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282 EVOLUTION DE LA PLACE DE LA PME /PMI DANS L’ECONOMIE DU DEVELOPPEMENT : COMMENT ET POURQUOI ? Ammar SELLAMI Maitre assistant ENSSEA, Pôle Universitaire, Koléa RESUME Phénomène très ancien et réalité incontournable des économies contemporaines, la petite entreprise, d’abord perçue comme une entité artificielle face à la grande entreprise synonyme d’efficacité économique, symbolise de nos jours le dynamisme, l’innovation, lasouplesse, la flexibilité,etc. Devenue objet de toutes les attentions elle est partout sollicitée et protégée compte tenu de sa fragilité. Elle a fini par déclasser sa rivale,la grande entreprise, et joue de plus en plus un rôle fondamental et stratégique dans les économies développées ou en transition. Première créatrice d’emplois depuis quelques années, avecune crise économique récurrente et persistante, les échecs des anciennes theories « fatiguées » du développement, les déboires du gigantisme, les mutations des systèmes productifs et la mondialisationouvrent une opportunité et une autre perspective à l’entreprise de petite taille. La pme, revêtue de son nouveau statut, est au cœur d’un « nouveau »modèle du développement plus approprié àla résolution des problèmes qui se posent à une économie mondiale globalisée. Mots clés : pme, grande entreprise, taille idéale, emplois, stagnation séculaire, économie du developpement, paradigme de développement. Introduction Dans les économies développées comme dans les économies émergentes ou en transition la place de la pme/pmi est de plus en plus repensée (1, 2,19) tant cette catégorie d’entreprises est devenue le moteur principal de la croissance (1) économique et un puissant levier sur lequel s’appuient les politiques publiques(2,3) qu’il s’agisse de création d’emplois, de développement desrégions, de création d’agglomérations ou de pôles de compétitivité, etc. Considéréejusqu’à la fin des années 90 comme une entité artificielle(4), plus ou moins délaissée, au profit de la grande entreprise (la taille idéale), l’entreprise de petite taille devenue « la petite entreprise »(18) a fini, après les »vingt glorieuses » (2) (4) par déclasser sa rivale. A la pointe de l’actualité, symbolisant toutes les vertus (3) (dynamisme,flexibilité,souplesse,innovation, épine dorsale de l’économie, etc.) la pme joue un rôle « stratégique » dans le developpement économiqueau nom de l’efficacité de la « taille humaine ». Le but

EVOLUTION DE LA PLACE DE LA PME /PMI DANS … · En 2011pour les trois pays de l’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie) on comptait 2,462 millions de pme/pmi dont 50% pour le

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282

EVOLUTION DE LA PLACE DE LA PME /PMI DANS

L’ECONOMIE DU DEVELOPPEMENT : COMMENT ET

POURQUOI ?

Ammar SELLAMI Maitre assistant ENSSEA,

Pôle Universitaire, Koléa

RESUME

Phénomène très ancien et réalité incontournable des économies

contemporaines, la petite entreprise, d’abord perçue comme une entité

artificielle face à la grande entreprise synonyme d’efficacité économique,

symbolise de nos jours le dynamisme, l’innovation, lasouplesse, la

flexibilité,etc. Devenue objet de toutes les attentions elle est partout

sollicitée et protégée compte tenu de sa fragilité. Elle a fini par déclasser sa

rivale,la grande entreprise, et joue de plus en plus un rôle fondamental et

stratégique dans les économies développées ou en transition. Première

créatrice d’emplois depuis quelques années, avecune crise économique

récurrente et persistante, les échecs des anciennes theories « fatiguées » du

développement, les déboires du gigantisme, les mutations des systèmes

productifs et la mondialisationouvrent une opportunité et une autre

perspective à l’entreprise de petite taille. La pme, revêtue de son nouveau

statut, est au cœur d’un « nouveau »modèle du développement plus

approprié àla résolution des problèmes qui se posent à une économie

mondiale globalisée.

Mots clés : pme, grande entreprise, taille idéale, emplois, stagnation

séculaire, économie du developpement, paradigme de développement.

Introduction

Dans les économies développées comme dans les économies émergentes

ou en transition la place de la pme/pmi est de plus en plus repensée (1, 2,19)

tant cette catégorie d’entreprises est devenue le moteur principal de la

croissance(1)

économique et un puissant levier sur lequel s’appuient les

politiques publiques(2,3) qu’il s’agisse de création d’emplois, de

développement desrégions, de création d’agglomérations ou de pôles de

compétitivité, etc. Considéréejusqu’à la fin des années 90 comme une entité

artificielle(4), plus ou moins délaissée, au profit de la grande entreprise (la

taille idéale), l’entreprise de petite taille devenue « la petite entreprise »(18)

a fini, après les »vingt glorieuses »(2)

(4) par déclasser sa rivale. A la pointe

de l’actualité, symbolisant toutes les vertus(3)

(dynamisme,flexibilité,souplesse,innovation, épine dorsale de l’économie,

etc.) la pme joue un rôle « stratégique » dans le developpement

économiqueau nom de l’efficacité de la « taille humaine ». Le but

283

de l’article qui suit est d’apporter un éclairage sur cetteévolution du

« Small is not beautifull » vers le « Small is beautifull »(4)

à

l’échellemondiale. Commentla pme/pmi est devenue, après les « vingt

glorieuses », un acteur majeur et un impératif industriel dans les économies

développées ou en transition (section I).Ensuite, pourquoi (section II) la

« petite entreprise »,devenue taille idéale, esthissée au statut de véritable

deus ex-machina dans un « paradigme »,un« nouveau modèle »

dudéveloppement,où elleoccupe une place centrale.Autrementdit, quels sont

les facteurs explicatifs, quelles sont les raisons de cette évolution de

« l’artificialité » (4,5) de la petite entreprise à la pme « taille idéale »(5)

(21).

I. Naissance, connaissance et reconnaissance de la pme/pmi : d’Atlas à

V’rirouch(6).

La pme existe depuis très longtemps (7,16). Après les « vingt glorieuses »,

objet de recherche à part entière,la petite entreprise n’est plus considérée

comme un modèle réduit de la grande entreprise mais comme une entreprise

à laquelle on peut associer de nombreuses particularités et caractéristiques

qui font son intérêt (4, 3,21). L’entreprise de « petite taille » devient la «

petite entreprise ». Le préjugé favorable aux pme a aujourd’hui, en plus de

son assise traditionnelle(7)

, une assise économique bien solide. Le bien-

fondéde leur existence et de leurs fonctions dans le système économique

(comme de toutes les entreprises petites ou grandes) a été démontré par de

nombreux économistes entre autres Coase (6). Réalité tangible des

économies contemporaines la pme est de nos jours un agentéconomique

reconnu etincontournable. Au terme d’une ascension, vieille de 40 ans

(1950-1980) la pme émerge drapée de toutes les qualités Rétrospective sur

l’irrésistible ascension de la « petite entreprise », devenue la «gazelle» de

l’économie du developpement et de la croissance.

1. La pme/pmi(8)

un phénomène ancien.

La pme est un phénomènetrèsancien même si ses formes ont pu varier avec

le temps que ce soit avec les artisans et les petits commerçants comme

l’explique Fernand Braudel (1979) dans sa grande fresque de l’évolution du

capitalisme du XVIEME

au XVIIIIEME

, ou encore avec l’industrie à domicile et

le marchand apportant la matière première et reprenant le produit fini contre

rémunération au temps ou à la pièce. Lesétudes scientifiques modernes sur

les pme ont un peu moins de 40ans.Mais il existe plusieurs

économistesdéfricheurs qui se sont arrêtés aux caractéristiques de la

pme/pmi sans la nommer. Quelques exemples.

Dans la transition d’un mode de vie rural vers unmode de vieurbain et

industriel les petites unités de production agricoles ou autres étaient

présentées comme une cause des problèmes d’ajustement des structures

productives industrielles ou agricoles. La petite unité est perçue comme un

obstacle à la formation des grandes exploitations ou grandes entreprises

(3,8)(9)

.

284

A la fin duXVIIIème

siècle l’auteur desRecherches sur la nature et les

causes de la richesse des Nations (1776), mettant en évidencele lien entre

l’augmentation de la production, la productivité etladivision technique du

travail recommandera une division plus fine des tâches dans l’entreprise

mais aussi une division des tâches entre entreprises. En d’autres termes une

décentralisation de l’activité économique, c’est-à-dire son organisation en

une multitude de petites ou moyennes entreprises. Adam Smith « avait dans

l’esprit la petite et moyenne entreprise puisque à son époque la grande

entreprise n’existait que dans le commerce international notamment avec les

colonies »(4).

Karl Marx(9,16)dans ses écrits sur le développementdu capitalisme fait

une distinction entre la manufacture et la fabrique. Dans la manufacture et le

métier, dira Marx, l’ouvrier se sert de son outil, dans la fabrique (unité de

taille plus grande) il se sert de la machine ou plus exactement il est sur la

machine (9,16).

Autres exemples données par Julien(4,10 ).Selon cet auteur, dans son

ouvrage The Theory of Business Entreprise (1904)

l’économisteinstitutionnaliste Thorstein Veblen critique la séparation

croissante entre les entrepreneurs de petites entreprises (les capitaines de

l’industrie )et les capitalistes de la grande entreprise. Pour sa part Commons

(un autre économiste institutionnaliste) dans son Industriel Governement

(1921) discute du rôle de la classe moyenne reliée aux petites entreprises

dans le développement économique.

Joseph Schumpeter(11) a lui aussi écrit sur la pme sans la nommer(10)

.Dans

la conception de Schumpeter, l’entrepreneur, qu’il distingue nettement du

chef d’entreprise (administrateur) incarne l’innovation, ledynamisme,

l’aventurier qui n’hésite pas à prendre des risques pour innover. On

reconnait là les caractéristiquesprêtées généralement aux pme et le profil

type du dirigeant de la pme/pmi moderne.

