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ÉVOLUTION DU BOIS ÉNERGIE SUR LES 5 RÉGIONS DU GRAND EST Rapport de synthèse – décembre 2010 Etude réalisée pour le compte de

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ÉVOLUTION DU BOIS ÉNERGIE SUR

LES 5 RÉGIONS

DU GRAND EST Rapport de synthèse – décembre 2010

Etude réalisée pour le compte de

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Sommaire INTRODUCTION ...................................................................................................................... 3 I. Présentation de la filière forêt-bois et du bois énergie .............................................. 3 II. Bois en bûche et bois d’industrie (bois rond) .............................................................. 7

A. Le bois en bûche ......................................................................................................... 7 B. Le bois de trituration .................................................................................................... 9 C. Conclusion sur le bois en bûche et le bois de trituration – Concurrence entre ces deux marchés ............................................................................................................. 10

III. Chaufferies industrielles et collectives – combustibles ....................................... 11 A. Les chaufferies automatiques au bois .................................................................... 11 B. Les granulés de bois ................................................................................................. 13 C. La demande des industries du papier et du panneau ..................................... 13 D. Les connexes des industries du bois : production et utilisation ..................... 14 E. La plaquette forestière .............................................................................................. 16 F. Broyats de bois et production des groupes énergétiques ................................... 17 G. Conclusion – Concurrence sur ces marchés .................................................... 17

IV. Synthèse et perspectives ......................................................................................... 18 CONCLUSION GENERALE .................................................................................................. 19 ANNEXES Annexe 1 – Méthodologie Annexe 2 – Etat des lieux 2006 Annexe 3 – Résultats 2007 Annexe 4 – Résultats 2008

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INTRODUCTION L’usage du bois, matériau et source d’énergie renouvelable, se développe rapidement et présente de multiples avantages environnementaux et socio-économiques. C’est une opportunité pour la filière forêt-bois et les régions du Grand Est. La politique nationale au travers du Grenelle de l’Environnement, des Assises de la Forêt, du Fonds chaleur renouvelable et des appels à projet de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) met en avant l’importance d’une plus grande utilisation du bois, notamment en tant qu’énergie. De nombreux projets sont en cours : chaufferies au bois dans les collectivités ou les industries, et projets de cogénération (co-production d'électricité et de chaleur sous forme de vapeur d'eau) à partir de biomasse. De nouveaux débouchés potentiels s’ouvrent donc pour les propriétaires forestiers, les exploitants et les négociants en bois énergie. Néanmoins, dans le même temps, des tensions peuvent apparaître ponctuellement au niveau des approvisionnements de l’industrie de la trituration (panneaux et papier), du charbon de bois ou de l’emballage (palette, etc.). Dans ce cadre, un observatoire du bois énergie sur les 5 régions du Grand Est de la France (Alsace, Bourgogne, Champagne-Ardenne, Franche-Comté et Lorraine) a été mis en place en 2007 pour une durée de 3 ans. Ses objectifs sont :

- connaître les flux et les volumes de matière concernant le bois énergie, - connaître l’ensemble des projets bois énergie, - servir de base à une approche raisonnée des conséquences réelles du montage et

du fonctionnement des projets bois énergie pour l’ensemble de la filière, - prendre la mesure réelle des efforts qui restent à réaliser pour valoriser au mieux les

produits forestiers. L’approche interrégionale trouve ici toute sa pertinence, car elle permet d’appréhender de manière plus objective l’impact du développement du bois énergie sur les flux et les relations entre les acteurs de la filière. En effet, les approvisionnements des chaudières et de l’industrie lourde ne connaissent pas les limites administratives, puisqu’ils se font plutôt de façon concentrique par rapport aux sites de valorisation (rayon d’approvisionnement), mais également par rapport à la localisation de la ressource (bassin d’approvisionnement). Ainsi, les 5 interprofessions régionales de la filière forêt-bois du Grand Est (ADIB en Franche-Comté, Aprovalbois en Bourgogne, FIBOIS Alsace en Alsace, Gipeblor en Lorraine et Valeur Bois en Champagne-Ardenne) ont mené l’étude entre 2007 et 2010. Ce document présente une synthèse des 3 années de données (2006-2007-2008). Les résultats de chaque année sont détaillés en annexes, ainsi que la méthodologie utilisée.

I. PRESENTATION DE LA FILIERE FORET -BOIS ET DU BOIS ENERGIE

A. La filière bois

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La filière bois s’attache à valoriser tous les prod uits issus de la forêt. Ainsi :

- le tronc des arbres adultes est scié, tranché ou déroulé : c’est le bois d’œuvre. - les jeunes arbres et les branches des arbres adultes sont utilisés dans les industries

du papier et du panneau : c’est le bois de trituration (ou d’industrie), ou en bois de chauffage.

De même, lors de la transformation du bois d’œuvre en planches, meubles ou maisons, des connexes sont produits : ceux-ci peuvent être valorisés en bois de trituration, en bois énergie, en compost… Le bois énergie est donc très lié à l’ensemble de l a filière :

- soit en valorisant les petits bois lors des éclaircies qui permettent l’amélioration de la forêt et la production de bois d’œuvre de qualité,

- soit en valorisant les connexes des entreprises de transformation du bois, - soit en valorisant les bois en fin de vie.

