Extrait de la publication… · 2013. 11. 18. · de l’amérique du nord instauré en douane vers le chemin de la chine. les deux rêves s’unissent donc, dans l’esprit de champlain,

Extrait de la publication

le rêve américain de champlain



Christian morissonneau


avec la collaboration de maryse chevrette et isabelle lafortune


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canadavedette principale au titre :

morissonneau, christian, 1939-


iSBn 978-2-89647-106-5

1. champlain, Samuel de, 1567-1635. 2. canada - histoire - Jusqu’à 1663 (nouvelle-France). 3. explorateurs - canada - Biographies. i. Titre.

Fc332.m67 2009 971.01’1092 c2009-940820-1

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Québec

Chargée de projet : isabelle lafortuneConception graphique de la couverture : anne TremblayMise en page : Folio infographie

copyright © 2009 éditions hurtubise inc.

iSBn : 978-2-89647-106-5

Dépôtlégal:3e trimestre 2009Bibliothèque et archives nationales du QuébecBibliothèque et archives du canada

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table des matières

avant-propos 17

Introduction 21cohabitation et métissage : la période de contact

de 1500 à 1603 21avant champlain… Trajectoire de Jacques cartier

et ses rapports avec les amérindiens du golfe et de l’estuaire 23

entre les voyages de cartier et ceux de champlain 25le Triangle basque 28Tadoussac : l’habitation de chauvin en 1600-1601

et les observations de champlain en 1603 29

chapitre iLes débuts 33la Saintonge de champlain : « le pays des isles » 33Brouage : ville natale et capitale du sel 35du cabotage aux « Terres neuves » de l’amérique 38proclamation et abjuration d’henri iv 43les débuts de la royauté absolue dans le « siècle

des saints » 45la science et l’art au temps de la jeunesse

de champlain 46la guerre de Bretagne 46proclamation de l’édit de nantes 49le soldat du roi 50de la Bretagne aux antilles 53l’apprentissage espagnol 57

chapitre iiLe géographe 59le métier imprécis de géographe 59Géographier:observeretdécrireparl’écrit 62

1. premier rapport d’observation de champlain (1599-1601) : Le Brief discours sur les Indes Occidentales 62

2. deuxième rapport (1603) : Des Sauvages 633. Troisième récit (1613) : Les Voyages 664. Quatrième récit de voyage (1619) : Les Voyages

et descouvertures 685. dernier récit (1632) : Les Voyages de la Nouvelle

France occidentale 70champlain : cartographe de terrain 71

chapitre iiiLe nouveau Monde : un tabLeau grandiose 75des observations aux rapports écrits du découvreur 76Un monde où la connaissance se transmet

par la vue et l’ouïe 80le nouveau monde ignoré par les livres 80les tropiques du nord 83la contrainte du froid 85premier hivernement à Québec (1608-1609) 86le défi des nouveaux établissements 87les labours et labeurs du Français

au nouveau monde 93

chapitre ivL’acadie ou Le Mirage des Mines 97Lafréquentationdela«côtedelaFloride »

etdescôtesd’acadie 97après la morue, le troc des fourrures 101l’acadie provisoire 104la compagnie de dugua de mons 106les découvertes de champlain durant

le séjour acadien 108


chapitre vL’eLdorado de La fourrure 119la dominance basque dans l’estuaire 120les hollandais, voisins et intervenants dans la traite

des fourrures 122

chapitre viLe choix obLigé de Québec 127Juin-juillet 1608 : cap sur le détroit 127le premier choix : les Trois rivières 129l’obligation : les montagnais et l’alliance de 1603 130les inévitables montagnais 133deux fondateurs 136EtlerôledeChamplain? 139ce qu’en disent les voyageurs et les chercheurs 140l’alliance : l’expédition contre les iroquois 144l’alliance élargie 145

chapitre viiLe seMeur de noMs 153l’acte de dénomination 155Lacôteatlantique 157le Saint-laurent 158Quinomme? 160le toponyme : l’histoire en mouvement 162

chapitre viiiLe cheMin de La chine 165les premières tentatives océanes 166la quête 166en attendant la chine, le peuplement 170le passage 175

chapitre iXLe cap de victoire : La traite et La dipLoMatie 177Une première bataille en 1609 179la bataille de 1610 et la célébration de la victoire 180


du troc au truchement 183les rendez-vous de l’île 184

chapitre XLa persévérance de chaMpLain 191les jeux de pouvoir 191l’organisation de l’établissement 195la géopolitique américaine 198champlain obtient des appuis 199le plan 200la vaillante ténacité 201

conclusionune société nouveLLe et une nation Métisse 205la découverte d’une société 210Une société égalitaire 211la société nouvelle 214Une nation métisse 219

remerciements 221

chronologie 223

publications choisies de l’auteur 231

Bibliographie 235

index 247


À Jean Glénisson,

Pour la présidence des saisons inoubliables de l’Université francophone d’été, Saintonge-Québec, à Jonzac, et surtout, pour l’estime et l’amitié.