Auparavant, Ansiaux,dans son Traité d’Economie Politique

(1926)explique l’existence de nombreuses pme/pmi dans l’économie par

l’existence de nombreuse production à faibles demandes. Selon Julien (4)

« des chercheurs américains comme Kaplan (1948), Skindi (1948)

ouChurchill (1955) ou français comme Gross (1958) concluaient déjà il y’a

plus de 40ans que les pme se distinguent des grandes entreprises tant dans

leur comportement que du point de vue de leur survie et de leur

développement par rapport à la concurrence internationale. (11)

On peut valablement dire, en s’appuyant sur de nombreusesétudes traitant

des pmeque celles-ci ont toujours existées.Ellessont, à des exceptions

près,présentes,dans toutes les branches de l’activité économique. Maiselles

constituent un groupe très hétérogène allant de la pme informelleà la pme

high tech. Un point commun cependant : elles se différencient de la grande

285

entreprise parleur taille mais surtout leurs caractéristiques propresquifont

leurspécificité et leur intérêt.

En Algérie, la présence d’un secteur composé de petites et moyennes

unités industrielles est au départ le fait d‘un « héritage ».A côté d’un large

secteur artisanale au savoir-faire ancestral(12)

, existentdes petites entreprises

nationalisées après l’indépendance et des pme privées qui activaient du

temps de la colonisation. A partir de la seconde moitié des années 70 la

notion de pmi prend des « couleurs ». Des relations avec la grande entreprise

sont fixés aux pmi (publiques): sous- traitance, désenclaver les régions

isolées, substitution aux importations, densification du tissus industriel,

objectif social, etc. (13,16). Cette conception plus moderne de la pme/pmi

est « l’acte de naissance »(13)

du secteur de la pme en Algérie d’autant que

cela s’accompagne d’une timide reconnaissance de la propriété privée ce qui

favorise la création de petites entreprises. Depuis les années 90 le « Small is

beautiful » est devenu un véritable sloganpolitique qui invite « les jeunes » à

créer leur propre entreprise. Mais la création de « sa propre entreprise »

s’apparente jusqu’à présent à un tremplin plus qu’à un aboutissement pour

accéder à une position sociale supérieure sans un ancrage réel de l’esprit

d’entrepreneuriat.

2. Les pme/pmi, une réalité des économies contemporaines.

Dans les économiesactuelles l’entreprise de petite et moyenne taille est une

puissante force économique et sociale .Ce qui remet en question lespréjugés

défavorables d’autrefois la concernant.Au début des années 50 les pme/pmi

représentent jusqu’à 95% du nombre total d’entreprises (Algérie, France) et

entre 57% et 49%des emplois dans certains pays (Algérie, Allemagne)

comme l’indique le tableau n°1ci-dessous.

Pourcentage pme et emplois dans total entreprises

Ettotal emplois dans quelques pays.

Tableau n°1 Pays Total entreprises /total

pme/pmi.

total emplois/emplois pme/pmi

Algérie(1968) 95 57

Argentine(19

64)

90 42

Brésil(1960) 93 33

France (1950) 95 25

Mexique

(1961)

87 39

RFA (1957) 81 49

USA (1955) ND 39

Source : Sellami A : Développementéconomique et pmi, Ed Enal 1985.

Plus près de nous, début des années 90, le rôle des pme/pmi est mieux

démontré, leur importance et contribution plus visible comme le montre les

286

statistiques ci-dessous sur la part des pme dans les exportations de produits

manufacturés de pays en développement et de pays de l’OCDE.(14).

Pays %

Taipeh (1990) 56%

Chine 1990) 40-60%

Corée (19 95) 42%

Vietnam (1990) 20%

Inde (1992) 32%

Malaisie (1990) 15%

Danemark (1990) 46%

France (1994) 29%

Suède (1990) 24%

Thaïlande(1990) 10%

Source : Wignaradja, Ganesh (2003), Revue OCDE 2004/2 N°5

Depuis le début du XXIème

siècle, d’après différentes estimations, partout

dans le monde plus de 95% des décisions économiques en nombre

d’entreprises sont des pme/pmi. Une étude de la Banque Mondiale (2012)

estime qu’il se crée, en moyenne, 4,3 Sarl pour 1000 habitants en âge de

travailler par an dans les pays développés Le ratio est de seulement 0,6 dans

les économies en transition soit environ 8fois moins que dans les pays à haut

revenus.

Aux USA la Small Business Administration (agence fédérale chargée de le

pme) a recensée en mars 2014 près de 28,3 millions de pme/pmi dans le

pays. Entre 1993-2013, plus de 63% des nouveaux emplois sont, d’après la

SBA, le fait de l’entreprise de faible taille. L’OCDE (dans une de ses études

en 5005) donne le chiffre de 20 millions de pme/pmi pour l’Europe à 20 et

23 millions de pme /pmi pour une Europe à 25 membres. Le nombre de

salariés occupés par le secteur des pme/pmi est estime à 75 millions.

En 2011pour les trois pays de l’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie)

on comptait 2,462 millions de pme/pmi dont 50% pour le seul Maroc,

l’Algérie et la Tunisie se partageant le reste presque à part égales(15)

.

Parts des pme/pmi en % dans certains Européens (2003).

Tableau n°2 Part des pme

dans…

USA Allem

agne

Japon Fran

ce

Gb Corée

Sud

Itali

e

Turqui

e

l’ens des

entreprises

97,2 99,8 99,4 99,9 96,0 97,8 97,0 99,5

l’emploi total 50,4 64.0 81 ;4 49,4 36,0 64,9 56,0 61,1

L’invest

total

38,0 44.0 40,0 45,0 29,5 34,5 36,9 56,5

VA

totale

36,2 49,0 52,0 54,0 25,9 34,5 53,0 37,7

les export

totales

32,0 31,1 38,0 23,0 20,2 20,2 16,6 _

le total des

prêts

47,2 35,0 50,0 48,0 27,2 46,8 _ 56,0

287

Source : KOSGEB (Organisation de développement de la Petite Industrie),

Turquie.

Ce bref état des lieux de lacontribution économique et sociale des pme

dans différentes économies développées ou en transition (cf. Tableau n°2)

est la preuve, le marqueurque les pme/pmi sont une réalité tangible des

économies contemporaines. On est loin des débats sur la taille idéale c’est-à-

dire la grande entreprise et la superficialité des pme .Et de souligner que les

économies qui semblent, aujourd’hui, résister le mieux aux crises sont

précisément celles qui ont très tôt intégrées l’entreprise de petite taille dans

leurs stratégies industrielles .Le cas de l’Allemagne, c’est-à-dire unpays de

la deuxième génération à développement industriel ancien, est le plus

remarquable. La pme/pmi est devenue un vecteur du developpement

économique et socialeincontournable.

3. La pme/pmi, définitions et rôles.

Les qualificatifs, un phénomène ancien ou encore une réalité des

économies modernes etcontemporaines, que nous employons jusqu’à présent

pour parler de la pme/pmi renvoient à un phénomène complexe quimasque

des réalitéspouvant être très éloignées les unes des autres et cache des

conceptions fort différentes parfois radicalement opposées. Il apparait que la

pme ne revêt pas la même signification suivant les pays ou les régions. La

pme est au carrefour de conceptions très contrastées » (14, 15,3).Aussi

Torres, l’auteur de Les PME,plaide pour une approche,spécifique et

contingente de la pme, jugée préférable (15).

3.1 Définitions et conceptions de la pme/pmi.

Il n’existe pas de définition unitaire des pme/pmi (cf. tableau, 3). Les

définitions de la pme/pmi se référent toutes à différents critères soit

quantitatifs (nombre d’emplois, chiffred’affaires, total du bilan, montant des

investissements, etc.) soit qualitatifs (technique utilisée, indépendance

juridique, etc.). Les différences de définitions rendent les travaux de

recherche difficiles et les comparaisons délicates(16).

Définitions de la pme/pmi dans le monde. Tableau n°3 PAYS

Année Taille Effectif Chiffres d »affaires Total bilan

Algérie

2000

ME

PE

TPE

50-250

10-49

1-9

200 millions à 2

milliards de da

<200 millions de da

20 millions de da

100à500 millions da

100 millions de da

10 millions de da

Canada 1990 pme <500 25 millions de

dollars<

Corée du

Sud

1995

pme

<300

Danemark 1990 pme <500

U.E

1996

ME

PE

TPE

<250

<50

<10

50 millions d’euros <

10 millions d’euros <

2 millions d’euros <

43 millions d’euros<

10 millions d’euros<

2 millions d’euros<

288

Japon 1991 pme <300

Malaisie 1990 pme < 75

Maroc 200< <200 3 à 175 millions de dh

Suède 1990 pme <200

France 1994 Pme <500

Tanzanie 2002 Pme <50

USA 1994 Pme <500

Vietnam 1990 Pme <200

Singapour 1990 Pme <100

Chine 1990 pme <100

Inde

1991

pme

< 30 millions d’INR

d’investissements et

équipements.

Source : Wignaradja, Ganesh (2003)

Finalement chaque pays adopte sa propre définition. On notera qu’à

l’échelle du continent Européen (17)

, une tentative d’uniformisation par

l’adoption (1996) d’une définition commune des pme par la Commission de

l’Union Européenne. Cette définition a été largement adoptée mais chaque

pays est libre de l’appliquer ou non.

Au-delà des différences(18)

de définitions le sigle (19)

pme/pmi cache une

diversité de conceptions. L’appellation regroupe des entreprises fort

différentes. La pme/pmi de type artisanal rayonnant sur un marché local se

distingue de la pme/pmi spécialisée activant à l’international. La pme/pmi

agro-alimentaire traditionnelle se différencie de la pme/pmi produisant des

logiciels, etc. A l’origine la pmi est associé aux industries dites

traditionnelles (textiles, cuirs, bien de consommation courants, etc.) ou

encore à des industries produisant une catégorie de biens intermédiaires

(activité de sous traitance) dans les pays développés, à l’exemple du

Japon(20)

qui en a fait autrefois une sorte de « marque » d’organisation de son

industrie.

