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Extraction de granulats marins Document d’orientation pour une politique nationale Secrétariat Général de la Mer Version 3.0 – 1 er juin 2006

Extraction de granulats marins · Les granulats sont, en quantité, la deuxième matière première utilisée en France , après l’eau ; 400 millions de tonnes de graviers et sables

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Extraction de granulats marins

Document d’orientation

pour une politique nationale

Secrétariat Général de la Mer

Version 3.0 – 1er juin 2006

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Secrétariat Général de la Mer – V3.0 , 1er juin 2006

Sommaire

AVANT PROPOS....................................... ................................................................ 4 RESUME .................................................................................................................... 5 RESUME DES RECOMMANDATIONS ......................... ............................................ 7 1 INTRODUCTION ......................................................................................10 2 LES GRANULATS : NATURE, RESSOURCES, BESOINS, GESTIO N..11

2.1 Les granulats et leurs usages ...................... ....................................................11 2.2 Les ressources en granulats terrestres et marins et leur gestion ................11 2.3 Les caractéristiques des granulats en fonction des usages.........................19

3 IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX ET SOCIO-ECONIMIQUES LIES A L’EXTRACTION ET AU TRANSPORT DES GRANULATS ......... ............................21

3.1 Impact de l’extraction des granulats terrestres.... ..........................................21 3.2 Impact de l’extraction des granulats marins........ ...........................................22 3.3 Impact du transport des granulats.................. .................................................26 3.4 Bilan global ressources terrestres/ressources mari nes : comparaison des

impacts ............................................ ...................................................................28 4 GRANULATS MARINS : POLITIQUES ET REGLEMENTATION ACTUELLES.......................................... ...................................................................29

4.1 Administration responsable en matière de granulats marins .......................29 4.2 Le cadre juridique et fiscal actuel ................ ....................................................30 4.3 Régulation des usages de la mer.................... .................................................33

5 ASPECTS SOCIO- ECONOMIQUES.......................................................35 5.1 Données économiques ................................ .....................................................35 5.2 L’industrie du granulat en France.................. ..................................................36 5.3 Part des granulats dans le coût financier direct de s produits ......................36

6 NECESSITE ET EBAUCHE D’UNE NOUVELLE APPROCHE EN MATIERE DE POLITIQUE D’EXTRACTION DE GRANULATS..... ..........................37

6.1 L’approche terrestre actuelle : équilibre local ent re production et consommation ....................................... ............................................................37

6.2 Le cas de l’Ile de France .......................... .........................................................38 6.3 Contribution possible des granulats marins à l’appr ovisionnement des

zones en déficit structurel ........................ ........................................................41 7 ANALYSE ET CONCLUSIONS : QUEL DEVELOPPEMENT DE L’EXTRACTION DES GRANULATS MARINS ? ................ ......................................42

7.1 Analyse ............................................ ...................................................................42 7.2 Scénario possible à échéance de 10 ou 15 ans....... .......................................47 7.3 Nécessité d’une véritable politique nationale...... ...........................................47 7.4 Principes généraux pour l’exploitation des granulat s marins ......................48

8 RECOMMANDATIONS .................................... ........................................57 8.1 Principes et préalables au développement des extrac tions de granulats

marins dans un cadre complètement rénové ........... ......................................57 8.2 Planification stratégique de l’exploitation des gra nulats marins..................60 8.3 Gestion de l’exploitation des granulats marins..... .........................................62 8.4 Nécessité d’une modification profonde du cadre régl ementaire applicable

aux granulats marins............................... ..........................................................66 8.5 Révision de la fiscalité de l’extraction de granula ts en mer et affectation des

produits ........................................... ...................................................................66 9 ANNEXE 1 : LES GRANULATS ET LEURS USAGES ........... ................69

9.1 Les granulats ...................................... ...............................................................69

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9.2 Quels sont les usages des granulats ? .............. .............................................69 9.3 Les grandes catégories de granulats ................ ..............................................72

10 ANNEXE 2 : STATUT JURIDIQUE DE LA MER .............. .......................74 11 ANNEXE 3 : POLITIQUES ET REGLEMENTATIONS ETRANGERES ...76

11.1 Royaume Uni........................................ ..............................................................76 11.2 Belgique........................................... ...................................................................78 11.3 Pays-Bas........................................... ..................................................................79 11.4 Union Européenne................................... ..........................................................80

12 ANNEXE 4 : REGLEMENTATION.......................... .................................81 12.1 Textes relatifs au plateau continental............. .................................................81 12.2 Textes relatifs aux mines .......................... ........................................................81 12.3 Textes spécifiques aux matériaux marins............ ...........................................81 12.4 Textes relatifs au domaine de l’État............... ..................................................82 12.5 Textes relatifs à l’environnement.................. ...................................................83 12.6 Autres textes ...................................... ................................................................83

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AAAVVVAAANNNTTT PPPRRROOOPPPOOOSSS Lors de sa réunion du 14 septembre 2004, le comité interministériel de

l’aménagement et du développement du territoire (CIADT) a réaffirmé la nécessité de disposer d’une vision d’ensemble de la question de l’exploitation des granulats marins : ressources, méthodes d’exploitation, impacts réels ou potentiels, besoins à court et moyen terme, prévisions d’ouverture à l’exploitation. Nécessaire pour donner à tous les acteurs la visibilité qui leur est nécessaire, cette vision prospective doit faire l’objet du document d’orientation rédigé après consultation des principaux acteurs (publics ou privés) intéressés.

Le CIADT a donc demandé au secrétariat général de la mer, en liaison avec les

ministères concernés et les acteurs socio-économiques, d’établir un document d’orientations visant au développement équilibré de l’exploitation des granulats marins.

Ces propositions devront être renforcées par des études complémentaires à réaliser

par les ministères concernés. A cet égard, le CIADT a en particulier demandé : - Au ministère de l’industrie, en liaison avec les autres ministères intervenant en mer

et avec les administrations déconcentrées (préfets et préfets maritimes) d’identifier les ressources et les besoins, en particulier littoraux, en granulats, ainsi que les contraintes logistiques et les conditions économiques de leur exploitation ; de proposer et d ‘évaluer plusieurs scénarios d’accroissement de la production de granulats marins ; d’élaborer un dispositif réglementaire approprié.

- Aux ministères chargés de la recherche, de l’écologie et du développement durable, de la pêche, de l’équipement et de l’industrie, d’élaborer de manière coordonnée un programme national d’étude des impacts écologiques et socio-économiques de l’extraction des granulats marins.

Le présent document se situe dans le cadre des réponses à apporter à cette requête

du CIADT.

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RRREEESSSUUUMMMEEE Les granulats sont, en quantité, la deuxième matière première utilisée en France ,

après l’eau ; 400 millions de tonnes de graviers et sables sont ainsi extraits en France chaque année, et utilisés essentiellement dans le BTP.

Ces matériaux sont pour l’essentiel issus de carrières terrestres ; les granulats marins

ne sont actuellement exploités qu’en quantités limitées (de l’ordre de 5 millions de tonnes par an), à proximité des côtes ; ils sont utilisés presque exclusivement pour la satisfaction des besoins des communautés littorales. Cette activité traditionnelle , bien intégrée dans les usages locaux, ne soulevait pas jusqu’ici d’objection de la part des populations littorales, ni de la part des autres usagers de la mer, et ses impacts environnementaux et socio-économiques étaient jugés acceptables.

Avec la raréfaction des ressources alluvionnaires terrestres accessibles

(notamment du fait de réglementations environnementales plus contraignantes), des problèmes d’approvisionnement risquent de se poser à brève échéance dans certaines régions, comme l’Ile de France , qui ne disposent plus de ressources exploitables de qualité suffisante à une distance raisonnable (le déficit pourrait atteindre entre 5 et 10 millions de tonnes par an à moyen terme) ; il n’existe pas actuellement d’alternative crédible aux granulats alluvionnaires (sable) pour la confection de bétons à haute résistance.

Par ailleurs, la gestion de l’érosion côtière reposera de plus en plus à l’avenir sur

l’utilisation de matériaux (rechargement de plages, …), qui devraient être, pour des raisons techniques (granulométrie, nature) et logistiques, d’origine marine. Ces besoins sont mal quantifiés actuellement, mais il est d’ores et déjà certain qu’ils iront croissant, ce qui pose dans tous les cas la question du développement de l’extraction des granulats marins ; l’ordre de grandeur des besoins pourrait être de l’ordre de 2 à 3 millions de tonnes par an.

Les granulats marins apparaissent comme une solution à ces problèmes ; il en existe

en effet des ressources importantes dans les zones maritimes de France métropolitaine, en particulier au voisinage des côtes, des estuaires de grands fleuves, notamment en Manche, et qui peuvent être acheminées de manière économique et respectueuse de l’environnement (notamment par voie fluviale) jusqu’à proximité des zones de consommation.

Le développement de l’extraction de granulats marins pour la satisfaction de ces nouveaux besoins est susceptible d’entraîner des conséquences néfastes , notamment sur l’environnement marin et sur les activités qui en dépendent. Les problèmes environnementaux peuvent être comparés à ceux qui ont conduit à limiter l’extraction des granulats alluvionnaires en rivière ; s’y ajoutent des problèmes d’acceptabilité dus aux conflits directs (lutte pour l’espace, disparition de ressources halieutiques) et indirects (appauvrissement du milieu) avec d’autres activités, en particulier la pêche. De plus, les principes mêmes de la législation minière , qui laissent toute l’initiative du choix des zones d’exploitation aux seuls exploitants, apparaissent naturellement générateurs de conflits dans l’espace public et ouvert à tous que constitue la mer.

Cette question a été mise en lumière par un rapport parlementaire sur le règlement des

conflits d’usage dans la zone côtière entre pêche professionnelle et autres activités (rapport DUPILET) rendu au gouvernement en 2001 ; elle a été amplifiée par le développement déterminé par les britanniques dans leur zones marines (ou opèrent essentiellement des

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pêcheurs français…) d’exploitations de grande ampleur (plusieurs dizaines de millions de tonnes par an).

Le secrétariat général de la mer a été chargé, en liaison avec les ministères concernés

et les acteurs socio-économiques, d’établir un document d’orientation visant au développement équilibré de l’exploitation des granulats marins.

Son analyse est la suivante : - les impacts environnementaux de l’extraction de granulats marins sont réels, mais

on peut les limiter et les évaluer en cours d’exploitation, pour peu qu’on adopte des principes adaptés (faibles surfaces, zones limitées, suivi environnemental …) ;

- les impacts socio-économiques réels sont limités, et concernent surtout la pêche ; les conflits sont dus en partie à une approche réglementaire inadaptée à l’espace public qu’est la mer (ouverte à tous, et où une concertation pilotée par l’État et une planification stratégique transparente devrait précéder les projets), et au caractère public des ressources marines ;

- le bilan avantages/inconvénients est a priori favorable aux granulats marins par rapport aux granulats terrestres, dès lors que l’on peut (comme c’est le cas pour la région parisienne) les acheminer de la mer jusqu’aux lieux de consommation par voie fluviale (transport sûr, peu polluant et socialement peu coûteux), alors que les granulats terrestres dépendent principalement de transports terrestres saturés (fer) ou polluants, peu sûrs et impliquant des coûts externes importants (route). Une analyse économique plus fine doit permettre de quantifier cette différence de coût.

Le choix d’un développement modéré de l’exploitatio n de granulats marins est

donc un choix raisonnable ; mais pour en limiter les impacts négatifs, et en accroître l’acceptabilité il doit s’accompagner d’un travail de planification stratégique et de concertation préalable, et d’une adaptation du cadre réglementaire actuel.

On recommande ainsi : - d’identifier les besoins en granulats marins par zone pour une utilisation en

complément aux granulats d’origine terrestre là où ils ne permettent plus de satisfaire les besoins du BTP de manière structurelle et pour une utilisation dans la gestion de l’érosion côtière ;

- d’améliorer la gestion des granulats marins , ressource publique, notamment en réalisant des évaluations des gisements dans les zones sous juridiction française pouvant contribuer utilement à la satisfaction des besoins ;

- d’identifier dans ces zones les espaces où l’exploitation de ces matériaux entraînerait un impact environnemental et socio-économique minimum , et de croiser ces zones avec les gisements de granulats pour identifier les ressources exploitables sans risque inacceptable ;

- à partir de cette évaluation des besoins, des ressources et des impac ts , de développer une planification stratégique de l’exploitation de ces granulats ;

- de n’accorder d’autorisations que pour les quantités strictement nécessaires et conformément à la planification stratégique ;

- de prévoir des dispositions financières et fiscales ad aptées à l’exploitation des granulats marins, permettant notamment la réalisation de programmes d’amélioration de la connaissance du milieu marin, le suivi des impacts des exploitations en cours, la compensation des contraintes générées par les exploitations (surveillance, délocalisation d’autres activités, …) et la réhabilitation de l’environnement en fin d’exploitation.

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RRREEESSSUUUMMMEEE DDDEEESSS RRREEECCCOOOMMMMMMAAANNNDDDAAATTTIIIOOONNNSSS

PRINCIPES

1. Etablir, en concertation suffisante avec les autres usagers les critères de pertinence de l’exploitation des granulats marins et terrestres, en intégrant notamment les aspects environnementaux et socio-économiques (coûts financiers directs des exploitations, coûts indirects, mais aussi chiffrage financier des dégradations à l’environnement).

2. Réserver l’exploitation des granulats marins aux cas où elle constitue la meilleure réponse (au sens de la méthode définie dans le cadre de la Recommandation 1) à la satisfaction des besoins, en portant une attention particulière aux besoins littoraux (gestion du trait de côte, BTP) et aux besoins en matériaux alluvionnaires de haute qualité des bassins en déficit structurel.

3. Limiter le nombre et la surface des zones ouvertes à l’exploitation des granulats marins et adopter des méthodes d’exploitation prudentes, notamment en termes de profondeur maximale des souilles générées en fin d’exploitation, tout en permettant un approvisionnement satisfaisant des bassins de consommation.

4. Encadrer strictement les quantités autorisées, et assurer un contrôle continu des quantités extraites.

5. Conduire des études, sous le contrôle ou mieux à l’initiative de l’État, pour définir les bonnes pratiques en matière d’études d’impact et d’extractions de granulats marins, et explorer les moyens de réduire ou de compenser leurs impacts négatifs. Couvrir en particulier les thèmes de labiodiversité et de la modification des phénomènes hydrologiques.

6. Étudier les solutions techniques et réglementaires pour valoriser industriellement les granulats issus de dragage.

7. Rechercher, en vue de les exploiter en priorité, les gisements de granulats dont l’exploitation sera associée aux impacts négatifs les plus faibles (que ce soit en termes environnementaux ou socio-économiques).

8. Interdire les extractions sur l’estran et faire respecter cette interdiction (sauf à des fins de gestion de l’érosion côtière au sein d’une même cellule sédimentaire).

PLANIFICATION STRATEGIQUE DE L’EXPLOITATION DES GRA NULATS MARINS

9. Lancer une étude pour identifier les besoins stratégiques pour lesquels les granulats marins constituent une réponse possible.

10. Lancer un programme national de recensement systématique des zones où existent des ressources potentielles en se concentrant en priorité sur celles pouvant répondre à la satisfaction de besoins stratégiques, sans se limiter aux ressources économiquement exploitables avec les techniques et dans le contexte actuels. (Etude BRGM / IFREMER en cours pour apporter des éléments de réponse à cette question)

11. En fonction des besoins stratégiques et des ressources permettant d’y répondre, mener des études stratégiques d’impact à l’échelle de chaque façade maritime pour identifier qualitativement, et dans une certaine mesure quantitativement, les conséquences d’une exploitation éventuelle des granulats sur l’environnement et sur les autres activités.

12. Etablir un plan stratégique d’exploitation à moyen terme des granulats marins au niveau national sur la base des études de besoins stratégiques, de ressources et d’impacts

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environnemental et socio-économique. Ce plan devra préciser les zones à exploiter et les quantités maximales dont l’extraction peut y être autorisée. Il pourra avantageusement préciser le régime de taxes et redevances applicable aux différentes zones et destiné à encourager les exploitations là où les conflits d’usages et les impacts environnementaux sont a priori plus faibles, comme par exemple les zones profondes et éloignées de la côte. Une procédure ouverte et transparente devrait être mise en place pour le réexamen et la révision périodique de ce plan.

GESTION DE L’EXPLOITATION DES GRANULATS MARINS

13. Expertiser la nécessité de revoir la procédure d’attribution des autorisations et réfléchir aux adaptations souhaitables qui permette notamment le versement d’une redevance équitable à l’Etat, redevance qui pourrait être modulée en fonction des impacts environnementaux, socio-économiques et en termes de conflits d’usage des exploitations envisagées.

14. Etudier les impacts de chaque exploitation de manière approfondie, en respectant des normes établies par l’État. Les études devraient prendre en compte non seulement l’extraction des granulats nouvelle envisagée, mais aussi l’impact cumulé de toutes les autres activités conduites dans la zone et en particulier les autres extractions de granulats sur des sites proches. La possibilité de faire supporter la charge d’une étude des impacts cumulés non pas par le dernier demandeur, mais par tous les usagers de la zone, pourrait être étudiée.

15. Étudier la possibilité de limiter les exploitations proches du littoral et de faible importance en approvisionnant les zones littorales à partir de sites d’extraction plus au large, en prenant en compte l’existence d’une industrie d’extraction littorale économiquement significative.

16. Associer étroitement les services du préfet maritime à l’élaboration des décisions d’autorisation d’exploitation de granulats en mer en le chargeant de la concertation avec les usagers de la mer, et ultérieurement de la régulation des activités (projet de décret actuellement au Conseil d’Etat).

17. Renforcer le contrôle des exploitations assuré par les autorités déconcentrées de l’État (quantités extraites et lieux d’extraction) : préfet maritime pour la partie marine des activités, préfet de département pour la partie terrestre, avec le concours des services déconcentrés de l’État.

18. Étudier la possibilité de constituer à une échelle pertinente (façade maritime ou niveau national, selon la quantité de dossiers à traiter) un pôle de compétences en matière de granulats marins, de préférence à l’éclatement actuel entre services de l’État dans les départements et les régions de chaque façade.

19. Rechercher une gestion de toutes les extractions, quelle que soit leur finalité (y compris la gestion de l’érosion côtière), dans un cadre réglementaire unique. Traiter également dans ce cadre le cas de la valorisation des produits de dragage.

20. Lorsqu’un projet intégré existe, inclure les exploitations de granulats marins proches de la côte dans le cadre de la gestion intégrée des zones côtières. Les décisions relatives aux exploitations côtières dans le périmètre de gestion devraient systématiquement faire l’objet d’un avis dans le cadre de ce projet.

NECESSITE D’UNE MODIFICATION PROFONDE DU CADRE REGL EMENTAIRE

21. Etudier les implications de la nouvelle approche en matière d’exploitation des granulats marins sur la réglementation existante, et entreprendre les mises à niveau nécessaires.

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Bien prendre en compte en particulier le résultat des actions à conduire dans le cadre des recommandations 13 et 19 ci-dessus. La révision en cours de la réglementation qui a pour objectif de créer un code unique des mines peut répondre à cette attente.

REVISION DE LA FISCALITE ET AFFECTATION DES PRODUIT S

22. Revoir la fiscalité applicable aux extractions de granulats. En plus de la redevance à la tonne, la ou les taxes devraient couvrir l’accroissement des charges de régulation liées aux extraction, comprenant notamment le suivi des impacts environnementaux et la compensation de ces impacts, et enfin, le cas échéant, l’indemnisation temporaire des usagers dont l’activité est perturbée du fait des extractions (voir recommandation 24 ci-dessous).

23. Calculer la part des taxes concernant l’augmentation des charges de l’État et la prise en compte des impacts environnementaux à partir de l’étude stratégique d’impact dans chaque zone, et la fixer avant la procédure d’attribution des autorisations.

24. Etudier le principe d’une indemnisation des pertes d’exploitation pour les activités touchées localement par les extractions, en liaison avec les professions concernées. Le cas échéant, la collecte et la redistribution devraient en être assurées par l’État.

25. Affecter tout ou partie des ressources fiscales issues de l’exploitation des granulats marins à un fond national susceptible d’être mobilisé pour la gestion de ces ressources, les études nécessaires à la réduction des impacts, le suivi par l’État et le contrôle des exploitations.

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111 IIINNNTTTRRROOODDDUUUCCCTTTIIIOOONNN Chaque année, on utilise en France plus de 400 millions de tonnes de granulats, soit

près de 7 tonnes par habitant : c’est, après l’eau, la substance la plus consommée. Néanmoins, peu de gens ont réellement conscience de l’importance, et même souvent de l’existence, des granulats.

Pourtant, cette substance si répandue se raréfie ; plus exactement, les ressources

accessibles dans des conditions acceptables aux plans de l’économie, de l’environnement et des risques diminuent. C’est en particulier le cas pour les granulats d’origine alluvionnaire (sables, notamment) du fait de la limitation d’accès aux alluvions des fleuves et cours d’eau, et des problèmes d’acceptabilité et d’environnement que posent les carrières terrestres d’où proviennent actuellement la majorité de ces granulats. Se pose alors la question de la recherche de ressources alternatives.

Parmi ces ressources alternatives, les produits issus de recyclage devraient tenir une

place croissante ; mais les possibilités ne sont pas illimitées, et les exigences associées à certains besoins (fabrication de béton, par exemple) ne se satisfont pas de produits de qualité moyenne.

Les roches massives sont une autre alternative envisageable. Les ressources

nationales sont énormes1, et les impacts de leur extraction et de leur concassage sont généralement jugés acceptables. Mais ces ressources sont généralement éloignées des centres de consommation, et leur transport par voie terrestre se fait à des coûts et avec des nuisances importants ; d’autre part, les matériaux issus de concassage de roches massives ne sont techniquement pas substituables aux matériaux alluvionnaires pour certaines applications très exigeantes.

Sur la base de ce constat, les industriels du bâtiment et des travaux publics, mais aussi

les pouvoirs publics, examinent depuis de nombreuses années avec intérêt la solution potentielle que constituent les granulats marins, dont la France dispose d’importantes ressources, actuellement peu ou pas exploitées ; la qualité des granulats marins est parfaitement adaptée aux besoins du BTP, et ils peuvent souvent être transportés jusqu’aux zones de consommation sans nuisance majeure, notamment par voie d’eau.

Par ailleurs, alors que traditionnellement la plus grande part des usages des granulats

se concentrent dans le bâtiment et les travaux publics, de nouvelles applications (comme la lutte contre l’érosion côtière) sont susceptibles d’être à l’origine de besoins croissants en granulats marins en mer côtière ou sur littoral.

Mais si les granulats marins apparaissent comme une réponse à des besoins réels,

leur extraction pose un certain nombre de problèmes : - problèmes écologiques : la mer est un milieu fragile et mal connu, et il serait

regrettable, en limitant l’accès aux ressources terrestres pour protéger les milieux aquatiques terrestres, de reporter en mer les menaces pour l’environnement ;

- problèmes socio-économiques : la mer n’est pas vide, et de nombreuses activités s’y exercent déjà, dont le développement des extractions en mer pourrait menacer l’équilibre parfois fragile.

1 Par exemple les massifs de roches éruptives comme le Massif Central, le Massif Armoricain,

les Vosges ou les Ardennes

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Des oppositions se manifestent contre le développement des extractions, réclamant

une meilleure visibilité sur la justification de ces extractions, leur importance future, et leurs conséquences notamment environnementales et socio-économiques, et une amélioration de l’encadrement réglementaire des activités d’extraction en mer. Ces oppositions ont conduit de fait à retarder considérablement l’instruction des demandes déposées par les industriels du granulat.

L’importance des difficultés rencontrées montre que le problème dépasse largement

l’échelle de l’opposition locale : les opposants réclament en fait une vision globale de la question de l’exploitation des granulats marins et de la politique nationale dans le domaine.

Le présent rapport a pour objectif d’analyser la nécessité du recours aux granulats

marins pour assurer au meilleur coût économique, mais aussi environnemental et social, la couverture des besoins nationaux en granulats, et de proposer des orientations stratégiques pour la mise en œuvre d’une politique cohérente et lisible dans ce domaine.

222 LLLEEESSS GGGRRRAAANNNUUULLLAAATTTSSS ::: NNNAAATTTUUURRREEE,,, RRREEESSSSSSOOOUUURRRCCCEEESSS,,, BBBEEESSSOOOIIINNNSSS,,, GGGEEESSSTTTIIIOOONNN

2.1 Les granulats et leurs usages On appelle « granulats » des matériaux qui se présentent sous forme de grains dont la

taille est comprise entre 0 et 125 mm. Ces matériaux ont diverses origines. Ils peuvent exister à l’état naturel à terre ou en mer dans des gisements qui fournissent un produit directement exploitable après un simple lavage et un « criblage » (séparation des grains par calibre). Ils peuvent également être produits par concassage de roches massives exploitées dans des carrières. Ils peuvent enfin avoir d’autres origines, essentiellement de la filière du recyclage (mâchefers, produits de démolition, déchets divers).

Ces granulats ont de multiples utilisations, qui selon le cas se satisfont de produits peu

spécifiques ou au contraire réclament des produits ayant des caractéristiques tout à fait particulières. Les activités qui consomment l’essentiel des granulats sont le bâtiment, les travaux publics (terrassement et ouvrages d’art) et enfin la gestion de l’érosion côtière.

Plus de détails sur les différentes catégories de granulat et leurs usages figurent en

annexe 1.

2.2 Les ressources en granulats terrestres et marin s et leur gestion

2.2.1 Ressources terrestres

2.2.1.1 Les ressources terrestres en granulats

2.2.1.1.1 Roches massives Les gisements de roches massives correspondent à une multitude de situations

géologiques (couches plus ou moins épaisses, filons, épanchements volcaniques, massifs

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de granite, …) et à des localisations géographiques très différentes. La carrière peut être implantée en plaine, sur un plateau, en montagne, au bord d’une falaise, …

L’exploitation s’effectue à flanc de coteau ou en puits, en fonction de la situation du

niveau géologique utile. On peut ainsi extraire des roches éruptives, des roches métamorphiques ou des roches sédimentaires consolidées (calcaires …) et produire des granulats à partir de ces roches par concassage.

2.2.1.1.2 Sables et graviers alluvionnaires Les gisements alluvionnaires correspondent à des matériaux non consolidés,

généralement déposés pendant l’ère quaternaire par les glaciers, les cours d’eaux ou sur les fonds marins peu profonds. Le gisement habituel est celui du lit ou de l’ancien lit d’une rivière.

En fonction de la situation du gisement par rapport à la hauteur du cours d’eau ou de la

nappe phréatique de l’endroit, l’exploitation aura lieu « à sec » ou « dans l’eau ».

2.2.1.1.3 Granulats issus du recyclage Ces granulats constituent une part non négligeable de la production totale et peuvent

donc à ce titre être considérés comme un gisement à part entière. Ils sont produits en concassant soit des matériaux issus de démolition de bâtiments, d’ouvrages d’art ou de chaussées (bétons, pierres de taille, …), soit des sous produits de l’industrie (laitiers des hauts fourneaux, mâchefers, …).

