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PREMIERE ANNEE - N° 2 LUNDI 01 JUIN 2020 EXPO 59 MAGAZINE PAGE 1 EXPEDITION 59

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Page 1: EXPEDITION 59

PREMIERE ANNEE - N° 2 LUNDI 01 JUIN 2020

EXPO 59 MAGAZINE PAGE 1

EXPEDITION 59

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PAGE 2 EXPO 59 MAGAZINE

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1992. L'internationalisation du marché français de la bande dessinée se poursuit et, afin d'ouvrir davantage les frontières et d'attirer encore plus d'étrangers dans la ville provinciale d'Angoulême, les auteurs américains seront les invités d'honneur de la 19e édition de ce festival, le bouleversant et étant eux-mêmes bouleversés par celui-ci.Une véritable opportunité pour votre humble serviteur, car non seulement la majorité des visiteurs n'avaient qu'une connaissance limitée des langues (le protec�onnisme français était à la hausse), mais également, la plupart de leurs livres non traduits jusque-là étaient proposés pour la première fois dans la langue de Molière et donc quasi inconnus du public. Bien sûr, tout le monde connaissait déjà Art Spiegelman ou ce vieux rou�er de Joe Kubert qui avait animé Sergent Rock pendant des décennies. David Lloyd également, mais ce dernier pouvait, à

devenu ! Grâce à ce qui, à l'origine, semblait être une intui�on absurde. Huit ans plus tôt, il avait fait équipe avec Peter Laird et ils avaient décidé de sor�r eux-mêmes du circuit DC et Marvel, chacun de leurs projets étant rejeté. Le marché de la bande dessinée était divisé en deux camps. D'un côté, vous aviez les BD de super-héros chez les grands éditeurs, de l'autre, la BD underground (Robert Crumb, Gilbert Shelton) qui s'épanouissait modestement avec son propre public autour du sexe, de la drogue et de l'humour adulte. Laird et Eastman - inspirés par Cerebus de Dave Sim (du selfpublishing) - se trouvaient entre les deux camps. Leurs personnages vede�es ? Des tortues faisant du karaté (?!). Eastman avait trouvé ce�e idée en se demandant quel animal aurait pu le mieux interpréter l'acteur Bruce Lee. Le Tortue Ninja Michel-Ange est né avec l'ironie d'imaginer que ce pourrait devenir "le prochain best seller", car Eastman considérait "que ce personnage était la chose la plus stupide qu'ils aient jamais vue". Et pourtant, pourquoi ne pas élaborer une histoire et expliquer la genèse de ces mutantes adolescentes dégénérées tortues ninja. L'argent trouvé pour le faire, et le livre de 40 pages fut publié. Il s'est avéré que le premier numéro de leur maison d'édi�on Mirage devint un succès ina�endu. Grâce à des séances de dédicaces chez les commerçants, des conven�ons (les fes�vals) et du bouche-à-oreille, les 3.000 premiers exemplaires furent vendus en quelques semaines seulement. Une deuxième édi�on de 6.000 exemplaires le fut tout aussi rapidement. Une réelle bombe! Le choix de se consacrer à plein temps au dessin a été payant. Le troisième numéro a été édité à 50.000 exemplaires, le hui�ème à 135.000 ! À par�r de 1985, la

demande a augmenté de façon exponen�elle et ils ont commencé à vendre des licences (un jeu de rôle, des t-shirts). Certaines exploita�ons étaient liée à une série d'anima�on. Lorsqu'on leur proposa d'en faire un film en live, ils se montrèrent ré�cents. La bande dessinée est une chose, les figurines une autre, mais comment donner vie à leurs étranges créatures dans un film ? Et surtout, pourrait-on seulement récupérer l'inves�ssement de 7 à 8 millions de dollars ? Au final, il rapporta 135 millions, ouvrit le �tre à un public interna�onal et les Tortues Ninja devinrent un succès mondial. Les créateurs gardant intégralement les droits et le contrôle de leur série (creator owned) !

