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http://www.droit-technologie.org
Prsente :
La dmatrialisation des procdures de passation de marchs publics
Christophe Accardo
Etudiant en droit (Matrise pour le DEA de droit public des affaires)
Date de mise en ligne : 17 dcembre 2001
mailto:[email protected]
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
UUNNIIVVEERRSSIITTEE DDEE PPAARRIISS XX NNAANNTTEERRRREE UU..FF..RR.. ddeess SScciieenncceess jjuurriiddiiqquueess,, aaddmmiinniissttrraattiivveess eett ppoolliittiiqquueess
LLAA DDEEMMAATTEERRIIAALLIISSAATTIIOONN DDEESS PPRROOCCEEDDUURREESS DDEE PPAASSSSAATTIIOONN
DDEE MMAARRCCHHEESS PPUUBBLLIICCSS
Mmoire pour le D.E.A. de Droit Public des Affaires, prsent par Christophe Accardo.
Date de soutenance : 13 septembre 2001
Sous la direction de Monsieur le Professeur Gilles J. GUGLIELMI
Christophe Accardo. 2001.
1
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Les opinions exprimes dans ce mmoire sont propres leur
auteur et nengagent pas lUniversit de Paris X Nanterre .
Christophe Accardo. 2001.
2
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Remerciements
Lauteur tient ici remercier les personnes suivantes pour leur contribution et leur prcieuse
aide :
Mme Anne Liebmann et MM. Morgan Herv-Ruetsch et Patrice Carlier pour leur
coopration et leurs explications dans le domaine trs pointu de linformatique et des
rseaux ;
M. Matheu et son collaborateur, M. Baumstark, pour les renseignements apports en matire
conomique et sur le thme particulier des enchres ;
La personne anonyme qui a gnreusement laiss mon adresse aux ditions PUF, lesquelles
mayant par la suite envoy une offre dachat des actes de lexcellent colloque organis par
lEcole doctorale de droit public et de droit fiscal de lUniversit de Paris I sur Linternet et
le droit, Droit franais, europen et compar de linternet ;
Tous les chroniqueurs online qui "nourrisent" le dbat de la dmatrialisation de pertinents
lments de rflexion et plus particulirement M. Baquiast et les membres de lassociation
Admiroutes (www.admiroutes.asso.fr).
Christophe Accardo. 2001.
3
http://www.admiroutes.asso.fr/
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Tables des abrviations
ADSL : Asymetric Digital Suscriber Line
AFNOR : Association franaise de normalisation
AO : appel(s) doffre(s)
ARPANET : Advanced Research Projects Agency Network
ART : Autorit de Rgulation des Telecommunications
ATICA : Agence pour les Technologies de lInformation et de la Communication dans
lAdministration
BLR : boucle locale radio
BOAMP : Bulletin officiel des annonces des marchs publics
CE : Conseil dEtat
CGCT : code gnral des collectivits territoriales
CIIBA : comit interministriel pour linformatique et la bureautique dans ladministration
(supprim en 1995 au profit du COSIFORM)
CNUDCI : Commission des Nation Unies pour le commerce international
D. : Recueil Dalloz
DCE : dossier de consultation des entreprises
DTD : document-type-dfinition
EDI : changes de donnes informatises
EDIFACT : Electronic Data Interchange For Administration, Commerce end Transport
EDPS : electronic data processing system ou systme de traitement informatique des
donnes
EFI : Echange de formulaires informatiss
F : francs
FAI : fournisseur daccs internet
GET : Greenwich Electronic Time
ISP : Internet Service Provider
JCP E : La Semaine Juridique dition Entreprise et Affaires
JO : Journal Officiel
JOCE : Journal Officiel des Communauts europennes
L. : loi
L. fin. rect. : loi de finances rectificative
Christophe Accardo. 2001.
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La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
LPA : Les Petites Affiches
LSI : Loi sur la Socit de linformation
MARS : messageries avec accus de rception et suivi
MTIC : Mission interministrielle pour laccs public la micro-informatique, linternet et
au multimdia
NTP : Network Time Protocol
OSI : International Organization for Standardization
PAGSI : programme daction gouvernementale pour lentre de la France dans la socit de
linformation
PME : petite(s) et moyenne(s) entreprise(s)
PSC : prestataire de service de certification
RAID : Redundant Array of Inexpensive Disks
Rapp. : rapport(s)
Req. : requte
SET : Secure Electronic Transaction
SQL : Search Query Language
TA : tribunal administratif
TDFC : transfert des donnes fiscales et comptables
TDID : Trade Data Interchange Directory
TIC : technologies de linformation et de la communication
UMTS : Universal Mobile Telecommunications System
UTC : Coordinated Universal Time
XML : eXtensible Markup Language
Christophe Accardo. 2001.
5
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Introduction
Chapitre 1 : La reconnaissance juridique des procdures dmatrialises de passation de marchs publics
Section prliminaire : la notion de dmatrialisation Section 1 : la naissance dun principe gnral autorisant le recours la dmatrialisation dans le cadre de lachat public
1 : sources textuelles
2 : valeur juridique et porte
3 : champ dapplication et modalits
Section 2 : Modalits : la dtermination de garanties techniques afin dassurer une scurit juridique aux procdures dmatrialises de passation de marchs publics
1 : les impratifs scuritaires dans les procdures dmatrialises de passation de
marchs publics
2 : des impratifs scuritaires dont la finalit rpond une double logique
3 : les solutions techniques et juridiques
Chapitre 2 : Une mise en uvre limite par les incertitudes que la dmatrialisation soulve
Section 1 : une technique aux aspirations ambitieuses 1 : perspectives avantageuses pour les diffrents acteurs
2 : perspectives profitables la lgalit des marchs publics
Section 2 : une technique dont les potentialits demeurent encore incertaines
1 : les limites de la dmatrialisation des procdures de passation au regard du
progrs technique
2 : une efficacit attnue en raison de son champ dapplication
Section 3 : une technique au cadre juridique prcaire 1 : le lourd problme de la responsabilit des intervenants
2 : lbauche dune solution par le recours la LSI
Christophe Accardo. 2001.
6
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
[]L'impulsion donne [] ce secteur stratgique [le secteur des technologies de
l'information] semble exemplaire de ce que peut tre le rle d'un Etat moderne dans une
conomie de march.[] Un Etat moderne, c'est un Etat qui donne l'exemple.
L'administration franaise devient lectronique : [ ce titre,] les annonces de marchs publics
sont disponibles sur le rseau.
Discours du Premier ministre, M. Lionel Jospin, l'Universit d't de la communication,
Hourtin, le 26 aot 1999.1
1 Reproduit intgralement dans le quotidien Libration, en date du 27 aot 1999 et sur le site internet du Premier Ministre : http://www.admifrance.gouv.fr/
Christophe Accardo. 2001.
7
http://www.admifrance.gouv.fr/
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
INTRODUCTION
Une fois lance lide, voil que dj elle raisonne dans les "conduites" du rseau
internet
Alors que lon prte ce mme rseau, limage dun espace virtuel libr de toute
rglementation ou de frontires, de cadre rglementaire et administratif, dans lequel il ny a
plus de contrle central, plus de chefs, plus de lois : aucune nation ne pourra se lapproprier,
aucune administration en assurer la police , selon certains2, voil que le Chef de
ladministration lui-mme envisage d"importer" ladministration sur internet
Et plus particulirement encore, cest lensemble des relations avec ses prestataires que le
Premier Ministre espre convertir la mode internet, en mettant en place une procdure
dmatrialise de passation de marchs publics.
Ds lors, le premier rflexe serait de penser que le rseau se voit approprier par lEtat,
incorporer en son sein, voir mme, devenir sa chose, une chose tatique.
Pourtant, en remontant un peu dans le temps, lorigine de linternet, on saperoit que celui-
ci est depuis longtemps, originellement, une invention tatique.
La dmatrialisation des procdures de passation de marchs publics par le biais dinternet
illustre lintrt que portent les pouvoirs publics ce mme rseau.
Au point de se voir consacre par le code des marchs publics, suite une rforme intervenue
en 2001.
Nanmoins, les lignes directrices de la mise en uvre dun tel procd, dans le cadre de la
passation de marchs publics, tant rdiges en des termes gnraux, son encadrement lgal
et rglementaire demeure donc suspendu, le temps de prendre les textes ncessaires cette
fin.
Or, dun point de vue juridique, lintrt de la dmatrialisation des procdures de passation
est important, voir mme exceptionnel.
En effet, en voie dlaboration, le rgime juridique dun tel procd reste donc prciser,
dterminer et, loccasion se prsente ici, dans le cadre du prsent mmoire de DEA.
2 M. May. Auteur cit par J. Buob, in Le cyberespace : enfer et paradis , Le Monde, 8 mars 1995, p. 12.
Christophe Accardo. 2001.
8
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Cest donc, dans les dveloppements suivants, que nous allons tenter de cerner les problmes
juridiques que la dmatrialisation de lachat public soulve, et entreprendre dy apporter
quelques rponses.
Au pralable, titre introductif, il nous faut dabord parler de linternet, tant donn son
implication dans la dmatrialisation des procdures de passation (I).
Puis, nous prsenterons aussi les procds de dmatrialisation que la technique actuelle offre
aux procdures de passation, notamment les changes de donnes informatises (II).
I. Internet Bibliographie :
- L. Floridi, Internet , traduit de litalien par D. Mnard, Flammarion, Collection Dominos, Paris, 1998, p. 15 35.
- J.-G. Grenier, Dictionnaire dinformatique et dinternet , La Maison du dictionnaire, Paris, 2000. - E. Larcher, Internet, Historique et utilisation , 3 d., "version html"3, 1998. - A. Mattelart, Histoire de la socit de linformation , La Dcouverte, Collection Repres, mars 2001.
