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http://www.droit-technologie.org Présente : La dématérialisation des procédures de passation de marchés publics Christophe Accardo Etudiant en droit (Maîtrise pour le DEA de droit public des affaires) [email protected] Date de mise en ligne : 17 décembre 2001

Etudiant en droit (Maîtrise pour le DEA de droit public ... · Or, d’un point de vue juridique, ... - J.-G. Grenier, « Dictionnaire d’informatique et d’internet », La Maison

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  • http://www.droit-technologie.org

    Prsente :

    La dmatrialisation des procdures de passation de marchs publics

    Christophe Accardo

    Etudiant en droit (Matrise pour le DEA de droit public des affaires)

    [email protected]

    Date de mise en ligne : 17 dcembre 2001

    mailto:[email protected]

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    UUNNIIVVEERRSSIITTEE DDEE PPAARRIISS XX NNAANNTTEERRRREE UU..FF..RR.. ddeess SScciieenncceess jjuurriiddiiqquueess,, aaddmmiinniissttrraattiivveess eett ppoolliittiiqquueess

    LLAA DDEEMMAATTEERRIIAALLIISSAATTIIOONN DDEESS PPRROOCCEEDDUURREESS DDEE PPAASSSSAATTIIOONN

    DDEE MMAARRCCHHEESS PPUUBBLLIICCSS

    Mmoire pour le D.E.A. de Droit Public des Affaires, prsent par Christophe Accardo.

    Date de soutenance : 13 septembre 2001

    Sous la direction de Monsieur le Professeur Gilles J. GUGLIELMI

    Christophe Accardo. 2001.

    1

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Les opinions exprimes dans ce mmoire sont propres leur

    auteur et nengagent pas lUniversit de Paris X Nanterre .

    Christophe Accardo. 2001.

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  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Remerciements

    Lauteur tient ici remercier les personnes suivantes pour leur contribution et leur prcieuse

    aide :

    Mme Anne Liebmann et MM. Morgan Herv-Ruetsch et Patrice Carlier pour leur

    coopration et leurs explications dans le domaine trs pointu de linformatique et des

    rseaux ;

    M. Matheu et son collaborateur, M. Baumstark, pour les renseignements apports en matire

    conomique et sur le thme particulier des enchres ;

    La personne anonyme qui a gnreusement laiss mon adresse aux ditions PUF, lesquelles

    mayant par la suite envoy une offre dachat des actes de lexcellent colloque organis par

    lEcole doctorale de droit public et de droit fiscal de lUniversit de Paris I sur Linternet et

    le droit, Droit franais, europen et compar de linternet ;

    Tous les chroniqueurs online qui "nourrisent" le dbat de la dmatrialisation de pertinents

    lments de rflexion et plus particulirement M. Baquiast et les membres de lassociation

    Admiroutes (www.admiroutes.asso.fr).

    Christophe Accardo. 2001.

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    http://www.admiroutes.asso.fr/

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Tables des abrviations

    ADSL : Asymetric Digital Suscriber Line

    AFNOR : Association franaise de normalisation

    AO : appel(s) doffre(s)

    ARPANET : Advanced Research Projects Agency Network

    ART : Autorit de Rgulation des Telecommunications

    ATICA : Agence pour les Technologies de lInformation et de la Communication dans

    lAdministration

    BLR : boucle locale radio

    BOAMP : Bulletin officiel des annonces des marchs publics

    CE : Conseil dEtat

    CGCT : code gnral des collectivits territoriales

    CIIBA : comit interministriel pour linformatique et la bureautique dans ladministration

    (supprim en 1995 au profit du COSIFORM)

    CNUDCI : Commission des Nation Unies pour le commerce international

    D. : Recueil Dalloz

    DCE : dossier de consultation des entreprises

    DTD : document-type-dfinition

    EDI : changes de donnes informatises

    EDIFACT : Electronic Data Interchange For Administration, Commerce end Transport

    EDPS : electronic data processing system ou systme de traitement informatique des

    donnes

    EFI : Echange de formulaires informatiss

    F : francs

    FAI : fournisseur daccs internet

    GET : Greenwich Electronic Time

    ISP : Internet Service Provider

    JCP E : La Semaine Juridique dition Entreprise et Affaires

    JO : Journal Officiel

    JOCE : Journal Officiel des Communauts europennes

    L. : loi

    L. fin. rect. : loi de finances rectificative

    Christophe Accardo. 2001.

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  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    LPA : Les Petites Affiches

    LSI : Loi sur la Socit de linformation

    MARS : messageries avec accus de rception et suivi

    MTIC : Mission interministrielle pour laccs public la micro-informatique, linternet et

    au multimdia

    NTP : Network Time Protocol

    OSI : International Organization for Standardization

    PAGSI : programme daction gouvernementale pour lentre de la France dans la socit de

    linformation

    PME : petite(s) et moyenne(s) entreprise(s)

    PSC : prestataire de service de certification

    RAID : Redundant Array of Inexpensive Disks

    Rapp. : rapport(s)

    Req. : requte

    SET : Secure Electronic Transaction

    SQL : Search Query Language

    TA : tribunal administratif

    TDFC : transfert des donnes fiscales et comptables

    TDID : Trade Data Interchange Directory

    TIC : technologies de linformation et de la communication

    UMTS : Universal Mobile Telecommunications System

    UTC : Coordinated Universal Time

    XML : eXtensible Markup Language

    Christophe Accardo. 2001.

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  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Introduction

    Chapitre 1 : La reconnaissance juridique des procdures dmatrialises de passation de marchs publics

    Section prliminaire : la notion de dmatrialisation Section 1 : la naissance dun principe gnral autorisant le recours la dmatrialisation dans le cadre de lachat public

    1 : sources textuelles

    2 : valeur juridique et porte

    3 : champ dapplication et modalits

    Section 2 : Modalits : la dtermination de garanties techniques afin dassurer une scurit juridique aux procdures dmatrialises de passation de marchs publics

    1 : les impratifs scuritaires dans les procdures dmatrialises de passation de

    marchs publics

    2 : des impratifs scuritaires dont la finalit rpond une double logique

    3 : les solutions techniques et juridiques

    Chapitre 2 : Une mise en uvre limite par les incertitudes que la dmatrialisation soulve

    Section 1 : une technique aux aspirations ambitieuses 1 : perspectives avantageuses pour les diffrents acteurs

    2 : perspectives profitables la lgalit des marchs publics

    Section 2 : une technique dont les potentialits demeurent encore incertaines

    1 : les limites de la dmatrialisation des procdures de passation au regard du

    progrs technique

    2 : une efficacit attnue en raison de son champ dapplication

    Section 3 : une technique au cadre juridique prcaire 1 : le lourd problme de la responsabilit des intervenants

    2 : lbauche dune solution par le recours la LSI

    Christophe Accardo. 2001.

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  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    []L'impulsion donne [] ce secteur stratgique [le secteur des technologies de

    l'information] semble exemplaire de ce que peut tre le rle d'un Etat moderne dans une

    conomie de march.[] Un Etat moderne, c'est un Etat qui donne l'exemple.

    L'administration franaise devient lectronique : [ ce titre,] les annonces de marchs publics

    sont disponibles sur le rseau.

    Discours du Premier ministre, M. Lionel Jospin, l'Universit d't de la communication,

    Hourtin, le 26 aot 1999.1

    1 Reproduit intgralement dans le quotidien Libration, en date du 27 aot 1999 et sur le site internet du Premier Ministre : http://www.admifrance.gouv.fr/

    Christophe Accardo. 2001.

    7

    http://www.admifrance.gouv.fr/

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    INTRODUCTION

    Une fois lance lide, voil que dj elle raisonne dans les "conduites" du rseau

    internet

    Alors que lon prte ce mme rseau, limage dun espace virtuel libr de toute

    rglementation ou de frontires, de cadre rglementaire et administratif, dans lequel il ny a

    plus de contrle central, plus de chefs, plus de lois : aucune nation ne pourra se lapproprier,

    aucune administration en assurer la police , selon certains2, voil que le Chef de

    ladministration lui-mme envisage d"importer" ladministration sur internet

    Et plus particulirement encore, cest lensemble des relations avec ses prestataires que le

    Premier Ministre espre convertir la mode internet, en mettant en place une procdure

    dmatrialise de passation de marchs publics.

    Ds lors, le premier rflexe serait de penser que le rseau se voit approprier par lEtat,

    incorporer en son sein, voir mme, devenir sa chose, une chose tatique.

    Pourtant, en remontant un peu dans le temps, lorigine de linternet, on saperoit que celui-

    ci est depuis longtemps, originellement, une invention tatique.

    La dmatrialisation des procdures de passation de marchs publics par le biais dinternet

    illustre lintrt que portent les pouvoirs publics ce mme rseau.

    Au point de se voir consacre par le code des marchs publics, suite une rforme intervenue

    en 2001.

    Nanmoins, les lignes directrices de la mise en uvre dun tel procd, dans le cadre de la

    passation de marchs publics, tant rdiges en des termes gnraux, son encadrement lgal

    et rglementaire demeure donc suspendu, le temps de prendre les textes ncessaires cette

    fin.

    Or, dun point de vue juridique, lintrt de la dmatrialisation des procdures de passation

    est important, voir mme exceptionnel.

    En effet, en voie dlaboration, le rgime juridique dun tel procd reste donc prciser,

    dterminer et, loccasion se prsente ici, dans le cadre du prsent mmoire de DEA.

    2 M. May. Auteur cit par J. Buob, in Le cyberespace : enfer et paradis , Le Monde, 8 mars 1995, p. 12.

    Christophe Accardo. 2001.

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  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Cest donc, dans les dveloppements suivants, que nous allons tenter de cerner les problmes

    juridiques que la dmatrialisation de lachat public soulve, et entreprendre dy apporter

    quelques rponses.

    Au pralable, titre introductif, il nous faut dabord parler de linternet, tant donn son

    implication dans la dmatrialisation des procdures de passation (I).

