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expressions est une publication gratuite et bimestrielle n o 8 Février / Mars 2009 www.magazine-expressions.com gratuit Dossier | Les intermittents du spectacle Le naufrage ?

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expressions est une publication gratuite et bimestrielle

no8 Février / Mars 2009

www.magazine-expressions.com

gratuit

Dossier | Les intermittents du spectacle

Le naufrage ?

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EDITO

SOMMAIRE

intermittentson - off

La salle, les concerts… et la coordination

gâtechien

« I have a dream quand même ! »

Les 30 ans du Petit-Marseille

Théâtre militant en actes

Winshluss face à son destin

arts plastiques

spectacle vivant

spectacle vivant

musique

musique

arts plastiques

arts plastiques

musée

littérature

photographie

internet + design

jeune public

portrait

Agenda

Shopping

Un château pas comme les autres

La « manière noire » sauce Yagui Druid

Didier Guérandelle, artiste-machine

C’est un petit chapeau noir sur un vélo bien haut perché…

Mon vieux

Inauguration day

Cherchez la petite bête

Pelures

Game ouvert

Rocker historique

«  Allô  ?  J’appelle  pour  la  Fuite d’hier  soir.  Puis-je  interviewer  le chef des services techniques ?—  Patientez,  je  vous  passe  le 

responsable du service communi-cation. »La voix délicate du professionnel 

se fi t entendre : « Ôtez votre nez de cette affaire. Si vous dénigrez mon travail,  je  n’achète  plus  le moin-dre espace publicitaire dans votre journal. » Hé, tout doux, Bijou.Ici, chaque Fuite ayant sa source, 

son créateur, je voulus rencontrer l’homme de l’art. Il me dit : « Sans moi, la Fuite n’est rien. Écrivez ce que  vous  voulez,  mais  je  relirai votre  article  et  vous  autoriserai ou non à le publier. » Hum ! Plutôt nerveux tous ces gens.Las, je décidai de contacter le chef 

des  Fuites publiques,  responsable en dernier ressort avant le Grand Manitou. Peut-être qu’avec lui…«  Quoi  ?  Vous mettez  en  doute 

mon sens dramatique de la Fuite ? Ne  remettez  plus  les  pieds  dans mon établissement. » Avertissements,  menaces…  Je 

restai  sourd  et  publiai  mes  arti-cles,  sans  laisser  à  quiconque  le soin de les relire.

Sorti de mon cauchemar, leurs voix portaient encore. Qu’avaient-ils voulu com-mu-ni-quer ? Que ma parole et la leur ne devaient faire qu’une ? J’étais pourtant convaincu que chacun d’eux, au nom de vertueux princi-pes, aurait défendu la liberté et se serait élevé contre la propagande. Mais alors ?

Pour échapper à cette masca-rade, je me rendormis et fi s cette fois un rêve : je pouvais enfi n discuter avec le responsable des services techniques…

Nicolas Giacometti ¬

11 littérature

Eau de source

Le courant ne passe plus ?Suite et fi n de notre enquête sur l’engagement de l’État.

Retrouvez le magazine surwww.magazine-expressions.com

i m p r i m e u ri m a g i n a t i f

LeS SPéCiaLiSteSdu lundi au vendredi

9h10 - 9h40au 05 46 50 67 68

France BleuLa Rochelle répond à

toutes vos questions de la vie quotidienne.

Expressions – 36, rue Beltrémieux, BP 32046 – La Rochelle – Tél. 05 46 43 19 20 – Fax. 05 46 00 08 12email : [email protected] / Site : www.magazine-expressions.com

dossier

Directeur de la publication : Pierrick Zelenay / Responsable de la rédaction : Nicolas Giacometti / Ont collaboré à ce numéro : Gilles Diment, Jacky Flenoir, Catherine Fourmental-Lam, Marilyne Gautronneau, Xavier Guerrin, Philippe Guerry, Jessica Hautdidier, Dany Huc, Pierre Labardant, Martin Masmontet, Élian Monteiro Da Silva, R.G., Philippe Thieyre / Date de parution : Février 2009 / ISSN : 1960-1050 / Photographe : Julien Chauvet / Maquette : Antichambre / Mise en page : Cyril Perus / Illustration de la couverture : Christina Hagerfors / Impression : IRO - ZI rue Pasteur - Périgny / Service commercial : François Fottorino 05 46 43 19 20 / Expressions est une publication gratuite et bimestrielle de Performances Sports / Tirage : 10 000 exemplaires

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Lost in translation

littérature

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Les intermittents entrent en scèneEn 2003, ils avaient scandaleusement gâché l’été de tous les festivaliers de France, privé de gâteau d’anniversaire la vingtième édition des Francofolies, menacé de mettre à bas notre société de spectacles. Eh bien, figurez-vous que ces clowns d’intermittents s’apprêtent à remettre ça cette année.

À l’heure où les procédures de contrôle et les sanctions pleuvent sur les intermittents, l’examen de leur statut confirme que le spectacle vivant en France est bien une affaire d’État. Ce troisième dossier clôt notre série consacrée au fonctionnement de la création artistique et de sa diffusion dans notre région.

dossier

Les intermittents du spectacle sont tous des feignants. Ils ne travaillent que

quand ça leur chante et encore… faut voir le travail : brancher trois prises, planter trois clous et pousser trois boutons pour les plus délurés ; déclamer en yaourt des auteurs bulgares à l’heure de nos digestions estiva-les pour les autres. Ce sont des assistés qui saignent à blanc les caisses de l’Unedic, au prix de fraudes et d’entourloupes qui profi-tent jusques aux cocus tropicaux de la té-léréalité. Et quand d’aventure le MEDEFDT veut récupérer la tirelire, ces gugusses se drapent alors dans les oripeaux trop grands pour eux de l’Art et de la Culture en vouant « l’exception culturelle » française aux gémonies.

Trompe-l’œil Voilà quelques vérités bien senties qui

méritaient d’être remises en mémoire, parce que vous risquez très sûrement de les réentendre dans les mois à venir, de la bouche des contempteurs nombreux du système actuel d’indemnisation des inter-mittents, avec ce souci exact de la nuance et de la mesure. La renégociation du ré-gime d’assurance-chômage concernant les artistes et les techniciens du spectacle aura en effet été l’acte manqué de la récente fin d’année. Avec une courbe du chômage dont ferait bien de s’inspirer celle du CAC40, des lycéens en embuscade et la carte « les cais-ses sont vides » écornée depuis l’automne, il semble que l’Unedic – et à sa présidence le MEDEF – ait trouvé urgent d’attendre plutôt que de prendre le risque de fâcher ces professionnels de l’agit prop que sont ces maudits artistes. Solution provisoire à cette situation transitoire : la convention

déstabilisé les plus petites compagnies, qui ont  plus  de  mal  à  lisser  leur  activité  sur l’année.  » En 2003, le scénario de la crise s’adossait au le constat du déficit intenable créé par l’explosion de l’offre culturelle et de l’intermittence depuis les années 80, avec une offre de travail qui n’a pas crû au même rythme que le nombre d’arrivants. Plutôt que d’engager une réflexion sur les moyens de juguler, pérenniser et consoli-der l’emploi culturel, la solution préconi-sée a été dans le seul sens d’un dégraissage massif des bénéficiaires de ce statut. La mobilisation des intermittents cet hiver au moment des négociations a montré leur détermination à ne pas davantage faire les frais d’une gestion strictement adminis-trative et comptable de ce dossier.

Vertueuse suspicionAinsi, au nom de la lutte contre les

« abus », légitimement réclamée par les in-termittents eux-mêmes au moment de la crise de 2003, s’est mis en place un disposi-tif de contrôle contraignant, voire rebutant pour les intermittents et les compagnies qui les emploient. À l’origine, ces contrôles devaient essentiellement viser à empêcher le recours abusif à l’intermittence par les sociétés de production audiovisuelle, lesquelles employaient massivement de façon « permittente » nombre d’artistes et de techniciens que la régularité de leur emploi aurait dû destiner à de classiques contrats à durée indéterminée. L’esprit de ces contrôles a été largement dévoyé : la mise en place d’un « numéro d’objet », sorte de code-barres attribué à chaque nouvelle création, permet surtout de surveiller les attributions de chacun sur une production, suivant une nomenclature très stricte (vous employez un « chef constructeur de décors et structures » et pas simplement un « chef constructeur »). Ce système de petites cases à remplir ne correspond pas aux pratiques en cours sur un plateau. Un des problèmes

régissant le régime d’indemnisation actuel est prorogée jusqu’au 15 février. Prévaut donc encore pour peu de temps le système issu de la « crise des intermittents » de 2003 : 507 heures travaillées sur une pé-riode de dix mois (dix mois et demi pour les artistes) ouvrent droit à des indemnités chômage. Une formule déjà âprement négociée en 2003 et plus restrictive que la précédente, où ce seuil horaire se cal-culait sur les douze derniers mois. « L’effet immédiat  de  cette  convention  a  été  la  vo-latilisation d’environ 20 000  intermittents sur 100 000, qui ne pouvaient plus assurer un  nombre  suffisant  d’heures  sur  cette nouvelle période, dénonce Jackie Bosveuil, du Syndicat national des arts vivants du Poitou-Charentes. Cela  a  complètement  >

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p4 dossier

est la traque des « liens de subordination » qui peuvent exister sur une production. Il arrive en effet fréquemment dans les pe-tites structures que l’employeur soit aussi employé : un artiste-auteur ou un metteur en scène est bien souvent à l’origine des créations de sa compagnie. Juridiquement il n’en a pas le droit – car payé par cette même structure – et l’Unedic profi te de cette faille pour chercher avec parfois beau-coup de zèle l’existence desdits « liens ». Nombre de petites compagnies composent ainsi du mieux possible pour répondre aux critères et éviter toute suspicion de triche-rie. « On assiste depuis 2005-2006 à un vé-ritable acharnement de la part de l’Unedic*, qui a mis  en place un  “audit des  fraudes”. Au moindre  soupçon,  si  un  intermittent  a par  exemple  le malheur  de  travailler  trop fréquemment  pour  un  même  employeur ou  déclare  des  heures  d’enseignement  ar-tistique sous  forme de cachets,  son dossier est  bloqué  et  l’activité  de  la  compagnie est  intégralement  contrôlée  sur  les  trois dernières années. On a assisté comme cela à des  redressements absolument abusifs », explique Jackie Bosveuil. 80 % des « petits » employeurs subissent donc directement les effets d’une procédure qui devait viser les 20 % de « gourmands », dont les pratiques salariales sont sans commune mesure avec celles du spectacle vivant.

Cette suspicion vertueuse sur la réalité du travail effectué par les techniciens et artistes fait entrevoir une autre me-nace sur l’intermittence : l’intégration de « l’annexe 8 » (voir encadré), qui régit les conditions d’indemnisation des techni-ciens, dans le régime général. Si c’est pour l’instant le statu quo qui prévaut, il est pro-bable que la question sera abordée dans les mois à venir. Et si les craintes de la plupart des syndicats non-signataires de l’actuelle convention se confi rment, la mise sous le boisseau des techniciens contribuera es-sentiellement à venir gonfl er les effectifs des boîtes d’intérim (pour les plus gentils) et du RSA (pour les autres). Et ce sera le début de la fi n de ce statut original de l’in-termittence.

Sale temps pour la cultureUne réfl exion sur la nature de l’emploi

culturel est menée dans ce sens par des collectifs et syndicats d’intermittents et d’employeurs non-signataires de la convention de 2003. Elle étudie l’origina-lité et la validité d’un statut du « travail discontinu » qui parvient à combiner fl exi-bilité des temps de travail sur le long terme et maintien des droits sociaux – statut

507 : objectif i

dérisoire pour certains artistes, inatteignable pour d’autres… le nombre d’heures n’est pas le nombre d’or.

doublement hérité, pour ses grands prin-cipes, de 1936 (création du régime salarié intermittent à employeurs multiples pour les techniciens et cadres du cinéma) et de 1969 (les artistes interprètes sont intégrés au régime d’intermittent, puis les techni-ciens du spectacle vivant). La production d’un « spectacle », quel qu’il soit, obéit en effet à des rythmes (temps longs de la créa-tion et des répétitions, rush des montages/démontages, fi lages et représentations… mais également « non-emploi » entre deux productions) qui ne sont pas ceux d’autres métiers.