2.2.1.1.4 Répartition géographique des ressources Les gisements de minéraux sont répartis sur tout le territoire national. Certains types

de produits particuliers sont cependant plus abondants dans certaines régions. On trouve ainsi plus particulièrement :

- Les alluvions glaciaires (sables et graviers) dans les anciennes moraines des glaciers des Alpes ou des Pyrénées ;

- Les sables et graviers alluvionnaires fluviatiles (granulats siliceux ou sillico-calcaires) dans les bassins des principaux fleuves (Seine, Rhin et Moselle, Rhône et Saône, Adour et Garonne, Loire) ;

- Les sables, graviers et galets du littoral dans les deltas, les dunes, cordons littoraux et plages. Souvent situés dans des zones sensibles ou protégées, ils sont cependant rarement exploités ;

- Les couches de sables et sablons , roches sédimentaires non consolidées déposées il y a des millions d’année, dans la région de Fontainebleau (sables) et en Touraine (faluns) ;

- Les roches sédimentaires consolidées telles que les calcaires ou les grès dans les bassins sédimentaires (Bassin Parisien, Bassin Aquitain) et dans les régions montagneuses (Jura, Provence, Ardennes, Alpes, Pyrénées, …). Après concassage, elles donnent des granulats ;

- Les roches métamorphiques dures , telles que les quartz et les gneiss dans les massifs montagneux anciens où elles sont exploitées (Vosges, Massif Armoricain, Massif Central, Estérel, Corse) ;

- Les roches éruptives anciennes (granites, diorites, micro-diorites, grabbos, …) ou les roches volcaniques (rhyolites, trapp, …) dans les massifs montagneux anciens, avec une répartition analogue à celle des roches métamorphiques ;

- Les roches volcaniques récentes (basalte, trachyte ou andésite) dans la zone de volcanisme récent du Massif Central ;

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- Les matériaux de recyclage sur tout le territoire, mais plus particulièrement près des zones urbanisées (matériaux de démolition) ou les bassins industriels (sous produits de l’industrie).

2.2.1.2 La prospection et l’exploitation des granul ats terrestres

2.2.1.2.1 Prospection des granulats Avant d’opérer à la reconnaissance du gisement sur le site où l’exploitation est

envisagée, il est conseillé de recenser les contraintes opposables à l’ouverture d’une carrière.

Toute étude de gisement débute par une étude géologique. Pour un gisement de

roches massives, on procède à un prélèvement d’échantillons sur affleurement et à la réalisation d’un sondage carotté sur le site retenu. L’étude pétrographique, complétée par une valeur de bleue pour quantifier l’état d’altération, est essentielle. Il reste ensuite à préciser la structure du gisement en recourant aux méthodes géologiques électriques et sismiques.

Pour un gisement de roches meubles, l’utilisation de la topographie détaillée des

différents niveaux (surface du sol, toit du matériau, toit du substratum) est indispensable. Ces cartes topographiques serviront de base pour le calcul de cubatures et la définition du plan d’extraction, de découverte et de réaménagement.

Il est en outre indispensable de connaître la piézométrie de la nappe car elle a une

incidence directe sur le déroulement même de l’exploitation, sur le mode d’extraction et sur le parti de réaménagement.

2.2.1.2.2 L’extraction des granulats terrestres L’extraction des granulats s'effectue dans les carrières qui utilisent des techniques

différentes selon qu'il s'agit de roches massives ou de granulats alluvionnaires meubles, exploités « à sec » ou « dans l’eau ».

Le traitement est réalisé dans des installations de traitement généralement situées sur

le site de la carrière. Parfois, les installations peuvent se situer à un endroit différent du site d'extraction.

En général, on retrouve les cinq mêmes principales étapes de production : - décapage des niveaux non exploitables ; - extraction des matériaux ; - transfert sur les lieux de traitement ; - traitement des granulats pour obtenir les produits finis ; - remise en état du site exploité. Seules les deux premières étapes sont décrites ci-dessous.

2.2.1.2.2.1 Le décapage (ou découverte) Découvrir, c'est retirer les terrains situés au-dessus des niveaux à exploiter : - terre végétale ; - roches plus ou moins altérées ; - niveaux stériles.

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Les matériaux de découverte, terres végétales et matériaux stériles, doivent être stockés indépendamment de façon à pouvoir être utilisés lors du réaménagement de la carrière, sans pour autant gêner les différentes phases de l'exploitation. La prise en compte de la quantité des terrains à découvrir importe dans l'étude d'un gisement. Une découverte jugée trop importante peut éventuellement amener à renoncer à l'ouverture d'une exploitation.

2.2.1.2.2.2 L’extraction directe de granulats en terrain meuble

En site terrestre (milieu sec) Quand le gisement de granulats alluvionnaires se situe au-dessus du niveau d'eau

(nappe phréatique, eau de la rivière...), on exploite directement les matériaux avec les engins traditionnels de travaux publics tels que pelles ou chargeuses (bulldozers munis d'un large godet basculant). L’extraction peut avoir lieu en fouille (par le haut) ou en butte (par le bas) avec une progression latérale du front de taille.

En site immergé (milieu hydraulique) L’extraction peut être réalisée par des engins flottants : drague à godets, à grappin ou

drague suceuse. Dans le cas de sites immergés peu profonds, l'exploitation pourra avoir lieu depuis la rive avec des pelles à câble équipées en dragueline, des pelles hydrauliques ou des excavateurs à godets. Le dragage ramène à la surface le "tout-venant" qui est ensuite chargé sur bateaux, sur camions ou sur bandes transporteuses en bord de rive.

2.2.1.2.2.3 L'extraction des roches massives

Dans ce type de gisement compact, l'extraction des roches nécessite l'emploi d'explosifs. Les tirs de mine provoquent l'abattage d'une grande quantité de matériaux éclatés. Les éclats de roches (éléments généralement de plusieurs décimètres) sont ensuite chargés et transportés vers le centre de traitement.

Procéder à un tir nécessite un plan de tir comprenant : - le forage de trous (leur disposition, leur nombre) ; - le choix des explosifs ; - le déclenchement du tir.

Le tir est placé sous la responsabilité d'un professionnel spécialisé : le "boutefeu". Un

tir de mine peut abattre jusqu'à plusieurs dizaines de milliers de tonnes de roche en seule opération.

2.2.2 Ressources marines 2 En France, la mer est connue pour ses ressources vivantes, mais beaucoup moins

pour les ressources de son sol et de son sous-sol ; on peut rappeler qu’une part notable des approvisionnements mondiaux en gaz, hydrocarbures et minéraux proviennent pourtant de la mer.

2.2.2.1 Les ressources marines en granulats Les ressources marines potentielles en granulats se composent principalement de

matériaux d’origine alluvionnaire (sables et graviers siliceux), et de matériaux calcaires.

2.2.2.1.1 Roches massives Il existe en mer sur le plateau continental des roches massives, qui pourraient

théoriquement être utilisées pour produire des granulats dans les mêmes conditions que les

2 Sur ce sujet, voir tout particulièrement http://www.ifremer.fr/drogm/Realisation/Miner/Sable

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roches massives terrestres. Compte tenu de la difficulté des travaux sous-marins, les produits obtenus seraient très coûteux vis-à-vis des produits issus de roches massives terrestres, très répandues et beaucoup plus faciles à exploiter : cette ressource ne peut être que marginale à court ou moyen terme, et ne sera pas évoquée ici.

2.2.2.1.2 Sables et graviers alluvionnaires Les sables et graviers se sont accumulés à la faveur de processus continentaux ou

marins. Dans le premier cas, il s'agit le plus souvent d'alluvions . Ils résultent de l'altération et

de l'érosion de roches, puis de leur transport et dépôt dans les vallées d'un ancien réseau fluviatile, creusé au cours des phases de régressions (périodes glaciaires) du Quaternaire, lorsque le plateau continental était émergé. Ce phénomène a permis l'accumulation de sédiments de toute origine, mais aussi de minéraux lourds tels que l'étain, le titane, le platine, l'or, le diamant, etc. Il peut s'agir également d'anciens cordons littoraux établis aux cours des régressions mentionnées ci-dessus et témoins des différents niveaux de remontée de la mer. Ces dépôts sont constitués de galets ou de sables graveleux , et sont plus importants sur les plateaux continentaux ayant un gradient de pente faible.

Dans le second cas, ce sont des dunes hydrauliques , d'importance variable, dues à

la houle et aux courants de marée qui ont redistribué (« remanié ») une partie des sédiments. Dans les régions à hydrodynamisme fort (la Manche, par exemple), les fonds sont composés de graviers et galets dans lesquels vivent des organismes dont les tests calcaires sont, à la mort de l'animal, repris par les courants et déposés dans des zones de moindre énergie. Ces accumulations prennent la forme de dunes et sont essentiellement calcaires.

Contrairement à une croyance répandue, les sables et graviers extraits du fond de la

mer peuvent être utilisés pour les mêmes applications que les granulats d’origine terrestre, à condition d’être lavés et éventuellement débarrassés des débris coquilliers qu’ils pourraient contenir.

En Manche, les dépôts de granulats alluvionnaires s’étendent très au-delà de la mer

territoriale, et donc du domaine public maritime (voir le statut juridique de la mer en annexe 2).

2.2.2.1.3 Sables calcaires Les fonds marins renferment aussi des gisements parfois considérables de matériaux

calcaires, essentiellement composés de sables coquilliers (restes de coquilles brisées, de granulométrie variable), et de restes d’algues (le maërl, par exemple, est constitué par le squelette calcaire d’algues à croissance très lente).

Ces matériaux sont utilisés essentiellement en agriculture, à des fins d’amendement de

sols acides.

2.2.2.1.4 Répartition géographique des ressources Sur la figure ci-dessous, les sables siliceux sont représentés en orange, les sables

coquilliers en vert, et les sables et graviers siliceux en rouge.

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Figure 1 : Inventaire des ressources en granulats m arins - CNEXO, 1969 - 1981 (Source : IFREMER)

On notera la prédominance des ressources en sables siliceux dans le Golfe de Gascogne (secteur Atlantique) et en sables et graviers siliceux dans les paléovallées et les anciennes terrasses alluvionnaires en Manche Orientale. La Mer du Nord et l’extrémité orientale de la Manche sont caractérisées par l’abondance de bancs sableux. La Bretagne a la particularité de présenter des gisements de maërl (secteur des Glénan, notamment) et de sables calcaires (Baie de Saint-Brieuc) remarquables. Le plateau continental méditerranéen est très étroit, ce qui limite les ressources accessibles en granulats. La Corse n’a pas encore été prospectée.

2.2.2.2 La prospection et l’exploitation des granul ats marins

2.2.2.2.1 Prospection des granulats La prospection des gisements de granulats se fait généralement par des méthodes

indirectes, à l’aide de navires équipés de systèmes sismiques. L’analyse de la réflexion par le fond et le sous-sol d’impulsions sonores issus d’émetteurs fixés sur la coque ou remorqués, permet d’accéder à des informations concernant la nature du substrat. On peut ainsi cartographier sur plusieurs dizaines de mètres d’épaisseur les zones de gisement potentiel en granulats.

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Les interprétations sont ensuite contrôlées grâce à des prélèvements in situ, généralement à l’aide de carottiers : les échantillons permettent d’améliorer les évaluations d’épaisseur obtenues par sismique, et de préciser la nature, la composition et les propriétés des matériaux (granulométrie, propriétés physiques et chimiques…).

Seule une partie des zones sous juridiction française a actuellement fait l’objet de

prospections systématiques ; ailleurs, on ne dispose que d’informations parcellaires, issues de mesures réalisées par des industriels dans le cadre de prospections3, ou par des organismes de recherche dans le cadre d’études (IFREMER, CNRS, INSU, universités, SHOM…).

2.2.2.2.2 Les moyens d’extraction des granulats mar ins Les granulats marins sont extraits à l’aide de dragues. Jadis équipés de bennes (les

dragues opéraient alors au mouillage, autour d’un point fixe), les navires sont désormais équipés de systèmes d’aspiration (élinde): la drague opère en marche, à faible vitesse (2 ou 3 nœuds) et aspire en continu une épaisseur de quelques dizaines de cm de sédiments sur une largeur de l’ordre du mètre. Le sable et les graviers sont stockés dans les cales de la drague, qui revient au port lorsque celles-ci sont pleines (quelques heures pour quelques milliers de tonnes pour les navires les plus performants comme la drague « Charlemagne » représentée ci-dessous). Le contenu des cales est ensuite déchargé sur le quai, généralement par la drague elle-même.

Figure 2 : Drague "Charlemagne"

3 Qui doivent , au titre de l’article 134 du code minier, les communiquer à l’administration

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2.2.3 La gestion des ressources en granulats

2.2.3.1 A terre, les schémas départementaux de carr ières L’instrument principal de la gestion des ressources en granulats est le schéma

départemental des carrières 4 (SDC), qui a pour objectif de rapprocher au niveau du département les ressources et les besoins : cette approche de proximité est justifiée par le caractère pondéreux des matériaux, et vise à minimiser autant que faire se peut les transports terrestres coûteux et dont les effets négatifs sont nombreux.

Les SDC sont élaborés sous le pilotage des DRIRE (Directions Régionales de

l’Industrie, la Recherche et l’Environnement), ce qui contribue à la cohérence à l’échelle régionale. Ce sont des instruments adaptés à la gestion de situations globalement équilibrées , où les besoins peuvent être satisfaits pour l’essentiel par les ressources locales.

L’approche départementale présente naturellement quelques limitations, puisque

l’équilibre ne peut pas toujours être assuré à cett e échelle ; il peut exister des incohérences aux frontières, notamment aux frontières de régions. Pour des départements lourdement déficitaires, les ressources manquantes doivent parfois être gagées par des ressources très lointaines, ou par des ressources dont la provenance exacte n’est pas précisée, ou dont la disponibilité n’est pas avérée (matériaux marins).

Par ailleurs, l’approche de proximité conduit naturellement - c’est son objectif - à des

trajets courts , ce qui favorise naturellement le choix du transport routier pour l’acheminement des ressources locales vers les lieux de consommation.

Le dispositif SDC réalise donc un recensement département par département, mais

couvrant au final toute la nation, des besoins en matière de granulats pour leurs utilisations terrestres. Ce dispositif est à conserver car il permet une bonne appréciation du besoin et décline ce besoin dans l’espace et dans le temps . Il convient simplement de l’adapter en l’appliquant à une échelle appropriée , qui peut être différente de celle d’un département et en le complétant par un dispositif fournissant les informations équivalentes pour les besoins en mer, et notamment pour la gestion de l’érosion côtière .

2.2.3.2 En mer, pas d’instrument spécifique Bien que les granulats marins soient régulièrement évoqués dans les schémas

départementaux de carrière des départements littoraux, et de plus en plus dans les SDC de départements intérieurs déficitaires, ils ne sont pas gérés dans les SDC , ce qui est naturel car la mer ne relève en fait d’aucun département terrestre, et que les gisements de granulats marins sont considérés comme des mines , et non comme des carrières .

Compte tenu du faible volume de granulats extraits au regard des réserves connues, et

du faible nombre de sites exploités, la gestion se limite pour l’essentiel à l’instruction des demandes d’autorisation et au suivi des exploitations. Il n’y en particulier pour la mer de document stratégique recensant les sites préférentiels, ou le calendrier de mise en exploitation, ni de rapprochement des ressources en granulats marins et des besoins auxquels ils pourraient satisfaire.

4 Voir le décret 94-603 du 11 juillet 1994 relatif au schéma départemental des carrières

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Extractions de granulats marins : exploitations en cours, demandes en cours

d’instruction (source : IFREMER)

2.3 Les caractéristiques des granulats en fonction des usages

2.3.1 Les caractéristiques techniques des granulats en fonction des applications

2.3.1.1 Gestion de l’érosion côtière La gestion dynamique de l’érosion côtière repose le plus souvent sur l’emploi de sables

et graviers, utilisés pour recharger périodiquement les cellules sédimentaires déficitaires ou les plages.

Les granulats utilisables pour ce type d’application doivent être aussi proches que

possible des granulats présents dans la cellule sédimentaire concernée (nature, granulométrie) ; leur acquisition et leur transport devant être le plus économique pour l’État ou les collectivités publiques, il est naturel de privilégier pour cette application les granulats marins.

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On ne dispose pas en France d’un recul suffisant dans ce domaine pour cerner l’applicabilité de ces méthodes, et donc estimer les quantités de granulats nécessaires5.

Sur la base des rares exercices de planification stratégique conduits à ce jour en

France, comme l’initiative PLAGE (Plan Littoral d’Action pour la Gestion de l’Érosion) pilotée par la Région Nord Pas-de-Calais, ces besoins pourraient être à terme pour la France de l’ordre de deux à trois millions de tonnes par an : cet ordre de grandeur, qui reste à consolider, montre néanmoins l’importance des besoins prévisibles (on rappelle qu’en 2003, la production totale de granulats marins en France était de l’ordre de 4 millions de tonnes).

2.3.1.2 Génie civil, génie côtier, bâtiment et trav aux publics En fonction des usages, les granulats doivent avoir des caractéristiques spécifiques,

décrites par des normes nationales et communautaires qui standardisent les propriétés des granulats en fonction de leur utilisation.

Les propriétés intrinsèques telles que la coloration, les caractéristiques mécaniques et

les caractéristiques physico-chimiques, découlent de la nature de la roche. Elles ont une influence directe sur les caractéristiques du béton telles que l'esthétique, les propriétés mécaniques et la durabilité.

Les propriétés de fabrication (forme, granulométrie, propreté), résultent du procédé de

fabrication et influencent très fortement les propriétés du béton telles que la demande en eau, l'ouvrabilité et par suite les propriétés mécaniques.

Tous les granulats ne sont donc pas équivalents ; certaines applications sont très

tolérantes (les couches de base et de fondations des routes peuvent généralement être confectionnées à partir de granulats grossiers aux propriétés très variables, qu’il s’agisse de forme, de taille ou de propriétés mécaniques) ; certaines applications sont au contraire très exigeantes : c’est notamment le cas de la fabrication des bétons hydrauliques , pour lesquels sont surtout utilisés des matériaux alluvionnaires de haute qualité .

2.3.2 Les besoins en fonction de la zone géographiq ue Les schémas départementaux des carrières fournissent une bonne estimation des

besoins en granulats, à l’échelle du département. La synthèse de ces schémas fait apparaître des situations très variables, liées

notamment à l’existence de grandes métropoles qui concentrent une bonne part d e l’activité du BTP , et d’infrastructures nécessitant des travaux publics importants (routes, voies ferrées, …). Elle fait aussi apparaître des différences considérables en fonction des régions dans la nature des matériaux utilisés : les travaux réalisés différant peu suivant la région, ces différences tiennent pour l’essentiel à la nature des ressources disponibles localement : par exemple, le sud de la France (où les ressources en granulats d’origine alluvionnaire sont faibles) utilise traditionnellement pour une grande partie de ses besoins des granulats issus de roches massives (principalement calcaires). La variabilité qualitative des besoins exprimés s’explique certainement pour une part notable par la tendance naturelle à exprimer les besoins en fonction des produits disponibles localement.

5 Bien que des rechargements de plage aient régulièrement lieu, généralement sur des littoraux

touristiques où les activités balnéaires sont importantes pour l’économie locale ; voir par exemple le rechargement de la plage de la Baule en 2004 par 215 000 m3 de sable, pour un coût de plus de 4 Meuros HT

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Les zones fortement urbanisées présentent par ailleurs des caractéristiques tout à fait spécifiques :

- une bonne part des granulats y est utilisée pour le bâtiment, principalement pour la fabrication de béton (ce sont donc essentiellement des granulats alluvionnaires)

- ces zones urbaines ont généralement épuisé, ou sont en train d’épuiser, les ressources disponibles dans leur département et très souvent dans les départements voisins.

Ces zones se trouvent, ou vont se trouver à brève échéance, en situation de déficit

structurel , puisque leur demande concerne principalement la catégorie de granulats la plus difficile à remplacer, celle des granulats alluvionnaires (voir plus loin l’exemple de l’Ile de France : § 6.2).

2.3.3 Bilan : les contraintes les plus grandes conc ernent les granulats alluvionnaires, pour lesquels il existe d es zones de déficit structurel

De l’analyse qui précède et qu’il conviendrait sans doute d’améliorer, on peut retenir que les risques en termes d’approvisionnement concernent essentiellement :

- les granulats alluvionnaires , pour lesquels il n’existe pas d’alternative technique satisfaisante dans des applications très exigeantes, comme la fabrication des bétons hydrauliques

- certaines zones structurellement déficitaires , comme les zones littorales, mais aussi dans un futur très proche des zones de concentration urbaine : certaines, comme l’Ile de France, doivent déjà aujourd’hui aller chercher très loin les matériaux, en particulier alluvionnaires, nécessaires au bâtiment et aux travaux publics.

333 IIIMMMPPPAAACCCTTTSSS EEENNNVVVIIIRRROOONNNNNNEEEMMMEEENNNTTTAAAUUUXXX EEETTT SSSOOOCCCIIIOOO---EEECCCOOONNNIIIMMMIIIQQQUUUEEESSS LLL IIIEEESSS AAA LLL’’’EEEXXXTTTRRRAAACCCTTTIIIOOONNN EEETTT AAAUUU TTTRRRAAANNNSSSPPPOOORRRTTT DDDEEESSS GGGRRRAAANNNUUULLLAAATTTSSS L’exploitation de granulats entraîne des impacts, en particulier lors de l’extraction et

lors de l’acheminement des lieux de production vers les lieux de consommation. Ces impacts peuvent être environnementaux (par exemple sur le milieu marin, les écosystèmes, la qualité de l’eau), ou socio-économiques (par exemple sur les autres activités conduites dans les mêmes espaces).

3.1 Impact de l’extraction des granulats terrestres Les impacts de l’extraction de matériaux ont fait l’objet de nombreuses études ; ils

peuvent toucher aussi bien le milieu vivant (faune terrestre et piscicole et flore aquatique) que son biotope. Certaines conséquences de cette activité peuvent modifier les caractéristiques du cadre de vie des populations, notamment en touchant la ressource en eau ou la qualité des paysages.

Les principaux impacts6 de l’extraction des granulats alluvionnaires sont : - la limitation de l’espace de mobilité des cours d’eau, du fait de la disparition des

sédiments nécessaires à son fonctionnement morphodynamique (cf. plus bas les effets sur le fonctionnement des cellules sédimentaires en mer), et la création

6 Source : « Effets de l’extraction de granulats alluvionnaires sur les milieux aquatiques : Bilan

et alternatives » - Les Etudes des Agences de l’Eau, N° 71 (2000)

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d’axes d’écoulement préférentiel (entraînant potentiellement des risques de crues et d’inondations) ;

- la disparition irréversible de milieux humides naturels d’une grande richesse ; - le cumul des effets à l’échelle de la vallée ; - l’érosion des berges non stabilisées. Les roches massives sont extraites de carrières, dont la présence a des impacts

notables sur le paysage. Les nuisances de l’extraction pour les populations riveraines ne sont pas négligeables (notamment bruit et poussières). Les carrières entrent souvent en concurrence avec d’autres usages de l’espace, du fait que leur implantation est dépendante des ressources qu’elles exploitent.

Ces impacts peuvent être, au moins partiellement, compensés par la réhabilitation des

sites de carrière en fin d’exploitation ; la plupart des carrières font l’objet dès leur ouverture d’un plan de réhabilitation, qui permet en fin d’exploitation de restituer le site dans un bon état environnemental.

3.2 Impact de l’extraction des granulats marins

Figure 3 : Synthèse des impacts de l'extraction de granulats marins

(Source : IFREMER) Les granulats marins sont désormais prélevés par des dragues fonctionnant par

aspiration, en marche lente. L’action de ces dragues, et le prélèvement de la partie superficielle du fond, entraînent des effets directs et indirects sur l’environnement marin.

3.2.1 Impacts sur l’environnement marin Les impacts de l’extraction des granulats marins sur l’environnement marin n’ont pas

fait en France l’objet d’une véritable étude systématique, mais il existe sur le sujet de très

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nombreux travaux, qui permettent de disposer d’une vue complète de ces impacts, qualitativement et quantitativement7.

L’extraction de granulats en mer peut avoir de nombreux impacts environnementaux. L’augmentation de la turbidité et la redéposition de particules fines (notamment

celles issues de « surverse », évacuation en surface de l’eau de décantation des matériaux extraits) ont des effets temporaires sur la flore et la faune, plus durables sur les fonds et la faune qui y vit (« benthos ») ; la turbidité réduit notamment la pénétration de la lumière, et la photosynthèse ; les particules fines peuvent recouvrir le fond et causer la disparition des espèces qui y vivent ; enfin, les organismes vivant sur et dans le sol sont aspirés, et ne sont remplacés qu’à la fin de l’exploitation de la zone (par le même type d’organisme, mais plus généralement par des espèces différentes, qui peuvent ne pas présent er le même intérêt écologique ou commercial).

Des effets à long terme peuvent toucher les espèces pêc hées et les pêcheries

associées , la biodiversité et d’autres intérêts socio-économiques : disparition du benthos, perturbation de certains écosystèmes qui dépendent étroitement des fonds sableux pour leur reproduction (frayères) ou la nourriture des jeunes pendant certaines phases de leur vie (nourriceries). Ces effets peuvent toucher des espèces exploitées commercialement (voir plus loin les impacts sur la pêche), ou modifier l’équilibre des écosystèmes marins.

La modification physique des fonds peut avoir un impact direct ou indirect durable :

modification des courants locaux ou de la nature des sédiments superficiels et de la faune associée.

Figure 4 : Traces laissées sur le fond par une drag ue (Source : IFREMER)

Lorsque l’extraction se fait trop près de la côte, la dynamique sédimentaire peut être modifiée ; la création d’un déficit local en sédiment peut s’étendre à toute la cellule sédimentaire concernée, et entraîner des impacts visibles jusqu’à plusieurs kilomètres des sites d’extraction (risque d’érosion côtière)8 ; la disparition des sédiments peut aussi augmenter l’exposition à la houle, et ainsi contribuer à augmenter l’érosion.

7 voir notamment l’étude réalisée en 1999 par le GEMEL : « Outil d’aide à l’examen des dossiers de concession de granulats marins » et l’étude « Ecological effects of sand extraction in the North Sea » http://www.noordzee.nl/waterkwaliteit/ecological_effects.pdf

8 voir projet européen Sandpit, http://sandpit.wldelft.nl/. Ce risque est illustré par les problèmes survenus en Grande-Bretagne, où des extractions trop proches du rivage ont été cause de nombreux problèmes d’érosion côtière (parfois spectaculaires dans les régions de falaises)

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A l’issue de l’extraction, les fonds marins sont modifiés et peuvent devenir peu

favorables à certaines activités (comme le chalutage). Les sillons créés par le passage de dragues aspiratrices ne disparaissent que dans les zones soumises à de forts courants ; ailleurs, la topographie du fond reste durablement modifiée.