    Puis, nous prsenterons aussi les procds de dmatrialisation que la technique actuelle offre

    aux procdures de passation, notamment les changes de donnes informatises (II).

    I. Internet Bibliographie :

    - L. Floridi, Internet , traduit de litalien par D. Mnard, Flammarion, Collection Dominos, Paris, 1998, p. 15 35.

    - J.-G. Grenier, Dictionnaire dinformatique et dinternet , La Maison du dictionnaire, Paris, 2000. - E. Larcher, Internet, Historique et utilisation , 3 d., "version html"3, 1998. - A. Mattelart, Histoire de la socit de linformation , La Dcouverte, Collection Repres, mars 2001.

    A/ Origine et dfinition

    1/ origine

    Initialement cr par les militaires amricains, le rseau sest vu ensuite appropri par la

    socit civile.

    En effet, lorigine, le dpartement de la Dfense a mis en place un rseau qui poursuivait un

    double lobjectif : savoir, permettre aux soldats parpills sur le territoire des Etats-Unis de

    communiquer, et mettre en place un rseau de services informatiques afin de survivre

    lhypothse dune bombe nuclaire. Cest le premier rseau informatique : lAdvanced

    Research Projects Agency Network (mentionn plus loin ARPANET ).

    En 1972, ARPANET fut prsent au public lors dune confrence ddie la communication

    entre ordinateurs et une application de courrier lectronique fut mise au point pour la

    premire fois. Cette priode marque lappropriation du rseau par la socit civile car ds

    lors, nombre de chercheurs se concentrrent sur ce nouveau moyen de communication afin

    den laborer le dveloppement. Et trs vite, des amliorations du systme aboutirent un

    rseau organis et "rgul" par des protocoles de communication.

    3 Cf. le site : www.larcher.com/eric/guides/ihu/Hiso.html .

    Christophe Accardo. 2001.

    9

    http://www.larcher.com/eric/guides/ihu/Hiso.html

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Tout dabord, un systme dorganisation fut mis sur pied par le clbre Vinton Cerf, avec un

    mode dadressage de chaque machine connecte au rseau : cest ladresse Internetworking

    protocol (mentionne plus loin IP ), cest--dire un numro unique qui peut

    comprendre plusieurs chiffres auquel correspond un ordinateur.

    Corrlativement, Vinton mis au point un dispositif intelligent et organis de communication

    entre ordinateurs raccords un rseau informatique : le Transmission control protocol

    ( TCP ).

    En 1983, lARPANET fut scind en deux rseaux distincts : lun rserv une utilisation

    militaire, MILNET, lautre tant ddi la recherche (qui hrita de lancienne appellation

    "ARPANET").

    Peu de temps aprs, la NASA dcida de constituer son propre rseau tout en y incorporant les

    protocoles TCP/IP prexistant : cest le NFSNET. Lavantage de ce nouveau rseau fut

    double, tant donn que son dveloppement bnficiait de la manne financire importante de

    crdits allous la NASA, et que sa vitesse de fonctionnement fut multiplie par 1000. Les

    utilisateurs dARPANET intgrrent alors ce nouveau rseau et ARPANET fut dmantel au

    dbut des annes 1990.

    Ces annes marquent le dbut de lre de linternet, tel que nous le connaissons actuellement.

    A ceci prs que ce rseau connu son vritable essor avec le dveloppement de la

    communication personnelle, de la micro-informatique et du multimdia4.

    En effet, internet va connatre un vritable engouement auprs du public, notamment avec

    certaines applications, certains outils, tels que lchange de donnes informatises, comme la

    messagerie lectronique (ou autrement appele "e-mail") ou la conversation sur internet (telle

    que le "chat"), le tlchargement5 de donnes numrises ("downloading") telles que des

    logiciels ou des donnes musicales ou vidos ce qui va lui permettre de prendre son envol

    et de gagner le succs quon lui connat aujourdhui.

    2/ dfinition

    4 Dfinition : terme gnrique auquel correspond un ensemble informatique, comprenant matriel et logiciel, capable dintgrer et de traiter la fois plusieurs mdias tels que du texte, des graphiques, des images, du son, des vidos, de la programmation 5 Dfinition : envoyer des programmes de donnes dun ordinateur un terminal loign.

    Christophe Accardo. 2001.

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  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Il nexiste pas, proprement parler de dfinition unique de linternet, mais plutt un

    ensemble de ralits, de notions, qui en permettent son apprhension.

    On peut considrer ainsi quinternet constitue un rseau, un espace informatis de

    communication, sur lequel transite des donnes numrises, entre ordinateurs connects.

    Internet comprend donc la fois diffrentes ralits ou espaces :

    un espace physique comprenant une infrastructure ;

    un espace numrique ou plate-forme de mmoire ;

    un espace smantique ou cyberespace.

    Dans son acception despace physique, internet est un transporteur dinformations, dont les

    ordinateurs accueillent les donnes et services transmis et se comportent comme des htes6

    de faon interactive avec toutes les autres composantes du rseau, selon des protocoles de

    communication publics. Du fait de ce caractre public, internet constitue un rseau ouvert et

    universel, dont le contrle chappe toute volont dadministration. Mais aussi, en raison de

    cette mme caractristique, en tant que rseau ouvert, les htes nen sont pas moins soumis

    dventuelles menaces dintrusion extrieures et non autorises, comme des virus

    informatiques.

    En tant quespace numrique, internet constitue une plate-forme de mmoire globale, cest--

    dire un espace de mmoire numrique constitu par lensemble des mmoires de chaque hte

    reli au rseau et mis disposition publiquement. Ce qui sous-entend un espace

    potentiellement illimit.

    Concernant la notion de cyberespace, internet constitue un ensemble regroupant une

    multitude de documents et de services, cest--dire un espace fonctionnel et smantique.

    6 Dfinition : un ordinateur hte est un ordinateur reli internet et qui implmente (ou met en uvre) les protocoles de communication ncessaires (de type TCP/IP), qui est rfrenc sur le rseau par une adresse individuelle, qui possde une connexion de communication lui permettant dchanger des paquets dinformations avec dautres ordinateurs connects.

    Christophe Accardo. 2001.

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  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Contrairement linfrastructure, le cyberespace nexiste pas comme ralit physique, mais il

    "subsiste" en tant que ralit virtuelle, en tant que concept, accessoirement7

    linterconnexion universelle des htes sous la forme dun rseau.

    Lavantage dune telle conception est limmdiatet de laccs aux documents situs,

    rfrencs sur ce mme espace (par une adresse URL).

    En apparence trs complexe, cet espace a connu un engouement auprs du public du fait de la

    mise disposition doutils en permettant une utilisation simplifie. Cest ce qui a particip

    son essor.

    B/ lessor dinternet : les autoroutes de linformation et la socit de linformation

    1/ les autoroutes de linformation

    Avec la multiplication des utilisateurs et le dveloppement des modes de numrisation, le

    rseau internet a volu vers une vritable structure requrant ldification dinfrastructures

    pouvant le supporter.

    Cest ainsi que sont nes les autoroutes de linformation, cest--dire des infrastructures

    terrestres fixes, susceptibles de transporter, sur des rseaux larges bandes, une vitesse

    beaucoup plus rapide que le traditionnel rseau tlphonique, des flux plus importants de

    donnes en tout genre telles que des donnes musicales ou vidos8.

    Lobjectif des telles structures est, plus ou moins long terme, doffrir une qualit numrique

    dun bout lautre de la chane de communication, sans dformation et avec une fluidit

    ingale. Cest pourquoi, une telle infrastructure requiert des flux de donnes suprieurs ce

    que le traditionnel support tlphonique permet : dans le premier cas, on mesure ces flux en

    Mgabytes/secondes (mentionns plus loin Mbps )9, au moins, ce qui correspond un

    transport de donnes haut dbit alors que pour le second, la fluidit des transferts nest

    apprciable qu hauteur du Kilobytes/secondes (mentionns plus loin Kbps )

    7 L. Floridi parle dun piphnomne , cest--dire un phnomne secondaire (dans le sens de driv et non pas de moins important) . 8 I. Demmard-Tellier, Le multimdia et le droit , Herms, Collection Memento-Guide Bensoussan, Paris, 1996, 15 112. 9 Dfinition : mesure de la vitesse de transmission dun rseau numrique, en indiquant le nombre doctets ("bytes", en anglais) transfrs par seconde. La vitesse la plus leve se calcule en ttraoctets, soit 1000 milliards doctets. A un niveau infrieur on trouve le gigaoctet, soit 1 milliard doctets ; puis le mgaoctet (1 million doctets) ; puis le kilo-octet ( soit 1000 octets).

    Christophe Accardo. 2001.

    12

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Do la qualification dautoroutes pour les infrastructures accordant un flux valu en Mbps,

    alors que celles permettant un flux en Kbps seraient comparables des routes communales

    2/ la socit de linformation

    Paralllement, le dveloppement de linternet a permis la mise en place dune vritable

    communaut virtuelle10 regroupant des acteurs, les personnes physiques ou morales, et

    permettant des changes de donnes comparables des comportements : cest la socit de

    linformation.

    La socit de linformation est une forme dorganisation qui sappuie sur un rseau de

    communication, tel internet, et qui comprend des informations et des contenus de

    comptences11.

    Lexpansion de cette socit rsulte en dehors du fait que ses acteurs se multiplient, ainsi

    que, corrlativement, les informations du dveloppement des moyens de connexion et de

    transport de linformation par la mise en rseau systmatique de tous les individus et

    organismes sociaux qui participent llaboration de linformation12. Internet constitue ainsi

    un outil de la socit de linformation, dans son acception despace fonctionnel et

    smantique, o foisonne nombre de contenus dinformations, et participent sa subsistance.

