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La place misérable réservée à la langue française lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Vancouver en février dernier, a confirmé ce que nous savions déjà : le Canada est un pays anglais. Si le Canada, une confédération formée de dix provin- ces et de deux territoires, a donné de lui une image anglaise, il est pour- tant un pays officiellement bilingue français-anglais, adhérant tout à la fois au Commonwealth britannique et à l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Rappelons, tout de même, que le bilinguisme canadien n’est pas dû au hasard et qu’il n’est pas dû, non plus, à un cadeau généreux que le Canada anglais ferait à la langue française, il repose sur le fait que les deux peuples fondateurs de cette entité sont issus de la France et de l’Angleterre, la France ayant été la premi- ère nation à coloniser et à organiser ce terri- toire durant plus d’un siècle et demi sous le drapeau de la Nouvelle-France, puis sous le drapeau des Canadiens français qui, depuis 1763, sous occupation anglaise, ont mainte- nu seuls, contre vents et marées, et héroï- quement, la flamme de leurs ancêtres fran- cophones. Si la reconnaissance officielle du français au même titre que l’anglais aurait dû être la règle dans ce pays aux deux nations fonda- trices ce qui aurait permis au français de se développer sur le même pied d’égalité que l’anglais —, ce n’est pourtant que dans les années mille neuf cent soixante-dix, sous l’impulsion du Premier ministre de l’époque, M. Pierre Elliott Trudeau, que le Canada devint officiellement un pays bi- lingue français-anglais. Quarante ans après cette officialisation, la réalité du bilin- guisme canadien «ad mari usque ad mare », devise en latin du Canada, qui signifie « d’une mer à l’autre », pour dire que le Canada s’étend de la côte Atlantique à la côte Pacifique ils ont pendu Louis Riel pour ça ! , eh bien, quarante ans après la loi sur le bilinguisme, la seule chose que l’on puisse constater, c’est que la propor- tion des francophones au Canada, et même au Québec, province où ils sont largement majoritaires, n’a cessé de diminuer. En effet, tous les sondages le montrent : la langue française, au Canada, perd du terrain année après année. La réalité est donc là : le Canada anglicise, il anglicise ses immi- grants, grossissant ainsi toujours davantage la masse des anglophones, il assimile à l’anglais les minorités francophones dispersées partout dans le pays, et, comble de tout, il mène un travail de sape contre les francophones majo- ritaires du Québec, les obligeant à être tou- jours sur la défensive pour le respect plein et entier de leur droit linguistique. Arrivée trop tard, somme toute, l’officiali- sation du français au niveau fédéral n’a donc pas permis à la langue française au Canada de bilingue au Canada, est vite devenu syno- nyme d’un bon francophone qui parle an- glais ! Que faire alors pour ne pas céder à la pres- sion assimilatrice, pour ne pas baisser les bras, pour ne pas se jeter avec sa langue dans le trou noir de l’anglosphère ? Partant du principe que l’avenir d’une langue est dans la possibilité qu’elle nous offre de pouvoir, à travers elle, vivre, tra- vailler et prospérer, il semble donc évident que pour pouvoir vivre, travailler et prospé- rer en français, aujourd’hui et demain, il faut d’abord, et avant tout, côtoyer des fran- cophones. Il faut donc se débrouiller pour trouver un terreau favorable à la langue française, un endroit où le français sera majoritaire, ou du moins respecté, et non noyé dans un océan de locuteurs plus ou moins hostiles. La solution paraît donc se situer, tout simplement, dans la Francopho- nie, un ensemble, rappelons-le, de plus de 55 pays, ayant en partage la langue françai- se, un ensemble qui, selon l’ONU, pourrait atteindre 600 millions de locuteurs d’ici 2050, bref, un ensemble, qui dans le contexte actuel de la mondialisation de l’économie et des échanges, semble être parfaitement adapté. Si le jeu de ceux qui veulent angliciser le monde est de tourner systématiquement les populations vers tout ce qui est anglo- saxon pour les persuader ensuite que sans anglais rien n’est possible, alors le jeu de ceux qui ne sont pas d’accord avec cette façon de voir les choses, sera d’informer ces mêmes populations qu’il y a d’autres mondes, et notamment, pour nous, franco- phones, celui de la francophonie. Si la clique des fédéralistes canadiens, comme la clique des européistes français, préfère imbiber d’anglais la population francophone par le biais d’un bilinguisme à sens unique plutôt que de lui ouvrir les portes de l’Espace francophone qui lui per- mettrait de voir le monde autrement qu’en anglais, alors à nous de travailler pour que cette porte s’ouvre. Oui, à nous de travailler pour sortir la Francophonie de l’ombre dans laquelle les angliciseurs ont tout intérêt à la maintenir, à nous de dire, haut et fort, et partout, que l’avenir de notre langue réside dans la Francophonie, et non dans un bilin- guisme de type colonial, comme au Cana- da, où, dans les faits, seul l’anglais serait obligatoire. Le Président de l’A.FR.AV PREMIER TRIMESTRE 2010 « La foi qui n’agit point, est-ce une foi sincère ? », Racine Numéro 59 croître et de se développer. Le bilinguisme étant un rapport de force entre deux langues, entre deux groupes de locuteurs, pouvait-il être réellement équitable, dans ces condi- tions, pour les francophones ? Il est bien clair qu’instaurer un tel système dans cette partie- là de l’Amérique où les anglophones sont proches des 300 millions de locuteurs, tandis que les francophones n’en représentent plus qu’à peine 10, risquait de tourner, inévitable- ment, en faveur des anglophones. M. Trudeau savait forcément cela, son bilinguisme insti- tutionnalisé était donc en fait un cadeau em- poisonné à destination des Canadiens fran- çais leur faisant croire qu’on s’occupait en haut lieu de l’avenir de leur langue, tandis que pour travailler, vivre et prospérer, on leur demandait, au nom du bilinguisme, de basculer dans l’autre langue. Bref, un bon FRATERNIPHONIE LE JOURNAL DE L’ASSOCIATION FRANCOPHONIE AVENIR - A.FR.AV Parc Louis-Riel - 2811 chemin de Saint-Paul, 30129 Manduel - FRANCE Site : www. francophonie-avenir.com - Chaîne-vidéos : www.youtube.com/user/afrav01 É D I T O R I A L Pierre Elliott Trudeau (1919-2000), fédéraste canadien, adepte du bilinguisme colonial au Canada où le bon bilingue, c’est d’abord un bon francophone qui parle anglais.

Fraterniphonie n°59

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Journal de l'Association FRancophonie AVenir (A.FR.AV) - premier trimestre 2010

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Page 1: Fraterniphonie n°59

FRATERNIPHONIE No 59 Page 1

La place misérable réservée à la langue française lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Vancouver en février dernier, a confirmé ce que

nous savions déjà : le Canada est un pays anglais. Si le Canada, une confédération formée de dix provin-ces et de deux territoires, a donné de lui une image anglaise, il est pour-tant un pays offic iellement bilingue

français-anglais, adhérant tout à la fois au Commonwealth britannique et à l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Rappelons, tout de même, que le bilinguisme canadien n’est pas dû au

hasard et qu’il n’est pas dû, non plus, à un cadeau généreux que le Canada anglais ferait à la langue française, il repose sur le fait que les deux peuples fondateurs de cette entité sont issus de la France et de l’Angleterre, la France ayant été la premi-

ère nation à coloniser e t à organiser ce terri-toire durant plus d’un sièc le et demi sous le drapeau de la Nouvelle-France, puis sous le drapeau des Canadiens français qui, depuis 1763, sous occupation angla ise, ont mainte-nu seuls, contre vents et marées, et héroï-

quement, la flamme de leurs ancêtres fran-cophones.

Si la reconnaissance officielle du français au même titre que l’anglais aurait dû être la règle dans ce pays aux deux nations fonda-trices — ce qui aurait permis au français de

se développer sur le même pied d’égalité que l’anglais —, ce n’est pourtant que dans les années mille neuf cent soixante-dix, sous l’impulsion du Premier ministre de l’époque, M. Pierre Elliott Trudeau, que le Canada devint offic iellement un pays bi-

lingue français-anglais. Quarante ans après cette officialisation, la réa lité du bilin- guisme canadien «ad mari usque ad mare », devise en latin du Canada, qui signifie « d’une mer à l’autre », pour dire que le Canada s’é tend de la côte Atlantique à la

côte Pacifique — ils ont pendu Louis Rie l pour ça ! —, eh bien, quarante ans après la loi sur le bilinguisme, la seule chose que l’on puisse constater, c’est que la propor-tion des francophones au Canada, e t même au Québec, province où ils sont largement

majorita ires, n’a cessé de diminuer. En effet, tous les sondages le montrent : la langue française, au Canada, perd du terra in année après année. La réa lité est donc là : le Canada anglic ise, il anglicise ses immi-

grants, grossissant ainsi toujours davantage la masse des anglophones, il assimile à l’anglais les minorités francophones dispersées partout dans le pays, et, comble de tout, il mène un

travail de sape contre les francophones majo-ritaires du Québec, les obligeant à être tou-jours sur la défensive pour le respect plein e t entier de leur droit linguistique.

Arrivée trop tard, somme toute, l’offic iali-sation du français au niveau fédéra l n’a donc

pas permis à la langue française au Canada de

bilingue au Canada, est vite devenu syno-nyme d’un bon francophone qui parle an-gla is !

Que faire alors pour ne pas céder à la pres-

sion assimilatrice, pour ne pas baisser les bras, pour ne pas se jeter avec sa langue dans le trou noir de l’anglosphère ?