3.2.2 Impacts sur les autres activités maritimes, s ur la sécurité des personnes et des biens

3.2.2.1 Les autres usages de la mer La mer est utilisée par un nombre croissant d’activités, qui peuvent interagir avec les

extractions de granulats : interactions directes pour les activités revendiquant les mêmes espaces ou les mêmes ressources, interactions indirectes pour celles qui peuvent être concernées par les conséquences des extractions. On appelle traditionnellement « conflits d’usage » les risques d’interactions négatives entre activités en mer : grâce à la régulation assurée en mer par l’État, un conflit d’usage n’implique pas nécessairement (et c’est heureux ! ) un conflits entre usagers.

Parmi les usages traditionnels se classent évidemment le transport maritime, la pêche,

la navigation militaire, la conchyliculture ; mais d’autres activités sont aussi pratiquées depuis des siècles ou au moins des décennies : navigation de plaisance, pêche de loisir, pose de câbles sous-marins, extraction de matériaux (sable, matériaux calcaires…).

Au-delà de ces usages traditionnels de la mer, sont apparues ces dernières années

de « nouveaux usages », liés en particulier au développement de l’exploitation des ressources marines, vivantes ou non vivantes, renouvelables ou non : extraction d’hydrocarbures, production ou transport d’énergie (avec notamment l’éolien offshore et l’énergie marémotrice, mais sans doute à terme l’énergie houlomotrice ou l’énergie des courants de marée ou autres, l’énergie géothermique et l’énergie thermique de la mer), production d’eau douce (par dessalement d’eau de mer, ou captage de sources sous-marine), extractions minières (métaux), aquaculture ou conchyliculture offshore, exploitation des bioressources, récifs artificiels et autres installations de concentration de poissons….

Enfin, certaines activités se développent très notablement, comme les activités de loisir

(essentiellement en zone côtière). Toutes ces activités peuvent aussi être classées en fonction de leur occupation de

l’espace : - activités « nomades », non liées à un espace particulier, ou qui n’occupent l’espace

que de manière passagère (navigation, et l’essentiel des activités traditionnelles) - activités « fixes », généralement liées à l’exploitation des ressources marines (en

particulier à l’exploitation des ressources énergétiques et minérales).

3.2.2.2 Conflits potentiels générés par les activit és d’extraction de granulats L’extraction des granulats marins est susceptible de perturber les autres activités

directement et indirectement, et donc d’être à l’origine de conflits d’usage : - directement, car l’extraction de granulats en mer mobilise l’espace marin public

(sur les lieux d’extraction, lors des transits, et dans les ports) ; il est à noter que cette perturbation est limitée dans l’espace et le temps, puisqu’elle n’est pas permanente, et ne concerne que l’espace occupé instantanément par la drague.

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- indirectement, du fait de leurs conséquences sur le milieu : atteintes directes ou indirectes aux ressources vivantes, modification de la bathymétrie ou du profil des fonds, qui peut même après l’arrêt des exploitations limiter certaines activités, comme le chalutage, ou modifications du milieu le rendant complètement ou partiellement impropre au développement d’espèces halieutiques exploitées commercialement.

3.2.2.3 Incidences des activités d’extraction sur l es pêches maritimes Parmi les activités maritimes, le cas de la pêche mérite une attention particulière : - d’abord, parce qu’il s’agit d’une activité très présente dans la plupart des zones où

l’exploitation de granulats est envisageable ; - ensuite, parce qu’elle est susceptible de supporter doublement les impacts de

l’extraction de granulats : directement , du fait de la concurrence pour l’espace et des modifications physiques du fond qui pourraient restreindre les possibilités d’emploi de certains engins de pêche, mais aussi indirectement du fait de la disparition potentielle de certaines ressources hal ieutiques , chassées par les dragues ou forcées de rechercher plus loin leur nourriture, ou dont les zones de frayères ou de nourriceries auraient disparu.

Il n’est pas surprenant que les zones potentielles d’extraction de granulats

alluvionnaires soient aussi des zones de pêche intensive : les fonds sableux sont en effet très favorables au développement d’espèces à haute valeur commerciale (poissons plats, coquille St Jacques…).

Si les impacts potentiels indirects sur la pêche du s aux extractions en mer sont

indéniables, ils ne doivent cependant pas être exag érés : des études scientifiques indépendantes, comme celles menées en Mer du Nord par le CIEM9 (Conseil International pour l’Exploration de la Mer, qui participe aux évaluations menés par la Commission européenne et par la Convention OSPAR) montrent que, en dehors des zones de frayères, l’impact sur les stocks de poisson serait faible.

3.2.2.4 Incidences des activités d’extraction sur l a sécurité de la navigation Les dragues étant des engins de mobilité et manœuvrabilité réduite, il y a lieu de

s’interroger sur les conséquences de leurs activités en matière de sécurité de la navigation. Cette question est pertinente en particulier en Manche et en Mer du Nord, où le trafic maritime est particulièrement intense, mais généralement au voisinage des estuaires (où se trouvent très souvent des accumulations de sédiments alluvionnaires, et qui sont aussi souvent le lieu d’un un trafic maritime important).

3.2.2.5 Impacts sur la stabilité du trait de côte Les sédiments marins situés dans les zones de faibles profondeurs, au voisinage de la

côte (quelques kilomètres, pour fixer les idées) ne sont pas statiques, mais contribuent à un équilibre dynamique à l’échelle de « cellules sédimentaires » : tout prélèvement de sédiments à l’intérieur d’une de ces cellules est susceptible d’entraîner un déséquilibre, dont la compensation peut produire (parfois en très peu de temps) le déplacement de quantités importantes de sédiments en un autre point de la cellule. Ceci peut se traduire, suivant la zone, par la disparition de plages, ou des affouillements à la base de falaises susceptibles d’entraîner leur éboulement : les conséquences de ces mouvements peuvent donc être catastrophiques, que ce soit en termes de sécurité des personnes et des biens, ou en

9 Voir par exemple « Impacts de l’extraction de granulats marins sur le milieu marin » - Michel DESPREZ GEMEL – IFREMER 1994

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termes économiques (dans le cas par exemple d’une station balnéaire qui verrait disparaître des plages sur lesquelles repose en grande partie l’économie touristique).

3.3 Impact du transport des granulats Les granulats sont un matériau pondéreux, et les quantités en jeu sont considérables,

puisqu’elles se chiffrent en millions de tonnes ; les questions liées aux transports sont donc importantes, au moins sous deux aspects :

- coût financier direct du transport, qui constitue une part notable du prix du produit rendu sur les lieux de consommation (le granulat est un matériau à faible valeur propre et dont le transport constitue une partie importante du coût final);

- coût environnemental et social, puisque les nuisances (bruit, pollution de l’air, dégradation des infrastructures, accidents, risques divers …) liées à certains modes de transport (route) peuvent être élevées.

Le transport à grande échelle des granulats peut être réalisé par quatre moyens: - moyens maritimes ; - moyens fluviaux et plus généralement voie d’eau ; - voie ferrée ; - voie routière. Les ruptures de charge (changement de moyen de transport : transbordement direct

ou stockage intermédiaire) ont un coût financier (coût du stockage et des moyens de manutention), mais aussi en termes d’infrastructures (nécessité d’espaces de stockage et de plates-formes multimodales).

3.3.1 Moyens maritimes Les granulats marins sont généralement transportés par la drague elle-même entre le

lieu d’extraction et le port de déchargement ; le bilan économique est d’autant plus favorable que la distance entre ces deux points est faible. Les dragues sont désormais équipées pour décharger les matériaux par leurs propres moyens (hydrauliques ou mécaniques).

Le transport maritime sur les longues distances (granulats d’importation…) impose

dans la pratique un recours à des navires de charge (vraquiers, minéraliers) pouvant transporter de quelques milliers à plusieurs dizaines de milliers de tonnes ou des barges spécialisées. Les navires de charge nécessitent des terminaux spécialisés.

Les ports de transit pour les granulats doivent disposer de moyens de stockage et de

manutention, et éventuellement d’installations de traitement (rinçage, concassage et criblage) ; un certain nombre de ports français sont déjà équipés (Le Havre, Rouen…), ou pourraient s’équiper des capacités adaptées.

Bien entendu, les installations portuaires doivent permettre l’accès aux réseaux routier,

ferré ou à la voie d’eau utilisés pour transporter les matériaux du lieu de débarquement vers les lieux de consommation.

3.3.2 Voie d’eau La voie d’eau permet d’acheminer des masses importantes de marchandises, avec des

coûts (financiers, environnementaux et sociaux) de transport faibles. Le réseau fluvial français comprend 8700 km de voies navigables, dont 2000 km de

voie à grand gabarit (1000 à 5000 tonnes) ; il peut desservir le coeur de grandes

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agglomérations (Paris, Lyon, Strasbourg, Lille. Le transport par voie d’eau est très bon marché - en moyenne 17 fois moins cher que la route, quatre fois moins cher que le train (source : VNF). Ce moyen de transport est très bien adapté au transport de granulats (les matériaux de construction constituent d’ailleurs déjà la plus grande part des marchandises transportées par voie d’eau, soit plus de 30% du trafic).

Les navires fluvio-maritimes peuvent opérer sur les portions navigables des grands

fleuves jusqu’aux ports intérieurs (ex : Rouen) ; des péniches et des convois poussés pouvant dépasser 4 000 tonnes (plus de 150 camions) peuvent être mis en œuvre sur les voies à grand gabarit.

Le coût environnemental et social de ce mode de tra nsport est très faible : faible

consommation de carburant à la tonne transportée, faible production de gaz à effet de serre, faible pollution, peu de risques.

De plus, ce réseau a une capacité de développement important e. Les voies

navigables existantes en Ile de France pourraient par exemple absorber plusieurs millions de tonnes de marchandises supplémentaires sans nécessité de développement majeur10 : la voie d’eau est ainsi dès maintenant susceptible de permettre l’acheminement jusqu’à la région parisienne d’une grande quantité de granulats importés (granulats marins ou granulats provenant de l’étranger), à un coût financier, environnemental et social faible. Le principal inconvénient de ce mode de transport est constitué par les ruptures de charge , mais cet inconvénient est compensé par la répartition des usines de transformation (notamment les centrales à béton, souvent situées sur des voies navigables), sachant que le béton est la principale utilisation des granulats alluvionnaires de haute qualité.

3.3.3 Voie ferrée Les granulats marins peuvent être acheminés à partir des lieux de production vers les

lieux de consommation par voie ferrée ; chaque train transporte de l’ordre de 1300 tonnes11 de granulats. Peu polluant (une bonne part du transport de fret se faisant en traction électrique), générateur de peu d’accidents et de peu de coûts externes, le transport ferroviaire a un coût global (coût économique direct, coût socio-environnemental indirect) bien inférieur à celui du transport routier .

Les principaux obstacles à la généralisation de ce mode de transport sont : - la multiplication des ruptures de charge ; - la nécessité de disposer aux abords de la voie ferrée de terminaux multimodaux

disposant d’aires de stockage ; - et surtout, la rareté des « sillons ferroviaires » disponibles pour desservir des

aires de consommations qui correspondent généralement à des concentrations urbaines où les voies existantes sont proches de la saturation et les possibilités de développement proches de zéro.

3.3.4 Voie routière L’acheminement des granulats implique quasi-systématiquement le recours au

transport routier, au moins pour le segment final (« post-acheminement ») sur des distances inférieures à 100 km. Ce transport est typiquement assuré par des camions de 26 tonnes.

Le principal avantage de ce moyen de transport est sa souplesse :

10 le trafic du port de Paris dépassait 19 millions de tonnes en 2002 (source : VNF) 11 équivalent à 52 camions.

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- utilisation des réseaux existants ; - capacité à assurer techniquement le transport sur toutes les distances ; - réduction des ruptures de charge (le même camion peut transporter le granulat du

lieu de production jusqu’au chantier où il sera consommé). Ses inconvénients sont nombreux : - coûts directs importants (pour fixer les idées, le transport de granulats sur 50 km

peut en doubler le prix) ; - coûts indirects importants (dimensionnement du réseau routier, entretien),

généralement non imputés sur le prix du transport ; - coût environnemental très important (pollution, gaz à effet de serre) ; - coût social important (santé publique, accidents).

Ce mode de transport est celui qui génère le plus d’externalités négatives.

3.4 Bilan global ressources terrestres/ressources marines : comparaison des impacts Pour les granulats terrestres, l’impact du transpor t est dominant : maintenant que

l’extraction est interdite ou très limitées dans les zones terrestres les plus fragiles (cours d’eau), les impacts à l’extraction sont modérés (nuisances sonores essentiellement). Des mesures de réhabilitation et de remédiation, désormais mises en œuvre systématiquement, permettent de réduire ou de faire disparaître les traces d’une carrière à la fin de son exploitation.

Par contre, le plus souvent la production est essentiellement transportée par voie

routière vers les lieux de consommation, et le coût global (environnemental, économique et social) du transport est important , même s’il est peu visible, car le prix de vente du produit ne répercute pas les externalités. Les principaux impacts de l’exploitation des sédiments terrestres sont donc dus au transport ter restre des produits vers les lieux de consommation : usure des infrastructures, nuisances, pollution, risques d’accidents.

Pour les granulats marins, l’impact du transport es t nettement plus faible :

l’impact direct ou indirect du transport peut être considéré comme très faible lorsque les granulats marins sont acheminés directement par voie fluviale du port de débarquement jusqu’aux zones de consommation. Par contre, les impacts de l’extraction elle-même sont importants : les zones sableuses étant en mer presque toujours très favorables à la vie marine, toute extraction aura un impact sur le milieu (substrat support de la vie marine, augmentation de la turbidité de l’eau) et des conséquences sur les organismes vivants, même s’il est possible de le minimiser grâce à un choix judicieux des zones d’extraction, et en adoptant des méthodes qui en réduisent les impacts indirects.

Dans les évaluations comparées des solutions permettant de répondre aux besoins

en granulats, il conviendra d’intégrer l’ensemble des coûts , coûts financiers directs des exploitations, coûts indirects , mais aussi chiffrer financièrement les dégradations à l’environnement , même si cela n’est pas forcément simple à réaliser

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444 GGGRRRAAANNNUUULLLAAATTTSSS MMMAAARRRIIINNNSSS ::: PPPOOOLLLIIITTTIIIQQQUUUEEESSS EEETTT RRREEEGGGLLLEEEMMMEEENNNTTTAAATTTIIIOOONNN AAACCCTTTUUUEEELLLLLLEEESSS Il n’existe pas de politique nationale explicite en matière d’exploitation des ressources

marines en minéraux ; les exploitations sont soumises à un régime d’autorisation par l’administration des projets proposés par les industriels, mais il n’existe pas de document planifiant les autorisations, notamment en termes de zones géographiques concernées ou de volumes autorisés.

4.1 Administration responsable en matière de granul ats marins Comme pour le reste des ressources minérales, la gestion des granulats marins est en

France confiée au ministère chargé de l’industrie (Direction Générale de l’Énergie et des Matières Premières, Direction des Ressources Minérales (DGEMP/DIREM)12. Elle est assurée au niveau des services déconcentrés par les DRIRE.

Ces administrations (centrale et déconcentrées) ont la responsabilité de la définition et

de la mise en œuvre de la politique nationale concernant les approvisionnements en matières premières minérales.

Ceci comprend notamment l’entretien de la connaissance des ressources existantes, la

planification de l’exploitation, la mise au point de la réglementation relative à l’activité d’extraction, l’accord et la gestion des autorisations d’exploitation, le suivi de l’évolution des besoins, et la tutelle de la filière économique et des établissements publics concernés

Le rôle de cette administration est défini par le décret n° 2001-1048, qui modifie le

décret n° 93-1272 du 1er décembre 1993 relatif à l' organisation de l'administration centrale du ministère de l'industrie, des postes et des télécommunications et du commerce extérieur, et dont on trouvera ci-dessous quelques extraits concernant les matériaux.

4.1.1 Rôle de la DGEMP « La direction générale de l'énergie et des matières premières a pour mission

d'élaborer et de mettre en œuvre la politique de l'énergie et des matières premières. … Pour le compte du ministre chargé de l'énergie, elle assure la tutelle des

établissements publics et des entreprises publiques relevant de ses compétences. […] Elle étudie l'incidence des mesures envisagées par les autres ministères sur la

politique de l'énergie et des matières premières. […] […] Elle anime l'action des services déconcentrés de l'État dans les domaines relevant

de sa compétence. »

4.1.2 Rôle de la DIREM « La direction des ressources énergétiques et minérales élabore et met en œuvre

la politique destinée à assurer la sécurité de l'approvisionnement en énergie et en matières premières, dans des conditions économiquement compétitives.

A ce titre, elle propose et met en œuvre les mesures permettant d'assurer dans les meilleures conditions l'approvisionnement de la France en […..] en substances minérales et en produits issus de la première transformation de ces substances […]

12 Voir http://www.industrie.gouv.fr/energie

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Elle propose toutes mesures concourant au développement en France et à l'étranger de l'industrie pétrolière et parapétrolière, ainsi que la politique relative […] à l'industrie minière et extractive, aux industries de première transformation des substances minérales naturelles, [….] et aux industries de fabrication des matériaux de construction issus des substances minérales naturelles.

[…] Elle élabore et met en oeuvre la réglementation concernant : - la recherche et l'exploitation [….] des substances minérales naturelles […] - les spécifications techniques applicables aux substances minérales naturelles […] Elle assure la tutelle […] de l'entreprise minière et chimique […] du Bureau de

recherches géologiques et minières […] Elle coordonne les actions se rapportant au statut du mineur et de la sécurité

sociale minière, en liaison avec la direction générale de l'industrie, des technologies de l'information et des postes et la direction de l'action régionale, de la petite et moyenne industrie.

Dans les domaines relevant de sa compétence, elle suit les activités des centres techniques industriels et des comités professionnels de développement économique. [….] »

4.2 Le cadre juridique et fiscal actuel

4.2.1 Cadre juridique des autorisations d’extractio n en mer Le cadre juridique des extractions en mer est fixé en France essentiellement : - par le droit international , qui définit les différentes zones maritimes sous la

juridiction des États côtiers, et les droits et devoirs qui s’y attachent ; pour l’essentiel, les dispositions qui s’appliquent aux extractions de matériaux sont celles du plateau continental (voir en annexe 2).

- par les conventions internationales pour la protection de l’environnement marin auxquelles la France est partie : la France métropolitaine est concernée par la Convention de Barcelone (pour la Méditerranée), et surtout par la Convention OSPAR (Convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du nord-est).

- par le droit interne .

4.2.1.1 Conventions internationales Les conventions internationales pour la protection du milieu marin consacrent depuis

plusieurs années une attention toute particulière aux activités susceptibles d’entraîner des impacts négatifs sur les écosystèmes et la biodiversité. L’extraction de granulats marins est suivie de près par ces conventions, notamment la Convention OSPAR, qui sera certainement tentée de limiter cette activité si aucune politique volontariste ne permet d’en contrôler les impacts sur la biodiversité.

4.2.1.2 Droit interne Le plateau continental français est soumis aux dispositions de la loi 68-1181 du 30

décembre 1968 et de son décret d'application 71-360 du 6 mai 1971 modifiés par la loi 77-485 du 11 mai 1977 et son décret 85-1289 du 3 décembre 1985.

Les substances minérales qui s'y trouvent sont assimilées aux gîtes appartenant à la

catégorie des mines. Les activités de prospection, recherche et exploitation (granulats, hydrocarbures, ...) sont donc soumises aux règles fixées par le code minier.

On trouvera en annexe 4 les références des principaux textes réglementaires

applicables. Les procédures d’autorisation sont définies pour l’essentiel par les décrets n°

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95-427 du 19 avril 1995 relatif aux titres miniers, et n° 95-696 du 9 mai 1995 relatif à l’ouverture des travaux miniers et à la police des mines ; elles comportent deux étapes :

- prospection : cette phase consiste en la recherche, dans un périmètre donné, d’informations relatives à l’existence et à l’importance des ressources (en l’occurrence, de granulats) ; en mer, elle comprend essentiellement des opérations de mesures géophysiques à l’aide de navires, et le cas échéant la réalisation de forages d’exploration ; aucune exploitation n’est autorisée à ce stade. La prospection est autorisée dans le cadre d’un permis exclusif de recherche (PER), qui donne à son détenteur un droit exclusif d’explorer les matériaux découverts à l’intérieur du périmètre de son permis (« titre minier ») ;

- exploitation : lors de cette phase, tout ou partie des ressources identifiées lors de la prospection sont exploitées par l’industriel.

En termes de procédure, ceci correspond en fait à quatre étapes : - l’autorisation de prospection est accordée par le ministre de l’industrie, après

mise en concurrence, et instruction au niveau local par le préfet ; le dossier soumis par le pétitionnaire ne comprend à ce stade que des données techniques et financières, et une notice d’impact simplifiée (quelques pages). Une conférence interministérielle est organisée s’il y a lieu, mais la décision revient au seul ministre de l’industrie, après avis du Conseil Général des Mines ; le permis (permis exclusif de recherche, PER) est accordé par simple arrêté ministériel sans enquête publique ; le permis minier n’est qu’une simple « ouverture de droits » ;

- une autorisation de travaux est ensuite nécessaire au pétitionnaire pour pouvoir commencer les travaux (sondages bathymétriques ou sismiques, et éventuellement forages). Cette autorisation est accordée localement par le préfet (arrêté préfectoral), avec l’assentiment du préfet maritime en métropole ; elle nécessite une étude d’impact ;

- en cas de découverte, une concession d’exploitation peut alors être accordée, sur la base d’un dossier technique, instruit au niveau local (préfet), puis central ; une conférence interministérielle peut être organisée à ce stade s’il y a lieu, mais la décision finale revient au seul ministre de l’industrie ; la concession est attribuée par décret ministériel, après enquête publique, consultation des services administratifs locaux, et avis du Conseil Général des Mines, puis du Conseil d’État ;

- lorsque l’extraction concerne une zone située en deçà de la limite de la mer territoriale (Domaine Public Maritime), une autorisation domaniale doit être demandée ;

- enfin, une autorisation de travaux est nécessaire pour mettre en œuvre les installations d’exploitation ; cette autorisation est accordée par le préfet, avec l’assentiment du préfet maritime, après instruction de la demande au niveau local.

4.2.1.2.1 Surveillance administrative et police des mines Sous l’autorité du ministre chargé des mines, le préfet exerce la surveillance

administrative et la police des mines sur les travaux dans son département, qu’il s’agisse de travaux de recherche ou d’exploitation.

4.2.2 Fiscalité : taxes et redevances Le régime fiscal des extractions en mer est défini par la loi de 1976 et par le code du

domaine de l’État. L’extraction des granulats marins est actuellement soumise : - à une redevance à la tonne ; - à une taxe environnementale (TGAP).

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Ces taxes et redevances sont actuellement reversées au budget général.

4.2.2.1 Redevance à la tonne Les extractions de granulats en deçà de la limite de la mer territoriale sont soumises au

régime de taxation du domaine public maritime. La redevance à la tonne, suivant les modalités fixées par le décret n° 80-470 du 18 juin

1980 : « Article 13 Modifié par Décret 85-448 1985-04-23 art. 23 JORF 24 avril 1985. Un arrêté du ministre chargé du domaine, pris après consultation du ministre

chargé des mines et du ministre chargé de la gestion du domaine public maritime, détermine les conditions de liquidation, de perception et de révision de la redevance domaniale. Il fixe notamment le tarif minimum et le tarif maximum applicables aux quantités extraites selon la nature des substances.

Article 14 Le directeur des services fiscaux ou le conseil d'administration du port autonome

fixe le tarif de la redevance, dans les limites définies par l'arrêté mentionné à l'article 13, en fonction des caractéristiques du gisement, et notamment de sa profondeur, de son éloignement des points de déchargement, de la qualité des substances visées par la recherche et l'exploitation. »

Le taux de la redevance n’est pas uniforme , et il peut y avoir des discontinuités très

significatives aux limites des périmètres relevant de services départementaux voisins. Les prélèvements de granulats destinés à la gestion du trait de côte ne sont pas

soumis à la redevance domaniale : loi n° 76-646 du 16 juillet 1976 (art 7) : « Les petites exploitations terrestres de produits de carrière prolongées en mer et les

travaux maritimes conduits à des fins non commerciales pour les besoins de la gestion du domaine public maritime ne sont pas soumis aux dispositions de la présente loi. »

4.2.2.2 Taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) Cette taxe est censée permettre la mise en œuvre du principe « pollueur-payeur ». Elle

est applicable, quelle que soit leur origine, à tous les granulats produits ou importés de l’Union européenne, à l’exception des granulats extraits de recyclage.

« Est imposable toute personne qui : effectue une première livraison après fabrication nationale livre sur le marché intérieur après acquisition intracommunautaire met à la consommation les matériaux d’extraction de toutes origines se

présentant naturellement sous forme de grains ou, quelle que soit leur forme, obtenus à partir de roches concassées ou fractionnées qui répondent aux conditions suivantes :

o Être généralement destinés aux travaux publics, au bâtiment et au génie civil. o Avoir la plus grande dimension inférieure ou égale à 125 millimètres. o Ne pas être issus d’une opération de recyclage ou de récupération. o Présenter une teneur d’oxyde de silicium sur produit sec inférieure à 97%. Sont exclus les pierres taillées ou sciées, les pavés, l’argile, l’ardoise, le gypse, le

calcaire industriel et les dolomies industrielles. Le calcaire industriel et la dolomie industrielle sont les produits de l'espèce destinés à être utilisés pour les seules industries du ciment, de la chaux, de la sidérurgie, des charges minérales et à enrichir les terres agricoles.

L’entreprise peut être exonérée en cas d’exportation ou d’expédition dans un autre état membre de la Communauté Européenne.

Cette taxe est fonction du poids net des grains minéraux naturels, arrondi à la tonne la plus proche. »

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Il est à noter que cette taxe est fixée à un taux uniforme (0,09 €/t en 2003 13) uniforme

quelle que soit l’origine des granulats (alluvionnaires ou roches dures). Cette taxe n’est pas affectée, et alimente le budget général de l’État14.

Le principe d’un taux uniforme a été critiqué par le Conseil Général des Mines en 2001 :

« [La section] a, une nouvelle fois, insisté sur la difficulté d'une réduction des extractions de granulats alluvionnaires, beaucoup moins coûteux que les granulats issus du concassage de roches massive, sans mettre en place une taxation (ou des permis négociables) qui renchérissent les seuls granulats alluvionnaires. Elle a vivement regretté l'absence d'effet favorable à l'environnement de la TGAP instaurée au même taux sur tous les granulats »

Cette remarque s’applique tout particulièrement aux granulats marins. Bien que le

choix de recourir à des granulats marins puisse être justifié par leur coût environnemental moindre pour la société, on peut en effet s’étonner que la taxe qui les frappe soit la même que celle des granulats terrestres qu’ils sont censés remplacer, et ce d’autant que, plutôt que l’extraction elle-même, c’est le transport par voie routière qui est cause des principaux impacts négatifs sur l’environnement.

4.3 Régulation des usages de la mer Outre les dommages potentiels à l’environnement marin, on a vu que le

développement de l’extraction des granulats marins posait un problème d’acceptabilité pour les autres activités en mer, et que ce problème n’était pas seulement lié des problèmes techniques de cohabitation, mais aussi des questions de principe, puisque c’est la légitimité de ces extractions en mer qui est mise en cause par certains usagers, et le droit des extracteurs à s’installer dans les zones qui leur semblent favorables sans consultation préalable des autres usagers.

