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I – SFIO, 24 janvier 1966, 15,5 x 11,3 cm, affiches lacérées marouflées sur toile DOSSIER DE PRESSE s’affiche à Angers EXPOSITION Au Grand Théâtre Du vendredi 24 avril au dimanche 28 juin 2009

EXPOSITION - pierresvives.herault.frpierresvives.herault.fr/sites/default/files/dp_expo_jacques_villeg... · Il magnifie, comme l’écrit Walter Benjamin, « l’oisiveté du flâneur,

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I – SFIO, 24 janvier 1966, 15,5 x 11,3 cm, affiches lacérées marouflées sur toile

DOSSIER DE PRESSE

s’affiche à Angers

EXPOSITION

Au Grand Théâtre

Du vendredi 24 avril au dimanche 28 juin 2009

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Les murs ont la parole – Monique Ramognino p.2 Présentation de l’artiste p.4 Un amoureux des lettres de la rue p.5 Jacques Villeglé, lui et nous p.7 Daum : Une œuvre en avant-première et en exclusivité mondiale p.8 Note biographique détaillée p.10 Les œuvres exposées p.17 Anthologie critique p.19 Photos disponibles pour la presse p.20 Informations pratiques et contacts p.21

SOMMAIRE

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La ville d’Angers est honorée et heureuse d’exposer au Grand Théâtre Jacques Villeglé, cet artiste dont les œuvres figurent dans les plus prestigieux musées du monde : le MoMA, Musée d’art moderne de New York, la Tate Gallery. Tout récemment, le Musée national d’Art moderne du Centre Georges Pompidou lui a consacré une retentissante exposition monographique. Angers est fière de recevoir cette figure majeure et originale de l’art de la deuxième moitié du XXème siècle. Cette somptueuse exposition, la ville d’Angers la doit à une suggestion et à la détermination de l’Association Présence de l’Art contemporain, Angers (PACA). Preuve tangible, s’il en était besoin, que des amoureux de l’art moderne peuvent rejoindre et soutenir l’ambition d’une ville. Les musées d’Angers ont apporté également un concours précieux. Que tous en soient remerciés, ainsi que Maïla Nepveu, directrice adjointe, et les équipes administrative et technique du Grand Théâtre. Dans le Paris de l’après-guerre, dans ce lieu d’émergences de toutes les avant-gardes, Jacques Villeglé se lie avec Raymond Hains ; il rejoint le groupe du Nouveau Réalisme avec Arman, Niki de Saint-Phalle et Yves Klein, que les Angevins eurent l’immense bonheur de découvrir au Musée des Beaux-Arts ; mais également avec Jean Tinguely, César, etc. Tous ces artistes dénoncent la société de consommation d’une manière subtile et forte. Ils s’en approprient les éléments pour en faire les ferments, les matériaux d’une nouvelle approche artistique. Jacques Villeglé flâne dans la ville, observe, et, marcheur infatigable, puise sur les murs citadins la matière de sa création. Il magnifie, comme l’écrit Walter Benjamin, « l’oisiveté du flâneur, observation acharnée de la vie urbaine ». Archéologue contemporain, Jacques Villeglé récolte la semence de son art, des lambeaux d’affiches, des strates d’une matérialité évanescente et décomposée, la peau éphémère des murs de la ville, égratignée, écorchée, abandonnée, et qui sera comme l’humus de son œuvre. Il rejoint ainsi la cohorte anonyme des décolleurs d’affiches. Lequel d’entre nous n’a jamais été tenté au moins une fois dans sa vie, par ce morceau d’affiche décollé, de céder à une pulsion subite, irrépressible et de tirer un peu plus ce petit lambeau qui s’offre au déchirement ? La différence entre Jacques Villeglé et n’importe lequel d’entre nous, c’est que lui magnifie le matériau dégagé, l’organise, le juxtapose, et en fait une œuvre d’art. Il invente aussi, à partir de tags, de graphismes et autres graffitis, un nouveau langage plastique, « l’Alphabet socio-politique » comme il l’appelle, qui fait jeu égal avec les affiches lacérées. Engendrant des turbulences, une incohérence d’apparence, mais d’apparence seulement, une dénonciation d’un monde en désordre, les « alphabets socio-politiques » nous obligent à repenser le statut du signe, à relire l’histoire politique ou urbaine. Cette exposition permettra de découvrir certaines œuvres « récoltées » en Anjou ou dans la Région : Angers, Matheflon, Montigné, Clisson, Nantes, Rennes, Saint-Malo, des années cinquante jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix.

LES MURS ONT LA PAROLE

3 II - On s’connaît à Lille, 22 février 1991, 130 x 89 cm, Affiches lacérées marouflées sur toile

Seront offertes à notre admiration des œuvres en deux dimensions ou en volumes récemment créées ; une sculpture de Jacques Villeglé, réalisée par la Cristallerie Daum, épreuve d’atelier unique est présentée en avant-première et en exclusivité mondiale. Un film original et inédit du créateur du site officiel internet de Villeglé, Thibault Alexandre sera projeté durant toute la durée de l’exposition. Ce jeune auteur suit l’artiste depuis plus de dix ans. On découvrira dans ce film des images tournées à Nantes en 1999, à l’occasion d’une promenade avec l’artiste, qui revient dans la ville où il a fait ses études, des images de l’entretien du 12 janvier 2009 où l’artiste reçoit, dans son atelier de la rue au Maire, par un jour de grand froid, quelques angevins venus le rencontrer et préparer l’exposition. Ce film, réalisé spécialement pour cette exposition nous permet d’entrer encore davantage dans l’œuvre de Villeglé. … « Sous le tableau, d’autres tableaux » disait Picasso. Sous l’affiche déchirée, d’autres affiches, d’autres morceaux de la mémoire, avec ses brisures, sa fragilité et sa pérennité. Interrogeons-nous : Jacques Villeglé lacère ses affiches, mais ne lacère-t-il pas également notre inconscient et notre manière de voir, pour, insidieusement, nous conduire vers un autre langage plastique et une nouvelle perception du monde ? Il y a chez lui la critique et l’abandon d’un monde matérialiste et consommateur dans lequel, par la transfiguration d’images offertes au passant, images réelles ou imaginaires, crues ou fantasmatiques, s’invente un nouvel art où l’humour est constamment présent. Souhaitons au spectateur angevin de mieux connaître la richesse de cette « comédie urbaine », où les murs ont la parole et où Jacques Villeglé, tel un Balzac moderne, nous permet d’être sinon des acteurs, les témoins privilégiés de notre temps. Monique Ramognino Adjointe au Maire Déléguée à la culture et au patrimoine