Cependant, ces mêmes bois sont également utilisés dans les industries du papier, du panneau, du charbon de bois ou de l’emballage, ce qui peut créer des tensions sur l’approvisionnement de ces entreprises avec le développement du bois énergie. Selon la conjoncture et la situation de ces différents marchés, des tensions sont observées régulièrement sur les produits connexes des entreprises de transformation du bois. Ceux-ci sont en effet facilement disponibles, actuellement moins coûteux que le bois ronds car liés au process de fabrication et leur valorisation est nécessaire pour le bon fonctionnement de l’entreprise de première transformation. En revanche, les petits bois issus de forêt ne sont récoltés que si le prix du bois énergie ou d’industrie est supérieur au coût d’exploitation et de transport. Actuellement, les bois récoltés sont des bois facilement exploitables, c'est-à-dire dans les propriétés forestières gérées régulièrement, dans des conditions de récolte faciles (faible pente, desserte forestière dense…). Or, si la demande augmente de façon importante, il faudra aller chercher des bois dans des forêts moins régulièrement gérées, plus difficile d’accès et cela aura un coût plus important.

B. Les forêts du Grand Est La surface forestière totale dans le Grand Est est de 3,5 millions d’hectares, soit un tiers du territoire . Elle représente 24% de la surface forestière française. Le volume sur pied dans les forêts du Grand Est de la France représente 29% du volume des forêts françaises. Les volumes sur pied par hectare dans le Grand Est sont donc plus élevés que la moyenne nationale. Ceci est particulièrement vrai en Alsace, qui détient le plus important volume sur pied par hectare français, devant l’Auvergne et la Franche-Comté.

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La surface forestière de production et les volumes sur pied se répartissent comme suit entre les régions :

Région

Surface forestière de production (hectares)

% du territoire Volume sur pied (millions de m3)

Volume sur pied par hectare

(m3/ha)

Alsace 322 000 38% 81 251 Bourgogne 956 000 30% 168 176 Champagne-Ardenne

672 000 26% 119 178

Franche-Comté 699 000 44% 155 223 Lorraine 841 000 36% 166 197 Grand Est 3 490 000 34% 689 194 France 14 970 000 29% 2 407 161 Source : IFN (Inventaire Forestier National), résultats des campagnes 2005, 2006, 2007 2 grandes régions assez différentes du point de vue forestier peuvent être distinguées :

- la Champagne-Ardenne avec la Bourgogne, - les régions Alsace, Lorraine et Franche-Comté.

Voici quelques données issues de l’IFN (campagnes 2005, 2006 et 2007) sur ces 2 grandes régions :

Bourgogne, Champagne-Ardenne

Alsace, Franche-Comté, Lorraine

Surface forestière de production 1 628 000 ha 1 862 000 ha

% forêts publiques 36% 63% % forêts privées 64% 37% Part des feuillus (Volume sur pied) 83% 62%

Part des résineux (Volume sur pied) 17% 38%

Essence principale feuillue Chênes Chênes et hêtre Essence principale résineuse Douglas et épicéa Epicéa et sapin Volume sur pied 287 millions de m3 402 millions de m3 Production brute annuelle 11,8 millions de m3/an 15,9 millions de m3/an

La répartition des forêts dans ces 2 grandes régions est assez différente :

- en Bourgogne-Champagne-Ardenne, les forêts privées représentent ⅔ des forêts du territoire, contrairement à l’ensemble Alsace-Franche-Comté-Lorraine où la forêt publique représente ⅔ des forêts ;

- concernant la répartition entre les feuillus et les résineux, en Bourgogne-Champagne-Ardenne, les feuillus sont très largement majoritaires avec 83% des volumes sur pied, alors que dans l’autre grande région, les feuillus ne représentent que 62% des volumes sur pied. La présence de massifs montagneux comme les Vosges et le Jura explique cette différence. Le sapin et l’épicéa y sont présents naturellement, alors que les massifs résineux d’épicéas et de douglas de Bourgogne et Champagne-Ardenne sont plus jeunes et issus de plantations.

Les volumes sur pied sont importants et la production brute annuelle de ces peuplements est de plus de 27 millions de m3/an sur l’ensemble du Grand Est. La moitié de la surface forestière du Grand Est est certifiée PEFC, garantie d’une gestion durable de la forêt.