Partant du principe que l’avenir d’une langue est dans la possibilité qu’e lle nous offre de pouvoir, à travers elle, vivre, tra-

vailler et prospérer, il semble donc évident que pour pouvoir vivre, travailler et prospé-rer en français, aujourd’hui e t demain, il faut d’abord, e t avant tout, côtoyer des fran-cophones. Il faut donc se débrouiller pour trouver un terreau favorable à la langue

française, un endroit où le français sera majorita ire, ou du moins respecté, e t non noyé dans un océan de locuteurs plus ou moins hostiles. La solution paraît donc se situer, tout simplement, dans la Francopho-nie, un ensemble, rappelons-le, de plus de

55 pays, ayant en partage la langue françai-se, un ensemble qui, selon l’ONU, pourrait atteindre 600 millions de locuteurs d’ic i 2050, bref, un ensemble, qui dans le contexte actuel de la mondialisation de l’économie et des échanges, semble être

parfa itement adapté. Si le jeu de ceux qui veulent angliciser

le monde est de tourner systématiquement les populations vers tout ce qui est anglo-saxon pour les persuader ensuite que sans anglais rien n’est possible, alors le jeu de

ceux qui ne sont pas d’accord avec cette façon de voir les choses, sera d’informer ces mêmes popula tions qu’il y a d’autres mondes, et notamment, pour nous, franco-phones, celui de la francophonie.

Si la clique des fédéra listes canadiens,

comme la clique des européistes français, préfère imbiber d’anglais la population francophone par le biais d’un bilinguisme à sens unique plutôt que de lui ouvrir les portes de l’Espace francophone qui lui per-mettra it de voir le monde autrement qu’en

anglais, alors à nous de travailler pour que cette porte s’ouvre. Oui, à nous de travaille r pour sortir la Francophonie de l’ombre dans laquelle les angliciseurs ont tout intérêt à la maintenir, à nous de dire, haut et fort, e t partout, que l’avenir de notre langue réside

dans la Francophonie, et non dans un bilin-guisme de type colonial, comme au Cana-da, où, dans les faits, seul l’anglais serait obligatoire.

Le Président de l’A.FR.AV

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PREMIER TRIMESTRE 2010 « La foi qui n’agit point, est-ce une foi sincère ? », Racine Numéro 59

croître e t de se développer. Le bilinguisme étant un rapport de force entre deux langues,

entre deux groupes de locuteurs, pouvait-il être réellement équitable, dans ces condi-tions, pour les francophones ? Il est bien clair qu’instaurer un tel système dans ce tte partie-là de l’Amérique où les anglophones sont proches des 300 millions de locuteurs, tandis

que les francophones n’en représentent plus qu’à peine 10, risquait de tourner, inévitable-ment, en faveur des anglophones. M. Trudeau savait forcément cela, son bilinguisme insti-tutionnalisé éta it donc en fait un cadeau em-poisonné à destination des Canadiens fran-

çais leur faisant croire qu’on s’occupait en haut lieu de l’avenir de leur langue, tandis que pour travailler, vivre et prospérer, on leur demandait, au nom du bilinguisme, de basculer dans l’autre langue. Bref, un bon

FRATERNIPHONIE LE JOURNAL DE L’ASSOCIATION FRANCOPHONIE AVENIR - A.FR.AV

Parc Louis-Riel - 2811 chemin de Saint-Paul, 30129 Manduel - FRANCE

Site : www. francophonie-avenir.com - Chaîne-vidéos : www.youtube.com/user/afrav01

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Pierre Elliott Trudeau (1919-2000),

fédéraste canadien, adepte du bilinguisme colonial au Canada

où le bon bilingue, c’est d’abord un bon francophone qui parle anglais.

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Comme promis, durant la campagne électorale des élections régionales de mars 2010, nous avons distribué, un peu partout en Île-de-France, notre tract « Pécresse, l’anglomane » (voir Fraterniphonie n°58, page 4).

Nous remercions fortement en cela Mme Noëlle Vesser, de Provins (membre de

l’A.FR.AV) et M. Denis Griesmar, de Paris (Membre du FFI, Forum Francophone International) qui ont distribué nos tracts dans la Capitale, aux sorties du métro, à l’Opéra, dans le XVIe arrondissement, sur les marchés, notamment, puis même à Versailles, le fief de l’infâme Pécresse.

Nous remercions également les responsables des revues « La Braise et l’Étin-celle », « Lectures Françaises » et le site « Impératif français » d’avoir fait écho de

notre action. Nous remercions aussi Mme Brigitte Laval, Mme Élisabeth Lambert, M. Jean-Pierre Busnel et tous ceux qui ont parti-cipé de près ou de loin à la diffusion de notre tract.

Comme prévu, 500 tracts environ sont partis par voie postale de Manduel en direction de l’Île-de-France à des adresses ciblées (journalistes, syndicats étudiants et ouvriers, librairies, etc.) et des milliers de courriels avec le tract indexé furent envoyés égale-ment, et, notamment un exemplaire à chaque sénateur, à chaque député et à chaque conseiller régional, pour tenter de les faire réagir sur le sujet.

Bref, à travers l’ « Opération Pécresse, l’anglomane », nous avons fait, nous semble-t-il, un travail important d’informa-tion, en dénonçant clairement, sans langue de bois, haut et fort, et au grand jour, la mise en place de l’anglais en France.

Force a été de constater, hélas, que les politiciens, sans exception, sont restés muets à nos dénonciations et accusations. Aucun média n’a également relayé notre opération. Bref, on se demande si ceux qui dénoncent l’abandon de la langue française en France au profit de l’anglais, existent aux yeux des gens de pouvoir, qu’ils soient politiciens ou patrons de presse. En tout cas, leur silence est bien révélateur de tout le mépris qu’ils portent pour la langue du peuple, un peuple qu’ils sont pourtant censés, selon le cas, re-

présenter ou informer. Tout le monde l’aura compris, du moins nous l’espérons, à travers l’ « Opération Pécresse, l’an-

glomane », ce qui nous intéressait avant toute chose — et même avant le sort de Pécresse, la traî-tresse —, c’était que l’on parle dans les médias et dans la sphère politique, du comment et du pourquoi de l’anglicisation de notre pays. Nous voulions, tout simplement, que le débat s’ouvre sur cette question de fond, mais le sarKophage de plomb, qui a enrobé notre action, a fait qu’il

n’y a pas eu, hélas, de débat sur le sujet. Soit, l’infâme Pécresse n’a pas été élue, — mais les sondages l’avaient prévu, comme ils

avaient prévu que le non moins infâme Jean-Pierre Huchon le serait, un Jean-Pierre Huchon qui, signalons-le pour information, a écrit dans son livre « De battre ma gauche s’est arrêtée », aux

pages 142 et 143 : « Je me sens plus Européen que Français (…), il m’est facile d’ima-

giner l’Europe directement branchée sur les régions, et les régions sur les communes

regroupées sur l’intercommunalité (…), je n’ai pas d’attachement national (…), je

n’aurais aucune difficulté à vivre dans une patrie qui serait l’Europe avec une patrie

secondaire qui serait la région (…), la nation, je ne crois pas en son avenir ». Autre-

ment dit, la région Île-de-France a pour élu un anti-Français, un sieur qui, au Québec, serait traité de fédéraste patenté, un traître à la Nation souve-raine et un traître, bien sûr, à la langue française.

Voilà où nous en sommes arrivés : Pé-

cresse, l’anti langue française s’est pré-

sentée à l’élection sans qu’elle ait eu à

répondre de ses trahisons linguistiques, et

Huchon, l’anti-Français, le vrai faux so-

cialiste, a été élu ! Il est beau

le paysage politique fran-

çais ! Quoi qu’il en soit, nous ne som-mes pas abattus pour autant, bien au contraire ; et voir ces parasites

prospérer, nous motive encore plus à chercher le bon produit qui assai-nira la situation. Plus que jamais notre combat est un combat de salubrité publique. Quelle belle mission !

Régis Ravat Président de l’A.FR.AV

Opération « Pécresse, l’anglomane »

SOMMAIRE

Éditorial : Le Canada et le bilinguisme.

Opération « Pécresse, l’anglomane ».

Opération « Ne pas se laisser endormir

par l’anglais ! ».

Pour des états généraux de la langue

française et de la Francophonie.

Le bo est mort !

Le français maltraité.

Les Victoires de la musique 2010.

Une lumière s’est éteinte, Jean Ferrat

est mort.

L’incroyable saga et les conséquences

de la perte de l’Amérique française.

Faits français dans l’Ouest canadien.

Préparation au bilinguisme néocolonial.

Ce n’est pas un débat, c’est un combat !

La langue française à Bruxelles.

Puisqu’ils font semblant de ne pas voir nos tracts, nos autocol-lants, nos journaux, nos vidéos, nos pétitions, nos lettres, alors travaillons l’idée d’avoir un jour notre équipe d’Escaladeurs Intré-

pides, pour aller mettre sous leurs fenêtres et à la vue de tous,

de gigantesques banderoles aux couleurs de la résistance

linguistique et du refus

de se faire angliciser !

Non à Pécresse,

l’anglomane !

Fiction : Hier,

à la Tour Eiffel,

les Escaladeurs Intrépides de

l’Afrav ont encore agi.

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FRATERNIPHONIE No 59 Page 3

La Coalition Québec français, qui compte au nombre de ses membres, Impératif français, la Fédération des Travailleurs du Québec, la Confédération des Syndicats Nationaux, la Société nationale des Québécois, le Réseau de Résistance du Québé-

cois, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal et le Mouve-ment Montréal français dénonce, le manque de respect envers la langue française d’une entreprise dont l’enseigne « Sleep Country » est en anglais.

En effet, contrairement à ceux des autres régions du Québec, qui arborent tous le nom « Dormez-vous ? », les établissements

de cette entreprise installés dans l’Outaouais, région québécoise proche géographiquement d’Ottawa, la capitale fédérale du Canada, affichent sur leur façade la dénomination anglaise «aSleep Country ».

La Coalition Québec français composée d’organismes syndi-caux et de défense de la langue française a réuni, au courant du

mois de février, ses partisans pour aller manifester devant un magasin « Sleep Country Canada », celui de la ville de Gati-neau, en Outaouais.

La manifestation a été présentée, sous forme d’un reportage de 13 minutes, au journal té lévisé de Radio-Canada, le 27 février.