Ces problèmes sont pour une bonne part spécifiques à la mer : en effet, la mer est par

essence un espace public (qui appartient à tous) et les ressources qu’elle renferme (vivantes ou non vivantes) sont publiques. C’est à l’État, garant de l’intérêt général, d’organiser l’usage de cet espace et de ces ressources.

4.3.1 La mer, espace public, et ressources sont pub liques Espace public, la mer est donc a priori – et devrait rester le plus possible – ouverte à

tous et à toutes les activités. En mer, l’appropriation de l’espace devrait rester exceptionnelle (alors que c’est la norme dans les zones terrestres), et le partage de l’espace devrait être la règle tant que les activités le permettent sans risque pour la sécurité ou la protection des milieux. L’exploitation des granulats marins , ressource publique du sous-sol de la mer, est incontestablement une activité légitime , mais doit s’adapter aux principes généraux de gestion de cet espace et de ses ressources.

Ceci n’est pas sans conséquence sur l’approche même à respecter pour développer

une activité nouvelle en mer : comme chaque usager y est a priori légitime, et tout

13 On peut noter que la taxe environnementale correspondante en Grande Bretagne (aggregate levy) , introduite en 2001, est au moins 20 fois supérieure, et souligner que la TGAP est très inférieure à 1% du coût du granulat pour l’utilisateur

14 en fait, elle est affectée au FOREC : Fonds de financement de la réforme des cotisations patronales de sécurité sociale

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particulièrement les usagers traditionnels (pêche, transport), il ne devrait pas être possible de planifier l’usage exclusif ou même seulement préférentiel d’une partie de l’espace marin pour un usage ou une catégorie d’usagers sans organiser une concertation pour rechercher les conditions (choix du site, ou modalités d’utilisation) qui conduiront à minimiser les impacts et les contraintes pour les autres usagers : en mer, la concertation devrait donc précéder le montage du projet, et non l’inverse .

Il convient par ailleurs de tenir compte de la complexité de l’espace marin : - au plan des usages, l’espace marin est ainsi un espace à trois dimensions , dont

les usages peuvent concerner la surface (transport, navigation en général…), la colonne d’eau (pêche, exploitation d’énergie…), le fond (pêche, pose de câbles…) et le sous-sol (extractions). L’équilibre des usages en mer ne peut donc être abordé suivant la logique purement spatiale (deux dimensions) des usages du fond de la mer ;

- l’environnement marin est éminemment variable un certain nombre d’usages dépendent aussi du temps. C’est le cas de la pêche (le poisson se déplace…), mais aussi de la navigation (en fonction des conditions – mer, vent, courant et marée – le trafic maritime emprunte des routes variables).

La régulation en mer – gestion des usages pour minimiser les conflits et les

interactions – ne peut donc reposer sur une approche purement spatiale par la planification ; cette gestion suppose la prise en compte simultanée de l’intérêt général, et de tous les intérêts particuliers qui se disputent l’usage de la mer et de ses ressources.

Ainsi, le droit exclusif d’exploiter une ressource de la mer (comme les granulats)

n’entraîne pas de facto le droit exclusif d’utiliser l’espace marin, ni même le droit d’en restreindre l’usage aux autres utilisateurs. L’État ne peut favoriser sans justification tel ou tel usage particulier : tout au plus peut-il restreindre dans certaines zones certains usages de la mer, moyennant d’éventuelles compensations, pour permettre que s’exercent d’autres activités légitimes qui ne pourraient s’exercer ailleurs.

L’État est le régulateur légitime des usages de la mer ; cette régulation est confiée

depuis 1978 en métropole au préfet maritime , dont le rôle a été réaffirmé et précisé en 2004 (décret n° 2004-112 du 6 février 2004 relatif à l’o rganisation de l’action de l’État en mer). Représentant en mer (au delà de la laisse de basse mer) de chacun des ministres, et détenteur du pouvoir de police administrative générale, le préfet maritime est bien l’autorité en mesure d’assurer localement les arbitrages entre activités , et donc la régulation des usages , à travers les instruments réglementaires (autorisations, police) ou en pilotant la concertation au nom de l’État, défenseur de l’intérêt général. Outre-mer, le représentant de l’État en mer est le préfet ou le haut-commissaire.

4.3.2 La réglementation des extractions en mer n’es t actuellement pas compatible avec ces principes

La réglementation actuelle appliquée aux extractions de granulats marins n’est pas conforme à ces principes .

Elle suppose en effet implicitement que les ressources du sol et du sous-sol

n’appartiennent à personne, alors qu’on a vu qu’il s’agissait de ressources publiques appartenant à la collectivité .

Elle pose aussi, indirectement, le principe qu’une autorisation réglementaire donne des

droits exclusifs, ou du moins prioritaires, d’usage de l’espace maritime, ce qui légitime de

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limiter la concertation à une simple consultation des autres usagers, en aval du choix de la zone et des modalités de son exploitation.

Enfin, elle attribue la délivrance des autorisations à l’échelon central d’une

administration sectorielle (le ministère de l’industrie), alors qu’une régulation efficace imposerait que la délivrance de ces autorisations soit assurée par un régulateur interministériel agissant au nom de l’Etat, et elle attribue le pouvoir de police des mines à une autorité terrestre (préfet), qui ne dispose ni d’une véritable légitimité « territoriale », ni surtout des moyens (navires, avions, centres opérationnels…) pour mettre en œuvre efficacement ces pouvoirs en mer.

4.3.3 Plus généralement, les instruments terrestres ne sont pas adaptés à la gestion des ressources et de l’espace marins

A terre, l’usage de l’espace est régulé à travers les règles de l’urbanisme, c’est à dire essentiellement par la planification spatiale des usages privatifs du sol ; l’application de ces règles est confiée pour l’essentiel aux collectivités territoriales, à travers les instruments de planification que sont les plans locaux d’urbanisme (PLU) et les schémas de cohérence territoriale (SCOT). Ces instruments ne sont pas adaptés à la gestion intégrée de l’espace marin, public, non spécialisé et administré par l’État. Ils ne fournissent par ailleurs pas d’instrument pour le règlement des conflits.

Le principe essentiel des schémas départementaux de carrière (proximité des carrières

et des lieux de consommation) n’est pas pertinent pour les granulats marins ; les SDC, basés sur un découpage territorial inadapté à la mer et s’appuyant sur les instruments de l’urbanisme, ne sont clairement pas un instrument satisfaisant pour la gestion des ressources en granulats marins.

Enfin, les structures de concertation15 mises en place pour définir à l’échelle du

département les modalités d’exploitation des ressources minérales sont, par leur composition comme par le périmètre géographique concerné, inadaptées pour se prononcer sur la gestion des ressources marines (les marins pêcheurs n’y sont par exemple généralement pas représentés, pas plus que le régulateur institutionnel qu’est le préfet maritime).

555 AAASSSPPPEEECCCTTTSSS SSSOOOCCCIIIOOO--- EEECCCOOONNNOOOMMMIIIQQQUUUEEESSS

5.1 Données économiques En 2004, la filière « granulats », tous matériaux et sources confondus, a produit

légèrement plus de 400 millions de tonnes pour un chiffre d’affaires global d’environ 3.2 milliards d’euros hors taxes.

Ce chiffre d’affaires, qui représente aussi le coût des granulats, indiqué ci-dessus

représente de l’ordre de 2.4 % de la production globale du secteur de la construction (bâtiment et travaux publics) de l’économie nationale qui s’élevait en 2004 à 136 milliards d’euros (source MTETM). A noter que ce chiffre de 136 milliards d’euros recouvre les activités de construction neuve et les activités d’entretien, traditionnellement moins consommatrices en granulats que la construction neuve.

15 Commissions départementales des carrières, qui regroupe des représentants de l'État, des

élus des collectivités territoriales, des représentants des exploitants et utilisateurs de matériaux de carrière et des associations (environnement et profession agricoles).

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5.2 L’industrie du granulat en France

5.2.1 Présentation L’industrie du granulat en France compte en 2004 plus de1500 entreprises, de tailles et

de spécialités diverses. Le tableau ci-dessous donne une idée de leur répartition par taille et par spécialité

(source INPG).

Produit Classe de production

Nombre d’entreprises

Production Part de la production

totale > 1 000 000 t 31 61 Mt 36 % > 500 000 t 77 91 Mt 54 % > 250 000 t 166 123 Mt 73 % > 100 000 t 349 157 Mt 93 %

Roches meubles

Total 745 168 Mt 100% > 1 000 000 t 19 32 Mt 30 % > 500 000 t 56 57 Mt 54 % > 250 000 t 113 77 Mt 73 % > 100 000 t 237 98 Mt 93 %

Roches calcaires

Total 456 105 Mt 100% > 1 000 000 t 26 46 Mt 39 % > 500 000 t 69 77 Mt 65 % > 250 000 t 131 100 Mt 85 % > 100 000 t 212 113 Mt 96 %

Roches éruptives

Total 364 118 Mt 100%

5.2.2 La filière « granulats marins » La filière granulats marins est aujourd’hui le fait d’une douzaine d’entreprises qui

utilisent 15 navires sabliers. Les emplois directs sont estimés à 200 marins et à 100 emplois à terre (emplois administratifs, techniques et commerciaux)

5.2.2.1 Les incertitudes de la filière Le secteur de la production de granulats marins souffre actuellement de l’impossibilité

de prévoir l’évolution même à court terme des extractions : du fait de l’absence de politique claire, des délais administratifs, et des problèmes d’acceptation de cette activité par les autres usagers de la mer qui manquent eux aussi de visibilité. Dans ces conditions, le développement d’une véritable filière nationale est quasiment impossible, puisqu’il suppose de se lancer sans visibilité dans des investissements à long terme comme la construction de dragues et le développement d’installations portuaires, alors qu’il est impossible d’envisager la passation de contrats de fourniture à long terme.

5.3 Part des granulats dans le coût financier direc t des produits On peut estimer que les granulats entrent pour 30 à 40% dans le coût kilométrique des

chaussées nouvelles (source : MTETM/DTT).

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La qualité des granulats utilisés dans le bâtiment est plus grande, et leur coût est donc plus élevé ; malgré cela, le coût des granulats à béton ne représente qu’envi ron 2% du prix final du bâtiment . Un doublement du prix du granulat (sable et gravier) augmenterait donc d’environ 2% le coût de la construction.

A titre de comparaison, la variation de l’indice INSEE de la construction en 2004 était

de +4,81 % : le risque est donc très faible qu’une augmentation même très notable du prix des granulats alluvionnaires modifie notablement la structure des coûts du BTP. Ceci est confirmé par le fait qu’en situation de pénurie l’industrie se tourne sans hésiter vers les granulats marins, dont l’extraction est nettement plus coûteuse que celle des granulats terrestres.

Pour fixer les idées, on peut estimer qu’à taxes et redevance égales, le surcoût du

granulat marin du centre de la Manche par rapport au granulat alluvionnaire terrestre est de l’ordre de 50% (soit environ 6 euros/t)16.

666 NNNEEECCCEEESSSSSSIIITTTEEE EEETTT EEEBBBAAAUUUCCCHHHEEE DDD’’’UUUNNNEEE NNNOOOUUUVVVEEELLLLLLEEE AAAPPPPPPRRROOOCCCHHHEEE EEENNN MMMAAATTTIIIEEERRREEE DDDEEE PPPOOOLLLIIITTTIIIQQQUUUEEE DDD’’’EEEXXXTTTRRRAAACCCTTTIIIOOONNN DDDEEE GGGRRRAAANNNUUULLLAAATTTSSS

6.1 L’approche terrestre actuelle : équilibre local entre production et consommation On l’a déjà rappelé, le granulat est un matériau pondéreux et consommé en quantités

importantes, dont le transport constitue à la fois une part importante du coût final rendu sur les lieux de consommation et un facteur important de nuisances environnementales et sociales (pollution par le transport nécessairement en partie routier, coûts directs pour la société du fait de la dégradation du réseau routier, coûts indirects du fait de la multiplication des risques d’accidents associés, et de la contribution à la dégradation globale de l’environnement : pollution, augmentation de l’effet de serre...).

Il est donc logique, et c’est ce qui a été fait, de privilégier une approche de gestion

globale qui minimise les impacts du transport . Dans le cas classique où la source principale des granulats est terrestre, et où

l’essentiel du transport se fait par voie routière, cette approche a conduit à rechercher un équilibre local entre production et consommation, et à mettre en place une gestion des granulats à l’échelle du département . Cette solution est à la base de la réglementation actuelle. Mais minimiser la distance entre lieu de production et lieu de consommation ne conduit pas forcément à l’objectif principal souhaité, qui est de minimiser l’impact global du transport. C’est évident dès lors que la réduction de la distance conduit à favoriser le transport routier par rapport à d’autres moyens de transports comme la voie d’eau ou le fer, dont l’utilisation n’a de sens économiquement que sur des distances assez longues. L’approche actuelle qui sous-tend les schémas départementaux de carrière ne suffit donc plus dès que l’on fait entrer en jeu d’autres moyens de transports que le transport routier.

De plus, on ne peut pas utiliser n’importe quelle qualité de granulat pour n’importe

quelle application (par exemple, les bétons ..) : au-delà d’une simple gestion quantitative des ressources et de la consommation, il faut envisager une gestion qualitative fine (donc une gestion séparée des granulats alluvionnaires et des autres types de granulats) dès que le profil de consommation s’éloigne de la moyenne, ce qui est le cas dans les régions

16 Source : ministère de l’industrie

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fortement urbanisées où les travaux de terrassement (qui se satisfont de granulats de qualité inférieure) sont minoritaires devant des travaux de construction (ouvrages d’art ou bâtiments) qui exigent des granulats alluvionnaires de haute qualité.

Enfin, dans les régions de forte consommation, l’échelle du département est de

toute manière devenue insuffisante, et il faut déso rmais envisager les équilibres à l’échelle de la région , en faisant jouer les complémentarités et les solidarités interdépartementales. Dans certaines zones en déficit structurel, l’échel le de la région est elle-même déjà insuffisante , et c’est désormais à l’échelle du bassin que l’on cherche à équilibrer : la région parisienne (voir plus bas) est la meilleure illustration de cette évolution vers une vision plus globale.

La prise en compte des granulats marins en complément aux granulats terrestres pour

la satisfaction des besoins, conduit à revoir l’approche actuelle, qu’il s’agisse du principe de proximité (qui conduit à développer une exploitation décentralisée de gisements multiples proches des lieux de consommation), ou de l’échelle de la gestion (l’échelle de la gestion terrestre n’est pas pertinente pour gérer l’approvisionnement des régions structurellement déficitaires en une catégorie seulement de produits).

6.2 Le cas de l’Ile de France L’Ile de France est la région française où les effets des déficits structurels se font

sentir depuis déjà plusieurs années. Sa situation a été tout particulièrement étudiée, à travers le « schéma interrégional d’approvisionnement du bassin parisien en matériaux de construction à l’horizon 2015 »

Bien que la consommation de granulats par habitant y soit pratiquement deux fois plus

faible que la moyenne française17, l’Ile de France est en effet dans une situation particulière : - son déficit en granulats est structurel (depuis plus de 15 ans, 40% des granulats

consommés en Ile de France proviennent d’autres régions) ; - la plus grande part de ses besoins concerne les bétons hydrauliques (55% contre

45% pour les autres usages, alors que la proportion moyenne en France est 34% / 66%) ; on rappelle que les exigences qualitatives de la fabrication de béton hydraulique imposent la plupart du temps le recours aux matériaux alluvionnaires ;

- même lorsque le transfert est possible vers des produits issus de roches massives, se pose le problème du transport par voie terrestre vers les lieux de consommation, nécessairement éloignés des lieux de production ;

- la contribution des régions voisines à la satisfaction des besoins de l’Ile de France décroît inexorablement.

Au bilan, en Ile de France, 57% des granulats consommés sont d’origine

alluvionnaires , et les alluvionnaires constituent 60% des granulats « importés ». Tout en gardant à l’esprit que les matériaux recyclés ne peuvent a priori pas remplacer

les matériaux alluvionnaires pour les applications exigeantes, on peut noter que 16% des granulats utilisés en Ile de France sont déjà issus de recyclage, contre 4% environ pour le reste de la France.

17 Consommation de granulats en Ile de France: 3 tonnes par habitant

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Il est donc capital pour l’Ile de France de trouver une solution à moyen et long terme pour s’approvisionner en matériaux alluvionna ires. Cette solution passera forcément par l’utilisation de matériaux importés.

Il faut donc identifier des ressources disponibles et intégrant complètement le problème

du transport : on se rappelle du poids du transport sur le coût final du produit, mais aussi de l’impact très négatif du transport routier, qui est généralement la solution retenue.

De ce point de vue, si la situation de l’Ile de France n’est pas favorable en termes de

transport ferroviaire (« sillons » ferroviaires surchargés), et est clairement défavorable en termes de transport routier (réseau très chargé, risques et impacts environnementaux), elle est assez favorable en termes de transport par voie d’eau. Ceci est déjà clair lorsque l’on s’intéresse aux moyens de transport de granulats actuellement utilisés.

Ile de France France entière Bateau 24% 5% Camion 67% 91% Train 9% 4%

Cette proportion est encore plus importante pour Paris et la petite couronne, où 61%

des granulats consommés sont acheminés par voie d’eau. Les voies fluviales existantes pourraient sans aménagements majeurs acheminer

plusieurs millions de tonnes supplémentaires, pour l’essentiel via la Seine, qui pénètre au centre de la zone de consommation. Une bonne part des centrales à béton (carrés rouges sur la figure 6) sont d’ailleurs implantées en bord de fleuve des centrales à béton ; sur Paris et la Petite couronne, ce sont 70% des sites qui sont embranchés « voie d’eau ».

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Figure 5 : Implantation des installations de transf ormation de granulats

(Source : BPE Ile de France)

L’importation de granulats alluvionnaires par la Seine est donc une solution logique au

problème d’approvisionnement de l’Ile de France. Une grande partie des importations est d’ailleurs réalisée par voie d’eau :

Mode de transport des granulats produits et importé s, Ile-de-France

Volume – 2001 (source UNICEM)

Importation

38,00%

41,60%

20,40%

voie d'eau routier voie ferrée

Production

17,40%

82,60%

voie d'eau routier

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L’importation et le transport par voie d’eau jusqu’ au plus près des zones de consommation sont donc clairement la meilleure solu tion pour résoudre de manière durable le déficit structurel de l’Ile de France en matériaux alluvionnaires.

Il serait certainement souhaitable de trouver rapid ement une solution à ce

problème structurel, si l’on veut éviter un « effet domino » : si les régions voisines devaient continuer à approvisionner l’Ile de France, elles deviendraient également déficitaires, ce qui rendrait encore plus problématique l’approche classique de « gestion de proximité ». Le déficit actuellement observé en Ile de France risquerait à plus ou moins long terme de s’étendre d’abord aux régions Haute-Normandie et Picardie puis au département de l’Yonne.

6.3 Contribution possible des granulats marins à l’ approvision-nement des zones en déficit structurel Devant la difficulté de trouver à proximité des bassins de consommation des

ressources accessibles, il est logique de se tourner vers les granulats importés, et notamment les granulats marins. Cette solution est-elle réaliste ?

6.3.1 Sollicitations actuelles des ressources en gr anulats marins Les granulats marins ne peuvent constituer une solution réelle pour

l’approvisionnement des régions structurellement déficitaires qu’à condition de ne pas être déjà mobilisés dans les schémas existants pour l’approvisionnement d’autres régions.

C’est bien le cas actuellement, puisque les granulats marins ne sont utilisés en

quantité appréciable que dans les régions côtières, d’autant plus que les quantités disponibles sont très supérieures aux ressources nécessaires à ces régions côtières (on rappelle que les ressources actuellement connues, situées dans les seules régions proches des côtes, correspondent à plusieurs centaines d’années de la consommation actuelle en granulats marins).

6.3.2 Impact du transport des granulats marins Potentiellement disponibles en grandes quantités, les granulats marins peuvent aussi

être acheminés pour un coût très faible vers des régions de consommation même lointaines : que l’on considère en effet le coût du transport vers la côte (voie maritime) ou le coût du transport terrestre vers les zones de consommation (à condition qu’il soit réalisé par la voire fluviale ou la voie ferroviaire), ce coût reste faible, qu’il s’agisse d’ailleurs du coût financier proprement dit ou des coûts socio-environnementaux directs ou indirects associés.

6.3.3 Qualité des matériaux marins Les granulats marins présentent fréquemment des caractéristiques équivalentes à

celles des granulats alluvionnaires. Leur utilisation dans les bétons hydrauliques est envisageable sans bouleversements profonds des méthodes de fabrication, et ils peuvent s’intégrer très rapidement dans les chaînes de fabrication ou les process actuels.

6.3.4 Le granulat marin : une solution pour les zon es de déficit structurel

Pour peu que l’on arrive à rendre acceptable pour l’environnement et les autres usagers de la mer les impacts de leur extraction, et à condition de les transporter par voie fluviale ou ferroviaire , les granulats marins apparaissent donc comme une so lution

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raisonnable à court et moyen terme pour l’approvisi onnement des régions en déficit structurel .

6.3.5 Importation ou extraction des zones sous juri diction française ?

L’importation de granulats par la mer et la voie d’eau n’implique pas forcément que ces granulats soient extraits dans les eaux françaises.

L’importation de granulats marins d’origine étrangè re est une alternative, mais il

est peu probable que ce soit une solution satisfaisante : à la fois du fait de la proximité et du nombre réduit de ruptures de charge nécessaires, il est probable que les granulats les plus compétitifs économiquement seraient ceux extraits de zones proches des zones françaises, la Manche par exemple pour l’Ile de Fra nce , donc des zones où les intérêts français seraient directement menacés par les impacts négatifs environnementaux et socio-économiques de ces extractions. Il se trouve que ce sont les pêcheurs français qui opèrent en majorité dans les zones que les autorités britanniques envisagent d’ouvrir à l’extraction de granulat. Importer des granulats marins étrangers reviendrait donc vraisemblablement à se priver d’une industrie nationale, sans réduire en rien les impacts négatifs pour la France.

L’importation par voie maritime de granulats terrestres est une autre solution. Mais

les sources potentielles (comme les super carrières d’Écosse et de Norvège) ne peuvent fournir de sable ; ces ressources sont par ailleurs mobilisées pour l’essentiel par d’autres pays plus déficitaires que la France.

Ainsi, le recours exclusif à des granulats importés pour compenser les déficits de la

production terrestre française entraînerait à terme la perte d’indépendance nationale (alors que le choix de l’autosuffisance paraît logique pour une substance essentielle au développement économique national) ; enfin, il entraînerait aussi une perte d’emplois (directs et indirects) au niveau national.

777 AAANNNAAALLLYYYSSSEEE EEETTT CCCOOONNNCCCLLLUUUSSSIIIOOONNNSSS ::: QQQUUUEEELLL DDDEEEVVVEEELLLOOOPPPPPPEEEMMMEEENNNTTT DDDEEE LLL’’’EEEXXXTTTRRRAAACCCTTTIIIOOONNN DDDEEESSS GGGRRRAAANNNUUULLLAAATTTSSS MMMAAARRRIIINNNSSS ???

7.1 Analyse

7.1.1 Nécessité d’extraire des granulats marins Depuis des décennies, les granulats marins sont utilisés de manière routinière sur tous

les littoraux pour satisfaire en matériaux de BTP les besoins littoraux . Ces granulats ne se substituent pas à des granulats terrestres, ils en pallient l’absence. Par ailleurs, sans ces extractions, la disparition de cette petite industrie bien acceptée localement y compris par les autres usagers de la mer, aurait des conséquences sociales et économiques notables.

De plus, l’évolution de la politique de gestion de l’érosion côtière conduira presque

certainement à développer les méthodes douces, basées sur la gestion dynamique des sédiments, qui nécessitent des rechargements périodiques ou non des cellules sédimentaires ou des plages par des granulats marins. Il n’y a pas d’alternative terrestre raisonnable aux granulats marins pour cette utilisation.

Enfin, on l’a vu plus haut, les granulats marins constituent pour l’approvisionnement

en granulats alluvionnaires de qualité des zones en déficit structurel , comme l’Ile de

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France, une solution rationnelle dès lors qu’il peuvent y être acheminés à un coût financier, environnemental et social meilleur que toute autre source.

L’extraction des granulats marins apparaît comme le seul moyen rationnel de

satisfaire tous ces besoins importants.

7.1.2 Evaluation des besoins prioritaires En l’absence d’étude précise, on peut néanmoins estimer grossièrement les besoins

prioritaires à satisfaire : - les besoins des régions littorales peuvent être évalués sur la base de la production

annuelle actuelle de granulats marins (de l’ordre de quatre à cinq millions de tonnes), qui est en grande partie destinée à les satisfaire ; ces besoins peuvent être considérés comme stables à l’échelle de cinq à dix ans ;

- les besoins liés à la gestion de l’érosion côtière ne peuvent être estimés que très grossièrement ; sur la base des études menées par le programme PLAGE (Plan Littoral d’Action pour la Gestion de l’Érosion), ou sur l’exemple du rechargement de la plage de La Baule réalisé en 2004 et qui a nécessité de l’ordre de 200000 m3 de sable, avec un apport annuel ultérieur d’entretien de 20000 m3, on peut les estimer en moyenne à deux à trois millions de tonnes par an ;

- enfin, les besoins prioritaires liés à l’approvisionnement en granulats alluvionnaires des régions en déficit structurel peuvent être actuellement estimés, suivant les scénarios, entre cinq et sept millions de tonnes par an ; ces estimations doivent être valables pour les cinq à dix ans à venir.

Au bilan, les besoins prioritaires pourraient se si tuer, pour les cinq à dix ans à

venir, dans une fourchette de 11 à 15 millions de t onnes par an. En croissance nette par rapport aux extractions actuelles (de l’ordre de 5 millions de

tonnes par an), ces quantités restent faibles devant la consommation annuelle de la France (de l’ordre de 400 millions de tonnes)

7.1.3 Risques liés à l’augmentation de la productio n de granulats marins pour satisfaire les besoins prioritaires

Les réserves accessibles connues sur le plateau continental français (Manche et Atlantique) correspondent à plusieurs centaines d’années de consommation au rythme actuel ; les réserves probables dans des profondeurs accessibles aux techniques classiques pourraient être beaucoup plus importantes.

Les gisements de granulats marins atteignent souvent des épaisseurs importantes ;

des volumes importants peuvent être exploités en ne mobilisant que des surfaces faibles (l’extraction de 30 m de sable sur une surface de 1 km² correspond à un volume de 30 millions de m3, soit plus de 45 millions de tonnes. A l’issue de l’extraction, cela correspond d’autre part à un accroissement de 30 mètres de la hauteur d’eau, ce qui est loin d’être négligeable).