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C. La récolte de bois Le volume de bois récolté est évalué chaque année par les Directions Régionales de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF). Les derniers résultats disponibles concernent l’année 2008, ils ne prennent pas en compte les volumes autoconsommés qui peuvent être importants, notamment en bois de chauffage :

Région Volume total de

récolte (m3 grume/an)

Feuillus Résineux

Alsace 1 413 500 676 500 737 000 Bourgogne 2 111 000 1 108 000 1 003 000 Champagne-Ardenne 1 318 000 992 500 325 500 Franche-Comté 2 541 500 979 000 1 562 500 Lorraine 3 217 000 2 020 500 1 196 500 Grand Est 10 601 000 5 776 500 4 824 500 France 35 536 000 13 918 500 21 617 500

Source : Agreste - Enquête annuelle de branche 2008

II. BOIS EN BUCHE ET BOIS D ’INDUSTRIE (BOIS ROND) La gestion des forêts produit des bois de petit diamètre souvent de moindre qualité, que l’on appelle des bois d’éclaircie, car issus de l’opération d’éclaircie des peuplements qui vise à les améliorer. De même que pour les bois issus de la partie haute des arbres et des houppiers, ils peuvent être utilisés soit en bois énergie, soit en bois de trituration dans les industries du papier et du panneau. C’est pourquoi, nous parlerons dans cette partie de ces 2 marchés. La plaquette forestière qui est fabriquée avec ces bois sera traitée dans la troisième partie de ce document.

A. Le bois en bûche Le bois en bûche est la forme la plus ancienne de bois énergie et également le plus consommé actuellement. Le CEREN (Centre d’Etudes et de Recherches Economiques sur l’Energie) évalue régulièrement le volume de bois de chauffage consommé par les ménages français pour se chauffer. Ce volume est calculé à partir de l’enquête logement de l’INSEE, par le biais du nombre d’équipements de chauffage à base de bois en bûche (chaudière, poêle, insert, etc.) achetés et installés dans une région et de la consommation régionale globale au travers d’une estimation de la consommation annuelle moyenne par installation. Cette moyenne prend en compte les consommateurs se chauffant au bois de manière régulière c’est-à-dire en chauffage principal et ceux qui utilisent cette source d’énergie uniquement en appoint d’un autre système de chauffage. La dernière enquête a été réalisée à partir des données INSEE de 2006. Le tableau ci-dessous présente les résultats :

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Région (2006)

Nombre d’appareils de

chauffage (en milliers)

Nombre de stères

consommés par logement

et par an

Volume consommé (en

milliers de stères/an)

Volume consommé

(tonnes brutes/an)

Alsace 169 ± 11 7,8 ± 1 1 314 ± 186 723 000 Bourgogne 198 ±12 8,5 ± 1,1 1 680 ±236 924 000 Champagne-Ardenne 168 ± 11 10,9 ± 1,4 1 823 ± 263 1 003 500 Franche-Comté 160 ± 11 11,5 ±1,5 1 840 ± 271 1 012 000 Lorraine 184 ±11 9,6 ±1,4 1 771 ±270 974 000 Grand Est 879 9,7 8 428 4 635 500 La consommation annuelle de bois de chauffage (bûch e et autres combustibles bois) dans le Grand Est de la France est donc estimée à 8 428 000 stères . D’après les enquêtes CEREN précédentes, cette consommation est en baisse . Entre 1992 et 2006, la consommation annuelle de bois de chauffage a diminué de 1 million de stères. La Bourgogne et la Lorraine ont divisé par deux leur consommation. Ceci est dû à une diminution du nombre d’appareils de chauffage mais également à une baisse des consommations par appareil. Sur cette consommation de bois de chauffage, nous avons cherché à évaluer le volume commercialisé par les entreprises. Un questionnaire a été envoyé pendant 3 années consécutives aux négociants de bois en bûche dont le siège social est dans une des régions du Grand Est (près de 350 envois). Les tonnages commercialisés sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Région (2008)

Tonnages commercialisés

issus du questionnaire

(stères/an)

Tonnages commercialisés

estimés* (stères/an)

Tonnages commercialisés

estimés (tonnes

brutes/an) Alsace 43 314 80 000 48 000 Bourgogne 86 647 300 000 180 000 Champagne-Ardenne 43 685 150 000 90 000 Franche-Comté Non significatif 250 000 150 000 Lorraine 60 316 250 000 150 000 Grand Est 236 529 1 030 000 618 000

* : le tonnage commercialisé estimé est issu d’une extrapolation réalisée à partir des questionnaires retournés et des connaissances des Interprofessions. La donnée pour la Franche-Comté est issue d’une étude de ProForêt. Les réponses au questionnaire indiquent que le bois provient en grande majorité de forêts locales, alors que les débouchés sont plus variables selon les régions : les entreprises de Lorraine et surtout d’Alsace ont principalement un marché local, alors qu’en Champagne-Ardenne et en Bourgogne les débouchés sont en région parisienne, dans le sud de la France voire à l’étranger, notamment en Italie. Les essences utilisées pour le bois de chauffage sont des feuillus en très grande majorité (plus de 95%). Il est très difficile d’obtenir des données complètes et fiables sur le bois en bûche du fait d’un nombre importants d’entreprises, d’un marché fluctuant selon les hivers et de volumes importants autoconsommés, résultant de transactions directes entre le propriétaire forestier et le particulier ou résultant du marché parallèle.

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Dans le Grand Est, l’affouage ainsi que les bois de compétence à destination des personnels de l’Office National des Forêts (ONF) et les déchets de coupe à destination des particuliers représentent des volumes importants de bois en bûche non commercialisés par les entreprises, mais tout à fait légaux. Selon l’ONF, en 2008, l’ensemble de ces volumes était de l’ordre de 2 millions de stères par an sur le Grand Est, soit 1,2 million de tonnes brutes par an.