On comprend mieux alors pourquoi l’image que l’on associe à la pme/pmi

n’est pas la même selon qu’il s’agit d’une économie développée ou en

transition. Le même sigle, pme/pmi, désigne des conceptions éloignées les

unes des autres voir radicalement opposées

Olivier Torres (14) distingue quatre « images » ou encore quatre

conceptions de la pme :

la pme traditionnelle (surtout dans les pays de l’Europe du sud) ;

l’entrepreneur individualiste (pays anglo-saxon),

la pme moderne (le mittelstand Allemand),

l’entrepreneur communautaire.

Les généralisations sont suspectes(Torres) .Le mittelstand allemand (qui

fait la force de ce pays par son dynamisme à l’exportation) n’a rien a avoir

avec la petite unité d’Ifri produisant des sodas fruités (ce qui ne diminue en

rien son intérêt et utilité).La pme est au carrefour de formes et conceptions

très contrastées.

289

Dans les pays avancés la conception traditionnelle apparait comme le

symbole de l’esprit d’indépendance (du commerçant, de l‘artisan, etc.)à

l’égard du grand capital. L’esprit qui anime le patron de pme est

conservateur et traditionnaliste. Cette conception est celle des pays de

l’Europe du sud (Italie Espagne, France, Portugal).Dans cette conception

l’image de la pme est celle d’une entreprise « archaïque »cantonnée dans des

activités en déclin (14).

Dans l’autre conception plus moderne la pme est l’unité de base de

l’économie de marché et le fondement du libéralisme. LeSmall Business Act

(1953) définit la PME « comme une entreprise possédée et dirigée de

manière indépendante et n’est pas dominante dans son secteur

d’activité »(14). Cette conception est véhiculée dans les pays Anglo-saxon et

de l’Europe du nord. Ici la pme/pmi est associée au dynamisme, a

l’innovation, au gout du risque, à l’initiative privée. C’est la High Tech

stéréotype de l’entreprise moderne par excellence.Bien entendu il ne s’agit là

que de tendance les deux conceptions coexistent dans tous les pays

occidentaux. Les définitions de la pme dans ces pays sont fortement

empreintes de l’idéologie libérale car la pme est fondamentalement liée à un

type de marché et une forme de concurrence (la concurrence parfaite).La

pme c’est l’économie privée et le libéralisme.

Autrefois dans les économies planifiées la propriété privée est limité. La

plupart des économies d’Etat ont délaissée la pme et lui ont substitué les

entreprises de grande taille. Aussi la grande usine prédomine dans le tissu

industriel et le nombre de pme est faible. Le pouvoir Soviétique n’a pas de

stratégie de création d’un secteur autonome de petites entreprises et la

tendance dominante consiste plutôt en une privatisation spontanée.

Apres l’éclatement de l’Union Soviétiques (1991) et l’effondrement du

mur de Berlin (1989) les anciennes économies planifiées entrent dans une

phase de transition qui se traduit par de profondes restructurations des entités

étatiques, leur privatisation et l’introduction du marché. La mise en place

d’un nouveau modèle d’entreprises(17,14) petites et flexibles est considérée

comme une clef de passagede l’économie planifiée à l’économie de marché.

Avec des différences dans les politiques de restructurationtoutes les

économies autrefois étatisées de l’Est, ont un trait qui leur est commun :

attribuer aux pme un rôle primordial dans le processus de transition vers la

privatisation et l’économie de marché(21)

.

En Chine depuis la révision de la constitution de 1988

et« l’expérimentation du socialisme de marché il est reconnu l’existence du

secteur privé comme une composante complémentaire du secteur

d’Etat(14).Ces transformations spectaculaires des systèmes industriels en

URSS et en Chine jouent également un rôle social et politique (14). En effet

le fonctionnement des pme repose sur le principe d’une gestion indépendante

par rapport à l’Etat. Le développement des pme implique une plus grande

290

démocratisation du système politique. La pme est un vecteur de libéralisation

économique et de démocratisation du système politique et sociale.

Dès le début des années 70 on assiste à une prise de conscience dans le

Tiers-Monde de l’existence d’un secteur informel, à côté d’unités modernes

qui connaissent des difficultés, alors que le secteur informel résiste mieux

.La pme/pmi dans ce contexte n’a plus rien à avoir avec son homologue des

pays riches ou des ex-pays de l’Est. La conception occidentale de

l’entreprise individuelle cède le pas à l’entreprise communautaire(14).

3.2 Justifications et rôles de la pme/pmi dans l’économie

Au départ la taille de l’entreprise n’a pas particulièrement intéressée les

économistes. La finalité de toute entreprise (quelle que soit sa taille) est de

maximiser le profit favorisant la croissance selon le principe de la « main

invisible » chère à Adam Smith. Aussi pour certains économistes, entre autre

Machlup(1971), nul besoin d’aller plus loin .L’entreprise est une

« boite noire »qu’on n’a pas intérêt à étudier plus attentivement.Les

premières recherches sur les pme/pmi sont à mettre au crédit de chercheurs

qui n’ont pas travaillés directement sur les pme/pmi mais indirectement en

travaillant sur la grande entreprise à propos de certains problèmes comme

l’importance des économies d’échelle (Berle et Mean,1934 ),la taille

optimale (Pigou,1920 ;Gould,1921 ;Pratten,1971) ;l’influence de la taille

(effet de taille) sur les organisations ( Pugh et Alii 1968 ).C’est avec les

économistes de la concurrence imparfaite (Robinson, 1969, entreautres) que

s’est posé le problème de la taille : la guerre des prix peut pousser les

entreprises à grandir et à acquérir des positions monopolistiques ou

oligopolistiques. Ce qui remet en cause la préséance de la demande(4).

A nouveau le problème revient encore avec la question de la taille

optimale. Celle-ci ne peut être que grande, ce qui pose doncà nouveau le

problème de l’avenir des pme.

Les pme/pmi ne peuvent être vues que comme une phase transitoire, soit

pour disparaitre (ce qu’illustre le taux de mortalité de 70% dans les dix

premières années (Philipps et Kirchhoff 1989 ; Baldwin et Gorecky, 1991) ;

soit pour grandir et devenir efficace (Pratten, 1971) ; soit encore pour être au

service des grandes entreprises ou absorbées par elles (Harrisson,

1994).Seules certaines d’entre elles, moins de 1%, réussissent à devenir

grandes et à régner sur le marché. Leséconomistes favorables auxpme/pmi

renverseront les arguments : critique des économies d’échelle (Pigou, 1921 ;

Austin, Robinson, 1934 ; Gould, 1969 ; Walsh, 1970 ; etc.), critique du

Fordisme (Gramsci) etc. (4,14). Mais c’est avec la théorie des interstices

(Ansiaux, 1926 ; Tilton Penrose, 1959 ; etc.) qu’est donnée la justification de

la présence permanentes des pme/pmi dans divers secteurs de l’économie

malgré l’absence d’économies d’échelles. C’est l’existence de nombreuses

productions de faibles demandes qui expliqueles nombreuses pme/pmi dans

291

les structures productives industrielles ou autres. Dans son Traité

d’Economie Politique de 1926, Ansiaux ajoute « qu’un des avantages des

pme sur les grandes entreprises malgré l’absence d’économies d’échelles est

que les couts de contrôles sont à peu près absents ».Le bien fondé

del’existence des pme (comme toutes les entreprises grandes ou petites ) a

été démontré par Coase (5).Le marché dira l’auteur de Nature of the Firme

agit comme mécanisme régulateur déterminant les cas où les entreprises

,quelles qu’elles soient, sont économiquement le moyen le plus efficace

d’organiser la production et le cas où elles ne le sont pas. De son côté Julien

(4) pour justifier les pme dans l’économie (française) parle de Baby-boom

(aprèsla crise et le chômage c’est l’arrivée de l’entrepreneur).Chacun veut

créer sa propre entreprise. L’auto-emploi est la clé du chômage. Cette

controverse (la pme transitoire ou permanente) comme celle de la Terza

Italia (modèle à essaimer ?)(22)

reste encore sans conclusion.

Onpeut,en résumé, décliner les rôles et justifications des pme/pmi dans une

économie quelle qu’elle soit en trois dimensions : organisation optimale du

système productif, organisationoptimale du système socio-politique,

organisation spatiale optimale.

4. De l’intérêt au soutien actif puis à la défense des pme/pmi.

Le consensus sur les pme/pmi est au départ problématique et a divisé les

économistes. On ne trouve pas de théorie de la « petite entreprise »comme il

existe une théorie de la firme.Ceci dit,s’il ne se trouve pas de théorie de la

petite entreprise dans la littérature économique, de nombreux économistes

ont par contre fournies plusieurs explications sur l’émergence et la

survivance de la pme dans les économies développées ou en

développement :le rôle de l'entrepreneuriat, la théorie desinterstices, les

critiques à l'égard des économies d'échelle ou de champ, les besoins

deflexibilité et les mutations de nos systèmes productifs sont autant de

justificationsthéoriques qui plaident en faveur d'un renouveau de la théorie

économique basée surl'instabilité plutôt que sur la recherche

d'équilibre »(18).

La prise de conscience n’est pas la même partout et l’idée de l’intérêt puis

de la défense des pme/pmi ne progresse quelentement. Cependantdans

certains pays les pouvoirs publics ont très tôt pris conscience de l’utilitéet du

rôle important que peuvent jouer les petites entreprises, à côté des grandes,

dans l’économie.

