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ISSN 1157 - 391
.. Etudes expérimentales
sur le bétonnage des pieux forés Jean-Paul BRU
Pierre DELUDE
Philippe LAPERNA
études et recherches des laboratoires des ponts et chaussées
sé(e é technique GT 45
-
" Ministère de l'Équipement, - du logement, des Transports et de la Mer
Laboratoire Central des Ponts et Chaussées
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d'essai
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Etudes expérimentales sur le bétonnage des pieux forés
Jean-Paul BRU
Pierre DELUDE
Philippe LAPERNA
Août 1991
1;::1 Laboratoire Central des Ponts et Chaussées
58, bd Lefebvre, F 75732 Paris Cedex 15
Collection "Études et recherches des Laboratoires des Ponts et Chaussées», série géotechnique, ISSN 1157-3910 Fait suite à la collection "Rapports des laboratoires'" série géotechnique, ISSN 0761-2389
AUTEURS
Jean-Paul BRU Directeur-adjoint du Laboratoire Régional des Ponts et Chaussées de Bordeaux
Pierre DELUDE Ancien directeur-adjoint du Laboratoire Régional des Ponts et Chaussées de Bordeaux
Philippe LAPERNA Élève stagiaire de l'Institut des Sciences et Techniques de Poitiers (lors de la rédaction de ce rapport)
Action de recherche pluriannuelle (AR): 17 Fondations et soutènements Fiche d'action élémentaire de recherche (FAER): 1.05.04.5 Exécution des pieux forés
Diffusion: Laboratoire Central des Ponts et Chaussées IST - Section des publications 58, bd Lefebvre, F 75732 Paris Cedex 15 ~ 33 (1) 40 43 52 26 - Télécopie : 33 (1) 40 43 54 98
Ce document est propriété de l'Administration et ne peut être reproduit, même partiellement, sans l'autorisation du directeur du Laboratoire Central des Ponts et Chaussées
(ou de ses représentants autorisés) © 1991 - LCPC
SOMMAIRE
RESUME ABSTRACT-RESUMEN-ZUSAMMENFASSUNG-AHHOTA
PRESENTATION, par J.P. MAGNAN
INTRODUCTION
Chapitre 1 - MISE EN EVIDENCE DU ROLE DU BOUCHON D'AMORCAGE
1.1 Rappel sur les techniques de mise en oeuvre 1.2 Matériel et matériaux utilisés 1.3 Mise en évidence du pouvoir ralentisseur et de la qualité de piston du
bouchon d'amorçage 1.4 Délavage ou non dans le tube plongeur. Contrôle par la "technique de la pelle" 1.5 Etude du délavage dans le tube plongeur avec des bouchons 1.6 Réalisation de pieux en 0 600 dans un milieu immergé 1. 7 Les autres types de bouchon d'amorçage 1.8 Conclusion
Chapitre 2 - LA SEGREGATION DU BETON
2.0 Introduction 2.1 Ségrégation du béton par la chute libre 2.2 Ségrégation par effet de grille 2.3 Ségrégation par le panier
Chapitre 3 - REPARTITION DES COUCHES DE BETON DANS UN PIEU FORE
3.1 But de l'essai et montage expérimental 3.2 Essais préliminaires 3.3 Essais n ·2 3.4 Conclusion
Chapitre 4 - ETUDE DU CONTACT BETON-SOL EN POINTE
4.1 Introduction 4.2 Dispositif expérimental 4.3 Effet de chasse avec un fond de pieu plat 4.4 Effet de chasse avec un fond de pieu incurvé 4.5 Conclusion
Chapitre 5 - LES BARRETTES
5.1 Introduction 5.2 Etude de la répartition des couches 5.3 L'effet de vague
Chapitre 6 - DELA V AGE LATERAL
6.1 Introduction 6.2 Choix du dispositif et détermination des paramètres 6.3 Causes de l'échec et perspectives
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
4 5
9
11
13
13 13
13 16 19 20 22 22
25
25 25 29 33
37
37 37 38 38
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43 43 43 44 49
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51 51 54
59
59 59 61
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RÉSUMÉ
ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR LE BÉTONNAGE DES PIEUX FORÉS
Jean-Paul BRU, Pierre DELUDE, Philippe LAPERDA
Chapitre 1 - Mise en évidence du rôle du bouchon d'amorçage Chapitre 2 - La ségrégation du béton Chapitre 3 - Répartition des couches de béton dans un pieu foré Chapitre 4 - Étude du contact béton-sol en pointe Chapitre 5 - Les barrettes Chapitre 6 - Délavage latéral
Le rapport présente les résultats d'études en vraie grandeur consacrées aux problèmes pratiques rencontrés lors de l'exécution de divers types de pieux forés, plus précisément ceux liés à l'opération de bétonnage.
La réalisation d'essais en grandeur nature a nécessité la construction d'une station expérimentale au Laboratoire Régional des Ponts et Chaussées de Bordeaux, afin de reproduire un certain nombre de défauts et de mieux comprendre leur mode de formation.
Les essais effectués ont porté principalement sur: - la nécessité d'utiliser un bouchon d'amorçage, - le risque de ségrégation du béton en présence ou non de cages d'armature, - le mode de répartition des couches en cours de bétonnage, - l'étude du contact béton-sol en pointe, - l'importance du délavage latéral du béton frais.
L'ensemble de ces travaux, qui ont été exécutés au cours des années 1970, a contribué largement à la rédaction du document intitulé «Les pieux forés. Recueil de règles de l'art», publié en décembre 1978 par le LCPC et le SETRA.
Mots clés : Pieux forés - Bétonnage - Exécution - Étude expérimentale - Station d'essai.
ABSTRACT
EXPERIMENTAL STUDIES OF THE CONCRETING OF BORED PILES
Jean-Paul BRU, Pierre DELUDE, Philippe LAPERDA
Chapter 1 - Demonstration of the role of the pile driving head Chapter 2 - The segregation of the concrete Chapter 3 - The distribution of the layers of concrete in a bored pile Chapter 4 - The study of the contact between the pile and the soil at
the end bearing Chapter 5 - The bars Chapter 6 - Lateral washing out
The authors present the results of full-scale studies of the practical problems encountered in setting in place various types of bored piles, and more particularly problems connected with concreting.
These full-scale studies required the construction of an experimental unit in the Bordeaux Regional Laboratory of the Ponts et Chaussées, in order to reproduce a number of defects and gain a better understanding of how they arise.
The tests covered mainly : - the need to use a pile driving head, - the risk of segregation of the concrete, whether or not in the presence of reinforcing cages, - how the layers are distributed during concreting, - the contact between the concrete and the soil at the end bearing, - the importance of lateral washing out of the fresh concrete.
This work as a whole, which was carried out in the 1970s, made a substantial contribution to "Bored piles: a compendium of standard practice", published in December 1978 by the LCPC and SETRA.
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RESUMEN
ESTUDIOS EXPERIMENTALES SOBRE EL HORMIGONADO DE LOS PILOTES PERFORADOS
Jean-Paul BRU, Pierre DELUDE, Philippe LAPERDA
Capitulo 1 - Evidenciacion de la funcion del tapon de cebado Capitulo 2 - Segregacion del hormigon Capitulo 3 - Reparto de las capas de hormigon en un pilote perforado Capitulo 4 - Estudio del contacto hormigon y suelo en punta Capitulo 5 - Barras Capitulo 6 - Deslavado lateral
Se presentan en el informe los resultados de estudios a tamafto natural dedicados a los problemas prâcticos que surgen en la ejecucion de diversos tipos de pilotes perforados, y mâs precisamente aquellos vinculados a la operacion de hormigonado.
La realizacion de pruebas a tamafto natural requirio que se construyera una estacion experimental en el Laboratorio Regional de "Ponts et Chaussées" de la ciudad de Burdeos, con objeto de reproducir cierto rnimero de defectos y comprender mejor como se formaban.
Las pruebas efectuadas se refirieron principalmente a: - necesidad de utilizar un tapon de cebado, - peligro de segregacion del hormigon en presencia o no de jaulas de armazon, - forma de reparto de las capas en el proceso de hormigonado, - estudio del contacto hormigon y suelo en punta, - importancia del deslavado lateral del hormigon fresco.
Todos estos trabajos, que fueron ejecutados en la década del 70, han contribuido ampliamente a la redaccion del documento titulado "Les pieux forés. Recueil de règles de l'art" (Pilotes perforados. Recopilacion de las normas de prâctica corriente ), publicado en 1978 por LCPC y SETRA.
ZUSAMMENF ASSUNG
EXPERIMENTELLE UNTERSUCHUNGEN DES BETONIERENS VON BOHRPFAIILEN
Jean-Paul BRU, Pierre DELUDE, Philippe LAPERDA
Kapitel 1 - Rolle des Ansatzpfropfens Kapitel 2 - Betonentmischung Kapitel 3 - Verteilung der Betonschichten im Bohrpfahl Kapitel 4 - Untersuchung der Beton-Bodenberührung an der Spitze Kapitel 5 - Stege Kapitel 6 - Seltliches Auswaschen
lm Bericht werden die Ergebnisse aus Versuchen in wahrer Grosse betreffs der praktischen Probleme bei der Ausführung verschiedener Bohrpfahlarten insbesondere im Hinblick auf die Betonierarbeiten beschrieben.
Die Durchführung von Versuchen in wahrer Grosse setzte die Einrichtung einer Versuchsstation im Regionallabor der Ponts et Chaussées in Bordeaux voraus, um eine gewisse Anzahl von Fehlern nachzuvollziehen und dadurch deren Entstehungsweise zu verstehen.