C'est en 1990 qu'un Eastman très (trop !) confiant fonde la maison d'édi�on Tundra avec le principe du “creator owned” en tête. Choisissez les plus grands talents innovants du marché, rassemblez-les, laissez-les garder leurs droits de créa�on (avec une répar��on de 80 pour 20, la plus pe�te par�e revenant à l'éditeur) et payez-leur de généreuses avances. Dave McKean, Bill Sienkiewicz, Alan Moore et Eddie Campbell, George Pratt et bien d'autres purent y tenter leur chance, certains plus disciplinés que d'autres. Mais aucun de ces nouveaux projets ne rencontra de succès commercial. Ce fut un gouffre financier aggravé par une mauvaise ges�on qui avait été confiée à des membres inexpérimentés de la famille, des éditeurs-rédacteurs insuffisamment qualifiés et un projet de musée de la bande dessinée non rentable, Eastman perd la modeste somme de 9 à 14 millions de dollars (à un penny près) et la toundra se révéla être, bel et bien, une steppe déser�que dans le paysage préhistorique de la bande dessinée.Qu'est devenu Eastman aujourd'hui ? Sang bleu ne pouvant men�r, Eastman anime à nouveau les Tortues Ninja (bien qu'il ait vendu une grande par�e de ses droits à Laird) chez IDW Publishers.Pourquoi ce�e franche admira�on de ma part pour Eastman ? Même si vous l'es�mez un

L'HOMME DE L'OUEST

KEVINEASTMAN

ce�e occasion, présenter une édi�on reliée grand format européenne pres�gieuse de V pour Vendetta chez Delcourt... Ils ont réussi à a�rer l'a�en�on, alors qu'un peu plus loin, le stand modeste de Tundra avait du mal à trouver son public. Là, votre humble serviteur est resté imperturbablement à baver sur les dessins de Dave McKean, afin de rencontrer George Pratt et pour a�raper un sacré coup de foudre, plein d'admira�on, en présence du philanthrope de la bande dessinée Kevin Eastman.

Eastman a alors trente ans et joue au millionnaire... non, en fait, il l'est réellement

pe�t peu fou, n'oubliez pas qu' Eastman est tout de même le père spirituel de Cages de Dave McKean, Understanding Comics de Scott McCloud, From Hell, Madman (Mike Allred) et Big Numbers (Bill Sienkiewicz et Alan Moore). Cela mérite un immense respect.En 1992, votre serviteur ne pouvait que sauter sur l'occasion à Angoulême ! Logique également qu'en 2015 il ait accepté de s'occuper de traduire certains épisodes des Tortues Ninjas.Et pour l'anecdote, l'année passée nous avons même raté deux heures du Tour de Flandre, ayant fait un arrêt entre Anvers et Audenarde à Gand afin d'y interviewer Kevin Eastman où il était l'invité du F.A.C.T.S., l'immense salon de jeux et de diver�ssements des Pays-Bas. À ce�e occasion, Expo 59 Magazine lui a présenté sa liste des ques�ons (merci à Stefaan Van De Walle et Peter Vermaele)... Les Expo 59 Files étaient nés.

Erik Deneyer - Niels VanesKevin Eastman à FACTS 2019 © Erik Deneyer

Couverture Teenage Mutant Ninja Turtles n° 6 © Dark Dragon Books

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1992. L'internationalisation du marché français de la bande dessinée se poursuit et, afin d'ouvrir davantage les frontières et d'attirer encore plus d'étrangers dans la ville provinciale d'Angoulême, les auteurs américains seront les invités d'honneur de la 19e édition de ce festival, le bouleversant et étant eux-mêmes bouleversés par celui-ci.Une véritable opportunité pour votre humble serviteur, car non seulement la majorité des visiteurs n'avaient qu'une connaissance limitée des langues (le protec�onnisme français était à la hausse), mais également, la plupart de leurs livres non traduits jusque-là étaient proposés pour la première fois dans la langue de Molière et donc quasi inconnus du public. Bien sûr, tout le monde connaissait déjà Art Spiegelman ou ce vieux rou�er de Joe Kubert qui avait animé Sergent Rock pendant des décennies. David Lloyd également, mais ce dernier pouvait, à