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III – Yes, acier corten

Jacques Villeglé, qui est l’un des plus grands artistes français vivants, est le témoin de son époque. Avec Yves Klein, Arman, Jean Tinguely, François Dufrêne, Raymond Hains, Martial Raysse et Daniel Spoerri, il est membre fondateur en 1960 du Nouveau Réalisme. César, Niki de Saint Phalle et Christo vont rejoindre ce groupe qui est contemporain au Pop Art américain et qui revendique une logique de dénonciation de la société de consommation, utilise des objets de la vie quotidienne pour en faire des symboles et des reliques du consumérisme, questionne la relation établie entre l’objet et le sujet de l’œuvre d’art, relativise le rapport au réel et promeut l’utilisation du déchet dans la réalisation artistique. Jacques Villeglé est actuellement un des rares artistes français qui soit représenté dans les collections mondiales les plus réputées comme celles du MoMA, Musée d’art moderne de New York, et de la Tate Gallery de Londres. 2008 est en France l’année de sa consécration puisque le Musée national d’Art moderne du Centre Georges Pompidou lui consacre exposition rétrospective saluée unanimement.Surtout connu pour ses « affiches lacérées », Jacques Villeglé a également développé un autre langage plastique en travaillant sur des « alphabets socio-politiques ».

Avec ses affiches lacérées, Jacques Villeglé met l’artiste au centre de la ville. Face aux murs, il « récolte » les produits de la société qui l’entoure, dénonce cette société de l’image et du fantasme, de la sérialité, du désir, de la production de masse imposée. S’il peut se préoccuper de la signification des éléments textuels ou photographiques « récoltés », il sera aussi attaché à la plastique et à l’organisation de ces éléments.

Avec les alphabets « socio-politiques », Jacques Villeglé est toujours dans l’univers de la société urbaine, il va construire son propre alphabet à partir de tags, graphismes et autres graffitis repérés dans la rue ou le métro. Comme pour les affiches lacérées, il se les approprie et les « présente différemment ».

PRESENTATION DE L’ARTISTE

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« J’ai du goût pour la flâne, et j’aime, par les rues, Les réclames des murs fardés de couleurs crues […] » Germain Nouveau (1851-1920) Avec l’essor du commerce et de l’industrie, l’affiche, la réclame, la publicité se sont répandues sur les murs des villes, sur des emplacements qui leur étaient octroyés ou au contraire sur d’autres qui leur étaient interdits par la loi du 29 juillet 1881. Les lettres jusque-là réservées à l’espace intime, domestique, à la maison (le livre, la lettre, le cahier…), ont proliféré dans l’espace public et urbain. Les artistes ne sont pas demeurés insensibles à cette présence plaisante, réjouissante, surprenante, massive, ou envahissante, c’est selon, à ces messages typographiques et imagés, jouant, selon les modes, différemment des formes et des couleurs. Dans les années 1950, avec les artistes français Jacques Mahé de La Villeglé, Raymond Hains et François Dufrêne, puis l’Italien Mimmo Rotella, c’est une nouvelle génération qui s’est montrée curieuse et enthousiaste envers cette évidence colorée, cette nouvelle mythologie sociale, et a su nous rendre « attentif à cette peau des murs des grandes villes », comme l’a désignée le critique Pierre Restany. Dans les années 1940, en province plus qu’ailleurs, des jeunes qui souhaitaient apprendre une pratique artistique, devaient suivre les cours de professeurs qui avaient été formés durant l’entre-deux-guerres par d’autres professeurs, eux-mêmes formés au cours du siècle précédent, donc loin de la peinture abstraite, laquelle était omise. De telle sorte que, après de nombreuses années, les étudiants qui terminaient leurs études dans une école des Beaux-Arts, ignoraient l’art contemporain, le cubisme, Dada, le surréalisme, le Retour à l’ordre, le futurisme, et autres ismes. Sortant de l’école des Beaux-Arts de Rennes, le jeune Jacques Villeglé était dans ce cas, et s’il reconnaît y avoir toutefois appris à dessiner, il a surtout compris, en en sortant, qu’il lui fallait tout reprendre de zéro.

UN AMOUREUX DES LETTRES DE LA RUE

IV – Rue Joubert (Angers), septembre 1957, 42,5 x 62 cm, affiches lacérées marouflées sur toile

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En 1953, avec Raymond Hains, qu’il avait rencontré à Rennes en janvier 1945, il déforme optiquement les lettres d’un texte à travers des verres cannelés. Ainsi a débuté son jeu avec les lettres et les mots, s’inscrivant dans une problématique moderne amorcée par Stéphane Mallarmé, poursuivie par les cubistes et Guillaume Apollinaire, continuée par les lettristes dans les années 1950. Quatre années plus tard, avec Hains, Villeglé expose à la galerie Colette Allendy des affiches qu’ils avaient conjointement lacérées. Le carton d’invitation était ainsi libellé : Colette Allendy vous invite à franchir la palissade de l’exposition Loi du 29 juillet 1881 ou le lyrisme à la sauvette. L’année suivante, Villeglé publie un texte qui préfigure le Manifeste des nouveaux réalistes rédigé par Pierre Restany en avril 1962, au titre révélateur de ses ambitions : Des réalités collectives. Avec cet intitulé, il souhaitait remettre les pendules à l’heure et se démarquer de l’esthétique technique du collage, auquel leur travail avait été facilement associé par certains critiques. Et Villeglé de décréter : « La lacération implique le refus de toute échelle de valeur entre l’objet créé et le ready-made. » Très tôt, tout jeune, le long des plages de Saint-Malo, où il passait ses vacances, il ramassait des galets, des bouts de bois, des déchets échoués sur la plage, des ferrailles abandonnées dans le port. Déjà ce double souci qui demeurera une constante de son art, s’approprier quelque chose qui existe déjà, et le redonner à voir en valorisant sa dimension poétique. Il ne renoncera jamais à ce recyclage artistique. Si Villeglé a appris à l’école des Beaux-Arts de Rennes, il a aussi étudié l’architecture à Nantes avant de travailler auprès de Jean Prouvé à Nancy. C’est peut-être ce souci du bâti, du décor – les années 1960 sont encore celles de la reconstruction et les palissades en bois sont nombreuses dans les villes –, qui a favorisé son geste violent et poétique d’accaparation immédiate d’un élément de l’environnement urbain. Cet arrachage a de multiples avantages et de nombreuses résonances. Il offre la possibilité de s’approprier le travail des autres, celui du commanditaire d’une affiche, d’un graphiste, d’un imprimeur, d’un afficheur, et d’en faire son œuvre, qu’il signe de son nom. Il est redevable au discret et efficace labeur du colleur d’affiche. Il poursuit le geste du quidam qui anonymement, par distraction, amusement ou au contraire par agressivité, s’en était pris à une affiche, avait commencé à la déchirer, dévoilant ce qui se cachait derrière, et déclenchant un rapprochement inédit entre des messages distincts, inscrits sur deux affiches différentes, à deux moments éloignés l’un de l’autre, et qui n’avaient aucune raison de se rencontrer. Son geste intervient aussi dans le temps, ranimant un moment enfoui et oublié sous l’épaisseur et la densité des couches d’affiches collées les unes par-dessus les autres. Cette forme de création ne demandait que quelques minutes d’activité contrairement au travail plus long et fastidieux de la peinture. Mais surtout, ce décollage lui permettait de poursuivre le travail d’appropriation de Marcel Duchamp, non plus appropriation d’un objet manufacturé, mais appropriation d’un élément du décor urbain, qu’il propulsait dans le monde de l’art et qu’il disait « œuvre d’art ». Villeglé a arraché des affiches pour toutes ces raisons et bien d’autres, mais aussi pour la beauté des lettres, des mots et des couleurs. Il a joué des typographies, des corps et des graisses. Ses affiches lacérées rendent compte, font remonter à la mémoire des moments, des événements de la vie publique, rappellent des campagnes électorales agitées et colorées, des campagnes publicitaires pour tel ou tel produit ou telle ou telle marque, avec de beaux slogans et des sourires obligés, parfois tombés en désuétude, ou encore des affrontements sociaux.