Une inconnue de taille dans cette ré-fl exion reste la place que l’État est prêt à assumer dans le fi nancement de cette politique de l’emploi culturel. S’il est un point sur lequel Unedic, employeurs et intermittents peuvent s’accorder, c’est en effet que l’Unedic – qui subventionne de fait une très large partie de la vie culturelle

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française – n’a pas à pallier le retrait de l’État dans ce domaine. Une des clés du débat passe probablement par une politique de renforcement de l’emploi permanent. Et s’il faut pousser les gros employeurs de l’audiovisuel à s’engager dans des pratiques plus vertueuses, l’État pour sa part ne pourra pas faire l’économie d’un positionnement clair sur les moyens qu’il entend donner à sa politique culturelle.

Liquidation d’héritage : tout doit disparaîtreMais quand la « politique de civilisa-

tion » a pour seul projet de « liquider les héritages », ce sont d’autres arguments que l’on entend, au détour de rapports commandités par le ministère de la Culture : la situation des intermittents se serait assainie, ils travailleraient moins, gagneraient plus qu’avant, bref, commencez à entraîner vos oreilles, on ne va pas tarder à nous ressortir que les intermittents sont des pri-vi-lé-giés et que leur obstination à vouloir préserver leurs acquis va faire exploser les caisses de l’Unedic, mettra un terme à la soli-darité interprofessionnelle et obligera à la création de caisses patronales. Une rhétorique très politique, à replacer dans le contexte plus large du désen-gagement culturel de l’État, qui passe mal chez les intermittents et leurs em-ployeurs : « Une des pierres sur lesquel-les achoppent les “réformateurs”, ce sont les intérêts communs des employeurs et des  intermittents.  Nos  propositions  ne vont  évidemment  pas  dans  le  sens  que le gouvernement et l’Unedic voudraient nous voir prendre.  Les  employeurs  sont souvent des artistes eux-mêmes et  tout le monde travaille dans une logique d’of-fre  culturelle, conclut Jackie Bosveuil. Les intermittents ne sont pas disposés à revivre 2003. Le mouvement est plus dé-sespéré,  la  situation  plus  explosive.  On peut s’attendre à une radicalisation. »

La bonne nouvelle en somme, c’est que nous serons bientôt conviés au réjouissant spectacle de l’abolition des privilèges. Et comme avec les clowns il y a toujours des surprises, il ne serait pas étonnant que les tartes à la crème volent dans un autre sens que celui annoncé au programme.

Texte : Philippe Guerry ¬Illustrations : Christina Hagerfors ¬

* Nous avons sollicité un entretien auprès de l’Unedic pour discuter de ces questions mais aucune suite n’a été donnée à notre demande.

Précisions sur les termes

intermittent : CDDiste du spectacle

Les chiffres en Poitou-Charentes

En décembre 2006, on comptait 2 391 demandeurs d’emploi dans les professions du spectacle, soit une augmentation de 2,6 % par rapport à 2005. Les professionnels du spectacle inscrits à l’ANPE en Poitou-Charentes représentent 2,45 % des demandeurs d’emploi (1,7 % au niveau national). Parmi eux, 1 459 (dont 53 % relevant des métiers artistiques) étaient indemnisés au titre des annexes 8 et 10 de l’assurance chômage. Hormis en 2004, où on a enregistré une baisse de 9,5 % consécutive à l’onde de choc de 2003, le nombre d’intermittents indemnisés augmente régulièrement. Avec une croissance de 16,6 % depuis 2003, le spectacle comptait 835 établissements employeurs récurrents en 2005. La Charente-Maritime concentre 1/3 des établissements employeurs. 3 948 employeurs occasionnels ont effectué au moins une déclaration au cours de l’année 2006 auprès du GUSO*. /R.G.

* Le Guichet unique spectacle occasionnel permet de simplifi er les démarches administratives d’embauche à toutes les personnes morales ou physiques qui n’ont pas pour objet le spectacle vivant. / Source : « L’emploi dans le spectacle » par l’ARSV.

S i, dans l’usage, on assimile le statut�d’intermittent à un mode spécifi -

que d’indemnisation par les Assedic, la position d’intermittent ne dépend pas de cette accessibilité. Un intermit-tent du spectacle est une personne qui alterne des périodes d’emploi et de chô-mage pour des entreprises du spectacle. Son statut, c’est artiste ou technicien du spectacle, sa profession, musicien ou régisseur par exemple.

Les productions des entreprises de cinéma, télévision, théâtre ou autres spectacles étant limitées dans le temps, celles-ci passent des contrats (par l’intermédiaire de CCD d’usage) avec leurs salariés pour des périodes défi nies.

Cette situation spéci-fi que de succession de contrats a amené les partenaires sociaux, au sein de l’Unedic, à amé-nager un dispositif par-ticulier�– les annexes 8 et 10 de la convention de l’assurance chô-mage – régissant leurs droits d’indemnités au chômage via une Caisse interprofessionnelle de solidarité.

Ainsi, les artistes du spectacle qui dépen-dent de l’annexe� 10 sont tenus de travailler 507 heures sur une pé-riode de 319 jours pour acquérir « le statut d’in-termittent ». Sont consi-dérés comme artistes

du spectacle l’artiste lyrique, dramatique, chorégraphique, de variétés, le musicien, le chansonnier, l’artiste de complément, le chef d’orchestre, l’arrangeur orchestra-teur et, pour l’exécution matérielle de sa conception artistique, le metteur en scène.L’annexe� 8 est réservée aux ouvriers et

techniciens. Le nombre d’heures qu’ils ont à effectuer est identique, mais la durée pour y parvenir est de 304 jours. La liste des professions comprises dans cette annexe est beaucoup plus étendue. On y trouve par exemple le régisseur général, la cos-tumière, l’administrateur de production, l’assistant à la mise en scène, le maquilleur et, plus étonnant, le mécanicien, le maçon ou même le métallier.

Quand un intermittent répond à ces exi-gences, il peut percevoir une indemnité de l’Assedic pour les périodes chômées entre deux contrats.Le�cachet est un mode de rémunération

forfaitaire versée à un artiste pour sa prestation (répétition, enregistrement ou représentation). À la différence du techni-cien qui, lui, doit être payé en fonction du temps réellement travaillé, l’artiste payé au cachet perçoit une rémunération indé-pendante du nombre d’heures qu’il effec-tue. Les cachets sont convertis ensuite par l’Assedic en heures de travail pour calculer l’allocation chômage correspondante. Un cachet isolé est égal à 12 heures pour une période de travail inférieure à 5 jours. Un cachet groupé équivaut à 8 heures pour une période supérieure ou égale à 5 jours.

R.G. ¬

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p6 musique

L’actualité du projet de salle à La Pallice (La Rochelle)En charge du projet musiques actuelles

à la CDA, Nathalie Dupuy nous confirme d’abord que le nom de la salle sera choisi après une action/concertation menée auprès des habitants du quartier par les Anges Rebelles, troupe de théâtre de rue récemment installée à La Pallice. Le projet architectural de Patrick Bouchain, qui a notamment conçu le théâtre Zingaro à Aubervilliers et le Lieu Unique à Nantes, a été présenté fin novembre en conseil communautaire. Comme prévu, l’accès se fera par la rue au moyen de passerelles et les trois plateaux de 1 000 m2 chacun offri-

ront des studios de répétitions, des espaces collectifs, des bars, etc. La salle elle-même, d’une contenance modulable de mille spectateurs maximum, se situera au der-nier étage qui sera recouvert d’une toiture en forme de toile. Rappelons que le coût total de l’opération est estimé à 6 millions d’euros*, pris en charge par le département pour 10 %, la région 10 % également, l’État pour 20 %, le reste par la CDA sans tenir compte d’éventuels investisseurs privés. La compétence de la CDA s’arrêtant aux équi-pements lourds, incluant les appareillages son et lumières, une délégation de service public sera confiée à une association char-gée de gérer l’ensemble. Ce choix ainsi que celui du directeur devrait intervenir assez rapidement, en tout cas avant le début des travaux. Si cette fois-ci il n’y a pas de re-cours après la réception des candidatures des entreprises en janvier, l’ouverture des plis en février et la décision finale en avril, les travaux pourraient démarrer dans la foulée et se terminer à l’été 2010 pour une ouverture à l’automne.

Deux saisons de concerts à la maison Georges-Brassens (Aytré)En attendant la mise en service de la

nouvelle salle si ardemment désirée, c’est reparti pour deux saisons de pro-grammation XLR à la maison Georges-Brassens, avec une allocation de 125 000 euros pour 14 dates en 2008/2009 et 2009/2010. Après un calcul simple, on s’aperçoit que XLR perçoit 8 900 euros par date, au lieu de 10 000 la saison passée. La salle nécessitant plus de 4 000 euros d’investissements techniques à chaque fois, un concert revient tout compris aux alentours de 13-14 000 euros. Le prix des places ne pouvant excéder 20 euros (sans compter les réductions étudiants et autres pass culture), il faut un minimum de 300 entrées (sur une jauge de 500 places maximum) et un bon débit de bières pour équilibrer les comptes, d’où la difficulté d’une programmation aventureuse, hors des tournées balisées, d’autant qu’il sem-ble qu’en général les élus soient plus sensi-bles au taux de remplissage qu’à la qualité ou à l’originalité d’une prestation. Cela dit, l’association a réussi à concocter un bon et éclectique programme pour le premier trimestre 2009, qui, s’il existe encore une logique en musique, devrait satisfaire tout le monde.

�Programmation�XLR�à�Aytré31 janvier metal avec Sons of Senoka,

Dagoba et Sidilarsen ; 12 février, autour d’Asyl et de son nouveau disque avec

La salle rock devient réalité… sur le papier. Elle occupera les locaux d’un ancien hangar à grains dans la zone portuaire de La Pallice.

Musiques actuelles

La salle, les concerts… et la coordination régionale

Entrée façade nord

© « Construire » (Patrick Bouchain, Loïc Julienne) Façade sud

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PUBLICITÉ

1970 2009le trioletun club

Pas de top 50, une musique très branchée pournoctambules de tous âges, dans un décor demiroirs, laque laiton. Un étage repensé dans undécor d’inox, de cuir et sculptures.Ouvert à partir du mardi au dimanche. A partirdu jeudi ouverture du Triolet à l’étage avec salonfumeur. Discothèque de 23h à 5h du matin

Les petits riens qui font la différence

8 rue des Carmes. La RochelleTél. 06 17 92 40 50

Daniel Darc ; 14 février, Coup d’Marron et Debout sur le Zinc ; 13 mars, les Wampas et gâtechien ; 20 mars, La Phaze.

�Programmation�de�la�Poudrière��à�Rochefort27 janvier, Marc Perrone ; 7 février,

Strups X et Vörse ; 14 mars, les Trotskids et Baxter ; 20 mars, Housse de Racket et Carabine. Sans oublier aux Fourriers : Sophia Domancich (Hatfield & The North, Elton Dean, John Greaves) avec Simon Goubert (Magma) + Frédéric Couderc quartet le 6 février ; Christophe Bell’Oeil le 11 février.

Constatons que les fans de punk rock pourront attaquer à fond le week-end du 13/14 mars avec les Wampas et se finir à la bière sans alcool devant les Trotskids. A priori, la coordination sera aux abonnés absents la semaine suivante.

Concertation territoriale des scènes de musiques actuelles en Poitou-CharentesLe secteur des musiques actuelles,

contrairement à celui du théâtre ou de la musique classique, par exemple, manque à la fois d’une véritable reconnaissance institutionnelle et, en conséquence, d’un soutien public efficace. En septembre est parue une plaquette du Pôle régional** dressant un premier état des lieux, incluant des salles de concert, des studios, des festi-vals. Autant de structures qui n’emploient la plupart du temps que deux ou trois per-sonnes dont une bonne partie de salariés précaires sur le point de disparaître. Pour donner une impulsion et entériner une véritable politique publique à tous les échelons (État, région, villes…), des concer-tations entre villes se mettent en place progressivement. Aujourd’hui Rochefort, Niort et Cognac y ont adhéré, Saintes et La Rochelle en discutent avec comme fina-lité de coordonner, de mettre en adéqua-tion aussi bien les programmations que les résidences et les moyens de promotion. Le projet n’en est pour l’instant que dans sa phase de recensement. À suivre donc.

Philippe Thieyre ¬

* La somme de 3,5 millions d’euros citée dans le no 5 s’appliquait à la part de la CDA.

