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Examens spéciques avant chirurgie réfractive progressive Specic examinations before progressive refractive surgery 34 - Montpellier, France L e but de ces examens est que le chi- rurgien puisse nir si une chirurgie est envisageable et si, oui, de quel type. Il comporte, bien évidemment, en première intention une consultation ophtalmologique « classique » avec anamnèse (antécédents généraux et ophtalmologiques), réfraction au brouillard, tension oculaire, fond d'œil, exa- men à la lampe à fente. Pour commencer, nous réaliserons deux exa- mens très importants et indispensables avant toute chirurgie réfractive (même non progres- sive) : l'Orbscan et L'Opdscan. L'Opdscan permet d'étudier la forme de la cornée et ses éventuelles irrégularités. Il per- met par exemple de détecter un kératocône qui contre-indiquerait toute chirurgie laser (Fig. 1 et 2). L'Orbscan quant à lui mesure la pachymétrie. Il nous indique, entre autres, l'épaisseur de la cornée au point le plus n (la pachymétrie à cet endroit doit être au minimum supérieure à 500 microns), la keratométrie, la pupillomé- trie (certains types de chirurgie sont pupillo- dépendantes et nécessitent une pupille supérieure ou égale à 3 mm en photopique) et l'angle kappa (angle mesuré entre l'axe visuel et l'axe pupillaire), si celui-ci est trop important cela peut entraîner une excentration trop importante du traitement laser et donc un mauvais résultat (Fig. 3 et 4). Une anomalie à l'un de ces deux examens contre-indiquera toute chirurgie. Jusque ici, les examens sont identiques à une chirurgie monofocale. Maintenant, nous allons étudier des éléments plus spéciques à la chirurgie de presbytie. Au cours de la réfraction, nous étudierons l'accommodation restante puis l'œil préféren- tiel en vision de loin, en brouillant en vision de loin œil droit puis œil gauche avec +1.50 pour voir de quel côté le patient le supporte le mieux. Si jamais cela n'est pas tolérable, on diminue par pallier de 0.25 jusqu'à atteindre une vision confortable. Cela permet de quan- tier quelle « bascule » peut être tolérée. Une fois cette tolérance trouvée on fait lire le patient avec cette sur-correction sur l'œil non préférentiel pour estimer quelle acuité visuelle il peut espérer en vision de près. Un examen sous-cycloplégique sera réalisé pour tous les Géraldine Savoye (Orthoptiste à Odysseum Ophtalmologie) Mots clés Bascule Chirurgie réfractive presbytie Èil préférentiel Vision binoculaire Keywords Correction Presbyopia refractive surgery Leading eye Binocular sight Adresse e-mail : [email protected] RÉSUMÉ La chirurgie réfractive nécessite un bilan assez précis de l'état oculaire mais aussi binoculaire pour éviter toute complication post-opératoire. Nous allons voir quels sont ces examens et comment les interpréter. © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. SUMMARY Refractive surgery requires a fairly accurate control of the ocular and binocular state to avoid any post-operative complication. We are going to see what are these examinations and how to interpret them. © 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Revue francophone d'orthoptie 2014;7:223227 Dossier / Formation http://dx.doi.org/10.1016/j.rfo.2014.09.009 © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. 223

Examens spécifiques avant chirurgie réfractive progressive

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Revue francophone d'orthoptie 2014;7:223–227 Dossier / Formation

Examens spécifiques

avant chirurgie réfractive progressive

Specific examinations before progressive refractivesurgery

Géraldine Savoye

34 - Montpellier, France (Orthoptiste à OdysseumOphtalmologie)

Mots clésBasculeChirurgie réfractivepresbytieÈil préférentielVision binoculaire

KeywordsCorrectionPresbyopia refractivesurgeryLeading eyeBinocular sight

RÉSUMÉLa chirurgie réfractive nécessite un bilan assez précis de l'état oculaire mais aussi binoculairepour éviter toute complication post-opératoire. Nous allons voir quels sont ces examens etcomment les interpréter.© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

SUMMARYRefractive surgery requires a fairly accurate control of the ocular and binocular state to avoid anypost-operative complication. We are going to see what are these examinations and how tointerpret them.© 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

e but de ces examens est que le chi- supérieure ou égale à 3 mm en photopique)

Adresse e-mail :

Lrurgien puisse définir si une chirurgieest envisageable et si, oui, de quel type.