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V – Lille, 27 janvier 1991, 114 x 146 cm, affiches lacérées marouflées sur toile

Ainsi le travail artistique de Villeglé a aussi un double aspect historique et sociologique, mémoire et trace, d’ailleurs, le plus souvent, ses lacérations sont situées dans le temps et l’espace, et leurs titres comportent une indication : une date, le nom d’une ville ou d’une rue. Boulevard Pasteur, mars 1955, Réservoir de Ménilmontant – Saint-Fargeau, 18 décembre 1958, Place Diderot « Plays Girls », 12 avril 1964, Gare Montparnasse rue du départ, 12 juillet 1968, et ainsi de suite. Jacques Villeglé a aussi arraché des affiches lacérées dans des villes de province, à Nantes mais aussi à Angers : Rue Joubert (Angers), septembre 1957 ; Place du Pélican, Angers 10 octobre 1958 ; Angers, septembre 1959 ; Angers, place du Pélican, 21 septembre 1959 (Genève, musée d’Art et d’Histoire). Lui qui a arraché les mots aux murs de la ville, a, à son tour, inventé ses propres lettres pour écrire des mots de tous les jours. Ainsi à partir de 1969, il a imaginé et conçu un « alphabet socio-politique », en hommage à Serge Tchakhotine, auteur d’un essai intitulé Le Viol des foules par la propagande (1939). Il imagine « des voyelles vibrantes et des consonnes féroces ». Ainsi propose-t-il avec beaucoup de générosité un alphabet qui sourit des signes que les hommes élaborent pour diviser, distinguer, opposer. Dans un grand syncrétisme, il a la douce utopie de penser que l’humour et la poésie de cet alphabet permettent de résister et pourquoi pas de changer la vie ou tout du moins de changer la manière de la regarder, c’est déjà un début. La majorité des artistes et critiques qui constituèrent le mouvement des Nouveaux Réalistes étaient originaires du sud de la France, des bords de la Méditerranée, de la Côte d’Azur ou de Provence, de Nice souvent ; lui était né à Quimper, il a habité pendant son enfance à Vannes, il a étudié à Rennes puis à Nantes, a passé ses vacances à Saint-Malo, il rendait visite à des parents habitant Angers, et, même Parisien, il demeure attaché à sa région d’origine, remarquant, non sans humour et justesse, que « la Bretagne est non seulement un pays riche en souvenirs mais d’un climat qui, lorsqu’on y est né, est très agréable ».

Patrick Le Nouëne, Directeur des Musées d’Angers

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Exposer Jacques Villeglé, c’est exposer en même temps l’histoire de l’art et le travail d’un artiste qui nous est contemporain. Face à son œuvre, l’immersion dans la deuxième moitié du XXe siècle est totale. C’est l’esthétique des années cinquante, jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix, qui vient rencontrer notre mémoire visuelle, affective et culturelle. C’est le Pop Art qui nous rattrape, mais aussi tous les artistes du Nouveau Réalisme : Arman, François Dufrêne, Raymond Hains, Martial Raysse, Daniel Spoerri, Jean Tinguely, Yves Klein, Niki de Saint Phalle, César. C’est Pierre Restany qui réapparaît, avec ses interrogations sur le rapport entre le monde de l’art et celui de la production d’objets. C’est aussi le principe d’appropriation qui est mis en exergue, une manière de rendre hommage à Alfred Jarry et à l’extrême avant-gardisme de son œuvre, après que celui-ci eût « ravi » un texte déjà existant, qui deviendra Ubu roi.

Exposer les oeuvres de Jacques Villeglé, c’est exposer le rapport à l’art qui peut exister chez un européen de la fin du deuxième millénaire, c’est exposer le produit d’une relation à la société, à l’économie, à la technique et à la philosophie de son époque. Avec Jacques Villeglé, l’œuvre d’art contient encore plus de produits de l'Homo faber, elle est encore davantage la conséquence de la matérialisation de la volonté humaine de créer, de faire, elle fait radicalement signe, elle signifie très fortement ce que son auteur produit, ce qu'il fait, et ce qu'il devient en la faisant. Jacques Villeglé a son propre mode d'appréhension global du monde nouveau dans lequel il a vécu, ce monde d’après guerre et des « Trente Glorieuses », il a sa propre expérience de l'existence, du point de vue à la fois de l'intelligence, de l'affectivité et de l'action. On pourrait dire, si l'on s'attache au sens général du terme, qu’il a sa propre Weltanschauung, c’est-à-dire sa propre conception du monde selon sa sensibilité particulière. Et c’est bien ce que nous retrouvons dans ses œuvres : elles contiennent de manière très démonstrative et explicite cette Weltanschauung. C’est sans doute cela qui nous permet d’identifier aussi facilement les œuvres de Jacques Villeglé et de les assimiler à notre univers familier. Nous sommes contemporains à sa vision du monde, nous entrons donc dans toute la contemporanéité de son œuvre.

Bien sûr dans l’œuvre de Jacques Villeglé il y a cette dénonciation de la tyrannie des signes, de l’esthétique de la société de consommation, il y a ce jeu linguistique issu du rapport ambigu que peuvent entretenir le sujet et l’objet, il y a l’appropriation du geste anonyme du passant citadin devenu homo urbanus modelé et formaté, il y a cette sérialité chromatique, technique et idéologique presque subie mais tellement ouvertement critiquée, il y a l’idée de l’abandon et de la fin de la peinture, il y a le témoignage apporté d’une humanité à la fois prolifique dans la contradiction et superbement conquérante, il y a la destruction de la mimesis au profit de la monstration et de la démonstration, il y a ce témoignage d’une conscience collective sur l’état culturel, politique et social de notre monde, il y a dans l’acte de « collecter » les affiches déchirées et lacérées cette explosion de liberté et cette opposition à un environnement visuel imposé.