** www.pole-musiques.com

gâtechien

D ix ans maintenant que Laurent Paradot (basse –

Cognac) et Florian Belaud (bat-terie – La Rochelle) sont amis. Des potes. Le genre de relations où, lorsqu’on est musiciens, jouer ensemble est simplement une évidence. Depuis 2002, ils forment le couple « gâtechien » (sans majuscule et avec un accent circonflexe) et ont en-chaîné près de 300 concerts, partout en Europe. Ils préfèrent « couple » à duo, pour tout ce que ça implique d’échanges et de complicité. Techniquement, ce sont deux dingues, souvent qualifiés de virtuoses. Mais l’intérêt de voir et d’entendre gâtechien est ailleurs : af-franchis de la pure technique instrumentale, ils inventent un langage, une grammaire musicale qui leur est propre et laissent toujours place à l’im-prévu. Le téléphone de Laurent sonne pendant qu’il joue ? Il le colle sur les cordes de sa basse et utilise la sonnerie comme

base mélodique d’un morceau de bravoure au bottleneck.

Quand ils en parlent, ils ne voient pas leur travail comme une recherche expérimentale : juste le plaisir de jouer ensem-ble et d’inventer. Et la clé du son de gâtechien est là, dans ce mélange d’énergie brute, de son vintage, de grooves inspirés et de liberté foutraque.

2009 sera l’année gâtechien, avec de grandes dates (une première partie des Wampas, à La Rochelle le 13 mars…) et, sur-tout, la sortie de leur quatrième album, judicieusement intitulé Quatre. Enregistré à la Nef par Mez, le disque produit par Ted Niceley (l’homme derrière le son des meilleurs Fugazi ou Noir Désir, excusez du peu) et mixé à New York par Eli Janney (Girls Against Boys) devrait sortir dans les premiers mois de 2009.

Martin Masmontet ¬

www.myspace.com/gatechien

XLR : 06 81 04 47 63 www.myspace.com/xlr17La Poudrière : 05 46 82 67 77/ 06 18 86 78 31 www.lapoudriere-rochefort.netLa Coupe d’Or/Les Fourriers : 05 46 82 15 15www.theatre-coupedor.com

© O

jos

Cro

mat

icos

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carré amelotespace culturel de la ville de la rochelle 2008+2009

Réservations 05 46 51 14 7010 bis rue Amelot - BP 309 - 17013 La Rochelle Cedex 01

www.carre-amelot.net - [email protected]

carré amelotespace culturel de la ville de la rochelle

L’écume des jours

de Boris VianPar la Cie La Bouée

Mise en scène : Béatrice de la Boulaye

Vendredi 13 février 2009 à 19h00

A la plume de Boris, Béatrice associe avec

justesse jazz, bruitage et dessin animé dans

une relecture pleine de fraîcheur et de

virtuosité.

Création théâtrale et plastique

Licences d’entrepreneur de spectacles 1-13 32 54, 2-13 32 55, 3-13 32 56

Tai Kahanoune piroguedes îles Marquises

est au Muséum de La Rochelle !

28 rue Albert 1er - la Rochelle - 05 46 41 18 25www.museum-larochelle.fr

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p9spectacle vivant

La Rochelle

« I have a dream quand même ! »

… C’est ainsi que Marc Bassler, fondateur et pierre angulaire du café-théâtre L’Azile, titre l’édito de programmation de ce premier trimestre ; et il poursuit : « À L’Azile on rêve toujours d’une solidarité au long cours, d’une fraternité qui nous permettrait de continuer à travailler, à diffuser, à créer des spectacles de qualité. »

boutique de quartier, commente Marc Bassler, sur laquelle personne n’a misé un kopeck à sa naissance. L’initiative associative a plutôt vu le jour en milieu hostile […] on a mouillé  la che-mise, sacrifié les salaires, parié sur le temps et fait brûler des cierges à Jean-Baptiste Poquelin, colmaté les fuites et les soupirs […]. Depuis trois ans,  l’association reçoit quelques  subventions, couvrant  à  quelque  chose  près  les  loyers  de l’année. La Ville de La Rochelle a confirmé son appui  récemment  en  prenant  en  charge  la restauration et l’amélioration du plafond tech-nique.  Reste  que,  comme  toutes  les  structures culturelles,  L’Azile  n’est  pas  rentable  à  100 %, que  le  souci  de  consolider  les  emplois  est  per-manent et la gestion des salaires acrobatique ! L’esprit  associatif  et militant  est  primordial 

ainsi  que  le  réseau  de  ressources  créé  par  de nombreux bénévoles et  les 3 500 adhérents. »

La vocation première de L’Azile est le dévelop-pement de toute action sociale et/ou culturelle qui favorise la démocratisation du spectacle vivant. Estampillé « café-théâtre », parrainé par le trublion Romain Bouteille, L’Azile pro-pose, à l’année, une soixantaine de spectacles professionnels qui drainent quelque 6 000 spectateurs. Ils viennent y rencontrer chanson et blues, comédie, humour et rire un brin pro-vocateurs comme antidotes au politiquement correct plus que jamais envahissant.

L’Azile est aussi un lieu de formation de l’acteur et une compagnie pratiquant la pré-vention (alcool, suicide…) par le théâtre avec une quarantaine d’interventions par an sur six départements.

Dany Huc ¬

Rêver d’une vie plus juste, plus solidaire… et un tout petit peu plus joyeuse ! Dans

son domaine Marc Bassler poursuit cet ho-rizon en fuite. «  I have a dream », l’antienne utopiste reprend du service en ces temps de misère et d’insupportable cynisme ; et si elle est parole légitime chez Martin L. K., Barack O. ou chez tout être de générosité et d’espoir, elle se transforme en couleuvre quand elle sert une rhétorique malhonnête…

Le nom ne dit pas toutÀ L’Azile, le rêve et l’espoir sont nécessaires.

Sans cela, comment porter cette « culture pour le plaisir » revendiquée par toute une équipe confrontée aux difficultés matérielles. Depuis huit ans L’Azile résiste «  comme  une  petite 

Quelques rendez-vous à noterLe 5 février, Larry Crockett Quartet (blues) ; les 6, 7 et 8 février, Testament provisoire de et par Manuel Pratt ; les 13, 14 et 15 février, Topick (one-man-show) ; les 13 et 14 mars, Chevals de et par Bernard Azimuth et Jacques Bourgaux ; les 20, 21 et 22 mars, Décalage immédiat – L’itinéraire d’un Noir allumé avec Éric Blanc ; les 27, 28 et 29 mars, Couscous aux lardons, comédie de Mathieu et Aïcha Lebrun.De quoi attendre et espérer « les beaux jours », ceux dont on rêve…

L’Azile29, rue Debussy – La Rochellewww.lazile.orgRéservations : 05 46 00 19 19

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Cette troupe, qui revendi-que son statut d’amateur,

s’est formée dans le quartier du Petit-Marseille à Rochefort en 1978 sous l’impulsion d’un enseignant en arts plastiques, Jean-Pierre Chalot. Toujours à la tête de l’association, ce dernier cumule les fonctions de directeur, de scénogra-phe, de metteur en scène, de chargé de la sécurité et, occa-sionnellement, d’auteur. La polyvalence est d’ailleurs un maître mot pour la vingtaine d’acteurs et de techniciens. En 1980, ils investissent et aménagent d’anciens bains douches désaffectés, prêtés par la mairie, y construisant eux-mêmes une scène de belle dimension et des gra-dins pouvant recevoir une cinquantaine de spectateurs. Toutefois ces locaux origi-naux, aujourd’hui affectés exclusivement à cette troupe après d’âpres discussions, résistent mal aux conditions climatiques extrêmes, d’où ses mises en veille hiver-nale et estivale. Depuis 1978, vingt créations, choisies dans un répertoire classique et

moderne, défini comme celui d’un théâtre populaire exi-geant par Jean-Pierre Chalot, ont été montées. Travaillées sur une année au minimum, elles sont jouées pendant deux ou trois saisons de mars à juin, et de septembre à no-vembre. Le budget global de 10 000 euros par an, dont la moitié est dévolue à la réali-sation du spectacle lui-même, s’équilibre par la vente des billets (entre 6 et 9 euros) à un public fidèle et par les subventions de la ville et du département.

Au printemps 2009, vous pourrez ainsi découvrir Les Acteurs de bonne foi de Mari-vaux du 13 au 15 et du 19 au 20 mars puis du 7 au 9 et du 15 au 17 mai.

Sont aussi proposés des stages d’initiation aux tech-niques du comédien à partir du 9 mars.

Philippe Thieyre ¬

spectacle vivant

Rochefort

Saintes

L’Arc en ciel Théâtre Poitou-Charentes, installé à Saintes depuis 2002, met en œuvre du 24 février au 1er mars la deuxième édition de l’événement Dire le monde selon la méthode du « théâtre-forum » d’Augusto Boal.

Depuis trois décennies, les Rochefortais ont pris l’habitude d’apprécier les créations du théâtre du Petit-Marseille dans les anciens bains douches du cours Roy-Bry.

L’ARC en CieL ThéâTRe PoiTou-ChARenTeSInfos : 05 46 91 98 79www.direlemonde.org

Théâtre militant en actes

Les 30 ans du Petit-Marseille

PeTiT-MARSeiLLeRochefortInfos : 05 46 99 56 39 05 46 84 12 13

Metteur en scène brési-lien, lui-même exilé

en France jusqu’en 1986, Au-gusto Boal a développé le « théâtre de l’opprimé » avec les habitants des quartiers pauvres de Rio, avec tous les sans-grade, et leur a donné la parole dans son théâtre-forum. Pédagogie politique, psychothérapie, anticipation des situations probléma-tiques, jeu pour acteurs et non-acteurs, c’est tout cela le théâtre-forum. L’esprit de L’Arc en ciel Théâtre est là, du théâtre pour débattre de la citoyenneté dans la par-ticipation et la recherche de solutions actives. Dire  le monde, cette année, intègre la thématique « Accueillir l’autre » qui sera débattue durant les quatre premiers jours. On réfléchit, et c’est pas triste !

Des soirées-spectacles sont au programme : Le  Procès 

du  militantisme, par la compagnie Jolie Môme (théâtre) ; Caravane  55, un documentaire sur des Roms menacés d’expulsion par un préfet mais défendus effi-cacement par le maire de la ville qui les a gardés ; le same-di 28, grande fête populaire (spectacles de rue, crieur pu-blic, concours-déconnade…) ; et pour la dernière soirée, musique ! Trois groupes sont programmés : Les Ramoneurs de Menhirs (punk-trad. bre-ton), Euroshima (punk-rock) et Joke (rock).

Les tarifs sont en accord avec l’esprit : en journée tout est en accès libre et gratuit, les spectacles en soirée pour 2 euros, entrée concert des 3 groupes pour 10 euros.

Les partenaires de l’évé-nement sont nombreux (parmi eux, le Collectif des sans-papiers et Amnesty In-ternational). La première édition en 2007 avait rassem-blé 2 000 personnes, ce qui autorise un bon pronostic pour cette année 2009.

Dany Huc ¬

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« Je veux parler une fois encore des vieux greniers et de leurs paysages au long cours*. »

Eau de sourceDans son nouveau recueil de nouvelles, Un jour nous partirons**, Georges Bonnet suit le chemin, simple, de personnages ordinaires, servant leur humilité par une absence d’effets qui les rend extraordinaires.

Avant d’ouvrir un livre, on s’attarde sur la couver-

ture… Cette photo fut prise par Jean Dieuzaide, ce grand photographe qui disait : « […] les gens de la terre, je n’oublie pas  tout  ce  que  je  leur  dois… Rencontrer  un  paysan  ou un  berger,  c’est  une  grande leçon. » Georges Bonnet puise son inspiration à la même source, dans ses souvenirs d’enfance passée au cœur de la Saintonge (il est né à Pons en 1919). La nostalgie n’est pourtant pas son fonds de commerce et, bien que la campagne soit très présente dans son œuvre, il n’écrit pas de romans de terroir. Un style limpide pour une écriture modeste, un décor sans éclat mais quelle luminosité !

à hauteur d’hommeAu fi l de Un jour nous partirons, tous les

âges de la vie alternent, des frémissements de l’enfance aux émois de l’adolescence, puis la solitude, la vieillesse et le crépus-cule.