Die durchgeführten Versuche bezogen sich hauptsii.chlich auf: - die Notwendigkelt des Einsatzes von Ansatzpfropfen, - die Gefahr der Betonentmischung mit oder ohne Bewehrungskorben, - die Art der Schichtverteilung wii.hrend des Betonierens, - die Untersuchung der Beton-Bodenberührung an der Spitze, - das Ausmass des seitlichen Auswaschens des Frischbetons.
Diese im Laufe des Jahres 1970 durchgeführten Arbeiten haben alle weitgehend zur Ausarbeitung eines Dokuments mit dem Titel "Les pieux forés. Recueil de règles de l'art" (technische Regein für Bohrpfii.hle) belgetragen, das im Dezember 1978 vom LCPC und dem SETRA verbffentlicht wurde.
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Jean-Paul BRU, Pierre DELUDE, Philippe LAPERDA
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PRESENTATION
Jean-Pierre MAGNAN Directeur technique, LCPC
Les travaux dont les résultats sont présentés dans ce rapport ont été exécutés en parallèle à la rédaction du document publié en décembre 1978 par le LCPC et le SETRA, intitulé "Les pieux forés - Recueil de règles de l'art". Il s'agissait, à l'époque, de préciser expérimentalement les règles à respecter pour un bétonnage efficace des pieux forés. Pour atteindre cet objectif, le Laboratoire régional des Ponts et Chaussées de Bordeaux, à qui la recherche avait été confiée, a construit une station expérimentale permettant de réaliser différents types d'essais en grandeur nature. Les résultats de ces études expérimentales ont été utilisés pour préciser les techniques de bétonnage recommandées dans le chapitre 6 "Bétonnage" du document précité.
Le rapport rédigé lors de ces essais n'avait reçu qu'une diffusion très limitée. Malgré les années écoulées depuis sa rédaction en 1979, il nous a paru utile de le diffuser plus largement, dans le cadre de la collection des "Etudes et recherches des Laboratoires des Ponts et Chaussées" - Série Géotechnique. Certains des commentaires faits à l'époque peuvent sembler inadaptés à la pratique actuelle du bétonnage des pieux, puisque les règles en vigueur depuis dix ans tiennent justement compte des résultats de cette recherche ... C'est certainement l'un des meilleurs signes de la qualité du travail effectué au LRPC de Bordeaux sur ce thème du bétonnage des pieux forés. Les résultats des différents essais concernant la circulation du béton lors du bétonnage présentent également un intérêt permanent, tant pour la compréhension de ce qui se passe lors du bétonnage des pieux que comme base expérimentale pour la poursuite éventuelle de recherches dans ce domaine.
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INTRODUCTION
Parmi les diverses opérations relatives à la confection d'un pieu moulé en place, le bétonnage a été le premier à faire l'objet de constatations de la part des laboratoires régionaux des ponts et chaussées, parce que les incidents qui se sont produits sur les chantiers depuis 1969 relevaient tous de prime abord des mauvaises conditions de bétonnage.
En effet, on pouvait constater que l'opération de curage préalable au bétonnage proprement dit avait été mal réalisée, ou bien que le béton ne présentait pas les propriétés de maniabilité requises, ou bien encore que les conditions de mise en oeuvre (bétonnage au tube plongeur avec bouchon) étaient mauvaises ou mal suivies... Ces carences montraient de toute évidence la nécessité de sensibiliser à ce problème les maîtres d'oeuvre comme les entreprises, d'autant que, sur le chantier, certaines pratiques peu orthodoxes paraissaient dangereuses, dans la mesure où il n'existait pas de contrôles d'exécution.
Le Laboratoire régional de BORDEAUX, sous l'égide des Groupes Spécialisés de Coordination 05
(Fondations des ouvrages) et 31 (Bétons et liants hydrauliques) a donc (fig.1) construit une station expérimentale permettant la réalisation d'essais en grandeur nature visant, notamment, à reproduire un certain nombre de défauts dans le processus de bétonnage, défauts qui conduisent presque toujours à des mauvais contacts entre le béton et le sol. Ces aléas sont d'autant plus graves qu'ils sont souvent cachés et qu'ils risquent de provoquer des désordres importants, dangereux et la plupart du temps coûteux.
Depuis 1973 et, de façon discontinue, jusqu'en 1978, le L.R.P.C. de BORDEAUX a réalisé un certain nombre d'essais qui ont permis, d'une part, de mettre au point des procédés de bétonnage et, d'autre part, de démontrer que certaines hypothèses admises par beaucoup d'ingénieurs étaient erronées.
Les résultats de ces études ont notamment servi à la rédaction du document intitulé "Les pieux forés. Recueil de règles de l'art" (LCPC-SETRA, 1978), pour ce qui concerne le chapitre relatif au bétonnage.
---------Figure 1 Vue générale de la station---------
11
Ce rapport présente les principales études qui ont été réalisées, sur les thèmes suivants :
- utilisation du bouchon d'amorçage, - ségrégation du béton, - répartition des couches en cours de bétonnage, - étude du contact béton-sol en pointe, - répartition des couches lors du bétonnage
d'une barrette, - étude du délavage latéral du béton frais.
12
Ces études ont, comme on le verra, été conduites avec plus ou moins de succès. De notre point de vue, elles présentent l'énorme avantage d'avoir fait progresser les connaissances dans le domaine des pieux forés et, en tout cas, elles constituent un actif important pour la poursuite des travaux sur les pieux.
Chapitre 1
MISE EN EVIDENCE DU ROLE DU BOUCHON D'AMORCAGE
1.1 RAPPEL SUR LES TECHNIQUES DE MISE EN OEUVRE
Le bétonnage des pieux forés peut s'effectuer de plusieurs façons. Il existe deux grandes méthodes de bétonnage, selon que :
- les pieux sont bétonnés depuis la surface par déversement ;
- les pieux sont bétonnés par refoulement du béton en fond de forage.
Le bétonnage par déversement ne peut être toléré que pour des forages secs, de faible profondeur, et pour des pieux sans armature. Dans tous les autres cas, le bétonnage doit être conduit depuis le fond de trou.
Il existe trois techniques de bétonnage par refoulement:
- bétonnage au tube plongeur, - bétonnage à la pompe, qui refoule directe-
ment en fond de forage, - bétonnage à la benne à ouverture comman-
dée.
Le bétonnage à la benne à ouverture commandée ne doit être utilisé que pour les caissons de grande section. L'ouverture des clapets est en général délicate.
Les études exécutées à la station expérimentale de Bordeaux ont été plus particulièrement consacrées au bétonnage au tube plongeur (les résultats peuvent être extrapolés au bétonnage à la pompe). Le but était de montrer, grâce à des essais en grandeur réelle, que l'utilisation d'un bouchon d'amorçage est indispensable pour obtenir un pieu correctement bétonné.
1.2 MATERIEL ET MATERIAUX UTILISES
La station est équipée d'une tour d'environ 10 m de haut permettant la fixation et le remplissage du tube plongeur (0 150, tube lisse).
Une grue à tour Pingon permet d'amener le béton par benne au-dessus de la trémie. Le béton du type Pb 9 est fabriqué dans une bétonnière à malaxeur horizontal (type Richier 230 litres).
Dosage du béton de pieu Pb9 (béton de qualité fondation, QFJ
Avec des granulats secs, pour lm3 de béton, le dosage est le suivant :
- ciment 400 kg CP AL 325 - 0/3 585 kg - 3/8 450 kg - 8/15 320 kg granulats roulés - 15/25 450 kg - eau 200 à 230 litres
Ces valeurs doivent être corrigées du fait de l'existence d'une teneur en eau de 5% dans les granulats 0/3 et de 1 % dans les granulats 3/8. Les dosages pondéraux deviennent :
- ciment 400 kg CPAL 325 - 0/3 615 kg - 3/8 455 kg - 8/15 320 kg granulats roulés - 15/25 450 kg - eau 165 à 185 litres.
La vérification au cône d'Abrams donne un affaissement de 18 à 20 cm, ce qui est convenable pour un béton de pieu. Ce béton QF présente plusieurs avantages : il a une bonne maniabilité, une bonne compacité, il est moins apte à la ségrégation qu'un béton normal et, de plus, il possède une bonne résistance à la compression, bien qu'il ne soit pas vibré (environ 25 MPa en compression simple, et 1 à 2 secondes au maniabilimètre LCPC).
1.3 MISE EN EVIDENCE DU POUVOffi RALENTISSEUR ET DE LA QUALITE DE PISTON DU BOUCHON D'AMORCAGE
Ces expériences ont été réalisées en suspendant le tube plongeur le long de la tour de la station. La partie inférieure du tube est restée à l'air
13
libre afin de pouvoir se rendre compte visuellement de l'état du béton, en sortie. La hauteur de chute était de 4 m. Le diamètre interne du tube plongeur est de 150 mm. Ce tube est parfaitement lisse à l'intérieur.
Le béton était de qualité QF Pb9 (voir la composition au paragraphe 1.2)
En premier lieu, il a été réalisé un essai sans bouchon d'amorçage (fig. 2).
1.3.1 Etude expérimentale d'un bouchon constitué de fibres métalliques
Ce bouchon est formé par agglomération à la main de copeaux métalliques provenant d'un tour (fig. 3).
Plusieurs poids de tournure ont été essayés, afin de déterminer une relation entre le poids et le pouvoir ralentisseur (le diamètre du tube plongeur étant constamment égal à 150 mm). Les expériences ont été faites en utilisant à chaque fois la même hauteur de chute ( 4 m) ainsi que le même volume de béton Pb 9 (125 litres).
Les bouchons sont assemblés à la main en forme de boule et ils sont enfoncés de 10 cm dans le tube plongeur.
