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Évolution de l'enfant et psychogenèse La psychogenèse correspond à l'édification du psychisme au cours de la vie. C'est ce que l'on nomme une "épigenèse" par opposition à la "phylogenèse" mettant en jeu l’hérédité. Ici l'impact de l'environnement (familial, social et culturel), et donc de l'éducation, est déterminant. L’idée d’une genèse et d'une évolution du psychisme tout au long de l'enfance est un élément essentiel du système explicatif de la psychopathologie dynamique (psychanalytique). PLAN 1. QUELQUES REPÈRES CLINIQUES 1.1 Définition de la psychogenèse 1.2 Les âges de la vie Les débuts La petite enfance La suite 2. LE STADE PRÉCOCE 3. LA LIGNÉE OBJECTALE Le temps homoérotique Le temps hétéroérotique 4. LA LIGNÉE NARCISSIQUE L’individuation L’autonomisation La consolidation 1. QUELQUES REPÈRES CLINIQUES 1.1 Définition de la psychogenèse Le psychisme, dont nous avons essayé de donner un modèle dans un autre article, ne surgit pas « tout fait » à la naissance, il se construit au cours de l'enfance et de l’adolescence puis, il est l'objet de certains remaniements pendant la vie adulte. Cette organisation est déterminée par la conjugaison entre vie relationnelle du sujet (relations avec les parents, le cadre social, les événements, l'éducation) le développement somatique (croissance, sexualité) et la dynamique propre au psychisme (issue des pulsions et de son auto-organisation), qui confrontent le sujet à problématiques existentielles successives et différentes.

Évolution affective de l'enfant et psychogénèse

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Évolution affective de l'enfant et psychogénèse.

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  • volution de l'enfant et psychogenseLa psychogense correspond l'dification du psychisme au cours de la vie. C'est ce que l'on nommeune "pigense" par opposition la "phylogense" mettant en jeu lhrdit. Ici l'impact del'environnement (familial, social et culturel), et donc de l'ducation, est dterminant. Lide dunegense et d'une volution du psychisme tout au long de l'enfance est un lment essentiel du systmeexplicatif de la psychopathologie dynamique (psychanalytique).

    PLAN

    1. QUELQUES REPRES CLINIQUES1.1 Dfinition de la psychogense1.2 Les ges de la vie

    Les dbutsLa petite enfanceLa suite

    2. LE STADE PRCOCE3. LA LIGNE OBJECTALE

    Le temps homorotiqueLe temps htrorotique

    4. LA LIGNE NARCISSIQUELindividuationLautonomisationLa consolidation

    1. QUELQUES REPRES CLINIQUES

    1.1 Dfinition de la psychogense

    Le psychisme, dont nous avons essay de donner un modle dans un autre article, ne surgit pas toutfait la naissance, il se construit au cours de l'enfance et de ladolescence puis, il est l'objet decertains remaniements pendant la vie adulte. Cette organisation est dtermine par la conjugaisonentre vie relationnelle du sujet (relations avec les parents, le cadre social, les vnements, l'ducation)le dveloppement somatique (croissance, sexualit) et la dynamique propre au psychisme (issue despulsions et de son auto-organisation), qui confrontent le sujet problmatiques existentiellessuccessives et diffrentes.

  • On peut distinguer deux lignes de dveloppement, la ligne objectale et la lign narcissique ainsi quedes grandes phases structurantes. Chacune des lignes correspond la construction et audveloppement dune instance psychique : lobjet et le soi. Rappelons que nous distinguons fermementlobjet, lment de la structure psychique, du rfrent objectal : la personne concrte laquelle le sujetsadresse. Le rfrent ayant sa propre organisation psychique on conoit quelle puisse influencerlvolution du sujet.

    Le dveloppement psychogntique n'est jamais parfaitement global et synchrone, il peut treharmonieux ou disharmonieux. Les phases volutives amnent des transformations densemble dupsychisme. Ces transformations sont reprables en termes structurels. Elles apportent au psychismedes remaniements qui perdurent ensuite.

    1.2 Les ges de la vie

    Avant daborder les lignes psychogntiques et les phases structurantes nous allonsnoter quelques aspects cliniques caractristiques selon une chronologie simplifie, afinde noter certains ges qui serviront de repres. Ces ges ne peuvent qutreapproximatifs et varient dun cas lautre.