La nouvelle qui donne son nom au re-cueil est d’une extrême concision, le panel d’impressions et de sentiments qu’elle fait naître chez le lecteur est sans fi n. Un homme et une femme, lui plus âgé qu’elle, pénètrent dans un bâtiment vétuste au sortir d’un village : une gare. Ils paraissent usés, leur valise semble lourde. Le guichet est fermé, la salle d’attente déserte : « Côte à côte ils détaillèrent sur  les murs des affi -ches  souvent  vidées  de  leurs  couleurs  qui invitaient  à  de  merveilleux  voyages.  » Le quai est désolé, ils sont seuls postés face à la voie ferrée : « Une  lampe  tempête au verre brisé était posée contre une casquette 

de  chef  de  gare,  sur  le  rebord  d’une  fenê-tre.  » Tout est immobile. Des wagons de marchandises abandonnés sur une voie de garage, même la pendule ne marque plus le temps. Parfois, l’homme entend quelque bruit au loin. Enfant, « en longeant les rails, sans le dire à tes parents, tu courais jusque la gare proche. Caché derrière un arbre, tu contemplais, sous la verrière noircie, le quai 

jonché  d’escarbilles,  les  wagons  à l’arrêt,  tu  t’enivrais  des  odeurs  de vapeur et de charbon, tu enviais les voyageurs  entourés  de  sacs  et  de valises, tu les imaginais en partance pour le bout du monde. » On pense au merveilleux roman d’André Dhôtel, Le  pays  où  l’on  n’arrive jamais, qu’il faut relire tous les dix ans, promesse d’un voyage tou-jours différent…

Une autre nouvelle. « Son œil unique sourit à la face du monde », où nous faisons la connaissance d’un ancien pilier de rugby, un tendre à la gueule de brute, qui aime la littérature, la musique et le chinon. Puis une autre. « Un di-manche perdu », peut-être la part la plus autobiographique, nous conte la journée d’un enfant à la campagne ; lever aux aurores pour les travaux à la ferme, puis, vélo en-fourché, 18 kilomètres à travers la campagne saintongeaise pour une rencontre de foot, et retour à temps pour aider à soigner les bêtes.

Sans faire de bruitGeorges Bonnet est un jeune romancier.

Son premier roman, Un  si  bel  été, a paru en 2000, il avait 81 ans. Ancien professeur d’éducation physique, il commença à écrire de la poésie à l’âge de 45 ans ; une quin-zaine de recueils seront publiés. En 2006, les éditions Le temps qu’il fait éditent son troisième roman, Les  yeux  des  chiens  ont toujours soif, qui tire sa force de la banalité du quotidien ; la rencontre tardive de deux septuagénaires, Émile et Louise, peine à donner naissance à un ultime amour. De trompe-l’œil, l’atmosphère désuète de ce roman s’avère être un véritable arrache cœur.

Il vit aujourd’hui à Poitiers. Comme son œuvre, il est discret et modeste.

Jacky Flenoir ¬

* Un ciel à hauteur d’homme, éditions L’Escampette, 2006.

** Le temps qu’il fait, 2008.

Bibliographie sommairePoésieLa tête en ses jardins, éd. Promesse, 1965Dans une autre saison, éd. Folle avoine, 1993Tout bien pesé, éd. Le Dé bleu, 1996RomansUn si bel été, Flammarion, 2000Un bref moment de bonheur, Flammarion, 2004Les yeux des chiens ont toujours soif, Le temps qu’il fait, 2006

littérature

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p12 littérature

Winshluss face à son destin

«Mesdames et messieurs les ju-rés, la pénible histoire du jeu-

ne Pinocchio – qui se répand ces jours-ci dans une manière d’album bling-bling – est malheureusement symptomati-que des dérives esthétique et morale d’une génération d’artistes œuvrant sans scrupule dans ce milieu autocom-plaisant de la bande dessinée. Alors que la littérature de jeunesse et les studios Disney réunis étaient parvenus, au prix de bons soins résilients, à extraire de ce pantin de bois quelque substance aux vertus édifiantes, voilà qu’un énergu-mène s’érige en nouveau père putatif et entreprend la transcription infidèle du récit de Collodi, plongeant sur près de deux cents pages la marionnette, tarée déjà d’une éducation misérable, dans les limbes marécageuses du sexe, de la drogue et des musiques amplifiées.

« Cachant mal un rictus sous une barbe hirsute, masquant des yeux chafouins sous des montures épaisses, dissimulant le chagrin maternel sous le pseudonyme de Winshluss, Vincent Paronnaud – qui n’a pas répondu, mesdames et messieurs les jurés, aux convocations de la cour –, tôt parti du berceau rochelais où il aurait pu faire carrière dans la chanson populaire francophone, a probablement perdu précocement tout sens commun. En guise de mentor, on l’a vu fréquenter des éditeurs alternatifs – autopro-clamés indépendants au prétexte qu’ils remplissent eux-mêmes leur demande de RMI – et s’acoquiner dans des fanzines obscurs, qui connaîtront les sorts prévisibles qu’ils eurent la morgue de se choisir pour titre. Ainsi de la revue Ferraille, qui recueillera les primes pages de l’éducation de notre pauvre Pinocchio. Regardez à quelles avilissantes pantalonna-des ce Winshluss a livré le champi : violenté, torturé, saoulé, battu… rien ne manque à ce tableau d’infamie de la déchéance illustrée.

« Entendez que ce Winshluss n’en est pas à sa première at-teinte aux bonnes mœurs. En leur temps, d’autres personnages de papier eurent à subir sous la plume grinçante du prévenu des outrages réprouvés par les codes élémentaires de bonne conduite tels qu’ils de-vraient prévaloir dans les publications destinées à la jeunesse si le ministère public faisait correctement son travail :

Bande dessinée

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p13littérature

Lost in translation

Y aura-t-il des volées de poutine, maringouin, crosseur, niai-

seux (ou pire, tabarnak !) dans la barbe de ce bachi-bouzouk d’Had-dock ? On le craint et ne l’espère pas au Québec, visé par Casterman comme le prochain territoire à conquérir après l’Occitanie, la Bretonnie, la Basquie, la Catalanie où Tintin s’en va causer en langues régionales jusqu’à buller en picard tournaisien dans les phylactères des Dupondt : je dirais même mieux, du picourdien tarnais !

De part et d’autre de la mer océane, 2008 fut l’année des cé-lébrations du 400e de Québec. La Rochelle a pris une belle part dans cette aventure transatlantique et transculturelle à racines et langue communes. Or voici que l’éditeur du reporter le plus houppé de Belgique a choisi cette année-là et le Salon du livre de Montréal pour annoncer la parution (2010) d’un Coke  en  stock en français du Québec (sic). En Québéquie, ça a jeté un froid sur la première neige. Le quotidien Le  Devoir a précédé l’émotion d’un grand nombre de francophones. Le « français du Québec » ne serait donc pas le français de France mais un cousin finalement plus proche, au rayon des éditions, d’un patois du Poitou – on est tout fébrile à l’idée d’un Tintin en Amérique traduit vers le « patouê saintonjhouê ».

Sapristi, Milou ! qu’en pensent-ils de l’autre côté d’ici, à 5 000 km de La Pallice ?

Tristan Demers, bédéiste montréalais auteur du célèbre Gargouille, publiera bientôt un livre sur « Hergé au Québec ». Il explique le frisson provoqué par Casterman : «  Nous  représentons une  spécificité  linguistique.  Nous sommes des Nord-Américains par- lant  français  et  donc  encore  en recherche  identitaire.  Toutes  nos susceptibilités ne sont pas justifiées, mais  elles  sont  explicables.  Tintin fait  partie  de  notre  imaginaire collectif, il a été pour nous la source francophone de la BD. » Voilà pour dire que l’on ne tient pas à l’enten-dre revenir en Belle Province avec des t’sais sur la langue, tsé !« Casterman  ne  va-t-il  pas  folk-

loriser  le Québec  ?  Je  suis  à  la  fois curieux  et  sceptique.  À  mon  avis ça n’apporte  rien, estime Demers. Enfant, je lisais déjà Tintin en qué-bécois, avec mon accent. »Oh my God ! ce Coke en stock est

déjà un collector. Mais il n’amu-sera que les maudits français.

De notre correspondant à ¬Montréal : Élian Monteiro Da Silva

Nous remercions la librairie Mille Sabords !.. (rue du Palais à La Rochelle) de nous avoir prêté le capitaine Haddock.

Tintin en québécois… à quand en patouê saintonjhouê ?

souvenons-nous du petit Pat Boon, bal-lotté dans des milieux interlopes, sou-venons-nous de Wizz et Buzz, victimes malgré eux de la violence narrative de ce cerveau malade… Déjà ce spectacle navrant d’une jeunesse abandonnée à d’illusoires modèles dépravés qui ne leur offrent pour avenir qu’ivresses, vomissures et rires gras. Ainsi vont les personnages de monsieur Winshluss, titubant l’œil vitreux dans des cani-veaux tordus.

« Passerait encore qu’il ne sévisse que dans la seule “bande dessinée” : les jeunes de notre pays ne lisent heureu-sement plus et surtout pas de la bande dessinée indépendante. L’outrance a fait son temps et le spectacle renouvelé de la décrépitude morale à l’œuvre dans les productions de monsieur Winshluss leur reste ainsi étranger. Mais il a entre-pris depuis longtemps déjà d’imposer ses talents au monde du cinéma et de l’animation. On l’a vu dans des tuxedo mal taillés venir rafler au bras de plan-tureuses Iraniennes tout ce que le 7e art offre de doré – un prix à Cannes, deux Césars à Paname, et presque un Oscar à Hollywood. Et l’insatiable appétit du bonhomme l’amène à pousser toujours plus avant cette quête du toquant dans de nouvelles adaptations animées : après Persepolis, c’est désormais Poulet aux prunes de la sus-désignée Satrapi et Smart Monkey – qu’il commit lui-même – qu’il entreprend de nous infliger dans les multiplexes. Et c’est un frisson qui nous secoue l’échine quand on suppute qu’il produira cela avec l’assentiment de culturelles éminences qui se pâment depuis quelques mandatures déjà pour tout ce qui peut contribuer à nous éloi-gner du Beau et du Bon. Aussi vous ne serez pas surpris d’apprendre que ce Winshluss, dont je viens pourtant de vous dresser le plus juste portrait, est actuellement célébré sur les rives de Charente, où s’entassent les adorateurs aveugles des couleurs qui dépassent.

« Mesdames et messieurs les jurés, je vous demande de considérer que ce Winshluss est dangereux pour nos en-fants, pour la société et pour lui-même et d’ordonner un internement d’office, sans tambour ni trompette ni plume ni crayon ni fleurs ni couronnes. »

Philippe Guerry ¬

* Pinocchio, éd. Les Requins Marteaux, 30 €* Exposition Winshluss, Festival international

de la bande dessinée d’Angoulême, du 29 janvier au 1er février 2009. http://www.bdangouleme.com

Bande dessinée

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L’ARChe De noé Cie La Boite Noire Le Palace – Surgères 16h – 05 46 07 00 00

Citizen Ben Photographies de Benjamin Caillaud Bibliothèque Universitaire  Rue du loup marin – LR

LA Vie DeVAnT Soi D’après Romain Gary Moulin du Roc – Niort 20h30 – 05 49 77 32 32

un PeTiT BAL De Rien Du TouT Cie Les Zanimos Moulin du Roc – Niort 05 49 77 32 32

VARiATionS AuTouR De LA VioLe(S) La Péniche Opéra Salle des Fourriers – Rochefort 20h30 – 05 46 82 15 15

o eDo SukeRoku TAiko Les tambours de Tokyo La Maline – La Couarde 21h - 05 46 29 93 53

SoiRée AVeC MAGie à LA GRenADine Cie Pestacle, Ass. Grand Large Maison de quartier – Aytré 20h30 – 05 46 30 19 41

Le jouR Se LèVe, LéoPoLD Mise en scène M. Didym Théâtre Verdière – LR 20h30 – 05 46 51 54 02

LeS SALADeS AMouReuSeS bibliothéâtre Méd. Villeneuve-les-Sallines 18h – 05 46 51 14 70