Mais il y a aussi tout ce langage plastique si spécifique superbement servi par un sens inné du cadrage et de la composition formelle, il y a toutes ces richesses d’accords de couleurs, de reliefs, il y a cette adéquation parfaite entre le support, le matériau utilisé, le sujet et les agencements de formes et de teintes, il y la mise en évidence de ce caractère plan et mural qui est propre à l’essence même de la peinture et de son histoire, il y a toutes ces confi-gurations maîtrisées après des interventions au départ hasardeuses, il y a finalement toutes ces qualités plastiques qui font qu’une œuvre d’art possède, de facto, intrinsèquement, son statut. Il y a donc tout chez Jacques Villeglé. Il y a tout lui. Et, in fine, il y a tout nous. François-Xavier Alexandre, Président de PACA et commissaire de l’exposition

Exposer Jacques Villeglé, c’est exposer en même temps l’histoire de l’art et le travail

JACQUES VILLEGLE, LUI ET NOUS

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VI - Profil, 2009, 36 x 30 x 6 cm, pâte de cristal, émail or, Cristallerie Daum

« Profil » 2009

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La Cristallerie Daum présente en avant-première et en exclusivité mondiale une « épreuve d’atelier » créée en 2009 sur le profil de Jacques Villeglé. L’œuvre évènement sera présentée pour la première fois et durant toute la durée de l’exposition au Grand Théâtre d’Angers.

L’œuvre « Profil » mêle le jeu des couleurs, très présent dans les travaux d’affichiste de Villeglé, à son Alphabet socio-politique, pour réunir dans une œuvre toute la quintessence poétique de l’artiste au chapeau. Jacques Villeglé, comme un clin d’œil à son image, choisit d’interroger le spectateur sur les termes « star » et « arts » intégrés à l’œuvre. Jean-Baptiste Sibertin-Blanc, directeur de la création chez Daum, explique comment le projet avec Jacques Villeglé est né d’une réflexion sur une façon de réutiliser le cristal « rebuté » et refondu avec des mélanges de couleur originaux : « Les inclusions de différentes natures dans le cristal ou le rendu des couleurs non conforme aux souhaits initiaux, nous obligent à écarter 20 % des pièces qui sortent de nos fours. Or, cette matière déjà

colorée ne peut être réutilisée dans une nouvelle sculpture car chaque sculpture dispose d’un cahier des charges coloriel très précis. Dans le cadre de ce projet novateur, cette matière peut donc s’affranchir de ce cahier des charges et être refondue. Les possibilités d’expression sont alors importantes. […] Lors de ma rencontre avec Jacques Villeglé, nous avons aussitôt intégré les effets colorés aléatoires de ce cristal refondu dans un nouveau processus. Le projet a paru évident pour Jacques Villeglé : utiliser des éléments déjà travaillés et réexploitables pour produire une nouvelle œuvre, mais également s’exprimer avec ses codes et son alphabet socio-politique, tout en explorant des surfaces nouvelles et inédites dans le monde du cristal. » —————————————————————————————————————

• Dimensions : hauteur : 36 cm / largeur 30 cm / épaisseur : 6 cm

• Poids : environ 10 kg

• Technique : pâte de cristal / émail or à froid

• Date de création : 2009

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VII – Jacques Villeglé le 12 janvier 2009, dans son atelier parisien de la rue au Maire

Jacques Villeglé est né à Quimper (Finistère, France) le 27 mars 1926. À Vannes (Morbihan) où il demeure depuis 1934, il découvre, en juin 1943, l'Anthologie de la peinture de 1906 à nos jours (1927, éd. Montaigne, Paris) de Maurice Raynal. Jusqu'à la fin de la guerre ce volume sera sa principale information sur la peinture contemporaine. Parmi les œuvres reproduites, en blanc et noir, une œuvre de Miró le déroute principalement par l'indétermination d'une cotonneuse tache centrale, et par la désinvolture du graphisme des plus légers. Il travaille alors chez un architecte. À travers une monographie et une biographie de Le Corbusier, il prend conscience que l'urbanisme est également dans une évolution qu'il ignorait totalement. En février 1944, court séjour dans le Paris occupé, déçu par les tableaux qu'il peut voir aux vitrines des galeries. À son retour, il lit Guignol's band de L.-F. Céline, cette

lecture le change de la littérature à la Drieu La Rochelle qui faisait florès. En septembre il s'inscrit à la section peinture de l'école des Beaux-Arts de Rennes.

Fin janvier 1945, il se lie avec Raymond Hains qui vient de s'inscrire à la section sculpture…, tandis que lui-même passe à l'atelier d'Architecture. Avec Etapes de la peinture française contemporaine, depuis le cubisme - 1911/1944, de Bernard Dorival, il prend connaissance de l'automatisme psychique surréaliste. En janvier 1947, après avoir travaillé quatre mois chez un architecte de Saint-Malo, il s'inscrit à l'Ecole des beaux-arts de Nantes. En avril il est admis à l'École nationale supérieure des beaux-arts (section architecture). Durant les vacances il commence à Saint-Malo la collecte d'objets trouvés qui, sans la moindre intervention d'un artiste, constituent indubitablement des peintures ou des sculptures. À Paris, en décembre, lors de la visite systématique, avec Hains, des galeries parisiennes, ils font connaissance de Colette Allendy (1895-1962), qui dirige une galerie à Auteuil. 1948/1949 : Nombreux allers et retours entre Nantes et Paris, en septembre fait la connaissance au Dôme du peintre et poète nantais Camille Bryen (1907-1977) originaire du Finistère, puis, avec lui, fréquente Wols. Arrache avec Hains, en février 1949, Ach Alma Manetro, première affiche lacérée commune. En décembre, Villeglé quitte définitivement Nantes pour s'installer à Paris. Intentionnellement — l'intention désignant au sens le plus husserlien du terme la vision — il décide de limiter sa démarche appropriative aux seules affiches lacérées. 1950/54 : il participe à la mise au point des lettres éclatées que Hains photographiait depuis 1947 au travers d'une trame de verre cannelé, et à divers films dont Pénélope et Loi du 29 juillet 1881.

