EXPOSITIONDE NOËL 2015IL FAUT QU’IL SE PASSE QUELQUE CHOSE.

INTRODUCTION

L’Exposition de Noël est un rendez-vous de l’art contemporain qui se déroule chaque mois de décembre depuis 2007. À l’initiative du MAGASIN - Centre National d’Art Contemporain de Grenoble et en partenariat avec le Conseil Régional Rhône-Alpes, la Ville de Grenoble et le Département de l’Isère, l’exposition 2015 se tient pour la neuvième fois dans les salles de l’Ancien Musée de Peinture de la ville.Conçue à l’image des expositions de Noël des musées et centres d’art suisses et allemands, cette manifestation a pour objectif de rassembler en un temps et un lieu donnés une sélection d’artistes contemporains qui ont un lien avec la région Rhône-Alpes (qui y sont nés, qui y ont été formés, ou qui y vivent et y travaillent). Ces artistes ont été sélectionnés par un jury de professionnels actifs dans le champ de l’art contemporain. Ils se sont réunis les 3 et 4 novembre 2015 pour sélectionner 21 artistes parmi plus de 200artistes qui ont répondu à l’appel à candidature. Parmi eux sont nommés les lauréats du Prix de la Ville de Grenoble, attribué par le jury, ainsi que le prix Edouard Barbe, attribué par un groupe de collectionneurs réuni avant le vernissage de l’exposition.

Les membres du jury de l’Exposition de Noël 2015 sont :• Joël Bartoloméo, artiste et enseignant à l’ESAD Grenoble.• Patricia Creveaux, responsable du département des publics au Musée

d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne.• Pierre David, directeur de Moly-Sabata, Résidences d’artistes.• Laura Kuusk, lauréate de l’Exposition de Noël 2014, artiste et

enseignante à l’École des Beaux Arts d’Estonie.• Maxime Lassagne, coordinateur des expositions au Centre d’Art

Contemporain Genève• Jean-Marc Salomon, fondateur, Fondation pour l’art contemporain

Jean-Marc et Claudine Salomon• Christophe Tournay, lauréat de l’Exposition de Noël 2014, artiste• Laura Caraballo, étudiante de la session 25 de l’École du MAGASIN• Chloé Curci, étudiante de la session 25 de l’École du MAGASIN

L’Exposition de Noël 2015 est coordonnée par 4 des 7 élèves de l’École duMAGASIN : Laura Caraballo, Chloé Curci, Giulia Pagnetti, Eleonora Castagna.L’École du MAGASIN est un programme international de formationprofessionnelle aux pratiques curatoriales, développé depuis 1987 par leMAGASIN - Centre National d’Art Contemporain de Grenoble. Dispensésur un an, il rassemble des participants issus de diverses formations (art,histoire de l’art, philosophie, sciences sociales…) autour d’un sujet derecherche devant déboucher sur un projet collectif.

AVANT PROPOS

Nous sommes arrivées catapultées au MAGASIN, dans l’urgence de travailler en collectif pour l’Exposition de Noël. Nous avons fait de ce défi une opportunité, celle d’interroger la pratique du commissariat à travers la manipulation de l’espace d’exposition.

Chaque année, l’Exposition de Noël donne un aperçu de la production artistique liée au territoire. Si la sélection faite par le jury n’a pas pour vocation de développer un propos, nous nous positionnons par notre démarche pour le dessiner à travers un parti pris scénographique.

Le principe repose dans la fabrication d’espaces dans l’espace par des structures brutes dont l’ossature n’est ici pas masquée, révélant le dispositif de l’exposition. La présence d’une diversité d’artistes et de médiums impose la création de lieux autonomes que nous avons reliés dans un ensemble majeur, animé par cette armature dénudée. Le tout constitue un organisme, un assemblage d’éléments qui vont exister par leur influence réciproque.

Ce dispositif fait écho aux choix scénographiques de Toute première fois, l’exposition issue de la collection de Colette Tornier à l’ESAD de Grenoble. Pour sa conception, les commissaires de l’Ecole du Magasin ont été confrontées, aussi bien que nous, au défi de montrer un échantillon d’une production artistique diverse et hétérogène.

Collectivement nous avons assumé une position radicale face aux circonstances, en affirmant qu’Il faut qu’il se passe quelque chose, et cela, autant à l’intérieur de cette salle d’exposition qu’à l’extérieur.

Laura Caraballo, Chloé Curci, Giulia Pagnetti, Eleonora Castagna, membres de la Session 25 de l’École du MAGASIN, commissaires de l’Exposition de Noël 2015.

LES ARTISTES

Alexis Berar

Axel Brun

Victor Brustet

Jerome Cavaliere et Stéphane Déplan

Étienne Chosson

Julie Digard

Antoine Félix

Mathilde Gintz

Blandine Herrmann

Clémence Joly

Joséphine Kaeppelin

Keiko Machida

Marianne Mispelaëre

Aline Morvan

Ségolène Moteley

Akim Pasquet

Virginie Piotrowski

Bénédicte Thoraval

Charlie Verot

Marion Wintrebert

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Les textes explicatifs de cette brochure nous ont été gracieusement transmis par chacun des artistes présentés dans cette exposition, afin d’expliquer leur travail.