C’est le cas de l’Allemagne(23)

ou l’idée depromouvoir et de développer

des relations de partenariat, avec les grandes entreprises, remonte aux années

20 avec la création du RKW (1921).Le RKW (Centre d’Innovation et de

Productivité) est un organisme à but non lucratif chargé du soutien et de la

promotion de la petite et moyenne entreprise pour la rendre compétitive à

l’exportation.

Aux USA des mesures spécifiques aux petites entreprises sont prises à

partir de la crise de 1929 /1930 avec la création d’un « Bureau Spécialisé »

292

(Small Business Unit). Mais ce n’est qu’en1953 qu’est promulgué le Small

Business Act(24)

(SBA) qui affirme le rôle majeur des petites entreprises dans

l’économie Américaine : la petite entreprise fondement du capitalisme

Américain doit être aidée par le gouvernement pour favoriser la pme/pmi

dans le tissu économique. La petite entreprise est présentée comme une

composante du rêve américain.

Il faut rappeler que l’intérêt(25)

actuel pour les pme/pmi n’a pas toujours

été aussi unanime et l’engouement puis l’encouragement à leur promotion

aussi général.J.K.Galbraith (1957) voyait dans la grande entreprise la

solution à l’efficacité économique et la disparition corollaire de la pme(26)

(18).La décennie suivante vit resurgir les théories de J .Schumpeteravec la

reconnaissance de l’entrepreneur et de la petite taille comme élément clef de

l’économie.

En France l’intérêt et le soutienaux pme est venu assez tard. D’après

Marchesnay(19) les années 60 furent plus glorieuses en termes de

modernisation que de légitimité pour les pme. Dans la seconde moitié des

années 70 le processus de concentration s’essouffle et se fatigue. Ce qui

annonce un retour de balancier vers les pme et l’émergence de l’entrepreneur

en quête de légitimité.

L’intérêt, les politiques de soutien(27)

et de promotion des pme/pmi se

manifestent et se multiplient un peu partout après la deuxième guerre

mondiale : Japon(1948), Inde(1954),Tanzanie(1966), Turquie(1976), etc.

Par le passé l’Algérie(28)

aelle aussi mis en œuvre des stratégies basées sur

le gigantisme et accessoirement sur les pme avec l’espoir d’un décollage

rapide. Les Sociétés Nationales (entreprises publiques géantes intégrées),

devenues, vers la fin des années 70, « des Etats dans l’Etat » selon la

formule employée par un ancien Premier ministre de l’Algérie pour justifier

la restructuration (déstructuration), sont passées à la trappe au profit

d’entreprises moins intégrées et de taille plus modeste mais « humainement

gérables ». Le secteur des industries locales(pmi publiques) est lui

aussidémantelé, vers la fin des années 90, mais pour être luiprivatiséici et

maintenant.

Du temps de l’ex URSS les dirigeants du PC US avaient eux aussi basé le

développement de l’Union Soviétiques sur le gigantisme. Le modèle fondé

sur l’organisation de l‘entreprise Unique a depuis montré ses limites et l’Est

a fini par rejoindre l’Ouest « avec armes et bagages ». Ce qui a ouvert la voie

à un nouveau mode de production d’entreprises basé lui aussi sur le

développement des pme/pmi privées.

Depuis le début de la dernière décennie du XXIEME

siècle l’intérêt, la

promotion et la défense des pme sont des politiques qui se sont généralisées

à l’échelle mondiale. Elles trouvent leur aboutissement dans la Charte de

Bologne. Les dispositifs de soutien aux pme sont de plus en plus nombreux

et variés et leur objectif n’est pas seulement de résoudre les problèmes mais

de construire les cadres d’interprétation du monde.L’économie du

développement)(29)

mise à mal, par des échecs répétés, le modèle de

293

l’entreprise à taille humaine s’impose comme outil, comme base d’une

nouvelle façon de fabriquer de la croissance économique.

II. La pme/pmi, un rôle majeur dans le nouveau paradigme du

développement.

Jusqu’à la fin des « trente glorieuses »(30)

les théories économiques

dominantes (d’inspiration néo-classique et néo-keynésienne) fonctionnent,

notamment dans les pays développés, sans anicroche. Avec les années 80

surgissent des « anomalies » (faiblesses des taux de croissance, persistance

du chômage, inefficacité de la grande entreprise intégrée, les politiques

classiques de relance s’avèrent insuffisantes et inefficaces, etc.) ce qui

obligent les économistes à comprendre certains concepts traditionnels de

façon différente.Dans ce nouveau paradigme(31)

du

développementl’organisation optimale de l’activité économique va reposer

sur le modèle de l’entreprise à taille humaine (la pme) sans que les

économistes aient fourni une théorie(32)

justifiant celacomme il existe une

justification (Williamson, 1981) de l’existence de la grande entreprise

verticalement intégrée. Mais nombreux sont des économistes (10, 14, 21,24)

qui pensent que la pme, qui n’est plus une réduction de la grande entreprise

mais une entité dotée d’attributs fonctionnels et théoriques

spécifiques(dynamisme,souplesse,flexibilité,innovation, entreprenariat,

etc.),est mieux adaptée pour résoudre les problèmes qui se posent aux

économies actuelles qui ont de plus en plus besoin de flexibilité, de

souplesse,d’adaptabilité, etc., dans un environnement instable, turbulent et

concurrentiel. Lescaractéristiques de la pme, devenue l’entreprise de taille

idéale (21,25) rendraient celle-ciplus appropriée à un développement

économiquequi ne repose plus désormais, comme autrefois, sur la stabilité et

l’équilibre de long terme (il suffit de laisser faire les marchés) mais sur

l’instabilité et le déséquilibre(18).

V’rirouch le nouveau deus ex machina de l’économie dudéveloppement

(autrefois Atlas) vient au secours des économies développées (et de façon

presque obligéeet providentielle des économies en transition) pour résoudre

des problèmes auxquels elles semblent confrontées durablement allant de

l’échec du gigantisme à lastagnation séculaire,etc. Sur un fond de

globalisation de l’économie mais surtoutde l’éveilleterrible de la Chine qui

fait trembler (Alain Peyrefitte) l’économie mondiale.

Désormais V’rirouch, qui remplace Atlas fatigué, est en première ligne

dans le « nouveau » paradigme du developpement dont le cadre conceptuel

peut être ainsi résumé : la pme est la base dumode d’organisation

d’entreprises ; l’espace économique est le monde(la globalisation) ; les

développements nationaux prennent « l’allure »

dedéveloppementsrégionaux ; l’esprit et la philosophie du Consensus dit de

Washington sont les règles du jeu économique :(flexibilité innovation,

dérèglementation, privatisation, démonopolisation, etc.).Le modèle a de

l’ambitieux car il ne prétend pas moins que de construire une économie

294

mondialisée moins inégalitaire ou tous gagneraient sans que personne ne

perde.

1. L’échec du tropisme vers le haut.

Le modèle fordiste ce « compromis économique et social vertueux»(33)

et

son corollaire l’entreprise géante intégrée se déploient à l’Est (après 1917), à

l’Ouest (après la 2ime

guerre mondiale) et dans le Tiers-Monde après les

premières vagues de décolonisation.

A l’Est lemodèle basé sur l’organisation scientifique du travail,

l’entrepriseconglomérale ou encore le combinat s’essouffle et se fatigue.

L’Est rejoindra l’Ouest après la chute du mur de Berlin(1989) et

l’effondrement (1991)de l’ex URSS.Sœur Anne ne vois-tu rien venir ?

A l’Ouest lerégime d’accumulation fordiste appliqué aux USA après la

crise de 1929 se déploie en Europe après la 2ieme

guerre mondiale dans un

contexte d’explosion de la consommation et de boum démographique.Le

paradigme fordiste fonctionne sans heurts majeurs pendant les trente

glorieuses (1945/1975) puis comme son confrère de l’Est, perd de sa

pertinence et de son efficacitéaprès le premierchoc pétrolier(1973) et durant

des années 80.

C’est A. Gramsci qui popularise le terme fordisme par ses critiques sur les

méfaits de la division du travail et l’accroissement de l’exploitation du

travail. Dans son essai sur le fordisme B.Coriat met en doute le généreux

argument de Ford concernant la rémunération des ouvriers allant jusqu’à

évoquer la « fable de Ford ».Le fameux « five dollars a day »avait d’autres

objectifs. A partir des années 80(la précarité des salaires) contrairement au

« compromis économique et social vertueux »est répercuté sur le chômage

qui s’installe durablement. C’est l’effondrement du compromis fordiste(34)

(4).

Les grandes entreprises sont empêtrées : restructurations, externalisations,

recentrage des métiers, essaimage, délocalisations, etc. Puis à nouveau la

fièvre du gigantisme s’empare des chefs d’entreprises. A la fin des années

90et début des années 2000 prétextant la globalisation letropisme vers le

haut repart avec des fusions et des alliances : BPet Amaco,Daimler/Chrysler,

Mobile/Exxon, AOL et Netscap, etc. Pourtant « ces cocktails, même brassés

dans les meilleurs mixers ne donnent pas le breuvage d’excellence…..les

échecs furent fracassants et on découvrit que ces additions théoriques

conduisaient souvent à l’inverse des synergies »(21). Les échecs de ce néo-

gigantismes sont nombreux et tonitruants avec des raisons également

multiples.(35)

C’est ainsi qu’on vit surgir un peu partout dans le monde la

théories de Schumpeter avec reconnaissance de l’entrepreneur et la petite

entreprise comme élément clé de l’ économie.(36)

(21).Le balancier se tourne

vers la petite entreprise.

L’Algériepostcoloniale des années 60/70a elle aussi choisie la grande

entreprise pour rompre un sous-développementséculaire .En à peine une

décennie ,avec des taux d’investissement très élevés, le pays réussit à mettre

en place un tissus industriel important ,diversifié et envié dans le monde .La

295

décennie suivante fut celle dudéclin de la société nationaleintégrée.Sans

réeldiagnostic (Liassine), l’entreprise publique, l’ancienne vache à lait,

autrefois aimée jusqu’à l’étouffement, la mère de toutes les batailles et

lasource de tous les enrichissements sans causeest vilipendée, vouée aux

gémonies puis dépecée. Un proverbe berbère dit : « si le bien était

récompensé on récompenserait le bœuf ! ».Aujourd’hui l’Algérie « soigne »

ses pme dans Le silence des agneaux avec à la clef la certitude et la garantie

qu’on « fera mieux qu’autrefois ». !