YAëL hASSAn rencontre – Ecrivains en 17 Méd. Villeneuve-les-Salines 

18h – 05 46 44 01 27

k Théâtre

Moulin du Roc – Niort 20h30 – 05 49 77 32 30

The CAVALieRS + The Mean Things

Barbarella – LR 21h

S. DoMAnCiCh & S. GouBeRT Soirée partagée Salle des Fourriers – Rochefort 20h30 – 05 46 82 15 15

BLeu.fR Cie Fouic Théâtre Le Palace – Surgères 20h30 – 05 46 07 00 00

BARBe BLeue Titus raconte « assez bien » L’Atlantique – Niort 21h – 05 49 24 50 68

ne SuiS-je PAS Ton fRèRe ? Projection doc de D. Roten Hall de l’Astrolabe – LR 18h30 – 05 46 67 47 67

STRuP X Concert La Poudrière – Roch. 05 46 87 24 96

YAnn VDB + T. MeTAiReAu Humoristes Théâtre St martin – LR 20h30 – 05 46 07 08 92

YAnniCk jAuLin Conte musical et familial La Maline – La Couarde 14h & 19h - 05 46 29 93 53

Le PARCouRS DeS huMiLiéS Cie Caboch’art Collège Mendès France – LR 05 46 67 47 67

jeAn-LuC CouDRAY Rencontre - Ecrivains en 17 Corderie Royale – Rochefort 18h30 – 05 46 82 66 00

Le VoYAGe De TAi kAhAno Conférence par H. Guiot Muséum d’Histoire Naturelle - LR 05 46 41 18 25

Don GioVAnni Y. Oïda - D. Stern La Coursive – LR 05 46 51 54 02

S’iL PLeuT VouS RAMASSeRez Mon LinGe Gérard Potier Moulin du Roc – Niort 20h30 - 05 49 77 32 30

ChRiSToPhe BeLL œiL Concert

La Poudrière – Roch. 05 46 87 24 96

MATT eLLioT Concert L’Eclusier – Niort 20h

The DoDoz + neiMo + AT hoMe Concerts Espace Culturel Leclerc – Niort 20h30

ASYL – D. DARC – john & jehn XLR Musiques actuelles Maison Georges Brassens – Aytré 06 81 04 47 63

SLAMALAMeR Slam Café des 2 Tours – LR 20h

LA VRAie fiAnCée Olivier Py Théâtre Verdière – LR 10h & 14h30 – 05 46 51 54 02

L’éCuMe DeS jouRS De B. Vian – Cie La Bouée Carré Amelot – LR 19h – 05 46 51 14 70

DeS CAiLLouX DAnS Le CieL De et par Brigitte Agulhon Théâtre des Jacobins – LR 05 46 41 89 35

DeBouT SuR Le zinC XLR Musiques actuelles Maison G. Brassens – Aytré 06 81 04 47 63

nuiT eRik SATie Texte de Satie  La Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 02

S. LLADo + A. CoSSon Humoriste Théâtre St martin – LR 20h30 – 05 46 07 08 92

1ReS ConCeRTATionS MuSiQueS ACTueLLeS Pôle régional musiques actuelles Poitou-Charentes Niort A partir de 9h30 – 05 49 55 37 99

TeRo SAARinen CoMPAnY Danse La Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 02

DeRnieRS ReMoRDS AVAnT L’ouBLi De J-L Lagarce – Mise en scène R. Dana Salle des Fourriers – Rochefort 20h30 – 05 46 82 15 15

fiGuReS De RenConTReS Cie de la trace Maison G. Brassens – Aytré 15h – 05 46 45 38 78

MARiAnA RAMoS Concert Moulin du Roc – Niort 20h30 – 05 49 77 32 32

VoYAGeS AuX oRiGineS De LA MuSiQue Théâtre & Musique La Poudrière – Rochefort 05 46 87 24 96

Le MonDe à LAMBeRT Musique trad’québecoise Hall de l’Astrolabe – LR 19h - 05 46 67 47 67

RenConTRe AVeC S. ABDuLkAhAR & R. fhARAn Arts Plastiques Centre intermondes – LR 18h30

LeS CAMéLéonS D’AChiLLe Achille Tonic La Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 02

SoiRée CLASSiQue : 3 PRoGRAMMeS Musique classique La Maline – La Couarde 21h - 05 46 29 93 53

ThoMAS PiTioT Concert Le Palace – Surgères 20h30 – 05 46 07 00 00

MiSTAken eLeMenT + Sons of Senoka + Exeria CAMJI – Niort 21h – 05 49 17 50 45

ALiCe RuSSeLL Concert CAMJI – Niort 21h – 05 49 17 50 45

zuT ALoRS Concert Le Palace – Surgères 16h – 05 46 07 00 00

un TeMPS D’ouVeRTuRe feSTif Kader Attou et la Compagnie AccrorapChAPeLLe fRoMenTin – LR 05 46 41 17 75

L’enSeiGneuR DoPAGe Théâtre la Passerelle La Maline – La Couarde 21h - 05 46 29 93 53

iCi eT AiLLeuRS Kader Attou et la Compagnie AccrorapLA CouRSiVe – LR 05 46 41 17 75

tai Kahano Une pirogue des îles Marquises Salle d’exposition temporaire du Muséum d’Histoire Naturelle de La Rochelle  28, rue Albert 1er – 05 46 41 91 27

La LiBerté a un ViSage Expo sur l’histoire de l’esclavage et le commerce triangulaire L’Astrolabe  LR 05 46 67 47 67

MatièreS BruteS Le bois, la pierre, le métal La porte bleue  56 rue Saint Jean – Niort – 05 49 17 92 00

Waouh Expo collective d’illustrateurs Association l’atelier Bletterie  Rue Bletterie – LR

DoMuS Chrystele Lerisse Expo photos Espace Art Contemporain  LR 05 46 34 76 55

Page 17: expression 08

D L M M J V S D L M M J V S D L M M J V S D L M M J V S D L M M J V S D L M M J V S D L M M J V S D L M M J V S D L M M J V

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03/mars

Jeune public Cinéma + vidéo Musique expositions Spectacle vivant Littérature Divers

Envoyez vos informations à [email protected]

agenda

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AniS + ShinRi Concerts Espace Leclerc – Niort 20h30

zuT ALoRS Concert Le Palace – Surgères 16h – 05 46 07 00 00

un TeMPS D’ouVeRTuRe feSTif Kader Attou et la Compagnie AccrorapChAPeLLe fRoMenTin – LR 05 46 41 17 75

iCi eT AiLLeuRS Kader Attou et la Compagnie AccrorapLA CouRSiVe – LR 05 46 41 17 75

SeMAine inTeRnATionALe DeS feMMeS La Rochelle pour Elles Salle de l’Oratoire – La Rochelle 06 62 80 34 65

Pink TuRTLe Pop in swing La Maline – La Couarde 21h - 05 46 29 93 53

fATALS PiCARDS + BonAMiA Concerts Espace Culturel Leclerc – Niort 20h30

The CRAfTMen + Deltahead + Bud Mc Muffin CAMJI – Niort 21h – 05 49 17 50 45

ouD ! + Le ChAnTieR Soirée patagée

Salle des Fourriers – Rochefort 20h30 – 05 46 82 15 15

u A DiSPARu Cie du Semeur

La Maline – La Couarde 10h &14h - 05 46 29 93 53

jACkY TeRRASSon TRio Jazz

La Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 02

TRiBuTe To SonnY RoLLinS C d’Accord ensemble instru. CDA

Maison G. Brassens – Aytré 20h30 – 05 46 45 38 78

j. De jeSSuS-BeRGeY & h. TiBouChi Rencontre - Ecrivains en 17 Corderie Royale – Rochefort 

18h30 – 05 46 82 66 00

iLS hABiTenT LA GouTTe-D’oR Laurence Février La Coursive – LR 

20h30 – 05 46 51 54 02

nuiT MAGiQue Conférence

Musée d’Agesci – Niort 20h30 – 05 49 78 72 00

SLAMALAMeR Slam

Café des 2 Tours – LR 20h

4e SALon Du LiVRe De PoéSie 10 éditeurs – 12 poètes Salle de l’Oratoire – LR 14h à 19h – 05 46 34 11 63

The eLDeRBeRRieS + firecrackers CAMJI – Niort 21h – 05 49 17 50 45

SCène ouVeRTe RéTAiSe Rubajazz, Les gens d’ici… La Maline – La Couarde 20h - 05 46 29 93 53

j. PeRnoo & j. DuCRoS Musique La Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 02

zoon (VoLeT 1) Toufick Oudrhiri Idrissi Salle des Fourriers – Rochefort 19h – 05 46 82 15 15

BeRnARD joYeT Avec N. Miravette au piano Le Palace – Surgères 20h30 – 05 46 07 00 00

STuCk in The SounD + PhoSPho Concerts Espace Culturel Leclerc – Niort 20h30

BAXTeR & LeS TRoTSkiDS Punck Rock La Poudrière – Rochefort 05 46 87 24 96

RoCk & BD PAR CheSTeR Conférence Médiathèque – Rochefort 05 46 87 24 96

BLAnChe neiGe Angelin Preljocaj La Coursive – LR 

05 46 51 54 02

LeS huRLeMenTS D’Léo Concert

CAMJI – Niort 21h – 05 49 17 50 45

uBu Roi D’après A. Jarry – Mise en scène J-J Faure Echillais 20h30 - 05 46 82 15 15

iMAnGA eT Le TAXi-BRouSSe Musiques du monde Carré Amelot – LR 05 46 51 14 70

houSSe De RACkeT Concert La Poudrière – Roch. 05 46 87 24 96

CAP SuR iSRAëL Ciné passion 17 La Maline – La Couarde 21h - 05 46 29 93 53

Le ConCeRT fAnTASTiQue Concert Musée d’Agesci – Niort 20h30 – 05 49 78 71 71

SCène ouVeRTe SLAM Animée par Frangélik Salle Jacobins – Saintes 21h

DAVY SiCARD + Simon Nwambeben CAMJI – Niort 21h – 05 49 17 50 45

AnDY eLMeR & BenAT AChiARY Musique Salle des Fourriers – Rochefort 20h30 – 05 46 82 15 15

Dj MouLe + Loo & PLACiDo Concert gratuit pour les Abonnés CAMJI – Niort 21h – 05 49 17 50 45

Le CABAReT De LA ConTeMPoRAine Les Grands Jafoins Bar des Fourriers – Rochefort 19h & 22h - 05 46 82 15 15

Moi Qui MARChe Cie Aia

La Maline – La Couarde 05 46 29 93 53

je ne SuiS PAS un nuMeRo Ludor Citrik Salle des Fourriers – Rochefort 20h30 – 05 46 82 15 15

AMouR à MèRe Cie A Petit Pas

Le Palace – Surgères 20h30 – 05 46 07 00 00

kALeo LeïDo Cirque Moulin du Roc – Niort 19h & 21h – 05 49 78 71 71

LA ViLLe Mise en scène : M. Paquiem Théâtre Verdière  – LR 05 46 51 54 02

feSTiVAL Au fiL Du ConTe avec Contes pur beurre Maison G. Brassens – Aytré 15h – 05 46 45 38 78

CRiSTinA BRAnCo Musique du monde - Fado La Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 02

L’ARGenT Ciné Concert La Coursive – LR 20h30 – 05 46 51 54 02

iMBeRT – iMBeRT 1re partie : Dylan Malidor La Maline – La Couarde 21h - 05 46 29 93 53

RoSSini, ReSPiGhi, huReL, STRAVinSki Orchestre Poitou-Charentes Gymnase de la Vieille Forme – Rochefort 20h30 - 05 46 82 15 15

ChAnTieR DeS fRAnCoS Musique Théâtre Verdière – LR 20h30 – 05 46 51 54 02

TouR De ConTeS Asso. Les Amuses-Gueules Maison G. Brassens – Aytré 15h – 05 46 45 38 78

BuffeT DeS ConTeuRS Asso. Les Amuses-Gueules Maison G. Brassens – Aytré 12h – 05 46 45 38 78

DanieL ChaLLe Expo photos Carré Amelot  LR 05 46 51 14 70

La Vie en roSe Installations de F. Petrovitch Espace Art Contemporain  LR 05 46 34 76 55

un PhotograPhe, une îLe, troiS ViSionS Olivier Dreyfus La Maline  La Couarde – 05 46 29 93 53

yagui DruiD Gravure Astrolabe  Avenue de Dublin – LR 05 46 67 47 67

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Olivier Suire Verley & Etienne6 au 27 juin - Xin Art galerie à la RochelleC’est un évenement pour La Rochelle d’accueillir les œuvres d’OlivierSuire Verley : la dernière exposition remonte à 1982, et c’est la pre-mière fois qu’Etienne expose dans notre villePlace de la Fourche quartier St NIcolas. Tél. 06 78 70 52 66