c. morissonneau


Nous savons que la vie présente est un chemin,Il nous faut toujours marcher…

calvin

Il nous faudrait des topographes qui nous fissent narration particulière des endroits où ils ont été.

montaigne

Voilà un Monde qui ne peut estre remply que de toutes sortes de biens et choses très excellentes : Il ne faut que le déscouvrir.

la popelinière



note de l’éditeur

pour sa recherche, l’auteur s’est appuyé sur les écrits de champlain, en particulier sur les quatre œuvres regroupées en trois volumes par Georges-ÉmileGiguère sousletitreŒuvres de Champlain, éditions du Jour, montréal, 1973.

cette édition reproduit en fac-similé les Œuvres de Champlain éditées par charles-honoré laverdière, Québec, Université laval, 1870.

l’auteur du présent ouvrage cite, la plupart du temps, les dires de champlain à partir de cette édition. pour ne pas alourdir le texte, les nombreuses références aux trois volumesdeGiguèreontétésimplifiées.Chaquecitationdechamplain est suivie d’une parenthèse contenant la simple mention « G»,accompagnéedunumérodepagecorres-pondant. comme la pagination des volumes est en pro-gression, la mention du tome est inutile. le volume i couvre les pages 1 à 475 ; le volume ii, les pages 476 à 984 et le volume iii, les pages 985 à 1478.

ainsi, (G105-110)signifie:Giguère,tomeI,pages105à 110. par ailleurs, (G 1049, 1052) signifie: Giguère, tome iii, pages 1049 et 1052.

précisons aussi que les textes de l’explorateur, écrits en français du Xvie siècle, ont été par endroits modernisés par christian morissonneau afin de les rendre plus accessibles au lecteur.



avant-propos

il y a cinq siècles, la renaissance européenne fut amorcée par une triple invention, instrumentale, territoriale et morale : l’imprimerie, l’amérique, la réforme.

dubois, 2001 : 7

Samuel champlain1 est l’une des grandes figures françaises du Xviie siècle. il s’illustre parmi les principaux protago-nistes de cette période d’effervescence où l’europe quitte la renaissance pour s’aventurer dans les Temps modernes. avec d’autres, champlain a participé de façon active et passionnée à changer la configuration et la perception qu’on se faisait du monde. Sa persévérance, alliée à des qualités physiques et intellectuelles exceptionnelles, a réussi à imposer la présence française en amérique. il fallait une ténacité hors du commun pour ne pas reculer devant l’ampleur de la tâche. il fallait aussi du courage pour affronter un territoire vierge doté d’un climat incroyable-ment rude et occupé par des habitants si différents des européens. il aura été un artisan novateur en créant des cartes géographiques d’une précision surprenante et par-ticipera de ce qu’on appellera, ici, la « découverture », c’est-à-dire le fait de découvrir la nature et les hommes,

1. la particule « de » est volontairement omise dans le texte, voir le ch. i.


18 le rêve amériCain de Champlain

puis de faire connaître dieu à ceux-ci. champlain est un découvreur, dans tous les sens du mot, et non pas seule-ment un explorateur.

pour lui, ce monde nouveau est synonyme de recom-mencement. Toutes ces terres inconnues lui permet- tent d’imaginer une cité nouvelle reposant sur l’égalité et l’entraide. l’immensité du territoire l’autorise à rêver et à concevoir un espace pour tous sans iniquités sociales. cet espace serait habité par des groupes humains divers et dispersés. voilà un monde nouveau, car il n’est ni un royaume ni un état avec une autorité plus ou moins absolue.