Nous les remercions de leur collaboration.Textes et images : © les artistes

Création graphique : Frédéric BESSON

Ivre hiver décomposition, 2014

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œuvres exposées

Ivre hiver composition, 2014Photographie numérique couleur, 30 x 30 cm

Ivre hiver décomposition, 2014Photographie numérique couleur, 30 x 30 cm

Ivre hiver recomposition, 2014Photographie numérique couleur, 30 x 30 cm

ALEXIS BERAR

Ivre hiver Dans la neige.De la chose morte, décomposition -Recomposition - Faire dépôt -Le corps de Bambi n’est pas un bien définitif, le nôtre non plus.

Mon travail de photographe est orienté en grande partie sur les questions liées au territoire.Comment ceux qui y habitent, le regardent, le pratiquent.Comment les paysages se façonnent, quels sont les traces et indices de nos usages, de nos passages.Et a contrario comment ce territoire influe sur l’homme dans ses habitus, ce qu’il produit dans ses postures physiologiques et sociales.Je souhaite inviter à observer et à imaginer, à réfléchir à ce que nous laisserons comme empreinte pour les suivants. En collectant cela via le médium qu’est la photographie, je joue avec la réalité, si bien que le trucage devient réel et le vrai semble artificiel.En cherchant des compositions particulières, je m’emploie à documenter avec un regard réinventé et interroge la fonction même du médium photographique, représentation parcellaire d’un vrai rendu subjectif par l’affect de qui l’immortalise. C’est nourri de ces mêmes questionnements que j’ai réalisé un ensemble dédié aux animaux. La série Ivre hiver appartient à ce corpus.À travers une esthétique réaliste, à la lisière de la mise en scène, Ivre hiver, tel un voyage funeste, nous plonge dans une nature mortifère au calme étrangement apaisant.Au final, il reste la trace, l’empreinte, manifestation d’un passage, dernier marqueur qui souligne désormais le vide habité.

Né en 1976, à Fontenay aux Roses.Vit et travaille à Grenoble.

Comment faire tenir une roulette, 2015

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AXEL BRUN

Comment travailler dans un lieu et surtout avec ce lieu ? Je réponds à cette question en créant des espaces qui se mettent en équilibre avec l’architecture qui les entourent. C’est-à-dire par la recherche des points de tension dans les détails architecturaux du lieu, ce qui permet de redéfinir un parcours, mais aussi une manière d’appréhender l’espace qui nous entoure en y déambulant. Mon point de départ dans le choix des matières avec lesquelles j’interviens se fait en complémentarité avec celles qui constituent l’architecture. Le contraste des matériaux est pour moi un point d’équilibre pictural, ce qui m’a amené à mettre en apparente opposition des objets usinés, qui pour la plupart, ont aussi un rôle d’outil et des éléments que je travaille artisanalement et qui relèvent parfois du bricolage.

Comment faire tenir une roulette est une sculpture qui se déploie dans l’espace en s’échappant de l’architecture, une esquisse, un dessin en volume. Liée à l’architecture dans laquelle elle s’installe, elle en devient une excroissance, contrainte par celle-ci et par les objets qui s’y trouvent. Une fois les moyens de maintien retirés, il subsiste ce croquis vrillé et courbé, retenu ou retenant un bloc de béton, comme si la structure venait à peine de chuter, créant ainsi de nouvelles formes. Sur ce bloc se trouve une roulette, indiquant à la fois un déplacement et un équilibre face à la forme statique de la sculpture et de la structure qui la porte.

Née en 1992 à Saint-Marcellin.Vit et travaille à Marseille.

œuvre exposée

Comment faire tenir une roulette, 2015Bois, béton, éléments usinésDimensions variables

Les Virtualisés, 2014

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VICTOR BRUSTET

Victor Brustet est un jeune artiste étudiant aux beaux-arts de Grenoble (ESAD-GV). Il y effectue actuellement sa quatrième année après avoir obtenu un DNAP (Diplôme National d’Arts Plastiques) avec les félicitations du jury.Que ce soit en marchant dans la rue ou en remplissant son dernier statut Facebook, chaque individu appartenant à notre société produit perpétuellement des données. Le fait que l’homme soit de plus en plus connecté chaque jour participe de l’évolution constante de ces masses d’archives. Il faudrait habiter dans une grotte pour oser se dire à l’abri. Ce regard s’est installé dans notre intimité. Ces quantités inimaginables de « data » forment des flux invisibles dont seules quelques entités profitent. Des infrastructures participant au « processus de virtualisation progressive » soulevé par Pierre Levy nous rappellent que malgré nous, nous appartenons déjà à une communauté virtuelle globale.Les données qu’il récupère sur internet sont à la base de chacun de ses travaux. Qu’elles aient été subtilisées sur les serveurs de Google, Snapchat ou de n’importe quelle autre grande firme de l’internet, elles sont analysées et retraduites dans des formes diverses allant de la performance à l’installation en passant par l’édition.Dans l’effort de mieux percevoir et comprendre ces nouveaux types de flux de données qui traversent notre monde il croise différentes sources allant de la philosophie de Debord au Meme internet. Questionnant par ce biais la relation que le pouvoir entretient vis-à-vis de ces données en réduisant jours après jours notre intimité et notre liberté à peau de chagrin. Nous ne sommes plus les clients mais les marchandises d’un souk digital.