Les résultats pour un tube plongeur de diamètre intérieur 150 mm sont donnés dans le tableau 1.
Figure 2 Le béton arrive par saccades. On voit nettement des grains isolés ; le béton n'est plus lié. La ségrégation serait encore plus prononcée dans un milieu immergé à cause de l'entraînement des particules fines, qui est facilité par le manque de compacité de ce béton ------------
Figure 3 Bouchons de tournure avant et après passage dans le tube plongeur On peut noter qu'ils possèdent une bonne élasticité
14
Tableau 1 Résultats des essais (tube plongeur de diamètre intérieur 150 mm)
Bouchon n • Masse Comportement
1 320 g Pas d'action de frein
2 340 g Freine la chute, mais le béton est peu compact
3 400 g Ralentit bien la chute. Pas de difficulté pour le départ du béton, qui reste bien compact et qui conserve la forme du tube sur environ lm, à l'air libre.
1.3.2 Bouchon constitué de tournure enduite de pâte de ciment
Le deuxième type de bouchon testé est constitué de tournure dans laquelle est incorporée de la pâte de ciment, afin d'en faire une boule compacte.
La pâte qui est nécessaire à la fabrication des bouchons doit être préparée soit 2 heures auparavant, s'il s'agit de CPA normal, soit 5 min auparavant, s'il s'agit d'un mélange 113 fondu + 2/3 CP AL. Enfin, l'utilisation de ciment prompt permet l'utilisation quasi immédiate de la pâte.
Comme dans le cas du bouchon de tournure seule, des essais ont été réalisés en faisant varier le poids de tournure. D'autre part, des temps de chute ont pu être chronométrés.
Tableau 2 Résultats des essais (bouchons de tournure enduite de pâte de ciment)
Bouchon Masse de Temps de Comportement n° tournure chute
1 340g Pas d'action de frein
2 360 g ls Pas d'action de frein
3 380g 2s Bonne action de frein
4 400 g 2,8 s Bonne action de frein (fig. 4)
5 420g 4s Départ difficile (fig. 5)
----Figure 4 Bouchon de 400 g -----
Figure 5 Bouchon de 420 g
Dans les deux cas, le béton reste homogène et conserve la forme du tube plongeur
15
1.4 DELAVAGE OU NON DANS LE TUBE PLONGEUR. CONTROLE PAR LA 'TECHNIQUE DE LA PELLE''
1.4.1 But de l'essai
Le but de cet essai est de se rendre compte de l'état du béton, dans la colonne de bétonnage, en utilisant la technique traditionnelle de la pelle. Cette méthode est suspectée de provoquer un délavage du béton, accentué par la ségrégation due à la chute libre dans l'eau.
1.4.2 Montage expérimental (fig. 6)
La gaine placée autour du tube plongeur permet de maintenir de l'eau à l'intérieur de celui-ci ; elle joue aussi le rôle de coffrage. Dans une première phase, le tube plongeur repose sur le fond, de façon à ce que le béton ne remonte pas dans la gaine. La deuxième phase consiste à remplir le
tube plongeur de béton ; le tube est retiré progressivement, une fois plein, et alors le béton épouse la forme de la gaine. On a donc, en démoulant, une idée de ce qui se passe dans le tube plongeur.
1.4.3 Réalisation de l'essai
Une pelle de chantier obstrue provisoirement le fond de la trémie (fig. 7). Celle-ci est remplie de béton. Quand elle est pleine, on retire le plus rapidement possible la pelle et l'on coule le béton en continu. Le tube plongeur, qui était posé au fond, est relevé progressivement tout en maintenant son orifice continuellement dans le béton, afin d'éviter un désamorçage de la colonne.
Lors de la réalisation de l'essai, il est apparu que l'on ne pouvait pas retirer rapidement la pelle qui obstruait le tube, du fait du poids de béton qui a tendance à la coincer et à cause de la présence de la trémie et de la benne de bétonnage.
Trémie
Gaine PVC ~0250mm
Gaine et tube plongeur immergés
/Plaque PVC soudée
----'~..._~-'-........ ----------------Figure 6 Vue du montage expérimental------------
16
--Figure 7 Technique d amorçage à la pelle --
1.4.4 Démoulage et constatation
Le démoulage est effectué environ 72 h après le bétonnage. Les figures 8 et 9 montrent bien l'état du pieu.
Dans le cas d'un bétonnage au tube plongeur sans bouchon d'amorçage, le délavage se produit donc sur une hauteur importante. Ce délavage est facilité, d'une part, par la ségrégation du béton par sa chute dans le tube plongeur et, d'autre part, par l'effet de chasse, qui s'en trouve énormément diminué.
L'étude par auscultation dynamique (fig. 10) nous montre que la partie délavée occupe une dimension encore bien plus importante à l'intérieur qu'à l'extérieur, comme pouvait nous le laisser croire l'examen visuel.
L'utilisation d'un bouchon d'amorçage aura donc un double but :
- ralentir la descente du béton dans le tube plongeur, afin d'éviter la ségrégation ;
- chasser l'eau dans la partie immergée du tube, afin d'éviter le délavement du béton en pointe en agissant comme un piston.
Figure 8 Vue générale du pieu démoulé. On remarque que la partie délavée représente environ 40% de la hauteur bétonnée
17
V (m/s)
4000
3000
2000
20 40 60
Figure 9 Détail de la zone délavée du pieu démoulé Longueur de la zone très délavée : 0,93 m
Longueur de la zone délavée : 1,20 m
80 100 120 140 160 180 200 220 240 260 280 L (cm)
---------Figure 10 Auscultation dynamique d'un pieu coulé sans bouchon--------
18
1.5 ETUDE DU DELAVAGE DANS LE TUBE PLONGEUR AVEC DIVERS BOUCHONS
Ayant défini les caractéristiques des bouchons (poids de tournure, composition de la pâte, etc.), il a été décidé de procéder à la réalisation de moulages du tube plongeur en diamètre de 250 mm, afin de pouvoir les comparer au moulage en 0 250 mm réalisé avec la technique traditionnelle dite "de la pelle".
1.5.1 Bouchon constitué de tournure seule
Le bouchon est formé de fibres métalliques assemblées à la main sans incorporation de pâte de ciment. Le poids de tournure est de 400 g, ce qui permet d'avoir un bon ralentissement dans la chute du béton,tout en ne posant pas de difficulté pour le départ du béton dans le tube plongeur.
Ce tube plongeur a été immergé, afin de se placer dans le cas le plus défavorable, mais qui se présente le plus souvent. Le dispositif expérimental est le même qu'au paragraphe précédent (1.4).
Le tube plongeur doit être remonté par paliers, tout en le maintenant constamment dans le béton afin d'éviter tout risque de désamorçage.
Au démoulage, on s'aperçoit que seulement 15 cm de béton sont délavés (fig. 11). Il s'agit d'une amélioration remarquable, en comparaison avec l'état du moulage réalisé avec la technique traditionnelle de la pelle (fig. 8 et 9).
L'auscultation dynamique en transparence nous permet d'affirmer que le volume soumis à la ségrégation est fortement réduit. Les vitesses de
V(m/s)
10 20 30 40 50 60
--Figure 11 Le bouchon est emprisonné sous-le poids du béton. On peut remarquer que
le volume ségrégé est fortement réduit
transmission des ondes ne descendent jamais en dessous de 3700 mis (fig. 12 à comparer avec la fig. 10).
70 80 90 100 L (cm)
Figure 12 Auscultation dynamique d'un pieu coulé avec un bouchon sans pâte de ciment
19
Le bouchon a donc bien joué son rôle en empêchant la ségrégation. Cependant, du fait de la faible section du pieu, le bouchon est resté coincé en pointe ; celle-ci présente donc une certaine élasticité. Or, la plupart des pieux travaillant par effet de pointe, l'élasticité de celle-ci est nuisible.
Le deuxième type de bouchon (tournure + pâte de ciment) devrait améliorer l'état du pieu en pointe.
1.5.2 Bouchon constitué de tournure et de pâte de ciment
Le mode de réalisation est identique ; seule la préparation de la pâte doit être effectuée un peu auparavant, afin que le bouchon soit mis en place juste avant le début de prise.
Le démoulage fait apparaître une pointe de pieu très compacte et très régulière (fig. 13). La partie souple constituée par le piston de tournure est comblée par un coulis très résistant.
Ce type de bouchon est donc celui qui donne les meilleurs résultats.
La deuxième partie des travaux de la station expérimentale a consisté à réaliser des pieux réels de grand diamètre avec ce type de bouchon d'amorçage. En effet, à l'heure actuelle, la préférence va aux pieux de grand diamètre, car leur section importante permet d'en diminuer le nombre. Par contre, leur réalisation et leur capacité portante ne
doivent supporter aucun défaut car, du fait de leur espacement, il devient impossible qu'un pieu voisin soulage un pieu défecteux.
1.6 REALISATION DE PIEUX DE 600 mm DE DIAMETRE DANS UN MILIEU IMMERGE
Les propriétés des bouchons d'amorçage constitués de tournure et de pâte ont été testées sur des pieux de 600 mm de diamètre. Pour mieux juger de l'amélioration des caractéristiques de ceux-ci, un pieu a d'abord été bétonné en diamètre 600 mm, avec la technique traditionnelle "de la pelle".
Matériel utilisé : - tube PVC 0 600mm, de hauteur 2 m ; - béton Pb 9 (volume 450 l, affaissement au
cône = 18 à 20 cm.
1.6.1 Pieu A, exécuté sans bouchon d'amorçage, en milieu immergé
La grande dimension du coffrage permet de couler le béton sans provoquer des oscillations importantes du tube plongeur.