B. Le bois de trituration Le bois de trituration est utilisé par les industries du panneau ou du papier. Ce sont des industries de taille importante consommant beaucoup de bois et donc s’approvisionnant sur des distances importantes. Implantées depuis de nombreuses années, malmenées en France ces derniers temps du fait de la concurrence mondiale, leur présence est encore importante dans le Nord Est (2 usines de pâte à papier et 9 usines de panneaux). Les consommations de ces industries ont été évaluées à l’aide d’enquêtes réalisées auprès des usines implantées dans le Grand Est et en périphérie (dont BURGO en Belgique et KRONOSPAN au Luxembourg).

Localisation des industries de trituration françaises (source : FCBA 2008-2009)

La demande annuelle, sur le Grand Est, des fabrican ts de pâte et de panneaux est comprise entre 3 400 000 et 3 900 000 tonnes brutes de bois ronds pour la période 2006 -2008, dont 2 400 000 à 2 800 000 tonnes brutes pour les industries lourdes du Grand Est ou en limite de la grande région. Celles-ci ont développé un réseau de fournisseurs locaux important. Les industriels d’autres régions françaises s’approvisionnent ainsi notamment depuis la Bourgogne, mais aussi en Champagne-Ardenne, via un réseau de gares bois.

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En 2008, la demande industrielle s’est légèrement réduite dans le Nord Est (2 400 0000 tonnes) du fait de difficultés survenues au niveau des approvisionnements. Par ailleurs, la majorité des usines rencontrées dans le Nord Est utilisent de la biomasse pour produire l’énergie nécessaire à leur process de fabrication. Elles utilisent au total plus de 1 000 000 TB de matière . La part de la biomasse qui n’est pas autoconsommée et donc achetée en externe (plaquettes, écorces…) est en augmentation régulière pendant la durée de l’observatoire, passant de 225 000 à 384 000 TB en 3 ans.

C. Conclusion sur le bois en bûche et le bois de tr ituration – Concurrence entre ces deux marchés

Le marché du bois de chauffage est fluctuant suivant la rigueur des hivers et dans une moindre mesure en fonction du prix des énergies concurrentes (fioul, gaz…), alors que celui du bois de trituration dépend des marchés mondiaux du papier et de la construction. L’évolution des tonnages commercialisés et consommés de bois de chauffage est stable. Selon l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie), même si le nombre d’appareils de chauffage au bois est en augmentation, leur performance plus importante et la meilleure isolation des logements font que la consommation totale ne devrait pas augmenter. Ce marché est largement dominé par l’autoconsommation et un marché parallèle, auquel il convient également d’ajouter des volumes commercialisés légalement par des agriculteurs (jusqu’à 30% du chiffres d’affaires de l’exploitation) et des propriétaires forestiers privés (volumes inconnus mais non négligeables) ; l’ensemble de ces volumes seraient de l’ordre de 3,4 millions de stères sur 8,5 millions de stères consommés. La demande de l’industrie lourde est stable sur le Grand Est mais dépend cependant de la demande en panneau et en papier et donc de la conjoncture mondiale. Pour les industriels consommant du bois résineux, il est à noter que la variable d’ajustement des approvisionnements des industries du panneau et de la pâte à papier est souvent le bois rond.

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La qualité des bois demandés par l’industrie du papier et du panneau est assez similaire à la qualité utilisée pour le bois énergie. De ce fait, un certain nombre d’entreprises « jonglent » entre le façonnage et la vente de bois en bûche (souvent à des grossistes) et le négoce de bois de trituration pour le papier ou le panneau. En effet, suivant les années, la rentabilité est plus intéressante pour un type de produits que pour l’autre. Par exemple, l’année 2008 a été marquée par une baisse très importante de l’activité et par une demande très faible en bois rond par l’industrie de la trituration. Ainsi, en Bourgogne, plusieurs exploitants qui habituellement approvisionnaient souvent par le train, des papetiers éloignés, ont vu disparaître les demandes de leurs clients et ont dû trouver de nouveaux débouchés. L’hiver 2008-2009 ayant été froid, ils se sont naturellement orientés vers du bois de chauffage pour le sud de la France et l’Italie notamment. Ainsi, si les prix du bois en bûche augmentent et s'il y a moins de travail illégal, des volumes commercialisés actuellement pour la trituration pourraient être substitués en bois en bûche.

III. CHAUFFERIES INDUSTRIELLES ET COLLECTIVES – COMBUSTIBLES En plus du bois directement issu de forêt, l’industrie du papier et du panneau utilise des connexes des entreprises de transformation du bois. Sous forme de plaquettes, d’écorces et de sciures, ces connexes ont d’autres utilisations, certaines en croissance comme le bois énergie utilisé dans les chaufferies automatiques, ce qui peut entrainer des concurrences qui jusqu’à présent n’existaient pas ou peu. Cette partie donne les consommations des chaufferies automatiques au bois, des industries de la trituration et les productions des fabricants de granulés de bois, et les met en parallèle avec la valorisation des produits connexes de scierie et des plaquettes forestières.