Dans Les virtualisés il recherche dans le monde réel des individus qui ont été pris en photo malgré eux par la Google Car dans les rues de Grenoble. Il rentre en contact avec eux et entame un travail d’écriture fictionnelle à partir de leur image. Les nouvelles qui en résultent, s’inspirant de roman de Science-Fiction placent la Google Car comme une Méduse contemporaine qui au lieu de figer dans la pierre ses victimes les virtualise. Ces nouvelles sont déclamées par des conteurs anonymes au milieu de la foule de spectateurs du vernissage et relatées par une installation photographique arrangée au sol.

Né en 1991 à Montauban.Vit et travaille à Grenoble.

œuvre exposée

Les Virtualisés, 2014Installation et performance

Désaccords, 2014

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JEROME CAVALIERE ET STÉPHANE DÉPLAN

Les deux artistes partagent un goût pour la dilapidation des énergies et le joyeux gâchis des forces productives, conceptions qui vont à contre-courant des systèmes capitalistes, traduisant des dispositions éthiques à travers des formes. Leurs œuvres résultent d’une relation inextricable au monde et à l’art : suivant l’adage des modernes, fais de ta vie une œuvre !Ils le disent eux-mêmes : ils créent pour jouer. Si l’autodérision est bien présente dans chacune de leurs propositions, ces dernières n’en questionnent pas moins le milieu de l’art et sa parole policée, voire aseptisée. En témoignent les vidéos Désaccords, qui décontextualisent le jargon du milieu de l’art contemporain par le biais de sous-titres rajoutés sur des vidéos de baston récupérées sur Internet. Outre l’effet comique des bagarres soi-disant provoquées par des discordances rhétoriques, ces vidéos posent la question de leur statut, de leur existence sur Internet, de leur auteur et, enfin, de la véracité des images.

Extrait du texte de Céline Ghislery « Travail d’artiste », 2015

Jerome CAVALIERENé en 1979 à Draguignan.Vit et travaille à Marseille. Stéphane DÉPLANNé en 1983 à Échirolles.Vit et travaille à Bruxelles.

œuvres exposées

Désaccords, 2014Vidéo12min38

« (…) aux Beaux-Arts, tous les jeudi, de 6 à 8 (…) », 2015

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ÉTIENNE CHOSSON

Mon travail se forme principalement par l’utilisation ou la production de documents qu’ils soient photographiques, textuels ou vidéos dans le but de formaliser des problèmes publiques. Plus particulièrement, j’essaye d’établir des relations entre les formes que peuvent prendre l’expression politique par rapport à des formes artistiques. Ainsi, je m’intéresse au statut problématique des récits qui sont produits par des membres de minorités raciales ou sexuelles. Ces récits qui ne sont, par nature, pas perçus comme vraisemblables et crédibles constituent de fait des tiers-récits au milieu des autres récits existants.

Le projet que je présente pour l’Exposition de Noël du MAGASIN est produit à partir du film F.H.A.R. réalisé à l’aide d’une des premières caméras vidéos par la cinéaste féministe Carole Roussoupoulos en 1971. Ce film montre une assemblée générale du Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire ayant eu lieu aux Beaux-Arts de Paris et constituant un des premiers espaces européens où les homosexuels d’origines populaires pouvaient s’exprimer librement.

La production du « reenactement » à une voix de cette réunion est une manière de la performer au sens anglais du verbe to perform c’est-à-dire l’exécuter comme on exécute une partition avec une seule petite marge d’interprétation. Pour moi ce geste est l’occasion de mettre en évidence le problème de notre rapport avec les multiples archives alternatives de l’Histoire tout comme celui de la prise de parole en collectif quand il s’agit de parler d’un domaine particulièrement intime comme la sexualité. De même, cette performance est aussi l’occasion de revenir sur quarante années de lutte des minorités sexuelles que ce soit les changements qui ont pu avoir lieu ou la relation entre la lutte des homosexuels et celle des femmes.

Né en 1987 à Paris.Vit et travaille à Ville-la-Grand.

œuvre exposée

« (…) aux Beaux-Arts, tous les jeudi, de 6 à 8 (…) », 2015Performance

Les assemblages #3, 2015

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JULIE DIGARD

Les espaces de peinture que je construis sont soumis à une rythmique spatiale - dessous, dessus et ce qui se trouve à côté - en assumant leur dimension de collage ou d’assemblage. Petits ou plus imposants, ces espaces s’emploient à faire se rencontrer des zones colorées, des motifs, des formes, et des matériaux - supports ou médiums.Ces peintures traduisent des confrontations, parfois même des cohabitations venant habiter le mur, dans une intime proximité ou une timide tentative d’échappement. Elles donnent à voir leur propre construction, comme une référence assumée à l’espace de l’atelier et au travail qui y est mené.Le travail pictural évolue naturellement par série. Chacune d’elle est issue d’un questionnement sur la possible construction d’espaces de peinture. L’acte peinture se veut être un jeu pictural où l’on cherche à questionner ce qui le constitue lui-même. L’idée même de la série renforce cette vision personnelle. Chacune d’elle est une nouvelle étape questionnant ce que peut être une pratique picturale contemporaine.La série Les assemblages qui comporte pour l’instant quatre pièces, compte trois propositions d’espace de peinture s’accrochant au mur et une proposition à destination du sol. Le point de départ de cette série fut la volonté d’une peinture ouverte. Chaque proposition oscille entre cinq à sept éléments de nature variés, dont la construction et le rapprochement se fait par la présence de vide et de plein, de respiration et d’étouffement, de silence et de bruit, d’envolée puis de retombée.