devenu ! Grâce à ce qui, à l'origine, semblait être une intui�on absurde. Huit ans plus tôt, il avait fait équipe avec Peter Laird et ils avaient décidé de sor�r eux-mêmes du circuit DC et Marvel, chacun de leurs projets étant rejeté. Le marché de la bande dessinée était divisé en deux camps. D'un côté, vous aviez les BD de super-héros chez les grands éditeurs, de l'autre, la BD underground (Robert Crumb, Gilbert Shelton) qui s'épanouissait modestement avec son propre public autour du sexe, de la drogue et de l'humour adulte. Laird et Eastman - inspirés par Cerebus de Dave Sim (du selfpublishing) - se trouvaient entre les deux camps. Leurs personnages vede�es ? Des tortues faisant du karaté (?!). Eastman avait trouvé ce�e idée en se demandant quel animal aurait pu le mieux interpréter l'acteur Bruce Lee. Le Tortue Ninja Michel-Ange est né avec l'ironie d'imaginer que ce pourrait devenir "le prochain best seller", car Eastman considérait "que ce personnage était la chose la plus stupide qu'ils aient jamais vue". Et pourtant, pourquoi ne pas élaborer une histoire et expliquer la genèse de ces mutantes adolescentes dégénérées tortues ninja. L'argent trouvé pour le faire, et le livre de 40 pages fut publié. Il s'est avéré que le premier numéro de leur maison d'édi�on Mirage devint un succès ina�endu. Grâce à des séances de dédicaces chez les commerçants, des conven�ons (les fes�vals) et du bouche-à-oreille, les 3.000 premiers exemplaires furent vendus en quelques semaines seulement. Une deuxième édi�on de 6.000 exemplaires le fut tout aussi rapidement. Une réelle bombe! Le choix de se consacrer à plein temps au dessin a été payant. Le troisième numéro a été édité à 50.000 exemplaires, le hui�ème à 135.000 ! À par�r de 1985, la

demande a augmenté de façon exponen�elle et ils ont commencé à vendre des licences (un jeu de rôle, des t-shirts). Certaines exploita�ons étaient liée à une série d'anima�on. Lorsqu'on leur proposa d'en faire un film en live, ils se montrèrent ré�cents. La bande dessinée est une chose, les figurines une autre, mais comment donner vie à leurs étranges créatures dans un film ? Et surtout, pourrait-on seulement récupérer l'inves�ssement de 7 à 8 millions de dollars ? Au final, il rapporta 135 millions, ouvrit le �tre à un public interna�onal et les Tortues Ninja devinrent un succès mondial. Les créateurs gardant intégralement les droits et le contrôle de leur série (creator owned) !

C'est en 1990 qu'un Eastman très (trop !) confiant fonde la maison d'édi�on Tundra avec le principe du “creator owned” en tête. Choisissez les plus grands talents innovants du marché, rassemblez-les, laissez-les garder leurs droits de créa�on (avec une répar��on de 80 pour 20, la plus pe�te par�e revenant à l'éditeur) et payez-leur de généreuses avances. Dave McKean, Bill Sienkiewicz, Alan Moore et Eddie Campbell, George Pratt et bien d'autres purent y tenter leur chance, certains plus disciplinés que d'autres. Mais aucun de ces nouveaux projets ne rencontra de succès commercial. Ce fut un gouffre financier aggravé par une mauvaise ges�on qui avait été confiée à des membres inexpérimentés de la famille, des éditeurs-rédacteurs insuffisamment qualifiés et un projet de musée de la bande dessinée non rentable, Eastman perd la modeste somme de 9 à 14 millions de dollars (à un penny près) et la toundra se révéla être, bel et bien, une steppe déser�que dans le paysage préhistorique de la bande dessinée.Qu'est devenu Eastman aujourd'hui ? Sang bleu ne pouvant men�r, Eastman anime à nouveau les Tortues Ninja (bien qu'il ait vendu une grande par�e de ses droits à Laird) chez IDW Publishers.Pourquoi ce�e franche admira�on de ma part pour Eastman ? Même si vous l'es�mez un

ce�e occasion, présenter une édi�on reliée grand format européenne pres�gieuse de V pour Vendetta chez Delcourt... Ils ont réussi à a�rer l'a�en�on, alors qu'un peu plus loin, le stand modeste de Tundra avait du mal à trouver son public. Là, votre humble serviteur est resté imperturbablement à baver sur les dessins de Dave McKean, afin de rencontrer George Pratt et pour a�raper un sacré coup de foudre, plein d'admira�on, en présence du philanthrope de la bande dessinée Kevin Eastman.