NOTE BIOGRAPHIQUE DETAILLEE

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Sur les déchets des pellicules surexposées, avec de l'encre de Chine grasse, qui craquellera en séchant, Villeglé, suivant son habitude ad-hociste, fera des graffitis. Ce qui en a subsisté sera diffusé par le Centre Georges Pompidou sous le titre Paris - Saint-Brieuc 1950-1952. 1er mai 1952 Hepérile, poème phonétique de Camille Bryen, est choisi pour officialiser l'éclatement de l'écriture, Hepérile Éclaté, petit livre voué à une faune d'ultra-lettres bayadères, ondines cannelées de la nouvelle mythologie, sortira le 19 juin 1953 à la galerie Colette Allendy. En décembre : Hains et Villeglé fréquentent Chez Moineau, sordide café, 22 rue du Four, les lettristes dissidents, Guy-Ernest Debord (1931-1994) et Gil J Wolman (1929-1995) qui viennent de fonder leur première internationale, prémisse du situationnisme. En février 1954, ils font la connaissance de François Dufrêne (1930-1982), dont ils suivaient depuis huit ans les publications et les récitals lettristes. Celui-ci les présente à Yves Klein. Avril/mai 1957, chez Colette Allendy, Yves Klein ayant raccourci de huit jours sa propre exposition, première rétrospective des affiches lacérées. Le critique Edmond Humeau parle du «lyrisme des murs ». Se rendant compte que la critique, tout comme le public, n'avait pas saisi qu'il y avait un nouveau comportement pictural à exposer des affiches lacérées, telles qu'elles avaient été arrachées du mur ou de la palissade, Villeglé rédige une mise au point sur la lacération manifestation spontanée, qu'il fait paraître en mai 1958 sous le titre Des réalités collectives. En février 1959, François Dufrêne l'invite à présenter ses œuvres dans l'atelier de son père, rue Vercingétorix ; la manifestation est dénommée Lacéré Anonyme. Lacéré Anonyme personnifie l'ensemble des lacérateurs inconnus. En octobre, des affiches lacérées, un monochrome bleu, une machine à peindre, disséminés à l'intérieur et à l'extérieur du musée municipal d'Art moderne de la ville de Paris, créent les trois lieux événementiels de la première Biennale des jeunes. Lorsqu'il se remémore sa visite inaugurale, Malraux oublie Klein, il mentionne avec la machine baladeuse et menaçante de Tinguely (1925-1991), les « affiches lacérées, les plus insidieux des ready-made ». Le genre haffreux semble lui dire Picasso à qui il relate le vernissage (la Tête d'obsidienne, Gallimard, 1974, p. 141). En février 1960, pour répondre aux nouvelles tendances révélées par la première Biennale, Dufrêne est chargé d'une salle au salon Comparaisons. Il y présente à ses côtés, un ramasseur de chiffons d'usines, des assemblagistes, des expérimentaux travaillant l'espace ou le mouvement. En avril, à Milan, Pierre Restany, jeune critique, 29 ans, rédige le premier manifeste du Nouveau Réalisme. 6 mois plus tard, le 27 octobre, au domicile d'Yves Klein, aura lieu la signature de la déclaration constitutive du groupe des Nouveaux Réalistes élargi. En 1961, Villeglé prend la responsabilité d’une salle au salon Comparaisons jusqu'en 1968. Outre les Nouveaux Réalistes, il y invitera de jeunes pop américains et européens, des représentants parisiens de l'Arte povera, de l'École de Nice, des lettristes, le mec art, Poulet 20 NF, les Objecteurs. En 1967, las de la mentalité traditionnelle des salons, qui débite l'espace géométrique par œuvre, il propose avec Jean-Louis Brau (1930-1985), pour celui d'avril 68, une salle Hippie dans laquelle ne serait exposée aucune œuvre plastique. Pendant que les participants y feraient leurs actions, quelques projections de diapos rappelleraient la destination picturale du lieu.

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VIII – Lille, boulevard de la Marne, janvier 1991, 114 x 146 cm, affiches lacérées marouflées sur toile

17 mai 1961, ouverture de la galerie J rue Montfaucon, premier contrat. 1961/62/63 Malgré leur détermination et leur prise de position commune en faveur d'une primauté du ravir sur le faire ceux qui furent différenciés des autres nouveaux réalistes par l'appellation Affichistes furent invités paradoxalement aux expositions Arts d'assemblage, à New York, Dallas et San Francisco, puis à 50 ans de collage à Saint-Étienne et Paris. 1963/64 Le Pr. Paul Wember, conservateur, directeur du Kaiser Wilhelm Museum (Krefeld), acquiert près de la galerie anversoise une affiche. Expositions des quatre ravisseurs d’affiches lacérées chez Arturo Schwarz à Milan et à la Gres Gallery à Chicago. En août : commence la rédaction de Lacéré Anonyme ou Urbi & orbi. Les expositions du Nouveau Réalisme ou du Pop art, premiers bilans de l'activité des années 60, puis celles du Décollage ou Décollagen se succèdent à La Haye, à Vienne, à Berlin, à Krefeld, à Anvers, à Milan. 28 février 1969: Nixon rend visite à De Gaulle. Sur les murs d'un couloir de métro, les trois flèches de l'ancien parti socialiste, la croix de Lorraine, la croix gammée, la croix celtique inscrite dans le cercle du mouvement Jeune Nation, puis à nouveau les trois flèches pavloviennes de S. Tchakhotine indiquent graphiquement sans autre commentaire le nom du président américain. 6-7 mai, le premier graphisme sociopolitique est exposé au Théâtre du Vieux Colombier lors de la manifestation Liberté de parole, puis sera édité peu après par des éditeurs milanais.

1970, le critique Otto Hahn (1935-1996) publie dans la revue VH 101, n° 3, des extraits du Lacéré Anonyme intitulés « le flâneur aux palissades de la manifestation spontanée ». Première acquisition officielle en France par le Fond National d'Art Contemporain d'une affiche Villegléenne.