Il comporte, bien évidemment, en premièreintention une consultation ophtalmologique« classique » avec anamnèse (antécédentsgénéraux et ophtalmologiques), réfraction aubrouillard, tension oculaire, fond d'œil, exa-men à la lampe à fente.Pour commencer, nous réaliserons deux exa-mens très importants et indispensables avanttoute chirurgie réfractive (même non progres-sive) : l'Orbscan et L'Opdscan.L'Opdscan permet d'étudier la forme de lacornée et ses éventuelles irrégularités. Il per-met par exemple de détecter un kératocônequi contre-indiquerait toute chirurgie laser(Fig. 1 et 2).L'Orbscan quant à lui mesure la pachymétrie.Il nous indique, entre autres, l'épaisseur de lacornée au point le plus fin (la pachymétrieà cet endroit doit être au minimum supérieureà 500 microns), la keratométrie, la pupillomé-trie (certains types de chirurgie sont pupillo-dépendantes et nécessitent une pupille

[email protected]

http://dx.doi.org/10.1016/j.rfo.2014.09.009© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

et l'angle kappa (angle mesuré entre l'axevisuel et l'axe pupillaire), si celui-ci est tropimportant cela peut entraîner une excentrationtrop importante du traitement laser et donc unmauvais résultat (Fig. 3 et 4).Une anomalie à l'un de ces deux examenscontre-indiquera toute chirurgie.Jusque ici, les examens sont identiques à unechirurgie monofocale. Maintenant, nous allonsétudier des éléments plus spécifiques à lachirurgie de presbytie.Au cours de la réfraction, nous étudieronsl'accommodation restante puis l'œil préféren-tiel en vision de loin, en brouillant en vision deloin œil droit puis œil gauche avec +1.50 pourvoir de quel côté le patient le supporte lemieux. Si jamais cela n'est pas tolérable, ondiminue par pallier de 0.25 jusqu'à atteindreune vision confortable. Cela permet de quan-tifier quelle « bascule » peut être tolérée.Une fois cette tolérance trouvée on fait lire lepatient avec cette sur-correction sur l'œil nonpréférentiel pour estimer quelle acuité visuelleil peut espérer en vision de près. Un examensous-cycloplégique sera réalisé pour tous les

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Figure 1. Opdscan normal.

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Figure 2. Opdscan anormal avec kératocône frustre.

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Figure 3. Orbscan compatible.

Figure 4. Orbscan non compatible avec kératocône frustre et pachymétrie inférieure à 500 microns.

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patients avant 50 ans et au cas par cas pour les autres.On testera ensuite l'œil de visée (à l'aide du carton troué, brastendus/tête droite) pour voir s'il y a une concordance avec l'œilpréférentiel, en vision de loin ou pas.Ensuite nous nous pencherons plus spécifiquement sur laprofession et les éventuels loisirs du patient pour définir aveclui quels sont ses besoins et exigences dans la vie quoti-dienne. Un patient conducteur de bus n'aura pas les mêmesbesoins qu'une couturière, donc n'aura pas le même traite-ment chirurgical.Pour finir, nous réaliserons un dépistage orthoptiquecomprenant un examen sous-écran, motilité, punctumproximum de convergence, et une vision stéréoscopiqueau TNO. Tout doute quant à la bonne vision binoculaire

(hétérophorie, TNO <600 '. . .) entraînera systématiquementun bilan orthoptique complet. Les nouvelles techniques dechirurgie laser sont moins dissociantes qu'une bascule maisnécessitent, néanmoins, de s'appuyer sur une bonne visionbinoculaire préopératoire pour que le patient ne risque pasde voir double ou d'être inconfortable.Tous ces examens réalisés, le chirurgien est en mesure devoir avec le patient s'il est opérable et si oui de choisir latechnique.

Déclaration d'intérêtsL'auteur déclare ne pas avoir de conflits d'intérêts en relation avec cetarticle.

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