Eastman a alors trente ans et joue au millionnaire... non, en fait, il l'est réellement

pe�t peu fou, n'oubliez pas qu' Eastman est tout de même le père spirituel de Cages de Dave McKean, Understanding Comics de Scott McCloud, From Hell, Madman (Mike Allred) et Big Numbers (Bill Sienkiewicz et Alan Moore). Cela mérite un immense respect.En 1992, votre serviteur ne pouvait que sauter sur l'occasion à Angoulême ! Logique également qu'en 2015 il ait accepté de s'occuper de traduire certains épisodes des Tortues Ninjas.Et pour l'anecdote, l'année passée nous avons même raté deux heures du Tour de Flandre, ayant fait un arrêt entre Anvers et Audenarde à Gand afin d'y interviewer Kevin Eastman où il était l'invité du F.A.C.T.S., l'immense salon de jeux et de diver�ssements des Pays-Bas. À ce�e occasion, Expo 59 Magazine lui a présenté sa liste des ques�ons (merci à Stefaan Van De Walle et Peter Vermaele)... Les Expo 59 Files étaient nés.

Erik Deneyer - Niels Vanes

Dédicace Teenage Mutant Ninja Turtle © Kevin Eastman

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EXPO 59 MAGAZINE

KEVINEASTMAN

Nom ?Kevin Eastman.

Surnom ou pseudo ?Tout le monde m'appelle Eastman.

Date de naissance ?Le 30 mai 1962.

Lieu de naissance ?Portland, Maine, États-Unis.

Études ?Non.

Début ?Teenage Mutant Ninja Turtles 1, le 5 mai 1984.

Quelle est votre oeuvre la plus connue ?Les Tortues Ninja.

Par quelle oeuvre vous aimeriez être le plus connu ?Il y a tellement de choses que j'ai réalisées et qui m'ont apporté du plaisir à les faire. Je travaille actuellement sur une bande dessinée in�tulée Drawing Blood. Avec un personnage qui, comment dire, vous connaissez le film This is spinal tap... ? C'est l'histoire d'une personne qui, ce�e fois dans le monde de la bande dessinée, vit tout, mais comme une grande parodie. Voyez-le comme un mix entre This is spinal tap et Breaking Bad. Semi- autobiographique. Mon projet à chérir.

Quel personnage auriez-vous aimé inventer vous-même ?Kamandi. Daredevil et Kamandi. Ils sont si nombreux ! Kamandi de Jack Kirby est l'un de mes préférés, en tout cas celui qui m'a poussé à devenir dessinateur.

Qui et/ou quoi vous inspire artistiquement ?Trop de monde à énumérer. Ce sont les géants dont je n'arrive qu'à la cheville en tant qu'ar�ste. Qu'ils soient américains, européens ou même dessinateurs de manga, certains de

ma généra�on. Ce qui m'a également inspiré ces dix dernières années, d'ailleurs, ce sont les jeunes de mon studio avec lesquels je travaille, ils ont dans la vingtaine, et me transme�ent beaucoup d'énergie.

Quelles sont vos armes de dessin ?J'u�lise généralement des marqueurs permanents Staedtler. Egalement des Sharpies (N.D.L.R. autre marque), mais ils ne sont pas aussi permanents qu'ils le prétendent. Peu à peu, je me suis éloigné des pinceaux et des plumes. J'avais l'impression de me déba�re plus avec ces instruments de dessin qu'ils ne m'aidaient à avancer. Et une fois que j'ai eu plus de travail dans le monde de l'anima�on, c'est la simplicité et la fluidité du marqueur qui me sont parues plus souple de mouvement. Et les trucs informa�ques, je ne fais pas ça.

Quelle étape dans le processus de la création vous donne le plus de plaisir ?Les mises en page. Concep�on et mise en page. Surtout quand je travaille pour moi-même, j'écris un contenu court : début général - milieu et fin. Le vrai plaisir réside dans la construc�on des pages, où l'histoire prend vie. Parce que la fini�on finale peut être assez ennuyeuse.