La Coalition Québec français signale que d’autres entreprises

anglophones ont fait place à des versions françaises quand elles se sont installées au Québec, y compris dans la région de l’Ou-taouais. On donne notamment en exemple Bureau en gros (Business Depot), L’Équipeur (Mark’s Work Wearhouse), Poulet frit Kentucky (Kentucky Fried Chichen), Queues de castor (Beaver Tail) et le Village des valeurs (Value Village).

Une question de respect

« Nous déplorons que la direction de Sleep Country Canada

n’ait pas encore compris que le Québec est entièrement fran-çais. (…) Si elle ne comprend pas le message que nous lançons aujourd’hui, les consommateurs québécois, eux, comprendront qu’il n’y a pas, dans les commerces, que Sleep Country ou Dormez-vous. Ils pourraient très bien aller se procurer des matelas ailleurs », a laissé tomber le porte-parole de la Coa-

lition et président d’Impératif français, Jean-Paul Per-reault.

« Nous sommes indignés que « Sleep Country » déquébec-quise l’Outaouais. Nous avons déjà trop de difficultés en Ou-taouais avec le respect du droit de travailler en français sans avoir en plus à supporter l’arrogance d’une entreprise qui s’af-

fiche en anglais, alors que partout ailleurs au Québec, elle le fait en français », a ajouté le représentant de la Fédération des travailleurs du Québec, Dino Lemay.

« Le statut du français au Québec est l’affaire des citoyens et organismes de la société civile de toutes les régions. Par leur vote économique, les citoyens pour le français peuvent consti-

tuer un pouvoir de pression considérable », a renchéri le prési-dent de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, Mario Beaulieu.

Opération « Ne pas se laisser endormir par l’anglais ! »

Nos cousins du Québec ont peut-être 20 ans d’avance

sur nous pour le combat linguistique. En effet, alors que

nous étions très peu nombreux pour distribuer le tract

« Pécresse, l’anglomane » sur l’Île-de-France, les mili-

tants québécois pour la langue française, eux, lorsqu’ils

vont protester, se déplacent par cars entiers.

Un exemple à méditer !

Départ en autocar de Montréal pour Gatineau où,

là-bas, d’autres manifestants sont attendus.

Porte-voix,

drapeaux, long

cortège, voilà

qui, forcé-

ment, ne passe

pas inaperçu.

Difficile, dans

ces conditions

pour les politi-

ciens et les mé-

dias de faire la

sourde oreille

au problème

soulevé ; diffi-

cile pour eux

de le couler

sous une chape

de plomb !

Ah ! si nous avions pu faire de même devant le siè-

ge de campagne de l’infâme Pécresse !

Manifestation contre une enseigne en anglais

sur le sol québécois

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FRATERNIPHONIE No 59 Page 4

Avant-propos : Toutes nos associations se réjouissent de voir, en mars, fran-

çais et Francophonie à la Une des médias : 40e anniversaire du traité de Niamey, Semaine de la Langue française et Salon du Livre.

Mais nos associations constatent que : — l’enseignement « d’une langue étrangère » dès les petites

classes - en pratique du seul anglais - est imposé aux enfants de France ;

— l’ense ignement secondaire offre de moins en moins d’autres langues que celle du dollar ;

— l’enseignement supérieur français s’anglo-américanise à un rythme accéléré depuis quelques années ;

— les pressions se multiplient depuis vingt ans sur nos cher-cheurs pour faire de l’américain la seule langue de leurs publi-cations et colloques en France, les mettant ainsi à la remorque et sous la coupe de la recherche et de gros intérêts anglo-saxons ;

— la chanson en anglais noie de plus en plus les artistes qui chantent en français, jusque dans les concours et prix natio-naux, seul le rap restant à peu près francophone ;

— les armées de terre, de mer, de l’air, des pays européens, au nom de l’inter-opérabilité des forces de l’OTAN, emploient l’anglo-américain jusque chez elles entre nationaux ;

— les grandes entreprises « mondialisées » imposent, en France et ailleurs, l’anglais comme langue des logiciels et de la communication avec leurs cadres, malgré les réactions, enfin renforcées, des salariés et de leurs syndicats ;

— les chaînes de télévision privées et publiques privilégient, aux « JT » du soir, la présentation-promotion (payée ?) de films américains dans de longs entretiens avec des acteurs et réalisa-teurs anglo-saxons, les affiches de films en anglais n’étant plus guère traduites ;

— la protection juridique du français assurée depuis 1994 (loi Toubon) est sans cesse rognée par trop de ses gardiens, jusque dans ses aspects de protection du consommateur, au mépris du principe de précaution ;

— le réseau encore magnifique d’écoles françaises, d’insti-tuts, centres culturels, alliances françaises, d’extension mondia-le et de haute qualité, perd constamment de ses ressources d’É-tat depuis plus de 20 ans, alors qu’il est un remarquable vecteur d’influence de la France ;

— la Francophonie organisée (O.I.F.) stagne en fait depuis 10 ans, sans impulsion politique et sans croissance réelle des moyens de sa coopération multilatérale et de ses actions de soli-darité. Symbole révélateur : son drapeau est inconnu parce qu’occulté…

— l’Union européenne est devenue en fait le fourrier zélé de la langue et des intérêts anglo-américains jusque dans ses rela-tions avec les pays francophones africains, et plus encore avec ses membres européens et leurs ministères, obligés de traiter en anglais les documents de travail, alors qu’ils devraient avoir le courage de les renvoyer à Bruxelles, en application des textes fondateurs de l’U.E. * les 16 Associations porteuses : - Alliance Champlain (Nouméa, Nouvelle-Calédonie - www.alliance-champlain.asso.nc) ; - Associations francophone d’Amitié et de Liaison (AFAL - 19 rue Bergère - 75009 Paris - www.association-afal.org ) ; - Association FRancophonie AVenir (A.FR.AV - 2811 ch. de Saint-Paul - 30129 Manduel - www.francophonie-avenir.com ) ; - Association internationale francophone des Aînés (AIFA-France - abs AG2R - 35 bd Brune - 75014 Paris) ; - Association pour la Promotion de la francophonie en Flandre (APFF - Spreeuwenlaan 12 - 8420 De Haan - Belgique - www.francophonie.be/ndf) ; - Association pour la sauvegarde et l’expansion de la langue française (ASSELAF - 22 rue François Miron - 75004 Paris - www.asselaf.fr ) ; - Avenir de la langue française (ALF - 34 bis rue de Picpus - 75012 Paris - www.avenir-langue-francaise.fr) ; - Comité du 9 mars 2009 (syndicats-associations pour le droit des travailleurs de travailler dans leurs langues nationales. Pour

la France : abs ALF - 34 bis rue de Picpus) ; - Cercle littéraire des écrivains cheminots (CLEC - clec.uaicf.asso.fr) ; - Défense de la langue française (DLF - 222 avenue de Versailles - 75016 Paris - www.langue-francaise.org) ; - Forum francophone international France (FFI-France, abs d’ALF - 34 bis rue de Pic-pus - 75012 Paris - www.avenir-langue-francaise.fr ) ; - ICEG (2 rue Appel - 75012 Paris - www.asso-iceg.fr) ; - Impératif français, (CCP 449 - succ. Ayl-mer Gatineau - Québec - J9H 5E7 - www.imperatif-francais.org) ; Le Français en Partage (LFP - 25 bd Arago - 75013 Paris, - lefrancaisenpartage.blog-spot.com ) ; - Respublicanova (www.respublicanova.fr (Paris) et www.jeuneciceron.fr) ; - Union des Poètes francophones (UPF -www.yves-fred.over-blog.com).

Merci à M. Albert Salon, président d’Avenir de la Langue Française (ALF) et du Forum Francophone Interna-tional (FFI), de nous nous avoir invités à la conférence de presse qu’il a organisée pour demander officiellement, avec 16 autres associations, que le Gouvernement organise les « états généraux de la langue française et de la francophonie ».

Cette conférence a eu lieu dans le cadre du Salon du Livre à Paris, le mardi 30 mars 2010. Merci à Mme Noëlle Vesser qui a bien voulu nous représenter à cette conférence.

Pour des états généraux de la langue française et de la Francophonie

Nous noterons que les grands médias, encore

une fois, ont soigneusement pris soin de ne pas

parler de cette conférence.

Pire, France 2 a profité de la présence de

Claude Hagège qui s’était déplacé exprès pour

assister à la conférence de nos 16 associations,

pour l’interroger sur un autre sujet (le concours

francomot, un concours pour trouver des équiva-

lents français aux mots anglais qui nous envahis-

sent). Ainsi, le reportage de France 2, le soir

même diffusé sur l’antenne, ne parlait-il pas de

la conférence de presse de nos associations, des

états généraux de la langue française et de la

Francophonie que nous demandions, mais fai-

sait voir Claude Hagège donnant uniquement

son avis sur le concours Francomot.

Elle est belle, l’information donnée par nos

médias !

Claude Hagège à la

conférence du 30 mars,

a conclu en disant, à

propos de l’anglais

omniprésent,

« maintenant,

c’est la guerre ! »

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FRATERNIPHONIE No 59 Page 5

Conférence de presse réussie au Salon du Livre

pour 16 associations en lutte pour le français et la Francophonie. Claude Hagège l’a conclue par ces

mots : « c’est la guerre ! » 16 associations de promotion du français, de la Francophonie, et

de la diversité culturelle : 13 françaises, une belge de Flandre, une québécoise, et une internationale (siège à Rome), ont tenu le 30 mars au Salon du Livre de Paris, une conférence de presse présidée par l’écrivain Philippe de Saint Robert et animée notamment par le Professeur au Collège de France Claude Hagège.

Elles ont, avec l’approbation massive du public de quelque 240 personnes, démasqué et dénoncé l’offensive de grande envergure menée depuis des années par les « élites » dominantes de droite, de gauche et du centre, contre nos langues, la Francophonie et la di-versité culturelle dans toute l’Europe et dans le monde. Dans l’en-seignement, les universités, la recherche, la chanson, les entreprises,

le cinéma, les médias audio-visuels, et dans l’utilisation de l’Union européenne comme fourrier de la langue et des intérêts anglo-saxons sur le continent et en Afrique.