Démoulage et observations Le démoulage est effectué environ 40 h après le
bétonnage. On constate que la base du pieu est largement délavée sur une hauteur de 55 cm maximum (fig. 14). L'auscultation dynamique confirme les défauts qui ont été appréciés visuellement (fig. 15).
Figure 13 Vue de la pointe du pieu. Le bouchon a été parfaitement intégré
20
V(m/s)
10 20
Figure 14 Pointe du pieu de 600 mm de diamètre exécuté par la technique de la pelle (pieu A)
Zone de délavage et ségrégation
Tête de pieu laitance
30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 L (cm)
----Figure 15 Auscultation dynamique du pieu A au bout de 72 heures-----
21
Il faut atteindre une hauteur de 60 cm pour obtenir une vitesse de propagation d'onde régulière ; ces 60 cm correspondent à la zone du béton d'amorçage, qui a subi le délavage et la ségrégation, rendant la pointe du pieu fragile. Cette hauteur de 60 cm est particulièrement importante, compte tenu du fait que la hauteur d'eau traversée est de 4 m seulement.
1.6.2 Pieu B: utilisation d'un bouchon d'amorçage en milieu immergé
Le mode de mise en oeuvre est pratiquement le même que précédemment. La seule différence a consisté à provoquer un essai de désamorçage très bref à mi-hauteur du pieu.
Démoulage L'effet d'un désamorçage bref du tube plon
geur est parfaitement clair sur la fig. 16 : le béton est délavé. On observe par contre que la base du pieu présente une qualité médiocre sur seulement 5cm.
--Figure 16 Vue du pieu B après démoulage -
22
Auscultation dynamique à 48 heures D'excellentes vitesses sont atteintes rapide
ment (fig. 17). Par contre, ces vitesses sont franchement mauvaises dans la zone où a été produit le désamorçage ; ceci confirme bien le fait qu'un désamorçage de la colonne de béton lors du bétonnage d'un pieu au tube plongeur risque fort de le rendre quasiment inutilisable. L'augmentation de la vitesse quand on s'approche de la pointe du pieu provient de l'augmentation de la densité avec la profondeur.
Les améliorations des pointes de pieu par l'utilisation de bouchons d'amorçage constitués de tournure et de ciment sont indiscutables et sont très bien représentées par la figure 18.
1.7 LES AUTRES TYPES DE BOUCHON D'AMORCAGE
1. 7 .1 Bouchon formé d'un sac de plastique rempli de béton
Ce type de bouchon (fig. 19) a été réalisé lors des essais sur la répartition des couches à la station expérimentale. Il a donné entière satisfaction, en jouant parfaitement son rôle, qui était de pousser l'eau sans l'emprisonner.
1. 7.2 Bouchons en polystyrène fendu
Ils ont été utilisés sur des chantiers. Ils donnent de bons résultats à condition de bien les découper suivant un cylindre légèrement plus grand que le diamètre du tube plongeur. De plus, ils sont fendus en croix car, en fin de course, ils éclatent en 4 morceaux qui doivent remonter à la surface avec le premier béton. Cependant, il est fréquent que ces morceaux restent inclus dans le béton, et donc provoquent des hétérogénéités.
1.8 CONCLUSION
Les avantages liés à l'utilisation d'un bouchon d'amorçage sont indéniables. Son faible coût et sa mise en place facile, avec un personnel sensibilisé aux problèmes du bétonnage des pieux forés, militent en sa faveur.
La seule difficulté consiste dans le choix du type de bouchon : tournure seule, tournure +pâte, sac plastique, polystyrène ; les autres systèmes (bouchons de papier, de chiffon, première gâchée en béton surdosé) sont à rejeter car ils sont trop aléatoires.
V (m/s)
10 20 30 40 50 60 70 80
Zone de délavage volontaire essai de désamorçage
90 100 110 120 130 L (cm)
--------- Figure 17 Résultats de l'auscultation dynamique-------du pieu B après 48 heures
Figure 18 Effet favorable du bouchon d'amorçage constitué de tournure et de ciment sur l'état de la pointe des pieux coulés en place
(Pieu A à droite ; pieu B à gauche)
23
Figure 19 Pointe d'un pieu coulé avec un bouchon constitué d'un sac de plastique rempli de béton
On peut conseiller le bouchon de pâte pure + fibres métalliques dans tous les cas et plus particulièrement pour les pieux de forte section. Les autres sont à réserver pour les pieux de forte sec-
24
tion ; ils provoquent des hétérogénéités dans le fût, car ils se coincent souvent dans les armatures ou même en pointe du pieu. Tout dépend des défauts que l'on peut admettre dans le fût.
Chapitre 2
LA SEGREGATION DU BETON
2.0 INTRODUCTION
Le béton est un matériau hétérogène. Il existe donc un certain nombre de circonstances dans lesquelles il a tendance à se désagréger.
La ségrégation peut être due : - à la chute libre du béton sur une hauteur trop
grande, - à l'effet de grille latérale des armatures d'une
cage, - à la présence d'un panier à la base de la cage.
La ségrégation peut être aussi facilitée par les caractéristiques intrinsèques du béton, comme par exemple : sa teneur en eau, sa compacité, sa granulométrie continue ou non. C'est pour cette raison que les laboratoires des Ponts et Chaussées ont mis au point des formulations de béton, dites QF (qualité fondation), qui permettent de limiter les risques de ségrégation dus au béton par luimême.
Le béton utilisé pour les essais de ségrégation a été le même que pour l'étude des bouchons d'amorçage, c'est à dire du béton Pb9, dont la fiche de dosage a été donnée au paragraphe 1.2.
2.1 SEGREGATION DU BETON PAR CHUTE LIBRE
2.1.1 Principe de l'essai
L'essai a pour but d'analyser le comportement du béton de pieu Pb9, soumis à une chute de 9 m (mise en place sans tube plongeur et bétonnage sans présence d'eau - cas des pieux forés à sec).
Il est à remarquer que la mise en place en chute libre du béton n'est autorisée que jusqu'à une profondeur de 6 m, depuis le niveau du sol. L'étude qui a été réalisée va donc permettre de savoir si le béton de pieu Pb9 accepte ou non des
hauteurs de chute supérieures à 6 m (9 m en l'occurrence ici), sans ségrégation notable.
2.1.2 Réalisation de l'essai
Le dispositif expérimental est montré sur la figure 20.
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Figure 20 Dispositif expérimental Au dessus de la coquille métallique de diamètre 900 mm est suspendue une gaîne qui guide le béton provenant de la benne
25
500 litres de béton ont été versés, ce qui donne une hauteur de 80 cm dans la coquille métallique.
Immédiatement après le coulage, des tubes de 16 cm de diamètre et 1 m de longueur ont été enfoncés dans le béton (figure 21). Ces tubes de prélèvement ont été mis en place par des mouvements circulaires, afin de ne pas modifier la disposition des granulats ; on a donc des échantillons non remaniés.
Toutes les carottes n'ont pas la même destination : la moitié (2,5,6) est destinée aux analyses granulométriques, l'autre (1,3,4) à des essais d'auscultation dynamique à 7 jours d'âge, comme indiqué sur le schéma suivant :
G 00
2 heures 1/2 après le bétonnage, la coquille métallique est enlevée grâce à la grue ; le béton n'ayant pas encore fait prise, il est alors facile de récupérer les carottes (fig. 22).
2.1.3 Analyse granulométrique des carottes 2, 5 et 6
Les carottes 2, 5 et 6 sont tout d'abord divisées chacune en 3 échantillons égaux, notés (1, 2, 3) (fig. 23).
Sur chacun des échantillons, on effectue une décomposition par voie humide, puis une analyse granulométrique.
Deux granulométries témoins ont été réalisées au préalable, sur du béton prélevé à la sortie de la bétonnière, afin d'avoir une référence.
Les courbes 1, Il, III (figures 24 a, b et c) correspondent respectivement aux carottes 5, 6, 2. Pour chaque carotte, on a 3 courbes correspondant aux 3 niveaux de l'éprouvette.
2.1.4 Commentaires sur les courbes
a) courbes 1
Les 3 courbes sont parallèles et très rapprochées ; les quantités de fines par rapport au béton témoin sont pratiquement identiques.
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-----Figure 21 Répartition des carottes dans le tube-----
26
--------Figure 22 Extraction des carottes--------
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-----Figure 23 Démoulage et division des carottes ------
27
SABLES -- GRAVILLONS --
100 Fins Moyens Gros Petits Moyens Gros
90
80
1-
~ b , 2 3
70
Béton de pieu témoin Pb9 ~ ,.....
