàramo.

Processus et impact de la dégradation du Pâramo,

Le processus de changement semble affecter d'une manière directe le sol, la flore et laproduction de biomasse végétale ; et de manière indirecte la dynamique hydrique du milieuainsi que la valeur alimentaire des prairies.

L'érosion modifie la couche superficielle du sol et les propriétés physico-chimiques dece dernier évoluent. On observe une augmentation du tassement du sol, la diminution de lateneur en matière organique et de la capacité de rétention. Il arrive même que le sol deviennecomplètement hydrophobe.

La dégradation induit aussi une modification floristique aussi bien sur le plan qualitatifque quantitatif. De fait on observe d'une part une évolution des fréquences relativesd'apparition des plantes (notamment elle favorise l'étendue d'une végétation gazonnante audétriment de la végétation caractéristique de graminées hautes et touffues) et d'autre part unedisparition de certaines espèces végétales (Gentianaceae, Valeraniaceae, etc.).

Cette évolution floristique entraîne une modification de la valeur alimentaire, quisemble meilleure en zone humide.

Toutefois cette végétation gazonnante produit peu de biomasse végétale. De plus cetteformation rase, liée à la dégradation et à l'érosion du sol, ne couvre pas totalement celui-ci.Ainsi le sol se voit dépourvu de sa couche protectrice.

Ainsi, l'ensemble des variations pédologiques (changements physico-chimiques dusol; érosion et ruissellement) et floristiques (changements structurels de la végétation) sont àl'origine de la modification de la dynamique de l'eau dans le milieu.

Durant ce stage, on a pu observer plusieurs événements qui ont montré le déséquilibrehydrique atteint dans la zone. Tout d'abord deux importants aqueducs, en direction des valléesagricoles basses, se sont cassés par le flux trop important d'eau. Puis, deux canaux d'irrigationde la Esperanza ont été complètement bouchés par la descente de sédiments. Enfin, la rivièreAmbato à endommagé quelques parcelles à l'entrée de la ville d'Ambato. Tout ceci c'estproduit lors de fortes pluies qui, toutefois n'étaient pas vraiment hors du commun.

Cette situation constitue l'un des enjeux les plus importants liés à la dégradation desParamos.

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L'avancée de El Arenal et la désertification.

Comme nous l'avions mentionné au début de cette étude, l'avancée de El Arenal et ladésertification du milieu constituent la principale crainte de la zone.

Très souvent, on a tendance à dire que le surpâturage est responsable de ladésertification. Cependant nous ne pouvons pas considérer que l'évolution des propriétésphysico-chimiques du sol ainsi que le changement dans la composition floristique soientexclusivement dus à la dégradation. Il est évident que nous sommes en face d'un gradient dedégradation mais aussi et surtout en face d'un gradient climatologique.

Les différences pédologiques représentent la preuve de cette variation climatique. Dansla zone humide nous sommes en présence de sols nettement plus évolués que dans la zonesèche, ce qui nous prouve qu'il existe une différence, de longue durée, des facteurs abiotiques.Même dans El Arenal on peut presque considérer que nous sommes déjà sur un autre sol parrapport à la zone sèche.

De même, si la végétation de la zone sèche régresse de façon catastrophique à certainsendroits, le surpâturage jouant un rôle prépondérant. Il faut reconnaître que la faibletempérature, les fréquentes gelées, la relative sécheresse et l'ensemble des conditions adversesdu milieu constituent en elles mêmes une limitation très importante pour le développement dela végétation.

Ainsi, l'évolution des parcours dans la zone humide, suite à l'exploitation pastorale estloin d'atteindre une situation de déséquilibre, et ceci justement de part son climat plusclément.

Comme Dodd (1994) l'indique, les animaux sont la cause de changements dramatiquesdans des zones bien précises soumises à une pression très intense. Toutefois, on ne peut pasaffirmer que l'activité pastorale soit la cause de changements irréversibles et à grande échellepour la végétation d'une zone entière. Ainsi on ne peut pas vraiment parler d'une dynamiquede désertification de la Esperanza et une avancé de El Arenal liées au surpâturage. Mis à partune dégradation dramatique pour certaines zones localisées soumises à une très forte pressionanthropique, les changements négatifs observés dans l'ensemble de la zone sèche sembleraientréversibles et ont été fortement amplifiés par les conditions abiotiques (climat, relief, etc.) dela zone de la zone et à l'érosion (éolienne et hydrique) naturelle.