    Cependant, cette abondance ne peut faire lobjet dun certain laxisme et de profusion

    dmesure, sous peine de voir le systme se bloquer et ncessite une intervention tatique

    nationale et/ou supranationale. A titre dexemple, sans politique tatique de distribution de

    noms de domaines et sans mdiation juridique des juges, ceux-ci resteraient la proprit de

    certains, au dtriment des dtenteurs lgitimes qui ainsi, ne peuvent protger leur

    dnomination : cela correspond au phnomne du "cybersquatting". Et, le risque dune telle

    10 dfinition : communaut dont les rapports stablissent dans la ralit virtuelle, cest--dire dans une ralit simule travers des moyens numriques. On distingue les ralits pauvres qui mettent disposition de "simples" espaces tridimensionnels du type internet ; et les ralits virtuelles riches o lutilisateur est plong dans un environnement en 3D et 360 degrs, grce un visiocasque. 11 J.-P. Baquiast, Les administrations et les autoroutes de linformation. Vers la cyberadministration : stratgies et pratiques , Les Editions dorganisation, Paris, 1996, p. 16. 12 J.-P. Baquiast, Internet et les administrations : grandes mutations , Berger-Levrault, Collection Gestion publique, 1999.

    Christophe Accardo. 2001.

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  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    pratique est de ne pas permettre la mise en place dun contenu sur internet et donc, long

    terme, de ne pas ractualiser, voir mme, alimenter la socit de linformation13.

    Face au dveloppement de ce nouveau moyen de communication et devant un tel

    engouement de ses administrs, ladministration ne pouvait rester passive et une ncessit

    dadaptation se faisait pressentir.

    C/ larticulation de linternet avec ladministration : naissance de ladministration

    lectronique ou de l e-administration

    Ladministration lectronique est une notion assez facile apprhender.

    En effet, cela sapparente une administration dont le fonctionnement est organis sous une

    forme lectronique, par des moyens de numrisation des donnes publiques et par le biais de

    la dmatrialisation des moyens de communication internes, entre les services eux-mmes, et

    externes, cest--dire avec les administrs.

    Cette notion rsulte de la politique dinformatisation des services administratifs poursuivie

    depuis les annes 70. Dj, les pouvoirs publics ont labor des stratgies dquipement

    informatique, dans un objectif de recherche de productivit interne et damlioration du

    service public. Cela sest illustr notamment avec la mise en place dun Comit

    interministriel pour linformatique et la bureautique dans ladministration (CIIBA) en 1984.

    Apres la suppression de ce comit, pendant lanne 1995, le gouvernement lance un

    programme daction pour la socit de linformation : le PAGSI14.

    Ce programme se rvle tre trs ambitieux et illustre bien la notion dadministration

    lectronique, car il pose comme principe celui de mettre en place un service dinformation

    sur ladministration et sur les procdures et autres dmarches administratives, destination

    du public, consultable sur internet, et interactif. En effet, par lintermdiaire de ce service, les

    administrs peuvent poser des questions concernant une dmarche administrative et celle-ci

    est reroute, renvoye vers le service concern, qui rpond ensuite directement la personne

    concerne sur sa messagerie lectronique15. De mme, les administrations se voient obliger

    13 Exemple de pratique sapparentant du cybersquatting : la dposition du nom ville de Lyon pour un site nayant pas du tout pour objet de prsenter la ville de Lyon. 14 Prparer lentre de la France dans la socit de linformation , Programme daction intergouvernementale, La Documentation franaise, Paris, 1998. 15 Cf. le site www.service-public.fr .

    Christophe Accardo. 2001.

    14

    http://www.service-public.fr/

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    de mettre en ligne les formulaires administratifs, sous une version numrise : titre

    dexemple, dans un domaine qui intresse particulirement la dmatrialisation des marchs

    publics, les formulaires administratifs de candidature des marchs publics sont disponibles

    sur des sites internet de ladministration et tlchargeables par un simple click16.

    Dsormais, ladministration est donc informatise, lectronique : en janvier 2000, 78 % des

    services de lEtat sont relis internet et 80 % des conseils gnraux et des communs de plus

    de 100 000 habitants sont dots dun accs internet17.

    On peut donc ici se rendre compte de la mesure dans laquelle les changes de donnes

    dmatrialises participent aux rapports entre les usagers et ladministration (II).

    II. Les changes de donnes dmatrialises par la voie de linternet Bibliographie :

    - O. Bezaut et D. Goepp, EDI, une nouvelle approche du Systme dInformation , Tenor Conseil, Paris, 1993.

    - J.-P. Baquiast, Internet et les administrations : grandes mutations , Berger-Levrault, Collection Gestion publique, 1999, p. 99 et s.

    A/ La notion dchanges de donnes dmatrialises : les EDI et les tlprocdures

    Les changes de donnes dmatrialises correspondent aux changes de donnes

    numrises, par la voie de linternet.

    Sous cette description, de nombreuses procdures changes sapparentent de tels procds :

    la messagerie lectronique ou transfert de texte, le tlchargement ou transmission de

    programmes, le transport dimages, de vidos, de musique

    Mais, concernant notre propos, on peut regrouper tous ces types d'changes de donnes

    numrises sous deux catgories : les changes de donnes informatises de type EDI et les

    tlprocdures.

    1/ la notion dEDI, dans sa version simplifie

    Sans entrer dans le dtail dtail que nous aborderons plus loin les changes de donnes

    dmatrialises sont connus sous lacronyme EDI, pour changes de donnes informatises,

    en rfrence langlais Electronic Data Interchange .

    16 Cf. les sites : www.minefi.gouv.fr//formulaires/daj_donc.htm et www.cerfa.gouv.fr . 17 Source : Ministre de la fonction publique et de la Rforme de lEtat, Point dtape , 23 octobre 2000.

    Christophe Accardo. 2001.

    15

    http://www.minefi.gouv.fr//formulaires/daj_donc.htmhttp://www.cerfa.gouv.fr/

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Cela correspond une technique dchange lectronique dinformations structures et

    normalises entre partenaires distinct et indpendant, cest--dire un moyen de

    communication entre des personnes diffrentes, sans intervention manuelle.

    La principale fonction de lEDI est donc, on le voit bien, lchange de documents numriss

    sous la forme dun systme structur.

    A ce titre, le systme EDI est mis en place selon des normes tablies.

    Pour la France, cest EDIFRANCE qui en a la charge, sous lgide de lAFNOR : cest le

    systme EDI normalis.

    Lavantage de telles normes est de permettre une communication multilatrale, selon des

    rgles prdfinies et universelles, cest--dire ouvertes tous.

    A ce systme, sajoute celui des tlprocdures.

    2/ la notion de tlprocdures sous sa forme lmentaire

    Par tlprocdure, on entend un mode de communication dmaterialis par lequel les

    administrs peuvent accomplir distance les formalits administratives leur incombant.

    Sous leffet de lexpansion de linformatique au sein des services administratifs, ce systme

    supplante ainsi les traditionnelles procdures sur papier auxquelles avait recours chaque

    administr.

    Le rapport des usagers avec leur administration a donc volu en mme temps que les

    technologies : aux classiques rapports hirarchiss et verticaux, des relations horizontales ont

    vu le jour, cest--dire des changes o lusager de la tlprocdure voit en son

    administration, un simple interlocuteur. On est presque dans une relation de type

    prestataire-client, cest--dire une relation "gagnant-gagnant" lorsque lusager participe en

    ligne llaboration et au traitement de son dossier18 .

    La meilleure illustration dune telle relation se retrouve dans les tldclarations19, tel que le

    paiement de la TVA en ligne20 : le client instruit son dossier en ligne et lagent le contrle

    presque corrlativement.

    18 G. Chatillon, Les tlprocdures administratives du nouvel Etat du XXIe sicle , Lamy, Droit de linformatique et des rseaux, mai 2001, n 136, p. 27. 19 Dcret n 95-309, 20 mars 1995, JO 22 mars 1995. 20 Lois des finances rectificatives pour 1999 et pour 2000.

    Christophe Accardo. 2001.

    16

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    B/ Le parallle avec les changes de donnes dans la passation de marchs publics

    La procdure de passation dun march public est la phase requise par la loi pour attribuer

    un march. Le recours cette procdure est obligatoire ou facultatif, selon les cas.

    Il nen reste pas moins que cela constitue une technique de choix du cocontractant qui permet

    de slectionner les offres des concurrents et de choisir le candidat le mieux-disant .

    En effet, la procdure de passation suppose diffrentes phases dans lesquelles des donnes

    sont changes entre les diffrents intervenants.

    1/ les changes de donnes concourant la publicit du march

    Un march public est port la connaissance du public par voie de publicit, dans un avis

    dappel public concurrence21.

    La personne publique fait ainsi connatre sa volont de contracter, pour un march dtermin,

    ainsi que ses besoins, par voie de publication.

    De mme, elle met en place un systme de communication des documents ncessaires la

    consultation des conditions et autres critres requis pour lattribution et lexcution du

    march, sous la forme du dossier de consultation des entreprises22 (mentionn plus loin

    DCE ). Ce dossier comprend un rglement de consultation et les pices destines au

    march.

    Ces documents sont ncessaires aux candidats afin quils disposent dune vue prcise du

    march excuter et de la porte de leurs obligations. A cette fin, ils peuvent demander des

    renseignements complmentaires la personne publique.

    Il sagit donc bien dun change de donnes dont lobjectif est de rendre public le march

    devant tre excut, de le porter la connaissance de tous.

    Or, ces changes peuvent tre passs par une forme dmatrialise, grce linformatisation

    ou numrisation des donnes traditionnelles de publicit, concourant au mme objectif, par la

    voie des EDI.

    21 Article 58 du nouveau code des marchs publics (ex-articles 94 et 296). 22 Article 41, nouveau code des marchs publics (ex-articles 43 bis et 253 bis).

    Christophe Accardo. 2001.

    17

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    2/ les changes de donnes participant la formation de loffre et la

    conclusion du march

    Une fois lensemble des obligations dcoulant du projet de march public connues, les

    candidats formulent leur offre, cest--dire leur proposition dexcution du march, ainsi que

    les documents administratifs demands par la personne publique.