Festivals Eurochestries en Deux SèvresDu 18 au 23 août 200916 concerts, 120 musiciens, dans les communes de Niort,Moncoutant, La Crèche, Le Vanneau, Beauvoir/Niort, St Symphorien,Chevreux, Lezay, La Richénard, Usseau, Chizé, St-Marc-la-Landes, La Rochenard, St Marc la Lande,CherveuxOrganisation OVNI. 06 11 79 21 38. www.eurochestries.org

Jurgen Lingl - Rebetez3 au 25 juillet - Xin Art galerie à la RochelleD'une extraordinaire énergie, le sculpteur du réel travaille le bois à latronconneuse : il donne ainsi vie et chair à ces sujets.Place de la Fourche quartier St NIcolas. Tél. 06 78 70 52 66

Résonances 200924, 25 et 26/07 - RochefortRendez vous Place Colbert en fin d’après midi pour les «Priz d’Arts»(spectacles de rue) qui répondront aux «Nuits» de musiques dumonde festives sur la scène de la Corderie Royale. Au programme : LaFamille Goldini, Les Apostrophés, La Cie L’Adret, Les Musiques à Ouïr,Ba Cissoko, Toure Kunda, Mounira Mitchala, Mariana Ramos, Kali !Rens. : 05 46 82 15 15 - www.theatre-coupedor.com

Dédicace-CrisseMercredi 01/07 de 14h à 19h - librairie Mille SabordsA l'occasion de la sortie du tome 4 d'Atalante, Crisse dédicacera sesalbums le mercredi 1er juillet de 14h à 19 h à la librairie MilleSabords. Prolifique dessinateur de BD, Crisse a également signé desoeuvres telles que Luuna, Kookaburra ou L'Epée de Cristal.22 rue du Palais. LR. 05 46 41 73 73 - 1000-sabords.com/tintin

Sous les pavés… La Rue20/06 de 14h à la nuit - Niort15 ans que la Fanfare LE SNOB existe ! Pour célébrer cet anniversiares :pas moins de 23 Cies, plus de 26 spectacles… Ces artistes sont pour laplupart des préxurseurs dans leurs domaines, des personnalités quiont fait évoluer le paysage international des arts de la rue.Gratuit - tout le programme sur : www.fanfarelesnob.com

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Deux-Sèvres

musée

L ’espace-temps en est tout bouleversé. Démonstration vidéo à l’appui, le cours des

choses se dérobe sous nos yeux une fois pous-sée la porte de ce château colossal. Le seuil de « la chambre de la lune » à peine franchi, nous voici confrontés à une profonde méditation : «  Quel  est  l’imbécile  qui  a  quitté  le  monde des  lumières  sans  éteindre  l’interrupteur  ?  » Tapissant les murs, les centaines de portraits d’écoliers oironais observent le visiteur, clin d’œil à l’identité locale et vivante du château. Mieux encore, tous les 30 juin, 150 Oironais sont invités à déjeuner au château. Sur la table sont alors dressées les assiettes person-

nalisées exposées dans la « salle à manger ». À quelques pas de là, une vaste piste de jeux rayée en noir et blanc augure de la fantaisie de la collection d’art contemporain Curios et Mirabelia. Dans le même esprit, les méduses fluorescentes d’Yves Chaudouët, élément de l’exposition temporaire « Je remonte » concou-rent à l’originalité des lieux.

incongru et désopilantLe château d’Oiron dévoile ses multiples fa-

cettes au fur et à mesure des étages parcourus. Au premier, un décor bord de mer avec étoiles fluorescentes s’impose tout au long d’un in-terminable couloir, plongé dans la pénombre. Dans un coin, dorures et peintures ornent un appartement d’apparats, soulignant l’aris-tocratie des lieux. Un trait conventionnel vite estompé par les projections vidéo dont émane une impression de langueur. Résultat des va-et-vient des vagues diffusés et des curieux mobiles maritimes suspendus. Passé les coins, recoins et autres cabinets de curio-sité du château, un immense couloir glacial en cours de restauration finit par apparaître. Est-ce le fantôme de Madame de Montespant, la favorite de Louis XIV, qui vient de s’enfuir à travers le miroir tacheté par les années ? Quand soudain, dehors, sous la voûte d’une contre-allée, un arbre mécanique grince. Serpent et chouette en ferraille, perchés sur les branches, prennent vie et signalent qu’une présence a été décelée.

Laissez de côté votre raisonnement cartésienQuitter les courants d’air de ce pavillon han-

té pour s’évader très loin. Voilà une riche idée. À l’opposé de cette aile, la salle des « 365 brû-lures solaires » réchauffe le corps et l’esprit. Ici on ne se lasse pas d’essayer de déchiffrer les énigmatiques clichés climatiques recouvrant la pièce. Si cela ne suffit pas à se tranquilliser, une magnifique pharmacopée bretonne en droite lignée des druides de Brocéliande est à disposition à l’étage. Jeu des sens, de chauds-froids, d’errances et de mystères, impossible de ressortir de ce château la tête à l’endroit.

Laissez de côté votre raisonnement carté-sien car, ici, il ne pourra rien pour vous. Que comprendre, en effet, des animaux entreposés dans « la chambre des mutants » ? Un canard empaillé avec une tête de rat, un cygne aux oreilles de lapin… rien qui ne relève des scien-ces naturelles. À moins que. Les pièces visitées ont-elles servi à d’obscures expériences ? Un coup d’œil furtif jeté par la fenêtre et c’est une immense tasse de thé rose bonbon qui attire l’attention, sous une allée. Entre bizarreries et rêves éveillés, le château d’Oiron sait intri-guer. Avec l’insolite pour devise.

Marilyne Gautronneau ¬

Un château pas comme les autresComme surgi de nulle part à l’est de Thouars, le château d’Oiron recèle de nombreuses surprises en ses murs. L’art contemporain a imprégné l’âme des lieux dans un interminable dédale de vieilles pierres.

Château d’Oiron Ouvert de 10 h 30 à 17 h jusqu’au 31 mai, de 10 h 30 à 18 h du 1er juin au 30 septembre. Tarifs : de 5,50 € à 7 €, gratuit pour les moins de 17 ans.Tél. : 05 49 96 51 25 Site : www.oiron.fr

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Après les marchés de Noël, le salon Arts Atlantic où elle a été élue « prix du pu-

blic », la galerie Bletterie, elle a exposé cet automne dans un hôtel particulier du cen-tre de La Rochelle ouvert rien que pour elle, dans une galerie parisienne… Pourtant, quelle histoire ! Son destin était plutôt de travailler aux champs, voire d’épouser un Blanc et de s’arrêter là. Mais la jeune fille, têtue, n’avait «  qu’une  idée,  aller  encore plus  loin,  loin de  l’Afrique  », en France de préférence, pays « ami ». Qu’importe si la valise était en carton et les embûches nombreuses. La vie est faite de rencontres : décisive fut celle d’un peintre exilé à Paris, doté d’une vieille presse dans un coin de son atelier. Elle assure n’avoir jamais des-siné auparavant, n’y avoir même jamais pensé : la voilà qui se saoule pourtant de l’atmosphère du lieu, qui s’essaie sur du

La « manière noire » sauce Yagui DruidN’avez-vous pas déjà croisé un gros engin à cylindres et plateau avec une belle silhouette qui virevolte autour ? Des mains tachées, mais rapides et précises devant le papier fraîchement encré ? C’était Yagui Druid, toujours accompagnée de sa presse, graveuse à part entière.

arts plastiques

linoléum, « pour s’amuser » et parce qu’elle veut trouver « un truc à elle ». Résultat : « Si tu sais faire ça, tu peux faire de la gravure. » Le peintre lui apprend les rudiments, et « l’embrouille est partie ». Si bien qu’au mo-ment de quitter Paris, il lui offre sa presse.

Morsures acidesInstallée depuis six ans à La Rochelle

avec mari et enfants, elle « cherche tout le temps, mûrit les choses ». Dans son garage de Mireuil, plus d’une dizaine de plaques de zinc sont toujours en cours, prêtes à re-cevoir le trait de la pointe sèche, la morsure de l’acide, les nappes de vernis. Une plaque peut attendre plusieurs années son dernier peaufinage. Celles déjà tirées sont suscep-tibles d’être retravaillées. « Plus je travaille, plus je pense que je peux faire mieux. » Les techniques s’enchevêtrent, cette autodi-dacte les mixe et les réinvente, guettant l’accident heureux : un papier journal laisse une empreinte dans le vernis mou ? Un système se met alors en place, où tissus, pinceaux – tout ce qui traîne – viennent déposer leurs traces. Et les motifs ? Il n’y en a plus, ils ont été dissous dans ces attaques répétées du cuivre ou du zinc : si des têtes évoquant les masques populaires africains pouvaient surgir lors des premiers tirages, aujourd’hui la figure est comme gangrenée par la matière. Et vice versa.

Révélations du berceauDernièrement, elle a adopté la technique

de la manière noire, en substituant à l’usa-ge patient du « berceau » celui de nombreux bains à l’acide. Le noir obtenu est si profond que des formes s’y révèlent, engluées dans la masse. La graveuse creuse, traque les vi-sages, le sens, ne le donne jamais vraiment. Même les bribes de texte sont à l’envers. Parce que, pour celle qui a été abandonnée par sa mère, qui a la « tête d’une Sénégalaise alors  qu’elle  est  née  en  Côte-d’Ivoire  », le visage ne sera jamais donné. Et il est là, en creux dans la plaque, fantomatique sur le papier. Yagui Druid a réussi sa « cuisine ». quatorze ans après sa première exposition, elle le sait maintenant, elle peut converser avec les «  vrais  » graveurs, ceux qui ont suivi la voie académique.

Catherine Fourmental-Lam ¬

Yagui Druidhttp:// [email protected]

Exposition du 9 mars au 4 avril à l’Astrolabe, La RochelleInfos : 05 46 67 47 67

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p19arts plastiques

Didier guérandelle, artiste-machineCet homme est une énigme. Plus on en sait sur lui, moins on saisit le personnage. Car il n’est pas un mais deux. Double artiste, double personnalité, ce Jekyll et Hyde peint depuis près de vingt ans mais questionne toujours son art.

Caméléon changeant de facture selon son humeur, Didier dit une chose puis

son contraire et s’amuse à brouiller les pistes. Cette ambiguïté se retrouve dans ses œuvres – de petits formats à l’aqua-relle et encre de chine ou des toiles plus importantes à la glycéro.

Attraction-répulsionArrivé à La Rochelle en 2001, Didier

Guérandelle réalise alors des peintures de

bâtiments et paysages hauts en couleur. Aujourd’hui, les constructions humaines ont laissé la place aux corps. Car à force de barouder de Prague au Maroc, d’évoluer entre Bordeaux et Lyon, Didier a fait des rencontres. «  Ces  gens  extraordinaires  » croisés sur son chemin, il « [s’]en nourrit ». En échange, il les peint. Peut-être une for-me d’hommage. Plus sûrement un moyen de se les approprier : Didier, le «  gamin à  la  vie  trashos  », comme il le reconnaît

lui-même, n’est pas très à l’aise avec ses semblables. Attraction-répulsion. Tel un homme préhistorique peignant sur les pa-rois de sa caverne les animaux qu’il craint et respecte à la fois, Didier Guérandelle re-couvre les murs de son atelier de peintures de ceux qui retiennent son regard, dans la vie ou les magazines.

Parler de portraits serait toutefois inexact. Didier ne peint que des corps tronqués. Un sein, un torse, rarement un visage… Des nus, souvent. Petits bouts d’individus dépouillés du superflu, vulné-rables, livrés aux regards. Ce travail de dis-section, il l’élabore non avec des pinceaux mais avec un torchon, une serpillière, un martinet… Armé de ces outils «  qui  [lui] ressemblent », il fouette ses toiles, simples feuilles de papier blanc, avec une violence expressionniste, une liberté à la Pollock.