Nos associations constatent que, dans le cas de la France, ces évolutions tendent - au nom du « mondialisme » ou "globalization" - à une nouvelle mutation linguistique vassalisante vers l’anglo-américain.

Elles estiment que cette mutation forcée, subreptice, mais d’une ampleur impressionnante, dessert les vrais intérêts de la France, de ses voisins, et de leurs peuples au premier chef, et qu’elle justifie que la Nation puisse en prendre une pleine conscience, et s’ex-

primer à ce sujet d’intérêt vital dans un grand débat national. Les 16 associations demandent donc au Gouvernement français, avec l’accord du public présent, d’organiser des :

« États généraux de la langue française et de la Francophonie ». Elles veulent que soient, en France, clarifiées d’urgence les places du français, des langues étrangères et régionales, et de la cons-

truction de la Communauté francophone.

M. Albert Salon

Président d’ALF et du FFI Courriel : [email protected]

La RTBF-radio en faisait le titre de sa chronique ce lundi 8 février 2010, à 13 heures, par la voix d’Édouard Delruelle, tant le fait est gros.

La dernière locutrice de la langue « bo » est décédée. Jusque

là, me direz-vous, ce n’est qu’une information parmi tant d’au-tres, certes triste, mais bien moins prenante que des massacres, génocides ou dégâts des catastrophes naturelles. Pourtant, une langue qui meurt, faute de locuteurs, c’est une vision du monde qui s’éteint… Une perte sèche, impossible à réparer. Surtout s’il s’agit d’une langue pratiquée depuis 35 000 ans

dans les lointaines Îles Andaman, propriétés indiennes au large de la Birmanie.

Cette information, c’est l’UNESCO qui la relaie. L’UNESCO - Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (on devrait dire en français ONUESC, mais bon…) - la même qui a reconnu en 2005 nos Géants et nos Dra-

gons comme patrimoine immatériel, et qui avait déjà mis sur sa liste nos citadelles et nos beffrois. Bref, une institution sérieuse, s’il en est !

Eh bien, c’est pourtant une organisation anglomane qui nous informe, triste paradoxe, de la disparition annuelle des langues à faible rayonnement ! Un comble ! Là où l’on devrait promou-

voir toutes les langues, c’est l’anglais qui écrase tout. On nous annonce simplement, sur le site de l’UNESCO :

« This information is not available in French »* How is it possible ?** À ce tarif, le « bo » risque de ne pas

être la dernière langue à tirer le rideau ! Prenons garde, franco-phones !

M. Laurent Vandamme 7800 Ath

Wallonie

* Cette information n’est pas disponible en français

** Comment est-ce possible ?

« Le Courrier Picard » du vendredi 12 février titre ainsi un arti-culet : « Fast-food 100 % provençal ». Déjà, en ces termes, on

peut affirmer que ce n’est pas « 100 % provençal », puisque l’on utilise l’anglais pour le nommer. Ensuite, dans cette infor-mation qui tient en 12 lignes, on nous annonce que « tout est estampillé made in Provence : burgers au steak de taureau,

fada cola et saucisses locales ». Pour couronner le tout, le jour-naliste termine sa prestation en nous informant que l’on trouve

également un show-room dans ce restaurant.

Décidément, la restauration rapide est à l’honneur dans ce

quotidien. En effet, « Le Courrier Picard » du samedi 13 février lui consacre deux tiers de pages, après nous avoir mis en appétit la veille, avec cet articulet de douze lignes. Et là, on nous rebat les oreilles avec le « rayon snacking », les « sandwiches », les « directeurs de marketing », les « cups », les « box », le « pastabox », le « lunch box », le « pastacup », de « kitchen

box », de « mini-knacks / purée », de « room-service », les « tis’up », de « girly cupcakes »… Bref ! un vrai délice, je vous

assure.

M. Étienne Parize

(60) Saint-André-Farivilliers

Blogue : http://

aquapomu.over-blog.com/

Le français maltraité !

Écrire pour protester : Courrier Picard & Picardie Matin Publicité 29 rue de la République

BP 1021 80010 AMIENS Cedex 1 Rédaction en chef : Tél. : +33 (0) 3 22 82 60 00 Fax : +33 (0) 3 22 82 60 11

Le bo est mort !

Communiqué de presse relatif à la conférence

Écrire pour protester : UNESCO - 7 place de Fontenoy 75352 Paris 07 SP France

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FRATERNIPHONIE No 59 Page 6

La 25e cérémonie des Victoires de la musique a été diffusée le 6 mars au soir par une chaîne de télévision du service public.

L'invasion des chansons "nominées" en anglais a été telle, cette fois, que même la grande presse s'en est émue. C'est dire ! À ce propos, je ne peux que reprendre ici les grandes lignes de ce que j'écrivais le 20 avril 2008 relativement au 53e Concours Eurovi-sion de la chanson (pour la première fois, la France était « repré-sentée » par une chanson en ... anglais).

Il y eut alors, bien sûr, quelques voix à se faire entendre pour protester, mais seulement parmi les adultes, voire parmi les «aanciens ». Pour les adolescents et les jeunes gens, au contraire, cela était parfaitement naturel, cela allait de soi. Le jeune chan-teur concerné avait d'ailleurs dû être bien étonné par cette polé-mique qui, peut-être, lui avait brusquement fait prendre consci-

ence de l'existence d'un autre monde que celui qui lui est familier et dans lequel il évolue en permanence, celui des « jeunes ». Bon prince, il avait du reste bien voulu faire savoir qu'il allait « rajou-ter quelques lignes en français dans la chanson ». N'appartient-il pas, en effet, à une culture musicale « moderne » qui a comme terreau la pop anglo-saxonne et non la (ringarde) chanson fran-

çaise d'autrefois, à textes ? L'énorme fossé entre les générations n'a-t-il pas notamment pour conséquence que le souci de faire valoir un héritage, celui de la langue natale par exemple, est dé-sormais parfaitement étranger à bon nombre de jeunes gens ? La grande, l'immense passion des adolescents et des jeunes gens n'est-elle pas la musique, et le rock n'est-il pas devenu leur lan-

gage universel ? L'anglais n'est-il pas considéré par ces musi-ciens, sauf exception, comme la langue unique du rock et de la pop ? Ce chanteur du Concours Eurovision de la chanson 2008 n'était-il pas, comme bien d'autres participants à ces Victoires de la musique 2010 nés avec l'avènement d'Internet et usagers au-jourd'hui de ses réseaux sociaux tels Face-book ou MySpace vus

dans le monde entier, l'une des figures emblématiques de la «aculture jeune », qui fut la matrice de la grande révolution culturelle du dernier tiers du XXe siècle, dont l'une des grandes particularités est son étonnant internationalisme et cosmopolitis-me (c'est pourquoi l'attachement à la langue française est, cela saute aux yeux, on ne le souligne pas suffisamment, une fonction

croissante de l'âge) ? Il y a bel et bien, désormais, une culture mondiale de la jeunesse, elle est sous hégémonie anglo-saxonne écrasante et ce phénomène est d'une importance considérable (et pas seulement sur le terrain linguistique).

Quant aux médias télévisés, qu'ils soient publics ou privés, fi-nancés par des annonceurs dont les jeunes consommateurs sont la

cible privilégiée et auxquels ils s'adressent toujours prioritaire-ment, voués, pour des impératifs commerciaux, à la satisfaction des prédilections juvéniles et à l'entretien du culte de la jeunesse, pour qui le style de vie adolescent montre la voie à l'ensemble de la société, en permanence soucieux du « rajeunissement » de leur audience, ils ne peuvent bien évidemment qu'accorder la plus

grande « couverture » possible à des événements d'une telle im-portance.

M. Jean-Pierre Busnel Président de l'Institut André Busnel

[email protected]

Les Victoires de la musique 2010

Ici Charlotte Gainsbourg et Izia Higelin, toutes deux Françaises, toutes deux ayant remportées une Victoire,

mais toutes deux chantant en anglais.

Ignorons-les, puisqu’elles ignorent notre langue !

Parmi les 4 albums nommés pour l’album « Révélation de l’année », 3 étaient en anglais. Les deux journalistes-présentateurs qui devaient remettre le trophée, Philippe

Gildas et Daniela Lumbroso, ont dit à l’antenne — ce qui est très rare de la part de gens de médias —, leur étonne-

ment de voir tant de chanteurs français chanter en anglais.

Les consciences se réveilleraient-elles ?

Nous n’avons pas pu, hé-las, enregistrer les Victoi-

res de la musique. Dom-mage, car nous aurions aimé faire une vidéo du

passage où M. Gildas et

Mme Lumbroso se plai-gnent du trop d’anglais

parmi les chanteurs en lice.

Si vous avez cet enregis-

trement, merci de nous le

communiquer.

En fait, 45 % des prestations d'artistes se sont faites en an-

glais, selon le relevé de l'anima-trice de Radio-Canada, amou-

reuse de la chanson en français, Monique Giroux, présente sur les

lieux du gala.

Une vraie défaite, en vérité,

pour la langue française !

Félicitons tout de même ceux qui ont chanté en fran-

çais et notamment, une très charmante québécoise, Cœur de Pirate, qui a remporté le prix de la « Chanson

originale de l’année » avec « Comme des Enfants ».

« Quand j’entends des jeu-nes artistes en France chanter en anglais, alors qu’ils ne se-

raient même pas capables de se débrouiller dans le métro de New York, j’ai le goût de pleurer », a confié au Journal

de Montréal, l ’auteur-

compositeur et interprète

Robert Charlebois.

Comme l’an dernier, les Victoires de la musique furent surtout

la Victoire de l’anglais. Certainement qu’aux Escaladeurs Intré-

pides, il faudrait adjoindre aussi une équipe de Colleurs Intré-

pides, question de placarder sur les affiches des chanteurs fran-

çais qui chantent en anglais, tout le dégoût qu’ils nous inspirent

et de leur faire ainsi de l’anti publicité.