A/ Origine et dfinition
1/ origine
Initialement cr par les militaires amricains, le rseau sest vu ensuite appropri par la
socit civile.
En effet, lorigine, le dpartement de la Dfense a mis en place un rseau qui poursuivait un
double lobjectif : savoir, permettre aux soldats parpills sur le territoire des Etats-Unis de
communiquer, et mettre en place un rseau de services informatiques afin de survivre
lhypothse dune bombe nuclaire. Cest le premier rseau informatique : lAdvanced
Research Projects Agency Network (mentionn plus loin ARPANET ).
En 1972, ARPANET fut prsent au public lors dune confrence ddie la communication
entre ordinateurs et une application de courrier lectronique fut mise au point pour la
premire fois. Cette priode marque lappropriation du rseau par la socit civile car ds
lors, nombre de chercheurs se concentrrent sur ce nouveau moyen de communication afin
den laborer le dveloppement. Et trs vite, des amliorations du systme aboutirent un
rseau organis et "rgul" par des protocoles de communication.
3 Cf. le site : www.larcher.com/eric/guides/ihu/Hiso.html .
Christophe Accardo. 2001.
9
http://www.larcher.com/eric/guides/ihu/Hiso.html
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Tout dabord, un systme dorganisation fut mis sur pied par le clbre Vinton Cerf, avec un
mode dadressage de chaque machine connecte au rseau : cest ladresse Internetworking
protocol (mentionne plus loin IP ), cest--dire un numro unique qui peut
comprendre plusieurs chiffres auquel correspond un ordinateur.
Corrlativement, Vinton mis au point un dispositif intelligent et organis de communication
entre ordinateurs raccords un rseau informatique : le Transmission control protocol
( TCP ).
En 1983, lARPANET fut scind en deux rseaux distincts : lun rserv une utilisation
militaire, MILNET, lautre tant ddi la recherche (qui hrita de lancienne appellation
"ARPANET").
Peu de temps aprs, la NASA dcida de constituer son propre rseau tout en y incorporant les
protocoles TCP/IP prexistant : cest le NFSNET. Lavantage de ce nouveau rseau fut
double, tant donn que son dveloppement bnficiait de la manne financire importante de
crdits allous la NASA, et que sa vitesse de fonctionnement fut multiplie par 1000. Les
utilisateurs dARPANET intgrrent alors ce nouveau rseau et ARPANET fut dmantel au
dbut des annes 1990.
Ces annes marquent le dbut de lre de linternet, tel que nous le connaissons actuellement.
A ceci prs que ce rseau connu son vritable essor avec le dveloppement de la
communication personnelle, de la micro-informatique et du multimdia4.
En effet, internet va connatre un vritable engouement auprs du public, notamment avec
certaines applications, certains outils, tels que lchange de donnes informatises, comme la
messagerie lectronique (ou autrement appele "e-mail") ou la conversation sur internet (telle
que le "chat"), le tlchargement5 de donnes numrises ("downloading") telles que des
logiciels ou des donnes musicales ou vidos ce qui va lui permettre de prendre son envol
et de gagner le succs quon lui connat aujourdhui.
2/ dfinition
4 Dfinition : terme gnrique auquel correspond un ensemble informatique, comprenant matriel et logiciel, capable dintgrer et de traiter la fois plusieurs mdias tels que du texte, des graphiques, des images, du son, des vidos, de la programmation 5 Dfinition : envoyer des programmes de donnes dun ordinateur un terminal loign.
Christophe Accardo. 2001.
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La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Il nexiste pas, proprement parler de dfinition unique de linternet, mais plutt un
ensemble de ralits, de notions, qui en permettent son apprhension.
On peut considrer ainsi quinternet constitue un rseau, un espace informatis de
communication, sur lequel transite des donnes numrises, entre ordinateurs connects.
Internet comprend donc la fois diffrentes ralits ou espaces :
un espace physique comprenant une infrastructure ;
un espace numrique ou plate-forme de mmoire ;
un espace smantique ou cyberespace.
Dans son acception despace physique, internet est un transporteur dinformations, dont les
ordinateurs accueillent les donnes et services transmis et se comportent comme des htes6
de faon interactive avec toutes les autres composantes du rseau, selon des protocoles de
communication publics. Du fait de ce caractre public, internet constitue un rseau ouvert et
universel, dont le contrle chappe toute volont dadministration. Mais aussi, en raison de
cette mme caractristique, en tant que rseau ouvert, les htes nen sont pas moins soumis
dventuelles menaces dintrusion extrieures et non autorises, comme des virus
informatiques.
En tant quespace numrique, internet constitue une plate-forme de mmoire globale, cest--
dire un espace de mmoire numrique constitu par lensemble des mmoires de chaque hte
reli au rseau et mis disposition publiquement. Ce qui sous-entend un espace
potentiellement illimit.
Concernant la notion de cyberespace, internet constitue un ensemble regroupant une
multitude de documents et de services, cest--dire un espace fonctionnel et smantique.
6 Dfinition : un ordinateur hte est un ordinateur reli internet et qui implmente (ou met en uvre) les protocoles de communication ncessaires (de type TCP/IP), qui est rfrenc sur le rseau par une adresse individuelle, qui possde une connexion de communication lui permettant dchanger des paquets dinformations avec dautres ordinateurs connects.
Christophe Accardo. 2001.
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La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Contrairement linfrastructure, le cyberespace nexiste pas comme ralit physique, mais il
"subsiste" en tant que ralit virtuelle, en tant que concept, accessoirement7
linterconnexion universelle des htes sous la forme dun rseau.
Lavantage dune telle conception est limmdiatet de laccs aux documents situs,
rfrencs sur ce mme espace (par une adresse URL).
En apparence trs complexe, cet espace a connu un engouement auprs du public du fait de la
mise disposition doutils en permettant une utilisation simplifie. Cest ce qui a particip
son essor.
B/ lessor dinternet : les autoroutes de linformation et la socit de linformation
1/ les autoroutes de linformation
Avec la multiplication des utilisateurs et le dveloppement des modes de numrisation, le
rseau internet a volu vers une vritable structure requrant ldification dinfrastructures
pouvant le supporter.
Cest ainsi que sont nes les autoroutes de linformation, cest--dire des infrastructures
terrestres fixes, susceptibles de transporter, sur des rseaux larges bandes, une vitesse
beaucoup plus rapide que le traditionnel rseau tlphonique, des flux plus importants de
donnes en tout genre telles que des donnes musicales ou vidos8.
Lobjectif des telles structures est, plus ou moins long terme, doffrir une qualit numrique
dun bout lautre de la chane de communication, sans dformation et avec une fluidit
ingale. Cest pourquoi, une telle infrastructure requiert des flux de donnes suprieurs ce
que le traditionnel support tlphonique permet : dans le premier cas, on mesure ces flux en
Mgabytes/secondes (mentionns plus loin Mbps )9, au moins, ce qui correspond un
transport de donnes haut dbit alors que pour le second, la fluidit des transferts nest
apprciable qu hauteur du Kilobytes/secondes (mentionns plus loin Kbps )
7 L. Floridi parle dun piphnomne , cest--dire un phnomne secondaire (dans le sens de driv et non pas de moins important) . 8 I. Demmard-Tellier, Le multimdia et le droit , Herms, Collection Memento-Guide Bensoussan, Paris, 1996, 15 112. 9 Dfinition : mesure de la vitesse de transmission dun rseau numrique, en indiquant le nombre doctets ("bytes", en anglais) transfrs par seconde. La vitesse la plus leve se calcule en ttraoctets, soit 1000 milliards doctets. A un niveau infrieur on trouve le gigaoctet, soit 1 milliard doctets ; puis le mgaoctet (1 million doctets) ; puis le kilo-octet ( soit 1000 octets).
Christophe Accardo. 2001.
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La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Do la qualification dautoroutes pour les infrastructures accordant un flux valu en Mbps,
alors que celles permettant un flux en Kbps seraient comparables des routes communales
2/ la socit de linformation
Paralllement, le dveloppement de linternet a permis la mise en place dune vritable
communaut virtuelle10 regroupant des acteurs, les personnes physiques ou morales, et
permettant des changes de donnes comparables des comportements : cest la socit de
linformation.
La socit de linformation est une forme dorganisation qui sappuie sur un rseau de
communication, tel internet, et qui comprend des informations et des contenus de
comptences11.
Lexpansion de cette socit rsulte en dehors du fait que ses acteurs se multiplient, ainsi
que, corrlativement, les informations du dveloppement des moyens de connexion et de
transport de linformation par la mise en rseau systmatique de tous les individus et
organismes sociaux qui participent llaboration de linformation12. Internet constitue ainsi
un outil de la socit de linformation, dans son acception despace fonctionnel et
smantique, o foisonne nombre de contenus dinformations, et participent sa subsistance.
Cependant, cette abondance ne peut faire lobjet dun certain laxisme et de profusion
dmesure, sous peine de voir le systme se bloquer et ncessite une intervention tatique
nationale et/ou supranationale. A titre dexemple, sans politique tatique de distribution de
noms de domaines et sans mdiation juridique des juges, ceux-ci resteraient la proprit de
certains, au dtriment des dtenteurs lgitimes qui ainsi, ne peuvent protger leur
dnomination : cela correspond au phnomne du "cybersquatting". Et, le risque dune telle
10 dfinition : communaut dont les rapports stablissent dans la ralit virtuelle, cest--dire dans une ralit simule travers des moyens numriques. On distingue les ralits pauvres qui mettent disposition de "simples" espaces tridimensionnels du type internet ; et les ralits virtuelles riches o lutilisateur est plong dans un environnement en 3D et 360 degrs, grce un visiocasque. 11 J.-P. Baquiast, Les administrations et les autoroutes de linformation. Vers la cyberadministration : stratgies et pratiques , Les Editions dorganisation, Paris, 1996, p. 16. 12 J.-P. Baquiast, Internet et les administrations : grandes mutations , Berger-Levrault, Collection Gestion publique, 1999.