Ses dernières séries se conjuguent en noir et blanc « pour éviter  la séduction de la couleur ». Car Didier ne cherche pas l’es-thétique, mais « à comprendre le processus de  création  ». Pour cela, il écrit un essai mêlant carnet de bord, portrait et lettres d’amour. Ce livre lui «  donnera  peut-être des réponses avant d’avoir à poser les ques-tions ».

un peu Steve Austin dans l’âme…Alors Didier Guérandelle, artiste roman-

tique torturé par son besoin de création ? Une conclusion trop naïve pour un garçon aussi compliqué. Car, si sensible qu’il soit, Didier cache en lui une part de Steve Austin. Pas pour les trois milliards mais pour le côté bionique. Il se rêverait en effet artiste-machine « peignant sans réflexion, mécaniquement,  afin  de  surprendre  [sa] conscience ». À cette fin, il utilise de plus en plus la technologie dans son œuvre : dans ses dernières séries, il projette des photos sur la toile avant d’en copier le tracé et son-ge à construire une machine qui ferait tout à sa place. Ce Didier-là, neutre et distant face à son travail, se livre un combat sans fin avec son double sensible, le poussant à aller plus loin dans la sobriété. Une façon de s’affranchir de son art et de « casser  le processus  de  peinture  nombriliste  » qui l’amenait, avant, à peindre toujours « un peu  pareil  ». Didier l’homme contre le Didier-Machine, le combat promet d’être rude.

Jessica Hautdidier ¬

Didier Guérandelle a récemment réalisé la décora-tion intérieure du restaurant Les Enfants terribles à La Rochelle et expose à partir de février au café Les Deux Tours.

Didier Guérandellehttp://guerandelle.canalblog.com/[email protected]

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p21arts plastiques

Claude Pereira-Barbas

…qui vous observe de son œil charbon, sourire jocondien, cli-

gnement complice de la paupière, un je-ne-sais-quoi d’on se regarde on se comprend, voici Claude, fi ls de Barbas, oiseau noir ba-riolé, habillé comme qui dirait un notaire et pourquoi pas diamantaire à Anvers, bizarre oiseau du Portugal que voici. Papa chez Simca-Périgny-La Rochelle, à l’époque des chantiers navals, papa au tympan dé-foncé sous sa vareuse de travailleur émigré et parti trop tôt… Maman, comme toutes les Portugaises du monde, femme de ménage

Claude Pereira-Barbas

C’est un petit chapeau noir sur un vélo bien haut perché…

chez les bourgeoises de La Genette, tandis que le fi ston apprend au lycée maritime le dur métier de marin, vomit dans le cargo qui sent la vieille huile et la sueur des gros bras tatoués jusqu’aux oreilles. Fiston qui revient, pas fait pour être marin avec des gars qui font « ouah-ouah », le Claude qui va à l’usine comme son papa qui fabrique des voitures au paradis des trois-huit. L’usine de Haute-Savoie, pas faite pour lui qui se retrouve en Italie aux Beaux-Arts. Carrare, la marbrière, ville des esclaves à peine affranchis et de l’anarchie ordonnée, trois ans pour tenir le pinceau et couler le plâtre, un tour au lycée apprendre à tailler la pierre ou du moins commencer à la com-prendre, un Claude juché sur un cheval grandeur nature en plâtre armaturé, bras d’honneur donquichotien à l’ordre et la rigueur des examens.

… qui vous observe par le trou de serrure des bordelsBeaux-Arts pas faits pour lui qui s’essaye

ailleurs à travailler le fer et manier l’en-clume, souder ses premiers personnages taillés dans son costard de dresseur de ra-gondins, automates qui ressemblent à des prêtres défroqués, qu’on voit aussi dans ses tableaux-fresques en format géant couleur de cirque et de théâtre, antihéros d’une peinture naïve et coloriée qui s’éloigne de son fi guratif premier pour aller vers un expressionnisme criard, observatoire un tantinet ironique du monde que Claude voit par le trou de la serrure des bordels. Un paradis de femmes à barbe, de putains emperlousées, d’avaleurs de sabres, de cracheurs de feu et de princes travestis, mafi eux en costume trois pièces, fi lles de cabaret avinées et les hommes au comp-toir qui payent rubis sur l’ongle. Claude peint ce qu’il voit pour en faire un pays farfelu dans lequel il se promène tel le Baron de Münchhausen, tranquille, juché sur son grand vélo noir corbeau, s’amusant à peinturlurer la bêtise humaine, la vanité et le grotesque, transposant des situations banales dans un univers onirique et sen-suel qui sent la praline chaude et la fête foraine. Sa peinture est comme ses racines, populaire, créant un rapport simple et sans chichis avec son public, écrite comme une joyeuse malédiction que Claude revendi-que sans pour autant passer par la case « je suis un artiste contemporain qui vous fait du concept et des installations tendance ». Pas de ça chez Pereira-Barbas qui a besoin du trauma et des accidents de la vie pour fabriquer l’émulsion et sortir un trésor de son âme pas noire pour deux sous.

Xavier Guerrin ¬

Exposition au bar « Le 20 » à Ars-en-Ré, à partir de mai 2009.

La Loterie de la vie, fi lm d’animation, est en cours de réalisation, inspiré par son théâtre d’ombre Inde-séjour, en collaboration avec le plasticien-sculpteur rochelais Bruce Krebs. À noter que Claude recherche un producteur…

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Du 31 mars au 10 avril 09

En ville, dans les quartiers

et sur le domaine universitaire

Espace Culture - Université de La Rochelle

T: 05.46.34.15.22 - E-mail : [email protected]

et sur le domaine universitaire

Espace Culture - Université de La Rochelle

T: 05.46.34.15.22 - E-mail : [email protected]

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p23photographie

Le 20 janvier, Barack Hussein Obama et Joe Biden, son

colistier, ont prêté serment sur les marches du Capitole à Washington. À l’occasion de cet «  Inauguration  Day  », jurant fidélité à la Constitution, mains droites levées, ils sont devenus président et vice-président des États-Unis d’Amérique. God  bless  ! L’événement aura sans doute des répercussions mondiales. Mais la première est locale. La bibliothèque universitaire de La Rochelle a verni en ce jour d’investiture une exposition consacrée aux coulisses de l’élection du can-didat Obama. Trois mois de campagne résumés en soixante clichés d’un photographe indé-pendant rochelais. Des grands formats en couleur qui balaient les highlights depuis le discours du démocrate qui se déclare, lors la convention de Denver en août 2008, à la première confé-rence de presse du président élu à Chicago en novembre. Une ode à la réconciliation du peu-ple américain à grands coups de flyers distribués par les militants, de hugs prodigués à tous les sympathisants, de stars and  stripes hissés haut et de united colors. Un reportage sur cette foule black  and white  all together priant pour la victoire et explosant d’une joie tout US à la déclaration des résultats. Des images de communion qui arrachent un peu le Nouveau Monde de ses ornières de l’Irak en guerre, de son statut de plus gros pollueur mondial (23 % des émissions carboniques !) et de ses croix en flammes dans quelques obscurs États du Sud.

Pierre Labardant ¬

inauguration day

Exposition « Citizen Ben », bibliothèque universitaire de La Rochelle, 20 janvier au 21 février 2009Contact : www.univ-larochelle.fr

jérôme Clair est en croisade. Depuis Saint-Jacques-de-Compostelle où il a été

diplômé d’une école d’art, à travers toute la Galice et jusqu’en Sicile, il tente de sauver une population en danger : les vieux. Il brandit son appareil photo, immortalise ici une épouse de pêcheur, là un gardien d’église, ailleurs un paysan. Tous isolés parmi des contemporains plus soucieux des conflits surgissant à l’autre bout du monde ou des cours fluctuants de Wall Street. Pour les protéger des rides qui creu-sent leurs visages un peu plus chaque jour ou des canicules qui déciment leurs rangs chaque année, l’artiste a créé une « cage de cristal » dans laquelle il met en scène ses surannés sujets. À la fois une pièce trans-parente symbole de leur isolement et une bulle translucide rempart face à la maladie et à la mort. Une scénographie ethnogra-phique qui aboutit à la présentation de douze portraits d’anciens en danger sous le titre « Génération isolée » dans la gale-rie d’essais du Carré Amelot. Jérôme Clair redore donc le blason de ces salauds de jeunes en nous offrant un regard bien-veillant sur son prochain âgé et en tentant d’ouvrir les yeux de nos contemporains confits dans leurs années de jouvence insolente. La verdeur au secours de la sénescence.

Pierre Labardant ¬

Mon vieux

Exposition « Génération isolée »galerie d’essais du Carré Amelot, La Rochelle, du 8 janvier au 7 mars 2009

Contact : www.carre-amelot.net

S’essayer dans une galerieLe Carré Amelot, à travers sa galerie d’essais, propose aux photographes de les aider à monter une première exposition. Il leur offre un suivi personnalisé depuis la sélection des images jusqu’à leur présentation au public. Une douzaine de photographies sont ainsi rassemblées pour chacune de ces expositions.Contact : Martine Perdrieau ou Yves Phelippot au 05 46 51 14 82

exposition

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p24 internet + design

B rrrrr. Dehors, ça dit – 3 °C. C’est mieux que les autres jours.

Le Banania©, la douche, les frin-gues… Que ça m’énerve de voir mon nouveau T-shirt préféré, là, dans la pile, sachant que je vais me coller deux pulls, une parka et une écharpe avant de me ra-battre la capuche sur le nez. Au final : une autre masse sombre dans les rues gelées. C’est vrai, ça m’énerve, il est tellement beau mon nouveau T-shirt préféré. Super image / message  /  typo  /  truc 1, bonne couleur, de la sérigraphie de qualité. Typiquement l’achat impulsif sur un magasin en ligne new-yorkais complètement confidentiel. Indispensable. Il faut bien dire qu’il n’a jamais été aussi facile de produire des T-shirts, à l’unité ou en série, petite ou grande – il apparaît partout des gens qui en réalisent et en vendent de terribles, via le web.

Depuis 2007, le muséum d’histoire naturelle de La Rochelle expose dans

des espaces réaménagés ses trésors taxi-dermisés et autres beautés ethnologiques. Rafraîchissant ses bêtes empaillées, il en profite pour faire le ménage sur son web

avec un nouveau site www.museum-la-rochelle.fr. Il réussit à cette occasion une prouesse : mélanger poussière et tech-nologie. Le site transmet parfaitement la grande ambivalence du lieu, affichant sur la toile des objets sentant fort le renfermé

internet

Original, drôle, graphique 2, politique, mythique 3, artistique, commercial, in-

telligent 4, spécifiquement prévu pour une situation ou un

groupe particuliers, le T-shirt n’aura jamais été un moyen d’expression

aussi abordable. Du coup, la différence entre une rue

piétonne l’été et la même en hiver est saisissante : d’une multi-

tude d’images de tous les goûts et de tous les genres, parfois presque bruyante, on est projeté dans un silence visuel complet. Plutôt reposant mais vite ennuyeux. Brrrrr. Dehors, il fait bien – 3 °C. C’est peut-être mieux que les autres jours mais, quand même, ça pique.

Martin Masmontet ¬

1. Rayer les mentions inutiles. Plusieurs choix sont possibles.

2. Cf. www.threadless.com3. I ♥NY4. Oui, il existe des T-shirts intelligents, ou qui

portent des messages intelligents. Cf. note 2.

Cherchez la petite bête

PeluresDesign

et des présentations empreintes de mo-dernité. Sur un fond neutre, classique de muséographie, objets aux teintes patinées et animaux aux yeux perdus dans le vague font l’essentiel de la galerie. Les salles sont vides et les jardins désertés. Un air glaçant se dégage des images, même si l’envie – le piment ! – de se promener seul dans les couloirs la nuit vient rapidement. Et pour-quoi pas croiser la silhouette fantomatique de l’illustre Alcide d’Orbigny se faufilant sur le parquet ciré ? Les seuls visiteurs des lieux sont tous bloqués dans l’unique film proposé à la rubrique « vidéos », souvenir de l’expédition organisée pour l’inauguration du muséum. Certains faisant guili-guili au menton de la girafe, d’autres risette à la gueule du lion. Les prochains arriveront sans doute sur les rives de la rue Albert 1er à bord de l’embarcation emblème de l’expo-sition « Le voyage de Tai Kahano, pirogue des îles Marquises » installée jusqu’au 28 juin. Sauf s’ils sont définitivement effrayés à l’écoute de la voix synthétique, saccadée et monocorde, des séquences audio accom-pagnant les pages du site...

Pierre Labardant ¬

www.museum-larochelle.fr

© Muséum d’histoire naturelle de La Rochelle

© www.threadless.com

L’internet pour découvrir le monde depuis son fauteuil ? Le monde oui, mais aussi le coin de sa rue ! Découvrons ensemble ce qui se passe sur notre écran près d’chez nous.