    Cette offre prend la forme dun ensemble de documents prcis dans lesquels les candidats

    formalisent leur engagement juridique dexcution du march soumis par la personne

    publique. Rien nempche, a priori, ce niveau de transmettre les offres par une voie

    dmatrialise.

    Une fois cette offre reue, la personne publique va slectionner la plus intressante selon des

    critres objectifs23. Ds lors, le candidat choisi peut se voir demander des prcisions

    complmentaires, dans le cadre dune mise au point des conditions du march24.

    Cette mise au point peut, elle aussi, prendre une forme dmatrialise.

    Enfin, le candidat choisi se voit notifier sa slection : cette notification peut, elle aussi, tre

    dmatrialise.

    C/ Lapplication des EDI la passation de marchs publics

    Les EDI trouvent donc un large champ dapplication dans les procdures de passation de

    marchs publics, aussi bien au niveau de la formation du march, que dans celui de sa

    conclusion. Et rien ne parat sy opposer.

    A ce titre, la technique de la dmatrialisation est donc bien applicable aux procdures de

    passation de marchs publics. Techniquement en tout cas.

    Dun point de vue juridique, il ny a pas de barrires : le nouveau code des marchs publics

    consacre lapplication de la dmatrialisation des procdures de passation de marchs

    publics.

    1/ conscration de la dmatrialisation dans la procdure de passation

    23 Articles 52 et s, nouveau code des marchs publics (ex-articles 95 et 297). 24 Articles 35, 60, et 76, nouveau code des marchs publics (ex-articles 95 ter, 97 quater, 298 et 300 bis).

    Christophe Accardo. 2001.

    18

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Suite la rforme du code des marchs publics opre par le dcret du 7 mars 200125, sa

    nouvelle rdaction admet lapplication de la dmatrialisation aux procdures de passation de

    marchs publics.

    En effet, larticle 56 du nouveau code des marchs publics26 admet que les changes

    dinformations prcdant la conclusion du march soient faits sous une forme dmatrialise,

    ainsi que les documents se rapportant au DCE, les offres des candidats et les offres

    dmatrialises mises dans le cadre denchres lectroniques : Les changes dinformations intervenant en application du prsent code peuvent faire lobjet dune transmission par voie lectronique. 1 Le rglement de la consultation, la lettre de consultation, le cahier des charges, les documents et les renseignements complmentaires peuvent tre mis disposition des entreprises par voie lectronique dans des conditions fixes par dcret. [] 2 Sauf disposition contraire prvue dans lavis de publicit, les candidatures et les offres peuvent galement tre communiques la personne publique par voie lectronique, dans des conditions fixes par dcret. [] 3 Un dcret prcisera les conditions dans lesquelles des enchres lectroniques pourront tre organises pour lachat de fournitures courantes. 4 Les dispositions du prsent code qui font rfrence des crits ne font pas obstacle au remplacement de ceux-ci par un support ou un change lectronique.

    2/ annonce du plan

    Donc, comme on vient de le voir, la dmatrialisation des changes de donnes peut

    largement trouver sappliquer aux changes de donnes spcifiques aux procdures de

    passation de marchs publics.

    Et elle sest mme vue consacre par le code des marchs publics.

    A ce titre, par cette conscration, le code opre une reconnaissance juridique de lapplication

    de la technique de la dmatrialisation, aux procdures de passation de marchs publics

    (Chapitre I).

    Nanmoins, certaines incertitudes demeurent, notamment quant la mise en uvre dune

    telle technique, dans le cadre de la procdure de passation (Chapitre II).

    25 Dcret n 2001-210, JO n 57, 8 mars 2001, p. 37003. 26 A des fins de simplification, on appliquera la dnomination code des marchs publics au code rform par le dcret du 7 mars 2001 et ex-code des marchs publics lancien code.

    Christophe Accardo. 2001.

    19

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Chapitre 1 : La reconnaissance juridique des procdures dmatrialises de passation de marchs publics

    Suite la rforme du code, les marchs publics se sont inscrits dans un cadre moderne et

    dfinitivement tourn vers les nouvelles technologies.

    En effet, sous une section spcifiquement destine la dmatrialisation des procdures de

    passation de marchs publics, la lettre de la loi consacre explicitement le recours une telle

    technique et procde une reconnaissance juridique de lapplication des nouvelles

    technologies de linformation (NTIC) aux marchs publics27.

    Nanmoins, le texte ne fournit pas de dtails et nexplique pas pour autant lobjet de la

    dmatrialisation, alors que la notion demande quelques prcisions (section prliminaire).

    De mme, le code soumet des dcrets ultrieurs les conditions dans lesquelles cette

    dmatrialisation des procdures de passation doit tre mise en uvre, alors que les modalits

    dun tel processus sont facilement identifiables (section 2).

    Il nen reste pas moins que ce texte a le mrite de reconnatre lexistence dun principe

    gnral autorisant le recours la dmatrialisation, dans le cadre des procdures de passation

    (section 1).

    27 Section 8 : Dmatrialisation des procdures .

    Christophe Accardo. 2001.

    20

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Section prliminaire : la notion de dmatrialisation

    Avant dexaminer comment la dmatrialisation des procdures de passation peut tre

    organise, il convient tout dabord de sarrter un instant sur la dmatrialisation elle-mme

    et den dfinir les contours et les procds auxquels elle fait appel, pour mieux en apprcier

    les possibilits.

    A/ approche dune dfinition Bibliographie :

    - E. Baumgartner, Dictionnaire tymologique et historique de la langue franaise , Livre de poche, collection Guides de la langue franaise , Paris, 1996, p. 483.

    - M. Ginguay, Dictionnaire dinformatique , Masson, 5e dition, Paris, 1998. - J. Picoche, Dictionnaire tymologique du franais , Dictionnaire Le Robert, collection Les usuels,

    Paris, 1992. p. 140. - V. Illingworth, Dictionnaire informatique . Hermann, Editeurs des sciences et des arts, Lavoisier,

    Paris, 1991.

    Dfinir la dmatrialisation nest pas chose aise pour un juriste et demande plus de recourir

    aux connaissances dun informaticien.

    Nanmoins, le droit ncessitant dtablir des cadres prcis et bien dfinis, il est donc

    impratif de cerner les contours dune notion, afin den tablir le rgime juridique qui la

    gouverne.

    Or, en examinant et en dmultipliant les tapes de la dmatrialisation, on parvient dgager

    certains critres, lesquels permettent de mieux cerner la notion :

    la dmatrialisation est une technique qui a recours des supports immatriels ;

    elle nest rendue possible qu partir dun systme informatis et lectronique.

    1/ dfinition par la particularit immatrielle de la notion : une technique qui

    sappuie sur un support immatriel

    La premire caractristique de la dmatrialisation ressort du mot lui-mme :

    dmatrialisation .

    Au regard de ltymologie du mot, rien nindique ce que cela signifie ; mais en scindant le

    terme, celle-ci devient dterminable : d- matrialisation .

    D- est un prfixe dorigine latine et qui correspond au dis- latin.

    Christophe Accardo. 2001.

    21

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    La finalit essentielle de ce prfixe est de marquer la sparation entre deux entits, entre deux

    extrmes ; la direction en sens oppos de deux termes, le contraire ou la ngation du suffixe

    qui le suit : par exemple, dsordre28.

    Appliqu la dmatrialisation, cela signifie donc que le prfixe d- marque une

    opposition au terme matrialisation qui le suit, et induit un concept non matriel,

    immatriel.

    Au XIXe sicle, le terme immatriel tait emprunt au latin ecclsiastique,

    immaterialis pour dcrire ce qui ne semble pas de nature matrielle29 .

    La dmatrialisation est donc une notion dont le critre essentiel est dtre immatriel alors

    que les procdures de passation sont soumises un formalisme lourd et donc, ce sont des

    procdures dont la matrialit constitue une condition de forme ! et dont linterprtation

    suppose un abandon du support matriel, auquel les socits modernes recourent depuis

    linvention du papier et de limprimerie, au profit dun support immatriel.

    A cet gard, le meilleur exemple de la dmatrialisation est la transmission radiophonique de

    donnes, dun poste un autre, la transmission vocale par le biais du tlphone ou lmission

    dimages par la voie des ondes hertziennes ou du satellite.

    Cependant, appliqus la procdure de passation de marchs publics, cela semble

    difficilement concevable

    A ceci prs que, au regard des techniques actuelles et des nouvelles technologies, internet

    permet une telle dmatrialisation, par le biais de linformatique et du procd de la

    numrisation, partir dun terminal principal, lordinateur, en direction dun autre.

    2/ dfinition selon le critre lectronique de la dmatrialisation : une

    dmarche qui a recours des procds lectronique et informatique

    La dmatrialisation requiert, pour sa mise en uvre, de recourir des procds lectronique

    et informatique.

    Linformatique se dfinie comme un ensemble de techniques applicables au traitement de

    linformation, utilisant notamment des moyens automatiques, tels que des ordinateurs.

    28 J. Picoche, Dictionnaire tymologique du franais , Dictionnaire Le Robert, collection Les usuels, Paris, 1992. p. 140. 29 E. Baumgartner, Dictionnaire tymologique et historique de la langue franaise , Livre de poche, collection Guides de la langue franaise , Paris, 1996, p. 483.

    Christophe Accardo. 2001.

    22

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    La ncessit de recourir des procds lectronique et informatique se fait surtout ressentir

    ds lors que lon apprhende de tels moyens en tant quoutils : un systme informatis permet

    la procd de dmatrialisation lui-mme. Ce nest que par son intermdiaire que cela est

    rendu possible.

    B/ procds : numrisation des supports et informatisation des changes de

    donnes Bibliographie :

    - M. Vivant[sous la direction de], Droit de linformatique et des rseaux , Lamy, Paris, d. 2001, 2893 et s.

    - O. Bezaut et D. Goepp, EDI, une nouvelle approche du Systme dInformation , Tenor Conseil, Paris, 1993, p. 1 15, 45 104.

    - Ph. Schnbele et F. Beauvais, Rforme de lEtat et tlprocdures , AJDA, 2001, n 7-8, Dossier, p. 608 633.