Christophe Accardo. 2001.
13
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
pratique est de ne pas permettre la mise en place dun contenu sur internet et donc, long
terme, de ne pas ractualiser, voir mme, alimenter la socit de linformation13.
Face au dveloppement de ce nouveau moyen de communication et devant un tel
engouement de ses administrs, ladministration ne pouvait rester passive et une ncessit
dadaptation se faisait pressentir.
C/ larticulation de linternet avec ladministration : naissance de ladministration
lectronique ou de l e-administration
Ladministration lectronique est une notion assez facile apprhender.
En effet, cela sapparente une administration dont le fonctionnement est organis sous une
forme lectronique, par des moyens de numrisation des donnes publiques et par le biais de
la dmatrialisation des moyens de communication internes, entre les services eux-mmes, et
externes, cest--dire avec les administrs.
Cette notion rsulte de la politique dinformatisation des services administratifs poursuivie
depuis les annes 70. Dj, les pouvoirs publics ont labor des stratgies dquipement
informatique, dans un objectif de recherche de productivit interne et damlioration du
service public. Cela sest illustr notamment avec la mise en place dun Comit
interministriel pour linformatique et la bureautique dans ladministration (CIIBA) en 1984.
Apres la suppression de ce comit, pendant lanne 1995, le gouvernement lance un
programme daction pour la socit de linformation : le PAGSI14.
Ce programme se rvle tre trs ambitieux et illustre bien la notion dadministration
lectronique, car il pose comme principe celui de mettre en place un service dinformation
sur ladministration et sur les procdures et autres dmarches administratives, destination
du public, consultable sur internet, et interactif. En effet, par lintermdiaire de ce service, les
administrs peuvent poser des questions concernant une dmarche administrative et celle-ci
est reroute, renvoye vers le service concern, qui rpond ensuite directement la personne
concerne sur sa messagerie lectronique15. De mme, les administrations se voient obliger
13 Exemple de pratique sapparentant du cybersquatting : la dposition du nom ville de Lyon pour un site nayant pas du tout pour objet de prsenter la ville de Lyon. 14 Prparer lentre de la France dans la socit de linformation , Programme daction intergouvernementale, La Documentation franaise, Paris, 1998. 15 Cf. le site www.service-public.fr .
Christophe Accardo. 2001.
14
http://www.service-public.fr/
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
de mettre en ligne les formulaires administratifs, sous une version numrise : titre
dexemple, dans un domaine qui intresse particulirement la dmatrialisation des marchs
publics, les formulaires administratifs de candidature des marchs publics sont disponibles
sur des sites internet de ladministration et tlchargeables par un simple click16.
Dsormais, ladministration est donc informatise, lectronique : en janvier 2000, 78 % des
services de lEtat sont relis internet et 80 % des conseils gnraux et des communs de plus
de 100 000 habitants sont dots dun accs internet17.
On peut donc ici se rendre compte de la mesure dans laquelle les changes de donnes
dmatrialises participent aux rapports entre les usagers et ladministration (II).
II. Les changes de donnes dmatrialises par la voie de linternet Bibliographie :
- O. Bezaut et D. Goepp, EDI, une nouvelle approche du Systme dInformation , Tenor Conseil, Paris, 1993.
- J.-P. Baquiast, Internet et les administrations : grandes mutations , Berger-Levrault, Collection Gestion publique, 1999, p. 99 et s.
A/ La notion dchanges de donnes dmatrialises : les EDI et les tlprocdures
Les changes de donnes dmatrialises correspondent aux changes de donnes
numrises, par la voie de linternet.
Sous cette description, de nombreuses procdures changes sapparentent de tels procds :
la messagerie lectronique ou transfert de texte, le tlchargement ou transmission de
programmes, le transport dimages, de vidos, de musique
Mais, concernant notre propos, on peut regrouper tous ces types d'changes de donnes
numrises sous deux catgories : les changes de donnes informatises de type EDI et les
tlprocdures.
1/ la notion dEDI, dans sa version simplifie
Sans entrer dans le dtail dtail que nous aborderons plus loin les changes de donnes
dmatrialises sont connus sous lacronyme EDI, pour changes de donnes informatises,
en rfrence langlais Electronic Data Interchange .
16 Cf. les sites : www.minefi.gouv.fr//formulaires/daj_donc.htm et www.cerfa.gouv.fr . 17 Source : Ministre de la fonction publique et de la Rforme de lEtat, Point dtape , 23 octobre 2000.
Christophe Accardo. 2001.
15
http://www.minefi.gouv.fr//formulaires/daj_donc.htmhttp://www.cerfa.gouv.fr/
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Cela correspond une technique dchange lectronique dinformations structures et
normalises entre partenaires distinct et indpendant, cest--dire un moyen de
communication entre des personnes diffrentes, sans intervention manuelle.
La principale fonction de lEDI est donc, on le voit bien, lchange de documents numriss
sous la forme dun systme structur.
A ce titre, le systme EDI est mis en place selon des normes tablies.
Pour la France, cest EDIFRANCE qui en a la charge, sous lgide de lAFNOR : cest le
systme EDI normalis.
Lavantage de telles normes est de permettre une communication multilatrale, selon des
rgles prdfinies et universelles, cest--dire ouvertes tous.
A ce systme, sajoute celui des tlprocdures.
2/ la notion de tlprocdures sous sa forme lmentaire
Par tlprocdure, on entend un mode de communication dmaterialis par lequel les
administrs peuvent accomplir distance les formalits administratives leur incombant.
Sous leffet de lexpansion de linformatique au sein des services administratifs, ce systme
supplante ainsi les traditionnelles procdures sur papier auxquelles avait recours chaque
administr.
Le rapport des usagers avec leur administration a donc volu en mme temps que les
technologies : aux classiques rapports hirarchiss et verticaux, des relations horizontales ont
vu le jour, cest--dire des changes o lusager de la tlprocdure voit en son
administration, un simple interlocuteur. On est presque dans une relation de type
prestataire-client, cest--dire une relation "gagnant-gagnant" lorsque lusager participe en
ligne llaboration et au traitement de son dossier18 .
La meilleure illustration dune telle relation se retrouve dans les tldclarations19, tel que le
paiement de la TVA en ligne20 : le client instruit son dossier en ligne et lagent le contrle
presque corrlativement.
18 G. Chatillon, Les tlprocdures administratives du nouvel Etat du XXIe sicle , Lamy, Droit de linformatique et des rseaux, mai 2001, n 136, p. 27. 19 Dcret n 95-309, 20 mars 1995, JO 22 mars 1995. 20 Lois des finances rectificatives pour 1999 et pour 2000.
Christophe Accardo. 2001.
16
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
B/ Le parallle avec les changes de donnes dans la passation de marchs publics
La procdure de passation dun march public est la phase requise par la loi pour attribuer
un march. Le recours cette procdure est obligatoire ou facultatif, selon les cas.
Il nen reste pas moins que cela constitue une technique de choix du cocontractant qui permet
de slectionner les offres des concurrents et de choisir le candidat le mieux-disant .
En effet, la procdure de passation suppose diffrentes phases dans lesquelles des donnes
sont changes entre les diffrents intervenants.
1/ les changes de donnes concourant la publicit du march
Un march public est port la connaissance du public par voie de publicit, dans un avis
dappel public concurrence21.
La personne publique fait ainsi connatre sa volont de contracter, pour un march dtermin,
ainsi que ses besoins, par voie de publication.
De mme, elle met en place un systme de communication des documents ncessaires la
consultation des conditions et autres critres requis pour lattribution et lexcution du
march, sous la forme du dossier de consultation des entreprises22 (mentionn plus loin
DCE ). Ce dossier comprend un rglement de consultation et les pices destines au
march.
Ces documents sont ncessaires aux candidats afin quils disposent dune vue prcise du
march excuter et de la porte de leurs obligations. A cette fin, ils peuvent demander des
renseignements complmentaires la personne publique.
Il sagit donc bien dun change de donnes dont lobjectif est de rendre public le march
devant tre excut, de le porter la connaissance de tous.
Or, ces changes peuvent tre passs par une forme dmatrialise, grce linformatisation
ou numrisation des donnes traditionnelles de publicit, concourant au mme objectif, par la
voie des EDI.
21 Article 58 du nouveau code des marchs publics (ex-articles 94 et 296). 22 Article 41, nouveau code des marchs publics (ex-articles 43 bis et 253 bis).
Christophe Accardo. 2001.
17
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
2/ les changes de donnes participant la formation de loffre et la
conclusion du march
Une fois lensemble des obligations dcoulant du projet de march public connues, les
candidats formulent leur offre, cest--dire leur proposition dexcution du march, ainsi que
les documents administratifs demands par la personne publique.
Cette offre prend la forme dun ensemble de documents prcis dans lesquels les candidats
formalisent leur engagement juridique dexcution du march soumis par la personne
publique. Rien nempche, a priori, ce niveau de transmettre les offres par une voie
dmatrialise.
Une fois cette offre reue, la personne publique va slectionner la plus intressante selon des
critres objectifs23. Ds lors, le candidat choisi peut se voir demander des prcisions
complmentaires, dans le cadre dune mise au point des conditions du march24.