Il est donc possible, en ne mobilisant que des surfaces faibles , de satisfaire pour

plusieurs décennies les besoins prioritaires au niveau actuel . En limitant les exploitations à de faibles surfaces , les impacts, bien réels sur les

zones exploitées, paraissent acceptables, compte tenu notamment de leur limitation spatiale, au regard des nuisances environnementales qu’entraînerait le report sur des granulats alluvionnaires terrestres de la satisfaction de ces besoins prioritaires. Significativement plus

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élevées que les quantité extraites actuellement (2 à 3 fois), les quantités nécessaires restent toutefois du même ordre de grandeur, et accroître dans de telles proportions les extractions en renforçant les mesures de suivi paraît compatible avec le principe de précaution. Il est d’autre part évident que le choix des zones d’extraction n’est absolument pas neutre vis-à-vis de l’importance des impacts environnementaux et socio-économiques. Un soin tout particulier devra donc être apporté à la réalisation de ce choix , en s’appuyant notamment sur une concertation suffisante avec les autres usagers de la mer.

7.1.4 Possibilité d’aller au-delà de la satisfactio n des besoins prioritaires

Le développement des extractions, avec limitation à la satisfaction des seuls besoins prioritaires évoqués plus haut est un des scénarios envisageables.

Un autre scénario est possible, celui de l’ouverture plus ou moins complète (donc au-

delà des besoins prioritaires), avec régulation par le jeu du marché. Ce scénario semble ne présenter que des inconvénients, qu’on se place du point de

vue économique, environnemental ou socio-économique, ou du point de vue des politiques publiques :

- Aspects économiques : compte tenu des énormes réserves en granulats marins, ce scénario donnerait de fait à l’État un rôle prépondérant dans ce secteur économique sensible pour le BTP, puisqu’il serait à la fois gestionnaire de cette ressource publique, tout en disposant de la capacité d’influer fortement sur les prix en fixant de manière autoritaire les taxes et redevances ;

- Aspects environnementaux : cette approche ne permet pas la vision stratégique nécessaire pour évaluer et anticiper les impacts environnementaux, et respecter une approche de précaution alors qu’on ne dispose encore que de peu d’informations sur les impacts d’exploitations de grande envergure. De plus on peut légitimement penser que ce scénario conduirait à un accroissement sensible des quantités exploitées et par voie de conséquence des impacts environnementaux correspondants ;

- Aspects socio-économiques : le marché du granulat ne peut évidemment réguler les usages de la mer, et l’absence d’encadrement stratégique et de planification par l’État conduirait à la multiplication des conflits ;

- Politiques publiques : sans encadrement, pas de vision d’ensemble, et donc pas de gestion véritable de la ressource que constituent les granulats ; de plus, en facilitant le recours aux granulats marins, on risque de bloquer des efforts majeurs et nécessaires à terme en matière de réduction de la consommation et de développement du recyclage…

7.1.5 Possibilités de valorisation des granulats ma rins pour limiter les extractions

La valorisation des matériaux de dragage est une possibilité ; mais, malgré l’importance des volumes concernés18, la proportion de matériaux de qualité acceptable sont très réduits : l’essentiel des produits de dragage est constitué de vases dont les caractéristiques mécaniques, granulométriques et chimiques les rendent impropres aux utilisations industrielles des granulats .

Cette voie, souvent évoquée par les usagers de la mer notamment dans le but de

réduire les rejets en mer (« clapages ») et les extractions ne peut constituer qu’une

18 plus de 24 millions de tonnes en 1996

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contribution très minime à l’approvisionnement en granulats, que ce soit pour les besoins du BTP ou de la gestion dynamique de l’érosion côtière.

Néanmoins, elle devrait être explorée chaque fois que possible , ne serait-ce que

pour faciliter l’acceptation par les usagers de la mer des extractions (pour qui il est difficile à admettre que l’on doive extraire en mer des matériaux de même nature que ceux qu’on y rejette).

7.1.6 Amélioration de l’acceptabilité des extractio ns La mer est un espace public ; elle doit donc rester accessible à tous et à toutes les

activités. Une activité ne peut limiter les autres que si elle est justifiée par l’intérêt général, et si les conséquences pour l’environnement et les autres usagers de la mer ont été minimisées autant que faire se peut. Même si sa légitimité n’est pas contestable, l’extraction de granulats marins doit s’adapter à ces principes.

Il convient donc d’examiner de quelle manière peuvent être minimisés ou compensés

les impacts environnementaux, sociaux et économiques de cette activité.

7.1.6.1 Réduction et compensation des impacts envir onnementaux A condition d’éviter les régions trop proches de la côte où les effets des extractions

peuvent se traduire par des impacts désastreux en termes d’érosion côtière, les risques principaux en matière d’environnement concernent la perte de biodiversité, ou la destruction d’habitats essentiels comme les frayères et les nourriceries. Une modification de la dynamique hydrologique peut également être un des effets secondaires d’une exploitation massive de granulats sur une zone donnée.

Concernant les impacts sur les ressources vivantes, le choix des zones d’extraction

devrait évidemment dans tous les cas éviter les habitats stratégiques. La perte de biodiversité peut sans doute être limitée grâce à une stratégie générale

adaptée. On peut ainsi exploiter de grandes surfaces de manière extensive , ou des surfaces limitées de manière intensive .

L’exploitation extensive peut être envisagée dans les zones de fort hydrodynamisme,

car les courants peuvent faire disparaître rapidement les traces d’une exploitation extensive ; mais les courants ne sont généralement forts que dans les zones de faibles profondeur proches des côtes, qui sont les zones où les conflits d’usage sont les plus probables et les plus forts, et les risques pour l’environnement marin les plus grands. De plus, prélever des granulats dans une zone à forte dynamique hydrologique n’est guère recommandé, ou tout au moins doit être soigneusement analysé avant de procéder aux extractions, car cela peut avoir un impact fort sur la dynamique sédimentaire. Des études tendent également à montrer que la reconstruction des écosystèmes est plus rapide sur des zones exploitées de manière extensive (en conservant cependant à l’esprit que les surfaces concernées sont beaucoup plus importantes).

L’exploitation intensive présente l’inconvénient de modifier de manière importante et

définitive des zones limitées ; mais celles-ci peuvent être choisies dans des régions où les risques de conflit sont faibles ou nuls, et les enjeux environnementaux faibles ou nuls.

Pour des exploitations importantes , mais dont on souhaite limiter le nombre et que

l’on souhaite éloigner des zones de conflit d’usage, l’exploitation intensive paraît une solution plus rationnelle , surtout lorsqu’on cherche simultanément à minimiser les conflits

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d’usage, dont le nombre croît avec celui des sites d’extraction et la surface de ces derniers. Il suffirait ainsi de deux ou trois « super carrièr es » de quelques km² par façade maritime, à bonne distance de la côte et hors des z ones de conflit ou de pêche intensive, pour assurer pour des décennies la sati sfaction des besoins prioritaires. Éviter le mitage permet aussi de donner aux exploitations une dimension industrielle suffisante pour amortir des investissements importants (dragues et installations portuaires de réception et de traitement des matériaux).

Bien entendu, en plus du choix des zones (nombres, surface, situation), les modalités

d’exploitation doivent être ajustées en fonction des caractéristiques locales, et éventuellement des résultats de l’indispensable suivi. On peut par exemple imaginer de limiter les périodes de l’année où les extractions sont permises pour permettre la reproduction ou le transit de certaines espèces ou un autre usage saisonnier de la zone d’exploitation. Les pratiques qui multiplient les impacts négatifs peuvent être limitées ou interdites (criblage à bord ou surverse, par exemple).

Enfin, il serait sans doute souhaitable d’étudier les modalités de réhabilitation des

zones d’extraction en fin d’exploitation, pour faciliter la recolonisation par les espèces initiales, ou par des espèces mieux adaptées aux modifications du milieu. Cette réhabilitation pourrait être à la charge de l’exploitant, et son coût provisionné dès le début de l’exploitation ; les professionnels du granulat ont montré à terre leur capacité à intégrer la dimension environnementale et à développer un véritable savoir-faire en matière de réhabilitation des carrières19. Les mêmes orientations pourraient être adoptées en mer.

7.1.6.2 Réduction et compensation des impacts socio -économiques Les impacts socio-économiques de l’extraction des granulats marins concernent

essentiellement la pêche ; les autres activités n’impliquant pas d’usage permanent de l’espace (comme la navigation) ne sont que très peu affectées, pour peu qu’on évite les zones de concentration ou les zones à risque (chenaux de navigation…) et les zones de grande densité d’usages (par exemple les zones proches de la côte).

Les impacts de l’extraction sur la pêche sont de deux ordres : - conflit d’espace dans la zone d’extraction ou au voisinage ; - atteintes à la ressource dans les mêmes espaces (soit immédiate, en la faisant fuir,

soit différée, en la faisant diminuer ou disparaître). Les professionnels de la pêche sont traditionnellement très sensibles à l’arrivée en mer

de nouvelles activités ; cette sensibilité est particulièrement grande à l’égard des extractions de granulats, parce que celles-ci apparaissent comme la manifestation d’une volonté de repousser en mer des activités de moins en moins acceptées à terre20, mais aussi parce que les zones d’accumulation de granulats (notamment de sable) correspondent très souvent à des zones où la pêche commerciale est particulièrement rentable.

Comme la pêche, l’extraction des granulats marins en mer est une activité légitime ; les

zones d’intérêt pour l’extraction sont généralement fréquentées depuis longtemps par les pêcheurs, mais l’antériorité de l’usage ne peut créer de droits ex clusifs sur un espace public . Par ailleurs, les extractions sont généralement plus contraintes en termes d’espace, car les granulats n’existent en quantités exploitables que dans des zones limitées. Ces conflits d’espace ne peuvent être réglés efficacement que par la concertation. Pour être efficace, celle-ci doit commencer très en amont (en tout état de cause, bien avant que soit

19 La contribution des carrières réhabilitées à la biodiversité terrestre est très notable 20 Cette impression avait déjà été ressentie en matière d’énergie (parcs éoliens en mer)

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définie exactement la zone d’extraction), et elle sera d’autant plus facile que les surfaces concernées seront limitées, et leur extension très encadrée. Une concertation efficace peut aboutir, suivant le cas, à une division de l’espace, ou plus généralement à la définition des modalités de partage de cet espace.

La concertation sera d’autant plus facile, évidemment, que l’on pourra éviter de

planifier des extractions de granulats dans des zones où la pêche est particulièrement intense ou rentable, et plus généralement dans des zones de conflit potentiel.

La limitation des surfaces concernées et du nombre des zones semble clairement

un moyen de limiter les conflits. Si en matière d’impact environnemental on peut hésiter entre l’exploitation extensive de grandes zones et l’exploitation intensive de zones beaucoup plus réduites, la limitation des conflits d’usage fait clairement pencher la balance en faveur de cette dernière solution.

Enfin, qu’elle soit due à la diminution des espèces commerciales dans la zone

concernée ou à la limitation de l’accès à l’espace marin, l’extraction de granulats peut se traduire par des impacts économiques négatifs pour la pêche. Ceux-ci peuvent être compensés, au moins partiellement ou temporairement, par une aide permettant de compenser les effets négatifs de l’exploitation des granulats pendant la durée nécessaire . Naturellement, cette indemnisation ne peut être acceptable qu’à travers la médiation de l’État, régulateur des usages de l’espace marins et gestionnaire des ressources publiques, sur la base d’un préjudice clairement chiffré, et pour une durée limitée.

7.2 Scénario possible à échéance de 10 ou 15 ans Une première évaluation des besoins prioritaires auxquels seuls les granulats marins

peuvent satisfaire conduit donc à une fourchette de 11 à 15 millions de tonnes par an pour les besoins actuels.

Sous réserve de consolider cette estimation des besoins, il semble tout à fait possible

de fixer à ce niveau les « droits d’exploitation » qui seront accordés pour les 10 ou 15 ans à venir. Une concertation très en amont, la limitation du nombre et des surfaces concernées, la recherche des zones de conflit minimum, la minimisation des impacts et un suivi rigoureux des exploitations devraient pouvoir « déminer » les problèmes d’acceptabilité et la méfiance naturelle vis-à-vis d’une activité industrielle jusqu’ici marginale en mer.

7.3 Nécessité d’une véritable politique nationale Le granulat n’est pas une substance anodine : - c’est une substance stratégique, puisqu’elle n’est pas seulement nécessaire au

bâtiment et aux travaux privés (dont l’importance est évidente au plan économique, pour le développement de politiques nationales comme par exemple celle du logement social), mais que sa disponibilité conditionne l’existence et la qualité des infrastructures nationales ; ceci justifie notamment de privilégier une production nationale permettant l’autosuffisance

- son extraction et son transport ont potentiellement des impacts lourds , en matière d’environnement (pollution, production de CO², etc.), d’usage des réseaux, d’aménagement du territoire et d’urbanisme, de santé publique, de sécurité routière…

- les lois du marché ne sont pas à elles seules capable de réguler la filière au mieux des intérêts de la collectivité, particulièrement en mer ;

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- par le biais de la réglementation, l’État dispose d’un pouvoir de régulation important (c’est lui qui donne les autorisations et accorde les licences, c’est lui qui fixe les taxes et redevances, qu’il s’agisse d’extraction ou de transport) ;

- enfin, l’État devient un acteur important du marché dès lors que les granulats marins (ressource publique) sont complémentaires ou concurrents des granulats terrestres…

Par ailleurs, l’État est seul responsable de la régulation des activités en mer,

notamment du poids et de la priorité à donner aux différentes activités en mer, et de la mise en place des modalités de gestion de ces activités. Dans ce cadre, il lui appartient de définir clairement la place qu’occuperont les granulats marins dans la production nationale, et les modalités de coexistence de cette activité avec les autres activités en mer. En cette matière, comme dans la plupart des secteurs d’activité en mer (pêche, énergie, transport, sécurité maritime…) il est nécessaire pour pouvoir mener une véritable politique intégrée de définir des objectifs sectoriels clairs.

Tout ceci justifie la nécessité de définir d’une po litique nationale claire en

matière de granulats, dont découlera logiquement la définition des objectifs nationaux en matière de granulats marins.

7.4 Principes généraux pour l’exploitation des gran ulats marins

7.4.1 Politique générale en matière de granulats Il n’est pas question ici de déborder du cadre de l’étude, centrée sur la seule question

des granulats marins ; mais certaines orientations de la politique nationale au ront des effets directs sur les besoins en granulats marins , et il est donc logique de les évoquer ou de les rappeler ici.

7.4.1.1 Affirmation de la volonté d’autosuffisance nationale Le choix de recourir aux granulats marins ne peut se justifier réellement que si l’on

affirme clairement la volonté pour la France de rester autosuffisante dans le domaine des granulats. Ce choix peut parfaitement s’appuyer sur des arguments politiques (volonté d’indépendance en matière de matériaux stratégiques), des arguments économiques (volonté de promouvoir une industrie nationale), et des arguments liés au développement durable (volonté de contrôler de bout en bout un secteur dont l’impact sur l’environnement n’est pas nul, qu’il s’agisse d’extraction, de transports ou de consommation).

7.4.1.2 Poursuite de la régulation de la demande La surconsommation de granulats a des effets lourds en matière d’environnement, de

paysages, d’infrastructures, de sécurité, etc. Par ailleurs, on ne peut imaginer de compenser directement par le développement du

recours aux granulats marins le déficit causé par les limitations d’accès aux ressources alluvionnaires terrestres.

Les efforts pour favoriser une utilisation économe de la ressource en granulats

devraient donc être poursuivis, notamment en ce qui concerne les produits de haute qualité (comme les granulats alluvionnaires, sur lesquels les contraintes d’approvisionnement se concentrent) qui devraient, sauf exception dûment justifiée, être réservés aux usages techniquement exigeants.

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7.4.1.3 Développement de l’emploi des produits issu s de recyclage Il semble qu’au-delà des aspects économiques (incitations économiques peut-être

insuffisantes), une politique nationale pourrait favoriser encore plus l’utilisation des granulats issus de recyclage ; la commande publique est à l’origine d’une part importante de la consommation (infrastructures, travaux publics…), et il serait sans doute possible en adaptant les normes ou en imposant l’usage privilégié des matériaux recyclés de réduire le recours aux granulats naturels, qui est encore semble-t-il la solution de facilité, techniquement et économiquement.

En matière de granulats marins, la question du recyclage des produits de dragage

devrait être abordée de manière volontariste ; le recyclage est non seulement un moyen de réduire la demande, mais aussi de limiter les rejets en mer de plus en plus contrôlés (environnement) et critiqués (autres usagers de la mer).

7.4.1.4 Développement d’une vision globale des sour ces potentielles (à terre et en mer)

Il conviendra sans doute à terme de changer d’échelle de gestion : les problèmes rencontrés en Ile de France ne font sans doute qu’anticiper ceux qui se produiront à terme dans d’autres régions françaises : des zones de déficit structurel en granulats vont apparaître, qui dépassent largement l’échelle départementale , qui est actuellement l’échelle nominale d’évaluation des besoins et de gestion des ressources en granulats. Pour la gestion stratégique, l’échelle du bassin de consommation est sans doute désormais pertinente, plus que celle du département (ceci correspond à une échelle au mieux régionale, mais le plus souvent interrégionale); pour les granulats marins, l’échelle pertinente est très probablement celle de la façade maritime correspondant à ce bassin de consommation.

La gestion devrait adopter une approche intégrée terre et mer , non seulement en

termes de besoins et de ressources , mais aussi, et peut être surtout, en termes d’infrastructures de transport associées.

7.4.2 Extractions de granulats marins : principes g énéraux recommandés et modalités de mise en œuvre

7.4.2.1 Inadaptation des modalités de gestion aux e njeux Le modèle implicite français actuel en matière de ressources du sol et du sous-sol

de la mer , qui considère que ces ressources n’appartiennent à personne, devrait être remis en question.

Sans doute acceptable en période d’abondance, lorsque les ressources du sol et du

sous-sol de la mer ne constituaient pour la France qu’un apport marginal, ce modèle ne semble plus justifiable alors que ces ressources deviennent clairement (du fait de la raréfaction des ressources terrestres, de leur coût croissant, ou de l’évolution des marchés mondiaux) un levier d’action à l’échelle de l’économie et de la politique mondiales (hydrocarbures..) ou de l’environnement national et mondial.

Ce modèle essentiellement économique conduit de fait à limiter les investissements de

l’État en matière de recherche et de gestion des ressources, et à ouvrir largement et sans réel contrôle l’accès aux ressources publiques aux exploitants.

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Il paraît de plus en décalage avec les principes du développement durable et les engagements internationaux de la France en la matière21, car il n’offre aucune visibilité claire sur les conséquences à moyen ou long terme de l’exploitation des granulats marins.

De simple régulateur sectoriel, l’État devrait deve nir un véritable gestionnaire ; il

est seul légitime pour assurer ce rôle, s’agissant de régulation des usages de la mer et de gestion de ressources publiques, qui sont souvent des ressources stratégiques (hydrocarbures, matériaux, énergie..)

7.4.2.2 Nécessité d’une gestion mieux encadrée des ressources marines Il conviendrait donc désormais d’encadrer plus étroitement l’exploitation de ces

ressources, et de substituer à la « comptabilité a posteriori » actuelle une véritable gestion par l’État de ces ressources publiques et une planification stratégique de leur exploitation, seul moyen de maîtriser les impacts (économiques, sociaux et environnementaux) de leur exploitation22.

Ces orientations devraient se traduire par des actions suivant quelques axes stratégiques :

- connaissance des ressources ; - planification stratégique de l’utilisation de ces ressources, tenant compte des

besoins à satisfaire et des ressources disponibles, de leur caractère public, et des impacts de leur exploitation ;

- encadrement strict de l’exploitation des ressources ; - suivi attentif des conséquences environnementales, sociales et économiques de

cette exploitation. Les domaines concernés par la mise en œuvre de cette nouvelle approche

comprennent notamment : - la recherche et l’exploration ; - la gestion ; - la réglementation ; - la fiscalité.

7.4.2.2.1 Mise en place d’une véritable gestion des ressources La gestion des ressources se limite actuellement pour l’essentiel au suivi des

exploitations. Une véritable gestion devrait être mise en place, comprenant notamment : - Le recensement des besoins à satisfaire ; - le recensement des ressources accessibles à terre et en mer ; - un plan stratégique pour leur exploitation (quelles ressources exploiter, où, quand,

pour satisfaire quels besoins ?), intégrant tous les usages des granulats (usages commerciaux et non commerciaux) ;

- des modalités de mise en œuvre de ce plan stratégique (comprenant notamment des mesures réglementaires adaptées) ;

21 Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer, conventions sur la protection de

l’environnement marin (OSPAR pour la Manche et l’Atlantique, ou la Convention de Barcelone pour la Méditerranée), Convention sur la Diversité Biologique, etc.

22 Au-delà des ressources en granulats marins, seules traitées ici, cette nouvelle approche devrait concerner toutes les ressources du sol et du sous-sol de la mer, et notamment les hydrocarbures : voir plus loin.

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- un véritable suivi de l’exploitation (contrôle).

7.4.2.2.2 Nécessité probable d’une coordination au- delà du niveau national Cette gestion devrait très probablement être coordonnée au niveau international ; la

problématique des granulats marins dépasse désormais en effet largement la seule échelle nationale. Que ce soit au plan des ressources ou au plan des besoins, qu’elle concerne la régulation économique ou la régulation des activités en mer, ou enfin les aspects environnementaux, l’approche « régionale » ou « interrégionale » évoquée plus haut pour les granulats terrestres devrait pour les granulats marins s’élargir à une approche internationale :

- les granulats extraits des plateaux continentaux britannique et français en Manche, par exemple, sont deux parts d’une même ressource ;

- ces ressources sont souvent exploitées ou recherchées par les mêmes industriels , généralement de dimension internationale ;

- les impacts de leur extraction touchent indifféremment les autres États côtiers (puisque la gestion des ressources vivantes et dans une large mesure les actions de protection de l’environnement y sont mutualisées au niveau communautaire ou au niveau des conventions régionales).

Les tensions entre pêcheurs français et industriels britanniques concernant des projets

d’extraction en Manche sont la parfaite illustration de cette situation : la Manche et la Mer du Nord sont des mers semi-fermées, où il conviendrait d’envisager une gestion concertée des ressources qui ont une influence sur la biodiversité et l’équilibre socio-économique des activités maritimes et littorales.

7.4.2.2.3 Conduite de programmes de recherche pour identifier les ressources du plateau continental français

La méconnaissance des ressources en granulats conduit à se focaliser sur celles qui sont déjà connues ; conformément à une tendance très générale en mer23, ceci conduit naturellement à exploiter les ressources les plus proches de la côte , donc celles qui provoquent le plus de conflits d’usage, et présentent le plus de risques pour l’environnement. Une bonne connaissance des ressources réelles est une condition pour une exploitation responsable minimisant les impacts négatifs.

Un programme de recherche a été mené il y a maintenant plus de vingt ans par le

CNEXO pour identifier les réserves exploitables de granulats marins ; limité aux zones proches de la côte, ce programme n’a pas été poursuivi, et seule une fraction des ressources de granulats du plateau continental français a été recensée. Il conviendrait de reprendre ce programme, d’abord en exploitant les nombreuses données recueillies lors de campagnes scientifiques, ou de campagnes de recherches privées conduites dans les eaux sous juridiction nationale par des industriels24, et en les complétant si nécessaire (les moyens nécessaires existent au sein des organismes français spécialisés : IFREMER, SHOM, BRGM notamment).

Il conviendra sans doute à cette occasion de trouver en matière d’organisation des

responsabilités une solution plus satisfaisante qu’aujourd’hui, où les organismes publics qui ont des moyens pour prospecter en mer n’ont pas d’attributions dans ce domaine, alors que ceux qui ont des attributions n’ont pas de moyens.

23 Déjà observée par exemple pour les éoliennes en mer 24 on rappelle que le code minier prévoit que les résultats de toutes les mesures réalisées dans

les zones sous juridiction nationale doivent être fournies à l’État (ministère de l’Industrie)

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7.4.2.2.4 Zones d’impact et de conflit d’usage mini maux Zones peu profondes et proches de la côte . Les conflits avec les autres usages et

les impacts négatifs des extractions se concentrent de fait dans les zones les moins profondes et les plus proches de la côte . Ceci s’explique évidemment par la corrélation entre la profondeur et la proximité de la côte, et par le fait que l’essentiel des activités en mer se concentre dans la bande côtière ; mais même à distance de la côte, les zones de faible profondeur sont les plus fréquentées, notamment par les pêcheurs, car les ressources halieutiques y sont bien plus abondantes.

Les techniques utilisées pour l’extraction de granulats (aspiration) permettent

l’exploitation à des profondeurs largement supérieures à 50 m ; lorsque la profondeur d’exploitation s’accroît, le matériel se complexifie (pompe intermédiaire sur l’élinde), et le rendement devient plus faible (notamment du fait d’un rendement plus faible du pompage, et de l’allongement des trajets entre port et zone d’extraction) : il n’existe pas semble-t-il de véritable problème technique, mais essentiellement des réticences d’ordre économique à s’éloigner de la côte pour l’exploitation des granulats marins.

Il conviendrait donc en particulier d’étudier dans quelle mesure ces ressources situées

plus loin de la côte et à des profondeurs plus importantes ne pourraient pas être exploitées en priorité, notamment dans le but de réduire les conflits avec les autres usages de la mer par rapport à une exploitation plus proche de la côte. L’exploitation de ces ressources profondes pourrait être obtenue par des mesures réglementaires (zonages, encadrement…), ou par des mesures incitatives (modulation de la redevance en fonction de la profondeur d’extraction).

Zones de reproduction et nourriceries . Certaines zones sont essentielles au

fonctionnement des écosystèmes marins, ou à la reconstitution des stocks halieutiques : l’identification et la sanctuarisation de ces zones est essentielle.

7.4.2.3 Développement d’une réglementation adaptée à la mise en œuvre d’une véritable gestion

7.4.2.3.1 Inadaptation des principes du code minier et des procédures correspondantes

Les principes sont inadaptés à la gestion d’une res source et d’un espace publics Le code minier pose implicitement comme principe que les matériaux marins

appartiennent à ceux qui les découvrent, ce qui est clairement incompatible avec le principe de base que l’espace marin et les ressources marines sont publics. L’initiative complète du choix des zones à exploiter revient de fait aux seuls industriels, l’État ne s’accordant par la réglementation que la possibilité de refuser les demandes, mais pas celle de définir si oui ou non des ressources peuvent être exploitées, dans quelles zones, et avec quel calendrier. Une catégorie particulière d’usagers de la mer a donc la possibilité de décider seule, sur des bases qui lui sont propres, de certaines priorités en matière d’usage de la mer et d’exploitation de ses ressources.