    1/ numrisation des supports

    La numrisation est un procd par lequel on transforme une donne en un nombre binaire ou

    en une suite de ces nombres, de faon le traiter ou le consigner dans un ordinateur.

    Le procd de la numrisation tend convertir des donnes matrielles, sous la forme de

    nombres du type 1 ou 0. On retrouve aussi une telle conversion sous la forme dune suite de

    chiffres telle que 1, 0, 0, 1, 1, 1, 0 .

    Lavantage dune telle conversion est de permettre un traitement informatique des donnes et

    un archivage peu volumineux.

    Cela sillustre parfaitement avec la numrisation des donnes consignes sur un support

    papier : en effet, en transformant les donnes crites sur du papier et consignes dans

    plusieurs ouvrages constituant une collection, par exemple une encyclopdie, celles-ci vont

    tre archives sur un seul et mme support, au lieu dtre compils sous la forme de tomes.

    En ltat actuel de la technique, il existe deux catgories darchivage de donnes numriques,

    qui varient selon le support utilis :

    celle qui est faite sur un support optique ;

    celle employant un support magntique.

    La premire catgorie se rapporte larchivage sur un support optique.

    On entend par-l un support circulaire sur la surface duquel la donne est stocke et dont la

    lecture nest rendue possible que par intermdiaire dune lentille optique dans laquelle un

    faisceau passe pour venir frapper la surface du support.

    Christophe Accardo. 2001.

    23

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Cest ce systme que lon retrouve sur le CD-ROM, les DVD-ROM, les mini-discs

    La capacit de stockage sur ce type de support varie entre 650 Mo et 5 Go.

    La seconde catgorie de supports numriques darchivage est le support magntique.

    Cela correspond un stockage de la donne sur une bande magntique, telle quune

    disquette, une cassette ou un DAT.

    La capacit de stockage varie ici entre 1,4 Mo et 100 Go.

    La diffrence entre ces deux types de supports consiste en la frquence de leur utilisation.

    En effet, si lon souhaite accder rapidement une donne ou trs frquemment, on choisira

    de la conserver sur un support circulaire : lavantage rsidera dans la mthode de recherche

    de linformation, car celle-ci sera rapide, car squentielle.

    Alors que pour les donnes archives sur un support magntique, la recherche sera linaire et

    demandera donc que toute la bande soit droule pour parvenir linformation. Ce qui peut

    prendre du temps

    Nanmoins, lemploi des deux catgories darchivage peut tre cumul de faon

    complmentaire dans lhypothse o les donnes archives sont ventiles selon, par exemple,

    la frquence de leur utilisation.

    2/ informatisation des changes de donnes : EDI et tlprocdures

    Les EDI et les tlprocdures correspondent des transmissions de donnes numriques.

    On entend par-l, la transmission de donnes qui utilisent des signaux discrets et discontinus

    pour reprsenter leurs significations, de types 1 ou 0. Ce mode de transmission a lavantage

    de comprendre un taux derreur trs faible et pouvant tre transmis des trs grandes

    vitesses.

    a) lEDI

    LEDI se dfinie comme un ensemble de normes permettant un change structur de

    donnes, quelles quelles soient, entre des applications, dun ordinateur un autre et qui

    implique des logiciels et des formats uniformiss et structurs de formulaires.

    Une telle technologie a lavantage dacclrer et de rduire les cots des procds

    administratifs, en permettant la transmission de donnes archives sous un format

    Christophe Accardo. 2001.

    24

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    informatique et correspondant aux documents papier dont on se sert, dans le cadre

    dchanges "classiques". La finalit dun tel systme est donc lchange rapide de donnes.

    Cependant, pour tre pleinement performant, un tel systme requiert deux conditions :

    tre universel ;

    tre ouvert [ tous].

    La ncessit de rendre le systme des EDI universel est primordiale car, luniversalit permet

    aux diffrentes applications informatiques des communicants de schanger des donnes

    selon les mmes protocoles, selon le mme langage.

    Or, une telle universalit est possible par ltablissement de normes dchanges, dfinies au

    pralable par des instances nationales ou supranationales de normalisation.

    Cependant, cette normalisation nest pas seulement technique, elle est aussi juridique.

    Dun point de vue technique, la normalisation permet aux diffrentes interfaces des

    correspondants de communiquer entre elles. A ce titre, des organismes de normalisation ont

    labor des rgles spcifiques aux EDI :

    au niveau national, il sagit de EDIFRANCE, sous la direction de lAFNOR ;

    au niveau communautaire, du Comit Europen de Normalisation (CEN) et de

    lEDIFACT-BOARD ;

    et au niveau international, de lInternational Organization for Standardization (OSI),

    sous lgide des Nations Unies.

    Les normes tablies par ces instances rgulent donc les changes informatiss, et plus

    particulirement les normes de transmission de messages, sous la norme internationale OSI

    (Open System Interconnection).

    Mais, un systme normatif changes de documents numriss a aussi t prvu par les

    instances de normalisation, sous lappellation EDIFACT.

    Juridiquement, la normalisation passe par ltablissement de rgles communes.

    Au niveau communautaire, cela se traduit par le programme TEDIS30 et hauteur

    internationale, par les rgles UNCID labores par la Chambre de Commerce Internationale.

    30 Dcision Conseil, 87/499/CEE.

    Christophe Accardo. 2001.

    25

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    La condition de louverture du systme de communication par voie dEDI quant elle, rend

    ce systme accessible tous, sans contrainte, si ce nest davoir adopt au pralable le

    procd et les normes le rgissant.

    Car, ladoption de la norme confre un avantage juridique important : elle accorde le bnfice

    dune prsomption de conformit en matire de scurit, tant donn quelle reprsente les

    usages et les rgles de lart dans les domaines qui la concernent.

    La meilleure illustration de lEDI est la messagerie lectronique.

    Cela consiste en des messages envoys entre des utilisateurs de systmes informatiques

    permettant de contenir et de transporter lesdits messages. Transpos aux procdures

    dmatrialises de passation, un tel procde est prometteur car il permet les changes

    dinformations, voir mme, comme on le verra plus loin, les offres des candidats, non plus

    par voie postale, mais par lintermdiaire des tlcommunications.

    b) les tlprocdures

    On appelle tlprocdure, un moyen informatique permettant daccomplir, partir dun point

    fixe (chez soi, par exemple), les formalits pralables lexercice dune activit dtermine.

    Au niveau des relations de ladministration avec ses usagers, cela se traduit par change

    dmatrialis de formalits entre les autorits publiques et leurs partenaires et usagers31 .

    Lavantage dun tel systme est la rapidit et les conomies que cela procure.

    Au niveau des procdures administratives, un tel procd a t insuffl par la circulaire du

    Premier Ministre relative aux schmas directeurs ministriels des systmes dinformation et

    de tlcommunication32.

    De mme, le Premier ministre a pris une circulaire sur les formats numriques devant tre

    utiliss dans le cadre de ces procdures33.

    En 1998, limportance de lutilisation des technologies de linformation (mentionnes plus

    loin TIC ) au sein de ladministration, est raffirme par une circulaire ministrielle34.

    Avec le programme daction gouvernementale pour lentre de la France dans la socit de

    linformation (PAGSI), les tlprocdures sont explicitement visses par un texte35. 31 www.internet.gouv.fr . 32 Circulaire du 16 septembre 1996. 33 Circulaire Premier Ministre, 16 janvier 1997, relative lemploi de la norme EDIFACT-ONU par les administrations , JO n 31, 6 fvrier 1997, p. 1999.

    Christophe Accardo. 2001.

    26

    http://www.internet.gouv.fr/

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Une illustration des tlprocdures est actuellement en vigueur.

    Il sagit en effet de la tldclaration, de tlpaiement, en matire fiscale.

    Ce systme a t mis en place par le Ministre de lEconomie et des finances rcemment.

    Il repose sur un mcanisme permettant aux entreprises de transmettre, par voie

    dmatrialise, les dclarations fiscales et comptables destines ladministration.

    Initialement, ce systme est n avec la tltransmission de factures, consacre ds 199036.

    Il a volu par la suite vers un systme plus complet de transfert des donnes fiscales et

    comptables (TDFC)37.

    Depuis le 1er janvier 2001, la tldclarations ou dmatrialisation et transmission

    dmatrialise est obligatoire pour les entreprises ralisant plus de 100 millions de francs

    de chiffre daffaire lors de leur prcdent exercice38. Lirrespect dune telle obligation est

    sanctionn par la majoration de 0,2 % du montant des droits correspondant la dclaration

    dpose suivant un autre procd39.

    34 Circulaire Premier Ministre, 3 juin 1998, relative la prparation des programmes pluriannuels de modernisations des administrations . 35 PAGSI, 16 janvier 1998 : dmatrialiser les procdures administratives et dvelopper les tlprocdures . 36 L. fin. rect. n 90-1169, JO 30 dcembre 1990, p. 16423. 37 L. Madelin , 11 fvrier 1994 et les dcrets et arrts du 20 mars 1995, n 95-309 (JO 22 mars). 38 L. fin. rect., n 99-1173, 30 dcembre 1999 ; JO 31 dcembre 1999. 39 Pour une vue complte du rgime juridique de la tldclaration en matire fiscale et comptable, cf. L. Costes, Tldclaration, tlpaiement, dclarations fiscales et Internet , Lamy Droit de linformatique et des rseaux, bulletin dactualit, n 137, juin 2001, p. 2 et 3. Cf. aussi P.-A. Anjure et C. Ctorza, Tltransmission et tlpaiement ou comment faire simple , Les Nouvelles fiscales, 15 mars 2001, n 844, p. 29 33.

    Christophe Accardo. 2001.

    27

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Section 1 : la naissance dun principe gnral autorisant le recours la dmatrialisation dans le cadre de lachat public

    En admettant de recourir la dmatrialisation dans le cadre de la passation de marchs

    publics, le code a reconnu un principe gnral de passation dmatrialise.