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1971-72 À la Staatgalerie de Stuttgart, première exposition muséale consacrée aux seules affiches lacérées, le catalogue est préfacé par le futur directeur du Musée de Mönchengladbach. Rétrospective de son œuvre au Moderna Museet (Stockholm) et au Museum Haus Lange (Krefeld) et deux expositions personnelles à Cologne chez Michael Werner et à la Galerie der Spiegel. 1974, en fin d'année, Villeglé entreprend un film d'animation et de dessins animés Un mythe dans la ville (29', couleurs, 16 mm) accompagné d'une bande-son de Bernard Heidsieck Couper n'est pas jouer, 1969. Avec son autorisation il utilisera une affiche d'exposition de Jean Dubuffet et un livre-impubliable de Denise A Aubertin. 1976, Jacques Villeglé commence à ramasser, à côté des kiosques à journaux, des panneaux de bois recouverts de publicités de revues, jusqu'en 1990, il en récoltera 50, rassemblés sous le thème placards de journaux. 1976/1977, participe à l'exposition itinérante Panorama de l'art français 1960-1975 organisée par l'AFAA présentée à Athènes, Ankara, Istanbul, Téhéran, Bagdad, Damas, Tel-Aviv, Tunis, Rabat, Alger. 1976/1981, participe aux expositions, Paris-New York au centre Georges Pompidou, Dufrêne et Villeglé, affiches lacérées, Noroit-Arras, Bryen éclaté, au musée de Nantes, Paris/Paris 1937-1957, Centre Georges Pompidou, West-Kunst 1939-1970, Cologne. Rédige le texte du catalogue Commémoration de la loi du 29 juillet 1881 pour la deuxième exposition du groupe des Affichistes à la galerie Mathias Fels et Cie en mars/avril. En janvier 1982, février-juin Guérilla des écritures interventions sur des emplacements réservés à Rennes et à Paris avec l'association Art prospect de Bretagne. Avril 1985, à Rennes, pour commémorer le centenaire des premiers écrits ontogéniques de Jarry et de la conception d'Ubu par un lycéen et célébrer le dixième anniversaire de la collecte du Retour de l'Hourloupe, deux expositions, l'une à la Maison de la Culture préfacée par Bernard Lamarche-Vadel (1949-2000), la seconde les Affichistes selon Villeglé présentée par Béatrice Salmon à la galerie Art et Essai de l'Université de Villejean. Juillet, réentoile deux des affiches présentées lors de la deuxième Biennale des jeunes de Paris (1961), pour être montrées en octobre, l'une d'elles sera acquise en 1987 pour le musée d'Art moderne et d'Art contemporain de Nice, la seconde, Carrefour Sèvres-Montparnasse (319 x 810 m) sera exposée à Paris, Mannheim et Winterthur, rétrospectives les Nouveaux Réalistes, puis au Magasin à Grenoble (1988), à la Kunstmarkt de Cologne (1989), au MoMA New York High and Low (1990), au Ludwig Museum, Cologne, à l'exposition Pop art , et au Centro de Arte Reina Sofia, Madrid (1992), au Centre Georges Pompidou, les Années Pop (2001). Une exposition personnelle à la galerie Beau Lézard est consacrée aux placards de journaux, deux autres expositions présenteront cette série l'année suivante l'une à Milan (Centro Culturale d'Arte Bellora), l'autre à Livourne (Galleria Peccolo), une autre aura lieu en 1993 à la galerie Apomixie, Paris. 1989, création par Valérie Villeglé du secrétariat Jacques Villeglé chargé de l'informatisation de l'ensemble des archives et du catalogue, 7 volumes parus à ce jour. Expositions personnelles, Cologne (galerie Reckermann) et New York (Zabriskie Gallery).

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En 1991, grâce à l'initiative du personnel culturel de la Région Nord - Pas-de-Calais et à la ténacité créative de l'imprimeur d'estampes Alain Buyse, premières expositions des œuvres de la série Décentralisation. 1994, est invité au Museum Paleis Lange Voorhout dans le cadre d'un ensemble d'expositions personnelles d'art contemporain français organisé par l'AFAA. 1995, 28/29 septembre : tournage, sur l’initiative de la DAP, dans le cadre des “Archives du XXe siècle”, d’un portrait, coproduit par Terra Luna, réalisé par Fabrice Maze, Philippe Piguet étant responsable de l’entretien.

1996, rétrospective au centre d’Art Bouvet-Ladubay, Saumur, entretien avec Geneviève Nevejan. 1997, juillet : création en Lot-et-Garonne, de l’ "Atelier d’Aquitaine". Début d’une nouvelle série thématique consacrée à la musique amplifiée et aux rappeurs. 1997/98, participe aux expositions des N. R. de Paris (galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois, sortie du livre de Catherine Francblin), Cologne (Museum Ludwig), Vence (Notre-Dame des Fleurs), Esslingen (Villa Merkel), Milan (Fonte d’Abisso Arte), Nice (MAMAC). 1998, novembre, exposition rétrospective, Alan Koppel Gallery, Chicago.

IX - "Opération quimpéroise", Espl. Mitterrand, le Quartier, août 2006, 47 x 40 cm, affiche d’exposition

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1999, Expositions personnelles à Cologne (Galerie der Spiegel, Double message), Paris (galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois, 1ère exposition thématique, Mots 1949/1996), préfacée par Catherine Millet, Poitiers (Confort moderne, Poitiers, le Grand Mix, sonorisée par Pierre Henry) préfacée notamment par Pierre Restany, Genève (galerie Sonia Zannetta-cci), New York (Ubu Gallery, Rétrospective 1959/1998), Los Angeles (Shoshana Wayne Gallery), Mérignac (vieille église Saint-Vincent, Villeglé techno-rapt). Parution de Cheminement 1943-1959, les Sept collines/Jean-Pierre Huguet Éditeur, Saint-Julien-Molin-Molette. 2000, Micropolitiques, le Magasin Grenoble. Expositions personnelles à la Cité de la Musique, Paris, catalogue préfacé par Catherine Francblin, à la galerie Lucien Schweitzer, Luxembourg. 2001, L'Atelier d'Aquitaine est invité par le FRAC Corse pour l'exposition Décentralisation 3, à Corte. Expositions personnelles à Londres (James Mayor Gallery), à Paris (galerie G.-Ph. & N. Vallois, 2ème exposition thématique Images 1958/1991, préfacée par C. Francblin), à Los Angeles (Chac Mool Gallery), à Genève (galerie Sonia Zannettacci), à Chicago (Alan Koppel Gallery). Odile Felgine, biographe de Roger Caillois et de Victoria Ocampo, lui consacre une monographie parue aux éditions Ides et Calendes, Neuchâtel, Suisse. 2002, Expositions à la Briantais, Saint-Malo, à la Mairie de Lille. Réalisation d'un CD-Rom Jacques Villeglé, catalogue raisonné. 2003, Expositions personnelles à Poitiers (musée Sainte-Croix, Alphabet Socio-Politique) préfacée par Philippe Bata et Arnaud Labelle-Rojoux, Vannes (musée de la Cohue), Paris (galerie G.-Ph. & N. Vallois, 3ème exposition thématique Sans lettre ni figure 1951/1968) préfacée par Hans Ulrich Obrist et Robert Fleck. L'Atelier d'Aquitaine est invité par Gobiemo de la Ciudad de Buenos Aires à intervenir au centro cultural Recoleta en février. 2004, Réalisation par les ateliers Pinton à Felletin et par André Magnat et Patrick Guillot à Blessac de 2 tapisseries destinées aux musées de Cognac. Parution du 7ème volume du catalogue raisonné Sans lettre sans figure aux éditions Ides et Calendes, Neuchâtel. 2005, La Traversée urbi & orbi, Transéditions, Paris. Expositions personnelles à Orchies (maison de la Chicorée), à Genève (galerie Sonia Zannettacci), à L'Arsenal de Metz, à Paris (galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, 4ème exposition thématique Politiques 1957/1991, préfacée par Nicolas Bourriaud). 2006, Expositions personnelles à San Francisco (Modernism), Chicago (Alan Koppel Gallery), Quimper (Le Quartier), Knokke-Zoute et Kunstmarkt de Cologne (Linda & Guy Pieters Gallery) Elaboration d'une sculpture, Y€$, déclinée en plusieurs dimensions, en acier corten et en inox poli miroir. 2007, 5ème exposition thématique la Lettre lacérée à la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Paris. Expositions personnelles à Padoue (Vecchiato New Art Galleries), Art Paris (Guy Pieters Gallery), Luxembourg (Galerie Lucien Schweitzer), Hanovre (Stiftung Ahlers Pro Arte/Kestner Pro Arte).