La procédure est longue et lourde, manque de transp arence, et ne permet qu’une

concertation trop tardive et insuffisante : - Au stade de la demande de permis exclusif de recherche, le dossier déposé par le

demandeur comprend pour l’essentiel des éléments destinés à démontrer ses capacités techniques et financières, et à justifier le choix par le demandeur de la zone de prospection ou des modalités d’exploitation proposées. Il ne comprend qu’une « notice d’impact », généralement très succincte, et qui ne peut en aucun

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cas permettre d’évaluer les impacts (que ce soit sur l’environnement ou sur les autres activités maritimes dans la zone : pêche, défense, navigation, énergie, cultures marines…) ; en l’absence d’éléments spécifiques à la zone concernée, la consultation d’IFREMER (compétent sur ces aspects) ne peut pallier l’absence d’un véritable dossier ;

- L’avis de la conférence interministérielle est purement consultatif : un avis défavorable unanime de la conférence ne suffit pas à empêcher la délivrance d’un permis minier ;

- Les administrations ne sont pas informées de l’avis du Conseil Général des Mines (qui n’est pas compétent sur les questions liées à la régulation des usages de la mer) ;

- Lorsque le ministère de l’industrie délivre l’autorisation demandée, elle correspond à une simple « ouverture de droits » qui permet au demandeur de motiver sa demande d’autorisation de travaux auprès des autorités locales ; ce titre minier est néanmoins vu comme une véritable autorisation par les autres usagers de la mer – comme d’ailleurs par la plupart des autres administrations – , auxquels échappent généralement les subtilités juridiques du code minier ;

- Qu’il s’agisse de prospection ou d’exploitation, l’instruction préalable des dossiers est menée au niveau local, sous le pilotage d’un préfet désigné par le ministre de l’industrie : sans parler des incertitudes concernant l’extension en mer des départements, ces procédures ignorent les compétences du préfet maritime en métropole, « représentant en mer du Premier ministre et de chacun des ministres » (cf décret 2004 n°2004-112 du 6 février 2004 relati f à l'organisation de l'action de l'État en mer), et les spécificités des travaux en mer et de leurs impacts sur l’environnement et sur les autres activités en mer (pêche, transport..) ;

- Le titre minier est de fait accordé sans que soit évaluée la faisabilité des opérations de prospection, notamment au regard des impacts sur l’environnement ou sur les autres usages de la zone ; au risque d’accorder un permis exclusif de recherche dans une zone où la prospection est possible, mais pas l’exploitation.

Par ailleurs, se pose un problème non spécifique à l’activité d’extraction. En mer,

espace public, il est normal et fréquent que plusieurs activités se partagent le même espace et les mêmes ressources : l’impact individuel de chacune d’entre elle peut être acceptable par le milieu, mais leurs impacts cumulés peuvent devenir inacceptables ; d’autre part, le milieu marin est très intégrateur, et les impacts des activités ne se cumulent pas de manière linéaire, mais au contraire interagissent de manière complexe : les effets d’une nouvelle activité ne peuvent être appréciés sans évaluer ces impacts croisés . Pour connaître réellement les impacts induits par chaque nouvelle activité, il faudrait ainsi apprécier non seulement les impacts spécifiques de cette activité, mais aussi les impacts cumulés et les impacts croisés ; cette étude n’est jamais conduite (le dernier arrivant pourrait justement contester l’obligation de conduire des études relatives aux impacts des activités préexistantes).

Au bilan, cette procédure est complexe , mal comprise (y compris des administrations

qui y sont associées, qui ignorent si et comment leurs avis sont pris en compte) et plutôt mal adaptée aux spécificités marines .

On peut aussi souligner que l’autorité chargée de la police des mines est en mer

comme à terre, le préfet de département ; mais cette autorité ne dispose en métropole d’aucun moyen d’exercer efficacement ce contrôle (ces moyens étant par contre à la disposition du préfet maritime, représentant de l’État en mer).

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7.4.2.3.2 Délais de traitement des dossiers et conf lits d’usage en mer Le délai de traitement des demandes de permis minier est un sujet permanent

d’interrogations : certaines demandes sont en effet en cours d’instruction depuis plus de dix ans, et la moyenne est sans doute supérieure à cinq ans.

Ces délais, difficiles à admettre dans le cadre d’une activité industrielle, sont

généralement baptisés « délais administratifs » et attribués à la réglementation (complexité, inadéquation) ou à l’administration chargée de l’instruction, d’où la tentation constante de « simplifier » cette réglementation.

Mais une autre analyse est possible : aucune concertation n’ayant généralement été

menée avant le dépôt d’une demande de permis25, c’est pendant la durée de l’instruction que se déroule de fait la concertation , nécessaire pour gérer le partage entre usagers d’un espace public, et rendue encore plus complexe par les procédures minières elles-mêmes, qui donnent aux autres usagers (pêcheurs, notamment) l’impression (statistiquement justifiée) que la décision (délivrance d’un permis minier) a précédé la consultation et la concertation.

On retrouve bien là les 5 ans nécessaires en moyenne à toute concertation en mer, et

les dix ans souvent indispensables pour les dossiers conflictuels, et il est à craindre que la simplification des procédures n’y change rien, si l es principes de la réglementation restent inchangés.

7.4.2.4 Nécessité d’une refonte profonde des princi pes actuels pour gérer les ressources et éviter les conflits

7.4.2.4.1 Une planification stratégique doit être m ise en place Même si elle ne l’interdit pas, la réglementation actuelle n’est pas favorable à une

véritable gestion stratégique des ressources en mer. Contrairement à ce qui se passe à terre (où les schémas départementaux de carrière permettent d’avoir une vision prospective à court et moyen terme basée sur une évaluation fine des besoins à satisfaire), il n’existe en mer pas d’instrument réglementaire pour orienter et encadrer les exploitations de granulats. Actuellement la réglementation se limite à encadrer les autorisations, sur la seule base des demandes des exploitants.

L’approche terrestre des schémas départementaux de carrière n’est, on l’a vu, guère

adaptée à la gestion des granulats marins. Une solution plus rationnelle - et c’est d’ailleurs celle qui est appliquée dans de

nombreux pays en matière de ressources du sol et du sous-sol de la mer - pourrait être : - de planifier l’exploitation des granulats en désignant les zones où celle-ci serait

autorisée, et éventuellement le calendrier correspondant (les zones et ce calendrier étant définis non seulement en fonction des besoins stratégiques à satisfaire et des ressources, mais aussi des impacts et de la compatibilité avec les autres usages de la mer pratiqués ou envisagés) ;

- d’encadrer les autorisations en accordant pour ces seules zones des quotas de production cohérents avec la planification de l’exploitation mentionnée ci-dessus.

25 une information par la presse, ou la consultation informelle des collectivités locales ne peut

être confondue avec une concertation

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Quels que soient les principes de base, une surveillance réelle est indispensable pour toute gestion sérieuse ; elle contribue par ailleurs à l’acceptabilité d’une activité d’exploitation de ressources publiques.

L’essentiel du contrôle en mer repose en effet actuellement sur l’auto-surveillance par

les exploitants eux-mêmes, ce qui est insuffisant. Des moyens et des procédures devraient être mis en œuvre pour s’assurer que seules les quantités autorisées sont exploitées, dans les zones et dans les périodes prévues par l’autorisation.

7.4.2.4.2 Adaptation de la fiscalité à la mer et à la spécificité de ses usages Une activité économique ne peut s’exercer dans de bonnes conditions lorsque les

coûts ne peuvent être anticipés et maîtrisés. L’opacité actuelle de la fiscalité de l’exploitation des granulats marins, dont les principes ne sont pas clairement définis, apparaît comme un obstacle au développement éventuel de l’exploitation. Ces principes devraient être réexaminés en tenant notamment compte :

- du caractère public de cette ressource : toute exploitation pour des objectifs industriels devrait faire l’objet d’une redevance en rapport avec la valeur marchande des matériaux , et dont le produit doit revenir à la collectivité ;

- de la nécessité de compenser le coût indirect pour la collectivité de l’exploitation : police des mines, police de la navigation, gestion des ressources ; ces coûts cachés ne doivent pas être minimisés : compte tenu de la difficulté de la surveillance et des interventions en mer, et de la complexité de la régulation dans cet espace public, ces dépenses sont en effet très supérieures à celles d’une exploitation terrestre ;

- des impacts (environnementaux, mais aussi socio-économiques) de l’exploitation : une modulation pourrait être mise en place pour encourager l’exploitation dans les secteurs où les impacts (écologiques ou socio-économiques) sont les plus faibles ;

- d’éventuelles compensations pour les exploitations conduites dans des zones où elles perturbent le déroulement des autres usages de l’espace public marin.

Il conviendrait notamment de réexaminer l’intérêt de maintenir deux régimes

distincts de gestion pour les ressources du sol et du sous-sol de la mer, selon qu’elles se situent en deçà de la limite extérieure de la mer territori ale (domaine public maritime) ou au-delà. Cette distinction n’a en effet guère de pertinence, que ce soit pour les usages de la mer (qui sont les mêmes de part et d’autre de cette limite), ou en ce qui concerne les droits ou obligations de la France relatifs à ces ressources (qui sont des droits souverains que l’on se trouve dans les eaux intérieures et la mer territoriale, sous souveraineté nationale, ou sur le plateau continental au-delà de la mer territoriale).

Cette refonte de la fiscalité de l’exploitation des granulats devrait naturellement être envisagée dans le cadre plus général de la refonte de la fiscalité de s ressources du sol et du sous-sol de la mer . Bien que ce sujet ne puisse être traité dans le cadre du présent document, on ne voit en effet pas ce qui peut encore justifier la différence de régime entre les granulats marins (qui font l’objet de redevances à la tonne), et les hydrocarbures (qui ne font actuellement, sauf à St Pierre-et-Miquelon, l’objet d’aucune redevance de ce type). Un régime général devrait être mis en place pour toutes les zones sous juridiction, y compris les zones situées en deçà de la limite extérieure de la mer territoriale (domaine public maritime).

La redevance à la tonne est liée à l’appropriation de ressources publiques pour des

besoins privés. Elle devrait donc être fixée en fonction des avantages et inconvénients pour la collectivité des extractions, et de la valeur économique réelle des matériaux exploités. Il

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est d’autre part logique d’exclure de son champ d’application les extractions pour des motifs d’intérêt général comme la gestion de l’érosion côtière.

La question de la taxation des impacts environnementaux devrait être examinée

avec une attention particulière. On l’a vu, la taxe actuelle (TGAP) est uniforme quelle que soit l’origine des granulats, et cette taxe, destinée à compenser des effets essentiellement locaux, est affectée au budget général, sans qu’il y ait de retombée au niveau local.

Ces principes fiscaux devraient sans doute être modifiés, puisque une analyse de

coût incluant l’aspect environnemental est à condui re avant de s’engager dans une exploitation des granulats marins plutôt que dans celle de granulats d’origine terrestre. Il semble alors logique de mettre en place une modulation de la fiscalité pour tenir compte de cette analyse26.

Par ailleurs, les effets de l’exploitation des granulats en mer étant essentiellement

locaux (alors que ceux du transport peuvent être globaux : gaz à effet de serre), il serait logique qu’une partie au moins du produit de la taxe soit affectée ou redistribuée localement , pour étudier au moins, et si possible compenser les effets des extractions 27.

Il convient d’étudier le principe de la compensation des pertes d’exploitati on de

professionnels dont l’activité serait perturbée du fait des extractions. Cette question concerne essentiellement la pêche. Sur le principe, on peut certes s’interroger sur la légitimité d’une telle compensation, s’agissant d’un espace et de ressources publics, quand les extractions de granulats sont soumises à une redevance à la tonne alors que la pêche n’est soumise à aucune redevance de ce type. Mais il convient de prendre en considération :

- le fait que ce sont des activités traditionnelles complètement dépendantes de la mer qui sont concernées (alors qu’il existe des granulats à terre) ;

- les facteurs objectifs : 1) avec les questions d’environnement, c’est l’acceptation par les pêcheurs professionnels qui conditionne le développement de l’industrie de l’extraction de granulats en mer 2) ce type de compensation risque de se mettre en place dans un cadre bilatéral discutable, si l’État ne fixe pas de règles28.

Dans ce contexte, il semble difficile d’exclure le principe d’une compensation. L’affectation au moins partielle ou la redistribution des taxes o u redevances

devrait être étudiée. Actuellement, faute de moyens à y consacrer, l’État ne peut assumer correctement ses responsabilités en matière de gestion des ressources publiques en matériaux marins (notamment celle de l’identification des ressources existantes), ni en matière de surveillance des activités d’extraction (notamment la police des extractions en mer), ni enfin en matière de régulation des usages de la mer (qui impliquent le renforcement des moyens de surveillance et de gestion, pour prendre en compte les contraintes nouvelles entraînées par les extractions). Une partie au moins des recettes liées aux extractions devrait être affectée à ces charges.

26 qui pourrait logiquement amener à surtaxer les granulats acheminés par voie routière sur de

longues distances ; mais cette question sort évidemment du champ de la présente étude 27 La forme que pourraient prendre ces compensations reste à définir ; mesures de

réhabilitation des fonds après extraction ? 28 il est notoire qu’un certain nombre d’accords bilatéraux, parfois discutables notamment quand

ils ne concernent qu’une partie des pêcheurs potentiellement concernés, ont déjà été conclus entre pêcheurs et industriels (câbliers par exemple)

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888 RRREEECCCOOOMMMMMMAAANNNDDDAAATTTIIIOOONNNSSS Les principes proposés et les recommandations proposées ici reposent sur une

analyse de la situation actuelle en matière d’extraction de granulats. Il est frappant de constater que la plupart de ces principes et de ces orientations avaient déjà été définis dans un rapport interministériel de 199329 (Ministères de la mer, de l’environnement et de l’industrie), mais n’ont jamais été mis en œuvre.

8.1 Principes et préalables au développement des ex tractions de granulats marins dans un cadre complètement rénové En comparant les impacts positifs et négatifs de l’exploitation et du transport des

granulats marins, par rapport à ceux de l’exploitation et du transport des granulats terrestres, la conclusion s’impose que le développement de l’exploitation des granulats ma rins constitue une option raisonnable pour certains beso ins prioritaires que les ressources terrestres ne peuvent satisfaire que dan s des conditions inacceptables .

8.1.1 Approche de précaution : un recours raisonnab le aux granulats marins

Les impacts à long terme d’exploitations de moyenne ou grande envergure sont mal connus, mais le risque qu’elles entraînent des conséquences négatives pour l’environnement, et en particulier pour les écosystèmes marins, ne peut être minimisé. Dans l’état actuel des connaissances, il ne peut donc être question d’accepter un développement incontrôlé de l’exploitation des granulats marins ; ceci n’exclut pas le recours à cette ressource dans les cas où leur emploi est justifié, c’est à dire :

- en zone littorale , pour la satisfaction des besoins locaux et des besoins liés à la gestion de l’érosion côtière pour lesquels les granulats marins sont la solution naturelle ;

- en dehors des zones littorales, pour satisfaire les besoins des régions de déficit structurel , pour les seules applications nécessitant des matériaux alluvionnaires de haute qualité , et à condition qu’il n’existe pas de solution convenable pour acheminer des granulats terrestres dans des conditions satisfaisantes.

Recommandation 1. Etablir, en concertation suffisante avec les autres usagers

les critères de pertinence de l’exploitation des granulats marins et terrestres, en intégrant notamment les aspects environnementaux et socio-économiques (coûts financiers directs des exploitations, coûts indirects, mais aussi chiffrage financier des dégradations à l’environnement).

Recommandation 2. Réserver l’exploitation des granulats marins aux cas où

elle constitue la meilleure réponse (au sens de la méthode définie dans le cadre de la Recommandation 1) à la satisfaction des besoins, en portant une attention particulière aux besoins littoraux (gestion du trait de côte, BTP) et aux besoins en matériaux alluvionnaires de haute qualité des bassins en déficit structurel.

8.1.2 Limitation du nombre et de la surface des exp loitations Toutes choses égales par ailleurs, les impacts mais surtout les conflits augmentent

avec la surface des zones concernées par des extractions, et avec le nombre de ces zones

29 J.-P. PERHUS, J.-Y HAMON & G LEYNAUD – Rapport de mission « L’exploitation des

granulats marins et la cohabitation avec la pêche professionnelle »

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(mitage). Il conviendra donc, au moins dans une première approche et en attendant de disposer d’un recul suffisant sur des exploitations de grande ampleur, de concentrer les exploitations sur un nombre de zones restreintes , et d‘appliquer des méthodes d’exploitation prudentes, notamment en ce qui concerne les profondeurs maximales des souilles en fin d’exploitation dont l’impact à moyen ou long terme sur la stabilité du trait de côte avoisinant est relativement mal connue. Ces zones et méthodes seront choisies pour minimiser à la fois les impacts sur l’environnement et les conflits avec les autres usages .

Recommandation 3. Limiter le nombre et la surface des zones ouvertes à

l’exploitation des granulats marins et adopter des méthodes d’exploitation prudentes, notamment en termes de profondeur maximale des souilles générées en fin d’exploitation, tout en permettant un approvisionnement satisfaisant des bassins de consommation.

8.1.3 Encadrement et contrôle des exploitations L’équilibre des usages en mer ne peut être maintenu que si chaque activité est menée

de manière transparente pour les autres usagers. Ceci implique notamment que le régulateur (l’État) exerce réellement le contrôle des extractions qu’il autorise (de la même manière par exemple qu’il contrôle le respect des quantités autorisées, des zones et des périodes de pêche). Ce contrôle, d’ailleurs nécessaire pour assurer une gestion réelle des ressources publiques en granulats, doit être rigoureux, et ne peut reposer sur les seules déclarations des industriels : il conviendrait de développer (comme l’ont d’ailleurs fait tous les autres États concernés) un système d’enregistrement automatique pendant l’extraction (position, date, opérations des systèmes d’aspiration, etc…), complété si nécessaire par des contrôles des quantités débarquées.

Recommandation 4. Encadrer strictement les quantités autorisées, et assurer

un contrôle continu des quantités extraites.

8.1.4 Garantir le suivi des impacts environnementau x des extractions en mer, étudier les moyens de les rédui re ou de les compenser

Les impacts des extractions à terre ont été étudiés de manière approfondie, et des méthodes ont été développées pour limiter ou compenser ces impacts.

De la même manière il conviendrait d’étudier systématiquement les impacts

potentiels des extractions et de réfléchir de manière concertée aux mesures de remédiation qui pourraient être mise en œuvre. Ces études, qui pourraient s’appuyer sur les nombreux travaux déjà réalisés dans ce domaine, devraient permettre d’améliorer les études d’impact30, d’identifier les bonnes pratiques à recommander (ou, le cas échéant à imposer par voie réglementaire ou à travers les procédures d’autorisation), et d’étudier les méthodes pour réduire ou compenser les impacts environnementaux des extractions en mer.

30 A l’exemple des recommandations britanniques, comme les « Guidelines for the conduct of

benthic studies at aggregates dredging sites » - Departement for Transport, Local Government and the Regions 2002

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Les impacts à étudier devront intégrer notamment l’influence des extractions sur les phénomènes hydrologiques et leurs conséquences sur la stabilité des sédiments côtiers.31 L’impact sur la biodiversité est également à examiner avec attention.

Recommandation 5. Conduire des études, sous le contrôle ou mieux à l’initiative

de l’État, pour définir les bonnes pratiques en matière d’études d’impact et d’extractions de granulats marins, et explorer les moyens de réduire ou de compenser leurs impacts négatifs. Couvrir en particulier les thèmes de labiodiversité et de la modification des phénomènes hydrologiques.

8.1.5 Valoriser les granulats issus de dragage En matière de granulats marins, il existe une possibilité de recyclage direct : c’est la

réutilisation des produits de dragage32. Cette valorisation est actuellement limitée par les contraintes environnementales (présence de polluants, de métaux lourds…) et par les qualités intrinsèques de matériaux, mais aussi par un cadre réglementaire inadapté33.

Néanmoins, elle devrait être développée en priorité, non seulement comme une

source d’appoint sans doute marginale , mais aussi, et peut-être surtout, comme un facteur d’acceptation par les autres usagers de la mer : réduction (même faible) des extractions en mer, et surtout réduction des rejets en mer de résidus de dragage (qui sont une cause croissante de conflits avec les usagers de la mer).

Recommandation 6. Étudier les solutions techniques et réglementaires pour

valoriser industriellement les granulats issus de dragage.

8.1.6 Favoriser l’exploitation des ressources là où les impacts sont les plus faibles

Une étude stratégique doit permettre d’identifier les zones où les impacts potentiels de l’exploitation des granulats sont les plus faibles ; les exploitations devraient être concentrées dans ces zones.

Il est clair que les conflits créés par l’extraction de granulat sont liés notamment à la

distance à la côte et à la profondeur (ces deux facteurs étant liés) : non seulement les usages se concentrent près de la côte, où les impacts en matière d’érosion côtière sont par ailleurs les plus grands, mais c’est aussi dans cette zone que se concentrent les écosystèmes les plus productifs, dont dépend la pêche. Le développement des exploitations dans des zones situées suffisamment a u large semble un bon moyen de réduire les conflits d’usage liés à cette industrie.

Même si ces zones et ces applications sont en marge de l’objectif principal de la

présente étude, il est bon de rappeler que les extractions sur l’estran devraient être interdites , sauf dans le cas très particulier où cela est fait pour compenser un phénomène d’érosion côtière au sein d’une même cellule sédimentaire (i.e. prélever des sédiments à un

31 Voir à ce sujet le guide pour la gestion de l’extraction des sédiments marins élaboré par le

Conseil international pour l’exploitation de la mer (ICES) qui a été approuvé par la commission OSPAR

32 Une étude est en cours sur la valorisation des produits de dragage des zones portuaires en région PACA. Il s’agit de l’étude SEDIMAR 83 conduite par le ministère de l’écologie et du développement durable, avec le concours du ministère de l’équipement et du ministère de l’industrie

33 Il peut ainsi être nécessaire d’obtenir un permis minier pour pouvoir valoriser des sédiments dragués, même pour des applications non industrielles comme l’amendement des terres agricoles

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endroit où ils s’accumulent pour les ramener à l’endroit d’où ils disparaissent sous l’effet des courants côtiers), et qu’il conviendrait de faire respecter cette interdiction, y compris pour les prélèvements ponctuels pour les besoins des petits chantiers littoraux qui sont de tradition sur la plupart des côtes françaises.

Recommandation 7. Rechercher, en vue de les exploiter en priorité, les

gisements de granulats dont l’exploitation sera associée aux impacts négatifs les plus faibles (que ce soit en termes environnementaux ou socio-économiques).

Recommandation 8. Interdire les extractions sur l’estran et faire respecter cette

interdiction (sauf à des fins de gestion de l’érosion côtière au sein d’une même cellule sédimentaire).

8.2 Planification stratégique de l’exploitation des granulats marins Le seul moyen de concilier une gestion optimale des ressources existantes avec une

visibilité suffisante, pour les producteurs et utilisateurs de granulats comme pour les autres usagers de la mer, consiste à mettre en place une planification stratégique des exploitations. Ceci suppose d’identifier les besoins prioritaires à satisfaire, les ressources existantes, les conflits et impacts possibles , et de définir à l’issue d’une large concertation un scénario prévisionnel d’extraction.

8.2.1 Identification des besoins à moyen terme (10- 15 ans) Les besoins en granulats n’évoluent que lentement, et sont prévisibles à moyen

terme (10 à 15 ans) . Il est ainsi possible d’identifier les consommations par zone, d’identifier les zones

ou la production de matériaux d’origine terrestre est actuellement déficitaire ou le sera à moyen terme, et les solutions de production et de transport susceptibles d’y apporter une réponse. Il est également possible de prévoir les grands chantiers qui nécessiteront des ressources importantes, et les futurs besoins nouveaux liés à la gestion du trait de côte. Tout ceci doit permettre de définir (par exemple à l‘échelle d’un bassin de consommation) les besoins, les zones de consommation associées et le calendrier correspondant.

Par ailleurs, il est désormais nécessaire34 de disposer d’une vision prospective des

ressources en sédiments susceptibles d’être mobilisés pour les besoins de la gestion de l’érosion côtière ; ces ressources dépendent étroitement des zones déficitaires, qu’il faut identifier.

Recommandation 9. Lancer une étude pour identifier les besoins stratégiques

pour lesquels les granulats marins constituent une réponse possible.

8.2.2 Identification des ressources existantes Dans une optique de gestion optimale des ressources, il convient d’améliorer la

connaissance des gisements de minéraux potentiellement exploitables.

34 Voir la recommandation n° 1 du programme européenn e EUROSION

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Les connaissances actuelles sont basées sur des évaluations anciennes et limitées aux techniques de l’époque, ou aux zones d’intérêt économique immédiat. Depuis plus de vingt ans, ces connaissances n’ont pu être réévaluées qu’au moyen des mesures réalisées par les industriels (dans les seules zones qui leur paraissaient économiquement accessibles), ou par les chercheurs dans le cadre de programmes scientifiques: elles sont clairement insuffisantes pour constituer la base d’un plan de gestion sérieux. Leur actualisation et leur entretien devraient être inscrits au programme des organismes compétents, qui devraient être incités à mettre en commun les données souvent inexploitées dont ils disposent sur les ressources des zones sous juridiction nationale.

Recommandation 10. Lancer un programme national de recensement

systématique des zones où existent des ressources potentielles en se concentrant en priorité sur celles pouvant répondre à la satisfaction de besoins stratégiques, sans se limiter aux ressources économiquement exploitables avec les techniques et dans le contexte actuels. (Etude BRGM / IFREMER en cours pour apporter des éléments de réponse à cette question)

8.2.3 Évaluation des impacts environnementaux et de s risques de conflits avec des usages concurrents

Une fois connus les besoins et les ressources, il est tout à fait possible de déterminer des zones où les exploitations sont a priori possibles, et d’y conduire des études stratégiques d’impact. De telles études doivent permettre d’identifier, qualitativement et dans une certaine mesure quantitativement, les conséquences d’une exploitation éventuelle des granulats sur l’environnement et sur les autres activités en mer.

De telles études devraient être conduite à une échelle adaptée, qui devrait être celle de la régulation des activités d’extractions en phase d’exploitation. L’échelle de la façade maritime semble la mieux adaptée notamment parce que la concertation avec les usagers de la mer, et ultérieurement la gestion opérationnelle des exploitations pourrait être pilotée par le préfet maritime. Ceci supposera l’utilisation d’instances nouvelles de concertation , les instances terrestres correspondantes n’étant pas adaptées, ni par leur échelle (département), ni par leur composition (sous représentation des usagers de la mer, sur-représentation des activités terrestres et des collectivités territoriales).

Recommandation 11. En fonction des besoins stratégiques et des ressources

permettant d’y répondre, mener des études stratégiques d’impact à l’échelle de chaque façade maritime pour identifier qualitativement, et dans une certaine mesure quantitativement, les conséquences d’une exploitation éventuelle des granulats sur l’environnement et sur les autres activités.

8.2.4 Sélection des zones d’impacts et de conflits potentiels les plus faibles

En fonction des résultats des analyses conduites dans le cadre des Recommandations 9 à 11, il conviendra d’établir une planification stratégique d’exploitation des granul ats en mer en retenant dans le cadre d’une concertation large les zones qui permettent de satisfaire les besoins stratégiques tout en ayant un impact environnemental et socio-économique limité. Cette planification stratégique doit définir les quantités maximales exploitables par zones . Ce scénario d’exploitation sur le moyen terme (définition sur 10 à 15 ans des quantités à prélever et calendrier associé) doit faire l’objet d’une validation interministérielle, et servira ensuite de base à la délivrance des autorisations individuelles

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d’extraction. Ce plan doit être régulièrement réévalué à partir de l’évolution des besoins et du résultat du suivi des exploitations autorisées (environnemental et socio-économique).