Cette mise au point peut, elle aussi, prendre une forme dmatrialise.
Enfin, le candidat choisi se voit notifier sa slection : cette notification peut, elle aussi, tre
dmatrialise.
C/ Lapplication des EDI la passation de marchs publics
Les EDI trouvent donc un large champ dapplication dans les procdures de passation de
marchs publics, aussi bien au niveau de la formation du march, que dans celui de sa
conclusion. Et rien ne parat sy opposer.
A ce titre, la technique de la dmatrialisation est donc bien applicable aux procdures de
passation de marchs publics. Techniquement en tout cas.
Dun point de vue juridique, il ny a pas de barrires : le nouveau code des marchs publics
consacre lapplication de la dmatrialisation des procdures de passation de marchs
publics.
1/ conscration de la dmatrialisation dans la procdure de passation
23 Articles 52 et s, nouveau code des marchs publics (ex-articles 95 et 297). 24 Articles 35, 60, et 76, nouveau code des marchs publics (ex-articles 95 ter, 97 quater, 298 et 300 bis).
Christophe Accardo. 2001.
18
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Suite la rforme du code des marchs publics opre par le dcret du 7 mars 200125, sa
nouvelle rdaction admet lapplication de la dmatrialisation aux procdures de passation de
marchs publics.
En effet, larticle 56 du nouveau code des marchs publics26 admet que les changes
dinformations prcdant la conclusion du march soient faits sous une forme dmatrialise,
ainsi que les documents se rapportant au DCE, les offres des candidats et les offres
dmatrialises mises dans le cadre denchres lectroniques : Les changes dinformations intervenant en application du prsent code peuvent faire lobjet dune transmission par voie lectronique. 1 Le rglement de la consultation, la lettre de consultation, le cahier des charges, les documents et les renseignements complmentaires peuvent tre mis disposition des entreprises par voie lectronique dans des conditions fixes par dcret. [] 2 Sauf disposition contraire prvue dans lavis de publicit, les candidatures et les offres peuvent galement tre communiques la personne publique par voie lectronique, dans des conditions fixes par dcret. [] 3 Un dcret prcisera les conditions dans lesquelles des enchres lectroniques pourront tre organises pour lachat de fournitures courantes. 4 Les dispositions du prsent code qui font rfrence des crits ne font pas obstacle au remplacement de ceux-ci par un support ou un change lectronique.
2/ annonce du plan
Donc, comme on vient de le voir, la dmatrialisation des changes de donnes peut
largement trouver sappliquer aux changes de donnes spcifiques aux procdures de
passation de marchs publics.
Et elle sest mme vue consacre par le code des marchs publics.
A ce titre, par cette conscration, le code opre une reconnaissance juridique de lapplication
de la technique de la dmatrialisation, aux procdures de passation de marchs publics
(Chapitre I).
Nanmoins, certaines incertitudes demeurent, notamment quant la mise en uvre dune
telle technique, dans le cadre de la procdure de passation (Chapitre II).
25 Dcret n 2001-210, JO n 57, 8 mars 2001, p. 37003. 26 A des fins de simplification, on appliquera la dnomination code des marchs publics au code rform par le dcret du 7 mars 2001 et ex-code des marchs publics lancien code.
Christophe Accardo. 2001.
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La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Chapitre 1 : La reconnaissance juridique des procdures dmatrialises de passation de marchs publics
Suite la rforme du code, les marchs publics se sont inscrits dans un cadre moderne et
dfinitivement tourn vers les nouvelles technologies.
En effet, sous une section spcifiquement destine la dmatrialisation des procdures de
passation de marchs publics, la lettre de la loi consacre explicitement le recours une telle
technique et procde une reconnaissance juridique de lapplication des nouvelles
technologies de linformation (NTIC) aux marchs publics27.
Nanmoins, le texte ne fournit pas de dtails et nexplique pas pour autant lobjet de la
dmatrialisation, alors que la notion demande quelques prcisions (section prliminaire).
De mme, le code soumet des dcrets ultrieurs les conditions dans lesquelles cette
dmatrialisation des procdures de passation doit tre mise en uvre, alors que les modalits
dun tel processus sont facilement identifiables (section 2).
Il nen reste pas moins que ce texte a le mrite de reconnatre lexistence dun principe
gnral autorisant le recours la dmatrialisation, dans le cadre des procdures de passation
(section 1).
27 Section 8 : Dmatrialisation des procdures .
Christophe Accardo. 2001.
20
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Section prliminaire : la notion de dmatrialisation
Avant dexaminer comment la dmatrialisation des procdures de passation peut tre
organise, il convient tout dabord de sarrter un instant sur la dmatrialisation elle-mme
et den dfinir les contours et les procds auxquels elle fait appel, pour mieux en apprcier
les possibilits.
A/ approche dune dfinition Bibliographie :
- E. Baumgartner, Dictionnaire tymologique et historique de la langue franaise , Livre de poche, collection Guides de la langue franaise , Paris, 1996, p. 483.
- M. Ginguay, Dictionnaire dinformatique , Masson, 5e dition, Paris, 1998. - J. Picoche, Dictionnaire tymologique du franais , Dictionnaire Le Robert, collection Les usuels,
Paris, 1992. p. 140. - V. Illingworth, Dictionnaire informatique . Hermann, Editeurs des sciences et des arts, Lavoisier,
Paris, 1991.
Dfinir la dmatrialisation nest pas chose aise pour un juriste et demande plus de recourir
aux connaissances dun informaticien.
Nanmoins, le droit ncessitant dtablir des cadres prcis et bien dfinis, il est donc
impratif de cerner les contours dune notion, afin den tablir le rgime juridique qui la
gouverne.
Or, en examinant et en dmultipliant les tapes de la dmatrialisation, on parvient dgager
certains critres, lesquels permettent de mieux cerner la notion :
la dmatrialisation est une technique qui a recours des supports immatriels ;
elle nest rendue possible qu partir dun systme informatis et lectronique.
1/ dfinition par la particularit immatrielle de la notion : une technique qui
sappuie sur un support immatriel
La premire caractristique de la dmatrialisation ressort du mot lui-mme :
dmatrialisation .
Au regard de ltymologie du mot, rien nindique ce que cela signifie ; mais en scindant le
terme, celle-ci devient dterminable : d- matrialisation .
D- est un prfixe dorigine latine et qui correspond au dis- latin.
Christophe Accardo. 2001.
21
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
La finalit essentielle de ce prfixe est de marquer la sparation entre deux entits, entre deux
extrmes ; la direction en sens oppos de deux termes, le contraire ou la ngation du suffixe
qui le suit : par exemple, dsordre28.
Appliqu la dmatrialisation, cela signifie donc que le prfixe d- marque une
opposition au terme matrialisation qui le suit, et induit un concept non matriel,
immatriel.
Au XIXe sicle, le terme immatriel tait emprunt au latin ecclsiastique,
immaterialis pour dcrire ce qui ne semble pas de nature matrielle29 .
La dmatrialisation est donc une notion dont le critre essentiel est dtre immatriel alors
que les procdures de passation sont soumises un formalisme lourd et donc, ce sont des
procdures dont la matrialit constitue une condition de forme ! et dont linterprtation
suppose un abandon du support matriel, auquel les socits modernes recourent depuis
linvention du papier et de limprimerie, au profit dun support immatriel.
A cet gard, le meilleur exemple de la dmatrialisation est la transmission radiophonique de
donnes, dun poste un autre, la transmission vocale par le biais du tlphone ou lmission
dimages par la voie des ondes hertziennes ou du satellite.
Cependant, appliqus la procdure de passation de marchs publics, cela semble
difficilement concevable
A ceci prs que, au regard des techniques actuelles et des nouvelles technologies, internet
permet une telle dmatrialisation, par le biais de linformatique et du procd de la
numrisation, partir dun terminal principal, lordinateur, en direction dun autre.
2/ dfinition selon le critre lectronique de la dmatrialisation : une
dmarche qui a recours des procds lectronique et informatique
La dmatrialisation requiert, pour sa mise en uvre, de recourir des procds lectronique
et informatique.
Linformatique se dfinie comme un ensemble de techniques applicables au traitement de
linformation, utilisant notamment des moyens automatiques, tels que des ordinateurs.
28 J. Picoche, Dictionnaire tymologique du franais , Dictionnaire Le Robert, collection Les usuels, Paris, 1992. p. 140. 29 E. Baumgartner, Dictionnaire tymologique et historique de la langue franaise , Livre de poche, collection Guides de la langue franaise , Paris, 1996, p. 483.
Christophe Accardo. 2001.
22
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
La ncessit de recourir des procds lectronique et informatique se fait surtout ressentir
ds lors que lon apprhende de tels moyens en tant quoutils : un systme informatis permet
la procd de dmatrialisation lui-mme. Ce nest que par son intermdiaire que cela est
rendu possible.
B/ procds : numrisation des supports et informatisation des changes de
donnes Bibliographie :
- M. Vivant[sous la direction de], Droit de linformatique et des rseaux , Lamy, Paris, d. 2001, 2893 et s.
- O. Bezaut et D. Goepp, EDI, une nouvelle approche du Systme dInformation , Tenor Conseil, Paris, 1993, p. 1 15, 45 104.
- Ph. Schnbele et F. Beauvais, Rforme de lEtat et tlprocdures , AJDA, 2001, n 7-8, Dossier, p. 608 633.
1/ numrisation des supports
La numrisation est un procd par lequel on transforme une donne en un nombre binaire ou
en une suite de ces nombres, de faon le traiter ou le consigner dans un ordinateur.