Echantillon a et b - - - - ,0
60 ~~ V
~ !?.... .l!l 50 Cil
"' .E Cil f- 40
~ ~ ~ , a
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30 ..;...;., ~ ;,.;..:;-~
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~ -- -~ ~ -~ :...--~ ,_,.,-~ ::---
L---~ --i---
~ ;;...--
10
0
Modules 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44
Tamis 0,08 0, 1 0, 125 0, 16 0,2 0,25 0,315 0,4 0,5 0,63 0,8 (mm)
1,25 1,6 2 2,5 3,15 4 5 6,3 8 10 12,5 16 20
--------Figure 24 a Courbes granulométriques des échantillons de la carotte 1-------
SABLES -- GRAVILLONS --
100 Fins Moyens Gros Petits Moyens Gros
90
80
70
2-
~ 1 b. ~ 3 ·î
Béton de pieu témoin Pb9
~ ~ F\ Echantillon a et b . - - - a
60 # V
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30
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10
0
Modules 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44
Tamis 0,08 O, 1 O, 125 0, 16 0,2 0,25 0,315 0,4 0,5 0,63 0,8 (mm)
1,25 1,6 2 2,5 3,15 4 5 6,3 8 10 12,5 16 20
--------Figure 24 b Courbes granulométriques des échantillons de la carotte 11------
28
SABLES -- GRAVILLONS --
Fins Moyens Gros Petits Moyens Gros 100
90 1
b/_j ~ 2 3 80
Béton de pieu témoin Pb9
V '/ , ~
Echantillon a et b . - - - ~ i' a 70
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~ -- / ~ ~
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==---10
0
Modules 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44
Tamis 0,08 0,1 0,125 0,16 0,2 0,250,315 0,4 0,5 0,63 0,8 (mm)
1,25 1,6 2 2,5 3,15 4 5 6,3 8 10 12,5 16 20
--------Figure 24.c Courbes granulométriques des échantillons de la carotte III-------
b) courbes II
Le niveau numéro 2 est plus ou moins régulier ; il y a eu une légère diminution de fines, cependant trop faible pour être significative.
c) courbes III
Les courbes restent dans le fuseau de celles du béton témoin. On remarque une augmentation des fines et une diminution des gravillons dans le niveau inférieur n°l ; ces variations sont d'ailleurs dans le sens inverse de ce qu'aurait donné une ségrégation.
2.1.5 Auscultation dynamique
Les résultats des mesures d'auscultation dynamique à 7 jours sont représentés sur la fig. 25. Ils ne permettent pas de déceler d'hétérogénéités très marquées.
2.1.6 Conclusion
Il a été impossible de mettre en évidence une ségrégation du béton Pb9 par chute libre d'une hauteur de 9 mètres ; celui-ci a parfaitement "encaissé" la mise en place directe sans tube plon-
geur. Il faudrait envisager des hauteurs de chute plus importantes, vraisemblablement de l'ordre de 12 à 15 mètres, pour faire apparaître une ségrégation notable.
2.2 SEGREGATION PAR EFFET DE GRILLE
2.2.1 Principe de l'essai
Cet essai doit permettre de démontrer le rôle de "grille" joué par les armatures d'un pieu lors du bétonnage de celui-ci. Cet effet de grille faciliterait la ségrégation du béton, en retenant sur les armatures des particules de sable et de ciment, tout en laissant traverser les granulats. Ce phénomène provoque donc un déficit de fines en fond de forage.
Pour réaliser cet essai, on a placé une armature préfabriquée, de 4 m de longueur environ et de 40 cm de diamètre, dans un assemblage de 4 coquilles métalliques de 50 cm de diamètre. L'armature a été calée soigneusement, afin d'éviter tout risque de déformation (fig. 26).
2.2.2 Manipulation
Seulement 220 litres de béton ont été préparés ; ceci permet d'obtenir une hauteur d'environ 1 m
29
V (mis)
Carotte N° 1
4000
3
2
2 3
3500 L_~-'----'---'---'------'----'----'-----'----'----'-~-'-----'----'----'---~-~-4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 44 48 52 56 L(cm)
V (mis)
Carotte N° 3
4000
3
2
2 3
3500 ~~-'--~'-------'--'---'---"----'----'----'---'-----~-'----'--~--'------jl--4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 44 48 52 56 L (cm)
V (m/s)
Carotte N° 4
4000
3
2
2 3
3500 ~--'-~~'----'--'-----'-----'---'----'-----'-----'----'-----'-----'-----'------jl-4 8 12 16 20 24 28 32 36 40 44 48 52 56 L (cm)
---------Figure 25 Résultats des essais d'auscultation dynamique--------
30
Figure 26 Mise en place des coquilles autour de la cage d'armature
dans le fond du pieu (fig. 27). Cette hauteur est suffisante pour le carottage prévu, qui sera d'ailleurs réalisé à l'aide de tubes PVC, comme dans les essais précédents (voir paragraphe 2.1.2).
----Figure 27 Schéma de bétonnage---
2.2.3 Prélèvement et analyse des carottes
Les coquilles sont démontées à l'aide de la grue. 2 carottes sont prélevées au centre de la masse de béton (fig. 28).
Chaque carotte est divisée en 3 niveaux sur lesquels on effectue une analyse granulométrique par voie humide (fig. 29).
Armature
coq,me -Ti •
- Figure 28 Position des carottes de contrôle-
2.2.4 Commentaires sur les courbes
a) carotte n '1
Le niveau inférieur est pauvre en éléments fins ; il y a donc bien eu ségrégation.
b) carotte n '2
Les tronçons 2 et 3 sont seuls exploitables ; en effet, une erreur de pesée, lors des manipulations, incite à la prudence.
2.2.5 Conclusion
Il apparaît donc bien qu'il y ait un phénomène de ségrégation par effet de grille lors du bétonnage de pieux, par jets directs, depuis la surface.
Il serait souhaitable de réaliser quelques expériences supplémentaires en faisant varier la hauteur de chute et la densité du ferraillage, ceci afin d'obtenir des résultats plus significatifs.
La figure 30 montre que les armatures ont arrêté de la pâte de ciment et des granulats.
31
SABLES -- GRAVILLONS --
100 Fins Moyens Gros Petits Moyens Gros
90
80 ~/ V/ ..
1
70
Béton de pieu témoin Pb9 . .
~; Echantillon a et b - - - -. a
' ·7
60 /
/'
~ JI' / ./
~ ~
~ 50 (/J .Ë
"' t- 40
/ Y': / -- v' ~ v ---- -
~ r - -· -- - ~ - -- --.... - ,_.
30
- ..... - -- ..... ,,,,,.,, ~ V - - - - -- - - ~ a -- -- - - - -- ............ -- ~ --- -- - - _... __..
20
-- - - ,.........,... - - V - -- b - --- V - - -
10
-- i---,,... ~
i---- ----~ -- -------~ 0
Modules 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44
Tamis 0,08 0, 1 0, 125 0, 16 0,2 0,25 0,315 0,4 0,5 0,63 0,8 (mm)
1,25 1,6 2 2,5 3,15 4 5 6,3 8 10 12,5 16 20
------Figure 29 Courbes granulométriques (étude de la ségrégation par effet de grille)-----
32
---------Figure 30--------
2.3 SEGREGATION PAR LE PANIER
On appelle "panier" la partie inférieure d'une cage d'armature, que les entreprises ont l'habitude de réaliser en retournant les barres longitudinales vers le centre de la section du pieu (fig. 31).
L'usage du panier permet, lorsque la cage ne peut être suspendue (absence de virole), d'éviter que les armatures poinçonnent le fond de forage. On pensait aussi que le panier, chargé par le béton, servait de lest et s'opposait à la remontée de la cage sous l'effet de la poussée du béton frais.
Les diverses constatations sur chantiers ont montré qu'il présentait plus d'inconvénients que d'avantages ; en effet, le panier empêche le tube plongeur de toucher le fond au moment de l'amorçage et se comporte comme une grille, en favorisant la ségrégation et le délavage du béton frais, en présence d'eau.
Le laboratoire régional de Bordeaux a donc, dans le cadre des recherches sur la ségrégation, décidé d'étudier le phénomène de grille produit par le panier.
2.3.1 Réalisation de l'essai
La cage d'armature est formée de 9 0 8 longitudinaux et de 0 6 enroulés en hélice comme aciers transversaux (diamètre 40 cm, hauteur 2 m).
---------Figure 31 Cages d'armature---------
33
Les aciers longitudinaux sont repliés en forme de panier, tout en ménageant un orifice central, permettant le passage du tube plongeur de diamètre 0 16 (fig. 32).
Figure 32 Schéma du fond de la cage d'armature
La cage d'armature est placée dans un coffrage métallique de 50 cm de diamètre. Cette cage est centrée soigneusement ; de plus, elle est suspendue de manière à se trouver à environ 20 cm du fond de l'éprouvette. Elle est fixée en tête afin de prévenir une éventuelle remontée.
220 litres de béton Pb 9 sont coulés à l'aide du tube plongeur ; celui-ci, haut de 5 m, est placé à environ 20 cm au-dessus du panier d'armature. Cette configuration a été adoptée volontairement, afin de provoquer un effet de grille et de chute libre du béton (fig.33).
Le fait que le tube plongeur se trouve audessus du panier est un défaut fréquent sur les chantiers. La cavité centrale du panier étant calculée trop juste, ou déformée, il arrive fréquemment que le tube plongeur ne puisse pas descendre en fond de forage.
La configuration du dispositif expérimental est représentée sur la figure 34.
2.3.2 Analyse granulométrique
Un carottage est effectué dans la zone centrale et à travers le panier (fig. 35).
Le carottage obtenu a une hauteur de 1 m environ, sur une section de 16 cm. La carotte est divisée en 3 niveaux, qui subissent chacun une décomposition du béton frais par voie humide, puis une analyse granulométrique.
34
-- Figure 33 Dispositif expérimental ---
Armature
Tube plongeur
20
20
200
50
- Figure 34 Schéma du dispositif expérimental-
2.3.3 Commentaires sur les courbes et conclusion
Les résultats de l'analyse granulométrique sont rassemblés sur la figure 36.
La partie inférieure des carottes contient pratiquement la même quantité de fines que le béton témoin. Il n'y a donc pas eu de ségrégation sensible due à la présence du panier.
Des constatations intéressantes pourraient sûrement être obtenues en augmentant la densité du ferraillage et en réalisant le bétonnage sous l'eau et non plus à sec.