Vous vous considérez artiste ou artisan ?Je pense plus être un ar�ste, parce qu'un ar�san est plus perfec�onniste. Cependant, si vous

considérez que l'ar�ste est un créateur d'un plus haut rang et que l'ar�san réfléchit plutôt sur ses dessins, alors c'est défini�vement un ar�san. Parce qu'alors l'ar�ste représente autre chose. En fin de compte, je pense que les deux mondes se confondent. Parce que le plus important pour moi est de pouvoir m'exprimer, de raconter une histoire. J'ai moi-même grandi dans une pe�te ville où je m'imaginais vivre toutes sortes d'aventures. D'ailleurs, quoi que j'imagine, je pourrais le me�re sur papier et commencer mon voyage.

Votre dessin est il conditionné ou libéré ?Condi�onné dans une certaine mesure. Les ar�stes sont souvent leurs pires ennemis. L'éternel combat avec soi-même. Vous venez de terminer une page et vous voulez soit la jeter directement dans la corbeille à papier, soit l'envoyer à l'imprimerie. Et dans la plupart des cas, elle ne me plaît pas. Mais si je la regarde un an plus tard, elle n'est finalement pas si mal.

Qu'est-ce qui est le plus gai à dessiner ?Les villes, les bâ�ments. Ce qui peut paraître bizarre car j'aime bien aussi dessiner des personnages. J'essaie de les faire jouer le mieux possible, c'est beaucoup plus intense. Mais les paysages, les décors, les maisons, ce genre de structure fascilite une atmosphère. Pour faire en sorte qu'un personnage soit moins rigide.

Quel est votre cauchemar à dessiner ?(Il réfléchit) Avec quelques réserves : rien. Est-ce que j'évite parfois de dessiner quelque chose ? Pas vraiment. Regardez Jack Kirby. Quand on le regarde, on n'a pas l'impression qu'il avait peur de quoi que ce soit. Il faisait sa propre version de n'importe quoi. Et le faux passait pour vrai. C'est pourquoi mon travail ar�s�que a évolué vers l'abstrait. Je le fais à ma façon et je n'ai peur de rien. Vous êtes fort concentré en dessinant ou êtes-vous facilement distrait ?Assez distrait parce que j'aime être entouré de ma femme, de notre enfant, des trois chiens et du chat, donc il se passe toujours quelque chose autour de moi.

Vous arrivez toujours tenir votre délai ?À peine.

Vous reste-t-il assez de temps pour votre vie sociale ?Pour le moment c'est assez difficile parce que nous par�cipons à plusieurs projets. Nous essayons de trouver l'équilibre entre le travail et la vie sociale. Nous prenons souvent le temps de travailler, mais nous n'oublions d'en

prendre pour nous-mêmes.

Quel est votre livre - film - musique - série télévisée favori ?Difficile à définir. Trop de choix.

Quel est votre schtroumpf favori ?Le schtroumpf grognon.

Est-ce qu'il y a des choses dont vous ne savez pas vous passer ? Quels sont vos défauts ?-

Vous avez des talents cachés dont l'humanité n'en sait rien ?Non.

Quelle est votre philosophie de vie ?Faites de votre mieux chaque jour et aimez la vie, profitez de vos amis/profitez de la chance d'avoir des amis.

Qu'est-ce qui est mis sur votre liste des “choses à faire” ?Toutes sortes de choses à faire. Mais deux fois ! Quand on me demande "Que faites-vous aujourd'hui", je réponds "Je fais ceci, mais deux fois".

Les projets dans le tiroir ?Une histoire sur la guerre civile américaine. J'ai grandi en Nouvelle-Angleterre, et là-bas il y a un mythe qui tourne autour d'une histoire de guerre civile que j'aimerais explorer.

Kevin Eastman in FACTS 2019 à Erik Deneyer

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KEVINEASTMAN

Nom ?Kevin Eastman.

Surnom ou pseudo ?Tout le monde m'appelle Eastman.

Date de naissance ?Le 30 mai 1962.

Lieu de naissance ?Portland, Maine, États-Unis.

Études ?Non.