Apres la domination de la grandeorganisation (synonyme de production de

masse) le balancier alterne en faveur de la pme/pmi. Zeus remplace Atlas par

V’rirouch. Désormais à l’échelle mondiale « le bonheur des hommes est

dans les petites prairies » (Giono, 1932, Jean Le Bleu).

2. La stagnation séculaire, la pme au secours de la croissance.

La fin du XXIème

siècle sonne comme le crépuscule du dieu progrès cette

métaphysique de l’histoire (Hegel, Marx). Le progrès ce cœur intime,

cetteidéologie, cette matrice de toutes les valeurs aimées de l’occident, cette

« chose » que Solow lui-même n’arrivait pas à définir, cet idéal se meurt nul

ne croyant plus au progrès (22).La désintoxication de l’opium del’histoire et

l’échec anthropologique génèrent d’inquiétantes perspectives dans divers

domaines. Notamment au plan économique : lapauvreté,les inégalités,le

chômage ou encore le ralentissement de la croissance, particulièrement dans

les économies développés,Ce qui met en crise les finances publiques de ces

pays(37)

. Apartirdes années 90les économiesdéveloppées sont soutenues

artificiellement par l’endettement pourbooster et soutenir lacroissance. Mais

« la croissance s’est enfuie, et comme Proust apprenant

que « Mademoiselle Albertine est partie »on a d’abord longtemps

pensé : « cela n’a pas d’importance je vais la faire revenir tout de

suite ».Mais la croissance n’est pas revenue et la politique

économiquedéçuea fini par décréter sa propre inutilité, reportant sur la

croissance infidèle la responsabilité de ses malheurs »(23). Dans les

économiesémergentes les choses ne vont guèremieux sinon pire. Mais

comme nous sommes partis de bas noussupportons mieux les fluctuations.

Entre2008/2010les pays à hauts revenus entrent dans une phase de

stagnation (38)

.Les débats sur la stagnation séculaire reposeront le problème

des causes et des moyens de l’éviter ou de s’en sortir. Les économistes sont

partagés sur les marges de manœuvre des politiques économiques. Il n’est

pas rare qu’après une crise économique de grande ampleur émergent des

prévisions économiques pessimistes voir alarmistes. La chose est connue. Il

faut avoir en mémoire, entre autres, les analyses de Marx (problématique de

la reproduction élargie et les moyens de réalisation d’une partie de la plus-

value), de Ricardo (loi des rendements décroissants), ou encore le

Malthusianisme. Plus près de nous l’économiste Alvin Hanssen (1938)

s’inquiétait du moindre rôle que pourraient jouer les moteurs habituels de la

croissance c’est à dire les inventions, les découvertes de nouveaux

296

territoires, les découvertes de nouvelles ressources, la croissance

démographique etc. Beaucoup d’économistes s’élèvent contre ce pessimisme

(Reinhart, Rogoff). Mais les préoccupations écologiques renouvellent la

problématique Malthusienne au cœur d’un Occident dans tous ses états.

3. La pme en première ligne contre le chômage.

Après la période de plein-emploi des Trente Glorieuses, la situation se

dégrade (notamment dans les économies à hauts revenus) sur le marché du

travail. Un chômage (presque de masse dans certains pays) s’installe

durablement, même si les pays ne sont pas tous dans la même la situation

(certain résistants mieux que d’autres).Des changements de l’environnement

économique mondiale amènent à penser que la période des trente glorieuse

étaitexceptionnelle. Créer des emplois et de la croissance est devenue

l’objectif prioritaire et toutes les recettes doivent être mises en œuvre,

souvent en désaccord avec les syndicats : partage du temps de travail,

réduction de salaire, flexibilité, etc. Les politiques néo-classiques ou néo-

keynésiennes de relance s’avérant impuissantes et inefficaces.

Face à un chômage important et durable la création d’emplois est

l’argument le plus cité lorsque il s’agit de justifier l’intérêt, et par voie de

conséquence, le soutien aux pme. La controverse, sur la justification de la

présence des pme dans les économies sera relancée par les analyses de

Birch(1981) qui avance la primauté des petites entreprises dans la création

d’emplois aux USA (39)

.Cette analyse sera critiquée (Leonard, 1986 ;

Davis,Haltwageret Suchuh, 1996 ;..).Mais d’autres économistes (Evans et

Leighton, 1986 ; Loveman, 1989 : Baldwin et Picot, 1995, Kirchhoff, 1996 ;

etc.)vont soutenir que ces blâmes sont infondés et contredit par les données

de long terme de l’OCDE(2005) pour la plupart des pays industrialisées.

Reste alors un autre problème qui demeure en suspens, « les emplois

qu’offrent les petites entreprises ne sont pas de la mêmequalité que les

postes existant dans les grandes entreprises »(5).

La lutte contre le chômage, malgré ,la persistance du phénomène

d’attraction/répulsion qu’exerce parfois encore cette catégorie

d’entreprises,va énormément peser dans le choix du modèle d’entreprise à

taille humaine à fort potentiel d’emploi, de croissance, d’innovation,

d’expansion géographique, etc., dans la nouvelle maniéré de faire le

développement. C’est cette mêmehantise du chômage qui fait évoluer vers

toujours plus de flexibilité (autrefois la rigidité) le marché dutravail. C’est

finalement la création d’emplois qui justifie les dispositifs de toutes sortes

d’aidepayés par les contribuables etoctroyées aux pme.

La pme /pmi première en terme de création d’emplois aux USA (Birch,

1981) et à l’échelle des pays de l’OCDE (étude OCDE, 2005), déjà

championne de la compétitivité (Conway, 2005) est de façon naturelle

positionnée comme base d’organisation d’entreprise(40)

au niveau mondiale.

La pme/pmi est reconnue comme un puissant « rempart » pour atténuer (et

même résorber) le chômage.

4 Développement économique, developpement territorialet pme/pmi.

297

Durant les décennies 60 et 70 même si certainsauteurs(41)

(27) avaient en

vue le développement territorial « au sein des économiesindustrialisée

l’amenuisement des disparités régionales, à la faveur de l’action combiné de

l’Etat et des grande entreprises constituait un objectif prioritaire » (28)Les

retournements de conjoncture, jugulés par les deux choc

pétrolier(1973,1979),allaient modifier la vision des choses en matière de

stratégieséconomiques ouvrant une nouvelle avenueaxée sur les pme/pmi et

l’entrepreneur local comme promoteurs du developpement spatial devenu

une autre clé du developpement économique national.Suivant cette nouvelle

perspective le developpement s’inscrit dans un territoire, une culture et une

histoire. Le developpement territoriale prend des formes diverses dont le

modèle de références est constitué par les « districts » et autres « systèmes

productifs localisés »(42)

.Portés aux nues dans les années 80 les « districts

industriels »sont envisagés comme une alternative au modèle fordiste fatigué

sous la forme d’une « mosaïqué de systems locaux et de dynamiques

flexibles et diversifiées » qui s’étendraient partout.

Cette nouvelle pensée estime que le « territoire » est un élément qui a été

négligé dans le développent et qu’il s’agit de le réintroduire. On doit à

Philippe Aydalot (27) d'avoir contribué à avoir mis cette idée en évidence

dans les années 60 en jetant les fondements d'une nouvelle approche,

l'« économie territoriale » à travers notamment le concept de « milieu

innovateur ». Dans cette perspective, le développement d'une région ne se

conçoit plus comme le résultat d'un simple processus de diffusion spatiale de

nouvelles technologies mais comme un processus d'adaptation et

« d'adoption créative » par des systèmes locaux de production qui les

incorporent en fonction de leurs besoins et culture. La logique du

developpement est inversée et le signal est donné par le bas. Le

developpement local projette le developpement national.On parlera de

systèmes productifs localisés(43)

généralement définis comme des bassins

d’emplois, caractérisés par une concentration exceptionnelle de pme/pmi et

d’artisans autour d’activités prédominantes ou encore de système productif

proto-industriel (le district industriel à l’Italienne d’autrefois).Ceux-ci

recouvrent dans leur forme classique une petite ville voir un quartier.

Cela dit, en fait les interrogations sur la dimension spatiale de l’économie,

bien que abstraites, sont assez anciennes.Dès 1914, des économistes spatiaux

anglo-saxons se sont interrogées « sur les apports des compétences, des

ressources, des aménités, des externalités fournies par un territoire et qui ne

figurent ni dans le bilan comptable d'une entreprise, ni dans la comptabilité

nationale. La célèbre phrase d'Alfred Marshall, « les secrets de l'industrie

sont dans l'air que l'on respire »(44)

, interpelle les limites de la pensée

quantitative et des aspects purement rationnels. Elle invite à réfléchir à

l'enrobage qualitatif des districts productifs ».Si pendant longtemps on ne

s’est guère intéressé à la célèbre phrase de Marshall c’est que la modernité

fordiste et ses solutions de l’efficacité semblaient en mesure de garantir une

298

croissance économique et, partant, la fabrication territoriale (densification de

l’activité économique).Ce n'est qu'à partir des années 1980 que les travaux

sur les Systèmes Productifs Locaux(SPL) portant sur la Troisième Italie

(Beccatini, 1987) que l’on commence à regarder le problème de plus près et

à proposer des solutions.Entre les années 70et 80, les difficultés majeurs des

grandes firmesaidant,des systèmes productifs composés de petites

entreprises se constituent aux USA et en Europe et semblent mieux résister à

la crise que les grandes firmes C’est le miracle de la « troisième

Italie »révélé par les recherches d’Arnaldo Bagnasco(1977).L’exemple du

district Italien démontre la possibilité, « l’existence d’un autre mode de

production fonctionnant selon le principe complètement inversé,coexistant

avec le mode de production de masse ».