-- Figure 35 Prélèvement de l'échantillon--
SABLES -- GRAVILLONS --
Fins Moyens Gros Petits Moyens Gros 100
90 ,
b . / 1 ./' /Î 2
Béton de pieu témoin Pb9 / / .< ~ 3
Echantillon a et b . - - -/ ' #
80
70
; ~ / ·% 60
~ ~ /
-- ~ -----~ '? / ---~ ............ -- -~ - ---
~ e.... ~ 50 UJ .Ë
~ 40 -- - -~ t:::=-............ - - - .... - - - -~ ,.... -- .... - ---- 1-- - -- i....----~ ............ - -. -30 -- -- t:::== - - ......... C- ::::::: --- ::::: i....-----~ ::::::: -- f-- ...... _-_;;; - i....--
20
~ ~ -----:..------:..---i---
10
0
Modules 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44
Tamis 0,08 0,1 0,125 0,16 0,2 0,25 0,315 0,4 0,5 0,63 0,8 1,25 1,6 2 2,5 3,15 4 5 6,3 8 10 12,5 16 20 (mm)
Figure 36 Courbes granulométriques (analyse de la ségrégation)-·
35
Chapitre 3
REPARTITION DES COUCHES DE BETON DANS UN PIEU FORE
3.1 BUT DE L'ESSAI ET MONTAGE EXPERIMENTAL
L'étude de la répartition des couches de béton dans un pieu foré a été programmée, notamment, afin de regarder comment se répartit réellement dans le pieu le premier béton. En effet, il est couramment admis par les gens de chantier que, d'une part, l'effet de chasse provoque, tout en curant le fond du forage, la remontée immédiate du premier béton et que, d'autre part, du fait de la continuité du bétonnage, ce premier béton remonte totalement à la surface du pieu.
En fait, quelques expériences antérieures, effectuées avec un mini béton 0-8, avaient montré que de telles affirmations étaient infirmées par l'expérience et que le premier béton, restant notamment à la périphérie du fût du pieu, prenait "ipso facto" une importance toute particulière dans la résistance du pieu et vraisemblablement dans la protection des armatures.
Afin de se rapprocher le plus possible de cas réels, il a été décidé d'employer des dimensions d'éprouvettes relativement grandes : 0 50 cm et h=4m.
Le bétonnage a été réalisé à sec dans un pieu sans armature, avec un tube plongeur de 16 cm de diamètre, en utilisant à chaque fois un bouchon d'amorçage.
Enfin, dans le but de visualiser l'importance de l'effet de chasse, une quantité de limon a été placée en fond de pieu, juste avant le bétonnage.
3.2 ESSAIS PRELIMINAIRES
3.2.1 Principe
Pour bien séparer les couches, il a été décidé de les colorer avec des teintes différentes.
Etant donné qu'il faut environ 800 litres de béton pour remplir l'éprouvette, 4 gâchées de 220 litres chacune ont été réalisées.
La première gâchée a été colorée en blanc par le remplacement du CP AL 325 du béton de pieu Pb 9 par du CPA 400 blanc ; la deuxième gâchée a été colorée en vert par coloration du CPAL 325, la troisième en noir par ajout de noir de fumée, la quatrième en gris, c'est à dire sans colorant (couleur normale du béton).
Le tube plongeur a été remonté de 50 cm pendant le bétonnage.
3.2.2 Démoulage et constatations
Le pieu a été fendu transversalement en 4 tronçons de 1 m environ (fig. 37 à 39). Sur la section de ces tronçons, on se rend immédiatement compte que le colorant vert n'a pas rempli son rôle. D'autre part, le tube plongeur n'était pas correctement centré. Le limon qui était placé en pointe n'est pas du tout remonté avec le premier béton.
Les 4 tronçons ont été ensuite découpés longitudinalement suivant la génératrice principale (figures 40 et 41).
3.2.5 Conclusion
Les coupes longitudinales sont intéressantes ; elles montrent bien que le premier béton ne remonte pas entièrement jusqu'à la tête du pieu, mais qu'au contraire il se plaque sur les parois. Les couches se mettent les unes sur les autres en pointe comme le montrent les figures 40d et 41d.
Etant donné qu'il est assez difficile de séparer visuellement les bétons n'2 et n'4, il a été décidé de procéder à un nouvel essai, en colorant la deuxième gâchée en marron par ajouts de cendres volantes.
37
3.3 ESSAI N°2
Les 4 gâchées (blanche, marron, noire, grise) sont coulées successivement au tube plongeur, de façon à voir l'incidence de la remontée du tube plongeur sur la disposition des couches, notamment celle du premier béton. Le tube plongeur a été remonté jusqu'à la troisième gâchée de 10 cm à 70 cm (10 - 40 - 70 cm) ; il est placé à 1 m du fond pour la quatrième gâchée.
Démoulage et découpage
Le pieu est démoulé environ 25 heures après fabrication. Il est découpé longitudinalement au marteau piqueur. Une fois la surface nettoyée, le dessin des couches et leur contraste apparaissent nettement, comme on le voit sur la figure 42.
3.4 CONCLUSION
Les deux essais effectués ont permis d'obtenir des résultats intéressants et nouveaux quant à la répartition des couches, d'autant qu'ils s'avèrent très différents de ce qui est admis généralement.
La coupe en pointe (fig. 43) montre que le premier béton ne remonte pas dans sa totalité ; il res-
38
te plaqué dans les angles de la base du pieu et confère à celui-ci une forme en cuvette, par où circule le béton.
Cette situation implique que sa qualité doit être la meilleure possible (principalement, sans ségrégation). Dans la plupart des cas, ce résultat peut être obtenu, en utilisant un béton spécialement conçu pour les pieux et un bouchon d'amorçage.
Par ailleurs, on voit que l'effet de chasse est relativement limité, mais il faut reconnaître que nous avons travaillé avec des hauteurs de chute de béton relativement peu élevées.
Les diverses figures représentant les coupes transversales du fût montrent toujours le premier béton le long de la paroi. Celui-ci reste donc à la périphérie du pieu, les autres couches se superposant sur le premier béton concentriquement entre la paroi du pieu et le tube plongeur.
On voit donc toute l'importance que présente le premier béton, notamment lorsqu'il y a présence de cages d'armatures, puisque c'est lui qui garantit en quelque sorte la pérennité du pieu bétonné.
Figure 37 Vue d'ensemble du pieu On remarque que le limon est resté en pointe
Figure 38 Vue des coupes transversales des quatre tronçons (Vues prises dans le sens de la pointe vers la tête du pieu)
3m
2m
1m
Têt e
Figure 39 a,b,c Coupes transversales du pieu
Poin te
39
40
Figure 40 a,b,c,d Coupes longitudinales du pieu
Tête
a
3,50m
b
2m
c
1m
d
Pointe
Figure 41 a,b,c,d Coupes longitudinales du pieu
a
b
c
d
Tête
Figure 42 Vue d'ensemble de la coupe longitudinale du pieu n'2 L'autre moitié a été fractionnée
pour une étude plus précise
1er béton Figure 43
Coupe de la pointe du pieu
41
Figure 44 Aspect général du pieu
Figure 45 Vue de la pointe du pieu
Figure 46 Vue de la tête du pieu
42
Chapitre 4
ETUDE DU CONTACT BETON-SOL EN POINTE
4.1 INTRODUCTION
Un bon contact béton-sol en pointe est nécessaire pour obtenir une excellente force portante d'un pieu.
Le DTU 13-2 et le fascicule 68 du CCTG "Exécution de travaux de fondations et d'ouvrage, à l'article 38", prescrivent un curage du fond de forage juste avant le bétonnage et après la mise en place des armatures.
Le curage consiste en l'élimination de tous les déblais qui risqueraient de s'interposer entre le béton et le sol.
Le nettoyage après mise en place des armatures est dans la majorité des cas impossible (sauf à l'émulseur, à la pompe ou en circulation inverse, dans le cas des pieux forés sous boue bentonitique), notamment à la soupape et ceci ne serait-ce que par la présence du panier, ce qui suggère du reste l'élimination de ce dernier.
Sur la majorité des chantiers, le curage du fond de trou se résume à espérer que l'effet de chasse du béton sera suffisant pour nettoyer la partie inférieure du forage.
Les essais sur la répartition des couches (chapitre 3, paragraphe 3.3.2) ont montré que le limon, placé au fond de l'éprouvette, ne remontait pas en tête, chassé par le premier béton ; aussi, il a été décidé de réaliser des essais spécifiques sur le contact béton-sol en pointe.
4.2 DISPOSITIF EXPERIMENTAL
Le montage expérimental a été le même que pour l'étude de la répartition des couches.
Le béton est toujours du Pb 9 ; il est coulé en utilisant un bouchon d'amorçage constitué de tournure et de pâte de ciment. 10 cm de limon liquide
sont déposés au fond de l'éprouvette et le bétonnage est réalisé à sec.
4.3 EFFET DE CHASSE AVEC UN FOND DEPIBUPLAT
L'essai consiste à rechercher la hauteur maximale de remontée du limon déposé en fond d'éprouvette.
Le bétonnage a été réalisé de façon excellente, en utilisant un bouchon d'amorçage, et en évitant de remonter trop vite le tube plongeur.
4.3.1 ltésultats
La figure 44 montre la hauteur maximale qu'a atteint le limon ; une inclusion relativement importante s'est produite à 3 m environ. La remontée s'est faite préférentiellement sur un côté.
L'examen de la pointe du pieu nous montre qu'une grande quantité de limon y est restée (fig. 45).
La remontée du limon n'a pas été plus haute que 3 m et on n'en retrouve même pas en tête du pieu (fig. 46).
4.3.2 CONCLUSION
Le premier enseignement que l'on peut tirer de cet essai est que, pour une section de pieu de 50 cm, le phénomène de chasse est inexistant. Le limon restant en fond de pieu a une action néfaste, ainsi que les agglomérats le long du fût. En effet, des inclusions risquent de provoquer des défauts d'enrobage des armatures.