    Les dbuts

    De la vie prnatale six mois : La vie ftale et la naissance constituent les premiers pas dans lavie. Elles laissent des traces qu'il est difficile d'valuer. De la naissance deux mois environ lenourrisson a des contacts limits, puis sinstaure une relation dyadique et fusionnelle avec la mre quidure jusqu' cinq six mois. Le vcu est flou, l'enfant ne se distingue pas bien de sa mre et de sonenvironnement. Ses intrts sont majoritairement lis l'alimentation et aux clins. Les premiersschmes relationnels se mettent en place. Vers trois mois, le sourire devient social et le bb repre sonenvironnement. Enfin, vers six mois la perception unitaire du corps dbute. Repre propos : 5 6mois.

    De six mois deux ans et demi : partir de six mois lenfant commence sasseoir, mais il fautattendre un an pour que la station debout soit acquise. Les gestes se coordonnent en vue dune action.C'est le moment de la synthse de l'image corporelle prototype de la constitution d'une image de soidiffrencie. C'est aussi l'apparition de l'autre et la peur des trangers. La permanence et la prennitdes choses concrtes apparaissent lenfant. Les intrts oraux diminuent vers un an, mais les effets dusevrage sont moins nets de nos jours car lalimentation est trs tt diversifie. L'apprentissagesphinctrien commence. Lenfant apprend marcher et parler ; cest la priode ou il dit non etsoppose. Repre propos : 2 ans

    La petite enfance

    De deux ans et demi quatre ans : partir de deux ans c'est la conqute de l'indpendance. Les

  • objets concrets se stabilisent, ils deviennent solides et durables. Le langage se dveloppe fortement. Il ya une consolidation de l'investissement de soi qui donne la possibilit d'exister seul. L'enfant use de lapossibilit de s'opposer, il continue de dire non . Il se dsigne par son prnom, puis vers trois ansprenant conscience de son individualit dit Je . trois ans lenfant est trs actif, il bouge beaucoupet explore infatigablement lenvironnement immdiat.. Les intrts de l'enfant se portent sur le monde,avec une recherche de matrise et de contrle ; le sens de la proprit apparat. partir de trois ans etdemi c'est la dcouverte de la diffrence des sexes et la confrontation au problme quelle constituepour une pense imprgne dimaginaire. Repre propos : 4 ans

    Jusqu' six ans : La curiosit sexuelle se poursuit tant en ce qui concerne son propre sexe que celuides autres. Lapprentissage et ladoption des conduites caractristiques masculine et fminine est encours. Les lments de base de la reprsentation spatiale (droit gauche, dedans dehors) sont acquis etle langage permet la communication en dehors de tout contexte concret. Lenfant cherche se dfinirpar ses caractristiques propres, il essaye de se faire valoir par ses capacits auprs des adultes. Lapense reste intuitive prlogique mais la diffrence entre ralit et imaginaire stablitprogressivement. Repre propos : 6 ans

    La suite

    La grande enfance : Elle se droule de six ans treize ans. partir de six ans une identificationstable l'un des deux sexes, en mme temps que l'attraction amoureuse pour le parent de sexe opposse dissipe. La loi est intgre et admise le principe de ralit se stabilise. Cela se produit vers six ans, sibien que la septime anne est appel lge de raison. Suit la priode de latence apportant un certaincalme qui permet le dveloppement des apprentissages culturels et la poursuite du dveloppementintellectuel. Cette dernire priode est parfois appele la grande enfance. Lenfant accde auraisonnement logique dabord sur le plan concret puis abstrait. Repre propos : 13 ans

    L'adolescence : De treize vingt ans, c'est l'adolescence. La croissance somatique reprendprovoquant dimportantes modifications corporelles, le statut social est en volution, mais devientbtard et source de conflits. Les problmatiques par rapport aux parents se rejouent et se rsolventdfinitivement, ce qui permet l'abandon de l'enfance et l'entre dans l'age adulte, tant du point de vuerelationnel que sexuel. C'est l'ge de l'mancipation et de la conqute d'une autonomie sociale etconomique. Ce n'est qu'au terme de cette volution que la pense rationnelle prend le dessus, si toutsest bien pass.

    L'ge adulte et la vieillesse : L'volution n'est pas finie l'ge adulte cependant les nouvellesexpriences ne contribuent pas la psychogense au sens propre. Signalons toutefois que la grossesse,le fait d'tre parent et le changement de statut que cela implique, produisent des remaniementsimportants. Il faut aussi signaler la crise du milieu de la vie, (Repre propos : 40 ans), qui estoccasionne par l'valuation des ralisations, ce qui peut conduire une rorientation de l'existence. Levieillissement (Repre propos : 65 ans) impose dimportants changements gnralement sous-

  • estims. Cette dernire priode est parfois greve par la snilit (volution dmentielle), mais pasobligatoirement. Elle ncessite une adaptation psychologique importante.