    Ce principe trouve donc sa source principale dans la lettre mme du code des marchs

    publics. Mais, il nen reste pas moins que certains textes peuvent aussi tre inclus dans le

    champ de la passation dmatrialise.

    Ce sont donc ces sources textuelles quil faut donc dterminer ( 1), avant de voir la valeur

    juridique et la porte de ce principe ( 2).

    1 : sources textuelles

    Les textes rgissant la dmatrialisation des procdures de passation sont ceux qui la

    prvoient explicitement : cela reprsente donc lensemble des textes spcifiques aux

    procdures dmatrialises de passation (A).

    Nanmoins, certaines rglementations relatives dautres matires que la passation

    dmatrialise de marchs publics, peuvent aussi venir rgir ces mmes contrats (B).

    A/ les sources principales : textes spcifiques aux procdures dmatrialises de

    passation de marchs publics Bibliographie :

    - L. Rapp et Ph. Terneyre [sous la direction de], Droit public des affaires , Lamy, Paris, d. 2001, 1987 et s.

    - L. Richer, Droit des contrats administratifs , LGDJ, 2e d., Paris, 1999, 482 et s. - Ministre de lEconomie et des finances, La rforme du code des marchs publics , La Revue de

    lachat public, 2001, n 1, dossier spcial, p. 1 63. - F. Olivier, Le nouveau droit des marchs publics , DA, juillet 2001, n 7, Chroniques, p. 4 10.

    Les textes relatifs aux procdures dmatrialises sont ceux que lon retrouve dans le droit

    interne franais (1), comme dans la rglementation communautaire (2).

    Christophe Accardo. 2001.

    28

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    1/ au plan national

    La dmatrialisation des donnes dans le cadre de lachat public est depuis longtemps dj

    prvue, ltat de projet, certes, par un ensemble de textes rglementaires, qui ont abouti

    larticle 56 du nouveau code des marchs publics40.

    Initialement, le principe de la transmission lectronique de donnes entre ladministration et

    les entreprises tait prvu ds 1997 dans un projet de la Commission Centrale des Marchs,

    dans loptique dune simplification des formalits imposes aux entreprises, notamment en

    matire administrative, social, comptable ou fiscale41

    Par la suite, le projet de loi, dit Galland , reprenait ce principe et renvoyait un dcret

    ultrieur pour ce qui est de la dmatrialisation des procdures de passation et plus

    particulirement, une procdure dmatrialise de recueil des candidatures et des offres .

    Ces textes nayant pas abouti, le Ministre de lEconomie et des Finances publia, en 1999, un

    document dorientation portant sur la reforme du code des marchs publics, et qui se fixait

    pour objectif, entre autres, demployer les nouvelles technologies de linformation toutes

    les phases de la procdure de lachat public : appel public la concurrence, recueil et

    dpouillement des offres, conclusion et excution du marchun texte prometteur, en

    quelques sortes ! Cependant, ce texte nen est rest quau stade du projet

    Avec la rforme du code des marchs publics, opre par le dcret du 7 mars 200142, la

    dmatrialisation se voit consacre par larticle 56 et tourne dfinitivement les marchs

    publics vers une re lectronique : Les changes dinformations intervenant en application du prsent code peuvent faire lobjet dune transmission par voie lectronique.

    2/ au niveau communautaire

    Un projet de lgislation en cours dlaboration par les institutions communautaires intresse

    particulirement la dmatrialisation des procdures de passation.

    40 Cf. F. Olivier, in Le Moniteur, 15 dcembre 2000, p. 21, Quels sont les enjeux de la dmatrialisation des achats publics et plus particulirement, le paragraphe traitant de la Gense de la dmatrialisation . 41 Loi n 94-126 du 11 fvrier 1994. 42 Dcret n 2001-210, portant Code des marchs publics ; JO n 57, 8 mars 2001, p. 37003.

    Christophe Accardo. 2001.

    29

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    En effet, le Parlement europen et le Conseil ont prpar une proposition de directive portant

    sur la coordination des procdures de passation des marchs publics de fournitures, de

    services et de travaux .

    Cet avant-projet fait actuellement lobjet de propositions mises par la Commission43.

    Il nen reste pas moins que, le texte prvoit explicitement de recourir la dmatrialisation

    dans le cadre des procdures de passation, dans un double objectif de transparence et de

    rduction des dlais de passation.

    B/ les sources connexes : textes pouvant sappliquer aux procdures

    dmatrialises de passation de marchs publics

    1/ les textes extrieurs au code des marchs publics et rgissant ce type de

    contrats

    Diffrents textes ntaient pas codifis dans le code des marchs publics alors quils sont

    applicables au rgime juridique de ces contrats ; mais avec la rforme du code des marchs

    publics, certains dentre eux sont dsormais prvus par le code44.

    Cest pourquoi, la question est de savoir comment vont sarticuler ces textes avec la

    procdure dmatrialise de passation ?

    _ la loi rgissant la sous-traitance45

    La loi oblige le titulaire dun march public souhaitant sous-traiter lexcution de certaines

    parties de son march, la condition que chaque sous-traitant soit accept par les collectivits

    contractantes, matres de louvrage. Ce principe est dordre public et donc, toute clause,

    arrangement ou stipulation autre ne peut y faire chec46.

    Or, cette acceptation ne peut tre donne quen faisant suite une demande formule auprs

    de la personne publique.

    43 Projet visualisable sous la rfrence Document 500PC0275 , sur le site : http://europa.eu.int/eur-lex/fr/com/dat/2000/fr_500PC0275.html . 44 Lentre en vigueur du nouveau code des marchs publics tant prvue pour le 10 septembre 2001, lexception de son article 27 sur la computation des seuils, lequel entrera en vigueur le 1er janvier 2002, on indiquera les nouveaux articles correspondants aux textes indiqus, par des notes de bas de pages. 45 Articles 112 117 du nouveau code des marchs publics. 46 Loi du 31 dcembre 1975, article 3.

    Christophe Accardo. 2001.

    30

    http://europa.eu.int/eur-lex/fr/com/dat/2000/fr_500PC0275.html

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Linitiative appartient normalement au titulaire du march, lentrepreneur principal47 : il est

    seul pouvoir dcider de recourir la sous-traitance et pouvoir dterminer la nature des

    prestations pour lesquelles lintervention dun sous-traitant lui apparat opportune. Un dfaut

    de demande dacceptation est de nature constituer une faute de lentrepreneur et entraner

    sa responsabilit.48

    Le sous-trait lui-mme nest pas habilit prsenter directement une demande dacceptation

    au matre de louvrage, afin de pallier la ngligence ou la mauvaise volont de lentrepreneur

    principal, car cela irait lencontre du contrat existant entre lentrepreneur principal et le

    matre de louvrage, contrat dont lexcution serait directement affecte par lintervention

    dun tiers, notamment dans ses aspects financiers. Toutefois, le sous-traitant peut sassurer

    que la demande dacceptation (et dagrment des conditions de paiement), a bien t faite

    auprs du matre de louvrage en temps utile ; sinon sa ngligence lui serait ventuellement

    impute ds lors quil tenterait dobtenir la mise en jeu de la responsabilit quasi dlictuelle

    du matre de louvrage pour mconnaissance des dispositions de la loi ou du code des

    marchs.

    La demande est prsente en principe avant la conclusion du march.

    Si elle est prsente aprs, elle ne sera pas recevable. Au surplus, un tel comportement rvle

    une sous-traitance occulte. Sauf si la demande est formule par voie davenants, alors que le

    contrat est en cours dexcution.

    De plus, la demande doit revtir une forme crite et contenir les indications prescrites par les

    textes, notamment le montant des prestations devant tre sous-traites49.

    Cette demande peut-elle alors tre formule sous une forme dmatrialise ?

    Une rponse positive signifierait que la forme dmatrialise se voit confrer la mme force

    juridique que lcrit.

    Cependant, la forme crite de la demande tant requise par la loi rglementant la sous-

    traitance, mais sans aucune prcision quant la notion dcrit celle-ci sidentifiant

    logiquement, moment de llaboration de ce mme texte lcrit papier cela constitue

    donc une exigence imprative laquelle on ne peut subroger, mme par le recours une

    forme dmatrialise de lcrit.

    47 CE, 1986, Office dpartemental dHLM du Pas-de-Calais c/ St Franki. 48 CE, 7 novembre 1980, SA Schmid-Valenciennes. 49 CE, 17 mars 1982, St prigourdine dtanchit et de constructions.

    Christophe Accardo. 2001.

    31

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Sauf prter une quivalence juridique aux deux supports que sont lcrit papier et lcrit

    numrique. Ce qui sous-entend un texte clair allant dans ce sens, cest--dire un dcret

    dapplication de la loi sur la sous-traitance accordant la mme force juridique ces deux

    supports mais ds lors, cela ne resterait quun texte spcifique au domaine de la sous-

    traitance soit par ldiction dun texte plus gnral confrant cette quivalence lcrit

    papier et lcrit numrique.

    Or, le lgislateur a dj opr une telle reconnaissance avec la loi du 13 mars 2000, en

    matire de preuve. Reste savoir si ce texte est applicable la dmatrialisation de lachat

    public

    Dans le silence des textes, une solution est nanmoins admissible : en effet, la jurisprudence

    accepte que la demande dacceptation du sous-traitant soit formule dans loffre mme du

    candidat, condition que le montant des prestations devant tre sous-traites soit indiqu50.

    La demande pourrait donc tre formule dans loffre numrique du candidat au march.

    Il nen demeure pas moins une certaine incertitude, mme dans cette hypothse, tant donn

    que, comme on le verra plus loin, les formulaires proposs par les personnes publiques,

    mme sous leur forme numrise, aux candidats, constituent des contrats-types dans

    lesquelles la libre formulation dun souhait reste impossible, moins den avoir prvu la

    facult (par exemple, grce un encart prvu cet effet et dans lequel le soumissionnaire

    peut formuler sa volont de sous-traiter et indiquer la personne morale concerne).