A. Les chaufferies automatiques au bois Les données sur les chaufferies fonctionnant au bois sont issues de l’ADEME et/ou des services techniques des Conseils Régionaux, que chaque interprofession a récoltées pour sa région. Il s’agit donc principalement des chaufferies aidées financièrement.

Chaufferie collective (35 kW) Chaufferie industrielle (18000 kW)

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Nombre et puissance des chaufferies collectives et industrielles au 31 décembre 2008

Chaufferies collectives

en fonctionnement Chaufferies industrielles

en fonctionnement

Nombre d'installations

Puissance totale (kW)

Consommation totale (TB/an)

Nombre d'installations

Puissance totale (kW)

Consommation totale (TB/an)

Alsace 201 42 200 30 000 50 80 600 118 000

Bourgogne 92 38 500 37 000 89 201 000 164 600

Champagne-Ardenne 41 42 800 63 700 41 185 000 235 000

Franche-Comté 297 70 800 79 200 106 (en 2007) 85 400 275 0000

Lorraine 70 46 600 60 800 NC NC 160 000*

TOTAL 2008 701 240 900 270 700 180* 466 600* 677 600*

Evolution 2006-2008 + 243 + 69 700 + 81 700 + 23** + 73 000** +81 500**

* : il s’agit de minima car toutes les données pour les chaufferies des industries du bois n’ont pas été recensées. ** : seules les régions Alsace, Bourgogne et Champagne-Ardenne ont été prises en compte pour le calcul de l’évolution. Le nombre de chaufferies collectives et industriell es ne cesse d’augmenter . En 2 ans, le nombre de chaufferies a augmenté de 43 % : ce sont principalement des chaufferies collectives. Cependant, la plus grande part des chaufferies en terme de pui ssance reste celle des chaufferies des industries de transformation du boi s, dont la majorité des combustibles provient des connexes de ces industries (sciures, copeaux, écorces, chutes, plaquettes). Les chaufferies installées dans les industries hors boi s prennent toutefois de plus en plus d’importance en termes de puissance installée et de consommation de bois. En effet, celles-ci sont souvent de puissance assez importante, notamment par rapport aux chaufferies collectives. Le nombre de chaufferies collectives est important en Franche-Comté qui concentre près de la moitié de ces dernières (42%). Cependant, elles sont en général de moindre puissance. La consommation des chaufferies industrielles et collectives atteint presque 1 million de tonnes brutes, ce qui reste relativement modeste face aux 6 millions de tonnes de bois d’industrie (cf. partie II.B) et au plus de 4,6 millions de tonnes de bois en bûche (source CEREN 2006) consommées (cf. partie II.A). Le bois brulé dans les chaufferies provient principalement des connexes des industries du bois, mais la part de la plaquette forestière ne cesse d’augmenter. Par ailleurs, il existe un nombre important de chaufferies au bois installées chez des particuliers. Elles fonctionnent principalement aux granulés, mais également parfois aux plaquettes. Leur puissance est souvent assez faible comparée aux chaufferies collectives. Tous les Conseils Régionaux ne subventionnant pas l’installation de ces chaudières chez les particuliers, leur nombre et leur consommation ne sont donc pas connus. Cependant, il doit en exister plusieurs milliers et leur consommation doit être de plusieurs dizaines de milliers de tonnes par an sur le Grand Est (au 31 décembre 2008, l’Alsace comptait 910 chaufferies aidées pour une consommation de 6 700 TB/an).

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B. Les granulés de bois Les informations concernant le granulé de bois au niveau des 5 régions du Grand Est sont issues d’une enquête envoyée auprès des 18 entreprises assurant la production de granulés dans le Grand Est. La production s’est élevée à 55 000 tonnes en 2008 . Le tonnage de matière première consommée pour fabriquer ces granulés est de l’ordre de 110 000 tonnes brutes/an . Le granulé étant composé de sciure compressée, la matière première utilisée pour la fabrication des granulés de bois provient essentiellement des scieries régionales et des entreprises de seconde transformation (charpente, menuiserie, parqueterie, etc.). Les besoins de ces unités sont donc à rapprocher des 723 000 TB de sciures et copeaux produits par les entreprises de première transformation du Grand Est (partie III.D). Toutefois, de plus en plus d’unités de granulation importantes intègrent un broyeur dans leur process de fabrication. Ainsi, cela permet aux unités de ne plus être mono-dépendantes d’une matière première unique qui se fait rare et ainsi d’accepter d’autres types d’approvisionnement (grumes, plaquettes forestières, etc.) qui seront ensuite transformés en sciures. La production au niveau du Grand Est n’a que peu augmenté entre 2006 et 2008, malgré une capacité de production des usines installées de 205 000 tonnes par an (source ITEBE, Institut des Bioénergies). Cependant, en France, dans le même temps, la produc tion de granulés a doublé. De plus, le syndicat national des producteurs de granulés de bois prévoit un nouveau doublement de la production de granulés entre 2008 et 2010 et un quadruplement entre 2008 et 2012 pour atteindre 1 million de tonnes produites en France. Cette croissance s’accompagne de difficultés pour certaines usines et des cessations d’activité. Ces dernières peuvent s’expliquer par la concurrence accrue à la fois en termes d’approvisionnement (la sciure est également recher chée par les industries du panneau , notamment celles produisant des panneaux de particules) et de débouchés, ainsi que par des hivers relativement doux en 2006-2007 et 2007-2008. Les producteurs de granulés de bois du Grand Est commercialisent très majoritairement leurs produits directement auprès de particuliers et/ou de négociants revendeurs, en vrac, en big bag ou en sacs. Il ressort donc très clairement que ce marché est quasi-exclusivement à destination des particuliers pour alimenter une chaudière automatique ou un poêle. Il s’agit d’un marché orienté vers le chauffage et non vers les centrales électriques comme cela peut-être le cas dans d’autres pays, notamment en Belgique (remplacement du charbon par les granulés de bois).