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2007 (suite), parution de deux monographies, l'une éditée par la galerie Linda & Guy Pieters, avec une biographie par Odile Felgine, préface d’Arnaud Labelle Rojoux, l'autre préfacée par Kaira Cabanas, François Bon et Nicolas Bourriaud chez Flammarion, coll. "La création contemporaine". Exposition rétrospective 1950/1960 des Nouveaux Réalistes au Grand-Palais, Paris et au Sprengel Museum, Hanovre. À cette occasion création d'un bureau et d'une table basse réalisés par le verrier Gilles Chabrier et le designer René Bouchara exposés à ArtParis. 2008, le Centre Georges Pompidou et le musée départemental d'Art ancien et contemporain d'Épinal lui consacrent des rétrospectives, il inaugurera la galerie Agnellini Arte Moderna à Brescia et participera à la biennale de Gwandju, Corée. Expositions au musée Pera à Istambul, à la galerie Sonia Zannettacci à Genève, à la galerie Alan Koppel à Chicago, chez Modernism à San Francisco, à la bibliothèque Louis-Nucéra à Nice. Commande par le conseil général des Vosges d'un Mémorial sociopolitique en acier corten de 15 x 2 m pour le jardin du musée. Parution d'une monographie par Gérard Durozoi publiée chez Hazan et de deux entretiens, l'un avec Marion Chanson édité par Thalia éditions, l'autre avec Didier Dauphin édité par Bookstorming.

X – Cryptogrammes, 22 février 1997, 65 x 50 cm, pochoir, bombage, crayon de couleur sur papier Ingres

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Sculptures Fils d'acier, 1947/1997, 63 x 47 x 9 cm Yes acier corten Yes poli miroir

Affiches lacérées Rue Joubert (Angers), septembre 1957, 42,5 x 62 cm Matheflon (Maine-et-Loire), 8 octobre 1958, 23,9 X 35,3 cm Le Saint-Claude - Saint-Germain, 13 novembre 1964, 116 x 81 cm Rue Lefranc, 13 mars 1965,128 x 119 cm S.F.I.O., 24 janvier 1966, 15,5 x 11,3 cm Rue des Tourelles, 16 août 1971, 112 x 140 cm Rue Pastourelle - les Templiers, 21 février 1972, 118 x 150 cm Rue La Quintinie, 4 juillet 1972,81 x 162 cm Rue Brisemiche (Fernand Léger), 21 février 1973, 118 x 150 cm Métro Châtelet, décembre 1974, 120 x 100 cm «Le Connétable» à Clisson, août 1975, 16 x 18,2 cm «Le Connétable» à Clisson, août 1975,15,3 x 20,4 cm Le Pont/Moine - Montigné, août 1975, 18,5 x 23,5 cm Paardenmarkt, 10 octobre 1982, 160 x 120 cm Rue des Haudriettes, mars 1985, 82 x 207 cm

Rue Beaubourg, 19 juin 1985, 158,5 x 233 cm À la descente de Plélan, Rennes, 13 septembre 1985, 16 x 24 cm Saint-Malo, juillet 1986, 17,6 x 24,4 cm Saint-Servan, 30 mai 1987, 16 x 21 cm 25, boulevard de Sébastopol, 12 septembre 1987, 162 x 114 cm Rue Saint-Lazare, février 1988, 160 x 236 cm Lille, 27 janvier 1991, 114 x 146 cm Lille - Place de l'Arsenal, janvier 1991, 116 x 81 cm 56, rue de Vaugirard (Bas Meudon), janvier 1991, 162 x 114 cm Lille - Boulevard de la Marne, janvier 1991, 114 x 146 cm On s'connaît à Lille, 22 février 1991, 130 x 89 cm Nantes, novembre 1994, 41 x 27 cm 37, avenue du Parc de Procé, Nantes, décembre 1994, 110 x 58 cm Renaud - Colonne St Caprais, Agen, juin 1997, 130 x 130 cm Nouvel Esprit - Orléans, 16 février 1998, 130 x 130 cm Lenny Kravitz - Colonne Morris Abattoir, mai 1999, 44 x 30 cm Iggy Pop - 3, av. Anatole France12 juillet 1999, 44 x 30 cm Barcelone, janvier 2000, 160 x 76 cm Barcelone, 2000, 162 x 130 cm

ŒUVRES EXPOSEES

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Barcelone - Torroja, 2000, 162 x 130 cm Autoroute, Buenos Aires, 14 février 2003, 110 x 160 cm Bernard Frank, 3 novembre 2006, 65 x 50 cm Graphismes sociopolitiques Écritures, 22 mai 1981, 51,1 x 67,5 cm Cryptogrammes, 22 février 1997, 65 x 50 cm Seul geste, février 1997, 56,7 x 54 cm Le Carré magique, mars 1997, 65 x 50 cm Croquis, janvier 1998, 110,5 x 75 cm Douaniers, janvier 1998, 110,5 x 75 cm L'Épervier, janvier 1998, 110,5 x 75 cm Les Courlis, janvier 1998, 110,5 x 75 cm Pot Pourri, janvier 1998, 110,5 x 75 cm Un Sage, janvier 1998, 110,5 x 75 cm Les Carrés magiques, juin 2000, 76,8 x 57 cm Généalogie, novembre 2001, 77 x 55 cm