Le procd de la numrisation tend convertir des donnes matrielles, sous la forme de
nombres du type 1 ou 0. On retrouve aussi une telle conversion sous la forme dune suite de
chiffres telle que 1, 0, 0, 1, 1, 1, 0 .
Lavantage dune telle conversion est de permettre un traitement informatique des donnes et
un archivage peu volumineux.
Cela sillustre parfaitement avec la numrisation des donnes consignes sur un support
papier : en effet, en transformant les donnes crites sur du papier et consignes dans
plusieurs ouvrages constituant une collection, par exemple une encyclopdie, celles-ci vont
tre archives sur un seul et mme support, au lieu dtre compils sous la forme de tomes.
En ltat actuel de la technique, il existe deux catgories darchivage de donnes numriques,
qui varient selon le support utilis :
celle qui est faite sur un support optique ;
celle employant un support magntique.
La premire catgorie se rapporte larchivage sur un support optique.
On entend par-l un support circulaire sur la surface duquel la donne est stocke et dont la
lecture nest rendue possible que par intermdiaire dune lentille optique dans laquelle un
faisceau passe pour venir frapper la surface du support.
Christophe Accardo. 2001.
23
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Cest ce systme que lon retrouve sur le CD-ROM, les DVD-ROM, les mini-discs
La capacit de stockage sur ce type de support varie entre 650 Mo et 5 Go.
La seconde catgorie de supports numriques darchivage est le support magntique.
Cela correspond un stockage de la donne sur une bande magntique, telle quune
disquette, une cassette ou un DAT.
La capacit de stockage varie ici entre 1,4 Mo et 100 Go.
La diffrence entre ces deux types de supports consiste en la frquence de leur utilisation.
En effet, si lon souhaite accder rapidement une donne ou trs frquemment, on choisira
de la conserver sur un support circulaire : lavantage rsidera dans la mthode de recherche
de linformation, car celle-ci sera rapide, car squentielle.
Alors que pour les donnes archives sur un support magntique, la recherche sera linaire et
demandera donc que toute la bande soit droule pour parvenir linformation. Ce qui peut
prendre du temps
Nanmoins, lemploi des deux catgories darchivage peut tre cumul de faon
complmentaire dans lhypothse o les donnes archives sont ventiles selon, par exemple,
la frquence de leur utilisation.
2/ informatisation des changes de donnes : EDI et tlprocdures
Les EDI et les tlprocdures correspondent des transmissions de donnes numriques.
On entend par-l, la transmission de donnes qui utilisent des signaux discrets et discontinus
pour reprsenter leurs significations, de types 1 ou 0. Ce mode de transmission a lavantage
de comprendre un taux derreur trs faible et pouvant tre transmis des trs grandes
vitesses.
a) lEDI
LEDI se dfinie comme un ensemble de normes permettant un change structur de
donnes, quelles quelles soient, entre des applications, dun ordinateur un autre et qui
implique des logiciels et des formats uniformiss et structurs de formulaires.
Une telle technologie a lavantage dacclrer et de rduire les cots des procds
administratifs, en permettant la transmission de donnes archives sous un format
Christophe Accardo. 2001.
24
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
informatique et correspondant aux documents papier dont on se sert, dans le cadre
dchanges "classiques". La finalit dun tel systme est donc lchange rapide de donnes.
Cependant, pour tre pleinement performant, un tel systme requiert deux conditions :
tre universel ;
tre ouvert [ tous].
La ncessit de rendre le systme des EDI universel est primordiale car, luniversalit permet
aux diffrentes applications informatiques des communicants de schanger des donnes
selon les mmes protocoles, selon le mme langage.
Or, une telle universalit est possible par ltablissement de normes dchanges, dfinies au
pralable par des instances nationales ou supranationales de normalisation.
Cependant, cette normalisation nest pas seulement technique, elle est aussi juridique.
Dun point de vue technique, la normalisation permet aux diffrentes interfaces des
correspondants de communiquer entre elles. A ce titre, des organismes de normalisation ont
labor des rgles spcifiques aux EDI :
au niveau national, il sagit de EDIFRANCE, sous la direction de lAFNOR ;
au niveau communautaire, du Comit Europen de Normalisation (CEN) et de
lEDIFACT-BOARD ;
et au niveau international, de lInternational Organization for Standardization (OSI),
sous lgide des Nations Unies.
Les normes tablies par ces instances rgulent donc les changes informatiss, et plus
particulirement les normes de transmission de messages, sous la norme internationale OSI
(Open System Interconnection).
Mais, un systme normatif changes de documents numriss a aussi t prvu par les
instances de normalisation, sous lappellation EDIFACT.
Juridiquement, la normalisation passe par ltablissement de rgles communes.
Au niveau communautaire, cela se traduit par le programme TEDIS30 et hauteur
internationale, par les rgles UNCID labores par la Chambre de Commerce Internationale.
30 Dcision Conseil, 87/499/CEE.
Christophe Accardo. 2001.
25
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
La condition de louverture du systme de communication par voie dEDI quant elle, rend
ce systme accessible tous, sans contrainte, si ce nest davoir adopt au pralable le
procd et les normes le rgissant.
Car, ladoption de la norme confre un avantage juridique important : elle accorde le bnfice
dune prsomption de conformit en matire de scurit, tant donn quelle reprsente les
usages et les rgles de lart dans les domaines qui la concernent.
La meilleure illustration de lEDI est la messagerie lectronique.
Cela consiste en des messages envoys entre des utilisateurs de systmes informatiques
permettant de contenir et de transporter lesdits messages. Transpos aux procdures
dmatrialises de passation, un tel procde est prometteur car il permet les changes
dinformations, voir mme, comme on le verra plus loin, les offres des candidats, non plus
par voie postale, mais par lintermdiaire des tlcommunications.
b) les tlprocdures
On appelle tlprocdure, un moyen informatique permettant daccomplir, partir dun point
fixe (chez soi, par exemple), les formalits pralables lexercice dune activit dtermine.
Au niveau des relations de ladministration avec ses usagers, cela se traduit par change
dmatrialis de formalits entre les autorits publiques et leurs partenaires et usagers31 .
Lavantage dun tel systme est la rapidit et les conomies que cela procure.
Au niveau des procdures administratives, un tel procd a t insuffl par la circulaire du
Premier Ministre relative aux schmas directeurs ministriels des systmes dinformation et
de tlcommunication32.
De mme, le Premier ministre a pris une circulaire sur les formats numriques devant tre
utiliss dans le cadre de ces procdures33.
En 1998, limportance de lutilisation des technologies de linformation (mentionnes plus
loin TIC ) au sein de ladministration, est raffirme par une circulaire ministrielle34.
Avec le programme daction gouvernementale pour lentre de la France dans la socit de
linformation (PAGSI), les tlprocdures sont explicitement visses par un texte35. 31 www.internet.gouv.fr . 32 Circulaire du 16 septembre 1996. 33 Circulaire Premier Ministre, 16 janvier 1997, relative lemploi de la norme EDIFACT-ONU par les administrations , JO n 31, 6 fvrier 1997, p. 1999.
Christophe Accardo. 2001.
26
http://www.internet.gouv.fr/
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Une illustration des tlprocdures est actuellement en vigueur.
Il sagit en effet de la tldclaration, de tlpaiement, en matire fiscale.
Ce systme a t mis en place par le Ministre de lEconomie et des finances rcemment.
Il repose sur un mcanisme permettant aux entreprises de transmettre, par voie
dmatrialise, les dclarations fiscales et comptables destines ladministration.
Initialement, ce systme est n avec la tltransmission de factures, consacre ds 199036.
Il a volu par la suite vers un systme plus complet de transfert des donnes fiscales et
comptables (TDFC)37.
Depuis le 1er janvier 2001, la tldclarations ou dmatrialisation et transmission
dmatrialise est obligatoire pour les entreprises ralisant plus de 100 millions de francs
de chiffre daffaire lors de leur prcdent exercice38. Lirrespect dune telle obligation est
sanctionn par la majoration de 0,2 % du montant des droits correspondant la dclaration
dpose suivant un autre procd39.
34 Circulaire Premier Ministre, 3 juin 1998, relative la prparation des programmes pluriannuels de modernisations des administrations . 35 PAGSI, 16 janvier 1998 : dmatrialiser les procdures administratives et dvelopper les tlprocdures . 36 L. fin. rect. n 90-1169, JO 30 dcembre 1990, p. 16423. 37 L. Madelin , 11 fvrier 1994 et les dcrets et arrts du 20 mars 1995, n 95-309 (JO 22 mars). 38 L. fin. rect., n 99-1173, 30 dcembre 1999 ; JO 31 dcembre 1999. 39 Pour une vue complte du rgime juridique de la tldclaration en matire fiscale et comptable, cf. L. Costes, Tldclaration, tlpaiement, dclarations fiscales et Internet , Lamy Droit de linformatique et des rseaux, bulletin dactualit, n 137, juin 2001, p. 2 et 3. Cf. aussi P.-A. Anjure et C. Ctorza, Tltransmission et tlpaiement ou comment faire simple , Les Nouvelles fiscales, 15 mars 2001, n 844, p. 29 33.
Christophe Accardo. 2001.
27
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Section 1 : la naissance dun principe gnral autorisant le recours la dmatrialisation dans le cadre de lachat public
En admettant de recourir la dmatrialisation dans le cadre de la passation de marchs
publics, le code a reconnu un principe gnral de passation dmatrialise.
Ce principe trouve donc sa source principale dans la lettre mme du code des marchs
publics. Mais, il nen reste pas moins que certains textes peuvent aussi tre inclus dans le
champ de la passation dmatrialise.