Début ?Teenage Mutant Ninja Turtles 1, le 5 mai 1984.

Quelle est votre oeuvre la plus connue ?Les Tortues Ninja.

Par quelle oeuvre vous aimeriez être le plus connu ?Il y a tellement de choses que j'ai réalisées et qui m'ont apporté du plaisir à les faire. Je travaille actuellement sur une bande dessinée in�tulée Drawing Blood. Avec un personnage qui, comment dire, vous connaissez le film This is spinal tap... ? C'est l'histoire d'une personne qui, ce�e fois dans le monde de la bande dessinée, vit tout, mais comme une grande parodie. Voyez-le comme un mix entre This is spinal tap et Breaking Bad. Semi- autobiographique. Mon projet à chérir.

Quel personnage auriez-vous aimé inventer vous-même ?Kamandi. Daredevil et Kamandi. Ils sont si nombreux ! Kamandi de Jack Kirby est l'un de mes préférés, en tout cas celui qui m'a poussé à devenir dessinateur.

Qui et/ou quoi vous inspire artistiquement ?Trop de monde à énumérer. Ce sont les géants dont je n'arrive qu'à la cheville en tant qu'ar�ste. Qu'ils soient américains, européens ou même dessinateurs de manga, certains de

ma généra�on. Ce qui m'a également inspiré ces dix dernières années, d'ailleurs, ce sont les jeunes de mon studio avec lesquels je travaille, ils ont dans la vingtaine, et me transme�ent beaucoup d'énergie.

Quelles sont vos armes de dessin ?J'u�lise généralement des marqueurs permanents Staedtler. Egalement des Sharpies (N.D.L.R. autre marque), mais ils ne sont pas aussi permanents qu'ils le prétendent. Peu à peu, je me suis éloigné des pinceaux et des plumes. J'avais l'impression de me déba�re plus avec ces instruments de dessin qu'ils ne m'aidaient à avancer. Et une fois que j'ai eu plus de travail dans le monde de l'anima�on, c'est la simplicité et la fluidité du marqueur qui me sont parues plus souple de mouvement. Et les trucs informa�ques, je ne fais pas ça.

Quelle étape dans le processus de la création vous donne le plus de plaisir ?Les mises en page. Concep�on et mise en page. Surtout quand je travaille pour moi-même, j'écris un contenu court : début général - milieu et fin. Le vrai plaisir réside dans la construc�on des pages, où l'histoire prend vie. Parce que la fini�on finale peut être assez ennuyeuse.

Vous vous considérez artiste ou artisan ?Je pense plus être un ar�ste, parce qu'un ar�san est plus perfec�onniste. Cependant, si vous

considérez que l'ar�ste est un créateur d'un plus haut rang et que l'ar�san réfléchit plutôt sur ses dessins, alors c'est défini�vement un ar�san. Parce qu'alors l'ar�ste représente autre chose. En fin de compte, je pense que les deux mondes se confondent. Parce que le plus important pour moi est de pouvoir m'exprimer, de raconter une histoire. J'ai moi-même grandi dans une pe�te ville où je m'imaginais vivre toutes sortes d'aventures. D'ailleurs, quoi que j'imagine, je pourrais le me�re sur papier et commencer mon voyage.

Votre dessin est il conditionné ou libéré ?Condi�onné dans une certaine mesure. Les ar�stes sont souvent leurs pires ennemis. L'éternel combat avec soi-même. Vous venez de terminer une page et vous voulez soit la jeter directement dans la corbeille à papier, soit l'envoyer à l'imprimerie. Et dans la plupart des cas, elle ne me plaît pas. Mais si je la regarde un an plus tard, elle n'est finalement pas si mal.

Qu'est-ce qui est le plus gai à dessiner ?Les villes, les bâ�ments. Ce qui peut paraître bizarre car j'aime bien aussi dessiner des personnages. J'essaie de les faire jouer le mieux possible, c'est beaucoup plus intense. Mais les paysages, les décors, les maisons, ce genre de structure fascilite une atmosphère. Pour faire en sorte qu'un personnage soit moins rigide.