Les Choses singulières, 17 avril 2006, 103 x 65 cm

Choses singulières aux diables bleus, mai 2006, 120 x 80 cm La Guerilla des signes, 22 septembre 2007, 130 x 106 cm 25 petits tableaux "alphabet" Divers "Opération quimpéroise" – Espl. Mitterrand, le Quartier, août 2006, 47 x 40 cm « Profil de Jacques Villeglé et alphabet socio-politique », 2009, verre des cristalleries Daum, épreuve d’atelier, 40 x 30 cm 6 photos encadrées Hepérile (2 exemplaires) Grâmmes Estampes Lithographie – Élie Faure, avril 1992, 105 x 76 cm Lithographie – Alphabet Perec, 1976, 1996, 77 x 56 cm Lithographie – Sator, juillet 1993, 77 x 57 cm Lithographie – L'Hypermnésie, 1992, 75 x 56 cm Sérigraphie – La Guérilla des écritures, 1985, 74 x 104 cm

XI – Ecritures, 22 mai 1981, 51,1 x 67,5 cm, feutre noir et rouge sur papier journal collé sur papier avec couleurs

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Le donné formel brut de l'affiche lacérée est l'expression la plus dynamisée et la plus vivante de notre folklore urbain moderne, la manifestation la plus directe de notre vie en société. Comment structurer cet élément brut du folklore urbain, comment lui donner sa valeur d'image exemplaire et poétique ? Par une opération pure et simple de sélection. Au lacéré anonyme correspond la notion centrale de «décollage» : le décollage est un geste d'appropriation directe et immédiate qui exclut a priori toute volonté d'ajout ou de composition et qui en ce sens est à l'exact opposé du collage. Le décollage affirme la primauté de l'invention sur la création. Pierre Restany, 1971 ———————————————————————————————————————————————————————— Le regard critique et corrosif de Villeglé anéantit le vain bruit des fausses vérités proclamées comme le bruissement culturel d'une ville dont il ne reste qu'un brouillon de signes, un bruissement verbal et visuel où se chevauchent par le jeu de déchirures : discours bégayants, vomis d'idéologie, bris et débris de l'histoire humaine dont il ne reste qu'un murmure palpitant. Grâce au travail du temps, grâce au regard du chroniqueur, l'image et le texte retrouvent leurs énergies premières indifférenciées et intransitives, purs signes érotiques où l'on retrouve le suc des mots et des images à leurs balbutiements, dans un état de transe libéré de toutes règles déchirées par le temps. Ces affiches sont des poèmes visuels magnifiques équivalents aux musiques bruitistes et industrielles. Michel Giroud, L'écrit de la rue, des chefs-d'œuvre urbains, 1990, Vol. IV du catalogue thématique ———————————————————————————————————————————————————————— Ainsi, quarante ans après ses premières sélections, l'œuvre de Villeglé témoigne qu'elle a rempli ce programme apparemment impossible : faire de la répétition d'un geste - le décollage - plus qu'une attitude artistique le révélateur sociologique d'une époque. Mais où le scientifique, soucieux de la clarté de ses sources, privilégie le document le plus évident, l'intuition du créateur a permis à Villeglé de comprendre que c'est parfois à travers les palimpsestes les plus illisibles que s'affichaient en fait avec le plus d'évidence les figures de notre temps. Daniel Abadie, Boulevard des palimpsestes, 1990, vol III du catalogue thématique

———————————————————————————————————————————————————————— À travers un matériau éphémère, l’affiche publique, et un geste de braconnage urbain, de collecte sauvage (une «apathie créative», pour reprendre l’expression de Bernard Lamarche-Vadel), Villeglé réinvente la peinture d’Histoire, de la même manière que Balzac sut transformer en cycle romanesque l’épopée quotidienne de son époque. Nicolas Bourriaud, Villeglé politique, 2005, cat. Galerie Vallois ———————————————————————————————————————————————————————— Nous ne regardons pas une affiche, nous sommes mis face à un accident. Qu'on se promène dans les toiles de Villeglé, c'est toute cette peau du monde qui devient gigantesque accident : des fissures, de l'errance, des appels, et tout ce qui veut échapper à l'âge. François Bon, La peau du temps, 2007, monographie Flammarion ———————————————————————————————————————————————————————— Ce à quoi tend l’œuvre de Jacques Villeglé n’est pas tant de montrer qu’il y a un sens caché dans le non-sens manifeste, mais plutôt d’opérer une généalogie du sens, caché ou manifeste, et de montrer que celui-ci s’élabore sur un même fond d’indistinction où le signe n’acquiert son statut de signe que par un partage arbitraire. Didier Dauphin, Jacques Villeglé ou l’éclatement régénérant des signes, 2008

ANTHOLOGIE CRITIQUE

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SFIO, 24 janvier 1966, 15,5 x 11,3 cm, affiches lacérées marouflées sur toile,

Coll. particulière

Les choses singulières aux diables bleus, mai 2006, 120 x 80 cm, crayon à l’huile

sur papierColl. particulière

"Opération quimpéroise", Espl. Mitterrand, le Quartier, août 2006, 47 x 40 cm, affiche d’exposition

Coll. particulière

Lille, boulevard de la Marne, janvier 1991, 114 x 146 cm, affiches lacérées marouflées sur toile

Coll. particulière

Lille, 27 janvier 1991, 114 x 146 cm, affiches lacérées marouflées sur toile

Coll. particulière

Rue Joubert (Angers), septembre 1957, 42,5 x 62 cm, affiches lacérées marouflées sur toile

Coll. particulière

Yes, acier cortenColl. particulière

On s’connaît à Lille, 22 février 1991, 130 x 89 cm, affiches lacérées

marouflées sur toile Coll. particulière

Profil, 2009, 36 x 30 x 6 cm, pâte de cristal, émail or Cristallerie Daum

PHOTOS DISPONIBLES POUR LA PRESSE

Ecritures, 22 mai 1981, 51,1 x 67,5 cm, feutre noir et rouge sur papier journal collé sur papier avec couleurs

Coll. particulière

Cryptogrammes, 22 février 1997, 65 x 50 cm, pochoir, bombage, crayon de couleur sur papier Ingres

Coll. particulière

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XII – Les choses singulières aux diables bleus, mai 2006, 120 x 80 cm, crayon à l’huile sur papier

s’affiche à Angers

Exposition

Du 24 avril au 28 juin 2009 Au Grand Théâtre d'Angers, Place du Ralliement

Du mardi au samedi de 12h à 19h, les dimanche et jours fériés de 14h à 18h Entrée libre

Informations : Grand Théâtre d’Angers Tél. location : 02.41.24.16.40 Tél. administration : 02.41.24.16.30 3, rue Louis de Romain 49100 Angers Site internet : www.angers.fr Crédits photographiques : François Poivret, Studio APPI, Fabienne Villeglé, Soktha Tang, François-Xavier Alexandre

Contact presse : Corine Busson-Benhammou corine.busson-benhammou @ville.angers.fr 02.41.05.40.33 Coordination générale : François-Xavier Alexandre et Maïla Nepveu [email protected] [email protected]

INFORMATIONS PRATIQUES & CONTACTS