Les Recommandations 9 à 11 constituent un tout qui permet de bâtir un plan

stratégique d’exploitation des granulats marins. La définition des zones d’exploitation et des besoins qu’elles devront satisfaire

permettra si nécessaire le développement des moyens (dragues, moyens de transport) infrastructures lourdes (plates-formes multimodales, aires de stockage, usines à béton…).

Techniquement, les moyens actuels permettent de travailler jusqu’à des profondeurs

supérieures à 80 m ; évidemment, la rentabilité des exploitations diminue (moindre rendement des moyens d’aspiration, plus grande distance au port de débarquement). Ceci peut sans doute être compensé par une modulation des redevances et taxes destinées à compenser les impacts environnementaux et socio-économiques évoquées ci-dessous. Ceci permettrait de renforcer l’intérêt économique des extractions les moins contraignantes du point de vue des conflits d’usage et des impacts environnementaux, en particulier dans les zones profondes et éloignées de la côte.

Recommandation 12. Etablir un plan stratégique d’exploitation à moyen terme

des granulats marins au niveau national sur la base des études de besoins stratégiques, de ressources et d’impacts environnemental et socio-économique. Ce plan devra préciser les zones à exploiter et les quantités maximales dont l’extraction peut y être autorisée. Il pourra avantageusement préciser le régime de taxes et redevances applicable aux différentes zones et destiné à encourager les exploitations là où les conflits d’usages et les impacts environnementaux sont a priori plus faibles, comme par exemple les zones profondes et éloignées de la côte. Une procédure ouverte et transparente devrait être mise en place pour le réexamen et la révision périodique de ce plan.

8.3 Gestion de l’exploitation des granulats marins

8.3.1 Attribution des autorisations d’extractions d e granulats marins Une fois définies les zones où l’on saura pouvoir trouver sans risque environnemental

ou socio-économique inacceptable les ressources nécessaires pour satisfaire aux besoins, il convient d’adopter une méthode claire et équitable pour en attribuer les droits d’exploitation commerciale.

Du fait qu’il s’agit d’une ressource publique , l’exploitation des granulats marins doit

donner lieu au versement d’une taxe lorsqu’il en est fait un usage commercial. Le montant de cette redevance doit être fixé de manière transparente, en veillant à ne pas déséquilibrer le marché terrestre du granulat en fixant un prix trop bas, et à ne pas provoquer des transferts incontrôlés vers des sources étrangères proches de granulats marins, dont les impacts environnementaux ou socio-économiques seraient de toute manière sensibles au niveau national. Il convient aussi de conserver le moyen de réguler dans une certaine mesure le marché. De plus, la redevance versée devra couvrir les frais supplémentaires que l’exploitation fait supporter à l’Etat (surveillance, régulation des usages de la mer, …).

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Les procédures d’attribution des autorisations d’exploiter doivent être transparentes et garantir l’accès de tous à une ressource limitée, tout en optimisant les recettes pour l’État de l’exploitation des granulats, et sans déséquilibrer le marché. Les avantages et inconvénients que présenterait l’utilisation d’une procédure d’appel d’offres pour l’attribution des droits d’exploitation, dans les zones désignées et à hauteur des quotas annuels définis par la planification pourront avantageusement être analysés.

Notons enfin que la redevance exigée pourrait être modulée en fonction des zones,

notamment (en complément du mécanisme des quotas) pour encourager les extractions dans certaines zones, comme par exemple les zones profondes et éloignées de la côte .

Recommandation 13. Expertiser la nécessité de revoir la procédure d’attribution

des autorisations et réfléchir aux adaptations souhaitables qui permette notamment le versement d’une redevance équitable à l’Etat, redevance qui pourrait être modulée en fonction des impacts environnementaux, socio-économiques et en termes de conflits d’usage des exploitations envisagées.

8.3.2 Etudes d’impact détaillées pour les demandes d’autorisation d’exploitation et limitation des impacts

Le dossier de demande d’autorisation individuelle à produire dans le cadre de la procédure évoquée ci-dessus devra comprendre notamment une étude d’impact détaillée spécifique prenant en compte les modalités d’exploitation proposées, les volumes à extraire, et les spécificités locales. Ces études devront être accessibles au public, et leur qualité devra être irréprochable ; de ce point de vue, la qualité des études produites en France à l’appui des demandes individuelles ne peut être comparée à celle qu’exigent les États voisins, et les normes en la matière doivent être rendues plus exigeantes.

Recommandation 14. Etudier les impacts de chaque exploitation de manière

approfondie, en respectant des normes établies par l’État. Les études devraient prendre en compte non seulement l’extraction de granulats nouvelle envisagée, mais aussi l’impact cumulé de toutes les autres activités conduites dans la zone et en particulier les autres extractions de granulats sur des sites proches. La possibilité de faire supporter la charge d’une étude des impacts cumulés non pas par le dernier demandeur, mais par tous les usagers de la zone, pourrait être étudiée.

La plupart des exploitations actuelles concernent des volumes faibles de matériaux,

destinés à des besoins locaux et extraits au voisinage de la côte ; satisfaire à l’aide de telles exploitations des besoins vraisemblablement croissants conduira à terme à multiplier les sites d’extractions : ce « mitage » progressif ne peut que favoriser la multiplication des conflits, alors que ces besoins pourraient sans doute être satisfaits à partir de quelques sites seulement par façade . Si son intérêt est confirmé, cette évolution vers la concentration des sites d’exploitation devrait toutefois se faire progressivement, pour permettre aux entreprises existantes d’évoluer.

Recommandation 15. Étudier la possibilité de limiter les exploitations proches

du littoral et de faible importance en approvisionnant les zones littorales à partir de sites d’extraction plus au large, en prenant en compte l’existence d’une industrie d’extraction littorale économiquement significative.

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8.3.3 Régulation des exploitations de granulats La compétition en mer entre activités sectorielles légitimes, de même que la prise en

compte des impacts ne peuvent pas être gérés dans un cadre purement se ctoriel et réglementaire . Par ailleurs, une approche basée sur la seule planification de l’usage de l’espace (mise en oeuvre à terre pour la gestion des usages du sol) est insuffisante pour éviter les conflits en mer, et encore plus pour les résoudre. Une approche intégrée, favorisant la concertation et la planification stratégique pour toutes les activités, en particulier les activités en développement, est la solution à retenir.

Cette approche intégrée n’a de sens que si elle est assurée à une échelle adaptée :

celle des usages, des enjeux et des impacts, qui es t aussi celle de la concertation , et confiée à une autorité de régulation adaptée.

Toutes les autorisations, quelle que soit l’activité qu’elles concernent en mer, ne

devraient être accordées qu’après consultation d’une autorité régulatrice unique . L’unicité du régulateur apparaît en effet (avec la généralisation de la concertation) comme le seul moyen d’assurer que seront pris en compte toutes les interactions et conflits potentiels. C’est aussi un moyen de s’assurer de la neutralité de cette autorité de régulation. Son domaine de compétence doit couvrir évidemment toutes les activités sectorielles en mer, dont l’exploitation des ressources du sol et du sous-sol.

Cette autorité existe à l’échelle de la façade maritime, c’est le préfet maritime,

représentant de l’État chargé de l’Action de l’État en mer . Recommandation 16. Associer étroitement les services du préfet maritime à

l’élaboration des décisions d’autorisation d’exploitation de granulats en mer en le chargeant de la concertation avec les usagers de la mer, et ultérieurement de la régulation des activités (projet de décret actuellement au Conseil d’Etat).

Quel que soit le régime réglementaire applicable, il conviendra de renforcer les

contrôles des extractions . C’est une double nécessité : - d’une part, le gestionnaire des ressources publiques ne peut se satisfaire de

contrôles sur la seule base des déclarations des exploitants ; - d’autre part, la transparence est la condition de la confiance sans laquelle, quelle

que soit la qualité de la concertation préalable, des tensions ne manqueront pas d’apparaître entre usagers de la mer dont la plupart sont soumis à des contrôles stricts.

Il conviendrait notamment de généraliser le contrôle continu en mer par des

dispositifs enregistreurs contrôlés par l’État, dont les informations devraient être corroborées par des informations recueillies dans les ports de débarquement ; ces informations devraient être accessibles à tous les acteurs intéressés, notamment les usagers de la mer.

La police des mines , actuellement confiée aux seuls préfets de département, devrait impliquer pour les opérations en mer l’autorité de régulation , c’est à dire le préfet maritime. Représentant en mer de chacun des ministres, lui seul dispose des moyens de l’assurer effectivement, les préfets terrestres conservant le contrôle des a ctivités terrestres . Ceci ne devrait poser aucun problème, ces deux autorités disposant des mêmes services de l’État (DRIRE, DIREN..).

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Recommandation 17. Renforcer le contrôle des exploitations assuré par les

autorités déconcentrées de l’État (quantités extraites et lieux d’extraction) : préfet maritime pour la partie marine des activités, préfet de département pour la partie terrestre, avec le concours des services déconcentrés de l’État.

Il est probable que les moyens consacrés à la gestion des ressources en granulats

marins et le suivi des exploitations pourraient être optimisés, en spécialisant dans ce domaine un seul des services déconcentrés de chaque façade, dans le cadre d’une organisation interministérielle. Ce regroupement prendrait tout son sens si sont retenus les principes proposés plus haut (limitation du nombre de sites d’exploitation), et garantirait un traitement homogène des dossiers.

Proposition 18. Étudier la possibilité de constituer à une échelle pertinente

(façade maritime ou niveau national, selon la quantité de dossiers à traiter) un pôle de compétences en matière de granulats marins, de préférence à l’éclatement actuel entre services de l’État dans les départements et les régions.

8.3.4 Encadrement des usages non commerciaux Il existe actuellement deux régimes réglementaires pour les granulats marins, selon

que ceux-ci sont destinés à un usage commercial (BTP, généralement) ou à un usage d’intérêt général (comme la gestion de l’érosion côtière). Si cette distinction est compréhensible en ce qui concerne la fiscalité, elle ne se justifie pas en matière de gestion (c’est le même type de ressource qui est mobilisée), ni en termes d’impacts ou d’acceptabilité (les impacts négatifs à l’extraction sont les mêmes que la destination des granulats soit terrestre ou marine, commerciale ou non).

Il conviendrait donc de gérer dans un dispositif unique toutes les extractions, quelle

qu’en soit la finalité. Recommandation 19. Rechercher une gestion de toutes les extractions, quelle

que soit leur finalité (y compris la gestion de l’érosion côtière), dans un cadre réglementaire unique. Traiter également dans ce cadre le cas de la valorisation des produits de dragage.

8.3.5 Inscription des exploitations littorales dans le cadre de la politique nationale de gestion intégrée des zones c ôtières

Pour les zones proches du littoral, le cadre naturel la régulation est celui de la gestion

intégrée des zones côtières (GIZC) recommandé par l’Union Européenne, dont la mise en œuvre en France a été décidée en 2003 et 2004 par le Comité Interministériel de la Mer (29 avril 2003 et 14 février 2004) et dont les principes ont été définis par le Comité Interministériel de l’Aménagement du Territoire (CIADT du 14 septembre 2004)

La mer est un espace public, qui concerne de nombreux acteurs : au premier chef

l’État (gestionnaire de cet espace et des ressources qui y sont contenues) et les acteurs

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socio-économiques intéressés (pêche, navigation et transport, matériaux, tourisme, loisirs…), mais aussi les collectivités territoriales riveraines et les citoyens. Au sein des projets de gestion intégrés des zones côtières, tous ces acteurs sont associés aux décisions de gestion, et chacun contribue dans son domaine de compétence à la mise en œuvre coordonnée de ces décisions ; du fait de son importance économique directe et indirecte, et de ses impacts potentiels (environnementaux et socio-économiques), l’extraction de granulats entre naturellement dans ce cadre de gestion intégrée.

Recommandation 20. Lorsqu’un projet intégré existe, inclure les exploitations de

granulats marins proches de la côte dans le cadre de la gestion intégrée des zones côtières. Les décisions relatives aux exploitations côtières dans le périmètre de gestion devraient systématiquement faire l’objet d’un avis dans le cadre de ce projet.

8.4 Nécessité d’une modification profonde du cadre réglementaire applicable aux granulats marins Pour mettre en œuvre une telle approche stratégique, il sera nécessaire de modifier

profondément la réglementation sectorielle, actuellement basée sur la proposition par les seuls industriels des zones à exploiter et des volumes qu’ils souhaitent extraire. Cette proposition est ensuite simplement validée ou invalidée par l’administration sans qu’il y ait possibilité de réelle concertation. La nouvelle approche de la réglementation devra donc permettre la planification pluriannuelle des exploitations, la délivrance des autorisations conformément à la planification, la gestion efficace des conflits potentiels par une concertation menée le plus tôt possible avec tous les acteurs concernés, une surveillance et un suivi renforcés.

Le développement d’un nouveau cadre réglementaire n’exclut pas bien entendu le

recours à des instruments non réglementaires (comme par exemple les guides des bonnes pratiques), développés en coopération entre les acteurs de la filière et les autres acteurs (État, usagers de la mer), qui peuvent être plus efficaces et moins contraignantes dans un espace marin dont la surveillance est difficile.

Recommandation 21. Etudier les implications de la nouvelle approche en

matière d’exploitation des granulats marins sur la réglementation existante, et entreprendre les mises à niveau nécessaires. Bien prendre en compte en particulier le résultat des actions à conduire dans le cadre des recommandations 13 et 19 ci-dessus. La révision en cours de la réglementation qui a pour objectif de créer un code unique des mines peut répondre à cette attente.

8.5 Révision de la fiscalité de l’extraction de gra nulats en mer et affectation des produits La fiscalité pour l’extraction des granulats en mer devrait être envisagée dans le double

cadre de la taxation générale de l’exploitation des ressources de la mer, et de la régulation sectorielle de l’extraction des granulats.

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Les charges fiscales pesant sur les exploitations de granulats marins pourraient être fondées notamment sur :

- la masse des matériaux prélevés : ceci correspondrait à une redevance à la tonne basée sur le prix réel du marché ;

- l’accroissement des charges de régulation qu’entraîne cette extraction : surveillance, police, contrôles ;

- la nécessité de suivre plus particulièrement les impacts des extrac tions sur le milieu, et au besoin de les compenser .

Que ce soit sur le domaine public maritime ou au-delà, il n’y a pas lieu de taxer l’usage

de l’espace, celui-ci n’étant pas mobilisé de maniè re permanente. Si le principe d’une compensation au bénéfice de certains usagers de la mer dont les

activités sont perturbées du fait de l’activité d’extraction est retenu, cette compensation devrait prendre la forme d’une taxe collectée et redistribuée par l’État.

Recommandation 22. Revoir la fiscalité applicable aux extractions de granulats.

En plus de la redevance à la tonne, la ou les taxes devraient couvrir l’accroissement des charges de régulation liées aux extraction, comprenant notamment le suivi des impacts environnementaux et la compensation de ces impacts, et, le cas échéant, l’indemnisation temporaire des usagers dont l’activité est perturbée du fait des extractions (voir recommandation 24 ci-dessous).

8.5.1 Accroissement des charges de régulation, comp ensation des impacts environnementaux

L’étude stratégique d’impact réalisée pour chacune des zones sélectionnée pour les extractions de granulats devrait permettre d’apprécier les contraintes en terme de régulation (surveillance, police) qu’y entraîneront es extractions, et les impacts environnementaux et le coût du suivi et des compensations correspondants, ces contraintes et ces coûts servant naturellement à identifier les zones les plus favorables.

Recommandation 23. Calculer la part des taxes concernant l’augmentation des

charges de l’État et la prise en compte des impacts environnementaux à partir de l’étude stratégique d’impact dans chaque zone, et la fixer avant la procédure d’attribution des autorisations.

Ce mécanisme permet naturellement de favoriser les zones les moins conflictuelles,

comme les zones les plus éloignées de la côte, puisque la part des taxes environnementales et des charges de gestion des usages de la mer devrait y être substantiellement plus faible.

Si ce schéma est adopté, les granulats marins devraient être exonérés de la TGAP

(dont les modalités de fixation n’autorisent pas de modulation en fonction des impacts environnementaux réels).

L’extension de la taxe environnementale aux granula ts importés doit être étudiée,

sous peine de concurrence dans le domaine du granulat marin par le « moins disant environnemental ».

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8.5.2 Compensation des pertes d’activité (pêche not amment) Des compensations pourraient être versées aux professionnels dont l’activité

traditionnelle serait modifiée du fait des extractions ; si le principe d’une telle compensation devait être retenu (voir plus haut), il devrait être mis en oeuvre dans un cadre strict :

- collecte et redistribution transparente par l’État, en liaison avec les organisations représentatives institutionnelles ;

- pas de confusion avec les taxes destinées à compenser des impacts environnementaux ;

- compensations accordées sur des bases objectives et sur justification (pertes localement et directement liées aux extractions) ;

- durée limitée, non transférable (une compensation doit permettre une réorganisation de l’activité, mais ne peut devenir une rente de situation).

Ces principes devraient faire l’objet d’études et de concertation avant toute mise en

œuvre effective. Recommandation 24. Etudier le principe d’une indemnisation des pertes

d’exploitation pour les activités touchées localement par les extractions, en liaison avec les professions concernées. Le cas échéant, la collecte et la redistribution devraient en être assurées par l’État.

8.5.3 Affectation des recettes fiscales D’une manière générale et selon les règles actuelles, les recettes fiscales issues de

l’exploitation des ressources du sol et du sous-sol sont affectées au budget général ; les dépenses pour l’État entraînées par ces exploitations, qui se retrouvent au niveau local et croissent généralement avec le volume des exploitations, ne sont ainsi pas compensées par ces recettes, qu’il s’agisse de gestion, de suivi ou de police. Il n’est pas possible non plus de financer les actions de recherche et de cartographie des ressources nécessaires pour les mettre en valeur, ou les études stratégiques d’impact qui pourraient en permettre l’exploitation en minimisant les impacts négatifs.

Il conviendrait de trouver un mécanisme pour affecter de manière spécifique (au moins

partiellement) le produit de ces taxes et redevances, par exemple sous la forme d’un fond national géré par le ministère de l’industrie et le ministère de l’environnement.

Recommandation 25. Affecter tout ou partie des ressources fiscales issues de

l’exploitation des granulats marins à un fond national susceptible d’être mobilisé pour la gestion de ces ressources, les études nécessaires à la réduction des impacts, le suivi par l’État et le contrôle des exploitations.

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9.1 Les granulats Mal connus du grand public, les granulats sont pourtant la deuxième matière utilisée

dans le monde après l’eau. Ils représentent plus de 75 % des substances minérales extraites en France ; la consommation française est supérieure à 400 000 000 tonnes, soit environ 7 tonnes par habitant.

On appelle « granulats » les matériaux qui se présentent sous la forme de grains dont la taille est comprise entre 0 et 125 mm.

Par ordre croissant de taille, on distingue couramment les sables fins, moyens et grossiers, les graviers, les cailloutis et les blocs.

Traditionnellement, et aujourd’hui encore dans la très grande majorité des cas, les granulats sont d’origine minérale ; mais il est possible de produire des granulats synthétiques ou artificiels d’origine non minérale, ou des granulats issus de recyclage à partir de matériaux très divers (déchets, matériaux de démolition, mâchefers, etc…).

Remarque : Le présent document ne traite pas le cas du maërl , matériau calcaire d’origine végétale utilisé comme amendement ou dans des applications comme le traitement des eaux : il s’agit d’un matériau rare, produit en faibles quantités (quelques dizaines de milliers de tonnes), dont le développement ne peut être sérieusement envisagé.

9.2 Quels sont les usages des granulats ? Les granulats sont principalement utilisés dans le bâtiment et les travaux publics ;

c’est le matériau de base pour la construction. Il servent notamment à la confection des mortiers, des bétons (matériaux composés de granulats agglomérés par un liant, le plus souvent du ciment), des couches de fondation, de base, de liaison et de roulement des chaussées, des assises et ballasts de voies ferrées, des remblais, et plus généralement à tous les travaux de génie civil.

Les granulats sont aussi utilisés pour la gestion de l’érosion côtière : cette utilisation, moins traditionnelle et moins connue en France, est présentée plus loin de manière plus détaillée.

A chacun de ces usages correspondent des spécifications particulières, décrites par

des normes35. Les propriétés des granulats dépendent de leurs caractéristiques dimensionnelles (granularité, surface spécifique, angularité des grains), physico mécaniques (résistance à la contrainte, angle de frottement) et chimiques (composition minéralogique, teneur en impuretés).

9.2.1 Bâtiment et travaux publics Dans l’industrie du bâtiment et des travaux publics, les granulats sont employés pour la

confection de bétons hydrauliques (béton prêt à l’emploi…), de produits hydrocarbonés (enrobés pour chaussées…), et pour d’autres emplois (routes, canalisations, génie civil, etc.)

Ces applications sont plus ou moins exigeantes en termes de qualité ; la confection des bétons hydrauliques est une des applications les plus exigeantes : elle impose l’emploi de sables et graviers alluvionnaires, essentiels pour assurer au béton les performances requises, en particulier pour les grands ouvrages d’art et les bâtiments de grande hauteur.

35 voir par exemple la norme française AFNOR XP-P 18-540, désormais remplacée par sept

normes européennes EN

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9.2.2 Gestion de l’érosion côtière Il n’est pas dans l’objet de ce document de détailler le problème de l’érosion côtière, ni

les techniques à mettre en œuvre pour traiter ce problème ; toutefois, alors que les enjeux liés au bâtiment et aux travaux publics sont généralement bien connus, et ne risquent pas d’être sous-estimés, il paraît nécessaire de présenter de manière plus détaillée les enjeux liés à l’érosion côtière, car les granulats marins joueront vraisemblablement un rôle important à l’avenir dans la gestion de ce phénomène.

9.2.2.1 L’érosion côtière : causes, effets, risques associés L’érosion côtière est due à des phénomènes naturels ; mais bien souvent ceux-ci sont

aggravés, et parfois même conditionnés, par des facteurs d’origine anthropique. Les côtes sont soumises à l’action de la mer, du vent et des eaux, qui peut se traduire

par une érosion (lorsque des matériaux sont enlevés par la mer ou le vent et transportés vers l’intérieur des terres ou vers la mer), ou par une accrétion (lorsque ces matériaux s’accumulent). L’action de la mer et du vent peut être lente et régulière (et même quasiment invisible à l’échelle d’une vie humaine, comme par exemple sur la majorité des côtes rocheuses), mais elle peut aussi prendre des formes plus brutales ou catastrophiques (disparition soudaine de plages, éboulements de falaises…). En règle générale, l’équilibre des côtes est dynamique : le « trait de côte » ne reste pas figé, mais évolue avec le temps et en fonction des événements météo-océanographiques ou hydrographiques,

Les activités humaines contribuent souvent à déplacer ou à détruire cet équilibre ; c’est par exemple souvent le cas lors d’aménagement des cours d’eau (la réduction ou l’arrêt de l’apport de sédiments met le littoral en situation structurelle de déficit sédimentaire) ; c’est aussi souvent le cas lors d’aménagements côtiers, comme par exemple la construction de digues et de jetées au voisinage des ports. Enfin, on peut noter que les mesures traditionnelles de lutte contre l’érosion côtière (construction de digues ou d’épis destinés à capturer les sédiments pour empêcher l’érosion de plages, par exemples), ne font souvent que déplacer ou aggraver les problèmes.

Les prélèvements de matériaux sur le littoral ou à son voisinage immédiat (jusqu’à plusieurs kilomètres en mer) ont un effet direct, et souvent majeur sur l’évolution du trait de côte.

Enfin, il convient de rappeler que le réchauffement climatique (qui entraînera très probablement une augmentation de la fréquence et de l’importance des tempêtes) et l’élévation du niveau de la mer (évaluations variables pouvant aller jusqu’à plusieurs décimètres dans les décennies à venir) ne pourront qu’aggraver les effets de l’érosion côtière, ce qui accroît d’autant l’importance de prendre en compte les moyens de lutter pour les années à venir contre ce phénomène36.

Les enjeux de l’érosion côtière sont multiples : risques pour la sécurité des personnes et des biens (disparition d’habitations..), risque de submersions marines (disparition d’ouvrages de protection, ou de structures naturelles : dunes…), disparition de plages touristiques, etc. L’impact socio-économique potentiel de l’érosion côtière est donc important dans les régions littorales..

9.2.2.2 Les risques en France En France, le phénomène de l’érosion côtière est généralement considéré d’un point

de vue purement local. On ignore souvent que la France est particulièrement vulnérable à l’érosion côtière, comme le montre la figure 1, extraite du rapport final du programme

36 Voir travaux du GIEC, Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat

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EUROSION (commandité par la Commission Européenne, et achevé en 200437) ; cette carte de sensibilité combine l’exposition réelle à l’érosion, et la valeur économique des biens et des activités menacées par l’évolution du trait de côte ; la sensibilité de la plupart des régions françaises y est « très haute » (rouge) ou « haute » (orangé).

Figure 6 - Sensibilité des côtes françaises à l'éro sion

(Source : EUROSION 2004)

9.2.2.3 Comment gérer les phénomènes d’érosion côti ère et en minimiser les effets ?

Les méthodes traditionnelles de gestion de l’érosion côtière sont qualifiées de « méthodes dures », à base de modifications artificielles du trait de côte : digues, épis, enrochements, etc. Utilisées depuis des décennies en France, ces méthodes ont donné des résultats mitigés : si à court terme et à petite échelle des résultats appréciables ont parfois été obtenus, sur le long terme ou à moyenne échelle le bilan est nettement moins bon, et même souvent négatifs (les ouvrages destinés à fixer les sédiments pour empêcher la disparition des plages conduisant par exemple souvent à la disparition du sédiment plus loin)

Désormais, les processus à l’œuvre en matière de dynamique sédimentaire côtière sont mieux connus, et la nécessité apparaît clairement de gérer les questions d’érosion à l’échelle des phénomènes , et non à celle de leurs seuls effets.

37 Y participait notamment le Bureau de Recherche Géologiques et Minières (BRGM)

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La France est plutôt en retard dans ce domaine, puisqu’elle a privilégié pendant longtemps, sans grand succès, les méthodes « dures » de lutte contre l’érosion côtière. L’expérience, et les études scientifiques et techniques, ont montré que cette approche (basée sur des travaux de génie côtier : digues, épis, etc.) n’avait apporté que très peu de véritables succès, quelques résultats mitigés (érosion ralentie à grands frais), et un bon nombre d’échecs (résultat nul ou aggravation des effets).

Il apparaît désormais qu’il est illusoire de vouloir « fixer » le littoral, zone naturellement évolutive. Toutefois, une combinaison d’approches et de méthodes peut permettre d’en rendre les effets acceptables avec des impacts faibles ou modérés sur l’environnement ; une de ces méthodes fait appel à la gestion des sédiments à l’échelle de la cellule sédimentaire concernée38.

Un des moyens concrets pour assurer cette gestion consiste à compenser le déficit en sédiments, soit directement à l’endroit où ce déficit apparaît (« rechargement des plages »), soit en déversant périodiquement des quantités adaptées de sédiments dans la cellule sédimentaire concernée.