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La langue française a fait son temps Paraît qu'on n'arrête pas l'progrès Que pour être vedette à présent

Il vaut mieux chanter en anglais Et moi et moi pauvre de moi Qui me tais depuis si longtemps Faudrait qu'je fasse gaffe à tout ça Que je m'reconvertisse à temps J'ai pris la méthode assimil

My tailor in the pocket Pour avoir l'air comme les débiles D'arriver du Massachusetts Pour être encore en haut d'l'affiche Faudrait qu'je susurre en angliche Si j'veux coller à mon époque

Il me faut braire en amerloque Singing in the rain, Singing in the train, Singing my heart Singing in the woods, Singing in the blood, it is not the tarte

Le show-business il aime pas ça Y a p't-êtr' quand même un avantage À cette évolution sans frein

On pourra chanter sans entrave Quand les gens n'y comprendront rien Pour être encore en haut d'l'affiche J'pourrai susurrer en angliche Si je n'veux pas finir en loque Je pourrai braire en amerloque

(refrain) J'entends les copains ricaner Que j'ai plutôt l'accent manouche Ils sont jaloux d'mon p'tit succès Quand j'ai d'la bouillie plein la bouche Grâce aux sondages indiscutables

Dans l'âme du Français moyen Il paraît que nos responsables Savent tout du goût de chacun Plaire à tout l'monde et à personne C'est pas donné à n'importe qui N'allez pas croire qu'ils s'en tamponnent

S'ils nous transforment en colonie Pour être encore en haut d'l'affiche J'commence à penser en angliche Quand j'aurai le feeling ad hoc Ça va faire mal en amerloque (refrain)

Une lumière s’est éteinte, Jean Ferrat est mort

Samedi 13 mars 2010 à l’hôpital d’Aubenas, en Ardèche, à 15 kilomètres de sa

maison d’Antraigues-sur-Volane, Jean Ferrat est mort.

Durant sa carrière, il a chanté merveilleusement Aragon et a porté haut la

chanson française par la qualité de ses textes, de ses mélodies et de sa voix de

velours. C’était aussi un militant engagé pour la cause humaine, fidèle à sa pa-

role, à ses amis, à ses idées et à sa terre.

Très tôt, il a quitté Paris, non pas pour aller s’exiler chez les Angliches, chez les

Amerloques, ou pour aller au pays des banquiers, non, mais pour s’installer en

Ardèche, au cœur de la France profonde comme pour mieux l ’entendre… respirer.

Qui veut tuer la chanson française ? Oui ou non, le service public a-t-il pour mission (entre autres)

d’informer de la création contemporaine en respectant la diver-sité des genres, des styles, des écoles ? On se pose beaucoup la question, ces temps-ci, à propos du cinéma. Eh bien, moi, je voudrais la poser brutalement, la question, à propos de la chan-

son française. (...)

Il faut que les présidents des sociétés audiovisuelles sachent ; il faut que le Président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel sache ; il faut que la Ministre de la Culture sache ; il faut, enfin

et surtout, que le public sache avec quel mépris on peut traiter,

dans les médias publics, la chanson. (...)

Est-ce qu’ils se rendent compte que les petits marquis qui font la loi dans la programmation réduisent tota lement au silence des

pans entiers de la création française ? Ont-ils conscience de cette aberration : dans notre pays dont on peut écrire l’histoire en chanson, le seul fait de prononcer actuellement ce nom vous ferait passer pour un homme des croisades ? Est-il venu à leurs oreilles que, s’il est bon de s’enrichir des musiques et des cul-tures du monde, nous sommes un certain nombre à dire non au

rouleau compresseur, au monopole imposé du métissage totali-taire et du raz de marée anglo-saxon ? Enfin, ne croient-ils pas que l’exception culturelle qui a sauvé le cinéma français et dont certains veulent la disparition devrait aussi s’appliquer à la

chanson ? (...)

Ils existent ceux qu’ils ne connaissent pas, ils vivent, ils écri-vent, ils chantent souvent depuis des années, en France, à Paris même, les héritiers des Couté, Bruant, Rictus. Oui, messieurs, ils chantent dans ces petits lieux aléatoires en subissant comme au XIXe siècle : en faisant la quête ! Qu’ils aillent donc les

écouter, les voir ces vrais auteurs, ces vrais créateurs condam-nés au silence sur leurs ondes. J’allais dire sur nos ondes. S’ils sont dignes par eux-mêmes, ils ont le droit eux aussi d’être re-connus, dignes d’exercer leurs art et d’être diffusés normale-ment. Ne laissez pas s’éteindre la petite flamme vacillante de la chanson d’expression française. Elle résiste. À vous de la

préserver, de la transmettre. Vous en avez non seulement le

pouvoir, mais le devoir.

Jean Ferrat

En juillet 2009, nous avons réalisé une petite vidéo pour dénoncer le grand nombre d’en-

seignes en anglais des magasins de la ville de Nîmes. Pour illustrer cette balade dans la ville, nous avions mis, en musique d’accompagnement, la chanson de Jean Ferrat En haut d’la fiche, une chanson de circonstance où il dénonce l’anglicisation. La vidéo peut être vue sur : www.youtube.com/user/afrav01

Voici les paroles de la chanson En haut d’la fiche :

(paroles et musique de Jean Ferrat)

« Ne laissez

pas s’éteindre la petite flam-

me vacillante

de la chanson d’expression

française »,

Jean Ferrat,

janvier 2002

Le 8 janvier 2002, dans le journal Le Monde, Jean

Ferrat lançait un cri d’alarme pour la chanson fran-

çaise. Une tentative pour lever la chape de plomb qui

pèse sur une bonne partie de la création française.

Voici un extrait de ce qu’il a écrit :

45% des chansons

étaient en anglais

aux 25e Victoires

de la musique

2010 !

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FRATERNIPHONIE No 59 Page 8

ATTAC, ATTAQUÉE PAR L’ANGLAIS !

Aujourd’hui, peu d’Européens en sont conscients, les États-Unis pour-raient parler français ! L’histoire en a décidé autrement, suite à une incroya-ble saga e t à une incroyable injustice. Il s’en est même fa llu de très peu, dans les années 60, pour que Montréa l devienne anglophone, que le fait fran-çais disparaisse complètement du continent nord-américa in, que les Ca-nadiens français deviennent les der-nières tribus indiennes francophones

d’Amérique. Comment en est-on arrivé là ? Le premier hasard malheureux de l’histoire et du déterminisme

géographique a voulu que Jacques Cartier prenne possession en 1534 de Gaspé, au nom du roi de France, beaucoup trop au Nord du continent américa in, e t remonte ensuite le cours du Saint-Laurent jusqu’à Hochegala (ac tuellement Montréal, fondé en 1642). Les Anglais, eux, avec les pèlerins du Mayflower (1620) e t le démantèlement des possessions hollandaises (New York, Dela-ware, New Jersey) s’établirent au Sud beaucoup plus attrac tif pour le peuplement e t l’ac tivité économique grâce à des apports bri-tanniques, hollandais suédois e t allemands. Par la suite, les colo-nies anglaises plus fortement peuplées n’eurent de cesse d’é limi-ner par la force les possesseurs français.

Il s’ensuivit la guerre de cent ans des Français d’Amérique, des « coureurs des bois », qui gagnèrent de magnifiques bata illes (Fort Duquesne en 1754, Fort Carillon en 1758), occupèrent les terres vides en se mariant parfois avec les Amérindiens, menacèrent d’encerclement complet les colonies angla ises, mais perdirent la guerre. En 1713 par le traité d’Utrecht, suite à la guerre de la Suc-cession d’Espagne, Louis XIV cède l’Acadie (actuel Nouveau- Brunswick e t Nouvelle-Écosse de l’Est canadien), l’île de Terre-Neuve e t la baie d’Hudson.

Se heurtant au refus massif des Acadiens de prêter serment d’a l-légeance à la couronne britannique, avec l’éventualité de devoir prendre les armes contre la France, les Anglais déportèrent, à par-tir du 28 juille t 1755, les 13000 Acadiens, descendants des paysans poitevins, en les embarquant sur des bateaux avec leurs maigres biens e t en les répartissant dans les colonies anglaises du Sud. Beaucoup périrent en cours de route de faim ou de maladie pendant le « Grand Dérangement ». Certa ins s’enfuirent au péril de leur vie vers la Louisiane… juste avant que ce tte colonie fran-çaise passe sous souvera ineté espagnole. Établis dans les mangro-ves du delta du Mississipi, ils donneront naissance à la commu-nauté des « Cajuns » (une déformation du mot Acadien). Ils se-raient aujourd’hui 800 000, mais très peu parlent encore l’ancien dialec te français.

En 1763, le Traité de Paris, met fin à la guerre de Sept Ans entre la France , la Russie et l’Autriche d’un côté, l’Angleterre et la Prusse de l’autre. La mort subite de la tsarine francophile Élisa-beth en 1762 e t son remplacement par le tsar germanophile Pier-re III eut pour conséquence un renversement imprévisible de l’a l-liance russe. La Prusse de Frédéric II le Grand é ta it sauvée e t l’Amérique du Nord définitivement perdue par la France , cette dernière ayant envoyé peu de troupes outre-mer e t préféré privilé-gier, à tort, le théâtre européen des opérations (Hitler en 1945, en apprenant la mort du Président américa in Franklin Roosevelt, crut un instant qu’il a llait connaître un re tournement vic torieux ina t-

tendu du sort des armes semblable à celui de Frédéric II). Cette défa ite calamiteuse de l’Histoire de France scella, bien avant Waterloo, le destin

du français dans un continent américa in ple in de promesses, e t par la suite, en Europe, comme on le voit aujourd’hui. La France la issa it à leur sort les 70000 Français qui s’étaient va leu-reusement ba ttus à environ un contre dix e t cédait a lors à l’An-gleterre, la Nouvelle-France, c'est-à-dire le Canada, la va llée de l’Ohio, la rive gauche du Mississipi, sauf la Nouvelle-Orléans, ainsi que la plus grande partie des Antilles. Ainsi, le français éta it chassé d’une terre qui alla it devenir un des centres mon-diaux des affa ires. L’anglais, appuyé sur un rivage de l’Atlanti-que aux Éta ts-Unis et sur l’autre à la Grande-Bretagne, devenait la langue des relations entre les continents. Or c’était là, la véri-table universa lité, et ce tte universalité é ta it perdue pour le fran-çais. Rivarol, dans son célèbre Discours sur l’Universalité de la langue française à l’Académie de Berlin en 1784, n’aperçut pas mieux que ses contemporains les signes annonciateurs du déclin.