L'effet de chasse étant très réduit avec un fond de pieu plat, les essais ont été repris avec un fond de pieu conique, cete géométrie devant à première vue faciliter la chasse du béton.
43
4.4 EFFET DE CHASSE AVEC UN FOND DE PIEU INCURVE
4.4.1 Réalisation d'un pieu de 0 90 : essai n"l à sec
Pour obtenir un fond de pieu incurvé pratiquement conique, on a réalisé un moule en béton enduit de plâtre peint pour éviter l'adhérence du béton (fig. 4 7).
La première gâchée de béton a été colorée en noir. Un bouchon d'amorçage mixte (pâte pure + tournure) a été utilisé.
Le démoulage a été effectué 48 heures après le coulage (fig. 48).
La première couche de béton n'est remontée ni extérieurement ni intérieurement, comme le montre la figure 49.
Le nettoyage de la pointe fait apparaître une inclusion périphérique avec, par endroit, des excroissances.
4.4.2 Réalisation d'un pieu 0 90 : essai n °2 à sec
Les résultats de l'essai précédent peuvent être mis en cause du fait de l'excentrement du tube plongeur.
Un dispositif de centrage a donc été utilisé (fig. 52).
D'autre part, le limon a été rendu plus visqueux par ajout de boue bentonitique.
A part ces modifications, le pieu a été réalisé dans les mêmes conditions que précédemment, c'est-à-dire un pieu de 90 cm de diamètre sur une hauteur de 2 m, avec un fond incurvé.
Le démoulage fait apparaître des remontées de limon jusqu'à 1,20 m.
La remontée du béton est générale, sur tout le tour du pieu, avec des hauteurs comprises entre 0,80 et 1 m (fig. 53).
On constate qu'il y a du limon sur la tête du pieu (couleur ocre) (fig. 54). Ce limon est apparu lorsque le tube plongeur a été retiré à la fin du bétonnage.
La pointe, après grattage et nettoyage, est
44
dans un état satisfaisant (fig. 55) ; on peut en déduire que seul un minimum de limon s'est fixé en fond de pieu.
Le bouchon d'amorçage est lui aussi remonté avec le béton, comme le montre la figure 56.
48 heures après le bétonnage, le pieu a été coupé en deux (fig. 57).
Comme sur les 6 gâchées coulées, les deux premières ont été colorées en noir et les deux dernières en gris foncé ; on peut donc se rendre compte de la répartition des couches. On s'aperçoit que le premier béton remonte le long du moule et entraîne le limon ; il forme donc une première couche périphérique. Le deuxième béton, quant à lui, remonte à la tête du pieu, chassé par le troisième béton ; cependant, le deuxième béton n'a pas chassé complètement le premier béton.
4.4.3 Réalisation d'un pieu 0 50 : essai à sec
Les essais précédents ont montré que l'effet de chasse avec des pieux de 90 cm de diamètre était limité. Un pieu de diamètre 50 cm a été bétonné, afin de se rendre compte si l'effet de chasse était modifié en fonction du diamètre.
Le fond de pieu incurvé a reçu une couche de limon, formant un amalgame qui se désagrège facilement au fond (fig. 58).
Le bétonnage a été conduit de façon classique, en utilisant un bouchon d'amorçage en limaille + pâte de ciment.
Le démoulage fait apparaître une pointe de pieu, en assez mauvais état (fig. 59). La pointe est constituée d'un agglomérat de limon et de béton.
Sur le fût, on peut suivre une remontée de limon importante, jusqu'à 1 m (fig. 60.a). Il y a même une traînée de limon jusqu'à une hauteur de 2,50 à 3 m (fig. 60.b).
La tête du pieu, par contre, ne présente pas de traces de limon, comme le montre la figure 60.c.
Le nettoyage du pieu montre qu'aucune inclusion importante ne s'est produite (fig. 61) ; la couche de limon est restée en surface sur toute la hauteur du pieu.
Le découpage longitudinal du pieu (fig. 62) fait apparaître une répartition classique en pointe (voir chapitre 3).
Figure 48 Le limon n'est remonté que de 30 cm environ
Figure 50 Vue de la pointe du pieu avant nettoyage
Figure 4 7 Vue du moule qui a été déposé en fond de coffrage métallique
Figure 49 Tête du pieu : absence de limon et de béton noir. On peut remarquer
que le tube plongeur n'était pas suffisamment centré
Figure 51 Vue d'une inclusion On aperçoit~ à droite de la photo,
le boucnon d'amorçage
45
46
Figure 52 Système de centrage du tube plongeur
Figure 53 Vue de la base du pieu
Figure 55 Pointe du pieu après nettoyage
Figure 54 Vue de la t.ête du pieu
Figure 56 Position du bouchon d'amorçage dans le pieu
Figure 57 Vue du pieu coupé en deux
Figure 58 Vue du fond du pieu Figure 59 Pointe du pieu
a
Figure 60 Différentes vues du pieu
c
Figure 61 Pointe du pieu nettoyée On peut remarquer de légères inclusions
Figure 62 Coupe longitudinale du pieu
47
48
Figure 69 Coupe longitudinale
de la barrette
Figure 68 Le premier béton est chassé de part et d'autre du tube plongeur
pour se loger dans la partie inférieure de la barrette
4.5 CONCLUSION
L'ensemble des essais réalisés nous permet donc d'affirmer que l'effet de chasse, sur un fond de pieu plat ou incurvé, est insuffisant pour assurer un nettoyage correct du fond de trou et une remontée totale des sédiments.
En effet, même si la chasse en pointe est réalisée plus ou moins convenablement, grâce à une hauteur de chute importante du béton et à un faible diamètre du pieu, il se produit quand même un dépôt de sédiments, de limons, etc., à la périphérie du fût, ce qui provoque des défauts dans l'enroba-
ge de la cage d'armature, lorsqu'il y en a une. Celle-ci ne remplit donc plus son rôle dans la résistance à la compression du pieu.
Ainsi que l'indique le document sur les règles de l'art, seuls les procédés utilisant un émulseur ou le principe de la circulation inverse permettent d'éliminer efficacement les sédiments déposés au fond, et en suspension dans le forage. Ce nettoyage ne doit être interrompu qu'à l'instant précis du bétonnage, celui-ci étant réalisé avec un tube plongeur parfaitement centré, dans lequel on place un bouchon d'amorçage, constitué de tournure métallique et de pâte de ciment.
49
Chapitre 5
LES BARRETTES
5.1 INTRODUCTION
Les barrettes sont des éléments de parois moulées dans le sol. Elles sont utilisées comme éléments porteurs. Leur largeur varie de 0,60 à 1 m, et leur longueur de 2 à 6 m. Ces éléments peuvent avoir différentes configurations pour s'adapter à la géométrie des ouvrages qu'ils supportent.
Alors que les pieux sont généralement "cylindriques de révolution", les barrettes ont une géométrie à une direction prépondérante ; on a voulu voir si la répartition des couches de béton et l'effet de chasse étaient les mêmes que pour un pieu.
Pour réaliser ces essais, on a construit une barrette expérimentale dont les dimensions sont les suivantes (figure 63) :
- hauteur 1 m, - longueur 1,50 m, - largeur 0,50 m.
Le montage expérimental est le même que pour les pieux (fig. 64).
8 50
100
150
--- Figure 63 Dimensions de la barrette --
--- Figure 64 Dispositif expérimental ---
5.2 ETUDE DE LA REPARTITION DES COUCHES
5.2.1 Essai n'l
La barrette est coulée au tube plongeur avec bouchon d'amorçage constitué de tournure et de pâte de ciment, comme pour les pieux (Bétonnage à sec).
51
Pour différencier les couches, les gâchées ont été colorées de façons différentes :
- 2 gâchées non colorées, soit 400 à 450 litres, - 1 gâchée noire, soit 220 litres, - 2 gâchées non colorées, soit 400 à 450 litres.
Au démoulage, on s'aperçoit que le deuxième béton s'est localisé au centre de la barrette, comme le montre la figure 65.
L'effet de chasse dans une barrette semble être beaucoup moins puissant que dans un pieu. Les angles recellent de grosses quantités de premier béton. Ceci est dû à l'asymétrie de la barrette (les distances au tube plongeur central ne sont pas constantes pour tous les points de la barrette ).
La remontée du béton dans la barrette s'est faite suivant des directions préférentielles. L'examen détaillé de la face latérale nous permet de visualiser les lignes de courant (fig. 66).
La barrette a été ensuite découpée longitudinalement (fig. 67).
Cet essai n' 1 a permis de mettre en évidence la façon générale dont se mettent en place les couches. Cependant, pour affiner les hypothèses, on a procédé à un deuxième essai en essayant de mieux
distinguer les couches, en les colorant plus intensément et en augmentant leur nombre.
5.2.2 Essai n °2
Huit gâchées ont été préparées - 2 en blanc, - 2 en rouge, - 2 en jaune, - 2 en noir.
Au démoulage (fig. 68), on constate que la surface externe est largement formée par du béton blanc. L'effet de chasse du premier béton n'a été réalisé qu'au centre de la barrette.
Le résultat le plus intéressant de l'essai n'2 a été obtenu par le découpage longitudinal de la barrette (fig. 69). On a ainsi confirmation des hypothèses sur la répartition des couches.
Les couches se mettent en place autour du tube plongeur suivant un double mouvement. Elles se poussent les unes après les autres suivant deux directions : en remontant et vers l'extérieur. Ce phénomène s'accentue lorsque la longueur de la barrette croît. C'est pourquoi on préconise un bétonnage avec deux tubes plongeurs pour les grosses barrettes.