Samuel champlain agit en visionnaire. deux grands rêves l’animent, en apparence contradictoires, mais qui se complètent pour n’en faire qu’un. le premier, qu’il garde intact jusqu’à la fin, est celui d’ouvrir le chemin de la chine. Unefoiscettevoietrouvée,lecontrôledesonaccèsdon-nerait un pouvoir économique supplémentaire au peuple que champlain aspire à voir s’établir dans ses environs. d’où le rêve, solidaire du premier, d’assurer l’installation permanente d’une colonie française qui serait le panama de l’amérique du nord instauré en douane vers le chemin de la chine. les deux rêves s’unissent donc, dans l’esprit de champlain, en un même projet, l’un assurant la réussite de l’autre. le découvreur sait qu’il n’y a pas plus de royaume du Saguenay que de mines d’or ou d’argent, sinon dans les contes. mais sa plus grande erreur, si erreur il y a, est que, hanté par l’idée d’atteindre la chine, il a mal jugé l’immen-sité du continent à traverser.

champlain est le fondateur, en amérique, d’une nation qu’il a souhaitée franco-amérindienne et le rêveur d’une société différente de celle qu’il avait quittée. Une « France nouvelle»plutôtqu’unenouvelle-France, qui ne serait pas la réplique sociale du vieux pays dans le nouveau monde. il s’agit de nouveaux rapports à la nature puisqu’elle n’est pas encore répartie en propriétés privées. de l’espace pour

19avant-propos

tous, sans la mainmise d’un propriétaire, quel qu’il soit. la liberté pour les nouveaux arrivants… liberté née de l’éga-lité des conditions qui suit le précepte : « À chacun selon ses besoins […], y faisant bâtir et défricher les terres […], faire des jardins […], semer de toutes sortes de grains […] en telle étendue de terre, et en telle quantité que le curieux [l’intéressé] désirera. » (Biggar, 1936 : 366)

ici, il faut interroger la probable influence des sociétés amérindiennes égalitaires qui connaissent le partage, ignorent la division entre riches et pauvres et qui se rient de la « chefferie » absolue et de la propriété privée. de quoi faire réfléchir quelqu’un qui a vécu dans une autre société et qui se frotte à une culture complètement différente de la sienne jusque dans l’intimité du canot, de la tente ou de la cabane d’écorce. l’explorateur se familiarise avec un nouvel environnement et une culture différente. il apprécie les autochtones à leur juste valeur en laissant tomber les a priori et établit des ententes toujours renouvelées.

en 1633, cette vision d’un peuple nouveau, né du métis-sage, se transforme en projet déclaré devant une assemblée d’amérindiens. champlain y évoque clairement son rêve : « Quand cette grande maison sera faite, alors nos garçons se marieront à vos filles et nous ne serons plus qu’un peuple. » (rJ, 1633, t.2 : 212)

cet ouvrage propose de présenter l’œuvre américaine de champlain dans les conjonctures économiques et politi-ques difficiles de l’époque, ainsi que dans un environne-ment demandant une grande faculté d’adaptation. ce marin et soldat a fait office de géographe, mais il a surtout fondé un pays et assuré l’établissement des nouveaux arrivants. il est à l’origine de cette présence française qui ne cessera de s’élargir. le meilleur exemple d’adaptation et de pragmatisme est Québec, au détroit du grand fleuve, qui n’était pas le premier choix de champlain pour la construc-tion de l’« habitation » en 1608. il l’établit avec en tête une vision stratégique qui l’amènera vers un autre site, les


20 le rêve amériCain de Champlain

« Trois rivières », son premier choix. Toutefois, la nécessité géopolitique l’oblige à choisir Québec.

champlain a navigué et canoté sur plus de trente-cinq millekilomètresdecôtes,derivièresetdelacs,sanscompterses vingt-trois traversées de l’atlantique et ses multiples déplacements dans l’estuaire et la vallée du Saint-laurent. après les amérindiens, il est l’auteur du plus grand registre de toponymes au Québec. en suivant son parcours nomi-natif, on peut retracer le chemin parcouru par les Français. Félix-antoine Savard en fait mention dans son roman, Menaud, maître draveur : « Jamais personne n’a nommé dans sa langue tant de terres ni tant d’eaux. » (Savard, 1964)

les thèmes de cet ouvrage tissent une trame singulière. d’une part, la vie et l’œuvre de champlain et, d’autre part, le récit du découvreur qui nous parvient sous forme de livres et de rapports. ces deux fils narratifs sont évidem-ment indissociables. champlain existe, comme personnage historique, parce qu’il a écrit et dessiné. l’imprimerie a diffusé ses écrits et a reconnu son autorité et ses compé-tences, car il a une réelle connaissance du nouveau monde et de ses habitants. il a observé, compilé et évalué l’envi-ronnement comme aucun autre avant lui. cette même autorité lui a permis de faire, personnellement, des requêtes aux rois henri iv et louis Xiii, ainsi qu’à richelieu.

Samuel champlain a senti tous les possibles d’un espace imprévu. conscient qu’il s’agissait d’un nouveau monde, le géographe en lui a pressenti qu’en amérique, l’espace produirait l’histoire.


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