Ce sont donc ces sources textuelles quil faut donc dterminer ( 1), avant de voir la valeur
juridique et la porte de ce principe ( 2).
1 : sources textuelles
Les textes rgissant la dmatrialisation des procdures de passation sont ceux qui la
prvoient explicitement : cela reprsente donc lensemble des textes spcifiques aux
procdures dmatrialises de passation (A).
Nanmoins, certaines rglementations relatives dautres matires que la passation
dmatrialise de marchs publics, peuvent aussi venir rgir ces mmes contrats (B).
A/ les sources principales : textes spcifiques aux procdures dmatrialises de
passation de marchs publics Bibliographie :
- L. Rapp et Ph. Terneyre [sous la direction de], Droit public des affaires , Lamy, Paris, d. 2001, 1987 et s.
- L. Richer, Droit des contrats administratifs , LGDJ, 2e d., Paris, 1999, 482 et s. - Ministre de lEconomie et des finances, La rforme du code des marchs publics , La Revue de
lachat public, 2001, n 1, dossier spcial, p. 1 63. - F. Olivier, Le nouveau droit des marchs publics , DA, juillet 2001, n 7, Chroniques, p. 4 10.
Les textes relatifs aux procdures dmatrialises sont ceux que lon retrouve dans le droit
interne franais (1), comme dans la rglementation communautaire (2).
Christophe Accardo. 2001.
28
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
1/ au plan national
La dmatrialisation des donnes dans le cadre de lachat public est depuis longtemps dj
prvue, ltat de projet, certes, par un ensemble de textes rglementaires, qui ont abouti
larticle 56 du nouveau code des marchs publics40.
Initialement, le principe de la transmission lectronique de donnes entre ladministration et
les entreprises tait prvu ds 1997 dans un projet de la Commission Centrale des Marchs,
dans loptique dune simplification des formalits imposes aux entreprises, notamment en
matire administrative, social, comptable ou fiscale41
Par la suite, le projet de loi, dit Galland , reprenait ce principe et renvoyait un dcret
ultrieur pour ce qui est de la dmatrialisation des procdures de passation et plus
particulirement, une procdure dmatrialise de recueil des candidatures et des offres .
Ces textes nayant pas abouti, le Ministre de lEconomie et des Finances publia, en 1999, un
document dorientation portant sur la reforme du code des marchs publics, et qui se fixait
pour objectif, entre autres, demployer les nouvelles technologies de linformation toutes
les phases de la procdure de lachat public : appel public la concurrence, recueil et
dpouillement des offres, conclusion et excution du marchun texte prometteur, en
quelques sortes ! Cependant, ce texte nen est rest quau stade du projet
Avec la rforme du code des marchs publics, opre par le dcret du 7 mars 200142, la
dmatrialisation se voit consacre par larticle 56 et tourne dfinitivement les marchs
publics vers une re lectronique : Les changes dinformations intervenant en application du prsent code peuvent faire lobjet dune transmission par voie lectronique.
2/ au niveau communautaire
Un projet de lgislation en cours dlaboration par les institutions communautaires intresse
particulirement la dmatrialisation des procdures de passation.
40 Cf. F. Olivier, in Le Moniteur, 15 dcembre 2000, p. 21, Quels sont les enjeux de la dmatrialisation des achats publics et plus particulirement, le paragraphe traitant de la Gense de la dmatrialisation . 41 Loi n 94-126 du 11 fvrier 1994. 42 Dcret n 2001-210, portant Code des marchs publics ; JO n 57, 8 mars 2001, p. 37003.
Christophe Accardo. 2001.
29
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
En effet, le Parlement europen et le Conseil ont prpar une proposition de directive portant
sur la coordination des procdures de passation des marchs publics de fournitures, de
services et de travaux .
Cet avant-projet fait actuellement lobjet de propositions mises par la Commission43.
Il nen reste pas moins que, le texte prvoit explicitement de recourir la dmatrialisation
dans le cadre des procdures de passation, dans un double objectif de transparence et de
rduction des dlais de passation.
B/ les sources connexes : textes pouvant sappliquer aux procdures
dmatrialises de passation de marchs publics
1/ les textes extrieurs au code des marchs publics et rgissant ce type de
contrats
Diffrents textes ntaient pas codifis dans le code des marchs publics alors quils sont
applicables au rgime juridique de ces contrats ; mais avec la rforme du code des marchs
publics, certains dentre eux sont dsormais prvus par le code44.
Cest pourquoi, la question est de savoir comment vont sarticuler ces textes avec la
procdure dmatrialise de passation ?
_ la loi rgissant la sous-traitance45
La loi oblige le titulaire dun march public souhaitant sous-traiter lexcution de certaines
parties de son march, la condition que chaque sous-traitant soit accept par les collectivits
contractantes, matres de louvrage. Ce principe est dordre public et donc, toute clause,
arrangement ou stipulation autre ne peut y faire chec46.
Or, cette acceptation ne peut tre donne quen faisant suite une demande formule auprs
de la personne publique.
43 Projet visualisable sous la rfrence Document 500PC0275 , sur le site : http://europa.eu.int/eur-lex/fr/com/dat/2000/fr_500PC0275.html . 44 Lentre en vigueur du nouveau code des marchs publics tant prvue pour le 10 septembre 2001, lexception de son article 27 sur la computation des seuils, lequel entrera en vigueur le 1er janvier 2002, on indiquera les nouveaux articles correspondants aux textes indiqus, par des notes de bas de pages. 45 Articles 112 117 du nouveau code des marchs publics. 46 Loi du 31 dcembre 1975, article 3.
Christophe Accardo. 2001.
30
http://europa.eu.int/eur-lex/fr/com/dat/2000/fr_500PC0275.html
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Linitiative appartient normalement au titulaire du march, lentrepreneur principal47 : il est
seul pouvoir dcider de recourir la sous-traitance et pouvoir dterminer la nature des
prestations pour lesquelles lintervention dun sous-traitant lui apparat opportune. Un dfaut
de demande dacceptation est de nature constituer une faute de lentrepreneur et entraner
sa responsabilit.48
Le sous-trait lui-mme nest pas habilit prsenter directement une demande dacceptation
au matre de louvrage, afin de pallier la ngligence ou la mauvaise volont de lentrepreneur
principal, car cela irait lencontre du contrat existant entre lentrepreneur principal et le
matre de louvrage, contrat dont lexcution serait directement affecte par lintervention
dun tiers, notamment dans ses aspects financiers. Toutefois, le sous-traitant peut sassurer
que la demande dacceptation (et dagrment des conditions de paiement), a bien t faite
auprs du matre de louvrage en temps utile ; sinon sa ngligence lui serait ventuellement
impute ds lors quil tenterait dobtenir la mise en jeu de la responsabilit quasi dlictuelle
du matre de louvrage pour mconnaissance des dispositions de la loi ou du code des
marchs.
La demande est prsente en principe avant la conclusion du march.
Si elle est prsente aprs, elle ne sera pas recevable. Au surplus, un tel comportement rvle
une sous-traitance occulte. Sauf si la demande est formule par voie davenants, alors que le
contrat est en cours dexcution.
De plus, la demande doit revtir une forme crite et contenir les indications prescrites par les
textes, notamment le montant des prestations devant tre sous-traites49.
Cette demande peut-elle alors tre formule sous une forme dmatrialise ?
Une rponse positive signifierait que la forme dmatrialise se voit confrer la mme force
juridique que lcrit.
Cependant, la forme crite de la demande tant requise par la loi rglementant la sous-
traitance, mais sans aucune prcision quant la notion dcrit celle-ci sidentifiant
logiquement, moment de llaboration de ce mme texte lcrit papier cela constitue
donc une exigence imprative laquelle on ne peut subroger, mme par le recours une
forme dmatrialise de lcrit.
47 CE, 1986, Office dpartemental dHLM du Pas-de-Calais c/ St Franki. 48 CE, 7 novembre 1980, SA Schmid-Valenciennes. 49 CE, 17 mars 1982, St prigourdine dtanchit et de constructions.
Christophe Accardo. 2001.
31
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Sauf prter une quivalence juridique aux deux supports que sont lcrit papier et lcrit
numrique. Ce qui sous-entend un texte clair allant dans ce sens, cest--dire un dcret
dapplication de la loi sur la sous-traitance accordant la mme force juridique ces deux
supports mais ds lors, cela ne resterait quun texte spcifique au domaine de la sous-
traitance soit par ldiction dun texte plus gnral confrant cette quivalence lcrit
papier et lcrit numrique.
Or, le lgislateur a dj opr une telle reconnaissance avec la loi du 13 mars 2000, en
matire de preuve. Reste savoir si ce texte est applicable la dmatrialisation de lachat
public
Dans le silence des textes, une solution est nanmoins admissible : en effet, la jurisprudence
accepte que la demande dacceptation du sous-traitant soit formule dans loffre mme du
candidat, condition que le montant des prestations devant tre sous-traites soit indiqu50.
La demande pourrait donc tre formule dans loffre numrique du candidat au march.
Il nen demeure pas moins une certaine incertitude, mme dans cette hypothse, tant donn
que, comme on le verra plus loin, les formulaires proposs par les personnes publiques,
mme sous leur forme numrise, aux candidats, constituent des contrats-types dans
lesquelles la libre formulation dun souhait reste impossible, moins den avoir prvu la
facult (par exemple, grce un encart prvu cet effet et dans lequel le soumissionnaire
peut formuler sa volont de sous-traiter et indiquer la personne morale concerne).
_ les textes spcifiques la transparence et la rgularit des procdures de marchs, et la
prvention de la corruption
Autre texte extrieur au code des marchs publics et pouvant sappliquer la
dmatrialisation des procdures de passation : les textes relatifs la transparence et la
rgularit des procdures de marchs, ainsi qu la prvention de la corruption.