C. La demande des industries du papier et du pannea u Les industries lourdes présentées au paragraphe II-B s’approvisionnent également en grande partie en connexes de scierie. Leur demande est de 2 500 000 tonnes brutes sur la période de l’observatoire. Elle est stable et correspond à un lien historique fort entre les scieries et ces unités.

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La répartition géographique des origines des produits connexes de scierie à destination de l’industrie lourde est plus homogène que pour les bois ronds, même si deux régions (Franche-Comté et Lorraine) représentent la moitié des origines des consommations.

D. Les connexes des industries du bois : production et utilisation Les industries de transformation du bois produisent des connexes lors de leur process de transformation. Dans la filière, en général, les entreprises de première et de seconde transformation sont distinguées. La première transformation concerne le sciage, le déroulage et le tranchage, alors que la deuxième transformation correspond principalement aux secteurs de la construction, de l’ameublement et de l’emballage. Certaines entreprises peuvent regrouper sur le même site les deux niveaux de transformation, notamment les fabricants de palettes ou de parquet. Lors de cette étude, les entreprises ayant une activité de première transformation ont été enquêtées durant les 3 ans de l’observatoire. Les réponses ont été assez nombreuses. En 2008, elles représentent 63% des sciages produits sur la grande région. Pour l’année 2008, l’estimation des volumes produits et de leur valorisation est présentée dans le tableau ci-dessous.

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Types de produits

Volumes produits

estimés en (TB/an)

Valorisation (%)

Volumes disponibles

(TB)

% utilisé pour du

bois énergie (dont auto-consom-mation)

% utilisé par

l’industrie lourde

Plaquettes de scierie 1 102 000 100% 0 7% 92%

Copeaux et sciures 723 000 100% 0 15% 79%

Purges de grumes, dosses,

délignures, etc. 354 000 98% 0 20% 67%

Ecorces 327 000 98% 5 600 53% 0%

Total 2 506 000 99,6% 5 600 17% 73%

Les produits connexes issus de l’industrie de premi ère transformation ont une valorisation quasi-totale . Les disponibilités sur le Grand Est, que ce soit pour les écorces, les plaquettes de scierie, les sciures, les copeaux et pour les autres produits, sont minimes voire nulles (environ 0,4% de disponibilité tous produits confondus) quelque soit la région. Ceci s’explique par des circuits de valorisation déjà présents, actifs et structurés, qui absorbent la totalité de ces produits connexes. La présence d’industries lourdes du bois avec des schémas d’approvisionnement éprouvés explique cette forte consommation de bois et de connexes du sciage et de l’emballage, et donc la faible disponibilité de ces produits pour d’autres usages. Le développement du bois énergie a également permis de mieux valoriser des produits de faible valeur tels que les écorces. A noter, en Bourgogne, la présence du plus important fabricant français de charbon de bois, qui valorise les chutes et délignures des scieries. Le marché est en augmentation mais celui-ci ne peut y répondre faute de trouver suffisamment de bois pour s’approvisionner. Au total, 73% des tonnages de connexes produits dan s les entreprises de première transformation sont valorisés dans l’industrie du p apier et du panneau et seulement 17% dans la filière bois énergie. Cependant, on observe en trois années d’enquête que ces valorisations évoluent doucement en faveur du bois énergie et au détriment de l’industrie lourde :

Année Valorisation bois énergie

Valorisation industrie lourde

2006 13 % 77 % 2007 17 % 75 % 2008 17 % 73 %

Concernant les connexes des entreprises de deuxième transformation, un ouvrage en 1992 « La valorisation des produits connexes du bois », estimait que plus de 85% de la production de connexes étaient issus des entreprises de première transformation du bois. Les entreprises de deuxième transformation produiraient donc de l’ordre de 15% des

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connexes (soit moins de 450 000 tonnes) . Etant très nombreuses et ayant des activités très variées : menuiserie, charpente, ameublement, tonnellerie, etc., elles n’ont pas été interrogées dans le cadre de cette étude. Cependant, les connaissances des Interprofessions permettent de dire que leurs connexes sont également bien valorisés dès qu’ils sont produits en quantités suffisantes et « propres ». Des problèmes se posent pour les quantités faibles dispersées sur le territoire, les bois peints, traités, … ou les chutes de panneaux.