Louis XVI, pour se venger du catastrophique Traité de Paris, pour couper le cordon ombilical entre les Éta ts-Unis et l’Angle-terre, e t non pas pour la liberté ou les beaux yeux de l’Améri-que, comme le croient les naïfs, conclut, le 6 février 1778, une alliance avec les insurgés d’Amérique qui grâce à La Fayette, aux troupes de Rochambeau e t à l’excellente flotte de l’amira l de Grasse obligèrent le généra l angla is Cornwallis à capituler à Yorktown, le 19 octobre 1781. En 1783, le tra ité de Versailles reconnait l’indépendance des Éta ts-Unis. Mais là encore, nou-velle injustice de l’histoire ! La Fayette, malgré l’indiscutable e t décisive victoire française fit preuve de suffisance e t ne poussa pas, alors que beaucoup y songeaient, à l’adoption du français, langue universe lle de l’époque, comme langue offic ie lle des États-Unis. Le comble e t le paradoxe de la malchance fut, après le tra ité de Versa illes, l’afflux au Canada de loyalistes britanni-ques en provenance des États-Unis, qui provoquèrent une infil-tra tion britannique dans le Canada juridiquement angla is depuis le tra ité de Paris de 1763, mais exclusivement peuplé de Fran-çais ; ces arrivants barrèrent définitivement dans l’Ontario, la route d’expansion à l’Ouest des Canadiens français. En effe t de 1763 à 1783, l’immigra tion britannique constituée de commer-çants avait é té peu marquée au Canada.

En 1763, au tra ité de Paris, l’Espagne avait reçu les territoires de la Louisiane situés à l’Ouest du Mississipi, a insi que la Nou-velle-Orléans, en compensation de la perte de la Floride qu’elle avait donnée aux Anglais. En 1800, le traité de San Idefonso signé entre l’Espagne et la France restitue le territoire de la Louisiane aux Français, en échange d’une promesse d’une prin-cipauté en Ita lie pour le duc de Parme. Contrairement à la croyance populaire, Bonaparte n’a pas vendu la Louisiane de gaie té de cœur e t d’une façon insouciante, mais bien au con-tra ire pour des ra isons tac tiques e t géopolitiques complexes à l’égard des Éta ts-Unis e t de l’Angleterre e t surtout parce qu’il ne pouvait plus défendre la Louisiane, suite à l’échec de l’expé-dition e t à la mort de son beau-frère, le généra l Leclerc, qui, avec 20000 hommes décimés par la fièvre jaune, ne parvint pas à faire de Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti) la base arrière sûre dont il avait besoin pour défendre la Louisiane, obje t d’a tta-ques possibles, tant des États-Unis que de l’Angleterre. La pre-mière é tape du rétablissement de l’Empire français en Amérique passait par la reprise de l’île tombée aux mains de Toussaint Louverture. L’intention première de Bonaparte était be l e t bien de constituer un empire colonia l français en Amérique , le géné-ral Claude Victor ayant même rassemblé pendant l’é té 1802 une flotte importante en Hollande e t 8000 hommes à Dunkerque en prépara tion d’un départ pour aller renforcer la Nouvelle-Orléans. Cette décision de Bonaparte, dans le cadre de la fin de la Paix d’Amiens et de la reprise imminente des hostilités avec l’Angleterre, est donc à rapprocher du sort de l’Alaska qui fut

L’incroyable saga et les conséquences actuelles

de la perte de l’Amérique française

Par Marc Rou sset - Auteur de « La Nouvelle Europe Paris -Berlin-Moscou » 538 pages – Éditions God efroy de Bouillon-2009

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vendu plus tard par la Russie aux Éta ts-Unis, de peur de le voir également occupé par l’Angle terre .

Les Éta ts-Unis achetèrent donc la Louisiane à la France, le 30 avril 1803 pour 15 millions de dollars, somme importante qui représenta it une fois et demie le PIB des États-Unis de l’époque. Cette acquisition doubla it le territoire des Éta ts-Unis en débloquant la frontière symbolique de l’Ouest des Éta ts-Unis. La Louisiane formait un immense territoire de 2 144 476 km2, soit 22,3% de la superfic ie actuelle des États-Unis. En effe t la colonie française de Louisiane comprenait beaucoup plus de territoires que l’Éta t actuel de Louisiane, en fait ce qui a llait devenir le centre-ouest des Éta ts-Unis, s’é tendant du nord au sud de la frontière toujours ac tuelle avec le Canada jusqu’au Golfe du Mexique ; e lle inc luait la ville de Saint-Louis. Les neuf é ta ts américa ins actuels sont : l’Arkansas, le Dakota, l’Iowa, le Kansas, le Missouri, le Mon-tana , le Nebraska, l’Oklahoma et la Louisiane. Ainsi é ta ient perdus à jamais pour la France les œuvres de Louis Joliet e t du père Marquette qui avaient é té les premiers à explorer le Mississipi en 1673, de René Cavelier, sieur de la Salle qui avait descendu tout le Mississipi jusqu’à son embouchure en 1682 prenant officie llement possession de la Loui-siane au nom de Louis XIV, du sieur de Bienville qui avait fondé en 1718 la Nouvelle Or-léans, en l’honneur du régent Philippe d’Orléans.

De surcroît la vente de la Louisiane aux Éta ts-Unis parachève le tra ité de Paris e t peut ê tre consi-dérée comme un des plus grands désastres de l’histoire externe du français. En 1812, la première cons-titution de l’Éta t de Louisiane y imposait l’anglais… contre le français majorita ire. En 1868, l’artic le 109 de la constitution inter-disait formellement l’usage de toute autre langue que l’angla is. En 1916, interdiction d’utiliser le français dans les écoles e t dans les foyers. En 1921, la constitution louisianaise n’autorise l’usage que de la seule langue anglaise. Les colons du Mississipi, à l’origine venus de France, n’ont bientôt plus d’écoles ni de livres, et c ’est ainsi que passe à l’angla is, en quelques généra tions, une des popu-lations les plus fermement a ttachées au français e t à son illustra-tion en dehors de l’Europe.

Enfin, cerise sur le gâ teau, la pendaison le 16 novembre 1885 à Régina, au Canada, de Louis Riel, patriote francophone, fondateur du Manitoba, qui présenta it un danger canadien français dans l’Ouest canadien avec la révolte des Métis, mit fin à une véritable présence francophone dans les deux provinces canadiennes du Ma-nitoba et du Saskatchewan.

Ce sont les raisons pour lesquelles pendant la seconde moitié du XIXe siècle , la notion d’universa lité du français disparaît peu à peu, sans qu’on en prenne c la irement conscience, en raison des progrès de l’anglais en tant que langue du commerce sous l’égide de la Grande-Bretagne, puis des Éta ts-Unis, et suite à la disparition des derniers bastions francophones d’Amérique, l’Est du Canada excepté.

Aujourd’hui la France n’est plus que le Québec de l’Europe ! La langue française, tout comme les autres langues nationales euro-péennes, combat pour sa survie en Europe face à l’anglo-américain et, si rien ne change (décision des Européens de fa ire du français ou de l’espéranto la langue de l’Europe), e lle connaitra, en France même, d’ici un siècle, le même sort qu’en Louisiane !

M. Marc Rousset (75) Paris

Cou rriel : ma.rousset @wan adoo.fr

Carte de la Nouvelle-France au début du XVIIIe siècle La Nouvelle-France désignait l'ensemble des territoires de

l'Amérique du Nord sous administration française, avant 1763. Dans sa plus grande dimension, avant le Traité

d'Utrecht (1713), la Nouvelle-France comprenait cinq colo-

nies possédant, chacune, une administration propre : le Ca-nada, l'Acadie, la Baie d'Hudson, Terre-Neuve, la Louisiane.

La frontière occidentale de ces colonies était ouverte sur

tout l'Ouest du continent, sans délimitation précise

Depuis plus de 250 ans, les Français d’Amérique ont foulé un sol canadien que l’on dit aussi saskatchewan-nais. Ils y ont laissé leurs empreintes. L’une d’entre elles est la toponymie. Les plus anciens noms de lieux marqués du sceau de la langue française remontent au

Régime français. Au lendemain de la Conquête (1763), le commerce des pelleteries, moteur de l’é-conomie et de la découverte, reprend sous l’initiative des marchands de Montréal et de Québec, puis-samment épaulés par les voyageurs, pagayeurs réputés infatigables. Le long de leur route, ils sèment

des noms à leur image et à celle des occupants amérindiens au-devant desquels ils vont. En Saskat-chewan, certains toponymes, associés à des lieux, souvent remarquables par leur taille, perpé-

tuent le souvenir de leurs passages. Avant qu’ils ne s’évanouissent dans les replis de l’His-toire, les voyageurs et leurs épouses amérindiennes donnent naissance à une nation métis-

se. Elle prend le relai et maintient en maints lieux les désignations françaises héritées de leurs pères. Puis, c’est la colonisation subite et massive de l’Ouest. Elle modi-

fie profondément le paysage et la toponymie de la Saskatchewan. Cette pro-vince se constelle alors d’une multitude de nouveaux noms. Nombre de toponymes français se voient condamnés à n’occuper désormais que les replis des mémoires et ceux des cartes anciennes.

M. Carol Jean Léonard Courriel : [email protected]

Campus Saint-Jean - Université de l’Alberta 8406 - 91 Street NW Edmonton, Alberta

T6C 4G9 CANADA

Faits français dans l’Ouest canadien

M. Carol Jean Léonard, de l’Université de l’Alberta à Edmon-ton au Canada, vient d’écrire un livre sur la toponymie françai-se en Saskatchewan. Très intéressant livre qui montre la dimen-sion continentale de la présence française en Amérique.