Aussi même si le pâturage joue un rôle relatif très important pour la physionomieactuelle des Pàramos de la zone sèche de la Esperanza, il ne faut pas oublier les autres facteursde perturbation, comme l'extraction de biomasse végétale pour combustible, l'effet dessaisons sèches plus ou moins longues et plus ou moins fortes, les changements et oscillationsclimatiques globales et l'érosion naturelle.

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Le système productif

Outre l'avancement d'El Arenal, il convient d'observer la viabilité et durabilité dusystème de production.

Actuellement, les moutons sont saisonièrement soumis à une carence quantitative etqualitative du fourrage. C'est cette surcharge cyclique, qui correspond aux périodes sèches del'année, qui explique les traces de surpâturage là où les moutons circulent et la très fortedégradation là où ils stationnent.

Si les troupeaux continuent d'augmenter il sera très difficile pour la végétation desupporter cette surcharge et pour les animaux d'endurer des carences alimentairessupplémentaires. Par ailleurs la particularité du système d'exploitation, avec la vente desdéjections animales, compromet encore plus le système en privant la végétation d'un retour denutriments qui lui est nécessaire pour régénérer sa masse végétale.

Le troupeau ovin représente la source de revenu familial la plus importante. Sur les150 familles de la communauté, deux tiers environ dépendent exclusivement du troupeauovin, les autres ont au maximum deux autres activités productives. L'élevage extensif ovinapparaît comme le maillon vital de la population de la zone.

En fait, les productions agricoles restent marginales d'une part à cause de plusieursfacteurs, tout d'abord car les conditions extrêmes du milieu limitent toute activité agricole, etd'autre part car il existe des carences dans l'aménagement du périmètre irrigué, le savoir faireet le capital (comme en témoigne le manque d'entretien des parcelles irriguées).

Ainsi, le système présent ne semble pas viable à long terme car le Pâramo actuel, selontoute apparence, ne peut pas assimiler la génération future de paysans et des troupeaux ovins.

Recommandations

TI est urgent de trouver une solution ou une alternative à cette situation car deuxéléments importants en dépendent. Tout d'abord à un niveau macro-environnementale, larégion rurale fortement peuplée comprenant la ville d'Ambato est soumise à la dynamiquehydrique du bassin de la rivière Ambato. Enfin, à un niveau plus restreint, l'ensemble de lapopulation de la Esperanza dépend directement de l'exploitation du Pâramo.

L'enjeu de cette situation apparaît bien évidement du ressort des communautéspaysannes qui interviennent directement sur l'écosystème du Pàramo.

La résolution de ce problème est très complexe, car de part les caractéristiquesrestrictives et pratiquement monospécifiques du système de production, de nombreux facteurslimitants apparaissent. Par ailleurs, les conditions extrêmes du climat qui fragilisentl'écosystème, font de cette zone un milieu qui restera toujours marginal en termes depotentialité agropastorale.

La rotation de prairies n'est pas praticable car les moutons doivent revenir le soir à lamaison pour l'accumulation des fèces. De même le stockage de fourrage pour assurerl'alimentation des ovins en saison sèche, ne peut pas être envisagée, car pour ceci il faudrait

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réaliser des coupes et étant donné la longue période de régénération des prairies et la fragilitédu sol sans un bon couvert végétal, cette pratique risquerait de fragiliser encore plus le milieu.

L'introduction d'animaux à plus forte valeur commerciale à la place d'animaux derace locale n'a pas été acceptée par les paysans malgré l'insistance des différents projets sur lazone. Ce refus est normal étant donné la stratégie de limitation des risques pratiqué par lespaysans.

Ainsi, deux éléments apparaissent urgents pour la mise en place de solutions viables.Le premier considérerait la production intensive de fourrage à sec par les paysans. En effet ilest possible de faire pousser des plantes adaptées dans le Parame sans besoin d'irrigation.Pour ceci il faudrait que les paysans mettent en culture une parcelle et prennent le soin de laprotéger en évitant la rentrée des moutons. Un système de taille et récolte planifié serraitsouhaitable de telle sorte que les plantations soient durables. Une telle source de fourrage bienaménagé et entretenue représenterait une option considérable pour amoindrir le poids animalsur le Pâramo naturel. Pour ceci, les des plantes natives ou exotiques comme la « retama liso »(qui ont déjà fait ses preuves en tant qu'arbustes fourragers, dans la pépinière du IEDECA)devraient être utilisés.