    2. LE STADE PRCOCE

    Nous prfrons distinguer un stade prcoce avant le dmarrage des lignes objectale et narcissiquedans la mesure ou, selon nous, ni lobjet, ni le soi, nexistent la naissance. Rappelons que ce nest paslavis des Kleiniens. Ce stade prcoce commence lors de la vie ftale et va jusqu lge de quatre sixmois environ.

    In utro : Il se passe forcment quelque chose pendant la vie ftale, mais du point de vue de lapsychogense, cest--dire de ldification de la structure psychique trs peu dont ne peut puisse direquoi ce soit. Nous viterons donc les spculations invrifiables sur ce sujet. Peut le ftus tremmorise-t-il des sensations floues et un sentiment de bien tre li labsence de besoins.

    La naissance : Y a-t-il traumatisme la naissance ? Ce qui est certain, cest que le nouveau n estconfront des sensations radicalement diffrentes de celles qui prcdent et qui peuvent par leurviolence mme susciter un souffrance. Cest sans doute ce moment que se diffrencient les deuxpolarits qui vont orienter le fonctionnent psychique dan son ensemble : plaisir et dplaisir

    Symbiose : De la naissance quelques mois il y a une symbiose entre la mre et lenfant. Le vcu estflou, l'enfant ne se distingue pas bien de sa mre et de son environnement. Ses intrts sontmajoritairement lis l'alimentation et aux clins. Les premiers schmes relationnels apparaissent.Dans ce vcu caractre fusionnel et indistinct les aspects lmentaires du fonctionnement psychiquese mettent en place.

    Hallucination de la satisfaction : Le nourrisson en dehors des tts et lorsquil a faim mime la ttet cela le calme. Il reproduit laspect moteur (et probablement visuel et olfactif) de lexprience quiapporte une satisfaction. Il y a une tentative de satisfaction hallucinatoire (probable base de la fonctionimaginative ?). Au bout dun certain temps la satisfaction imaginaire du besoin est inefficace. Seul leretour de la mre nourricire concrte apaise vraiment la faim. De cette manire samorce la distinctionentre imaginaire et ralit. Trop dincohrence dans cette squence est susceptible de brouiller ce dbutde distinction.

    Plaisir et dplaisir : Le plaisir et le dplaisir se diffrencient. Ces deux polarits fondamentales,agrgent autour delles les premires expriences sous formes de traces mnsiques sensorielles etmotrices. Le psychisme sorganise en deux noyaux fondateurs.

    Autorotisme : Cest le moment de lautorotisme au sens prcis du terme : il est autarcique et leplaisir constitue lui-mme sa propre fin. Lactivit hdonique est constitue surtout par l'activit desuccion et daspiration. La tte procure un plaisir global, un apaisement gnral. Dans les moments dedtente entre deux et six mois, lenfant prend plaisir tre et manifeste lvidence une plnitude. On

  • suppose lexistence dimagos constitues partir daspects partiels de le mre : le sein nourricier,labsence frustante. Ils constituent des proto-objets en se liant aux pulsions libidinales et agressives, cequi donnent les imagos du "bon sein" et du "mauvais sein" dcrites par Mlanie Klein (1946).

    Oralit : Cest loralit qui domine. Les zones corporelles investies sont constitues par le carrefourarodigestif, et lensemble des sens olfactif, gustatif, visuel et tactile. Lintrt stend toute la peau dufait des clins. A ce stade la relation est marque par lavidit, le besoin de satisfaction immdiate.L'enfant apprend l'un et l'autre et commence percevoir le sein et plus gnralement la mre sous uneforme sommaire (chaleur, douceur, odeur).