E. La plaquette forestière Actuellement, la production de plaquettes forestières est principalement réalisée à partir de bois dépérissants, de bois d’éclaircie, de rémanents forestiers… Ce produit permet de trouver de nouveaux débouchés à des produits actuellement peu valorisés et donc d’apporter une rémunération supplémentaire pour une sylviculture de qualité. Elle est utilisée exclusivement en bois énergie dans les chaufferies automatiques. Le développement de ce produit est très variable selon les régions du Grand Est. Une enquête auprès de plus de 80 entreprises du Grand Est durant 3 années consécutives permet de donner les résultats suivants :

0

10 000

20 000

30 000

40 000

50 000

60 000

70 000

80 000

90 000

Alsace Bourgogne Champagne-Ardenne

Franche-Comté Lorraine

Tonn

ages

com

mer

cial

isés

(TB

/an)

2006

2007

2008

Au total, 225 500 TB, soit 644 000 MAP, ont été com mercialisées par les entreprises du Grand Est de la France en 2008 . La Lorraine et la Franche-Comté produisent les deux tiers des plaquettes forestières dans le Grand Est. Le marché est principalement un marché local, avec 60% des approvisionnements et plus de 65% des débouchés en intra-régional. Cette proximité du marché se reflète également au travers du rayon moyen de livraison des entreprises du Grand Est qui est de 50 kilomètres.

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Les acheteurs de plaquettes forestières sont pour 40% des industriels et pour 38% des collectivités. Le restant est principalement vendu aux particuliers. Le bois servant à la réalisation de plaquettes forestières provient pour moitié de forêts privée et pour 40% de forêts publiques. Le reste provient des espaces verts (paysagisme, arbres d’alignement, etc.), gisement valorisable non négligeable et en expansion. Par ailleurs, les entreprises disent ne pas utiliser à plein régime leur broyeur. En moyenne, sur le Grand Est, le taux d’utilisation des broyeurs est de 60%, avec des disparités importantes. La Bourgogne se démarque avec un taux d’utilisation de l’ordre de 20 %. La filière semble donc prête à répondre à une augmentation éventuelle de la demande en plaquettes forestières, à condition de répondre à des critères, principalement de prix et de qualité. Les tonnages de plaquettes forestières commercialis és ne cessent d’augmenter : une croissance de 40% s’est opérée sur le Grand Est entre 2006 et 2008 et les prévisions sont à l’augmentation. Ceci est dû au fort développement des chaufferies collectives et industrielles : plus 270 chaufferies durant les 3 ans de l’étude pour une consommation supplémentaire de plus de 160 000 tonnes de bois.

F. Broyats de bois et production des groupes énergé tiques Une source également valorisée pour l’industrie de la trituration ou le bois énergie est le bois en fin de vie. Plusieurs groupes de dimension parfois internationale et produisant du bois déchiqueté ont été interrogés. Le volume de broyats de bois traités par ces groupe s en 2008 est de l’ordre de 49 000 tonnes brutes de bois « propres » et 65 000 tonnes brutes de bois « souillés ». Ces bois sont principalement issus de produits bois provenant de collectivités, d’industriels (y compris les entreprises de transformation du bois) ou de déchetteries. Les débouchés sont l’industrie lourde et le bois énergie pour les bois propres uniquement.

G. Conclusion – Concurrence sur ces marchés Les produits connexes des entreprises du bois sont quasiment totalement valorisés. La disponibilité supplémentaire de ces produits ne se fera qu’avec une augmentation des volumes de bois transformés. Le développement du bois énergie devra donc trouver d’autres sources d’approvisionnement sous peine de « détourner » et de prendre la matière première à d’autres industries. La plaquette forestière peut répondre pleinement à ce développement et à l’augmentation de la demande en bois énergie. La concurrence entre le bois énergie et le bois d’i ndustrie apparaît sur certains connexes des entreprises du bois . Disponibles facilement et à un coût inférieur à celui de la plaquette forestière, ils intéressent beaucoup les acteurs de l’industrie lourde comme du bois énergie. Les tensions sur la sciure existent depuis quelques années. De même, le plus important carbonisateur évoque régulièrement le manque de délignures et de chutes courtes pour son approvisionnement. Les industries du papier et du panneau créent de nombreux emplois et une valeur ajoutée supérieure au bois énergie. Il s’agit pour la plupart de groupes internationaux soumis à une concurrence internationale qui leur laisse peu de marge de manœuvre quant aux prix des approvisionnements. La concurrence accrue avec le bois énergie, notamment sur les connexes des entreprises du bois, a un fort impact sur la rentabilité de ces usines.