Canada

Pays de

Louis Riel

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Monsieur, j'a i l'honneur de vous interpeller au nom de mon asso-ciation, e t au nom d'auditeurs scandalisés de plus en plus nombreux dans mon entourage (y compris dans la jeunesse), au suje t de la MALTRAITANCE systématique dont la langue française est l'ob-

jet sur les antennes de Radio- « France ». Je ne parle même pas des innombrables

fautes de grammaire ou de vocabula ire commises par des professionnels de la radio dont on pourra it espérer un mini-

mum de tenue linguistique : quand la

maison brûle, on n'en est plus à chercher les taches sur la

tapisserie ! Je parle de l'invasion du tout-anglais, du franglais, dans nombre

d'émissions et de chaînes qui semblent tout ignorer de la loi Tou-bon et de l'a rticle 2 de la Constitution. Radio-France devient ainsi peu à peu une zone de non-droit linguistique.

Ne parlons même pas du "Mouv'", dont le nom camoufle mal

l'emprunt à l'anglais d'aéroport, et dont la programmation est massi-vement anglophone.

J'ai en vue également « France-Info », dont les émissions regor-gent de locutions angla ises censées faire « branché ». Le « comme

on dit en anglais » abonde désormais dans la bouche des commen-tateurs, comme si la moindre des choses pour un service public

na tional n'éta it pas de garantir au locuteur francophone (même s' il parle anglais, il n'a pas forcément envie d'en « manger » à toute heure !) le droit élémentaire à comprendre ce qu'on lui dit. C'est une question minimale de respect ! Les émissions consacrées au "Web" sont, de ce point de vue, une vra ie carica ture.

J'ai également en vue, e t c'est plus lamentable et plus surprenant

encore, France-Culture : je viens de protester auprès de l'animateur de l'émission consacrée aux « industries culturelles » le dimanche soir sur ce tte chaîne. C'éta it hier soir un véritable GALIMATIAS censé faire branché, mais dont l'effet sur l'auditeur moyen est tout bonnement de se sentir exclu et de changer de chaîne. Non seule-ment l'animateur truffe son propos, ô combien superficiel, de mots américa ins (le français n'est là que pour assurer la syntaxe, e t enco-

re !), mais il cite à tout instant des phrases en anglais en ponctuant de « comme on dit en anglais ». C'est une discrimination manifeste et je me réserve d'écrire à la HALDE, car jusqu'à nouvel ordre, l'angla is n'est pas encore la langue maternelle du pays.

Bref, y a-t-il encore une quelconque veille linguisti-

que à Radio-France ? Le C.S.A. est-il encore chargé de fa ire appliquer la loi Toubon ?

Ou y a-t-il au contraire, de manière implicite, une politique d'anglo-

phonisation systématique de vos chaînes ? Cela n'aura it rien de sur-prenant quand on voit le grand patronat BASCULER littéralement notre pays vers l'anglais (dans les derniers mois « Champion » est devenu "Carrefour Market" et les magasins Auchan-Attac se sont rebaptisés "Simply Market", mais on pourrait donner d'innombra-bles exemples de ce tte politique patronale d'arrachage linguistique).

M. Georges Gastaud est professeur de philosophie et

président du CO.U.R.R.I.E.L (http://www.courriel-languefrancaise.org/), une association progressiste de ré-

sistance linguistique au « tout-anglais », une association

que nous avons eu l’honneur de présenter dans le Frater-

niphonie n° 55.

Dans la série, les médias nous anglicisent, collaborant

ainsi à faire de nous de futurs parfaits petits bilingues

français-anglais, voici ce que notre ami a écrit à M. Jé-

rôme Bouvier, médiateur de Radio-France, le 05/04/10:

Excellente lettre ! Nous, à l’A.FR.AV, dans le même sens, écrivons, depuis des

années à M. Jean-Jacques Bourdin, alias Bourdin and Co, de RMC Talk Sport pour lui demander d’avoir plus de respect

envers notre langue. Pour les JO de Vancouver, cette radio a atteint les sommets

de l’anglomanie et de l’inconscience linguistique. En effet, alors M. Raffarin pour le Président de la République, M. Diouf pour l’Espace francophone (OIF), les Canadiens-français, les Québécois en tête, se battaient pour une réelle égalité de traite-ment entre l’anglais et le français du-rant ces Jeux, RMC n’a pas trouvé

mieux que de lancer sur ses ondes, la

Rubrique News in JO !

Écrire pour protester :

Radio-France

Médiateur

116 av. du Président Kennedy

75220 Paris Cedex 16

RMC

12 rue d’Oradour-sur-Glane

75740 Paris Cedex 15

Bourdinënko

(origine russe ?)

de RMC

Certes, aujourd'hui notre peuple a tellement de diffi-cultés sur les plans socia l e t économique qu'il a du

mal à prêter attention à cette politique linguistique, fortement relayée par l'UE e t par le gouvernement ac tuel (notamment par

Mme Pécresse, « Prix de la Carpette angla ise » en ra ison de sa honteuse politique d'anglophonisa tion obliga toire des universi-tés).

Et pourtant, quand on les sonde sur « l'identité nationale », 85% des sondés mettent au premier plan la langue de Molière et de Victor Hugo, qui est aussi du reste le bien commun de tous les

francophones. Et de ce problème-là, non seulement la radio « nationale » ne

parle jamais dans ses innombrables émissions « interac tives »... qui utilisent le français pour le mettre en pièces, mais elle fa it tout, consciemment ou pas, pour aggraver le tableau et pour im-poser des usages désastreux e t irréversibles sans aucun esprit de

responsabilité c itoyenne. Et si l'on proteste, on est immédiate-ment traité de nationaliste, comme si l' imposition d'une langue unique à l'Europe e t à la planète ne servait pas le plus dangereux, - et be lli-

queux -, des impérialismes ! C'est pourquoi, sûr de tra-

duire l'opinion de millions de gens encore isolés, mais qui tôt ou tard, comme au Québec, se réveilleront pour défendre leur lan-gue, leurs acquis sociaux e t leurs libertés, je vous prie de fa ire le nécessa ire pour que ce suje t soit tra ité à l'antenne de manière

plura liste e t pour qu'en outre, les directions de chaîne soient forte-ment chapitrées sur cette question.

Avec mes salutations plus qu'inquiè tes, surtout quand j'observe la quiétude à ce sujet, pour ne pas dire plus, des autorités de tutelle…

Georges Gastaud (62) Lens

Courriel : [email protected]

Préparation au bilinguisme néo-colonial

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FRATERNIPHONIE No 59 Page 11

Premièrement, ce n’est pas un débat, c’est un combat. Ce que certa ins appellent une radica lisa tion est plutôt, à mes yeux, une clarifica tion de la situation. Le RRQ veut que les choses soient cla ires.

Les souvera inistes fatigués e t démoralisés depuis 1995 se sont perdus dans toutes sortes de méandres. Il y en a qui essaient de justifie r l’immobilisme e t l’inacceptable. Ils font n’importe quoi pour éviter tout affrontement. Les é lites québécoises sont pusil-lanimes. Les partis politiques souverainistes sont ve lléita ires. Ils ont intégré la logique insidieuse du bilinguisme e t du multi-cultura lisme. Même s’ils s’en dissocient pour la forme, ils n’en contestent pas les fondements théoriques. « Si le bilinguisme est bon pour certains, il est bon pour tout le monde », a dit récem-ment un certa in chef politique à une émission de télévision très popula ire, en pleine campagne élec torale. Sans trop s’en rendre compte, les souverainistes se la issent entraîner sur la même pente savonneuse que les descendants de Riel qui se proclament fiers de leurs origines, mais qui sont minorisés à l’extrême ou qui ne disent plus un mot de français. Eux aussi se sont mis un jour à croire que « deux langues valent mieux qu’une » e t que « le bilinguisme est un fac teur d’enrichissement ». Pauvres in-conscients ! Les voilà bien avancés.

Le Québec est un pays conquis par la force e t asservi depuis 250 ans. Les Québécois ne sont pas habitués de se comporter en peuple libre. Ils ont les réflexes d’un peuple colonisé. Ces ré-flexes sont profondément ancrés en eux. Au Québec, en 2010, les lois sont en angla is, la justice est en anglais, le commerce est en angla is, les services publics sont en angla is. Le français est une langue insuffisante et superflue . Les Québécois sont domi-nés et humiliés. Le français n’est pas une véritable langue natio-nale. En toute objectivité, le sta tut de l’angla is au Québec est supérieur à ce lui du français. On est revenu au point de départ après la tentative de Camille Laurin. La Charte de la langue française a été réduite en lambeaux. On se bat pour des lam-beaux au lieu de se battre pour un pays de langue française qui nous ressemble.

Le RRQ invite les Québécois à se tenir debout e t à se compor-ter en peuple libre. Les peuples libres ne demandent pas la per-mission avant d’imposer leur langue sur leur territoire. Leur langue est leur loi première. C’est avec ce tte loi que toutes les autres lois sont écrites. En peuple conquis, les Québécois sont encore obligés de demander la permission et ils se font dire non par Ottawa et par les valets du régime néocolonia l à Québec.

Est-ce que les provinces anglaises demandent la permission à la Cour suprême pour imposer l’angla is à tout le monde ? Bien sûr que non. Au Canada anglais, presque 100 % des substitu-tions linguistiques se font vers l’angla is. Il n’y a personne qui se demande, à Toronto, à Winnipeg ou à Vancouver, s’il va ap-prendre l’angla is ou le français. Tout le monde apprend l’an-gla is e t vit la plupart du temps, sinon tout le temps, dans ce tte langue.