Née en 1983 à Lyon.Vit et travaille à Lyon.

œuvre exposée

Les assemblages #3, 2015Acrylique, toile, peinture glycéro, bois flotté, fil, clou, châssis, tissu, croûte de peinture222 x 105 cm

Fourmilière 3D, 2015 Fourmis des bois, 2015

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ANTOINE FÉLIX

Arroser les plantes artificielles dans les rues de Séoul, côtoyer les corbeaux sur les toits d’Osaka, flâner au sommet des fourmilières érigées dans les Alpes françaises, mes dérives intérieures et géographiques révèlent et explorent l’épaisseur du paysage. Au rythme des interventions, installations et vidéos, je construis un langage processionnaire, teinté d’ironie et d’expérimentations, défilant sur le fond vert d’incrustation, mouvance de l’horizon. Dans mes projets, scénarios du réel et hypothèses du futur se conjuguent au rationalisme de l’architecture et de l’urbanisme. Fourmis des bois J’ai construit une maquette de jardin à la française en plantant des aiguilles de sapins dans une surface en mousse. Je l’ai ensuite installée devant une fourmilière. Fourmilière 3D Structures utilisées pour éviter l’érosion des littoraux, des tétrapodes, modélisés puis imprimés avec une imprimante 3D, sont déposés à la périphérie d’une fourmilière.

Né en 1987 à Bourg de Péage.Vit et travaille à Lyon.

œuvres exposées

Fourmis des bois, 2015 Vidéo, 3min50

Fourmilière 3D, 2015Vidéo, 3min15

L’état stable, 2014/2015Tourner autour, 2014/2015

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MATHILDE GINTZ

Je parle du mouvement du sol. Le centre de La Pangée — cet endroit situé à la Baume-Cornillane, un village près de Valence. Il aurait été le lieu où les continents se sont fissurés, séparés après avoir été ensemble, l’unique terre. Je parle du parcours de la course sur ce sol, et de comment, d’un mouvement continu, cette distance traversée va et vient, entre récit et réalité. Les parts de réel et de fiction, alors ambigües, s’entremêlent. J’aime cet entrelacs. Je ne veux pas défaire les nœuds engendrés par le récit. Je souligne les déplacements et trajets issus des allers-retours entre fiction et réalité.Tout est question d’immersion et de perception — comment on entre et comprend cet endroit. Je raconte mon expérience du lieu à travers des dispositifs qui montrent ces images. Car c’est aussi à force d’en faire le récit, de le raconter, que l’histoire finit par devenir réelle. Ces images sont comme le lieu, toujours en mouvement, en devenir.

« En archéologie, on emploie le terme “inventer” pour désigner l’acte par lequel les vestiges viennent au jour1. »

1 Bailly Jean-Christophe, « Document, indice, énigme, mémoire », in L’image document, entre réalité et fiction, éditions Le Bal, Paris

Née en 1992 à Verneuil-sur-Avre.Vit et travaille à Valence.

œuvres exposées

L’état stable, 2014/2015Photographies et constructions30 x 20 x 27 cm

Tourner autour, 2014/2015Photographies et constructions40 x 40 x 30 cm

Sans titre, 2014

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BLANDINE HERRMANN

« C’est dans une maison qu’on est seul. Et pas au dehors d’elle mais au-dedans d’elle. »Marguerite Duras, Écrire

Mais pourquoi se donnerait t-on la peine de les conserver ? Tous ces lieux si souvent habités. Dans une extrême lenteur, les images de la mémoire s’effacent. Les unes après les autres. Et la peinture les rattrape, les recouvre, les écoule. Comme d’habitude nous arriverons une fois la fête terminée. Mon travail de peinture repose sur la mémoire, en lien avec les images d’archives.J’interroge ce rapport à la disparition à travers certains aspects de la peinture. Celles du repentir, du souvenir. Nous pourrons nous retourner et voir les fantômes qui nous regardent.

Née en 1991 à Saint Etienne.Vit et travaille à Marseille.

œuvres exposées

Sans titre, 2014Huile sur toile165 x 115 cm

Sans titre, 2014Huile sur toile160 x 110 cm

Sans titre, 2015Huile sur toile200 x 150 cm

Speed of light, 2015

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CLÉMENCE JOLY

Mon travail s’articule autour d’images, d’objets, choisis pour des raisons principalement esthétiques ou formelles. Chacun d’entre eux est par la suite enlevé de son contexte ainsi que de sa fonction initiale. Il se laisse alors appréhender par sa forme et se déplace vers un autre champ plus personnel : celui de la lumière, de la couleur, des trames, des textures.