------Figure 65 Vue extérieure de la barrette-------
52
Figure 66 Lignes de courant démontrant que les couches de béton ont tendance à se superposer
Figure 67 Les couches se mettent en place en repoussant les couches précédentes vers l'extérieur
Figure 68 et Figure 69 (voir page 48)
53
5.3 L'EFFET DE VAGUE
5.3.1 Principe
L'effet de vague produit l'emprisonnement de poches de boue dans le béton. Cet effet se produirait de façon plus fréquente dans les caissons de grand diamètre ou les barrettes.
L'effet de vague résulte de la combinaison de deux facteurs :
- la descente trop rapide du béton dans le tube plongeur,
- le mouvement ascendant du tube plongeur, qui est trop irrégulier et a une vitesse trop grande.
La rigidification relative du béton coulé est détruite à la périphérie immédiate du tube plongeur dès les premiers mouvements de va-et-vient et, dans la mesure où la hauteur de bétonnage est élevée, il peut se produire une arrivée brutale du béton frais sous la forme d'une "éruption volcanique" emprisonnant le magma situé dans la partie supérieure pour former dès lors un défaut important (fig. 70 et 71).
5.3.2 Manipulation
Un premier essai a consisté à bétonner à sec 4 gâchées de béton, soit 900 litres, ce qui donne une hauteur de 90 cm dans le moule ; le bétonnage est
Béton fluidifié Béton rigidifié
-Figure 70 Schématisation de l'effet de vague-
interrompu pour recouvrir le béton d'environ 10 cm de boue, formée par un mélange de limon et de boue Revert ; le bétonnage est alors repris, mais avec un béton beaucoup plus liquide, ce qui a impliqué des mouvements de va-et-vient du tube plongeur pour en faciliter la descente.
Figure 71 Défaut créé par effet de vague (constatations faites sur chantier après élimination de la boue)
54
Après démoulage, le nettoyage de la barrette n'a fait apparaître aucune inclusion (fig. 72).
Cet essai n'a pas eu le résultat escompté, en partie par le fait que les premières gâchées de béton n'étaient pas assez rigidifiées. Il a donc été décidé de le refaire, avec quelques modifications.
Dans le deuxième cas, le premier béton a été coulé directement à la benne dans le moule ; ainsi, il a été possible de réaliser un béton beaucoup plus dur. Sur ce béton ont été placés 10 à 15 cm de boue, puis quatre gâchées de béton ont été coulées au tube plongeur. Les deux premières étaient colorées en marron, les deux suivantes en rouge.
Après démoulage, le nettoyage montre des inclusions plus importantes que dans l'essai n°l (fig. 73 et 74) ; cependant, tout le limon n'a pas été emprisonné. Le découpage longitudinal a permis d'avoir une coupe passant par les inclusions (fig. 75) ; on remarque qu'il y a eu une amorce de vague.
5.3.3 Conclusion
Cet essai n'a pas eu le résultat souhaité ; certes, il y a eu des inclusions de boue mais celles-ci ont été faibles par rapport à ce qui est remonté en tête. D'autre part, ces inclusions n'ont pas été complètes, le béton ne se refermant pas sur lui-même, emprisonnant la boue, comme cela a été constaté fréquemment sur des chantiers.
Un emprisonnement total de la boue suppose une remontée très rapide du béton le long du tube plongeur. Or, pour que le béton remonte très vite, il faut une colonne de béton, c'est-à-dire un tube plongeur très haut. Le tube plongeur, pour ces essais, n'ayant une hauteur que de 4,50 m, cela a été insuffisant pour donner au béton une vitesse de remontée importante (des hauteurs de 15 m et plus de tube plongeur sont fréquentes sur chan~ tiers). Ces essais devraient donc être repris, avec un tube plongeur beaucoup plus haut.
-----------Figure 72 Essai n°l-----------
55
56
Figure 73 Vue de la barrette après nettoyage Une grande partie de limon est remontée en tête
La boue a formé deux inclusions de chaque côté de la barrette
Figure 74 Détail d'une inclusion Sa profondeur est de l'ordre de 20 à 30 cm
Figure 75 L'inclusion communique avec l'extérieur On a donc seulement une ébauche de l'effet de vague
57
Chapitre 6
DELAVAGE LATERAL
8.1 INTRODUCTION
Le délavage latéral d'un pieu se manifeste par la séparation des éléments fins du béton et en particulier du ciment. Ce phénomène provoque une diminution considérable de la résistance mécanique. La protection du béton contre les arrivées d'eau, en particulier dans les terrains karstiques, se fait en plaçant autour du pieu, avant le bétonnage, "une gaine ou une chemise". Le béton de pieu, par sa formulation particulière, possède par lui-même une certaine résistance au délavage ; cependant, on ne connaît les seuils de vitesse de courant en dessous desquels il n'y a pas de délavage. C'est la raison pour laquelle on gaine systématiquement les pieux, dès qu'il y a des arrivées d'eau. Une échelle des vitesses de courant, produisant ou non un délavage sur les différents types de bétons de qualité fondation, serait intéressante car, alors, on réserverait la coûteuse opération de gainage et chemisage aux cas où la vitesse de courant est trop élevée ou pour les eaux trop agressives chimiquement.
En effet, lors de la réalisation d'un pieu, il est très facile de mesurer la vitesse d'un courant grâce à un micromoulinet et d'analyser chimiquement l'eau.
6.2 CHOIX DU DISPOSITIF ET DETERMINATION DES PARAMETRES (Pression, débit, etc.)
6.2.1 Construction du modèle expérimental
Une boîte expérimentale a été conçue afin de recréer le milieu naturel (fig. 76).
La taille suffisamment grande de la boîte et la conception du collecteur d'alimentation empêchent la formation de filets de courant qui auraient des actions ponctuelles sur le pieu.
C'est le sol perméable qui permet une répartition homogène des filets de courant.
1
1 Collecteur de sortie 1
Gaine PVC
0400 1 Collecteur d'alimenftion
tw1wœ1111 f I!:i~ii@l 1 ~'"
40 J 53 > 53 < )Il c:
Figure 76 Principe de la boîte de délavage
La boîte a été construite en PVC collé. Elle est montrée sur les figures 77 à 79.
6.2.2 Détermination des paramètres physiques
Le schéma du dispositif retenu est représenté sur la figure 80.
La vitesse de l'eau dans la boîte au niveau du pieu étant fixée à 15 cm/s, il nous faut déterminer la hauteur manométrique de la pompe nécessaire.
81 = 80 cm2 soit 80.10-4 m2 (0 10 cm) V 1 = --J 2 gh = 4,43 --./ h
Le débit q vaut donc
q = 81V1 = 4,43 X 80.104 X --./h = 3,54.10·2 --./h
59
______ Figure 77 Intérieur de la boîte de délavage ------
-----Figure 78 Coffrage du pieu ___ _ --Figure 79 La boîte entièrement assemblée __
60
h
51 V1 P1
Boîte Pieu
1 1 1
V2~ 52 1
P2 1
Sortie
--------Figure 80 Schéma du dispositif expérimental--------
V 2 est fixée à 15 cm/s.
La surface 82 étant de 0,60 m2 environ, on peut en déduire le débit nécessaire, qui est égal à :
q = 0,15 x 0,60 = 0,09 m3/s
soit
q= 324 m 3/h.
La loi de conservation des débits nous permet donc de trouver h (en négligeant les pertes de charge):
3,54.10-2 .../h = 0,09 m3/s .../h = 2,54 h = 6,46 m V1 =11 mis
Le débit nécessaire étant très important (il est de 5,4 m3/min), il a été décidé de prendre un débit plus faible, soit 32 m3/h, ce qui donne une vitesse de délavage de 1,5 cm/s soit le dixième de ce qui avait été retenu au départ.
Cependant, la réalisation et le démoulage du pieu n'ont pas donné le résultat souhaité (fig. 81).
6.3 CAUSES DE L'ECHEC ET PERSPECTIVES
L'échec est dû à 2 causes: - d'une part le massif granulaire n'était pas
Figure 81 Aucune trace de délavage ne peut être remarquée sur le pieu
61
suffisamment perméable (une vérification au perméamètre à charge constante a donné une perméabilité de 4 cm/s seulement, alors qu'elle aurait dû être de 50 cm/s au minimum);
- d'autre part, la pompe n'a débité que 900 cm3/s, ce qui donne une vitesse de courant à l'entrée de la boîte de 0,15 cm/s seulement. Cette vitesse, déjà le centième de ce que l'on voulait obtenir au départ, a été encore ralentie par le massif granulaire trop peu perméable.
En conséquence, le principe de la boîte de délavage en PVC doit être abandonné ; en effet, même si des pompes de 324 m3/h pouvaient être disponibles, la résistance du PVC serait trop faible pour encaisser la surpression. La pression d'entrée
étant de 17,3 MPa et la surface du collecteur de 1,60 m2, on arrive à une force sur la paroi de 240 kN. Il est évident que l'on assisterait à un éclatement de la boîte en PVC.
Cette étude devrait néanmoins être poursuivie, afin d'obtenir des valeurs concrètes de vitesses à partir desquelles il se produit un délavage du béton frais.
Pour ce faire, il convient soit de construire une boîte métallique du même style que celle fabriquée en PVC, soit de rechercher un autre dispositif permettant de mieux connaître les vitesses, comme par exemple un canal à l'air libre fonctionnant en circuit fermé.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
LCPC-SETRA (1978) Les pieux forés. Recueil de règles de l'art.
62
Direction des routes et de la circulation routière. Ministère des transports. 195 pages.
Document publié par le LCPC sous le N° 502 201 Impression LCPC
Dépôt légal Août 1991 ISBN 2-7208-2010-5