    _ les textes spcifiques la transparence et la rgularit des procdures de marchs, et la

    prvention de la corruption

    Autre texte extrieur au code des marchs publics et pouvant sappliquer la

    dmatrialisation des procdures de passation : les textes relatifs la transparence et la

    rgularit des procdures de marchs, ainsi qu la prvention de la corruption.

    Concernant la transparence et la rgularit des procdures de marchs, la loi a mis en place

    un dispositif anti-corruption comprenant notamment une mission interministrielle denqute

    sur les marchs publics [et sur les dlgations de service public]51.

    Or, comme on va le voir plus loin, la dmatrialisation va dans le sens de la transparence et

    rend plus aises les investigations judiciaires.

    50 CE, St prigourdine dtanchit et de constructions prc. 51 Loi du 3 janvier 1991.

    Christophe Accardo. 2001.

    32

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    _ les textes relatifs au droit de la concurrence

    De mme, alors que le droit de la concurrence intresse particulirement les marchs publics,

    en ce quil concerne la rpression des ententes [et des abus de position dominante] entre les

    candidats un march, il peut trouver sappliquer dans le cadre de procdures

    dmatrialises de passation, notamment dans la mise en uvre dune gale concurrence et

    dans son contrle rpressif de pratiques anticoncurrentielles.

    En effet, en admettant le principe de la mise en uvre de la dmatrialisation des procdures

    de passation de marchs, le code des marchs publics ne porte pas atteinte la libre

    concurrence entre les candidats, ds lors que cette technique de passation se voit doter de

    moyens suffisants de scurisation des transmissions et des changes dinformations

    numriss ainsi que de procds garantissant une intgrit maximale aux offres transmises

    la personne publique par les candidats.

    Ensuite, dans le mme ordre dides, en autorisant le recours des enchres lectroniques

    inverses, le code des marchs publics va dans le sens dune concurrence par la mise en jeu

    des offres au prix le plus bas accrue par un souci de transparence, tant donn que ce type

    enchres ne permet pas les comportements occultes (du moins, en principe).

    _ les rglements hors du code des marchs publics

    Il sagit dun ensemble de dcrets rglementant la matire des marchs publics de faon

    sectorielle.

    Est particulirement concern par la dmatrialisation, le dcret relatif lensemble des

    pices devant tre transmises au prfet dans le cadre du contrle de lgalit52 : quand bien

    mme ces pices sont passes par la forme numrique, elles restent soumises lobligation de

    transmission aux autorits dconcentres.

    Reste en dterminer les modalits, ce que le dcret en question ne fait pas.

    _ la "pararglementation"

    Cela concerne lensemble des normes techniques homologues ou quivalentes, auxquelles se

    rfrent les clauses et cahiers des marchs publics, tablies par lAssociation franaise de

    normalisation (mentionne plus loin AFNOR ). A ce titre, les marchs dont le montant est

    gal ou suprieur 300 000 F doivent obligatoirement faire rfrence ces normes.

    Christophe Accardo. 2001.

    33

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Dans le cadre de la dmatrialisation des procdures de passation, la dtermination de telles

    normes est essentielle au pralable, notamment dans le cadre des offres transmises par les

    candidats une personne publique.

    En effet, il est impratif que les instances de normalisation dterminent au pralable ces

    normes, au premier rang desquelles sont vises les formats des documents numriss : ceux-

    ci doivent tre dfinis en tant que norme sous laquelle les offres devront tre transmises la

    personne publique, sous peine dtre rejetes. On pense notamment aux formats de type PDF

    ou XML qui, comme on le verra plus loin, ont lavantage doffrir ces documents numriss,

    des garanties dintgrit.

    De mme, de telles normes doivent dfinir les modes de transmission par lesquels les offres

    numrises seront communiques et changes entre les diffrents acteurs : ex, la voie filaire

    classique de linternet et/ou ses versions plus rcentes, telles que la transmission par ondes

    radiophoniques, par le biais de lUMTS, ou via le satellite. Cela est dautant plus important,

    que des problmes dinteroprabilit entre les systmes de protection peuvent survenir selon

    les modes de transmission.

    La "pararglementation" concerne aussi les documents types de la Direction des affaires

    juridiques, tels que les formulaires de candidature (types DC4, DC5).

    Ces documents intressent eux aussi la dmatrialisation des offres tant donn quils sont

    numrisables, voir mme, numriss et accessibles en tlchargement sur internet.

    A cet gard, on peut ici saluer leffort entrepris par ladministration qui sest lance dans un

    vaste mouvement de numrisation des formulaires et qui les laisse disposition du public, en

    tlchargement libre53.

    2/ les rglementations extrinsques au code des marchs publics et rgissant

    la dmatrialisation

    Aux cots des textes rgissant la commande publique, il existe un certain nombre de

    rglementations qui gouvernent spcifiquement la dmatrialisation et dont le champ

    dapplication pourrait tre tendu aux procdures dmatrialises de passation.

    52 Dcret n 93-1080 du 9 septembre 1993. 53 Formulaires tlchargeables sur diffrents sites : www.journal-officiel.gouv.fr , www.cerfa.gouv.fr , www.minefi.gouv.fr/formulaires/daj_dc.htm .

    Christophe Accardo. 2001.

    34

    http://www.journal-officiel.gouv.fr/http://www.cerfa.gouv.fr/http://www.minefi.gouv.fr/formulaires/daj_dc.htm

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    _ rglementation de la cryptologie

    La cryptologie est un procd qui permet de scuriser des donnes en les rendant

    incomprhensibles toute personne en dehors de leur metteur et du destinataire.

    Ce procd rpond bien aux impratifs scuritaires que la procdure dmatrialise de

    passation requiert, notamment afin dviter les incursions illicites dans les changes de

    donnes entre les candidats et les acheteurs publics et/ou, afin de concourir lintangibilit

    des crits dmatrialiss.

    Or, un tel procd fait lobjet dun cadre rglementaire prcis et qui a vari dans le temps

    selon des conceptions diffrentes, allant dune perception rgalienne du cryptage lide

    dune (quasi-) libralisation des procds.

    Initialement, le rgime juridique de la cryptologie54 tait prvu par la loi du 29 dcembre

    199055 relative la rglementation des tlcommunications, et son dcret dapplication du 28

    dcembre 199256 en dfinissant une procdure administrative pralable lutilisation du

    procd.

    Le Conseil de lEurope, a fortement incit les gouvernements adopter une lgislation

    permettant de concilier les intrts de lEtat et les attentes des utilisateurs en matire de

    scurit57.

    Cest ainsi que la loi du 26 juillet 199658 puis ses dcrets dapplication du 24 fvrier 199859 et

    des arrts ultrieurs60 ainsi que les dcrets du 23 mars 199861 ont amorc le processus de

    libralisation des moyens et prestations de cryptologie en assouplissant le rgime alors en

    vigueur : certains moyens et prestations deviennent en effet totalement libres, alors que

    dautres restent soumis une dclaration ou une autorisation pralable.

    54 Pour un aperu complet du rgime juridique de la cryptologie, cf. G. Chatillon, Le rgime franais de la cryptologie : comment le dchiffrer ? , Lamy Droit de linformatique et des rseaux, Bulletin dactualit, octobre 2000, n 129, p. 1 24 ; Le Journal de la Scurit, La rglementation de la cryptologie en France , avril-mai 2000 ou le site internet http://www.droitweb.com/m1/index/index_s004.html. Voir aussi le tableau rcapitulatif du rgime juridique de la cryptographie in Th. Piette-Coudol, Echanges lectroniques, certification et scurit , Litec, Collection Droit@Litec, Paris, 2000, p. 32. Pour un aperu critique des moyens lgaux mis en uvre en France pour lutilisation de la cryptographie, cf. http://www.ialtafrance.org/sigelec/Default.htm . 55 Loi n 90-1170, JO 30 dcembre 1990 ; modifie par la loi n 91-648 du 11 juillet 1991, JO 13 juillet 1991. 56 Dcret n 92-1358. 57 Recommandation CE, 11 septembre 1995, NR (95) 13, relative aux problmes de procdure pnale lis aux technologies de linformation. 58 Loi n 96-659 sur la rglementation des tlcommunications, JO 27 juillet 1996, p. 11384. 59 Dcrets n 98-101 et 98-102. 60 Arrts du 13 mars 1998. 61 Dcrets n 98-206 et 98-207.

    Christophe Accardo. 2001.

    35

    http://www.droitweb.com/m1/index/index_s004.htmlhttp://www.ialtafrance.org/sigelec/Default.htm

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    Le rgime juridique de la cryptologie a t assoupli rcemment par les dcrets du 17 mars

    199962 et larrt du mme jour, en substituant une procdure de dclaration pralable celle

    de lautorisation pralable pour les prestations de cryptologie comprises entre 40 et 128 bits

    et en augmentant le nombre de catgories dispenses de toutes formalits pralables pour les

    modes de cryptologie infrieurs 40 bits.

    Au niveau international, lOCDE a dtermin des lignes directrices concernant larticulation

    de la cryptographie avec la politique des Etats membres, afin dinstaurer une coopration

    internationale en ce domaine : il a t notamment prvu un ensemble de mesures, sous la

    forme dun inventaire, destines contrler lexportation et limportation de technologies de

    cryptologie63. Cela a abouti des mesures de coopration instaures dans la ligne dun

    accord international militaire prexistant, lAccord Wassenaar64.

    Au niveau communautaire, "seul" un rgime juridique concernant le contrle de la circulation

    des technologies de cryptologie est prvu : il sagit du Rglement communautaire et de la

    Dcision du Conseil de lUnion europenne intressant le contrle des exportations de

    biens double usage du 19 dcembre 199465.

    De mme, la directive portant sur les signatures lectroniques66 contient des dispositions

    relatives la cryptologie.

    _ rglementation de la signature lectronique

    Concernant la signature lectronique, celle-ci trouve sappliquer notamment dans le

    domaine des offres dmatrialises des candidats un march public : celles-ci sont soumises

    la signature des candidats67.