Les pièces posent de façon générale la question de leur légitimité à être là : par la texture donnée à une image, la complexité annexée à une forme. S’impose alors l’idée d’une temporalité nouvelle, d’un instant contemplatif devant l’œuvre.

Les images, les sons, les objets sont organisés dans les installations où ils se créent des chemins de lumières. Ceux crées par des projecteurs mais aussi par la lumière des néons éclairant les images ou la lumière naturelle. La notion de transformation par la lumière est très importante dans mon travail. L’idée que la lumière agit comme un filtre pouvant tour à tour révéler, matérialiser ou absorber la matière. Un filtre qui joue quotidiennement avec notre perception.

Née en 1993 à Rilleux-la-Pape.Vit et travaille à Nice.

œuvre exposée

Speed of light, 2015Vidéo4 min

Now, it’s the moment where the story can start again., 2015We see something else., 2015

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JOSÉPHINE KAEPPELIN

Joséphine Kaeppelin déploie un travail artistique initialement basé sur l’usage de « machines » (imprimante, photocopieur, logiciel de traitement de texte). Les appareils sont à la fois des moyens de production et une matière à réflexion. Elle interroge la prédominance de la machine, donc des systèmes dans le monde d’aujourd’hui. Utilisant des formats prédéfinis, standards, des paramètres par défaut, elle expérimente la réappropriation par l’utilisation. Employer une machine à contre-emploi, ou dévier la finalité d’un programme peuvent être assimilés à des actes de résistance – un moyen de créer un temps et un espace de liberté et de réflexivité. Ses travaux récents considèrent un système à plus grande échelle : la société. Elle collabore non plus uniquement avec son imprimante de bureau et le logiciel Microsoft Word, mais avec des entreprises, des artisans, des professionnels de secteurs différents pour comprendre d’autres systèmes d’activités. Son travail convoque des sujets tels que l’automatisation, la valeur intime du travail, la quête humaine de sens, les différents systèmes de langage, de symbole ou de communication (geste, texte, signe, son). Elle écoute, observe, collecte des éléments ou isole un geste pour recentrer l’attention sur la présence humaine au sein d’un environnement quotidien orchestré de plus en plus par des programmes. Elle interroge la conscience dans l’action et le « faire », l’indépendance de choix et la singularité d’une personne au sein d’un système. Comment agit-on sur lui ? Comment agit-il sur nous ?

Née en 1985, à Lyon.Vit et travaille à Bruxelles.

œuvres exposées

Il faut qu’il se passe quelque chose. Something must happen., 2015Now, it’s the moment where the story can start again., 2015An image will arise., 2015We see something else., 2015Affiches, dimensions variables

Imminent Landscape, 2015Vidéo noir & blanc5min35

Nachtschmetterlinge, 2014Lapin, 2013

Rat, 2014

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KEIKO MACHIDA

Installée en France mais retournant régulièrement dans son Japon natal, Keiko Machida, comme beaucoup d’expatriés, vit entre deux mondes, nourrissant son présent de souvenirs et de nostalgies multiples qui la façonnent et peuplent son imaginaire. Le monde de l’enfance devient ainsi généreuse source d’inspiration ; mais c’est d’une enfance intériorisée et complexe qu’il s’agit, avec sa part d’ombre et de frayeurs, sa solitude, ses mirages et ses mystères. (…)Issue d’une pratique assidue et sensible de la peinture et du dessin, Keiko Machida s’est un jour tournée vers la céramique pour profiter des potentialités expressives du volume, tout en y exploitant la richesse picturale que permet le traitement des émaux. C’est ainsi que dans ses petites sculptures de porcelaine émaillée, l’artiste combine des formes ductiles modelées du bout des doigts, avec des émaux translucides, fluides et brillants, qui évoquent l’aquarelle, tandis que des pigments mats et charbonneux rappellent le fusain.

Dans la série de céramiques qu’elle intitule fort à propos Micro-narratives, de petites figurines à corps d’enfant et tête d’oiseau, de renard ou de raton-laveur, s’agenouillent ou se recroquevillent sur elles-mêmes ; la tête trop grosse, trop lourde de rêves étranges, en équilibre instable, peut se poser au sol ou s’échanger ; la précarité de l’installation et la fragilité du matériau évoquent la vulnérabilité des personnages. (…) Avec la petite maison perdue au fond de la forêt, comme avec l’ensemble de petits personnages hybrides, l’artiste convoque ainsi tout un environnement de contes à la fois familiers et étrangement inquiétants.

Anne-Belle Lecoultre Brejnik, Fonds cantonal d’art contemporain Genève, 2013

Née en 1976 à Osaka. Vit et travaille à Evires et Genève.