    Lapaisement : Lapport relationnel ayant une action sur lorganisation du psychisme vient delapaisement maternel. Au travers du maternage un contrle motionnel et une symbolisation primitivese mettent en place. Cela se fait dabord de manire extrieur par laction de la mre. Nous regrouponssous ce terme le holding de Winnicott (1960) et le rle alpha de la mre ainsi nomm par Bion (1971-1975). La mre apaise lenfant et donne sens ce que lenfant ressent, dans un temps o il nest pasencore capable de le faire par lui-mme. Cet aspect a t dcrit par Bion comme leffet sur le nourrissonde la fonction alpha de la mre. La mre en consolant le bb et en restant calme lapaise en retour. Cequil a ressenti comme un dsastre se rpare. Le mcanisme tient la projection (archaque) puis lareprise de laffect transform. Dans le cycle complet et sain la projection archaque est suivie dans unsecond temps dune reprise permettant une identification avec en plus une prsymbolisation. Deslments proto-symboliques, dits alpha par Bion, peuvent tre construits. Ce faisant, la mretransmet cette capacit lenfant et il lintriorise. Petit petit, et cest ce que lon retrouvera dans lesphases ultrieures, ce mcanisme prend un caractre nettement symbolisant (mots, gestes) ce quipermettra une matrise des affects incomparable, donnant au total ce qu nous appelons lapaisementsymbolisant. .

    Prnarcissime : Nous appelons prnarcissisme ce moment correspondant l'absenced'individuation. Il se manifeste par ce que Freud nomm le "sentiment ocanique". C'est l'intuition departiciper lunivers, de se fondre dans un environnement illimit. Contrairement la traditionfreudienne, nous ne qualifions pas de "narcissique" le stade primitif d'indiffrenciation. En effet,lindividuation, qui sur le plan mtapsychologique correspond la constitution du soi, institue unefranche rupture avec ce stade. Nous nous prononons donc nettement en dfaveur de la qualificationde narcissique primaire de ce stade. Il sagit si lon sen tient une stricte dfinition du narcissismedun stade prcdant le narcissisme. A la limite on pourrait parler de proto-narcissisme dans la mesureo une individuation somatique se met en place, de mme qu'une distinction partielle d'avecl'environnement.

    3. LA LIGNE OBJECTALE

    La ligne objectale concerne lvolution libidinale dans la relation lautre et en tant que cette attitudeest gouverne par un lment de la structure psychique appel lobjet. Les zones corporelles prennent

  • une valeur relationnelle rotise puis la perdent sous la pression ducative qui canalise et oriente laligne libidinale. La source pulsionnelle est labore grce lobjet et aux structures fantasmatiquesdont lavnement et le changement dpendent du cadre relationnel familial. Pour dcrire l'volutionobjectale libidinale, aux stades traditionnels bien connus, nous ajouterons la transition qui font passerdun temps homorotique un temps htrorotique.

    Rappelons le rle complmentaire de linterdit et du projet, dans lvolution libidinale. On les retrouve chaque stade. Linterdit concerne les pulsions libidinales et agressives. Cet interdit est porteur dechangement, car il canalise les pulsions et protge lenfant dune excitation trop importante, toutcomme dune ventuelle mise en acte inassumable. Linterdit est la partie merge de toutlordonnancement humain : diffrence des sexes, diffrences des gnrations, organisation desrapports selon une Loi (la Loi constitutive).

    Au cours du dveloppement de l'enfant, le pulsionnel (d'origine biosomatique) vient rencontrer deslimitations, interdits et prescriptions (qui passent par le cognitivo-reprsentationnel). Une dynamiquepositive s'institue par les renoncements successifs (aux modalits et l'objet du moment), quipermettent au dsir de rebondir vers la stade suivant. Cette dynamique vient marquer le corps.

    Le temps homorotique

    Lobjet se constitue et entre en rapport avec son rfrent concret, maintenant mieux peru, selon desmodalits interactives complexes. Le rfrent objectal est toujours lun des parents et plusparticulirement la mre. Dans ce temps, il reste pour le sujet dpourvu daltrit, son identit sexuelleest secondaire et il est toujours vu sous un jour partiel.

    Le stade oral : un moment donn (probablement vers trois mois) linvestissent oral va tre modulet organis par la naissance de lobjet. Il se constitue une imago rassemblant les aspects partiels, maisqui est double bonne et mauvaise. Cette imago maternante indiffrencie est investie positivement etngativement et ainsi se constitue un objet cliv en deux (bon et mauvais), sans rfrent objectal biendfini. Le clivage et caractristique du fonctionnement psychique de ce stade. Les pulsions agressivespeuvent sexacerber et se diriger contre lobjet mauvais mais elles peuvent aussi se retourner contre lebon objet ou tre attribues au mauvais objet. Les structures fantasmatiques organisatrices dufonctionnement psychique se constituent autour des thmes dincorporation dvoration,anantissement.