Concernant la transparence et la rgularit des procdures de marchs, la loi a mis en place
un dispositif anti-corruption comprenant notamment une mission interministrielle denqute
sur les marchs publics [et sur les dlgations de service public]51.
Or, comme on va le voir plus loin, la dmatrialisation va dans le sens de la transparence et
rend plus aises les investigations judiciaires.
50 CE, St prigourdine dtanchit et de constructions prc. 51 Loi du 3 janvier 1991.
Christophe Accardo. 2001.
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La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
_ les textes relatifs au droit de la concurrence
De mme, alors que le droit de la concurrence intresse particulirement les marchs publics,
en ce quil concerne la rpression des ententes [et des abus de position dominante] entre les
candidats un march, il peut trouver sappliquer dans le cadre de procdures
dmatrialises de passation, notamment dans la mise en uvre dune gale concurrence et
dans son contrle rpressif de pratiques anticoncurrentielles.
En effet, en admettant le principe de la mise en uvre de la dmatrialisation des procdures
de passation de marchs, le code des marchs publics ne porte pas atteinte la libre
concurrence entre les candidats, ds lors que cette technique de passation se voit doter de
moyens suffisants de scurisation des transmissions et des changes dinformations
numriss ainsi que de procds garantissant une intgrit maximale aux offres transmises
la personne publique par les candidats.
Ensuite, dans le mme ordre dides, en autorisant le recours des enchres lectroniques
inverses, le code des marchs publics va dans le sens dune concurrence par la mise en jeu
des offres au prix le plus bas accrue par un souci de transparence, tant donn que ce type
enchres ne permet pas les comportements occultes (du moins, en principe).
_ les rglements hors du code des marchs publics
Il sagit dun ensemble de dcrets rglementant la matire des marchs publics de faon
sectorielle.
Est particulirement concern par la dmatrialisation, le dcret relatif lensemble des
pices devant tre transmises au prfet dans le cadre du contrle de lgalit52 : quand bien
mme ces pices sont passes par la forme numrique, elles restent soumises lobligation de
transmission aux autorits dconcentres.
Reste en dterminer les modalits, ce que le dcret en question ne fait pas.
_ la "pararglementation"
Cela concerne lensemble des normes techniques homologues ou quivalentes, auxquelles se
rfrent les clauses et cahiers des marchs publics, tablies par lAssociation franaise de
normalisation (mentionne plus loin AFNOR ). A ce titre, les marchs dont le montant est
gal ou suprieur 300 000 F doivent obligatoirement faire rfrence ces normes.
Christophe Accardo. 2001.
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La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Dans le cadre de la dmatrialisation des procdures de passation, la dtermination de telles
normes est essentielle au pralable, notamment dans le cadre des offres transmises par les
candidats une personne publique.
En effet, il est impratif que les instances de normalisation dterminent au pralable ces
normes, au premier rang desquelles sont vises les formats des documents numriss : ceux-
ci doivent tre dfinis en tant que norme sous laquelle les offres devront tre transmises la
personne publique, sous peine dtre rejetes. On pense notamment aux formats de type PDF
ou XML qui, comme on le verra plus loin, ont lavantage doffrir ces documents numriss,
des garanties dintgrit.
De mme, de telles normes doivent dfinir les modes de transmission par lesquels les offres
numrises seront communiques et changes entre les diffrents acteurs : ex, la voie filaire
classique de linternet et/ou ses versions plus rcentes, telles que la transmission par ondes
radiophoniques, par le biais de lUMTS, ou via le satellite. Cela est dautant plus important,
que des problmes dinteroprabilit entre les systmes de protection peuvent survenir selon
les modes de transmission.
La "pararglementation" concerne aussi les documents types de la Direction des affaires
juridiques, tels que les formulaires de candidature (types DC4, DC5).
Ces documents intressent eux aussi la dmatrialisation des offres tant donn quils sont
numrisables, voir mme, numriss et accessibles en tlchargement sur internet.
A cet gard, on peut ici saluer leffort entrepris par ladministration qui sest lance dans un
vaste mouvement de numrisation des formulaires et qui les laisse disposition du public, en
tlchargement libre53.
2/ les rglementations extrinsques au code des marchs publics et rgissant
la dmatrialisation
Aux cots des textes rgissant la commande publique, il existe un certain nombre de
rglementations qui gouvernent spcifiquement la dmatrialisation et dont le champ
dapplication pourrait tre tendu aux procdures dmatrialises de passation.
52 Dcret n 93-1080 du 9 septembre 1993. 53 Formulaires tlchargeables sur diffrents sites : www.journal-officiel.gouv.fr , www.cerfa.gouv.fr , www.minefi.gouv.fr/formulaires/daj_dc.htm .
Christophe Accardo. 2001.
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http://www.journal-officiel.gouv.fr/http://www.cerfa.gouv.fr/http://www.minefi.gouv.fr/formulaires/daj_dc.htm
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
_ rglementation de la cryptologie
La cryptologie est un procd qui permet de scuriser des donnes en les rendant
incomprhensibles toute personne en dehors de leur metteur et du destinataire.
Ce procd rpond bien aux impratifs scuritaires que la procdure dmatrialise de
passation requiert, notamment afin dviter les incursions illicites dans les changes de
donnes entre les candidats et les acheteurs publics et/ou, afin de concourir lintangibilit
des crits dmatrialiss.
Or, un tel procd fait lobjet dun cadre rglementaire prcis et qui a vari dans le temps
selon des conceptions diffrentes, allant dune perception rgalienne du cryptage lide
dune (quasi-) libralisation des procds.
Initialement, le rgime juridique de la cryptologie54 tait prvu par la loi du 29 dcembre
199055 relative la rglementation des tlcommunications, et son dcret dapplication du 28
dcembre 199256 en dfinissant une procdure administrative pralable lutilisation du
procd.
Le Conseil de lEurope, a fortement incit les gouvernements adopter une lgislation
permettant de concilier les intrts de lEtat et les attentes des utilisateurs en matire de
scurit57.
Cest ainsi que la loi du 26 juillet 199658 puis ses dcrets dapplication du 24 fvrier 199859 et
des arrts ultrieurs60 ainsi que les dcrets du 23 mars 199861 ont amorc le processus de
libralisation des moyens et prestations de cryptologie en assouplissant le rgime alors en
vigueur : certains moyens et prestations deviennent en effet totalement libres, alors que
dautres restent soumis une dclaration ou une autorisation pralable.
54 Pour un aperu complet du rgime juridique de la cryptologie, cf. G. Chatillon, Le rgime franais de la cryptologie : comment le dchiffrer ? , Lamy Droit de linformatique et des rseaux, Bulletin dactualit, octobre 2000, n 129, p. 1 24 ; Le Journal de la Scurit, La rglementation de la cryptologie en France , avril-mai 2000 ou le site internet http://www.droitweb.com/m1/index/index_s004.html. Voir aussi le tableau rcapitulatif du rgime juridique de la cryptographie in Th. Piette-Coudol, Echanges lectroniques, certification et scurit , Litec, Collection Droit@Litec, Paris, 2000, p. 32. Pour un aperu critique des moyens lgaux mis en uvre en France pour lutilisation de la cryptographie, cf. http://www.ialtafrance.org/sigelec/Default.htm . 55 Loi n 90-1170, JO 30 dcembre 1990 ; modifie par la loi n 91-648 du 11 juillet 1991, JO 13 juillet 1991. 56 Dcret n 92-1358. 57 Recommandation CE, 11 septembre 1995, NR (95) 13, relative aux problmes de procdure pnale lis aux technologies de linformation. 58 Loi n 96-659 sur la rglementation des tlcommunications, JO 27 juillet 1996, p. 11384. 59 Dcrets n 98-101 et 98-102. 60 Arrts du 13 mars 1998. 61 Dcrets n 98-206 et 98-207.
Christophe Accardo. 2001.
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http://www.droitweb.com/m1/index/index_s004.htmlhttp://www.ialtafrance.org/sigelec/Default.htm
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
Le rgime juridique de la cryptologie a t assoupli rcemment par les dcrets du 17 mars
199962 et larrt du mme jour, en substituant une procdure de dclaration pralable celle
de lautorisation pralable pour les prestations de cryptologie comprises entre 40 et 128 bits
et en augmentant le nombre de catgories dispenses de toutes formalits pralables pour les
modes de cryptologie infrieurs 40 bits.
Au niveau international, lOCDE a dtermin des lignes directrices concernant larticulation
de la cryptographie avec la politique des Etats membres, afin dinstaurer une coopration
internationale en ce domaine : il a t notamment prvu un ensemble de mesures, sous la
forme dun inventaire, destines contrler lexportation et limportation de technologies de
cryptologie63. Cela a abouti des mesures de coopration instaures dans la ligne dun
accord international militaire prexistant, lAccord Wassenaar64.
Au niveau communautaire, "seul" un rgime juridique concernant le contrle de la circulation
des technologies de cryptologie est prvu : il sagit du Rglement communautaire et de la
Dcision du Conseil de lUnion europenne intressant le contrle des exportations de
biens double usage du 19 dcembre 199465.
De mme, la directive portant sur les signatures lectroniques66 contient des dispositions
relatives la cryptologie.
_ rglementation de la signature lectronique
Concernant la signature lectronique, celle-ci trouve sappliquer notamment dans le
domaine des offres dmatrialises des candidats un march public : celles-ci sont soumises
la signature des candidats67.