œuvres exposées

Nachtschmetterlinge, 2014Porcelaine46 x 26 x 17 cm

Lapin, 2013Porcelaine12,5 x 7 x 11,5 cm

Rat, 2014Porcelaine13 x 13 x 22,5cm

Premier action performative n°05 du 07 mars 2015, 416 min, galerie du Théâtre de Privas, 2015

crédit photo : Nicolas Lelièvre

Premieraction performative n°01 du 08 mars 2011, 457min, espace du FRAC Alsace, Sélestat, 2011

crédit photo : Joséphine Kaeppelin

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MARIANNE MISPELAËRE

M’orientant autour des notions de traduction et de processus, j’aborde un rapport au monde et au langage principalement par le dessin et l’expérimentation. Je produis des gestes concis, simples et précis, inspirésd’observations concrètes de phénomènes actuels et sociétaux. Un acte, même minime, a des conséquences, provoquant d’autres actes, d’autres conséquences. Comment s’intégrer, se confronter, coexister, coopérer dans un environnement plus vaste, dans ce monde, avec l’autre ? Comment enregistrer ce qui se passe autour de nous lorsque certaines choses ne sont ni visibles, ni palpables, ni strictement définissables mais tacites et silencieuses ; comment écrire avec justesse, sans omettre, sans oublier, sans mentir ; comment imaginer pour comprendre. Je tourne en rond en me demandant si quelque chose d’autre est possible. Expliquer le réel n’a pas forcement de réalité. Des contrastes se heurtent : lire ou participer / setaire ou parler / écrire ou se perdre / rester, partir.Mon travail est relativement discret et long, il trouve son achèvement dans un processus de continuité (l’avenir est long). Concevoir les choses consiste à les faire et les défaire ; dans le sens de « refaire à partir de ». D’une contrainte, le geste apprend à devenir une intuition. Les expériences ne valent d’être menées que pour être comparées ; contre l’affirmation et la définition.

Née en 1988 à Bourgoin-Jallieu.Vit et travaille à Paris.

œuvre exposée

Premier, 2011 - 2015Dessin, action performative de dessin, encre de chineDimensions variables

Elle s’employe, 2014/2015Abouchement, 2013/2015

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ALINE MORVAN

Aline Morvan fait des ponts entre des propositions contextuelles liées à l’espace publique et une recherche et production plus longue en atelier. Elle installe sa pratique à la charnière entre Beaux-arts et artisanat, œuvre d’art et produit, décoration et objet, attisant délibérément la tension entre savoir faire, valeur artistique du matériau choisi et objet figuré. De la conception, à la perception puis l’interprétation, aucune surface n’est trop lisse pour empêcher l’imagination d’y construire ses propres représentations.

Née en 1982 à Courbevoie.Vit à Gaillard et travaille entre la France et la Suisse.

œuvres exposées

Elle s’employe, 2014/2015Toile à canevas, coton blanc et support métallique150 x 300 x 150 cm

Abouchement, 2013/2015Boîtes en carton chromolux et faïence blancheDimensions variables

Levée de dormance, 2015 Crédit photo : Sandrine Binoux

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SÉGOLÈNE MOTELEY

Si vous ne connaissez pas encore la légende du petit enfant Horus1, vous pouvez la déceler au fond de vous. Parti de la ville où les oiseaux et les arbres ne chantaient plus, il est retourné à la Source pour explorer, réapprendre, se révéler. Tout comme les trois personnages du film Stalker2 qu’un passeur du même nom conduit dans La Zone. À l’affût tout au long du chemin, prenant garde au moindre signe pour atteindre une chambre secrète, ils ont nourrit un espoir en chacun d’eux et aussi en Stalker, en Horus, en nous.Même si Horus et Stalker sont deux inspirations qui ont nourri ce projet, vous ne les trouverez pas ici. Ce jardin en dormance se laisse entrevoir autant par ce qu’il est que ce qu’il pourrait être.À la manière d’un jardin métaphorique qui « s’inscrit dans un autre temps, sans passé ni futur, sans commencement ni fin »3, les éléments constituant cette pièce laissent une part d’ouverture dans la suite possible du processus. Plongez dans les variations de lumière, glissez dans les interstices, naviguez entre les éléments, dévoilez les images en jachère et laissez-vous guider au fil de cette libre-circulation.Levée de dormance4 fait partie d’un projet global intitulé Paysage mésologique, environnement minéral en attente. De quoi ? De l’esprit d’un explorateur, d’un regardeur actif et sensible, se mouvant dans ce nouveau monde qu’il doit reconstruire et pourquoi pas guérir.

Si ces références éveillent en vous de la curiosité : 1 Légende du Pilat égyptien2 Andreï Tarkovski, Stalker, 19793 Teodor Ceric, Jardin en temps de guerre, Actes Sud, 2014, p.344 En biologie, la levée de dormance se rapporte à l’instant où les conditions de développement sont favorables à la mise en germination d’une graine.

Née en 1988 à Lyon.Vit et travaille à Lyon et Saint-Etienne.

œuvre exposée

Levée de dormance, 2015Aluminium brut/anodisé/poncé/gravé, céramique, plexiglass, tirages jet d’encre et laser, sérigraphie, offset, peinture alkydeDimensions variables

Sans titre (susceptibilité), 2014

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Akim Pasquet travaille un interstice, un fragile écart liant deux choses, (objets, sujets ou lieux). Deux choses distinctes en train de se rapprocher pour abolir une distance qui persiste toujours. Comme si malgré leur séparation spatiale, deux éléments seraient collés, joints, dans l’espace par et dans une tension. Une tension, qui annihilerait l’espace, qui bâtirait un pont d’une nature énigmatique, sensible, intense, peut être magique, où des choses pourraient transiter. Il est question d’espace et de charge. La charge d’un espace vide, ou plutôt la charge d’un invisible. Nous sommes toujours en face d’une apparition probable, possible, une présence qui est à la limite de sa manifestation. L’espace est potentiellement habité ou tendu, une forme ou une épiphanie semble incessamment poindre.L’artiste semble chercher une faille dans le réel, ou dans l’espace, il cherche à ouvrir une brèche dans un espace qui ne suffit pas : allumer un feu avec rien, rencontrer une cafetière, capter un monde de forces cachées. Comme une attente de manifestation magique ; vain par nécessité, mais le doute semble permis.