La Cour suprême dit « non » aux Québécois quand ils veulent imposer le français au Québec. Avec les services "press ni-ne"*, Jean Charest sème la division en encourageant les immi-grés et la colonie anglo-canadienne à ne pas parler français, donc à vivre en marge de la nation québécoise. Jean Charest cultive le mépris de la nation québécoise. Il la regarde se ra ta ti-ner en adoptant avec hypocrisie un discours aux accents na tio-nalistes derrière lequel se trouvent des politiques c lienté listes e t

délétères. Il nomme des ennemis de la langue fran-çaise comme John Trent à l’Office québécois de la

langue française . (Je reviendrai sur la pensée de ce suprématiste et néocolonialiste anglo-saxon dans une prochaine chronique.)

Il est temps de dire aux Québécois que tout cela est du délire pur e t simple et que ça ne fera it de mal à personne que tous les Québécois sans exception, quelles que soient leur origine e t leur langue maternelle, maîtrisent la langue nationale du Québec e t s’en servent tous les jours. On ne devrait pas être obligé de fournir des services en angla is à des Québécois. On ne devrait pas être obligé de gaspiller des milliards en deniers publics pour bâtir un centre hospitalier universitaire fonctionnant en anglais, véritable gangrène au cœur de la métropole nationale, parce qu’on a peur des crises de nerfs des suprématistes qui prennent en otage les pleutres de l’Assemblée nationale.

Dans un pays normal, la question ne se pose même pas. Mais, lorsqu’on est un peuple colonisé, on avale n’importe quelle cou-leuvre . On va jusqu’à croire dur comme fer qu’il est xénophobe d’imposer sa langue chez soi. On croit dur comme fer aussi que la colonie anglo-canadienne du Québec est une minorité, a lors que c’est une excroissance d’une immense majorité nord-américa ine qui ne sera it nullement brimée dans son droit d’exis-ter si son infime fraction qui habite le Québec é tait obligée de s’intégrer à la nation québécoise et d’en adopter la langue.

Donc, il s’agit d’un combat, e t non d’un débat, parce qu’il y a, devant les Québécois qui veulent vivre en peuple libre et souve-rain, des gens qui leur barrent la route depuis longtemps avec des dragons qui crachent le feu e t d’autres créa tures imaginai-res. Ils veulent nous empêcher d’être libres parce qu’ils ont conquis notre pays riche et magnifique et parce que ça les fait enrager de voir leur État c riminel, é rigé de l’Atlantique au Paci-fique sur une conquête e t sur l’écrasement des autochtones, se faire séparer en deux. La ra ison e t le bon sens n’y sont pour rien. La seule logique qui anime nos adversa ires est celle de leur sentiment national s’opposant inconditionnellement au nôtre e t leur volonté inavouable de nous voir dispara ître. Ils veulent dissoudre notre nation dans le grand ensemble fédéra l d’Ottawa. Ils ne l’admettent pas aux Communes, mais leur bilinguisme, c’est l’anglicisa tion. Et l’anglicisa tion s’accompagne de l’a-cultura tion. On perd le sens de ses origines. On intègre la cons-cience historique e t la culture véhiculée par la langue du conquérant.

Ce n’est pas un débat, c ’est un combat. Il s’agit de savoir si les Québécois sont assez fiers et assez lucides pour livrer ce combat ou s’ils vont se laisser endormir par ceux qui veulent tranquillement les fa ire disparaître derrière la façade du fédéra-lisme, sans jamais l’admettre, à grands coups de subterfuges e t d’occultation. En fa isant semblant qu’on peut ê tre à la fois qué-bécois e t soumis au pouvoir d’Ottawa, sans qu’il y a it d’incom-patibilité entre l’épanouissement de la nation e t le régime voué à sa disparition. Le RRQ fa it le pari qu’en se dressant e t en agis-sant concrè tement avec inte lligence e t vigueur, il va redonner aux Québécois une vision c la ire de leur situa tion et va les inc iter à reprendre énergiquement la lutte jusqu’à la vic toire décisive.

L’indépendance est à portée de main. N’attendons pas le Mes-sie . Laissons les carriéristes à leur carrière . Il faut avant tout que des Québécois jeunes e t courageux se fassent entendre : vous voyez, compatriotes québécois, quand on se tient debout e t qu’on se serre les coudes, ils ne peuvent rien contre nous. Alors, imaginez ce que ce sera quand nous cesserons de nous dissocier des militants les plus dynami-ques, par peur de l’opprobre, et que nous les suivrons plutôt dans la rue.

* to u ch e « 9 » du tél ép h on e qui p er m et d’ a v oir

d es r e ns eig n e m e nts et d es s er vic es e n a ngl ais.

Ce n’est pas un débat, c’est un combat !

Un jeune militant du Réseau de Résistance du Québé-cois (RRQ), dont je fais partie, m’a relayé la question sui-vante, qui lui a été posée par un journaliste : « La venue du RRQ dans la vie politique du Québec amènera-t-elle une radicalisation du débat linguistique et politique ? »

Voici ma réponse :

M. Bernard Desgagné [email protected]

Gatineau (Québec)

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dans le sec teur privé, où des employés en contac t avec la clientèle sont des Flamands de province, qui ne savent rien des réa lités so-ciologiques de la ville où ils viennent travailler, et dont la connais-sance du français est très théorique.

Cela est une première ébauche de ce qu'est le quotidien des Bruxellois francophones : fortement majoritaires dans une ville qui s'appuie depuis des siècles sur la culture française, ils sont fré-quemment en butte à des complications ou des vexations qui visent le statut de la langue française et son utilisa tion. On peut bien dire qu'il s'agit d'une sorte de guerre des langues, mais ic i, de manière

paradoxale, c'est la majorité qui est forcée de se défendre contre une minorité oppressante. La propagande des Flamands les plus nationalistes n'hésite d'ailleurs pas à déclarer que : « la francisa tion de Bruxelles n'est pas un fait immuable, elle pourrait ê tre inver-sée ... et il est parfa itement possible, ajoutent-ils, que cette ville redevienne un jour un haut lieu du néerlandais ... ». Restons sé-

rieux et, surtout, souhaitons que ce tte ville ne connaisse jamais le sort d'une seconde Jéru-sa lem que chacun se d i s p u t e .

Bruxelles est une ville fran-

cophone et le restera encore longtemps, ce qui n'exclut pas le be-soin de se montrer vigilant et prévoyant.

Habitués depuis longtemps à se débrouille r dans de telles situa-tions, les Bruxellois ont appris à exercer leur fla ir pour décoder de

petits signes qui échapperaient normalement aux étrangers. Par exemple, en voyant une devanture de magasin où tout l'a ffichage est fait en anglais, on sait tout de suite que les propriétaires sont flamands. Le néerlandais ne fait pas recette auprès de la majorité de la c lientè le bruxelloise, mais comme des Flamands renâclent souvent à mettre le français à l'honneur, c'est l'angla is qui en pro-

fite. Et en effet, à côté des fantasmes de reconquista flamingante, se

profile la vague déferlante de l'anglais, plus préoccupante, à mon avis.

M. Robert Massart Bruxelles

Quoique largement majorita ire, la langue française à Bruxelles est régulièrement exposée à toutes sortes de difficultés qui la pous-sent même parfois à se tenir sur la défensive.

La visibilité du caractère francophone de Bruxelles est souvent occultée ou, du moins, gêné par les loi linguistiques pesantes qui régissent ce tte ville offic iellement bilingue. Le statut linguistique injuste que Bruxelles s’est vu imposer fait aussi beaucoup de tort à l’emploi dans la région. L’obligation de la connaissance de l’autre langue a des conséquences fâcheuses : les francophones compren-

nent mal que l’on exige d’eux qu’ils maîtrisent de manière appro-fondie une langue - le néerlandais - qui ne leur servira que très peu dans la vie réelle, parlée par moins de vingt-cinq millions de locu-teurs dans le monde (dix fois moins que le français). En face d’eux, des Flamands qui savent le français, qui est encore aujourd’hui la première langue étrangère enseignée en Flandre, même devant

l’anglais, viennent quotidiennement travailler en masse à Bruxel-les. Ces quelque deux cent mille « navetteurs » flamands font une sérieuse concurrence à l’embauche des Bruxellois dans une région où le taux de chômage est le plus é levé du pays (autour de 20%), et où la moindre caissière de supermarché est pourtant tenue, en prin-cipe, de maîtriser le français et le néerlandais.

Il n'y a pas très longtemps, une plainte flamande relative au défi-cit d'accueil en néerlandais dans les hôpitaux de Bruxelles a fa it l'obje t d'une enquête d'arbitrage de la part du Conseil de l'Europe. La responsable chargée de cette enquête a jugé la pla inte non fon-dée. Dans les faits, on trouve toujours, à Bruxelles, quelqu'un pour vous accueillir et vous parler en néerlandais, dans les hôpitaux ou

ailleurs. À vra i dire, c'est l'inverse qui se passe dans un bon nom-bre d'administrations et de services pu-blics, plus rarement

Remerciements à nos aimables correctrices :

Mme Juliette de Rougé (49) Segré,

Mme Madeleine Laval (30) Manduel.

FRATERNIPHONIE Parc Louis Riel

2811, chemin de Saint-Paul

30129 Manduel - France courriel : [email protected]

Directeur de la publication :

Régis Ravat

Conception et res ponsable PAO :

Sylvie Costeraste

Directeur mercaticien :

Jean-Pierre Colinaro

Diffusion France et étranger :

Mustafa Bensima

ISSN / 1266-3247

Dépot légal à parution

L’A.FR.AV. est une association

apo l it ique , de rés is tance

linguistique et culturelle, régie

par la loi de 1901, déclarée à la

préfecture du Gard et parue au

Journal Officiel le 13 décembre

1989.

La langue française à Bruxelles 2/3

Fin de la deuxième partie,

suite au prochain numéro.

Voici la suite de l’excellent article que Rodolphe Lamy,

d’Ottignies en Wallonie, nous avait envoyé à la fin de

l’année 2009. Un texte sur l ’histoire de la langue fran-çaise à Bruxelles publié dans la revue, La Ligue Wallonne,

Avenue du Onze Novembre, 28 bte 2 - 1040 Bruxelles Courriel : [email protected]

Site : www.liguewallonnebruxelles.be