    Linvestissement oral se transforme progressivement jusqu'au sevrage. Lenfant distingue mieux laralit, il repre la mre, le pre, les autres enfants et lui-mme. Deux problmes surgissent en liaisonavec la ligne narcissique que nous verrons aprs : - Les autres enfants sont perus comme identiques lui-mme si bien que sinstitue une rivalit et une jalousie. Du point de vue de la structure psychique,limago de lautre est identique limago de soi-mme, elles sont donc mise en quivalence et doncdirectement en concurrence par rapport lobjet. - L'objet jusqualors cliv en bon et mauvais sunifie

  • ce qui provoque un risque de perte de lobjet ce qui engendre un vcu dpressif vers six mois. Laprvalence du mauvais objet exacerbe les pulsions agressives qui attaquent et lobjet et le soi.

    Le sevrage, source de frustrations importantes, impose un renoncement aux satisfactions et au moderelationnel de ce stade et son dclin a lieu progressivement.

    Le stade anal : Du fait de l'apprentissage sphinctrien, l'attention se porte sur la zone ano-rectale.D'une manire gnrale l'activit la locomotion le langage donne une autonomie. La relation avec lamre se conflictualise car lenfant peut sopposer. C'est le moment des premires punitions. Du fait dece conflit, les sentiments envers les parents deviennent trs ambivalents.

    La source de plaisir la plus vidente est la dfcation. Les parents exigent que l'enfant fasse au pot. Parrapport cela deux attitudes possibles la soumission ou le refus. Les fces prennent une valeur etdeviennent une monnaie d'change qui permet de faire plaisir ou s'opposer. Au dbut lenfant se sentmanipul passivement et prend une attitude masochiste. Sur le plan de lorganisation pulsionnelle, lesaspects libidinaux et agressifs sintriquent et lobjet est investi de manire mixte (tant libidinalquagressif).

    Les relations s'organisent selon des rles opposs qui consistent manipuler matriser ou tremanipul, et il se cre un couple actif/passif et sadique/masochiste. ce dbut, l'enfant prend lapremire position et attribue la seconde sa mre, puis la seconde. De deux trois ans, la locomotion,le langage, la capacit anale de rtention donnent un pouvoir et une autonomie. Le conflit avec la mreenglobe le pre. Le non devient encore plus net. Mais la relation peut voluer favorablement si lesparents acceptent le passage l'activit au refus et donc la capacit garder. Lenfant acquiert unecapacit agir sur le monde, s'opposer, dire non. Une fois la propret acquise lintrt cesse de seporter sur la dfcation et un dclin du stade anal se produit.

    Le stade phallique : Entre trois et cinq ans, de nouvelles modalits de plaisir, lies la zone uro-gnitale, prennent le devant de la scne. C'est le moment o apparaissent lrotisme urtral, lamasturbation, le voyeurisme et lexhibitionnisme. Au dbut le stade est plus urtral passif et la finplus phallique actif. Le pnis est vcu comme organe de puissance et de compltude, c'est--direcomme phallus et le reprage de la diffrence des sexes se fait par rapport lui : il est prsent ouabsent. Mais au dpart, son absence est nie tant par le garon que la fille et les deux parents sontvcus comme phalliques.

    Cette dcouverte du phallus se lie au narcissisme qui a pris une forme secondarise mais reste assezfragile. Au stade phallique le sujet considre le phallus comme objet de valorisation. On constate desoscillations entre prestance et dvalorisation. Les relations vont s'organiser sur ce mode, avec desattitudes qui oscillent entre dominateur-brillant ou au contraire passif-dpit. La structurefantasmatique dominante est celle de la possession ou de la captation phallique. Elles opposent desgrands et des petits, des personnages pourvus dattributs phalliques et dautres qui en sont dpourvus.

  • Le phallus est un objet imaginaire et symbolique assez complexe. Il est li la reprsentation du pnisen rection et donc la masculinit. Le phallus dans la plupart des cultures et depuis lAntiquit estune reprsentation figure de lorgane mle en rection et donc de la puissance masculine. Danslexprience analytique cest bien aussi de cela dont il sagit. Le phallus est li la reprsentation ducorps, mais par rapport au corps global il est considr comme autonome et dtachable. De plus, ilreprsente (symbolise) la puissance, la compltude mais aussi la loi et la masculinit.

    La problmatique de la castration est spcifique de cet ge. Elle prend des formes diffrentes chez legaron et chez la fille. Du fait de la prvalence du pnis-phallus, son absence est nie par le garoncomme par la fille. Pour le garon, cette ngation sert viter la crainte de le perdre et pour la fille viter le dpit de ne pas lavoir. La diffrence des sexes est perue par la fille comme un prjudicequ'elle cherche nier compenser ou rparer. Le dpit ressenti par la fille prpare la structurationgnitale. Chez le garon, la diffrence des sexes est perue comme menace pour son pnis et il ressentune angoisse. La menace est attribue au pre, elle va augmenter au stade gnital.