Quel est votre cauchemar à dessiner ?(Il réfléchit) Avec quelques réserves : rien. Est-ce que j'évite parfois de dessiner quelque chose ? Pas vraiment. Regardez Jack Kirby. Quand on le regarde, on n'a pas l'impression qu'il avait peur de quoi que ce soit. Il faisait sa propre version de n'importe quoi. Et le faux passait pour vrai. C'est pourquoi mon travail ar�s�que a évolué vers l'abstrait. Je le fais à ma façon et je n'ai peur de rien. Vous êtes fort concentré en dessinant ou êtes-vous facilement distrait ?Assez distrait parce que j'aime être entouré de ma femme, de notre enfant, des trois chiens et du chat, donc il se passe toujours quelque chose autour de moi.

Vous arrivez toujours tenir votre délai ?À peine.

Vous reste-t-il assez de temps pour votre vie sociale ?Pour le moment c'est assez difficile parce que nous par�cipons à plusieurs projets. Nous essayons de trouver l'équilibre entre le travail et la vie sociale. Nous prenons souvent le temps de travailler, mais nous n'oublions d'en

prendre pour nous-mêmes.

Quel est votre livre - film - musique - série télévisée favori ?Difficile à définir. Trop de choix.

Quel est votre schtroumpf favori ?Le schtroumpf grognon.

Est-ce qu'il y a des choses dont vous ne savez pas vous passer ? Quels sont vos défauts ?-

Vous avez des talents cachés dont l'humanité n'en sait rien ?Non.

Quelle est votre philosophie de vie ?Faites de votre mieux chaque jour et aimez la vie, profitez de vos amis/profitez de la chance d'avoir des amis.

Qu'est-ce qui est mis sur votre liste des “choses à faire” ?Toutes sortes de choses à faire. Mais deux fois ! Quand on me demande "Que faites-vous aujourd'hui", je réponds "Je fais ceci, mais deux fois".

Les projets dans le tiroir ?Une histoire sur la guerre civile américaine. J'ai grandi en Nouvelle-Angleterre, et là-bas il y a un mythe qui tourne autour d'une histoire de guerre civile que j'aimerais explorer.

EXPO 59 MAGAZINE

La soupe préférée des Tortues Ninjas... Eh oui, chacun son tour ! © Expo 59

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EXPO 59 MAGAZINE

Dans notre rubrique Bruxelles ma belle, Nous explorons ici certaines bandes dessinées dans lesquelles Bruxelles �ent un rôle important.Tout récemment l'album 299 de la série Jommeke (Gil et Jo) est paru. Son �tre: De Flipposaurus. Le but de la réalisa�on de ce livre était-il de recevoir des billets d'entrées gratuits ? "Pour ma part, aucun accord n'a été conclu dans ce sens. Notre désir était de raconter une histoire autour des dinosaures, dans laquelle le Musée des Sciences Naturelles serait mis à l' honneur... Pour le reste , j'avais simplement carte blanche". (Selon l'ar�ste Philippe Delzenne)

L'ar�ste ajoute: "Grâce à Google qui vous permet de jongler avec les images, les squele�es dinosauriens sont bel et bien ceux exposés dans le musée. Mais, je me suis permis une certaine liberté pour ce qui est de leur emplacement en son sein".

Devant l’entrée du Musée des Sciences Naturelles © Ballon Media

Musée des Sciences Naturelles - 29, Rue Vau�er - 1000 Bruxelles © Expo 59© Expo 59

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EXPO 59 MAGAZINE

Expo 59 Magazine - Première Année - N° 2ISSN-2684-5733 - D/2020/14951/04Rédacteurs : Erik Deneyer, Alec Severin.Illustra�ons : Kevin Eastman, Al, Philippe Delzenne, Roléo.Photos: Niels Vanes, Erik Deneyer.Publié par l’asbl Bakelitte & Formika et Expo 59.E.R. : Expo 59 - Rue des Bouchers 59, 1000 Bruxelles.www.expo59.be - [email protected] aventures de Bakelitte & Formika par Al Severin © Expo 59. Devenez membre du Club Expo 59.

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PAGINA 10 EXPO 59 MAGAZINE

UNDERthe

INKA SNEAK PEEK INTO AN ARTIST'S SKETCHES

AL

SEVERIN