Ce procd est encadr par la loi du 13 mars 2000 portant adaptation du droit de la preuve
aux technologies de linformation et relative la signature lectronique68 et par le dcret du
62 Dcrets n 99-199 et 99-200. 63 Rapp. OCDE, Direction de la science, Inventaire des mesures de contrle appliques aux technologies de cryptographie, Ottawa, Canada, 7-9 octobre 1998. 64 Arrangement Wassenar relatif au contrle des exportations darmes conventionnelles et de biens et techniques double usage , juillet 1996. 65 Rglement CE n 3381/94, JOCE 31 dcembre 1994, n L 367, p. 1. Dcision n 94/942/PESC, JOCE 31 dcembre 1994, n 367/8. 66 Directive n 1999/93/CE, 13 dcembre 1999, JOCE 19 janvier 2000, n L 13, p. 12. 67 Article 48, al.2, nouveau code des marchs publics. 68 Loi n 2000-230, JO 14 mars 2000, p. 3968 ; JCP E 2000, n13, p. 572.
Christophe Accardo. 2001.
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La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
31 mars 2001 pris pour lapplication de larticle 1316-4 du code civil et relatif la
signature lectronique69 .
Ceux deux textes rgissent un mme procd dont la technicit participe, comme on le verra
plus loin, lintgrit, lauthenticit et la non-rpudiation des documents numriss et
notamment, des offres des candidats.
De mme, ces deux textes contribuent au rgime de la preuve des crits dmatrialiss et
donc, sont applicables la procdure de passation de marchs publics.
La loi du 13 mars 2000 relative la signature lectronique sinscrit aussi dans un cadre
rglementaire international et communautaire.
Au niveau communautaire, certaines directives concernent indirectement la dmatrialisation
des procdures de passation : cest notamment le cas de la directive du Parlement europen et
du Conseil, relative au cadre communautaire pour les signatures lectroniques70 .
Au niveau international, la Commission des Nations-Unies pour le droit commercial
international (mentionne plus loin CNUDCI ) a labor un projet de rgles uniformes sur
la signature lectronique.
_ rglementation des donnes caractre personnel
Le cadre lgal prvu pour les donnes caractre personnel dtenues par une personne
publique peut trouver sappliquer la dmatrialisation des procdures de passation.
En effet, comme on le verra plus loin, les offres numrises envoyes la personne publique
ou tout autre pouvoir adjudicateur, au sens communautaire71, par les candidats constituent
des donnes caractre personnel qui sont laisses ainsi "en dpt" au destinataire.
Au niveau national, de telles donnes sont rgies par la loi Informatique et liberts du 6
janvier 197872. Celle-ci a t modifie par la suite avec les lois du 16 dcembre 199273 et du
69 Dcret n 2001-272, pris pour lapplication de larticle 1316-4 du code civil et relatif la signature lectronique ; JO 31 mars 2001, p. 5070 ; JCP E 2001, n 17, p. 717. 70 Directive n 1999/93/CE prc. 71 CJCE, 15 janv. 1998, Mannesmann Anlagenbau Austriae c/ A./Strohal Rotationsdruck, aff. C44/96 et 10 nov. 1998, Gemeente Arnhem c/ BFI Holding, C 360/96. 72 L. n 78-17, relative linformatique, aux fichiers et aux liberts ; JO, 7 janvier 1978. 73 L. n94-548, relative lentre en vigueur du nouveau code pnal ; JO, 23 dcembre 1992.
Christophe Accardo. 2001.
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La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
12 avril 200074. Le projet de loi dit Loi sur la socit de linformation en cours
dlaboration devrait complter le rgime actuel des donnes personnelles75.
Au niveau communautaire, de nombreuses rglementations encadrent la protection des
donnes caractre personnel dtenues par un tiers :
la directive du Parlement europen et du Conseil relative la protection des personnes
physiques, lgard du traitement des donnes caractre personnel et la libre
circulation de ces donnes76 ;
la directive intressant la protection juridique des bases de donnes77 ;
la directive sectorielle concernant le traitement des donnes caractre personnel et la
protection de la vie prive dans le secteur des tlcommunications78 ;
la recommandation du Conseil relative aux lignes directrices pour la protection des
personnes lgard de la collecte et du traitement de donnes caractre
personnel sur les inforoutes 79 ;
_ rglementation du commerce lectronique
Le Parlement europen et le Conseil ont labor une directive spcifique au commerce
lectronique80 qui sapplique plus particulirement aux prestataires et aux services de la
socit de linformation.
Cette directive concerne donc les diffrents acteurs de la dmatrialisation des changes
commerciaux et de la passation en ligne de contrats : elle tablit les diffrentes obligations
dinformation auxquelles ils sont soumis, ainsi que le cadre de la passation des commandes
en ligne.
Ce texte doit tre transpos par les Etats membres avant le 17 janvier 2002.
On peut penser que cette directive et sa loi de transposition sappliquent la passation
dmatrialise de marchs publics.
74 L. n 2000-321, relative au traitement de donnes nominatives ayant pour fin la recherche dans le domaine de la sant. 75 Projet disponible sur le site de lAssemble nationale : www.assemblee-nationale.fr . 76 Directive n 95/46/CE, 24 octobre 1995, JOCE 28 novembre 1995, n L 281, p. 1. 77 Directive n 96/9/CE, 11 mars 1996. 78 Directive n 97/66/CE, 15 dcembre 1997, JOCE 30 janvier 1998, n L 24, p. 1. 79 Recommandation du 23 fvrier 1999. 80 Directive, 8 juin 2000, relative certains aspects juridiques des services de la socit de linformation et notamment du commerce lectronique, dans le march intrieur .
Christophe Accardo. 2001.
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http://www.assemblee-nationale.fr/
La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
En effet, ces derniers faisant partie du commerce lectronique, leur mode de passation
lectronique entre bien dans le champ dapplication de la directive.
Cependant, la directive admet des drogations pour certains contrats, notamment ceux qui
crent ou transfrent des droits sur des biens immobiliers, lexception des droits de
location . A ce titre, certains marchs publics sont donc susceptibles dentrer dans le champ
de cette drogation : il sagit essentiellement des marchs publics de travaux qui induisent le
transfert de la proprit de louvrage lissue des travaux, lors de sa rception.
Donc, comme on vient de le voir, lensemble des textes prcits ne concerne pas
directement la dmatrialisation de la commande publique.
Mais, il nen demeure pas moins quils pourraient logiquement sappliquer elle, par la
technique du renvoi, opre par le code des marchs publics, ces mmes textes.
Cependant, faute de textes prvoyant un tel renvoi, les cadres juridique que forment la
rglementation de lachat public dmatrialis et celui propre la dmatrialisation elle-
mme, coexistent de faon parallle, alors quils pourraient tre complmentaires lun et
lautre.
2 : valeur juridique et porte
Au regard de larticle 56 du code des marchs publics, le texte reconnat un principe
lgislatif dont la valeur semblerait, logiquement, imprative.
Cependant, la subtilit du droit aidant, la lettre du code laisse penser que la valeur de ce
mme principe varie selon le droit interne et les prescriptions communautaires (A).
Par ailleurs, le principe de la dmatrialisation de lachat public voit sa porte restreinte en
raison de son cadre juridique trop gnral : les modalits de la mise en uvre de ce principe
restent soumises des dcrets ultrieurs, alors que des rglementations prexistant pourraient
complter ce cadre juridique (B).
A/ valeur juridique variable
Les dispositions du code des marchs publics relatives la dmatrialisation des procdures
de passation nont pas la mme autorit que les prescriptions communautaires concernant ce
Christophe Accardo. 2001.
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La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
mme domaine : au niveau national, le principe de la dmatrialisation des procdures de
passation a une valeur suppltive (1), alors quau regard du droit communautaire, il se voit
confrer une "force" imprative (2).
1/ valeur suppltive au plan national
Le principe de la dmatrialisation des procdures de passation, tel quil est prvu larticle
56 du code des marchs publics, se voit confrer une valeur lgale.
Nanmoins, le principe du recours ce procd, dans le cadre des procdures de passation,
bien que consacr par la loi, reste soumis une priode transitoire pendant laquelle, son
emploi est admis titre suppltif.
En effet, la lettre mme du code permet aux personnes publiques dinterdire, dans lavis
dappel concurrence, le recours la dmatrialisation des offres des candidats, pendant une
priode allant jusquau 1er janvier 200581 !
De mme, le code prvoit de recourir, titre accessoire, lcrit dmatrialis pour toutes les
procdures de passation requrant la forme crite traditionnelle, titre principal82.
Cela signifie donc qu compter de ce terme, seulement, les personnes publiques ne seront
plus admises opposer une interdiction la rception de telles offres par une voie
dmatrialise.
Autrement dit, linstauration dun tel dlai risque de ne pas vraiment motiver les entreprises
candidates squiper en matriel permettant de recourir la transmission de donnes
numriques ; et par extension, de ralentir le dveloppement des procdures dmatrialises de
passation.
Cela compromet la dmatrialisation elle-mme, tant donn que leffet de la coexistence de
la procdure matrielle traditionnelle de passation et de la procdure dmatrialise laisse
subsister la premire, titre principal, au dpit de la seconde, laquelle on peut recourir
titre accessoire.
Or, au regard de lobjectif principal de la rforme du code des marchs publics, de laquelle a
merg le principe de la dmatrialisation des procdures de passation, leffet recherch tait
aux antipodes des rsultats potentiels : en effet, la modernisation de lachat public tait
81 Article 56, 2, code des marchs publics. 82 Article 56, 4.
Christophe Accardo. 2001.
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La dmatrialisation des procdures de passation des marchs publics.
cense passer par le recours la dmatrialisation ; celle-ci constitue ainsi le corollaire cette
modernisation8