Les politiques vis-à-vis des PME, après avoir été fondamentalement

tournées vers la réduction des coûts, tendent depuis quelques années à

s’inscrire davantage dans le cadre d’une « politique de système » basée sur la

production d’agglomérations(45)

. Cette politique renvoie à différents modèles

se différenciant en particulier du point de vue de la place des grandes

entreprises et de la technologie

Championne pour atténuer ou résorber lechômage, devenue la taille idéale

pour pallier au gigantisme la pme/pmi sera également reconnue comme très

compétentepour le developpement local ((Nolan, 2003).

III. Conclusion

Jusque vers la fin des années 90 la pme était vue comme une catégorie

artificielle dont l’importance était avant tout « sociale et politique »

(Halberg, 2001).La contribution des pme esttoujours là, sous des formes

diverses, mais en retrait (à l’ombre) desa rivale la grande entreprise. Lesrôles

sembleraients’être inversés.Depuis le début du XXIIème

siècle les

économistes se seraient aperçus qu’ils tenaient l’ombre pour la proie.

Pendantlongtemps, dans la théorie de la firme la grande entreprise était

considérée comme la clé à l’efficacité économique ce qui ne serait pas (plus)

le cas. La « petite entreprise » ayantfini par s’imposer comme clé

universelleà l’efficacité et base à l’organisation d’entreprises.

Cerôle, la pmecomme moteur du developpement, est ancien.Mais il prend

une résonnance et une dimension particulière depuis deux décennies.

Cetteévolution est la conséquence de troischoses. Primo, une crise

économiquemajeure (du monde dit développé), l’impuissance, des politiques

économiques (qu’elle que soit leur inspiration) etl’inefficacité des outils

classiques de conduite et de relance de la croissance économique. Deuxio, la

«démonstration » de la solidité et de l’efficacité de la pme (devenue taille

idéale) comme outil dudeveloppement. Cela après les travaux des recherches

sur les pme qui ont permis de mettre en valeur ses caractéristiques

(flexibilité, dynamisme, etc.), les études sur l’importance des pme dans le

developpement territorial (Nolan, 2003), les études surl’emploi (OCDE,

2005), les études sur leurcompétitivité (Conway, 2008), et enfin les études

299

sur leur contribution à la création de la richesse. La solidité et l’efficacité de

la « petite entreprise » sontconfortés par ailleurs par les travaux sur les

districts industriels en Italie(Bagnasco,1977 ;Beccati,1987)qui ont fait

progresser l’idée de substituer au modèle fordiste lemodèle «pmiste » qui a

donné quelques résultats en Italie et que certains, compte tenu des premiers

résultats encourageant, voulaient faire essaimer un peu partout en Europe ce

qui suscita des agacements bien sûr. Tertio, c’est les besoins de flexibilité, de

souplesse, de dynamisme, ou encore decompétitivité, des systèmes

productifs qui mettent la pme sur le podium de l’entreprise optimum malgré

sa taille réduite.

En résumé, c’est les justifications empiriques (place des pme dans

l’économie), les justifications politiques (attention accrue des pouvoirs

publiques à la création de pme) et les justifications théoriques (travaux sur

les économies d’échelle, sur les besoins de flexibilité, sur les mutations des

systèmes productifs, etc.) qui repositionnent la pme dans l’économie du

développent et la hissent au statut de taille idéale qui favorise les politiques

de promotion et de soutien en sa faveur. Le modèle de l’entreprise à taille

humaine s’est imposé comme base d’organisation d’entreprises quasi

mondiale. Mutatis mutandis, on remarque que la question (difficulté à faire

ou maitriser la croissance) concerne aussi bien les économies

développéesque les économies en transition mais également

l’« l’universalité » du nouveloutil. La pme opérationnellequel que soit le

niveau de développement du pays considéré. L’économie mondiale en crise

et en voie de globalisation armée de son« nouvel outil » de developpement,

est, par simple héritage, divisée en deux blocs : l’un développé et l’autre en

transition (euphémisme pour éviter la crudité).Les deux sont en concurrence-

coopératif. Le plus développé cherchant à préserver son modèle sociale

hérité d’un developpement séculaire, le moins développé aspirant à un peu

plus de bien être fut-il « dans les petites prairies ».

Apres ces rappelles notre conclusion consistera à fairequelques remarques

à propos de cette inversion des rôles, de ce déclassement de la grande

entreprise « structurante »au profit de la petite l’entreprise « innovante » et

ce nouveau paradigme du developpement économique au sens de

Masterman (un modèle c’est ce qui marche).

La première remarque portera sur cet engouement mondial et généralisé

pour la pme.Dans les pays développés la petite entreprise occupe une place

importante mais la discrimination positive en sa faveur relève de problèmes

de nature conjoncturelle. La production de masse et les économies d’échelles

expression de la grande entreprise et la petite entreprise travaillent

harmonieusement ensemble. La pme complète la grande entreprise avec

possibilité de jouer comme « remplaçant ». Dans ces conditions, la pme

taille idéale : ad vitam aeternamou simple alternancedu balancier ?

Dans les pays en voie de developpement lorsqu’on parle de la pme la

créationd’emplois, donc de la lutte contre le chômage et la pauvreté, est

déterminante. Mais ici la pme taille idéale a une connotationqui renvoie

300

(comme autrefois) non pas à des questionsconjoncturelles mais au contraire

à des problèmesstructurels. La pme taille idéale : ad vitam aeternam !

La deuxième remarque porte sur l’intérêt prêté à la pme. Son utilitéétant

ancienne c’est l’engouement mondial et généralisé àson égard qui

demandeexplications. Cetengouement mondial pour les pmeest le pendant

des principes du Consensus de Washington nouveau cadre définissant

depuis la fin des années 80 la vision du developpement dans le monde. Les

hasards(?) de l’Histoire ont voulus que les modèles « fordistes » mis en

œuvre à l’Ouest et à l’Est s’essoufflent et se fatiguent presque en même

temps. A l’ouest après avoir « sommeillé »on pense que rien ne vaut une

remise sur pied du redoutable double effet (destruction-création) de J.

Schumpeter. A l’est c’est l’heure des transformations et des

désillusionsaprès une longue hibernation. Ailleurs, comme cela se passe

toujours, âpres une période d’accumulation primitive (au sens Marxien) les

classes sociales qui ont en tirées profit pour la constitution du capital

initialveulent renouveler une certaine histoire qui lui est liée et vieille de

deux siècles Ces évolutions qui touchent la planète entière sont propices à

des transformations des modes d’organisation d’entreprises fondés sur la

propriété privée et les petites entreprises. La pme est au carrefour de tous ces

changements et renoncements « idéologiques »et de leur corollaire un

renouveau de l’entrepreneuriat à l’échelle mondial.

La troisième remarque concerne la protection des pme. Aussi bien dans les

pays développés que dans les pays en transition le soutien aux pme estjugé

indispensable. Il est là pour les aider aexprimer leur potentiel de croissance,

d’emplois,d’innovation,de developpement local,etc. On fait cependant

remarquer que les pme dans les pays en transitionpâtissent plus encore que

les pme de pays développés de la piètrequalité des ressources humaines à

leur dispositionet d’un environnement institutionnel imprévisible et

défavorable Cequi justifie les programmes d’aides, de mise à niveau au sein

des pme et des améliorations des cadres institutionnels. Or dans les pays à

système politique autoritaire et non transparent (ou encore rentier) le

principal obstacle est précisément le cadre institutionnel ou encore la rente

(si c’est le cas) sur lesquels bute le developpement des pme/pmi et le

developpement économique de façon général. Dans ces pays le frein(malgré

le verbe) est mis sur tout ce qui concerne le milieu institutionnel et

l’environnement. Aussi l’avenir des pme dans ces pays reste problématique.

Dans les deux cas les programmes de soutien aux pme passent par des

dispositifs d’aides et de subventions plus ou moins importants qui sont pris

en charges par les budgets publics. Bien que nécessaires, compte tenu de leur

taille, l’octroi d’aides et autres subventions octroyées aux pme/pmi nepose

pas moins quelques problèmes (Martin,1986) : delégitimité et d’efficacité de

cesaides, d’ostracisme à l’égard de la grande entreprise .Enfin quelle que

soit la taille de l’entreprise ou son statut juridique(publique ou privé) qu’est

ce qui peut justifier des aides sans réel retour (sous une forme ou une autre)

au profit de la collectivité ?

301

La quatrième remarque concerne la création d’emplois. Lathèsede la pme

créatrice d’emplois fait les choux gras de beaucoup d’économistes ou

hommes politiques. Or cette thèse ne fait toujours pas l’unanimité et n’a

toujours pas été théoriquementdémontrée(5)..Autrement dit, on ne sait

toujours pas pourquoi les pme créent de l’emploi. Le lien emplois/activité

économique a lui aussi été beaucoup étudié et la corrélation n’est pas

toujours, et dans tous les cas, bien mise en évidence. Par ailleurs il faut se

souvenir des critiques à l’encontre du fordisme. Aujourd’hui la pme est à la

pointe de l’actualité, la création d’emplois (sic).Mais parallèlementla

flexibilité et les dérèglementations du marché du travail qui l’accompagne

remettent en cause la protection des travailleurs et sont le prix à payer (resic)

que n’acceptent toujours les syndicats des pays développés ceux des pays en

transition étant généralement aux ordres des pouvoirs en place. La thèse de

l’emploi reste donc encore à valider sous des conditions acceptables.En

attendant, trop de flexibilité ou encore le « recours de façon inconsidérée au

slogan « prenez-vous en charge », autrement dit « créer votre propre

emploi » risque d’entrainer de faux espoirs et de pénibles désillusions

(Joyal).La thèse de la pme créatrice d’emplois ressemble un peu au paradoxe

de l’âne de Buridan que l’on fit mourir de soif en l’entrainant de force vers

l’avoine.