    Le temps htrorotique

    Lobjet en vient reprsenter un lautre en tant quil est diffrent, quil existe indpendamment de soi.Le rle de rfrent objectal peut alors tre jou par une personne de lautre sexe. On peut donc parlerdhtrorotisme.

    Le stade gnital : Vers cinq ans le dsir volue vers la gnitalit. La relation envers le parent devientplus amoureuse. Cest ce quon appelle ldipe. Le mouvement dipien nest pas seulement libidinalmais aussi relationnel. Cest la naissance du sentiment de type amoureux avec ce quil comportedidalisation et de dpendance. Le parent dont lenfant, fille ou garon, est amoureux cest dabord lamre. Le sujet va se heurter divers problmes qui sont la castration, linterdit de linceste, sonimmaturit et le refus des adultes.

    Pour la fille, une dsidalisation de la mre seffectue sous linfluence du problme de la castration. Lafille saperoit que la mre na pas de pnis-phallus. Elle comprend aussi quelle peut avoir un enfant cequi apporte une compensation labsence de phallus. Il y a un transfert dinvestissement du phallus lenfant. Le transfert de linvestissement sur la possibilit denfanter apporte une compensation. Elle setourne alors vers le pre qui lui possde le phallus et peut faire des enfants. Sur le plan fantasmatique,la fille prend alors un rle fminin ; elle prend conscience du vagin et envisage la pntration. Mais celase heurte linterdit de linceste et limmaturit actuelle. Le pre ne rpond pas aux avances de lafillette dont il mconnat le caractre sexuel. Cest ce qui va permettre le renoncement au projetdipien et lentre dans la latence.

    Au dpart le garon adopte une position active et conqurante envers la mre. Il veut se marier avecelle . Mais de ce fait la menace de castration perdure et saccentue car il rentre en rivalit avec le pre.

  • Son agressivit contre le pre augmente et il souhaite le voir disparatre. La solution pour viter cettemenace est de renoncer la mre. Ce renoncement permet un apaisement de langoisse car le motif dela menace disparat (la rivalit avec le pre). Lenfant se heurte aussi linterdit de linceste ainsi quauddain de sa mre qui prfre le pre. Tout cela se conjugue pour lextinction du mouvement dipienet lentre dans la latence.

    Lobjet est maintenant constitu par une imago de lautre sexe, mais il est dsinvesti. Le surmoi sestlabor et reprsente linterdit en mme temps que la figure paternelle porteuse de cet interdit. Lautrenest plus seulement un rfrent objectal ou un rival, il est aussi plac dans lordre symbolique, ce quiinstitue une diffrence qualitative importante.

    La latence : La latence est une priode de stabilisation du problme psychologique mais pas comme onle dit parfois un arrt de la vie libidinale. Au contraire il y a gnralement une rapparition de lamasturbation et instauration de jeux sexuels avec les autres enfants.

    L'enfant renonce lamour sexualis pour le parent qui s'teint et se transforme en tendresse. Cerenoncement correspond une intgration et une assimilation de lordre symbolique, si bien quel'enfant trouve une place lgitime qui assoit la position relationnelle et contribue la stabilisationnarcissique. Il y a une extinction des tendances dipiennes gnitales et prgnitales. Les tracesrestantes sont repousses l'aide de deux mcanismes de dfense : le refoulement et la sublimationavec prdominance de cette dernire qui permet une mtabolisation du dsir qui se dtourne de sonbut. La dsintrication davec le narcissisme permet de sortie du problme phallique-narcissique etdaccepter une rpartition ingalitaire du phallus (devenu reprsentant de la puissance virile et nonplus de la valeur personnelle). La fille prserve son intgrit narcissique tout en acceptant son sexe. Larelation aux parents se dissout et il se noue des liens amoureux extra familiaux qui restent videmmentlimits et en rapport avec lge.