« L’étiologie... nous apprend que, d’après la loi de cause et d’effet, tel état de la matière en produit tel autre, et, après cette explication, sa tâche est terminée. Ainsi elle se borne à nous démontrer l’ordre régulier suivant lequel les phénomènes se produisent dans le temps et dans l’espace, et, à le démontrer pour tous les cas possibles... Mais sur l’essence intime de n’importe lequel de ces phénomènes, il nous est impossible de formuler la moindre conclusion ; on la nomme force naturelle, et on la relègue en dehors du domaine des explications étiologiques... la force même qui se manifeste, la nature intime de ces phénomènes constant et réguliers, est pour elle [la science] un secret qui ne lui appartient pas, pas plus dans le cas le plus simple que dans le cas le plus compliqué, car... la force qui fait tomber une pierre, ou qui pousse un corps contre un autre, n’est pas moins inconnue et mystérieuse pour nous, dans son essence, que celle qui produit les mouvements et la croissance de l’animal. »

Clément Rosset, Schopenhauer, philosophe de l’absurde, Paris, PUF, 2013 (1967), p.8-9

AKIM PASQUET

Né en 1986, à Saint Priest en Jarez. Vit et travaille à Saint-Étienne.

œuvre exposée

Sans titre (susceptibilité), 2014Installation, aimants et bâche plastiqueDimensions variables

Installation Sans Titre (2014) crédit photo : Virginie Piotrowski, vue de l’expo « l’atelier » au Grand Angle, Voiron, 2014.

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VIRGINIE PIOTROWSKI

À travers ma production je montre des espaces où convergent dans une même temporalité l’apparition, le devenir, la disparition et la trace d’activités humaines suspendues le temps d’une perception. Ces espaces en mutation, souvent des ateliers et des chantiers, se font l’image du regard lui-même, toujours instable et fragile. Les images et objets réalisés au départ indépendamment les uns des autres sont toujours mis en espace, dans le cadre d’expositions, dans des formes installatives modulaires ou se jouent des résonances sémantiques et formelles.L’installation présentée ici met en regard deux dessins. Le premier représente l’atelier (inexploité) qui jouxte l’espace d’exposition de l’ancien musée de Grenoble et ou les différents gardiens qui s’y succèdent rangent et stockent les objets et matériaux laisses sur place, après la fermeture du musée.Le second atelier est celui d’un menuisier. On y perçoit l’aspect logistique (tuyauteries, lampes, outils…) alors que les réalisations achevées de l’artisan, recouvertes de couvertures de feutre pour être protégées, échappent au regard.Les choses sont réalisées à partir des chutes de lambourdes utilisées pour la réalisation des cadres des deux dessins. Les tiges sont entourées de drisses ou peintes au marqueur, des outils de balisage de chantiers déplacés dans leur fonction de marqueurs. Objet sculptural minimal, les choses sont utilisées, dans l’exposition, comme objets de ponctuation qui rythment la syntaxe de l’installation.

Née à Lens en 1979.Vit à Allevard (38) et travaille ailleurs.

œuvre exposée

Installation Sans Titre (2014)composée de :L’atelier de l’ancien musée, 2013, crayon sur papier, 120 x 80cmL’atelier de menuiserie, 2014, crayon sur papier, 120 x 80cmLes choses, 2014, bois et drisse de balisage, dimension variable

Fall, 2015

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BÉNÉDICTE THORAVAL

Ma démarche est liée à la nature et au statut des images. En effet, je souhaite remettre en question leur authenticité et proposer une alternative hallucinée entre enchantement et désenchantement. Influencée par la caricature, la bande dessinée, les films orientaux, l’instant fécond de Lessing et la théâtralité chez Fahlström, j’associe ou superpose peintures, dessins, vidéos, objets, sous la forme d’installations : des récits éclatés faits de bonds et de rebonds. L’élément déclencheur des récits peut être une ou des images imprimées, des photographies, des extraits de films qui par différentes opérations plastiques sont « renaturés ».

Je pense aussi le dessin comme une forme libre dont la matérialité et l’échelle peuvent se décliner. Quand je dessine, je me laisse porter par une rêverie puis décide de faire un arrêt sur image, tente d’en dégager le souffle, la lumière, les surfaces, les couleurs. Je dessine ainsi par « nappes », différents temps d’intervention et d’observation. Mes récentes séries confrontent par touche des recherches formelles sur le motif, la synthèse des couleurs et le récit intime et imaginaire et tentent de cristalliser un mouvement entre figure et abstraction.

Née en 1985, à Brest.Vit et travaille à Toulon.