La cinquième remarqueporte sur la relation entre pme et developpement

local. Le lien pme/developpement d’agglomérations spatiales doit lui aussi

être mis en question.Les travaux menés au début des années 80 sur

l’agglomération spatiale ont amenées un renouvellement conceptuel en

économie régionale et en économie du développement. Les notions de

systèmes productifs locaux, de districts industriels, de districts

technologiques, de milieux innovateurs, de technopôles, caractérisent les

modes d’adaptation des tissus socio-économiques dans une économie en

renouvellement. Toutefois il n’existe pas qu’un seul mais plusieurs grands

blocs explicatifs qui se distinguent. Par ailleurs la volonté politique ne suffit

pas toujours pour créer ex nihilo uneagglomération ou un district. Aussi des

études, (à travers les cas de l’Italie du nord) ont été menées pour expliquer

lesconditionsnécessaires à la création de districts (et donc à

l’industrialisation de ce type).Ces études ontrecensées la présence de

conditions naturelles (matièrespremières,facilités de communication etc.) ou

encore les aptitudes des populations locales, l’éthique du travail, l’esprit

d’entreprise,etc.

La sixième remarque concerne le cadre dans lequel se déroule le

developpement, c’est-à-dire le consensus de Washington. Le consensus dit

de Washington, du nom de la ville oùsiègent les deux institutions(la BMet le

FMI), soutenu par le Trésor Américain, qui l’ont portée, est un corpus de

mesures standard à appliquer aux économiesdéveloppées en difficultés pour

leur redressement et(ou) aux économies en transition pour se développer.

Leprogramme de réformes,empreint des idées du libéralismeéconomique

(néo-libéralisme), résumées dans un article sous la plume de J

302

Williamson(1989),est un paquet de mesures(en tout dix), qui fixent la vision

et les réglés du déroulement du jeu économique. Les analyses de ces deux

institutions sont d’accord pour dire que les causes des principaux problèmes

sont la crise de liquidités(?)et le role de l’Etat et que les solutions sont moins

d’Etat, plus de discipline budgétaire et plus de libéralisme. Ce programme

sera appliqué de façon sélective et les résultats n’ont pas toujours été

probants ou convaincants.Le Consensus de Washington n’a pas l’accord de

tous les économistes (critiques de Bhagwati, Allais, entres autres).

Aujourd’hui le désaccord s’élargit. En 2000 la BM et le FMI fléchissent

leurs pratiques et en 2007 dans son Rapport sur le Developpement

Economique Mondial la BM reconnait la nécessité de l’intervention de

l’Etat. On est loin du schéma des «gazelles » qui feraient de la croissance et

del’emploi en gambadant librement.

La conclusion à ces remarques. Nécessités ou hasards de l’Histoire, cette

autre manière de faire de la croissance ou encore du developpement

consistera pratiquement à tourner le dos à des idées anciennes porteuses

d’espérance (équilibre, stabilité, rigidité, le temps long, acquis sociaux, etc.)

pour épouser des idées nouvelles diamétralement opposées et porteuse

d’inquiétudes (déséquilibre, instabilité, flexibilité, temps court, précarité,

etc.). L’opposition est si frontale qu’elle est inquiétante et le prélude à des

Zola et Dostoïevski des temps modernes. Adam Smith aurait certainement

dit ; tout ça pour ça ! Et Marx aurait certainement répliqué : mais relisez

donc mes Manuscrits de 1844 !

Notes. 1Dans les stratégies industrielles et les politiques économiques publiques

les pme/pmi occupent une place de choix pour à la fois booster la croissance

et créer de l’emploi, etc.

2 L’expression est de P.A. Julien. Il s’agit de la période couvrant

approximativement les années 70 et les années 80 c’est-à-dire ce temps de

maturation de la recherche sur la pme. 3De plus en plus la place de la pme/pmi est repensée dans l’économie du

developpement. Considérée comme la taille idéale, optimale, pour des

raisons que nous verrons plus loin, la pme a fini par s’imposer comme base

d’organisation d’entreprise aussi bien dans les économies développées que

dans les économies en transition. 4Mais aussi, « Small is difficult » puisque le développement de la pme

pose aussi et partout des difficultés à la création, à la croissance, à la

compétitivité, etc. 5

L’utilité de la pme (rôles et fonctions jouées dans l’économie) étant

démontrée et reconnue ce qui fait finalement débat c’est la nécessité de

discriminer positivement en sa faveur ouvrant une nouvelle perspective (un

paradigme) de développement ou elle occupe la première place.

303

6 Pour imager le passage de la grande entreprise représentée par Atlas (

dans la mythologie Grec Atlas - le porteur - est un titan de la première

génération condamné par Zeus à porter le globe terrestre) et la petite

entreprise représentée par V’rirouch (,personnage des contes Berbères ,petit

mais intelligent, rusé, dynamique,. Ses qualités lui permettent de l’emporter

sur ses adversaires plus grands et plus fort). 7 Selon Toulouse ou encore Halberg (2001) le rôle de la pme consiste

principalement à créer une classe moyenne et à promouvoir un certain style

de de vie. Son role serait surtout social et politique. 8

L’ONUDI(1966) définissait la pmi comme « un établissement de tout

genre opérant sur une petite échelle ».De son cote le BIT (1961) donne quant

à lui la définition suivante «ce terme sera appliqué, selon l’usage courant aux

industries constituées de petites entreprises ».Il n’existe pas de définition

universelle de la pme. 9

Le même phénomène s’observe au début des années 70 en Algérie qui

s’est engagée dans un processus d’industrialisation basé sur la grande

entreprise. Il existait bien un secteur composé de pmi (publiques ou privées)

ou encore ce rucher de micro-entreprises du secteur artisanal. Mais il y avait

à son égard comme une sorte de « mépris » face à la grande entreprise qui

incarnait alors la modernité. 10

Le processus de destruction créatrice de Schumpeter rappelle le cycle de

vie à l’œuvre dans le secteur des pme/pmi, c’est-à-dire beaucoup de création

d’entreprises et simultanément beaucoup de défaillances. C’est ce processus

continuel, à double effet que Schumpeter qualifie de destruction créatrice,

qui régénère en permanence la structure économique et constitue le facteur

clé de la croissance économique et de sa vitalité. 11

Il existe d’autres explications sur les raisons de la survivance ou de

l’existence des pme/pmi dans les économies contemporaines comme on le

verra en traitant du concept de pme. 12

Les pouvoirs publics Algériens prévoient de faire renaitre « la deuxième

Algérie », en clin d’œil à la Terza Italia. Il s’agit de ce « rucher » qui

autrefois était constitué de milliers de petites unités artisanales (tanneries,

mégisseries, filatures de laine cardée, etc.).Entre autres citons :Ath-

Kheir(pour la poterie),Athyenni(pour la bijouterie en

argent),Constantine(pour la dinanderie),El-eulma(pour le travail du crin de

cheval),Kolea(pour la vannerie),Sidi-Okba(pour la laine cardée),etc. 13

Plus exactement l’acte de naissance officieux de la pme/pmi. L’acte de

naissance officiel de la petite entreprise en Algérie date de juin 2000 c’est à

dire après l’adhésions de l’Algérie a la charte de Bologne cadre définissant

les « règles de bonne conduite » à tenir pour promouvoir, développer et

soutenir les pme. 14

Un peu partout et de plus en plus la force et le dynamisme du secteur des

pme/pmi sont mesurés et appréciés par leur contribution aux exportations

longtemps considéré comme un domaine réservée exclusivement aux

grandes entreprises. On peut dire qu’il s’agit d’un tournant qui a beaucoup

304

favorisé le nouveau regard sur les pme/pmi et effacer la « superficialité »qui

l’entourait. 15

Les statistiques concernant les trois pays d’Afrique du Nord (Maroc,

Algérie, Tunisie) sont, sauf pour le nombre d’entreprises et le nombre

d’emplois, rares et souvent contradictoires. 16

Quel sens donner à une comparaison des pme Allemandes et des pme

Algériennes ?

17 Références L24 du 03 mai 2003.

18 Les définitions concernant l’Algérie et le Canada (cf. tableau n°3) ont été

ajoutées par l’auteur à partir de sources différentes. 19

Le sigle pme/pmi (qui a plus de valeur que de sens selon Torres) est

devenu un véritable slogan auquel on associe, emploi, croissance,

exportations, développement régional, sous-traitance, développement

durable, etc. Les progrès de la recherche sur les pme nous éclairent un peu

mieux. 20

On prend de plus en plus le soin de distinguer les micro-entreprises, les

petites entreprises et les moyennes entreprises. Les micro- entreprises

renvoient à l’auto emploi devenu un slogan qui a inspiré la campagne

électorale d’un homme politique Italien : créer 3miillions d’emplois en clin

d’œil aux 3millions de chômeurs. Le pouvoir politique Algérien a repris ce

slogan mortifère à son compte. 21

Depuis le début des années 90 l’Algérie est confronté au même

processus de transformations (désengagement de l’Etat, privatisations,

réhabilitation de la propriété privée, démonopolisation du commerce

extérieur, etc.) et de promotion et création de pme. Maïs le processus est

chaotique, incomplet, inachevé et perverti. La pme /pmi devenue l’alpha et

l’Omega du developpement, le secteur public étant mis en veille et en

errance. La pme/pmi est aujourd’hui « choyée ». 22

L’étude de l’entrepreneuriat de la troisième Italie a générée un filon de

recherche sur les temps long du développement ou encore ce que certains

appellent les structures lourdes du territoire (densité urbaine, role de la

matrice rurale, données sociopolitiques,…).Certains ont voulu voir là un

modèle possible de développement. 23

Aujourd’hui l'une des forces de l'économie allemande, tient à l'existence

de son tissu industriel très dense, son " Mittelstand ", constitué de " grosses

PME " très dynamiques à l'export. 24

Les principales dispositions du Small Business Act voté en 1953 : faciliter

l’accès aux prêts bancaires, facilités l’accès aux marchés publics, organiser

la défense et soutenir les pme.