9.2.2.4 La gestion « douce » de l’érosion entraîner a des besoins croissants en granulats marins

L’évolution des techniques en matière de gestion de l’érosion côtière et l’aggravation probable du phénomène dans les années à venir impliqueront très vraisemblablement un accroissement important des besoins en granulats en régions côtières. La logique (les régions littorales sont souvent déficitaires en granulats alluvionnaires), comme les raisons techniques (les granulats utilisés doivent être aussi semblables que possible des sédiments côtiers) et logistiques (minimisation du coût des travaux) plaident pour l’utilisation prioritaire des granulats marins pour cette application : il est donc très probable que les besoins de la gestion de l’érosion côtière mobiliseront dans les années à venir des quantités importantes de granulats marins. C’est pourquoi ces besoins ont donc été pris en compte dans cette étude, au même titre que les besoins liés au bâtiment et aux travaux publics.

9.3 Les grandes catégories de granulats

9.3.1 Alluvionnaires Parmi les granulats alluvionnaires, on identifie plus particulièrement : - Les alluvions glaciaires (sables et graviers) présents les anciennes moraines des

glaciers; - Les sables et graviers alluvionnaires fluviatiles (granulats siliceux ou sillico-

calcaires) présents dans les bassins des principaux fleuves ; - Les sables, graviers et galets du littoral présents dans les deltas, les dunes,

cordons littoraux et plages; - Les couches de sables et sablons, roches sédimentaires non consolidées

déposées il y a des millions d’années . Ces produits comprennent les sables et les faluns.

9.3.2 Roches massives Parmi les roches massives utilisées pour produire des granulats par concassage, on

trouve : - Les roches sédimentaires consolidées telles que les calcaires ou les grès ;

38 schématiquement, une cellule sédimentaire est un périmètre à l’intérieur duquel les

sédiments se déplacent et sont remaniés constamment sous l’effet des courants, de la houle, du vent…, mais dont ils ne sortent pas

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- Les roches métamorphiques dures, telles que les quartz et les gneiss ; - Les roches éruptives anciennes (granites, diorites, micro-diorites, grabbos, …)

ou les roches volcaniques (rhyolites, trapp, …) ; - Les roches volcaniques récentes (basalte, trachyte ou andésite).

9.3.3 Matériaux recyclés et artificiels Ils proviennent de matériaux de démolition issus de bâtiments, de chaussées et des

sous-produits de l’industrie. - matériaux de démolition des filières génie civil et BTP : béton, etc39. - matériaux inertes issus d’autres filières : mâchefers issus d’incinération,

schistes houillers… Le BTP génère chaque année 25 à 30 millions de tonnes de gravats40. Avec les

évolutions récentes des lois sur les déchets, on peut s’attendre à voir croître l’offre en matériaux recyclables ; toutefois, il faudra vraisemblablement que les filières du BTP s’adaptent (notamment celles de la démolition, qui devrait sans doute évoluer vers la « déconstruction ») pour produire des matériaux triés (amélioration de la qualité).

Sans pouvoir soutenir la comparaison avec des granulats de qualité, ces matériaux peuvent être utilisés seuls pour produire certaines qualités de béton (béton maigre et de béton de remplissage ou d'enrobage pour la pose de canalisations). De plus, lors de chantiers de reconstruction, on peut en réutilisant pour la nouvelle construction une partie des matériaux de démolition, diminuer notablement les quantités de matériaux à évacuer ou à apporter.

De nombreux déchets inertes sont potentiellement utilisables comme produits de substitution aux granulats, même si leur gamme d’utilisation est parfois étroite (pneus usés…). Leur utilisation réduit le recours aux centres de stockage de déchets inerte (classe 3). L’évolution dans ce domaine dépend non seulement d’évolutions techniques, mais aussi réglementaires (normes relatives aux matériaux et à l’environnement.

Au bilan, le potentiel est estimé par le ministère de l’industrie à 40 millions de tonnes, soit environ 10% de la production nationale.

39 à ce sujet, voir notamment www.brgm.fr/Fichiers/Revue_01/recyclage.pdf 40 source : rapport 415 (98-99) - Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et

technologiques

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111000 AAANNNNNNEEEXXXEEE 222 ::: SSSTTTAAATTTUUUTTT JJJUUURRRIIIDDDIIIQQQUUUEEE DDDEEE LLLAAA MMMEEERRR Au sens du droit international, la mer comprend les espaces sous souveraineté ou

sous juridiction nationale situés au-delà de la laisse de basse mer (limite au-delà de laquelle le sol est pratiquement toujours recouvert d’eau) ; elle inclut notamment le sol et le sous-sol de la mer, mais aussi la colonne d’eau, la surface de la mer, et l’espace aérien surjacent.

Le droit y est pour l’essentiel dérivé du droit international de la mer, et notamment de la

Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer signée à Montego Bay en 1982, entrée en vigueur en 1994 et ratifiée par la France en 1995.

Cette convention a créé ou confirmé un certain nombre de zones, et y a défini les

droits et les devoirs des Etats côtiers.

TERRE

Eauxintérieures

Ligne de base

Merterritoriale

Zoneéconomiqueexclusive (ZEE)

12milles

200milles

Plateau

continental

étendu

Les zones maritimes sous juridiction des Etats côti ers

- Les eaux intérieures sont sous la souveraineté de l’État côtier, qui peut y imposer des réglementations au même titre que sur son territoire national (ces réglementations peuvent concerner le fond de la mer ou son sous-sol, mais aussi la colonne d’eau et l’espace aérien surjacent).

- La mer territoriale peut s’étendre jusqu’à 12 milles des lignes de base ; la souveraineté de l’État côtier s’étend au-delà de son territoire sur cette zone maritime qui comprend le fond et le sous-sol de la mer, la colonne d’eau et l’espace aérien surjacent.

- Le plateau continental est constitué par le sol et le sous-sol de la mer au-delà de la mer territoriale ; en l’absence de revendication par un autre État côtier opposé ou adjacent, ce plateau s’étend vers la haute mer jusqu’à 200 milles, et même au-delà (« plateau continental étendu ») si les caractéristiques géologiques du fond de la mer le permettent (art. 76 de la Convention de Montego Bay). Sur le plateau

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continental, l’État côtier a le droit exclusif d’exploiter les ressources du sol et du sous-sol, et notamment les matériaux contenus dans ce sol et ce sous-sol.

- Les Etats côtiers peuvent créer une zone économique exclusive (ZEE), qu’ils peuvent étendre jusqu’à 200 milles des lignes de base ; dans cette ZEE (qui comprend le fond et le sous-sol de la mer et la colonne d’eau), ils ont le droit exclusif d’exploiter les ressources vivantes ou non.

Grâce notamment à ses territoires outre-mer, la France a juridiction sur des zones

maritimes considérables (plus de 11 millions de km²) qui en font une des tout premières puissances mondiales en termes d’espace maritime ; la plus grande partie de ces zones correspond à des profondeurs importantes (plus de 1000 m, pour fixer les idées).

Aux termes de la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer, l’État côtier a le droit d’exploiter les ressources minérales du sol et du sous-sol (donc, les granulats marins) dans la mer territoriale, la zone économique exclusive et le plateau continental : ce droit s’étend donc bien au-delà du domaine public maritime 41.

41 En droit français, la partie marine du domaine public maritime (DPM) comprend le fond et le

sous-sol de la mer territoriale et des eaux intérieures ; le reste du DPM est constitué par la zone terrestre comprise entre la laisse de basse mer et la limite extrême atteinte par les eaux aux plus grandes marées (estran).

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111111 AAANNNNNNEEEXXXEEE 333 ::: PPPOOOLLLIIITTTIIIQQQUUUEEESSS EEETTT RRREEEGGGLLLEEEMMMEEENNNTTTAAATTTIIIOOONNNSSS EEETTTRRRAAANNNGGGEEERRREEESSS Il est intéressant d’examiner la politique adoptée en matière de granulats, et plus

spécifiquement de granulats marins, par quelques États, ne serait-ce que parce que ce sont des fournisseurs potentiels de granulats sur le marché national français42. D’autre part, certaines des dispositions adoptés par ces états pourraient constituer des solutions intéressantes pour la France également.

Il ne peut être ici question de faire une analyse exhaustive de toutes les

réglementations étrangères : on se limitera à quelques États voisins de la Manche et de la Mer du Nord.

11.1 Royaume Uni

11.1.1 Rôle essentiel des granulats marins dans l’a pprovisionnement britannique

Le Royaume Uni est le deuxième producteur mondial de granulats marins, après le Japon ; sa production est 6 fois supérieure à celle de la France, et atteint 23 millions de tonnes par an.

Il faut souligner que l’extraction de granulats marins s’est développée au Royaume Uni

du fait de la rareté des ressources terrestres et des besoins liés au ré-engraissement des plages sur la côte très touristique du Sud de l’Angleterre ; ceci a permis le développement d’une industrie puissante et bien structurée. L’exploitation des granulats y est par ailleurs la principale source de revenu pour le Crown Estate43 (opérateur qui possède une bonne part du patrimoine foncier sous-marin britannique, et l’exploite selon les orientations données par le gouvernement).

Toutefois, la plupart des concessions existantes sont exploitées depuis près de 30 ans

et leurs ressources en matériaux de qualité se tarissent. Par ailleurs, sont apparues depuis plusieurs années les conséquences d’extractions trop proches des côtes, qui ont entraîné des problèmes d’érosion côtière (déséquilibres des flux de sédiments, érosion accélérée de falaises littorales…). Les ressources côtières se raréfiant, les extractions se déplacent vers des régions plus éloignées de la côte et vers des profondeurs plus importantes.

11.1.2 Une nouvelle politique orientée vers l’explo itation au large Confronté à une pénurie de plus en plus sévère de granulats d’origine terrestre, le

Royaume Uni a adopté une attitude très claire en matière de granulats marins, considérés comme une ressource stratégique pour garantir l’approvisionnement national.

L’initiative du choix des zones est toutefois dans une large mesure laissée aux

industriels. Avec le soutien de l’administration, des industriels britanniques se sont ainsi associés pour conduire une étude à grande échelle d’une zone en Centre Manche, à la limite de la zone de séparation des plateaux continentaux français et britannique. Regroupés dans l’East Channel Association, ces producteurs ont financé une évaluation environnementale

42 Et des concurrents potentiels de l’industrie française – mais cette affirmation mérite d’être

nuancée, compte tenu de la très forte internationalisation de l’industrie du granulat 43 Voir http://www.crownestate.co.uk/

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complète de l’Est de la Manche (REA), achevée en 2003 et qui sert de base à dix demandes d’autorisation d’extraction de granulats dans l’Est de la Manche déposées par six opérateurs.

Les 10 concessions proposées couvrent près de 226 km2 ; la superficie totale exploitée

sur 15 ans serait de 117 km2, et environ 8,5 millions de m3 seraient extraient chaque année dans la zone. Ces projets, d’une ampleur sans précédent, présentent du point de vue français l’inconvénient majeur de se situer certes dans des zones sous juridiction britannique, mais en limite des eaux françaises : les ressources halieutiques y sont d’ailleurs essentiellement exploitées par des pêcheurs français44.

Projetsbritanniques

Figure 7 - Projets d'extraction britanniques en Man che

11.1.3 Réglementation La procédure est pilotée par le « Minerals and Waste Planning Division » (Division des

ressources minérales et des déchets) du Bureau du Vice-Premier ministre (Office of the Deputy Prime Minister, ODPM) pour la Grande Bretagne, par les autorités compétentes pour le Pays de Galles et l’Écosse. Le ministère de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires Rurales (Department of the Environment, Food and Rural Affairs, DEFRA) est responsable du suivi des impacts du dragage, le Crown Estate assurant la gestion de l’espace et la surveillance des extractions (tonnages, conditions particulières de la licence).

44 On rappelle que au-delà des zones côtières la gestion des ressources est assurée au niveau

communautaire : les ressources y sont accessibles aux pêcheurs de tous les États de la Communauté

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11.1.3.1 Procédure d’autorisation Le « Crown Estate » délivre les concessions d’extraction des granulats marins

uniquement sur formulation d’un avis favorable préalable du gouvernement. Cet avis (« Government View ») est émis par l’ODPM, en fonction d’une évaluation de l’impact sur l’environnement (EIA, Environmental Impact Assessement) ; le promoteur est tenu de produire une déclaration environnementale (ES, Environmental Statement) fondée sur une évaluation approfondie de l’impact sur l’environnement et une étude côtière d’impact CIS)

Le processus est itératif : le promoteur du projet doit prendre en compte les

observations qui lui ont été faites lors de la consultation initiale.

11.1.3.2 Contrôle des extractions Pendant les dragages, le Crown Estate enregistre automatiquement des données

(date, heure et position des dragage) grâce à un système d’information électronique.

11.1.3.3 Redevance Une redevance à la tonne est payée au Crown Estate. La majeure partie en revient au

ministère des finances. Une taxe spécifique (aggregate levy), prélevée sur les granulats à usage commercial, qui paradoxalement s’applique aux granulats importés mais ne s’applique pas aux granulats exportés, alors que l’impact environnemental de leur extraction est le même que le produit soit ou non exporté45, alimente depuis 2001 un fonds spécial (« Marine Aggregate Levy Sustainability Fund ») consacré notamment à la réduction des impacts des extractions de granulats46.

11.2 Belgique 47

11.2.1 Politique Les granulats marins sont extraits en quantité significative du plateau continental belge

depuis 1976. Les extractions dans les eaux belges représentaient en 2001, 3 millions de tonnes de sables et graviers [sources CIEM, 2002].

Une nouvelle législation a récemment été mise en place afin de répondre aux

nouvelles exigences de la gestion durable de la mer du Nord48. La politique belge est très encadrée, protectrice de l’environnement49 et des autres usagers de la mer.

Des quantités significatives de sable sont aussi extraites par la Région flamande pour

les besoins de la protection côtière ; les chiffres correspondants ne sont pas disponibles.

45 De manière évidemment à éviter en Grande Bretagne la concurrence de granulats étrangers moins taxés, tout en permettant aux granulats britanniques de concurrencer à l’étranger les produits locaux…

46 Voir notamment http://www.defra.gov.uk/environment/waste/aggregates/moreinfo.htm. Pour fixer les idées, le montant annuel de ce fond est de 30 millions de livres environ, soit environ 45 millions d’euros : la taxe elle-même rapporte environ 300 millions de livres par an.

47 Voir notamment http://mineco.fgov.be 48 2 arrêtés royaux ont été publiés au Moniteur Belge le 7 octobre 2004. Ceux-ci régulent

l’exploration et l’exploitation des ressources minérales de la mer territoriales et du plateau continental. 49 Arrêté royal du 1 septembre 2004, fixant les règles relatives à l’évaluation des incidences sur

l’environnement en application de la loi du 13 juin 1969 sur l’exploration et l’exploitation des ressources non vivantes de la MT et du PC.

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Il existe une limite maximale pour les exploitations dans les zon es sous

juridiction belge (15 millions de tonnes sur une période de cinq ans)

11.2.2 Réglementation La procédure actuelle repose sur l’arrêté royal du 1er septembre 2004, relatif aux

conditions, à la délimitation géographique et à la procédure d’octroi des concessions d’exploration et d’exploitation des ressources miné rales et autres ressources non vivantes de la mer territoriale et du plateau conti nental . Cet arrêté définit les zones où peuvent être accordées des autorisations de prospection et d’exploitation : les demandes de permis d’extraction de granulats marins ne peuvent porter que sur ces zones prédéfinies. Celles-ci sont découpées en secteurs pouvant faire l’objet de concessions , et associées à des contraintes spécifiques d’exploitation (par exemple, certains secteurs ne peuvent être exploités que quelques mois par an).

Simultanément au dépôt de la demande, une étude d’incidence sur l’environnement

doit être présentée. Une commission spécialisée instruit les demandes, fixe les modalités de l’exploitation

la redevance. La décision d’octroyer ou non la concession est prise par le ministre (Ministre fédéral ayant l’Economie dans ses attributions). La concession n’est pas exclusive.

La redevance permet de financer le contrôle de l’activité extractive , et le suivi des

effets de l’extraction sur le milieu marin, mais aussi l’étude des ressources . L’État belge réalise désormais par lui-même une part croissante des études destinées à évaluer les ressources en granulats.

Les extractions ne peuvent généralement se faire que par aspiration en marche, par

« couches » successives de 0,5 m maximum d’épaisseur ; le criblage en mer peut être interdit.

11.3 Pays-Bas Selon les sources, les Pays-Bas consomment actuellement de l’ordre de 20 à 30

millions de m3 de sable d’origine marine par an. La consommation en graviers est négligeable par rapport à la demande en sable. Les besoins nationaux à couvrir par des produits d’origine marine devraient continuer à croître dans les années futures. Un peu plus du tiers de ce volume est utilisé pour le re-nourrissement des plages.

Conscients que le prélèvement de telles quantités de sable peut avoir un impact

majeur sur l’environnement et en particulier sur la faune marine, les Pays Bas ont réalisé des études spécifiques sur les modifications physiques de l’environnement et la reconstruction des écosystèmes après l’exploitation de granulats marins50.

11.3.1 Réglementation Le ministère des transports, des travaux publics et de la gestion de l’eau (direction de

la mer du nord) est responsable de la gestion des ressources et de l’attribution des

50 Voir notamment http://sandpit.wldelft.nl/datapage/right/putmor-phase3-report.pdf et http://www.noordzee.nl/waterkwaliteit/ecological_effects.pdf

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autorisations d’exploitation pour les granulats marins. Toute exploitation d’une surface supérieure à 5 km2 doit faire l’objet d’une étude d’impact environnemental. Les exploitations se situent au-delà de l’isobathe 20 m. Dans le passé, une épaisseur maximale de 2 m pouvait être exploitée. La politique est en cours d’évolution pour aller vers des exploitations plus localisées, mais autorisant un prélèvement d’une épaisseur plus importante (10 à 30 m). Ces choix sont justifiés par un impact à priori plus faible sur l’environnement du fait de la réduction des surfaces exploitées. L’exploitation en deçà de l’isobathe 20m n’est autorisée que dans des cas particuliers (par exemple lorsque cela sert aussi à l’accessibilité des ports).

11.4 Union Européenne L’Union Européenne n’a pas de compétences en matière d’exploitation des ressources

du sol et du sous-sol de la mer. Elle soutient toutefois des actions d’étude et de recherche relatifs à l’extraction des granulats marins51.

51 Voir notamment http://sandpit.wldelft.nl/mainpage/mainpage.htm (Projet SANDPIT qui a pour

objectif la compréhension des processus sédimentaires en œuvre dans les zones de dragage, et à proximité) et http://www.azti.es/eumarsand/ (Projet EUMARSAND dans le cadre du 5ème PCRD)

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111222 AAANNNNNNEEEXXXEEE 444 ::: RRREEEGGGLLLEEEMMMEEENNNTTTAAATTTIIIOOONNN (source : IFREMER http://www.ifremer.fr/drogm/Realisation/Miner/Sable)

12.1 Textes relatifs au plateau continental - Loi 68-1181 du 30 décembre 1968 relative à l'exploration du plateau continental et

à l'exploitation de ses ressources naturelles (JORF du 31 décembre 1968). - Loi 77-485 du 11 mai 1977 modifiant la loi 68-1181 du 30 décembre 1968 relative à

l'exploration du plateau continental et à l'exploitation de ses ressources naturelles (JORF du 12 mai 1977).

- Décret 71-360 du 6 mai 1971 portant application de la loi 68-1181 du 30 décembre 1968 (JORF du 15 mai 1971) modifié par le décret 85-1289 du 3 décembre 1985.

- Décret 85-1289 du 3 décembre 1985 modifiant le décret 71-360 du 6 mai 1971 portant application de la loi 68-1181 du 30 décembre 1968 relative à l'exploration du plateau continental et à l'exploitation de ses ressources naturelles, ainsi que le décret 80-470 du 18 juin 1980 portant application de la loi 76-646 du 16 juillet 1976 relative à la prospection, à la recherche et à l'exploitation des substances minérales non visées à l'article 2 du code minier et contenues dans les fonds marins du domaine public métropolitain (JORF du 7 décembre 1985).

12.2 Textes relatifs aux mines - Code minier modifié en dernier lieu par la loi 2000-1207 du 13 décembre 2000

d'orientation pour l'outre-mer (JORF du 14 décembre 2000). - Décret 80-204 du 11 mars 1980 relatif aux titres miniers (JORF du 16 mars 1980). - Décret 80-330 du 7 mai 1980 relatif à la police des mines et des carrières (JORF

du 10 mai 1980) abrogé par le décret 99-116 du 12 février 1999 relatif à l'exercice de la police des carrières en application de l'article 107 du code minier (JORF du 20 février 1999).

- Décret 95-427 du 19 avril 1995 relatifs au titres miniers (JORF du 22 avril 1995) modifié par le décret 2001-50 du 17 janvier 2001.

- Décret 95-696 du 9 mai 1995 relatif à l’ouverture des travaux miniers et à la police des mines (JORF du 11 mai 1995) modifié par le décret 2001-209 du 6 mars 2001.

- Décret 98-970 du 26 octobre 1998 modifiant diverses dispositions prises en application du code minier (JORF du 31 octobre 1998).

- Décret 2001-50 du 17 janvier 2001 modifiant le décret 95-427 du 19 avril 1995 relatifs au titres miniers et adaptant ses dispositions aux départements d’outre-mer (JORF du 19 janvier 2001).

- Décret 2001-209 du 6 mars 2001 modifiant le décret 95-696 du 9 mai 1995 relatif à l’ouverture des travaux miniers et à la police des mines (JORF du 8 mars 2001).

- Arrêté du 28 juillet 1995 fixant les modalités selon lesquelles sont établies les demandes portant sur les titres miniers et leurs annexes (JORF du 1° septembre 1995).

12.3 Textes spécifiques aux matériaux marins - Loi 76-646 du 16 juillet 1976 relative à la prospection, à la recherche et à

l'exploitation des substances minérales non visées à l'article 2 du code minier et contenues dans les fonds marins du domaine public métropolitain (JORF du 17 juillet 1976).

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- Loi 97-1051 du 18 novembre 1997 d’orientation sur la pêche maritime et les cultures marines (JORF du 19 novembre 1997).

- Décret 80-470 du 18 juin 1980 portant application de la loi 76-646 du 16 juillet 1976 (JORF du 27 juin 1980), modifié par les décrets 84-185 du 14 mars 1984, 85-448 du 23 avril 1985, 85-1289 du 3 décembre 1985 et 98-970 du 26 octobre 1998.

- Décret 84-185 du 14 mars 1984 modifiant le décret 80-470 du 18 juin 1980 portant application de la loi 76-646 du 16 juillet 1976 relative à la prospection, à la recherche et à l'exploitation des substances minérales non visées à l'article 2 du code minier et contenues dans les fonds marins du domaine public métropolitain (JORF du 17 mars 1984).

- Décret 85-448 du 23 avril 1985 pris pour l’application de la loi du 12 juillet 1983 relative à la démocratisation des enquêtes publiques et à la protection de l’environnement et modifiant diverses dispositions prises en application du code minier (JORF du 24 avril 1985).

- Décret 85-1289 du 3 décembre 1985 modifiant le décret 71-360 du 6 mai 1971 portant application de la loi 68-1181 du 30 décembre 1968 relative à l'exploration du plateau continental et à l'exploitation de ses ressources naturelles, ainsi que le décret 80-470 du 18 juin 1980 portant application de la loi 76-646 du 16 juillet 1976 relative à la prospection, à la recherche et à l'exploitation des substances minérales non visées à l'article 2 du code minier et contenues dans les fonds marins du domaine public métropolitain (JORF du 7 décembre 1985).

- Arrêté du 29 juin 1982 relatif au contenu des demandes de titres miniers et d’autorisations d'occupation temporaire du domaine public maritime portant sur des substances non visées à l'article 2 du code minier et contenues dans les fonds marins du domaine public métropolitain (JORF du 8 août 1982).

12.4 Textes relatifs au domaine de l’État - Code du domaine de l'État. - Loi 63-1178 du 28 novembre 1963 relative au domaine public maritime (JORF du

29 novembre 1963). - Loi 89-874 du 1er décembre 1989 relative aux biens culturels maritimes et modifiant

la loi du 27 septembre 1941 portant réglementation des fouilles archéologiques (JORF du 5 janvier 1990).

- Loi 2001-44 du 17 janvier 2001 relative à l'archéologie préventive (JORF du 18 janvier 2001).

- Décret 80-470 du 18 juin 1980 modifié portant application de la loi 76-646 du 16 juillet 1976 (JORF du 27 juin 1980).

- Décret 82-389 du 10 mai 1982, relatif aux pouvoirs des préfets et à l’action des services et organismes publics de l’État dans les départements (JORF du .......).

- Décret 84-285 du 13 avril 1984 portant déconcentration de procédures et modification de diverses dispositions relatives à la gestion du domaine de l’État (JORF du 18 avril 1984).

- Décret 2002-89 du 16 janvier 2002 pris pour l'application de la loi 2001-44 du 17 janvier 2001 et relatif aux procédures administratives et financières en matière d'archéologie préventive (JORF du 19 janvier 2002).

- Arrêté du 11 décembre 1981: application de l’article 13 du décret 80-470 du 18 juin 1980 et fixation des conditions de liquidation, de perception et de révision sur la redevance domaniale due à raison de l’extraction des substances minérales non visées à l’article 2 du code minier et contenues dans les fonds marins du domaine public métropolitain (JORF du 19 décembre 1981).

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12.5 Textes relatifs à l’environnement - Code de l’Environnement. - Loi 76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature (JORF du 13 juillet

1976). - Loi 83-630 du 12 juillet 1983 relative à la démocratisation des enquêtes publiques

et à la protection de l’environnement (JORF du 13 juillet 1983). - Loi 86-2 du 3 janvier 1986 relative à l’aménagement, la protection et la mise en

valeur du littoral (JORF du 4 janvier 1986). - Loi 92-3 du 3 janvier 1992 sur l'eau (JORF du 4 janvier 1992). - Décret 77-1141 du 12 octobre 1977 pris pour l’application de l’article 2 de la loi 76-

629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature (JORF du 13 octobre 1977).

- Décret 85-453 du 23 avril 1985 pris pour l’application de la loi 83-360 du 12 juillet 1983 relative à la démocratisation des enquêtes publiques et à la protection de l’environnement (JORF du 24 avril 1985).

- Décret 93-245 du 25 février 1993 relatif aux études d'impact et au champ d'application des enquêtes publiques et modifiant le décret 77-1141 du 12 octobre 1977 pris pour l'application de l'article 2 de la loi 76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature et l'annexe du décret 85-453 du 23 avril 1985 pris pour l'application de la loi 83-630 du 12 juillet 1983 relative à la démocratisation des enquêtes publiques et à la protection de l'environnement (JORF du 26 février 1993).

12.6 Autres textes - Loi 71-1060 du 24 décembre 1971 relative à la délimitation des eaux territoriales

françaises (JORF du 30 décembre 1971). - Loi 76-655 du 16 juillet 1976 relative à la zone économique au large des côtes du

territoire de la République (JORF du 18 juillet 1976). - Décret 72-612 du 27 juin 1972 relatif au domaine public maritime pris pour

l’application de la loi 71-1060 (JORF du 8 juillet 1972). - Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, partie VI, 10 décembre 1982