    La maturit : A ladolescence puis au dbut de lage adulte se produit la dernire volution. Lobjetdevient est le corps sexu global de lautre sexe, et le but sexuel est la pntration phallique dunefemme par un homme. Il se produit ladolescence un rinvestissement de lobjet et une laboration dela structure fantasmatique grce au nouveau statut du sujet et par ses expriences actuelles. Cest ledernier remaniement de la structure organisant les pulsions libidinales. Mais ceci ne sinstaure pasimmdiatement, ni facilement. ladolescence, il y a assez frquemment des attirances homosexuellesou des liaisons superficielles qui concernent un autre sans altrit vraie, trace de la reviviscence delhomorotisme. Enfin, la dernire maturation intervient et elle ajoute une dimension supplmentairequi porte vers un rotisme concernant lautre dans son altrit, en tant que sujet singulier situ dansl'ordre symbolique. Cette volution post-gnitale, institue le passage lge adulte. Le corps perd sonautonomie comme rfrent dobjet (partiel ou total), pour devenir principalement porteur sens. Il joue dans la relation et perd de son intrt en tant que rfrent dobjet. Les rles sont diffrent chez

  • l'homme et la femme. Sil y a en plus une idalisation de la personne, une liaison entre lamour et ledsir sexuel peut soprer.

    4. LA LIGNE NARCISSIQUE

    Elle concerne l'individu, son autonomie, son identit, et sa valorisation en tant quils sont rgis par uneinstance psychique : le soi. Se succdent, le stade de lindividuation, puis celui de l'autonomisation quipermet dexister indpendamment des parents, et enfin un stade de consolidation. Ces stadespermettent daccder deux registres de fonctionnement psychique diffrents. Cest dabord lenarcissisme primaire avec des identifications et un investissement de soi instables, donnant lieu degrandes oscillations. Puis vient le narcissisme secondaire avec des identifications stables et uninvestissement de soi solide qui protgent contre de trop grandes variations. Lordre symbolique estutile sur le plan narcissique, car il vient conforter les identifications. Il joue aussi titre de prescriptiond'avoir se sparer et s'individualiser. Lvolution narcissique est troitement imbrique aveclvolution objectale.

    Lindividuation

    Cest le stade au cours duquel l'enfant sort du fonctionnement archaque, se diffrencie de sonenvironnement et sunifie. Commenant vers six mois, il aboutit vers deux ans. Il se prolonge et seconsolide ensuite sur une demi-anne environ. Il se produit une dfusion d'avec la mre, le schmacorporel sorganise, des dsirs propres se font jour, le sentiment dexister apparat. Lenfant ressentquil a une limite, une identit et se diffrencie des autres en sy opposant. Tout cela contribue faonner le soi comme instance autonome. On peut reprer plusieurs facteurs dterminants dans cetteindividuation : Voyons les successivement.

    Le facteur le plus central est la constitution du schma corporel. Le corps constitue le mode le plusbasal dexistence individuelle, il est laxe du narcissisme. Le stade du miroir mis en avant par Wallon etLacan, favorise l'unification du corps propre. La reconnaissance de soi dans le miroir commence verssix mois et se fait pleinement vers deux ans. Limage du corps vient renforcer la composante sensori-motrice et aider son unification.. partir de l lindividualit commence se manifester. Un autrefacteur important dans la constitution dune individualit vient de l'apparition d'un tiers, sous la formedu pre. Une premire triangulation se produit qui permet une sparation dans la dyade mre-enfant.Lintroduction dun troisime personnage contribue fortement la dfusion et donc, par voie deconsquence, lindividuation. Le symbolique contribue la constitution du soi.

    Comme on la vu plus haut, lenfant peroit sa mre comme source de satisfaction, mais aussid'insatisfaction. Ces expriences de frustration et de sparation servent aussi la diffrenciation de soi-mme. Cest la frustration qui permet lenfant de se rendre compte que ses dsirs lui sont propres. Onretrouve le problme de la position dpressive dj envisag avec la ligne objectale. Lenfant craint dedtruire lobjet. Sil croit que cela sest produit, il s'ensuit un effondrement dpressif par retournement

  • des pulsions agressives contre le soi en formation. (il se sent mauvais et ananti). Cet effondrementsera apais par le nourrissage (retour de la mre, retour du plaisir, sentiment d'tre bon) qui provoqueun rinvestissement du soi par les pulsions libidinales.

    La priode du non , est un temps dopposition qui permet de marquer sa diffrence. Cette possibilitdopposition est extraordinairement importante pour la constitution dune identit. Lenfant met enexercice et fortifie la fonction de dlimitation et de synthse qui permet de rapporter ses dsirs soi-mme. Si lattitude parentale rend le non impossible, lidentit devient incertaine, la limite entre soi etlautre reste floue.