25 L’intérêt prêté aux pme/pmi a beaucoup évolué .On est passé du

« soutien critique » (les pme/pmi sont utiles, jouent un rôle économique,

sociale, politique, etc.) à leur défense, leur promotion, leur développement

puis enfin carrément leur protection (politique de soutien à leur création à

leur croissance, à leur développement à l’international et la multiplication et

diversification des dispositifs d’aides). L’intérêt croissant aux pme/pmi s’est

305

accompagné d’une remise en question de l’entreprise géante multinationale.

La « world company » de demain sera, selon Y. Gattaz, sans doute « un

réseau de pme reliées par un nouveau ciment à prise rapide, l’informatique

en temps réel ». 26

C’était aussi le cas à l’Est du temps de l’ex-URSS. Le pouvoir soviétique

pensait que la Grande Russie serait géré comme une entreprise Unique pour

satisfaire tous les besoins. 27

La notion au soutien du développement des pme et de l’entreprenariat est

apparue au travers les réflexions sur le développement économique à la fin

des années 40.Elle a trouvé son expression concrète dans l’adoption de

différentes mesures (aides, prêts bonifiés, régime fiscal préférentiel, etc. ) et

organismes de soutien aux pme. Les notions de soutien et de processus de

promotion des pme sont aujourd’hui des notions à part entière de l’économie

du developpement. 28

Le contexte au développement des pme/pmi est de plus en plus

favorable : la constitution de 1996 reconnait la propriété privé et garantie

l’héritage (article 52). En juin 2000 l’Algérie adhère à la charte de Bologne ;

en 2001 est promulguée la loi sur la promotion des pme. 29

Les pme devenues acteur majeur de la croissance économique sont des

entités structurellement vulnérables. Il faut donc les protéger d’où les

programmes d’action à l’échelle mondiale en leur faveur.Citons, entre

autres : la Déclaration de Doha, le Consensus de Monterrey, la Conférence

d’Istanbul, la Charte de Bologne, etc. La charte de Bologne sur les politiques

à l’égard des pme, adoptée en juin 2000 proposait une approche cohérentes

des politiques à l’égard des pme en vue de stimuler la croissance

économique tant dans les pays de l’OCDE que dans le reste du monde. Les

cadres de promotion et de soutien des pme se multiplient. 30

Désigne cette période allant de 1945à 1975 durant laquelle les pays

occidentaux connaissent des croissances importante et pratiquement une

pénurie de main-d’œuvre. Le premier choc pétrolier(1973) déstabilise les

économies occidentales. 31

Thomas Samuel Kuhn dans son ouvrage Structure of Scientific

Révolution(1962) a été le premier à utiliser le terme pour désigner les cadres

conceptuels, la vision du monde des diverses communautés scientifiques.

Pour Kuhn le paradigme scientifique est un ensemble cohérent de modèles,

de concepts, connaissances, hypothèses et valeurs étroitement liées. Le mot

paradigme est employé dans cet article au sens de Modèle ou encore au sens

de Masterman (1970) pour qui le paradigme c’est ce qui fonctionne. 32

Pour l’utilité les économistes (dont Coase) ont montrés que le marché

agit comme mécanisme régulateurdéterminant les cas où les entreprises

quelles qu’elles soient sont économiquement le moyen le plus efficace

d’organiser les productions des cas ou elles ne le sont pas. Ce qui fait débat

c’est pourquoi discriminer en faveur de la pmeMartin). 33

Le modèle fordiste accorde une large place à la mise en œuvre de

nouveaux principes d’organisation du travail (OST) instauré par le

306

taylorisme et ajoute d’autres principes notamment le travail à la chaine. Les

techniques fordistes misent au point aux USA comme solution à la crise de

1929 sont étendues à d’autres pays d’Europe d’après la 2ieme

guerre

mondiale. Les forts gains de productivité obtenus devaient être en partie

attribués aux travailleurs concernés contribuant à la forte croissance

économique qui en retour soutient la productivité

34 Certains penseurs de gauches ont construit toute une mythologie du

fordisme. L’aggravation des conditions de travail et du leurre du « five

dollars a day » marquent la fin du mythe du compromis fordiste. 35

Ces propos sont de Y. Gattaz ancien Président du Mouvement des

Entreprises de France (MEDEF) qui ajoute « J.P.Ballerin avait découvert des

1976 la vraie raison de la disparition des dinosaures (l’entreprise géante) ;

lorsqu’un moustique leur piquait la queue ils mouraient de gangrène avant

que le signal de douleur soit parvenu à leur cerveau, bien trop éloigné du

champ d’action ». 36

L’échec du gigantisme (autrefois symbole du capitalisme et du

socialisme triomphant) c’est quelque part l’échec des idéologies. D’abord de

l’occident tentée un instant par le monopole de l’industrie (ce vieux rêve

d’Adam Smith à l‘égard des colonies Anglaises).Ensuite du socialisme né à

l’Est à partir de1917 oublieux de l’humanisme de Marx. Enfin échec des

deux pour avoir cru que1+1+1+1pouvaient faire 7 37

L’endettement excessif de certains pays de l’UE est l’une des causes des

dérives de l’UE ces dernières années qui a failli provoquer l’éclatement de la

zone Euro. 38

C’est l’économiste Alvin Hassen qui est l’inventeur de cette

terminologie et c’est Larry Summers candidat malheureux à la présidence de

la Reserve Fédérale (USA)qui lancera ce pavé dans la marre. La définition la

plus répandue de la stagnation séculaire décrit une situation dans laquelle

l’équilibre entre (I) et (S) n’est possible qu’en présence d’un taux d’intérêt

négatif. Le taux d’intérêt dont il s’agit est un taux d’intérêt réel c’est à dire le

taux d’intérêt affiché (nominal) auquel on soustrait l’inflation. Le problème

avec des taux d’intérêt nominaux c’est qu’ils ne peuvent êtres négatifs. Ils se

heurtent au taux de 0%. 39

La thèse de l’emploi est le sujet le plus galvaudé quand on parle des

pme. Pourtant on ne connait pas vraiment pourquoi la petite entreprise joue

un rôle important dans la création de d’emplois. Nous ferons deux

remarques : le traitement de cette question est à mettre en perspective avec

les notions de rucher et d’auto-emplois (98%des pme c’est un seul emploi

avec une forte probabilité de défaillance et une durée de vie très courte) ; par

ailleurs la corrélation du lien création d’emplois/création de pme et évolution

de l’activité n’est pas toujours bien corrélée. Enfin Martin fait remarquer un

problème de qualité des emplois offerts. 40

Au chapitre de la définition de la pme/pmi devenue championne du

developpement nous avons pu voir la grande diversité des définitions.

Ecoutons cette fois comment l’ancien Président du Medef (c’est-à-dire un

307

acteur engagé dans le developpement économique de son pays cote patronale

) définit la pme. Sa définition met encore plus en relief les difficultés.

Puisqu’il faut bien donner des limites nous proposons la classification

moderne suivante : tpe, 0à10 salariés, pme 10 à100, pme 100 à

3000.grandee entreprise au-dessus de 3000 ! 41

Parmi le pionnier de l’économie territoriale citons Philippe Aydalot qui

a été un des économistes les plus originaux dans sa spécialité l’économie

régionale et urbaine. Il a jeté les fondements de l’économie

territoriale.Malgré la disparition prématurée de P. Aydalot en 1987,

l'économie territoriale a connu de nouveaux développements. En témoigne

cet ouvrage en forme d'hommage qui réunit des contributions de différents

auteurs revenant sur l'œuvre et l'évolution de la pensée de P. Aydalot et les

développements ultérieurs de l'économie territoriale. A quoi s'ajoutent les

commentaires critiques de spécialistes de l'économie spatiale, enfin des

textes choisis du regretté pionnier. 42

Un système productif désigne l’ensemble des unités de production

résidant sur un territoire économique national et caractérisé par certaines

proportions. Par exemple : unités secteur primaire, secondaire et tertiaire ; ou

encore pme et grandes entreprises ; ou encore entreprises sociétal et

entreprises individuelles ; entreprises donneuses d’ordre et sous-traitantes,

etc. Le concept, élaboré dans les années 80.s’inscrit dans une démarche

systémique qui associe les caractéristiques d’un modèle productif, un

modèle spatial, et d’un modèle social. Les trois dimensions ne peuvent être

dissociées en raison d’étroites interrelations entre les variables et leur

Independence. 43

Le local peut être définit comme un espace ayant une identité, une

dynamique propre, des spécificités qui entretiennent des relation

d’interdépendance avec des espaces plus vastes(régionale, national,

mondial)dans lesquels il s’insère. 44

L’agglomération industrielle a dès sa naissance attirée l’attention des

économistes.A Marshall(1890) a décrit ce phénomène comme la

préparationd’un modèle moderne de division du travail dans les entreprises

ainsi qu’entre elle .Marshall définit le district industriel par trois aspects : des

employés spécialisés, des industries complémentaires et un échange

permanent de l’information/connaissance. Les travaux de Marshall ont joués

un role important dans l’épanouissement des études sur les districts ou les

clusters. Un autre élément constitutif du district industriel est le nombre

important de pme opérant autour d’in produit ou un type de produits. 45

En Algérieles pouvoir publics ont arrêtés un programme de remise en

activité de « clusters » c’est-à-dire d’ancienne zones d’activité é artisanale

dont nous avons déjà parlé. Pour l’instant le programme concerne les

clusters dinanderie de Constantine et de Tlemcen.

308

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