œuvres exposées

Spring, 2015Dessins3 de 36 x 27 cm chacun, 1 de 20 x 24 cm

Fall, 2015Dessins3 de 36 x 27 cm chacun

Sans titre (DéDé), 2015

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CHARLIE VEROT

Des femmes et des hommes d’affaires se le disputaient ; partout on entendait : « j’aiiime Lapin Tur ; j’adooore Lapin Tur » ; ça dura quelques années1. Définir la reprise comme expérience du sujet et comme relation entre deux événements suggère assez fortement combien, seule, une pragmatique de la reprise est susceptible de cerner les différentes opérations qui lui permettent de se constituer. Une pragmatique qui viendrait à son tour compléter cette définition par un retour littéral au terme : reprise = re-prise, ce qui suggère que pour reprendre, il faut d’abord pouvoir prendre (et aussi, sans doute, se déprendre). Cette nécessité préalable d’une prise, au sens où l’on emploie ce terme matériellement et physiquement dans un sport tel que la varappe, générant son lot de questions aussi élémentaires que fondamentales : Que prend-on ? Comment le prend-on ? Quels effets sont produits par cette prise 32 ? La création sur ordinateur permet d’atteindre un degré de flexibilité créative inaccessible dans les études sur papier3. Cette expérience, qui se situe à l’exact opposé de l’héroïsme rock, trace une nouvelle ligne dans la reprise, en réalisant le passage d’une exécution (standard) à une autre (médiocre), par le recours à l’incompétence technique de l’interprète qui, affirmée comme volonté et même comme condition, marque l’ironie du sujet. La reprise peut alors devenir méprise et ses effets reposer exclusivement sur des déformations, qui affirment une position de discours critique4. Un jour il en eut marre (c’était pourtant une soirée très intéressante comme on n’en fait plus souvent), il lança à l’assistance : « Lapin Tur vous dit merde », et il alla se pendre au salon5.

1 TORONI Niele, L’histoire de Lapin Tur, Allia, 20102 KIHM Christophe, Typologie de la reprise, Volume ! 7-1, 20103 MELVIN Jo, « Plaisir visuel et aliénation esthétique », Peter Halley : since 2000, Maruani & Noirhomme Gallery, 20144 KIHM Christophe, Typologie de la reprise, Volume ! 7-1, 20105 TORONI Niele, L’histoire de Lapin Tur, Allia, 2010

Né en 1989, à Mâcon.Vit et travaille à Lyon.

œuvre exposée

Sans titre (DéDé), 2015Installation, panneaux de bois en réserve, acrylique extra mat, visDimensions variablesComic strip collé sur le mur16 x 4,5 cm

Manières de faire, 2014

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MARION WINTREBERT

Il s’agit pour moi de questionner nos gestes et comportements (dans la vie quotidienne, face aux autres, à l’espace, etc...), en mettant en place des dispositifs simples, des outils qui me permettent de me jouer des codes qui régissent notre relation au monde.

Ces recherches me conduisent également à interroger les notions d’activité, de temps et d’intensité, desquelles découlent celles de production et d’efficacité, et à considérer l’activité artistique comme un tout, un tout où tout se croise, où tout n’est plus qu’un : un outil pour provoquer des situations, être là et être actif, soigner son rapport à l’autre.Activité incarnée, composée de différentes temporalités ou intensités, de moments d’occupation tendue, d’attente, de sollicitation intense et épuisante des corps, de pause, de relations humaines.

Le rapport physique entretenu avec ma production est une façon de mettre le corps à l’épreuve, de le sonder dans sa manière d’être et d’agir, et tendre à une distance juste qui le relierait aux choses.

Contraintes, protocoles à suivre, systèmes poétiques ou absurdes, comme prescripteurs de nouveaux comportements à inscrire dans une réalité quotidienne, comme machines à produire des modes d’être et d’agir, comme moyens autant qu’obstacles.Inventer ses outils, s’imposer des contraintes, c’est aussi inventer de nouvelles manières d’habiter le temps et le monde, renforcer l’ordre dans un quotidien.

Manières de faire est un inventaire non-exhaustif d’attitudes, de positions de maintien, de postures sociales qui nous soutiennent, soutiennent notre pensée, notre rapport à l’autre.Gants mappa ou secondes peaux, ils aident à « posturer ».Cette série fait également référence aux 62 manières d’appuyer la tête sur le coude de G. C. Lichtenberg.

Née en 1989, à Thonon-les-Bains.Vit et travaille à Lyon.

œuvre exposée

Manières de faire, 2014Moulages latex350 x 47 cm

L’Exposition de Noël est organisée par le MAGASIN – Centre National d’Art Contemporain de Grenoble, en partenariat avec la Ville de Grenoble, le Conseil Régional Rhône-Alpes et

avec le soutien du Département de l’Isère.

Centre National d’Art ContemporainSite Bouchayer-Viallet8 esplanade Andry-Farcy38000 Grenoble04 76 21 95 84info@magasin-cnac.orgwww.expositiondenoel.com

Lieu d’exposition

Ancien Musée de PeinturePlace de Verdun38000 GrenobleDu mercredi au dimanche de 14h à 19h(fermeture exceptionnelle les 24, 25 décembre et 1er janvier)Entrée libre