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Game ouvertDes études scientifiques judicieusement financées le montreraient sans peine : Internet, c’est bon pour les enfants, mangez-en.

«Du point de vue des schèmes physi-ques et spatiaux, la nomenclature

symbolique des enfants d’avant Internet était assez strictement contrainte par la manipulation d’items de plastique dont la faible variété de formes (pavés droits, figurines anthropomorphiques) et de couleurs (jaune, rouge, bleu) ne permet-tait qu’une structuration précaire de leur capacité d’abstraction. Du point de vue de la construction des univers narratifs, la répétition non-distanciée de tropes d’inte-ractions entre Petit Ours Gras et sa maman

(essuyage de la vaisselle) ou son papa (lustrage de la voiture) a indéniablement contribué à figer des référentiels iden-titaires corporels incomplets. L’enfance, dans ces eaux-là, ne s’épanouit qu’impar-faitement, périclite en grandissant. Une croissance négative*. »

Alors qu’un bon jeu sur Internet, c’est nettement plus cool. Tout n’y est que chatoiement, bigarrures et chamarru-res. Ici, les plus jeunes enfants trouvent enfin à interagir de manière ludique et variée avec des univers attractifs riches,

ergonomiquement conçus pour qu’ils ap-préhendent intuitivement sans la lourdeur névrosante d’un pédagogisme maladroit le maniement des calames modernes (boo-hbah.com, poissonrouge.com, tibao.com). Là, les plus grands déploient les appétits créatifs que la turbulence démiurgique de leurs jeunes neurones appelle et peuvent librement proposer à une communauté ouverte le fruit passionné de leur imagi-nation (free-rider.fr, crayonphysics.com, lacartoonerie.com). Ailleurs, ce sont les passerelles vers l’ancien monde de papier qui sont tendues pour que l’intelligence littéraire et graphique de ces continents cousins trouve des circulations naturelles (monde-gourmandises.net, www.salon-livre-presse-jeunesse.net/munari/ ou /erl-bruch, veer.com/typecity). Une croissance positive.

You loose, play againÔ évidemment, la vieille garde parentale

renâcle bien à l’idée que ses rejetons dis-posent bientôt d’un éventail culturel bien plus riche que le sien. La résistance tente bien de s’organiser, qui exhibe tantôt les guets-apens de la navigation, tantôt la pauvreté supposée du média. Mais c’est perdu d’avance. Il n’est pas plus dangereux de laisser un enfant seul sur Internet que de lui servir un Pernaut-Ferrari à chaque repas. Internet n’est pas l’ennemi et le pervertisseur de la jeunesse. Et le combat esthétique rejoindra ceux que menèrent en leur temps les contempteurs du cinéma ou de la bande dessinée. Les jeux vidéo ont désormais une histoire, des auteurs recon-nus, des références et des codes narratifs et esthétiques, une économie, bref une cultu-re. Il n’est pas trop tard pour s’y préparer, il n’est pas trop tard pour s’y intéresser, il n’est pas trop tard pour s’y former. L’office du tourisme virtuel est chez vous, il a cinq ans, il est devant son écran. Tenez-vous sans bruit derrière sa chaise et regardez-le vous conduire dans un monde moderne.

Philippe Guerry ¬

* « Internet is good for kids, enjoy it », in Judiciously Financed Scientific Studies, coming soon.

jeune public

Les jeux vidéo ont désormais une histoire, des auteurs reconnus, des références et des codes narratifs et esthétiques [...] bref une culture.

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p27portrait

B rume sur Ré et fumée de cigarettes à Saint-Martin. Allure typique de rock

critic, cheveux mi-longs, baskets, jeans noirs et étroits, petite veste. Rédacteur en chef historique de Rock  &  Folk, Philippe Paringaux a grandement contribué à établir cet archétype du journaliste rock. Après avoir découvert le rythme binaire avec Tommy Steele, puis Elvis Presley dans les années 50, écumé les concerts dans les années 60 et s’être ennuyé sur les bancs de Sciences-Po et du CFJ (Centre de formation des journalistes), il entre au journal en 1968. D’abord chroniqueur boulimique, il en devient secrétaire de rédaction, puis, à partir de 1972, rédacteur en chef, un des rouages essentiels de l’ascension du maga-zine à la fin des années 70 : 200 000 ventes, 200 pages dont 50 de pub, 12 salariés plus les pigistes et une aura incomparable en Europe.

Après la chuteDans les années 80, Rock & Folk doréna-

vant concurrencé sur son terrain par les médias généralistes se pose des questions existentielles et recherche une nouvelle voie qu’il ne trouvera pas : « Avant on par-lait de ce qu’on aimait vraiment, après on a parlé de ce qu’on n’aimait pas vraiment. » Paringaux trouve même le temps de pren-dre en charge pendant quatre ans L’Écho 

des  Savanes. S’ensuit une lente dégringolade jusqu’à la cession du titre en 1990. Il s’en sort plutôt bien financièrement. Ce qui lui laisse le temps de se positionner comme un des meilleurs traduc-teurs de biographies musicales d’artistes qu’il a longtemps cô-toyés : anthologie des Beatles, textes de Bob Dylan, vie de Bob Marley, même si la lassitude s’ins-talle parfois quand, par exemple, il faut traduire une quatrième biographie de Bob Marley.

MulticartesParallèlement, depuis trente

ans, il s’est acoquiné au dessina-teur Loustal pour produire de ma-gnifiques bandes dessinées, récits aussi sombres que des polars dé-sespérés, notamment Barney et la note bleue en 1987 et Le Sang des voyous en 2006. Il est également fier d’avoir traduit Surf  City de Kem Nunn et de voir son propre roman publié deux fois sous deux titres différents, Privé d’amour en 1997 et, après d’importantes mo-difications, Blues  blanc en 2007. Enfin, il participe régulièrement au scénario des documentaires

de Claude Ventura et écrit des textes de chansons, notamment pour Christophe.

L’océan et Miles DavisAprès son divorce, ce germa-

nopratin viscéral s’installe deux ans à Bordeaux avant de se fixer en 1998 près de l’océan, à Saint-Martin : « Je  suis  resté  cinq  ans sans  retourner  à  Paris.  Ici,  il  est encore  plus  facile  qu’ailleurs  de s’enfermer,  de  se  laisser  aller, surtout si on travaille chez soi. En outre, je n’ai pas établi de liens du-rables hors du boulot avec  les an-ciens  journalistes de Rock & Folk. De même avec les musiciens, mais peut-être  dans  ce  cas  est-ce  dû  à un  trop  grand  orgueil.  Je  n’avais pas  envie  d’être  le  Paringaux  de Paris  aux  côtés  de  mes  alter  ego de  Berlin,  de  Londres,  de  New York… Un petit point de référence sur  le  parcours  égocentrique  des stars du rock. Étrangement, je n’ai vraiment eu des rapports d’amitié qu’avec  Miles  Davis,  pourtant réputé pour son caractère hautain. Maintenant, j’apprécie de me ren-dre à Paris comme un touriste. »

Philippe Thieyre ¬

Rocker historiqueDepuis dix ans, l’ancien rédacteur en chef de Rock & Folk, Philippe Paringaux, écrit, traduit et vit à Saint-Martin-de-Ré.

Il y a encore i

des mecs qui fument en écoutant du rock.

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Fleshmarket CloseIan RankinEd. du MasqueIl est toujours bon d’insister sur l’importance d’un écrivain, même s’il a déjà acquis une certaine reconnaissance. Actuellement, peu d’auteurs de roman policier égalent l’Écossais Ian Rankin. Les dernières aventures de l’inspecteur Rebus le démontrent une nouvelle fois : une intrigue principale inscrite dans une problématique brûlante et confl ictuelle (cette fois-ci l’immigration), des personnages fortement ancrés dans leurs contextes historiques et sociaux, une écriture dynamique, une bonne dose d’humour et d’excellentes références musicales (John Martyn entre autres)./ P.T.

RAF Guérilla urbaine en Europe occidentaleAnne Steiner & Loïc DebrayL’échappéeLà aussi, il s’agit d’une version revue et corrigée d’un livre paru en 1987. À partir d’une analyse fouillée des actes et des motivations des membres de la célèbre bande à Baader-Meinhof, les auteurs montrent comment la théorie révolutionnaire confrontée à la violence étatique s’est muée en pratique terroriste dans l’Europe des années 70. À méditer.Elvis Presley Careless Love : au royaume de Graceland (1958-1977)Peter GuralnickLe Castor AstralUn gros pavé fourmillant de détails comme aiment bien en produire les journalistes américains. Après Last Train To Memphis, le temps de l’innocence (1935-1958), Peter Guralnick raconte la suite des aventures du King Elvis jusqu’à sa mort dans sa propriété très kitsch de Graceland. Turn The Beat Around, l’histoire secrète de la DiscoPeter ShapiroAlliaÀ peine moins volumineux que

Amis américains : entretiens avec les grands auteurs d’HollywoodBertrand TavernierActes Sud/Institut LumièreUn formidable ouvrage, dans tous les sens du terme, 1 000 pages et des dizaines de photos pour ce recueil d’entretiens avec les fortes personnalités du cinéma américain (John Ford, Jacques Tourneur, John Huston, Budd Boetticher, Elia Kazan) et plus contemporaines comme Robert Altman, Scorsese, Tarantino. Œuvre d’un des meilleurs réalisateurs français, Bertrand Tavernier, une première mouture de ce livre avait été publiée en 1993, mais cette nouvelle édition largement revue et augmentée, tant au niveau des textes que de l’iconographie, est absolument magnifi que. /P.T.

The GardenUnitopiaInsideOut/SPVPour leur deuxième album, ces sept Australiens nous offrent de longs morceaux entre rock pop et progressif (l’infl uence de Genesis) traversés de belles mélodies et d’agréables architectures instrumentales sans jamais verser dans la facilité. Les deux chanteurs possèdent des voix chaleureuses et accrocheuses. Certes les textes comme la pochette font plutôt preuve d’une vision heroïc fantasy un peu naïve, mais ce serait plutôt rafraichissant de nos jours. / P.T.

En préambule : il n’y aurait pas de meilleur hommage à rendre à James Crumley, un des meilleurs romanciers américains, mort en septembre, que de lire ses trois chefs-d’œuvre : Fausse piste, La Danse de l’ours et Le Dernier Baiser, tous disponibles en Folio Policier.

I Drink Your Blood & Last House On Dead End StreetSi ces fi lms ne sont pas d’une qualité artistique extraordinaire, ils ont le mérite d’avoir ouvert la voie à des cinéastes underground, trash et contestataires.Néo Publishing permet à nombre d’amateurs de découvrir, enfi n, ces perles du mauvais goût.Inédits en France depuis leur création, Last House On Dead End Street et I Drink Your Blood représentent à eux deux le sommet du cinéma grindhouse, ces fameuses séries B présentées en double programme.Malsains, étranges, gores et décalés, ces fi lms sont précédés d’une réputation en rien usurpée.Déviances et perversions s’accumulent en crescendo

le précédent, la nouvelle parution de l’excellente collection musicale chez Allia s’intéresse avec lucidité à un genre un peu méprisé (parfois avec raison – voir Claude François –, d’autres fois à tort) dont le strass et les paillettes reviennent à la mode. / P.T.

shopping

LIVRES DISQUE

DVDS

NOTULES LIVRESQUES

DISQUELIVRES jusqu’au fi nal sanglant. Créant un climat poisseux et glauque, les réalisateurs s’en donnent à cœur joie dans le spectaculaire et le choquant.Des fi lms à réserver aux amateurs de fi lms cultes qui n’ont pas froid aux yeux. / G.D.

Il était une fois… le western européenÉdité chez Dreamland, société aujourd’hui disparue, cet ouvrage faisait la joie des spéculateurs (il frisait d’occasion les 300 €). On trouvait déjà le travail de Jean-François Giré faramineux, tant par sa pertinence que par ses qualités encyclopédiques. Désormais agrémenté de quelque cent pages supplémentaires, il devient tout simplement pharaonique dans une version reliée du plus bel effet.Bazaar & Co, jeune éditeur nouvellement arrivé sur le marché, prend le risque de ressortir ce monument sous un habillage encore plus classieux que l’édition précédente.Indispensable pour les afi cionados du western spaghetti et parfait pour ceux que le genre interpelle. / G.D.

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