Le deuxième élément, qui constituerais sans doute une option très intéressante pour lespaysans, serrait la mise en place de nouvelles parcelles irriguées et l'amélioration desexistantes. Comme nous l'avons vu l'élevage bovin peut être très intéressant au niveau durevenu familial. Ainsi, il faudrait exploiter au mieux les possibilités d'irrigation, ce quisupposerait une meilleure gestion de l'eau et la mise en place de nouveaux canauxd'irrigation. TI faudrait aussi augmenter la production d'herbe des parcelles déjà existantes.Enfin il apparaît souhaitable de former en production animale les paysans de la Esperanza quigèrent souvent très mal leurs animaux.

Trois conditions s'avèrent nécessaires pour que tout ceci puisse se réaliser: toutd'abord un apport financier considérable pour l'amélioration des canaux d'irrigation existantset l'implantation de nouveaux, en suite, la formation des paysans en production animale maisaussi en irrigation et gestion de pàturages améliorés (entretien, fertilisation, rotation, stockagede fourrage, etc.), et finalement l'accès au crédit car sinon les paysans se trouvent dansl'impossibilité de réaliser tout investissement, même si celui ci ne nécessite pas de beaucoupde capital.

Il resterait à savoir si une fois tout ceci réalisé, les paysans réduiraient le poids ovin surle Pàramo. Ce n'est pas sûr car les ovins qui rapportent sans aucune dépense ou effort de leurpart, représenteraient toujours une source en plus de revenu, dont ils ne sont peut être pas prèsde se séparer, étant donné les conditions précaires de leur niveau de vie. Au contraire, si lacontrainte alimentaire était moindre ils grossiraient peut être leurs troupeaux. Par ailleursl'élevage ovin est une activité traditionnelle chez eux et ils ne l'abandonneront pas facilement.

Ainsi pour que cette initiative ait du succès, il faudrait l'accompagner d'uneimportante campagne de sensibilisation auprès des paysans, qui ne viserait pas à fairedisparaître l'activité pastorale du Pàramo mais à réduire l'effectif animal.

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Dans cette optique une étude plus précise de faisabilité serait nécessaire. Il faudraitétudier plus en détailles pratiques associées aux parcelles irriguées et la gestion des troupeauxbovins, pour mieux comprendre leur fonctionnement et déterminer les principalesdéfaillances. Il faudrait aussi déterminer les possibilités maximales d'irrigation de la zone detelle sorte à voir si toutes les familles pourraient bénéficier d'une parcelle suffisammentgrande et qui ne soit pas trop éloignée de leur maison. Finalement un bilan socio-économiqueserait aussi nécessaire.

Par ailleurs il serait aussi intéressant de compléter l'étude de dégradation. Pour ceci ilfaudrait mener une étude de longue durée avec l'observation de plusieurs parcelles soumises àdes pressions différentes et ainsi déterminer exactement quel est le moment de perted'équilibre du milieu, le bilan érosif, la durée de régénération de la biomasse végétale, lacharge maximale et la capacité de réversibilité de la dégradation.

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TABLE DES TABLEAUX

Tableau 2-1 : Caractéristiques des unités végétales par rapport à la pente, l'étatérosifet l'état de la végétation 30

Tableau 3-1 : Résultat des analyses de sols 42Tableau 3-2 : Composition Ooristique du Pajonal humide non dégradé 48Tableau 3-3 : Composition Ooristique de Pajonal humide dégradé 49Tableau 3-4 : Composition Ooristique de la végétation de recolonisation 50Tableau 3-5 : Composition Ooristique du Pantano 50Tableau 3-6 : Composition Ooristique du Pajonal sec non dégradé 51Tableau 3-7 : Composition Ooristique du Pajonal sec dégradé 52Tableau 3-8 : Composition Ooristique des zones planes 53Tableau 3-9 :" Composition Ooristique de El Arenal 54Tableau 3-10: Biomasse végétale pour chaque unité végétale et calcul

de l'adéquation à la charge animale à l'instant t 61Tableau 3-11 : Calcul de l'adéquation entre la biomasse disponible et la charge

animale pour les zones humide et sèche 62Tableau 3-12: Charge théorique des différentes zones exprimée entêtes d'ovins 63Tableau 3-13: Charge théorique pour la zone humide et la zone sèche 63Tableau 3-14: Résultats des analyses bromatologiques pour les différentes unités

végétales 68Tableau 3-15 : Offre en énergie métabolisable pour chaque unité végétale,

comparée aux besoins journaliers d'un ovin de 20 Kg 69Tableau 3-16: Offre protéique (protéines brutes) pour chaque unité végétale,