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IV. SYNTHESE ET PERSPECTIVES Les marchés du bois énergie sont en expansion mais ils ne provoquent pas encore un grand bouleversement. La commercialisation de bois d’industrie est nettement supérieure à celle de bois énergie hors bûches, que ce soit pour les bois ronds ou les connexes de scierie. Cependant, les objectifs concernant les énergies renouvelables et notamment le bois énergie sont importants. En mars 2007, l’Union Européenne a pris un engagement collectif « 3 x 20 » pour 2020, dans lequel la part des énergies renouvelables dans la consommation totale d’énergie finale doit passer de 9,7% aujourd’hui à 20% en 2020. Suite au Grenelle de l’Environnement, la France vise à augmenter de 20 millions de tep (tonnes équivalent pétrole) sa production d’énergie renouvelable en 2020 et ainsi dépasser la part de 20% d’énergies renouvelables dans sa consommation finale d’énergie (électricité, chaleur, biocarburants). Selon le rapport COMOP ENR n°10 du Grenelle de l’Environnement, l’objectif pour la biomasse en 2012 est de + 1,1 million de tep et + 3,8 millions de tep en 2020, soit une mobilisation supplémentaire à l’horizon 2020 de 15 millions de m3 par an de bois. Concernant la biomasse, et le bois en particulier, des appels d’offres de la Commission de Régulation de l’Energie pour les projets de cogénération supérieurs à plusieurs MW électriques, un « fonds chaleur renouvelable » pour les chaufferies de taille importante à moyenne et des aides régionales pour les « petites » chaufferies sont mis en place. Tous ces programmes devraient faire augmenter significativement la demande en bois énergie. Notons également que de nombreux travaux de recherche sont menés sur la production de biocarburants à partir de bois. Des usines sont en projet et viendront encore faire augmenter la demande en bois. Dans le même temps, les industries du panneau et surtout du papier sont confrontées à une concurrence mondiale très vive : les réglementations environnementales et sociales pour les usines, mais également les plantations à grandes échelles dans certains pays défavorisent les industries installées en France et en Europe plus généralement. La crise a amplifié des difficultés rencontrées par ces industries en France et il est observé des réductions importantes de production. Pour répondre à l’augmentation des besoins en bois énergie – bois d’industrie, le gisement le plus important est en forêt. Des études montrent une disponibilité forestière importante : la dernière étude de l’ADEME calcule une disponibilité technique et économique supplémentaire totale (aux conditions actuelles de marchés) de 5,5 millions de mètres cubes de petits bois par an (diamètre supérieur à 7 cm), dans les 5 régions du Grand Est de la France. Cependant, toutes ces études restent assez théoriques et surtout ne prennent pas en compte l’aspect « décision du propriétaire » (veut-il mettre en vente du bois ?) ! De plus, augmenter de façon significative la récolte de bois en forêt nécessitera d’aller chercher du bois dans des forêts peu ou pas gérées actuellement, moins accessibles, plus morcelées et donc aura un coût nettement plus élevé que les industriels doivent prendre en compte dès maintenant. Une meilleure valorisation des bois en fin de vie est également à envisager pour accroitre le volume de bois disponible. Cependant, la collecte, le tri et leur traitement en vue d’une valorisation énergétique sont des étapes nécessaires et couteuses qui limitent actuellement les volumes valorisables.

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CONCLUSION GENERALE Dans les 5 régions du Grand Est de la France, l’industrie lourde reste le débouché majoritaire des bois de qualité « énergie/industrie » : 6 millions de tonnes de bois issues du Grand Est commercialisées vers les industries de la trituration contre 1,4 million pour le bois énergie (hors bois en bûche ne passant pas par des entreprises). Cependant, des tensions sur les connexes des entreprises du bois sont déjà observées. Les projets de chaufferies de petite, moyenne ou grosse taille ainsi que les projets de cogénération biomasse fonctionnant au bois sont très nombreux. La disponibilité forestière calculée par plusieurs études semble pouvoir répondre à une augmentation de la demande en bois énergie. Néanmoins, transformer et emmener cette manne forestière dans le silo d’une chaufferie ou d’une usine a un coût qui ne peut qu’augmenter du fait de sa moindre accessibilité. En effet, il est couramment admis que les forêts les plus accessibles sont déjà exploitées. Il faudra donc aller chercher du bois dans des zones peu ou pas exploitées (en pente, peuplements de faible diamètre plus difficile à exploiter…) pour que la récolte porte sur toute la forêt et pas seulement sur les propriétés déjà gérées, ceci pour assurer une gestion durable des forêts et donc des ressources en bois énergie. Les projets bois énergie doivent donc absolument se baser sur un prix du bois rendu chaufferie plus important qu’actuellement. La mobilisation de bois supplémentaire se fera d’autant mieux que le réseau de chaufferies se fera progressivement dans le temps et sur tout le territoire. En effet, il est plus facile de gérer la mise en fonctionnement d’une centaine de chaufferies consommant 1 000 tonnes de bois que celle d’une chaufferie consommant 100 000 tonnes de bois. Mieux réparties sur le territoire, elles apporteront également un aménagement plus équilibré. Enfin, le bois a beaucoup d’autres utilisations que la production d’énergie. Le bois d’œuvre doit être favorisé car il apporte plus de valeur ajoutée, plus d’emplois, séquestre plus longtemps le carbone et lors de sa transformation ou en fin de vie, produit du bois énergie, notamment par les produits connexes engendrés. Le développement du bois énergie doit donc être corrélé à celui du bois d’œuvre.