    Cest le moment du narcissisme primaire qui ne connat pas de nuance et oscille entre plnitudeet effondrement. Le soi est constitu, mais son investissement est instable. Les mouvements semanifestent soit par un sentiment de toute puissance, de plnitude d'tre et de compltude, soit par unsentiment d'effondrement, de dvalorisation complte et de manque tre. Ce premier moded'investissement se caractrise par de fortes variations. Cette fragilit va diminuer au stade suivant.

    Lautonomisation

    Ensuite vient le stade de l'autonomisation. Dbutant aprs deux ans, il aboutit vers trois ans et demi, etse parachve pendant un an environ. Cest la capacit tre seul , selon lexpression de Winnicott,qui se joue.

    Les problmes de ce stade sont lis labandon. Cest principalement llaboration du risque dpressif,par rapport la perte de la mre, qui permet lautonomie. Maintenant lenfant peroit sa mreconcrte, dans la ralit (le rfrent objectal). Elle est parfois dteste et agresse fantasmatiquementou concrtement. L'enfant encourt un risque deffondrement dpressif car il craint de provoquer laperte de la mre ce qui produit les mmes effets que la destruction de lobjet (angoisse et dpression).Lautonomie est effective lorsque lidentification du soi au bon objet, est suffisante pour le stabiliser. Lesoi est ainsi protg contre le retour dvastateur de lagressivit.

    Cette autonomisation est facilite par le fait que le moi commence assurer ses fonctions adaptatives,que le principe de ralit prend le dessus, et que le processus primaire commence tre contrebalancpar le secondaire. Le dveloppement du sens de la ralit apporte des moyens supplmentaires pourladaptation. Avec lacquisition du schme de lobjet permanent, le sujet comprend que labsence nevaut pas disparition. Lenfant un atout supplmentaire qui lui est donn par de l'amlioration de lasymbolisation. L'absence du rfrent objectal (la mre comme personne concrte) peut trecontrebalance par sa reprsentation. Cette reprsentation montre par le jeu du fort-da permetune matrise et un espoir de retour. Mais, il faut aussi remarquer que la fonction ralitaire cresecondairement un dsagrment narcissique en montrant aussi au sujet son impuissance. Pour quecela ne dvaste pas le narcissisme, il faut que la ralit soit suffisamment gratifiante.

  • Sur le plan libidinal, c'est le stade anal tardif qui permet matrise et contrle et lentre dans le stadephallique. La rsolution favorable de la problmatique de la castration demande un bon investissementde soi-mme. Dans le cas contraire, le dpit va tre trop important pour la fille et la survalorisation dupnis excessive chez le garon. Une volution favorable permet daccepter le remaniement du schmacorporel de telle sorte quil soit conforme au sexe anatomique.

    Ce stade assure une stabilisation narcissique, ce qui, sur les plans conomique et structurel, correspond une stabilisation progressive du soi et sa mise labri des pulsions agressives. la fin de ce stade,le narcissisme se secondarise. Lenfant a le sentiment davoir des caractristiques propres, ce quicorrespond aux identifications venues complter limago de soi-mme. Les mouvements dunarcissisme secondaire se manifestent par des sentiments modrs ce qui correspond une limitationdes variations dinvestissement du soi. Au total, l'enfant devient plus indpendant, il s'autonomise parrapport aux parents et supporte beaucoup mieux les sparations.

    La consolidation

    Aprs quatre ans, si lautonomisation sest faite correctement, se produit une consolidation dunarcissisme. Cest le quatrime stade. En effet on remarque cliniquement que lenfant de quatre ansreste trs fragile.

    Sur le plan de linvestissement du soi, la secondarisation acquise au cours de la priode prcdente serenforce et de nouvelles identifications plus solides viennent sagrger aux identifications primitives.Ces nouvelles identifications sont en rapport avec la rsolution oedipienne. Ensuite, un remaniementraliste a lieu donnant une image de soi plus conforme aux capacits effectives.

    Conclusion

    Il y a une progression dans le dveloppement de l'enfant humain qui suit un ordre dtermin. Plusl'volution est insuffisante ou rgressive, plus les problmes relationnels et la pathologie s'alourdissent.Notre dmarche tablit donc une hirarchie : certaines formes d'organisation psychiques sont plusvolues que d'autres et nous affirmons fermement et sans ambigut qu'il est prfrable d'atteindrepour un tre humain le degr maximal d'volution (qui est la stabilit narcissique et l'investissementhtrosexuel gnitalis), plutt que l'inverse. Cette progression est un effet de l'ducation et desmodles familiaux porteurs.

    Bibliographie

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    Pour une vue plus synthtique voir l'article : Les grandes phases structurantes.