comparée aux besoins d'un ovin de 20 Kg 71

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TABLE DES FIGURES

Figure 2-1 : Evolution des précipitations de la zone d'étude 15Figure 2-2: Schéma de localisation des unités par rapport au relief 31Figure 3-1 : Evolution de la densité apparente, le taux d'humidité et le pF 2.5 43Figure 3-2 : Evolution du taux de matière organique et du rapport C/N 44Figure 3-3 : Evolution du pH et du pH KCI pour l'horizon superficiel et le deuxième

hor~on 45Figure 3-4: Evolution des graminées hautes (Calamagrostisspp.) et de la végétation

gazonnante (Agrostis sp., Lachemilla spp.) 55Figure 3-5 : Evolution des plantes secondaires avec la dégradation 56Figure 3-6 : Biomasse et charge théorique pour chaque unité végétale 65Figure 3-7 : Offre en énergie métabolisable en fonction du stade de dégradation 70Figure 3-8 : Offre protéique des différentes unités végétales 72Figure 4-1 : Système de production des éleveurs de moutons 84

TABLE DES PHOTOS

Photo 2-1 : Pajonal humide non dégradé 18Photo 2-2 : Pajonal humide dégradé 19Photo 2-3 : Pajonal humide très dégradé 20Photo 2-4 : Végétation de recolonisation 21Photo 2-5 : Pantano 22Photo 2-6 : Pajonal sec non dégradé 23Photo 2-7 : Pajonal sec dégradé 24Photo 2-8 : Pajonal sec très dégradé 25Photo 2-9 : Végétation de zone plane 26Photo 2-10: Végétation de transition a El Arenal 27Photo 2-11 : Végétation de El Arenal 28Photo 2-12 : Image de dégradation autour d'une maison 36Photo 2-13 : Image de dégradation liée au passage des camions dans le Paramo 36Photo 2-14: Image du gradient de dégradation lié à la pente 37

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ANNEXES

ANNEXE 1 : Précipitations de la zone d'étude.

ANNEXE 2 : Numérotation des échantillons.

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ANNEXE 1

Precipitations de la zone d'étude

Chuquibanza Rio Colorado

1990 1974

(zone humide) (zone seche)

Janvier 30,3 29,6

Fevrier 90,3 104,1

Mars 80,5 86,2

Avril 60,3 70,3

Mai 105,2 29,3

Juin 100,1 26,4

Juillet 110,4 13,7

Août 50,3 8,5

Septembre 48,4 30,3

Octobre 50,1 69,8

Novembre 30,7 72,5

Décembre 50,2 27,1'1

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RESUME/SUMMARY

Le Pàramo, écosystème d'altitude caractéristique de la zone équatoriale Andine,constitue la base de subsistance de nombreuses sociétés agropastorales ainsi que le supportde la stabilité du flux hydrique.

Ce milieu a atteint pour certaines zone d'Equateur, des niveaux de dégradationalarmants suite à une pression anthropique trop importante. Cette situation a mis en dangerla durabilité du système agropastoral et provoqué différentes perturbations hydriques.

Ce mémoire se consacrera à l'étude des Pàramos de la Esperanza, situés en tête dubassin versant de la rivière Ambato, où l'élevage ovin est généralisé et le Pàramo est trèsdétérioré.

Nous nous intéresserons d'abord au processus de dégradation, au niveau de sesdifférentes composantes (sol, flore, production de biomasse et valeur fourragère), ainsiqu'aux principaux facteurs qui la déclenchent.

Enfin une première approche du système productif sera faite, afin d'identifier lesprincipales pratiques agropastorales et d'évaluer leurs conséquences et implications auniveau socio-économique et environnemental.

Mots clefs: Equateur, milieu d'altitude, Andes, Pàramo, surpâturage, ovins, dégradation,érosion, sol, flore, productivité végétale, valeur fourragère, système agropastoral.

Pàramo, a high-altitude ecosystem characteristic of the tropical Andes, representsthe basis of subsistence of numerous agropastoral societies. It also regulates the stabilityand flow ofthe surrounding rivers and lakes.

This environment has been severely degraded in sorne areas of Ecuador due to ahuge anthropical pressure which has had an impact on the water system's stability and thesustainability of the agropastoral system.

This report will consider the Pàramos of La Esperanza, localized at the head of theAmbato river catchment basin, where the sheep farming is generalized and Pàramo is verydegraded.

This study presents the various aspects of the degradation process (soil, flora, plantbiomass production and fodder value) and its root causes.

Finally an outline sketch of the farming system is drawn up. The main agropastoral .practices will he identified and also their main socio-economic and environmentalconsequences and implications

Key words : Ecuador, high-altitude ecosystem, Andes, Pàramo, overgrazing, sheep,degradation, erosion, soil, flora, plant productivity, fodder value, agropastoral system.