    Ce procd est encadr par la loi du 13 mars 2000 portant adaptation du droit de la preuve

    aux technologies de linformation et relative la signature lectronique68 et par le dcret du

    62 Dcrets n 99-199 et 99-200. 63 Rapp. OCDE, Direction de la science, Inventaire des mesures de contrle appliques aux technologies de cryptographie, Ottawa, Canada, 7-9 octobre 1998. 64 Arrangement Wassenar relatif au contrle des exportations darmes conventionnelles et de biens et techniques double usage , juillet 1996. 65 Rglement CE n 3381/94, JOCE 31 dcembre 1994, n L 367, p. 1. Dcision n 94/942/PESC, JOCE 31 dcembre 1994, n 367/8. 66 Directive n 1999/93/CE, 13 dcembre 1999, JOCE 19 janvier 2000, n L 13, p. 12. 67 Article 48, al.2, nouveau code des marchs publics. 68 Loi n 2000-230, JO 14 mars 2000, p. 3968 ; JCP E 2000, n13, p. 572.

    Christophe Accardo. 2001.

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  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    31 mars 2001 pris pour lapplication de larticle 1316-4 du code civil et relatif la

    signature lectronique69 .

    Ceux deux textes rgissent un mme procd dont la technicit participe, comme on le verra

    plus loin, lintgrit, lauthenticit et la non-rpudiation des documents numriss et

    notamment, des offres des candidats.

    De mme, ces deux textes contribuent au rgime de la preuve des crits dmatrialiss et

    donc, sont applicables la procdure de passation de marchs publics.

    La loi du 13 mars 2000 relative la signature lectronique sinscrit aussi dans un cadre

    rglementaire international et communautaire.

    Au niveau communautaire, certaines directives concernent indirectement la dmatrialisation

    des procdures de passation : cest notamment le cas de la directive du Parlement europen et

    du Conseil, relative au cadre communautaire pour les signatures lectroniques70 .

    Au niveau international, la Commission des Nations-Unies pour le droit commercial

    international (mentionne plus loin CNUDCI ) a labor un projet de rgles uniformes sur

    la signature lectronique.

    _ rglementation des donnes caractre personnel

    Le cadre lgal prvu pour les donnes caractre personnel dtenues par une personne

    publique peut trouver sappliquer la dmatrialisation des procdures de passation.

    En effet, comme on le verra plus loin, les offres numrises envoyes la personne publique

    ou tout autre pouvoir adjudicateur, au sens communautaire71, par les candidats constituent

    des donnes caractre personnel qui sont laisses ainsi "en dpt" au destinataire.

    Au niveau national, de telles donnes sont rgies par la loi Informatique et liberts du 6

    janvier 197872. Celle-ci a t modifie par la suite avec les lois du 16 dcembre 199273 et du

    69 Dcret n 2001-272, pris pour lapplication de larticle 1316-4 du code civil et relatif la signature lectronique ; JO 31 mars 2001, p. 5070 ; JCP E 2001, n 17, p. 717. 70 Directive n 1999/93/CE prc. 71 CJCE, 15 janv. 1998, Mannesmann Anlagenbau Austriae c/ A./Strohal Rotationsdruck, aff. C44/96 et 10 nov. 1998, Gemeente Arnhem c/ BFI Holding, C 360/96. 72 L. n 78-17, relative linformatique, aux fichiers et aux liberts ; JO, 7 janvier 1978. 73 L. n94-548, relative lentre en vigueur du nouveau code pnal ; JO, 23 dcembre 1992.

    Christophe Accardo. 2001.

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  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    12 avril 200074. Le projet de loi dit Loi sur la socit de linformation en cours

    dlaboration devrait complter le rgime actuel des donnes personnelles75.

    Au niveau communautaire, de nombreuses rglementations encadrent la protection des

    donnes caractre personnel dtenues par un tiers :

    la directive du Parlement europen et du Conseil relative la protection des personnes

    physiques, lgard du traitement des donnes caractre personnel et la libre

    circulation de ces donnes76 ;

    la directive intressant la protection juridique des bases de donnes77 ;

    la directive sectorielle concernant le traitement des donnes caractre personnel et la

    protection de la vie prive dans le secteur des tlcommunications78 ;

    la recommandation du Conseil relative aux lignes directrices pour la protection des

    personnes lgard de la collecte et du traitement de donnes caractre

    personnel sur les inforoutes 79 ;

    _ rglementation du commerce lectronique

    Le Parlement europen et le Conseil ont labor une directive spcifique au commerce

    lectronique80 qui sapplique plus particulirement aux prestataires et aux services de la

    socit de linformation.

    Cette directive concerne donc les diffrents acteurs de la dmatrialisation des changes

    commerciaux et de la passation en ligne de contrats : elle tablit les diffrentes obligations

    dinformation auxquelles ils sont soumis, ainsi que le cadre de la passation des commandes

    en ligne.

    Ce texte doit tre transpos par les Etats membres avant le 17 janvier 2002.

    On peut penser que cette directive et sa loi de transposition sappliquent la passation

    dmatrialise de marchs publics.

    74 L. n 2000-321, relative au traitement de donnes nominatives ayant pour fin la recherche dans le domaine de la sant. 75 Projet disponible sur le site de lAssemble nationale : www.assemblee-nationale.fr . 76 Directive n 95/46/CE, 24 octobre 1995, JOCE 28 novembre 1995, n L 281, p. 1. 77 Directive n 96/9/CE, 11 mars 1996. 78 Directive n 97/66/CE, 15 dcembre 1997, JOCE 30 janvier 1998, n L 24, p. 1. 79 Recommandation du 23 fvrier 1999. 80 Directive, 8 juin 2000, relative certains aspects juridiques des services de la socit de linformation et notamment du commerce lectronique, dans le march intrieur .

    Christophe Accardo. 2001.

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    http://www.assemblee-nationale.fr/

  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    En effet, ces derniers faisant partie du commerce lectronique, leur mode de passation

    lectronique entre bien dans le champ dapplication de la directive.

    Cependant, la directive admet des drogations pour certains contrats, notamment ceux qui

    crent ou transfrent des droits sur des biens immobiliers, lexception des droits de

    location . A ce titre, certains marchs publics sont donc susceptibles dentrer dans le champ

    de cette drogation : il sagit essentiellement des marchs publics de travaux qui induisent le

    transfert de la proprit de louvrage lissue des travaux, lors de sa rception.

    Donc, comme on vient de le voir, lensemble des textes prcits ne concerne pas

    directement la dmatrialisation de la commande publique.

    Mais, il nen demeure pas moins quils pourraient logiquement sappliquer elle, par la

    technique du renvoi, opre par le code des marchs publics, ces mmes textes.

    Cependant, faute de textes prvoyant un tel renvoi, les cadres juridique que forment la

    rglementation de lachat public dmatrialis et celui propre la dmatrialisation elle-

    mme, coexistent de faon parallle, alors quils pourraient tre complmentaires lun et

    lautre.

    2 : valeur juridique et porte

    Au regard de larticle 56 du code des marchs publics, le texte reconnat un principe

    lgislatif dont la valeur semblerait, logiquement, imprative.

    Cependant, la subtilit du droit aidant, la lettre du code laisse penser que la valeur de ce

    mme principe varie selon le droit interne et les prescriptions communautaires (A).

    Par ailleurs, le principe de la dmatrialisation de lachat public voit sa porte restreinte en

    raison de son cadre juridique trop gnral : les modalits de la mise en uvre de ce principe

    restent soumises des dcrets ultrieurs, alors que des rglementations prexistant pourraient

    complter ce cadre juridique (B).

    A/ valeur juridique variable

    Les dispositions du code des marchs publics relatives la dmatrialisation des procdures

    de passation nont pas la mme autorit que les prescriptions communautaires concernant ce

    Christophe Accardo. 2001.

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  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    mme domaine : au niveau national, le principe de la dmatrialisation des procdures de

    passation a une valeur suppltive (1), alors quau regard du droit communautaire, il se voit

    confrer une "force" imprative (2).

    1/ valeur suppltive au plan national

    Le principe de la dmatrialisation des procdures de passation, tel quil est prvu larticle

    56 du code des marchs publics, se voit confrer une valeur lgale.

    Nanmoins, le principe du recours ce procd, dans le cadre des procdures de passation,

    bien que consacr par la loi, reste soumis une priode transitoire pendant laquelle, son

    emploi est admis titre suppltif.

    En effet, la lettre mme du code permet aux personnes publiques dinterdire, dans lavis

    dappel concurrence, le recours la dmatrialisation des offres des candidats, pendant une

    priode allant jusquau 1er janvier 200581 !

    De mme, le code prvoit de recourir, titre accessoire, lcrit dmatrialis pour toutes les

    procdures de passation requrant la forme crite traditionnelle, titre principal82.

    Cela signifie donc qu compter de ce terme, seulement, les personnes publiques ne seront

    plus admises opposer une interdiction la rception de telles offres par une voie

    dmatrialise.

    Autrement dit, linstauration dun tel dlai risque de ne pas vraiment motiver les entreprises

    candidates squiper en matriel permettant de recourir la transmission de donnes

    numriques ; et par extension, de ralentir le dveloppement des procdures dmatrialises de

    passation.

    Cela compromet la dmatrialisation elle-mme, tant donn que leffet de la coexistence de

    la procdure matrielle traditionnelle de passation et de la procdure dmatrialise laisse

    subsister la premire, titre principal, au dpit de la seconde, laquelle on peut recourir

    titre accessoire.

    Or, au regard de lobjectif principal de la rforme du code des marchs publics, de laquelle a

    merg le principe de la dmatrialisation des procdures de passation, leffet recherch tait

    aux antipodes des rsultats potentiels : en effet, la modernisation de lachat public tait

    81 Article 56, 2, code des marchs publics. 82 Article 56, 4.

    Christophe Accardo. 2001.

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  • La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.

    cense passer par le recours la dmatrialisation ; celle-ci constitue ainsi le corollaire cette

    modernisation8